Compte rendu de ce débat sous ce lien - Rencontres SIG La Lettre
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Intervenants :<br />
<strong>Rencontres</strong> <strong>SIG</strong> LA LETTRE<br />
Débat : Géomaticien ?<br />
Jeudi 19 mai 2011– 9h30 – 11h30<br />
• Hélène Durand, <strong>de</strong> la société ALISE,<br />
• Jean-Marie Fournillier, responsable <strong>SIG</strong> au Grand Lyon,<br />
• François-Xavier Maréchal, responsable <strong>SIG</strong> au SICTIAM,<br />
• Alain Prallong, <strong>de</strong> la société REALIA,<br />
• Henri Pornon, IETI Consultants,<br />
• participants dans la salle (dont Nadine Polombo et Grégoire Feyt représentant<br />
notamment la sphère formation-recherche)<br />
• Paule Annicke Davoine excusée<br />
<strong>Compte</strong> <strong>rendu</strong> rédigé par Nathalie Dejour, consultante, animatri<strong>ce</strong> du <strong>débat</strong> et membre du<br />
pôle formation recherche <strong>de</strong> l’Afigeo.<br />
Le <strong>débat</strong> était articulé en 2 temps, avec l'idée <strong>de</strong> ne pas se focaliser sur les problèmes, mais<br />
plutôt sur les solutions/perspectives :<br />
• le géomaticien aujourd'hui : ses différentes fa<strong>ce</strong>ttes, intégrant ses relations avec les<br />
informaticiens, les thématiciens, les déci<strong>de</strong>urs et l'appropriation <strong>de</strong> <strong>ce</strong>rtaines notions par le<br />
grand public. Ce temps permettra <strong>de</strong> recueillir les témoignages <strong>de</strong>s intervenants, mais<br />
également les vôtres, chacun avec son propre vécu.<br />
• le géomaticien <strong>de</strong> <strong>de</strong>main : quel socle <strong>de</strong> compéten<strong>ce</strong>s incontournable, quelles<br />
compéten<strong>ce</strong>s spécifiques, quelles évolutions pour les formations, <strong>ce</strong> 2nd temps ayant<br />
vocation à s'appuyer sur une réflexion constructive et collective.<br />
Restitution <strong>de</strong>s échanges :<br />
(Nathalie Dejour) C'est quoi un géomaticien ? Question qui se pose <strong>de</strong> manière récurrente dans le<br />
mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la géomatique. Où le met on dans l'organisation ? Quelle est sa pla<strong>ce</strong> dans<br />
l'organigramme ? Qu'est-il chargé <strong>de</strong> faire dans son organisation ? Quelles sont <strong>ce</strong>s relations avec<br />
les déci<strong>de</strong>urs, avec les élus, avec les informaticiens, avec les thématiciens ?<br />
<strong>Compte</strong> tenu <strong>de</strong> <strong>ce</strong> que chaque géomaticien vit dans sa structure au quotidien, que peut-on<br />
envisager comme évolution dans les formations, dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la recherche, mais aussi dans<br />
les structures ? Y-a-t-il un regard particulier à porter vers les déci<strong>de</strong>urs, vers les thématiciens ?<br />
Quel regard porter sur la per<strong>ce</strong>ption <strong>de</strong> la géomatique dans les 20 <strong>de</strong>rnières années ? Regard <strong>de</strong><br />
l'informaticien, regard du thématicien, regard du déci<strong>de</strong>ur ? Est-<strong>ce</strong> que le géomaticien est plutôt un<br />
cartographe, un informaticien, un thématicien, ou tout à la fois ? Est-<strong>ce</strong> une charnière entre
l'informaticien et le thématicien du fait <strong>de</strong> ses compéten<strong>ce</strong>s ? Le géomaticien est-il isolé dans sa<br />
tour d'ivoire, une sorte d'électron libre dans l'organisation et quelles sont ses relations avec le<br />
reste <strong>de</strong> l'organisation, petite ou gran<strong>de</strong> ?<br />
<strong>La</strong> géomatique est-elle un métier ou une technologie ? (Alain Prallong) <strong>La</strong> géomatique n'est<br />
pas un métier, mais une activité, c'est à dire un ensemble <strong>de</strong> métiers : on ne peut pas dire que <strong>de</strong>s<br />
personnes qui sont formés scientifiquement sur <strong>de</strong>s techniques très pointues comme la géodésie,<br />
la topographie ou sur <strong>de</strong>s technologies tout aussi pointues comme l'informatique exer<strong>ce</strong>nt le<br />
même métier. Par contre elles concourent à une activité, elles travaillent à une mission, à un<br />
ensemble <strong>de</strong> tâches. Avant l'AFIGEO, le CNIG a mené une réflexion pour essayer <strong>de</strong> définir le<br />
métier (cf fiches <strong>de</strong> définition <strong>de</strong> profil produites en relation avec le CNFPT). Il y était question <strong>de</strong><br />
chef <strong>de</strong> servi<strong>ce</strong> <strong>SIG</strong>, mais on y définit un profil <strong>de</strong> chef <strong>de</strong> servi<strong>ce</strong>, pas un géomaticien. Avec la<br />
même fiche, on pourrait tout aussi bien définir un « chef <strong>de</strong> servi<strong>ce</strong> en bureautique ». De même<br />
pour « administrateur <strong>de</strong> <strong>SIG</strong> » : on y définit en réalité, <strong>ce</strong> qu'on appelle en informatique un poste<br />
d'administrateur <strong>de</strong> données (DBA). Dans la définition <strong>de</strong>s profils, qui sont au <strong>de</strong>meurant <strong>de</strong>s<br />
définitions tout à fait pertinentes, on a en fa<strong>ce</strong> <strong>de</strong>s métiers qui ne sont pas tout à fait les mêmes<br />
mais qui vont concourir à quelque chose <strong>de</strong> commun. Au niveau <strong>de</strong>s formations en géomatique,<br />
on a <strong>de</strong>s formations riches, pointues et pertinentes mais diverses dans leur définition, <strong>ce</strong>rtaines<br />
dans le domaine <strong>de</strong>s scien<strong>ce</strong>s humaines, d'autres dans <strong>de</strong>s domaines plutôt techniques. <strong>La</strong><br />
question <strong>de</strong> la position <strong>de</strong> la <strong>ce</strong>llule <strong>SIG</strong> dans l'organigramme est une question qui ne se pose pas<br />
quand on a une activité informatique pure (l'activité est alors rattaché à la direction <strong>de</strong><br />
l'informatique). Au <strong>de</strong>meurant, <strong>ce</strong>tte question <strong>de</strong> positionnement est juste : faut-il être rattaché à<br />
un domaine <strong>de</strong> moyens techniques, par<strong>ce</strong> que la direction <strong>de</strong> l'informatique est une direction à<br />
caractère fonctionnel qui met à disposition <strong>de</strong>s moyens ou faut-il plutôt être rattaché à une<br />
direction à caractère opérationnel, par<strong>ce</strong> qu'on va mettre en avant la partie production, notamment<br />
production <strong>de</strong>s données. Tous <strong>ce</strong>s points font qu'on n'a pas affaire à un métier mais à un<br />
ensemble <strong>de</strong> métiers. On a aussi affaire à une technologie : <strong>ce</strong>la permet à la fois <strong>de</strong> pla<strong>ce</strong>r chacun<br />
selon son métier dans son activité et d'amener la géomatique au même niveau que d'autres<br />
technologies en TIC qui font partie <strong>de</strong> <strong>ce</strong> vaste domaine qu'est l'informatique (cf télématique dans<br />
les années 80 : on ne parle plus aujourd'hui <strong>de</strong> télématique car une évolution s'est faite où les<br />
acteurs et les métiers <strong>de</strong>s télécommunications ont continué dans le sens <strong>de</strong>s télécommunications<br />
; on le constate aujourd'hui avec l'aménagement numérique <strong>de</strong>s territoires et le développement du<br />
haut débit, avec <strong>de</strong>s points d'accroche très forts avec les domaines <strong>de</strong> l'informatique alors que les<br />
technologies <strong>de</strong> l'informatique ont évolué <strong>de</strong> manière parallèle et ont apporté leur pierre au<br />
développement <strong>de</strong>s télécommunications). Avec le terme <strong>de</strong> géomatique, on risque d'avoir le<br />
même plan d'évolution : à la fois une évolution naturelle vers le développement <strong>de</strong> métiers avec<br />
<strong>de</strong>s professionnels, selon différents domaines (géodésie, topographie, analyse et modélisation<br />
spatiale), exploitant ou produisant les données (le volet production étant extrêmement important<br />
dans <strong>ce</strong>tte activité – techniques, métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> production utilisées dans le domaine <strong>de</strong> la<br />
géomatique sont largement plus importantes que dans d'autres domaines, voire essentielles et<br />
<strong>ce</strong>ci notamment pour <strong>de</strong>s raisons financières) et une évolution naturelle <strong>de</strong>s technologies avec<br />
l'arrivée <strong>de</strong> toutes les évolutions <strong>de</strong>s nouvelles technologies (jusqu'à il y a 10 ans, les technologies<br />
<strong>de</strong> l'informatique étaient plus en avan<strong>ce</strong> que <strong>ce</strong> qu'il se faisait en géomatique, mais l'écart est<br />
maintenant résorbé), né<strong>ce</strong>ssitant un <strong>ce</strong>rtain nombre <strong>de</strong> professionnels pointus en informatique<br />
comme la gestion <strong>de</strong> bases <strong>de</strong> données (ex : du fait <strong>de</strong> gros volumes <strong>de</strong> données à diffuser<br />
parfois sur <strong>de</strong>s réseaux <strong>de</strong> débit insuffisant, il peut être né<strong>ce</strong>ssaire d'utiliser <strong>de</strong>s techniques<br />
pointues comme <strong>de</strong>s bases <strong>de</strong> données réparties avec <strong>de</strong>s systèmes d'asservissement <strong>ce</strong>ntraux<br />
ou non), les technologies web ou opensour<strong>ce</strong>. Ce schéma est assez facile à mettre en pratique,<br />
comme <strong>ce</strong> fut le cas pour la bureautique (il n'y a plus <strong>de</strong> bureauticien, même s'il y en a eu). Les<br />
domaines spécifiques <strong>de</strong> la géomatique existaient avant l'utilisation <strong>de</strong>s nouvelles technologies (ex<br />
: géodésie), il faut faire la part <strong>de</strong>s choses. Pour parler <strong>de</strong> l'avenir, il ne faut pas essayer <strong>de</strong> faire
entrer l'ensemble <strong>de</strong>s domaines <strong>de</strong> la géomatique dans un moule unique mais considérer une<br />
palette <strong>de</strong> métiers.<br />
(Jean-Marie Fournillier) Au départ, comme dans d'autres grosses structures, à la<br />
communauté urbaine <strong>de</strong> Lyon, la géomatique a été rattachée à l'urbanisme, puis absorbée par<br />
l'informatique et enfin rattachée à la direction <strong>de</strong>s systèmes d'information et télécommunications<br />
(DSIT) <strong>sous</strong> direction <strong>de</strong> la direction générale aux ressour<strong>ce</strong>s ; la DSIT comprenant entre autres,<br />
le servi<strong>ce</strong> <strong>de</strong>s télécommunications, <strong>ce</strong>lui <strong>de</strong> l'informatique et <strong>ce</strong>lui <strong>de</strong> l'information géographique.<br />
