grisone-l_ecurie_du_s_frederic_grisone-1615.pdf

L'ES C VIRÎE
DV S FEDERIC GRI
SON GENTILHOMME NAPOLITAIN.
En laquelle eft monftrè l'ordre & l'art de choyîîr,dontcr .picqucr,
dreffer & manietlcscheuaux, tant pour l'viage delà guerre,
qu'autre commodité de l'homme. Auec figures de
diuerfes fortes de mors de bride.
Nagaercs trâduidte d'Italien en François, &nouuellement
rcucue& augmentée.
&
VI PAR IS,
Chez A D % % * X P E B. I E R ruëSainâ lacques»
M, DC XV.

tA TR nS-tìÀ VT ET P VISSJNT
SEIGNEVR UCQVES-DE SILLY , COM TE DE
BKQchefort)^dulneau)Cheitalf£r de l'ordre duRoyfyfr
tainede cinquante hommes d'armes de [es ordonnances)
Damo s fem deQommercißeigneurfouuerainDeuuiiìe,
Baron de ißiQntmirai^d'jnnebault^de Kai^la Hu?
nauldaye^ du HommetyComtede Penthautou fan-
tau âmer , Manfortfur Rifle ) Seigneur de Bau-
eency}& de Heubecourt,(

EPISTRE.
ont receti parmy tant de nui&s vieilleesàla chädelic,tant de
iourspalîez,crairez5d remarquez à ia plume : û eft-ce,que les
labeurs des vns font beaucoub plusreceus & louez que des
ancres .teloni art Se la difciplme à laquelle ils ont efiayé de
donner lumiere^elquelsiceux nous doiuéteftre plus recommâdez,
qui ont efdaircy l'ai t,dont perionne ou peu s eitoiét
cn'Lremellez,mêfmement ou les chofes font malaifees d'eltre
cognues,finon par longue experience telle qu'il a eft é bèfoin
çn la marefchalerieScefcuirie eftrefoigneufement pourfuiuie
àlapourfuitedesfecretsdenatuve.premieremenc pour fçauoiriuger
que le dieual foirde nature chaude & temperc e,
pour efteeleger & hardy,Sc de longuevie,de foy doux,docile
8c bénin"iceluy q^ui le nourrit, Se ti approchant au naturel de
•l'hónie.pour le feruir tidelemëf.qu il n'y a feruiteur qui aime
mieux fon maiftre,qui luy loitplus feruiable,qui luy foit plus
fecourableà tous les voyages,qui luy foit plus fideleaux dagers
de laguerre-.ainll qye vous>Monfeigneur,auez par tane
ôç diuçrfes fois experimentéa tant dere'ncontreSjefcarnioumouches,cvinbatsfmguliers>tournois&bataiHes.Dequii'ay
quelques fois ouy Veffort que voftre cheual faifoit pis parm y
les trouppespefle-metieàS.Quentin.Dequii'ay veulefoin
que vous auez de commander àvosEfcuiers de recommâder
„ Vos cheuaux Se de les faire drelfet àia main.La defpenfe que
Yous faites otdmairemët pour reçouurerdesTuzcs, Barbes,
Rouflins Sc cheuaux d Elpagne.Combien de fois ie vous ay
veu prendre admiration d Alexandre„d auoir fait baftir Bu-
_.ccphalie,p$)ur la memoire defonBucephal lequelaccouftré
jde fes harnpis Royaux:^ caparaçonné ne voultn one felaif-
Ce.r cheuauchèr par autre que par ion Roy tout bleflé à la
prife de Thebes ne peut foufîhr que foamaiâremontaft fur
, yn autre.Le femblabîe ay ieleu du cheual deCefai quinerccogneutiamais
que fon Seigneur. Les inuemions poétiques
;üous téfmoignentau(Rde Pegafe chsual ailé ôc engendré de
^Neptune ôc Mcdyfe.fans lequel Beljerophon malaifeçicnt
vaipcuhChim-çejnôitrueufeJ^'jcft. cepas auffi^pprô*

EPISTRE.
regret del'abfencc de fon maiftre,5c faire pluficurs Autres apparences
de defir de le reuoir:tels que les cheuaux que Cefar
auoit biffé près des monts Apennins deçà le fieuue Rubicon
pour feruird'eftalons?N eft-cepas eftrangle&efmerueillable
hiftoire d'vn cheual qui après le trefpas de fon R oy Nicomedefelaiilàlanguir
defaimîEcfià les Vaudeuilles quelque
creance doit eftreadiouftee,bien plus eftrâge nous fembleroitquvn
cheual efueillaft Regnaulr lors qu'on trainoit
ies compagnôs aufupplice de la congnoiffance qu'ils ont de
leurs maiitres,il eft certain , ie i'ay veu en Allemagne 5c en
pluùeurs autres nations & contrees,& fay ex perimenté bien
fouuent.Delaionguevie^eshiftoiresnousen font foy. Le
Vulgaire n'a peu retirer de l'opinion que le cheual ce gentil
Palefroy de Kegna'tild ne fuit viuant en fa liberté parmy les
Ardénes.pour la vérité i'ay appris d'vn de vo s capitaines SC
feruiteurs qu ila veu autrefois autour de Saumur vn cheual
à feu Monfieur de Sparros qui en la bataille de Montlehery,
contre Charles Duc de Bourgongne,eAoit noir,&: depuis d
l'a veu changé de couleur Se poil blanc.D*eftre fi fecourables
Se necelfaires à l'homme, le prix de Cheualerie nous enfài^fc
preuue fufHfante. Vir gilè n'a peu plus dignemét louer leRoy
ricus,que par le nom de dompteur de cheuaux. Le plus
grand honneur que les Empercus 8c Rois ont peu faire aur
Vaillans,hatdis Se preux gentils hommes,eft deles honnorer
dé Vordre de Cheuallerie comme en France autresfois par le
Roy lean de l'ordre del Eftoille: êcparle Roy Loys XL d»
S.Michel:en AngleterredeS.George,&laIartiere:enEfpjLgne,delaToifon:en
Sauoye,del Anonciade. Anciennement
aux ieux ôc combats Olympiques Se pythiques , &. ailleurs
oàles lices furent dreflees, leprix n'eâoit moindrepour le
(égard des cheuaux que des hommes. Les Dieux mefme
jùen font.aidez, comme le braue 8c furieux Mars àion char
.^sbrajnlé. Le beau ihœbus , qui iournellemert attelle ies
limonieps > les plon ge ôç retire hors de l'Océan. Neptu.-
Jie-triomphe fur U-mer à cheuajl èc non du tout^niempie
contens que n'^uflent plus ho^orablementgi^rdoçpé

EPISTRE.
les faits cheuâleureux:lesDieux mefmes ont colloque techeualau
Ciel pour figne efclairant près du cercle Ai ûique: qm
auecques le Verfeau nous fait reffentir en terre de fes effeds,
ceux principalement qui auec le Deltoton nous font apparoiftre
Andromede fous le ply des genoux d'vn fi lumineu*
corps celefte, ou les nous ofteauec fa termination qu'il fait
auecleDaufin.LesMufes , iaçoit qu'elles foient pleines de
beauté 8c d'immortalité , fepeuuent-elles plus plaire qu'en
celle double crouppe de montagneiqu'en celle belle fontaine
d'HeliconHippocreneJaquelle ne doit fa renommee qu'à
lafourcecheualihe ? O qua bon droit les Romains onr tarit
honorez les cheuauxaux triomphes,aux ieux,aux tournois^
tes ayans aprèsÎâilïez en bronzenen marbre,en peintures qui
nous feruent ores de merueilles ! ayants impofé fon nom
Equus , quife peut en vulgaire tourner iuAe ou egal, à rai«
fon de la mefure 8c égalité que celuy qui nourrit le cheual
faut qu'il l'entretienne, 8c que lecheual doit auoir comme la
balance iuftement aux effe&s par la mainala gaule, l'efperon
Scia voixde celuy quii e manicjfoit au pasdieué, au trot libre,au
galopvigoureux,à la carriere viile,au maniement feur
écpromptjaux faults , àia proportion delà tefte àia main,i
l'arreft leger,à la facilité delà bouche, à la fermeté 8c difpofîtion
de reins,en fes bonds,au pare^au reposée conformant à
la volonté de celuy qui eft deffus. Etiil hommeen tire tant
deferuiceScfecours , ScquiH'aime : lors qu'il luy furuient
quelqueaccidentdemaladie,combien ilfetrouuefoulagé-SC
allege de f extreme paflxon qu'il reçoit du mal de fon cheual,
lors qu'il trouueles remedes promptement Scconuenables-i
tant de maladies 8cfi diuerfes,à quoy,fdonAriftote,fohtfubiets
comme les hommes? Vos entendemens furent de Dieu
bien infpirez,gentils Grecs, Apiy rte, Hierotle,T heomn efte^
Pelagon,Anatole,Eumele,Archideme) Diophané", Hippo 4 -
crate,Himere,Didyme 8c autres qui fi fidelement nous-' aue$
communiqué voftre Hippiatricé , medecine Chëualmet
l'ayants fi bien difpofee en voftre Veterinaire.Et ne font dp
moindrcrecommandation ceux qui en leur vulgaire ont trai-
— - . » — — . — . L. * — — — «• — ^
/

ÏPISTRE.
ôé des Signes, de la Nature, deL'artdechoifif, dompter,
picquer, dreffer Se manier les cheuaux,tatpourla commodité
ordinaire de l'homme,que pour l'vfage delà guerre, entre
lefquelslefeigneur Federic Grifon a efté â bien approuuéde
tous, qu il a deuan cèles autres , Se furpafle fes deuanciers.
Mais les eferits de foy,quels qu'ils (oient, font muets , 5c ne
feruent que de tapiiTeries muettes,non plus que les fai&s des
cheualliers fans la trompette des efcriuains : fi ne fe treuuent
les autres qui puiiTent leur donner vie. Tellement que tout
ce que le feign eur Federic auoit traile en fon vulgaire, ne luy
euft rapporté le falaire de cefte gloire,fi CharlesPerierLibraire
Se Imprimeur n euft employé de fes biens , fans efpargner
chofe quelconque pour l'animer d'vne langue Françoife, 8c
n'euft palle les Monts de Piedmont fans luy , lequel parmy
tant de troubles & peine que depuis peu de temps il peutauoir
foufFertjna voulu laifler fon œuure maque qu'il ne Tay e
depuis la premiere imp reiïion encores fait reucfttr delangage,de
façon 8c d'ornemens plus beaux 8c necefîaires , 8c n'en
demande pour fatisfaire à fes frais Scdiligence que la feule approbation
de voftre iugementauec fa perpetuelle feruitude
qu'il vous prefente , fefentant grandement redeuable à tant
de biens que luy auez eflargy Se offert d'vn fi grand content"
cement, que fecourableluy fuites ces annees precedentes, le
retirant hors d'vn perpetuel foucy Se efmoy qui Vaccabloit
d'vn defglpoir.fi ne luy euffiez têdu la main pour l'en releuer.
De ma part, ie ne defire que faire entendre à ceux qui ont des
moyens pour aider les hommes ftudieux Se vertueux , qu'ils
prennent exemple à voftre libéralité , de laquelle infinies
personnes fe fentent fi bien fecourues, que vous eftes le feul
en France qui ne vous laffez d'auancerles amateu rs des lettres,porter
faueur aux hommes de tous eftats felon la perfection
qu*y pouuezrecognoiftre : qu ala mienne volonté que
les Roys 8c Princes fuiuifTsnt en leur tranquilité celle voye;ie
m'afleure que leurs RoyaumesSc Prou'mces remifes en vnion
8c concorde,leur rapporteroient plus de fruit,de plaifir,d'aife
5c contentement. PuifTe le Seigneur Dieu vous continuer

EPISTRE.
cefte fainéte volonté:vous vùeille confcruer longuement en
fanté:vous vacille faire perfeuerer en tant de profperitez,quc
nous luypuiflions rendre les graces, telles que le debuoirde
noftreFoy Catholique nous commande, 8c que l'obligation
de la multitude de vos bienfaiéts enuers nous, requiert. A
Paris en voftre hoftelde Rochefort, ce xx. de Septembre
M. D. LUI.
V olire tres-humMe 5c obeifTan t feruîteur»
Bern, du Poy-M ondar.
L'ES-

L ESCVI RIE DE
M. FEDERIC GRISON GEN­
TILHOMME NAPOLITAIN.
LIVRE PREMIER.
»L n'y a en tout l'art militaire difcipline plus belle qae
lceHequienfeigneàdompter,picqucr , Scdreflctleâ
cheuaux : car elle n'eft feulement orneede beaux &
i gracieuxeffeäs, ains neceffaire Sede grand prix. Et
/"XI) IP/ -^d'autantplasdifficile &eme!is,v3il!arit,adFO}t)& e'buiïanr.Partant
les Itiàhs fouuent fans d,etiaâiorii , & auecqties/mcCtitc telle eobîmsielesayelcriESiCorrigeantlesfatiHYS'fi
vdus ; yca notiu

X VESCV^RIE DE
d^aìiancerle don, lequel en ceft sage par le moyen de mes labeurs vous
efi:courtot{èment prcfcotc.non.tant.de moy,que de!apmÛanLeô{ liberate
main de Dieit.Ets'il vous'femble qu'en mes phrafes & maaie-
Tes de parler , ien'ayeeltc fiiiligent exquis qu'il appartiendroit.
PenWz que i'ay prins ^e plus près garde h bien faire qu'à bien dire rafia
que chacun quileshraapprennep'usàdreffer & piquer dheuaux qu'à
parler:# ne ie plaiianr à la leûure il ne s'arrefte pas à icelle,ains comme
chalîede (a rudeffe^incotinécil recoure au fruit & àl'yrilité de l'çe.iure.
Orquivouspourroitiamais dire à plain les louanges & la grande
yertu du chcual ? » ui eft celuy qui ne le recognoitt Roy des animaux,
eins y ne roche^nexpvgnable.&treîfidele compagnon desRois? Attendu
mefmemët qucBucephalaccouftré de (es hamois royaux ne le vouiuriamaiîlaitîerchenaucher
parautrequeparfon Alexandre: &blelïe
à la prife de Thtbes ne voulut umais iboffrir qu'Alexandre demontail
de luy pour monret delfus vnautre. Semblablement leçheualde
Czeiar ne voulut iamaispvrter autre que Czûr: Sien hlant les hiftoites
vous trouuerez infinis attes généreux geftes glorieux de beaucoup
d'autres cheuaux.pou v rai on def quels en leurvieilsont efté chers
tenus & carclTez.&accouftrez de draps ptecieux:& depuis leur mort
feono.es par pompes funebre; , braues fepulchres , hautes pyramides.ôe
par vers pleins. Je leurs louanges. Apres queBucephal fur more
Alexandrefeit balht vncville.laoùilfut enterre , laquelle en memoire
de luy il appella Bu cephaiie. Le grand Poete en fon Eneide voulue
comm; pour vne excellen :e lurnommer le Roy Picusdocteur de chenaux
: comme aulE feit il en dmersautres lieux le grand Meflàpe fiU de
Neptune : lequeIN eprune.-ü u delà mer.ce dient les fables, engendra
auecquesMedufele chcual aillé nom^né Pcgafe, lequel volant mfques
au ciel fut conuerty en vn Altre. Audi figurent les fables que Bellerophon
fils du Ro V Glauque monté detfus ce cheual combatit & vainquit
la i3onftrueuleChymere>pourceqiVilfutinuenteur& te premier
au mondequientrepiiurdemonter delluslescheuaux. Combien que
depuis luy les Peletroniens Lapythestrouuerent [t Etcm 1 ff/njles
. j mors & les tours : & que finalement furent les Thetiabens les pre-
' * miers qui menèrent les cheuam à ta guerre. Ce qu'ils firenràla vérité
d'vn iugement non moins profitable que diuin. Canlnefepcut
dire qujl y.eutiamûsny abondance de viurcs,ny fette accomplie , ne
braueicu.ny bataille grande ou les cheuaux n'ayent eftc'.ne deçré.eftar,
qualité ne profe'îlon humauie.ioit de religion , de let tres^u d'armes,
oùilsd'ayenttoufioursefte , 5c ne foientperpétuellement occcllàires.AuiïîvftU
valeur du chenal par delius to ut autre valeur & puiflance
, & a v.) ligue par delTuî tout autre figne d'honneur merueilleux

?ED. GRÏSONn LIVRE I.
les nobles & gtanäs feigneurs , ainsles petits compagnons
> 3
foldatsfe font par les forces &dexterirez des chenaux, hauts, grands,
braues &iiîaftres. Qui ne dira que tout Prince fe tient par raifon gibrieux
deftreappelle Cheualier? & toutesfois il prend cenom de cefi!
animal vrayemenrRoyal.Des verras & louanges duquel quand ie Vou»
droisie ne pourrois aifezfuffifamment parles : car au refpeti de fem
ex ccllencc:'a langue nepourroit fuffire à en parler felon|a valeur. Par»
quoy contraint de m'en taire,ie laifferay prefentement à vous en faire
pins long dilcours.
lediray donc premièrement que la qualité du chenal depend de*
antres elemens,& fe conforme plusauec celuy duquel pluî il participe.
S'il tient delà terf^plus que des autres il fera meIancolic,terr ein , pefànt,&
de peudt cœur : & e& couftumierement de poil moreau, ou de
couleur de Cerf,ou(4wme/4fo)pommelc,ou de poil defeuris>ou de telles
autres codeurs meflees.Siplus de l'caUjil fera phlegmatiqae, tardif
&mol:&leplusfouueniiIeftblanc.Sipiusdel'air,ilfera fängQin,gail-
$ard,prompt,& tempere en les mouuemens: & a couftumc d'eftre Bay.
S'il tient plus du feu,il fera cholere,leger,ardant,& fauteur,&:n'adnient
guiere qu'il fbit Fort nerueux.&eftcommunement^Mre) rouxalezan,
reffemblant à la fl'amme,oupldftoft à charbon ardent;mais quand auoe
la deuc proportion il fera participant de tous les elemens enfcmble,
alors il lera parfait. Or entre tous les poils , le Bav chafüin, ie { 6W*
_
r(>tAt»)ons rouë,que vulgairement on ippeMeiltardfptmato ) gris pommc\êylç(s*gtiitt»fifiranegro)
rouan (cdiwi^y^tdemer* j nommé tefte de
more,& cncore(J4«r meultn*)toiix. metaliin , lequel en langue fcfpagnoie
s ippelle aUfjn tifaào ) alezan obfcur.tont ies phisattrempez,
& les plus eftimez: de fai& ils font déplus robufte & de plus genntle
nature. Apres eux font plus h prifer ceux qoi de plus près leur reffem-
. '
blent: entre lefquels fonde Bay doré ou rouge en couleur comme ro- f
fe,ou vx titablement obfcur, qui ne Ion pas de ces Zerns qui ont le toar
^
desyeux,!cmußle&les flancs lauezLe ( Saw* ) roux ou alezan à guif* »< ndrqut, „
de charbon ardent,^ non de flamme : Le blanc moucheté de noir : Le uutücurt.
{lUrit drgmt*}pisargenté qui a les extremitez noires , c'eft à içauoir
tes pointes des aureiliesjes crins, la queue, les iambes,

,jL L'ESCVIRIE DE
. .guicres,parlent do poil argenté & du poi! gris.Combien que de toutes
fortes il fètrócue de bv-n bonsebeuaux, neanrmoins i en parle Iclon
l'expetiencp qoi s'apprend ordinairement & généralement de leur nature
& complexion.
E: vous declare que le Bay chaftin eft chnlcic fangaia : & d'autant
plus choleric qu'il eft plus roiige en co»leurde(f4wr* ^alezan en guife
idefeuv& non de rofv.: pource qu'alors il ieroit plus fanguin : aufli tant
plus ii a de noir,cant plus tient-il de l'aiuft,fi le poil eft comme tout
noir, il a feulement 'es flancs rouges ,il (era choleric aduft: comme s'il
i les fLncs tous noirs,on l'appelle moteau : lequel eft le plus (ou ent
mélancolie de (à nature.Er à ce melancolic, pource qu'il eft froid &
iècjbeaucoupde gens dient qu'il auient peu d'eftretemperé.phlcgme,
comme il eft befoin au choleric (änguin.&plus encor au choleric aduft:
lequel pourluyadoucit ceftegloire(ùperbe , qui luyprocedede chaleur
exceffiue,doit auoirdu poil blanc en certains lieuxmon que par la
qualitèd'iceux la force ou dexterite luy augmente : mais afin que par
la bénignité & douceur du phlegm e demonftré par le poil blanc , fe
tempere en lay celle malignitéqui luy procede ds la fecherefle ou de
l'excelBue chaleur de fa nature & complexion. Et pource que les chenaux
qui ont par trop de poil blanc , naturellement fent foibles comme
font les Auberesj&autres leurs femblables marquez de bianc:à ce-
S4l\dtte,ta- ftecaufe vous vueil-ie aduertir que la marque o# balzane plus eft peèl&bt
lltsbrdi plus eft elleà p.'i er : gource que le moindre feing futfità
ftirecognoiftrela complexion ducheual de quelque iozte qu'il puiiîc
eftre.
M«isG nevueil-iepas que vous pendez que lefiardo pimate ) grifon-
.pommelé, ou le blanc moucheté & argenté, ayant les extremitrz noites:
Si encoresle gris meflé de blanc,nefoient chenaux de grande valeut,commc
ie vous ay diä n'agmere. Car combien qu'ils ayent du
phlcgme(humcur mol S: corruptible) neantmoins par ce qu'ils monîlrent
ces rouelles, miroirs, ou taches ,& autres parties noires,chacun
d'eux lera phlegmatic du phiegrr e ù!!e(humcur aigre «^incorruptible)
qui naift de cholere adufte & de phlegme:tellement que pour cefte occafionievous
dyque lescheuauxayans celle meûange de poil^ont acrouftume
d'eftre de grand courage, hardis & vatlians : & encores de
ceftemefmecomplexion ferale cheuzilStgenAtofepr*aegr>)rouat^mais
il tient plus du fuperbe, pource jqu'il n'a pas tant d'humidité : comme
aufli le (idun i»#/«/f8#)rouxmetaîin, ou alezan, obfcur, pour ce qu'ila
-plussel'aduft,fera pareillement plus (uperbe quele Bay chaftain.' •„
( Etfautfçauoit que quand le poil noir s'engendrede cholere adufte,
decheual de tel ptlage fera furieux,courageux,&die grand fcns:&bien
fouuent on le void eltrc cauteleux & trompeur, & s'appelle vulgaire-

FED. GRISON. LIVRE I. s
raentjZain.Miis quand il vient d'humeur mclancolic naturel, le chenal
fera alors craintif,dur& pareffeux:& s'il tient de Vvn ou de l'autre,
il neie peut pas toujours cognoiftreau muffle &aux flanc rouges ou
noi«.« (e ditcerner certainement : exc epte que par c es mœurs & ma.
civres de fa-re, is il.n'aduicntguicre qu'il fok,
A iij

f fESCVIRÎE DE
fort. Le Balzan delà maio de la lance & du pied droit, s'appelle
Traué,êc eft dangereux)& donr on ne doit faire grand compte.
Le Balzan de la main de la bride & du pied de l'eftrier eft femblablement
Traué :3c combien qu'il loh de mauusifc m»rque)fi n'eft-il pas fi
mefehant que l'autre.
Le Balzan delà main de la bride & du pied droit s'appelle ( Tr*ßtMt)
entretraué : ileit femblablcde nature à l'Arzcl, & encore pire : est il
tombera aiieroent , & fera dangereux & mortel.
Le Balzan de la main de la lance & dn pied du montoir,pareillement
$ , appclle(7"r4jÎ4»4f)cntretraué,& eftde la nature de l'autre : mais il
n'eft pas tant mauuais & dangereux rneantmoins ne deuez-vousadherer
à l'opinion de ceux qui le tiennent de grande valeur.
Mais notez que tantletraué comme Venrretraués'engendreau ventre
de fa mere auecques les deux Balzanes ferrees &ioinftes enfemble:
de forte que quand il eil ne & qu'on le cheuauche naturellement
ouand il vient à fe manier ou courir, il ratïembie fes pieds enfemble:3c
alorsà tout heurt l'vn pieddefordonne l'autre & lefàit broncher &
choir:& font à ccfle'occafionces cheuauxmanuais& malheureuxzmeis
l'entretraué fera encore pire , pource que ces Balzanes eftanstrauerfantcs&
oppoGtesl'vneà l'autre , s'enueloppent plus confufement.Il
yaquelquesrai-ensauxautres fignesbla-ncsgd'eû iemblentproceoer
les bons ou mauuais efFeâs des cheuaux: mais pource qu'il m'afembîé
n'yauoir ny feur ny vray fondement en telles chofes occultes par nature,
ie n'en ay point voulu parler,m'alîeutant feulement en ce qui eft
clair par l'experience. De fàiót pat l'cxperience & par k-sefïè

TED. GRISON. LIVRE I. y
Le cheaal qui aura l'cftodlc bUnchcaufront, quineluy fera lifte ou
E*ve 5c en aura vn autre fur le maffia, fera malheureux & de mauuai»
fe bouchermais s'il auoit outre cela la Balzane au pied du montoir pour
ce que ceftuy et vn figae de grande vertu, cefte faute ea er i oit amendee.
Et fi chacune de ces Balzanes » portans ou boa ou mauuai s (igne
eftoieiù in »uchetces de quelques taches noires : ainfi comme ce (igne
au mai parti-roit apparence de plus grand vice , auffiaubien croiftre
en DIUS grande bonté , tellement que tel (îgn

8 L'ECVIRIE DE
Le cheua! qui * le n oit des yeux blanc, quand il chemine par la'neige
Se parle froid,ne voit bi-n comme parles autres lieux.
laninet n- Lccheual qui n'a ne marque Hanche ne balzane aucune, fe monflre
lours, morne fouuent ( Raming») rebours & fera gay & maniable cela ad aient à chenal
de tout poi^mais plus au moreau,& à toute forte de poil bay , pria»
cipalementau bay brum.(Kjtningt )rebonrs eft appelle le cheùal qui ne
va point de train certain & qui n'a point l'efprit repofe:& l'vn eft plus
malin que l'autrercar tel fetrouuera, que plus vous levoudrez forcer,
moins prendra-il le train vny,maisiracomme s'iliuoit deuxcceurs.lVn
ritmiti' jepOU(2|Qt i*aatre l'arreftant,& fera tofct fon mouuementdel'efchine.
^ Si le cheual à Vefpy feul ou accompagné auec ( sp*à* Xjmtne ) l'efpee
Romaine furie col auprès des crins, il fera heureux : Scplus encoresf
d'autant qu'il paffera plus également d'vn coftéà l'autre. Et fera encores
meilleur quand il l'aura deffus le front : Davantage fera ce (igne
bon & notable,le faifànt apparoir de courage franc & pur, & qu'il fera
tres-heureux en guerre.quand il l'aura fus les deux hanches de derrière
à l'endroit du tronc delà queue , lh ou il ne fe peut regarder.
Et combien qu'il eufl auec ce Ggne quelque Balzane mauuaifè, néantm
oins ayant ce fignc.il fera non feulement en partie, mais du toutreiiré
& preferué de ceûe mauuaifè influence. Toutesfois quand ila l'eipvou
remolin fu rl'efpaule, ou deffus le cœur ou en autre lieu dcsflacs
où il le peut choifir de l'ceil.c'eft vn imuuais & malheureux figne , 5c
contraire à celuy quei'ay diä;& fera pire d'autant qu'il fetrouuera plus
prés du cœur,foû vers la partie de deuaot ou celle de derriere.
Maisauifezvoas aueie oc parle pas des efpis o u rem cl in qui font
natorelsjefquelstoutcheiîal a aux lieux ord onnez parla nature, fça-
Boireft^umilieu dufront,augoufier,enl'eftomac,au nombril , &aux
flancs:mais desautres qui d'abondant & comme par accident font produits
ou en icelies ou en autres parties du corps du cheual.
rtmolin Leremolinoueipyeftoitappeliédes Anciens,petit cercle : pourceew
'JfJ• que ce font certains poils retors,qm font ordinairement en forme rode
comme vn petit cerclepeu plus oumoinsgrand qu'vndemydouzain
denoftre monnoye,& quelquesfois ces poils font longs plus ou moins
en façon de plume: laquelle longueur auiourd'huy s'appelle , elpec
Romaine .'
Et combien que îc cheual foit de bon poil & bien marque , & que
par là il demonitregaillarde complexion, & non feulement bonne voîontê,maisauflï
heureufèconftellation : neantmoinsileft necdîaiie
que tes membres fbien t bien adiuftez,&formez auec deuë propor tion,
Âutrementlavertuducheualneferoitdeuémët accomplie. Tellement
que pour lâtisfaireà voftrcdefîr , ievois brauemem vous dire quels
ilsdojueac cùr^Sc commencera y aux parties baJes elquelles le (heuaher

FED. GRISON. LIVRE !. 5
uaiier voulant regarder & vifitcr le chetyii, doit premierementarreftei
iâ veuë& fon difeours.
Leche-jaldoitauoirlicorne de l'ongle liffee & po/ie,noire,large,"
toade$ieche1& creufe.Et encore qu'elle fuft tendre ou molie.pouiuett
qu'elle ait le talon large, ce ne fera que plus grand ligne de legetetê.
Laraifoneft)pouTcequele theualàtaufedela tendreté^ foibltfle de
fon ongle du lour qu'il eft néccmmenceà cheniiner pat la campagne
légèrement ne s'ofant appuyer fernacment fur l'ongle: mais s'aydanc
pincipaleroentdes bras & du mouvement de l'elch ne Les couronne; Lttumta"
deliees & peloes, les paturons cours, non trop couchez, ne trop tele. fm uez : A ce moyen il fera plus fort par bas,& ne bronchera fi tnften auant.Lesiointes
grofles& fideniereelles^lavn troupet de poil cefelavn
ligne deforce. Lesiambes droites & latges.Lesbras neTueux,a- gw,$ 4**^.
uecquesles canons cours,égaux & iuftesô; au iurpjusbifn foiäs: pa- mùlu
reillement les genoux gros deltharnez & vnis. Les hauts des bras, ou
siufcles qui s'eftendent depuis le genomi iufqu'à l'elpanle,quand le
cheualletientdîoitiuriespieds, doiuent eßre plus eflaigis & dißans
l'vn de l'autre,par haut que par bas. Les cipaules longues,la ges, ÔC
charnues. La poiârine eu eftoma.h large &rond.Lecol , qui ne loie
point trop court,mais qui tient p!us du long que du 1 curt, gros vers la
poißrine,(z/MMrfe; voûté parle milieu ,& grefleaupres de latrile. Les
aureilies petites ou pluftoft aiguës & dioiâes.de bonne longueur , 6c
larges plus ou moins lelon la taille du cheual.Le fiot aeicharne & iarge, -
Les yeux noirs & gros.Les falieres de deflus les fournis pleines,& eminentes
dthors;Les mâchoires deliees & maigres: Les naieanx ouuerts
& enflez , dei orte que le vermeil de dedans le puille voir, af.n quel»
rcipirationluyfoit plus ailee, & qu'il ait plus d'haleine : La bouche
grande.Et tinalement toute la tcfteprinrfecnlemblcdoireftte derdeux
codez de ia face,& de rencontre longuv,fee he & iemblable à celle d'vn
Môuîo^monftrantles veines pat tour. Mais le Genet ou cheual leger
dòn auoir la tette petite, auecquesles mei m es parties que iaydi&es:
toutesfois neladoittantauoiriembiabieà celledu mouton. Les crins
c1airsfemez&!ongs.ttnelaispoir.t,du tout contraire a l opinion de
ceux qui les veulent eipais : car poutueu qu'ils ne loieot point excefli-
Ucment& en trop gtande^uantitàj's ne (ont pas pouvant à melprifer:
& s'ils font ctefpei eu bien clairs & déliés , i.s fignificnt encore plus
grande gaiHardite,& s'ils eft oient grossis demonlTteroient quelecheualferoìt
plus de robulte nature : comme aofii s'ils iontdehez, mon-»
Çrëntplusgtandfignedeboniens , toutesfois legerere & d elica tede
àl , œuure,& peu de force à porte; peine. Le gai tot noDieulemenc
aigu,maisquafieftendu&dioit:& que làfèvoye ledefpartementdes itgarfotl'n
eipauies:Le dos court 5c qui ne ioit courbé ne voûte,ne auffi creux ny iw-tji fn U-

10 L'ESC VIRIE DE
fia in ctl & enfoncc(/ Urnh '^hes teins roids,5c mieux valent,plus ils (bat pleins 8c
dts tr'm

FED. GRISON. LIVRE I. »
l'efchine de chat)&fait demcfmes quand i! gaioppe oy quand il fe veut
manierafrfj-e^^paPades^nes'elpaigncenrkn à faite tout ce qu'il
peutaflemblant & employant toute iapuiffance. Et après qn'il ache- Rtmfes,fafminévnefpace
de ceftc forte, nepouuant plus retenir (es membies,
il s'abandonne &felaifleallet mefmement s'il chtminelcing.Enquoy

TI L'ESCVIRIE DE
coî & à îa voûte du cdl , fermeté incroyable: & à îa bouche, doux &
bonappuy, quiefl lefoadement de toute la doârioe.
parrac: doacques , fi vous voulez que le chenal paruienne à ces
perfcdtions , lors qu'il commencera à cheminer leur & feulauecques
C*utr^in*.\c ( t4ue\j^on^ licol fans qu'autre le tire , preœie ement quand vous
licoi,cbeuf voudrez monter deffus loy , lerabeloin le conduire en le flattant &
* & quelquefois le toiremeoacrr par quelq-i'vn qui fera pre*
* de luy,& le frapper des mains du colte ^roidt pour lcfaireaccofter d'vn
montoiroùvousfcrez.cequ il faudra faireauccques grand foin Se diligence
: & puis quand il tera près de vous au long du montoir, l'alîearcs
doucementluy paflànt la main tur lecol (urlacrouppe : & ainfi
montédetîus.Iecheuaucherez plailamment, toufiourslemignardan^
non feulement iufques à ce que. vous ayez accouftré voftre habillement:
mais encore quelque efpace,puis après vous demeurerez arrefté
fans luylaifTet faire a.icun mouuemenr,lecarefia;ît(buuent, enluy
paflant lors la main par de (Tus lecol, & . puis après vous le ferez cheminer
en auant deux ou trois petits par tout doucement.puis vous arrêterez
encorevneautrefois.&tamoftapresfuiurez vothecherain pour
le mettre en belongne de ta maniere que ie vous declareray tantofu
mais quand il portera la bride,& qu'il iera ja iniiruital'cEuure,fi vous
le voulez bien entretenir à faire dextrement la volte redoublée , toutes
les fais que vous le cheuaucberez Se ferez deffus luy : après que
vous l'aurez fait cheminer ces deux petits pas delà forme que ie vous
ay dit » vous iuy ferez faire tout doucement fix voltes : deux voltes à
main droite , deuxàmain gauche , &.audernier deux autres voltes
à main droi&e : ou bien vouslny ferez faire feulement trois veltes
comparties vnepour main,de (orte que la premiere & la derniere fe
farcentà droi&e, & puis vous arrefterezvn peu,& puis après pourrez à
vo(trepla#(îrlefairecheminer. Se pourfumre voitre voyage /toutesfois
vous veux-ie bien aduertir que Je cheualà chacune volte doit toufc
iourencheuallerle pied contraire deflus l'autre.cc que ie vous declareray
plus amplemét quand ie parleray cy après - es voltes redoublées.
Etfilecheual , ou par craiute du rrauail.ou par obdination de coulage,
ou par trop grande fupcrbie naturelle ne veut approcher du
montoir pour felaiflercheuauv her , alois vous luy donnerez d'vn baftoncntrehsauieilles,&furlateftefm3Ìsgardezlesyeux)
& fur tous
les endroits defon corps où il vous viendra mieux à propos :& par ce
movenjtant (ouil maling ou incorrigible,rudement & fans l'elpargaer
le vous faudra-il chaftier:& encore le menaçant auec voix rude
& terrible :de forte que vous voyant obitinccontreluyil deuiendra
doux au montoir comme vn agneau,& fans plus faire aucune refiftance
s'en approchera: mais aufli vous ùut-ii prendre garde dele mignar-"

FED. GRISON. LIVRE I. if
der & carcffer toutes les fois qu'il s'y rendra de /00 gré, & qu'il fera ce
que vousvoudrez.
Encores fepourroit - ilbien corriger fivous le preniez de la maio
droitie par les refncs,lc plus long que faire fe potuta: ou s'il n'a point
encores la bride, par la cordcdulicol : & va autre par derrierelay
battoir la crouppe de la baguette , lefolicitantde trotter ou de gallopperaueclaplusgrandefuriequ'ilferoitpofBble,
& le faiiânt tourner
a t'enrourde vous à main droiÄe)& alors vous ne bougerez voftre
pie id roi â du lieu où vous l'aurez pofe : mais feulement tournant le
p'ed gauche vers luy,l'accompagnerez ï chacun tour qu'il fera,& vou$
quilctenrz vous retrouuerez toufioursau milieu.ht aptes que vous
l'aurez Uâifé auecques infinies voltes de tette main , retournant 1*
vote, vous prendrez les refnes ou la corde de la main gauche: puis le
ferez femblablement par ceftuy làfolliciterauec la baguette , à faire
autant de voltes à main gauche: & comme n'aguieresauec le pied droit»
auffifer z vous maintenant du pied gauche ïàns le mouuoir de fon
Leu,mais tournant feulemec le pieddroit.En celle maniere le pourrezvous,puisdel'vnepuisdel'autre
main faireefbatre vue efpace detemp$
iufques à ce qu'il vous fembie vaincu & du tout fubjedt. Et fi d'auanture
lechcualeftoitdemauuaisvouloir, & vnfeul ne pouuoit fuffire àie
faire tourner aux ronds en ces voltes,(eroit befbin d'y mettre plufieurs
petfonnesauec des baguettes, & dauantage x^ue vous en euSez vne
autre plus longue qoeiesautres, laquelle vous changeriez de main
en main en changeant les voltes Et aiïez fouuent vous trouueriez
que fans autres quieuffent baguettes , vous feul le battant par derrière
de la voftre , tantoftd'vne main tantoft de l'autreje feriez franchement
rourner & volrer comme il doit. Doncques vferez vous en
cela decequivousfembleraplus commode & plus aifë pour la correâion:
laquelle luy fera à la fin tant fafcheufe à comporter, que pour
laciainted'kflle, il (claiffera doucement monter & chcuaucher,& le
ttouuerezdeioureniour plus prompt à vous obéir. Et combien que
cette difficultériecorre&ionaduienneencheuauxde tous aages,toutefois
la forme que ie vous visu de dire eft fort bonne pour les poulains
qui veulent faire reûftance au commencement qu'on les veut
cheuaucher,& vaudra beaucoup mieux pour eux .qu'aucun autrechafiiement-qu'on
leur pmffe faire.
Et faut que vous le cheuauchiez & demeuriez deflus luy, non (èu^
leraentauecgrandcou age , ôc (ans auoir crainte de luy , maisauec
opinion que luy & vous n eftes qu'vn corps , & que tous deux n'anez
qu'vn fens &t vne feule volonté. Et après qu'il fera difcipliné
par la form e que ie vous diray .toutes les fois qu'il ie maniera oupreii»
dtai» voltç, accompagnez ietoufiours

i+ L'ESCVIB IE DE ;
voftre pcrfonnc ferme Srroidc fans vous panckfcr de codé ne d'autre,
regardant toofiourslatefie du cheual droit entre les deux aureilles. Se
non feulement alors, mais fouueut ,fouuant pendant qu'il cheminera
TtupetiCtftc trottera , galopperà, ou courra : entreîefquelles aureilles voftre ne®
(etgneedi nUifCIa ^oit au milieu de fon toupet , fetuiia de figne pour vous faire
^'ntréitsla co g no iftre fi vous eftcs droiótement & iuftement afliî en la felle, & fi
reittts tem/« le cheual va iufte, & droit decol & de teûecommeil appartient. lieft
jtux-.&Jtrlt bien vray queiufques à ce qu'il (oit en feigne & bien apprins , en la lefrmtducht-
çon que vous luy donnerez , il fera bon que qua fi continuellement^
**'• vous abbaifiîez les yeux: du cofté duquel ilfe volte, & luy gardiez les
bras s'illes meneauec bon ordre: car s'il ne les menoit comme il doit:
vous en aduifântdebonneheure>toafiours viendriez-vous à temps,
tant pour luy donner le ckaftiement, que pour luy faire Iavcarc(fe lors
qu'il les roanieroità leur ordre : mais depuis-qu'il jfêra bien entendu
vous ferez comme ie vous ay dit n'aguieres : car fi vous faifiez autrement
, vous pourriezeftrereprins de vice non conuenabie à bon &
choificheualier.Neantmoins deuez vous noter ,quecombattaurcontre
voftre ennemy , il eftbefoing de regarder la main dont il tientj'efpee,^
prendre garde à fes raouuemcns,&non autre part, toutesfois alors
pource que la vertu des y a la capacité vifiue bien grande, pourriez
vous bien prendre garde à fon cheual 8c au voftre 5 gç qu>nd il lau -
tera,ou parera,& àquelqneautremouuementqu'il fera^ousl'accomj>agnerczdevGftreccrps,leconfoimantàfonmouuemei3t>
tout ainâ
comme à temps il relpond & fe conforme à voftre requefte & volonté.
Partant il faut que voftre corps auecques l'eichine veife iufte , &luy
corre(ptmde par ordrc,auec pareille harmonie & concordance ». comme
fi c'eftoit vnemufique,& ïemblablement vous tiendrez iuftement
les refnes delà main gauche^ la baguetedela main drohte,vous tenant
en le cheuauchantiafte& droit deff«sluy3& vous aflèurantaueeques
lesgenoax , &auecles cutiTes bien vniment difpofces , dc/brte
qu'elles femblent collées auecques la felle :&iaflèrez aller vos iambes
toutes droites , de la forme que vous les tenez eftant debout far vos
pieds: & quand ilfera befoing vous en fbulagerez le cheual plus eu
moins, ainfiqu'ily efcherra : Orlaiflànt aller vos iambes de ceftefàçon
les pieds s'en iront pofer fur les eftriers en leurs lieux propres,
muet la pointe & le talon de chacun d'iceux tournez de la part qu'il
faudra:de maniere que tournant le vifage, que vous teniez droit & iufie,dcl'vnoudcl*aniiecofté,faas
le forcer toutesfois, & fans remonnoir
le corps, & regardan t ea bas vers l'efirie^vous aperceurez que la
pointe de voßre pied iera tournee droit où fedrefleraia pointe de voitre
ne zXt felon la qualité de la felle vous cheuaucherez plus court ou
plus long :pouiuey que teufioius l'euierdroit feit de demy pcintplus

FED. GRISON LIVRE I. ij
tourt quelegaache. Se tiendrez i'ctriuierc dclTous le genouil ,poarce
que vous en cheuaucherezplus à l'aife Se plus gdilirdemet)& plus magiftralementpoutfoulageric
chenal tant au faut que aujmaniement,
defaitauiourd'huyouen vfeainfi.toutcsfois quand vous tiendrez l'erriuiere
furie genoui!,ou cheuaucherez plus long & plus brauemcnt,8c
regardera chacune pointe de vos pieds droit à la pointe de chacune
aureille du cheual, & non droit à Vcfpaule,comme aucuns ont voulu
dire : carilferoit faux cefte façon de cheuaucher, retriuieredeflusle
genouil, anciennement fèmbloit plus gentille , & eftoit en plus grand
viage , pourcequelescheualiersde ce temps-là vfoienr fort de chevaux
bardez , & eftoit befoing , pour atteindre iufquesâ leur ventre,
auoir des efperons longs enuiron d'vne paulme:tellemêt qu'ils eftoient
contraints quafipar neceflitc de cheuaucher de cefte façon. EtauPfiviendroit-il
bien à propos de le faire ainfi auiourd'huy, quand on
cheuaucheroit vn cheual bardé à la mode antique. Finalement au
corps, à i'efchine.aux mains .aux cuiiïès, aux iambes,aux talons faut
tenir & obferuer le temps & la meiure : laquelles'apprend feulement
du bon difeours , & de la bonne doârine&de lalongue experience
qu'on a des cheuaux , & puis après toutes les ordonnances de pas en
pas, au dilcoursqueicvous feray , vous feront claires & manifeftes.
Mais iufques à ce que le cheual vienne an temps de porter bride .com- b*t idk li.
me ie vous diray tanto A,il luy fêroit bien plus commode de le cheuaucherauec
la battine : fur laquelle entendant bien les pofes de la felle, "A" 1 qu'on
ûn^ousendireautrechofe.vousfçaurez bien vous accommoder, &
auec les iambes fermes Se pendantes en bas, ainfi comme il faut : Et '
vous aduerty que puis après quand on vient à luy mettre la felle, qu'il
la luy faut mectre plus fus le deuant que fus ledernere: car ainfi pofee
elle ne fera pas feulement le cheual plus beau &ioly, mais encore plus
aifè: Se fera femblerlecheualier monté defïus plus difpos & mieux à
cheuahfinon que le cheual fuft trop bas deuant Si court de col, car lors
la felle luy delcendroit defoy m efm e continuellement fur les efpaul«.
Apres que vous ferez monté delïus le cheual, &il fera bien affolé & -^fol^afeuaffeuré
, vouslemenerezle trot par la campagne de droit en droit enuiron
cent pas deiuftemefure : & s'il eft poflible que ce foit dedans
vneterre n'agueres laboureeauec charruë:&làauprès,en commençant '
à main droiâe,vous marquerez 8c defignerez iur le terreo deux cercles
ourondsî&pardeffusces ronds vous luy ferez puisa vne main,puis à
autre enfuyuant faire deux voltes 5c demie au trot, qui font dix tours
defquelles tant les premieres comme les dernieres feront à main droitte
, & à la fin fortantdefdits ronds ou cercles vous cheminerez le trot
de droit 6ndroit,peu plus,peu moins , d'autant d'efpace que contient
le tour de chacun defdlts tonds,qui fera enuiron de deux cens cinquan«

i6 L'ESCVIRIE DE
te paumes : au bout doquel efpace vous atrefterez le cheuaî atTez Bonnc
piece,le faifant tenir cependant egal & iufte,ferme & coy1& par l'cfpacede
huiéi iours continuerez d'ainfi le foire. Et après qu'il aura demeuré
là ferme & coy, ainfi que dit eft,vous le ferez tout doucement
tourner à main droióte ,Tn peu au large du commencement, de peur
qu'i ne le face laiche de col: puis vous en retournant parla melme
Px/tfî rouf* (P/^r)routte,vout en irez au trot rendre & defeédre là m fîmes où vous
monté :&pouraffeurerlecheual dauantage, làmeimespar fois
frajtr,idem. quandi! vous viendra à plailir, vous mefmes Iny ofterez labaftme.Ec
vous faut bien prendre garde toutes les fois qu'il s'arrefte,& tient coy,
deleteniriufte &efgal,commcic_ypusaydit n'agueres.Etfis'arreflant
il Ce tient tots ayans la crouppeou lapoidrinc tournee plus d'vnceftc
que de l'autre, ou s'iltournoitlecorpstoutentiertoutd'vn cofté :Il
vousfaudra bien garder de le redrefler,ny auec Velpcron.ny auec la baguette:
parce que necognoiflant encore ne i'vn ne l'autre, il ie pourroit
aiièmentdeftourner,& à Vauanture mettre en fuitte:mais vn homme
à pied iepoulîeraje releuat auec les mains au cofté de la crouppe ou
de la baftine,ou bien à l'efpaule.de.la part dont il le, trouuera efi rt hors
du droit, & delà iuße & egale me(ure,en le redrtffant & remettant au
lieu,auquel ilfera iufle & droit, auec les iambes de derrière & les bras
de deuant aiuftez à la droiäe ligne de la routte où il efi: arrefté.Et entre
les autres chofescefte forme feroit fort bonne pour dreßer Si aiufter
vnchcual de quelque aage qu'il puifîèeftre, qui s'arrefte tors , par la
naamiaife nourriture qu'il a eue :&eftant jaenuieillyen cefte mafluaiie
accoutumance , lors d'abondant le pourroit bien celuyquile poufiêjchaftier
delà baguette.
Et fi vous ne le voulez reckeiïer de cefte façon , alors qu'il s'arrefte
tors,nonobftant qu'on luy tienne le licol droivt Se iuße, vousleferez
cheminer le pas tout dcucement dix ou douze paumes plus auant,
droit vers le lieu où il fedoitarrefter :& là vous TarrcAerem puis après,
retirant plus fort la corde du licol du cofté oppofite à celuy qu'il tient
tots & hors meiure plus ou moins ielon la refiftance qu'il fera, & en la
fin vous verrez qui ie pofera mfte comme il eft befoin.
Ordepuisqu'zl aaracommencéàprendrela fubieäion Si en partie
à.vousobey%li d'auentureil fait encores faute s'arrefier iufte , &à(e
tenir droit: vous le pourrez alors redreßer vous feulauecle bout delà
corde du licol qui vous pend de i'vn & de Vautre main.l'en battant modérément
iurla crouppe ou fur l'elpaule.nommément fur le cofté de la
crouppe ou de l'efpaule.oppoliteà celuy qui tient tors & hors du iufte,
auquel iufte par cc moyen il fe remettra doucement : Mais iulquesà ce
qu'on luy bail: e la bride, gatdez vous bien de luy rien faire de la ba*
guette: nuis Uiykiflant le licol auec la bride pom quelque temps, cc-

