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Utilisation de la kétamine en soins palliatifs : revue de la littérature

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SYNTHÈSE<br />

La forme trans<strong>de</strong>rmique<br />

serait une voie idéale.<br />

Mé<strong>de</strong>cine palliative<br />

que et aux traitem<strong>en</strong>ts actuellem<strong>en</strong>t validés dans les<br />

douleurs neuropathiques.<br />

Voies d’administration<br />

Notre voie d’administration préfér<strong>en</strong>tielle reste <strong>la</strong> voie<br />

intraveineuse, ceci parce que nos pati<strong>en</strong>ts sont tous porteurs<br />

d’une voie c<strong>en</strong>trale. Notre choix ne s’est pas fait <strong>en</strong><br />

fonction du mo<strong>de</strong> d’administration le plus efficace mais<br />

du plus pratique. Cep<strong>en</strong>dant, les pati<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> services <strong>de</strong><br />

<strong>soins</strong> <strong>palliatifs</strong> n’ont pas toujours un accès veineux aussi<br />

confortable. La voie orale et <strong>la</strong> voie sous-cutanée rest<strong>en</strong>t<br />

à explorer [7, 24, 25]. D’autres voies comme <strong>la</strong> voie intrathécale,<br />

<strong>la</strong> voie trans<strong>de</strong>rmique mérit<strong>en</strong>t une att<strong>en</strong>tion<br />

particulière [26, 27]. Pour mémoire, citons l’utilisation <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>kétamine</strong> par voie intra-rectale et intra-nasale. Il<br />

n’existe pas actuellem<strong>en</strong>t d’étu<strong>de</strong>s comparatives permettant<br />

<strong>de</strong> privilégier l’une ou l’autre <strong>de</strong> ces voies. La voie<br />

sous-cutanée est facilem<strong>en</strong>t accessible, semble peu douloureuse,<br />

mais les doses utilisées par cette voie ne sont<br />

pas définies. La forme orale permettrait d’é<strong>la</strong>rgir les prescriptions.<br />

Cette voie est possible avec une solution réalisée<br />

à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> préparation à <strong>de</strong>stination systémique. Et<br />

comme le souligne le docteur Jean Vibes, dans <strong>la</strong> première<br />

édition <strong>de</strong> l’ Abrégés Masson sur les douleurs neuropathi-<br />

ques <strong>de</strong> 2002 [28], elle nécessite <strong>de</strong>s<br />

doses beaucoup plus élevées –300 à<br />

360 mg/jour, <strong>en</strong> partie à cause d’un<br />

in<strong>de</strong>x thérapeutique faible. Les effets<br />

secondaires sont donc ici très majorés,<br />

contraignant, une fois sur <strong>de</strong>ux,<br />

à l’arrêt du traitem<strong>en</strong>t. La voie intra-thécale reste une voie<br />

d’exception, mais pourrait avoir <strong>de</strong>s indications pour les<br />

pati<strong>en</strong>ts prés<strong>en</strong>tant <strong>de</strong> volumineuses tumeurs sousdiaphragmatiques<br />

responsables <strong>de</strong> douleurs neuropathiques.<br />

La forme trans<strong>de</strong>rmique serait une voie idéale, mais<br />

elle est loin d’être d’utilisation courante. Enfin, <strong>la</strong> voie<br />

intramuscu<strong>la</strong>ire ne paraît pas vraim<strong>en</strong>t adaptée à un pati<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> fin <strong>de</strong> vie car il s’agit d’une voie particulièrem<strong>en</strong>t<br />

douloureuse et les pati<strong>en</strong>ts sont souv<strong>en</strong>t porteurs <strong>de</strong> troubles<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> coagu<strong>la</strong>tion.<br />

Mo<strong>de</strong>s d’administration<br />

De notre point <strong>de</strong> vue, l’administration continue sans<br />

bolus semble <strong>la</strong> plus adaptée [11].<br />

Son utilisation <strong>en</strong> bolus est sans fon<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t théorique<br />

même si certains pratici<strong>en</strong>s peuv<strong>en</strong>t initier le traitem<strong>en</strong>t<br />

par <strong>de</strong>s f<strong>la</strong>shs <strong>de</strong> 0,25 mg/kg [18].<br />

Posologies<br />

Les doses utilisées vari<strong>en</strong>t <strong>de</strong> 0,5 mg/kg 2 à 3 fois par<br />

jour jusqu’à 60 mg 6 fois par jour per os, <strong>de</strong> 0,05 mg/kg/h<br />

à 4,8 grammes/24 heures <strong>en</strong> sous-cutanée, <strong>de</strong> 0,1 mg/kg<br />

