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entretien : de la stabilite fiscale des contrats petroliers - carpem

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Centre Africain <strong>de</strong> Recherche sur les Politiques<br />

Energétiques et Minières<br />

CARPEM<br />

93, rue <strong>de</strong>s maillets, Rési<strong>de</strong>nce Clos Margot, 72 000 Le Mans France<br />

ENTRETIEN : DE LA STABILITE FISCALE DES CONTRATS PETROLIERS EN<br />

AFRIQUE<br />

C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Sylvain NGNEBA WANDOP : Monsieur Stéphane ESSAGA, vous avez soutenu en juin 2008<br />

un mémoire <strong>de</strong> D.E.S.S en Administration <strong>fiscale</strong> à l’Université <strong>de</strong> Doua<strong>la</strong> au Cameroun qui a connu<br />

un réel retentissement au sein <strong>de</strong> cette institution. Le thème <strong>de</strong> votre étu<strong>de</strong> était « La c<strong>la</strong>use <strong>de</strong><br />

stabilité <strong>fiscale</strong> dans les <strong>contrats</strong> pétroliers au Cameroun ».<br />

Pouvez-vous dévoiler à l’attention <strong>de</strong> nos lecteurs ce que c’est que <strong>la</strong> c<strong>la</strong>use <strong>de</strong> stabilité <strong>fiscale</strong> ?<br />

Victor Stéphane ESSAGA : Nous avons en effet travaillé sur <strong>la</strong> c<strong>la</strong>use <strong>de</strong> stabilité <strong>fiscale</strong> dans les<br />

<strong>contrats</strong> pétroliers au Cameroun, avec <strong>de</strong> nombreuses percées comparatives à travers l’Afrique et le<br />

mon<strong>de</strong>. La c<strong>la</strong>use <strong>de</strong> stabilité <strong>fiscale</strong> est une disposition contractuelle insérée dans un contrat pétrolier<br />

(les <strong>contrats</strong> d’Etat en général), édictant que l’Etat s’engage à ne pas modifier les termes fiscaux du<br />

contrat au cours <strong>de</strong> son exécution.<br />

L’Etat renonce à faire appliquer dans le futur les nouvelles dispositions <strong>fiscale</strong>s qu’il prendra sûrement<br />

et tout à fait légitimement, mais qui seront inapplicables inter partes.<br />

C.S.N.W : La nécessité <strong>de</strong> l’insertion d’une c<strong>la</strong>use <strong>de</strong> stabilité <strong>fiscale</strong> dans les <strong>contrats</strong> pétroliers peut<br />

aisément se comprendre lorsque l’on considère <strong>la</strong> crainte légitime <strong>de</strong>s opérateurs pétroliers d’évoluer<br />

dans un environnement fiscal captif <strong>de</strong> <strong>la</strong> souveraineté <strong>fiscale</strong> et partant, <strong>de</strong>s seuls intérêts <strong>de</strong> l’Etat.<br />

Qu’avez-vous concrètement voulu démontrer à travers votre analyse ?<br />

V.S.E : Nous ambitionnions à travers ce mémoire <strong>de</strong> démontrer que le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> stabilité <strong>fiscale</strong><br />

adopté par le Cameroun et ceci <strong>de</strong>puis les indépendances est un mo<strong>de</strong> flexible, considéré comme<br />

étant mo<strong>de</strong>rne par <strong>la</strong> doctrine, dans <strong>la</strong> mesure où il ne s’agit pas d’une chloroformisation <strong>de</strong>s termes<br />

initialement arrêtés, mais d’un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> stabilité dynamique sans jeu <strong>de</strong> mots, évolutif selon le<br />

contexte.<br />

Malheureusement, il y a un hiatus entre le principe légis<strong>la</strong>tif et <strong>la</strong> pratique où les modu<strong>la</strong>tions ou<br />

adaptations rendues nécessaires par l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> conjoncture internationale n’ont pas toujours été<br />

initiées.<br />

C.S.N.W : Le Cameroun a quand même plus <strong>de</strong> quatre décennies <strong>de</strong> pratique <strong>de</strong>s conventions<br />

pétrolières.<br />

Comment le chercheur en droit pétrolier que vous êtes arrive-t-il à s’expliquer une telle retenue <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

