version PDF - Flash informatique - EPFL
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Voilà<br />
Adieu l’ami,<br />
on t’aimait bien, tu sais<br />
déjà quelques semaines que Jean-Jacques<br />
Dumont nous a quittés et les nombreux<br />
vides qu’il a laissés ne sont pas près de se combler. Nous ne<br />
parlerons ici que de son influence pendant 20 ans sur l’<strong>informatique</strong><br />
de l’<strong>EPFL</strong>, et laisserons à d’autres, dans d’autres<br />
médias, le soin de rappeler son rôle dans les milieux de<br />
l’athlétisme, de son soutien aux jeunes sportifs éthiopiens,<br />
de ses activités sans relâche au Club Internet qu’il avait créé<br />
en 1995, du côté des scènes musicales, et dans d’autres<br />
domaines que nous connaissons peu, puisque Jean-Jacques<br />
a mené plusieurs vies en parallèle, avec chaque fois engagement<br />
et conviction sans faille, accompagnés parfois d’un<br />
brin d’utopie.<br />
Parmi<br />
les nombreuses activités dans lesquelles Jean-<br />
Jacques Dumont s’investissait personnellement,<br />
il en est une moins connue qui faisait la jointure entre ses<br />
connaissances techniques et l’amitié qu’il portait à de nombreux<br />
jeunes artistes, je veux parler du Collectif Cultures-Club et de<br />
son bras Internet CAN-ART (Centre d’Action sur le Net pour les<br />
ARTistes) – http://www.canart.ch.<br />
L’idée de CAN-ART a été de constituer un réseau ouvert d’individus<br />
ou d’associations fonctionnant sur le principe d’échange<br />
de services logistiques et de compétences artistiques et techniques.<br />
Ce réseau a aidé plusieurs jeunes artistes à s’exposer au public non<br />
seulement sur le Net mais aussi et surtout dans le cadre bien réel<br />
de concerts et d’exposition artistiques.<br />
Pour apprécier l’idéalisme et la générosité légendaires de JJD,<br />
je vous invite à lire l’introduction de la charte de ce réseau telle<br />
qu’il l’écrivait en juin 2005: «Sûrement, il vous arrive de maudire<br />
la mainmise du big-business sur la création artistique, la médiatisation<br />
excessive des produits de la StarAc et de ses clones, l’exploitation<br />
sans vergogne par les majors des artistes et d’un public assoupi, avec<br />
la complicité intéressée des médias. Probablement vous partagerez<br />
cette impression que c’était mieux avant, quand ce public friand<br />
de découvertes se réunissait dans les petits clubs au lieu de s’entasser<br />
dans des stades où se produisent maintenant les mégastars aux<br />
mégacachets, quand l’audimat ne régnait pas encore sur la plupart<br />
des chaînes de radio et TV et que celles-ci remplissaient leur rôle<br />
en permettant aux vrais talents de s’exprimer indépendamment des<br />
contraintes commerciales».<br />
Franck.Perrot@epfl.ch, Domaine IT<br />
Ceux d’entre vous qui lisent ce journal depuis ses débuts,<br />
connaissent bien la signature de Jean-Jacques, puisqu’il y a<br />
écrit de nombreux articles, reflets de ses divers centres d’intérêt<br />
(depuis les beautés de l’OSF jusqu’aux possibilités du<br />
village global Internet); cela lui a même valu de remporter la<br />
Plume d’or lors des 10 ans du journal en 1996.<br />
Ses collègues de la section Logiciels du SIC qu’il a dirigée<br />
pendant plus de 15 ans pourront vous dire à quel point il leur<br />
était utile pour initier les projets novateurs, il était toujours là<br />
pour les accompagner et les encourager. Ils pourraient témoi-<br />
Jacqueline.Dousson@epfl.ch, Domaine IT<br />
gner de ses combats menés en permanence pour faire comprendre<br />
les enjeux de disposer d’un outil <strong>informatique</strong> performant<br />
pour la recherche scientifique et pour l’éducation. Grâce à<br />
sa formation de physicien, il a toujours su se faire l’écho des<br />
besoins des scientifiques et a inlassablement négocié et amorti<br />
les contradictions qui ne manquaient pas d’éclater entre des<br />
chercheurs pressés et une administration très frileuse devant<br />
