i ANNEXE 1 : Organigramme du Ministère de l'Ecologie ... - Urbamet
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TABLE DES <strong>ANNEXE</strong>S<br />
<strong>ANNEXE</strong> 1 : <strong>Organigramme</strong> <strong>du</strong> <strong>Ministère</strong> <strong>de</strong> l’Ecologie, <strong>du</strong> Développement <strong>du</strong>rable,<br />
<strong>de</strong>s Transports et <strong>du</strong> Logement ............................................................................................... ii<br />
<strong>ANNEXE</strong> 2 : <strong>Organigramme</strong> <strong>du</strong> PUCA ................................................................................ iv<br />
<strong>ANNEXE</strong> 3 : Analyse et capitalisation <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s dans le cadre <strong>du</strong> programme <strong>de</strong><br />
recherches « L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle » .............................................................. vi<br />
<strong>ANNEXE</strong> 4 : In<strong>de</strong>x <strong>de</strong>s recherches 2009 <strong>du</strong> PUCA par programme ........................... cxviii<br />
i
<strong>ANNEXE</strong> 1 : <strong>Organigramme</strong> <strong>du</strong> <strong>Ministère</strong> <strong>de</strong> l’Ecologie, <strong>du</strong> Développement <strong>du</strong>rable,<br />
<strong>de</strong>s Transports et <strong>du</strong> Logement<br />
ii
iii
<strong>ANNEXE</strong> 2 : <strong>Organigramme</strong> <strong>du</strong> PUCA<br />
iv
<strong>ANNEXE</strong> 3 : Analyse et capitalisation <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s dans le cadre <strong>du</strong> programme <strong>de</strong><br />
recherches « L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle »<br />
Travail réalisé par Lise Fournier sous la direction <strong>de</strong> Pierre Bernard<br />
vi
Cette note présente une synthèse <strong>de</strong>s travaux engagés entre 2006 et 2009 dans le cadre<br />
<strong>du</strong> programme interdisciplinaire <strong>de</strong> recherche « L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle » financé<br />
par le Plan Urbanisme Construction Architecture à la Direction <strong>de</strong> l’aménagement, <strong>du</strong><br />
logement et <strong>de</strong> la nature au ministère <strong>de</strong> l’Ecologie, <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable, <strong>de</strong>s transports<br />
et <strong>du</strong> logement et par le Bureau <strong>de</strong> la recherche architecturale, urbaine et paysagère à la<br />
Direction <strong>de</strong> l’architecture et <strong>du</strong> patrimoine au ministère <strong>de</strong> la Culture et <strong>de</strong> la communication.<br />
Le lancement <strong>du</strong> programme en 2006 correspondait à une préoccupation claire, à<br />
savoir l’interrogation <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> transformation <strong>de</strong> l’espace à l’échelle territoriale, et<br />
visait à suggérer <strong>de</strong>s connaissances nouvelles situées à la croisée <strong>de</strong>s pratiques scientifiques<br />
<strong>de</strong> la recherche et <strong>de</strong>s pratiques conceptuelles <strong>du</strong> projet.<br />
Le programme interdisciplinaire <strong>de</strong> recherche « L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle »<br />
s’est organisé sur une <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> quatre ans, à raison d’une session par an permettant chacune<br />
<strong>de</strong> financer huit équipes <strong>de</strong> recherche. Ce programme <strong>de</strong> recherche avait pour ambition <strong>de</strong><br />
susciter l’élaboration <strong>de</strong> connaissances situées au carrefour <strong>de</strong>s pratiques pédagogiques, <strong>de</strong>s<br />
pro<strong>du</strong>ctions scientifiques et <strong>de</strong>s enjeux professionnels <strong>de</strong> l’aménagement <strong>de</strong> l’espace. L’objet<br />
<strong>de</strong> ce document est d’analyser les enseignements qui peuvent être tirés <strong>de</strong>s 32 étu<strong>de</strong>s<br />
financées dans le cadre <strong>du</strong> programme <strong>de</strong> recherches « L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle » 1<br />
afin :<br />
- d’évaluer les différentes étu<strong>de</strong>s financées ;<br />
- <strong>de</strong> dresser un inventaire <strong>de</strong>s apports théoriques et pratiques <strong>du</strong> programme ;<br />
- <strong>de</strong> valoriser les résultats <strong>de</strong> la recherche ;<br />
- <strong>de</strong> disposer d’éclairages susceptibles d’être mobilisés dans le cadre <strong>du</strong> lancement d’un<br />
nouveau programme.<br />
La réflexion a été engagée sur la base <strong>de</strong> trois séries d’attentes. Le premier groupe<br />
d’atten<strong>du</strong>s se rapportait aux différentes formes d’habiter le territoire en supposant que les<br />
objets <strong>de</strong> recherche soient <strong>de</strong> nature à les appréhen<strong>de</strong>r. La secon<strong>de</strong> famille d’attentes suggérait<br />
ensuite que les outils <strong>du</strong> projet spatial soient clairement situés au cœur <strong>de</strong>s investigations<br />
scientifiques. Une troisième série proposait que les travaux <strong>de</strong> recherche soient irrigués par les<br />
pro<strong>du</strong>ctions cognitives <strong>de</strong> l’expérimentation projectuelle. Pour répondre à cet ensemble<br />
d’éléments, les initiateurs <strong>du</strong> programme les ont d’abord fédérés en une problématique<br />
générale en posant que ce n’est qu’à une certaine échelle <strong>de</strong> perception, <strong>de</strong> représentation, <strong>de</strong><br />
conception, <strong>de</strong> décision et d’aménagement <strong>de</strong> l’espace que se rejoignent les enjeux<br />
professionnels <strong>de</strong> la maîtrise d’œuvre et les pro<strong>du</strong>ctions intellectuelles <strong>de</strong> la recherche<br />
scientifique. Ce programme se donnait pour objectif <strong>de</strong> susciter la pro<strong>du</strong>ction d’une recherche<br />
scientifique qui est le fruit d’une ambition collective intégrant les enjeux professionnels et les<br />
pratiques pédagogiques.<br />
Les projets <strong>de</strong> recherche atten<strong>du</strong>s <strong>de</strong>vaient être impliqués, directement et/ou<br />
indirectement, dans les questions <strong>du</strong> logement – <strong>du</strong> collectif à l'indivi<strong>du</strong>el – lorsqu'elles sont<br />
posées à l'échelle territoriale <strong>de</strong> l'aménagement <strong>de</strong> l'espace. Ces projets <strong>de</strong>vaient par ailleurs<br />
convoquer en leur sein la richesse opérationnelle <strong>de</strong>s compétences professionnelles issues <strong>de</strong><br />
la maîtrise d'œuvre et/ou <strong>de</strong> la maîtrise d'ouvrage. Enfin, ils <strong>de</strong>vaient se structurer sur la base<br />
<strong>de</strong>s pratiques et pro<strong>du</strong>ctions pédagogiques fondées sur l'expérimentation projectuelle.<br />
1 L’étu<strong>de</strong> a été réalisée sur la base <strong>de</strong>s 23 étu<strong>de</strong>s achevées et disponibles à la date <strong>du</strong> travail. Deux étu<strong>de</strong>s ont été<br />
abandonnées en cours <strong>de</strong> route, sept étu<strong>de</strong>s sont en cours d’achèvement.<br />
vii
Cette note se compose <strong>de</strong> plusieurs parties qui ren<strong>de</strong>nt compte <strong>de</strong>s trois types <strong>de</strong><br />
lectures qui sont proposées :<br />
Une première lecture, transversale, présente <strong>de</strong>s éléments d’analyse <strong>du</strong> corpus et les<br />
confronte aux atten<strong>du</strong>s d’origine.<br />
Une <strong>de</strong>uxième lecture, thématique, effectue <strong>de</strong>s associations et <strong>de</strong>s recoupements entre<br />
les différentes étu<strong>de</strong>s, proposant ainsi <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> réflexion sur plusieurs thèmes<br />
transversaux, dans l’idée que ces regroupements puissent permettre <strong>de</strong> tirer <strong>de</strong>s fils, <strong>de</strong><br />
constituer un moyen <strong>de</strong> rebondir pour la suite et d’ouvrir ainsi à <strong>de</strong>s questions nouvelles.<br />
Une troisième lecture, synthétique, constitue une synthèse <strong>de</strong>s différentes recherches<br />
menées dans le cadre <strong>du</strong> programme « L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle », présentant l’objet<br />
<strong>de</strong> chaque proposition, la méthodologie employée et les résultats obtenus.<br />
Enfin <strong>de</strong>s repères bibliographiques compléteront cette étu<strong>de</strong>.<br />
viii
SOMMAIRE.<br />
1. Lecture transversale ............................................................................................................. x<br />
1. Réflexion liminaire sur le thème <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle ....................................................... x<br />
2. Les terrains d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle .......................................................................... xi<br />
3. L’entrelacement <strong>de</strong>s échelles au cœur <strong>de</strong> l’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle. ................ xiii<br />
4. Les hypothèses <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle ............................................................................... xiii<br />
5. Les approches méthodologiques <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle ..................................................... xv<br />
6. Les chercheurs <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle ................................................................................ xix<br />
2. Lecture thématique. .......................................................................................................... xxi<br />
1. La problématique <strong>de</strong> l’habitat au prisme <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle ........................................ xxi<br />
1. Habitat indivi<strong>du</strong>el et architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle ...............................................xxi<br />
2. Habitat intermédiaire et architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle ....................................... xxii<br />
3. Habitat collectif et architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle ................................................ xxii<br />
4. Habitat et développement <strong>du</strong>rable ............................................................................ xxiii<br />
5. Habitat et risque ......................................................................................................... xxiv<br />
2. Les figures territoriales comme mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> lecture <strong>de</strong> l’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle<br />
........................................................................................................................................... xxiv<br />
1. La diversité <strong>de</strong>s figures territoriales mobilisées ........................................................ xxiv<br />
2. La question <strong>de</strong> la figuration dans le projet ................................................................. xxv<br />
3. La lecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle par les figures ......................................................... xxvi<br />
4. Vers un dictionnaire critique <strong>de</strong>s figures ................................................................... xxvi<br />
3. L’architecture institutionnelle au prisme <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle ..................................... xxvii<br />
1. Les outils <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle................................................................. xxvii<br />
2. La gouvernance <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle ....................................................................... xxvii<br />
3. Les tensions entre logiques <strong>de</strong> périmètres et espaces pratiqués ..............................xxviii<br />
4. Logiques institutionnelles et logiques d’axes à gran<strong>de</strong> échelle ................................. xxix<br />
4. La problématique <strong>de</strong> la mobilité à la gran<strong>de</strong> échelle ...................................................... xxx<br />
1. L’infrastructure comme analyseur <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle ............................................ xxx<br />
2. Penser la mobilité à l’échelle métropolitaine ............................................................ xxxi<br />
3. Vers <strong>de</strong>s corridors écologiques ................................................................................. xxxii<br />
5. Nature, ville et paysage à la gran<strong>de</strong> échelle ................................................................ xxxiii<br />
1. Le fleuve pour penser la gran<strong>de</strong> échelle ..................................................................xxxiii<br />
2. Penser les liens entre architecture et paysage ......................................................... xxxiv<br />
3. Les relations ville-campagne au cœur <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle .................................... xxxiv<br />
6. Les thèmes peu abordés dans le programme <strong>de</strong> recherches ......................................... xxxv<br />
3. Lecture synthétique et présentation <strong>de</strong>s résultats. .................................................... xxxvii<br />
Session 2006 ................................................................................................................... xxxvii<br />
Session 2007 .......................................................................................................................... lv<br />
Session 2008 ..................................................................................................................... lxxiv<br />
Session 2009 ................................................................................................................. lxxxviii<br />
Repères bibliographiques .................................................................................................... cxii<br />
Annexe : Liste <strong>de</strong>s équipes et <strong>de</strong>s laboratoires <strong>du</strong> programme interdisciplinaire <strong>de</strong><br />
recherche « L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle ». .......................................................... cxiii<br />
ix
1. LECTURE TRANSVERSALE<br />
A la faveur <strong>de</strong> la lecture <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s, plusieurs remarques transversales s’imposent dans<br />
cette analyse <strong>du</strong> programme <strong>de</strong> recherches « L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle ». La lecture<br />
transversale permet notamment <strong>de</strong> revenir sur le thème <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle, d’analyser les<br />
terrains choisis et les jeux d’échelle, <strong>de</strong> s’intéresser aux acteurs et aux hypothèses, avant <strong>de</strong><br />
comparer les approches méthodologiques utilisées par les différentes équipes, et <strong>de</strong> les<br />
confronter aux atten<strong>du</strong>s d’origine.<br />
1. Réflexion liminaire sur le thème <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle<br />
Dans <strong>de</strong> nombreuses étu<strong>de</strong>s <strong>du</strong> corpus, et notamment l’étu<strong>de</strong> « Architecture comparée<br />
France-Chine », les thèmes <strong>de</strong> « L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle » et <strong>du</strong> « projet à gran<strong>de</strong><br />
échelle » ont suscité une réflexion liminaire sur la notion même <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> échelle, sur ses<br />
différentes acceptations et expressions, sur sa relativité et sa pertinence selon les lieux. Pour<br />
l’étu<strong>de</strong> « Toulouse, territoires Garonne », il est nécessaire <strong>de</strong> reconnaître, décrire et qualifier<br />
ces territoires en <strong>de</strong>venir<br />
