Mythologie sino-européenne - Sino-Platonic Papers
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Serge Papillon, <strong>Mythologie</strong> <strong>sino</strong>-<strong>européenne</strong><br />
<strong>Sino</strong>-Pla/onie Pa pers, 154'(July, 2005)<br />
Callimaque montre les Cyclopes dans la forge d'Héphaïstos: Artémis leur a demandé de<br />
forger son arc et ses flèches l97 •<br />
Une caractéristique importante des Telchines est leur mauvais caractère. Ils sont<br />
aussi des sorciers et des métallurgistes. Leur malignité est proverbiale, ce qui permet à<br />
Nonnos d'utiliser leur nom comme un adjectif: il parle de « l'esprit telchine» du Dépit<br />
personnifié (Phthonos), qui s'anne de « méchanceté et de ruse »198. Zeus (ou Poséidon) les<br />
a anéantis pour leur impiété '99 , voire pour leur « criminelle insolence », selon les mots de<br />
Callimaque dans Les Origines. Cet auteur parle aussi du « crime des sorciers telcbines »,<br />
qui sont morts par la foudre. Strabon (XIV, 2,7) présente les Telchines comme «une race<br />
d'enchanteurs et de sorciers [ ... ] qui la première réussit à travailler le fer et le cuivre ». Ils<br />
ont forgé le trident de Poséidon. Rhéa leur ad' ailleurs confié la garde de ce dieu quand il<br />
était enfant. Strabon (X, 3, 9) rapporte une tradition qui .les confond avec les Courètes:<br />
«ceux des neuf Tel chines de Rhodes qui accompagnèrent Rhéa en Crète pour s'occuper de<br />
Zeus, alors adolescent, portaient le nom de Courètes ». Mieux encore, selon Diodore de<br />
Sicile (V, 55), ils ont inventé l'art de sculpter les statues des dieux, et ils sont d'une<br />
manière plus générale des inventeurs.<br />
Dans sa description de l'année de Dionysos, Nonnos écrit que les « Telchines<br />
envieux [ ... ] se rassemblent hors des profondeurs abyssales de la mer». L'un d'eux, Lycos,<br />
brandit de son long bras une pique gigantesque. Ils peuvent être géants, comme le montrent<br />
les annes utilisées lors de la guerre contre les Indiens: « l'un tient un imlnense sapin,<br />
l'autre une souche entière de cornouiller avec ses racines; le dernier, qui a brisé et arraché<br />
la pointe d'un pic, marche vers l'année indienne en brandissant d'un bras furieux ce roc en<br />
guise de javelot» 200. Ils évoquent ainsi Typhée, d'autant plus qu'ils possèdent comme lui<br />
une multiplicité de formes animales ou humaines: selon le bibliothécaire Suétone, «Ils<br />
sont amphibies et aptes à se métamorphoser de façon à ressembler à des démons, à des<br />
hommes, à des poissons, à des serpents. On dit que certains sont sans mains, sans pieds, et<br />
qu'ils ont des doigts palmés comme les oies. Tous ont les yeux gris, les sourcils noirs et le<br />
regard perçant »201. Cette description met leur nature maritime en relief. Ils sont<br />
d'excellents conducteurs de chars, « plus rapides que tous ». Leurs attelages sont tirés par<br />
des « chevaux nourris par la mer ». L'un d'eux, Skelmis, court contre le maître athénien du<br />
char de guerre, Érechtée, avec les chevaux de son père Poséidon et sous sa protection<br />
. (tandis que l'Athénien se place sous la protection d' Athéna)202.<br />
L'année de Dionysos comprend également trois groupes de divinités agrestes, les<br />
Pans, les Silènes et les Satyres, qui font partie de son cortège habituel. Les premiers sont<br />
douze fils et deux frères du dieu Pan, l'ami de Dionysos. Le pin est l'arbre de Pan, mais il<br />
est aussi consacré à Dionysos. L'Hymne homérique à Pan le décrit comme un chèvre-pieds<br />
à deux cornes, le dos couvert d'une peau de lynx, « qui a pour apanage toutes les hauteurs<br />
neigeuses, ainsi que les cimes des monts et les sentiers pierreux ».203 Il chasse des animaux<br />
des bois et élève des moutons. Après avoir demandé aux Cyclopes de lui forger ses armes,<br />
Artémis se rendit chez Pan, le « dieu barbu », pour obtenir des chiens 204 . Il est chthonien, .<br />
197 Hymne à Artémis, 46-61.<br />
198 Dionysiaques, VIII, 108.<br />
199 On raconte qu'ils ont épargné une certaine Makellô. qui les avait reçus comme hôtes.<br />
200 Dionysiaques, XXX, 226-230.<br />
201 Delcourt. 1957, p. 169.<br />
:0: Dionysiaques. XXXVII. 290-346.<br />
2U\ Jean Humbert pense que cet hymne a pu être rédigé au ln: siècle de notre ère. par un poète de la génération<br />
de Callimaque.<br />
204 Callimaque, Hymne à Artémis, 87-97.<br />
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