FED. GRIS ON. LIVRB I. 17
îuy fert auantage de ne luy montrer point la baguette.
Etvousdechre quefi lecheualeftdepeudefens, ou (bible & maigre,alors
deuant qu'il (bit bien accouftumé à eftre cheuauché,ces ronds
doiuenteftrefrayez&(iainpi.zparautrescheuauxquelevoftre , afin
qu'il vienne plus deliberément & auecques plus grand cœur : & pl us Ii- Sumfetüt
bre&pìusiufleparlarouttedeiesronds défia faite& flampee:& que l'Italie»,/>•«*
s'iifortoit du battu du rond, il s'en pourroit corriger de foy mcfme en « tpennsdi
retournantincontinent dedans , pourcequeceluy feroitde moindre f"" ^aj" s
peine de rentrer,^de trotter par la route ja rompueSe battue. Lcfquels
ronds après quei'auray vnpeu plus difcouruauec vous fur lepropos ou foottr, marie
iiiisentré:ievousmonftreray&enfeigneraypluseuidemment,non q»er,mgT*z
feulement par les paroles,mais par la figure naturelle queie vous en reprefenteray
au fécond lmre,Et encore afin que les ronds fe facent plus
aifément plusiu(tes,& de mefure cigale de l'vn à l'autre,il fera bon
du commencement &iufqucsà ce qu'ils foient bien gtauez , & que
marqueapparentes'enpuiflevoirfurleterren en fsire le premier def^
fein au pas,& puis les paracheuer au trot.
Aprescelavouscroiitrezl'ordinairedu chenal tous les iours d'vnc
volte dauantage , & quand vous ferez venu iufques à cinq voltes &
demie, qui font viT1gt& deux tours, ou plus ou moins felon l'eiprit dip
cheual, Jors il ne faudra plus luy croiftre ne diminuer le nombre. Toutesfois
auant que vous démontiez quand vous ferez forty bondes»
ronds,& le cheual fera repofé,il viendra bien à propos de luy faire Aire
(tpnuiron de trois petits pas en arriéré,qui feront de quatre paumes : &.
femblablement,puis après tout doucement le remener où il eftoit,&
l'arrefter là vne efpace de temps : puis vous en aller quand il vous plaira:mais
s'il fe met en deffence,nc le forcez point jCar il s'en retirera bien:
auecques le temps & auecques la bride,& parle moyen desinftrueâions
queie vous en donneray par le menu au fécond hure. Mais file cheual
elt gaillard, quand vous le tournerez à droiä pourvous en aller,comme
ie vous difois n'agueres, vous irezau trot par la mefme(P)j?e) routte de
droiâen droidmfques auxronds, Se non plus, & puis après tout doucement
vous le tournerez à gauche ,& retournerez en artiere par les
mefmes pas iufques au lieu d'où vous eftes premièrement party, & vne
autre fois le tournant à droidte vous le ferez encore cheminer au trot
iufques aux tonds, de forte qu'en comptant l'aller & le venir ce ferqn;

it L'ESCVIRIE DE
ibit bon de faire voltet lecheualvnpeuau large, »fin qu'il fê face plus
ferme & plus roide de col, s'adreffant par la routte delapaffadeàvn
feuldefTeinineantmoinspcnàpeui! faudra chacun iour le contraindre
vn peu d'aaantage à faire la volte iufte , & l'aduire & approcher tout
doucement à luy faire mettre la refte où ii a la crouppe& luy faire
touGoursencheuailerldbras contraire delà volte par défias l'autre en
la forme que ie vous Vois dire. Si vous le voulez faire voltet & mai»
droidte, vous ferez qurle bras gauche luy paflepar de/lus le droit,& le
voulant volter à la gauche, pareillement que le droigluy paflie par defius
le gauche.
Quand vousapperceuez qu'il eft bien rompu & va franchement à ce
trot,qu'il recognoift les ronds , 2c qu'il s'arrefte & fe volte aifement,
lors vpus luy baillerez la bride,quelon appelle le canon , auec les bran«
ches droiéteï, fi eUeauoir de/îa feruy, elle n'en.fer oh que meilleure.
Et le tenant par le licol , peu à peu auecques les ref ncs vous la luy fecTez
ièntir en la bouche: & luyfâudra oindre de miel ause du fel, afia
•del'accouftumeràla mafeher toufiours, &àplus modérément la retenir.
& mefmes par ce moyen il-prédra plaifîr à la:receuoir,& ne deuiendta
fàfcheux à brider : & alors, comme ievous^y dit cydeuant, vous
iuy pourrez mettre la felle à voftreplaifir.
Mais depuis qu'il commencera s'affeurer dela^bride, luy faudra faire
faire chacun tour vn e volte davantage, iufqiiesà ce que vous aniuiez
aux vnze voltes 8c demie, quifont quarante fix touts .ou-bien luy rn
ferez moins faire , felouque vous cognoiftrez fo force , & (on ha-d
laine grade,&ièlon qu'il vous refpondraSc voosapperceurez qu'il vous
puifferefifter & les porter fans fe débiliter : combien que ce nombre
foit conti enable îtout cheualieune,gaiilard, & nerueux : & durant
quelques jours vous n'irez n'auarit n'arriéré ce nombre, & vous arre-
Tufldiis ® ercz & ferez les pofàdes en la forme que ie vous ay ditte-: Sc iembla.
temffis,re- ' Clement vous ne fer ez iamais faute de le mener quelque* padades par
ffiUtm, idem déHusla routte, par laquelle onfort d'vn bout àaurre au trot , plus ou
.moins felon ce qu'il vous femblera qu'ille pourra porter, &àchacua
hout le faire volter de la façon que ie vous ay ditte cy deuant: 6c puis
après vous en irez gaillardementt defeendre, & puis le.fcrez tout doucement
mener en main.
Or à mefure que ces ronds parle con ri nu el battement du chcual
deuiennent durs en guife d'vn planché , faudra lorsqu'il fera bien atfèaréeniçeux,
luy èn remarquer Se Ramper fou u en t d'au très en vn autre
guère: qui ibit defrais laboure & profond, afin queparla profonditéd'icduyil
fe&ce plus leger & plus Couple de bras & de iambes,
foutçsfois s'il y aabit faute de terrea pour en faire d'autres , quelques
dursqaefaffeßtlespremiers, fis'cn taudrpit ilfermr : maispuisapres

FED. GRISON. LIVRE I. i*
il fètoit nece(Taire de pourmener le chcual ou au trot, ou au pas au traucrsde
quelque terre frcfchcmentlaboutee : pour ce que le cheualcftanuccouftumédctrotterparìa
terre labouree , fera toyfiours puis
après plus aifé & plus foupleàleuer haut & bien manier les bras 6C
les ïambes.
Et (1 d'anenture il n'eftoit pas affez gaillard, prompt & efùeilléà fii«
te les voltes par les tonds, ou saleitoit ( Rumj^fjrebours,remis ou
coiiartautrot, ou il fevouloû arre^er auatuk fin delà leçon : iembUbiement
dy ie s'il luy auenoitde galopper envoltanty'ot# il vous feudtsfolliciter&reueUlerfouuentaueciavoix
ou la parole, &auecce troc
desleuresgqu'an adecouftaroe défaire aux poulains pour leur donner
courage d'allerauant, & outre cela en vn melme temp g (lez de fois,
vous jouuier,ne delay faire cognoilke peu & peu l'aide de la iambe 5c
datalon en cefie maniere. Si vous le faidtes volterà droide, vous luy
ayderezducoftégauche , 6t:ß vomlefaùe^volterà gauche, vouskiy
ayderezducoftèdroitmeantmoinsparfois afinqu'ilnefoitedu rond,
& qu'il aille plus iuAe par la route du tour, lors que vous luy donnerez- le coup de lapart appoiîte r vous luv amndirez l'autre auecques l'autre
talon de l'autre co6cJe$ tours : & finonobtiantcela il voltoit encore
en vacillant,quelquefois vous le frapperez.de tousles deux,talons en»
femble également iom&spourià plus grande correction, & tiendrez
encore ce me/me ordre auec leseiperons quand il aura commencé à
les auoir, mais de la maniere qu'il lesluy faut donner ie vousenferay
tantoft vne leçon.
Il aduient allez fouuent que le cheual allant par les tours ou tondsnevapasiufteSc
egal,& contournant le corps comme il doit faire,tcllement
que pour obuier à cela ie vous dy qu'il fera bon alors qu'il feraces
tours à droirte, deluy tenir la iambe gauche vers l'efpaule^ouail
droit des fangies : &!adroittevn peu plus en derrière vers les flancs.
Et files tours fe font à gauche,.de melme façon luy mettrez vous la
jambe droióte en auant vers refp,aufe}& la gauche vcrsJcflanc;& tant à ^
l'vn comme à I-autreîour vous le frapperez des talons,quand il efcherra,en
ces lieux mefmes, auiquelsen arrondiiïànton lepicquedescïpc- -
lonsilequelarrondüTementie v^usdeclarerayaufecond liete.
Quand le cheual va-en quelqu e forte que ce fonde droit en droit, .
foitau pas/oitau trot/oit au galop , foit en carriere, pour luy donner
plus grande vifteflè il le faut to ufioursayder auec les deux talons égaux* ,
& ainfi ferez-vous après auecques les elpeions. Quand il vous femblcraqu'iLentendra.bien
le trot non feulementallant de droit endroit,
maisauffien volte par les ronds^&qu'il entendra quand il fedeuraarreâcr,&
qu'il recogooiltra vn peu la bride, Jorsfi vous voulez,luy pourxçz.
vous oûer lelicol^ en lonlicu luy me tue les fàulfes reines: Se pf
t - - ... --v ' — — - ' -,

20 L'ESCVIRIE DE
fois qtiiad puis après il fbrtira des tours on ronds, on le poartoit bieoi
éncore faite aller au galop : combien qu'il feroit meilleur de ne le galopperiamàispIuftofi:qu
, iln'entendeleparer>&lespau(âdes.Et auffi
vous prendrez garde auec la main roide & ferme, & h l'aduanture au
commencement auec toutes les deux mains de luy faire toufiours por-
-tetlecolroidè &latefteferme&droiâeï Scauecques la plus grande
facilité qu'il feroit poiïible, ainfi roides le faire venir aux voltes. Et notez
bien queïàns luy mettre les faulies reines , quandi! portera lelicoi
auec les reinesfeulement, o n ne (aidera pas à le bien dreffer: &ycna
beaucoup qui portentrvn& l'autre enfemble:mais ce feroit plus grand
trauailà l'£fcuier,& reuiendroitàla fin tout à vn.
Enuiron »»temps encores commencerez vous à luy bailler les efperpnSgonen
voltant aux ronds ^ou quand vousirezle trot, dedroi& en
droidpar dedans legaret.Et combien qu'on les luy puiiie pareilleroet
bailleràia carriere , neantmoinsil vaudra beaucoup mieuxluy bailler
au trot , & celuy profitera pour le faire plus iufte & plus prompt : car
auant que les luy donner à la carriere, il fauroit attendre iofques à ce
qu'il fceiift bien courre & parer ,& qu'il fu ft défia bien fait & bien en.
tendu, autrement ce feroitfon defâduantage, pour les raifbns que vous
enrendrezcy après.Neantmoinsfçachez qu'eftant le cheual ou de petit
ou de. grand fens ,&de quelque nature que cefbit , afin qu'il ne vous
vfè de quelque malice fouuienne-vousà i'inftant que vous luy baillerez
le coup des efperons , de i'ayder toufiours de la voix : carpar la
craintequ'ilauradelaparoledeTbomme , .ilfediuertiradetoutmauuais
penlëment qu'il pourroit auoir ou à pouffer ruades, ou h fauter, ou
àfe dreffer 8c fedeffèndre devons.
Nos predeceffeuts ne donnoient point les efperonsau chenal iuC.
ques à ce qu'il fût bien ferme de telle , Se défia bien fair 6c bien dreffé
felon qu'ils le dreffoient en ce temps-là, tellement qu'à cinq, à fix & à
fept ans combien que le cheual fe maniait bien à leur mode,fi n'eftoienc
ils pas du tout bien affeurez de la bonté. Car quand on venoic à leur
baillerîesefpcronsenceftaagelà , le plus fouuent ils deuenoieRt vicieux,
quieftoitvnegrandeignoranceauxEfcuyers Se cheuaucheurs
qui ne s'anifbient pas que ces vices prôcedoient de leur faute : parce
qu'après que les cheuauxauoieot long temps eftè dreiïez 8c affeurez
de la baguette,&à pleins talons &feulsfiinsefperons,& qu'ils Ce :rcuuoient
puiflàns & forts en aage robufte, & gaillards, & ja enuieiilis&r
'accouftumez à la baguette 5c au talon, fi toft qu'ils venoient à fentir les
efperons qu'ils ne cognoiffoient point pour ne les auoir point cccouftumez,
plusii's eftoien t gaillards & de bon fens, rancplus àia fin deuenoient-ils
rétifs, rebelles . & de bas cœur : & pour la crainre qu'ils
auoientdeces elperons no naccoudnmez.ils ne fepouuoiem refoudre,

FED. GRISON. LIVRE I. :i
ne cognoiftre qu'elle eftoic la volonté du cheuauchetir , attendu que
fans ces pointures ils couroient & fe manioient:mais par auanmre pen.
foient-ili fe fentans picquet des c(per5s:que le vouloir de VEfcuycr eu
du cheualier qui les picqaoitfuft tout contraire.Et à celle occafion a (lez
de fois ils alloicnt dettaucrs & faifoientfauts& ruades, Se au long aller
fè conformoient Se acconftumoient en cefte malice. Parquoy pour
Icurcorredtion, fi le chcual cftoit fafcheux & terrible, afin qu'il ne fè
peuftdeffendre&fiûre le mauuais, ils luy donnoient des efperons de-.
dans Veauen vneriuiere ou en la mer:& aucunesfoisluy donnoient des
efperons à moletres à bouttons, ouh molette de Sainte Catherine: Se
ne le chaftioient ou cotrigeoient auec telle forte d'efperons, mais l'en
piquoient feulement à la furie de la carriere, & quand ils les vouloiem
hafterd'aller : pource qu'ilsn'auoientpas cognoidaacedece que fetuoit
iecfcafHement des efperons ne d'aucun des autres chafliemens, &
ne cognoifToient pas encore la varieté des fecours Se aydes qu'on y
euftpeu faire: Doataduehoit que les cheuauxfetrouuoient plus-confus,&
moins cha(tiez,& auecplus grande animotiré confermez en leur
erreur.Et pource vous dy ie qu'incontinent que le cheual fera affolé &
aflèuré,& qu'il recognoiftra les ronds, & aura porté enuiron dix iours
Ja bride,tant foible,ieune,& maigre puiiïe-il eftre.ne laiffez pourtant à
lay bailler les efperons, comme ie vou? ay dit n'aguieres:car lorseftanc
encore fimple,il aura crainte de l'Efcuyer,& toutes Ies fois qu'il orra ceftcparole,oucetrucdeleures
au deiTus de luy, fi vou s luy donnez à
l'inftant des efperonsil ne pen fera autre chofè qu'à cefte veix, & à fuyr
& cheminer en auant , & à ce moyen peu à peu il s'auifera du vouloir
du Cheualier, de forte que venant à ceftaage, iife trouueraiufte & façonne
en toutes chofes,& entendra parfaictement tout chaitiem'ent,&
toutayde des efperons.
Mais fi d'auenture vous rencontrez vn cheual ja suancé en aage , qui
foit de fà nature rebours ou rétif ( carcombien que ce fbitvne mefme
chofe,neantmoins le rétif eft de plus bascœur,pour ce que tant plus on
lepicque & plus s'obfiine.moins a de courage, Si moins chemme)foit
vn ou antre, G ne lay deuez vous donner les efperons ny au trot , ny
au galop, ny h la carriere : mais allant le pas par la ville en vn mefme
in Aant auec la parole oti le truc deleures vous luy donnerez des encrons
le mettantà plus grande furie de tro: à la longueur du corps da
ckeual.Et quand il ira,lors comencerez ä le careßet luy paffantla mam
fur le col: & luy pourrez donner cefte auance des efperons dix fois le
ioursen vous pourmenant:& quand il y fera afleuré ,vous irez puis après
le trot, ou parla vi lle ou parla campagne , mais il vau droit beaucoup
mieux que ce fuft par vn garet profond, & là autresrantes fois le piquerez
vous des elperons,te mettant lors à plus grande furie de galop. 7«rie af.
Cnj

li. L'ESC VIR IE DE
'pell: l'Italie, fcmWablemcn t de la longueur dn corps du cKeual, & le ferez fouuent
Im ainfi, continuant l'vn & lautre au pas & au trot : & en ce faifcntlc che«
«««•»•. grani ual (jeuiendrafèur aux efperons,& les entendra fort bien.
'fie'jfe^'ouiam Puûaprcs on luy pourroitbien bailler lest ours au pas , & puis au
~tì impctmux trot,& lots qu'il vouslemblera diminuer de furie, vous luy bail!erez les
tBMntman. efperons auecques menaces Jela voix va peu terr2bîe,-ou auec le truc
des léareSjl'auançant lors en plus grande vi Ac Ce de trot, s'il va le pas,&
d e galQp3s'il va le trot. Et vous fouuienne toufiours.ß le cheualfentanr
l'efperon auanceSc renforce le pas, dcle flatter & careflerrvoasauifez
aulïï qu'en cela il eft befoing d'auoida mam legete,& les talons modetez,3c
vfer de tous les deux en temps & faifbn,& plus ou moias feloala
qualité du cheual. Etapresxju'il commencera de cognai Aie les efperons
, vous luy ferez faire les tours au galopxomme ie vous duay v:us
amplement au fécond linrc,vn peu deuant que vousLjdefigner la figure
des ronds.
Et pou ree qu'il y a des cheuaux fenfitifs, nourris aaec mauuaifeaocouftumaoceôi:grande
ignorance , lefquels fefentans poindre des ef-
SiTtdr, fenit, peroaiS font ruades. Si fusent la ftrade, fe mettent de trauers de part ou
auec faults»en vonuonflans en bonne.volonté devouiietîtr
basâe vous aduife qa'ìl'eacon tre de-tels cheuaux ils vous faut mon.«
ftrer cruel,&faire peu de compte de leur orgueü.tellement que fi -vous
en rencontrez quelqu'vn qui ayt ce vice , quand il vous femblcrafeur
à faire les voltes dedans les tours ou ronds, en lesfaifaqt il fera bon lors
que vous verrez l'opportunité de luy donner k trois diuetfes fois trois
fermes elperonnades : & fi tcft qu'il entrera en (a malice, le baure.d'yne
baguette par la tcÊe de tous les deux coftez)& entre les deux, aureilles,
& fur leaiambesdedeuant , Scencemelmeinilant luy crier &le
menacer futieu/ement ,& auec voix haute & terrible. Et ne ceiïerez
d'ainfi le faire iulques à ce qu'endurant l'elpeton patiemment il chemi •
ne de franche volonté , & fc remettant droit en la routteillèrendeà
voftre vouloir. Et quand i! fera vaincu & doux, alors vous ferez tout le
cot rai te dece que ie vous vien de dire. Car vous ne le battrezplusyûns
luy ferez en temps & lieu comode cheres ôf careffes , tout ainfi que
ftyuaut l'opportunité & quand iebefoinglc requeroit, J 1 fuit piqué des
riperons & chafiiéde la voix & delabaguetteen les de (ordres & mauuaiftiez.
11 ferez le femblable, puis après au maniement desÇrepêUoni)
pafladeSjfoient de trot ou de galop : toutesfois tant cecy comme ce que
ie vous ay dit pai-auant ne le peut bonnement declarer à plain par paroles
, mais la praótique & ('experience longue, iointe auec vn bon discours,
vous feraau long aller bien facilement entendre tout ce que ie
vous en ay dit.
Et gour-ce qu'il fe trouue des cheuaux fore fuperbes & orgueil-

FED. GRISON LIVRE I. ij
!eux,impatiens des efperons, & enuieillis en leur malice,qui toufïours
debatrent contre le cheuaucheur,& s'efforcent defe defiendrc,pattant
ie vous fais ent endre , que plus la peau da cheual eft trauailiee &
. efchauffèe, pluslecheuaifbuffre: parquoyievousdy , que lors qu'il
fait le mauuars, il eft bon d'aller en vn champ,& lors à voltes & à paffades
ou au trot,ou au galop luy donner de la peine aiïcz. Car auec le tra»
uail & les battures commodes,3c les coups d'efperons freqtiens,il viendra
enfi grande lueur & chaleur, que les coups ne luy donneront plus
cereprefentement : mais tant s'en faudra qu'il face plus contre vous ou
defenfe ou refiftance, qu'au contraire il vous obéira & fera tout ce que
vous voudrez, & principalement fi après qu'il fe fera corrigé de ce vice
depoin&enpoinóì vous luy faites careiïes. Partant foyezaduerty que
cefte forte correction (èra propre à vn cheual de grandxxrur : car file
cheual eft oie poltron & de bas coeur , il ne fêroit pas bon de le tourmenter
& le trauailler auec fi grande furie : pource qu'il fè pourroit
bien abandonner , & parfonimpuiiîance&.peu devertu deuenir rétif.
A tant vous fuffife en tant que touche la-pointure des efperons, 5e
ht façon deles donner.
Orquand vous cognoiftrez pais après que le chenal aura quelque
partie d'haleine, deces vnze voltes &demie,vous luy en ofterez trois,
qui font douze tours, & luy en ferez faire feulement huiét & demie &
à l'auentute moins,fi moins vous luy en faniez auparauant faire,& vous
en irez femblablement au trot de droit en droit repofer.
Et aux iours que vous îuy ferez faire ces voices vous le ferez encore
alleren autre part de droit en droit & au trot, par l'efpace d'vne demie
ou d vnepetite carriere au plus, & la tiendrez fur le pendant ou entre
les deux derniers terteins : & puis après tout doucement vous luy ferez
faire enderriere enuiron quatre-petits pas, qui feront peu plus pea
moins de cinqpaulmes : 5e puis le ferez femblablement retourner tout
doucement au mefme lieu d'où vous eftes party # 5c l'arrefterez , Se
•»quand vous ferez arrefté , vouslecarreflerez vne piece, luy paflant la
main de la baguete far le col. Eten allantainfilecrot, vous irez 5c
viendrez douze foisau Heu de ces trois voltes que vous luy aurez diminuees,quirenenoieotàdouzetours
: mais auffi faut-iltoufioursaller
Se venir fur la mefme (Pijî#) routte, & par les metmes pas : SÉ à chacun
bout ie faire volteriufte, auec les bras bienordonez , aiofique ie
votisay dit par cy deuant, 5c que ie vous diray encore cv après quand lê
propos y efcherra: Sclîlecheualdeaantqu'il vienneiafquesàce nombre
de voltes,ou d'allees & venues, alloit bien 5i:mll:ement,iloeferoit
befoing dele trauailller.ne le faire continuer plusanan^ainslelaifleret
aaecques ce&etonne bouche.
Encore faut-il noter que plqs le cheual deaienu'tt: & appuyé , fc

2,4 L'ESCVIRIE DE
Vaiiïant aller fur labriile, tcllemaut que cheminant & fe pofant il VOUS1 force quafila raain : d'aut ant plus vous fouuienne toutesfois qu'ilarrcße,
le faire reculer en «riete quelque pas , &luy en faire autant rerournerenauant
iufques au lieu dont il eftoit reculé. Et fi en cela il
deuient fafcheux ou difficile, o» qu'il ne vueille confentit à faire ce que
voudrez, il le vous faudra chattier pat la forme que ie vous diray au
fécond liure.
V*rer,4r' Quand il fera bien ferme Si bien feur à fe parer, vous lay ayderez &
reflir co urt, fc tenir de la voix »Staucunesfois des cfperons pareils, & dèlabaguetfwietuU
tefur l'e/pauledroi$e,peuou poin£furl°efpaulegauche,& luyferez
faire les pofades:&quand illesîçaura bien Aire après le trot, vous le
ferez aucunesfois aller au galop , & à la fin d'iceluy ferablablement
Co iblchi vous luyayderés au pendant, afin qu'il les face plus aifément,& (#»*
mftlcâde es fdiht)sxLec\ts faux comme il appartient : & iufques à ce qu'il vifcnne
Umtnunt à ajfc à ie pofêr vous prendrez peine h l'y in Aruire : & quand il entendra
faflades done les pofades,vous luy en ferez faire trois ou deux au moins-, 5c là en
TnttrreciuL lecar rcflàntvousarrefterezvne piece.
e» Camße Mais s'il fait les poïâdes trop haultes,ou bien s'il ne les fait iuftes, &
few Le tour- auec toutes les parties qui leur font propres , vous le chaftierez à l'mfiant
auecques les efperons : & s'il eft befoin encore auec la baguette
aux flancs, & incontinent après faites le vne autre fois paffer auant Vefpaced'vne
courte palïadermys quand il fera atreftéjVous Vaidererde la
voix, & s'il eft befoin encore le pourrez-vous aider du grasdelaiambe,
ou des efperons .ou de la baguette für l'efpauleplus ou moins, 5c
l'vn & l'autre felon que vous verrez que befoin fera : & amfiil deuiendra
bien apprins.iufte^ feur aies faire bien & de bonne grace, tellemét
que toutes les fois qu'il oyra ceße forme de voix,il fe hauflera puis
api es tant de fois que vous voudrez : & encore fans le faire cheminer
auant fe pourroit-il bien corriger de la façon que ie vous ay diète : & après
qu'il fera chaftié, le faudra faire volter & cheminer par la melme"
ro ut te qu'il a faite, & après retourner au trot &. le parer fur cependant
eù fut la premiere parade, & tant de fois retourner à ainfi faire iufques
à ce qu'il les face bien:& les faiiànt bien,plus longuement vous demourez
arrefté.tant plus fe fera-il iufte, non feulement au parer, maisaufli
en toute autre vertu à laquelle vous le voudrezaduirei
Et fe faut donner garde que fi le çheual eft ieune afTez fouuent le
pendant luy fait peur, & beaucoup de fois ne le peut fou Air : par tant
ie vous dy qu'alors il le faut tenir aux premiers deux terreins , qui fera
entre le plan & le bas, mais quand il feia feur,& il entrera en aage & en
force, vous le tiendrez à la moitié du pendant , ou bien aux derniers
deux terreins,qui fera entre le bas & le plan : toutesfois felon ce qu'il
>ouslàusfera,vous vfiiez plus de l'vn que de l'autre. .
Apres

FED. GRISON LIVRE I if
Aptes que le cheual non feulement au trot, nuis aulïi au galop vous
femblera leg« deuant, & fera les po&des , iuûes du tout comme il les t„
doit faire,lors luy pourriez-vous bien donner la carriere qui fut viftc fai/antlaànf
Si mefuree,la renforçant toufioarsde furieiufques à la fin ( t'htliaffd' intnmpftu
ehi)qu'il fauchera, & parera auec les pofades : toutesfois auifez qu'il ne
le faut pas faire courre fouuent comme ic vous diray plus particulièrement
auan t que ie vous laiffè. Mais fi vous le voulez encore faire leger
du derrière, quand il fçaura bien faire les pofades, lors qu'il fera la
pofade le vous faudra ayder de la voix,& le battre oresd'vn collé ores
de l'autre^ ores eniêmhîe pat derrière auecques la baguette, & quelquefoisencorauecles
efperons pareils, & iufqaesà ce qu'il commen- efonnsf*
ce à (grappigkrt) hauilcr la crouppc & s'ammonceler, & qu'il entende rtik.g»»/«
que vous le vouiez fouuent molefiereri cela : tellement que puis après
incontinenc qu'il s'en avrifera, toutes les fois que vous luy aydertz à "f ****
temps il deuiendra leger duderriere. Et ainfi comme la propriété delà
baguetteeft de faire leger le cheual par deuant, quand on l'en bat fur mtjmmitùti'vne
ou fur l'autre efpaule : femblableménr quand on l'en bat par les
flancs c'ert moyen de le faire leger du derriere;
Il pourroit bien encore, quand le cheual pare,auoir vn homme à pied
derriere luy, lequel faudroit qu'il fiift bien accort,& qu'il entedift bien »imi
le temps & la mefurer&àl'infiant que le cheual fait lapofàde,illcpour- A"/*"»»«»;
roitaider de la voix,& d'vnepetitehouflînc, l'en battant aux hanches "'F
& furia crouppc,quiferoit moyen de le faire hauffènMaisaduifezauffi
que 6 le cheual eft de grand lcn$,5i de fon naturel fort en bouche, ou
dur de mâchoires,& lequel feulement parla vraye force de l'art fe feroit
corrigé de fâ bouche, à lauanture cela ne luy vi endroit pas bien
à propos, parce qu'il vous pourroit forcer & aller en auant, fe faunenant
de fon naturel : mais vaudroit mieux vfer de lautre maniere que
ie vous ay di6ke,ou bien dece qui fe fait en l'eftable comme ieroasdiray
tantoft qui fait le cheual merueiileufementleger, Sc monftte ie '
moyen àe(â£ruj>p4rfi ) s'a monceler & fèhaufler également deaantdc
derriere : Si a toutes tes façons toutes les fois qu'il vous refpond je £dc
ce que vous voulêz,il faut ceder de le battre : ains fera lors bon de b
carelIer,comme ie vous ay défia maintesfois dit, & vous diray encore
cy après quand il efcherra.-toutesfois fi au com mencement il n'a encore
toute fa force , il ne feroit pas raifbnnable de le faire leger du derriere,car
efta nt foible il n'en pouurroit pas porteria peine : mais cf tlay
fera allez qu'il fe leue auec les pofades en auant,&luy pourriez apprendre
1 autre puis après quand il entrera en fa force & en ion aage plus
ferme.
S: le cheucl eft Ieger,& vous voulez qu'au retenir il fece des fànks,
aydezle auecquesJestfgerons pareils & auecques la y oix, & principe

iff L'ESCVIRIE DE
lemëc au fécond fault quand il fefouûfue en Vair,&alors finglez-le de
la baguette inftemen t fur la crouppe,& à l'vn & à l'autre colé, ou bica
plus du cofté duquel plus il ped,& toutes les fois que vous cognoiftrez
qu'ilaurabetoingd'eftreallegédeusttjil ferabon encores l'aider à tëps
delà baguette fus Tefpaule droi&e ou Iiis la gauthe : ScfefaiK donnée
garde qu'il y a des ch ^uaux qui (e leueront beaucoup plus haut auec l'aide
du gras des iambes,q i'auecque les efperons.Et ne faut pas (êulemec
qu'il (bit léger pat tout ailleurs, mais qu'il le fok principalement & naturellement
en faisant les faults : & puis après luy faut donner ordre aa
bcasauec kspofadesdelafoimequeie vousay di&e , Sequele vous
diray plus amplement,& puis l'avdant auec les efp.erons pareils & auec
la voix à temps&pareillement auec la baguette il viendrai fauterauec-
^ues TLiidcs,&:(Siß>cfo er 4grupp*t)foafìsìiè Si amoncelé.
Mais toutes les fois qu'au conimencement il aura fait vnftuît iufte
ëc(4grHi>p4f}amonce\é auec ruades, il faudra incontinent qu'il fer*
arretté,le flatter & careller, lay palTantla main droitte par deflùs le col.
Et après que vous ferez demeuré ainG coy quelque piece , vous ne le
tourmenterez point aut rement, ains fer oie fort bonde defeendre incontinent
enee mefme heu, & lefaire gaillardement mener en main
iufques en l'eftable. Car eu ce faifaot quand vous viendrez l'autre fois
puis après h le cheuaucber , il en fera dauentsge & plusaifément &
délibérément : toutesfbis s'il ne vous vient a gré de defeendre,vous en
pourrez aller pas à pas*
Quand le cheual (ê leuera en hauit iufques à ce qu'il ait cognoiflâncede
vofttevolonté.& des fanlts,&qu'il ait totalement pris l'addrefTe
& la met arc de(*gruj>ùdrfi) s'amonceler & amalTer l'eie hin e, ne le faudra
pasguere forcer , mais l'aid an.t par la forme que ie vous ay dióte,
vous luy ferez faire k la fin du pas, ou du trot ou du"gaiop,ou de la carniere,deux
ou trois,ou quatre faults,& non plus, lefquels il fera gentils
& haults,ôc ( *gri*pp4ti)a.inafez comme ils ebiuent eftre, autrement il
les pourroit faire de trauers, abandonnez,^ lafehes, &aucunesfois en
danger de feleuer tout droit,& en cela le pendant luy ieroit a (Fez fauoxable
, lequelducommencement doit ellre vn peu & non trop ram- <
•pant:toutesfois fi le cheual delà nature eft fort leger & fauteur,il pourra
bien porter plus grand nombre de faults , Sc alors vous donnerez
bien garde à faire de forte qu'il aille iufte& droit par vne route:ce qu'il
feraaiféde luy apprendre auecquesies to urs,&: auec le trot, & le tenir
toufiours egal, & auec les moyens que ie vous ay delia dit, & queie
vous diray encore par cy apres,le tenir ferme & feur de la te fi: e : 5c puis
aptes quand il fera ferme , il le faudra aider auec le galop gaillard, en
luy faifant faire à deux pas vn fault, ou en autre nombre egal &: iulìe,
ûns fe defuoyer iamais de la melare que Ion aura commencée : & ainû

FED. GRISON LIVRE I . $
aììant topfiours en auaxiî par telle efpace que vous penferez qu'il pourra
bien durer, & qu'il po urrà continuer fa force : & faudra que le dcr-
flierfault foit pluftoft plus grand que moindre que le premier & les
autres ,& que le cheual fàuitantnependepoint plus d'vncoftéquede
l'autre :& encore le pourroit on bien faire faul ter (r» ifa n ) auec
iès balanûges de ferme en ferme: & aduifez bienqueiufquesàce qu'il
fondu tout egal Seiufte au trot tant furies ronds que fut la rotittedc
droiä en droiót,&qu'il ait quelque baleine & qu'il foh deuenu bien leger
du deuant auec les potades , êc du detriete ( (»»irruppi ) auec les Sfoy/înr
amoncelures & ruades , on ne luy doit eaaucune maniere bailler le ^ 5 ^ 1 " &
galop ne Les faults-. Mais depuis que cognoiftrez qu'il entendra bien g
toutes ces chofes, lors le cheuaucham plus rarement & auec plus gran- ftti&mtnrdegailUr-dife
, &en faifant moins de toursau trot,& àia fibfortant des »«ttewàr.».
ronds aa galop allègrement vous le verrez àtempsà chafquesdeux ft ant m ' Vmt '
pas fournis {eleaer(dagruj>po ingruppi ) de bon en bond , u galop gai'lard
, Scs^niraiufteuilquesauiituoììilfe va arrefter & où il a ac- ^tre^pit^
couftume depareir ou bien s'il ne f«it cela , ie (ois leur qu'arnuant au cammt^»i
bout fera de fauls , en l'aidant à tea;ps de la voix ( ians trop le forcer) ottuttviuba-
& des autres aides qui luy feront propres. Un«,ufit S
Si le cheual n'elioit point de fa nature enclin à ruades,&h fé fçauoir
f^r^'r^atnafler&amonceierle voulant forcer tant qu'il eft poffi- fant&lar*'
ble afin de luy faire venir plus aifément , vous ferez en cede maniere: »amt.
Vous eairez à Veftable derrierelay,& auec vne houQinele frappereït
fur le milieu delà crouppe ores plus ores moms , felon que vous en
verrez le befoing , & en ce faifant vous l'aiderez encore auec la voix,
delà maniere qu'on l'aide quand oaluy donne les paatades, comme
tsntoft ie vous declareray , & parce moyt-n il viendra à ( *gr t *fp*r(')
s'amaffer & amonceler,& après il eftendia les tuade^& quand il en le»
ra venu là vows ne I9 tourmenterez plus delà baguette, afin qu'il prenne
courage de faire ce que vous voulez, & te lohciterez toufiours iniques
à ce qu'il vous y fatisface : dont aduiendra que puis apresà peine
orra-il lefinglement de la baguette,S< le fon de la voix, qu'il nt(*grup-
/vr

tS L'ESCVlklE DE
Mais fi roui voulez bien l'accoufiumerà cela, après qu'il aura bies
entendu ceftefaçon en l'eftable, & quand vous ferez monté deffns,
vousatteftereeSc ferez qn'vn homme à pied le menacera par derrière
fembiablement auecla baguette,5c en temps conuenablc, & ainfideuiendra-
il leget du deuant & du derrière. Et combien que no n en cela
feulement, mais en toutes autres chofesvn.cheualfoitplns dur & rode
que l'autre.neantrooins auec le temps, de tant gros efprit foit-il, auec
le foin & la peine que vous y prendrez entemps/aifon , & mefure
requife ,il ferace que vous voudrez.
Quand vous lu? voudrez monftrer, douant ou après cela, le modern
de femanier,quand vouscognoiftrez qu'il fera preft à faire les voltes
eftroidìes en cheuallant Les bras auec le vray ordre, & qu'il fera ferme
de te(ie,&:fera aifdment les pofades, après que vous aurez acheue vos
voltes, lors en vn chemin ettroit,ou en la raye au bout de isquelie fortantdes
ions vous allez parer, oubienenvnterrein, lequel au moins
ïbit vnpeu mol,& que ics pas s'y puiflènt former.vous le ferez cheminer
au trot l'efpace d'vne petite carriere, oud'vne longue pofade, luy
baillant à temps courage auecques la voix , ou auec le truc des teures,
SC quand vous ferez au terme de l'arrefter,luy aydant de la voi; , vous
luy ferez faire vn e pcfàde,& enfaifantla feconde alors qu'il fe leeera
vous prendrez auec l'ayde de la langue la volt e de la main droiâe, fans
luyfairerordrekcol, en l'aidant magiftralement auec le licol ouïes
Éui&srefhes & ies raiCies iuûes, & à temps vous luy ferez cognoiftre
lefecourstiesefperonsougras de la iambe , &dela baguette ou de
IVnoQ de Vautre , ou des deux enfembie , quand il efcherra plus oa
Bioifls,feIoB le fentisieat qu'il aura,& (uyuant ce queplusamplement
îe vous en dtray cy après : & faites que la volte foit iude , luy faifant
mouuoirpremie^gmentlessfpaules & les bras de deuant, & non la
crouppe & les iambes de derrière: & (ans faire pofe retourner par la
mefme routte iufques au lieu d'où v ous eft es part y ,& làfemblablemét,
de la forme que icvousaydide,vous luy ferez faire vne pofade , & en
failânt la féconde vous luy ferez prendre l'autre volte à main gauche,
&tant àl'allerqu'auvenir qu'ilyait enuiron douze paflades de tror,
le dreflànt ainfi quei'ay dii3::& cemaniement s'appelle,à demy temps»
Et combien queie vous aye dit n'aguieres qu'il faut faire volter le
cheualda deuant, &non de la crouppe & des iambes de derriere,
neantmoinsie vous fais certain que quand il entend la volte en tournanties
efpaules & les brasalo» en quelque forte qu'il fe manie, faisant
les pofades en auant,il mouueralesiambes(ir4^

TED. GRiSON. LIVRE I. 25
Vous foumennequ'apres cela toutes les fois qu'allant au trot vous
ferez arriuc à l'endroit où fe doit Sure la po(âde,Û ne fera pas befoin de
le foliciter ou tourmenter , pour lay faire faire: mais vous tiendrez la
main ferme Se droióte fans la toorner de coftè ne d'autre, & lors vous
lay ferez feulemenî ceft adueraffement 8e ayde de la langue, & vous le
verrez iflcontinem(/à/fn

5© L'ESCVIRIE DE
ment(trouner aacuncsfois vn lieu,auquel à chafque boat oä OD và pa«
rer Sc donner la volte Jlyeuft vn petit pendant oùletetteinfutduret:
(&encoreqa , ilnefuftdur>itn*yauroitpasgrand danger) cani contraindroitle
chenal de forte qu'il viendroit à manier iuftement & auec
bonne mefure ; fi faut-il neantmoins norer que le cheual ne viendroit
iamais à te faite en (a perfeäion , fi on ne l'auoit patauant faidt leget
dir deuantauecquesles pofades.
Et fett beaucoup en toutes fortes Je maniement.tantatix ( rep»lient)
paffades comme aux voltes redoublees d'accompagner toufîours les
voltesauecqueslaperfonne fans felaißer prendre de çofié ne d'aune,
comme ie vous en ay défia vne autre fuis aduerty. Et afin qu'il vous
foitplusaifé , oresle vous ditay-ieplusclairement. Quand le cheual
fait la voheà main droitte, vous l'accompagnerez auec 1 ? corps droit,
con.outnant feulement l'efpaule gauche vn peu vers laureilie gauche
ducheual, plus ou moins felon ce que vous cognoiftrez qu'il en fera
befoing rSc alors fi vous laifltrz pendre vn peu voftiecorfsen arriéré,
ce ne luy fera que plus grand fecours : mais faudra faire 1/vn & l'autreà
temps : corrcfpondant àx:=mouuement que le cheual fera ( fdund*)
fauchantà la volte, & non autrement rear en cefte maniere non feulement
le corps, mais les hanches auec toute la perfonne luy ayderonc à
elorre toufiouts la volte plus furieufe>&plus iufte auec grande faciii-
%c,& en vn mefme lieu auec merueilleufe mefure:& ainfi encore à toutes
les voltes qu'il fera à main gauche , vous4uy tonrnerez vn peu l'efpaule
droi&e vers l'aureilledroûâe , parquov tout ainfi que vous faites
à la volte droi&e , ainfi ferez vous à la gauche ; & cealuy femira
d'vn grand contregoix pour le faire toufiours choir iufi e , & eu rùeime
toutte.
Il aduient bien fotment quefe troonant le cheual las 5z fafché ou foiblcjfoir
quecelaluy viennedenatureouderrop grande ieunefïe , il
prendra trop de trauail fi on le manie ainfi fouuent au trot : partant
vous dy ie qu'il luy fera profitable dele manierquclque fois feulemeii t
au pasy& auec vn de ces temps, dontie vous ay parlé n'aguieres, luy
faite prendre les voltes félon la qualité du maniement que vous luy
voudrez faire faire3telleroent qu'oiesaupas, ores au trot , vous luy
sionftrerez tot, hours la maniere que vous voudrez qu'il retienne :&
vous fouuienne que pout vn temps il ne faut point laitier l'ordre que
vous aurez comment é au trot ou au pas : cat le faire changer fi fouuent
ne feroit que le confondre»
Apres que le cheual fèfçaata bien maniet de toutes ces fsçons au pas
ou au trot, vous le manierez puis aptes au galop auec les meimtstemps
& les mefmes ordres dontie vous ay parlé, au trot ,luyfai;ant faire les
voltes, à chacune maio vne, mais que lapteaaictc & U detniete (oient

FED. GRIS ON. LIVRE I. 5x
à main droi&e : &vn peudeuant que vous luydotiniez la volte fouuiennevous
de tourner la baguette du cofté oppofire , afin que le eheual
entende voftrevoloQté,& qu'ilaitloifirde s'y accommoder:car par
ce moyen il fera la votre plus aifcment & de meilleure grace : & lors
que vous le V ou Jrés arre iter ,aides -le aucc les efperons pareils, ou bien
feulementaueclemoldesianabeSj&aueelayoixSi Ubaguette,Se lay
faites faire Les poiades.
Maifnotez qu'a la fia quand vous voulez que le cheual s'arretle , &
pare li le maniemcntfera de tout temps , vous lay ferez faire trois pojàdes.-s'îl
(èra de demy temps , vous luy en ferez faire deux : & s'il fera
contre rem ps vous ne luy en ferez faire qu'vce ; toutefois fi à chacun
defes maoiemens il faifoit deux ou trois pofades , ce ne feroit pas faute
à reprendre : mais ce feroit beaucoup mieux fait, & en cheuaucheur
plus accor i d'y proceder en la forme quei'ay dióte, Dauantage en chacune
poiade on luy pourroit bien ayder à luy faire faire vne couple de
ruades,pourveu qu'il fuft défia apprins à les bien faire : car autrement
il ne les feroit pas en temps & l.ieu,ny à la façon qu'il lesfaudroit faire.
Et s'il eftoit défia fait &promptaux ruades, on les luy pourroit bien
faire fane non au parer feulement, maisanûiaux voltes : toutesfoisau
maniement contre temps,elies ne luy feroiet pas propresrmais elles feroient
bien leantes au maniement à demy temps, ou de tout iemps:&
pource faire feroit bon incontinent queiecheual à la fin de iapaSde
(yi/rtsi/ejfauchant la premiere oulafecondepofâde l'ayderde la voix,
ou de la baguette,ou des efperons ou des deux ou trois enfemble,felon
ce que vous aduiferez qu'il enferà befoing,pourluy faire tirer vne couple
de ruades en arrière , &au clorre de la volte vne autre couple en
auant :& fuy uan t puis après la poiâde vous luy ferez faire le fem blable à
la volte de l'autre bouc,& faudra aio fi c5tinuer,tellement qu'à chacune
des deux il tirera deux couples de ruades , vne couplaen artiere & vne
couple en luantàchacunevolte qu'il fera.Cóbien qu'encore à chacun
bout de pafiade ou pourroit bien lors qu'il eloft la volte luy-faire doner
où il ten oit la teile Se où iJ a la cruope,vne couple de ruades & no plus.
Quand le cheual fera bien feur&bien iufte en tous fes maniemens,
vous le pourriez bien à voftrephantafîe(car il n'eft point befoing d'en
donner reigle)manier encoreîe faifant contourner & retourner par les
paffades de la forme que coule fur la terre vn anguille ou vn ferpenz,
mais ie vous aduerty que vous gardiez d'en vfer au maniement des cheuauxieunes,
car ce leur tourn eroit plu (loft à dommage qu'à leur auanrage.
Et fautlçauoir que chaïque volte qui fe fait, chafque forte de cea
maniemens des paffades/e peut appeller demie volte, 5e encore fe peut
nommer volte fimpie.
Si autot que manier le cheual, ouenqaeîqueautrefaifon quefê

3i L'ESCVIRIE DE
foit.oti Was preferite la baguette , vousladeuez prendre tout douce«
ment faits fcrie,afin que le chenal ne s'en e

FED. GRISON. LIVRE I. ;;
dele chattier par la tede Sc entre les aureilles, combien que lors k baguette
feportaft ou plus ou moins haute & hors du deuoir, cela ne fe
pourroic pas appeller faute: parce qu'eftant le çbeual vicieux , & voulant
eftre à celle caufechaftiépar le membre,fur lequelilcraintplusles
coups,il faudroit feulement auoir e%ard à le battre à temps : & partant
pour cefteoccafionferoit il bien permis en tel cas la tenirlà d'où il fetoit
plus aile de le mettre, afin qu'il nepuiiFe fuir lecoup, Etquandil
le faut fecourir ou coniger de la baguette, ie le vous ay défia dit, & le
vous diray par cy après plus amplement en tous les endroits où le proposy
efchena.
Et notez que quand vous vous pourmenerez,& quand vous ne vou»
lez en aucune fólte vous ay der de la baguette, lors iila vous faut tenir
haute laponne en lus vers Tefpauie dcoHäe auec le bras eftendu en
bas:& la tiendrez entrelepouce&lesautres doigts delà main qui ne
foient pas closrlaquelle main vous tiendrez for la cuifl'e droicte, ou peu.
deuantoirpeu derriere elle : & puis quandil la faudra mette en œuute,
incontinent cioant le poing,vous la pourrez deualler bas au coftè
gauche ou droir,ainfi qu'il efcherra,comme ie vous ay défia dit.
Vous le pourriez bien encores manier, & tenir la baguette hautei
de la forme que fetientla lance quand on court, le poing bas fans le
mettre fur la cuiile,& toutes les fois que vous ferez proche de la volte,
vous la pourriez abailler delà main qu'il feroit befoing,& après la vol»
te la retourner là en fon premier lieu.
Et afin de vous en donner plus claire intelligence ie vous dy quand
vous maniez le cheual, s'il ne clofl du tout la volte, outre lesautresïêcours
qui y efcheen t,comme ie vous ay défia dit, & vous diray encore
cy après, afin qu'il s'en aille ferrer dedans la vray e routte.vousle faudr»
ayder auec la baguette, ou le battre en l'vne ou en l'autre efpaule du
coftéoppofite à la volte que vous ferez, & de ce coftéveusladorrez
puis après, de la forme que ie vous aydiâe,& auec ceft ordre comi~
nuant le maniement^ousluy changerez de main. i
Quand vous irez pourmener fans baguette , vous faudra tenir la4 main droiäe ouuertefurl'arfon , fur le bort duquel vous poferez le
pouce; mais le voulant manier ou faire co urre, ce fer oit vice de tenii;
la maintins lors vous faudra feulement de la main droióte prendreles
refnes par le milieu d'où elles pendent, & ainfi clofe en les ferrant la,
tenirlà oùvousla foulez tenir,& employer tenant la baguette.
Apres que vous l'aurez manié au galop furieux ou gaillard .quandil
fera en haleine &ilaura repeins fon yent,lorsvous le pourmenerez au
ias fans le tourmenter par la mefmcroutte enuiron douze.fois qu'ai-
Îer qu'à venir, & à chacune fois que vous arriuerezau .bout de la route,vous
le ferez volte^de forte que le bras oppofite s ? e$Kbeualle dçilus-