Une première difficulté pour appréhen<strong>de</strong>r la gran<strong>de</strong> échelle, relevée par l’étu<strong>de</strong> « Vers<br />
une architecture <strong>de</strong>s milieux », est <strong>de</strong> nature sémantique : la gran<strong>de</strong> échelle <strong>de</strong>s géographes est<br />
en effet l’inverse <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> l’architecte, ce qui peut poser <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> compréhension<br />
et soulève la nécessité <strong>de</strong> disposer d’un vocabulaire commun. Le terme <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle<br />
est ainsi défini moins comme une entité territoriale, un niveau, que comme une capacité à<br />
élargir les domaines d’analyses pour comprendre une dynamique territoriale.<br />
En effet, l’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle ne peut se définir à l’intérieur d’un<br />
périmètre déterminé ni dans un temps donné. L’interrogation relative à l’aménagement <strong>de</strong><br />
l’espace et à la forme physique <strong>de</strong> la métropole, perçue comme une architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong><br />
échelle dans l’étu<strong>de</strong> «La métropole en projet. Le <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> la Plaine Saint-Denis dans le<br />
Grand Paris d’aujourd’hui », aboutit à la réalisation <strong>de</strong> plusieurs récits d’espaces qui prennent<br />
en compte différentes échelles et temporalités <strong>de</strong> la fabrication <strong>du</strong> tissu métropolitain. L’étu<strong>de</strong><br />
« Vers une architecture <strong>de</strong>s milieux. Expérimentations projectuelles et pédagogiques <strong>de</strong> la<br />
« ville-nature » » insiste également sur le fait que ses limites restent relatives. En revanche<br />
pour l’étu<strong>de</strong> « Toulouse, territoires Garonne. Nouveaux mo<strong>de</strong>s d’habiter », l’architecture <strong>de</strong> la<br />
gran<strong>de</strong> échelle fonctionne sur les éléments géographiques : plissements, lignes <strong>de</strong> collines,<br />
bois, forêts, parcs et systèmes <strong>de</strong> parcs, réseau fluvial. Le fleuve apparaît comme la colonne<br />
vertébrale, le lieu d’un projet pour le Grand Toulouse, à l’échelle d’un territoire géographique<br />
reconnu et cohérent.<br />
Le déplacement vers la gran<strong>de</strong> échelle implique par ailleurs <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s,<br />
et celles <strong>de</strong> l’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle sont spécifiques. Ce déplacement engage un<br />
changement <strong>de</strong> problématique <strong>de</strong> regard et d’attitu<strong>de</strong>. Pour l’étu<strong>de</strong> « Pro<strong>du</strong>ire une ville et un<br />
habitat <strong>de</strong> qualité à travers les frontières : l’exemple <strong>de</strong> l’agglomération franco-valdogenevoise<br />
», changer d’échelle impose <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s : il ne s’agit ni d’un simple<br />
déplacement <strong>de</strong> curseur sur une quelconque règle, ni d’un « clic <strong>de</strong> souris » permettant <strong>de</strong><br />
faire varier l’échelle <strong>du</strong> plan à la ville. Travailler à la gran<strong>de</strong> échelle – celle <strong>du</strong> territoire et <strong>de</strong><br />
la ville – ne consiste donc pas à appliquer les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’objet architectural à d’autres<br />
objets <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong> dimension. L’étu<strong>de</strong> « Le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> l’espace public comme recherche <strong>de</strong><br />
lien entre ville et habitat : l’exemple <strong>de</strong> l’agglomération franco-valdo-genevoise » montre que<br />
le passage <strong>de</strong> la petite (celle <strong>du</strong> quartier ou <strong>de</strong> la commune) à la gran<strong>de</strong> échelle (celle <strong>de</strong><br />
x
l’agglomération voire <strong>de</strong> la région urbaine) implique un renouvellement <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s :<br />
l’analyse <strong>du</strong> réseau <strong>de</strong>s espaces publics laisse place à celle <strong>du</strong> système viaire ; la montée en<br />
puissance <strong>de</strong>s préoccupations environnementales met en évi<strong>de</strong>nce l’importance <strong>de</strong>s corridors<br />
écologiques ; l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la localisation <strong>de</strong>s équipements et <strong>de</strong>s services aboutit à i<strong>de</strong>ntifier les<br />
nouvelles centralités. Le regard distancié sur la ville et ses territoires renvoie en fin <strong>de</strong> compte<br />
à une représentation réticulaire <strong>de</strong> l’urbanisme. Pour l’étu<strong>de</strong> « Habiter les berges. Réflexion<br />
sur les outils <strong>du</strong> projet à gran<strong>de</strong> échelle », il est nécessaire <strong>de</strong> remettre en cause l’idée<br />
implicite, contenue dans le terme d’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle, que le projet <strong>de</strong> territoire<br />
ou le projet <strong>de</strong> ville serait fondé sur une sorte <strong>de</strong> généralisation <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s savoirfaire<br />
expérimentés dans le projet urbain à caractère opérationnel, voire dans le projet<br />
architectural.<br />
A la différence <strong>de</strong>s projets urbains, qui ont une application opérationnelle directe, le<br />
projet <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> échelle est une <strong>de</strong>s composantes <strong>du</strong> plan territorial ou plan d’urbanisme. La<br />
gran<strong>de</strong> échelle s’inscrit avant tout dans l’espace mental et constitue la partie non<br />
réglementaire <strong>de</strong> ce plan. Son contenu doit à la fois être assez précis, pour peser sur les<br />
transformations territoriales à venir, et assez flexible pour s’adapter aux évolutions<br />
conjoncturelles qui peuvent à l’avenir se manifester sur les marchés fonciers et immobiliers.<br />
La notion d’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle tra<strong>du</strong>it une transgression <strong>de</strong>s échelles <strong>du</strong> projet<br />
et cette transformation <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> projet favorise en outre pour l’étu<strong>de</strong><br />
« Projets pour habiter les territoires. Expérimenter et évaluer » une forme <strong>de</strong><br />
« déterritorialisation » <strong>de</strong> l’architecture. La gran<strong>de</strong> échelle sert en effet à appréhen<strong>de</strong>r les<br />
mutations, et d’une manière plus large, la capacité <strong>de</strong> mutation <strong>de</strong> la ville. L’architecture <strong>de</strong> la<br />
gran<strong>de</strong> échelle est désormais i<strong>de</strong>ntifiée par l’institution comme un <strong>de</strong>s enjeux majeurs en<br />
France, ce que montrent les réflexions menées sur les SCoT ou le Grand Paris. Néanmoins,<br />
elle reste encore souvent au sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’expérimentation.<br />
2. Les terrains d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle<br />
Les terrains d’étu<strong>de</strong> choisis dans le cadre <strong>du</strong> programme <strong>de</strong> recherches<br />
« L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle » se distinguent par leur extrême diversité. Leur analyse<br />
croisée permet cependant <strong>de</strong> tirer quelques remarques transversales.<br />
Les étu<strong>de</strong>s constituent dans une gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong>s analyses monographiques,<br />
qui se concentrent notamment sur plusieurs agglomérations, comme Lille avec « Inventer les<br />
futurs <strong>de</strong> la métropole lilloise : échelles, modèles et scénario. Une métropole transfrontalière<br />
en projet(s) », Bor<strong>de</strong>aux avec « Projets pour habiter les territoires. Expérimenter et évaluer »,<br />
ou la métropole parisienne à travers les étu<strong>de</strong>s « Un grand territoire à <strong>de</strong>nsifier. Opportunités<br />
et enjeux <strong>de</strong> la ville nouvelle <strong>de</strong> Marne-la-Vallée dans la métropole parisienne » sur Marne-la-<br />
Vallée et « La métropole en projet. Le <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> la Plaine Saint-Denis dans le Grand Paris<br />
d’aujourd’hui » sur la Plaine Saint-Denis. Les monographies peuvent également porter sur<br />
plusieurs régions urbaines avec les étu<strong>de</strong>s « Ingénierie <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> territoire et con<strong>du</strong>ite<br />
d’opérations d’habitat dans une région urbaine à forte valeur patrimoniale, le Val <strong>de</strong> Loire » et<br />
« Rennes / Saint-Malo : « l’effet <strong>de</strong> contexte linéaire » à gran<strong>de</strong> échelle ? Entre réalité et<br />
fiction : une mise à l’épreuve <strong>de</strong>s logiques d’axe ». Quelques terrains étrangers sont aussi<br />
mobilisés dans le cadre d’étu<strong>de</strong>s monographiques comme la recherche « Trames agricoles,<br />
trames urbaines : plan et projets <strong>de</strong>s territoires <strong>de</strong> la ville-métropole <strong>de</strong> Guangzhou-Nansha, le<br />
<strong>de</strong>lta <strong>de</strong> la rivière <strong>de</strong>s perles » sur le <strong>de</strong>lta <strong>de</strong> la rivière <strong>de</strong>s Perles en Chine.<br />
xi
Certains terrains sont tout particulièrement privilégiés, et étudiés par plusieurs équipes.<br />
C’est notamment le cas <strong>de</strong> l’agglomération grenobloise qui a été le terrain <strong>de</strong> plusieurs étu<strong>de</strong>s<br />
avec « Habiter les berges. Réflexion sur les outils <strong>du</strong> projet à gran<strong>de</strong> échelle »,<br />
« Mégastructure, grille et ville linéaire : trois figures <strong>de</strong> l’habiter en périphérie » et « La ville<br />
dans ses jardins, l’urbain en bord <strong>de</strong> route », ou <strong>de</strong> l’agglomération lyonnaise qui a été étudiée<br />
dans le cadre <strong>de</strong>s recherches « Lyon / Saint-Etienne : hétérogénéités d’échelles dans le projet<br />
<strong>de</strong> territoire » et « Habiter le campus : l’atmosphère <strong>de</strong> la multitu<strong>de</strong> ». Cet intérêt peut<br />
également s’expliquer par le fait que certaines équipes ont été recon<strong>du</strong>ites d’une session à une<br />
autre. C’est le cas par exemple <strong>de</strong> l’équipe dirigée par Michèle Tranda-Pittion qui s’est<br />
centrée à <strong>de</strong>ux reprises sur l’agglomération franco-valdo-genevoise avec « Pro<strong>du</strong>ire une ville<br />
et un habitat <strong>de</strong> qualité à travers les frontières » et « Le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> l’espace public comme<br />
recherche <strong>de</strong> lien entre ville et habitat ».<br />
D’autres étu<strong>de</strong>s sont structurées sur une comparaison entre plusieurs terrains. Ces<br />
comparaisons peuvent recourir à l’éclairage étranger pour mieux faire ressortir les<br />
particularités étudiées. Les comparaisons posent la question <strong>du</strong> choix <strong>de</strong>s critères et <strong>de</strong> la mise<br />
en relation <strong>de</strong>s terrains. Dans le cas <strong>de</strong>s comparaisons étrangères, il est d'autant plus important<br />
<strong>de</strong> définir une même approche pour étudier l'histoire, la fabrication <strong>de</strong> l'espace <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />
terrains ainsi que leur évolution. La Chine, avec « Architectures comparées France-Chine.<br />
Paradoxes : une démarche <strong>de</strong> projet pour une ville <strong>du</strong>rable. Vers une opération pilote à<br />
Shanghai » et l’Allemagne, sollicitée à <strong>de</strong>ux reprises avec les étu<strong>de</strong>s « Cologne-Grenoble.<br />
Processus <strong>de</strong> constitution <strong>de</strong>s figures urbaines dans les espaces <strong>de</strong> la mobilité quotidienne » et<br />
« Grands ensembles, urbanité et politiques <strong>de</strong> la ville dans le Rhin supérieur : Strasbourg-<br />
Hautepierre et Hei<strong>de</strong>lberg-Emmertsgrund » apparaissent comme un miroir privilégié. L’étu<strong>de</strong><br />
« Règle d’urbanisme et diversité typologique <strong>de</strong> l’habitat » réalise pour sa part une analyse<br />
comparative dans trois pays européens, l’Angleterre, la Hollan<strong>de</strong> et la Suisse.<br />
L’espace frontalier semble un terrain privilégié pour abor<strong>de</strong>r l’architecture <strong>de</strong> la<br />
gran<strong>de</strong> échelle. Deux étu<strong>de</strong>s se sont ainsi consacrées à l’agglomération transfrontalière<br />
franco-valdo-genevoise. La frontière était également au centre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Inventer les futurs<br />
<strong>de</strong> la métropole lilloise : échelles, modèles et scénario. Une métropole transfrontalière en<br />
projet(s) » qui a confirmé la présence d’une frontière épaisse, territoire.<br />
Par ailleurs, l’espace périurbain est un autre terrain d’étu<strong>de</strong> mobilisé à plusieurs<br />
reprises dans le cadre <strong>du</strong> programme <strong>de</strong> recherches. L’étu<strong>de</strong> « Jeux d’échelle dans<br />
l’urbanisme. Un éclairage sur la fabrique ordinaire <strong>de</strong>s territoires émergents » se consacre<br />
ainsi sur la fabrique ordinaire <strong>de</strong>s territoires émergents <strong>de</strong> l’agglomération nantaise. Le choix<br />
<strong>de</strong>s situations <strong>de</strong> territoires émergents, <strong>de</strong>s localisations sub/périurbaines, vise à apporter un<br />
éclairage sur les métamorphoses d’un urbanisme contemporain moins prestigieux que celui<br />
d’opérations urbaines phares. C’est le cas <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Vers une architecture <strong>de</strong>s milieux.<br />
Expérimentations projectuelles et pédagogiques <strong>de</strong> la « ville-nature » » qui se consacre à <strong>de</strong>ux<br />
contextes périurbains en Baltique et en Calabre, ou <strong>de</strong> la recherche « Maisons indivi<strong>du</strong>elles et<br />
éparpillement urbain : vers un « French sprawl ? » qui analyse plusieurs étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas <strong>de</strong><br />
bourgs ayant connu <strong>de</strong>s extensions récentes dans le Grand Sud-Ouest.<br />
Les terrains d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle sont ainsi choisis à toutes les échelles, <strong>de</strong> la<br />
parcelle <strong>du</strong> jardin partagé à Grenoble dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « La ville dans ses jardins,<br />
l’urbain en bord <strong>de</strong> route » à la région urbaine, par exemple toulousaine avec l’étu<strong>de</strong><br />
« Toulouse, territoires Garonne ».<br />
xii
3. L’entrelacement <strong>de</strong>s échelles au cœur <strong>de</strong> l’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle.<br />
Si la démarche comparative entre plusieurs terrains semble sollicitée par plusieurs<br />
étu<strong>de</strong>s, c’est surtout la comparaison entre les échelles au sein d’une même étu<strong>de</strong> qui apparaît<br />
comme la caractéristique commune aux étu<strong>de</strong>s <strong>du</strong> programme <strong>de</strong> recherches « L’architecture<br />
<strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle ».<br />
Trois échelles <strong>de</strong> projet sont i<strong>de</strong>ntifiées par plusieurs étu<strong>de</strong>s, et notamment par « La<br />
métropole en projet » et « Grands ensembles, urbanité et politiques <strong>de</strong> la ville dans le Rhin<br />
supérieur ». La réflexion sur l’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle impose <strong>de</strong> s’intéresser à<br />
chacune d’entre elles. La première est celle <strong>de</strong>s formes architecturales indivi<strong>du</strong>alisées et <strong>de</strong>s<br />
projets architecturaux, c’est-à-dire l’échelle architecturale <strong>du</strong> bâtiment. Elle s’articule à la<br />
<strong>de</strong>uxième qui est celle <strong>de</strong>s tissus et <strong>de</strong>s projets urbains, l’échelle urbanistique <strong>du</strong> quartier, <strong>de</strong><br />