à 500 mg par 24 heures <strong>en</strong> intraveineux, et jusqu’à<br />

<strong>Utilisation</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>kétamine</strong> <strong>en</strong> <strong>soins</strong> <strong>palliatifs</strong> : <strong>revue</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>littérature</strong><br />

282<br />

67,2 mg/24 heures <strong>en</strong> intrathécal. Tous les auteurs s’accor<strong>de</strong>nt<br />

pour utiliser <strong>la</strong> <strong>kétamine</strong> à doses infra-anesthésiques<br />

sans qu’il y ait <strong>de</strong> véritable cons<strong>en</strong>sus. Les faibles<br />

doses <strong>de</strong> 0,5 mg/kg/24 heures à 1 mg/kg/24 heures sont<br />

<strong>de</strong>s posologies que nous adoptons.<br />

Indications<br />

Les indications même <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>kétamine</strong><br />

ne sont pas formalisées. Elle a été utilisée avec succès dans<br />

les douleurs post-opératoires, dans les douleurs chroniques,<br />

et les douleurs cancéreuses. Mais il semblerait que<br />

les doses efficaces soi<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>tes selon qu’il s’agisse<br />

d’une douleur cancéreuse ou non [23]. Il est donc légitime<br />

<strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si <strong>la</strong> prise <strong>en</strong> charge <strong>de</strong>s douleurs <strong>en</strong> service<br />

d’oncologie médicale est <strong>la</strong> même qu’<strong>en</strong> unité <strong>de</strong><br />

<strong>soins</strong> <strong>palliatifs</strong>, et <strong>de</strong> s’interroger sur le type <strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tions<br />

concernées <strong>en</strong> fonction du recrutem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ces services<br />

respectifs. Ces popu<strong>la</strong>tions sont-elles semb<strong>la</strong>bles ?<br />

N’existe-t-il pas <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ces qui pourrai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>traîner<br />

<strong>de</strong>s variations d’efficacité et d’effets secondaires ?<br />

De plus, il semble difficile actuellem<strong>en</strong>t d’affirmer le<br />

rôle propre <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>kétamine</strong> comme antalgique <strong>en</strong> <strong>soins</strong><br />

<strong>palliatifs</strong>. En effet, elle a toujours été utilisée <strong>en</strong> association<br />

avec d’autres molécules <strong>en</strong> cas d’échec thérapeutique<br />

ou <strong>en</strong> cas d’effets secondaires morphino-induits trop gênants.<br />

Selon les étu<strong>de</strong>s, elle a été associée à tous les morphiniques<br />

dont <strong>la</strong> méthadone, mais aussi avec les antiinf<strong>la</strong>mmatoires,<br />

les antidépresseurs, les antiépileptiques,<br />

les biphosphonates dans les douleurs <strong>de</strong> métastases osseuses.<br />

Par ailleurs, dans plusieurs séries, <strong>de</strong>s traitem<strong>en</strong>ts actifs<br />

tels que radiothérapie, chimiothérapie, radio-isotopes<br />

ont été poursuivis. On voit donc toutes les difficultés qui<br />

exist<strong>en</strong>t pour affirmer l’exclusivité du rôle <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>kétamine</strong><br />

dans l’amélioration <strong>de</strong>s douleurs. On peut donc raisonnablem<strong>en</strong>t<br />

p<strong>la</strong>cer <strong>la</strong> <strong>kétamine</strong> comme co-antalgique <strong>en</strong> <strong>soins</strong><br />

<strong>palliatifs</strong>, <strong>la</strong> prescrire pour les pati<strong>en</strong>ts prés<strong>en</strong>tant à <strong>la</strong> fois<br />

une douleur neuropathique sous opiacés et une douleur<br />

réfractaire aux antiépileptiques et/ou aux antidépresseurs.<br />

Contre-indications<br />

Il existe peu <strong>de</strong> contre-indications à l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>kétamine</strong> hormis l’hypers<strong>en</strong>sibilité reconnue et <strong>la</strong> porphyrie.<br />

Effets secondaires<br />

En <strong>soins</strong> <strong>palliatifs</strong>, les effets secondaires pourrai<strong>en</strong>t<br />

être re<strong>la</strong>tivisés par rapport aux avantages qu’elle procurerait.<br />

En anesthésiologie, on retrouve fréquemm<strong>en</strong>t tachycardie,<br />

hypo ou hypert<strong>en</strong>sion artérielle, phénomènes<br />

d’arythmie, <strong>de</strong> dépression respiratoire <strong>en</strong> cas d’injection<br />

intraveineuse rapi<strong>de</strong>. On peut égalem<strong>en</strong>t noter <strong>de</strong>s mouvem<strong>en</strong>ts<br />

anormaux et <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> diplopie et nystagmus.<br />

En fait, l’effet le plus problématique aux doses<br />

N° 6 – Décembre 2004

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