?4 L'ESCVIRIE DE .
l'antre, Cômtne n'agnieresie.vous ay amplement declare > car par ce
moyen en le maniant le ionr enfmaant,voas le trouuerez di/pofê & accouftrc
auec plus grande aiGince (ans qu'il face aucune faute': Se toutes
les fois qu'il perdra fon ordre, & ne fera les voltes de certe mefare,' il le
vous faudra corriger delà maniere que ie vous enfeigneray bien,toit
au fécond liure: 8c tant plus vous luy accoaftumeriezceft ordre ea va
garet,d'autant plus deuiendreit-il leger k tout maniement.
Etferoitfort hon,anaHtqueleminierfoirautrot,fôitau : gâIop , Se
' de quel que vifteiîe ou temps que ce foit aucunefois le pourmener ainfi
parlaroutteoùil deura prendre le maniement, &: pareillement luy faire
faire au commencement ce queie vous ay dit n'aguieres que vous
luy deuiez faire faire à la fin: car cela luy monitrerala voye pluicertaine,laquelleii
continuera auec plus grande gayeté puis après, & auec le
vray ordre & de'meilleure grace,& ainfi que vous le voudrez, 5r principalement
quand il commencerai apprendre.
Dauantlgeil vous faut aduifet quaucunefois le cheual ieune, pource
qu'il n'a pas encore toute fa force naturellement pourauoir moins
depeinefitoft qu'il artiuera , voudra prendre la volte , &fuyra le
temps qui y fera propre : tellement que lors quand vousluy donnerez
ces paffades.foient courtes ou longues,ou au trot,ou au galop,arriue au
-bout de chacune d'iceîlesYvousluy ferez faire les polâdes en nombre
tel que requiert la qualité du maniement que vousluy voulez faire:
mais ce feroit bien le meilleur les luy faire faire au nombre qui eft propre
aux voltes de tout teps,ou de demy temps ,puis vous arrefter quelque
peu ôc le careffer, puisapresluy donner la volte' auec les (ecours
queievousay dir,& vous dirayey après : fus laquelle s'il ne tenoirpas
encore bien Vordre>& eftoit trop prompt à s'auancer , vous pourriez
vnpeuarrefter.car il deuiendra puis apres iufte , egal & leger aux voltes:5;apres
qu'il y fera feur & aifé à voftre plaifîr, vous le pourrez bien
manier viftement&Gms paufe entoures les fortes de tout temps,demy
temps,& contretemps.
Mais fi le cheual eft bien entendu , il n'aura point befbing de cela:
eins pout l'entretenir,fu ffira apres que vous lautez pourmené , aller
feulement vnefois au galop.l'efpaced'vne petite carriere , & la fin en
le tenant droit auec les pofades.vous arrefter là vne piece, & puis vous
en pourrez retourner au pas ou au trotiufques à l'autre bout duquel
vous eftesparty,& apresle retourner. Scie manier parla mefme routte
auec le temps qu'il fçait bien faire. .
Mais aduifèz auffi que G le cheual eft trop fenfible, & encore il vouj
derobe fe temps,5c prend la volte pluftoft que vous ne voulez,& à l'auenture
la prend couchee , ceieroit bien affez de le bien manier fouyent,non
en autre maniere qu'à touttçmps^u pas, ou au trot , ou au

FED. GRÏSON LIVRE I. J5
galop,larteftaRtvaepiece , &puis lefaifant tourner bas , luyfaire
encheualler les bras,ou bien luv faire faire la iambette : laquelle ie vous
dirayauquartliurecommentonluy apprend : parce que prenant cefte
accoußumance , ilira aucc plusgtandc meiure&touGoursiufte, au
temps & à la façon que vous voudrsz.
Il y a beaucoup de cheuaux de leur nature fuperbes, defpùs, lafches.
Se foibles rlefquels pour auoirefté mal nourris & battus outre raiion
quand vous les voulez manier,& ils iont «rrinez au bout de la paffade
ou au trot,ou au galop , lorsquevousleurdonnezlavolte, ilsla prennent
à grand contrecœur :& le plusiouuent la font large & peu iufte
comme il eft befoing,& qui n'a ne fon temps ne ià meiui e.Pe rtant vous
dy-ie^que pour les chaftier de tel vice,vous faudraieur hnt faire la pafiàdeau
pas:&quant vous ferez près du bout llalonguturd'va cheual,
lors vous luy donnerez plus grande vifteffe de trot o u de galop : & arriué
là vous ferezTaire la volte àdroidte qui ioitiufies& après qu'elle fera
clofe vous larrefterezvne piece, & puis vous prendrez à cheminer au
pas tout doucement par celle mefme routte: & tout ainfi que vous
nftesàlavokedroi&e, en approchant du bout,vouslehafterez h furie
de trot ou de galop,& luy ferez faire la volteà gauche& vous arrefterez
après icelle:& puisretourné cheminerez au pas ne plus ne moins qu'au
commencement & de mefme ordre, tant qu'a l'aller & au venir vous
faciez ainfi iufques à huidt fois y & à la fin vous faudra parer auec les pofades.
Etne faut oublier que chacune de ces voltes fen felon le maniement
que vous luy voudrez faire faire3ou à temps,ou à demy temps
ou contretemps.
Mais notez bien que chacune fois que vous luy auez'fâfô faire la volte.Sc
que vous eftes arreftéainfi que ie vous ay dit, vous pourrez cheminer
a# pas enuiron trois pas ,& puis le mettre au trot: & quand vous
approcherez du bout à la longueur du corps du theual le mettant au.
galop,ou continuant lemefme trot,vousluy ferez faire l'autre volte,
vous arreftant femblabiementapres icelle: Se de cefte forme encore
continuant vos ordonnances.
Quand vous apperceurez que le chenal entend 8c va de ce temps
que vous luy auez monftré, après que vous luy aurez aiét f faite la volte,&
vous ferez vn peu arrefté fur icelle: vous en irez au galop ,& con- .
tinuerez quelques io urs ainfi le faire : & après qu'il fera bien feur Si ,
bien iufte,& entendrala mode,après qu'il aura cìosla volte vous n'vfe- !
rez plus de cefte maniere,mais fans iuy donner ny arreft ny paufe, vous
le ferez cheminer auant : autrement il prédroit vn mauuais vice,duquel
ponrroiëtnaiftre plufieurs grandes fautes:carceûarreftaprèslavoltefe
doit faire feulemét quand le cheual pour aucunes des caufes que ie vous
ay diâescy deuät, ne faiâ pas k volte viaye & iuûe omeil c appaitient,
: " E i j

36 L'ESC VIR IE DE
plafieofschcnâuxina'totìiirris & inftruits, toorncnt en fe mâniant
la crouppe Scies hanches pluftoft qqeles efpaul es : tellement qu'en ce
faifannl leurferoitimpofïïble de femanier bien & iuftement ; partant
vous di ie que quand vous viendra entre les mams va cheual enuieilly
en celle mautiaifeaccouftumance, il faudra auec grande diligence le
fblliciteraupasouautrotde droit en droit, dedans le garet en vue
ra^e ou feiiloo.Â: le corriger ton (îours, non 'euiement quand il chemine,
mais audi quand vous luv fai&es faire la volte, ores auec le gras des
ïambes , ores auecqurs i'efperon de la nmbe oppofiteàla volte que
vous luv donnez quand vous eftesau bout, & ores au court à la loti»
gaeùrdu corps du chenal, & ores au langeant qdepeutfiflire longue I*
palTade ou la carriere ,vne piece à fvne , & vne piece à l'autre mode,
tant qu'à la fin il s'aduife de fa faute.
Etficelanefuffifoitpour le corriger, vous irez pourmener en va
Jieuoù vous ayez d'vn codé vne panie demurjduque! vous approcherez
le plus près que vous pourrez:& quand vous en fêtez au bout,vous
ferez parerle cheual ,& puis volterà droidleauecque< plus ou moms
d'ayde delà iambe ou d -I'efperon gauche,& plus ou moinspromptement
felon que vous en verrez eftrebefoing, combien qu'aux premieres
fois ordinairementil aduient qu'il le tourne tout doucement :& retournant
parìa melme toutte:vous aurez le pan de mur à main droiéte:
Et quand vous lerez au bout, vous le tournerez femblablement hors
du tnur à main gauche, l'aydant de la melme façon que vous fiftes à la
voice droiéfce:& comme vous fiites par la rave ou fèillon, vous ie pomr-
Inenerez au pas ou au trot tant qu'il vous femble qu'il commence^
entendre ce que vous voulez, & autant qu'il le peut porter : car en ceâe
maniereil nepourra tourner la crouppe , & fera contraint quand
il Ce maniera puis après, fe tourner toufioursauec la poiótrine.
Ét outre tout cela auecques toutes ces.aydes, pareillement le pourfiez-vous
manier en vnfoflé: lequel fi vous n'auiez à main , vous eu
pourriez faire vn à voftte plaifir , aufiîlong que vous vouiezlongueU
paffaJe, & quifoirUtge pardeffousenuiron de deux paulmes, & peu
plus ou moins profond d'vnepaulme& qui d'autant en montant s'eftargilTe
peu à peu, de forte que la largeur delà bouche monftre la for«
me d'vne baguette :5c au plus on le nourroit faire profond de quatre
paulmes , & d'autant plus lefaudroit-d cenirlargeà i'emboucheure.
Mais en cette maniere vous fera beloin lors en luy faifant Jaire la voltç
, vfet d'vne plus grande tempérance, & de plui grande fermeté de
main & de temps 5c de mefureauecq ies le vrayârt,& piquer le cheual
des efperons en temps 5c laiton conuenabledu colte oppofire à celuy
de la voite,& encore de l'autre cofté qu^nd il efcherra , & principale,
ment fi vous voulez fetuit de ce fofl'é pour donner la iambette,cóme ie

FE D. GRISON. LIVRE !. &
Vous diray.Combien qu'vn parfait cheuaucheurapres qu'il aura pris la
prar'qne desordonoar ces& pteceptes de l'art que ie vous ay dit & dij:ay,(ans
ayde ne de feillon.ne de pante de murène de foiïé,au milieu de
la raie campagne pourra manier le chenal & luv enfeigner toute verta,.
&làaiiémentle corriger de toot vice ou défaut qu'il pourroitauoir.
Quand ie cheual (e fçaura bien tourner & voîter à toutes mains,
dexrre& prompt à s'employerà toutes ces fortes de maniemens que
ievousav jit .-iorsàvoftrebonpiaifirluy pourrez-vous ofterles fauL
fesrelnvs: & vous faudra aufli bien apreslesluyauoiroftez, luy tenir
touiiours la main delà bride ferme , auecvn douxappuy , comme
quand il les portoit : & toutesfois(«»»f»f »zro/we ) quand il s'embriderabien
luy taudnaccourcirles reines : & quand vous cognoiftrez
qu'ii tiendra la tefte ferme & iufte en fon lieu comme pour aller ferir
droit du front, tlne luy faudra faire autre chofe linon de l'y entretenir,
en luy donnant louuen ties voltes ,& encore le maniementau not ou
au pas,& aucunefois au galop, & pareillement fur le trot ou fur le galop
luy faire faire lespofades au plan ou au pendant de la forme que
I ay dit ,1e fanant iouuent cheminer ores au trot furieux & long,ores au
trot plus doux & plus court, & aucunefois au pas dedans vn garet qui
foitfraikhement&profondement labouré , luy tenant toufiours la
main de la bride ferme & roide fâns luy iamais donner autre libertéiuL
quest ce quiHoit dompté & fait (fi ne la faut il pas toutesfois tenir fi
ferme que fâ fermeté le face fortir du vray temperament & de la iufte
mefute) Ôc à ce moyen il deuiendra de luy mefme merueillcuiemenr
leger, & prendra vn doux appuy mafehant la bride auecques grand
plaifir:'& en cela confitte vn des plus grands moyens, & des plus ai fez
pour arrefter la tefte du cheuahcarcombieii qu'elle foit vaine & peu arreftee
, iHa compofera de bonne fa

i$ L'ESCVIRIE DE
ay défia difconm-
Il n'y a pas encore long temps que beaucoup de cheuaucheurs Yfoient
de la Camarre , non pas feulement pour afleurerla-tefte do cheual,mais
au(Iì pour le faire plus leger du deuant & aux potades, & afin
dele (aire aller auec Tefchin e gaillarde , & affemblê en toute faforce:
neantmoins quand onluy oftoit puis après,s'apperceuant delà liberté
il branloit & remuoit plus fort la teße, tellement qu'après qu'on luy
auoit ofté la camarre,il eut bien eft é befomg Vay der & chattier fuyuant
les ordonnances, aydes , fecours & chaftiemens que ie vousay dit 8c
diray.Si luy faire cognoiftre (à faure, carfans cela la camarre en fi peu
de temps n'eut pas eflé fuffi/ânte : toutesfois elle luy euft bien peu feruirfipar
long efpace de temps il fefuiì'accouftumè àia porter : ce que
nousdeuons fuircoguoiflanscombien eft brieuela vie humaine, afin
que nous venions pluftoft à iouir des graces que Dieu, nousa fai ties.
Or retournant à noftre propos ie vous dis que fans la camarre aifè»
ment auec les reigles que ie vous baille, lecheualdeuiendra feur, ferme
,& leger, & affemblê en toutes fes forces : toutesfois quand vous
voudrez vfer de la camarre , la fàifant porter peu plus on moins de
quinze iours^vn cheual pelant & peu leger du deuant , difficile &
malaffeurédeteftepourueu quevons vfiez puis après des ordonnances
que ie vous ay baillees quand il efcherra, véritablement en moins
de temps vous le trouuerez beaucoup auancé. Le premier inuenteur
de la camarre fut Meffere Euangelifte de Milan, de fon temps très-fingulier
cheuaucheur & grand maiftre à manier cheuaux.
Or quand vous voulez monttrer le cheual en la compagnie de plu»
fieurs Gentils-hommes &Cheualiers, à vn grand Prince,à vnRoy, à
vn Empereur.le vray lieu propre à ceft efièót, doit eftredifpofé de forte
, que ces Princes puiffent bien voir la carriere del'vn des coftez 8c
près du lieu ou le cheual vient parer : & doit eftre ce lieu loing d'eux,
enuiron d'vneiuftepaflade , d'où ils pourront aifément voir le commencement,le
milieu & la fin, & chacune particularité du maniement
qu'onluy fera faire. Partant (oyez aduertis que le coûé droit y fera
beaucoup meilleurìeaufe que lecheuaucheur ou l*E(cuier à chacune
volte qu'il fera aux paffades leur tournera toufiours le vifage & non
les efpaulesxombien qu'aucuns veulent dire que tels grands Seigneurs
doiuent eftreà Vau tre bout d'où le chenal fevient poferrmais il me femble
que cela ne viendroit pas bien à propos , non feulement à caufe
que peu fouuent la routteferoit commode pour donner lieu & commodité
à tons ces Seigneurs, de voir manier le cheual -.mais auflî à caufe
que fila gourmette, ou les refhes pule porte-mors ie rompoit, ou
le cheual auoit forte bouchejl en pourroit aifément aduenir quelque
«ialheut;Ce quiVaaieudta iaœaisefiantles Seigneurs du collé & delà

FED. G RI SON. LI,'VRE I. s,
forme que ic vous ay dir: mais ilferoir bon pour Icfcal Prince de demourerau
lieu contraire,poarucu qu'au bout de ce lieu,auquel le cheual
fe va parer y euft vn efcha6àut,ou vne feneftre ,'ou vne loge, d'où il
peut regarder à Con life, ûns ce qu'il fuft monte à cheuaI.Nean$moin$
les Cheuai'iers 5c 1« Princes de ce têps cy x n'yfentpoint auiourd'huy,
ce me femb!e,de tant de cetemonic$ & ne regardent de fi près k toutes
ces particularité* : tootesfom'ay bien voulu vousen difcoarir amplement
, afin que vous ayez cognoiflànce du yray ordre qu'on y doit tenir.Parquoy
noter maintenant la forme de laquelle il y faut proceder.
Vous partirez au trot tenantla pointe de la baguette haut vets l'efpaule
droiófce s ainfi queie vousay cy-deaant dit vous enfeignant l'ordre
de la baguette : & quand vous ferez au bout de la carriere en abaif»
/àntla baguette vous ferez faireau cheual vne demie volte iurte droite,&
vous arrefterczvn peu: & puis vous cheminerez tout doucement
de la longueur du corps ds cheual & incontinent après vous partirez
farieufement lay donnant carriere, &pallèrez pardeuant le Prince de
la forme & mefure que ie vous ay dicle : lequel fera à voftre main droite
vous regardant : & quand vous ferez au parer, & vos faux feront *cheuez,lors
à lapremûre,ou à la feconde, ou bien àia tierce po lade felon
le maniement duquel vous voudrez vfèr à temps ou demy temps,
ou contre temps & felon ce que le cheual fçait faire & peut fouffiir, incontinent
vous le ferez volter à droiâre & retournerez auecques la pat
fade parla routte de la car riete,&: quand vous ferez au bout delà palla,
deauec le temps que vous priâtes la premierefois,vousIcferezvoltcr à
gauche>& cheminerez par cette routte,& quand vous en ferez au bout
vous le ferez volterà la droióte comme vous fiftes au commencemcnt,&
par cefte routte vous en irez parer où vous fiftes la volte gauche
, & ferez [lespofades au nombre conuenable au maniement que
vous ferez : Ôc ainfi vous arre Aérez au deuant du feigneur ou Princejequel
encefaifânt fe trouvera ayant la face tournee vers voftre coilc
gauche,^ la longueur du co rps du cheual.
Ou bien quand vous lu y donnerez carriere, v ouspourriez bien puis
aptes le retnir, & parer vn peu plus en arrière que le lieu où eft le
Prince, à eofté : lequel à ce moyen vous feroit lors à main droiâe. Et
quand le cheual fera du tout atrefté, & aura fait les poiades, vous le ferez
paffernazatï^tiredereplin ) trait de paflade & commodément felon
le tempsjduquel vous entendrez vfer le ferez volter à droite: & par
la mefme route retournerez iufques au bout oùvous paraftes à la carriere,&
auec femblabletempsle ferez volter b gauche, de forte qu'allât
Se venant vous ferez quatre paiïades : toutesfois fi le cheual eftoit fort
puiflànt, vous pourriez bien aller iufqu'à Gx,& la premiere & dernicre
volte feront toufiours à dtoi&e,& viédrez à la fin parer deuät le Prince

4° L'ESC VIR IE DE
Encore fc pourroit bien le cheual apres la courfe parer cîroit à droidt
du fcigneurou Prince,lequel vous regardera à la ùroicte, du bien le
faire pofervn peu plus auan: qu'il ne feroic enuiron dix paulmes , %
Ansie remettre plus au

FED. GRIS ON LIVRE I. 41
voulez plus faricuiement qu'à l'ordinaire, foient les paflades iyfqacs
au nombre ce fix^ude huict ,öc non pîas,auttement ilne îespoùrroit
paspor£er,& viendroirtalegereté, &favifteiieàdéfaillir , qui îèroit
vngr«uid vice» Carlechenal doit à chacune des patîades auaocer pluftoO-
de furie 5c de viilelie qu'en défaillir :8c h la fin aptes qu'il fe fera
repofé.vous iay ferez faire deux volets doubles à maio droióle, Sc deux
pareiliecnenttedoubleesàb gauche , Se encore deux autres à. 1» fin à
main droi
fifre doubieS,vousluy pourrez faire faire la capriole , s'il lapait faire,:
combien qu'on la luypourroit bien faire Lire puis après, mais il luy
fera plus ailé de la faire parauanc.Mais en ce qui :ouche les ordonnance^-
& enfeignemens pour bien apprendre aacheual les voltes r-edoublees,
la capriole^ les couruettes,ie lesvods dirav & déduira y amplemetit
au fécond & quatriefme liure, & vous declareray iamjlietemenî qti

4» L'ËSCmiË DÊ
cbmmôQcemcQt : & pareillement pourroit-ilbicn venir h propos de
tiire toot le contraire de ce qde ievoas ay dit : tellement qu'il vous
fiât neceflàitemcat cognoiftrcVeftat du chcual,qtund ü eft las : & puis
fçtaoir encore combien iè peut eftendre à pmflknce , & quand il eft
befoing luy faire faire voltes à rebours, & quand il eft commode de fe
trouuerdeaant le Prince Se volter deuant luy à main droiâe pour la
dtrniere fois, Se quand il eft bon luy donner premièrement la cartiere,
& quand pluftoft le maniement ,•& quelle paufeilvous y faut entremefler
toutes les fois qu'il y retourne, tenant cefte regle generale , k
toute heute que le cheualfc manie, qu'il eft befoing de le laiffertoufioursaueeboa
cœur & grand courage , afin que fe voulant à la fin employer
, il ne deuienne mol Se lafche ,& qu'il refponde toufiours en va
melme ton.
- Par tant vous faut-il noter que ie ne parte pas maintenant des cheuaux
ieunes,aufqucls on apprend encore leur maniement,car bien fouuent
vn defordre ou vne faute faite , quelque grande qu'elle ibit fe
corrige auecques le temps : maisie parle feulement des cheuaux qui
défia font hors de refcole,8c defquels on veut faire monftre, dequoy il
a'eft point befoing que ie vous tienne plus long propos : neantmoins
ie ne laif leray à vous dire beaucoup de fecrets, qui plus clairemen t vous
ooüritont les moyens de manier le cheual iuftement & de rayder,& de
lechaftier, 5c de luy apprendre plufiears vertus: lefquelsie vousdiray
tous l'vnaprès l'autre ainfi que le propos en efcherra : & ce que i'en
laifleray en vn liure, ie le vous diray en Vautre. Et combien que ie vous
•ye (implement dit la plus grande partie des chofes neceflaires po ur
l'apprendre Scenfeigner : ôctoutesfoisilya encore beaucoup de par*
tâctdaritez, lefquelles petit à petit ie vous declareray par le menu, &fi
ie tesvous enfle dit toutesenfemblçdacommentemenr,ievouseuiïe
à la vente totalement confondus.

SECOND LIVRE DE
L'EC VI RI E DE M.
FEDERIC GRISON.
Lme femble maintenant bien h propos Jcvousdîtfr
que vous deuez bien aduifèr en maniant lejcheual,
d'aller S reuenir toufîours par vne meline fptßt)ioiiu
rè , & encore vous rendre toufioursaomeûnelicu
d'où vous partirez ( ctl rtfilene) auecqoes la pallide
: & où vous luy aurez fait faire la pre miete volte
vous deuez toujours puis après arriuer iufques.à
ce mefme lieu, & [à luy dotiner toutes les autres voltes. Etpourcognoiftre
que le chenal eft en tout Se partout egal, iufteôc obeiflànyl
ierafort bon^uan: qu'acheuer le iufte nombre des ( rcpeltns) paffitdes»
luy changer de main,& luy donner les voltes à rebours,& quaûd vou»
le menez parerjuy faire toufmurs faire la derniere à main droidte tout
ainfï que lapremiere^omneefonuent ievousaydit.
Eteft fingulierementànoter ( nommémentpourcc quecfiacunfâit
du contraire) quefiauterrain où fe manie le cheual , foit à ( repeUni)
paffàdes,foit à voltes redoublées, s'il iè trouuoit àlauenture quelque
pierre,il vous faut bien garder de Tofter, poürce qu'elle ne luy fera aucun
empefehement , mais celuy feraoccafiondele fâircallcrpîusiafle,&pluscorree/efis)pailàdes y auoit vers les coins des coftez où fe feront lesvofe
tes, vne pierre oudeux d'enuiton vne paume de haureur , le cheual
, pour crainte d'elles viendroit à faire les voltes plus clofes , & àlauenture
auec la iambette fans ce qu'il fuft befoingde fuyure les ordonnances
queie vous donneray cy apres qudhdie vousparleray des form es:
dont on peut vfereo la lav donnant:toutesfois quand on le fait courre,,
le chemin ou la carriere par où il court,doiucnt eil re nets , parce qu'il
en courra pluftoft & plus lèurement.
Gardez vous bien quand vous baillerez la volte , que elle ne foit
coucbee:car c'eft vne chofe laide & dangereufe,^: dont peu de cheuaucheûrs
s'aduifent.maisil faut qa'eile.foit iufte, & que lecheual mette la
teftedroidement où il a la crouppe,ce que auec les parollcs ie ne vous
puis fuffifamment monftrer: néantmoins'fi vous l'entretenez en 1 e marnant
fouuent au trot furieux : &l ? aidezenvnfeillononen vne routte*:
faide d^crauers envn garet-mol auec l'oidre queievousay dit, & ne1

*4 VESCVmiE DE
ptifueoty ointSe ce feillóo oa de efette rrftte,*luy mefirie il viendra
>s«Ìfeme$.t à tire la volte eftroide, naturelle, & iufte : ; &javousfaùdra
fairc ba'.ie mfques à ce que le cheual l'en tende bien , toutesfois la fai-
ÙLnt baffe du temps que vous la voa(frèz,il ia fera toufidurs mieux,5f de
meilleure grace : Sc àduiendra par ce moyen qu'il (è duira à faire toutes
> les voltes aueç le bras p!ié)& agile à faire la iambetrç,Quant au ma-
"• nîeraént despatTadcs 'e'cheual prend Tes voltes larges pticouchccs ,lors
' yn péa'déuanc que vous artiuiçz au lieu ou vous ies dfeàez faire , vous
. faudra à c hac une fois le challfer de la bride.en la barre^duemhoùcheure
qui eil du cofté'duquet vous ferez, la vo ire. Et vousfouuienne que
quanti fera corrigé,il ne le vous faudra plus autrement mdlefter : car
if .viendra iufte aae'. fon way temps , 8c n'ofera iamais plus s'auancer
tiôçs'dçlarf'outie barClle. Et ce chaftiemenr debnde aux barres ou e m*
bóuc-Hcurès.^vdùsle troùuertz âuec toutes fes patticularitez au troiiîefmeîmrc.ï
, .^defòrdré de faire ta volte cGUcîice( combien que 1-e plus foiiaent
.il ajuienne au contretemps) quand il eichet au maniement du dem y
t'empsoudetouuemps.au iugement de plufieurs fera pire & moms
-feppQCtible, Payant.fi le cjieual eft foible vous faudra prendre garde
'^u^feira bien feui; & iutte à la main, alors qu'il fait (_§/& haute ou baile de la forte que voas
la voudrez. Etfuyuantpuisapreslapalîàde quand vous ferez arriué à
i'aurtebom ,faidi:esle volter à maiu gauche tellement que où efrheoic
la volte droidte , fe fera la gauche, & où eleheoit la gauche.fe fera la
dtoi>3ei& aueç ceftemefure vouipourfuiurez le nombre de voftre maniement.Pareiiìeqients'ilne
faiibit. bica la volte gauche,le vous faudra
chaftterauecquesl'efperon oppofite qui eft le droit recou n ant à.
Inveitegauche,& aux pailades femblablementauecques l'ordre queie.

FED GRISON. LIVRE îl 4;
•vous ay 3k, Etainfi metrrez-vous les vokes Vvne dctiant hautrc, de]!*
façon queie vous aydit naguierés i quand ic vousày parié qu'il ferole
bon en failânt le maniement pour faire cognoiftre l'égalité , l'obeilTan.ce.Si:
leiuftcmaniemencducheual, de changer la main,5c auancer
les voltesau rebours l'vne deuant l'autre. Car en ce fai fan t tant à
la voire droióte commeà l»gauehe aùcunesfois(ànslechaftiementdes
cfperons, feulement emuançant lesjvokeslVnedeaantrautrele cheualfe
corrigcra.Daaantage, quand le cheual fera du tout appris-,s'il preuoitcefte
crainte de nefairela volte iufteàIVndes bouts,on pourreit
bien cncorealors le faire voIrer,auant qu'arriueraa bout : & s'il vous
fembloit que la paitadefut en ce faifant trop acco"urcie,celt efpace qui
lorsfeperd vous le regaignerez puis après à l'autre bout en taifant la
volte de l'autre main : routesfoispeuioudent rrouuerez vous guieres
grand aiiantage en celle maniere. "Partant il fuffite de le chattiet par la
forme queie vousaydit suant ccfte-cy : parlethoyende laquelle file
cheual ne fecorrigeoir du premier coup, vous la pourriez continuer 5e
y retourner toufiours iufques à ce-qu'il fitt bicn,'& qu'il euft laide ce vi-
.ce:&ran$ plus il cardera à l'en venir & à Ce reduire (ce que toutesfois letaquafiimpoflible.cariefmscertamqu'ilVen
viendrainconrinent dés
la premiere volte que vous luy ferez fairea rebours ) tant plus le vous
faudra ilenlèignerauecimpetunfit^& vehcmence-plusgrande. Etencore
s'il fortoit delà pifte.le vous faudra-il chattier eû luy donnant vnê
fois ou deux delà baguettéfu'rleSânc,& l'y faire rentrer à force: encore
ce pourrott il bien chattier auee l'elperonducoilé duquel il fe retire^
leretournant à fa leçon vous fuiurez voftre maniement. Encore
ne vous doy-ie celer qu'aucun efois ce chalHcment de l'efperon dont ie
VQUsay n'aguierçs pirìé/e pear faire,-non feulement de la partoppo.
fite,maisaûffiea"hiy baillabtties elperonsidints des deux cotiez tönt
enleiy ble.' Sf nelaiiïaric toutesfois'delay Nuancer les vôlîes ï rêbours^
ainfi que lors vous ay dit.
Pour vous ßiire plus clairement entendre, Sraaecques lavraye raifbn&lins
fauffërè,«dommenr iifautayrl.erau cheuiiaueclcsefperon^
lors qu'on: le madie, ie rvuSdis q'êe qäMd v ous le Voulez volte: 5 la
mairtdroiâe,!! leydus4autâydër : dH'cdff'é^^ôfite ; adecî1êfpêrôn,gau-* che&i'arondirénfèh^I^èeÈ'âùecquês.Fagtret-fperoh/efidqu-'il^ilia
iuftei&tju'd retourne à fa routté:ôî l^vottkrnt voltet à mâin gauche a-^
uec iemblable ordonnance le vói» j&udrîpireillemetït à) der auecTefc
peron droi^ôc-ence ttìelmeinfta'nt Parotitìfr atiecques lê'gaùihe;&p#r
ce moyçaûtiHiiïftê Se cdr-iié^ t6tt€ba«^^.n d U'û^aâncer
d'vn codé plus que de l'tutrez fct vtüisfifft Biep ntirk ^'i/àucuo'ès.fois
il le Êttit ayd'er aù co mmëtKî'em^rtt'êé'ru vclteiautrVftiïs au milied.
& autrefois à l'inft ant qu'i l ia cioA,la d'óft^ce taut pas qtie-1 F iij

4< . Vpscyimi DE
rccfpcrcmrquiartonditlayoltebâtteàper^iûiis ir&eq mjcfmetempsbattrcvn
£ea plus en arrière que l'autre qui bat ao long de? (angles da co.
fie oppoßte,coromeil eft befoio. Eteaçelafourd vne graaïc difficultépourfçauoir
bica çogooiftre le fènument dacheual& le picquerà
temps & le poindre plus ou moins félon qu'il en eft befoing, ce qaeie
ne vous puis bonnemeut exprimer de patole^mais laprarique &rcxpè«
liepce vous en feront lages.
Or vous diray-ie les eaufes pour lesquelles quand onpicque le cheoal
de l'efperon contraire il le faut arrondir à. temps du eofté duquel il cloft
la volte.La premiere raifon eft, pource qu'ilira plus egal & plus iufte. Se
qu'ensemble tournant les efpau les il efleuera les hanches. La feconde
pqurcc qu'il fè trouuera dçscheuaux tant légers, ôc de fi prompt- fentitnent,quaufll
roft quUIsfe fendront poindre feulement du cofte oppojfiré,
ils viendront à fe tourner trop court à Vauenture tors fè mettant
hors delà vrayeroutte:tellement qu'il fera befoing que vous leifecou*
riez enfèmblemcnt,8i: que l'arrondiflîez à téps auec l'efperon.ou atout
le moins auec la iambe,ou de l'vn ou de l'autre, cóme vous cdgnoiftrés
qu'il luy fera propre, car par ce moyen il fera contraint de le corriger de
tellesfkates^Sc viedra iuftçpient tober au but & au fîgne cöueoable. »
Neantmoins il eftaucunesfois befoing,non de'^l'arrondirfeulement,
mais dele battre egalemeet auec les efperoûs pareils vers;lesÄngles:&
cela fc ftit quand le cheual en redoublant eft acheminéaux voire s , &
alors vous lepicquezpour Paiufter auec plus grade fubieûion de fayure
les autres voltes. Et le faut ancupesfois battre plus ou moins d'vn cofte
que de l'autre,fëlon l'inclination qu'il a plus à vne main qu'à l'atttre,, Ôc
afin de luy öfter la mauuaife accouftumance qu'il auraprife. Et partan t
fera befoing de bien toft la4efçpuurir,& le fêpourk à temps.d'vn coiti>
ou deróus iei deux ftiyuant ce [queic vousay dit, & dirayty après par
tout ou il efcherra d'en parler:toutcsfois quand on manie le cheual naturellcment,feut
toujours commencer àlayderdu cofte joppofîteà la
volte. Et de.çe fçcoursafl» de fois (s'ii n'auoit pas Je temps «Scia vxaye
& iufte mefure des talons) le pourrez-vousayder feulement ,.fàntl'arbndirdu
cofte de la .volte en vu mefme temps^uecquçs. l'autrtbcfperojdjT&
principalement f'il elì de bonne ß: gentillenaturer-À fi vous n eftes
contraint d'autrement le faire par fa dureté fc lourdifcjou par quel,
que autre accident que vous cognoiftrez qu'il aura prins de la mauuaife
creance ou nourriture qu'ilaùra eue de fon cheuaucheur.
Etpeûrle vous faire^lusjclairement entendre , ie vousdyquefîle
cheual eft plus, dur d'vne maio que l'autre,quand you s le voudrez faire
voltçr de ccftemain là il le vous feudra ayder auec le gras de la iambe
pfpôû{e,& ettvn mefme temps i'atondir auecquesTcffeion d» cofté

FED. GRISÖN, LIVRE K 47
gtlC vomie voulez faire voltcr,qui fetal'oppontedc celuy que ie vous
«y dit,Qcantmoins le vous faudra peu i peu réduire à luy faire cognoiftrelevrayfecoarsdese/peronsainfi
comme il appartient, 5c lutterez
cette forme laquelle eft contraire au naturel, & appartient feulement à
cheoal vieil & mal noary Se iaftruit en ieunefle, ou qui fai& les voltes
coachees.Telkmentque ie vous dy derechef,que fi aucune de ces neceiïitez
ne vous y contraint, il Ibffira que vous l'ayez feulement de l'eC
perondu cofté oppofite, en temps & lieu comme ie vous ay dit au
commencement.
DauantagCipourl'adiufterdc tefte & de col, afin qu'il vienne egal
quand il fe manie, fi vous cognoiffez qu'il en prenne faueur&aoancement,
ilfcroitbonaucunesfeisdel'ayderde Veftrier deffous l'efpaule
du cofté oppofiteà la volte: & bien qu'on n'en vfeguieres, toutesfois
cela fouuent profited vn chenal ieunc,iufques à ce qu'il foit appris.
Et faut bien noter,que le plus fouuent lecheual,quand il entend bien
le voltes,&rccognoill les e^erons,en la maniere que ie vousay dit, &
il oit venant à la fin de la palfade ce moauement 8c fon de langue, Si fe
fent alors rn peu tirer la bride pour luy donn er la volte,il n'attendra pas
l'aydcdes efperons>mais defoy-mefineia prendra : & alors il ne feroit
pasbon de luy fiûre aucun fecours des efperons, ains fuffira feulement
cefon de la langue, & quelque foi* luyde du gras des ïambes de lamefme
forme qu'on a couttume de l'ayder : & après qu'il a faiâ la volte,
»lors fiti&es-le aller enauant, lepicquant auec les efperons pareils feulement
au commencement de la pafladeitoutesfois s'il eftoit trop efueillé
il n'anroit befoing del'vneny de l'autre. Et partant vous faut piendre
gardj&qu'il luy faut bailler du fecours plu* ou moins felon (à qualité:
combien que de quelque qualité & complexion qu'il foit, quand il*
çftébiennourry Ôcinftmit, il fouffre&prend bien rout le fecours que
vous luy voulez donner,foirdela main, foit des efperons, & l'eritendr*
iuftemêtauec l'ordre conuenable,& prendra le teps que vous voudrez.
Et quand il lefouflrc& prend bier,*6n qu'il aille pareillement prendre
la volteiufte & à temps,aiïczcorre(3:c,tout ainfi comme au cómencementdechacunepafladc
vousle faidesalleraaant, le (ècourât auec.
quesles efperons pareils ,femblablement nonfeulement quand il vous
refond bien , mais encore le plus foauerit quand vous approcherez
4'enuiron feize paumes (plus oumoins félon la longueur dé lap affa«
de) du bout où vousdeuez faire la volte, foit à drèiâe ou à gauche le.
vous faudra battteauecles efperons pareils: Se toutes lès foisque vous:
le picqaercz,le vous faudra pareillementaydcr toujours de la vóix,tant :
pour luy doflner courage quepour le fait e^plus iufte 8c plus corred,
&vn peu deuantque vous arauiezà lavolte, il le faut-ay der de la"
lipgde»finqâ'eitgliflânt ou coulant il> s'appfeftd pour ta faire pîe>

4.8. • L'ESCV1 RIE DE
grseîeukSi de pIlis^Bel air»^ v

FED. GRISON LIVRE IL 4d
manier, à la fin auec vn meut & iàge aduis il cognoiftra felon la qualité
& complexion ducheiul,combien gunde eft la furie qu'il peut fouffrir,&
puis après s'arrefte à icelle. Et au maniement pareillement eneo.e
luy donne-il celle forte de temps, laquelle il peut comporrer,foit
a temps, ou demy temps, ou contre temps:&celle mefure qu'il prend
du commencemen^tant aux paffades comme aux voltes, ilVentredea,dra
roafiours puisapresaiiément ioiquesàlafiô.
Et pout vous donner .quelque ligne par le moyeu duqueife puiffe
cognoiftreàquel cheual foitconuenable le maniement du galop, & à
quella moindre ou plus grande furie , ievous aduerty que toutes les
foi? que vous cognoiârez que naturellement le cheualaforce, & bonne
bouche , apies qu'il ierabien inftruit à fe reuoiter àl'vne & l'autre
main,il fe pourra bien à voftre plaifîr manier furieusement, mais s'il eft
trop e(ucillé,ou s'il eft chargé de'imfchoires & fort en bouche, Si tendre
& foible d'efehine & de lainbes^combien que par la bonne nourriture
Si inftru&ion il femble auoir bôxie bouche,neantmoins alors You&
cognoi^rez bien de vous meimes qu'il iera befoing dele manier auec
plusdereipe6t,& ne le mettre en fi grande furiezmais s'il eftott gaillard
de reins & de bias, combien qu'il fuit chargé de mafehoires & fort ea
bride parie moyen du bon enieignemennl ièpourroitbien manier de
toutes fortes:touresfois le cheual de quelque "façon & corpulence qu'il
puifleeftreoubonneou.mauuaife , tant plus on l'entretiendra en le
maniant fur le pas, 5c fur le trot >& peu fouuent furie galop , fans luy
donner carriere ou autre furie de vifteße ,ranrplus , fansfe toucher des
fers du derrière fur ceux de deuant(que nous difons forger ) il viendra
puis après gailiard,iufte,& fermerauecques toutes les bonnes parties,.,
qui font requifes au vray & parfait maniement.
Encore vous veux-ie aduertir qu'il faut picquer le cheual auprès^
desfângles& non pas aux flancs,pat ce que le faifant autrement, vous-'
feriez faute : toutesfois en le maniant, comme ie vous défia di# par
cy deuant.toufiours au codé duquel fe va arondir la volte en temps
& opportunité conuenable ,ne lefaurpas picquer de l'efperon toutpareiral'autrejC'eftàdire^oucaupECs
desfaugles^ins va peu plus en arriere:tellementquecefecoursàce/te
occafion s'appelle vulgairement
arondit des efperons , pour fce qu'il force merueilìeufemeQt le cheual '
à (eplier dextrement& fairela volteeigale & ronde.
Apres que le cheual entendra bien la carriere, vous la lay donnerez,
pour le plus vne fois tous les deux mois , & encore feroit-jl meilleur,
que vous luy donnsflaez moins fottuent, & d'autant plus, fi vous ag.
perceuiez que défonça turelil fuftdurde bouche:& tout amfi cóme il
vo us luy faut faire recognoiftréen pcmzmenant la carriere, auaat qu'it
la courre Sc apres qu'üauracoutu^vousfaudraiemblablement vne foit-
G

Çfe L'ESCVIRIE DE
pépr lemoins le pourmener par icelle.Eh êticela bcaacoap degens s'a.
bìifent j penfânt quelefiaifànt courre fbtroenr il en face la camere plus
viûe : ce que.foubs corre6tion,n'e(l pas verkable , ains la carriere fouuent
donnée au cheual luy detafTeureSi agare la tefte & la bouche , le
met en fuite ^uy diminue la force , Scneantmoinsilla fait tant moins
vifte&longueî&s'ilcftohfoibledeiambesiifepourroit ( agr/tppdrt)
forgerouentrecailler , 5c viendroit tons lés iours pire & plus foible.
tttfaftt ,/or- Mais lï vous voulez que le cheuaifoit prompt & vilt e ì la courfe (ans ce
ger, quand il qU , il ie demente ou a(fbibli(le,vous Faccouftumerez ì aller par les tours
%

FED GRISON. LIVRE II. fi
.. Dauanugß sous faut noter que la, carriere doit éftre prompte , vifte
: Se ba uye^jfiierheuat eft grand &;gtos;noD troploflgae : mais tant
, plus eft cJetaiÜisjbnQntaritiongue touresfois qu'elle pâlie la iufte mefure. Et
quand vous le, voudrez faire lauter ou bondir vous la faudra faue beaucoup
plus epuctequede mefure : & généralement ea luy baillant la
catriere^amais ne le fatti pkqûer fans Ifefecours de la voix , Scprincn
paiement tàm qu'il eft ieune,& iufques à ce qu'il foit rompu à tous ma»
. oi#meBs>S

$t L*ECVIRIE DE
Qtòtt

FED. GRISON. LIVRE II. s*
maoaaiscntendcmeat, que les aydant continuellement des cfperons
au pat er,puis après toutes les fois qu'on les picque,ils Parreftent&font
•poîàdes , & pour coups ou autres chaftiments qu'on leur puiiïè donner,on
nelespeut faire aller auant: & alorsil vous faut vfer d'vne grande
temperance , & peu à peu leur faire cognoiltre quand TOUS voulez
qu'ils cheminent,& quand vous voulez qu'ils parent, & ceauecles eC
peroos-neantmoins iufques à cequ'ilsayentlavraye cognoiiFance de
cela,au parer les &udra feulement aider delà voix , vous refetuant les
efperons & la baguette,le plus fbuuent pour le chattier, & le faire cheminer
franchement.
Et quand Ufçaura bien parer & faire les poiâdes , vous lu y pourriez
bien à voftte phantafie donnei la cartiere, comme parauantie vous ay
dit vne autre fois;car auant cela ce feroit faute. EtàTarreft puis après
le faudroit (emondre & aider à faite les potâdes: & il les feroit gracieufes
Se de bel air,& encore qu'on ne l'aida ft point, fi les feroit-il dciuytoefme.
leae fçay fi vous auez bien enteudu ce que ie vous ay didt, qu'au retenir
faut aider le cheual delà voix; "k pour le vous declarer plus amplement
Se dairementjie vous dy que quand vous le voudrez aider de
la voix vous direz à tempscefteparole,anecvntonconuenable à luy
donner courage, hap^iap:ou heb,heb:Ou bien quand vous le voudrez
femondre delà voix à (e leuer, non feulement en auant .mais auffi en
artiere,& à faire fauts, ou auec ruades ou fèns ruades,vous direz hop,
hop.
Encore fepourroit bien le cheual au retenir.aider delà Ianguc,en
mettant la poin te d'icelle quali au milieu de voftre palais: & en vn coup
la deflianr. Se commençant à la dénouer & décocher,vousferez vn certain
fon de la langue,qui fera vn merueilleux fecours au cheual , non
tanta» retenir ( car alors ce/t aide de la voix queievousay dit parauant
luy eft plus propre) comme aux voltes fimples de.Upafiade,& aux voltes
redoublees:Iequel fon delaguecóbien qu'il nefe puûîefuffifamméc
deferire,ou exprimer plusdairemenrqu'enice que ie vous en ay maintenant
déclaré, tontesfois ie fuis bien cenain que vous & toudinmme
qui a difeours,entendrez allez de ce que ie vous en vien dedice.
Niais aufli faut-il bien noter , que vous deuez vfer deparolcs totrtesdifferentes
à celles queie vteus ay n'agueres di

J4 L'ES CVIRIE DE
voix horrible & effrayante.^ heûteufèment direz («oec vti cry afpteSc
menaçant) celle de ces paroles qui vous viendra ptns à gré. -Or4us,oc
fus,or la, or la,ha*raiftre,ha ribaud,tourne,tourBé, fourne,arreftc j^grrefte,tournecy,tourne
la,& autres femblables, pourueuquele cry foie
terrible, & que vous diflîez paroles qui vous lembleront plus conformes
& plus propres à intimider leeheual pour-fa corrèâion : & continuerez
d'ainfi faire iufques i ce qu'il fe reuienne & fe corrige de (à faute.
Se ferez la voix plus ou moins haute , felon que la fautefera plus ou
moinsçrande< Mais auffi quand il fera vaincu & réduit vòii's faudrain -
continent taire , oubienauecvnton piai Tant & bas changer de voix,
tou(ioursi'a{feurant,&luy paffant la main deffusl'inarcaturedu col, 8c
à le gratter,ou entre les crins, ou aucunesfoisversle garrot , on bien
en voix bafic Se douce dire,ho3ho>ho,ho> & plus oamoins , felon que
vouscognoiftrez qu'il fuffirapour Vaiieorer.Ôc tousenfemble fierez cela
delà main,& direzcecyde la bouche. . I -
le vous dy encore d'auantage,qu'eii maniant le chenal h paiîàdes, &
auffi quand il trotte,ougaloppe, ou court en quelque fórre & maniere
que ce (oit , àtoutes les fois qu'il fera befoing{ fuguant toufioursce
queie vous ay dit & diray ) de l'ayder toufiours delà voix pour l'encourager
d'aller en auan t,ii feraten que vous diffiez'ces paroles j- eya,
eya,ou vie,vie:5f tant ceftes-cy comme celles -la qui luyfcnr propres,
en luy donnant les pofades à la fin quand il vient parer ne i-e doynerit
mertre l'vnedeuant l'autre , ne fedire en antre maniere, Et tout autant
vous en dy- ie du fon ou mouuement de la langue qui Ce faiét pour
ion fecours en faiiint les voites,ou aux paflàdes , ou en redoublant.
Neantmoins àia carriere vous le pouuez ay der delà voixpoiur lefotliciter
defe hatier , non feulement.ainfi qne ie vous ay dit n'aguie»
ics.-mais par plusieurs autres mots ôc manié rés dont fe pourra aduifcrlecheuaucheur.pourueu
que les paroles foient propres , &pro-
Bonceesauecrn accent brief, vif, faafté » & au temps & lieo eonuenable.
Or fi vous voulezïçauoir commentii faut'fàire , afin que le cheual
entende la bride,& fé retire en arriéré quad vous voudrez, & qu'il porte
bien fa tefte fans qu'il vous force la main, ie vous dy qu'il vouS faut
tenir ce A ordre. Quand vous l'aurez arrefté,vons lay faudra titer la bride
temperémentauec la main ferme pftisou moins felon la dureté 5c
deflfeniedela bouche îansluy donner aucune liberté , & luy donner
delà baguette tout doucement fur le col, & aioli fe folliciter quelque
efpace de temps,S'il ne fe meut point pour tout ccla,on bien s'il lernet
en defFenfe,vous le faudra piquer des efperons à temps, tantoft de l'vn
tantoft de l'autre,8c plus du coftéduquel il tourne leshanches, afin de
le faire aller iufte & droiâ. Et feroit bo o qu'vn homme à pied fe vint

FED. GRIS ON LIVRE II. 5/
planter deuantlay, & lorsqae vous luy tirez la bride , qa'il lebatift
d'vne baguette fiir les bras ou fur les genoux , & quelque-fois furie
muffle^'il eftoit befoing,& non autrement, & le menaçait par fois fans
autrement le bactre.Sicout cela ne fuffifoit, le tous faut faire prendre
par les gardes de la bride par ceft homme mefme.&le faire forcer de
îè retirer en arriéré, 5e le molefter & Solliciter en vne forte & en Vautre
* iufques à ce qu'au moins il retire vn bras : & quan d il aura bien fait,
nefàillezpasdelecareiïerainfiqueie vous ay dit fouaent, & vous arreftezplailàmment
vne piece. Puis après faites en fiicore autant ea
lay tirant feulement la bride , & vous verrez que le cheual pont les carefles
que vous luy aurez faites fe retirera en artiere de tous les deux
bras, & vous entendra bien.
. Ets'iineferetiroit pour cela en lay baillant l'efperon en la maniere
que ie vousay diâe, il fera contraint de fe reculer en arrière, & affez
leger k la main. Encor quand vous luy ferez ce figne luy touchant delà
moitié de la baguette fut le col, & direz cèfte parole en bas tan; feulement
que le cheual le p uiQè cntcndre(En arriéré) vous cognoiftrez pnis
après qu'incontinent que le cheual orra cette parole, ou fentirace figne
de la baguette.ou quand vous lay tirerez vn peu la bride, il fe reculera
en artiere tant que vous voudrez : & tonteslesfois qu'il fe coueheralà
delltis fans faire le vray a ppuy fur la bride vous luy ferez le fèmblable.
Et ne perdez pas Tefperance de le réduite, s'il fait quelque faute
ou defordre en l'enfeignant de cette façon : cat à la fin vo us le trouuerez
en moins d'vne heure vaincu, chattie & facile à faire ce que vous
voudrez. Et encore cela luy fèruira beaucoup pour luy faire faire les
pofadesiuftes,& de bonne grace auec les bras pliez.
. Outre les veltes& ronds dont ie vous aypatle par cy deuant, &que
ievousdeclarerayencorcyaprès,lefquels (ont merueilleufement propres
pour donner haleine Se appuy, Se pour rendre le cheual iufte & leger,
il feroit bon tous les matins pat l'eipace de dix ou douze iours de
faire monter le cheual par vne longue montée qui fût enuiron d'vn
mille,au pas furieuk, tant qu'il le pourroit fouflrir,& puis après le faire '
incontinentdefeendrepar mefme^hemin, &c encore fi cette montée
eftoit laboureeàfeillons on rayes de trauers , d'amant plus le cheual
haufferoit les bras: mais alors faudra aller de -mefure & non fi hdftiuement,&
par ce moyen vous le duirez non feulement à ceft effedt, mais
à faire tous les maniemens que levousay di&,& diray puis après plus
gaillards auec meilleure ha!eine,& plus iufte bouche : & encore s'il fê
battoir des fers de derriere à ceu x des mains de deuant, le fai ant mon*
ter en cefte forte, iî fe corrigcra'def-ço n qn'il ne fe^ touchera plus fi
foutient. Maisdelacorre&ion de.ceviçek ve us enpaj ler^y plus aa
long cypres. Toutesfois pour luy faire bìeu ^.legerement l.çuer le»