l’îlot ou <strong>de</strong> l’unité <strong>de</strong> voisinage. Enfin la troisième est l’échelle territoriale <strong>de</strong> la métropole,<br />
l’échelle <strong>de</strong>s structures et <strong>de</strong>s formes d’organisation spatiales globales <strong>de</strong> l’agglomération. A<br />
travers l'analyse <strong>de</strong>s échelles, la posture défen<strong>du</strong>e par les auteurs est <strong>de</strong> considérer les grands<br />
ensembles /Großsiedlungen non pas comme <strong>de</strong>s lieux à part, mais comme <strong>de</strong>s espaces en lien<br />
étroit avec la ville et ses autres parties. Les <strong>de</strong>ux quartiers étudiés doivent être aperçus comme<br />
faisant partie d’un ensemble <strong>de</strong> systèmes interdépendants. Les trois échelles sont donc toutes<br />
constitutives <strong>de</strong> la réflexion sur la « gran<strong>de</strong> échelle ».<br />
La dissociation entre projet territorial, projet urbain et projet architectural requiert une<br />
pensée <strong>de</strong> leur entrelacement, comme le montre l’exemple <strong>de</strong> l’éparpillement urbain qui<br />
apparaît parfois être un micro-phénomène, car il s’agit <strong>de</strong> petites opérations dispersées sur le<br />
territoire. Or l’étu<strong>de</strong> « Maisons indivi<strong>du</strong>elles et éparpillement urbain » montre bien que son<br />
ampleur et son dynamisme en font un sujet <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> échelle. Il s’agit donc <strong>de</strong> reprendre<br />
l’hypothèse <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Vers une architecture <strong>de</strong>s milieux » que l’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong><br />
échelle pour être pertinente suppose l’association permanente <strong>de</strong> toutes les échelles <strong>de</strong> projet.<br />
Le problème rési<strong>de</strong> donc dans la définition commune d’échelles permettant <strong>de</strong> développer un<br />
travail <strong>de</strong> comparaison.<br />
4. Les hypothèses <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle<br />
Les hypothèses sur lesquelles reposent les étu<strong>de</strong>s <strong>du</strong> programme <strong>de</strong> recherche<br />
« L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle » reviennent sur plusieurs éléments. Ce sont tout d’abord<br />
les terrains d’étu<strong>de</strong>s choisis qui suscitent <strong>de</strong>s hypothèses. Pour l’étu<strong>de</strong> « La métropole en<br />
projet », le réaménagement <strong>du</strong> secteur <strong>de</strong> la Plaine Saint-Denis est perçu comme un<br />
laboratoire d’expérimentation <strong>de</strong> nouvelles formes d’interaction entre maîtrise d’ouvrage,<br />
maîtrise d’œuvre et habitants. Les terrains d’étu<strong>de</strong> peuvent également <strong>de</strong>venir les vecteurs <strong>de</strong><br />
projet urbain et social, par exemple comme les jardins partagés ou familiaux grenoblois<br />
analysés dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « La ville dans ses jardins, l’urbain en bord <strong>de</strong> route », ou la<br />
Garonne, qui apparaît dans l’étu<strong>de</strong> « Toulouse, territoires Garonne » comme la colonne<br />
vertébrale, le lieu d’un projet pour le Grand Toulouse. La majeure partie <strong>du</strong> territoire défini<br />
comme inconstructible par le Plan <strong>de</strong> Prévention <strong>de</strong>s Risques d’Inondation est pensé comme<br />
un lieu pouvant être porteur <strong>de</strong> nouvelles manières d’habiter, sur les rives <strong>du</strong> fleuve se<br />
<strong>de</strong>ssinant ainsi un <strong>de</strong>s territoires majeurs <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> <strong>de</strong>main. Certains terrains d’étu<strong>de</strong>,<br />
constitués en figures territoriales, étudiées notamment dans « Mégastructure, grille et ville<br />
linéaire : trois figures <strong>de</strong> l’habiter en périphérie », sont également posés comme se distinguant<br />
par leur ambition, passée, présente et future, <strong>de</strong> proliférer et <strong>de</strong> structurer l’ensemble <strong>du</strong><br />
territoire.<br />
xiii
Si les terrains d’étu<strong>de</strong>s sont mobilisés dans le cadre <strong>de</strong>s hypothèses <strong>de</strong>s recherches <strong>du</strong><br />
programme « L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle », ce sont aussi les complémentarités ou<br />
concurrences dans les jeux d’acteurs évoqués par l’étu<strong>de</strong> « Rennes / Saint-Malo : « l’effet <strong>de</strong><br />
contexte linéaire » à gran<strong>de</strong> échelle ? » qui semblent occuper un rôle central dans la définition<br />
<strong>de</strong>s hypothèses. De même, l’étu<strong>de</strong> « Jeux d’échelle dans l’urbanisme » pose que la gran<strong>de</strong><br />
échelle joue un rôle <strong>de</strong> cadre configurant dans la définition <strong>de</strong>s champs d’acteurs et <strong>de</strong> leurs<br />
relations. Les différents acteurs analysés dans le cadre d’une réflexion sur l’architecture <strong>de</strong> la<br />
gran<strong>de</strong> échelle apparaissent en effet multiples. Ce sont bien souvent les collectivités locales,<br />
et notamment les établissements publics <strong>de</strong> coopération intercommunale qui sont mobilisés,<br />
comme par exemple le Grand Lyon et Saint-Etienne Métropole dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong><br />
« Lyon / Saint-Etienne : hétérogénéités d’échelles dans le projet <strong>de</strong> territoire ». On retrouve<br />
également <strong>de</strong>s organismes tels que les établissements publics d’aménagement, comme<br />
l’EpaMarne dans « Un grand territoire à <strong>de</strong>nsifier » ou les CAUE, acteurs <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong><br />
« Maisons indivi<strong>du</strong>elles et éparpillement urbain ». En revanche, l’étu<strong>de</strong> « Ingénierie <strong>de</strong>s<br />
projets <strong>de</strong> territoire et con<strong>du</strong>ite d’opérations d’habitat dans une région urbaine à forte valeur<br />
patrimoniale, le Val <strong>de</strong> Loire » pose l’hypothèse que les territoires ne se développent pas<br />
comme les planificateurs l’imaginent, mais au coup par coup. Ce sont alors les opérations,<br />
ajoutées les unes aux autres, qui <strong>de</strong>ssinent la morphologie <strong>de</strong>s territoires urbanisés.<br />
Ces divers jeux d’acteurs institutionnels ne doivent cependant pas faire oublier un<br />
acteur central, à savoir l’habitant ou l’usager. Ainsi, l’étu<strong>de</strong> « Ingénierie <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong><br />
territoire et con<strong>du</strong>ite d’opérations d’habitat dans une région urbaine à forte valeur<br />
patrimoniale, le Val <strong>de</strong> Loire » pose que les habitants, par leurs mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie et leurs usages,<br />
recomposent et se réapproprient les projets <strong>de</strong> territoire. Cette <strong>de</strong>rnière hypothèse <strong>de</strong> la<br />
diversité <strong>de</strong>s appropriations, complétée par la prédominance <strong>de</strong>s usages informels, est elle<br />
aussi soutenue par l’étu<strong>de</strong> « Toulouse, territoires Garonne » où entre Gagnac et Seilh, <strong>de</strong>s<br />
chasseurs quadrillent le territoire et l’utilisent en le modifiant, tandis que d’autres usagers<br />
investissent le <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>s infrastructures routières ou ferroviaires, et que les bords <strong>de</strong> l’île <strong>de</strong><br />
Ramier les plus proches <strong>du</strong> centre-ville, immergés dans la végétation et donc difficilement<br />
visibles, sont investis par <strong>de</strong>s campements <strong>de</strong> SDF. L’étu<strong>de</strong> « Cologne-Grenoble. Processus<br />
<strong>de</strong> constitution <strong>de</strong>s figures urbaines dans les espaces <strong>de</strong> la mobilité quotidienne » postule<br />
quant à elle l’hybridité <strong>de</strong>s figure urbaines et l’idée que, aux marges <strong>de</strong> multiples actions<br />
conjointes sur le milieu urbain, il peut se pro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong>s qualités d’espace que <strong>de</strong> nombreux<br />
usagers et acteurs sont capables <strong>de</strong> désigner comme « étant là » alors que personne ne peut en<br />
revendiquer le statut d’auteur.<br />
Ces différentes hypothèses qui reposent sur les terrains d’étu<strong>de</strong>s choisis et les jeux<br />
d’acteurs débouchent sur le problème <strong>de</strong>s limites insaisissables <strong>de</strong> ces échelles, pourtant<br />
normalisées dans les découpages professionnels. Ainsi, l’étu<strong>de</strong> « Pro<strong>du</strong>ire une ville et un<br />
habitat <strong>de</strong> qualité à travers les frontières » pose l’hypothèse <strong>de</strong> trois catégories <strong>de</strong> blocages<br />
face à la concrétisation <strong>du</strong> projet <strong>de</strong> territoire. Cette recherche postule que la mobilisation <strong>de</strong><br />
la ressource foncière, le management <strong>de</strong>s projets urbains et les outils réglementaires<br />
permettant la spatialisation <strong>du</strong> projet <strong>de</strong> territoire, sont <strong>de</strong>s éléments contraignants pour la<br />
pro<strong>du</strong>ction d’une ville <strong>de</strong> qualité par <strong>de</strong>là les frontières politico-administratives. L’étu<strong>de</strong> « La<br />
ville sans limites » repose quant à elle sur l’idée qu’existent <strong>de</strong>s installations humaines faisant<br />
ville, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la contiguïté, tandis que pour l’étu<strong>de</strong> « Trames agricoles, trames urbaines »,<br />
les plans <strong>de</strong> villes sont l’archive perpétuelle <strong>de</strong>s villes. Les relations ville-campagne se<br />
trouvent elles aussi à l’origine d’hypothèses qui sous-tendant notamment l’étu<strong>de</strong> « Le <strong>de</strong>ssin<br />
<strong>de</strong> l’espace public comme recherche <strong>de</strong> lien entre ville et habitat ».<br />
xiv
Enfin, un <strong>de</strong>rnier type d’hypothèse mobilisé concerne les approches méthodologiques,<br />
l’étu<strong>de</strong> « L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle. Vers les simulations complexes » invitant à<br />
croiser les approches sensibles et scientifiques pour enrichir les process <strong>de</strong> conception sur les<br />
plans théorique et opérationnel.<br />
5. Les approches méthodologiques <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle<br />
Les approches méthodologiques utilisées dans le cadre <strong>du</strong> programme <strong>de</strong> recherches<br />
« L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle » sont variées. Elles oscillent tout d’abord entre<br />
monographies et démarches comparatives, et font appel à diverses ressources : voyages,<br />
coupes transversales, séminaires, scénarios… Par ailleurs, un <strong>de</strong>s atten<strong>du</strong>s d’origine reposait<br />
sur le fait que les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>vaient se structurer sur la base <strong>de</strong> pratiques et pro<strong>du</strong>ctions<br />
pédagogiques fondées sur l'expérimentation projectuelle, et qui ont donné lieu à l’emprunt <strong>de</strong><br />
plusieurs méthodologies.<br />
C’est donc tout d’abord l’hésitation entre analyses monographiques et comparatives<br />
qui permet <strong>de</strong> distinguer les divers approches méthodologiques. Dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong><br />
« Maisons indivi<strong>du</strong>elles et éparpillement urbain : vers un « French sprawl » ? », la recherche<br />
s’est appuyée sur un travail monographique détaillé qui a été complété par <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas<br />
sur <strong>de</strong>s points spécifiques, pour assurer une plus gran<strong>de</strong> pertinence aux conclusions <strong>de</strong>s<br />
monographies. Le travail monographique a démarré par une observation <strong>de</strong> terrain<br />
minutieuse, s’est poursuivi par une documentation sur les cas puis par <strong>de</strong>s entretiens non<br />
directifs sans enregistrement auprès <strong>de</strong>s habitants, sur la base d’un gui<strong>de</strong> support <strong>de</strong> mémoire.<br />
En revanche, les approches comparatives peuvent avoir lieu sur un même site urbain ou entre<br />
<strong>de</strong>s situations urbaines différenciées. Elles ont bien souvent donné lieu à <strong>de</strong>s explorations<br />
croisées, par le biais d’une confrontation <strong>de</strong> démarches se situant à <strong>de</strong>s plans différents,<br />
comme par exemple dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Vers une architecture <strong>de</strong>s milieux ».<br />
Toutes les étu<strong>de</strong>s, que les approches soient monographiques ou comparatives, suivent<br />
cependant peu ou prou les mêmes étapes. A ce titre, l’étu<strong>de</strong> « Pro<strong>du</strong>ire une ville et un habitat<br />
<strong>de</strong> qualité à travers les frontières » peut être considérée à titre d’exemple. La première étape<br />
<strong>de</strong> la démarche a visé à conforter et modéliser les hypothèses, avant une phase d’entretiens et<br />
d’analyses documentaires. Ce cadre d’analyse a ensuite été vérifié par <strong>de</strong>s enquêtes <strong>de</strong> terrain.<br />
Des étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> projet ont été réalisées pour mettre en évi<strong>de</strong>nce les freins et les leviers à la<br />
pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> logement et proposer les premières explications. Ces premiers enseignements<br />
ont ensuite été testés et confortés par <strong>de</strong>s simulations réalisées grâce à <strong>de</strong>s travaux encadrés<br />
d’étudiants sur <strong>de</strong>s sites stratégiques <strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong> la frontière. Le modèle construit au<br />
départ a ainsi été mis en mesure d’être validé, et par rétroaction <strong>de</strong>s pistes d’action sont<br />
proposées aux acteurs chargés <strong>de</strong> la mise en œuvre <strong>du</strong> projet <strong>de</strong> territoire et <strong>de</strong> sa<br />
concrétisation dans les projets urbains. On retrouve bien les différentes étapes <strong>de</strong> la<br />
démarche qui débute souvent par une analyse documentaire et <strong>de</strong>s enquêtes <strong>de</strong> terrain. Dans<br />
un <strong>de</strong>uxième temps les matériaux récoltés sont analysés et complétés par le biais <strong>de</strong> plusieurs<br />
techniques : entretiens, scénarios, cartographie… Lors <strong>de</strong> ces différentes étapes intervient à<br />
plusieurs niveaux le travail mené par les étudiants. Enfin, ces recherches débouchent souvent<br />
sur <strong>de</strong>s documents à portée opérationnelle et pratique.<br />
Ainsi, les premiers travaux visent <strong>de</strong> manière générale à récolter <strong>de</strong>s données,<br />
notamment sur le terrain. Dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « La ville dans ses jardins, l’urbain en bord<br />
<strong>de</strong> route », un recensement ex situ (sur <strong>de</strong>s données bibliographiques et <strong>de</strong>s entretiens réalisés<br />
xv
avec <strong>de</strong>s acteurs clefs) puis in situ <strong>de</strong>s jardins familiaux et partagés grenoblois a permis <strong>de</strong><br />
définir dans un premier temps <strong>de</strong>s situations urbaines « types » caractérisant ces jardins. Dans<br />
un second temps, quatre situations types ont été examinées en couplant <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<br />
d’observation et d’analyse empruntées aux sciences <strong>de</strong> l’homme, à l’architecture, à<br />
l’urbanisme, au paysage et aux sciences <strong>de</strong> la nature. La recherche s’appuie ainsi sur plusieurs<br />
matériaux <strong>de</strong> travail recueillis in situ et sur plusieurs pério<strong>de</strong>s : <strong>de</strong>s entretiens semi-directifs<br />
menés avec les jardiniers, <strong>de</strong>s observations ethnographiques et <strong>de</strong>s prises <strong>de</strong> son ; <strong>de</strong>s relevés<br />
