23.06.2013 Views

Compte rendu de ce débat sous ce lien - Rencontres SIG La Lettre

Compte rendu de ce débat sous ce lien - Rencontres SIG La Lettre

Compte rendu de ce débat sous ce lien - Rencontres SIG La Lettre

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Intervenants :<br />

<strong>Rencontres</strong> <strong>SIG</strong> LA LETTRE<br />

Débat : Géomaticien ?<br />

Jeudi 19 mai 2011– 9h30 – 11h30<br />

• Hélène Durand, <strong>de</strong> la société ALISE,<br />

• Jean-Marie Fournillier, responsable <strong>SIG</strong> au Grand Lyon,<br />

• François-Xavier Maréchal, responsable <strong>SIG</strong> au SICTIAM,<br />

• Alain Prallong, <strong>de</strong> la société REALIA,<br />

• Henri Pornon, IETI Consultants,<br />

• participants dans la salle (dont Nadine Polombo et Grégoire Feyt représentant<br />

notamment la sphère formation-recherche)<br />

• Paule Annicke Davoine excusée<br />

<strong>Compte</strong> <strong>rendu</strong> rédigé par Nathalie Dejour, consultante, animatri<strong>ce</strong> du <strong>débat</strong> et membre du<br />

pôle formation recherche <strong>de</strong> l’Afigeo.<br />

Le <strong>débat</strong> était articulé en 2 temps, avec l'idée <strong>de</strong> ne pas se focaliser sur les problèmes, mais<br />

plutôt sur les solutions/perspectives :<br />

• le géomaticien aujourd'hui : ses différentes fa<strong>ce</strong>ttes, intégrant ses relations avec les<br />

informaticiens, les thématiciens, les déci<strong>de</strong>urs et l'appropriation <strong>de</strong> <strong>ce</strong>rtaines notions par le<br />

grand public. Ce temps permettra <strong>de</strong> recueillir les témoignages <strong>de</strong>s intervenants, mais<br />

également les vôtres, chacun avec son propre vécu.<br />

• le géomaticien <strong>de</strong> <strong>de</strong>main : quel socle <strong>de</strong> compéten<strong>ce</strong>s incontournable, quelles<br />

compéten<strong>ce</strong>s spécifiques, quelles évolutions pour les formations, <strong>ce</strong> 2nd temps ayant<br />

vocation à s'appuyer sur une réflexion constructive et collective.<br />

Restitution <strong>de</strong>s échanges :<br />

(Nathalie Dejour) C'est quoi un géomaticien ? Question qui se pose <strong>de</strong> manière récurrente dans le<br />

mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la géomatique. Où le met on dans l'organisation ? Quelle est sa pla<strong>ce</strong> dans<br />

l'organigramme ? Qu'est-il chargé <strong>de</strong> faire dans son organisation ? Quelles sont <strong>ce</strong>s relations avec<br />

les déci<strong>de</strong>urs, avec les élus, avec les informaticiens, avec les thématiciens ?<br />

<strong>Compte</strong> tenu <strong>de</strong> <strong>ce</strong> que chaque géomaticien vit dans sa structure au quotidien, que peut-on<br />

envisager comme évolution dans les formations, dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la recherche, mais aussi dans<br />

les structures ? Y-a-t-il un regard particulier à porter vers les déci<strong>de</strong>urs, vers les thématiciens ?<br />

Quel regard porter sur la per<strong>ce</strong>ption <strong>de</strong> la géomatique dans les 20 <strong>de</strong>rnières années ? Regard <strong>de</strong><br />

l'informaticien, regard du thématicien, regard du déci<strong>de</strong>ur ? Est-<strong>ce</strong> que le géomaticien est plutôt un<br />

cartographe, un informaticien, un thématicien, ou tout à la fois ? Est-<strong>ce</strong> une charnière entre


l'informaticien et le thématicien du fait <strong>de</strong> ses compéten<strong>ce</strong>s ? Le géomaticien est-il isolé dans sa<br />

tour d'ivoire, une sorte d'électron libre dans l'organisation et quelles sont ses relations avec le<br />

reste <strong>de</strong> l'organisation, petite ou gran<strong>de</strong> ?<br />

<strong>La</strong> géomatique est-elle un métier ou une technologie ? (Alain Prallong) <strong>La</strong> géomatique n'est<br />

pas un métier, mais une activité, c'est à dire un ensemble <strong>de</strong> métiers : on ne peut pas dire que <strong>de</strong>s<br />

personnes qui sont formés scientifiquement sur <strong>de</strong>s techniques très pointues comme la géodésie,<br />

la topographie ou sur <strong>de</strong>s technologies tout aussi pointues comme l'informatique exer<strong>ce</strong>nt le<br />

même métier. Par contre elles concourent à une activité, elles travaillent à une mission, à un<br />

ensemble <strong>de</strong> tâches. Avant l'AFIGEO, le CNIG a mené une réflexion pour essayer <strong>de</strong> définir le<br />

métier (cf fiches <strong>de</strong> définition <strong>de</strong> profil produites en relation avec le CNFPT). Il y était question <strong>de</strong><br />

chef <strong>de</strong> servi<strong>ce</strong> <strong>SIG</strong>, mais on y définit un profil <strong>de</strong> chef <strong>de</strong> servi<strong>ce</strong>, pas un géomaticien. Avec la<br />

même fiche, on pourrait tout aussi bien définir un « chef <strong>de</strong> servi<strong>ce</strong> en bureautique ». De même<br />

pour « administrateur <strong>de</strong> <strong>SIG</strong> » : on y définit en réalité, <strong>ce</strong> qu'on appelle en informatique un poste<br />

d'administrateur <strong>de</strong> données (DBA). Dans la définition <strong>de</strong>s profils, qui sont au <strong>de</strong>meurant <strong>de</strong>s<br />

définitions tout à fait pertinentes, on a en fa<strong>ce</strong> <strong>de</strong>s métiers qui ne sont pas tout à fait les mêmes<br />

mais qui vont concourir à quelque chose <strong>de</strong> commun. Au niveau <strong>de</strong>s formations en géomatique,<br />

on a <strong>de</strong>s formations riches, pointues et pertinentes mais diverses dans leur définition, <strong>ce</strong>rtaines<br />

