Compte rendu de ce débat sous ce lien - Rencontres SIG La Lettre

aussi savoir bricoler son véhicule pour être autonome. Aujourd'hui, aucun d'entre nous ne se
considérerait comme mécanicien parce qu'il sait conduire une voiture. Les métiers se sont
spécialisés, certains sont apparus : garagistes, chauffeur professionnel, etc. Il faut aussi faire cette
distinction dans le domaine de la géomatique entre les métiers de géomaticien (cf garagiste) et
ceux qui utilisent la géomatique (cf conducteur). La question qui se pose alors est celle du risque
de l'appropriation de la géomatique par le grand public avec des gens qui pratiquent la
géomatique sans avoir suivi de formation en sémiologie graphique et en communication
cartographique, ce qui fait mal au coeur à tous les géomaticiens (des cartes mal présentées, voire
qui dévoient la réalité du territoire). Dans la mesure où on n'empêchera pas ces pratiques, ceci
doit nous interroger sur ce qu'on peut faire pour que les usages non professionnels de la
géomatique et la production non professionnelle de cartographie ne soient pas trop
catastrophiques. Il y a peut-être de nouveaux métiers à inventer.
(Hélène Durand) C'est compliqué de mettre en oeuvre des formations qui vont traiter à la fois
des aspects de représentation cartographique (diffusion/communication), plutôt rattachée aux
sciences sociales et les aspects d'acquisition de la donnée, plus scientifiques et plus techniques.
En même temps, la formation en géomatique est d'autant plus fondée qu'elle vient en complément
de métiers qui peuvent être très variés. Dans de nombreuses structures, les géomaticiens sont en
réalité des thématiciens qui viennent à la géomatique. Cependant, il faut aussi avoir la possibilité
d'établir une espèce de « label » définissant ce qu'est un géomaticien, comme quelqu'un
disposant de connaissances dans tous les domaines de la géomatique (géodésie, cartographie,
sémiologie, bases de données, etc.) car on ne peut pas être responsable de l'architecture d'un
SIG si on ne connaît pas un minimum de choses sur la donnée géographique. Le géomaticien doit
être capable de survoler ces différents champs, disposer d'un minimum de « vernis » qui valide
une compétence et procure une certaine légitimité (mais attention à beaucoup de couches de
vernis).
Actuellement, dans toutes les formations qui ont une composante « territoire », on aborde la
géomatique. On utilise divers outils, on est recruté dans des services métiers (eau, voirie, etc.). Il
est cependant nécessaire d'avoir en plus quelqu'un qui harmonise les pratiques, les outils, la
gestion des données, les sauvegardes, ce qui ne relèvent pas de personnes « métiers » mais bien
d'un géomaticien, qui s'appuie sur les compétences de chacun des spécialistes dans chacune de
ces thématiques territoriales et sur les informaticiens. Le géomaticien est au coeur d'une grosse
étoile de compétences, mais ne doit pas avoir la prétention de tout gérer tout seul. La valeur
ajoutée du géomaticien est d'apporter un support à l'utilisateur dans ses choix, dans
l'harmonisation des outils, dans la conception et la gestion de modèles de données, irriguer les
services d'une culture de l'information géographique et aider à la décision.
(Nathalie Dejour) Quelles sont nos moyens pour faire comprendre aux décideurs et recruteurs la
spécificité des géomaticiens et faciliter leur intégration dans les structures ? En terme de formation
continue, a-t-on intérêt à insuffler systématiquement une dimension géomatique dans les
formations thématiques de manière à avoir en poste des usagers éclairés de la géomatique
capables de dialoguer avec le géomaticien référent dans la structure, soit pour lui commander une
carte, soit pour produire lui-même ses cartes à partir de données structurées par le géomaticien?
C'est peut-être aussi la question de la qualité de la donnée qui se pose avec des thématiciens non
formés à la géomatique qui risqueraient d'utiliser de manière erronée les données disponibles et
bien formatées au départ par le géomaticien (cf appropriation grand public évoqué plus haut avec
le risque du « grand n'importe quoi » en termes de cartographie).
(Responsable SIG Collectivité) Il y a un décalage entre les petites collectivités et les grandes
collectivités en termes de culture de l'information géographique, ce qui pose un problème pour le