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La route de Phénicie
On soulignera, à nouveau, la reconstruction de traditions bien attestées par les auteurs du
conte des Deux Frères au profit du XVII e nome de Haute-Égypte en en inversant la
structure 147 .
La mèche de cheveux
On a vu plus haut que Bata conseille à son épouse de ne pas sortir de la maison, elle pourrait
rencontrer le dieu de la mer. Négligeant ses instructions, elle se risque à l’extérieur 148 :
(Doc. 21) ⁄r jr m-≈t hrw.w qn.w Ìr-s“ nn, jw B“t“ Ìr ‡m r bÌs m p“y≠f s≈r n(y) r© nb, pr pw
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r≈ty.w n(y) Pr-©“, ©.w.s.
Et après de nombreux jours ensuite de cela, Bata s’en alla pour chasser selon son habitude de
tous les jours. La jeune fille sortit pour faire le tour du pin-parasol (©‡) qui se trouvait à côté de
sa maison. Alors, elle aperçut le dieu de la mer qui frappait l’eau derrière elle, elle se leva (?)
pour courir devant lui et elle entra dans sa maison. Alors le dieu de la mer cria (©‡) au pinparasol
(©‡) en disant : « Saisis-toi d’elle ! » ; et le pin-parasol (©‡) apporta une mèche de ses
cheveux (nbd(.t) m ‡nw≠s). Alors le dieu de la mer l’emporta en Égypte et la déposa à l’endroit
où se trouvent les blanchisseurs de Pharaon, v.p.s.
Remarquons d’emblée, avec Th. Bardinet, que l’on pourrait être surpris par le fait que « la
mèche de cheveux de la femme de Bata reste accrochée dans les branches d’un pin-parasol
(…) si l’on considère la hauteur à laquelle se trouvent les branches de cet arbre dans sa forme
adulte. Mais l’auteur du récit, ses lecteurs et auditeurs, étaient beaucoup plus familiers que
nous avec ce pin et savaient que durant ses premières années ses branches restaient étalées
jusqu’au sol » 149 .
Le thème parallèle de la tresse de cheveux perdue par Hathor, en rapport avec les mutilations
subies par Horus et Seth, est consigné dans les Textes des Pyramides (§ 535a-c) et dans le
P. Ramesseum XI. Il a été étudié par G. Posener 150 . La déesse perd sa tresse dans des
circonstances que l’on ne connaît pas mais qui sont liées à la présence d’une nappe d’eau, mer
ou bassin. Dans le conte, P“ ym s’empare, grâce à l’intervention du pin-parasol, d’une mèche
de l’épouse de Bata, qui n’est autre qu’Hathor. G. Posener rappelle d’ailleurs que, « faite par
147
L’introduction du thème de la mer s’explique par la localisation asiatique du deuxième épisode du conte, P“
ym et Astarté venant d’Asie, les deux s’« égyptianisant » au Nouvel Empire avec le retour des soldats des
campagnes asiatiques et l’arrivée de nombreux captifs en provenance des mêmes régions. La plus ancienne
attestation du terme ym dans la documentation égyptienne date du règne de Thoutmosis III (G. POSENER, op. cit.,
p. 466-467) et le manuscrit consignant le texte des Dieux contre la mer (P. Amherst IX + P. BN 202)
probablement du règne d’Amenhotep II (L. COULON, Ph. COLLOMBERT, op. cit., p. 211). Ce mythe présente de
nombreuses variantes dans la mythologie asiatique (D.B. REDFORD, « The Sea and the Goddess », dans
S. Israelit-Groll (éd.) Studies in Egyptology Presented to M. Lichtheim, Jerusalem, 1990, p. 824-835). Il est
possible cependant que les Égyptiens aient possédé un mythe du même type (G. POSENER, op. cit., p. 477).
148
P. d’Orbiney, 10, 4-10, 8 = A.H. GARDINER, Late Egyptian Stories, p. 20, l. 2-10.
149
Th. BARDINET, Relations économiques, p. 29.
150
G. POSENER, « La légende de la tresse d’Hathor », dans L.H. Lesko (éd.), Egyptological Studies in Honor of
Richard A. Parker, Hanovre, Londres, 1986, p. 111-117.
http://recherche.univ-montp3.fr/egyptologie/enim/
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