dans le domaine <strong>de</strong>s scien<strong>ce</strong>s humaines, d'autres dans <strong>de</strong>s domaines plutôt techniques. <strong>La</strong><br />

question <strong>de</strong> la position <strong>de</strong> la <strong>ce</strong>llule <strong>SIG</strong> dans l'organigramme est une question qui ne se pose pas<br />

quand on a une activité informatique pure (l'activité est alors rattaché à la direction <strong>de</strong><br />

l'informatique). Au <strong>de</strong>meurant, <strong>ce</strong>tte question <strong>de</strong> positionnement est juste : faut-il être rattaché à<br />

un domaine <strong>de</strong> moyens techniques, par<strong>ce</strong> que la direction <strong>de</strong> l'informatique est une direction à<br />

caractère fonctionnel qui met à disposition <strong>de</strong>s moyens ou faut-il plutôt être rattaché à une<br />

direction à caractère opérationnel, par<strong>ce</strong> qu'on va mettre en avant la partie production, notamment<br />

production <strong>de</strong>s données. Tous <strong>ce</strong>s points font qu'on n'a pas affaire à un métier mais à un<br />

ensemble <strong>de</strong> métiers. On a aussi affaire à une technologie : <strong>ce</strong>la permet à la fois <strong>de</strong> pla<strong>ce</strong>r chacun<br />

selon son métier dans son activité et d'amener la géomatique au même niveau que d'autres<br />

technologies en TIC qui font partie <strong>de</strong> <strong>ce</strong> vaste domaine qu'est l'informatique (cf télématique dans<br />

les années 80 : on ne parle plus aujourd'hui <strong>de</strong> télématique car une évolution s'est faite où les<br />

acteurs et les métiers <strong>de</strong>s télécommunications ont continué dans le sens <strong>de</strong>s télécommunications<br />

; on le constate aujourd'hui avec l'aménagement numérique <strong>de</strong>s territoires et le développement du<br />

haut débit, avec <strong>de</strong>s points d'accroche très forts avec les domaines <strong>de</strong> l'informatique alors que les<br />

technologies <strong>de</strong> l'informatique ont évolué <strong>de</strong> manière parallèle et ont apporté leur pierre au<br />

développement <strong>de</strong>s télécommunications). Avec le terme <strong>de</strong> géomatique, on risque d'avoir le<br />

même plan d'évolution : à la fois une évolution naturelle vers le développement <strong>de</strong> métiers avec<br />

<strong>de</strong>s professionnels, selon différents domaines (géodésie, topographie, analyse et modélisation<br />

spatiale), exploitant ou produisant les données (le volet production étant extrêmement important<br />

dans <strong>ce</strong>tte activité – techniques, métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> production utilisées dans le domaine <strong>de</strong> la<br />

géomatique sont largement plus importantes que dans d'autres domaines, voire essentielles et<br />

<strong>ce</strong>ci notamment pour <strong>de</strong>s raisons financières) et une évolution naturelle <strong>de</strong>s technologies avec<br />

l'arrivée <strong>de</strong> toutes les évolutions <strong>de</strong>s nouvelles technologies (jusqu'à il y a 10 ans, les technologies<br />

<strong>de</strong> l'informatique étaient plus en avan<strong>ce</strong> que <strong>ce</strong> qu'il se faisait en géomatique, mais l'écart est<br />

maintenant résorbé), né<strong>ce</strong>ssitant un <strong>ce</strong>rtain nombre <strong>de</strong> professionnels pointus en informatique<br />

comme la gestion <strong>de</strong> bases <strong>de</strong> données (ex : du fait <strong>de</strong> gros volumes <strong>de</strong> données à diffuser<br />

parfois sur <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> débit insuffisant, il peut être né<strong>ce</strong>ssaire d'utiliser <strong>de</strong>s techniques<br />

pointues comme <strong>de</strong>s bases <strong>de</strong> données réparties avec <strong>de</strong>s systèmes d'asservissement <strong>ce</strong>ntraux<br />

ou non), les technologies web ou opensour<strong>ce</strong>. Ce schéma est assez facile à mettre en pratique,<br />

comme <strong>ce</strong> fut le cas pour la bureautique (il n'y a plus <strong>de</strong> bureauticien, même s'il y en a eu). Les<br />

domaines spécifiques <strong>de</strong> la géomatique existaient avant l'utilisation <strong>de</strong>s nouvelles technologies (ex<br />

: géodésie), il faut faire la part <strong>de</strong>s choses. Pour parler <strong>de</strong> l'avenir, il ne faut pas essayer <strong>de</strong> faire


entrer l'ensemble <strong>de</strong>s domaines <strong>de</strong> la géomatique dans un moule unique mais considérer une<br />

palette <strong>de</strong> métiers.<br />

(Jean-Marie Fournillier) Au départ, comme dans d'autres grosses structures, à la<br />

communauté urbaine <strong>de</strong> Lyon, la géomatique a été rattachée à l'urbanisme, puis absorbée par<br />

l'informatique et enfin rattachée à la direction <strong>de</strong>s systèmes d'information et télécommunications<br />

(DSIT) <strong>sous</strong> direction <strong>de</strong> la direction générale aux ressour<strong>ce</strong>s ; la DSIT comprenant entre autres,<br />

le servi<strong>ce</strong> <strong>de</strong>s télécommunications, <strong>ce</strong>lui <strong>de</strong> l'informatique et <strong>ce</strong>lui <strong>de</strong> l'information géographique.<br />

Le servi<strong>ce</strong> <strong>SIG</strong> est maintenant rattaché aux « frères ennemis » du départ. Au Grand Lyon, le<br />

servi<strong>ce</strong> <strong>SIG</strong> compte 35 personnes correspondant à tout un panel <strong>de</strong> métiers différents : 12<br />

personnes dans l'unité « topographie » dont <strong>de</strong>ux ingénieurs géomètres topographes (foncier,<br />

topographie), 11 personnes dans l'unité « données <strong>de</strong> référen<strong>ce</strong> »,dont un ingénieur Géomètre<br />

Topographe, un docteur-ingénieur <strong>SIG</strong> et un ingénieur <strong>de</strong> formation géographe, chacun ayant une<br />

mission spécifique (ex montée en puissan<strong>ce</strong> <strong>de</strong> la 3D, occupation du sol, pilotage <strong>de</strong> la refonte <strong>de</strong><br />

l’application <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s voies et adresses , nouvelle orthophoto, management , metadonnees<br />