les changements induits par la révolution numérique.<br />
Il avait pris du poids et du poil, mais l’esprit était resté intact.<br />
http://slwww.epfl.ch/SIC/SL/info/JJD.html<br />
Il excellait à prendre le recul nécessaire pour mieux<br />
guider ses collègues informaticiens, parfois englués dans les<br />
problèmes techniques. Il a ainsi réussi à mener à bien nombre<br />
de projets audacieux en calmant les uns et en bousculant les<br />
autres. Promouvoir la décentralisation tout en appartenant<br />
à un service central n’était pas tâche facile, pourtant le projet<br />
SUSP a en partie reposé sur ses épaules. Mettre en place les<br />
services centralisés garants d’une <strong>informatique</strong> réellement<br />
distribuée est aussi à mettre à l’actif de son équipe, par la<br />
création d’un véritable service pour l’e-mail, par la mise à<br />
disposition de bornes interactives OSCAR, par la direction<br />
du groupe COGNAC, par le déploiement d’un système de<br />
distribution des logiciels scientifiques ASIS ou encore par<br />
la constitution d’un véritable groupe SÉCURITÉ. Avec le<br />
projet TEQUILA, et le lancement de la construction d’un<br />
système d’accréditation, il a contribué à concevoir les briques<br />
de base absolument indispensables à notre <strong>informatique</strong><br />
d’aujourd’hui.<br />
Quelques lignes tirées d’un article qu’il a écrit dans le<br />
flash <strong>informatique</strong> en 94 nous montrent à quel point sa<br />
vision de l’<strong>informatique</strong> de l’époque peut encore s’appliquer<br />
FI 2 – 28 février 2006 – page
Adieu l’ami, on t’aimait bien, tu sais<br />
aujourd’hui: «Donc, pour mémoire, COGNAC a pour but d’instaurer<br />
une collection de services de base normalisés et banalisés sur<br />
le réseau de l’<strong>EPFL</strong>, compatibles également lorsque cela s’applique<br />
avec les services équivalents sur le réseau national (SWITCH),<br />
voire mondial (Internet). Les domaines touchés sont:<br />
• la messagerie électronique<br />
• les systèmes de diffusion d’information et de conférences<br />
électronique<br />
• les serveurs de temps<br />
• les répertoires de personnes, de machines, de services...<br />
• les accès aux imprimantes et autres périphériques<br />
• les systèmes de fichiers distribués<br />
• la distribution des logiciels d’application et le contrôle de<br />
leur utilisation (serveurs de licences)<br />
• la distribution des tâches sur les nœuds de calcul<br />
• la sécurisation de cet ensemble<br />
• de façon plus générale, la gestion distribuée et orientée-objets<br />
des machines, périphériques, services et personnes sur le<br />
réseau.» (fi 6/94)<br />
Il n’a pas eu le temps de voir aboutir d’autres thèmes, qu’il<br />
remettait régulièrement sur le métier, ce sont, par exemple, la<br />
standardisation des documents ou le portail de logiciels.<br />
Depuis la création du DIT, Jean-Jacques s’est attaché<br />
à faire tomber les barrières qui séparent parfois un service<br />
central et les utilisateurs dans les facultés; sa vision était de<br />
promouvoir l’utilisation de services développés en central,<br />
plutôt que localement. Détaché dans la Faculté des Sciences<br />
de base, il y a aidé à structurer l’<strong>informatique</strong> dans ce sens.<br />
Ces derniers mois, dans le domaine de la coordination<br />
HPC (High Performance Computing), il s’est aussi beaucoup<br />
investi, luttant contre l’individualisme de certains, faisant la<br />
promotion d’un partage des ressources, dans l’esprit d’un<br />
GRID <strong>EPFL</strong>, national ou européen.<br />
Salut Jean-Jacques! À nous de continuer, sans toi, à mettre<br />
en place une <strong>informatique</strong> digne de cette école, c’est-à-dire<br />
à la pointe des technologies, au service des ses chercheurs<br />
et de ses étudiants, dans un monde devenu plus hostile et<br />
commercial. Les obstacles sont nombreux, mais ton souvenir<br />
nous aidera à les franchir. n