part <strong>de</strong> l’Etat ?<br />

V.S.E : Nous pensons avec un certain recul que par ordre d’importance, <strong>de</strong>ux raisons justifient cet<br />

immobilisme fiscal et cette momification contractuelle :<br />

- une connaissance insuffisante <strong>de</strong> <strong>la</strong> thématique <strong>de</strong> stabilité : soucieux <strong>de</strong> respecter ses<br />

engagements contractuels et surtout d’adopter et entretenir une politique <strong>de</strong> promotion du domaine<br />

minier national, le Cameroun comme <strong>de</strong> nombreux pays africains considère qu’une modification <strong>de</strong>s<br />

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termes initialement arrêtés serait forcément un indicateur négatif par rapport aux investisseurs<br />

pétroliers internationaux. Ils absolutisent le principe international <strong>de</strong> droit pacta sunt servanda, suivant<br />

lequel les engagements contractuels pris entre parties doivent être exécutés <strong>de</strong> bonne foi et surtout<br />

respectés…<br />

C.S.N.W : L’on peut imaginer que le sacro-saint principe <strong>de</strong> <strong>la</strong> bonne foi ainsi magnifié par le<br />

Cameroun dans ses rapports contractuels le soit à <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> satisfaction <strong>de</strong>s investisseurs du secteur<br />

pétroliers. Dites-nous, l’Etat n’est-il pas par trop soucieux <strong>de</strong> respecter ses engagements contractuels<br />

en matière pétrolière ? Les lignes <strong>de</strong> <strong>la</strong> stabilité <strong>fiscale</strong> en matière pétrolière sont-elles à ce point rigi<strong>de</strong><br />

?<br />

V.S.E : Pas tant que ça. Certes, <strong>de</strong> nombreuses sentences arbitrales ont confirmé le « binding<br />

caracter » <strong>de</strong> telles dispositions, leur opposabilité et ont sanctionné les Etats qui les ont violé aussi<br />

allègrement qu’inséré dans les accords pétroliers (Par exemple <strong>la</strong> très célèbre et connue sentence<br />

Agip contre <strong>la</strong> République Popu<strong>la</strong>ire du Congo en 1979).<br />

Cependant à ce principe <strong>de</strong> droit international se joint un autre presque méconnu et autant va<strong>la</strong>ble qui<br />

est rebus sic stantibus : il s’agit du principe émanant <strong>de</strong> <strong>la</strong> doctrine administrative française (Conseil<br />

d’Etat, Compagnie Générale <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux, rec.125, concl. Char<strong>de</strong>net, mars 1916) qui veut qu’en cas<br />

<strong>de</strong> survenance <strong>de</strong> circonstances extrinsèques au contrat le déséquilibrant, les parties soient tenues <strong>de</strong><br />

chercher à <strong>la</strong> rééquilibrer. C’est l’équivalent <strong>de</strong> <strong>la</strong> doctrine <strong>de</strong> frustration en common <strong>la</strong>w, et relève <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> thématique <strong>de</strong> <strong>la</strong> force majeure, <strong>de</strong> l’imprévision en droit français. Il existe même <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>uses<br />

prévoyant expressément un tel réaménagement contractuel, qu’on appelle les c<strong>la</strong>uses <strong>de</strong> hardship.<br />

Vous voyez qu’au principe pacta sunt servanda il faut toujours ajouter le principe rebus sic stantibus !<br />

C.S.N.W : N’est-il pas contradictoire d’affirmer <strong>la</strong> pleine effectivité <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>use <strong>de</strong> stabilité en<br />

envisageant parallèlement une modification <strong>de</strong>s termes contractuels par l’insertion <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>uses <strong>de</strong><br />

hardship ?<br />

V.S.E : Le Professeur suisse Lalive est <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue qu’il considère comme universel. Permettez<br />

moi <strong>de</strong> contester cette vision <strong>de</strong>s choses. D’abord, les c<strong>la</strong>uses <strong>de</strong> stabilité et <strong>de</strong> hardship ne sont pas<br />

antagonistes, mais complémentaires, voire indissociables. Edgar Morin aurait dit qu’elles <strong>entretien</strong>nent<br />

