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<strong>Les</strong> <strong>vacances</strong> <strong>de</strong> <strong>Clémence</strong>-31.05.99<br />
CLÉMENCE<br />
(très sérieuse)<br />
Je viens te voir.<br />
Ils se regar<strong>de</strong>nt. Surpris et presque intimidés. Jérôme a un geste vers elle.<br />
JÉRÔME<br />
Ben entre...<br />
<strong>Clémence</strong> se trouve <strong>de</strong> plain-pied dans une très gran<strong>de</strong> pièce, très haute <strong>de</strong> plafond,<br />
éclairée <strong>de</strong> hautes fenêtres, dont la plupart <strong>de</strong>s murs sont couverts <strong>de</strong> bouquins et où<br />
règne le désordre assez classique <strong>de</strong> l’intellectuel célibataire. Dans un coin, un<br />
électrophone et une assez importante collection <strong>de</strong> disques, dans un autre coin, une<br />
table ron<strong>de</strong> et <strong>de</strong>s chaises <strong>de</strong> jardin, autour <strong>de</strong> la cheminée, <strong>de</strong>ux vieux fauteuils club,<br />
un pouf et <strong>de</strong>ux fauteuils sacs du genre <strong>de</strong>sign milanais, poche <strong>de</strong> Skaï rempli <strong>de</strong><br />
billes <strong>de</strong> polystyrène. Le tout est hétéroclite et plutôt engageant. Aux murs, quelques<br />
affiches (le Che, Marx, le célèbre portrait <strong>de</strong> Freud fait d’une femme nue etc.) A<br />
l’extrémité opposée à l’entrée, une porte (toujours ouverte) donne sur une chambre<br />
minuscule où il y a tout juste la place pour un grand lit, un bureau et une petite<br />
armoire et, <strong>de</strong> l’autre côté d’un étroit corridor, les toilettes, une petite salle <strong>de</strong> bains<br />
(cabine <strong>de</strong> douche et lavabo) et une minuscule cuisine.<br />
<strong>Clémence</strong> rit<br />
JÉRÔME<br />
T’es gonflée, tout <strong>de</strong> même. Et si je n’avais pas été là?<br />
CLÉMENCE<br />
(riant)<br />
Je serais repassée plus tard<br />
JÉRÔME<br />
T’avais mon adresse?<br />
CLÉMENCE<br />
J’ai regardé dans ton portefeuille<br />
JÉRÔME<br />
Pour une petite ouvrière <strong>de</strong> Saint-Nazaire, chapeau ! T’as<br />
réponse à tout...<br />
(après un silence)<br />
Et qui te dit que je suis libre?<br />
CLÉMENCE<br />
(soudain inquiète)<br />
T’es libre?<br />
JÉRÔME<br />
(non sans sadisme)<br />
Personne n’est libre. Mais qui te dis que je vis seul ?<br />
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