POSER LE DIAGNOSTIC D'UNE MICI - Le Généraliste
POSER LE DIAGNOSTIC D'UNE MICI - Le Généraliste
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MISE AU POINT<br />
se priver à tort de ce médicament parfois très utile ;<br />
– l’intolérance à l’azathioprine : entité mal définie,<br />
comportant fièvre, douleurs musculaires, vomissements,<br />
éruption. Cette intolérance ne cède pas à la poursuite du<br />
traitement, qui doit être arrêté ;<br />
– hépatite médicamenteuse, avec cytolyse importante<br />
(augmentation des transaminases de 5 à 20 fois la<br />
normale), justifiant une surveillance systématique des<br />
transaminases une fois par semaine pendant le premier<br />
mois, puis tous les mois ;<br />
– neutropénie sévère, survenant une fois sur 300,<br />
exigeant la surveillance de la NFS, une fois par semaine,<br />
les trois premiers mois de traitement.<br />
Si le traitement est bien supporté le premier mois, il est<br />
généralement supporté de nombreuses années (vingt ans<br />
et plus).<br />
<strong>Le</strong> méthotrexate<br />
Il est moins souvent utilisé. Dans la RCH, il ne semble<br />
pas présenter d’avantages par rapport au placebo chez<br />
les patients corticodépendants et n’évite pas la nécessité<br />
d’une colectomie. Il paraît plus efficace dans la MC<br />
et est utile en cas d’intolérance à l’azathioprine.<br />
> Aux doses prescrites, les effets secondaires sont modérés<br />
: stomatite (prévenue par la prise d’acide folique),<br />
diarrhée, chute des cheveux, leucopénie modérée, cytolyse<br />
hépatique. Une fibrose hépatique peut se développer,<br />
surtout chez l’obèse ou le consommateur d’alcool.<br />
Rarement, une pneumopathie interstitielle immunoallergique<br />
peut se développer, manifestée par la toux et<br />
la dyspnée (2).<br />
La ciclosporine<br />
Elle a une action rapide et une efficacité démontrée en<br />
cas de colite aiguë grave, complication surtout de la RCH.<br />
Des effets toxiques possibles peuvent se manifester :<br />
paresthésies, tremblements, crises convulsives, nausées,<br />
hypertension, néphrotoxicité, hypertrichose.<br />
E2. <strong>LE</strong>S SÉQUEL<strong>LE</strong>S CHIRURGICA<strong>LE</strong>S<br />
• <strong>Le</strong>s résections du grêle sont assez bien tolérées, tant<br />
qu’il reste au moins un mètre de grêle sain. La diarrhée<br />
est constante, mais l’équilibre calorique reste satisfaisant,<br />
quelques suppléments, en particulier en vitamine B12<br />
dans les résections du grêle terminal sont parfois<br />
nécessaires. Pour des résections laissant moins<br />
d’un mètre de grêle, une nutrition parentérale<br />
est souvent nécessaire, administrée toutes les nuits<br />
ou deux ou trois nuits par semaine.<br />
• En cas de colectomie totale avec anastomose<br />
iléo-rectale sur un rectum sain pour maladie de Crohn,<br />
la tolérance est bonne au prix de trois selles par jour.<br />
Lorsque le rectum est atteint (RCH), une anastomose<br />
iléo-anale est souvent réalisée, avec création<br />
d’une poche en iléon pour assurer une selle<br />
six à sept fois par jour. Cette chirurgie de dernier<br />
recours peut permettre à certains patients très dénutris<br />
de recouvrer un état général satisfaisant.<br />
6 | La FMC du spécialiste en médecine générale | 27 avril 2007 | N° 2409<br />
<strong>Le</strong>s anti-TNF alpha<br />
Seul l’infliximab a l’AMM dans le Crohn et la RCH. Il<br />
est la plupart du temps bien toléré au début du traitement<br />
mais des phénomènes d’intolérance ou d’inefficacité<br />
secondaires peuvent apparaître après quelques mois<br />
d’utilisation.<br />
> La perfusion se passe généralement bien, mais les effets<br />
secondaires éventuels peuvent se manifester quelques jours<br />
après les perfusions, et le médecin généraliste sera le<br />
premier confronté à ces symptômes.<br />
> Une maladie sérique peut se déclarer cinq à dix jours<br />
après la perfusion, avec des arthralgies migratrices, très<br />