, plan gui<strong>de</strong> , ect ) et <strong>de</strong>s techniciens spécialisés (voies et adresses, photogrammètre, cadastre,<br />

contrôle qualité , fond <strong>de</strong> plan , ect), la 3e unité composée d’un ingénieur et <strong>de</strong> 7 techniciens<br />

étant tournée vers la maquette 3D, la diffusion <strong>de</strong> données , l’ accueil du public et les servi<strong>ce</strong>s<br />

(édition <strong>de</strong> plans , transformation <strong>de</strong> données , ect). Côté servi<strong>ce</strong> informatique, trois chefs <strong>de</strong><br />

projets travaillent sur l'IG en pilotant notamment <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s et développements d'applications , 5<br />

maintenicien font vivre le parc applicatif <strong>SIG</strong> , 1 architecte , 3 intégrateurs et 0 ;5 exploitant font<br />

vivre le système . Dans les autres directions, 26 geomaticiens travaillent sur le <strong>SIG</strong> pour<br />

l’administration ,le contrôle et l’ intégration , la saisie et la mise a jour <strong>de</strong>s données , le pilotage <strong>de</strong><br />

projets informatiques ou d’acquisition <strong>de</strong> données , la production <strong>de</strong> cartes et <strong>de</strong> tableaux , la<br />

diffusion , la formation et l‘assistan<strong>ce</strong> aux utilisateurs <strong>de</strong>s applications informatiques aussi bien<br />

dans le domaine du <strong>SIG</strong> que <strong>de</strong> la CAO-DAO . Dans <strong>ce</strong> cas, le géomaticien a la connaissan<strong>ce</strong> <strong>de</strong>s<br />

outils et du traitement <strong>de</strong>s données, mais il a surtout la connaissan<strong>ce</strong> <strong>de</strong>s métiers et a <strong>de</strong>s<br />

fonctions liées à l'accompagnement et à la formation <strong>de</strong>s utilisateurs dans l'usage <strong>de</strong>s applications<br />

<strong>SIG</strong> et <strong>de</strong>s données associées. Au final, 70 « géomaticiens » sont directement impliqués dans le<br />

<strong>SIG</strong> du Grand Lyon. Le <strong>SIG</strong>, c'est <strong>de</strong> la technologie qui vient accompagner <strong>de</strong>s métiers.<br />

Aujourd'hui, au niveau <strong>de</strong> la DSIT-IGEO, on a tendan<strong>ce</strong> à embaucher <strong>de</strong>s « coeurs <strong>de</strong> métiers » :<br />

topographie, photogrammétrie, géomètre, etc. ; il s'agit donc d'embaucher le bon profil métier avec<br />

<strong>de</strong>s compéten<strong>ce</strong>s <strong>SIG</strong>. Dans les autres directions, on va embaucher <strong>de</strong>s géomaticiens <strong>de</strong><br />

formation qui très vite <strong>de</strong>viendront « métiers » du fait <strong>de</strong> leur immersion dans le métier <strong>de</strong><br />

rattachement ou <strong>de</strong>s experts métiers que l’on va former et spécialiser a la geomatique (ex : voirie,<br />

propreté,eau, urbanisme, foncier…)<br />

(François-Xavier Maréchal) Le SICTIAM est un syndicat informatique dans lequel il y a un servi<strong>ce</strong><br />

<strong>SIG</strong>. Il s'agit <strong>de</strong> disposer d'une infrastructure pour rendre servi<strong>ce</strong> à <strong>de</strong>s élus, à <strong>de</strong>s techniciens, à<br />

<strong>de</strong>s professionnels, trouver une économie d'échelle pour un moindre coût et animer tout le<br />

système. En un an, une <strong>ce</strong>ntaine <strong>de</strong> communes ont été traitées à 2 géomaticiens. Le coeur <strong>de</strong><br />

métier tourne autour <strong>de</strong> la recherche <strong>de</strong> plus en plus compliquée <strong>de</strong> partenariats et <strong>de</strong> montage<br />

financier, trouver <strong>de</strong>s outils informatiques qui permettent d'aller vite, pas chers et qui offre un<br />

servi<strong>ce</strong> intuitif aux secrétaires <strong>de</strong> mairies en « bout <strong>de</strong> ligne ». Ceci né<strong>ce</strong>ssite effectivement <strong>de</strong>s<br />

compéten<strong>ce</strong>s métiers (eau, assainissement, cadastre, voirie). Le coeur <strong>de</strong> métier est basé sur la<br />

donnée : où se trouve-t-elle, <strong>sous</strong> quel forme (papier, numérique), comment est-elle enrichie par<br />

<strong>de</strong>s diagnostics ou <strong>de</strong>s schémas directeurs élaborés par <strong>de</strong>s bureaux d'étu<strong>de</strong>s pour le compte <strong>de</strong><br />

collectivités territoriales, comment est-elle structurée, archivée, perdue … puis comment on la<br />

structure en base <strong>de</strong> données géographique, on la stocke, on la diffuse, on l'organise.


(Nathalie Dejour) Le géomaticien serait donc quelqu'un qui s'occupe <strong>de</strong> la donnée géographique<br />

s'appuyant sur <strong>de</strong>s technologies propres à la géomatique en <strong>lien</strong> avec l'informatique.<br />

(Hélène Durand) <strong>La</strong> géomatique est une approche multidisciplinaire et c'est <strong>ce</strong> qui pose<br />

problème car on n'arrive pas à la faire entrer dans un cadre alors même qu'en Fran<strong>ce</strong>, on aime<br />

bien faire entrer les choses dans un cadre formel. Or, la géomatique est trop ré<strong>ce</strong>nte pour entrer<br />

dans un cadre : c'est une discipline qui réunit <strong>de</strong>s scien<strong>ce</strong>s, <strong>de</strong>s techniques et <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<br />

dédiées à l'acquisition, au stockage, à l'analyse et à la fusion <strong>de</strong> données ou d'informations. De<br />

fait, les géomaticiens ont <strong>de</strong>s métiers différents mais il y a un socle commun : le géomaticien se<br />

doit <strong>de</strong> maîtriser l'ensemble <strong>de</strong> la chaîne <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s données. On peut exer<strong>ce</strong>r en tant que<br />

géomaticien sans être amené à se positionner par rapport à un servi<strong>ce</strong> (<strong>ce</strong> positionnement étant<br />

rattaché au fonctionnement <strong>de</strong>s collectivités territoriales et <strong>de</strong>s servi<strong>ce</strong>s <strong>de</strong> l'état). Comment<br />

valoriser les compéten<strong>ce</strong>s du géomaticien par rapport notamment à l'informaticien : la<br />

complémentarité d'une approche métier au sens thématique du terme et <strong>de</strong> la maîtrise <strong>de</strong>s outils<br />

géomatiques est indispensable. Le géomaticien doit notamment être capable <strong>de</strong> mener un travail<br />