un rapport « dialogique ».<br />

Ensuite, l’enjeu <strong>de</strong> l’équilibre contractuel induit une adaptation <strong>de</strong>s termes contractuels initiaux<br />

lorsqu’au cours <strong>de</strong> l’exécution du contrat, <strong>de</strong>s facteurs imprévisibles, irrésistibles et extérieurs à ce<br />

contrat le déséquilibrent. Ce qui doit être stable, c’est l’équilibre, pas les termes initiaux. C’est tout le<br />

sens et <strong>la</strong> pertinence <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>uses <strong>de</strong> hardship ou <strong>de</strong> renégociation, systématiques dans tous les<br />

accords pétroliers camerounais sans exception.<br />

Nous vous faisons remarquer enfin après l’ancien vice- prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chambre <strong>de</strong><br />

Commerce International <strong>de</strong> Paris Piero Albertini, qu’alors que <strong>la</strong> c<strong>la</strong>use <strong>de</strong> stabilité n’est va<strong>la</strong>ble que si<br />

elle figure dans le contrat, le principe <strong>de</strong> renégociation peut être exigé aux parties même si une telle<br />

c<strong>la</strong>use n’y figure pas.<br />

C.S.N.W : Vous évoquiez tantôt <strong>de</strong>ux raisons s’agissant <strong>de</strong> l’immobilisme contractuel. Quelle en est <strong>la</strong><br />

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secon<strong>de</strong> ?<br />

V.S.E : La <strong>de</strong>uxième raison est le déficit <strong>de</strong> robustesse du pilotage du « bargaining power » <strong>de</strong>s Etats<br />

africains, notamment en matière pétrolière. On se rend à l’évi<strong>de</strong>nce que les réorientations exigées par<br />

certains Etats sont moins fonction <strong>de</strong>s dispositions légis<strong>la</strong>tives régissant cette activité que <strong>de</strong><br />

l’inspiration opportune et fortement motivée par ceux-ci <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir rééquilibrer les rapports<br />

économiques préexistants entre les parties.<br />

En Amérique <strong>la</strong>tine qui est une province pétrolière très importante et où les accords pétroliers<br />

sont systématiquement couverts par <strong>de</strong>s traités bi<strong>la</strong>téraux <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>s investisseurs<br />

internationaux, les crises entre parties sont pourtant endémiques et débouchent sur <strong>de</strong>s résultats très<br />

positifs pour les Etats-hôtes.<br />

Près <strong>de</strong> nous au Tchad, le Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> République a <strong>de</strong>mandé au Parlement le 26 août<br />

2006 <strong>la</strong> renégociation <strong>de</strong>s <strong>contrats</strong> pétroliers signés avec le consortium constitué <strong>de</strong>s américains<br />

Exxon et Chevron ainsi que du ma<strong>la</strong>isien Petronas, ceci <strong>de</strong>vant le Gouvernement et l’Assemblée<br />

nationale réunis. En considération <strong>de</strong> ce qu’au second semestre 2006 les cours du pétrole n’ont cessé<br />

d’augmenter, le manque à gagner pour l’Etat a été évalué à 250 milliards <strong>de</strong> FCFA (558 millions <strong>de</strong><br />

dol<strong>la</strong>rs), l’Etat Tchadien n’ayant reçu que 500 millions <strong>de</strong> dol<strong>la</strong>rs pendant que les compagnies ont<br />

réalisé un chiffre d’affaires <strong>de</strong> 5 milliards <strong>de</strong> dol<strong>la</strong>rs, soit dix fois plus ! L’Etat tchadien est parvenu à<br />

ses fins.<br />

C.S.N.W : Revenons à <strong>la</strong> c<strong>la</strong>use <strong>de</strong> renégociation. Quelles sont les circonstances qui selon vous<br />

<strong>de</strong>vraient conduire à une modification <strong>de</strong>s termes fiscaux ?<br />