$6 L'ESCVtRIE DE
bras & les efpaul« «beaucoup lay profitera de te faire cheminer au trot
en i'eai^éedans vne riuiere ou dedans la mer.
le ne vueil oublier à vous dire encore vneautre fois que vos ronds
doiuenceïtreen deux circuits l'vn près de l , autre)& que chacun d'iceax
doitauoiren rondeur & circonférence enciron deux cens cinquante
paumes, &queiufques h ce que le chevalfoit deneloppé & foupple
desferas & des iambes , & frur de tefte, & qu'il entende le parer, & les
voltes à l'vne & à l'autre main les luy faudra foire faire au trot dedans vn
gaare t:comm^lfevousay défia dit * & qu'ils foient imprimez &marquezde
la forme que ie vous feray tantoft voir.Et notez que deux tours
de chaque cofté, qui font quatre quarts y ne font qu'vne volte : iufques
i'quinze voltes & demie (qui font foixante&deux tours) c'eft nombre
propre & conuenableparriculictement atout cheual de grande haleine
8c de quelque aagerebtifte qu'il puilie eftre. Neantmoins giene.
rallement vous ne pafièrez point les onze voltes &demid, comme re
vousay dit cy deuant. Combien qu'à quelques cheuaux qui font dé
forcerarementextreme, & à d'autres qui pare iliement font gailards,
mal nourris &accouftumezà la liberté,pour les rendre fubieäs & iuftesaucunesfoisonenpourroit
donner non feulement quinze , mais
trente voltes & demie ( qui font cent vingt & deux tours. ) Mais il ne
faudroit pas fouuentainû faire : car fi vous le continuiez fouuentccla
feroit caufe de luy débiliter l'efpine du milieu,& de totalement luy perdre
& annichiller la vertu de tous fèsmembres:& à l'exemple du fer,lequel
ne fe confume pas moins le mettant en œnure outre te deuoir,
qu'en le laiflant enrouiller à faute de l'y mettrè Et par trop trauailler les
cheuaux,iladuient que pluGcurs au commencement qu'on le cheuaucbeiufquesàl'aage
de quatre ou cinq-ans monftrent me force mer.
ueiiieufe , & puis après au temps que tantpoar l'haleine que pour l'aage
leur force & bonté deuroitf'accroiftre ». on les trouue au contraire
merneilleufement flaqs & lafches. Combien que le plus io uent fans
cetrauailon defcouure couftumierementlafoibleffedu cheual (quand
elle eft naturelleilors qu'il entre au quatriefme an dé fon aage iufques
ae feptiefine. Et la raifon eft cette-cy, pource que du commencement
tous cheuaux craignent ceux qui les cheuauchent ^ & la crainte les
feiâ: vnir & affembler toute leur vo!ontc& leur force, tellement qu'ils
cheminent toufiours veil!ans & fänübles, & cela les fait fembler forts.
Mais après qu'ils (efoncafleurezauecques l'homme, ils ne fe foucient
plusdel'eflôrceràl'œuure & ne fe monftrent pins fi gaillards com«
me ils fbuloient aux premiers iours qu'on commença à les cheuaucher,
& lots paroiffent debiles, & lafches en leur naturel, & toufiours de
plus en plus à mefure qu'ils s'encharnent & engraiflent. Touresfois
quand le cheual eit gaillaidiiefà natute^i oale manie & cheuauche de
benne

FED. GRISON. LIVRE II. 57
bonnefortç,& ainfrqu'il appartient d'tn en an, on le voit touGours
crosftre k s'suancer en vertu & valeur.Et pource qu'à chcuaux de certaine
qualité il eft befbing donner le plus fouuent les voltes au galop, il
me femble bien a propos de vous dire maintenant en quels cas efchet
eefteneceffté.
Quand vous voulez apprendre au cheual d'aller au maniement des
pafiades en furie, lois il luy fiiut donner les voltes d'vn galop eftroit,
ferré & vifte, & luy bailler les voltes en moindre nombre, lequel vous
pourrez croiftre ou diminuer felon que vous cognoiftrez la force
moindre ou plus grande :& felon ce qa'il vous refpond plus prompte»
ment,pour bienailenafte»
Au cheual qui va leger à la main & ne fe veut point appuvît fiiriàbride,
& qui fuit, & engorge !a langue , vous donnerezauffilesvoltes
au galop : car par ce moyen il ne s'appuyera pas feulement, mais le plus
fouuent fepolànt fur les barres ou emboucheures ( qui fondes deux
places des codez de la boucheau deffus des dents eftalonniers ou cro^
cbets de defTous} il mettra feurement la langue fous la bride.
Quand le cheual ou par mauuaife nourriture,ou mefme défit nature
eàijwgATtlt, cit'c nvrstngo ) craintif ou rebours, après que vous l'aurez
aiïeuré des efpeions commeie vousay dit parauauant au premier liure
quand i'en ay pari (»vous luy ferez faire les voltes au trot allez rompues»
deHees & haftees, & puis après les luy donnerez au galop auec la pins
grande furie qu'il fera pofEble, luy donnant fouuent le fecours de 1&
voix,ou de la baguette, ou desefperons h temps & faifon,ore en vnc,
ore en vne autre forte: & en continuant ainû il viendra s'afieurer , ÔC
laifletafes phantafies & opiniaftretez, & penfera feulement à acheuer
toft & vifte le nombre des voltes.
Mais notez quii ne faut pas au commencement Iny en donner beaucoup
au galop,parcequilfepouiroitdefpiter&arrefter, ains croiftre
le nombre petit à petit.
Et vous faut encore ajiuertir que ce vice eft en aucunsplosgrand, c»
autres moindre:teilement que quand il ne fera point trop grand, aaflt
nefera-ilpas de grande importance,pource que ce qui defaudra à la
cotir!c fe fuppleera au maniement, à caufë que tels cheuaux font bien:
mauuais,commeie vous dis alors que ie vous parlay des lignes & de
balzanes.
Quand le cheual fur le galop s'en va iouant à fonmors&baiflant
latefte,& nefctientpointiufte, ou quand il iette ruades, lors vous luy
donnerez les voltes au galop furieux, les commençant toutefois premièrement
au trot1& parce moyen il viendra à prendre bonne grace Se
bonne mefure. Et à chaque mouuement qu'il fera ou de folaftrer ou de
tuer, le vous faudra chattier feulement de la voix, on delà voix & del»
H

$3 L'ESC VIR IE DE
baguette furies flancs , & aucuoesFois des efperons, en luy haaQint VÛ
psu la main de la bride, frauec ce chaftiement il viendra iufte : mais
continuez toufioursiufquesà ce que ie voyez vaincu ,& qu'il ait laiffe
fês maauaiftiez, & quand il commencera à bien aller, continuez audi
vos voltes au galop, le careffant&l'afleurant de la main droióte fur le
col & de la voix piallante & baffe.
Et alors s'il iette ruades en galoppant, fi tout ce que i'aydit nefuffit
pour le corriger, en lay faifant ce chaftiement , prenez luy encore &
i'infUntlarefnedroi&edeia main droiûe fans interualle, & la tirant
vous luy baillerez quelque ( [uffretwa ) foubride ou fèconee de bride
en Vemboucheure, & le plus fouuenc au moyen de ce coup en la beuche
il ne penfera plus à ruer, & toutes les fois qu'il y retournera vous
luy ferez lefembiable.
Quand le cheual s'en va fans ordre, & fans train a fleuré ( sbdi^nis)
en balanfant ou bendiflànt,5c ne fe veut point mettre au iufte,vous luy
donnerez encore les voltes au galop auec furie en commençant femblablementautrot,
& pareillement le chaftierez Ì temps de la voix &
de là baguette : & quand il fera corrigé & ira bien , vous le careflerez
femblablement, & continuerez voftregalop.
Quand le cheual de fa. nature eft fuperbe & furieux ou ardent & de
peu deforce, Scquandrousle voulez galoppet, il luy prend fouaent
vncertain contrecœur de forte qu'il fouffle gros comme vn pouffif,
après qu'il fera affeuré fur les ronds à faire les voltes autrot, votis les
luy donnerez au galop à temps, car par ce moyen il fe fera feur & iufte,
& à la carriere puisapres il entendra le parer.ôe ne le mettra point en
fuite, comme font continuellement tous cbeuaux de telle nature.
Quand le cheual non feulement au galop, maisauffi au maniement
teafioursva pillant, il luy iert beaucoup de luy doener vn douxga'cp
en fai&nt les voltes,en lecarreflantde la forme queie vousay diétefouuent,
afin que s'accouftumant auecqaes ces voket^l s'afleure en ce galop,
Si qu'il laide en partie la grande crainte qu'ilauoit.
Quand le cheual fera dur & pareffeux il fera Bon de luy donner les
voltes au trot delie & libre, & auffi au galop furieux : & vous faudra
füre le contraire au cheual qui fera gaillard, leger & de grand cour Se
vifte , & chaque fois qu'il galopperà fouuienne vous toujours de l'ay.
der de la voix, de la baguette 5c des efperons, plus ou moins fclonfoa
fens,&: ielon ce qu'il refpond à voftre volonté.
Mais notez bien aufE quen'eftant contraint d'aucune de toutes ces
chofës^lvous faut ordinairement, commeievousayia dit, luy donner
levoltes au trot le plus délié & libre que faire fe pourra: & fuffira que
en fortant des tonds le plus fouuent après qu'il iera feur & arrefté de
bouche & de telle,vous le faciez galopper de droit, & à la fin du galop

FED. GRISON LIVRE IL 59
parer aucc les pofàdes.
Neantmcins quand vous verrez qu'il ira Hbremens, également 8c
iuftement au trot par les ronds , à la fin quand il fera bien inftruit en
tous les ordres, afin qu'il prence cognoilïànce & accouftumance da
g*lop en voltane, vous luy ferez faire les voltes au galop. Mais quand
il vous femblera qu'il aura prins la mefure & la facilite de les faire,
vous l'en trauaillerez le moins que vou; pourrez. Car il fuffira pont
l'entretenir en fa perfeäion,lay ramenteuoir feulement tous les ordres
au trot.
Aduifez aufiî qu'à d'aucuns cheuaux qui font fott ardens & de grand
.fcn$&(£4/i:»y?)fretilians&farouches , & mal cheuauchez par autres:
tellement qu'en leur baillant le trotyls ferepofent fur la main ducheuaucheurjSi
tirent auant ( ce que toutesfois n'aduient gueres)il ne faut
pas donner levoltesny au trot ny au galop , mais legerementau pas:
& petit à petit après qu'ils feront affeurez par quelques iours, vous les
laifferez s'acheminer d'eux mefmesau trot.
Auffi vous vous deurez bien garder de faire les voltes ainfi comme
aucuns en vfent, c'eft à fçauoir,dedans la circonférence, & remarquer
d'vnrond:pouree que pour beaucoup de raifons3fi le cheual eft encore
ieune, les ro nds fort battus & entrelaffez l'vn dedans l'autre le pourroyent
empefcher,& le defpiter,& le conduire^ quelque crainte tellement
qu'arriuantau lieu oùon aoroitaccoulluméde luy fàirefaire le»
voltes.quand vous le voodrk z faire aller auant3il fe pourroit bien confondre,&
fe faire rétif, ou à tout le moins il n'iroit aucc fi bon ordre
ne fi iuftement qu'il deuroit: combien qu'à vn cheual vieil & de bon
efprit »aucunefoisie le permettrois quand il fer oit dur de col & dur à
la volte :& encore pout monftrer qu'en quelque forme qu'on changeait
les tours, il feroittoufioursaffeuré delà volte, & nechangeroit
point de contenance»
Il fetrouuera quelque cheual ieune, lequel faifant les tours au torr,
ou au galop, ou allant par chemin droit fe touchera des pieds au*
mains ou aux fers de deuant , partant vous dy-ie qu'en ce cas il faudra
ferrerie cheual de forte que les fers de derriere foyent plus courts que
decouftume:& ne loy faudra pas donner fi grand nombre de tours.ny
auec fi grande furie: car en le cheuauchant fouuent la force luy croi«
fttatoufioursauecHialeinëî&àmeiure que ces deux croiftront, pa*»
reillement luycroiftrala bonne volonte, & la viftefle à l'aller, loit
au trot, Ibitaugalep. Et outre cela encore luy profitera beaucoup
qua fi toutes les fois qu'il fe frappera des fers des pieds à ceux des
makis , le chaftier à temps de l'efperon oppofite , autourqu'H
fera. Et fi cheminant en chemin droit en quelque forme que c*

Co L'ECVIRIE DE
fuît ,il forgcoitainfî que dit fc p3urroit pareillement cenigcr de
l'efperon de ce cofté du ventre duquel il a le col plus dur: Scaucunefois
äfepourroit pareillement chaftier delà baguette de l'vn Se de l'aune
coftedel'efpaule. Et femblablementillu^ pourra beaucoup ïeruirde
le faire aller au trot, ou au galop par des chemins ou des champs pleins
de pierres : & fi vous n'auicz certe commodité, voua pourriez faire ferner
dedans les ronds de paume en paume plofieors pierres de toutes
fortes,petites moyennes & großes : & cela fera occafion que le cheual
cheminera fi franchement» fi leger deuant & auec telledifcrecion.qu'il
ne battra plus les mains auec les fers des pieds que tien peu 5c raremet;
toutesfois fi le cheual auoitmauuaisonglcs,quoy que ce foit,s'iI n'auok
pas trop boa pied, celaoeluy viendroit pas bien à propos, pour
doubte qu'il nefift faux quarier: maisluy donnant peu à peu l'haleine,&
biea à manger,& ne le rompant Se abbaftardiflaut point auec trauailexceffif,
&nele tourmentant ou aigriffitnt point auecqoes trop
grande furie, & Le chaftiant à temps de la forme queie vous aydit, ie
fuis certain qu'il prendra force, & à la fia vous letrouuerez bien corteét,
(ans ce qu'il fe batte plus les mains des fers des pieds. Dauantage
ievousapprend que fi par les ronds de lieu à autre vous faifiez cauer
de petitsfoffez ou degrez, celaluyferoit occafion de fe corriger de ce
Vice: Scencoraucheualavantce vice,profitera dele pourmener fouuent
de biais à trauers desfeillonsde quelque guaret fort profond;mais
Ai tout cecy vous vaillevoftredifcours, car de toutes ces formes que
ievousay dit profitables à corriger le cheual qui forge, vous deurez
cKoifir celle que vous cognoi (Irez plus propre &: commode àia complexion
du cheual: car combien qu'elles foyentJtoutes bonnes, fi y a il
des cheuaux lefquels ayaas crainte de quelqu'vn de ces chiftiements
prendront grand amendement par le moyea d'iccluy :& -d'autres aufquelsfaifantlefemblablen'y
trouuerez aucun amendement: de forte
,qu'ilfcroit belbing de leur donner quelque autrecorreâion, de celes
j^ueie vous aydit.
Et fi d'auenture il aduient que le cheual ne foir point iuAe & arrefté
encheminant,ains qu'il aille branilant &rem'jant iate(te,& alongeant
le mufeau tant aux tours que vous luy ferez faire au pas, ou au tror,ou
au galop .comme encore cheminant par le chemin droit en quelque
forte ou maniement que ce foit ,ou court, ou long, ou bien eftanr arrefté
en quelque lieu ^incontinent que vous luy verrez faire vu tel defordre,
vous luy donnerez de la baguette vn grand coup entre les deuxau-
«illes, & puis vous l'eu battrez, plus ou moins felon ce que vous en
verreieftrebefoing,& enfemblelechaltierezdela voix:& quelque
autrefois puis après quand il fera femblable faute »lans luy donner autre
coup,vous le chaltierez feulement delà voix^u bien des eiperons

. FED. CRISON LIVRE II. 4i
Sc de k voix, & aucunesfois de$ cfperons feulement de I* vn ou del'aatre
cofté,principalement lors que voyant la baguette,(è fouuenant d'en
auoir eftéfrappé entre les aureilles,il branflera ou remuera la tette: desquelles
formes dechaftiements,mcfmement des e(per5s, & du moyen
qu'il faut garder,ie vous en ay défia parlé , & vous en parleray encore
quand il y eich erra.
£t notez bien qu'après que le chenal a recogneu deux ou trois , on
quatre.fois les coups

FED. GRISON. LIVRE II.

64. L'ESC VI RIE DE
chtud i-m ìegcr>pFusiufte,& plustdrort »vo!ter. •
"tr^TeT ^a's a^n ftitevcnirplus aifémentà fecorriger, & d'autant plu*
tmlartnfaiU Su'1'^erolt defitix & mauuaisentendemcn: & peu difposàbien fe mafréfpMitflH-
nier, vous faodr*al!er au bout d'vn long chemin & poféroent fans fufitwsfm
ton- rie te faire volter en cefte maniere vne ou deux voltes à droiäe , & puis
trettrn. cheminer deux pas en auant, & l'arreftant luy faire faire encore autant
de voltes à gauche , & puis cheminer encore deux pas en auant,# faire
encore après autant de voltes à droi&e , 8c continuant ainfi pafferez
toatccchemin.fàifanttoufiours de deux en deux pas les deux voltes,
oreàdroide , oreàgauchen'outrepaflântuecesombreneceft ordre
auquel vous aorez commencé »laydant neantmoins toujours auec la
langue Si la iambc,&auecrefperoncontraiteàla volte que vous ferez
lorscommeievousaydnparauant:& encore fera il bon de Varondir
quelquefois :• StVayder auec les deux efperons » atn fiqueie vousay
défiadit.Gheminant ainfi,lecheualfetrouuera pareillement acheminé
à tourner & encheualler quali toufiours l'vn bras fur l'autre en voltant,
conimele vray ordre le requiert, & la dernière fois quand vous ferez
arriueauboutdecechemin,nelevousfaudraplusfaire cheminer deux
pasauant:ains après qu'il aura voltéàdroiâe fans mouuoir delà melme
f ptfte ) routte,le volter encore à gauche & puis derechefle volterà
droióte & cela fait vous arrefterlà.
Néant moins aduifez que fi le cheual ne fait les voltes de l'vn des
coflez fi bien & iuftement comme il appartient,il vaudra mieux de deux
en deux pas le faire toufiours volter de ce melme codé, & tant en fai.
iànt ces deux pas comme après les voltes acheuees le chattier «lel'efpeton
du coftcoppofite à la volte que vous ferez lors, & continuer ainlî
iufques à ce qu ille rende correti & iufte : mais après qu'il fe fera tauifé
& ira bien, lofs-tant au pas qu'à la fin del voltes , lefiaterez Sc careflerez,
le vol tant vne fois ou deux de chacune main en la forme deuant
di&e.
Encore pourrez vous bien de deux en deux pas le faire volter deux
fois à droiâeSc autant à gauche, ou bien de deux en deux pas vous ferez
fix voltes,deux à droiäe,deux à gauche,& puis encore deux à droi-

FED GRÌS.OH LIVRE II. %
indabitabkmeDt h volte feroit trouueefauil'e, & partant fëroit grandement
à blafmet : car lapeifeótion de la volte eft recognue feulement
enee qu'elle fe face en vnemefmef/^ejrouue,-!- fcnibLbiementaufl!
en vnmefmeHeu:Se encores que le cheual en voltaot s'suantageaft
vn peu en aiiant, ce ne feroit pas vice ,coEnmes'ilierecuiiou en arrieie,ou
fe retiroit de quelque codé.
Et fi le chemin on vous ferez tout ce que cleiïiis eûoiî court pour faite
les pas & les voltes , faudra (eulemetìr, quand vous lerez au bout,
tourner Yi(àge,8t puisfaireallerauant.lecheual touïîours par la (/"/

# L'ECVIRIE DE
Et le mefine ferez vous à la moirié de chacune feconde volte qu'il
fera à gauche, l'aidant pareillement de la langue, de la baguette & de
l'elperon contraire plus ou moins, Se plut de l'vn que de l'autre felon
le (èns & befprit du chaual : mais tant voltantàl'rnecommeà l'autre
main vousl'arondirez enfemblement de l'autre e(pcron, au moins s'il
y efchet: & ceft arondillement quand il le fait en temps 5c lieu, luy fert
d'vnfecoursmerueilleux pour luy faire prendre en defpic de luy toutes
foi s que vous voudrez la voiteiufte, égalé, furieufe & haute.Notez
néant m oins felon ceftereigîe que maintenant ie vous baille, que les
premieres vokes.foientde main droite ou de main gauche , ne doiuent
pas eftre furieufes, & fuffica ailèz q l'on les baille auec mefureencheuallant
le bras contraire par de (Tus Vautre,& puis à la moitié de chacune
feconde volte luy donner vn peu de furie,!» cloyant à la fia de 1*
forme que ie vous ay dit.
Etafinqueplus clairement vous puiffiez entendre ce que maintenant
ie vous enfeigne, ie vous aduife que quand on redouble, chacune
vòlte reuient h deux quarts, tellement que deux voices à droi&e font
quatre quarts, 5c chacun quart demie voice: Sc commençant du dernier
quart, de quart en quart vous hiy donnerez vn peu plus de urie, mais
tant qu'il n'aura point de furie à l'vn vous ne luy en baillerez point
aufB à l'autre : & tout ainfi ferez vous aux deux voltes de la main gauche
quifontfemblablement quatre quarts , &fuyuantcefte maniere
vous apperceurez puis après que defoy-meimeil viendra,8c aux premieres
5c auxfecondes voltes de chacune main.furieux & à temps, 5e
iyfte. Encore pourriez-vous bien pour quelques iours feulement au
dernier quart de,chacune volte le hafter, ôc le faire aller leger 5c efleué
en Fair , & le faire tomber au lieu mefme d'où il auoic commencé les
voltes.Et à la fin quand il entendra tien toutes les voltes auec la vifteiïe
rcqmfe,vous fendra ordinairement (iufques à ce qu'il fçache bien »L
icment redoubler ) luy ftire faire trois voltes à chacune main,Si aduifer
quelapremierevoltefefacetoafiours doucement Se po fément , car
par ce moyen vous luy trouuerez puis après les bras acheminez àie
>lier iSc encheuallet de bonne forte , 6c ie verrez fuyure defoy mefme
1 egerementôc haftiuementauecques bonne mefure les autres deux voiles
doubles de chacun cofté fans le confondre ny efgarer, & vous entarte
de prendre bien près garde à ce que ie vous dy maintenant,
pource que chacune de ces rormes fera de merueilleuiement grand
tiffedl pour-rendre tous cheuaux plus prompts S adroits , ouredoubleri&
combien que4e cheual ioit pen(ant , patefleux & de gros entendement,
seantmoins par ces moyens il deuieodra aife , leger, adrojt
5c vifte : maisauffi vous faudra-il didinguer Se prudemment
difeernerà quel cheual fera plus propre l'vue ou l'autre forme. Car

FED. GRISON. LIVRE IL C7
luyvoulaat cnfeigner h faire ruades en redoublant celle feconde forme,
ne lay viendroit pas fi bien à propoSyComme celle que ie vous ay
did parauant: car alors à chacune demie volte il loy faudroit ayderà
luy faire tirer vne couple de luades, tellement qu'en chacune volte entière,
il donneroit deux couples de ruades iuftesj'vne en suant, &i
l'autre en arriéré toufiours à l'endroit d'où il ofte la tette & met la
crouppe,& qui plus eft,encot auant que luy donner la voîte on le pourtoit
bien ayder, au premier,au fécond,ou au tiers temps,qu'il demeure
(fdUttAndo) pallotant on lautelant, & luy faire donner vne couple
de ruades en arrierre, & puis après luyure h volte auecles deux couple»
de ruades ainfî que ie vous ay dit »& pour iuy faire prendre courage du
commencement à chacun quart qui cß demie voIte3le faudroit arretier
vnepiece,& alorsfi vouslecarelIez,i'affeurantaueclamain .tant plusaura-il
de courage. Et vous aduertis que feulement aux voltes redoublées,
vne volte limple s'appellera demie volte:lesquelles voltesfimples
ie vous ay pacauant en feigne quand ie vousay parlé desauucstrois
temps du maniement des («JW/STM) paflàdes..
Orferoit-il beaucoup meilleui & plus profitable à la fin quançt
vous ferez forty de vos ronds, ou. au tiot, on au galop , après que
le cheual aura parc , le faire redoubler de la forme que ie vous ay
saguieresdidt,& fi li dureté ^ & fon ineptitude, & peudefensnevouscontraint
pareillement après qu'il fera forty • des ronds, & .fai£t. les
poiades , & que là vous IVarezarrcfic vee piece fans vfer.de'tant
d'ordres & diuerfes formes , vous luy pourrez enfeignet à manier
ii accouftierlès bras,comme ie vous ay dit & déclaré parauant, apres-la
figure des ronds, & mefmes enfeignemens luy pourriez vous
femblablementfaireàlafin du maniement des pafLdes, (oient ou au
pas, ou.au trot, ou au galop, après qy'il aura parérne le Imffant point
îortir de la (/>

FED. (5 RIS ON LIVRE II.
cheual qu'il tyt la tette con tre vn mur, ou contre vn arbre fix pâulmes
on^enuiron entre deux, & loy ferez faire les voltes d'ordre qaeie vous
ay dit, le fermant toujours vers lemur on l'arbre : car il ne posrra-à
Äoyen s'aaancer plus qu'il ne deura, & luy fera force deles faire totifiours
iuftes & en vue me[tne(fifte) rourte.
Encores 6 vous luy voulez öfter ce vice (ans vous ayder de mur oa
d'arbre ì rencontre , le vous faudra manier raec la main vn peu plus
ferme que de couftume,touteifojs nontrat roide qu'iln'y ait iufte tem-:
pera ment, & à chacune fois que les voltes feront clofes^autant qu'il fe;
fera aduancé,autant vous faudra il le retirer peu à peu Se faire rèctiler
en arriéré.
Vous pourriez bien encore après l'atibif manié & paffades au pas oa
au trot on galop au trauers d vn garet,& après qu'il auroit paré, le faire
redoubler dedans vn e routte ia battue de fes pieds,& le retirer en arriéré
toujours apres com me ie vous ay dit : car alors toutes les fois

7» L'ESC-VIR.IE DE
k cb

FED. G RI,S ON LIVORE II. 71
ptcmîetement>& également tant il'vne main qu'à l'autre: Se fi dauantage
vous voulez qu'il ièleue auecques raades,d abondant auflî le vous
faudra ayder de la voix ayant toujours en memoire d'accompagner
les voltes iuftesauecproportionné brande de voftrc corps,& faire
toufiours les premieres Sc les dernieres à main droiäe.
Orvousfimtil fçaueir que vous pouuez faire commencer le chea a!
h fiûre les voltes redoublées en deux maniérés: l'vne quand auantqae
redoubler vous layferezfouucnir de ce qui! doit faire » le foufleuant
caauaat (f4fleMii»j#)enpalotuntoufiutelant, Se le prendrez au fécond
ou au tiers temps lefccouranc incontinent aur voltes de la forme
que ie vous ay dit. L'autre maniere eft quand vou&ne le voulez faite
fou Heuer ( annuel pdlhture ) auec cesiàutcUemens, Stàlaueature en
auant & en arrière en formede capriole : ains le faifant foudain redoubler
, au premier temps qu'il Ce leue, vous ie fecourtez faire les voltes,
(aasattendre oeleiccondaeletiersiemps,&lorsilnevousfcra iabe-
(oing d'vièr de fi grandatt.ue de fi grande mefure.commeil eftoit meftiereo
l'vne & en l'autre maniere. Et vousaduife qu'il fera befoing d'vfcrdevoftrefecours
& prudsoce pource que vousrencontrez dos cheuaux,lesquels
en redoublant entendront mieux le fecours de la baguette
fûtl>fpatileducoftécontraire,que de l'elperonfur.le ventre,
comme audi d'autres prendront mieux l'aide de l'efpeton qoe celuy de
la baguette : Se partant leorfaudra bailler celuy qu'ils prendront 5f e 1tendroBt
mieux,& auquel ils font plus prompts d'obéir.Mais auffi prenez
garde que quand lecheual vous refpondplusaifcment au fecours
delà baguette que des efperons3quec'eft figne ( le plus fouuent) qu'il
cft foible»& qu'il a plus d*aiiegreflè,& legereté,que de force & de puiC.
lànce,tout ainfi commequatidilpread mieux les efperons il demonûre
par cela qu'il a plus de force : tour es fois s'il eft bien ne & bien nourry
de quelque nature & complexion qu'ilpuifleeftre ,&entendra 5e
prendra le fecours des efperons mieux que tous les autres.
Et notez que taatau pas commeautrot&ati galop ,&àla carriere,
& au maniement des paßades,& aux voltes redoublees quand ce vient
à çlorte l'vne ou l'autre volte, toutes les fois qu'au retenir le cheual fç
defrobe de vsus & s'enfuit k la main droide.vous faudralors h Vinftant
eu peu auant qu'il s'arrefte, luyapprocher le gras de vqftreiambe nroi»
Äe,&encorel'efperon du meimecofté^'ily efche^presdefon ventre;
& quand ce fera vers la main gauche, tout ainfi ferez-vous delà ïambe
£c l'efperon gauche : e Sde
l'vn ou de l'autre-coSe, duquel ilfera cefte
faute, plus ou moins le piquerez-vous del'efperon felon quevoys^qgnoiftrezqu'il
feraprompt&entendu: Si parcecemcsenilfe/apuis
*prestoufiour5contraint des'ajrrefter , également^ iqâpnent&en
vnemefmc routte,S; fe troquera à la fin tellement corrigé, qu'il. ù .ara

71 'L'ESCVTRIE DE
plosAr bè&mg^'attcttnfccooojie de ceâuy-c^ ny d'autre , de fotte
qaefi lors vensiasbdiTiie^tiTetGairnerott à vice.
Encore me femble-il bon devons efclaircir le maniement, Se la cor.
teâian&enfeignemeiudacfacual en lootceqaimeferapofltble.Par»
tant i! vous faut entendre que toutes ksfok.^u'il ieta droit , prompt
& aißaa redoubler voospoarrez-bien petit à petit ad pas. ou au- trot
tuyenfeigrierife manier à pafWes en cefte forme. Qoand veus fem
au boutdelapaEade,donnezluy vne valte&demie redottbiee, & incontinent
après retoutnra par la rostte de cefte mefrtie- paßade, SE
quand vous en ferez à l'antre boet,baiWez luy fembtabjevojieà l'autre
n>aÌB,&contmuexainfiinfques àtei nombre que vous penierez qu'il
pniffepotteryfaiftnt loufiours Isptemiere & iâ derniete vclreà droiûe,&tncoieà
la fia faiâes-le tooftours parer à»ec Les pofedes»
A»8i le pourez voos bie» encore manief delà forme que it vons
vois dire.Qpandvonsferezarriué-auboHtde là paffade vous Iny-déonerez
demie vcheàdroiéte , òeàl'inftant vous changerez de main$
gauche, redoublant la volte entiere,& puisretournantpar la roatte de
k mefme paffàde quand vous ferez à l'autre bout, vous luy baillerez 1»
demie volte à gatiebe & tout foudain retournerez à- l'autre main clotre
la volte entière à droiâe , & de celte façon continuerez les autres
paflades,toufiit*n fo»rBie d'autres càéùatix^, qu'il y
éûft ati moins vne couple de telle forte, & apptias à ces maniemensi
car vous denezfçauoir qu'outre fes autres vertus, ilfemonftteroit puis
«près plusiufte,phis prmpt,& plus adroit que decouftume»
- - Dauantageie vous dy que les voltes redoublees non feulement à la
pâiîadede b foi roe que ie vous vknde dire, mais eBeoredtfeimbe»
fermé, &*prinefpaiemêm fivous en faites deux àc-hacuBéroainiSte
theuàteftfoible&pealeger, &neiesfàitâffez éemeraent, fi vous
k voulcz tiop forcer , elles luy icmpent les reias, ley débilitent les
oetfs.

FÈD. GRISON. LIVRE II. 73.
serfs, & äiminuentbeaucoup de fa force.Patuntie vous adbife qu'ca
tel defiàut, fi vous le voulez manier auec les voltes redoublées comme
il appartient, ilfuffira pour quelque temps, luy faire faire feulement
vne volte à chacune main : car au combat il luy feruira plus que s'il
auoitfait deux voltes. Sc l'entretiendra tellement en fa force, quel»
vigueur & fa bonté feront de plus longue duree.Et outre tout cela encoreferala
volte plus plieed'eichine&plus ronde, eftant aidée d'efpe.
rons,& à chacune volte il s'accommodera les bras auec plus bel air. Se
meilleure grace, de forte qu'il vous donnera plaifir faifant Vvn & l'autre,
& fi cent fois à chacune heure vous le requériez de volterà chacune
main, eu ccfte forme il vous refpondroit toufiours iußement.Et s'il
n'eftoit du tout tien adroit à dorre les voltes, & que lesfaifant ilfuft
pefsntSe parefleux,&dcdur&gros entendement, Staffez foible, laC.
che,& mol, en ce cas ic vous dy que c'eft vn (igne que le cheual ne fera
pasdeduree, & pourtant qu'il ne luy faut donneren maniere que ce
foit les voltes redoubleesspour ce qu'elles ne le feroient qu'afiùiblirrdc
forte que changeant puis après de main, & venant eftre cheuauché d'vn
cheualier, ou hfcuyer moins expert que le cheua%heut quil'auroit en«
feigne .car il ne ferokpas les voltes fimples des paffades allez iufteSy
ainfi qu'il eft requis.
Et pou ree qu'il eft in dnbirable que pour le fondement de toute ver*
tu , äfaut que le cheual ayt l'arc du col.Sc la tefte ferme & la bouche
bonne,ilmcfemblebonàcepropos vousaduertir que vous gardiez
bien de tomber en la faute que beaucoup d'efeuyers & theuaucheurs
font,lelquels changeant tant d'afpres & diuerfes brides au cheual, pendant
par ce moyen le faire ferme de reAe,& plus agile au retenir, &ne
s'aduifentpas que par le moyen de ces brides ou il s'anéantit & appoltronnit.ouils'exafpere&aigtift,
de foi te qu'il ne fera iamais poflible
de le faire ainfi venir à perfeäion : mais le moyen de lu y faire venir ,ëft
le bon art & la vraye dilcipline qui enfeigne de luy bailler vne bride
plat&n te, fur laquelle il fe puiffe doucement appuyer & s'afleurer la
bouche au trot ou au galop, en portant la main temperée&fermcaux
tours-, fans le mettre en filine, luy monftrant la maniere de bien faire
les voltes à paflades,& delesiedoubler ,Iuyenfeignant les pofades, 56
luyÉiifiintcognoiftiela »oix deceluy qui le cheuauche, au fon de l^j,
quelle il entende quand en vent quii arrefte & pare, luy baillant peti
fòuuentlacarriere,luyfaifanten temps & lien careiïès qyand il fai&
bien,& le chaftiant pareillement à temps quand il fait mal: carpar ces
moyens il deuiendtaaccompli en toute vertu & petfeâion, & iè con^
formera en tout & par tout an vouloir deceluy quilecheuaucherä. -
. Or qui ne fçait que fi en maniant le cheual veus luy donnez enuirob
dix paûàdes. Se fià la finii fe met &~appe&mit fui la main , & ses

74 L'ECVIRIE DE
.•vaaacc le nez haut & allongé en anant, ou bas plus ou moins versta
poitrine , qu'i l fait cela non par la faute de la bride,ne poor volonté
qa'ilait de courir, ou de traudii«, mais feulement pour icrepofcr,5c
ae penfe qu'à efchapper& vous gaigner »afin que vous ne le tourmentiez
plus. Pattantnonencecasfeulement, mais toutes les fois qu'il
tombera enee vice vous faudra bien garder de vous laiffer gaigner &
vaincre par luy, mais le battant de la baguette par la tette, & au milieu,
entre les aureüles.Sc de tous les deux coftez fur les efpaules Se les corrigeant
aueernevoix furieufè & terrible, vous faudra ainfi continuer
tant que durera fon opiniaftreté & mauuaiftié, Se iufques à ce qu'il foie
vaincu , Scvneautre fois il craindra de tomber en tel inconuenient,
quand il luy fouuiendra que ce ne luy feroit toufiours que plus grand
trauail, & d'autant plus fi cela aduenoit en vn gueret profond : néantmoins
notez bien,que lors que vousapperceurez qu'il fera du tout ,a
moins en partie vaincu, il ne le faudra pas incontinent laiffer là reposer
, ains retourner à le manier vn petitau trot, & puis après au galop,
pourucu qu'il ne fòrte pas beaucoup d'haleine. Puis après vous arreftant
tout ainS que vjyus l'aurez corrigé & battu en mal faifânt, aufiî
lors qu'il aura bien fait, faudra queluy fadez carreffes fùrie col, ou fur
le garrot. Et le lai Jànt en cette bonne bouche vous trouuerez qu'vne
•utre fois il craindra de fortir de vos bornes & entendra vottre volonté.Et
combien qu'il ait la tette groflèjes mafehoires pleines,1e col gros
&court>5i:refdvn,eî©nguc&foible, & la bouche petite & mauuaife,
oeantmoins après que par lesmoyeosdeiïlifdics vous luy aurez fait en.
tendre voAre volonté, quand vous luy baillerez puis après la carriere
incontinent qu'il orra ce fon de vottre voix,quafi (ans luy tirer la bride,
il s'arreftera auecles faux, & fera les pofades braue.-ment & de bonne
grace:& à l'auenture le plus foBuent fe rendra-il ta n tfubie dtTq u e ne o r e
iàn*gourmette il nclaifleroit pas de bien purer, & fans refittance.de fe
correctement manier. Toutes ces chofes comme experimentees Se
bienefprouuees ie vous ay par cy deuant declarees,5c vous les declareray
encores plus amplement par cy après.
le ne vous dy as p pourtant qu'il ne (bit bien neceffaire de prendre
garde à la qualité de !a bride : car après que le ebeoal ed bien appris, 5c
^eur de tette & de col, il eft befoiog luy bailler la bride peu plus ou peu
moins gaillarde felon la qualité delà bouche, afin que par le moyeu d'i-
,celle,il aille ou plus leger ou plus appuyé,& fubieót à fon cfaeuaucheur,
Estrifjlt Utit Et vous faut entendre que quand If cheuala mauuaife bouche, cela
jà nptfi U luy procede de l'vne deces caufes^eft à (îçauoir ou qu'il c£b dur de bargturmnti.
be, ou dur d'emboucheurc ,ou dur delà langue,ou qu'il ett fî extrêmement
flac & foible,quc s'abandonnît à la coutfe, & ne fe pouuant puis
a.pxesrecueillir l'efchine ,il ne Ce peut pas aifément metter. Aucune*

FED. GRISON LIVRE II. y$
fois aafli cela aduient quand le chenal eft de grand fens, & que pour
avoir efté fort batta,& cheuauchc outre tout ordre & mefure,quand il
faut parer,ilnecognoift pas bien la volonté de fon cheuaucheur, ainsà
rauen ture il penfe en fuyant & courant fe fauucrdefâ fubiedion1& &
ceft e occafienil s'en va ainû defefpcrément égaré de bouche.
S'il eft dur de barbe, ie vous dy que plus vous luy mettez des gourm
ettes quarrees,efpineufe5,à pointes de diamanrs,à efpy,& à ficttes,8ê
dures,& toutes d'vne piece à nœuds, tant pis faites vous :pource qu'elles
luy eaftentS: topent entièrement k barbe^auflî d'autant plus>que
plus il fernet en deffènfe:& puis la nature pouruoit & fecoure ce mem»
ore bielle,de dureté plus grade formée en cor ou car dur comme vn os,
tellement que le cheual puis après viendra h moins craindre la bride, &
prendre plus grande liberté : & combien que du commencement il
femble qu'il tille leger, toutesfois quand la bai be fera cfchaufïce peu à
peu,il fe chargera & appuyra tant plus fort fur la bride , & tant plus il
l'aura rompue & gaftee de la gourmette tant moins de douleur il yièn*
tira à caule de la chaleur naturelle qui y entrera.Partan t ne fera-il point
befoingdeluy bailler autre gourmette, que celle dont on vfe communément
, faite à faimâ rondes : Si auec l'art Se la difeiplineainfî queia^
dit ^n pourra corriger l'es fautes.
Maispource qu'il ya descheuaux fort délicats je barbe & d'emboucheure,(
combien qu'il s'en trouue peu ) tellement qu'encore qu'oaP
leurbaillelecanon n vieil,myvfé,& lié auec la gourmette couuertc
de toile/in'oferont-ilsiimais s'y appuyer, ains iront toufiours la tefte
haute auec telle crainte delà bride que leur voulant puis après en feigner
à fe manier, ils ne vouspourron t refpondre à temps nciuftementfelonlefecoursquevousleut
ferez delà main Sc des eîperons. Se ne .
feront autrement chofe qui vaille. En ce casie vous aduife qu'il faudra»
les cheuaucher (ans gourmette : & quand vous apperceurez qa'vo tel
cheual commencera à prendre courage & affeurance, & à s'appuyer fur"
la bride, lorsau lieu delà gourmette vous luy baillerez pour quclquesioursvn
ruban renforcé 8c large comme le poulce qui ae luy ferre
point la bar bernais fort autant tiré qu'il fuffitapour empefeher que la
bride ne s'égare en la bouche:& à la fin quand vous l'aurez bien appris
& corrigéde ce vice, luy oft aar le ruban vous luy remettrez la gour.
metteaccouftumee, ou bien en ferez faire vne autre plus legere de fil
de fér à maillés cefàrines qui foy ent pleines & egales tant qu'il fera po£fible;
& de forme dont les orfeutes font les chaînes qu'ils appellent.^
làCelarine.
Quand le cheual eft dur d'emboucheure, G vonsluy mettez ces baftonnetsj-ces
boullettes ou ballottes taillees}cesreuës,ces annelets, ces
stefafpres montani ou pas d'aine, ces mors entiers & tous d'vne piec§

f7t. VESCVÎRIE DE
ic rems if qu'alors que ! e chenal faita le Ttay appay, fera befbing que
lay teniez coufiours !a main hante en l'air, & n'aura aucune fermeté,#
ne pourra faire chofe de bien. Etti d'auenenre il adoient qu'on lay tienne
la mais ferme, ou que le cheuai pour (e défendre de celie afpteté le
charge ou appnye fur la bride, lors facilement les barres ou emboucheures
qui tont couuertes de chair Se non de fer fe pourront vlcerer:
& à cede occafion ,tant pour la mcfme taifon que ie vous ay dit des
gourmettes, comme encore pource que toujours en la bouche du che«
nalle mors fraye contre la chair faine Se contre l'vlceree, il fera toujours
quelque mauoais mouuement & ne fera iamais iu(te3pource que
àraifon de la douleur qu'il fentiralo ntmuellement en la partie vlceree
il ne pourra iamais penfer à bien faire, nv au bon ordre que fon cheuaucheur
tuy enfeign era, partant lavolontc du cheuai nepoutra refpondre&s'vnircnlafiennecommereqmertlavraye
difdpline, ainstout
fon penfement fera feulement mis à te deffendre : & combien que le
cheuai prinftcefteefcorcheured'emboucheure pour chaftiement, 56
qu'à ce moyen il allait ferme, G feroit.ee neantmoiasvn grand defordre
de luy entretenir toufiours la bouche ainfi defehiree.
Neantmoins fi vous luy baillez le mors ouuert qui foit{ [vtmtt ) c oudé
ou à (chiappt j pas d'afne, vous lay donnerez en ce faifàat le vray appay:
Se puis après auec la do&rine il fe fera leger, & habile à toute ver.
tu:cir fan s luy deliurer vn peula langue on luy pourroit faire les emboucheures
fuie&es après qu'elles font endurcies.
Mais auffi fi le cheuai eft dur de langue & fe deffend contre la bride,
ou la fuit & l'engorge,lors luy mettant les caftaignes , les roues Se autres
telles chofes pour la luy foire tenir foubs le mors, ou la luy faire
fiibtile, & luy öfter la defenfe qu'il en fait vous feriez vne grande faute
f à ce qu'il me fèmble) car attendu que la langue eft vn membre fans
tepos qui toufiours eft en aâtion.quafi comme la paupière del* œil, toutes
les fois qu'il remuera, Sztrouuera chofe qui l'ofFenfera ou il la retirera
fuyant ce qui le bleffera, ou fi par fortune il la met deflous, eftant
gaillarde & delicate,elle ne pourra iamais fouflfrir le mors,ne s'adiufter,
& fera toufiours le cheuai quelque defotdre.
Eteftbienaiféà cognoiftre pareillement que toutes les fois qu'on
Iny mettra enlabouchelemots ouuert, la langue perdra là defenle &
ïans aucun vice ou defordre elle s'affeurera foubs le mors,par le moyen
duquel en le maniant le cheuai reuiendra à l'vn Se à l'autre effeót.
Quand le cheuai a faute de force, prend le fram aux dents, & tire
delabouche,fi le cuidant retenir & corriger vous luy baillerez vn mors
fort rude & afpre,ic vous dy qu'il ne s'en amendera pas , ains s'en ira
muant plus defefperement, & fi d'auenture il s'arrefte & fe retient en
partie au moyen de l'afpreté de la bride il ferale plus fouuent des be-

fED. GRISON LIVRE IL 77
âiaax mouaemcns dcU tefte, Se viendra au parer ^defpitcufcment Se
hors de toute mefare.
Mais luy mettant Vn mors qui ne l'ofiènfe pomt,& le reiglant Jta&c
tari cède carriere ,&auccUvraye haleine ,3c la vrayedifcipline ainu
queieveasaydiâ, Se vous diray encore cy après, lecheual fe maintiendra
& maniera bien. Eeveusdy femblablement qu'il eft befoing
d'vfer de bonne reigle & de bonne doârine quand le cheual pouc
eftrê trop gaillard & feofible & pour n'entendrele vouloir defon cheuauchears'cn
va tant qu'il peut 6ns ardre, reigle ne mefure. Partant
Vous vueil-ie dire maintenant quel mors fera plut leger,quel plus gaillard
, pareillement quelle à bouche fera propre l'vn, & à quelle bouche
fera bon l'autre. Mais ie parleray feulement des brides & mors qui
font plus propres & conuenables,&: lai (Teray vier des autres au vulgaire
populace tant que bon luy femblera (ans en faire mention aucune :5c
vous cafeigneray puis après plufieurs belles ordonnances qui lerniront
pour corriger les cheuaux de toutes liais fautes, & de leur faire pei die
tous leurs vices.
K

7.8 ' L'ECVIRIE DE
TROISIEME LIVRE
DE L'E C V I R I E D E M.
F ï DER IC G K r S O N.
premier mors qu'on doit bailler au cheual foie je boiy-
Jp j Sneou demaunaifebooehe, c'eftlecanon auec les bran-
3Ca ^ "^yches droites, commeievousay défia dit an premier li-
Xe55^urc:&, 'uf< lue$ ^c 9°^ ^ra ferme , & feur, & qu'il fe
içaara bien manier, & qu'iF entendra tout ce qui eft propre)&conuenabIeiau
vray ordre du maniement.nc laluy faudraiamais
changer. Puiiapress*!! à bonne & gentille bouche ,vousluy-pomrez
bien bailler vn canon quiait les gardes tournées.
Quadlecheual fera démoftratiô d'auoir Ja bouche quelque peu dure,
vousluy bail!erez»la(/r4«4)qacno , »ppell5s cômnnemét mors à hotte.
Si le cheual n'a pas grande bou che, toutesfois delicate & autrement
bonne,outreces mormon luy pourroit bien proprement mettrevn me»
Ion doux &poly à(èmb$aQced , oIme>qm n'euft pas deffss que la Sici*
sicilUmjr*- lianefeulement.
tktßt.- Ces melons fe pourroient bien faite ronds,& vn peu groffets, &
chacun cofté d'iceux pat dehors faudroit mettre vn anneau ou rouelle,.
quel'ItaÜenappellevulgairemenr[fdtt) & eftjccft anneau ou rouelle
propre à vn cheual qui fai& vn peu de ( thiema'Xjtglt ) c'eft à dire , qui
£>jtefl-c* îèdefendaoeclesleures, &ne(èpofepasfur?esembouchemescomthiBmxuolts.
me il doi^mais fe lesrenferme dedas la bouche de telle forte qu'il s'ap»puye
fur icelles>& vous force merueiÜeufemect.
Neantmoins notez qu'à cheual qui fera ces ( chtama'Xxtlcs ) viendra
plus à propos de luy bailler vn morsàpoire, ou à campanelle à cul de
bafEn,encore pourroit bien eftre à cul plat. Et quand l'vn ou Vautre de
ces mors feroient ( Àféàettt) à faces ou baffes. gardez vous bien de luy
en bailler : mais s'il y a à chacund'iccux vn annelet du codé de dehors,
tant plus puiffant fera il pour faire fon effèót dedans la bouche du che»
ualuoutesfoisà cheual ayant ce vice profitera pareillement de|luy bail.
1er vne Scaceauec vn bouton entaille' ôcaifeà fe tourner, à chacun de*
co ftez d'icelle,& plus les boutons ou ballottes feront gros, tan t pl us la
fcace fe coauurira Sr fera forte, mais ie fèrois toufiours d auis qu'ils fu£
iènt de moyennegrolTcur.ains pluftoft bas & petis : & encor e à chacun
eoftédunœudaupresdttbouton,o» ballotte, pourroit on mettre deux
annelcts,ou patenoftres,& fi les boutosou ballottes eftoiêt vn peu plu»
eftroits lors faudroit-il mettre trois annelets.ou patenoft tes,& (croit ce
mors bien propre à cheual qui porte la langue horsla bouche. Et com»
bien ^ttpa-vfebteafouQcargoar corriger les(ffe«»rf^rOd'yflepoire