<strong>de</strong> pédagogie - qui repose sur une compéten<strong>ce</strong> en terme <strong>de</strong> compréhension <strong>de</strong>s modalités<br />

d'acquisition <strong>de</strong> la donnée - pour expliquer aux thématiciens comment utiliser les outils<br />

géomatiques (GPS par ex) <strong>de</strong> manière à acquérir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> qualité, exploitables. Il doit<br />

également être capable <strong>de</strong> structurer la donnée acquise dans un SI, puis être en mesure <strong>de</strong> la<br />

diffuser, <strong>ce</strong> qui suppose <strong>de</strong>s compéten<strong>ce</strong>s en sémiologie, statistiques, en référentiels<br />

géographiques, <strong>de</strong> manière à diffuser une information intelligible à un public varié. Le géomaticien<br />

est sensé apporter une ai<strong>de</strong> à la décision.<br />

(Henri Pornon) Il y a 20 ans, on ne parlait pas <strong>de</strong> géomaticien, mais c'était quelqu'un qui<br />

manipulait <strong>de</strong>s logiciels très compliqués. Puis il y a eu la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>s géomaticiens un peu<br />

informaticiens, avec <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> <strong>SIG</strong> dans les gran<strong>de</strong>s organisations où les informaticiens<br />

n'avaient pas le temps <strong>de</strong> s'occuper <strong>de</strong> la géomatique -considérée comme une « informatique<br />

métier »- et ont laissé d'autres gens s'en occuper. Ainsi est née une génération <strong>de</strong> géomaticiens<br />

avec une fonction très informatique pouvant aller jusqu'à dupliquer un servi<strong>ce</strong> informatique<br />

(administrateur système et réseaux, applications, etc.) à côté du système informatique existant.<br />

Après, il y a eu un re<strong>ce</strong>ntrage car les informaticiens on commencé à s'intéresser à la géomatique<br />

en constatant que la frontière n'était pas « étanche » entre le <strong>SIG</strong> et d'autres outils <strong>de</strong> gestion, <strong>ce</strong><br />

qui a posé la question <strong>de</strong> la convergen<strong>ce</strong>. Aujourd'hui, on re<strong>ce</strong>ntre le géomaticien sur la donnée<br />

car l'évolution <strong>de</strong>s SI met la barre très haut en matière d'informatique par rapport aux<br />

compéten<strong>ce</strong>s en informatique du géomaticien (ex : urbanisation <strong>de</strong>s SI, réorganisation <strong>de</strong>s SII<br />

autour <strong>de</strong>s pro<strong>ce</strong>ssus, etc.) et les informaticiens reprennent la main sur la géomatique. C'est aussi<br />

le refus <strong>de</strong>s utilisateurs d'avoir plusieurs interlocuteurs (le géomaticien et l'informaticien) pour <strong>de</strong>s<br />

outils qui selon eux <strong>de</strong>vraient se parler (ex : <strong>SIG</strong> et GMAO). En général, quand ils ne se parlent<br />

pas, c'est par<strong>ce</strong> que le géomaticien et l'informaticien ne se parlent pas... Cette évolution crée une<br />

crise d'i<strong>de</strong>ntité auprès d'un <strong>ce</strong>rtain nombre <strong>de</strong> géomaticiens, qui s'interrogent sur leur rôle et leur<br />

positionnement dans l'organigramme. Le géomaticien n'est ni vraiment un géographe, ni vraiment<br />

un informaticien, mais quelque chose entre les 2. Il a beaucoup <strong>de</strong> mal à rester entre les 2 alors<br />

que précisément, son rôle c'est d'être entre les 2 : sa capacité à parler avec les 2 familles<br />

d'interlocuteurs, les spécialistes du territoire (pas que les géographes, mais tous les métiers liés<br />

au territoire) et les spécialistes <strong>de</strong> l'informatique constitue sa valeur ajoutée, même si elle est<br />

difficile à assumer dans l'organisation, à expliquer, à faire valoir. Ce positionnement délicat conduit<br />

<strong>ce</strong>rtains géomaticiens à s'enfermer dans sa « tour d'ivoire », dans une espè<strong>ce</strong> <strong>de</strong><br />

communautarisme : « nous les géomaticiens, on est à part », alors qu'en fait, c'est plutôt dans le<br />

métissage qu'est l'avenir du géomaticien, dans sa capacité à être un pont entre <strong>de</strong>s métiers<br />

différents et à apporter aux acteurs du territoire <strong>de</strong>s choses que les informaticiens ont du mal à<br />

saisir (ex : notion <strong>de</strong> données géoréférencées). Les géomaticiens doivent essayer <strong>de</strong> construire


<strong>de</strong>s ponts et non <strong>de</strong>s murs contre la DSI (cf Newton : « les hommes construisent trop <strong>de</strong> murs et<br />

pas assez <strong>de</strong> ponts »). <strong>La</strong> géomatique est un moyen <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s ponts entre différentes<br />

applications.<br />

(Alain Prallong) Attention à la position du géomaticien comme point <strong>de</strong> dialogue entre<br />

l'opérationnel praticien d'un métier d'une part et l'informatique <strong>de</strong> l'autre côté : ne pas enfermer le<br />

géomaticien dans sa tour d'ivoire, mais ne pas faire non plus du géomaticien un homme ou une<br />

femme à tout faire. <strong>La</strong> géomatique offre une diversité qui permet <strong>de</strong> ne pas se réduire à un seul<br />

profil et permet <strong>de</strong> <strong>ce</strong> fait, une <strong>ce</strong>rtaine polyvalen<strong>ce</strong>.<br />