d’experts ; mais aussi <strong>de</strong>s approches développées par <strong>de</strong>s groupes <strong>de</strong> 150 étudiants. De même,<br />
un premier travail d’observation et <strong>de</strong> <strong>de</strong>scription a été mené avec et par <strong>de</strong>s étudiants sur les<br />
différents terrains <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Cologne-Grenoble. Processus <strong>de</strong> constitution <strong>de</strong>s figures<br />
urbaines dans les espaces <strong>de</strong> la mobilité quotidienne ». Ces travaux, réalisés <strong>de</strong> manière<br />
indivi<strong>du</strong>elle puis en groupe, ont fourni un premier corpus pour la recherche. C’est donc<br />
souvent une phase d’enquête <strong>de</strong> terrain qui initie la démarche, comme les investigations <strong>de</strong><br />
terrain pratiquées lors <strong>de</strong> la recherche « Ingénierie <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> territoire et con<strong>du</strong>ite<br />
d’opérations d’habitat dans une région urbaine à forte valeur patrimoniale, le Val <strong>de</strong> Loire »<br />
portant sur <strong>de</strong>s opérations d'habitat réalisées dans <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong>s agglomérations<br />
d'Orléans et Tours. De leur côté, pour comprendre comment fonctionne et vit le territoire<br />
compris entre la limite naturelle <strong>du</strong> fleuve et celles <strong>de</strong>s infrastructures étirées sur la plaine<br />
(routes, chemin <strong>de</strong> fer), les auteurs <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Toulouse, territoires Garonne » ont réalisé <strong>de</strong>s<br />
analyses sur <strong>de</strong>s situations représentatives, <strong>de</strong>s échantillons et ont <strong>de</strong>ssiné <strong>de</strong>s coupes<br />
transversales larges <strong>de</strong> quelques kilomètres pour faire apparaître le rapport entre ce territoire<br />
en creux et ses franges urbaines. Les coupes sont également au cœur <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « La ville par<br />
strates. Le projet urbain en coupe » qui en s’intéressant au projet <strong>de</strong> d’une ville par strates,<br />
entend privilégier la section ou la coupe, non pas comme représentation à posteriori <strong>de</strong><br />
l’espace, mais comme instrument <strong>de</strong> sa conception. L’importance <strong>de</strong> la coupe rési<strong>de</strong> non<br />
seulement dans l’expression <strong>de</strong>s différentes strates spatiales et fonctionnelles qui cohabitent<br />
en se superposant, elle permet surtout <strong>de</strong> comprendre le passage constant entre le <strong>de</strong>dans et le<br />
<strong>de</strong>hors où se fabrique l’espace <strong>de</strong> la ville. Il s'agit, par cette « vision en coupe » <strong>de</strong> mettre en<br />
évi<strong>de</strong>nce la capacité <strong>de</strong> certains dispositifs spatiaux à conjuguer, entrelacer, superposer une<br />
pluralité <strong>de</strong> qualités <strong>de</strong> la vie urbaine. Les chercheurs atten<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> représentations<br />
qu'il permette <strong>de</strong> se saisir <strong>de</strong> cette complexité. Pour observer les usages à long terme et<br />
récolter la parole <strong>de</strong>s habitants, les enquêtes <strong>de</strong> terrain peuvent également elles aussi reposer<br />
sur une approche visuelle (photo et vidéo), engagée par exemple dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong><br />
« Grands ensembles, urbanité et politiques <strong>de</strong> la ville dans le Rhin supérieur ». Réaliser <strong>de</strong>s<br />
entretiens suppose également un certain investissement sur le terrain. Les auteurs ont parfois<br />
rencontré une certaine méfiance voir hostilité, avec <strong>de</strong>s œufs jetés par les fenêtres dans le<br />
quartier d’Hautepierre. Les entretiens avec les acteurs professionnels étaient au contraire d'un<br />
ordre tout à fait différent. Les représentants importants <strong>de</strong> la maîtrise d'ouvrage et <strong>de</strong> la<br />
maîtrise d'œuvre impliqués dans la conception <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux quartiers, âgés <strong>de</strong> 75 à 90 ans au<br />
moment <strong>de</strong>s entretiens, avaient pour leur part une parole souvent structurée, ressemblant<br />
parfois à un discours préparé il y a longtemps et maintenu <strong>de</strong>puis. Peu <strong>de</strong> réflexions<br />
problématisaient dans ces entretiens l'action et le rôle <strong>de</strong> l'interlocuteur, ceux-ci<br />
transparaissant plutôt entre les phrases et dans les oublis.<br />
Cette première étape est suivie d’une recherche <strong>de</strong>s outils permettant <strong>de</strong> répondre à la<br />
difficulté contemporaine à figurer l’urbain, con<strong>du</strong>isant ainsi les auteurs <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Jeux<br />
d’échelle dans l’urbanisme » à établir un parallèle entre la dimension exploratoire <strong>de</strong> l’atelier<br />
et le marché <strong>de</strong> définition. L’atelier <strong>de</strong> projet peut être en effet un lieu <strong>de</strong> recherche, au-<strong>de</strong>là<br />
<strong>de</strong> sa finalité pédagogique première. Dans cette même étu<strong>de</strong>, sur le plan méthodologique,<br />
l’usage <strong>de</strong> la cartographie a représenté le principal outil mobilisé. Au contraire, <strong>de</strong><br />
xvi
nombreuses autres étu<strong>de</strong>s se sont appuyées sur <strong>de</strong> nombreux séminaires, workshop et<br />
colloques, comme dans le cadre <strong>de</strong> la recherche « Vers une architecture <strong>de</strong>s milieux. ».<br />
D’autres métho<strong>de</strong>s sont également employées. Par exemple, pour saisir l’ambiance<br />
sociale <strong>de</strong>s lieux, et faire <strong>du</strong> terrain dans une zone réputée chau<strong>de</strong> ou sensible, tout en évitant<br />
le rejet et en gagnant la confiance d’une population stigmatisée par les médias et « utilisée »<br />
par les chercheurs notamment dans la pro<strong>du</strong>ction d’une « sociologie <strong>de</strong> la galère », les auteurs<br />
<strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Grands ensembles, urbanité et politiques <strong>de</strong> la ville dans le Rhin supérieur » ont<br />
choisi <strong>de</strong> créer <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s basées sur <strong>de</strong>s relations <strong>de</strong> long terme, <strong>de</strong>s relations <strong>de</strong><br />
confiance, mais aussi <strong>de</strong> mettre en place <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s innovantes, entre les sciences sociales<br />
et la démarche artistique. Cela les a con<strong>du</strong>it à concevoir et mettre en forme <strong>de</strong>s « parcours <strong>de</strong><br />
vie graphiques » : <strong>de</strong>s parcours d’habitants issus d’entretiens semi-directifs et conçus par <strong>de</strong>s<br />
anthropologues trouvent une forme graphique pour montrer <strong>de</strong> manière visuelle et immédiate<br />
la mobilité et la transnationalité <strong>de</strong>s habitants. Cette mobilité con<strong>du</strong>it à concevoir Hautepierre<br />
non pas comme une enclave mais comme un territoire ouvert à <strong>de</strong>s mutations constantes, en<br />
communication et en réseau avec d’autres territoires, français et étrangers.<br />
Les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s cartes mentales, complétées par <strong>de</strong>s entretiens portant sur les<br />
perceptions et les pratiques, et <strong>de</strong>s parcours commentés, ont pour leur part été utilisées par les<br />
auteurs <strong>de</strong> « La métropole en projet » dont la recherche se présente comme une composition<br />
articulée <strong>de</strong> récits <strong>de</strong> différentes natures et statuts qui essaye <strong>de</strong> rendre compte <strong>de</strong> la<br />
complexité et <strong>de</strong> l’hétérogénéité <strong>de</strong> l’espace métropolitain parisien.<br />
La métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s scénarios a également été mobilisée, notamment dans le cadre <strong>de</strong><br />
l’étu<strong>de</strong> « Inventer les futurs <strong>de</strong> la métropole lilloise : échelles, modèles et scénario ». La<br />
recherche a en effet cherché à explorer par le projet différents scénarios <strong>de</strong> construction <strong>de</strong> la<br />
métropole lilloise dans le contexte <strong>de</strong> son intégration au territoire transfrontalier -dont<br />
l’échelle n’est pour l’instant définie qu’en termes <strong>de</strong> périmètres institutionnels et l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s projets uniquement en termes <strong>de</strong> programmes- afin <strong>de</strong> faire émerger un modèle<br />
métropolitain innovant à une échelle pertinente. La métho<strong>de</strong> <strong>du</strong> scénario a ainsi été pensée<br />
comme une métho<strong>de</strong> d’approche adaptée aux caractéristiques <strong>de</strong> la ville contemporaine telles<br />
que l’instabilité, l’hétérogénéité et la complexité.<br />
Ces différentes méthodologies ont pour certaines débouché sur <strong>de</strong>s ren<strong>du</strong>s<br />
opérationnels. Ainsi, dans une optique opératoire, en vue <strong>de</strong> diffuser les enseignements <strong>de</strong> la<br />
recherche « La ville dans ses jardins, l’urbain en bord <strong>de</strong> route », une « carte <strong>de</strong>s<br />
potentialités » <strong>du</strong> territoire grenoblois et un gui<strong>de</strong> méthodologique (qui dépasse la situation<br />
locale) synthétisent, par situations urbaines « types », les leviers, mo<strong>de</strong>s d'action et stratégies<br />
à l'origine <strong>de</strong>s jardins partagés grenoblois et <strong>de</strong>s transformations territoriales qu'ils génèrent. Il<br />
était prévu que ce gui<strong>de</strong> soit remis aux déci<strong>de</strong>urs et gestionnaires <strong>de</strong>s jardins partagés et à <strong>de</strong>s<br />
acteurs clefs en matière d'urbanisme et d'écologie <strong>de</strong> l'agglomération grenobloise. Ces « cartes<br />
<strong>de</strong> potentialités » proposent <strong>de</strong> mettre en exergue certains paradoxes et appuis sensibles<br />
émergeant <strong>de</strong> ces situations <strong>de</strong> chocs où infrastructures, natures et usages cohabitent, mais<br />
aussi d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> composition territoriale tenant compte <strong>de</strong> ces paradoxes et<br />
<strong>de</strong>s situations <strong>de</strong> marges auxquelles appartiennent les jardins familiaux. Dans la même veine,<br />
dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Inventer les futurs <strong>de</strong> la métropole lilloise : échelles, modèles et<br />
scénario », un atelier <strong>de</strong> projet et un séminaire <strong>de</strong> recherches croisé chercheur/acteur et<br />
pluridisciplinaire ont fourni les matériaux nécessaires à la réalisation d’un « atlas <strong>de</strong>s<br />
scénarios <strong>de</strong> projets pour la métropole transfrontalière » qui reste à pro<strong>du</strong>ire. Cette recherche<br />
d’un ren<strong>du</strong> opérationnel se retrouve également dans l’étu<strong>de</strong> « Règle d’urbanisme et diversité<br />
xvii
typologique <strong>de</strong> l’habitat » dont le but était d’esquisser un « gui<strong>de</strong> » permettant à <strong>de</strong>s<br />
collectivités d’associer <strong>de</strong>s règles–type à <strong>de</strong>s types d’habitat, en établissant notamment une<br />
classification rigoureuse <strong>de</strong>s types, susceptible d’avoir une application réglementaire, mais<br />
aussi en illustrant ces types par <strong>de</strong>s exemples <strong>de</strong> réalisations <strong>de</strong> qualité, accompagné enfin<br />
d’une corrélation avec les types <strong>de</strong> règle qui les autorisent, les interdisent, ou les ren<strong>de</strong>nt<br />
obligatoires.<br />
Certaines étu<strong>de</strong>s sont également réalisées en appui <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> l’information et<br />
<strong>de</strong> la communication. Ainsi par exemple, l’étu<strong>de</strong> « Trames agricoles, trames urbaines » est<br />
accompagnée d’un film d’animation <strong>de</strong> 64 minutes. Le dispositif méthodologique lié à la<br />
vidéo a été choisi aussi par les auteurs <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Grands ensembles, urbanité et politiques<br />
<strong>de</strong> la ville dans le Rhin supérieur » pour rendre compte <strong>de</strong> l'ambiance sociale <strong>de</strong>s lieux. Si<br />
l'ensemble <strong>de</strong> l'équipe a été familier avec le « terrain » <strong>de</strong> Hautepierre, les déplacements à<br />
Emmertsgrund étaient plus rares et surtout moins spontanés, et à cela s'ajoutait encore la<br />
barrière <strong>de</strong> la langue. Les auteurs ont donc d’autant plus éprouvé le besoin <strong>de</strong> « dériver », <strong>de</strong><br />
passer par d'autres sensibilités à l'espace, d'autres capteurs d'urbanité, et notamment par la<br />
photographie et la vidéo. Les <strong>de</strong>ux films qui accompagnent l’étu<strong>de</strong> (2 DVD vidéo) en ren<strong>de</strong>nt<br />
compte, y compris dans leurs différences : sur Hautepierre, un montage <strong>de</strong> diverses dérives<br />
urbaines, d'interviews, <strong>de</strong> conversations et <strong>de</strong> réunions publiques, sur Emmertsgrund, une<br />
visite guidée et <strong>de</strong>s plans d'ambiances. Outil interactif, un troisième DVD intitulé « L'urbanité<br />
en ambiances » est pensé comme une base <strong>de</strong> données regroupant <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> photos <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>ux quartiers qui permet à l'utilisateur <strong>du</strong> DVD <strong>de</strong> composer un parcours virtuel ou un<br />
diaporama thématique à Hautepierre, à Emmertsgrund ou d'une manière parallèle.<br />
Par ailleurs, d’autres étu<strong>de</strong>s, comme « Aéroports_Airspaces », ont fait le choix <strong>de</strong><br />
recourir à un blog rassemblant et publiant le matériel <strong>de</strong>s différentes investigations. Les <strong>de</strong>ux<br />
workshops, réalisés l’un dans l’aéroport <strong>de</strong> Munich en mai 2009 et l’autre dans l’aéroport <strong>de</strong><br />
Toulouse en juin 2009, et dirigés par <strong>de</strong>s artistes, font partie, avec <strong>de</strong>s interventions<br />
(séminaires et conférences), <strong>de</strong> cette matière, qui a choisi d’être ainsi conservée. De même,<br />
l’étu<strong>de</strong> « Habiter les berges. Réflexion sur les outils <strong>du</strong> projet à gran<strong>de</strong> échelle », pensée sous<br />
la forme finalisée d’un précis d’enseignement <strong>du</strong> projet à gran<strong>de</strong> échelle, prévoyait <strong>de</strong> mettre<br />
le manuel en accès <strong>de</strong>puis le site <strong>de</strong> l’IUG.<br />
Certaines étu<strong>de</strong>s ont effectué <strong>de</strong>s choix méthodologiques tout à fait différents, comme<br />
par exemple l’étu<strong>de</strong> « Échelles <strong>de</strong>s dynamiques » qui a placé au cœur <strong>de</strong> la recherche le<br />
voyage comme outil scientifique. Pour les auteurs, si les technologies <strong>de</strong> la communication<br />
ignorent les frontières, le voyage renouvelé par l’information généralisée s’impose. En tant<br />
que système critique d’observation et <strong>de</strong> vérification, il est pour eux un outil scientifique à<br />
part entière, <strong>de</strong>vant observer une logique <strong>de</strong> ponctuation, une organisation <strong>de</strong>s rencontres, un<br />
réseau <strong>de</strong> partenaires et un relevé d’indices <strong>de</strong>s mutations en cours. En comparant <strong>de</strong>s<br />
contextes urbains différents, le voyage comme support méthodologique offre à leurs yeux une<br />
pertinence que l’information seule ne peut recouvrir, l’imprévisible étant pensé comme un<br />
moment décisif <strong>du</strong> travail <strong>de</strong> laboratoire.<br />
Enfin, cette analyse <strong>de</strong>s approches méthodologiques <strong>de</strong> l’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong><br />