invalidantes, clouant le malade au lit, puis cèdant spontanément<br />
au bout de deux ou trois jours. Un traitement<br />
antalgique ou corticoïde est utile. Il s’agit d’un conflit<br />
antigènes/anticorps interdisant définitivement la reprise<br />
du traitement.<br />
> Une réaction cutanée psoriasiforme (lésions rouges<br />
et squameuses), de topographie inhabituelle pour le<br />
psoriasis, touchant la vulve, les doigts, les bras, avec parfois<br />
des dermites alopéciantes, exige l’arrêt du traitement.<br />
> Penser également au risque d’infection opportuniste,<br />
de tuberculose malgré les mesures préventives et à la possibilité<br />
d’aggravation d’un sepsis.<br />
<strong>LE</strong>S CONSEILS AU MALADE<br />
> Arrêter le tabagisme dans la MC qui favorise l’apparition<br />
de la maladie, la proportion de tabagiques est plus<br />
importante chez les malades atteints de MC que dans la<br />
population générale. Au moment du diagnostic, on<br />
dénombre 60 % de tabagiques dans la MC, contre 20 %<br />
dans les RCH. L’arrêt du tabagisme réduit la fréquence<br />
des poussées et des recours à la chirurgie.<br />
En revanche, le tabagisme est bénéfique dans la RCH.<br />
Certains malades de RCH font des poussées à l’arrêt du<br />
tabac. Mais les substituts nicotiniques n’ont aucune efficacité.<br />
Pour autant, il semble imprudent de conseiller de<br />
fumer aux malades atteints de RCH, les risques liés au<br />
tabac étant multiples et sévères. A noter que l’appendicectomie<br />
pour appendicite confirmée a statistiquement un<br />
rôle protecteur dans la RCH.<br />
> <strong>Le</strong>s antibiotiques en cas d’infection intercurrente<br />
doivent être prescrits avec prudence chez un malade qui<br />
a une <strong>MICI</strong>, car ils induisent un dysmicrobisme intestinal<br />
parfois mal toléré. On évitera les antibiotiques à large<br />
spectre type amoxicilline, les quinolones étant souvent<br />
mieux tolérés.<br />
> <strong>Le</strong>s AINS doivent être évités chez les malades en poussée<br />
de maladie de Crohn ou de RCH, car ils empêchent<br />
la cicatrisation des ulcérations et peuvent aggraver la<br />
diarrhée. Ils sont quelquefois indispensables en cas<br />
d’arthrites inflammatoires.<br />
> Dans la maladie de Crohn et la RCH, aucun régime<br />
n’est préconisé lorsqu’il s’agit d’une atteinte du grêle. Dans<br />
les atteintes du côlon étendues en poussées, on conseille<br />
un régime pauvre en fibres (voire sans résidu, dans les<br />
poussées sévères), mais ce régime peut être élargi dès la fin<br />
de la poussée. ◆<br />
www.legeneraliste.fr<br />
Ulcérations aphtoïdes coliques<br />
très évocatrices d’une maladie<br />
de Crohn.<br />
BIBLIOGRAPHIE<br />
1– Marteau P., Beaugerie L.,<br />
Schénowitz G., Tucat G.<br />
Prise en charge des maladies<br />
inflammatoires chroniques de<br />
l’intestin. Ed John Libbey. 2003.<br />
2– Bigard M.-A. Traitement<br />
médical, endoscopique<br />
et chirurgical des maladies<br />
du tube digestif. Ed. Masson 2004.<br />
3– Bigard M.-A.<br />
Traitement de la RCH : vers des<br />
recommandations mondiales ?<br />
La lettre de l’hépato-gastroentérologue<br />
– Supplément<br />
au n°6 – vol. VII, nov-déc. 2004.<br />
4– ECCO (European Crohn’s and<br />
Colitis Organisation) Consensus<br />
on the Management of Crohn’s<br />
Disease – Gut 2006 ;<br />
55 (supplement 1) 1 – 58.<br />
CONFLIT D’INTÉRÊTS<br />
<strong>Le</strong> Pr Marc-André Bigard déclare<br />
une activité de conseil pour les<br />
laboratoires Ferring, ainsi que<br />
pour les laboratoires Astra-<br />
Zeneca et pour ce même<br />
laboratoire, avoir participé<br />
comme orateur à un<br />
symposium ; avoir participé<br />
comme orateur à un symposium<br />
organisé par les laboratoires<br />
Schering-Plough ; à une réunion<br />
« <strong>MICI</strong> » des laboratoires<br />
Norgine ; avoir été invité<br />
à un congrès des laboratoires<br />
UCB, avoir été conseil<br />
DR