Il est né<strong>ce</strong>ssaire <strong>de</strong> prendre en compte la diversité <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong>s géomaticiens selon<br />

l'organisation : grosse structure avec équipe <strong>de</strong> personnes fortement spécialisées (cf 35<br />

personnes au Grand Lyon) et petite structure où le géomaticien - « mouton à 5, 6 ou 8 pattes » -<br />

doit assumer seul toutes les fonctions (pluridisciplinaires) <strong>de</strong> la géomatique (modélisation,<br />

con<strong>ce</strong>ption, analyse spatiale, sémiologie graphique, administration <strong>de</strong>s données, etc.). Le vécu <strong>de</strong><br />

la géomatique est en fait assez ré<strong>ce</strong>nt dans <strong>de</strong>s collectivités <strong>de</strong> taille intermédiaire par rapport à<br />

<strong>de</strong>s grosses collectivités. On observe une logique <strong>de</strong> rapprochement avec la DSI pour que les<br />

usagers n'aient qu'un interlocuteur avec un servi<strong>ce</strong> d'assistan<strong>ce</strong> informatique permettant au<br />

géomaticien <strong>de</strong> se re<strong>ce</strong>ntrer sur ses compéten<strong>ce</strong>s spécifiques <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong> la donnée<br />

géographique.<br />

(Grégoire Feyt) En fait, 3 catégories <strong>de</strong> l'activité autour <strong>de</strong> la géomatique : les gens qui<br />

« travaillent pour » la géomatique en produisant <strong>de</strong>s données informatisées, <strong>ce</strong>ux qui « travaillent<br />

sur » en développant <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s et <strong>ce</strong>ux qui « travaillent avec ». Réunir <strong>de</strong>s personnes qui ont<br />

<strong>ce</strong>s 3 cultures est extrêmement difficile car on est sur <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> qualité et <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong><br />

déontologie professionnelle quasiment antagonistes. Par exemple, le coeur <strong>de</strong> métier <strong>de</strong> <strong>ce</strong>ux qui<br />

collectent la donnée, c'est la précision <strong>de</strong>s données, qu'elles soient à jour et conformes. Du côté<br />

<strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong> à la décision, l'enjeu est plutôt <strong>de</strong> fournir aux déci<strong>de</strong>urs/élus un document épuré tenant<br />

sur une feuille A4, <strong>ce</strong> qui les conduit à « dégra<strong>de</strong>r » en simplifiant à l'extrême les données brutes.<br />

Cette démarche est difficile à envisager pour la même personne. Au niveau <strong>de</strong>s formations en<br />

développement territorial, <strong>ce</strong>tte complexité <strong>de</strong> situation est difficile à valoriser. Cette segmentation<br />

s'opère au sein même <strong>de</strong>s groupes d'étudiants avec <strong>de</strong>s schémas mentaux « orthogonaux » entre<br />

le littéraire et le scientifique et une pratique <strong>de</strong> la géomatique qui se situe comme une<br />

charnière/articulation « grinçante » entre <strong>ce</strong>s 2 mon<strong>de</strong>s. Il y a un intérêt collectif, notamment <strong>de</strong> la<br />

part <strong>de</strong>s employeurs à développer <strong>ce</strong>tte spécificité professionnelle, mais le fonctionnement du<br />

recrutement en Fran<strong>ce</strong> sur <strong>de</strong>s logiques statutaires (cf concours <strong>de</strong> la fonction publique territoriale)<br />

ne va pas dans le bon sens, avec une forme <strong>de</strong> schizophrénie totale dans les collectivités entre<br />

les profils qui sortent et la manière dont sont gérés les concours <strong>de</strong> recrutement.<br />

(Philippe Lépinard) Il est important que les gens <strong>de</strong> terrain (opérationnels, thématiciens) soient<br />

formés à la géomatique, que <strong>ce</strong> soit les métiers qui aillent à la géomatique. C'est au géomaticien,<br />

non à l'informaticien, d'assurer la formation d'opérationnels qui peuvent alors servir <strong>de</strong> relais<br />

auprès <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s opérationnels <strong>de</strong> leur métier, du fait <strong>de</strong> leur capacité à parler le langage<br />

<strong>de</strong> l'opérationnel et comprendre le besoin <strong>de</strong> l'opérationnel. Pour <strong>ce</strong>la, il est important que <strong>ce</strong> ne<br />

soit pas <strong>de</strong>s géomaticiens qui apprennent le métier, mais le métier qui vienne à la géomatique.<br />

Dans <strong>ce</strong> cas, on est indépendant <strong>de</strong> l'informatique (pas <strong>de</strong> rapport <strong>de</strong> l'informatique au métier).On<br />

ne forme pas <strong>de</strong>s géomaticiens, on forme <strong>de</strong>s opérationnels à la géomatique. Ceci n'exclut pas<br />

l'existen<strong>ce</strong> d'une <strong>ce</strong>llule géomatique spécifique, chargée notamment <strong>de</strong> l'administration <strong>de</strong>s<br />

données.<br />

(Henri Pornon) En prenant l'image <strong>de</strong> la voiture, à une <strong>ce</strong>rtaine époque, le conducteur <strong>de</strong>vait


aussi savoir bricoler son véhicule pour être autonome. Aujourd'hui, aucun d'entre nous ne se<br />

considérerait comme mécanicien par<strong>ce</strong> qu'il sait conduire une voiture. Les métiers se sont<br />

spécialisés, <strong>ce</strong>rtains sont apparus : garagistes, chauffeur professionnel, etc. Il faut aussi faire <strong>ce</strong>tte<br />

distinction dans le domaine <strong>de</strong> la géomatique entre les métiers <strong>de</strong> géomaticien (cf garagiste) et<br />

<strong>ce</strong>ux qui utilisent la géomatique (cf conducteur). <strong>La</strong> question qui se pose alors est <strong>ce</strong>lle du risque<br />