échelle ne peut se dispenser d’évoquer un <strong>de</strong>s atten<strong>du</strong>s d’origine <strong>du</strong> programme <strong>de</strong> recherche,<br />
à savoir la promotion d’une démarche pédagogique qui par le chantier <strong>de</strong> l’expérimentation<br />
projectuelle, se transforme en une posture <strong>de</strong> recherche scientifique. Les principes<br />
méthodologiques retenus <strong>de</strong>vaient ainsi intégrer le dispositif complet d’un enseignement <strong>du</strong><br />
projet territorial afin que celui-ci soit interrogé et irrigué en retour. L’expérimentation<br />
xviii
projectuelle <strong>de</strong>vait permettre d’impliquer les chercheurs, les enseignants, les étudiants et les<br />
praticiens dans une dynamique collective fondée sur les pratiques <strong>du</strong> projet, à l’instar <strong>de</strong><br />
l’étu<strong>de</strong> « La métropole en projet. Le <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> la Plaine Saint-Denis dans le Grand Paris<br />
d’aujourd’hui » dont la recherche a développé ses approches en articulation avec la<br />
problématique pédagogique. Le travail fourni par les étudiants a souvent consisté en ateliers<br />
collectifs, complétés par <strong>de</strong>s analyses indivi<strong>du</strong>elles. La pro<strong>du</strong>ction étudiante a été variable<br />
selon les étu<strong>de</strong>s, allant <strong>de</strong> la familiarisation avec l’analyse morphologique et typologique, les<br />
étu<strong>de</strong>s paysagères, les mesures environnementales, l’analyse <strong>de</strong> données démographiques et<br />
économiques, les entretiens ou les parcours commentés dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Habiter les<br />
berges. Réflexion sur les outils <strong>du</strong> projet à gran<strong>de</strong> échelle » à la co-pro<strong>du</strong>ction collective à<br />
toutes les étapes <strong>de</strong> la recherche, comme pour l’étu<strong>de</strong> « Inventer les futurs <strong>de</strong> la métropole<br />
lilloise » où il a été proposé aux étudiants la construction d’une matrice, puis l’écriture <strong>de</strong><br />
scénarios vus comme <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> privilégier telle ou telle couche <strong>de</strong> la matrice, sans en<br />
gommer aucune. Dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Maisons indivi<strong>du</strong>elles et éparpillement urbain :<br />
vers un « French sprawl » ? », les étudiants ont réalisé <strong>de</strong>s analyses <strong>de</strong> l’existant débouchant<br />
sur <strong>de</strong>s scénarios d’évolution et une stratégie d’intervention, avec dans un cadre collectif<br />
l’écriture d’articles critiques sur le thème <strong>de</strong> l’extension <strong>de</strong>s bourgs. Certains étudiants ont<br />
également été amenés à restituer leurs réflexions à travers un travail créatif comme <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>ssins, <strong>de</strong>s images photographiées ou filmées, auxquelles ils ont apporté un complément<br />
explicatif dans l’étu<strong>de</strong> « Grands ensembles, urbanité et politiques <strong>de</strong> la ville dans le Rhin<br />
supérieur ». Le but était d’initier les étudiants à une posture d’enquête personnelle, à la<br />
résolution <strong>de</strong>s interrogations qui jaillissent <strong>de</strong> la fréquentation d’un lieu. Ces divers travaux<br />
d’étudiants ont souvent fait l’objet <strong>de</strong> projets d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cinquième année, comme pour<br />
« Projets pour habiter les territoires. Expérimenter et évaluer » et « Ingénierie <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong><br />
territoire et con<strong>du</strong>ite d’opérations d’habitat dans une région urbaine à forte valeur<br />
patrimoniale, le Val <strong>de</strong> Loire » qui propose dans le corps <strong>de</strong> son rapport une synthèse <strong>de</strong> la<br />
pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> fins d'étu<strong>de</strong>s.<br />
Ces pro<strong>du</strong>ctions étudiantes collectives ont pu faire l’objet <strong>de</strong> séances <strong>de</strong> correction<br />
croisées entre ateliers, l’objectif étant que les difficultés et résultats <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s groupes se<br />
confrontent dans l’étu<strong>de</strong> « Un grand territoire à <strong>de</strong>nsifier. Opportunités et enjeux <strong>de</strong> la ville<br />
nouvelle <strong>de</strong> Marne-la-Vallée dans la métropole parisienne ». La position <strong>de</strong>s chercheurs était<br />
alors celle d’une observation participante régulière. La pro<strong>du</strong>ction étudiante a pu également<br />
servir <strong>de</strong> relais pour expliciter les principes et paramètres retenus par chaque équipe<br />
d’enseignants-chercheurs, comme dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Vers une architecture <strong>de</strong>s<br />
milieux ». L’objectif visé consistait à mettre en synergie un dispositif expert avec un travail<br />
<strong>de</strong> recherche et <strong>de</strong> pédagogie. Le rôle <strong>de</strong>s chercheurs était souvent double : dans l’étu<strong>de</strong><br />
« Inventer les futurs <strong>de</strong> la métropole lilloise : échelles, modèles et scénario », ils<br />
accompagnaient la démarche au niveau <strong>de</strong>s séminaires et ils interprétaient les dispositifs.<br />
6. Les chercheurs <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle<br />
Les chercheurs <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle retenus dans le cadre <strong>du</strong> programme <strong>de</strong> recherches<br />
« L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle », dont la liste complète est disponible en annexe, sont<br />
surtout représentatifs <strong>de</strong>s différentes écoles d’architecture dont pas moins <strong>de</strong> seize ont<br />
participé à une ou plusieurs étu<strong>de</strong>s. Les autres organismes retenus sont <strong>de</strong>s instituts<br />
d’urbanisme, comme celui <strong>de</strong> Grenoble ou celui <strong>de</strong> l’université catholique <strong>de</strong> Louvain, ou <strong>de</strong>s<br />
universités et parmi elles, celles <strong>de</strong> Tours, Rennes II et Rome La Sapienza. Parmi les 32<br />
étu<strong>de</strong>s, trois d’entre elles ont été portées par <strong>de</strong>s équipes rattachées à l’étranger. Enfin, l’unela<br />
xix
seule étu<strong>de</strong> portée par un autre type d’organisme <strong>de</strong> rattachement, fait partie <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux seules<br />
qui n’ont pas été menées à leur terme.<br />
De nombreux partenariats ont été formés pour répondre au programme <strong>de</strong> recherches<br />
<strong>de</strong> « L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle », que ce soit avec <strong>de</strong>s universités étrangères ou bien<br />
avec <strong>de</strong>s organismes, comme par exemple certaines collectivités, agences d’urbanisme ou les<br />
CAUE dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Maisons indivi<strong>du</strong>elles et éparpillement urbain : vers un<br />
« French sprawl » ? ». Ainsi, le Geographische Institut <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Bonn a été sollicité<br />
comme partenaire <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Cologne-Grenoble. Processus <strong>de</strong> constitution <strong>de</strong>s figures<br />
urbaines dans les espaces <strong>de</strong> la mobilité quotidienne », et l'Université Tongji <strong>de</strong> Shanghai<br />
pour l’étu<strong>de</strong> « Architectures comparées France-Chine. Paradoxes : une démarche <strong>de</strong> projet<br />
pour une ville <strong>du</strong>rable. Vers une opération pilote à Shanghai ».<br />
Enfin, les différentes démarches ont souvent intégré, comme dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong><br />
« Grands ensembles, urbanité et politiques <strong>de</strong> la ville dans le Rhin supérieur », <strong>de</strong>s chercheurs<br />
provenant <strong>de</strong> diverses disciplines, <strong>de</strong>s techniciens, <strong>de</strong>s élus, <strong>de</strong>s associations et <strong>de</strong>s experts.<br />
Cette liste <strong>de</strong> remarques issue <strong>de</strong> la lecture transversale n’est pas close. D’autres<br />
pourront y être ajoutées à l’issue <strong>de</strong> la confrontation avec la lecture thématique.<br />
xx
2. LECTURE THEMATIQUE.<br />
Plusieurs thématiques apparaissent transversales à la lecture <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>du</strong> programme<br />
<strong>de</strong> recherches « L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle ». Lors <strong>de</strong> la consultation, les projets <strong>de</strong><br />
recherche atten<strong>du</strong>s <strong>de</strong>vaient être impliqués dans les questions <strong>du</strong> logement, <strong>du</strong> collectif à<br />
l’indivi<strong>du</strong>el, posées à l’échelle territoriale <strong>de</strong> l’aménagement <strong>de</strong> l’espace. Logiquement, un<br />
<strong>de</strong>s thèmes majeurs <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>ites dans le cadre <strong>du</strong> programme <strong>de</strong> recherches est donc<br />
en lien avec l’habitat, qui se décline en plusieurs modalités. Différentes figures ou métaphores<br />
territoriales ont été mobilisées par les étu<strong>de</strong>s qui ont interrogé par ailleurs les logiques<br />
institutionnelles au prisme <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle. La mobilité, notamment en lien avec les<br />
gran<strong>de</strong>s infrastructures <strong>de</strong> transport, est un autre thème fort abordé par <strong>de</strong> nombreuses étu<strong>de</strong>s.<br />
Le rôle <strong>de</strong> la nature en ville et <strong>du</strong> paysage a également été mobilisé.<br />
1. La problématique <strong>de</strong> l’habitat au prisme <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle<br />
Les étu<strong>de</strong>s consacrées au logement collectif <strong>de</strong>vaient appréhen<strong>de</strong>r un terrain<br />
d’investigation i<strong>de</strong>ntifié dans les procé<strong>du</strong>res opérationnelles <strong>de</strong> l’Agence nationale <strong>de</strong><br />
rénovation urbaine tandis que les étu<strong>de</strong>s sur l’habitat indivi<strong>du</strong>el <strong>de</strong>vaient définir un terrain<br />
d’investigation i<strong>de</strong>ntifié dans un contexte <strong>de</strong> croissance urbaine liée au développement <strong>de</strong>s<br />
maisons indivi<strong>du</strong>elles. Entre les <strong>de</strong>ux polarités d’habitat collectif et d’habitat indivi<strong>du</strong>el, était<br />
posée la question <strong>de</strong> l’habitat dit intermédiaire, principalement dans la ville en recomposition.<br />
La problématique <strong>de</strong> l’habitat posée dans les étu<strong>de</strong>s abor<strong>de</strong> ces différentes facettes, mais aussi<br />
en lien également avec la prise en compte <strong>du</strong> risque et <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable.<br />
1. Habitat indivi<strong>du</strong>el et architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle<br />
L’habitat indivi<strong>du</strong>el fait tout d’abord l’objet <strong>de</strong> plusieurs étu<strong>de</strong>s et notamment <strong>de</strong><br />
« Maisons indivi<strong>du</strong>elles et éparpillement urbain : vers un « French sprawl » ? ». Cette étu<strong>de</strong><br />
part <strong>du</strong> constat que les communes rurales proches <strong>du</strong> périurbain connaissent un taux <strong>de</strong><br />
croissance plus élevé que les communes urbaines et qu’en dépit <strong>de</strong>s incitations à la<br />
<strong>de</strong>nsification <strong>de</strong>s villes, la population française s'éloigne <strong>de</strong>s villes pour rejoindre une<br />
campagne urbanisée, en habitant dans l'immense majorité <strong>de</strong>s cas une maison indivi<strong>du</strong>elle.<br />
Elle s'appuie sur l'étu<strong>de</strong> monographique <strong>de</strong> quatre villages étudiés : Berneuil en Charente<br />
Maritime, Champcevinel en Dordogne, Saint-Nazaire-le-Désert et Rémuzat dans la Drôme,<br />
dans le contexte <strong>du</strong> retrait <strong>de</strong>s services territoriaux <strong>de</strong> l’Etat et <strong>de</strong> la perte consécutive <strong>de</strong><br />
compétences et d’expertises au service <strong>de</strong>s communes. Le lotissement cependant n’est parfois<br />
plus ce qu’il était, si l’on en croit cette même étu<strong>de</strong>. Si la majeure partie <strong>de</strong>s constructions en<br />
milieu rural se poursuit dans le diffus, les exemples étudiés montrent qu’il existe d’autres<br />
possibilités <strong>de</strong> composer un groupement qui peuvent parfois présenter <strong>de</strong>s ratios <strong>de</strong> rentabilité<br />
supérieurs au système courant, <strong>du</strong> point <strong>de</strong> vue <strong>du</strong> paysage généré, <strong>de</strong> l’économie d’énergies<br />
ou <strong>de</strong> la disposition d’usages <strong>de</strong> ces espaces. Tous les cas <strong>de</strong> groupements remarquables font<br />
l’objet d’un passage par un maître d’œuvre architecte. De là l’étonnement <strong>de</strong>s auteurs que le<br />
législateur ren<strong>de</strong> obligatoire le recours à un architecte pour toute réalisation <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 170<br />
m², mais qu’il n’y ait pas la même exigence <strong>de</strong> compétences pour réaliser les morceaux <strong>de</strong><br />
villages où vivront <strong>de</strong> nombreuses familles. Or si la forme <strong>du</strong> groupement n’est pas un critère<br />
<strong>de</strong> choix pour les habitants, elle a néanmoins une importance pour éviter la banalisation <strong>du</strong><br />
territoire dont le danger semble guetter le mon<strong>de</strong> rural. L’habitat indivi<strong>du</strong>el est également<br />
concerné par l’étu<strong>de</strong> « Ingénierie <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> territoire et con<strong>du</strong>ite d’opérations d’habitat<br />
dans une région urbaine à forte valeur patrimoniale, le Val <strong>de</strong> Loire ». Dans le cadre <strong>de</strong>s<br />
étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas en zone périurbaine <strong>de</strong> Tours, 46 habitants interrogés sur six communes,<br />
xxi
indiquent orienter leur choix rési<strong>de</strong>ntiel tout d’abord en fonction <strong>du</strong> critère lié à la volonté<br />
d’habiter un pavillon indivi<strong>du</strong>el. Le bien recherché par ces habitants est avant tout la maison<br />
indivi<strong>du</strong>elle avec jardin. Les autres facteurs <strong>de</strong> choix sont subordonnés à cette typologie. Les<br />
questions relatives au logement idéal confirment l’aspiration à l’indivi<strong>du</strong>el, mais avec plus <strong>de</strong><br />
caractère, plus d’espace et avec <strong>de</strong>s extérieurs, garage et jardin. L’analyse croisée <strong>de</strong>s<br />
caractéristiques principales <strong>de</strong>s opérations (morphologie urbaine et programme), <strong>du</strong> montage<br />
technique <strong>de</strong> l’opération, <strong>du</strong> projet urbain communal porté par la municipalité et <strong>du</strong> niveau <strong>de</strong><br />
territorialisation <strong>de</strong>s orientations <strong>du</strong> SCoT aboutit à <strong>de</strong>s chaînages révélateurs d’une<br />
corrélation entre la qualité <strong>de</strong>s opérations, le niveau d’ingénierie <strong>de</strong>s communes et le niveau<br />
<strong>du</strong> projet politique <strong>de</strong> la commune. Ainsi, dans le cas <strong>du</strong> lotissement <strong>de</strong> la basse bergerie à<br />
Villandry, un SCoT faiblement territorialisé, l’absence d’ingénierie urbaine et un projet<br />
politique faible con<strong>du</strong>isent à la mauvaise qualité normative <strong>de</strong> l’opération. En revanche dans<br />
le cas <strong>du</strong> lotissement <strong>de</strong> l’Aumônerie à Saint-Michel-sur-Loire, un SCoT territorialisé couplé<br />
à l’absence d’ingénierie urbaine mais à un projet politique présent débouchent sur une bonne<br />