V.S.E : La hausse <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s hydrocarbures est <strong>la</strong> principale. Le cours du brent est passé <strong>de</strong> 11,93<br />

dol<strong>la</strong>rs en moyenne en 1998 à 71, 60 dol<strong>la</strong>rs en 2007, pour être durablement au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> 100<br />

dol<strong>la</strong>rs parfois, quelque soit le marché pétrolier considéré ! Or le prix du brent, qui est le brut <strong>de</strong><br />

référence <strong>de</strong> l’International Petroleum Exchange (IPE) <strong>de</strong> <strong>la</strong> bourse internationale <strong>de</strong>s pétroles <strong>de</strong><br />

Londres, est un élément central <strong>de</strong> l’activité pétrolière toute entière.<br />

Pour faire simple, les c<strong>la</strong>uses initialement arrêtées dans un accord pétrolier sont fonction d’un<br />

calcul <strong>de</strong> rentabilité précis fait par l’investisseur pétrolier étranger et validé par l’Etat-hôte. Or <strong>la</strong><br />

rentabilité implique un calcul <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> vente <strong>de</strong>s hydrocarbures à un certain cours, qui est<br />

<strong>la</strong>rgement en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalité du marché. Du moment où les concessions accordées ont été fonction<br />

d’une rentabilité moindre que celle qui existe en réalité, l’Etat se sentirait spoliée si on ne revoyait pas<br />

à <strong>la</strong> hausse ses recettes <strong>fiscale</strong>s, en termes absolus.<br />

Il y a aussi l’évolution du cours du dol<strong>la</strong>r, et l’importance progressive <strong>de</strong> <strong>la</strong> prospectivité <strong>de</strong>s<br />

champs exploités. .<br />

C.S.N.W : Y a-t-il <strong>de</strong>s exemples dans le mon<strong>de</strong> d’une telle modification <strong>de</strong>s termes initiaux pour cause<br />

<strong>de</strong> hausse <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s hydrocarbures ?<br />

V.S.E : Les exemples sont légion. En décembre 2005, <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong> Bretagne a relevé l’impôt <strong>de</strong>s<br />

compagnies pétrolières évoluant en mer du Nord à 60%, contre 30% avant 2002, où il avait déjà été<br />

relevé <strong>de</strong> 10% . Le motif essentiel avancé en 2005 a été que <strong>la</strong> rentabilité par baril est passé à 40%<br />

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contre 13 % il y avait quelques temps. Aux Etats-Unis en 2006, <strong>la</strong> Chambre <strong>de</strong>s Représentants a<br />

autorisé le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> renégociation <strong>de</strong>s <strong>contrats</strong> <strong>de</strong> concession dans le Golfe du Mexique.<br />

C.S.N.W : Quid <strong>de</strong>s pays africains producteur <strong>de</strong> pétrole ? Aucun pays africain n’a-t-il à ce jour réalisé<br />

une telle renégociation ?<br />

V.S.E : En matière pétrolière, je n’ai connaissance d’aucune entreprise <strong>de</strong> <strong>la</strong> sorte, d’envergure totale.<br />

De nombreux pays l’ont explicitement souhaité ces <strong>de</strong>rnières années ( Guinée Equatoriale, Côte<br />

d’Ivoire et Gabon plus récemment), sans que les résultats en soient connus.<br />

Par contre, une dynamique lour<strong>de</strong> consiste ces <strong>de</strong>rnières années à procé<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> révision <strong>de</strong>s <strong>contrats</strong><br />

miniers par onze pays africains, motivée par <strong>la</strong> hausse durable également <strong>de</strong>s cours <strong>de</strong> ces matières<br />

premières. Cette renégociation a été au centre <strong>de</strong> discussions en février 2008 à <strong>la</strong> fois au cours d’une<br />

conférence internationale consacrée au secteur minier (Mining INDABA) au Cap en Afrique du Sud, et<br />

d’un forum sur <strong>la</strong> malédiction <strong>de</strong>s ressources et les obstacles à <strong>la</strong> société ouverte, organisée par<br />

l’Open Society Institute (OSI) du milliardaire Georges SOROS au Sénégal.<br />

C.S.N.W : Comment expliquer une telle différence <strong>de</strong> réactivité entre <strong>la</strong> renégociation <strong>de</strong>s <strong>contrats</strong><br />

miniers et celle re<strong>la</strong>tive aux <strong>contrats</strong> pétroliers alors que <strong>la</strong> problématique <strong>de</strong> révision est <strong>de</strong> part et<br />

d’autre <strong>la</strong> même ?<br />

V.S.E : Humblement, je n’arrive pas à me l’expliquer, même si j’ai une hypothèse que j’ai commencé à<br />