<strong>de</strong> l'appropriation <strong>de</strong> la géomatique par le grand public avec <strong>de</strong>s gens qui pratiquent la<br />

géomatique sans avoir suivi <strong>de</strong> formation en sémiologie graphique et en communication<br />

cartographique, <strong>ce</strong> qui fait mal au coeur à tous les géomaticiens (<strong>de</strong>s cartes mal présentées, voire<br />

qui dévoient la réalité du territoire). Dans la mesure où on n'empêchera pas <strong>ce</strong>s pratiques, <strong>ce</strong>ci<br />

doit nous interroger sur <strong>ce</strong> qu'on peut faire pour que les usages non professionnels <strong>de</strong> la<br />

géomatique et la production non professionnelle <strong>de</strong> cartographie ne soient pas trop<br />

catastrophiques. Il y a peut-être <strong>de</strong> nouveaux métiers à inventer.<br />

(Hélène Durand) C'est compliqué <strong>de</strong> mettre en oeuvre <strong>de</strong>s formations qui vont traiter à la fois<br />

<strong>de</strong>s aspects <strong>de</strong> représentation cartographique (diffusion/communication), plutôt rattachée aux<br />

scien<strong>ce</strong>s sociales et les aspects d'acquisition <strong>de</strong> la donnée, plus scientifiques et plus techniques.<br />

En même temps, la formation en géomatique est d'autant plus fondée qu'elle vient en complément<br />

<strong>de</strong> métiers qui peuvent être très variés. Dans <strong>de</strong> nombreuses structures, les géomaticiens sont en<br />

réalité <strong>de</strong>s thématiciens qui viennent à la géomatique. Cependant, il faut aussi avoir la possibilité<br />

d'établir une espè<strong>ce</strong> <strong>de</strong> « label » définissant <strong>ce</strong> qu'est un géomaticien, comme quelqu'un<br />

disposant <strong>de</strong> connaissan<strong>ce</strong>s dans tous les domaines <strong>de</strong> la géomatique (géodésie, cartographie,<br />

sémiologie, bases <strong>de</strong> données, etc.) car on ne peut pas être responsable <strong>de</strong> l'architecture d'un<br />

<strong>SIG</strong> si on ne connaît pas un minimum <strong>de</strong> choses sur la donnée géographique. Le géomaticien doit<br />

être capable <strong>de</strong> survoler <strong>ce</strong>s différents champs, disposer d'un minimum <strong>de</strong> « vernis » qui vali<strong>de</strong><br />

une compéten<strong>ce</strong> et procure une <strong>ce</strong>rtaine légitimité (mais attention à beaucoup <strong>de</strong> couches <strong>de</strong><br />

vernis).<br />

Actuellement, dans toutes les formations qui ont une composante « territoire », on abor<strong>de</strong> la<br />

géomatique. On utilise divers outils, on est recruté dans <strong>de</strong>s servi<strong>ce</strong>s métiers (eau, voirie, etc.). Il<br />

est <strong>ce</strong>pendant né<strong>ce</strong>ssaire d'avoir en plus quelqu'un qui harmonise les pratiques, les outils, la<br />

gestion <strong>de</strong>s données, les sauvegar<strong>de</strong>s, <strong>ce</strong> qui ne relèvent pas <strong>de</strong> personnes « métiers » mais bien<br />

d'un géomaticien, qui s'appuie sur les compéten<strong>ce</strong>s <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s spécialistes dans chacune <strong>de</strong><br />

<strong>ce</strong>s thématiques territoriales et sur les informaticiens. Le géomaticien est au coeur d'une grosse<br />

étoile <strong>de</strong> compéten<strong>ce</strong>s, mais ne doit pas avoir la prétention <strong>de</strong> tout gérer tout seul. <strong>La</strong> valeur<br />

ajoutée du géomaticien est d'apporter un support à l'utilisateur dans ses choix, dans<br />

l'harmonisation <strong>de</strong>s outils, dans la con<strong>ce</strong>ption et la gestion <strong>de</strong> modèles <strong>de</strong> données, irriguer les<br />

servi<strong>ce</strong>s d'une culture <strong>de</strong> l'information géographique et ai<strong>de</strong>r à la décision.<br />

(Nathalie Dejour) Quelles sont nos moyens pour faire comprendre aux déci<strong>de</strong>urs et recruteurs la<br />

spécificité <strong>de</strong>s géomaticiens et faciliter leur intégration dans les structures ? En terme <strong>de</strong> formation<br />

continue, a-t-on intérêt à insuffler systématiquement une dimension géomatique dans les<br />

formations thématiques <strong>de</strong> manière à avoir en poste <strong>de</strong>s usagers éclairés <strong>de</strong> la géomatique<br />

capables <strong>de</strong> dialoguer avec le géomaticien référent dans la structure, soit pour lui comman<strong>de</strong>r une<br />

carte, soit pour produire lui-même ses cartes à partir <strong>de</strong> données structurées par le géomaticien?<br />

C'est peut-être aussi la question <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> la donnée qui se pose avec <strong>de</strong>s thématiciens non<br />

formés à la géomatique qui risqueraient d'utiliser <strong>de</strong> manière erronée les données disponibles et<br />

bien formatées au départ par le géomaticien (cf appropriation grand public évoqué plus haut avec<br />

le risque du « grand n'importe quoi » en termes <strong>de</strong> cartographie).<br />

(Responsable <strong>SIG</strong> Collectivité) Il y a un décalage entre les petites collectivités et les gran<strong>de</strong>s<br />

collectivités en termes <strong>de</strong> culture <strong>de</strong> l'information géographique, <strong>ce</strong> qui pose un problème pour le


ecrutement : dans les grosses collectivités, les servi<strong>ce</strong>s étoffés peuvent définir <strong>de</strong>s profils<br />

spécifiques et articuler différentes compéten<strong>ce</strong>s en géomatique avec une vraie complémentarité<br />

(ex : topographes, photogrammètres au Grand Lyon) ; <strong>ce</strong> n'est pas le cas dans les collectivités<br />

plus petites où l'absen<strong>ce</strong> <strong>de</strong> culture en IG rend difficile la définition <strong>de</strong> profils <strong>de</strong> poste et où le<br />

géomaticien doit être à la fois « au four, au moulin et à la caisse », avec un écartèlement dans la<br />

manière <strong>de</strong> gérer le quotidien.<br />

(Alain Prallong) Le problème c'est qu'on veut toujours faire entrer les choses dans un cadre.<br />

Le domaine <strong>de</strong> la géomatique bouscule notre schéma « cartésien », car un poste <strong>de</strong> géomaticien<br />

dans une grosse collectivité n'a rien à voir avec un poste dans une petite collectivité. Il faut arriver<br />

à sortir <strong>de</strong> <strong>ce</strong> schéma « <strong>de</strong>s cases », car on est sur un domaine extrêmement transversal en<br />

relation avec <strong>de</strong>s métiers totalement différents. Ce n'est pas facile car <strong>ce</strong> n'est pas dans notre<br />

culture ; dans les pays anglo-saxons, on est beaucoup plus pragmatique. Par ailleurs, l'approche<br />

grand public fait peur à la communauté <strong>de</strong> la géomatique, mais on a là peut-être le moyen <strong>de</strong><br />

bousculer le cadre. C'est une voie forte pour s'ouvrir, pour changer. Ce que les gens vont faire <strong>de</strong>s<br />

données géographiques ne nous regar<strong>de</strong>nt pas, s'ils se trompent, c'est leur affaire. Au contraire, il<br />

faut ouvrir les vannes pour arriver à sortir <strong>de</strong> faits établis et bousculer les cases pour nous<br />

permettre <strong>de</strong> reprendre chacun notre métier et travailler ensemble (image <strong>de</strong>s ponts – cf ouverture<br />

<strong>de</strong>s données par Brest Métropole).<br />

(Grégoire Feyt) Peut-être il faut prendre acte que la géomatique est un domaine et que le<br />

géomaticien est un métier dans <strong>ce</strong> domaine parmi d'autres, ne plus considérer que le géomaticien<br />

est une catégorie générique, car d'une <strong>ce</strong>rtaine manière, on pollue le message et on se tire dans<br />

le pied. Le terme <strong>de</strong> géomatique est un terme d'aficionado : à l'extérieur <strong>de</strong> <strong>ce</strong> petit mon<strong>de</strong>, <strong>ce</strong><br />

terme n'est quasiment jamais utilisé, on va parler <strong>de</strong> cartographe, <strong>de</strong> topographe, etc. Il est<br />

préférable d'essayer <strong>de</strong> qualifier <strong>de</strong>s métiers dans <strong>ce</strong> domaine <strong>de</strong> la géomatique, <strong>ce</strong> qui sera aussi<br />

plus confortable pour les étudiants qui auront le sentiment <strong>de</strong> disposer d'un bon socle et pas<br />

seulement <strong>de</strong> différentes couches <strong>de</strong> « vernis ».<br />

(Henri Pornon) Dans les structures où le géomaticien est tout seul, on leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'être un<br />

homme ou une femme orchestre alors qu'ils n'ont malheureusement que <strong>de</strong>s couches <strong>de</strong> vernis.<br />

Ceci conduit un <strong>ce</strong>rtain nombre d'entre eux à prendre le risque ou à avoir le courage <strong>de</strong> jouer<br />

quand même <strong>ce</strong> rôle d'homme-orchestre - et heureusement- alors que d'autres vont se réfugier<br />

dans <strong>ce</strong> qu'ils savent faire, comme la production <strong>de</strong> cartes par exemple, délaissant <strong>de</strong> fait<br />

l'accompagnement <strong>de</strong>s servi<strong>ce</strong>s et l'administration <strong>de</strong>s données, <strong>ce</strong> qui pose ensuite <strong>de</strong>s<br />

problèmes organisationnels dans l'acquisition et la gestion <strong>de</strong> la donnée avec <strong>de</strong>s thématiciens<br />

non formés et non accompagnés dans leur démarche d'appropriation du <strong>SIG</strong> (pas <strong>de</strong> chef <strong>de</strong><br />

projet <strong>SIG</strong>). En terme <strong>de</strong> formation, pour tous <strong>ce</strong>s géomaticiens « chef d'orchestre », que faut-il<br />

leur procurer comme outils au <strong>de</strong>là du vernis pour qu'ils se sentent en capacité <strong>de</strong> jouer <strong>ce</strong> rôle<br />

d'homme ou <strong>de</strong> femme-orchestre, car pour le moment les couches <strong>de</strong> vernis sont trop fines. Il y<br />

une évolution du géomaticien vers une polyvalen<strong>ce</strong> dans <strong>de</strong>s petites structures où le géomaticien<br />

peut aller jusqu'à jouer le rôle d'informaticien. Dans <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong>s organisations avec <strong>de</strong>s<br />

servi<strong>ce</strong>s géomatiques structurées, se pose la question <strong>de</strong> re<strong>ce</strong>ntrer le géomaticien sur les métiers<br />

<strong>de</strong> la donnée cartographie, analyse spatiale, et ne lui procurer qu'un vernis en informatique en<br />

allégeant sur <strong>ce</strong> point sa formation, ou <strong>de</strong> former aussi <strong>de</strong>s géomaticiens qui soient plus proches<br />

<strong>de</strong> l'informatique. Il est important d'avoir aussi <strong>de</strong>s géomaticiens pointus en informatique, non pas<br />

pour faire la guerre aux informaticiens mais pour travailler avec eux dans un esprit <strong>de</strong> dialogue. Et<br />

il faut aussi avoir <strong>de</strong>s informaticiens qui maîtrisent la géomatique.<br />

Le fait <strong>de</strong> survoler tout le champ <strong>de</strong> la géomatique laissent aux étudiants en formation le<br />

sentiment <strong>de</strong> ne pas être opérationnels, <strong>ce</strong> qui pose problème pour le recrutement. Il y a aussi <strong>de</strong>s


enjeux <strong>de</strong> profils : un géomaticien est bon s'il est à sa pla<strong>ce</strong>. Certains profils « touche à tout »<br />

seront à leur pla<strong>ce</strong> dans une petite structure et pas du tout dans une grosse où il faudra entrer<br />

dans une case très spécialisée. Il y a <strong>de</strong> la pla<strong>ce</strong> pour tout le mon<strong>de</strong>, il ne faut pas se tromper <strong>de</strong><br />

position dans les embauches. Il y a un gros enjeu <strong>de</strong> ressour<strong>ce</strong>s humaines au niveau <strong>de</strong> la<br />

définition <strong>de</strong>s profils <strong>de</strong> poste et <strong>de</strong>s gens qu'on met en adéquation avec. Il faut que les gens<br />

soient formés mais également « bien dans leurs baskets » pour que ca marche. Au niveau <strong>de</strong><br />

l'accompagnement et <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong>s utilisateurs <strong>de</strong> l'information géographique dans la<br />

structure, la dimension humaine est également essentielle, comme dans d'autres domaines. Il faut<br />