qualité normative <strong>de</strong>s opérations. Entre les <strong>de</strong>ux, les lotissements <strong>de</strong> l’Audrière et <strong>de</strong> la<br />
Rimonière à Cinq-Mars-la-Pile, malgré un SCoT territorialisé, aboutissent à une mauvaise<br />
qualité normative <strong>de</strong>s opérations en raison <strong>de</strong> l’absence d’ingénierie urbaine et d’un projet<br />
politique faible. Le projet politique et le niveau d’ingénierie apparaissent selon cette étu<strong>de</strong><br />
comme <strong>de</strong>s variables plus déterminantes que le niveau <strong>de</strong> territorialisation <strong>du</strong> SCoT. L’étu<strong>de</strong><br />
« Jeux d’échelle dans l’urbanisme. Un éclairage sur la fabrique ordinaire <strong>de</strong>s territoires<br />
émergents » parle quant à elle d’habitat ordinaire. La recherche se concentre sur une ZAC<br />
<strong>de</strong>nse <strong>de</strong> la région nantaise, en prolongement <strong>du</strong> bourg <strong>de</strong> Saint-Herblain, sur le site La<br />
Pelousière et s’intéresse à la pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> l’habitat ordinaire dans un contexte suburbain.<br />
2. Habitat intermédiaire et architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle<br />
On retrouve ensuite comme <strong>de</strong>uxième type évoqué par les différentes étu<strong>de</strong>s l’habitat<br />
« intermédiaire » auquel s’intéresse l’étu<strong>de</strong> « Un territoire <strong>du</strong>rable et un habitat <strong>de</strong> qualité à<br />
consommation zéro dans les zones à risque sismique ». Cette recherche i<strong>de</strong>ntifie <strong>de</strong> nouvelles<br />
formes expérimentales <strong>de</strong> logement « intermédiaire » entre la dimension indivi<strong>du</strong>elle et la<br />
dimension collective, c’est à dire entre la typologie <strong>de</strong>s grands ensembles et la typologie <strong>de</strong>s<br />
maisons indivi<strong>du</strong>elles, qui soit capable <strong>de</strong> répondre <strong>de</strong> manière innovante à <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong><br />
catastrophes naturelles. Ces nouvelles formes d’habitat « intermédiaire » utilisent <strong>de</strong>s<br />
typologies <strong>de</strong> logements expérimentaux et <strong>du</strong>rables, non seulement d’un point <strong>de</strong> vue<br />
énergétique mais également dans un sens antisismique.<br />
3. Habitat collectif et architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle<br />
Enfin, les étu<strong>de</strong>s « Grands ensembles, urbanité et politiques <strong>de</strong> la ville dans le Rhin<br />
supérieur » et « Mégastructure, grille et ville linéaire : trois figures <strong>de</strong> l’habiter en périphérie »<br />
s’intéressent au troisième type d’habitat, à savoir l’habitat collectif, à travers notamment la<br />
question <strong>du</strong> logement social. La première recherche se consacre à <strong>de</strong>ux quartiers <strong>de</strong>s années<br />
1960-1970, Strasbourg-Hautepierre et Hei<strong>de</strong>lberg-Emmertsgrund, posant <strong>de</strong> manière<br />
comparative et historique, la question <strong>du</strong> logement social en France et en Allemagne, et se<br />
<strong>de</strong>mandant comment elle a été abordée dans la même région transfrontalière, <strong>de</strong> part et d'autre<br />
<strong>du</strong> Rhin. Cette opération <strong>de</strong> regards croisés n'a cependant pas été symétrique par rapport aux<br />
<strong>de</strong>ux quartiers, la majorité <strong>de</strong> l'équipe vivant et travaillant à Strasbourg, un seul chercheur à<br />
Hei<strong>de</strong>lberg. L’étu<strong>de</strong> grenobloise quant à elle fait la part belle à l’habitat collectif avec l’étu<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> cas <strong>du</strong> quartier <strong>de</strong> la Villeneuve, et plus particulièrement l’Arlequin, qui représente l’un<br />
<strong>de</strong>s premiers exemples réalisés en France <strong>de</strong> mégastructure associant dès le début <strong>de</strong> sa<br />
xxii
conception logements et équipements publics. C’est au final un « grand ensemble » assez<br />
classique, même s’il a d’abord été pensé par les usages et résiste aux réhabilitations<br />
classiques, avec en périphérie les silos à voitures, les services dont on ne veut pas comme les<br />
parkings, les ateliers, et <strong>de</strong>s enclaves rési<strong>de</strong>ntielles <strong>de</strong> standing qui cherchent à se singulariser<br />
et à se mettre à l’écart. Le paradoxe relevé par les auteurs tient au fait que cet objet<br />
architectural <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> échelle pro<strong>du</strong>it un objet urbain qui fonctionne à petite échelle. 10 000<br />
habitants y vivent, soit autant que dans une petite préfecture, mais c’est une vie <strong>de</strong> quartier<br />
grenoblois. De leur côté, le centre-ville d’Echirolles et le quartier grenoblois <strong>de</strong> Vigny-<br />
Musset, relèvent <strong>du</strong> modèle <strong>de</strong> la « grille » : le premier est un « maillage opportuniste qui tout<br />
en organisant les tissus urbains, s’adapte à la périphérie existante et future ; le <strong>de</strong>uxième est<br />
une « trame » régulière qui a pour objectif <strong>de</strong> relier les quartiers avoisinants et un maillage<br />
d’îlots. Le sud <strong>de</strong> l’agglomération grenobloise se compose ainsi <strong>de</strong> pièces urbaines disparates,<br />
qui font l’objet <strong>de</strong> multiples étu<strong>de</strong>s urbaines. En effet, en périphérie, la ville est en cours <strong>de</strong><br />
consolidation et se pose la question <strong>de</strong> son renouvellement à travers la problématique <strong>de</strong><br />
l’habitat, notamment collectif. Les collectivités sont amenées à réinvestir <strong>de</strong>s territoires<br />
jusque-là fonctionnellement définis pour en évaluer la capacité <strong>de</strong> transformation.<br />
4. Habitat et développement <strong>du</strong>rable<br />
La thématique <strong>de</strong> l’habitat est souvent évoquée dans une perspective <strong>de</strong><br />
développement <strong>du</strong>rable, comme dans le cas <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Mégastructure, grille et ville linéaire :<br />
trois figures <strong>de</strong> l’habiter en périphérie », où la volonté <strong>de</strong> lutter contre la diffusion urbaine<br />
implique <strong>de</strong> réintro<strong>du</strong>ire <strong>du</strong> logement sinon dans les centres-villes, <strong>du</strong> moins dans les<br />
communes <strong>de</strong> la première couronne <strong>de</strong> périphérie. C’est notamment pour évaluer la possibilité<br />
d’intro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong>s projets d’habitat (collectif, intermédiaire ou indivi<strong>du</strong>el) dans ces communes,<br />
qu’il convient <strong>de</strong> s’interroger pour les auteurs sur la capacité <strong>de</strong>s fragments qui constituent<br />
cette périphérie à se renouveler. Tandis que les quartiers centraux <strong>de</strong> Grenoble enregistrent<br />
soit une stabilisation <strong>de</strong> leur population soit une progression, les quartiers <strong>de</strong> la périphérie sud<br />
connaissent une baisse démographique continue. Au moyen <strong>de</strong> son Plan local d’urbanisme, la<br />
municipalité <strong>de</strong> Grenoble vise un rééquilibrage territorial prenant en compte la situation<br />
actuelle <strong>de</strong> ses différents quartiers. Par ailleurs, les difficultés à promouvoir en France un<br />
habitat <strong>de</strong> qualité, capable à la fois <strong>de</strong> diversifier les types <strong>de</strong> logement pour répondre à une<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> et à <strong>de</strong>s pratiques multiples, et à la fois <strong>de</strong> proposer une exploitation optimisée <strong>de</strong>s<br />
sols urbains, ont <strong>de</strong>s origines complexes. Les auteurs <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Règle d’urbanisme et<br />
diversité typologique <strong>de</strong> l’habitat » sont convaincus que dans les périmètres opérationnels où<br />
une maîtrise foncière est assurée par les collectivités ou leurs aménageurs, les outils existent<br />
pour une pro<strong>du</strong>ction vertueuse d’habitat. Cette étu<strong>de</strong> s’est intéressée à partir d’un site<br />
d’expérimentation situé sur la commune d’Echirolles à la question <strong>du</strong> renouvellement urbain<br />
ordinaire, c’est à dire aux sites où l’intensification urbaine doit pouvoir s’effectuer sur la<br />
trame foncière existante et un parcellaire morcelé et le plus souvent hétérogène. L’étu<strong>de</strong> a<br />
cherché à définir comment la règle « ordinaire » d’urbanisme (c’est-à-dire inscrite dans le<br />
corps <strong>de</strong>s règles <strong>du</strong> PLU) peut être un outil <strong>de</strong> diversification <strong>de</strong>s types d’habitat dans une<br />
logique <strong>de</strong> limitation <strong>de</strong> la consommation <strong>de</strong>s sols à bâtir. La perspective d’un habitat <strong>du</strong>rable<br />
a également été développée par l’étu<strong>de</strong> « Un territoire <strong>du</strong>rable et un habitat <strong>de</strong> qualité à<br />
consommation zéro dans les zones à risque sismique » dont l’objectif final est l’i<strong>de</strong>ntification<br />
d’une structure urbaine minimale en mesure <strong>de</strong> fonctionner également après une calamité<br />
naturelle. L’étu<strong>de</strong> présente les projets d'un nouvel habitat qui sera <strong>du</strong>rable pour trois aspects,<br />
sociologique, énergétique et sismique-territorial. Durabilité sociologique tout d’abord, qui<br />
s’explique par sa taille « intermédiaire » parce que l'échelle urbaine créera <strong>de</strong>s nouvelles<br />
relations sociales entre les personnes, et <strong>de</strong>s nouvelles mixités fonctionnelles. Durabilité<br />
xxiii
énergétique ensuite par l'utilisation <strong>de</strong> sources d'énergie renouvelables qui amènera à <strong>de</strong>s<br />
logements à consommation zéro. Durabilité sismique-territorial enfin par le nouveau modèle<br />
expérimental <strong>de</strong> formes d’habitat mises en place, et capables <strong>de</strong> résister à <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong><br />
risque. Cette <strong>de</strong>rnière approche liée au développement <strong>du</strong>rable nous amène à évoquer les liens<br />
qui se tissent entre habitat et risque.<br />
5. Habitat et risque<br />
Le lien entre habitat et risque est au centre <strong>de</strong> la problématique générale abordée par la<br />
recherche « Un territoire <strong>du</strong>rable et un habitat <strong>de</strong> qualité à consommation zéro dans les zones<br />
à risque sismique » qui prend en considération l’habitat polycentrique et intercommunal pour<br />
les territoires à risque sismique. Cette recherche considère l’hypothèse d’un modèle<br />
d’habitation développant la structure <strong>de</strong> l’habitat préexistant en la transformant en un système<br />
en réseau intégrant et corrélant le réseau <strong>de</strong> l’habitat au sens strict (les centres habités et les<br />
installations mineures), le réseau <strong>de</strong>s services et <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction, le réseau <strong>de</strong>s<br />
infrastructures <strong>de</strong> communications et le réseau environnemental. Le modèle d’habitat proposé,<br />
renforce la structure constructive préexistante et a pour objectif <strong>de</strong> valoriser les centres<br />
mineurs en empêchant leur abandon après un tremblement <strong>de</strong> terre. Il prévoit également <strong>de</strong><br />
renforcer le tissu habité avec <strong>de</strong>s interventions <strong>de</strong> nouvelles constructions sous <strong>de</strong> nouvelles<br />
formes d’habitat conçues selon <strong>de</strong>s règles morphologiques et typologiques compatibles avec<br />
la structure urbaine préexistante et avec le système environnemental. Les liens entre habitat et<br />
risque sont également évoqués par l’étu<strong>de</strong> « Ingénierie <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> territoire et con<strong>du</strong>ite<br />
d’opérations d’habitat dans une région urbaine à forte valeur patrimoniale, le Val <strong>de</strong> Loire ».<br />
La composante risque d’inondation semble en effet déterminante dans la pro<strong>du</strong>ction actuelle<br />
<strong>de</strong>s opérations d’habitat sur les communes directement limitrophes <strong>de</strong> la Loire qui se posent<br />
comme réactives face à une tel risque, et ce <strong>de</strong>puis l’élaboration <strong>de</strong>s PPRI qui ont permis <strong>de</strong><br />
cartographier les aléas. Pour faire face à ce risque, l’urbanisation se réalise sur le coteau dans<br />
le cas <strong>de</strong>s petites communes rurales étudiées avec l’exemple <strong>de</strong>s trois lotissements <strong>de</strong> Cinq-<br />
Mars-la-Pile, Villandry et Saint-Michel-sur-Loire.<br />
2. Les figures territoriales comme mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> lecture <strong>de</strong> l’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle<br />
Les étu<strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>ites dans le cadre <strong>du</strong> programme <strong>de</strong> recherches « L’architecture <strong>de</strong> la<br />
gran<strong>de</strong> échelle » se sont souvent appuyées sur <strong>de</strong>s figures ou métaphores territoriales pour<br />
appréhen<strong>de</strong>r la gran<strong>de</strong> échelle. Pour l’étu<strong>de</strong> « Mégastructure, grille et ville linéaire : trois<br />
figures <strong>de</strong> l’habiter en périphérie », la figure au sens étymologique est une « forme » visible,<br />
une image qui donne à voir ou qui exprime quelque chose par un symbole. La figure est un<br />
mo<strong>de</strong> d’organisation <strong>de</strong> l’espace qui présente une forme lisible et intelligible, mais c’est aussi<br />
un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> représentation <strong>de</strong> l’espace, au sens <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssein et <strong>de</strong>ssin. C’est une forme qui, par<br />
son <strong>de</strong>ssin, véhicule un discours porteur <strong>de</strong> sens. La figure urbanistique est donc un ensemble<br />
cohérent d’éléments <strong>de</strong> forme, et consiste à la fois en une approche méthodologique, un mo<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> lecture <strong>de</strong> la ville, qui ai<strong>de</strong> à se représenter la forme et une définition <strong>de</strong> la ville.<br />
1. La diversité <strong>de</strong>s figures territoriales mobilisées<br />
Plusieurs types <strong>de</strong> figures ont été mobilisés par les différentes recherches. L’étu<strong>de</strong><br />
« Jeux d’échelle dans l’urbanisme. Un éclairage sur la fabrique ordinaire <strong>de</strong>s territoires<br />
émergents » repère dans un premier temps trois types distincts <strong>de</strong> métaphores dans le<br />
répertoire proposé par les étudiants sur la commune <strong>de</strong> Saint-Herblain. Il s’agit tout d’abord<br />
<strong>de</strong> l’île, mobilisée pour structurer l’urbanisation diffuse hétéroclite déjà présente et pour<br />
xxiv
définir <strong>de</strong>s poches bâties inextensibles, puis ensuite <strong>du</strong> mitage inversé, qui propose pour<br />
retrouver la campagne à la ville <strong>de</strong> grignoter progressivement le tissu pavillonnaire avec <strong>de</strong>s<br />
micro-exploitations agricoles, et enfin <strong>du</strong> ruban, qui repose sur la fabrication d’une<br />
urbanisation <strong>de</strong>nse linéaire créant <strong>de</strong>s continuités tangentielles et transversales sans sombrer<br />
dans le modèle répétitif <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux autres propositions. Une quatrième figure est évoquée dans<br />
un second temps, élaborée à partir d’un néologisme, l’Hermelandisation (<strong>du</strong> nom <strong>du</strong> cours<br />
Hermeland, élément incontournable <strong>du</strong> site étudié et susceptible <strong>de</strong> donner une cohérence à<br />
l’ensemble <strong>du</strong> territoire), et fondée sur la problématique <strong>de</strong> « l’intensification <strong>du</strong> vi<strong>de</strong> », c’està-dire<br />
