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Introduction
Les taux élevés de déboisement constituent une menace pour notre climat et
pour la biodiversité. Sachant que les régions qui abritent les derniers bastions
forestiers se caractérisent aussi par une grande pauvreté, le défi consiste à
réduire la pauvreté par des options économiques qui permettent également de
préserver le couvert forestier.
Une alternative à la conversion de ces forêts frontières en terres agricoles est
l’entreprise forestière durable. Bien que les pouvoirs publics rechignent à céder
le contrôle des ressources forestières aux populations locales, les petites entreprises
forestières/agricoles gérées localement sont la norme dans bon nombre
de ces régions. Ainsi, dans la plupart des pays en développement, les petites
entreprises forestières constituent entre 80 et 90 pour cent des entreprises et
plus de 50 pour cent de l’emploi dans le secteur forestier. 1
Compte tenu de l’explosion de la demande en produits agricoles et forestiers,
il est crucial d’appuyer ce type d’entreprises pour qu’elles fonctionnent d’une
manière rentable et socialement avantageuse tout en restant écologiquement
durables – c’est même un impérieux défi.
Nous estimons que la seule solution viable consiste à établir un système
d’entreprises forestières basé sur des droits sécurisés aux ressources forestières
et sur des groupes de producteurs locaux solides ayant la capacité commerciale
de produire de façon rentable et durable – qu’il s’agisse de denrées alimentaires,
d’énergie, de matériaux de construction, de produits pharmaceutiques, cosmétiques
ou artisanaux.
L’appui aux petites entreprises forestières est à la fois une nécessité et une
réponse essentielle aux cinq principaux défis mondiaux suivants :
1. Consommation durable et économies vertes : l’analyse de l’empreinte
écologique conclut que les humains consomment d’ores et déjà plus de
ressources qu’ils ne peuvent produire durablement ; en 2006, par exemple,
il fallait déjà 1,4 Terre pour soutenir les niveaux de consommation. 2 Si nous
projetons une population de 9 milliards en 2050 et des niveaux de richesse
compatibles avec ceux que les pays de l’OCDE connaissent aujourd’hui, en 2050
l’économie mondiale sera 15 fois supérieure à ce qu’elle est actuellement. Une
telle croissance de la consommation dépasse largement les gains potentiels de
productivité des facteurs et n’est pas durable. Les pauvres risquent d’être les
plus touchés dans la mêlée pour accéder aux ressources. En l’absence d’une
gouvernance forte et/ou de mouvements volontaires vers une contraction et
une convergence, nous estimons que nous avons un impératif moral d’aider
les populations pauvres dépendantes des forêts à faire valoir leurs droits aux
ressources naturelles pour soutenir leurs moyens de subsistance et de renforcer
leurs organisations et leurs capacités à exercer ces droits face à une concurrence
croissante sur les ressources de la part des populations plus riches.
2. Des services écosystémiques durables : des demandes en concurrence pour
des denrées alimentaires, des combustibles, des fibres et de l’eau nécessitent
des approches novatrices et inclusives en matière de gestion du paysage pour ne
pas éroder les services écosystémiques dont dépend la planète. La structure des
échanges et des opérations d’agrobusiness tend à se déplacer vers les Tropiques.
1. Mayers, 2006a.
2. WWF, 2010.
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