Le servi<strong>ce</strong> <strong>SIG</strong> est maintenant rattaché aux « frères ennemis » du départ. Au Grand Lyon, le<br />
servi<strong>ce</strong> <strong>SIG</strong> compte 35 personnes correspondant à tout un panel <strong>de</strong> métiers différents : 12<br />
personnes dans l'unité « topographie » dont <strong>de</strong>ux ingénieurs géomètres topographes (foncier,<br />
topographie), 11 personnes dans l'unité « données <strong>de</strong> référen<strong>ce</strong> »,dont un ingénieur Géomètre<br />
Topographe, un docteur-ingénieur <strong>SIG</strong> et un ingénieur <strong>de</strong> formation géographe, chacun ayant une<br />
mission spécifique (ex montée en puissan<strong>ce</strong> <strong>de</strong> la 3D, occupation du sol, pilotage <strong>de</strong> la refonte <strong>de</strong><br />
l’application <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s voies et adresses , nouvelle orthophoto, management , metadonnees<br />
, plan gui<strong>de</strong> , ect ) et <strong>de</strong>s techniciens spécialisés (voies et adresses, photogrammètre, cadastre,<br />
contrôle qualité , fond <strong>de</strong> plan , ect), la 3e unité composée d’un ingénieur et <strong>de</strong> 7 techniciens<br />
étant tournée vers la maquette 3D, la diffusion <strong>de</strong> données , l’ accueil du public et les servi<strong>ce</strong>s<br />
(édition <strong>de</strong> plans , transformation <strong>de</strong> données , ect). Côté servi<strong>ce</strong> informatique, trois chefs <strong>de</strong><br />
projets travaillent sur l'IG en pilotant notamment <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s et développements d'applications , 5<br />
maintenicien font vivre le parc applicatif <strong>SIG</strong> , 1 architecte , 3 intégrateurs et 0 ;5 exploitant font<br />
vivre le système . Dans les autres directions, 26 geomaticiens travaillent sur le <strong>SIG</strong> pour<br />
l’administration ,le contrôle et l’ intégration , la saisie et la mise a jour <strong>de</strong>s données , le pilotage <strong>de</strong><br />
projets informatiques ou d’acquisition <strong>de</strong> données , la production <strong>de</strong> cartes et <strong>de</strong> tableaux , la<br />
diffusion , la formation et l‘assistan<strong>ce</strong> aux utilisateurs <strong>de</strong>s applications informatiques aussi bien<br />
dans le domaine du <strong>SIG</strong> que <strong>de</strong> la CAO-DAO . Dans <strong>ce</strong> cas, le géomaticien a la connaissan<strong>ce</strong> <strong>de</strong>s<br />
outils et du traitement <strong>de</strong>s données, mais il a surtout la connaissan<strong>ce</strong> <strong>de</strong>s métiers et a <strong>de</strong>s<br />
fonctions liées à l'accompagnement et à la formation <strong>de</strong>s utilisateurs dans l'usage <strong>de</strong>s applications<br />
<strong>SIG</strong> et <strong>de</strong>s données associées. Au final, 70 « géomaticiens » sont directement impliqués dans le<br />
<strong>SIG</strong> du Grand Lyon. Le <strong>SIG</strong>, c'est <strong>de</strong> la technologie qui vient accompagner <strong>de</strong>s métiers.<br />
Aujourd'hui, au niveau <strong>de</strong> la DSIT-IGEO, on a tendan<strong>ce</strong> à embaucher <strong>de</strong>s « coeurs <strong>de</strong> métiers » :<br />
topographie, photogrammétrie, géomètre, etc. ; il s'agit donc d'embaucher le bon profil métier avec<br />
<strong>de</strong>s compéten<strong>ce</strong>s <strong>SIG</strong>. Dans les autres directions, on va embaucher <strong>de</strong>s géomaticiens <strong>de</strong><br />
formation qui très vite <strong>de</strong>viendront « métiers » du fait <strong>de</strong> leur immersion dans le métier <strong>de</strong><br />
rattachement ou <strong>de</strong>s experts métiers que l’on va former et spécialiser a la geomatique (ex : voirie,<br />
propreté,eau, urbanisme, foncier…)<br />
(François-Xavier Maréchal) Le SICTIAM est un syndicat informatique dans lequel il y a un servi<strong>ce</strong><br />
<strong>SIG</strong>. Il s'agit <strong>de</strong> disposer d'une infrastructure pour rendre servi<strong>ce</strong> à <strong>de</strong>s élus, à <strong>de</strong>s techniciens, à<br />
<strong>de</strong>s professionnels, trouver une économie d'échelle pour un moindre coût et animer tout le<br />
système. En un an, une <strong>ce</strong>ntaine <strong>de</strong> communes ont été traitées à 2 géomaticiens. Le coeur <strong>de</strong><br />
métier tourne autour <strong>de</strong> la recherche <strong>de</strong> plus en plus compliquée <strong>de</strong> partenariats et <strong>de</strong> montage<br />
financier, trouver <strong>de</strong>s outils informatiques qui permettent d'aller vite, pas chers et qui offre un<br />
servi<strong>ce</strong> intuitif aux secrétaires <strong>de</strong> mairies en « bout <strong>de</strong> ligne ». Ceci né<strong>ce</strong>ssite effectivement <strong>de</strong>s<br />
compéten<strong>ce</strong>s métiers (eau, assainissement, cadastre, voirie). Le coeur <strong>de</strong> métier est basé sur la<br />
donnée : où se trouve-t-elle, <strong>sous</strong> quel forme (papier, numérique), comment est-elle enrichie par<br />
<strong>de</strong>s diagnostics ou <strong>de</strong>s schémas directeurs élaborés par <strong>de</strong>s bureaux d'étu<strong>de</strong>s pour le compte <strong>de</strong><br />
collectivités territoriales, comment est-elle structurée, archivée, perdue … puis comment on la<br />
structure en base <strong>de</strong> données géographique, on la stocke, on la diffuse, on l'organise.
(Nathalie Dejour) Le géomaticien serait donc quelqu'un qui s'occupe <strong>de</strong> la donnée géographique<br />
s'appuyant sur <strong>de</strong>s technologies propres à la géomatique en <strong>lien</strong> avec l'informatique.<br />
(Hélène Durand) <strong>La</strong> géomatique est une approche multidisciplinaire et c'est <strong>ce</strong> qui pose<br />
problème car on n'arrive pas à la faire entrer dans un cadre alors même qu'en Fran<strong>ce</strong>, on aime<br />
bien faire entrer les choses dans un cadre formel. Or, la géomatique est trop ré<strong>ce</strong>nte pour entrer<br />
dans un cadre : c'est une discipline qui réunit <strong>de</strong>s scien<strong>ce</strong>s, <strong>de</strong>s techniques et <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<br />
dédiées à l'acquisition, au stockage, à l'analyse et à la fusion <strong>de</strong> données ou d'informations. De<br />
fait, les géomaticiens ont <strong>de</strong>s métiers différents mais il y a un socle commun : le géomaticien se<br />
doit <strong>de</strong> maîtriser l'ensemble <strong>de</strong> la chaîne <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s données. On peut exer<strong>ce</strong>r en tant que<br />
géomaticien sans être amené à se positionner par rapport à un servi<strong>ce</strong> (<strong>ce</strong> positionnement étant<br />
rattaché au fonctionnement <strong>de</strong>s collectivités territoriales et <strong>de</strong>s servi<strong>ce</strong>s <strong>de</strong> l'état). Comment<br />
valoriser les compéten<strong>ce</strong>s du géomaticien par rapport notamment à l'informaticien : la<br />
complémentarité d'une approche métier au sens thématique du terme et <strong>de</strong> la maîtrise <strong>de</strong>s outils<br />
géomatiques est indispensable. Le géomaticien doit notamment être capable <strong>de</strong> mener un travail<br />
<strong>de</strong> pédagogie - qui repose sur une compéten<strong>ce</strong> en terme <strong>de</strong> compréhension <strong>de</strong>s modalités<br />
d'acquisition <strong>de</strong> la donnée - pour expliquer aux thématiciens comment utiliser les outils<br />
géomatiques (GPS par ex) <strong>de</strong> manière à acquérir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> qualité, exploitables. Il doit<br />
également être capable <strong>de</strong> structurer la donnée acquise dans un SI, puis être en mesure <strong>de</strong> la<br />
diffuser, <strong>ce</strong> qui suppose <strong>de</strong>s compéten<strong>ce</strong>s en sémiologie, statistiques, en référentiels<br />
géographiques, <strong>de</strong> manière à diffuser une information intelligible à un public varié. Le géomaticien<br />
est sensé apporter une ai<strong>de</strong> à la décision.<br />
(Henri Pornon) Il y a 20 ans, on ne parlait pas <strong>de</strong> géomaticien, mais c'était quelqu'un qui<br />
manipulait <strong>de</strong>s logiciels très compliqués. Puis il y a eu la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>s géomaticiens un peu<br />
informaticiens, avec <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> <strong>SIG</strong> dans les gran<strong>de</strong>s organisations où les informaticiens<br />
n'avaient pas le temps <strong>de</strong> s'occuper <strong>de</strong> la géomatique -considérée comme une « informatique<br />
métier »- et ont laissé d'autres gens s'en occuper. Ainsi est née une génération <strong>de</strong> géomaticiens<br />
avec une fonction très informatique pouvant aller jusqu'à dupliquer un servi<strong>ce</strong> informatique<br />
(administrateur système et réseaux, applications, etc.) à côté du système informatique existant.<br />
Après, il y a eu un re<strong>ce</strong>ntrage car les informaticiens on commencé à s'intéresser à la géomatique<br />
en constatant que la frontière n'était pas « étanche » entre le <strong>SIG</strong> et d'autres outils <strong>de</strong> gestion, <strong>ce</strong><br />
qui a posé la question <strong>de</strong> la convergen<strong>ce</strong>. Aujourd'hui, on re<strong>ce</strong>ntre le géomaticien sur la donnée<br />
car l'évolution <strong>de</strong>s SI met la barre très haut en matière d'informatique par rapport aux<br />
compéten<strong>ce</strong>s en informatique du géomaticien (ex : urbanisation <strong>de</strong>s SI, réorganisation <strong>de</strong>s SII<br />
autour <strong>de</strong>s pro<strong>ce</strong>ssus, etc.) et les informaticiens reprennent la main sur la géomatique. C'est aussi<br />
le refus <strong>de</strong>s utilisateurs d'avoir plusieurs interlocuteurs (le géomaticien et l'informaticien) pour <strong>de</strong>s<br />
outils qui selon eux <strong>de</strong>vraient se parler (ex : <strong>SIG</strong> et GMAO). En général, quand ils ne se parlent<br />
pas, c'est par<strong>ce</strong> que le géomaticien et l'informaticien ne se parlent pas... Cette évolution crée une<br />
crise d'i<strong>de</strong>ntité auprès d'un <strong>ce</strong>rtain nombre <strong>de</strong> géomaticiens, qui s'interrogent sur leur rôle et leur<br />
positionnement dans l'organigramme. Le géomaticien n'est ni vraiment un géographe, ni vraiment<br />
un informaticien, mais quelque chose entre les 2. Il a beaucoup <strong>de</strong> mal à rester entre les 2 alors<br />
que précisément, son rôle c'est d'être entre les 2 : sa capacité à parler avec les 2 familles<br />
d'interlocuteurs, les spécialistes du territoire (pas que les géographes, mais tous les métiers liés<br />
au territoire) et les spécialistes <strong>de</strong> l'informatique constitue sa valeur ajoutée, même si elle est<br />
difficile à assumer dans l'organisation, à expliquer, à faire valoir. Ce positionnement délicat conduit<br />
<strong>ce</strong>rtains géomaticiens à s'enfermer dans sa « tour d'ivoire », dans une espè<strong>ce</strong> <strong>de</strong><br />
communautarisme : « nous les géomaticiens, on est à part », alors qu'en fait, c'est plutôt dans le<br />
métissage qu'est l'avenir du géomaticien, dans sa capacité à être un pont entre <strong>de</strong>s métiers<br />
différents et à apporter aux acteurs du territoire <strong>de</strong>s choses que les informaticiens ont du mal à<br />
saisir (ex : notion <strong>de</strong> données géoréférencées). Les géomaticiens doivent essayer <strong>de</strong> construire
<strong>de</strong>s ponts et non <strong>de</strong>s murs contre la DSI (cf Newton : « les hommes construisent trop <strong>de</strong> murs et<br />
pas assez <strong>de</strong> ponts »). <strong>La</strong> géomatique est un moyen <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s ponts entre différentes<br />
applications.<br />
(Alain Prallong) Attention à la position du géomaticien comme point <strong>de</strong> dialogue entre<br />
l'opérationnel praticien d'un métier d'une part et l'informatique <strong>de</strong> l'autre côté : ne pas enfermer le<br />
géomaticien dans sa tour d'ivoire, mais ne pas faire non plus du géomaticien un homme ou une<br />
femme à tout faire. <strong>La</strong> géomatique offre une diversité qui permet <strong>de</strong> ne pas se réduire à un seul<br />
profil et permet <strong>de</strong> <strong>ce</strong> fait, une <strong>ce</strong>rtaine polyvalen<strong>ce</strong>.<br />
Il est né<strong>ce</strong>ssaire <strong>de</strong> prendre en compte la diversité <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong>s géomaticiens selon<br />
l'organisation : grosse structure avec équipe <strong>de</strong> personnes fortement spécialisées (cf 35<br />
personnes au Grand Lyon) et petite structure où le géomaticien - « mouton à 5, 6 ou 8 pattes » -<br />
doit assumer seul toutes les fonctions (pluridisciplinaires) <strong>de</strong> la géomatique (modélisation,<br />
con<strong>ce</strong>ption, analyse spatiale, sémiologie graphique, administration <strong>de</strong>s données, etc.). Le vécu <strong>de</strong><br />
la géomatique est en fait assez ré<strong>ce</strong>nt dans <strong>de</strong>s collectivités <strong>de</strong> taille intermédiaire par rapport à<br />
<strong>de</strong>s grosses collectivités. On observe une logique <strong>de</strong> rapprochement avec la DSI pour que les<br />
usagers n'aient qu'un interlocuteur avec un servi<strong>ce</strong> d'assistan<strong>ce</strong> informatique permettant au<br />
géomaticien <strong>de</strong> se re<strong>ce</strong>ntrer sur ses compéten<strong>ce</strong>s spécifiques <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong> la donnée<br />
géographique.<br />
(Grégoire Feyt) En fait, 3 catégories <strong>de</strong> l'activité autour <strong>de</strong> la géomatique : les gens qui<br />
« travaillent pour » la géomatique en produisant <strong>de</strong>s données informatisées, <strong>ce</strong>ux qui « travaillent<br />
sur » en développant <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s et <strong>ce</strong>ux qui « travaillent avec ». Réunir <strong>de</strong>s personnes qui ont<br />
<strong>ce</strong>s 3 cultures est extrêmement difficile car on est sur <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> qualité et <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong><br />
déontologie professionnelle quasiment antagonistes. Par exemple, le coeur <strong>de</strong> métier <strong>de</strong> <strong>ce</strong>ux qui<br />
collectent la donnée, c'est la précision <strong>de</strong>s données, qu'elles soient à jour et conformes. Du côté<br />
<strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong> à la décision, l'enjeu est plutôt <strong>de</strong> fournir aux déci<strong>de</strong>urs/élus un document épuré tenant<br />
sur une feuille A4, <strong>ce</strong> qui les conduit à « dégra<strong>de</strong>r » en simplifiant à l'extrême les données brutes.<br />
Cette démarche est difficile à envisager pour la même personne. Au niveau <strong>de</strong>s formations en<br />
développement territorial, <strong>ce</strong>tte complexité <strong>de</strong> situation est difficile à valoriser. Cette segmentation<br />
s'opère au sein même <strong>de</strong>s groupes d'étudiants avec <strong>de</strong>s schémas mentaux « orthogonaux » entre<br />
le littéraire et le scientifique et une pratique <strong>de</strong> la géomatique qui se situe comme une<br />
charnière/articulation « grinçante » entre <strong>ce</strong>s 2 mon<strong>de</strong>s. Il y a un intérêt collectif, notamment <strong>de</strong> la<br />
part <strong>de</strong>s employeurs à développer <strong>ce</strong>tte spécificité professionnelle, mais le fonctionnement du<br />
recrutement en Fran<strong>ce</strong> sur <strong>de</strong>s logiques statutaires (cf concours <strong>de</strong> la fonction publique territoriale)<br />
ne va pas dans le bon sens, avec une forme <strong>de</strong> schizophrénie totale dans les collectivités entre<br />
les profils qui sortent et la manière dont sont gérés les concours <strong>de</strong> recrutement.<br />
(Philippe Lépinard) Il est important que les gens <strong>de</strong> terrain (opérationnels, thématiciens) soient<br />
formés à la géomatique, que <strong>ce</strong> soit les métiers qui aillent à la géomatique. C'est au géomaticien,<br />
non à l'informaticien, d'assurer la formation d'opérationnels qui peuvent alors servir <strong>de</strong> relais<br />
auprès <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s opérationnels <strong>de</strong> leur métier, du fait <strong>de</strong> leur capacité à parler le langage<br />
<strong>de</strong> l'opérationnel et comprendre le besoin <strong>de</strong> l'opérationnel. Pour <strong>ce</strong>la, il est important que <strong>ce</strong> ne<br />
soit pas <strong>de</strong>s géomaticiens qui apprennent le métier, mais le métier qui vienne à la géomatique.<br />
Dans <strong>ce</strong> cas, on est indépendant <strong>de</strong> l'informatique (pas <strong>de</strong> rapport <strong>de</strong> l'informatique au métier).On<br />
ne forme pas <strong>de</strong>s géomaticiens, on forme <strong>de</strong>s opérationnels à la géomatique. Ceci n'exclut pas<br />
l'existen<strong>ce</strong> d'une <strong>ce</strong>llule géomatique spécifique, chargée notamment <strong>de</strong> l'administration <strong>de</strong>s<br />
données.<br />
(Henri Pornon) En prenant l'image <strong>de</strong> la voiture, à une <strong>ce</strong>rtaine époque, le conducteur <strong>de</strong>vait
aussi savoir bricoler son véhicule pour être autonome. Aujourd'hui, aucun d'entre nous ne se<br />
considérerait comme mécanicien par<strong>ce</strong> qu'il sait conduire une voiture. Les métiers se sont<br />
spécialisés, <strong>ce</strong>rtains sont apparus : garagistes, chauffeur professionnel, etc. Il faut aussi faire <strong>ce</strong>tte<br />
distinction dans le domaine <strong>de</strong> la géomatique entre les métiers <strong>de</strong> géomaticien (cf garagiste) et<br />
<strong>ce</strong>ux qui utilisent la géomatique (cf conducteur). <strong>La</strong> question qui se pose alors est <strong>ce</strong>lle du risque<br />
<strong>de</strong> l'appropriation <strong>de</strong> la géomatique par le grand public avec <strong>de</strong>s gens qui pratiquent la<br />
géomatique sans avoir suivi <strong>de</strong> formation en sémiologie graphique et en communication<br />
cartographique, <strong>ce</strong> qui fait mal au coeur à tous les géomaticiens (<strong>de</strong>s cartes mal présentées, voire<br />
qui dévoient la réalité du territoire). Dans la mesure où on n'empêchera pas <strong>ce</strong>s pratiques, <strong>ce</strong>ci<br />
doit nous interroger sur <strong>ce</strong> qu'on peut faire pour que les usages non professionnels <strong>de</strong> la<br />
géomatique et la production non professionnelle <strong>de</strong> cartographie ne soient pas trop<br />
catastrophiques. Il y a peut-être <strong>de</strong> nouveaux métiers à inventer.<br />
(Hélène Durand) C'est compliqué <strong>de</strong> mettre en oeuvre <strong>de</strong>s formations qui vont traiter à la fois<br />
<strong>de</strong>s aspects <strong>de</strong> représentation cartographique (diffusion/communication), plutôt rattachée aux<br />
scien<strong>ce</strong>s sociales et les aspects d'acquisition <strong>de</strong> la donnée, plus scientifiques et plus techniques.<br />
En même temps, la formation en géomatique est d'autant plus fondée qu'elle vient en complément<br />
<strong>de</strong> métiers qui peuvent être très variés. Dans <strong>de</strong> nombreuses structures, les géomaticiens sont en<br />
réalité <strong>de</strong>s thématiciens qui viennent à la géomatique. Cependant, il faut aussi avoir la possibilité<br />
d'établir une espè<strong>ce</strong> <strong>de</strong> « label » définissant <strong>ce</strong> qu'est un géomaticien, comme quelqu'un<br />
disposant <strong>de</strong> connaissan<strong>ce</strong>s dans tous les domaines <strong>de</strong> la géomatique (géodésie, cartographie,<br />
sémiologie, bases <strong>de</strong> données, etc.) car on ne peut pas être responsable <strong>de</strong> l'architecture d'un<br />
<strong>SIG</strong> si on ne connaît pas un minimum <strong>de</strong> choses sur la donnée géographique. Le géomaticien doit<br />
être capable <strong>de</strong> survoler <strong>ce</strong>s différents champs, disposer d'un minimum <strong>de</strong> « vernis » qui vali<strong>de</strong><br />
une compéten<strong>ce</strong> et procure une <strong>ce</strong>rtaine légitimité (mais attention à beaucoup <strong>de</strong> couches <strong>de</strong><br />
vernis).<br />
Actuellement, dans toutes les formations qui ont une composante « territoire », on abor<strong>de</strong> la<br />
géomatique. On utilise divers outils, on est recruté dans <strong>de</strong>s servi<strong>ce</strong>s métiers (eau, voirie, etc.). Il<br />
est <strong>ce</strong>pendant né<strong>ce</strong>ssaire d'avoir en plus quelqu'un qui harmonise les pratiques, les outils, la<br />
gestion <strong>de</strong>s données, les sauvegar<strong>de</strong>s, <strong>ce</strong> qui ne relèvent pas <strong>de</strong> personnes « métiers » mais bien<br />
d'un géomaticien, qui s'appuie sur les compéten<strong>ce</strong>s <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s spécialistes dans chacune <strong>de</strong><br />
<strong>ce</strong>s thématiques territoriales et sur les informaticiens. Le géomaticien est au coeur d'une grosse<br />
étoile <strong>de</strong> compéten<strong>ce</strong>s, mais ne doit pas avoir la prétention <strong>de</strong> tout gérer tout seul. <strong>La</strong> valeur<br />
ajoutée du géomaticien est d'apporter un support à l'utilisateur dans ses choix, dans<br />
l'harmonisation <strong>de</strong>s outils, dans la con<strong>ce</strong>ption et la gestion <strong>de</strong> modèles <strong>de</strong> données, irriguer les<br />
servi<strong>ce</strong>s d'une culture <strong>de</strong> l'information géographique et ai<strong>de</strong>r à la décision.<br />
(Nathalie Dejour) Quelles sont nos moyens pour faire comprendre aux déci<strong>de</strong>urs et recruteurs la<br />
spécificité <strong>de</strong>s géomaticiens et faciliter leur intégration dans les structures ? En terme <strong>de</strong> formation<br />
continue, a-t-on intérêt à insuffler systématiquement une dimension géomatique dans les<br />
formations thématiques <strong>de</strong> manière à avoir en poste <strong>de</strong>s usagers éclairés <strong>de</strong> la géomatique<br />
capables <strong>de</strong> dialoguer avec le géomaticien référent dans la structure, soit pour lui comman<strong>de</strong>r une<br />
carte, soit pour produire lui-même ses cartes à partir <strong>de</strong> données structurées par le géomaticien?<br />
C'est peut-être aussi la question <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> la donnée qui se pose avec <strong>de</strong>s thématiciens non<br />
formés à la géomatique qui risqueraient d'utiliser <strong>de</strong> manière erronée les données disponibles et<br />
bien formatées au départ par le géomaticien (cf appropriation grand public évoqué plus haut avec<br />
le risque du « grand n'importe quoi » en termes <strong>de</strong> cartographie).<br />
(Responsable <strong>SIG</strong> Collectivité) Il y a un décalage entre les petites collectivités et les gran<strong>de</strong>s<br />
collectivités en termes <strong>de</strong> culture <strong>de</strong> l'information géographique, <strong>ce</strong> qui pose un problème pour le
ecrutement : dans les grosses collectivités, les servi<strong>ce</strong>s étoffés peuvent définir <strong>de</strong>s profils<br />
spécifiques et articuler différentes compéten<strong>ce</strong>s en géomatique avec une vraie complémentarité<br />
(ex : topographes, photogrammètres au Grand Lyon) ; <strong>ce</strong> n'est pas le cas dans les collectivités<br />
plus petites où l'absen<strong>ce</strong> <strong>de</strong> culture en IG rend difficile la définition <strong>de</strong> profils <strong>de</strong> poste et où le<br />
géomaticien doit être à la fois « au four, au moulin et à la caisse », avec un écartèlement dans la<br />
manière <strong>de</strong> gérer le quotidien.<br />
(Alain Prallong) Le problème c'est qu'on veut toujours faire entrer les choses dans un cadre.<br />
Le domaine <strong>de</strong> la géomatique bouscule notre schéma « cartésien », car un poste <strong>de</strong> géomaticien<br />
dans une grosse collectivité n'a rien à voir avec un poste dans une petite collectivité. Il faut arriver<br />
à sortir <strong>de</strong> <strong>ce</strong> schéma « <strong>de</strong>s cases », car on est sur un domaine extrêmement transversal en<br />
relation avec <strong>de</strong>s métiers totalement différents. Ce n'est pas facile car <strong>ce</strong> n'est pas dans notre<br />
culture ; dans les pays anglo-saxons, on est beaucoup plus pragmatique. Par ailleurs, l'approche<br />
grand public fait peur à la communauté <strong>de</strong> la géomatique, mais on a là peut-être le moyen <strong>de</strong><br />
bousculer le cadre. C'est une voie forte pour s'ouvrir, pour changer. Ce que les gens vont faire <strong>de</strong>s<br />
données géographiques ne nous regar<strong>de</strong>nt pas, s'ils se trompent, c'est leur affaire. Au contraire, il<br />
faut ouvrir les vannes pour arriver à sortir <strong>de</strong> faits établis et bousculer les cases pour nous<br />
permettre <strong>de</strong> reprendre chacun notre métier et travailler ensemble (image <strong>de</strong>s ponts – cf ouverture<br />
<strong>de</strong>s données par Brest Métropole).<br />
(Grégoire Feyt) Peut-être il faut prendre acte que la géomatique est un domaine et que le<br />
géomaticien est un métier dans <strong>ce</strong> domaine parmi d'autres, ne plus considérer que le géomaticien<br />
est une catégorie générique, car d'une <strong>ce</strong>rtaine manière, on pollue le message et on se tire dans<br />
le pied. Le terme <strong>de</strong> géomatique est un terme d'aficionado : à l'extérieur <strong>de</strong> <strong>ce</strong> petit mon<strong>de</strong>, <strong>ce</strong><br />
terme n'est quasiment jamais utilisé, on va parler <strong>de</strong> cartographe, <strong>de</strong> topographe, etc. Il est<br />
préférable d'essayer <strong>de</strong> qualifier <strong>de</strong>s métiers dans <strong>ce</strong> domaine <strong>de</strong> la géomatique, <strong>ce</strong> qui sera aussi<br />
plus confortable pour les étudiants qui auront le sentiment <strong>de</strong> disposer d'un bon socle et pas<br />
seulement <strong>de</strong> différentes couches <strong>de</strong> « vernis ».<br />
(Henri Pornon) Dans les structures où le géomaticien est tout seul, on leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'être un<br />
homme ou une femme orchestre alors qu'ils n'ont malheureusement que <strong>de</strong>s couches <strong>de</strong> vernis.<br />
Ceci conduit un <strong>ce</strong>rtain nombre d'entre eux à prendre le risque ou à avoir le courage <strong>de</strong> jouer<br />
quand même <strong>ce</strong> rôle d'homme-orchestre - et heureusement- alors que d'autres vont se réfugier<br />
dans <strong>ce</strong> qu'ils savent faire, comme la production <strong>de</strong> cartes par exemple, délaissant <strong>de</strong> fait<br />
l'accompagnement <strong>de</strong>s servi<strong>ce</strong>s et l'administration <strong>de</strong>s données, <strong>ce</strong> qui pose ensuite <strong>de</strong>s<br />
problèmes organisationnels dans l'acquisition et la gestion <strong>de</strong> la donnée avec <strong>de</strong>s thématiciens<br />
non formés et non accompagnés dans leur démarche d'appropriation du <strong>SIG</strong> (pas <strong>de</strong> chef <strong>de</strong><br />
projet <strong>SIG</strong>). En terme <strong>de</strong> formation, pour tous <strong>ce</strong>s géomaticiens « chef d'orchestre », que faut-il<br />
leur procurer comme outils au <strong>de</strong>là du vernis pour qu'ils se sentent en capacité <strong>de</strong> jouer <strong>ce</strong> rôle<br />
d'homme ou <strong>de</strong> femme-orchestre, car pour le moment les couches <strong>de</strong> vernis sont trop fines. Il y<br />
une évolution du géomaticien vers une polyvalen<strong>ce</strong> dans <strong>de</strong>s petites structures où le géomaticien<br />
peut aller jusqu'à jouer le rôle d'informaticien. Dans <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong>s organisations avec <strong>de</strong>s<br />
servi<strong>ce</strong>s géomatiques structurées, se pose la question <strong>de</strong> re<strong>ce</strong>ntrer le géomaticien sur les métiers<br />
<strong>de</strong> la donnée cartographie, analyse spatiale, et ne lui procurer qu'un vernis en informatique en<br />
allégeant sur <strong>ce</strong> point sa formation, ou <strong>de</strong> former aussi <strong>de</strong>s géomaticiens qui soient plus proches<br />
<strong>de</strong> l'informatique. Il est important d'avoir aussi <strong>de</strong>s géomaticiens pointus en informatique, non pas<br />
pour faire la guerre aux informaticiens mais pour travailler avec eux dans un esprit <strong>de</strong> dialogue. Et<br />
il faut aussi avoir <strong>de</strong>s informaticiens qui maîtrisent la géomatique.<br />
Le fait <strong>de</strong> survoler tout le champ <strong>de</strong> la géomatique laissent aux étudiants en formation le<br />
sentiment <strong>de</strong> ne pas être opérationnels, <strong>ce</strong> qui pose problème pour le recrutement. Il y a aussi <strong>de</strong>s
enjeux <strong>de</strong> profils : un géomaticien est bon s'il est à sa pla<strong>ce</strong>. Certains profils « touche à tout »<br />
seront à leur pla<strong>ce</strong> dans une petite structure et pas du tout dans une grosse où il faudra entrer<br />
dans une case très spécialisée. Il y a <strong>de</strong> la pla<strong>ce</strong> pour tout le mon<strong>de</strong>, il ne faut pas se tromper <strong>de</strong><br />