sur la réflexion visant à garantir une réelle vacuité végétale dans la ville sur le long<br />
terme. Cette figure ne se tra<strong>du</strong>it pas <strong>de</strong> manière homogène sur le territoire, elle se décline en<br />
<strong>de</strong> multiples interventions, allant <strong>de</strong> la percée d’un cheminement à l’installation <strong>de</strong> bassins <strong>de</strong><br />
lagunage, jusqu’à la création d’un gigantesque parking /galerie commerciale au-<strong>de</strong>ssus<br />
d’Atlantis, entièrement recouvert par une prairie artificielle reliant les <strong>de</strong>ux morceaux <strong>du</strong><br />
cours. Ces différents mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> figuration se poursuivent par la convocation <strong>de</strong> la figure <strong>de</strong> la<br />
« forêt urbaine », projet politique porté par la communauté urbaine <strong>de</strong> Nantes Métropole.<br />
C’est le glissement <strong>de</strong> la forêt périurbaine vers la forêt urbaine qui peut être analysé comme la<br />
naissance <strong>de</strong> la figure urbanistique, passant ainsi d’une dénomination renvoyant à un<br />
dispositif réglementaire national à une initiative particulière et novatrice. A son tour, l’étu<strong>de</strong><br />
« Mégastructure, grille et ville linéaire : trois figures <strong>de</strong> l’habiter en périphérie » se construit<br />
autour <strong>de</strong> trois figures territoriales, à savoir la mégastructure, la grille et la ville linéaire qui<br />
sont analysées <strong>de</strong> manière monographique avant d’être confrontées aux projets en cours. Par<br />
exemple, la mobilisation <strong>de</strong> la ville linéaire permet aux auteurs <strong>de</strong> questionner le rôle <strong>de</strong>s<br />
infrastructures routières dans la planification territoriale mo<strong>de</strong>rne. Le rôle <strong>de</strong>s axes <strong>de</strong><br />
mobilité se transforme, ils acquièrent <strong>de</strong>s qualités nouvelles. Ils <strong>de</strong>viennent éléments <strong>de</strong><br />
distribution et ils s’offrent comme agrégateurs <strong>de</strong>s espaces périphériques diffus et ségrégués.<br />
Ils acquièrent donc une capacité à participer à la structuration d’un territoire. En revanche,<br />
dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> l’espace public comme recherche <strong>de</strong> lien entre ville et<br />
habitat : l’exemple <strong>de</strong> l’agglomération franco-valdo-genevoise », il semble exister dans le<br />
corpus un relatif équilibre dans l’utilisation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux figures <strong>du</strong> réseau et <strong>de</strong> la surface comme<br />
bases <strong>de</strong> l’écriture <strong>du</strong> projet. Mais si certaines équipes <strong>de</strong>s projets analysés privilégient<br />
clairement l’une ou l’autre, d’autres les conjuguent suivant les échelles. Ces combinaisons<br />
font naître une troisième figure qui est celle <strong>de</strong> l’archipel ou plutôt <strong>de</strong> la grappe <strong>de</strong> raisins.<br />
D’une façon générale, pour les auteurs, si on peut dé<strong>du</strong>ire différentes typologies d’espaces<br />
publics à l’échelle <strong>de</strong> l’habitat à partir <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins, ils sont à peu près absents <strong>de</strong>s discours qui<br />
insistent beaucoup plus sur les typologies et programmes <strong>de</strong>s grands espaces métropolitains.<br />
2. La question <strong>de</strong> la figuration dans le projet<br />
La figure territoriale est ainsi souvent pensée comme un agent essentiel <strong>du</strong> projet. Elle<br />
participe à la construction <strong>de</strong>s savoirs mais c’est aussi un moyen <strong>de</strong> projeter. Dans le cadre <strong>de</strong><br />
l’étu<strong>de</strong> « Jeux d’échelle dans l’urbanisme. Un éclairage sur la fabrique ordinaire <strong>de</strong>s<br />
territoires émergents », les projets ne sont pas pensés comme <strong>de</strong>s morceaux d’un titanesque<br />
plan d’ensemble, mais plutôt comme <strong>de</strong>s illustrations d’une manière d’agir sur le grand<br />
territoire, qui peut se décliner à toutes les échelles sous <strong>de</strong>s formes libres. Les figures<br />
possè<strong>de</strong>nt une capacité d’attracteur mais jouent également un rôle <strong>de</strong> révélateur <strong>de</strong> logiques<br />
multiscalaires. L’étu<strong>de</strong> montre comment chaque commune tente <strong>de</strong> construire une i<strong>de</strong>ntité<br />
propre, « tout contre » la métropole, jouant sur un paradoxe singulier : à la fois distante et<br />
différente, les projets s’inscrivant dans une sorte <strong>de</strong> reprise en main et <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong><br />
l’urbanisation tout en restant très dépendante. Le cours et la forêt témoignent <strong>de</strong> cette<br />
influence urbaine <strong>de</strong> Saint-Herblain qui souhaite se doter d’une capacité à jouer son rôle<br />
xxv
propre tout en ne cessant <strong>de</strong> déporter sur son territoire <strong>de</strong>s figures urbanistiques<br />
hyperurbaines. Néanmoins, selon son origine géographique, son inscription dans un contexte<br />
culturel, ses pratiques <strong>de</strong> l’espace et son vécu personnel, chacun se fera une représentation<br />
très variable d’une même figure. La figure se rapproche ainsi <strong>de</strong> ce que l’on pourrait nommer<br />
un paradigme dans le sens où elle établit une sorte <strong>de</strong> consensus plus ou moins inconscient<br />
autour d’une certaine appréhension d’un objet, en dépassant les mésententes par son caractère<br />
d’évi<strong>de</strong>nce. Ce qui différencie en outre un projet mobilisant une figure d’un projet plus<br />
traditionnel c’est que ce qui va être mis en débat n’est pas une représentation entièrement<br />
définie <strong>de</strong> l’état futur sur laquelle on serait simplement invité à donner son avis. Un tel projet<br />
ne pose au départ qu’une idée qui désigne simultanément via la figure un territoire et le<br />
potentiel qu’on lui prête. On arrive ainsi à une définition dynamique et concertée <strong>du</strong> projet,<br />
ren<strong>du</strong>e possible par le paradoxe inhérent à la figure, qui ouvre un espace public <strong>de</strong><br />
négociation. Enfin, l’espace <strong>de</strong> dialogue ouvert par la figure permet la construction <strong>de</strong><br />
partenariats avec <strong>de</strong>s acteurs dont les périmètres d’action se superposent en partie<br />
spatialement et thématiquement à celui <strong>de</strong> la forêt urbaine dans le cas étudié par « Jeux<br />
d’échelle dans l’urbanisme. Un éclairage sur la fabrique ordinaire <strong>de</strong>s territoires émergents ».<br />
La question <strong>de</strong> la figuration dans le projet apparaît ainsi centrale dans les étu<strong>de</strong>s <strong>du</strong><br />
programme <strong>de</strong> recherches.<br />
3. La lecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle par les figures<br />
La figure est évaluée selon sa capacité à organiser le territoire, à se multiplier, et ce<br />
notamment dans l’étu<strong>de</strong> « Mégastructure, grille et ville linéaire : trois figures <strong>de</strong> l’habiter en<br />
périphérie ». L’objectif <strong>de</strong> cette recherche est d’évaluer <strong>de</strong> quelle manière <strong>de</strong>s concepteurs se<br />
sont appuyés sur les figures urbanistiques que sont la mégastructure, la grille et la ville<br />
linéaire dans leur proposition d’organisation <strong>de</strong> la ville sud <strong>de</strong> Grenoble. Les trois figures<br />
n’ont pas le même statut. Le maillage et la mégastructure peuvent être considérés comme <strong>de</strong>s<br />
figures posées a priori, alors que celle <strong>de</strong> la ville linéaire se constitue progressivement. La<br />
recherche s’interroge sur leur capacité à redonner <strong>de</strong> la cohérence aux territoires <strong>du</strong> sud <strong>de</strong><br />
l’agglomération grenobloise et cherche à évaluer les limites et la capacité <strong>de</strong>s figures urbaines<br />
existantes à muter et à être sollicitées par les projets en cours. Néanmoins, la plupart <strong>de</strong> ces<br />
projets ont pour le moment échoué dans leur volonté <strong>de</strong> structurer l’ensemble <strong>de</strong> la ville sud<br />
sur la base <strong>de</strong>s principes <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s figures <strong>de</strong> référence. Si dans le cas <strong>de</strong> la Villeneuve,<br />
<strong>du</strong> centre-ville d’Echirolles et <strong>du</strong> quartier <strong>de</strong> Vigny-Musset, les figures <strong>de</strong> la mégastructure et<br />
<strong>de</strong> la grille ont été explicitement mobilisées par les acteurs (plus par les urbanistes et les<br />
professionnels que par les déci<strong>de</strong>urs politiques) qui ont la responsabilité <strong>de</strong>s projets, le lien<br />
qui peut être établi entre les tissus urbains situés <strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong> la roca<strong>de</strong> et la ville<br />
linéaire sont plus ténus.<br />
4. Vers un dictionnaire critique <strong>de</strong>s figures<br />
L’étu<strong>de</strong> « Jeux d’échelle dans l’urbanisme. Un éclairage sur la fabrique ordinaire <strong>de</strong>s<br />
territoires émergents » propose l’élaboration d’un dictionnaire <strong>de</strong>s figures. Ce projet <strong>de</strong><br />
dictionnaire critique <strong>de</strong>s figures oeuvrant à gran<strong>de</strong> échelle est ébauché dans l’étu<strong>de</strong> qui<br />
propose un premier classement <strong>de</strong>s figures suivant <strong>de</strong>s registres d’existence ou <strong>de</strong><br />
manifestation, avec un grand partage entre le naturel et l’urbain. Ce classement i<strong>de</strong>ntifie un<br />
registre repoussoir ou registre négatif face auquel les figures vertueuses sont mobilisées (il est<br />
ainsi fréquent que le quartier enclavé soit une représentation <strong>de</strong>venant performative au<br />
moment où la solution, le désenclavement, est prônée : on peut considérer qu’énoncer le<br />
désenclavement d’un quartier réalise en quelque sorte son enclavement), mais aussi un<br />
xxvi
egistre promotionnel renvoyant à l’urbanisme <strong>de</strong>s promoteurs (autour <strong>de</strong> la figure <strong>du</strong> clos et<br />
<strong>de</strong> ses variantes), un registre utopique, et donc un registre naturel (coulée verte, forêt urbaine),<br />
et un registre urbain (les figures convoquées sont souvent liées à l’imagerie <strong>de</strong> la ville héritée,<br />
notamment quelques archétypes <strong>de</strong> la ville <strong>du</strong> XIXe siècle (boulevard, mail, trame et<br />
diagonale…). Il serait intéressant <strong>de</strong> confronter cette première ébauche avec les autres étu<strong>de</strong>s<br />
mobilisant <strong>de</strong>s figures territoriales, et notamment avec les résultats <strong>de</strong> « Cologne-Grenoble.<br />
Processus <strong>de</strong> constitution <strong>de</strong>s figures urbaines dans les espaces <strong>de</strong> la mobilité quotidienne ».<br />
3. L’architecture institutionnelle au prisme <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle<br />
Le grand territoire permet d’analyser les logiques et architectures institutionnelles à la<br />
lumière <strong>de</strong>s différents périmètres <strong>de</strong> gestion. Les étu<strong>de</strong>s <strong>du</strong> programme <strong>de</strong> recherches<br />
« L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle » s’intéressent ainsi pour certaines aux outils <strong>de</strong> gestion<br />
<strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle et notamment au plan local d’urbanisme. Interroger l’architecture<br />
institutionnelle à la gran<strong>de</strong> échelle pose également la question <strong>de</strong> la gouvernance à adopter, en<br />
lien par exemple avec la problématique <strong>de</strong> l’étalement urbain. Cela appelle sans aucune<br />
surprise une analyse <strong>de</strong>s tensions qui naissent entre logiques <strong>de</strong> périmètres et espaces vécus et<br />
pratiques. Enfin, cela con<strong>du</strong>it à abor<strong>de</strong>r le thème <strong>de</strong> la mobilité.<br />
1. Les outils <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle<br />
Pour abor<strong>de</strong>r la question <strong>de</strong> l’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle, plusieurs étu<strong>de</strong>s se sont<br />
consacrées aux liens entre règle et urbanisation. Ces aspects réglementaires ont notamment été<br />
abordés par l’étu<strong>de</strong> « Règle d’urbanisme et diversité typologique <strong>de</strong> l’habitat » qui s’est<br />
intéressée à la manière dont la règle « ordinaire » d’urbanisme, c’est-à-dire celle inscrite dans<br />
le corps <strong>de</strong>s règles <strong>du</strong> PLU, peut être un outil <strong>de</strong> diversification <strong>de</strong>s types d’habitat dans une<br />
logique <strong>de</strong> limitation <strong>de</strong> la consommation <strong>de</strong>s sols à bâtir. L’étu<strong>de</strong> cherchait ainsi à contribuer<br />
à explorer les rapports existant entre la règle d’urbanisme et le type. Dans ce vaste champ <strong>de</strong><br />
recherche, ce travail s’est centré sur l’approche technique, soit sur ce qui, dans les<br />
dispositions précises contenues dans ces règles, a un effet direct sur les possibilités<br />
typologiques, et sur la nature <strong>de</strong> cet effet : interdiction explicite, impossibilité objective,<br />
entrave inci<strong>de</strong>nte, incitation, obligation…<br />
De son côté, l’étu<strong>de</strong> « Ingénierie <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> territoire et con<strong>du</strong>ite d’opérations<br />
d’habitat dans une région urbaine à forte valeur patrimoniale, le Val <strong>de</strong> Loire » a montré<br />
comment l'outil réglementaire influence efficacement la construction <strong>de</strong> logements, à<br />
condition qu'il soit associé à un véritable portage politique, ce qui n'est pas toujours le cas en<br />
milieu périurbain. Parmi les principaux résultats obtenus, la recherche a permis <strong>de</strong> mettre en<br />
exergue le rôle charnière <strong>du</strong> plan local d'urbanisme. Ce <strong>de</strong>rnier crée la relation entre intérêt<br />
général défen<strong>du</strong> par les municipalités et la contrainte économique à laquelle sont soumis les<br />
opérateurs. En revanche, dans tous les cas étudiés par la recherche « Maisons indivi<strong>du</strong>elles et<br />
éparpillement urbain : vers un « French sprawl » ? », c’est la défiance voire la méfiance entre<br />
la ville-centre (ou l’EPCI centre) et les <strong>de</strong>uxièmes ou troisièmes couronnes qui freinent les<br />
décisions. Le plus évi<strong>de</strong>nt obstacle à la réalisation <strong>de</strong>s SCoT est donc l’opposition<br />
centre/périphérie. L’outil réglementaire, PLU ou ScoT, apparaît comme un élément<br />
indispensable pour penser l’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle, et notamment sa gouvernance.<br />
2. La gouvernance <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle<br />
xxvii
L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle pose en effet la question <strong>de</strong> la gouvernance à<br />
l’échelle <strong>du</strong> grand territoire, ce qui se tra<strong>du</strong>it par <strong>de</strong>s configurations d’acteurs particulières. La<br />
réflexion à cette échelle dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « La métropole en projet. Le <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> la<br />
Plaine Saint-Denis dans le Grand Paris d’aujourd’hui » suscite cette question institutionnelle<br />
pour la Plaine Saint-Denis en posant la question d’un méga EPCI comme outil <strong>de</strong><br />
gouvernement et <strong>de</strong> gouvernance pour gérer ce grand territoire.<br />
C’est l’élu, et notamment l’élu <strong>de</strong> base, qui apparaît pour les auteurs <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong><br />
« Maisons indivi<strong>du</strong>elles et éparpillement urbain : vers un « French sprawl » ? » comme<br />
l’acteur le plus concerné par la question <strong>de</strong> l’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle, à cause <strong>de</strong><br />