FED. GRISON II VRE 51. 79
iioubleoad'vnecampanellepàreiUcmeotdoabieàctil de badin, c'clfc
ifçadoir, deitxpcritcìpoires,oa deux petites campanelles à chacun
cofté)ou d'vn baftonnet auec lesbomons ou ballottes rondes, ou auec
les annelets gaillards,& aflez efleuez en guifè des roues : neantmoinsie '
vous confeille de n'en vfer point, pource que peu (buuent y trouueree
Tousauancementon amendement, Se principalement du baftonnet
-qu'à les annelets gaillards.
Tous ces mors qui font h melons ronds, & poires, à campanelles, &
icaces, & à ballonnets auec les boutons, combien qu'ils (oient clos, fi
ont-ils ncantmoinsvn peu dereflemblanceà l'ounett: &finon beaucoup,au
moins en partie ils font la langae pius libre.
Mais notez bien qu'à ces mors ny à autres n'eft propre ne bien feante
lacaftaigneaumilieu, commeonen vfeit anciennement, & comme
quelques ieunescheaaurheursvfeatencoresauiourd'huyen quelques
endroits de parle mode^ui eft vnechofetrcs-maBuaife:& laquelle caftaigneil
(croit plus conuenabledela nommer roue,ou rouelle.
Toutesfois s'il vous (èmble bea encore de luy donner quelque
thet) billot au lieu delacaftaigne ,TOUS mettrez auprès du nœud À chacun
de ces mors vn annelet, ou deux au plus, & quelquefois trois de
chacuncofté^iafi queievousaydiâ à la feace, auecques les boutons
qui loyer iu (les Sraifez à fe tourner,lefqueis toutesfois quad ny feroyet
point,ie n'en feroys pas g rad compte.Et pource que tous ces mors (ont BmtoB-J*.
clos.Sr sot feulcmét propres^ cheuaux qui font de bone nature,ou qui
ne font au moins de trop mauuaife vo'onté^e vousvois main tenat parler
des mors ouuerts.lcfquels font beaucoup meilleurs ^corrigent plus
aifément quelque vice de bouche que le cbeual puifTe auoir, & enrietement
par le moyen d'iceux.Sc de ta bonne dilcipline tout chenal ïe
faitfeur&iufte.
Silecheual eft délicat d , cmbeucheurcs,&engorge û langue, vous
luy baillerez vn mors qui aura vn dem y canon ( Iventt» ) coudé 8co\x-ltt,, ^tm' uert; auquel néant moins n'y aura point de ces Bracelets ou filets auec
des patenöftres, la où communément kfoudient noue la bride, mais
fans cela de foy-mefzne fë liera peraefi clou, mais pins iufte & meil- P

to VÈCVIRII DB
ScM WEFI « fubiete I ÄUCC plus grande liberté de langne . Encore lay pouttok-OR
Bien bailler vnedemie fcafe ) cooiee & ouuerte, laquelle féreittailleeainfiqueledemy
cafloo duquel ie vous ay n'aguieres parlé,
& fe pourroit pareillement le $out d'icelle ßiire^pied de chat, & k
col d'oye.
Silecheualeftvnpendut d'emboucheure , & il engorge (à langue,
vousluybaillerez vnefcafccoudeeou ouuerte,ainfi qu'on a accouftamé,auecles
bracelets r&pareillementrvne&f l'autre fe peut nouer &
ioindre auec lapieccne,&lefeiapluslibie de langue 6c plu s fubieâ
débouche.
, Encore pourroit-on bien en la (cafe tant coudec ou ouuerte comme
clofeyà chacun des codez d , i

FED. GRISON. LIVRE III. 8z
auec les co ftez;fuy6z ks 5c a'sa vfez ptàm,car tels mors font tottfioors,
aïpres & de peude faucur.
Encore chacun de ccs( cbi*f>ptns) pas d'a(ae,fe pourroyentbieo faire
aaec les bracelets pleins d'annelets attachez du codé du montant. Se
en ces trous où on met cou (tu mierement ja Siciliane, & non^ux lieo*
an (quels tè fouûient & enchaflfe l'emboucheure ( commeau commencementoQenfouloitvfer&encoresaujourd'huyoh
vfe en beaucoup
delieox.)Toutesfoisonlesdoit feulémem bailler à cheuaux qui font
de fort mauuaife narare,chargez de mafchoires,& durs d'emboncheu-'
re,& debouche,oQ bien quiboiuentlesmors.Maisfautnoter quêtant
plus hau: feront les trousdes( fitnguettes)tenons ou eeils des branches^
où le nouent les bracelets,rantplusen fera le mors gaillard :&de mefir
me vous dy je,quand femblablement vous attacherez les bracelets aor :
ornons : (fve/ttHsjcoadez^Sc fqaudz(fveßttus)cou

SI L'ESCVÏRIË DE
mais àaflî ï tett de bonae grace à col d'oye.ainfi qu'où fait aux ( {bUf.
pm ) pas d'afne oa enticts,ou teiointî de la foimt que ie vous ay dióte.
Or tous cesmots {fvcnsn) coudez&ouaers,fe pourront faire plus
oa moins haut de montant, felon ce que vous verrez qu'ils feront plus
propres àia bouche du cheuah Sçarhez neantmoins quepluslemontant
fera haut.plus il rendra le cheuai fui et, Se plus fera bas, plus fera le
cbeual libre,de forte que l'vn fera plus d'effeS que l'autre : mais la plus
grande hauteur qu'on doit donner au montant (èra feulement d'autant
qu'ilfuffità rendre la langue du cheuallibre,& ne faut qu'il luy ofïènfe
le palais en aucune forre, autrement feroit vue grande faute, qui eftoit
toutesfoisenvlageautempspdilé. Etnotrz que fi le cheuai n'eft feue
de teile,ous'ii la porte trop baiîe, à chacun deces mors, foyent clos,
fbyeiK QUuerts,vous faudra faire les branches droitees, & d'autant plus
droites que le c heual baille la certe. Autrement vous deurez faire les
branches tournees:& alors plus elles font dtoictes&reuiennent enarriere
vers le cheuaucheur.tant moins gaillard /era le mors, & releuera le
nezaucheual.luy faifantailongerle muffle. Et au contraire plus elles
feronttourneesSc cpurrontenauanc, tant plus le cheuai s'embridera
Rapprochera toufioujs le muffle defon cftomach.
le vous d y dauan tage, que plus l'œil de la bride eft haut, plus il releue
le col & la tefte du chcual, &: au contraire plus il eft bas, plus l'a.
bailie. Toutesfois i'eftimeray toufio«*rs& en toutes choies le moyen
qu'il nefoit trop haut,«e trop bas, mais qu'il foit commun & iu(te,ainfi
que requiert la pro portion du *nors,encoreii la necefUté ne vous contraint
d'autrement le faire.
Encorevous vueil-je bien aduertir, que le mors doit eftre plus ou
moins long, felon (»grandeur du cheuai, & fuiuant la force qu'il a, &
felon ce qu'ilp.orte ta tefteicar (üe cheuai eft de grande taille, ou foible
d'efehine, ou s'il porte la tefte bade 6c peu atïeuree, fi vous luy baillez
le mors vn peu plus long que l'ordinaire , cela lay auance beaucoup.
Neantrooins prenez garde que le mors quei'appeiie long, beaucoup
d'autres le pourront appellee court : car à quelque cbeual que ce feie
(s'iln'yauoitgrandenecelîué J ienevueiipoint que vous baillez gueres
le morsplus long d'vne paume: tellement que vous deuez efforcer
tant qu'il vous fera pofîible, de bailler pluftoft au cheuai les branches
courtes que longues : non tant courtes toutesfois qu'elles nereuien,
cent à iufte mefure felon la proportion du chenal.
Et comme ie vous ay défia dit vnc autrefois îufques à ce que le die.
oalfoittoutaffeuté Se ferm e de tefte, vous luy laidèrez toufiours les
branches drpiótes,& puis apres vous luy faudra bailler les tournées: lesquelles,
outre ce qu'elles luy font baiffer la tefte à fon naturel, & ainfi
qu'il efl:requis, encores luy feront elles parojftrc de meilleure grace Iff

FED; GRISON. LIVRE TJI. Si
mors co la bouche , combien que les branches droi&efe pourroyent
bien faire auaacees de telle iorte,qu'elles feroyent ce mefme efièâ qoe
font les tournees.Et entant que touche la temperature du mors, poor
cognoiftre à quelcheualfaut bailler te montant plus haut,& pareillement
plus hauffèr les yeux du mors,Si: les gardes plus ou moins droiétes
ou tournées,& à quel plus longues3& à quel plus courtcs^pour ne vous
meure en confufion, ie ne vous en ay point voulu parler plusaoant.
Toutesfoisfivousauez bon di(cours,de vous meimes vous le iugerez,
& baillerez au cheual mors plus fort ou plus leger, felon ce que vous
cognoiftrez grande la mauoaiftié& dureté de fa bouche. Et vousauifè
quevousnedeuezpointvfer d'autres formes de mots, que celles-que
ie vous vien de dire, pource qu'elles font plailantes & douces, & n'oEfenfent
la bouche du cheuai, fi non quand il ferneren quelque defor«
dre, &luyeftcert:eoffenrenecefIairepour luy feruir de chaftiement^
mais quand il va iuftement, chacun de ces mors luy donne (aueur &
doux appuy, fans luy faire aucune offenfe, ce que parauentute ne feroyent
pas les autres,pource que le cheuai ne s'y oferoic appuyer, & 6
à la fin eftant hors d'aleine, il eßoit contraint de s'y appuyer ,.ils luy .
defehireroyent la bouche & ie conduiroyent à pis fairei.teilement que
pourotdte ou defordre que peuft faire le panureaoimal, il fe trouuerait
toujours o&nfe, & ce luyferoit bien grande occafion de le deflourner&efgarer
de telle, & qui pius elide le mettre en telle confufion
qu'ii ue pourroit jamais emendrela volonté de fon cheuaucheor.
Si vous faut-il neantmoins finguüerement nofer , que tout cheuai
fe pourra le plusfouuent corriger de quelque defordre ou défaut de
bouchequ'il puiffeauoir, fànsvfèr de tant de mors, ma.s feulement
auecques l'aryen vfant de ces; trois fortes. La premiere tfeft le Canon,
La feconde,c'eft la Scace ou mors a hotte, ou claufe, ou (fventu jcoudee
ouuerte.La tierce.c'efl le f chuff tn ) pas d afne auec les mêlés doux
& polis,à oIiues,fans annelets,ou auec les anneletsxombien qu'il vous
faille bien auifer à luy donner la vrayeproportion, comme ie vous ay
n agueres breu ement difeouru.
Notez qu'il faut toufîours mettre îe mors en la .bouche du cheuaj
vn peu par deffus les dents efcalonnieres ou crochets , pource qu'à-ç,e
moyet^ ilira tant plus eileué & ferme de tefte, & plus feutement s'y appuyera
& anecques moins de trauail on luy enfeigr era les pofades, tcutesfoisòn
luy pourra mettre plus ou moins bas felon la force & qualité
ducheual : mais generalement à tous chenaux ilfuffira ieulemect
qu'ón le luy touche fi haut que fepoiaur fur les emboucheuresi^ vebïlt
touche, né batte furies efcalonnietes ou crochets xarautrementii fe;
roit fouuent vn inepte mouuement de teße.,
Audi eft grandement à e Aimer la muferolle-, pource que fi lèche*;
L ij

$4 L'ESCVIRIE DE
uaLperte-natntellcment la bouche dofc, elle »e.peut auireSe encore
QttljLtienaeoauerrc , eHe ne lay a-ydc pas feulement ains le corrige
e celleforte qu'eftant accoaftumè àia porter ( combien que puis après
s*on la luyofte )il/c trouvera tellement correól, qu'il ira toufiours auec
la bouche iufte & anec grande mefure: encore le fera-elle ferme de
tefte,& ferme de col & d'inarcatare, cheminât toufio ars anec fon vray
appny. EtnevneilpomtrefpondreàccBxquilaveulent blafiner : car
pontic peu de difcours& d'experience qu'ils ont, il vaut mieux s'en
taire, & laifler leur langue deliee.
Encore vous faut-il noter que non feulement quand le cheual fe
• manie de ferme en fermeou^ ( repolons) paffades : mais (bit qu'il aille au
pas , ou au trot, ou au galop qu'il courre, il doit toufiours au moins
ïaecquesvnpeud'appuy.carilerma plus feutement , & àia renconrre,
ilea donnera pins fermer plus grand heurt, comme audi au maniement
de quelque forte qu'il puidè e (Ire , il fera contraint de venir
plusfèur&toufioursenvnendtoitSe en vne route, egal, & iufte, &
aflezcorred.
Quand le cheual fe boit la bride ou fair ( ftiomaVW«; ) bien que l'vn
& l'autre vice fepuiße corriger auêc la qualité de la bri de, neantmoins
il me fèmble bon & bien à propos de vous dire rmintenan t{ainfiqueie
vousaypromisparauant vous parlant des mors) cefte forme de l'en
Corriger,qm à mon aduis n'eft pas à defeftimer.
Vous prendrez vn peu plus d'vne paume de cordelle, qni'fera fubtile
8c deliee en façon d'vn lallet double & gros : & en attacherez vn au
bout de l'œil delà brids deffoubs la gourmette, puis après vous renoerferez
au chenal la leure de deffbubs , & là luy mettrez la cordelle
entrelaleure&lageffciue, à l'endroit oùfontenchafîeesles dents, la
tournant à l'autre œil de la bridr, auquel paréiHement vous lierez l'autre
bout delà cordelle, ainfi qu'au commencement vous auiez fait à
l'autre, & tant plusvous la lierez roide &-tiree, tant plus fera elle le
morsgaillard, 8r iâvouslçauez bien d extrem en t nouer les deux bouts
,aux deux yeux de la bride il n'y a homme qui s'auife de ce myßete. Et
notez qu'au lieu de ceftè cordelle, on pourroit bien .mettre vne chaiCnctte>&feraira
celanon feulement à le corriger à ce qu'il ne fe boiue
pluslafende^cqu'iPnefecepluîde( chicm*luilcs ) mais encores plus
ibuuent à cheual qui tire hors la langue, la luy fera retirer dedans , &
l'allege aufli quand il s'appuye plus qu'il ne doit, & encore s'il eftoit
durd'emboacheuresparlemoyen deceit artifice, il fe fera leger , de
forte qu'il ne pourra auecrcelles Edre.n e defenfe n eforce. Et fera cefte
cordelleon charaerretoutvn Se mefmeefFet ,tanrauecques les mors
§aillards,commeauectout fimplecanon ou funplefcace.
Qpad le chenal fait lés forçettesy fi vous luy tpettez la muferolle

FED GRIS ON. LIVRE III. %
bien cilroittc, & loy donnez à temps les efperons ,'tantoft l'vn taotoft
l'autre , & plusceluy da cofté oppofite à celuy duquel (g4Hghueggi4)il
ioue & remue plus ia&ce & tort la bouche, & fi vous le chaftiez au/S
âucnnefois de la bride mcfme,del'vnc ou de l'autre eroboacheure , de
toutes 1« deux enfèmble & lay tenez la main temperee & ferme »il fe
corrigera aifëment de ce vice.
Encore pourroit-on bien pour fi correction le chaftier aucunefois,
non feulement le picquant des efperons par le ventre, mais auffi en lay
donnant de la pointe du pié, ou le battane del'eftrierdeffoubs l'efpaule
ou deflus vers Tai (Tele, du cofté oppofite de cilny

86 L'ECVIRIE DB
pas îa'tefteîtf-le & la fai

FED. GR;ISON LIVRETJI. 87
ccvice,&fêferadatoutiuftedcteftc,&roidedecol Scd'arc, & nefe
remuera ou tordra pliis.Et pourcc que les ordonnances qui fuyoent ne
feront moins profitables que cefte- cy, pourtant vous faudra-ü efprouuer
& vier or de l'vne, or de l'autre, & puis vous arrefter à celle que
vous cognoiftrez par expcriEce plus propre à voftrechcual, & moyennant
laquelle ilfe corrigera & amendera plus aifément & pluftoft,
teaenantiufte comme il eft requis.
Parquoy ie vons deelaire femblablemenr que Ci le cheual & le col
mol du cofté gauche,& dur du cofté droiS , tenant la brideà la mode
accouftumee felô la forme rcquife,vous pourrez predre la refne droiâe
du doigt indice , laquelle refoe (c tiendra puis après entre le doigt
indice & le pouce. Encorfe pourroit bien ceße refne droiéte prendre
aaecques ce doigt indice,& auecquesle doigt du milieu ioints enfemble.Et
s'il ale col dur du cofté gauche & mol du drotd: vous pourriez
lors tenir le petit doigt entre les deux refhes, ainfi que vous le tenez
quand le cheual vaiuftement, & y mettre aufli le doigt annulaire ou
medecin,& encore celuy du milieu : & par ce moyen de quelque cofté
qu'il euftce vice,il s'edòrceroit.defoitequepenà peu il viendroit incontinent
à tourner de ce cofté duquel il auroit le col plus dur.
. Encor quand lexheuai va tournant le muffled'vn collé ou d'autte,
& ne porte point le col ferme ne la tefte iufîe,& toufiours feure comme
il eft requis , il luyferuirabeaucoup ne le corriger lors feulement
de la bride,en cefte maniere. Quad ilfe tourne on fe tord du cotlé gauche,
alors vous faudra loudain tourner&abbaiirer le poing de la bri»
devers !ecoftégauche,& luy bailler la (fuffrena de)Tecouee qui luy batte
l'emboucheure droiâe, retournant incontinent voftre poing à (on
droidt Iieu,auquel il eftoit parauanr,& ferez le lemblable toutes les fois
qu'il fera telle faute: & s'il faifoit ce defordrei main droiäe, lors vous
pareillemet tournant&abbaiflàntfoudain la main de la bride du cofté
droi&,Ie chaftierez femblablement en luy baillant \i(fuffrenadt) fecouee
en l'emboucheure gauche, & incontinent après remettrez la main en
Con droit lieu.Encore luy pourroit-on bien donner ce chaûiement (ans
abaifferlamain , mais en tirant feulement la bride autant qu'il fuffira
pour luy bailler leifujfrenadiitoai de bride en l'emboucheure opposte
du cofté duquel vous levoulezfaire retirer, tellement que ne luy
foufiranttâire ces fautes, vous irez toufiours magHhalement !e corrigeant
: mais (ùr tout il feta befoing que vous ayez la main de h bride
merueilleufement rempereepour en faire à temps lès mouuemeus. neceftaires,&
l'arrefter aufîi à temps commeil eft requisivous fouuienne
que le temperament de la main éft le {ouuerain moyen: pobt rendre
rout cheual bien corte# & iuftedetefte.. .
Si le cheual ne va pas teulcmentp^i fois auecjr col $ord où la tgfie .

SS L'ECVIRIE DE
de coftc, ains contioucUcraent va en cefte forre pendant3rompu, moî.
Se tor s du cofté^aocfee, le vous faudra lorschuftier non fealement de
la bri Je,ou auec l'efgeioa droit, mais fera ì>onqae voas luyappuyez le.
gras de voftrejambc droitte"t urie ventre roìgnant les fangles, Si quevous
ie poigßieT legerement de fois à autre de l'efperon de la melme
pmbe^Ä auçucesfois de ceft efperon mefmes le piquerés à bon efciér,,
& l'vn pu l'autre ferez vous,plus ou moins, felon ce que plusou moins^
croiftïra ou diminuera fa faute. Et quand le cheual polirla peine qu'il
fentira continuelle du codé droit,tournera la teft e celle part, vous luy
faudra incontinent leuer la jambe, & le talon droit d'auprès du ven«
tre,&àl'inftantlecareflcrcommeievousay ditloutient. Et s'il tourne
ou tord le col ou la tede à main droitte, le vous faudra cbafiierde
la jambe,&de l'efperon gauche en melme façon & deme/me ordre:
car par ce moyen toutes les fois qu'il fentira puis après voftre jambe
s'accofter de l'vn oude l'autre cofté de fon verteil ira incontinent bien
iufte,&fe tournera detout tel cofté que vous voudrez.
Etoutrecela.aulieudelepiqnerdes elperonsducoftè dnqae! ila le
col plus dur , aucunefois levous faudra battre de l'eftrier, ou bien Ju
bout du pié fousl'efpaule du mefmecoftc : car à ce moyen il fe tourneta
de celle part pour regarder que c'eft qui le fafche & tourmenre,
eu ceft endroit: &ainllque ie vous ay didtparauant, lors luv ferezvous:care{res:&
à ce moyen vous verrez qu'il ceffera d'aller mo! & tors
de la part contraire, cognoiflant la caufe de fon chaßiement &à chaeune
fois que vous le toucherez puis apres,ou de la jambe ou de î't-fr eron
du cofté contraire à celuy duquel il fe tordra , tout foudaimi
viendra egal &iufte commeil appartient: Si lors, vous pourrez retirer
l'eftrier au large^ ne vous lera plus bribing de le wauaillef,ains levous
faudraplaifammentaffeureraueccareffesà pourrez vfer de l'vne oit
de l'autre form e de chaftiement, continuant celle que vons luy cegnoiftrçz
plus propre, & ne difeontinuerez point iufques à ce qu'il fe loit
corrigé de fon vice.
Encore pourluy öfter ce vice vous le pourrez bien chaftier non de
la bride, ou des efperons, ou du gras de la jambe, ou de l'eftrier, f

FED. GRISON LIVRE III. S9
Notez aufli que toutes les fois que le cheual fe tourne ou pend plus
d'vncoftéqued autre,illuy faut tenir la reine contraire plus tirée Si
tp!us courte que l'autre^ d'autant plus qu'il va plus tersoti pendant en
cette maniere. S'il pend plus à main gauche vous tiendrez plus courte
la refne droi6te:& s'il pend plus à main droi&e.pareillement peu h pea
vous accourcirez plus la reme gauche : & pour retenir celle qui fera bfcfoin
d'accourcir,fefaudraayder de là main droiâe, & encore auec cel«
fera-il bo n de luy bailler quelque chaftiement de bride. Toutesfois
quand le chêual vaiufle & droit,les deux tefhes fe doiuent tenir egales,
ou la gauche vn peu plus longue : Et afin que vous ne (oyez point contraint
de iuy tenir l'vne plus courte que l'autre , du commencement
que vous lecheuaucherezen iaieunefle^'ous efforcerez del'aiufter de
boucheauecques les faulfes refnes,iuy portant toufioursles reines egales
& iuftes : car par ce moyen il viendra puis après auec iufie mefuteà
faire tous fes moauemens tant d'vne part que de Vautre.
Mais pour plus aifément corriger le cheual qui porte le col mol 5c
tors d'vBCoftc&dur del'autre , ou bien qui tourne ou tord la tefte de
l'vn des coftez lyous irezà vos ronds, & luy donnerez tant de voltesde
l'vne & de l'autre main comme il vous (emblera qu'il puifle conuenablementfoufïnr
:5c cependant vous le ferez aller toufiours le chaftiant
de la bride, du gras de la iambe,de l'eltrier, de l'eipercn,de la baguette,
5c ce du cofté contraire à celuy duquel il portera le col mol 5c
tors ( qui fera delà part dont il eft dur à fe tourner) ne vousdeuoyant
neantmoins iamais de la reiglc 6: de l'ordre que ie vous ay ditn'aguieres,
plus ou moins variant ou renforçant ces chaftiemens en lieu& en
temps,ôc au befoing : & vous iouuienne toußours de porter la main de
la bride de la forme queievousayparauant dióte: & vous a fleurez an
furplus que par ce moyen il fe corrigera 6ns faute, 5c deuiendia iufte 5c.
egal de col & de tefte.
Et fi vous voulez que bien toft il fe face iufte, vens cheminerez quin*
ee ou vingt paulmes au plus, au trot ou au pas (&_ principalement au
commencement que vous lay donnerez ceft enleignement)&àchaeunefois
l'arre Aérez ,& le ferez foudain volt er, laid&nt de langue Se
d'efperon, ou do gras de la iambe du co Aé contraire, fouucnt l'arondirèz
de l'autre cofté, Se lors luy faudra toufivurs faire encheualler le bras
contraire de la volte par deßus 1 autre, 5c s'il ne fait en cefte maniere
la volte, auec le col ferme & iufte, & la tefte feimje, vous irez le chafiiant
pareillement des efperons du cofté contraire, iulques à ce que
vous foyezarriué à l'autre bout :5iartîtié 5c atrtûé là voude^^ferez encore
volter de la mefnie main ccmme vous faiäes rerournast totiCiours
par la mefmeroutte tellement que iulques à ce'qu'ii ìóit iufte,
vous fiiez toufiours eftranlam de ce coiié,& quand vous cogucfiftrez:

9o L'E CVIRIE DE
qu il vicadraiufte & egal & parfaitement feut de telle & de col & de
bras , vous le rokerez vnefoisà chacune main à dextre & feneftrc,le
.trauaillant tout vn long efpace de temps en cede maniere , tellement
que l'aller & le renenir en arriéré remenneiufquesà trente fois , plus
;OU moins felon quelecheual le pourra fbufEir , le laiffant t oufiours
auecques bonne bouche , & luy faiûnt faire toufionrs la premiere
& la ierniere volte à main droióte. Et fe faut bien donner garde de
luy porter toufioutsla main ferme, & temperamment la tourner va
peu vers le cofté duquel le col eft plus dur, comme il eft requis de là
tourner: & cela ne Vafieurcra pas feulement de tette & de col , mais
auÛl fe rendra plus adroit & aifé en tous les maniemens qu'on luy fer*
faire , luy affo uphffant & accouftranc les bras ainfi qu'il appartient:
&fe faut bien fouuenir auffi quand il fera bjen de le-carciïcr d'heure
à autre, & ne lay aider plus des efpetons eu fai fan t les voltes , & ne
l'en chattier en cheminant,tou tesfois il fers bon de ne luy efter iamais
lefecours delà langue. Encores'ilalecolroide&dutlàmain droite,
illuyproStera beaucoup (îvousloyprenez fbudain dfTa main droiâfce
larefne droiâe par la moitié , & la tirant plus ou moins felon qu'il
en fera befoing , > & luy donnant les voltes dedans les ronds vous verrez
qu'il pliera le col. Semblablement s'il a le col dur du cofté gauche
j vous pourrez pareillement en faifânt les voltes gouuerner la
btide auecques la main droicte , & de la main gauche prendre la
refne gauche parla moitié, & faire tour ainfi que vous auez faiâà l'autre
main. Toutesfois quand il eft dur de col du cofté gauche, il ne
vous fera ia befoing d'y obferaer tînt de ceremonies comme il faudra
lors que vous le trouuerez dur à main droite, pource qu'eftanr
naturellement tout chenal plus adroit Se plus prompt à main droite:
fans autrement changer la mai n de la bride (ce que communément
femble difforme ) toutes les fois que vous luy accourcirez la refne
gauche , en enfuiuant les regies & les ordo nuances que ie vous ay
dit parauant , & que ie vous diray encore cy après , il fufEra pour
& corretion.
Et G vou s voulez auecques plus grande force contraindre de venir
du tout ferenger du cofté duquel dale col plus dur, vous tournant
faudra que vous abaiffiez l'efpaule & tout le corps de ce cofté là , &
que vous .teniez la teftebafle regardant toufiouts à l'œil ducheual, &
encore fera-il bon que vous tourniez vu peu la main de la btide de ce
mefme cofté ».ainfi que ie vous ay dit parauant: & tout foudàin vous
apperceorez quelecheual de ceft œil vous regardera aa vifàge, & Ai*
fânt ce mouuement il fera contraint de s'amollir le col de ce cofté
là: mais alors mefm es que vous ferez cela, fera t> on qu e vous accoftiez
.dumefmç cofté, duquel vous aurez le vifage tourne, le gras de voftre

FED. GRISON LIVRE III. 51
ìambe au ventre da cheual, plus ou moins felon ce qu'il enfer* befoing
, &que ie vous ay dit en l'autre regle , & vous fondra vn peu
retirer Ì vous celle melme ïambe 5c. vous appuyer ferme de l'autre
pied fur l'eftrier pendant de l'autre cofté : car d'autant plus aifoç
ment abaiflerez vous la tette de l'autre cofté , duquel il aie col plus
entierainfi commeie vous ay dit parauant : tellemeut que des naaches
en bas vous pendiez tout d'vn cofté,duquel codé, pour là fot
ie que vous y ferez en pendant s'abaifleta vn petit la felle , & depuis
les hanches en haut, vous ferez panche & pendant du cofté duquel
il a le col plus dur & roide & cheminerez ainfi tors en donnant aa
cheual le contrepoids de toute voftre perfonne enuiron vn mille,
comptins l'aller & le venir, ou bien aux voltes pour l'aiuftcr plus aiç
fément , vous vferez de cette ordonnance à chacun tour auquel il
portera le col plus dur. Neantmoins aduifez, que iufques à ce que
le cheual foie corrigé dece vice, vous le deurez ainfi chattier en quelque
lieu de la campagne où perfonne ne vous voye , pour ce que
non feulement les ignorans , mais beaucoup d'autres parauenture
lefquels prefument fçauoir en ceft art tout ce qui s'en peut fçauoir,
pource qu'ils n'entendront pas les raifons , vous voyans cheuaucher
ainfi totale pounoient blamer,& fufEra affezque puis après on leur
fece voir l'efîèâ quand l'œuure fera accomplie. Et fi d'auenturej vous
n'entendez fi promptementee que ie vous vien de dire, pour cela ne
perdez pas Tefperance de corriger voftre cheual de tel vice : car toutes
les fois qcevpus vfêrez des autres ordonnances que ie vous ay
dit , vous trouuerez tant de moyen qu il fi ifira pour l'en corriger:8c
encore cette ordonnance & les autres vous pourront-elles beaucoup
ieruirpour luy otter toute creance ou accouftumance dont ie vous
parleraytahtoft.
Si le chenal hannift, ou bien fi vous aduifez qu'il pourpenfe à faire
quelque malice auec ou contre les autres cheuaux qai font auprès de
luy 5c de vous, ou fi vous cognoiffez qu'il loit en fantafîe de donner
ruades, levons faudra promptement chattier auec l'vn ou l'autre des
efperons, comme ie vous ay dit parauant : continuant de le picquer felon
ce que vous verrez l'importance de là malignité, &le chattier en
cette maniere.S'il fait iaifautcducofté gauche le faudra chattier de l'efperon
droift, iî du cotté droiót , de lefperon gauche, Scaufli au caspa,
ml s'il faidt foute allant par chemin droit.Combien qu'encore le pourroit-on
bien chattier plus ou moins auec les coups d'efperon correÇ
pondanst'vnàl'aurre.EtaucunesfoisfuEroitle chattier feulement de
labride fur l'vn oufurl'autreemboucheure, en touesles deux, & Ci
cela ne fufiu;, vous luy donnerez lechaftiement.de la voix & de la ba.
guette fur L'vn ou fut l'autre fivicôcaL'aueuture viendra il toujours

3*. UECVIRIE DE
bien Ìl ptopospour vne ou deux fois loy en donner toufiouri fur la tc^
fte & entre les anreììles.-
Si quand vous conigezle chenal pour quelque faute qu'il face auec
vn ou deux efperons,ouauec VvnSc l'autre correfpondans, lors que
vousluy donnez des efperons,it fecouëlatefte & lesaureilles^ousfau,
dra incontinent h toute force redoubler les coups d'efpereo du me(mc
codé duquel vous auez commencé àie chaftier.Les continuant & muL
tipliant iufquesà ce qu'ilferende, 5e quarreftant (àtefte fans la tourner
ne çi ne Ikil endure les coups d'eiperon & foit vaincu. Et vous
donnez garde deiuy foufïnr ou laiflcr paffer feute qu'il face tant foie
elle petite, ains le corrigez or en l'vne ot en l'autre forte à chacune fois
quevous le verrez4faillir.
Et afin de vous faire entendre plus aifement,quel eft le chaftiement
des coups d'efperons correfpondans Vvn à l'autre,ie vous adoife qu'il!*
vous faudra faire en cette maniere.Q uâd le chcuat fait la faute du cofté
gauche , audi toft que vousluy auez baillé le coup de l'efpcrondroit,^
finftantquevousluy oftez du ventre, luy fautdonner le coup de l'efperon
gauche, & incontinent après ceftuy là, luy en bailler vu autre
del'efperon droit »qui feront trois coups, deux à droiäe , & vn a gauche,&
de mefmefàçonles pourrez vous commencer de l'efpeton gauçhe
quand il fera la faute du cofté droit, de fotte que vous ne le piquiez
point des deux efperons enfembleimals en guifedemufique, l'vn appelle
Se fuyueincontinent l'autre ,5c que le premier# le dernier foient
ou cofté contraire à celuy duquelfe fait le defcrdre, & lefeuj du milieudececoftéî&aueccefteproportionvous
pourriez multiplier les
coups,felon ce que vous verrez que befoing en fera, &le faiiànt aufli
-en temps fc Iicu,vous verrez naiftre de grands & vertueux effeóts.
Quand le cheual en cheminant drefTe vne aureille & abaiflTe l'autre,
& en fait certains mouuements qui font fembler qu'il ait vne mouche
là dedans,lors vous faudra tenirfurvos gardes, car le plus fouuent le
cheual fâifàntcefte contenance pourpenfe de faire quelque mefehanceré)comme
de fairefàu!ts,ou pannades,ou ruades, ou fe mettre de uatiers,
ou de fèplanter.Sf dreiïer, ou de faire quelque autre mouuement
dangereux & defefpeté :& lors incontinent & à l'in (tant, vous faudra
interrompre fon tel penfement, en luy donnant deux ou trois coups de
l'efperon contraire au cofté duquel il remue plus l'aureille, & à chacune
fois qu'il y retournera,vous luy ferez le femblable,8e fi vous eftiez
en campagne il viendroit bien à propos à l'inftant que vous luy donnez
le coup de l'efperon le chaftier enfemblemen t d'vne voix horrible,
& encorene feroit-il pasmauuais de luy bailler vnc (fi*jjrenade) tour
de bride fut l'vne des emboucheures.
5i le cheual eftoit fort mating, Si me laiffoit pas de pomfuyure Ces

FED. GRISON LIVRE III %
Sefferns & malices poorpenfees , alors ilferoit befoing de le chaftier,
nonfeulementaaecvoixhotribIc&grands coups d'elperon, mais de
baftonnades entre les aareillcs:&bien que fà gloire & fa malice foit fi
grande, qu'il ne laide pour tel chaßiement rouGours d'eftreviciemc.il
ne fandrapas neantmoios vous defefperer : car ie vous oie affeurer,
pourueu que vous ne vous laidiez point gaigner, que le chaftiant cou.
rageufement & à propos vne fois on deux de cette façon qu'il fe rendra.
fnbie

54- I L'ESC VIRI E DE
ture ducommencementil autaefté mal cheuauchc , de forte qu'il fe fera
rompu & tors !e col d'vn cofté, & l'aura dar de l'autre , & partant
pour le moindre defpit ou fafchcrie qu'on lay face, il ne daignera roller,
oubienkcheuaIcognoiftra!abeftife&fotife de foncheuaucheuc
qui aura peur de luy,& qui ne l'ofera battre ou chaftier quand il ne voudrapasvoker,
& partant le laiffera en fon opmiaftre fantafie,qui eft
vne grande occafion au cheual de s'obftiner 8c endurcir en (à mauuaiftié
: & combien que «vous puiffe dire diuers moyens de le corriger,
felon la diuerfité des caufes, desquelles procede ce vice, fi ne les vou$
vueil-ie pas icy deduire particulièrement, craignant vous mettre en
coQfiîfion,maisie vous diray feulement les moyés généraux pour öfter
au cheual toute creance &accoußumance de quelque occafion qu'elle
puiffe proceder : & pource que naturellement le cheual eft plus
prompt à voltet à gauche qu'à drotâe , il me femble qu'il vault donc
beaucoup mieux queie commence^ vous deduire comment il fe doit
bien corriger quand il a la creance à main droite.
Quand le cheualà la creance ou ce vice à main droiûe , vous faudra
aller en campagne où foit le gueret labouré de frais à feillons»
& là puis après marquer & (tamper deux tours ou ronds quafi tels
queceux queie vous aymonllrez & figurez parauant , & de la forte
queie vous monftreray Sifigureray tantoft.àc commençant à la main
droi&e, oùil a lacreance , vous ferez fus l'vn de ces tonds enuiron
trois tours an trot , & encore ne fonant peiopfee la lootte de l'autre
rond pareillement h main droiße, vous faudra faire auilï au trot trois
autres tours & puis après retournerez encore fur la rour,c du premier
rond , & y ferez encore autan c de tours comme vous E (les au
commencement,&continuerezamfimfquesàce qu'il vous fèmblera
queie cheual foit allez prompt de cefte main. Et notez que ces fix
tours (quifonttroisfiir chacun rond) s'appelleront vne volte entiere
à maindroiôe^ellementquefèptvoltes & demie (qui font quarante
cinq tours ( ou neuf volte s & demie ( qui font cinquante fept touts)
fera nombre conqenablepour tout cheual de grand haleine qui fera
vne telle faute.
Etapres que vous aurez acheué vos touts, vous en irez au trot pat
vn droit chemin auffi long qu'eft la courfc d'vneiufte carriere OB peu
ou moins,ou comme eft vne iuftepaffade, & au bout vous arrefterez
auecqneslespofàdes, & puis le careiferez vne piece luypaflànt la main
patdeffuslecol : maisauQifàifànttoutes ces choies & celles queie
vous diray encore cy aptes , faudra que vous teniez toufiourslarcfne
droiâe plus coutte que l'autre, Se puis après qu'il fera arrefte & repofé,vous
ferez mettre vn homme au deuant de luy,tenant vne baguette
«nia main »56 tocs vous tournee« le poing de la bride pour luy fàirt

FED. GtUSON. LIVRE III. #
prendre la volte droide, &ccluy qui fera deuant luyauec la Cagnette
, lors lay en donnera fur le muffle du codé gauche deux on trois
coups»Siiufquesàcequ'ilfetournene cclTcra de l'en frapper, fai&nt
toufiours cependant cçmouuemcnt& fon delalangue qu'on a accouftumè
de faire aux voltes quand on le manie : & de peut que le cheual
alors ne fe dreiïe , aucunefois ceftuy-là luy donnera de la baguette fut
les bras, Se le trauaillant & moleftant de cette façon vous verrez qu'à la
fin il Ce volterà : mais audi toft qu'il aura prias la volte, il le vous faudra
careflèr en cheminant iufqu'au bout des ronds au lieu dont vous e ftes
party, & apres que vous ferez là arrefté, il y aura ièmblablement vn aa -
ire homme auec la baguette en la main , lequel cependant que vous
cflùrcèrez lors de luy faire prendre la volte pareillement à main droite
: le menacera, ou le battra de la bagùette au codé gauchadu muffle,
comme il fit au commencement :&s'il eft dur & mal-aifé à fe volter, à
fin qu'il y vienneplusailement, à chacun bout de la carriere après qu'il
aura ppfé, vous luy ferez faire enairon deux pas en arrière, & foudain
luy ferez prendre la volteimais aptes qu'il l'entendra & la prendra bien,
il ne fera plus befoing de luy faire faire ces pas , pource que ce luy
feroitoccafion de tomber en defordre, & de faire les voltes du tout
abandonnées & trop eDeuees fur les hanches : mais cheminant ainfi 52
le faiûnt volrerpeu plus peu moins de fept fois , il fera vaincu , tellement
que le maniant de cefte façon trois ou quatre iours enfuiuant,
vous le trouuerez à la fin bien corrigé de ce vice & conferme en Va
bonté.
Et notez que fi la creance n'eft fort grande , Si fi le cheual n'a
le col dur d'vn coftc , & mol & rompu de l'autre, quand àlafin de*
tonds fortant il aura cheminé au trot par la raye de droit en droit,
alorsjapres qu'il aura voké à droite , Se il retour nera au trot vers
l'empreinte des tours ou ronds , ilferoit encor bon quand il fera à ce
bout là le faire volter à main gauche , & l'antre fois qu'il arrivera
à l'autre bout, vous le pourriez bien faire volter à droióte , auec le
fecoursdela langue , & ce cbeftiement de baguette de celuy qui eft
au deuant de luy , ainfi continuer de mefme ordre , & à la fin vous le
pourriez arrefter vers les ronds , afin que la derniere volte, ne plus ne
moins que la premiere fe fift à main droiäe. Et puis après quand
le cheual arriuera à peine ou force vers celuy qui tiendra la baguette
deuant luy , fe voyant feulement menacer, Se oyant ce mou.
ueme'nt delangue encore qu'on ne luy touche point , neantmoins
fe volterà. Et alors (ans ce qu'il y ait plus perfonne auec baguette
au deuant de luy , toutes les fois qu'on luy abaiiïera la baguette
à main gauche & qu'on luy fera ce mouuement de langue , il prendra
bien aifement les voltes. Mais aduifez que celuy quife mettra

96 I/E CTI RIE DE
ainfi auec lai baguette au'deuant de lay, foit auflìaccorr & experimenté
comme celuy quilecheuauche:carilgiftgrandeprudence& experienced
bien fçauoir menacer le cheual,& à le fiapper en temps & en lieu
commode,& à la fecourit de la langue & d'autre ayde en laifon,&de
fuir tant qu'il eft poflible de luy donner coup fur (e muffle.
Stampe, im. Qi icy cnfiiioant eft la ftampe & la figure des tours 5c ronds defc
F'"" » quels ie vous ay n'aguieres parle', laquelle eft bien peu différente à eelle
que ie vous ay baillee parauant, pource qu'elle contient le circuit en
tout rond enairon deux cens paulmes : mais par cefte figure fuiuante 8c
par les mots qui y font eferits & parce que ie vous ay défia dit & ie vous
diray encorecyapres.vonsapprendrez plusaifcmentla forme qui luy
fera propre,aux tours qu'il faudra faire deiTus.
Ces fix

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xcj L'ESCTIRIE DE
Ces fix toarsì main droictequi (but trois de chacun colte ne feront
t^u'vnç feule volte : & faut noter que fi lecheual a la creanceà main
gauche, vous le faudra faire commencer à l'autre rond, & femblableroen
t luy changer de main de trois en trois toursje voJ tant neantmoins
àia meimemain Srdedroitee droitallet parer, & après qu'il aura paté
(aififi comme à la creance i main droicte) alors qu'il volte, le faudra
chaftierdelabûguetceaucoftccontraire.c'eftàdiredu colte droidt du
n)uffîe,(qiiieft!ecorté conrraiceà celuy duquel il tient la creance) le
-faire frapper de la bag jette par celt .homme à pied qui fera droidt de-
.Dant luy,tellement que vous vferez des mefmesfaçons Scordonnances
dont vous aydaftes „po_-r ccuiger la creance de main droidte : car ce
.mefembleiùperfluité de vous-ledechiffier plus amplement parle menu,
& repeter encore tant defoisce que vous pouuez de vous mef-
•mesaifément toufiours entendre.
Et afin que vous pirfficz rendre compte pourquoy aux premiers
-tonds qv-eie vousay figurez au fécond liure , quatre tours font vne
volte, & à ceux-cyii faut fix touts pour chacune voîte , ievousaduife
quecefte en clHaraiion. Q,uand vous faites trois'tours à chacun cofté,
ii au fecon^our vous changiez de main, il ne feroit pasacheuc,aios à
ce fécond vous manqueroit pour clorre la volte vn peu moins delà
moitié, 8c partant vous faut il fournir cefte moitié, & au tiers charger
de main : & combien qu'au troificimeioute la volte ne (oit dote, il n'y
a point de danger pour cela, car les deux tours furent clos parfait emenc
•& iuftesjainfi comme furent toufiours parfaits & iuftes les premiers.
Et pourcè qu'il y a deux fortes de voiras ,1'vne eft la volte large des
.i:onds,l'autre eft la volte cftjtoictedu maniement, tant à paiîades comme
de ferme en ferme, il m'a femblc bon de vous dire , afin que vous
foyezbieninftruk & fans voftre conffiuon,que felon ce que ie vous ay
ditparauant, &queievcusdymaintenant, & vous diray encore ty
après de ce mot,volte,ainfi cognoiftrez vous.quand ie parle de l'vne ou
xiel'autre.c'eft à fçauoir, ou des demies voltes,des paiîades que Ion ap*
pelle voltes fimples,ou dès voltes redoublées, ou bien des voltes quife
font aux ronds.
Aufiirplusievous aduerty, que ces reigles ne fe doyuent pas prendre
^l'extrémité & àpiedleuércar fi vous rencontriez vn cheual fafcheux
& dur h quelque tourjors il ferait bon retourner quatre ou cinq
fois àia mefmc main>& par la mefme routte,& plus ou moins felon que
befoing en fera.
Encore fe pourroit bien corriger lecheual de fa creance fans ces
tours , delàfaçonqueievousvoisdire.Vousfiiudraallerenlacampagne
en vn chemin lo ng,qui des deux coftez foit renclos des hayes ou de
murs, & là ne fàudtoit pas monter defies le cheual, mais luy adiufter les
refnes fur le col auec le bouton abbaiffé, & puis après s'il a la creanceà
main dioi&e, vous luy lierez vn bout d'vne laniere forme en guife de

FED. ORISON. LIVRE III. $9
courroyeàl'ail droit du mors,auquel on luy merla faul fé re/ne droitte
au commencement qu'en le cheuauche:& l'autre bout ì la furtângle
du mefme cofté,& faites qu'il Ibit bien tiré , afin que le cheual vienne
aifemcBt àie plier auec le col,& puis après le laiflani feul , vous mettrez
au deuan t de luy auec vne baguette en la main , & vn a- tre fe met-,
ira pareillement dernere luy auec vne autre baguette.&premierement
vous qui ierezdeuant , luy baillerez vn coup de baguette lur le cofté
ganc he du muffle>& incontinent il volteraà droi&e, & à chacune fois
qu'il tour nera le nez vers celny qui fera dernere,il luy b-illera fembla1- b'emen: vn coup de baguette fut le coftè gauche du muffle, & audi lé
trs nailkrez.- vous v ne piece : dont il aduundra que puis après fans autre
iecours de baguette il volterà de loy mefme promptement poutlacraintedes
coups qu'il aura rectus , tenement que peu à peu de foy
melme il iechaltiera, fe voltant puis après bien âifemeni& fans contrainte
du cofié du quel parauaut il ne le vouloit pas volt er.
. Mais aufii notez que toutes fois 5c quantes que frappez le cheual fur
le mufflede la baguette, iMuy &ut entembîtmentdonner le iecours dé
k langue aueccemouuement & ce (on queie vous ay dit, & encor que
vous ne Ten frappiez,neantmoins iufques h ce qu'il ie vohe de Ion boa
gré,nefaut pas que ce feco ars lu y.defilile, afin qu'il s'accouftume tellement
à cela,que pnisapres toutes les fois qu'il orra cefon de langneil fs
tourne en voltant gaillardemét, fans luy doner autre fecours ne faueur.
Et fi ie cheual en faifan tees voltes fe laifloit tomber de fortune, n'en
faires point autre compte,mais lelaiflez tomber tan t qu'il voudra, cat
il fe releuera de luy mdmes , & s'en trouueraà la fin mieux correét Sichaftié.
Puis après quand vous app^rceurez qu'il fera vn peu las, vous
luy deftacherez ce baut de laniere ouceurroye quitti oit attaché àlâ
furfangies& puh monterez defius, & en cheminant au trot tiendrez ce
bout de la main droid e,&au bout d'enuiron cinquate paulmes vous ar»
refterez:S: lors, tout amfi que ie vousay ditenhreigledes tours,&ites
qu'vn h om me a pied fe mette deuant luy au ec vne Baguette en lamain^.
quile menace du colie gauche dumuffle,& n'y aura pas grand danger
qu'il luy baille encore là quelque coup de baguette iulques à ce qu'il
fe voUe,&alors vous !uy donnerez vn peu de fecours en luy tirant ceite
laniere ou courroye qui TOUS feruira de fau ffe reine: & ne vous oubliez
pas auffi en luy donnan t la volte de faire ces mouuements & ions de la
languequeie vousay dit parauant,& à ce moyen il (e volterà. Et chemiran
t en suant iufqiits aniieu dont vous gamfles, vous arre Aérez là
vne autre fbis,& puis volterez pareillement à main droióteauec lemeA
tnechaftiement d'vnautre,quife viendra mettre au deuanideîuyauae
la baguetterou bien s.'il n'y auoit perfonne deuat luy,vous le ferez vous
mdaies volta-a^auciic , &aitiuéàl'auttebout ducommencemeûS
N ij.

mo L'ECVIRIE DE
tout ainfi que vous lay aurez défia fait, vous le volterez àmain droiâe,
& lefccourerez vousmefmes, &celuy quifera deuant luy auec la baguette.
Et notez que par trois foisfèulem eut il le faudra ayder auec la
taulfe refne,& puisapresluyofterxarpourlefàirevolter , fuiEtafeulement
la crainte de la baguette que tiendra celuy quifera deuant luy:
& àia fin fans ce qu'il y ait perfonne deuant luy , toutesfois quevous
qui le cheuauchetez, encore vous luy monftrerez toufiours voftre baguette
du codé contraire, &I*aydercz toufiours de lalangue , en luy
tirant & tenant la refne droidre plus courte que l'autre ilfè volterà
promptement Se fans difficulté.
Quand le cheual a la creance à main gauche, il vous faudra femblablement
liervn bout de laniere oucourroye àl'ceilde ( Pincaflatura )
Ventrailleureou emboiture de la bride , c'cft à dire au lieu où on a de
couflume de mettre la faulfe refne au pou Iain, & attacherez femblablement
l'autre bout à la fudàng!e,vfànr de la melme maniere que ie vous
ây dit parauant ä la creance de maindroidte, Scconformementà toutes
ces ordonnances le vous faudra toufiours egallement corriger,
changeant feulement la main , ou le codé duquel il luy faudra donnée
le chaftiement ou lefecours.
Quelques cheuaucheursencorefimples&peu experts,fë pourroient
bien trouuerauffi mettant au cheual vn petit licol feulement auec la
corde qui luy peodedu cofté duquel il ne le Veut point voltet:& quand
ilfera refitîance detourner de ce cofté là, vn'homme à pied qui tiendra
ceboutdecorde, la tirant le fera volter. Et fe doit mettre ceftecorde
dedans le nœud ou l'anneau du licol ou cheueftre, de forte que la tirant
il s'eftreigne,& que la lafehant il s'eflargitie, Si lors le cheualier ou cheuaucheur
quifera deffus le cheual lay aydera pareillement delà langue,afin
que prenant cette accouftuœance oyant feulement le fon de la
langue ûnsautremenf tirer la corde il volte ainfi que l'os voudra.
On luypourroit bien encore mettre vne petite corde longue d'en,
uiron fix paulmes, vn bout de laquelle feroit attaché àî l'œil du mors où
s'attache la teftiere,du cofté contraire à celuy duquel il a la creance, &
puis faudroit luy faire paßer cette cordelle entre la leure de de flous &
îc-s genciues de là façon queie vous ay dit parauant pour corriger le
cheual qui fait chiomazuoles,& fe boit le mors , mais il ne fiudra pas
nouer l'autre bout à l'autre œil , ains le palier par dedans , & puis la
tirer' tant que le cheual pourra fbuffrir , ou tant qu'il deura fuffitc,i
ce qu'elle neluy forte de labouche , 8c fans luy donner tour à
l'entour du fer feulement faudra faire) vn nœud àia corde auprès de
l'œil du mors, de peur qu'elle ne felafche trop , Se puis le cheualier
ou cheuaucheur montédefTus le cheual , tenant ce bout de corde
en la main en guife defiuiïe refne, à chacune fois qu'il tirera , iç

FED. GRISON. LIVRE III. ©it
cheûal fetàcontraint de Ce v olter, & neantmoins nefiudr» iamais onl>!ietdelaydoimerCRCoreenfemblcment
le fecours delà langue. Et
pourceque Iâ : cordelJc èn la tenant longuement pourroit offenfet la
raain,ievousauife qu'on la lay pourroit bien bailler longuefeuleroent,
d'autant qu'il enûudta d'vn œil du mors en paiïant dedans la bouche
iufques à l'autreœil, & aû bout qui fort de ceft autre csil vous pourrez
liétvnefaafierefnedécuir. ^
Encore y a-ilbcaucotfp de bons cheualiers qui corrigent la creance
-auecartifices defer : carles vnsfb'nr faire exprés des mors, iefquels ont
dedans la bemehe ducheualfvnemoitiéoouréed'vnefaçon, & l'autre
"moitié d'vncautre : & du cofté de la creance mettent la moitié la plus
gaillarde, afin que le cheual fe volte plus promptement du cofté duquel
la bride l'ofîènfc le plus: mais cela me femble faux & fans vray
fondement, tellement quepourplufieurs raifons queie vous pourrois
dite ie le vous defens expreffement,pource que pour quelque occafi on
que procédait la creance, ceh neviendroit pas bien àpropos:caril faoc
toufiours maintenir la bouche du cheual en faueur,8c eftbefoing quç
le mors luy foitiu&e , & qu'il nele preiTe point plus d'vn ccfté que
d'autre : ioinâ: auffi que fi vn tel mors luy feifoitt perdre la creance d'vn
-Coftc, il la lay fero it aifeemen t perdre de l'autre co Aé, & fans cela en*
.cores ne viendroitiliuftenedecolnedebouche, & luyfaudroit bien
tenir la main toufiourspreÊe & legere , & finalement fans fon naturel
*PPUY, ilne viendroit iamais ny égal neiufle aux voltes doubles. Et fi
d'auentutevn tel mors en quelque cheual particulier faifoit qu elque
Boneffèót, cela ne viendroit pas de la qualité du mors, mais de la bonne
nature du cheual. Toutesfois ie vous aduifé qu'il y pourroit auoic
exception en la fcace clofe ou (fverutu ) coudée & ouueite de quelque
forte qu'elle fdit ou qu'elle puifle eftre.Car au cheual qui a creance oti
qui va auec le muffle tors, fe pourroit bien faire en la fcace, feulement
du cofté de la creance vn pourfil releué de la façon qneie vous aydiâ
en vous difcourantdes mors de bride : car le cheual fe fenrant preflé
de ée cofté , pourra perdre ce vice fansperdre lafeuretédefon appuy:
& cela luy profitera beaucoup pour le faire aller iufte & égal comme
il appartient : &pource qu'on me pourroit dire que pour les mcfmes
'raif ons on deuroic pour corriger ce vice vfer d'vn mors auec deux melons
doux & ronds,ënl'vn defquels du cofté delà creance fuft proprement
entaillé vn anneau au milieu du melon : neantmoins ievous dy
pour refblutiô que de tel melon annelé vousne vous deuez feruir aucunement,
pource qu'il odenfe plus Femboocheure que ne fait la fcace
auec fon ponrfil:& encore qu'il luy fenrift pourceft e#e&,G luy feroit- il
puis apres gtad deftourbier des autres vertus neccflàires, toutesfois qui
o'auroit que ce fealTcfpeâ^on vpourroit bien ttoauerauancement.
Niij

io» .L'È evi RIE DE
Si tecbcual àia eteaa^a dtoiéteou à gauche onluy pourtian®
mettre du raefme codile crochet auquel s'accrochela^Raille de la gour
m ette,ce crocbeteft appellò des )& faudrbic qu'au derrière
de ce crochet y eutt deux petites pointesaigues en façon de deux
ergozdecoq :carfè(entantlecheualpuisapresDOÌDdrc en la barbe de
ce cottela près de]la bouche, aifé ment ilfe volterà. Et au commencement
pour luy monftrer feulement le chemin de Invoke , & racheminer
à ce qu'il doit faire, il neferoitpas mauuaisde l'ayder deux ou trois
foisauecla fauiï'e refne. Auûi pourroit-on bien^au nœud de cefte,S, qui
fouftient ce crochet, pareillementfairedeuxpointespar en haut du
co Aé qui s'attache à l'ceil du mors, de forte que ces pointes le poindront
en haut vers le coing de la bouche & non pas fi bas vers la barbe
comme feront les pointes du crochet:& par fois iladoiendra que queî-
. que cheualfê corrigera plufloft luy mettant ces pointes de l'autre cotte
xia muffle^cqmbien qu'il foit plus naturelSe plus àpropos de les mettre
ducoftéduquelilne ie volte volontiers, comme ie vous ay dit parauant.
Encore lay profitera beaucoup »au lieu deces pointes de crochet &
ceft S.luy.mettre deux ou trois petits clouzqui ferontfichez en lateûiere
dedans !e por te-m ors,de forte que les pointes feront dedans, 5c
les teftes dehors. Ceft expedient pareillement eft bon à vn cheual qui
porte Ja tette ou le muffle torsJ& alors en faudra de la façon que ie vous*
diray : & b ien que ie vous en aye amplement parle parauam, fi vientil
maintenant à propos de vous en dire ce peu de paroles, & puis après
ie vous declareray. vn beau fecret pour faire perdre au cheual toute
creance Sîmauuaifèaccouûumance.
Quand le cheual porte le muffle tors, lors vous luy mettrqpces trois
peats clouz de dedans le porte-mors,& en ficherez encores trois autres
dedanslamuferolîe,& fi nonobftant celail porte encore toute la tefte
torfe, outre ces petits çlouz que vousaurez fichez h ce cott 6 de portemors
& à la mufuçolle.vous en mertrczencore trois àia tettieremeantmoinsaduifez
que file vice n'ett point trop grand, fuffiroientfeulemet
ceux que vous autfz mis en îamuferclîe,auec les trois autres de latefiitre:maisfi
le cheual ettoit enuieilli en ce vice , il auroit befbingde
tous enfemble, &plus eu moins felon que vous verrez que mtttier en
fèra.Et afin que pedonnene s'enaduifaft.ilieruiibondtantlatefliere
double, gc pareillementJa muferolle,de.les defcoudre,&: au fecoad cuir
de defious attacher ces petits clduz de la façon que ievousay dit,&p.ui$
les faire recoudre comme elles eftoient parauant, tellement que les,
pointes viendront picquer la chair & les makhoii es du cheual,& les telles
feront couuertes du cuir de defluì latefliere : ou bien ces petits
douz/e^ouitoyent ficher dedans voe petite lame de fer aum large

FED. GRISON. LIVRE III.
que la tcftiere,fous laquelle cette lame feroit attachée du co (té duquel
vous le voudrez chaftier, 8c cela feroit de plus grand chaftiemenT,& luy
faudra faire porter ces clous enuiron dix iours, & les luy oftant puis apresà
raifon des efcorcheures qu'ils auront fai&es en laiouê,& enuiton
les mafchoires du chcual.il demeureratouiîoursen crainte, & ira
tourner du codé meftne, comme s'ils y eftoyent encore: & y a des chenaux
aufquels mettant ces clouz du mefmecofté de la te£Here duquel
ils vont tors & tournez, ils (eruiroyent pour les faire aller iuAe-Encore
aucheual tordant le muffle Ce poti rroyent bien bailler le ( gutneett»)
crochrtaueccefte^^dontievousay parléparauat,&iaqaelje feule luy
pourroit encore beaucoup profiter.
Mais gardez de vous abufer : car toutes ceschofès bien fbuuent ne
fufEi ont pas pour le corriger de fon vice, ains fera befoiug aucc tout cela
adioufter l'ordre &ladifciplicreque« vous a y parauanr diAe. Car
encore que la difciplmefuft toute feule^esntmoins ii elle luy eft bien
donnée en temps & % propos, elle fera défi grande vertu, quemefmes
iàns U ïêcovcs de tous tels artifices elle pourra faire al'er Je cheual
droit&iufte: commeaufliparmefmcmoyen on luy pourra faire perdre
la errante de la forme queie vous ay ia dir, & vous diray encore cy
aptes (ans le petit licol, fans la cordelle, fans le (gHancettt) crocher,fans
lesclouzaifémentôc parauecture en vneheure : mais de toutes ces
formes & artifices pourra bien faire fon profit le cheualier ou cheoaucheur
qui n'a pas feur iugement pour la temperature de la main, & qui
ne fefçait refoudre en ce quieft propre au cheual pour fon chaftiement.
Et pourcc-qu'il fetrouuera quelque cheual lequel du commencementiufquesà
la fin defàdifeipline aura toufiours torslemuffleSc
le col,auquel vice par la faute Se negligence de fon cheuaucheur n'aura
iamais efté poerueu, tellement qu'il aura fait fon col tors & plié com-
•me vn arc d'vacofté, Sidur'Sc entier deHutre, faifant monftred'eftre
•né ainû contrefait. Partant ie vous dy qu'il faudra à tel cheual vferauec
•grandfoin tous ces moyens & formes d'artifices en temps 3c lieu , 8e
auec mefure & proportion conuenables : & outre tout cela il lay fera"
bon pour quelques iours du colte duquel il fera durjuy attacher vn
bout de laniere ou courroyeaumors ou bien à l'œil de (l'mcaftatur*)
l'entailleure ou emboiteure,ou à la mulerolle que lors vous luy
mettrez & non h celle qui tient ordinairement à la tefHere, & l'aptrc
bout à la farfangle comme ie vousay dit par-auantën la reigle de lai
correétion de la creance le faire diacune- fois ea celie torre ar^
refter vn long efpacede temps}& encore pour quelques ieurs on le
pourroit cheuaucher encore toufîours , puis après auec la lanie?.
te ou courroye plus fort tirée ,& encore protiteroit.il toufiours.

10+ L'ECVIRIE DE.
bien ^Iusde luy mettrelelieol.&femblablçmeBt da coflé^uqtielileft
'dur Jùylier yn des bouts.Et notez enççre qnejufques à ce qu'il fera iafie
nere faudracheuaucher qued'vne mainfeulemcorà faudrajmS que
fon çheuaucheurfoit homme bien inftruir en celie difciplÌDe, pource
que la variant il rendroit fon vice incurable : toutesfois ie vous dy derechef
que le cheuaucheurfondé en bonne doärine fans tout cela foy
eftera}& ceûuy-cy & tout autre vice auec les ordonnances & lesregies
qaeie vousay dit & vous diray encore,& auec le bon diicoursdu maiftrequil'enfeigne.
Etauicntaucunesfoisaucheua! quia ce vice & che^
mine auec le col tors, que luy retournant les crins de l'autre part de.luymefme
peu à peu feredrefFe)&principalement le corrigeant à temps
aueclamaindelabrîde.ouauecl'efperon^infi queie vousay raconté
au 65.70.71.71.73.8; 74.fueillets & autres.
il y a beaucoup de fecrets merueilleux,lefquels'en difcourant de p&^
roles (êmblent de peu d importance : mais après qu'on a cogpu l'eôed:
& l'ifluc, on en fait bien fort grand compte. C'eftcpqui roe donne le
courage de vous dire maintenant vne choie, & vn moyen bien feur
pour dompter & vaincre tout cheual , & le faite promptement vol: er
endefpitde luy de quelque cofic qu'il vous plaira : toutesfois fuis-ie
bien certain qu'à p'.uficurs hommes de ce monde l'effiiiâ en. femblera.
du tout contraire en l?oyanr,&d'auçant plus qu'ils auront moins de di£
cours & d'cxperience, dequoy iene fais pas grand compte, affeuré que
plufîenrs bons cheualiers & cheuaucheurs, de bons diicours cognoifiront
par experience la vérité du fecret que ie voys dire.
Vous feudra aller en U campagne 011 il y ait gueret profond & mol,
& là vous ferez toutesvos ordonnances maniant le cheual à pafiàdes
au trot ou au galop,mais il vaudroit mieux commécer aux paiïades, aux
pas ,puis après le connnuet au trot.Et quand vous verrez qu'rlfeia difficulté
de volter d'vn cofté & qu'i ls'en deffèndra, alors vous luy ferez
demonftrationdvnegrandeferocitégaueAroix haute & cris horribles
Ip menaçant & le battant d'vnbafton entre les aureilles & de tous les
cbçyx-coiiez de la tefte, & plus du cofté duquel il fe volte plus volontiets
,oudelapactquevousxognoifttezqu'il vous fer* plus facile àie
chal.tier)lerequerant& femondant fouuent defe volter:& 6pour tout
cela il ne fait com pte de volter du cofi èque voys voudrez , lors vous
kpicqucrez & luy tirant & fècouant la bride le ferez cheminer à tors
&àtraucrs. 01 au trot, or au galop, or à la courie, de droit en droit,
«u par les tcutsau rend, &ferezl'vn ou Vautre, & Tvn & l'autre plus
eu moins Idcn qu'il vous fembiera plus propre à le dompter & vaincre
/à malke.fans luy donner repos , &fans ordre ne rdpeô le travail»
lerez & molefterez en cefte façon-pour le chaflier & le vainc: e. Et
s'ilp t enoit le ft ein aux dçms eu s'appelantifioit fui la bride & fuycit

FED. GRISON. LIVRE III. tof
à la defefpdtade , ne vous eft on nez pas pour cela, ainsle trauaillezße
chadieztant plus fort auec voix hautes & cris horribles, & puis l'arreftantenceftccolere,effbrcezvousvneauttefoisdelefiire
voiter , &
s'il ne fe vent voltet recommencez encore à le tourmenter & trauaik
let demefme forte, & ne cetïez point de le chattier & molefter cour»,
geotement iutques à ce qu'il fe redùifeà bien taire,& à fe tourner du cofle'que
vous v"oudrez:& quand il s'y fera volté, lors levous faudra manier
vne piece à pa{Iades,au trot ou au galop, aioli qu'il vous fembiera
k meilleur : & pour luy öfter l'enuie & l'opportunité de fe dreflèr de*
bout fu r les iam bes de derrière, encore qu'il en euft deiefperee volonté
faudra avant qu'il vienne à defordonner & dereigler ainfi defefperémert,
d'heure à autre k battre de la baguette fur le deuant des brasi
mais auffi quand il viendra à recognoiftre (a faute , & à faire les volte»
hbresà toutes mains & (ans tcfiâance, vous defifterez incontinent de
le manier & toprmerittr en celle furie,& lecarefîerez de vcix.de main,
& de repos, le pourmenant au périt pas : & toutes les fois qu'il retoarnera
à fa-.re iemblab'e dçfordre, vous recommencerez femblablemenc
àfechaftiertudement commedeoant^ vouspouuez teniraflèuréque
par ce moyen il fe chaftierade forte que puisapres venant à le cheuaucher
vous le trouuerez hors de ce vice, & plus prompt à fe tourner de
cecoftéquede Viiiire : mais audi faites reiolution de ne partir de là
du matin au foir iniques à ce qu'il ioit-vaincu : car ce le toit grande faute
delelaiiïer obftioéen fon deiordre, combien qu'il pourra aduenir
qu'en moins d'vne heure il fe rendra & abandonnera à voftre volonté,
& fe volterà miilè fois de chacun cofté. Ceftuy eftl'vndes fouuerains
remedes pour ofterau cheuai toute creance,en vfant toutesfeis à temp»
& lieu comme il appartient. Et en cecy ne vous doit lemblet qu'il y ait
aucune comradidlion deparoles,carle defordre^faità temps eft le plus
grand ordre dumonde : &ne pentez pointque le cheuai f'en oublie:
rar il craindra puis après fi fort fon cheuaucheur, que s'il le vouloir»
meure au feu il ne craindra point d'y entrer. Mais auffi donnez vous
bien gar ie quand il Ycusrefpondra à propostele plus battre ou tourmenter
en aucune maniere , ains en le faifant cheminer&pourmener
a fleurez le toufiours de la baguette ,& pl*s for t de et cofté duquelje
chaftiemët futplusrude, commeievousdiraycyapresplusamplemêt.
Eflcore vous vutil^ie dire vn autre moyen qui n'eft pas moins a eftimet
que le precede nt, 5c qui peut beaucoup profiter. Quand le cheuai
fait difficulté de fe volter d'vn cofté , ou le volte plus volontiers dyne
màin que de l'autre , incontinent après que vous l'aurez moieftc&
conuiéde fe volter du cofté duquel il t ft dur & fuit la volte, il le
vous faüdypo tir vn temps laifîèr volter auec vne grandiftme futie àa
coftèduquel il (evolte volontierst: fans defenfecucontrainte, & ce
O

IO* L'ECVIRIE DE
• pendant voas ne ceflercz point de le teurmenter de la v«x 8z de la
baguette entre lesaureilles.ôcfurla. tefte, mefmes dncofté duquel il eft
-darà fe voi ter ,& d'vnscoarìnuellehaleincle ferez tant voltet dece

FED. GRISON. LIVRE III. $07
tfe rétifs la pire eft celle qui procede de poltronnerie , & de pen de
cœur & de force.Combien qu'il v ait encoi e d'auttes cheuaux non feu»
Icment gaillards de nature, mais audi rebours & farouches & de deux
volontez,lefquels penfen t toufiours à reûfter & fe deffendre, & ceuxlà
font encore pires que tout les autres.
Quand le cheual rétif à faute de coeur & de force , il le vous fào-'
dracheuaucher en vn long chemin, ferme par les coftez de murs ou de
hautes hayes, 5c vous mettre à l'vn des bouts & faire mettre derrière le
cheual quelques hommes auec des baguettes ou baftons, Se des autres
auec de pierres en la main,& quand il ne voudra pas aller auant, ou au
pas,ouau trot*ou au ga!op,incontinent ces hommes qui ierom derrière
luy donneront baftonnades & coups de pierres fur lesiambes)ô6 fut
lesiarrets, &nccelIerontdecner&le menacer rudement à haute Se
horrible voix,& vous qui terez monté delTus, demeurerez coy,& vous
ne direz pas vn feu! roôt:mais eux tant que le cheual perfeuerera en fon
cblìinacioB>& ne voudra francliemcntaller auant ne fineront de crier
& le menacer, &; le tourmenter auec imperuoficéSi furie grande,eoi#
maniere que ie vous ay didte. Neantmoins quand il ie rendra & fers
vaincu & pillera aliane auant, tous ces hommes à l'inftantfe tairont Se
cefferoBtdeietourmenter.&vous qui lecheuaucherez commencerez
à le carefîer fur le col, & ainiî allant & venant vous paiîerez le long de
cediemin enuiion huict fois, 6e puis dekédrez de cheual doucement,
ou bien vous-en irez au petit pas iniques à la maiibn : & pour quelques
ioursiufqu , icequ , ilfoitdutoutf;ancàch-emiiier& aller auant, vous
luy continuerez ceâe difeipline, lech#(liant de celle façon à chacune
fois qu'ilferaleretif '.Etdeuez fçauoirccfte reigle comme certaine &
bien experimentee : & au moyen de laquelle tout cheual redF deuieadra
franc & de bonne vo'onçé.
Et notez que cela melme fe pourroit faire non feulement en vne
ruè longueSe clolc des deux co liez, mais audi en vne campagne grande
& large ou en vn gueret, mais le rraoail des hommes à pied ieroit
• bien grand, pource que fuyant le cheual à trauers champs & s'eiïargiJ>
iant de part ou d'autre pour la liberté de l'eipace, ils fe lafleroyent bien
pluftoft,&auroyentbeaucoup plus de peine à Icfuiurepour le chafiier.
Encore y a il des cheuaux, lesquels outre ce qu'ils ne veulent point
allerauant,encore iontils tantobflmez quêtant plus vous les toarmetez,
& plus ils reculent en aniete : & parta nt ie vous aduerty que combien
que le cheual ait ce vice, neantmoins il ne vous faut paslaiffer de
le chattier en la maniere queie vous ay dióte, renforçant toufiours
d'hommes,de pierres , &debaftonsplusfamalice&obftinationfera
gtande:& encore fetoivil bon de le faire vokeîaucuBefois du cofté di>
Oij

io? L'ECVÏRIE DE
quelîl recule, & fait femblantd? vouloir aller & l'y faire fnrieufement
cheminér au galop furieux & eftroit l'efpaced'vne carriere, le menaçât
toùfiours de la voix,& le battant entre les »ureilles & fur la tefte:5r puis
fcvolterdcrechefverslecoftéauq !e! il refa fera d'aller, &le forcer de
paffer auant, le corrigeant !orsdelà parole & de la voix pins que da
bafton,& s'il chemine.lorsvous taikm le carefferez, & àia 6nil fèrenâfa.Sc
obéira fearement à voftre volonté, cognoiflànt clairement qu'il
aura ed beaucoup moindre fifcherie à cheminer auant auecques care£
fes, qa'às'arreder obftincmenc, ou recoller en artiere , & àcourir &
griopper auecques tant de coups & baftonnades.
Etfi d'auentureil perfiftoit encore en fa malice, & ne vouloir cheminer
, vousluy pourriez faire fai e vne demie volte* & incontinent
itères , lay tirant la bride le faire reculer en arriéré muiron dix pas,
àneclaplus grande furie qu'il iera poQible,& puis le faire volcer luy
tournant la tette, du co (té duquel il la tenoit premièrement, & ou il ne
vouloir pas paffer aaant, & le femondre de cheminer : & ce à moyen il
adnient iouuent que le cheual s achemine à bien faire.
Et afin que plus aifément vous le puitfiezdu tout corriger de fà malice,
outre toutes ces reigIes>vous luy pourriez encores lier vne corde
iu tronc de la quevë l'entortillant au tour de ce tronc commes'entoctillelerubam
outroufle queue quand vous le cheuauchez Se lalaifTer
pendre & traîner h terre enniron la longueur de fix pas. Puis après
Vous fa udra pareil'ement cheuaucherle cheual par le mefme chemin
& vous efforcer dele fiire aller auant au pas , au trot, ou au galop ,ea
l'efpace en laquelle il aura accoaflumé de te deffendre Se l'arréfter le
plus fouiynt ; & s'il ne veut cheminer auant , ains fc recule en arriéré,
fotidain Vnhommeà pied prenne celle corde pendante Si la tire ea
arriéré vers luy: lors le cheual pour la crainte qu'il aura de ie faire ainfi
tirer en arriéré, patïera auant s'eflforcant d'ekhapper des mains de celuy
qui le tirera par derriere: & fi toft que le cheual ira auant, faudra foudain
que celuy qui tiendra ceflecorde la lafche,&lors le cheual Ce Tentant
cetraineau de corde à la queue, cheminera encore pluûoft : & à
chacunefois qu'il fe voudra ainfi deffendre & faire le rétif, cefi: homme
quilerfùyûra par derrière reprendra incontinent la corde & la tirera à
foy,5c incontinent qu'il commencera à cheminer auant, lalailiera. Si
pour plus forte corredtidn vous le ferez toufiours outtecela molclter
3e baftotis,de pierres, de menaifès Se de cris,comme ie vous ay dit parauânt.
} "Erceîardcsferuira^otir plus grande fearer; .-car en tirant cede cor-
"de, èlle fe nourroit biên deflacl er durtonede laqaeuëdu'chcual (co-
Ineaifcfcnét il peufädq^r.ir) äc s'en venirtoute^àceluy qoi la tire:prinp'alenaent
s'il tieT^iitljien faire l-edernier ncead delà corde aue< le

FED. GRIS ON LIVRE III. 109.
poil delà queue , ce qui ne fc peut bien dire & exprimer de paroles,
partanrlefaudfoitvoiràl'œiLErpource , pour afleuranccplusgrandc
àceluyquinefçaiiroitfairecenc£ud,m'afemblébonde vous aduercir,
qu'il faudra attacherle premier bout de la corde h la boucle de la felle
& laquelle Ion attache la croupiere, & puis après l'entortiller autour du
tronc delà queue ;&à ce moyen elle fera ferme & affeuree ûns jamais
je deflier pour force qu'on luy face en la tirant, & en viendra meilleur
& plus feur egèa.
Quand vouscogaoiflrez que le cheual fera rétif feulement h raifon
de/àgaillardifè^&parla&uteduchcuauciieur qui fbft cotiarc & euft
crainte do cheual: alors vous monté fus lu/irez en vn champ labouré
de frais. Si quin dea luy baillant û leçon il fera femblant de s'arrefter
& dene vouloir aller auant au pas, au trot, ou au galop, incontinent
qu'il s'arreftera, ou auec ruades ou/ans ruades , ou qu'il fera femblant
de s'arrefter comme ie vous ay dit en la rçigle precedente quftl vous
ftlleit tenir coy & vous taire , mamteaanttoutaucontrairevous faudra
le menacer & cri er après luyàhautc & horrible voix , fc luy donüer^aftonnades
fut la teite,& entre les aureilles Ôcïurle deuat des bras;
& combien qu'il face lors quelque femblant de ûuter ou fc ruer 5c
mettre de trauers, ou de (ëftiaatM&arrefter^defêccucher, alors tant
plus il s'efiàrceia de faire telles ou pareilles malices , tant plus vou;
«ut-ilrenforcer& redoubler vos menaces , cris &baÔonnades., &
pourletrauailler dauantage luy donner à. temps ea fodeles voites de
i'vnemain , & de l'autre, ou bien de celle delaquclle.il vous force le
plus: &à la 6a quand tls'aduifêraqu'ilne vous peur offenfer ne vaincre
ne de penfee ne d'efFeâ, il & rendra tellement fubie^tà vous qu'il
cheminerapuisapres de touslescoftcZy&toutainfîque vous voudie»,
& fe maniera fans aucun vice ou defotdre. Mais tout ainiî qu'à lauttfc
reigle , n'oubliez pas aoffiroft qu'ilferendra vaincu&Qbeiflant deiè
careiîetdela voix& délamainiurleeoi , & lefaitesaller au. longddu
champ enoii on dixfcisau,trot,&puis apresaugalop, & à la£n aa pe*
tit pas : & quand d retournera àia mauuaife & obftinee volonté , vous
rec

no ÎL'ECVIRIE DB
feulement de voix & de cris hauts & horribles, 8c auec tempérament
ics croiftre & dimiouerainfi qat ctoiftra àc diminoera (on obftinatiea
& û malice ,&d'autant plus que vous appetceorez pat la qualité de
fon poit& par autres Ggnes qu'il foit natureliement rebours & farou*
che ,&c de deux cceurs.Et fçachez que contre vn tel cheual ne fut, n'eft
Se ne feraiàmais meilleur ne plus leer ebaftiement & qu'il craigne plus-,
qae lavoix del'homme laquelle ettde telle efficace& vertu , qu'elle
ne le confond , nedeftourDe,nedesbaucbe,neefgatedefoy,ae'aSo>
blit de ccrutjne met enfume^ele defpite &.obïtine,ne le defefpere 5c
ibandonne,commcfontbienfeuuentteshafionnadeszlefquelles bien
qu'elles fâcent de grands eflf^äs-,& foyenteaufes d'infinies vertus.aufS
lesfaut il donneren temps & lieu, & puis après lay faire cognoiftre
auecques les careSes SiappUudiffcments-queia faute fuû occafion de
fon chaftieroent.
En vtic grande neceflité ,&lors feulement que le cheuaacKentsf'au
tend & ne tient ny dodrine ne temps nemefure à dompter le cheual,
ny à lay fairerecognoiftre fa faute,vous prendrez vn chat le plus mauuais
que vous pourrez recouurer , & le lierez à la renuerfe le ventre
deffusaubout d'vneLongue petcheen guife d'vnc picque , & longue
enuirondefeizepaumes,maislefaudralier-defortequela tefte & les
pieds luydemeurentfrancs;& qBandle cheual fera Semblant de faire
le rétif & de ne vouloir pas cheminer auant, vnhommeà pied prendra
cede perche Si foudain mettrale chat, ores entre les iambes , ores aux
iarrets, ores eatre les cuitTes8c fouent entre les couillons & fur la
Cfouppe,& luy & autres qui feronrà l'entour , lorsmenacerontôc crielont
après le cheual qui fera par«e moyen contraint de fe rendre &al-«
kt auant,mais encores faudra-toufiouis que celuy qm fera monté deffus
fe tienne coy & fetaife, &.que.Leùlement il prenne garde à le caref
jfcr toufiours quaind il commenceraià bien faire.
..Encore ferr il beaucoup pour ebaflief vn,cheual rétif , de prendrç
enlamamdtoidlevnclououvnpoiçon ,& Iocs qu'il fait difficuU
té d'aller auant , l'en poindre & picquer bien fort par dertiere, à l'en,
uiron delà boucle où s'attache la croupière ,& pour malice on defordre-qu'aiface
foitdefalits ou de ruades ne ceßer ïamais de l'en poin»
^reiutqueo à ce qu'il cede de fes malices, & qu'iHe rende prompt à
«fccmioetjiuant. Mais aufli incontinent qu'il kra vaincu, il ne le faudra
plas poindre ,ains delà mefmemain droióte le careflez fur le col:
& B quelquefois puis aptes il fe fouuenoit de rencheoir en fon vice,
loiSAufli to ft.qucvous luy toucheriez fut 1» crouppe feulement auec
la main ouuerte fans autrement le poindre du clou il s'aduiferoit de
làÉMite&fc cosrigeaat chçminetoit auant àu defir de fon cheuau»
cbeut.

FED. GR IS ON LIVRE III. m
Apres que le chcual fera vaincu, Se ayant perdu fa. matmaife opinion,
cheminera franchement fans contrainte, lors vous le pourrez bien ma»
-nieraupas,autrot,&au galop »auxpaflàdes&aax voltes,& luymonûrer
la maniere de les faire dcxtrement^d'encheuallet les bras,& de
faire Jaiambetteau nuniement,& toutes les autres vertus & dexteritez
des mapiemens dontie veusay di(coutuparauant,& vous parieray encore
cy aptes.
Meffire Vincent Relpin de Naples, m e diâ: vn iour qu'il auoir code
Iccuifiedu Roy va chenal qui eftoitretifde longues annees, & quVnefoisilluyfidier
derriercla queue vaheriffon parva pied: lequel ne
fe prit pas pluftoft à fe herifler &

in L'ECVOUE DE
ckàot après qoiitanra vn pen cheminé, ou quand il fera atreftè , on eo
qaelqoe ancre fdrtè queee foitfecoucheà tetVeivous ferez cju'vn homme
ipied Bien expert $'a'rr

FED. GRISON. LIVRE IUI. if;
gcnienx & peu expert : toutesfois ievous declare qu'vn bon efcuyer
ou accorr cheuaìier, & de bonne difciplineiamais ne s'aidera que bien
peu de telles fartes de ebaftieatents , poureeque par fon bon difeours,
& de fa propre vertu il fera fans tout cela femblables effects en millesautres
diuerfes manières.
Encore vous vueil-ie dire qu'il y a beaucoup de chenaux lefquels
cheminent franchement & ne font point retifs, & ne fe couchent point
à terre : mais qnand ce vient à paiïervne eau grande ou petite qu'elle
foic,ilsne veulent pas paiïer , & dauantagefe couchent dedans. Etne
faut point douter que tels cheuaux ne foyent nezfoubs le fignedu Lion
qui agrande influence & participation du feu: & toutesfois tous.cetix
qui font nez foubs ce figne ne font pas fubieótsà ce vice, comme au®
iln'eftpasvray, foubs correétion, queloncognoifle tel vice au col da
cheualaufignedel'efpy,ouaüxdents quand elles luv tombent , ains
la vrayecognoiffance qu'on en peut auoir , eft de les voir tomber &coucher
en l'eau A tel vice corriger n'y a point de plus leurs remedes
que ceux que ievous vois dire. Vous ferez cheuaucher le cheualqui a
couftume de fe coucher en l'eau par vnvallet , & ferez aller trois hommesàl'entour
deluy : Se quandle cheual lera encré dedans l'eau, tane
celuy qui fera monté deflus comme ceux qui feront aupres,le forceront
à toute forcedemettrelatefte (oubs Veau, delorte que l'eau luy.
entre dedans les aureilles, & faudra qu'ils ne la luy.laillent haulier pour
mine qu'il face : ains outre cela qu'ils hty donnent fotc; baltonnades,-
&femettenttousàcrierhautement & horriblement après luy , & s'il
fait force pour fe haufler, qu'ils le forcent au contraire de tenir la telle
fous l'eau en defpit qu'il en ait : & après qu'ils l'auront longuement
trauaillé en cefte facon , incontinent qu'il aura leué la telle hors de
l'eau, & commencera à refpirer, luy faudra donner force baftonnades
entre les aureilles :& puis après luy replonger encore à toute force la
telle dedans l'eau, & quand on luy aura aiTez longuement tenu, & il fé
fera leué la tefte hors de l'eau,& vous 1 en voudrez faire lortir, tous ces
hommes le fuiurontincontinentà grands cris & fortes menaces , ôc
auec lourdes baftonnadesgiuiques à ce qu'il fbit hors de l'eau : mais aufiï
quand'il fera dehors , il ne le faudra pius tourmenter: car ce luy feroit
donner occafion de defotdre ou autre plus grand vice.
Puis après ieiour enfuiuant vous le ferez autre fois cheuaucher par
cevaîlet,& entréren la melme eau :& quand il y entrera , fi celuy qui
fera monté deflus s'apperçoit qu'il face iemblant de s'arrefter pour fe
coucher, 5c aucunesfois deuant qu'il s'en apperçoiue,incontinent que
le cheual fera entré en l'eau , (ans luy donner loifird'y pen fer qu'il k
picquedesefperons ,& luy donne baftonnades furiatefté, & étitreles1 aûreiîle$3& aux flancSglc menaçant auec haute & horrible voir: car p*r

«4 L'ECVIKIE DE
ce moyenil interrompra fon penfemenc , &ilefera pafïer fèutcmentl
EE fetrouuera des cheuaux aufquels il ne fera point befoiag de donner
le chaîlietnent precedent,ains auec ce dernier feulement fe corrige»
rontaiférnent.
Encorluy pourroit-on bien faire perdre ce vice luy faifimt paffer vn
nceud courdnc à l'entour de la bourfe des couillons, ôf faifant forde
entre les cuiifes de dertiere le bout de la corde: & lors celuy qui fera
•deflus le cheual prenant ce bout de corde en la main droiófce entrera
dedans l'eau, &quaad il apperceura quele cheual fera femblant de fe
coucher,inconcinent il tirera la corde,le pic quant enfemb!e des efperos
5 lemenaçint delà vois:5c liiecheua! pourcechaftiement paffeauant
là'ns fe coucher, -luy faudra à l'in fiant lafeher la corde , & le nœud qui
fera courant pareillemencfelafcherafansplusluy donner de fakherie.
Etautanc de fois qu'il retournera à fon maling penfement de fe coucher,
celuy qui le cheuauchera luy recommencera femblablement le
pareilchaftiementen toutes lesformes que ievousay dit : & fi le che-
*#1 ( nonobfiant tou^ ces chaftiemens ) nelaiflbitàfe coucher, luy fau.
dra pour renfort plonger la tefte dedans l'eau de la maniere que ie vous
ay distant que Veau luy entre dedans les aureiiles & luy tirer la corde
du nœud courant qui luy ferrera les couillons , afinqueparla douleur
qu'il fentira il fe corrige de fa faute,
le vous vueil bien adaertir que les anciens à tous cheuanx retifs de
quelque efpece que ce fuft,vfoyent femblablement du nceud courant:
6 néant moins que cela ne mefemble pas-bon d'vfèr d'Ane chofè,qaand
le cheual pedeuere en fa faute, laquelle outre ce qu'elle ne porte point
feur remede , encore ofîenfe-elle fa fanné: ce que ne feront pas les autres
chaftiemens

FED. GRISON. LIVRE III. iif
non auec la bride feulement, mais auec la crainte du chafliement que
vous luy donnerez, qui fera tel que ie vous vois dite.
Vous tombant entre les mains yncheual entaché de ce vice , vous
commencerez à le cheuaucher auec plus grand efgard & di'igence, que
û cefuft vn poulain. Et premierementfèrabefomg en vn long chemin
Se fermé des deux coftez que vous luy appreniez à s'arrefter fur le pas,
puisfurie trot, puis après fur le galop :& chacune foi* qu'il s'arreftera
après le trot, !e pas^u le galop »vous luy ferez faire les pofàdes, deC.
quelles ie vous ayenfeignéparauant la forme, auec les fecours Se cha -
ftiemens neceffaires. Mais pource qu'il aura pris cefle accoutumance
&ma!igne liberté de s'en aller Se tirer auant fans s'arrefter, vous faudra
bien garder de le faire courre pour deux ou trois mois durant , ain»
à chacune fois qu'après le galopii aura fait les pofàdes, vous ferez mettre
deuant luy vn homme qui àura vne baguette ou vn baftonen la
main, qui lors luv batrra leger ementles bras, & peu fouuent le muffle,
&ieferaainfi reculer en ardere peu plus, peu moinsde cinq paumes:
&acemoyenlecheualcognoiilant voflre volonté , incontinent qu'il
fera arrefté,&verra deuanr luy celuy qui tiendra 'e ballon en la main',
& Tentant encore que vousiuv cirerez vn peu la bride, ie reculera de
fovmefme fans fe faire bartre.Pnis après qu'il fera bien ferme & bienaiféà
parer,& bien feur à fe retirer,vous irez encore au nitfmelieu & fans
lepicquer desefperons nefrapperdeîa baguette, & fans mot dire,ou
ticp le forcer vous luy bai'iierez doucement ia carriere. Eî quand vous
ferez aupresdulieuauquel il a de couftumede s'arrelier fur le galop,
lors vous luy ayderez de ia voix à parer,^ encoreceluy qui fera deuant
luy l'aidant lemb'ablemcntde la voix pour plus grande feureté, lerne*
nacera pareillement du bafton : & s'il s'epperçoit que le cheual face
femblant de vouloir t!rerauant&palier outre , il luy en donnera vu
grsndcoupfurlemufflermaisiefuisfeurqu'vianc en temps & lieu &
bien à propos des reigles Se ordonnancts que ie vous vien de donner,
il nei era ia befoing de luy doflner comp de ballon : car oyant feulemenc
la voix dont vous aurezaccoufti méd'vfer en faii'art les pefades, Sife
fentant enfemble tirer labride, & vovantdeuanr foy ceft ho mme tenant
le bafton, ils'arrefteraaifmer trfe'oy mefme , & aufïi toll qu'il
fera àrrefté, vous commence! ez a le cartllèr, & ne plus ne moins que
vous fides à la fin du trot ou du gdlop , vous le ferez reculer en arriéré,
& puis après allant & venant vous le ferez peurmener parce chemin:
enr iton'fix fois, voïK-arredanttoiifiôiirsèrtce mefme lieu auquel vous
aurez eccouflumé de parer. Et puis après pour quelques kvorfs ne lé 1
faudra plus faire courre , mais !e faire aller au trot & au galop ai'nfî
qu'au commencement : Se vous fou u'Penne de luy mettre toufiours
deuant luy celuy qui tiendra le bafton en la main , lequel encoto

ii4 VECVIRIE DE
fans suoir bail on pourrok bien teuir en les mains certain nombre
de pierres, & les iuy ietterà temps vers le mufBe , ou contre les bras,
mais alors il feroit befoing d'.uoir la main fort alTeuree po ur tirer la
pierre , ce qui n'aduiendra gueres;&partant ie ferois d'aduis qu'on ne
s'amufaftiamais àluyietter de pierres : mais (ion mettoit deuant luy,
yn ou deux hommes qui eußent des petirs boteaux de paille allumez Si
attachez au bout d'vn bafton de la façon que ie vous ay di&e pout
corriger le'chcualquìfe couche "à terre, ce Iuy feroit correction grande
pour le faire foudain parer. Neanmioins vous vueil-ie affeurer que
ieuletnentauecques la bride qu'il porte, fans ces pierres Se cefte paille,
auecles autres corrections que ie vous ay parauant dictes Se qui font
«rop plusàlouer,facilementil s'arrefîera. Encore cede paille allumee
pourroitferuiràîacorre6tiond'vn cheual qui a creance, en luy mettant
du cofté contraire à la creance pour le faire foudain tourner de laquelle
creance>coin bien que ic vous en aye parauanr amplement parlé,
pource qu'il eft maintenant venu à propos, ie vous ay bien voulu
direcemoten padane : non pource toutesfois queie vous conseille de
vousenayder.
Orçonfiderez & aduifez bien combien profite l'a/pre chaftiement,
pourueu qu'il l'oit rude & terrible. Et pour vous en faire preuue ie
vous dy qu'allez de fois on a veu quelques cheualiers Se efcuyers , lek
quels par fortune s'eftanr mis à faire courre leurs theuaux en vne grande
campagne , delpitezdece qu'ils leurs voyentauoir fi mauuaife bouche,&
pource entrez en grande cholere & quafi en volonté de les faire
mourir à raifon de leur grande malignité , les auioyent fait courre It
longuement & defefperément, les ba ttans toujours des efperons f£
delà baguette entre les aureillei & de tous collez, les menaçant à hautes
Se horribles voix, que les cheuaux perdans l'haleine & plus ne pouuans
, feferoyentàlafinarreftezdeloy mefine , tellement queleiour
fuyuant les faiiant courre en iuûe carriere & à la fin leurs titans vn peu
la bride il s'arreftoyent aifèment & fans, contrainte. Mais ne penlez
pas pourtant que ie vous vueille confeiller d'vfer de ce chaftiement:
car outre ce que cela defuoye & defefperele chenal, & le met en grand
danger de fa vie:encore n'en reuient-il toujours bonne iffue , pour«
qu'à quelques cheuaux de mauuaife fântalle , il elt befoing faire çognoiftre
auectjues plus grand artifice la vraye caufe de leurs çhaftiement
s : & le vous ay diâ: afin que vous foyez bien experts à l'intelligence
du cheual pour vous donner garde quelle fera f* promptitude aux
bonnes &.artifieiellescorreäions, à chacune fois que l'homme le chaftie
auecques temps, mefure & raifon. Mais ce chaftiement defefpcré
feroit bon à vn cheual lequel tiranî àia main & prenant le frein aux
dents, fuyroit 5c vous emportetoit & forceroit.

FED. GRISON. LIVRE lie. 117
Et vous faut nocer Se retenir cette reigle generale que iufqaes à ce
que le cheual fe fçache bien tenir & parer au pas & au trot, ne Juy ,faac
point donnet de galop : puis après iufqu'à.ce qu'il fe fçache bien ternir
& parer au galop, neluy faut iamais donner cartiere ne courfe. Et
fi vous voulez qu'il ne face point les pofades,iI fuffira feulement h la 6a
du pa*,ou du trot,ou du galop, quand il fera arrefté en luy tirant la bride,
&Iuy donnant la crainte deceluyquiferadeuantluy , auec le bafton
lay faire faire quelques pas eu arriéré, &puis fuynre la reig'.e que
ie vousay dide : toutesfois faifântlespofâdesil s'acheminera à le tenir
pies feurement & certainemen t.
Mais fi vous voulez auec moins de peine le corriger de ce vice , outre
toutes ces reigles vous luy faudra bailler vn mors conuenablç 8c
^ienpropreà la qualité de fa bouche, ainfî comme ie vous les ay renlarquezaucommencementdecc
liure.
Et combien que le cheual faft de lapire nature du monde, & enuieiily
en ce vice de tirer auant & padèr outre en defpit de fon chcuau*
cheur, fifcra-il aifé à corriger en luy baiilantle*chaftiement fuyuant les
ordonnances & les reigles que ie vousaydiâes, & toy met:ant la cordelette
foubs les genciues , attachée aux yeux dumors^commeievous
l'ay amplement

«S ir EC VI RI E DE
;fiii i"Scnepauicafefiwidrené-petifer !a caafè pour laquelle on Tanra
bàtt Ditellemenrcpœ iböfiiMirsapres quand il verra le bafton ou la ba-
G;uette,il feratout-efpouvtintc : & ne fe peut pas faire pire chofè que de
battrecheua!,priricipalementfurla telte^uand il vous obéit & va bien.
Et partant vous ay.ie didfc & diray encore cy après qu'il eft befoing
que le cheoaucheucouefcuyer donne le cbaftiement & le fecours ou
aydeaacheual^enlieuyàtemps, &aaecroefure. ht pourceqn'pnme
pourroitdire qu'il lemble quafi impofiible que le cheuai ayt tel diC
coorsrà celaierefpondsqu'eftanrledheuaî créé de Dieapour s'afTeruir&:
fe conformer à la volonté de l'homme, ne fe faut point e (mer*
ueiller s'il eft en partie conforme à noltre entendement. Et quelle affeurance
en voulons nous plus grande que celie que l'experience nous
en monftre tous les iouts,non feulement de l'intelligence, mais encore
del'obeiffance, & delà promptitude d'efprit que le cheuai nous faiói
apparoir enfes operations. Et encore quel animal voyez vous en ce
mondeaifeurè & hardy,& plus approchât de l'homme queluy î Lequel
vouspouuez tous les iours voir courir de fi grande promptitude dedans
les armees, entrer & fortir des bataillons fans craindre n'armes,
n'efpees^e lances,ne tant de voix,de fons,de bruits de rumeurs diuers3nefeu3neeau,cefer,&encorequ'il
foit bleiïé à mort, jamais ne
feretiredefondroictchemin,Scauecfon cheualier perfitie iufqu% la
fin:neaotmoiRS à plus grande cautelie, ie vous vueïl bien ramenteuoir
que ces chaïtiemens de ballons Se de baguettes „ quand ils fe feront par
vn hommede pied,ilneles faudra iamais faire fmoa en vne extreme ne*
çeflité, comme quand le cheuai eft enuieiily en la creance $ on de long
ten>psacçouliumé à emporter fon homme :& laraifon eft pource qu&
p^ud'hommesfe rrouueront qui enteddeut & fçachcnt bien donner
lechaftiementaucbeualàtcmps & auec mefure, ainli-qu'il efchet &
appartient,
^ Or faudra-il donc lors quelecheualferadeftegîé& defeonragc k taifou
des coups de bafton que luy aura donné fon cheuaucheur hors
temps, faifon & mefuie,8t fans auoir failly,luy faite artiÊcieufement entendte|
que voftre vouloir e^qs'il ne ciaigne ne bafton hy efpee, n'a litre
chcfe quekonque:car cecy ,fera le moyen de le faire reücn\r à fon
naturel, &: vnir ion voulqir au voAre r & s'il eAoit delà nature , ou par
quelque accident lafe he & poltron, cela luy fctuiroitpour luy fane reucnirle
cœur .Quel deuraeftre le moyen duquel il vous y faudra vler3ie
le vous vois briefuementdedarcr en ce quart Se dern ier Hure :& vous
donner pareiliemenr quelque aduis de quelquesautres vertus que vous
luy pouiez enfei^nçr.