position dans les embauches. Il y a un gros enjeu <strong>de</strong> ressour<strong>ce</strong>s humaines au niveau <strong>de</strong> la<br />
définition <strong>de</strong>s profils <strong>de</strong> poste et <strong>de</strong>s gens qu'on met en adéquation avec. Il faut que les gens<br />
soient formés mais également « bien dans leurs baskets » pour que ca marche. Au niveau <strong>de</strong><br />
l'accompagnement et <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong>s utilisateurs <strong>de</strong> l'information géographique dans la<br />
structure, la dimension humaine est également essentielle, comme dans d'autres domaines. Il faut<br />
<strong>de</strong>s solutions <strong>de</strong> formations adaptées au bon moment et au bon endroit.<br />
(François-Xavier Maréchal) Il reste que le géomaticien qui sort <strong>de</strong> formation doit être capable<br />
<strong>de</strong> s'adapter rapi<strong>de</strong>ment dans un contexte en perpétuelle évolution, au même titre qu'un ingénieur<br />
sortant d'un école va évoluer tout au long <strong>de</strong> sa carrière (s'il est ingénieur en BTP, il sera peut-être<br />
10 ans après chef <strong>de</strong> servi<strong>ce</strong> dans une collectivité et amené, <strong>de</strong> fait, à gérer bien autre chose que<br />
le BTP). Le géomaticien doit être aussi capable <strong>de</strong> gérer <strong>de</strong>s partenaires, <strong>de</strong>s finan<strong>ce</strong>s, <strong>de</strong>s<br />
questions juridiques, c'est une posture à acquérir.<br />
(Philippe Lépinard) Le géomaticien doit aussi avoir un positionnement <strong>de</strong> gestionnaire et<br />
s'interroger sur l'appropriation <strong>de</strong>s <strong>SIG</strong> en accompagnant par exemple les utilisateurs dans l'usage<br />
critique et éclairé d'outils simples comme CartoExplorer.<br />
<strong>La</strong> formation continue est indispensable car on ne peut pas se projeter en formation initiale sur<br />
les évolutions à venir à 5 ou 10 ans. Il faut être en état permanent <strong>de</strong> veille pour acquérir <strong>de</strong> la<br />
compéten<strong>ce</strong> et se sentir compétent dans son domaine et sa mission au quotidien.<br />
(Responsable <strong>SIG</strong> intercommunalité) <strong>La</strong> géographie est difficile à faire valoir aux yeux <strong>de</strong>s<br />
élus : il est très difficile <strong>de</strong> faire entrer une carte dans un conseil communautaire. On est dans une<br />
culture <strong>de</strong> techniciens d'opérationnel. Il est également long et difficile <strong>de</strong> faire entrer dans une<br />
structure la notion <strong>de</strong> transversalité du <strong>SIG</strong> et la reconnaissan<strong>ce</strong> par les ressour<strong>ce</strong>s humaines d'un<br />
profil spécifique pour le gérer. Ceci pose le problème du recrutement <strong>de</strong> géomaticien, par rapport<br />
à quelqu'un en poste qui va « apprendre le <strong>SIG</strong> » sur le tas. Il faut arriver à faire comprendre<br />
l'intérêt du profil sur le terrain. Ceci pose la question non plus <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong>s géomaticiens<br />
mais <strong>de</strong> la formation et <strong>de</strong> la sensibilisation <strong>de</strong>s élus et <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs à la géomatique.<br />
(Consultant) Grâ<strong>ce</strong> aux outils grands publics comme Googlemaps ou le GPS, le géomaticien<br />
n'a plus à faire <strong>de</strong> l'évangélisation, les gens ont acquis une <strong>ce</strong>rtaine culture (ils savent <strong>ce</strong> qu'est<br />
une image satellite ou un drone). <strong>La</strong> question qui se pose maintenant est : faut-il former <strong>de</strong>s<br />
géomaticiens à l'informatique ou <strong>de</strong>s informaticiens à la géomatique ? Les géomaticiens doivent<br />
savoir parler aux informaticiens et les informaticiens aux géomaticiens.<br />
On parle beaucoup <strong>de</strong> collectivités, mais il y a aussi beaucoup <strong>de</strong> sociétés privées qui font <strong>de</strong> la<br />
géomatique sans le savoir.<br />
(Nathalie Dejour) <strong>La</strong> question du géomaticien <strong>de</strong> <strong>de</strong>main porte essentiellement sur les formations,<br />
les passerelles entre formations, les ponts que l'on peut établir entre différents domaines. Peutêtre<br />
est-<strong>ce</strong> grâ<strong>ce</strong> à la formation qu'on peut arriver à établir une forme d'acculturation,<br />
d'appropriation <strong>de</strong>s métiers <strong>de</strong>s uns et <strong>de</strong>s autres, pour que tout le mon<strong>de</strong> arrive à se parler et à<br />
avoir un langage commun ?<br />
(Nadine Polombo) On retrouve ici le même <strong>débat</strong> qu'on a eu il y a 40 ans en remplaçant le<br />
terme géomatique par informatique. A l'époque, l'informatique sortait <strong>de</strong> l'électronique et <strong>de</strong>s
mathématiques et les informaticiens étaient « entre <strong>de</strong>ux chaises ». On retrouve le même <strong>débat</strong><br />
sur les usages grand public quand on est passé <strong>de</strong> l'informatique <strong>ce</strong>ntralisée au micro-ordinateur :<br />
« les gens vont faire n'importe quoi ». En fait, l'informatique a continué à se développer et<br />
correspond maintenant à un ensemble <strong>de</strong> métiers différents. On retrouve la même chose pour la<br />
géomatique. Dans <strong>de</strong>s structures comme les Conseils Généraux, on rencontre <strong>de</strong>s conflits qui<br />
définissent la spécificité <strong>de</strong> l'objet en conflit : en l'occurren<strong>ce</strong> la géomatique, qui n'est pas encore<br />
une compéten<strong>ce</strong> reconnue, entre en conflit aux limites avec les servi<strong>ce</strong>s métiers ou informatique<br />
par<strong>ce</strong> qu'elle ne trouve pas sa pla<strong>ce</strong> dans l'organigramme (la <strong>ce</strong>llule géomatique est au servi<strong>ce</strong><br />
<strong>de</strong>s routes, ou rattachée à la DSI, etc.). <strong>La</strong> géomatique fonctionnellement, semble être pour<br />
l'instant entre 2 chaises jusqu'à <strong>ce</strong> qu'elle <strong>de</strong>vienne peut-être quelque chose d'indépendant.