l’absence <strong>de</strong> compétences techniques locales. Le retrait <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> l’Etat est ressenti au<br />
niveau <strong>de</strong>s collectivités <strong>de</strong> second rang comme les communautés <strong>de</strong> communes et les pays<br />
comme une véritable perte. Les CAUE sont alors les seuls acteurs compétents <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> la<br />
capacité technique <strong>de</strong> cette structure à <strong>de</strong>venir une véritable ai<strong>de</strong> à la décision. La perte <strong>de</strong><br />
compétences et d’expertises au service <strong>de</strong>s communes, consécutive au retrait <strong>de</strong>s services<br />
territoriaux <strong>de</strong> l’Etat, entraîne les élus à une soumission forte aux propositions <strong>de</strong>s seuls<br />
techniciens <strong>de</strong> l’urbanisme dont ils disposent librement, les bureaux d’étu<strong>de</strong>s privés ou<br />
parapublics, qui réalisent leur document d’urbanisme. Le maire rural n’a souvent pas les<br />
compétences techniques et administratives pour gérer la complexité contemporaine d’une<br />
commune et il n’a pas non plus <strong>de</strong>s services locaux capables d’y suppléer. Dans les petites<br />
communes, le maire n’a ni cabinet, ni services techniques. Or, dans un contexte institutionnel<br />
marqué par les regroupements intercommunaux, aujourd’hui <strong>de</strong>venus la règle, on peut se<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r comment les établissements publics <strong>de</strong> coopération communale se saisissent <strong>de</strong> la<br />
question <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle.<br />
L’étu<strong>de</strong> « Maisons indivi<strong>du</strong>elles et éparpillement urbain : vers un « French<br />
sprawl » ? » a tenté d’y répondre, en lien avec la question <strong>de</strong> l’étalement urbain. Si les EPCI<br />
commencent à se doter <strong>de</strong> véritables services techniques compétents, la France <strong>de</strong>s troisième<br />
et quatrième couronnes <strong>de</strong>s villes reste encore à l'écart <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s politiques territoriales. Les<br />
CAUE sont presque les seuls organismes à tenter <strong>de</strong> donner forme aux nouveaux<br />
développements <strong>de</strong>s bourgs. L'impact sur le territoire <strong>de</strong> la nouvelle organisation <strong>de</strong>s<br />
communes a peu été évalué, alors même que <strong>du</strong>rant <strong>de</strong>s décennies, la multiplicité <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong><br />
décisions locales en France a été dénoncée comme une cause majeure <strong>de</strong> l'étalement urbain.<br />
L’étu<strong>de</strong> a cherché donc à savoir si les EPCI sont un moyen <strong>de</strong> lutter contre cette dispersion ou<br />
au contraire, s’ils constituent un échelon supplémentaire dans la gestion <strong>du</strong> territoire et a visé<br />
à comprendre le rôle dévolu à la communauté <strong>de</strong> communes ou d’agglomération dans les<br />
politiques <strong>de</strong> développement et d’aménagement. Pour les auteurs, il ne semble cependant pas<br />
possible à court terme que les communautés rurales puissent mettre en place <strong>de</strong>s services<br />
techniques aptes à gérer les problèmes qui se présenteront à elles dans les années à venir,<br />
compte tenu <strong>de</strong> leur capacité budgétaire.<br />
3. Les tensions entre logiques <strong>de</strong> périmètres et espaces pratiqués<br />
Si les logiques d’acteurs posent la question <strong>de</strong> la gouvernance à l’échelle <strong>du</strong> grand<br />
territoire, il n’en reste pas moins que <strong>du</strong> point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la science <strong>de</strong> l’aménagement, les<br />
relations entre l’échelle <strong>du</strong> logement et l’échelle <strong>du</strong> territoire s’envisagent par l’articulation <strong>de</strong><br />
différents documents-cadres, qui possè<strong>de</strong>nt une certaine compatibilité mutuelle. Or, les<br />
logiques <strong>de</strong> périmètres <strong>de</strong>s espaces gérés se confrontent à celles <strong>de</strong>s espaces pratiqués et vécus<br />
par les habitants et usagers, débouchant ainsi sur <strong>de</strong>s tensions et décalages. Ainsi, d’après<br />
l’étu<strong>de</strong> « Ingénierie <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> territoire et con<strong>du</strong>ite d’opérations d’habitat dans une région<br />
xxviii
urbaine à forte valeur patrimoniale, le Val <strong>de</strong> Loire » il existe une certaine tension entre,<br />
d’une part, les opérations concrètes d’urbanisation et d’autre part, les dispositifs plus<br />
généraux qui pensent et prévoient l’aménagement <strong>de</strong> l’espace. La recherche a donc visé à<br />
expliciter les décalages possibles entre les opérations concrètes d’habitat (lotissement, ZAC)<br />
et les dispositifs plus généraux qui pensent et prévoient l’aménagement <strong>de</strong> l’espace (SCoT,<br />
chartes <strong>de</strong> territoires…), et ce, d’autant plus que si l’interrogation est forte dans les espaces <strong>de</strong><br />
croissance urbaine souvent polarisés par la gran<strong>de</strong> ville, elle est aiguë au sein d’un espace tel<br />
que le Val <strong>de</strong> Loire. Au total, cette recherche a mis en évi<strong>de</strong>nce une forme <strong>de</strong> rupture entre<br />
l'habiter concret, quotidien et « localisé » (même s'il peut aller jusqu'à une vie en plusieurs<br />
endroits et/ou une vie « en réseaux »), et l'échelle <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s (plus) grands territoires, au<br />
travers en particulier <strong>de</strong>s documents d'urbanisme. Ceux-ci semblent relever pour les habitants,<br />
d'une autre logique technocratique, politique, abstraite et/ou générée par <strong>de</strong>s instances mal<br />
connues. L’articulation entre projet <strong>de</strong> territoire à gran<strong>de</strong> échelle et projet d’habitat à l’échelle<br />
<strong>de</strong>s opérations se fait pour les auteurs comme nous l’avons vu au niveau d’une charnière, le<br />
PLU.<br />
En revanche, pour l’étu<strong>de</strong> « Rennes / Saint-Malo : « l’effet <strong>de</strong> contexte linéaire » à<br />
gran<strong>de</strong> échelle ? Entre réalité et fiction : une mise à l’épreuve <strong>de</strong>s logiques d’axe » la tension<br />
entre logiques <strong>de</strong> périmètres et espaces pratiqués se situe à un autre niveau, <strong>du</strong> fait même <strong>de</strong> la<br />
configuration spatiale linéaire <strong>du</strong> territoire étudié. Pour les auteurs, les autorités publiques<br />
s'acharnent en quelque sorte à restituer la prolifération <strong>de</strong> réalités sociales traversant le<br />
territoire par <strong>de</strong>s cercles concentriques qui se juxtaposent ou se superposent, tout en semblant<br />
ignorer une grand part <strong>de</strong>s logiques propres à cette configuration spatiale. Ces logiques, celles<br />
<strong>de</strong>s espaces vécus et pratiqués quotidiennement par <strong>de</strong>s habitants et acteurs privés,<br />
s'affranchissent allègrement <strong>de</strong>s périmètres d'agglomération. L’étu<strong>de</strong> se penche ainsi sur la<br />
construction <strong>de</strong> l'impensé institutionnel qui résulte <strong>de</strong>s logiques <strong>de</strong> périmètre. La linéarité et<br />
l’axialité constituent <strong>de</strong>s non-dits dans la conception <strong>de</strong> l’action publique décentralisée, <strong>du</strong><br />
fait <strong>de</strong> la place prépondérante donnée à l’objectif <strong>de</strong> structuration d’un bassin <strong>de</strong> vie par<br />
rapport à l’organisation d’un développement réticulaire. En ce sens, la conception d’une<br />
urbanité linéaire pâtit d’un déficit <strong>de</strong> représentation et peine à être intégrée dans les<br />
documents d’orientation stratégique ou politique. En effet, les documents <strong>de</strong> planification<br />
territoriale <strong>de</strong>s agglomérations étudiées soulignent la rencontre entre l’axe et la surface aréale<br />
qui est traitée par la « porte », le terme « axe » étant sous-utilisé. Pour les communes<br />
périurbaines l’axe peut jouer soit comme cristallisation d’un « pôle », soit simple moyen<br />
d’accès aux centralités urbaines pour <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nts. Les auteurs interprètent l’abondance <strong>de</strong> la<br />
terminologie « porte » comme la volonté <strong>de</strong> marquer une « entrée <strong>de</strong> ville » plus qu’un lieu <strong>de</strong><br />
trafic et <strong>de</strong> passage. Même sous-jacente, la linéarité n’est donc pas une figure investie par les<br />
documents d’orientation <strong>de</strong>s territoires <strong>de</strong> projet que sont les pays mais cette figure apparaît<br />
en revanche à l’occasion <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong>s documents territoriaux que sont les SCoT. Mais<br />
elle reste empreinte <strong>de</strong> la logique d’échelle à laquelle s’exerce le document en question et<br />
repose sur une vision centrée et radio-concentrique <strong>du</strong> développement. L’analyse <strong>de</strong>s tensions<br />
entre logiques <strong>de</strong> périmètres et espaces pratiqués nous invite ainsi à confronter les logiques<br />
institutionnelles aux logiques d’axe.<br />
4. Logiques institutionnelles et logiques d’axes à gran<strong>de</strong> échelle<br />
C’est notamment le cas <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Rennes / Saint-Malo : « l’effet <strong>de</strong> contexte<br />
linéaire » à gran<strong>de</strong> échelle ? Entre réalité et fiction : une mise à l’épreuve <strong>de</strong>s logiques d’axe »<br />
qui cherche à explorer les tensions qui peuvent exister entre d’un côté, <strong>de</strong>s territoires <strong>de</strong><br />
pratiques à la fois sous condition et pro<strong>du</strong>its par <strong>de</strong>s logiques <strong>de</strong> mobilités, et <strong>de</strong> l’autre <strong>de</strong>s<br />
xxix
logiques institutionnelles. L’équipe <strong>de</strong> recherche a souhaité en effet réinvestir la question <strong>de</strong>s<br />
vertus organisatrices <strong>de</strong> l’espace dans le cadre d’une configuration linéaire à travers la logique<br />
d’axe, celui qui s’étend <strong>de</strong> Rennes à St Malo, et comprendre comment celle-ci serait à même<br />
<strong>de</strong> constituer une réalité quotidienne vécue (habitante, commerciale, mais aussi dans certaines<br />
pratiques urbanistiques impliquant <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> morphologies spécifiques) tout en restant<br />
occultée voire refoulée dans les discours institutionnels <strong>de</strong> l’agglomération et <strong>de</strong> la<br />
communauté d’agglomération dont elle percute les logiques aréolaires. Trois axes principaux<br />
<strong>de</strong> recherche architecturale ont été explorés. Il s’agit d’une réflexion sur le concept <strong>de</strong><br />
métropole linéaire, d’une réflexion sur l’urbanisation linéaire en lien avec les liaisons douces<br />
(systèmes <strong>de</strong> covoiturage…) et d’une réflexion sur les lieux symboliques <strong>de</strong> territoires saisis<br />
dans <strong>de</strong>s logiques <strong>de</strong> flux. Les villes <strong>de</strong> Rennes et <strong>de</strong> Saint-Malo sont reliées par une route à<br />
quatre voies, un canal et une voie <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer, mais confrontées à une hétérogénéité<br />
d'acteurs (indivi<strong>du</strong>els, privés) sans stratégie collective, ni aucun périmètre institutionnel<br />
d'aménagement. Rien ne prédisposait donc à penser la présence <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux villes et <strong>de</strong> leurs<br />
relations sous l'angle d'un axe, mais bien plutôt d'une somme complémentaire <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />
agglomérations. A rebours <strong>de</strong> cette approche convenue et largement diffusée autant par les<br />
visions institutionnelles que la plupart <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> recherches antérieurs, cette démarche<br />
scientifique a pourtant résolument défen<strong>du</strong> une autre hypothèse, celle <strong>de</strong> la réalité <strong>de</strong> l'axe qui<br />
doit être prise entièrement en considération, dans ce qu'elle révèle <strong>de</strong> substance territoriale et<br />
<strong>de</strong> processus organisateurs. L’idée d'un « effet d'axe » organisé par d'intenses pratiques<br />
vécues, et également espace <strong>de</strong> forts investissements fonciers, immobiliers et commerciaux a<br />
ainsi été explorée.<br />
Cette logique d’axe a également fait l’objet <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Lyon / Saint-Etienne :<br />
hétérogénéités d’échelles dans le projet <strong>de</strong> territoire » qui soumettait à examen critique le<br />
projet d’aménagement <strong>du</strong> « corridor Lyon / Saint-Étienne » se proposant <strong>de</strong> valoriser les<br />
patrimoines in<strong>du</strong>striels et <strong>de</strong> remettre en valeur les paysages et les autoroutes A7 et A47. Dans<br />
le contexte actuel, l’objectif <strong>de</strong> concevoir un grand projet métropolitain sur le territoire vallée<br />
<strong>de</strong> la chimie / Givors / vallée <strong>du</strong> Gier et d’aménager le corridor Lyon / Saint-Étienne pour<br />
préparer un événementiel culturel et artistique est immédiatement confronté au défi <strong>de</strong><br />
l’intégration <strong>de</strong> sites spécifiques et <strong>de</strong>s villes existantes différentes dans leur fonctionnement<br />
dans l’entité « corridor ». L’étu<strong>de</strong> a donc analysé elle aussi la logique d’axe en lien avec une<br />
infrastructure autoroutière, ce qui nous amène à évoquer désormais la problématique <strong>de</strong> la<br />
mobilité.<br />
4. La problématique <strong>de</strong> la mobilité à la gran<strong>de</strong> échelle<br />
Le programme <strong>de</strong> recherches « L’architecture <strong>de</strong> la mobilité » s’est intéressé à la<br />
problématique <strong>de</strong> la mobilité, qu’il a abordé par les gran<strong>de</strong>s infrastructures <strong>de</strong> transport,<br />
aéroports ou autoroutes, mais aussi par son implication en termes d’aménagement. Une <strong>de</strong>s<br />
orientations proposées con<strong>du</strong>it à évoquer la mise en place <strong>de</strong> corridors écologiques.<br />
1. L’infrastructure comme analyseur <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle<br />
C’est sous le signe <strong>de</strong> la mobilité que les chercheurs <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Échelles <strong>de</strong>s<br />
dynamiques » ont choisi d’abor<strong>de</strong>r l’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle, à travers un voyage<br />
traversant l’Europe <strong>du</strong> Sud sur les traces <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s migrations historiques, <strong>de</strong> Clermont-<br />
Ferrand à Istanbul via Milan, Ljubljana, Belgra<strong>de</strong>, Sofia et Thessalonique, autant <strong>de</strong> villes<br />
dotées <strong>de</strong> symboles architecturaux marqués diversement par les confluences entre l’Orient et<br />
l’Occi<strong>de</strong>nt. Ces parcours historiques sont aujourd’hui relayés par un maillage <strong>du</strong> continent<br />
xxx
européen mis en place par l’Union Européenne et composé <strong>de</strong> corridors <strong>de</strong> très gran<strong>de</strong>s<br />
circulations autoroutières, ferroviaires et fluviales <strong>de</strong>stinés à relier les différents pôles <strong>du</strong><br />
périmètre <strong>de</strong> l’Europe. Ces corridors <strong>de</strong> circulation à l’échelle <strong>de</strong> l’Europe sont parcourus et<br />
analysés pour déterminer comment l’art <strong>de</strong> l’architecte peut prolonger <strong>de</strong> manière<br />
substantielle la culture <strong>de</strong> l’ingénieur.<br />
A un autre niveau, pour penser la gran<strong>de</strong> échelle, l’étu<strong>de</strong> « Toulouse, territoires<br />
Garonne. