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La route de Phénicie<br />
Inéna semble avoir exploité les deux sens du mot Ì“ty : « muscle cardiaque » lorsque l’acte ‡dj<br />
Ì“ty est effectué ; « conscience » et à nouveau « muscle cardiaque » lorsque le cœur est<br />
déposé sur la fleur. En effet, comment comprendre, dans le cas contraire, la précision apportée<br />
au sujet du nouvel emplacement du cœur : Ìr ƒ“ƒ“ n t“ Ìrr(.t) (« au sommet de la fleur ») ?<br />
Quelle nécessité y a-t-il à préciser qu’il y a une fleur (Ìrr.t) 60 ? Si la fleur n’avait joué aucun<br />
rôle, Inéna aurait simplement mentionné que le cœur avait été placé dans ou sur un pinparasol.<br />
La fleur (Ìrr.t) du pin-parasol (©‡) possède en fait deux fonctions en relation avec le<br />
Ì“ty, avec les deux sens pour la première (« muscle cardiaque » et « conscience ») et avec le<br />
sens autrefois dévolu à jb pour la seconde (« conscience »).<br />
La première fonction consiste à mettre en relief la concomitance du cycle végétatif de l’arbre,<br />
et donc de sa fleur et de son fruit – le cône-cœur –, avec la régénération de Bata. La<br />
croissance de l’arbre équivaut aussi à la régénération du jb (= Ì“ty) de Bata, de sa<br />
« conscience », dont on sait que l’une des graphies possibles est , c’est-à-dire le signe du<br />
muscle cardiaque – celui qui a été posé sur la Ìrr.t – accompagné d’un petit trait vertical.<br />
Fig. 2. Les quatre Enfants d’Horus sur la fleur de lotus poussant devant Osiris. Vignette de la formule<br />
125A du Livre des Morts dans le papyrus d’Ani (d’après R.O. Faulkner, O. Goelet, The Egyptian Book<br />
of the Dead, San Francisco, 1994, pl. 30, droite).<br />
La deuxième fonction consiste en une transposition du thème du jb d’Osiris – figuré sous la<br />
forme des quatre Enfants d’Horus – posé sur une fleur de lotus poussant devant lui 61 [fig. 2],<br />
vers celui du « cœur » de Bata posé sur la fleur du pin-parasol. Dans ce cas, le « cœur » – qui<br />
assure le rôle de l’ancien jb – représenterait les viscères de Bata, foie, rate, poumons et le<br />
60<br />
G. CHARPENTIER, Recueil de matériaux épigraphiques relatifs à la botanique de l’Égypte antique, Paris, 1981,<br />
p. 486-487 (776).<br />
61<br />
Pour ce thème, Fr. SERVAJEAN, « Le lotus émergeant et les quatre fils d’Horus. Analyse d’une métaphore<br />
physiologique », ERUV 2, OrMonsp 11, Montpellier, 2001, p. 261-297.<br />
http://recherche.univ-montp3.fr/egyptologie/enim/<br />
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