«9
QVATRIEME LIVRE DE
L'ECVIRI E D V SIEVR.
FEDERIC GRIS ON
V AND vous ferez monté fur voftre cBeual, tant qu'il
ira au pas ou au trot, vous irez pareillemenr toufiours l'af»
feurant Se luy tenant la baguette entre les aureilles , &
tantoft à l'vn , tantoft à l'autre cofté de la tefte près des
yeux.&fouuenr le careflerez la luy paflaat fur l e col. Puis
après quand il fera alTeuré en celle façon , vous en irez en vn lieu tel
que bon vous femblera,& ferez mettre deuant vousvn homme à pied
qui tiendra vn ba&on en la main, lequel peu à peu commencera à faire
Semblant au cheual dele vouloir battrede ce ballon par la tefte,& lors
auQî vous donnerez courage au cheual de s'aduancer contre cefi homme
en le faifant aller vers luy .lequel alors fera fern Want de fuyr, & reculera
en arriéré : & quand vous ccgnoißrez que le cheuai ne crains
draplus le bafton, vous femhlablement ferez venir ceti homme à pied
contre le cheual auec vne efpee en la main, & continuerez d'ainfi faire
iufques à ce que le cheual {bit du tout a (Teure: mais notez qu'en ce
faifànt il vous faudra bien garder qu'on ne frappe le cheual par la tefle
ne de bafton , ned'efpce , car ce fera bien allez qu'on luy en face
mônftre&figneau long de ta tefte, & qu'il aille hardiment à l'enconttedcceluyquiluyfaitcefîgne.
Apres cela il feroit bon pour luy croi-
(tre le courage que vous fiffiez venir deuant luy pluûeurs hommes à
pied,quile menaçaientauecques haute voix & cris hombles & lors
vous qui ferez deffus le ferez auancer & aller trois fois vets eux. La
premiere foisiupasja feconde autrot , la tierce au galop: & lors ceuxlà
feront contenance de fuir Ce retirans en arriéré : 6c lì outre cela ils
menaçoient auee baftons & efpee, d'autant, plus Jeroic-ce pour plus
fort afleurer & enhardir le cheuai. Encore feroit-ce bon moyen de luy
donner grand courage Se hardiefle, fi le cheuauchant. vous l'accoûicz
d'vnchenal, on le mettiez au milieu de deux cheuaux aguerris & feurs
au bruit,&aux coups d'artillerie, & puis peu Iding de luy faire laichet
quelques harqeubufes fans boulet,& tant plus il s'atieurera de tant plus
pies de luy,les pourroit on faire fonner : & lors le vous faudrait toufy
ioursafieurerdela main, Se le carefler de pa roles, & en toutes ibrtes
poffibles, desquelles ie vous parleray tantoft : tellement qu'ordinaire^
ment vous ne ceflèrez de le mignarder & çereffèr, & luy.faire bonnti
chete tant qu'il fera ce que vous voudrez, & le rendra prompt & obetf^
fant^voftredeiîr.

no L'ECVIRIE DE
Mai? pourcc qu'il eft bien befoing qu'il ait hardiefle Sc grand coûta»
t*e jcont£?jde5aatrescheqaux , "ypós le ferez face à fece àller conitirvà'ztitre
cheuai •, fnais TOUS faudra bien garder qu'il ne reçoiue ne
donne aucun coup, xie peur quelecoup ne l'eftonne ou intimide. Et
lors quevouSl'anancerez contre l'antre cheaal : fi l'autre cheuai eft de
basccrur , ilfe rpeuieraen arriéré, & s'il eftoit courageux, il vous faudroit
donner ordre que celuy qui feroir deffus luy retirant la bride le
4A reculer enarriere;.- car par ce moven le voftre prendra cccùr 'ôc ba'riieŒedes'aduancer.touiiom'sçlus
vigoureaferaent.
: -Dguantage, , „vous en irezen vne.campagne enfemble-auéc. vn -an*
trécheuaucheur monté fur vn autre cheuai, & vous mettrez Tyn dcuant
lautre reculez d'enuiron dix pas ieloog de ia patîade , & puis partirei
enfembleau tror & viendrez 'vn contrel'aurre.} vous pour aller d'où
il part,. Si luy pour venir là d'où vous ierez party -, & arriuez

FED. G R. I S ON. LIVRE HIT. nt
rera fan s plus fe reculer fuir : & encoie lay profitera-il beaucoup
peurTeohardir, de lepoutmeneraucunesfois pai la ville auec vn autre
cheual«fleuré &deboavitage. Etpoutceque bien iouucnt il ad*'
tricndraque iecheual fera farouche & craintif parla ville où il rencontre
grande varieté des differences chofes, partant ie vous declare que
telviceprouientbienlouueDtdeUievnefledacbeuaî, & a fautedeluy
Élire beaucoup voir, & de le chcueuiher en lieux pub!ksj& fréquentez:
ou bien cela peut venir à raifon de quelque mal otr oSènle qu'on
îuya faide,ou quiluyeftincidcmmei.t aduenuc en paliant par quelque
rue, & puis toutes les fois qu'il rentonue vne ietnblable chofe il
s'eftonne&s'eipouuante:ou bien cela luy'aduiendra (quiiera bien le
pis) poûr auoir courte & mauuaiie veue.
Quand ce vice aduiendra à cheual ieune, gardez vous bien quand
vousluy verrez faire ces coarenances de frayeur, pour quelque chofe
nouuueile qu'il verra»de le battre ou tourmenter en aucune foire: car &
vous le battezilpenfera que les coups luy viendrontdece qu'il verra,
& à chacune fois qu'il viendra à voit p lisaprts vne telle chofe, il s'en
efitayerap!usfort&encraindradauantage:maispour le bien corriger,
il vous faudra arrefter & 1 afleurer : & combien qu'il face puis après
quelque difficulté de palier, vous apperceurez bien tofl après que peu
àpeuoies'arreA»nt,ore cheminant, il s'affeurera de la chofe qu'il auoit
commencé à craindre: & lors vousl'en faudra apptochtr,& le faire
arrefter ou deflus ou auprès quelqueelpace de temps : & quand fe­ il
ra touraiïeuré & commencera à cheminer, fouuienne vous dele caref»
fer fur le cohtontesfois il pourioit bien aduemr qu'aucunefois il vint en
obftination dene paßer point, cequiaduientlcplusionuent quand il
a receu quelque mal dece qu'il voit ou qu'il lent, & alors feroit befoing
de vous taire & renir coy lens luy donner aucune fafcherie , 8c
qu'vnhommeàpiedfemifl jemere &le folliciraft du truc des leures
& le menaçait delà voix, &par fois luy auançaft quelque bafionnade
fur la crouppe & fur lès ïambes, & quand il commenceroit à cheminer,
lomlle fàudroit carefler.
Neantmoins quand le cheual eft tout appris & bien fêur au. pas, au
trot, au gaiop,à la courfe,au parer,aux paflades, aux manif mens, à tou.
tes mains , & entend bien tous les chaftiements & les fecours que ie
vousay dedarez& encores declarerav,alors s'il afiayeur & s'arrefte
vous faudra incontinent, lans luy fai'e autrement recognoifirecedont
il a crainte , le folioter de paffer auantauec la voix, & auetquesle gras
des iambes}ou auecqaes les elperons eniemb'e & la baguette,& par ce
tnoyen vous verrez toufiours qu'à la fin i' paffera outre.
C^uaad par débilité de v eue le cheual chçmme en doute, alors ne le

NI L'ECVIRIE DE
fautlil pas battre, miis peoà pea le faire aller jknt Sc l'ayiîer en le ca :
téiTanîzSc aucunefois vous l'ayderez feulement de îa parole , & fi vötis
cognoiffez qu'il ait quelque frayeur , & qu'il face doubte de paffer oa
de ne palier point, tors envn inftant fans luy donner le loifir d'entre:
en plus grand doubte , mais en luy donnant courage vous l'aiderez de
la voix & des efperons s'il en eft bebing,5c le plus tbuuent il quittera le
doute & la crainte qu'il s'eftoit figuree & imaginee & cheminant paffera
outre. Mais p our du to ur a (Teurer vn cheual ieûne il profitera beaucoup
dele cheuaucher de nuidt , & le cheuancher deiour par les rues
& places où font beaucoup d'anifans de difFerentes fortes & où il y a
toufiours du bruit, comme par les marchez par les grandes places entre
les marelchaux & chaud ero m niers.ar m euriers & orfeures , Scpar les
lieux où il y a bettes mortes & ou fe voient leurs peaux & par là cheminer
pas h pas , & à chafque fois que le chenal fera contenance d'auoir
frayeur )Vousluy donnerez le chaftiemenc felon les ordonnances que
ie vous aybaiilees& il s'afleurera : aucunefois aufliïert au cheual poufeux
de luy mettre pour quelque? iours vn ve mail au front ou vn peu
plus bas qu'vne des aureilies attache fous le cuir de la reftiere , & ainfi
cheminant de iour on de nuiéfc ce ventai! prendra vent , & tournant,
roidement Se rouant co ntinuellement deuantles yeux ôc prés des auteilles
ducheuahls'en afTeurera plus fort, & à raifon de la blancheur
des ailles du venrail qui en tournant luy donnera aux yeux , laveuës'aC
fèurera & n'aura plus crainte de Ces ombres que pour fa débilite elle fe
6guroit&imaginoirparauant.Cc ventajl eli appelle molin et : c'eft celui
que portent les enfans 8e qu'ils prenaent plaifir à faire tourner eoo.
tans U encontre de l'air. Neanrmoins ie vous vueil bien aduertir qu'à
la plus part des cheuaux ce ventail profite beaucoup, mais audi y a i! des
cheuaux au (quels la frayeur augmente après qu'on leur a ofte, & ainfi
leur nuift plus qu'il ne leur profite. Toutesfoisienem'en fuis pas voulu
taire,maisievousdy que quand vous appercenrez telle qualité aux chéuaux^u'il
vous faudra bien garder de plus vfer de tel artifice , mais des
autres reigles que ie vous ay baillees parauant par l e moyen defquelles
fe fera pareil efïèdi , ainfi que ie vous l'ay parauant amplement déclaré.
Encore quand vous vferez de ce ventail ou moulinet, vous luy pourrez
laifler les aillesblanches au pur naturel du papier , ou les luy pein dre de
iaune>verd)rougc.bleu1noir, & de toutes les autres couleurs que vous
penferez plus propres pour affeurer voflre cheual.
Et tout ainfi qu'il n'eft point necefiàire à vn bon Cheualier de fçanoir
louer à la bâtie ou à la paulme , ou voltiger, & neatumoinsceluy
cftchofehonnefte&bienfeancede le fçauoir , non feulement pour la
bonne grace , mais pour le faire plus adroit & plus agile à tousles mapiemens
dps armes : tout ainfi vous diray-ie du cheual, que combien

FED. GR IS ON LIVRE IUI. nf
qu'il ne lay foit neceflàire de fçaaoir faire la capriole , qu'il allie ondoyant
& [ et» *gritj>p*rfi) auec amonceleures ou accroupilîeures & (Ì4
grappe ì» eruppe j de bond en bond , Se prompt & leger de mains & pieds
deuant Se demerre , toutesfois on ne peut nier qu'en ce faifant il n'ait
fort bonne grace , & que ce ne luy foit vn moyen de le rendre plus
prompt & adroit aux autres vertus neceffaites. Et partant me femble-il
maintenant bien à propos de vous dire la maniere pariaquelle on peut
encore apprendre yn cneual à bien faire la capriole.
Apres le que chenal fçaûra bien faire les pofades , & que l'aurez encore
allégé du derrière de la façon que ie vous ay dit parauant vous
baillant les reigles & ordonnances del'vn 8r de l'autre , vous en irez
.pour quelques iours au trot fur le pendant qui fera long & en tre les deux
premiers terreins vous l'arrefierez pour luy faire faire deux pofàdes,
& incontinent api es les vous faudra ayder auec le trac desleures pour
luy faire faire au trot deux pas en auant d'ecuiron nots paulroes , &aa
dernier pas vous luy ^yderez à faite deux autres pareilles polades que
les premiers , & puis continuerez femblabltment ces deux pas au trot
& ila fin d'iceax deux autres pofades.&pim vous l'arrefierez. Et après
qu'il entendra bien cela, Scàchacunefoìs qu'ilira pui'sapresparer , au
lieu de ces deux pas au trot , vous luy ferez faire ( du» gruppi ) deux faut s Pallttunt
amoncelez iuftes & efgaux feïoofleûanteri arriëres& lerekuam de bon- •*>»ne
grace auec les pofadesen avant : & puis de paulme en panimeli s'en
ita ondoyant del'efcbioe s'amoncelant toufiours & pallotant auec les
bras iuftement ployez, &enceße maniere toutes les fois que vous voudrez
il vous fera la capriole : & lors fi vous le voulez ayder , & chacune
accroupifleure ouamonceleure il vous donnera vnecouplede ruades,
&auec grande faciliré & bon ordre ì peine touchera-il des pieds àter^
re qu'il nefe releue incontinent en haut i mais il faudra bien aduifer
qu'ilnefedefuoyedutemps&delameiurc, ô< du commencement iufqueshla
fia qu'il aille toufiours efgal & imle.
Si le cheusl eft foible dereins , que l'Italien appelle (lembi) il fera Ces
pas au trot bas & près de terre, ou bien f'èfleuera également & toufiours
d'vne mefure & d'vn nombre faiûnt les pofades puis après défi
bonne grace & de telle mefure que combien qu'il ne face point d emmoncdeures.fi
fera-il toutesfois la capriole de bonne grace Si telle qu'elle
fera fort belle à voir.
Enceße maniere lecheual tenant delà genette , encoreluy pour- ,
roit on bien enfeigner h faite les couruettes , toutes-fois quand il cft ct*ltJaȔ
grand de face , lacaprioleiuy eft bien mieux feante , laquelle fefâifant W«. Ctm-
Eafle,« bien peu de différence d'auec les couruettes ; car ces couruettes mefifant la
ne le font pas feulement en allant auant comme en faifant la capriole,
mais eflant arreûc en vn lieu Se n'en bougeant pour vn temps , en
#4

$14 UECVIRIE DE
danfântdeffiis les hanches & les bras, & fcmbîablcment fe retirant puis
après en arriéré Se de l'vn & de l'autre codé.
Notez que ce que vous faires faire au cheual luy donnant la capriole
, encore luy ferez-vous faire quand vous lay voudrez donner le galop
gaillard. Partant de deux en deux pas, il faudra bien prendre le
temps & la mefure, & l'ai der : miisencecy&mefmesauxeouruettes,
pourneântvous efforcerez-vous d'y employerTart Se la do&rine fi le
cheual n'efloit de fa nature prompt & legerxltt corps, nommément allegre
5c fouplede bras 8c deianibès.
Aufurplus fi vous luy voulez apprendre ì faire la iambette f laquelle
luy (era profitable. Se luy donnera fort bonne grace en fe maniant)
montez deflus te cheual Se vous en allez en vn lien fert eftroit,ou bien*
dedans vn fofFé qui foit faidt de l'voe des deux fortes que ic vous ay
dites parauant vous baillant la reigle pour corriger le cheual , lequel
voltant tourne les hanches pluftoft que les efpames, & là tout doucement
leferez volterà main droifte , Se puis ap rès à main gauche , retournant
neantmoins to uGours à la volte droidte de quart en quart, vne
ou deux , ou trois fois pour main , delà façon que ie vous ay dit vous
parlant desvoltesredoublees ; careftantia place eftroi&e, Se le tournant
eftroictement * le cheual à chacune fois qu'il volterà ne pouuanc
ians grande peine lors qu'il viendra pour ciotte la volte encheualler les
bras l'vn fur l'autre, craindra toufioursdefe frapper ce bras du bras contraircàlavolte
»defortequepour s'en garder puis après faudra quainfiroidede
col&fermedetefteiileleue enhaut.Si que par ce moyen il
vienne à faire la iambette. Et après qu'il aura pris certe accouftumance,
à.chacune fois que vous l'ayderez puis après de l'efpcron contraire
ä la volte, & il oira le (ecours de la langue, ou des deux enfemble ou de
l'vn ou de l'autre , il fera toufiours la iambette du cofté duquel il fe
tournera aiufî comme il appartient: mais il fe faudra bien donner garde
que le cheual en lieu de louleuer le bras ne le recule en arriéré , ou en
tournant qu'il ne forte hors du creux du fode : car ce fèroit vn vice
tout contraire à ce que vous auriez intention de faire : & partant il
faudra que vous foyez bien curieux & diligent à faire volter auec fermeté
& temperature demain, & le chaitierà temps & auec mefure, &
l'aidiez quelquefois,^: le carefliez des maniérés que vous fçauez maintenant
après les auoir fi fouuent ouyes demoy, & qui d'heure à aune
vous viendront en plus grande cognoilTance. Et encore pourrez vous
ou enee chemin cfiroit ou dedans ce folle faire aller le cheual la longueur
de la pa lTa-.ie au pas ou au troc ou enuiron quinze paulmes plus
court que la pallàde , & luy donnant à l'vn des bouts la demie volte à
main droióte:3c à l'autre bouc la demie volte à la gauche il s'accommodey
beaucoup plus aifemenclebrasàfairela iambette : &là encores vfe-

FED. G RI S ON. LIVRE] Uli. uj
rez-vous de fèmblables chafticmcnts oo fccours quand vous verrez
qu'il ea fera belbfog ; tcllemeat qa aar pi (Fa des encores puis après iife
pourra manieraaec l'vn on auec l'autre bras,toufiours auec la iambette.
Et fe fera le melme effeâ encore* plusaifemeacenvn lieu auquel il y
ait vn chemin courbe:vn peu efleué aux deux coftez3& fe trouuerafouuenten
la campagne en quelques endroirs ou la pluye par la force de
l'eau 6cdelalauaffequi aura couru, aura caué vn petit chemin creux
d'enuiron deux paumes, quiauradesdeuxcoftezle terreinvnpeu eie«
aé en biaisquafi en forme de baguette, de facon du foffé dontie vous
ay parlé parauant t:tellement que fe tournant5ÎVO! tant dedans ce creux
Srlur le ter t ein eûeuéaux deux coftez, ce luyferoit peine de vol ter fans
'fairclaiembeitc do codé duquel il tourneroit : & alors faudtoit pareillement
commencer à le faire volrer bas en tenant la main ferme fans
la tordre de part ne d'autre , & luy aidant à temps delà langue & des
cfperons ou du gras des iambes plus ou moins , &plus de l'vn que
de l'autre felon le courage & le bon cœur qu'il aura, & felon qu'il vous
obdft.Et notez que fi les bouts de ces lieux efquels auec les paflàdes
au pas ou au trot vous irez parer & faire les voltes, outre le peu de hauteur
qn'auroient leurs coftez.eftoient vn pea couchez en pendant ils
en (croient d'autant plus à cftimcr,& pareillement fi le creux du chemin
eftoit large de troispaulmes3touresfo2s de quelque forte qu'il puiC.
feeitreilluy ieruira beaucoup. Et encores fi ce chemin ou foiïé creux
n'eftoit haut & efleué

n6 L'ECVIRIE DE
courage, & cependant qu'il tient le pied leué en l'air luy gratter anca«
ucfois le garrot auec la main, & cela fera occaficn deluy faire tenir leué
plus volontiers: & faUânt de mefœe façon du cofté gauche vous luy ferez
femblablement faite laiambette du bras gauche.
Apres que le cheual entendra bien cela & fçaura bien leu er l'vn &
l'aurre bras,vous irez pareillement à l'eftable, Ôc vous m ettrez du coftc
droit auecques la baguette en la main, &vn aurre homme ayant vn efperon
en la main fe mettra de l'autre codé à main gauche, & lors que
vous le frapperez de la baguette furie brasdroiót", l'autre luy donnera
vn coup d'efperon aapres des fang!« du coftc gauche & fera enfem*
ble ce fon de langue , & vous vous tairez , carie cheua! oyanrlefon de
la la nguefe, & ïentantpicquerde l'efperon enfemble & frapper de la
baguette, haufferapromptementiebiasdroid : vous ferez le lemblable
le battant delà baguette fur le bras gauche : & le poignant enfemble
de Vefperon au codé dioi& quand vous luy voudrez faire leuer le
bras gauche : mais le faudra picquer à temps de celt efperon aucunefois
tout doucement , autrefois plus rudement : Si par ce moyen vous trouuerez
que toutes les fois que vous le picquerez , ou del'eiperonoud'vn
clou, oud'vnbaßonpointu du cofté contraire , & ferez enfemßle ce
mouuement de langue , fans ce qu'il y ait de l'autre codé perfonne tenant
la baguette en ia main il hauiîcra le bras & le tiendia hauit en l'air
à l'aduenture vn quart d'heure 1 ou plus ou moins tant que vous voudrez,
&encore le plus fouuent fans ce qu'on l'aije de Vefperon , il ne
l'oferaabbailTer tant que vous ferez prefent : tellement que vous mettant
ducoftédroiót , il tiendra touiiours en haut le bras gauche & vous
trouuant ducoftégauche il ferale femblabledubrasdroict.
Mais fi le cheual du commencement faifoit femblant de vou'oir h
touteforce ieulememleueiiebras du coftc duquel ilfefentiroit poindre
, cequiaduientbienfbuuent, alors vous qui luy donnez le coup de
l'eG^eron, file cheual n'eft point malicieux.luy toucherez de voftiepied
furie bras contraire , & ce (igne l'aduifêra de ce qu'il aura à faire, de façon
qu'il haufTera ce bras là, (ans fe mettre en autre confufîon : & iuC.
qu'à ce qu'il foit bien aduifé vous luy continuerez ce ligne du pied par
deux ou trois fois , & puis apresti n'en (era plus beioing : mais fi pour
plus grandefeurbté , & d'autant plus fi le cheual efloit iuperbe , vous
vouliez tenir la baguette en l'autre main & lors feulement qu'il pe vous
xefpond point l'en frappiez fur le ply du bras contraire ou bien en quelque
autre endroit , àhnftantque vous luy donnez le coup de l'efperen,ce
luy feroit vne bonne & aifeecorreäion.
Et vous faut noter que lors que vous luy donnez le coup d'efperon
s'il ne hauffe le bras contraire , ou s'illeue le bras du melme cofté du.
«jucl il fc ïçnt picquer, incontinent vous icdoublerçz & renforcere»

FED. GRISON. LIVRE IUI. 117
les coops d'efperon , & ne cclïèrez point de le chaftier de cette façon ou
des autres que ie vous ay di&es iufques à ce qu'il cognoiiïe fa faute &
qu'ilhaufle le bras contraire felon voftredefir : & parce moyen il fe
corrigera de telle forte que toutes les fois que vous luy ferez puis après
feulement ce figne&femblant de le vouloir picquer de l'efperon , en*
core que vous ne l'en picquiez point, fi ne laiffera-il pas toutesfois ï vous
refpondre incontinent, Se à faire tout ce que vous voudrez.
Et combien qu'à l'aduenture en moins d'vn iour on enfeignera aißmentaucheuai
à faire cette iambette par les moyens que ie vousay
did .toutesfois afin de l'y accouftumer mieux, & de le rompre à la faite
ilusdextrement&aifément, il feroit fort bon que tous les iours pour
e moins vne heure on luy fift tenir or l'vn or l'autre bras eûeuc enVefta-
>le,enluy fàifànttoufioursentendre ce fonde !a langue , & cognoiftre
e coup d'efperon du cofté contraire comme ie vous ay encore pareillement
declare:
Mais file cheual ettoit ou fort ingénieux ou fort maling , il ne'faudroitpaspourcelalaiffer
à fuiure voftre intention , ains pour quelque
defiènfe ou defordre qu'il peuft faire ne vous faudroir ceder de le menacer
auechaute & terrible voix, & de le battre de l'efperoo Se de la
baguette pour luy faire entendre raifoa , & tantoä apres retournerez
& pourfuiure vos ordonnances.
Neantmoinsaduifez quecefte forme de luy faire faire la iambette ea
Peftable ne fe doit point vfite: iufques à ce quevous cognoiffiez que le
cheual commence à bien entendre les autres chofes, & qu'il fe rende
fuiet : car autrement il yauroit beaucoup plus gran je difEcuké à luy apprendre*
Encore fera-il befoingqaele cheual face la iambette non feulement
en Veftable,mais auffi quand vous ferez monté deflus luy & qu'il entende
à la bien faire toutes les fois qu'il vous plaira. Et par ceft ef lfedfc
il faudra que le cheuauchant vous arrettiez vn efpace de temps le tenant
ferme &fcor ayant la tette en fon propre lieu : Si à main drôiéte y
aura vn homme à pied tenant la baguette en la main , & tout ainfique
vous fittes en l'ettablcil le frappera fut le bras droiét, faifant pareillement
ce fon de langue , & iufques à ce qu'il leue le bras en l'air il ne cefc
fera de le molefter en cette maniere, plus ou moins felon qu'il obéira Se
refpondra incontinent que le cheual aura bautte le bras vous qui ferez
monté deflus luy gratterez le garrot, carpar ce moyen il viendra plus
aifémcnt& plus ptomptement à faire la iambette : & quand vous voudrez
qu'il la face de l'autre cofté pareillement cett homme à pied s'en
ira du coftégauche&fera tout ainfi qu'il aura fsiâ à.main.droiâe.
Et depuis qne le cheual entendra ces ordonnances » alors, qu'on luy
frappera fur l'vo ou fur lauti e bras , VOUÎ qui ferez monté delTus, ferez

*8 L'ECVIRIE DE
ce fon & mouucment de langue, & l'homme à pied fe taira.
Puis après quad il entedra encore cefte reigle, vous alors que ceß ho«
me à pied le frappera fur l'vn des bras,ferez ce mouuement& fon de la
lagne>& dauatagelepicquerez de l'efperoncócra;re,& ir-cootmét qu'il
hiullera le bras vous ne le faudra plus piequer, am s le lareffcr incô tinét.
A iaparfin quand le chenal aura bien entendu voftre volonté, & recognoillra
l'eiperon,alors (ans qu'autre le frappe de 'abaguette.quand
il vous plaira que le chenal face la iambette du bras droict, luy dónerez
vncoap d'cfpcron du coftégaachc,eniemble ferez ce fon de langue,54
s'il faifoit le fonrd ou le pareffeux à faire la iam bette, faudroit lois renforcer
Si redoubler les coups d'efperon, fans cefle de faire ce fon de la
langue, car par ce moyen fans douteil fera la iambette feuremen:. Et
quand vous voudrez qu'il la face du bras gauche vous le frapperez de
refperon pareillement du coite droit auecques femblable ordonnance,&
il viendra incontinent à faire la iambetre du bras gauche. St pqur
plds grande feureté vous vouliez tenir la baguette, & Je cheuai qua^d
luy donneriez le coup de l'efperon contraire auec le ion de la langue
nevousobeilîoit&refpondoit promptemcnt^lorsautaat quand lilàtaarrefté
comme quand vousle manierez & luy donnerez la volte , le
pourrez d'abodantßngler de la bagnettedu coftédu bras qu'il i.evoudroitpoint
hauifer, & le battre tant del'eïperon comme de la baguette
plus ou moins felon qu'en verriez le befomg.Toutesfois ie vous ole af*
(curer que pour peu qu'il y foiraccouftumé, que feulement oyanrpuis
•près le fon de la langue , & à peine (entant la pointe de i'efpeton du
codé contraire , ou feulement (entant accofter près de fon ventre le
gras de voftreiambe , il fera tout ce que vous voudrez (ans qu'il loit
befomg vous aider de la bagut ere ne d aucun autre fecours.
Et combien qu'il (oit bienaife deluy appredre tout cela en moins de
trois beures,routesfois ne vousfaud ra lai (Ter toutes les fois que vous fe*
rez monté deffus k faite tenir vn e piece auecques laiâbette leuee ore a«
uec l'vn,ore auec l'autre bras,aEn que puis après il la face plus prompte»
met & plusaiiément quand vous le manierez toufiours tat de ferme en
ferme en redoublant.cSmeaux palfades encore auec les voltes (impies.
Et afin qu'en redoublant il face la iambette de meilleure grace & auec
plus bel air .il faudra pour le commencemét luy donner feulement vnc
volte à chacune mam. Carpuisapresil n'aura pluftoftacheuè la volte
droióte auec la iambette qu'il nés apprefte à en faite vne autre a la vohe
Eanche , laquelle acheuée lecheualsapprefterafemblabltmench faire
uambettteàla voltede roain diuifte, cloyant la volte comme il fit
eu commencement.
Enrorepourluy donner meilleur courage & faire la iambette , le
yousfaudrafouuçotmanier àpalladcsau pas& au iiot : cat quand il
fera

FED. G RIS ON. LIVRE IUI. 119
fera iufte & ferme dctefte,& il le volterà bas eftroit ,s J il entend bien les
regies de la iambetee l'aydant & frappant à temps de la façon que ic
vous ay ditte,il fera toujours cótrain t puis aptes de s'accoutcir la ïambe*
de laquelle il fera la voire de bel air & de botme grace, & quand vous
apperceurez qu'il entendra bien ce qu'il deura faite à veftre diferetion,
lots le pourriez vous bien manierati galop,* à temps,&auccqucs furie.
Et pource que iefçay bien qu'il y aura plus grande difficulté à enfeigner
vu cheual que l'autre, pariant vous dy ie qu'il ne vous faudra
point defefperer fi voftre cheuftl ne vient'pas û promptement & fi aile»
ment à faire ce que vous voudrez:maisfuiuez rondement lesreigles 56
ordonnances que ie vous ay baillez , car tant plus dut & difficile fera il
à faire la iaœbette & les autres chofes que ie vous ay didtes & vous diray
encore cy après,il en viendra à la fin à plus grande perfection.
Encore vueil-ie bien que vous fçachiez que tout cheual de bonne
lîamte quand il fera reduidt à ces termes d'aller fermela tefte , de col &
d'arc,& entendra bien ja volte & la fera iufte & eftroiâe, l'entretenant
auee le temps& le lecours qa'ilappartient en tournant les bras par devant,
il fera contraind en k maniant mettre la tefte où ila la crouppe,*
fe tourner auec la iambette de foy-meime, fans qu'on luy ea feign e pat
kmoyendetantdeiecours& d'anifices:filera il bontoutesfois de luy
faire fouuent continuer vos ordres dedans ce fofle 00 dedans ce chemin
naturellement creufe de la pluye,qui fera bien le meilleur.Et ne fe-
Fapoiot befoin de vous trsuaillersux autres regies qtie ie vousay di Acs
propres pourluyspprendrela iambette,finonau cheual de peu de valeur,
pefant & duv,& de mauuais eiprit.en l'ex tremencceflìte.
Si vous voulezapptendteaucheual de metric la tefte entre les iam»
bes,&abaifler bas le mufile,& le picquant des elperós(chofe qui profite
beaucoup en combattant ) toutes les fois que vous arrefterez voftre
cheual,sri] leue le nez en haut, le tenant en celie fàçon,vous le molefterez
tantoft le picquant de l'efperon droit, tantoft du gauche,tantoft de
teas les deux enfemble, & feeez cela auec temps & mefure:& lors tiendrez
fermela main deIabtide,&aucunesfoisen ce mefme temps vous
le prederez de la main droiAe for le col, & le forcerez de la bai&r , 8t
s'il n'obey ft à voftre defir, lors en luy tirant la bride vous luy ferez faire- enuiron trois pas en arriéré,qui feront peu plus peu moins de cinq paumes:&
puis après tout doucement vous le ferez retourner la d'où vous
eft es party,&: ferez ain fi beaucoup de fois,& en ce failânt toutes les fois
que vous luy verrez allonger le nez, le vous faudra chaftier de la forme
queie vousay diâe: fi toftquefentant le coup d'eiperon, il aura feulement
vnefoisabaifléle muffle vers lapoidtrine,incontinent vouslecarefferez
fans plus le battre , & fans force luy tirer la bride vn peu plus

IJO VECVIRIE DE
Et fi cent fois il tetoarncà hauffer la tede , autant de fois retournerez
vous ì le chaftietcomme deuaot, & vous venez à lafinquefenomt
le coup d'efpcron, ou recalant en arriéré il abbai(Tcra^emafflc, & lors
non feulement ce fferez de le tourmenter, mais luy ferez careffes, afin
que par ce moyen il cognoiflé voftre volonté^, & la cognoiffant incontinent
qu'en cheminant ou eftantarreÛé, puis après il (entità le coup
defpcron^l ne faudra poinfd'abaiffer le"muffle,& le tenir en fon droit
lieu. Et s'il eftoit dur & difficile à ce faire, aocunefois après que vous
l'aurez molette & picqué de tous les deux efpetons, ou de l'vn ou de
l'autre, vous luy donnerez delà pointe du pied ou de l'eftrier vers l'eCfelle,ou
deflbus Tefpaule en fon cofté,& tiendrez quelque fois l'eftrier
vne piece arrefté contre fon efpaule:& h ce moyen il abaiffera la tede
de ce coite b pour regarder que c'eft qui le molette en ceft endroiâj: 5c
incontinent qu'il fera abbaiiTé vous audi toft retirerez voftre pied Se
l'eftrier de fon efpaule , & luy ferez caretîes deffus le col, & ferez ainfi
l^rn & l'autre, & de l'vne & del'autre maia iufques à ce qu'il vous obei£
fe & facece que vous voulez.
Ainfiquela vertu du feuou du Soleil, fouuent fe void fake diuers
effeóts tous contraires l'vnll l'autreamoliflànt vne matière & endurcifûntl
autre, le femblaWe vous diray ie du chaftiement de l'efperon, lequel
fait abaider le mu (He & la tefte ao-chsual, & toutesfois fi le chenal
la portoit trop bafle, en luy portant la bride vn peu plus haute 8c
vn peu pluslegere que d e couftume & le frappant fouuentpar deiïus
Tefpaule de Ja pointe de la baguette fur le milieu de la crouppe, & le
picquant à temps des efperons^l Icueralatefte&la portera iufte& droite
comme il appartient.Pour corriger ce viccil profitera grandement
au cheual de luy tenir la bride vn peu plus haute que de couftù me, &
luy tenir la gourmette large, qui foitcouuerte de toille.Etpareiilement
quand le cheual ne le veut arrefter ne tenir coy, fi vous luy tenez la
main ferme à temps, & le chaftiez fembUblement des efperons, or de
l'vn, or de Tay tre, or de tous les deux enfemble.il recognoiftra fa faute,
&£«isfcmou«oir ne bouger du lieu où iLfe trouuerafe tiendra coy 5c
ferme fut les quatre pieds, combien que le principal effe# de l'efperon
eft de le/aire allcrauant.Et à chacune fois que le cheual feifiera le trot
on vouspourmenant par la ville.ou allant par la campagne, le vous faudra
picquerd'vnefperon du cofte duquelilaurale col plus dur ôcplus
roidc:& par ce moyen il le reprendra incontinent, &le continuera de
fort bone grace ,& encore fè fera-il efgal &iufte & ferme de col,& prédraplus
d'haleine,& fe renforcera les reins,& s'acconftrera l'eichine, fe
portant en tout & par toutaiafi qu'il appartiendra, & fe fera plus leger,
& plus fouple dì brasSc deiambes: mais quand il portera fon col efgal
&jufte de chacun cofté.lors û vous le voulez mettre au trot,le vous fau *

FED. GRISON LIVRE UH. i#
«ha picquer des deux e (petons pareils : & s'il vous venoit à gré pourloy
donner meilleur courage.vons le pourriez bien encore aider en mefme
inftant dece truc deleures, ou auec quelque petit mot que vousiurez
accoutumé de luy direje voulant par fois acheminer:& à chacunefois
qu'il laißera fon trot vous ferez toofiours le femblable, afin qce ceft
vfage & accouftumance reuienne quafi à vncautre nature, ne lelaiffez
iamais aller au pas, ßnon quand vous le voudrez accoutumer d'allet 1
la genette ou legere : car lorsil nel c faudra pas fi fouuen r mol efter des- efperons, ne le mettreau-rrot pourcequelepas luy fera pluspropre,&
fuffira de le picquet feulement pour le dfeffcr, & affermir de teftc:& de
col,& Vadiufter aux voltes (impies es paflàdes & aux voltes redoublées,
& pour luy denner viftefle à la carriere,car tant moins on le picque tant
plus forme prte-illaqneuc , ce qui eft bien propre au genet ou chenal
leger , à caule qu'il la doit porter franche , & non pas liée comme le
courtier & le cheual de moyenne taille: rouresfoisde quelque forte
que foit le cheual, ou de grande railIe,ou leger,1e plus feuuent quand ä
vous refpondra bien au chaûiemeot des efperons peur l'affeurer le
vous faudra careflèr à temps,^d'autant plus que vous cognoiftrez qu'il
fê rendra plus obeiflint^ou qu'il fera plus ardent, & que pour/es coups
il entrera en quelque crainte ou defpit,car Wn fe fait pour l'ancourager
h bien faire, & l'autre pour l'aifeurer à foufirk, en cela vous faudra vfer
d'vne grande diligence.
Et quand le cheual fêta arrefte, fi vous vouliez le faire tourner d'vn
cofté ou derautre,ou aller de cofté,femblablement peu h peu le vous
faudroit menacer, & quelquefois le picquer fort del'efperon du cofté
côtraire en cette maniere.Si vous voulez qu'il coftoyedu cofté gauche,
il Te taudra chaûier du cofté droiâr&fi voulez qui'l fe coftoyc du cofté
droiâ: ,1e châtiment fe fera du cofté gauche : & iufquesà ce qu'il vous
entende iamais voas ne cefferez de le molefter, ore do gras de la iamrbe,ore
de Tefperon, untoft afprement, tantoft doucement, toufiours
aux endtoics queievousaydit: & quand pour la crainte du coup d'eC
peron il s'en ira tourné de cofté,on coftoyant ainfi que vous le demandez,
lors vous Te carefrerezincontinet& retirerez le talion de fdn ventre
fans plus le toucher. A ce moyen toutes les fois qu'il fentira puis
après vn peu tenir ferme fa bride, & fe toucher d*vn eiperon Ma façon
que ie vous ay dióte, ou bien du gras de la fam be, il fe tournera incontinent
de l'autre cofté ou peu ou prou à voftre défit, & luy enfeignant
cela à l'aduenture encore à ce moyen ira il en couruettes. Et fi vous
voulez qu'il tournetant feulement d'vn cofté la crouppe, Se les hanches
de derriere fans mouuoir les efpaules, & quii tienne toufiouts lar
teftedroióte àl'encontre de l'ennemy, ce qui profite graedemenr en
combattat à cheual corps à corps, vous vferezpaieiilemct delamçûne

ijz L'ECVIRIE DE
ordonnance , maisvons toarnerezdauantagevnpeu la main delà bride
au mefmé temps, & du raefme cofté que vous luy donnerez ΀ coup
d'efperon pout luv faire tourner les Handies. Et ferez tout l'oppoßte
auec ta main de la bride quand vous voudrez qu'il fe tourne tout entièrement
d'vn co ftc comme ie vous ay dieparauant :& tous ces cbadiemens
oufccours ne feront pai feulement lefditsffîi:ts,mais luy donneront
dauantage la vraye intelligence de fouffiir les efperons volontiers-:
& fi vous voulez d'abondant luy faire bien cognoiftte la baguet.
te,vousfiiudra lorsque le picquerez de fefperon du mefme cofté contraire
au flanc & par fois fur l'etpaule le menacer ou aider ou battre
auec la baguette , & puis après il entendra & cognoiftra ou feule fans
efperonouaccompagneedel'efperon: & fiaucomencement que vous
luy enseignerez toares ces chofcs.il ne vous refpondoit point bien^ins
faifoit tout le contraire.ne perdez pourtant le courage, car à la fin vous
Je trouuerez très facile & prompt à fiiirê tout ce que vous voudrez.
Qr eft cette la grande difficulté, & en laquelle fe doit pmicipalementmonûrerl'artifice
l'efpritducheuaiiervaillant, défaire entendre
au cheual la cacfe pout laquelle on luy donne le chaâiement ou k
jfèçours.non des efperons feulement,maÌ5 de quelque forte qu'il puifle
eftre.Car audi tofi que le chenal entendra ce poinä- là,il fera toufio urs
conforme,5c ira obeiffantau defir ducbeualier: partant faaî-il aucunefois
renir la main plus legere, aucunes fois plusferm e, parfok vferd'afpreté,
par fois de temperament 5c douceur, tantau talions qu'aux autres
operations de tous les membres du corps: tellement qu'il y eft re«
*juis vn grand Si infiny difeouts pour cognoiÂre & bien vfer du temps,
du lieu, de la melure , & quandil luy faudra croiftre ou diminuer le fecours
ou le chaftiemen^S: quand s & où, & combien l'vn ou l'autre luy

FED. GRISON. LIVRE IUI. 135
commeie vous ay dit au commencement.eftcduy que le chcual craint
le plus & quiluy profite ,& le tire plus de quelque faute ou defordre
qu'il ßtce.Le chaftiement de la baguette combien qu'en quelques cheuaux
il férobledu commcucement peu profitable ,& quafi plus nuifànt
qu'aidant,toutesfois ou cognoift puis après qu'en le baillant à temps, il
fcrt beaucoup pour affenrer k cheual de tefte, & lay öfter tout mau«
uaispenjement. Le chaftiement de la bride eft bon pour corriger la
bouche & rendre le cheual iufte de col & de tefte, & profite beaucoup
poor l'affèurer.Lc chaftiement du gras de la iambe & encore celuy de
î'eftrierrend ferme & iufte le cheual de toutes parts deuant & derrière.
Le chaftiement de Vefperon n'a pas feulement ceft effèót d'aiïeurer Se
adiufter merueilleufement Je chcual, mais aufli de le rendre fort obeik
ûnt Sf fiibiedt, Se bien entendu,& fe conformant du tout au vouloir de
(òncheuauchcur.Lechaftiemcnt delà volte,demonftre &enfcigneau
cheuallamefure&lavraye forme du maniement non feulement aux
paflàdes,mt!s auffi de ferme enferme au redoubler : & auant chaftie­ ce
ment de volte doit fouuent & quafi toufiours preceder le chaftiement
del'efperon. Et fi vous prenez de bien près gardeà ce que ie rous ay
dit, vous trouuerez que ie vous ay bien au long déclaré tous ces chaftiemens
, Se les temps & les moyens d'en vferoudel'vn ou de l'autre
ou de plufieurs enfemble.
Pareillement fe peut donner au cheual l'aide ou le fecours en fept
diuerfes manières, c'eft k içauoir .delà voix, de la langue,de la baguette
de la bride,du gras de la iambe, de l'eftrier &c des efpeions. Et tous ces
iècours font de merueilleuxeffeds quand ils fi: font en temps & lieu,
commeievousay pauuantmqaû ré clairement par rour où il en a efcheu
propos, autant aa «oins qu'il m'a efte permis pout !a difficulté de
la matiere,& vousaduiie que le feceurs, i'eftriet eft bien peu vfité,
dequoyiepenfebien que vous foyezaduifezen lifanreemien difeours,
pour le peu que ie vous en ay parlé.
Mais auffi vaudra-il beaucoup mieux que vous ne donniez aucun
fecours au chenil fi vous ne cognoiffez & n'auez la mefure & le vray
temps de les luy donner à (àifon & à-propos- Ou it tout le moins faites
tant que vousayezceftecognoißancefeulettientdevous en fçauoir
feruirà tempspout lechafticr&corriger quand ìl fait faute, qui vous
fera moyen Dienaifé,& au furplus tant profitable que le cheual pais après
pour la crainte qu'il en aura vous répondra plu; promptement
que fi vous luy bailiiezlei'eceurs hors faifçn, lequel feroit cauiedefeftourdir
& efteoner de fotte qu'ii fè cwfoadtc® ûhs. poanoir éntiok
dtequelle feroit votee volonté.
- E ncore u^e femble?il bien àprepos dcVôus^Sit'ë '(|ncr(¥dttinefitr e6
deux manières on alfeote & carette loti iärdlx
R ii]

1)4 L'ECVIRIÊ DE
plaiÈnte & baffe ^autrc, auecqucs U main ,la lay cooFant fur l'inarca,
tuie du col, ou l'en grattant enccft endroit mefm e , & principalement
au ioog du col & fur le garrot, ou bien faifànt le femblable de la baguette
en temps Se lieu ainfi que ie vous ay déclaré. Et pource qu'il fera
beaucoup plus leur decarcflerle cheual de la main, partant vous dyie
que quand vous voudrez tire cefi efièót, fi vous tenez la baguette
en ta maindroiâe,incontinent vous la faudra mettre à trauers quafî
par la moitié en la main ga oche entre le poulce & les refnes , & à ce
moyen vousaurez la main dtoiélc libre pour l'afleurer , & la baguette
touïïouts prefte &aifcçpour la repren dre puis après quand il vous piaira,
& la tenant en celle façon en la main gauche, elle vous fera paroi.
Are cheualier difpos Se ne vous deftourbera en aucune forte.
Etvousaduife que quiconque fçauta chaftierà temps le cheual de
fvn de ces chaftiemens qu'il verra le plus propre à corriger fa faute , Se
qui içaura pareillement à temps luy donner le ïecours plus ou moinsfelon
le befoing , Sclefçaura car efferàtempsilfc poortabi^h appelle:
bon cheualier & bien expert en celle faculté : comb ien que ces care dès
itempsnefont pas tant necelTaires:carfans clles.enchaftiant & fecourant
le cheual à temps,il paruiendra neantmoins à la perfeôïion de toute
vertu. Toutefois à plus grande cautelle. Se pour luy donner meilleur
courage à bien faire, ie vous ay.bien voulu ramenteuoir ces careffês,
lefquelles neantmoins omifesparfoisnefepeuHentimputeràdefbrdre.Maispour
paruenir à ceße peife&ion de vertu S de bonté de
cheual, ie vous dy que tout ainfi que k nauire fe guide & conduit par le
nocher par le moyen du timon, lans lequel elle demoureroiten confafionfansfeurecondui

FED: GRïSON. LIVRE IUI.
droit,iufte-dc dorp$,dc mains, de cuiflcs.dc genoux, de ùmbes, de ta
Ions enU forme queie vousayparauant briefuemenc difeouruë lors le
cheual au moindre figne de fecours de la bride où des eiperôs que vous
luy pourrez faire entendre voftre vouloir. Et en tout maniement qu'il
fera il vous accompagnera,5i vous laccópagnerez, de forte qu'il viedr*
en tout & pat tout toujours auec reps & mefiire>& à la'reuc des regardasfemblera
que vous & luy nayezqu'vn corps, vafêns& vne volete.
Et combien qu'aucuns dient & fouitiennent qu'il vaudroit beaucoup
mieux laiffer porter au cheual quand on le cheuauchç fa tefte libre Se
non contrainte, l'entretenant en fâ liberté ou férocité naturelle fans
luy fairechaftiementny aucunefubieótion: toutesfoisón voit apertement
qu'en cefte maniere lecàeualier feroitguidé & coduir du cheual:
lequel n'eôantnourry pour conduire & corriger l'homme s'en pourroi
taller précipiter & fon cheoalier auec luy. Partant tft-iî œccflaire
sue le cheual entende la volonté de fon cheualier, & qu'il luy obeiffe
felon fon defiren temps & lieu, & luy faut faire entendre au moyen de
fare & de la vraye difeipline que la plus gaillarde partie de fon corps,
quieftiefront doit paiïer la premiere & la plus foible, qui eft le muffle,
fe doit retirer deffbus vers la poiârine. Et n'en delplaife aux ieunes
& modernes qui ont fbuAenu le contraire:car plus le cheual porte (à tefte
libre eftendant le muffle en auant & allongeant le nez.tant plus ira-il
auec l'efebine abandonnée & laiche, tellement que le plus fouuent il
Ära le mauiemet defpiteux.couche & large & fans ordreaucun, & plus
sifement perdra l'haleineimais quand il portera le muffle plusxetiré deffous
vers la poidirine,& plus fort il s'embridera pour aller ferir du front,
tantplus d'heure à autre fe renforcera-il d'efehine, ayant où s'appuyer
& fòuuent (iigrMffti»gruppi) de bond en bond voira toute fà force,
dont encore luy viendra plusgrande legereté & plus propre adrefle, &
plus grandeforceaux reins, & facilité plus grande à fe manier. Quand
il portele muffle allege, la force de laquelle il fè pourroit beaucoup
aduancer, neluy manquera pas feulement, mais encore il fera &à la
courfe& en tous fes autres maniemens plus dangerear&^ifé à cheoir,
de forte qifvne petite pierre le pourroit grandement offenfet, pource
qu'il ne peut regarder à fes pieds :mais quand il s'embride bien, retirant
le muffle deffous,&va pour ferir droit du front,alors il ne va point à
aueuglette^ins toufiours en courant ou autrement fe maniant, il re garde
à tout ce quii fait. Quand il porte le muffle allonge , s'il s'en alloit
heurter contre quelque chofe de cette partie qui eft la plus foible qu'il
ait, & fur laquelle il craint plus les coups, outre ce que telle rencontre
fèroitdepeudeforce, encore pourroit-ilaifemenrpartel heurt mortellement
renuerfer, mais quand il heurte du front, ayant le muffle retirédefTous,
pource que le front eft k pàrticla plus forte que nature

