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POSER LE DIAGNOSTIC D'UNE MICI - Le Généraliste

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La RCH est clairement identifiée comme un facteur de<br />

risque de cancer colorectal. <strong>Le</strong> risque de cancer augmente<br />

surtout après dix ans d’évolution et s’intensifie au fil des<br />

années (voir Tableau 1). « Attention, avertit le Pr Bigard,<br />

certains patients entrant dans la RCH à 15 ans par exemple<br />

présentent donc un risque de cancer du côlon dès 35-40 ans.<br />

Ce risque persiste toute la vie, alors que ces malades en rémission<br />

ont oublié leur maladie et ne voient plus le spécialiste<br />

depuis des années. » (voir encadré E1). <strong>Le</strong> risque débute<br />

dans les formes recto-sigmoïdiennes et augmente nettement<br />

lorsque l’angle colique gauche est franchi. Il est<br />

proportionnel à l’étendue des lésions et maximal dans les<br />

cas de pancolites. <strong>Le</strong>s formes rectales pures, en revanche,<br />

ne s’accompagnent d’aucune augmentation du risque<br />

de cancer.<br />

TAB.1 INCIDENCE DES CANCERS COLORECTAUX<br />

Population générale 60/100 000<br />

RCH dix premières années 200/100 000<br />

RCH deuxième décennie 700/100 000<br />

RCH troisième décennie 1 200/100 000<br />

> <strong>Le</strong> Crohn se complique différemment selon la localisation<br />

des lésions. <strong>Le</strong>s atteintes du grêle sont le fait de subocclusions<br />

et de sténoses progressives pouvant conduire<br />

à une intervention chirurgicale. <strong>Le</strong>s formes coliques étendues<br />

retentissent sur l’état général, avec amaigrissement<br />

important, pouvant également justifier un geste chirurgical.<br />

<strong>Le</strong>s formes ano-périnéales peuvent se compliquer de<br />

fistules pouvant aboutir à des destructions de l’anus<br />

conduisant à des iléostomies terminales définitives.<br />

La maladie de Crohn colique augmente le risque de cancer<br />

colorectal, mais sa responsabilité est moins évidente dans<br />

les séries car les malades atteints de formes sévères étendues<br />

sont opérés et ne développent donc pas de cancer.<br />

<strong>LE</strong>S PRINCIPES THÉRAPEUTIQUES (2, 3, 4)<br />

<strong>Le</strong>s <strong>MICI</strong> progressent par poussées imprévisibles et la stratégie<br />

thérapeutique, conduite au cas par cas, reste l’affaire<br />

des gastro-entérologues et des chirurgiens. <strong>Le</strong>s difficultés<br />

tiennent à l’impossibilité de faire un pronostic de sévérité<br />

de ces pathologies. <strong>Le</strong>s modifications thérapeutiques<br />

suivent donc l’évolution de la maladie.<br />

<strong>Le</strong>s corticoïdes<br />

Ils sont efficaces dans la maladie de Crohn et indiqués<br />

en première intention. Ils sont souvent prescrits par voie<br />

générale pour traiter les poussées à la dose habituelle<br />

de 1 mg/kg/jour au début, puis à dose décroissante par<br />

périodes d’environ trois mois. Des suspensions rectales de<br />

corticoïdes sont également disponibles. <strong>Le</strong> budésonide<br />

possède une galénique particulière, les gélules à libération<br />

prolongée délivrant le produit essentiellement dans la<br />

région iléo-colique droite, avec moins d’effets généraux ;<br />

il n’est donc indiqué que dans certaines formes iléocoliques<br />

droites de MC.<br />

> <strong>Le</strong>s effets secondaires peuvent être importants, surtout<br />

chez le sujet jeune : problèmes neuropsychiques (insom-<br />

nie, etc.), prise de poids (qui peut être de 10 à 20 kg), amyotrophie,<br />

acné parfois majeure, hyperpilosité… imposant<br />

parfois le changement de traitement.<br />

> L’alimentation doit rester modérément salée (ne pas<br />

resaler), mais surtout équilibrée en évitant les excès caloriques<br />

(limitation des aliments riches en lipides et en<br />

sucre), et suffisante en potassium (40 à 60 mg conseillés<br />

sont fournis par l’alimentation habituelle). Il faut apporter<br />

un complément de calcium et de vitamine D dès le<br />

début du traitement corticoïde.<br />

> La corticothérapie arrive en quatrième position des<br />

problèmes que redoutent les malades selon les enquêtes<br />

de qualité de vie (après les rechutes, la chirurgie, la stomie).<br />

<strong>Le</strong> 5-ASA<br />

<strong>Le</strong> 5-ASA possède une efficacité dans la RCH, aussi bien<br />

en traitement d’attaque que d’entretien, mais pas dans le<br />

Crohn, ni en attaque, ni en entretien (3), ni en prévention<br />

de poussées, d’après le consensus européen (4).<br />

<strong>Le</strong> traitement par 5-ASA réduit le risque de cancer environ<br />

de moitié, mais ne l’annule pas. <strong>Le</strong>s recommandations<br />

de surveillance vis-à-vis du cancer restent donc les mêmes,<br />

que le malade reçoive ou non du 5-ASA (lire Encadré 1).<br />

Ce traitement doit être poursuivi, même pendant les<br />

périodes de quiescence, mais l’observance diminue avec<br />

l’amélioration du patient.<br />

> <strong>Le</strong>s phénomènes d’intolérance ou d’effets iatrogènes<br />

sont très rares (quelques accidents rénaux, par exemple,<br />

ont été décrits).<br />

L’azathioprine<br />

C’est l’immunosuppresseur le plus souvent utilisé dans<br />

la MC et la RCH. Mais, 25 % des malades ne le tolèrent<br />

pas, ce qui impose un arrêt de traitement dans le mois.<br />

> <strong>Le</strong>s complications sont précoces et essentiellement<br />

représentées par :<br />

– la pancréatite aiguë, qui peut survenir précocement dès<br />

les touts premiers jours du traitement, caractérisée par une<br />

douleur transfixiante épigastrique et confirmée par une<br />

augmentation des lipases à 10 à 20 fois la normale. <strong>Le</strong> traitement<br />

est alors arrêté et ne doit jamais être repris, le risque<br />

étant celui d’une pancréatite encore plus sévère. Il est<br />

important d’obtenir les preuves de la pancréatite (essentiellement<br />

l’augmentation de la lipasémie) pour ne pas<br />

E1. PROGRAMMER <strong>LE</strong>S COLOSCOPIES<br />

DANS <strong>LE</strong> SUIVI D’UNE RCH<br />

<strong>Le</strong>s recommandations dans la RCH préconisent<br />

un dépistage du cancer du côlon par coloscopie<br />

si la RCH dépasse le rectum :<br />

– tous les trois ans, à partir de dix ans d’évolution ;<br />

– tous les deux ans, à partir de 15 ans ;<br />

– tous les ans, à partir de 20 ans.<br />

<strong>Le</strong>s biopsies multiples sont indispensables mais<br />

les enquêtes de pratique ont montré que le nombre<br />

de biopsies était souvent insuffisant (une dizaine<br />

au lieu de 35 minimum et 65 idéalement).<br />

www.legeneraliste.fr<br />

Pièce opératoire de colectomie<br />

totale pour RCH.<br />

Aspect typique d’une RCH<br />

en coloscopie : la muqueuse<br />

pleure le sang.<br />

RCH en phase quiescente.<br />

N°2409 | 27 avril 2007 | La FMC du spécialiste en médecine générale | 5<br />

PHOTOS PR BIGARD

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