<strong>de</strong>s solutions <strong>de</strong> formations adaptées au bon moment et au bon endroit.<br />

(François-Xavier Maréchal) Il reste que le géomaticien qui sort <strong>de</strong> formation doit être capable<br />

<strong>de</strong> s'adapter rapi<strong>de</strong>ment dans un contexte en perpétuelle évolution, au même titre qu'un ingénieur<br />

sortant d'un école va évoluer tout au long <strong>de</strong> sa carrière (s'il est ingénieur en BTP, il sera peut-être<br />

10 ans après chef <strong>de</strong> servi<strong>ce</strong> dans une collectivité et amené, <strong>de</strong> fait, à gérer bien autre chose que<br />

le BTP). Le géomaticien doit être aussi capable <strong>de</strong> gérer <strong>de</strong>s partenaires, <strong>de</strong>s finan<strong>ce</strong>s, <strong>de</strong>s<br />

questions juridiques, c'est une posture à acquérir.<br />

(Philippe Lépinard) Le géomaticien doit aussi avoir un positionnement <strong>de</strong> gestionnaire et<br />

s'interroger sur l'appropriation <strong>de</strong>s <strong>SIG</strong> en accompagnant par exemple les utilisateurs dans l'usage<br />

critique et éclairé d'outils simples comme CartoExplorer.<br />

<strong>La</strong> formation continue est indispensable car on ne peut pas se projeter en formation initiale sur<br />

les évolutions à venir à 5 ou 10 ans. Il faut être en état permanent <strong>de</strong> veille pour acquérir <strong>de</strong> la<br />

compéten<strong>ce</strong> et se sentir compétent dans son domaine et sa mission au quotidien.<br />

(Responsable <strong>SIG</strong> intercommunalité) <strong>La</strong> géographie est difficile à faire valoir aux yeux <strong>de</strong>s<br />

élus : il est très difficile <strong>de</strong> faire entrer une carte dans un conseil communautaire. On est dans une<br />

culture <strong>de</strong> techniciens d'opérationnel. Il est également long et difficile <strong>de</strong> faire entrer dans une<br />

structure la notion <strong>de</strong> transversalité du <strong>SIG</strong> et la reconnaissan<strong>ce</strong> par les ressour<strong>ce</strong>s humaines d'un<br />

profil spécifique pour le gérer. Ceci pose le problème du recrutement <strong>de</strong> géomaticien, par rapport<br />

à quelqu'un en poste qui va « apprendre le <strong>SIG</strong> » sur le tas. Il faut arriver à faire comprendre<br />

l'intérêt du profil sur le terrain. Ceci pose la question non plus <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong>s géomaticiens<br />

mais <strong>de</strong> la formation et <strong>de</strong> la sensibilisation <strong>de</strong>s élus et <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs à la géomatique.<br />

(Consultant) Grâ<strong>ce</strong> aux outils grands publics comme Googlemaps ou le GPS, le géomaticien<br />

n'a plus à faire <strong>de</strong> l'évangélisation, les gens ont acquis une <strong>ce</strong>rtaine culture (ils savent <strong>ce</strong> qu'est<br />

une image satellite ou un drone). <strong>La</strong> question qui se pose maintenant est : faut-il former <strong>de</strong>s<br />

géomaticiens à l'informatique ou <strong>de</strong>s informaticiens à la géomatique ? Les géomaticiens doivent<br />

savoir parler aux informaticiens et les informaticiens aux géomaticiens.<br />

On parle beaucoup <strong>de</strong> collectivités, mais il y a aussi beaucoup <strong>de</strong> sociétés privées qui font <strong>de</strong> la<br />

géomatique sans le savoir.<br />

(Nathalie Dejour) <strong>La</strong> question du géomaticien <strong>de</strong> <strong>de</strong>main porte essentiellement sur les formations,<br />

les passerelles entre formations, les ponts que l'on peut établir entre différents domaines. Peutêtre<br />

est-<strong>ce</strong> grâ<strong>ce</strong> à la formation qu'on peut arriver à établir une forme d'acculturation,<br />

d'appropriation <strong>de</strong>s métiers <strong>de</strong>s uns et <strong>de</strong>s autres, pour que tout le mon<strong>de</strong> arrive à se parler et à<br />

avoir un langage commun ?<br />

(Nadine Polombo) On retrouve ici le même <strong>débat</strong> qu'on a eu il y a 40 ans en remplaçant le<br />

terme géomatique par informatique. A l'époque, l'informatique sortait <strong>de</strong> l'électronique et <strong>de</strong>s


mathématiques et les informaticiens étaient « entre <strong>de</strong>ux chaises ». On retrouve le même <strong>débat</strong><br />

sur les usages grand public quand on est passé <strong>de</strong> l'informatique <strong>ce</strong>ntralisée au micro-ordinateur :<br />

« les gens vont faire n'importe quoi ». En fait, l'informatique a continué à se développer et<br />

correspond maintenant à un ensemble <strong>de</strong> métiers différents. On retrouve la même chose pour la<br />

géomatique. Dans <strong>de</strong>s structures comme les Conseils Généraux, on rencontre <strong>de</strong>s conflits qui<br />

définissent la spécificité <strong>de</strong> l'objet en conflit : en l'occurren<strong>ce</strong> la géomatique, qui n'est pas encore<br />

une compéten<strong>ce</strong> reconnue, entre en conflit aux limites avec les servi<strong>ce</strong>s métiers ou informatique<br />

par<strong>ce</strong> qu'elle ne trouve pas sa pla<strong>ce</strong> dans l'organigramme (la <strong>ce</strong>llule géomatique est au servi<strong>ce</strong><br />

<strong>de</strong>s routes, ou rattachée à la DSI, etc.). <strong>La</strong> géomatique fonctionnellement, semble être pour<br />

l'instant entre 2 chaises jusqu'à <strong>ce</strong> qu'elle <strong>de</strong>vienne peut-être quelque chose d'indépendant.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!