étudier.<br />

C.S.N.W : Pouvez-vous nous <strong>la</strong> dévoiler ?<br />

V.S.E : Les onze pays africains résolument engagés dans ces renégociations sont <strong>de</strong> majorité anglosaxonne.<br />

Il s’agit du Libéria (qui a <strong>la</strong>ncé le coup d’envoi en 2005 s’agissant du fer), <strong>la</strong> Zambie qui a<br />

directement attaqué <strong>la</strong> problématique <strong>de</strong> <strong>la</strong> fiscalité, <strong>de</strong> l’Afrique du Sud (80% <strong>de</strong> <strong>la</strong> production<br />

mondiale <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>tine), du Ghana, du Nigéria, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tanzanie, <strong>de</strong> Sierra Leone, enfin <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

République Démocratique du Congo, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Guinée, Madagascar et du Niger.<br />

Les mécanismes institutionnels, sociaux et internationaux <strong>de</strong> suivi <strong>de</strong> ces activités extractives sont<br />

beaucoup plus avancés dans les pays anglophones que francophones. Rappelons-nous qu’une<br />

initiative promouvant <strong>la</strong> transparence et regroupant une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> partenaires dont les pays<br />

producteurs, <strong>de</strong>s gouvernements, les ONG, les IFI, l’ONU et l’OCDE, l’Initiative pour <strong>la</strong> Transparence<br />

dans les industries extractives (ITIE), a été initiée par <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong> Bretagne.<br />

Il est possible que ces Etats soient plus exposés et sensibilisés aux thématiques<br />

développementalistes en <strong>la</strong> matière que les Etats francophones en général. Ce<strong>la</strong> pose tout l’intérêt <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> société civile, <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong> formation dans ces secteurs hautement stratégiques.<br />

C.S.N.W : Justement, quelles sont les solutions que vous proposez ?<br />

V.S.E : Elles sont <strong>de</strong>ux ordres :<br />

- à l’échelle interne, trois actions sont nécessaires et liées : il faudrait d’abord nécessairement avoir<br />

l’intelligence d’auditer les accords pétroliers existant sous le prisme <strong>de</strong> l’actualité, et sans pression<br />

particulière. Ensuite, il y aura manifestement nécessité <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> révision <strong>de</strong> certains d’entre<br />

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eux, dans le sens d’une plus gran<strong>de</strong> simplicité, solidité et fluidité <strong>de</strong>s rapports entre les parties. Enfin,<br />

il faut s’investir dans <strong>la</strong> communautarisation <strong>de</strong>s politiques énergétiques.<br />

Nous avons noté avec satisfaction pendant que nous bouclions notre travail que notre compatriote<br />

Elisabeth TANKEU, réélue commissaire <strong>de</strong> l’Union Africaine en charge <strong>de</strong> l’industrie et du commerce<br />

en début d’année 2008 lors du dixième sommet <strong>de</strong> cette institution, a fixé dans sa feuille <strong>de</strong> route <strong>la</strong><br />

conception d’un co<strong>de</strong> minier africain. C’est là un bon signe que les enjeux sont connus.<br />

- Enfin, il faut investir dans les formations et <strong>la</strong> recherche dans ce continent. Si c’est va<strong>la</strong>ble pour toute<br />

politique <strong>de</strong> développement, ça l’est en particulier dans cette industrie essentiellement occi<strong>de</strong>ntale du<br />

point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’ingénierie nécessaire. Si les moyens financiers et technologiques sont <strong>de</strong> l’apanage<br />

<strong>de</strong>s pays occi<strong>de</strong>ntaux, les moyens intellectuels s’entendant <strong>de</strong> tout l’appareil théorique, juridique,<br />

institutionnel et stratégique doivent être partagés, pour une meilleure défense <strong>de</strong>s intérêts individuels<br />

et collectifs <strong>de</strong>s Etats africains.<br />

Interview publiée dans www.afritaxes.com, Lettre <strong>de</strong> <strong>la</strong> semaine, le 11 août 2008.<br />

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