entretien : de la stabilite fiscale des contrats petroliers - carpem
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Centre Africain <strong>de</strong> Recherche sur les Politiques<br />
Energétiques et Minières<br />
CARPEM<br />
93, rue <strong>de</strong>s maillets, Rési<strong>de</strong>nce Clos Margot, 72 000 Le Mans France<br />
termes initialement arrêtés serait forcément un indicateur négatif par rapport aux investisseurs<br />
pétroliers internationaux. Ils absolutisent le principe international <strong>de</strong> droit pacta sunt servanda, suivant<br />
lequel les engagements contractuels pris entre parties doivent être exécutés <strong>de</strong> bonne foi et surtout<br />
respectés…<br />
C.S.N.W : L’on peut imaginer que le sacro-saint principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> bonne foi ainsi magnifié par le<br />
Cameroun dans ses rapports contractuels le soit à <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> satisfaction <strong>de</strong>s investisseurs du secteur<br />
pétroliers. Dites-nous, l’Etat n’est-il pas par trop soucieux <strong>de</strong> respecter ses engagements contractuels<br />
en matière pétrolière ? Les lignes <strong>de</strong> <strong>la</strong> stabilité <strong>fiscale</strong> en matière pétrolière sont-elles à ce point rigi<strong>de</strong><br />
?<br />
V.S.E : Pas tant que ça. Certes, <strong>de</strong> nombreuses sentences arbitrales ont confirmé le « binding<br />
caracter » <strong>de</strong> telles dispositions, leur opposabilité et ont sanctionné les Etats qui les ont violé aussi<br />
allègrement qu’inséré dans les accords pétroliers (Par exemple <strong>la</strong> très célèbre et connue sentence<br />
Agip contre <strong>la</strong> République Popu<strong>la</strong>ire du Congo en 1979).<br />
Cependant à ce principe <strong>de</strong> droit international se joint un autre presque méconnu et autant va<strong>la</strong>ble qui<br />
est rebus sic stantibus : il s’agit du principe émanant <strong>de</strong> <strong>la</strong> doctrine administrative française (Conseil<br />
d’Etat, Compagnie Générale <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux, rec.125, concl. Char<strong>de</strong>net, mars 1916) qui veut qu’en cas<br />
<strong>de</strong> survenance <strong>de</strong> circonstances extrinsèques au contrat le déséquilibrant, les parties soient tenues <strong>de</strong><br />
chercher à <strong>la</strong> rééquilibrer. C’est l’équivalent <strong>de</strong> <strong>la</strong> doctrine <strong>de</strong> frustration en common <strong>la</strong>w, et relève <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> thématique <strong>de</strong> <strong>la</strong> force majeure, <strong>de</strong> l’imprévision en droit français. Il existe même <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>uses<br />
prévoyant expressément un tel réaménagement contractuel, qu’on appelle les c<strong>la</strong>uses <strong>de</strong> hardship.<br />
Vous voyez qu’au principe pacta sunt servanda il faut toujours ajouter le principe rebus sic stantibus !<br />
C.S.N.W : N’est-il pas contradictoire d’affirmer <strong>la</strong> pleine effectivité <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>use <strong>de</strong> stabilité en<br />
envisageant parallèlement une modification <strong>de</strong>s termes contractuels par l’insertion <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>uses <strong>de</strong><br />
hardship ?<br />
V.S.E : Le Professeur suisse Lalive est <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue qu’il considère comme universel. Permettez<br />
moi <strong>de</strong> contester cette vision <strong>de</strong>s choses. D’abord, les c<strong>la</strong>uses <strong>de</strong> stabilité et <strong>de</strong> hardship ne sont pas<br />
antagonistes, mais complémentaires, voire indissociables. Edgar Morin aurait dit qu’elles <strong>entretien</strong>nent<br />
un rapport « dialogique ».<br />
Ensuite, l’enjeu <strong>de</strong> l’équilibre contractuel induit une adaptation <strong>de</strong>s termes contractuels initiaux<br />
lorsqu’au cours <strong>de</strong> l’exécution du contrat, <strong>de</strong>s facteurs imprévisibles, irrésistibles et extérieurs à ce<br />
contrat le déséquilibrent. Ce qui doit être stable, c’est l’équilibre, pas les termes initiaux. C’est tout le<br />
sens et <strong>la</strong> pertinence <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>uses <strong>de</strong> hardship ou <strong>de</strong> renégociation, systématiques dans tous les<br />
accords pétroliers camerounais sans exception.<br />
Nous vous faisons remarquer enfin après l’ancien vice- prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chambre <strong>de</strong><br />
Commerce International <strong>de</strong> Paris Piero Albertini, qu’alors que <strong>la</strong> c<strong>la</strong>use <strong>de</strong> stabilité n’est va<strong>la</strong>ble que si<br />
elle figure dans le contrat, le principe <strong>de</strong> renégociation peut être exigé aux parties même si une telle<br />
c<strong>la</strong>use n’y figure pas.<br />
C.S.N.W : Vous évoquiez tantôt <strong>de</strong>ux raisons s’agissant <strong>de</strong> l’immobilisme contractuel. Quelle en est <strong>la</strong><br />
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