L'ECVIRIE DE
ley ah baili etil Äonntti le coup gaillard ; Si fans danger de Bféfîcùre 01%
de chdutcû renofliêrâ pat tetre tont ce qu'il rencontrera deuant foy.
QuandrilpórtekmafflealloDgé , ponrle moindredefpit qu'onluy fa*
ce il fcpoarrÀdtelfef'& ietier tont droit, cè qu'il ne pourra'fîaifément
feites'ils'embride de faferirdufiront.Quand il porte le mufîle allongé
fid'auentureil tombe en courant mal aifêment fepoutra-il releuetiôc
fi par fa grande force & allegteffi; naturelle il tafchê de fe releuer ,cc
»e fera patfimsf grande dificulté^aîss'iîs'èmbride & tienile muffle retire
défions & vaferir du front, à peine tombera-il iamais, & néantmoinsfimsîs^ , ils , embride,5c
le muffle retiré pour aller ferir du front,il n'en fera pas feulement
plus ferme debouche/mais auffi il tiendra fon col ferme & dur auec vne
merueilîeufemefure.&îatefieiufie&feure iamais ne lamouuanthors
defonlieu,&auecvndou$appuy s'accompagnera & agencera de foztelaboucheaueclabride,lamafehant
toufiours qu'il (emblera qu'elleyfoitmiraculeufement
née :&tant plus on le trauaillera , tant plus
croiftra fa-vertu, & de quelque qualité qu'il (oit ou bonne ou mauuaiiè
il fe monftrera eh cette façon toufiours gaillard & galîand auec vne.
graodeappareticéde perfèdtron.
le vous diray maintenant que la main de la bride fê doit porter en l'ya
ne de ces trois façons. La premiere, eft de la porter baffe auprès du gacrot
deflus le bord delà c0uuctture.La2.eft de la tenir vn peu plus haut
vers le milieu de l'arçon. Laß.cftdela tenir plus haine ttyuironl'orlet
& le bord d'enRâut de l'arçon , & quelques fois vn peu plus efleuee.La
premiere, eft-pòur cortiger.Lat.pourl'entretenir.Laj.cftpourle maoieiòc
pourlcmonftrer.Tontesfoisilfautcófideterla qualité des cheuaux,filecheual
eftoitdurà tirer le muffleversla poiârinejorsiî vous
faudtoitvfer de la premiere façommais s'il eftoitpropt Scaifé, iufques
h ce qu'il fu ft bien accoutumé en cette vertu, il luy faudroit vfer de I»
fteonde , & puisapresdela troifiefme: laquelle troifiefine eft encore
propre au cheual qui eft naturellement Ombrian, on enclin & porteria
tefteen fon lieu conuenable, & audi quand il iera du toutafleuré en (kbonté.
Et pource qu'à l'auenture vous n'entendez pas que c eft à dire
cheual Ombrian, ievousdeclarequelecheual Ombrian eftceluy qui
\a la tefte baillée toufiours regardant à bas fon ombrexombien qu'auiourd'huycemot
foitcorrompu,& dit on communément Mothtu : finablemét
vous vferez de chacune de ces façons auecques moindre ou
plus grande liberté de main felon ce %nc vous en verrez eftre befoing.
Mai#

FED. GR Ì S ON LIVRE 1111. _ 137
M lis notez qucpour !e mieux il vous faudra roufiours tenir le petit
doigt entre les deux refnes de iorte que le moot de Venus auecques
b partie de îa ligne vitale qui eft joignant, regarde vers l'arfoO,^ le
poulce palîant deiïus les deux refnes fera rournéversle ceftédroit.
Tovtesfois prenez garde que tâtplus vous tournerez le poing, plas
le petit doigt aille delfous,tellement que le poulce ira lots pluftoft par
diffus vers le col que devers Varfon , & en cette façon le cheual enferà
plus fubiet:mais celane vient pas toufiours à propos, ains fe fere plas
ou moins feltvnla qualité du cheual , & felon que laneceffité vous y
-conttaipùra.
Yt me feenble encore bien h propos de vous dire que cheuauçhant
anec les fanlfes refnes,faudra lors que voftre petit doigt forte hors des
refnes , & en ton lieu vous ferez paßer parle milieu d'icelles le doigt
fuiuant,qiueft'e doigt annulaire: car.par ce moyen auec pins grande
aifance & plus grande efficace les refnes feront (ecoumés, aydeesSc
fuporteespar Ics favi!es refnes.
Encore ne vous vneil-ie taire, que la premiere choie que vous douez
faireauant que montera cheua!,c'eft devoir fila gourmette eften
fonpoinA,&r fi el'e eft accrocheeen la maille où elle doit eftrc,& pois
apris vous faut regarder fi les ûngles font bien liees. Semblablemeàt
incontinent que vous ferez monté deffus , vous faudra aiufterles refnes
en la main gauche de la faç5 que vous cognoiltrez plus propre2%
qualité du cheual: & puis après vous faudra accomoder & accoultrèir
vos accouftrements, & vous arreftervne efpace de temps après qoe
vous ferez accouftré de la façon que ie vous ayditparauant.
Les raifons pourlefqm lles h main de la bride ne fe doit point poster
haulte,tont infimes : Se. entre les autres qui font en_grand norobié,
pour vous fàtisfaire& aux autres qui n'ont pas la-capacitc, pour brie-
Betéievousendira^feulementqoelquesvnes. ' '
Chacun fçait que portant la main de la bride hault en l'air outre ce
que le bras de la main qui la tient, fê lafTera aifement, & qu'au befoing
on ne pourra pas la tenant foire au chenal, telle force qu'on voudroir,
encore l'efenyer ou le cheualier ne paroiftront pas auec fi bonnegratfr.
Chacun;tçaitaufli que portant la main de la bride bautte , on pour»
ro.it ßR combattant bien aiiément coupper les reines : & d'auantage lè
cheualier n'ira pas fi iufte,fivny ne fi eftroit,comme il feroit de la ma,
niere que ie vous ay di

zß L'EC VIR IE DE
dc/robera la maio, & ß oc pourrez pas fi aiftménr voQ$ aimfer de &
faute : ainsi eta biea iifEdte qu'en cede façon il fc puifle chattier de
forte qu'il ferente tubiectà vous.Si combien que quelque chcual conduit
deceftefaçoiivousfembleaucommencement bienaller^fifera-il
bien mal aifé qu'au lodg aller il ne face quelque defb; dre.
Chacun fçair auffi que portant la main de la bride haul te , le chenal
n'aura point d'arrvtt ou bien il puilîcappuver fa bouche: car il n'y*
doute que la main haute branle qjafi toulîours^ellement qu'il eft bien
maUifç de manier le cheual auec la meiure conuenable. Dvncques oc
laidezpoint la vraye do&rine, par le moyen de laquelle il fe rend«
tant ferme & cantiuftequepv.isapresdequelquefaçon, ou haulte ou
ba#e que vous poniez ! a main de la bride, il vous obéira & refpoudra
divinement,smsqatipluselt nonleulemçnt en portant les reines de
1a main gauen v.mais encoLes q v.e voo s le portiez auecqties les dents, il
çejaiffeta pas à bijn faire , &c pour quoique ( luffrenide ) tour de bride
quevousluy donniez,il neferaaucun mouuementde tefte.
. Orceftecouftume de porter la main delà bride haute ïe pratique
fort en Numidie&auxenjironsoùfontles ArabesSc autres telles nations
degens, lefquelles ne (on: pas capables de la vraye discipline de
Jacheualerjerdontlacognoilîanceeft propre eu toys les iotttsilsJeur renforcer&augmétentleur chaige,mfques
àcc quYUeurfemblequ'elleioitdupDix d'vn hommepefant & arme.
, Mais pour reuenir à noftre propos d'enfeigner bien vn cheuat dé
nottre climat,ie voua.dy que vous, pourrez commencer à luy apprendre
tous les maniements & les vertus dont ie vous a y parlé, quad il auia;
at taim lc>;troisjins,ou les ttois ans Scdemy : cóbien que voas» poor—'
riez bien auàìicommencer à cbeuaucher ie içune cheual deputi qu'il
agtoitpairélfs.dcoxansrtoutesfoisl'aage de trois an» & vù peu au
delTus eft plus forte pour porterie traoail^ &pour entretenir le chcual -
4uec plus grandcicuretçgaillard 5c allaigre, fain,* entier de corps, de

FED. GRiSON. LIVRE IIIL
bras&deianSet.Ht partam i'F.mpereut Federic ne vouloir point que
loncheuaiKhifllescheuatixdf Ion haras qu'ils n'cuffent quatre ans:
mais quand vous commcnccrtz à !eschtuaLCher& à les manier, ne
faudra point que vous changiez de lieu à la campagne,6 laneceiïlié
vousyconusimxaifilccheualvabien & fait bien ion deuoir au lieu
qu'ila sccoultumé, toutcfles fois qu'il y arrioera il fe fouuienHra des
ordres qu'on luv aura apprins, toufiours allant de bien en mieux, & ne
faudraàaueirmemciiedctousîescliefiitmés qu'on luv sura donne*
pour le corriger de fes fautes,tellement qu'il deuiendra iubiet & obeik
lant,feur&krmeentoatebonté:toutesfoisenaucan cas particulier
comme d'vpe grande crainte ,en changtaot de lit u il (croit bien plusloft
vaincu & dompté. Faudra aufli tous lesiours fans intermifïïon att
matin auar.tque luy donner fon auoine^le manier & (olliciter & ne
ceffer jamais ii.fques à ce qu'il entende les tours,Srlesautres vertos que
ievousaydif.&quandtlvousfembleraqu'ilâQra pris baleine & qu'il
entendra parfaitement toutes fes leçons, lorsfèraaflezdele cheuau«
cher de trois en trois iours& puis après (u Era de le manier deux fois
la fepmaine: mais audi quand vous cognoiftrezque lecbeual (à raifoa
de ce repos) deuiendra poltron & s'cublieta de quelque chofe qu'il
aura apprife, lors vous faudra retourner à le cheuauLher tous lesioors
plus ou moins d'vne heure it îcn qu'il pourra re(ìfter& le manier félon
1 ordre qoeie vous ay dit enleconiceantde les fautes. Et vous adaife
qu'il n'y a cheual.lequel continuant les reigles & les ordonnances que
ie vous aydeclarees par le menu dedans quatre ou fix mois au plus, ne
feit inftruit eu tous iesmaniemens que ievous ay psrauant déduits 8c
dccj^rez,& en tout ce qu'il efl poŒble de lay apprendre.
Heft vray qu'ilyadesfheuauxdeouelqcerace qui font tardifs lek
quelsplufioft qu'ilsayentiabouchefaiâfe, & les membres pleins &
charnuz enuiroe Taage de cinq ou fix ans, combien qu'ils entendent
& fçarhent bien routeslesreigles& etdonnances,tOLtesfoisiIsceferontd(monAraticn
ne de force,ne de valeur,nedeleur bonté.
Et pource que quelque gen ti! homn.e pourroit bien eftre curienx de
fçauoir quelle (eia la dnpofition & l aage du chenal plus propre att
combat & la bataille.
Partant ie vous dy pour cefteffèâ que plus le cBeual ëft dç grande
taille & mieux vaut,pource que toute efpeced animaux.forsque l'ho,
me, le plus petit ctêintie plus grand que luy. Et depuis fi av.s;uiquesà
quinze le cheual fera gênerait met paifait en toutechofe,^ em ore s'il
cft bien gouverné, & non exccff uetaent trauaillé lans opprefEbb de
coups ne c*e m£le

i4o L'ECVI RIE DE
cens hommes d'armes que cheaaI iers,eotrencontredel'armee daDuc
de Milan qui s'eftoit couplé auecques les Vcailien$,& auecques le Fer.
mois & le Maotouan, & ne fuft pluftolt arriuéàFornoue.qu'il n'enteodift
que Ces ennemis fuffeDt plus forts & plus gaillards que luy, ains
iufquesau nombre de mil cinq cens hommes d'armes. Et toutesfois
le Roy de France fe fiant au bon cœut, en la vaillance^ la prudence
de fes hommes & cheualiers,& du feigneutlean lacqaes Ttiuolfc,gcntilhommeMilannois
fon Lieutenant generaLcombien qu'ils luy diflènt
tous qu'ils luy feroyent bien chemin pourfàuuerià perfonne, voulut
le iout fuyuant donner la bataille, & montant deflus vn eheual moreau
vilain d'Efpagne,lequel eftoit borgne d'vn œil, Se auoit vingt & quatre
aas, enuoya fon carriage deuant: contre lequel la plufpart de Varmee
Italienne auecques grand defqrdre s'aduança foubs efpoir du butin : Se
le Roy cependant commença à combatre & donner deffus fi coorageufementSc
vaillamment qu'il palTa à trauers de Ces ennemis fuyuant
fon voyage;entrelefquels fetrouuerent,que morts que prias, dix-fept
capitainesdes principaux del'armee.
Mais le cheual fur lequelieRoy eftoit monté combatit de tel cœur
& de telle force que le Roy maintefois , puis après difoit auflîque ce
chenal auojteücoccafion de fa viôoire.De faiä il le fift conduire iufques
à Moulins, & là chèrement & curieufement rrai&er tant qu'il
peuftviiire, fans le plus trau ailler en aucune maniere: Si de puis qu'il
fut m ort,par lecommandement de Madame de Bourbon ( parente da
Roy)ilfuttrcshonnorablement& brauement enterré.
Pareillemét lors que le grand capitaine veint à l'entreprife du Royaume
de Naples fe trpunant au camp)à la Cerignole , il aduint qu'e»
ftant venu le Lieutenant general du Roy de France,auec bonne c compagnie
de Barons & grands Seigneurs à l'encontre de l'armee d'Efpagne,S<
voulant combattre le iour fuyuant, il arriuaaucamp vn cheualierNapolitain
quiauoitnom maiftre lacquesGuindazzo , &pource
qu'il n'auoit pas là fes cheuau x, il s'en alla vers le feigneur Troyan Caracciol
Prince de MelfeSjSc le pria qu'il luy pleuft luy preiler vn cheual
feulement pour cefte iournee.
Le Prince généreux & gracieux luy bailla le choix du meilleur que,
leGuindazzo tronuecoit en (on Efcuirie, où il alla, & entre les autres
print vncbçual bay de grande taille , lequel cefteaqnee eftoit venu du.
haras de faillir les iumens,& auoit bien vingt Se fept ans : & combien
qge le Prince l'admoneftaft d'en prendre vn plus ieune, le Guindazzo
cheualier expert ed chenaux, & qui cognoiffoit bié ce viel cheual, n'en
voulut iamais prendre d'autre : tellement que le iour (uynant en la ba.
taille, le cheual eut plufîeurs coups, toutesfois il fift fi bien fon deuoir,
comme audi Eft le cheualier qui eftoic deflus.que chacun en fuft efinerueiUé
, & ài* fin gar la vaillance du cheual futiauueela vertu du che-

FED. GRISO N. LIVRE IUI. i+î
tialier, &l'vn& l'autre dignes quelcurs noms foyent auiourd'huy mémorables
parmy le monde,& iufques à la dnquicfmefpbere.
lefcrayicylafîndemonEfcuirie, & des reig!es& ordonnances de
lavrayedifciplincdccheuallerie.Et combien qu'il y ait beaucoup d'autres
fecrets à vous dire,toutesfois craignant vous confondre,! ay mieux
aymé les vous taire , de peur que vous les difanc vous n'oubliez les vns
pour les autres.
le vousdiray feulement pour cede heure que pour eftre accomply
& parfaiâ cheualier, il faut premièrement que la nature vous ait fait-,
aaiftreen telleconfteilation^tPdle-vousinduiïë&quafi vous force à
toufioursfuyurela vraye efcolede Mars & toujours pen fer à elle : &
puisapresaueclalonguepraâique , ayant lecommencement que ie
vousay dit,de vous mefmesvousdecouutiez.]beaucoup de chofes qui
fontacceffbires aux principales qoeie vous ay dèdarees , & desquelles
iemetay maintcnatK, cfperant qu'elles vous feront èfclarcies par la
bonté decegrairef Dieu,qui faiiâcognoiftte-fesgraces à tous ceux qui
les cherchent & demandent : combien que cette vertu foit telle qu'elle
efto&royeeàpeudeperfbnnes,pource qu'en toutes autres fâcultez
&fdcnces,flyanombreinfinydelçauans&expers do6teurs:mais ceft
art eft tant di£Scile que combien que plufieurs fe trauaillent de laprendre,
fin'yenaura-iliamaisqu'vnfeul quipuilîeparuenir au vray
ut de foo abfoluë & accomplie perfection.
FIN DE L'ECVIRIE.
PO vu. CE qu'auec le temps fe changent non feulement les noms des
moindres chofes, maisaufïï "èes grandes & plus anciennes citez, 8c
quipluseû les noms & les faits verrueùx-dé plufieurs d'icplles font auiourd'huy
eftainsSe enfeuelis fous oubliance eternelle:, il m'a femblé
meilleur pour le profit de la pofteritc de ne me fier tant aux noms des
mors de chenal,donrparcydeuanri'ayfaiét mention, &qui pourront
aifémentchanger,quepourplusaifeeintelligence,iene vous figurafTe
icy chacun d'iceux,felonl'ordreque l'en ay parié. Etvousaypour cett
eflè&bien voulu teptefenter pàrles ffgu^es (îiyuaMes chacunes petites
particularitezdetousces mers de bddé, l'vnemppesNutre^soutes
telles qu'elles peauenteftpe,afreuré que parle moyen de %yraye Se
naifue figure d'iceox, on ne pourra pour temps qui vienne, failhràea
recognoiftre la vraye forme :ic ne diray en ceft endroit toutesfois entierement
à quelle nature Se forte decheual chacun defdits mors poutraeftre
propre, pourceqoeicl'aypar cy deuant déclaré à fuffifance,
neantmoinsie vous en ay bien voulu faire quelque legere declaration
fous chacun mors pourvsus foulager aucunement de pein£, efperant
que vous aurez toufiours voftre recours à l'œuure.
S iij

14*
L'ECVIRIE DE
MorsàOnon.
Le premier mors qu'on doit bailler au chceal, (bit de bonne on maaa^ifi
bouche. '

FED. GRISON. LIVRE IIIL
(fw/)Mon à houe.
Poutcheual quiraonftrciuoirla bouche quclqaepca dure.

L'E.C VIR IE. DE
I 'o.; a'cLix & p@ìv,&- :antcei'-X^sr dò foav:"ccui qui fîiyuent, fcpour
lovi.airf pliîs miocesreiïembiant àoliues.
Pour cbeaalqai n'a grande bouchc,toutesfòi$ delicate & antrcœen c
bonne.
(iclon

FED. GÎUSON LIVRE IUI.
Meîon vh peuoius rotïJaueevn anneau ôu rouélle pardehócs, , & encore
s y potura mectre en va autre anneau ou patenoltre de chac'ôa
cofté, près du nead.
Pourcbeuauxqmfont de bonne nature, on quinefont de trcp maunaife
volonté , & qui font vnpeude( (himi^MoUs ) c'eft à dire qui fe dependent
aucclesleures , & nefepofentfur lesemboucheures comme iîs
doyuenc , mais fêles renferment dedansla bouche, de relie forte qu'ils
s'appuyent far icelles vous forcent memeilleufenûen t.

x+g L'EC VIRIE DE
Melon auccques deux anneaux en annelets de chacun codé , près du
" neud.
Autre h mefme eiBfeâ que ce dernier pr^ccdenc.

FED. G RIS ON LiVEVE IUI.
Morsi poire.
Autre ï mefmc effeâ que ce dernier precedent.
y
«42

L'EGVIRIE DE
Poire] âuccqm vn Mnettjoa couclle'pat dehors.

FED. GRISON LIVRE Uli.
Poire «uccgucï deuxea troisannclets oup*tcnoftre$ près du neud.
g,m !%
Autre h mefme efFcd que ce dernier precedent.
T iij

i,o L'ESCVIRIE DE
Camp^neUi (

FED. GRISON LIVRE IUI.
Campanelle ( col tmpdgm funa ) h cul plat.
Autre à roefmccîtca que'ce dernier precedent-

L'ESCVIRIE DE
CampsccDs auecqucs l'anneau ou roiiel'e par drhot?.
Antre h mefeae effeâ que ces deux detaicts ptcccdcnsîêc encore plus
puiffimt pout Éûre fon cffcft dedans la bouche du cheuai. ^

FED. GRISON LIVRE 1111. %
Campanelle auecques deux annelets eu patenoftres près du hflcud»
Autceamefme efFed que ce demier precedent.

L'ECVIRIE DE
)rs^hottcauecquésvnbouconou bal
qui tepeuc tournee de chacun cofté.

FED. GR ISO N LIVRE UH. y;
( Sace)mots à hotte auecques vn bouton or baiente entrdilce, & auec»
ques deux ou trois anneiet oupàtenoftics près du neud.
Âuîreàmefme'effèô qite cetîcrnief precedenr^ fortpropïe^.
cheual qui porte la langue hois la bouche^
VÜ

:jf L'ECVIRIE DE
Poires doubles^
Autre pour ( chùmiXuoUs. ) mais non fi propre que les precedens, &
y nottue l oa aucunesfois peu d'aduancemcnc Se atnendejment.

FED. GRISON. LIVRE Uli.
Campanellcs doubles»
Autre h mefme cffeâ que ce dernier precedent.

$jS L'ECVIRIE DE
Baftonacfts auec les boutons ou baloues entuiilees qui fe tournent.
Autre h mefme efFeâr que ces deux derniers precc(îens,mais le plus fuue«
en y trouue cncor moins d'adutocement & amendement.

FED. GRIS ON. LIVRE IIIL
Denw canon ([ueMto ) coudé & ouuertàcold'oyejic & repris à
(ferRe) clou ou pommette.
PpurcLeu»! qui eft délicat tI , emboucheare,& engorge & i«ngQc.

I

FED. GRISON. LIVRE IUI.
Dcmy canon ( fnejnt* ) coudé & ouviett, à pied de chat,
iiéôi reprisa ^trc^clououpômmette''
Antre à melme eflfèét, mais en parrienou fi fort qof let êeax dernièo
precedents ,& nercndk cheóai fi îibrede largai & fi
fybieâ de Loathe.
%

id L'ECVIRIE DE
j D^my canon ( fitenxt» ) coudé &puuett, à pied decb#t,
lié.&iefrisà (^/^»jcrochcou couplet.
-i Aiçftfl aneâtit étFsâ^elaecé decni8r.p tccedcac^

FED. GRISON LIVRE HIL ^
Detnycanon (fuenttt )coudé&rouuerCyacold'oyeaueqaes
lapiecetce.
Autteà méfme effea quelles quase derniers.ptecedents, mais il rend
la bouche da cheuil encote pìusìubiete &:plus libre de langue.
Xij

1*4 L'ECVIRIE DE
Demy canon ( fueatt»} condéouaertìpied de chat,
Auecques la pie cette.
Autre à mcfme effëâ: qac ce dernier precede»!, maie
non du tootfî bon ny fi fort.
M

FED. GRISON LIVRE HIT.
CKÜOB {ffitAMt*) coudé & ouuert, entier.
Pourcheaal qui n'dtpointxJëlicst d'emiioucheareyS:
qui s'engorge la langue.
Xiij
H'

L'ECVIRIE DE
Canon (fuenàtt ) co ode & ouuert /entier auecoues
lapiecet;e.
\\»
m
Autre à œefme eflrèdt que ce dernier precedent, mais il rend la bouche
du chenal plusiubieâcauec plas^grandc liberté dckngac. '.

FED. ORISON. LIVRE IUI.
Canon (futnat*) coudé & ouuerr,auec les bracelets, ou filets, au lieu
de la Siciliane ou ttenchefille.
Aaire poûr c^'dual qui Te boirlâ bride.

"KS I/EC VI RIE DE
Detay(fcâét j mors à hotte ( f»ert

FED. ORISON. LIVRE. I::I. i(%
Dem y {/

L'ECVIRIE DE
Dena-y.; ifeifr) mors v i horte 1 fninJtn) coudéS; omiertì pied de
cha:,i:é & reprisa ( prr»») clou ou pommette.
>• kß
GGPR
mais en
partie non fi fort.

FED. GRIS ON. LIVRE IUI. 171
Demy ( face) morsi hotte (fuenata) coudc & ouutn a pied Je t. hat lié Sc
repris à (bmfft) crochet ou couplet.
Auîreàmefmecffeâquece dernier precedent , tqgfesfofsqu'il nousfenable
qu'au commencement du tiers îiureil nous deffend
vfer des mors faids à faces.

L'ECVI RIE DE
Demy (feda) morsXhotre) (»tmtA) coudé &ouuertàcoî d'eye,
auec la piecette.
Autre h mefme *èct que les
quatre derniers preredens, maisil rend
la bouche du cheualplus iubieóle & plus libre de lan ( ue.

FED. G&ISON. LIVRE IUI.
DemyY face) motisihoiiefftemiW)«çofldé• Sc ou&eïc , a^ied de char,
äacclapiecerte.
Autre h mefme cfîéâ que ce dernier precede m «s nor

7*4 L'ECVIRIE DE
(Suee ) mots h hotte (fudtuto ) coudé & ouaert,antict.
Poutcheual qui eft durd , embouchurc& engorge /à langue,

TED. GRISON UV&E HIT. Tf
( face) mors l hotte ([»tum) cocüc & otmèrt, aueckpiecette. '
Autre \ mefmcefFeâ qac ce dernier ptecedent, maisî! rend h bouche
du cheual plus fubiede Se plus libre de langue.

I76 L'ECVIRIE DE
(fM«) mors à hotte (fuendta) coudé & ouuert, auec le pcurfil davantage
Si auec la moitié icy peinte à l'enuers afin qu'on puiife voir où,
& comment doit eftre aflis fonpoutfil.

FED GRISON. LIVRE HIT. 177
(sace) ]mors* & hotte (faMU)coudé & ouuert , avec les bracelet^
oüfilets, aulica de la Siciliane ou vtänche&üe.
Autre pour cf.eual qui fe boit la bride.
z

,7t VECVIRIE ETE
(chitft »»)pas d'âfne, auec les oliues 8c généralement il corrige &
diefle mieux lecheual que le d'afoeauecqu

FED GRISON. LIVRE IUI.
(Sw#)morsà houe (cktJpfußipn dafàe.
Poorchtual qui Ì grande bouche^ cft dui d'cmfcoucheats»

i8o
r O
L'ECVIRIE DÉ
Poire à ( Gfc/'ff») pas d'afne.
Antre pour dienal qui eft dur de bouche,& fc dcfFend forr
iüeclc3(chtcmt\:ifle>,)

FED. G RI SON LIVRE IUI.
Campanelle à ) pas d'afhe, & fe pourra faire ( «//•««
^»ep

iSz L'ESCVIRIE DE
(Scuce) m ers à ho tte à ( chidppm) pas H'afne ,aue

FED. GRISON LIVlVE IUI.
Poire & (Chutfe») pas â'afnc, aaecqueî ces Bracelets où filets aux
trous delà Siciliane ou trenchefille.
Autre à mçfmc effeâ que ce dernier precedent.

L*ESCVIRIE DE
Campanelle à (chùppttt) pas d'afne ,auec femblabiés
bracelets oufîlcts.
Äat;c ï mcfmc cfièiâ que les deux derniers precedenti
(Ch'ufi*

FED. "GRISON LIVRE im.
( Chimin ) pas d'afne, auec les dines, & auec fembJables bracelets
ou Blets j & au lieu de ces oliues on y peutra mettre
des melons.
Autre à melme effed que les trois derniers brecedens^
A $

L'ECV IRIE DE
Deroy pied de chat, auec les oline*, & an lieu d'icetlcs on y poatra mectp
deux melons doux & polis.
Pout cheual qui a la bonche feiche & fans la; cur,& n'eft fort dur
d'embouchcure, & ncantmoins va auec la teû.ebafle &
auiE s'il faifoit (

FED. GRISON. LIVRE IIIL
Pied de chat aueclcs oliues, & fe pourra faire auccles melons
doux & polis.
Pour cheuai qui a p etite bouche, & eft dur d'cmboucheure.
Aa ij

i*S L ECVÎRIE DE
Dcmy pied de chat à poires»
Poot chenal qui a la. bouche (eichc & (ans fàucur, & n'eft fort dut
Poot chenal gm
-d'cmboucheure, & neaatmoins va auecla tefte baiiTce, & aoffi
s'il faifoit ( chim*\uile.\)

FED. G RI S ON. LIVRE mi.
Pied de chat auçcques fes poires.-
Pout ctieaal qui a la^ouchegraaie t & eft dur d'embouchearc.
Aa ii>

VECVI RIE DE
pied de chat à Campan elle.
Peur cheual qui a la bouche feichc & (ans (âneur , & n'eft fort dar
d , cmbouchcure1& neanttaoibsvaauec la tefte bâiflee^
»uûî s'il faifoitfahfttMtyoles.)

FED. GRISON. LIVRE. Hil
Pied de chat à campanelle.
Peur cheual quia là boa;he grande, k eildurd'emloutiheufe.

L'ECVIRIE DE
Demy pied de chat à Campanelle»
Aucuns en vfcnt pour affénrer la t pfte du chenal & le faire plus leger du
deuant, Sfauxrofes.&povc'»frî'raÛTauecquesl'efchinegaillarde
&sflfmb!éfr rccr? û- -nr-x- ccv: v" S. Federic Grilon
• fr'c J.- i • '• '•»

CES pieds*de chat ( autrement appeliez quarrez [ » chiappi**.
ß>e\zaii]ou pas d'afne reptins & reioinâs) fe peuuent ioindre 5t
attacher non feulement à { ihidpft ) couplet comme ils font prins:
maisaiîiïià( fera* ) clou : toutesfois ie les penfe meilleurs attachez à
coupletSt eucoieles peut on tourner , ou en forme de pied oe chat,
eu en forme decol d'oye, ainfi qu ii plaira au cheuaher. Mais ie ne les
ay point voulu £gurer à part , afin de ne rprefencer pJulîeurs fois vne
mefmechoie : & pemee que ie me fuis afleurè que vous pourrez aifémentde
vo»s-mefmesdi(cetnerlesvnsdes autres, & les accommoder
àprofit , lifsnt ce quei'enay eferit parlant des mors de bride ,&voyans
îesdeiieiDsque ie vous en ay reprelemé fut cefte fin. Et c ombien que
tous ces mots, tant ceux qui font clos auecles gardes droictes, comme
crux qyi.font ouuerts auec les gardes tournées , fe puifïent faire anec
gardes aoanceesoaplnsretirees, & pareillement auec les yeux plus bas
ouphishautsainfiquelaneceflité Si qualité' du cheual en fàidt demonftration
: toutesfois pour gaukri'ordreieles ay fefclement faict peindre
envneforme dedroiótes,vnefojme de tournées & vne forme d'yeux"
abbaifltz. Et tout ainfi que les c&ors ouuerts qui ont les gardes tournees
fe peuuent faire auecles gardes droites : avili les mors clos auec
les gardes drolâres fe'peuvent bien faire auec les gardes tournées. Ce"
que vouspourrez apprendre du troifiefme Hute , auquel ie vous ayde-,
ciaré en parlaat des mors de bride,lequel e ft le plus gentil ,5: que le plus
Lourd^uefrpar-fautedelaplumfjOu par quelque autre maduertance il
eftoit aduenu qu'aucun de ces deffeins nefuftreprefènté (î efgal^ufte $C „
proportionné commeildoiteftre,non des gardes feulement, mais aufli
Gertmboucheurejl'efpeionnierpourra'aifément amender telles fautes,
en voyant/fulementlafornie. AufurpJas ie confeille à tbute perfonne
qu'il ne prenne la peine de faire vne table ou repertoire à ce liure : cac
on peut croire que fi l'euffe cognu le profit des leóteurs s'auancer le
moins du monde (fvne table, i'euffe aufli toft prins la moindre peine»
commei'ay fsitlaplus grande : mais ie m'en fuis expres déporté , fçachant
que,tant plusfcauent& diligemment onlira & relira ces o rdonnaRces^flefquetiescoflfiftent
plus en la pratique de tout l'art , qu'en b'
théorique de quelque particulier enfêignement ) tant piusparfàiâede—
aiendulacognoiüancedelachofequ'on y recherche.
FIN,
Bb

LA F I G V K n v r DISCO V S D V CHEVAL.

LES .MALADIES Q _y I V E V-
VEKT SVRVENIR Ä VN CHE-
ual auec les rcmedes.
Rcnezvn pcudcfoofire , d'encens mafie, nitre »tartfe,
s
1
efcorce zfe frefne,vitriol,vert de gti$, de Vele bote blac &
noir,atiftoloche,ronde brovez & pi'ez tout enlemble
auecdesmoyeux d cEufs& huile commune, & le tout
boailly enlemble,engtaiffez, en le mal.
, 2 Prenez des meures non meurcs,de l'orge de cheuai, a*
uec racine de meurier,faites bouillir ensëble, & en iauez
îe mal:& fi le mal vjêtàs'ouurii,prénezlàng de dragon,ius dt poteau, lei,
poix, huile,& vieil oing,& ea fàires emplafttes.
3 Prenez vne grande peau, & fi longue qu'elle ceuure les reins de Ja
befi:e,mais tétit premier faut rafer le poil de la partie do lente: puis faut
piier enfembleduboliarmen^deis con Coite grande ^gilbanum , fêl armoniac^ang
de dragon & fang de cheuai frais ou fee , de la poix grecque
, du maftic, oliban egsllement, & enle pilant &ut incorporer auec
aubin d'œufsj& de la farine de froment,& appliquez lui le mal.
4 Prenez vne coulenure& luy couppezlatefie&laqueue, & da rede
Èiiâes des morceaux , & les faiäes toftir à la broc he tant- que la graifle
commenceàdiftiller,S?râppl!quezfurleaiâl.
5 Ptenezlesrrois pars de fiente de mouton , Se vne de fieer de fari ne
de bled,oa bien de {eig!cJ& feichez la fleur, & lameflez bien, & faiûes
fuire moyeanementjouis l'appliquez tiedefut le mal.
6 Pilez des choux fauusg.es ou domeftiquesverds, auec vieil oing , 8^
mettez letout(utlemal,m6tezfur la belte,5c la cheuaurhez moyenae»
tìient,afin que la med en n e en tre dedans, & en peu de ioursil guérira.
7 Auec vn fer raillantfaut in eilet & arracher la chair motte, puis faire
vne eftoupade auec blanc d'oeuf, & le lauez auec vin tiede ôc l'oiodie
de telfuif que voudrez.
8 Prenez vn fer chaud & pointa comme vne aléne , 5c percez la chair
tout de fon long , & traueriez joignant le corps d'vn eufté 6c d'autre
le col en cinq endroits , & entre l'vn & l'autre des pertuis qu'il y ait
trois bons doigts de diftance , & laiiïez y en chacun vn fer on quinze
iours durant.
5 Déi que verrezcroifl:releseftranguillc6s,picqiiezIefousla g*rge, &
de matin,puis couurirez de la teâe d'vne coi uetwre de lin r & frotterez"
fouuent de beurre frais toute la gorge,fpecialemrnt le mal.
io Auec la lancette faut couper du leng es auiuies , les arracher de
puis prenez du drapeaude lin baigné en blanc d'oeuf , Sclaiflezles rego»
fer trois iours,puis les penfez cûmmelera diâ du ver»
Bb H

LES MALADIES DV CHEVAL.
K Faudraenleuer cefl: cngleauec vne menue aiguille d'iuoire & la cou»
-ferdutoutaueccifèaiixou autre taillant. Autrement. Fau» rediger en
poudre vn leûurd verd,& auec la poudre d'arfenk l'applique#ez fur le mal,
car cela rongejfort,
il Prenez des os de feche,du tartre.dufel gemme,autant d*vn que d'antre.&le
tout puluerifé.auec vn tuyau de plume le fbufïlercz dans l'œil, &
ferez cela deux ou trois fois le iour,& plus fi voulez.
.13 Attachezeftroi&emenr au boat dVn petit ballon vne piece de drapeau
bien trempé & oingt de (auon de Barbarie , & les fourrez dans les
nafeauxleplusfoupplementquepourrez^&auffi habiliemccl'en retirez.
14 Prenez delorpinSi dulouffre,&les iettezfur des charbons ardans,
& que la fumee entre dans lesnatcaux du chenal , afin que les humeurs
congeleesau cerueau le fondent & coulent dehors.
ij Prenez vne once de fenugreek le laiffez bouillir en eau tant qu'il fe
creue,pui$enla decochon meflez vne ou deux liuresde farine de froment
, 6f donnezàboireaacheualdeuxfoisleiour, 5c qgJuy donnez
autre chpfe.
16 Tirez luy du fang des veines accouftumees des temples , puis lay
ayant appliqué vncautere bien profond fous la gorge mettez y des tentes,&:
par deiliisvne eAoupade trempeeen blanc d'oeuf, & ainfi le ÉîUt
-Uitferrepofer p.2r trois ioursìl , eftabLe,& là boire & manger.
"17 Auec vne biitorie courbe bien pointue & ardante faut ouurir l'eek
flure de l'ordre des dens de deuant,d< en tirer tant de chair qœ la bifio^rieea
pourra comprendre , &fi la maladie eft nouuelle auec peu d'enfleure,
faudra auec la lancette tirer du lang du tiers rang d'entre le s deny
dedeuant.
.18 II faut bien frotter & nettoyer le palais , puis l'oindre de roiel bouilly
en ciboules Sffrpmage brufic. Autre remede.Faut auec vn fer bien fubtildécharner
le palais , tant que l'humeur gros forte aifement dehors Se
faudra eftre pourueu de remedes.
19 Prenez du miel rouge Se de la moelle de porc fâlé, delà chaux viue,&
autant de poyure pilé, faites le to at bouillir enfemble, le remuant tant
qu'il foit réduit en vnguen^duquel vous mettrez lut la playe deux fois
leiour.
ao S^il n'eftbefbing de faire inciGon , faudra guérir le mal auec miel
rouge 1mocUe de porc faléautunt de IVnqLC de l'autre , auec rnpeu de
chaux, S:autant depoiurepiié , 5c le faut tout faire bouillir enlemblç
pour le mettre Gir le mal.
zi Auec vn fer bien aigu & tout chaut, faut tirer du creux du palais les
barbes, puis le co upper tout bellemnçt auec les cifeaux rie à rie du
palais.
zi Luy faut tirer du läng des veines accouftumces des deyx arcs de

LES MALADIES
Helfant,puis (bus la poiôtrinê lay faut mettre des tentes fufEÛDtes 8c
bien propres les changeant deux fois le ioar,& les portera quinze iours
entiers comme il a efté dit du ver.
.23 Faites ce qui fc doit dire des efperuaias , ou bien-prenez les iettons
d'alaine,d aehe^pparrtoire Se branque-vrfine, pilez le tour enfemble:
enyencremeflantaurant de vieil oing faites Le tout cuire enfemble, &
le mettez fut le iftal.
*4 Coupez le cuirtout du long du poii,& de la quantité de la courbe,
puis appliquezle long vnepreffe de lin trempe en vin chaudy poudrez
du vert de gris par deffus, & ainfi continuerez tant qu'moit gueiy
Auffi le remede des lauars y eft propre.
25 Faut cauter^fer cette partie,& y mettre le feu conuenablement felon
l'exigence du mal de long Sede trauers , puis le guerirez comme dirons
deslauaré,&ïçaçhez quele feu porte lemedeà toutes infirmitez.
16 Faut renir bonne piece le theual de foit & matin dans l'eau froide
& courante iufqu'auxgenoux^ant que les galles fe relîerreat, puis faudra
faire ioignanr les iointures conuenable cautete , tant de long que
de rrauers^uis le traiter com me lauars.
17 Les faut caurériier par cinq fois auec vn fer large de tous les deux
eoftezimais le faudra ouurir de trauers vne fois feulement, s'il faut befohgnerfouSjlegenouildela
partie antérieure de iambe, puis le guérir
com me les autres brufleures ou cautères.
18 Coupe fondain Je poil &ra(e le tout autour du mal, fur lequel iette
•delachaux viuepuluerifee , &en faire autant tous les iours : mais ce
pendant ne doit entrer en'Tea^nyauoir le- pied mouillé , ny endurer le
feurcar cefte partie eft bien per.reufe,
29 Pf ens de poiure,des aulxX'ueiiles dechou, vieil oing, incorpore cela
& je mets fur le mal, & eu peo de iours roòuna le mal ou meurira,ce
quei'ayeiprouuéfouuenteftreveri table.
30 Faut defcouurirlencloueureiulqu'au vif, & lauer auec du vinaigre,
& faire bouiisir du fel menu,&quatre fois autant de rereber,t=ne, puis la
mettrez toute chaude dans l'ouuerture, 5c cefteinfation refroidiqßy faudra
mettre du foufR epuiueriféjdiflbut en vin,& l'enueloper d'eftoupes.
31 Pre nez tacine deguimauue.de lis, de bouillon blanc les pilez enfemble
aueede vieil oing aflfez pour le tout faire cuire enfemble , puis
mettre cette decoûion fur le mal en mode d'emplaftres le changeant
fouuent,œais premier il faut tenir le lien bien raz.
31 Fais vn tortis de de laine graffe, & la trempe en vinaigre, & fuif de mouton
bouillis enfemble,tant quele tout ioirefpaisque mettrez fur le pa.
fturon le log de l'encheueftrure bien hé.-mais changez deux fois le iour.
53 Une faut point tirer du lang,ma's medeciner le mai auec va vnguent
faidt defigues de Barbarie & chaux vme , &du viel oing, dechacqnyne

D V C H E V A-L
îiure,auec quatre onces de fleurs d'hiflbpe & le mettez fus.
34. il faut delîoler la corne, & tailler au tour de l'cncloueure, laquelle
emplirez d'eftoupesttempees en blanc d'ccuf, puis la guerirez auec Ici
menu Se fort vinaigre , ou poudre de noix degàlle,oumeurtc , oulan*
tifque.
35 E oleuez U peau, puis mettez deflus de la farine bien meflee&cuivle
auec vieil oing, Si ferez ainfi par de ux iouts entiers eif changeant deux
fois le iour,puis y appliquez de la chaux viue ,fauon Sfluifpat trois iours,
en changer deux foï$le iouT, puis lauerez la playe auec vinaigre chaud.
Se y metttra deflus delà caprinelle tanr que tout (oit guery.
}6 Faut couper la corne pat les extremitez tout autour , & arracher là
foie , & laiffer faignet l'ongle à plaifir , puis mettrevneeftoupade d'au«
bins d'ccufs)&enuironner& lier le pied d'v ne bande, & les deuxiours
paiïèz faut lauer le mal de fort vinaigre vn peu .chaud , Se l'emplir de fd
menu & tartre pilez cnfemble, & Vcnuelopper d'eftoupes trempées en
fort vinaigre.
37 Fautaueclefercauer les extremitez de la corne par dehors , & la
veine mainale le rompe , & en laiffer aller tout le Ging, puis empliflez
la playe deTelmenUyd'eftoupes trempees en vinaigre,& les liez en forte
qu'elles ne tombent.
38 Faut tailler lacornefiauant qu'il (è face efpace conuenable entre là
foie du pied & la figue, mettez y de l'efponge , 5c le liez bien fort , d*
forte que le refte de la figue ioit mangé iulques au tuyau.
39 Faut couper la corne iufqu'au vif , & mettre deiïùs de là pondre
d'Afphodilles pour mortifier la chair, puis faut cuire enfemble poudre
d*olibant,mafiic,fuifdemouton & cire,autant d'vn que d'autre ; SC en
faire vnguent pour oindre le mal deux fois le iouriutqu'aux pafturons.
40 Lauez le pied,# tenez Ventour du mal bien raz, & en touchant auec
le doigt vous fçaurez s'il tient & apoftume : lors i'ouurirez auec vne
pointe defer pour en tirer la boue :puis prenez de la fiante de cheualou
d , oye,du vin,dufcl Se vinaigre, dequoy ferez vne emplaltre qui enue»
Ioppdklemal,&au tiers iour le deîlierez , & prendrez garde qu'il ne
foit demeuré au fond quelque us eftrange.
41 Tirez luy du fàng despieds , & picquez la veine de la iabe de dehors
& de dedans , & non du lieu où fort l'ongle , puis lauerez la partie auec
du vin, & d'eftrempez du ius de prunelle auec poudre & eau claire de
galles , & auec cefte liqueur pilezdu vieil oing & poix liquide en torte
que le tout foit comme miel,& cignez de cela le mal.
41 Rafez le lieu enflé , & prenez des plus tendres fiieilles d'abiynthe^
«î'apparitoire , de blanc vrfide , egallement pilez cela auec du pins
Vieil oing , & le feites bouillir en vn pot, où y mettrez du miel , de
l'huiledelin , & farine de bled > & le tout remuerez tant qu'il foit

LES MALADIES
lien eui& Se le mettrez fat te mal.
45 Faut peler le lieu puis le lauer auecvnedeeo&iondemauues , fbuffre&
fuii de mouton, & leur marc foitiris entre deux linges & bien attaché
du foir iufques an matin : & le tout ofté faut oindre le lieo aucc
vnguenc fait de vinaigre^fuif de mouton, gomme de lapin , cireneufuc
racine egaliement, le tout bouilly enfembie, & oindrez les grappes de
ceft vnguentanec vne plume deux fois leiour.
44 II fa^t arracher la loupe Si trancher toot Ventour, afin que du rette
ne furuienne putrefaction , pois fàiótes comme a efte did du mal du
poulmon.
4/ Prenez du fort vmajgre,de la craye blanche bien pilee, Se par continuel
mouuement faites en palle, en y méfiant force fel bien broyé , Si
aucc ceftèpafte oindrez les couillons deux ou trois fois le iour.
4^ Prenez racine de guimauue auec î'efcorce bien pilee & cuiâe , foit
mifè farle lieu deux, trois, ou quatre fois, puis deferition faut piler de
laracinedemauuecrae,auecicmencede mouftarde, le tout meflé auee
poudre 'de fiente de bœuf cuióte en vinaigre , & le toux appliqué fut «
le mal.
47 Prenez du felbien pilé , & en (àupoudrezl'inteftin , &en mettez
moyennement dans le mal,puis prenez vn lardon faict en façon de fuppofitoire
& le mettez dedans , & dciiasy appliquez des mauues bien
cui&es tant qu'il foit lain.
48 Auffi toft que verrez le nerf qui commence à la tefîe du iarret, & va
ioigoantla couronne du pied.eftre bleflc, donnez le feu à ceftecnflurW
denetf , tant de long qu'obliquement, auec plufieurs& conuenables
lignes qai fument le poil, & puis faites ce que i'ay dit Iauatt,en mettant
deffus de la fiente de bœuf par trois iours,& puis l'oindrez d'huyle
bienchaud.y mettant aptes delà ccndrechaude.
49 Dilatez lafiltule , &: luy donnez lefeu,& labruflezauec le medicament
qui le &i& dechauxviue, tant qu'il en tombe efcharre : cat fi toft
qu'elle eûmondifieCîS'emplit de chair,& fi elle eftoit fort creule > aidez
vous de ferremens bien longs,puis la medicamentez.
$0 Prenez fept once de ins de racine d'alphedile, auec deux de chaux
viue^& deuxd'arfenic puluerifé , puis le tout broyé enfembie mettez
dansvn pot neufbien couuert,& le faites fi bien cuire que tout deuienne
en cendre,quc vous mettrez far le mal deux fois le iour , mais deuant
lauez le de fort vinaigre.
$1 Prenez cinq onces de fuye,trois de verd de gris, Se vne d'orpin , Se
broyez bien tout, puis y adiouftez du miel autant que du refte , & fc~
rezle tout cuire, y .meiLnt de la chaux viue , en le remuant fouuenr,
tant qu'il foit bien cuiä; Si df>ais, & de ceU oindre deux ou trois fois le
iourlescrcuaiTes.

DV CH EVAL
51 Quand le Tauart eft an iarred, faut cauterifer le milieu de Venflcuré,
da long & du trauers, cela faitt prenez fiente de beruf bien frai'che , &
la mefleziutlefeuauec huile , & en mettezvnefois deffus, ôc non plus
& faites après comme aux Sur os.
53 In corpotez vue once de cendre chaude , antant de chaux viueauec
du via & du miel, & premier qu'elles endurciffenc , mettez tout fur le
ina],&:ainfîcoutinuerezfiIemaleftrecent:maiss'il eft enukilly donnez
kiy le feu,& puis penfer la brv-flure comme les autres.
Prêtiez vn fer bien rond & chaud & luy donnez le feu vers l'extremit(',Yousaffeurant
quepar celte biuflure les creualTés n'augmenteront
poiar,ains diminueront.
Quan d l'enfieureapparoiflra en la partie du dedans le iarrer, faur re«
mon:antlacuiflèenhaut,iifr la veine fontanelle y donner vn coup
de lancette, & laiffezfortir du fang tant qu'il n'en forte plus, puis mettez
lefeuiizrl'efperuain delong & de trauers , &c gueriikz la brufleure
comme lelauart.
50 Le poil ofié lauez les de decoótion de mauues auec du fouphre Si
grailîe ne mouton,puis prendrez le marc & le lierez fur lefdites grapes
feir 5r matin, puis faites vn vnguent de cire neufue, de terebentine, gom-»
mearabic,efge!èmentmentz,& auec ledit vnguent faut couutir le m ab
eftant le marc oftê,& ne le faut mener en l'eau.
57 Coupez le cuir au milieu & fous'e mal,peurueu qu'il y ait grofle enfieure)&
faut efmouuoir les humeurs qui lont dans le cuir auec vne bro-
Hiette pour les defrompre , & les preffer fi fort qu'elles fortent : puis
coupez le cuir fous l'enfleure ôc m ettez en la concavité de la courle vn
fer chaud de fept en fept iours,& gardez de broiler le cuir.
5S FdutrairelerZ.al , & y mettre fus racinesde guimauuesauec Vefcorce,le
tout cuit & pilé trois ou quatre fois, puis pre nez fem enee de mocftardepileeauecracinesdemfluues,&dela
fiente de boeuf, le tout cui#
enfemble, & méfié auec vinaigre , emplaftrez-en le mal trois ou qua»
tre fois.
59 Prenéslexiuebien forte, & y trempez eftoupes pour les mettre fiir
le mal,& les remouillez quand ïerontieches,& en continuant cela trois
ou quatre fois le iour guerkes voftre befte.
60 Fendés la queue au bout vers les fcfTes iufques au quatriefme
nceud.fic tirez dehors auec vn fer l'os nommé Barinole, puis empliffez
la fente de fèl,& d'Y n fer chaud trempé en ïàumuie,& brûliez ça diuers.
Ueux la queue.
FIN.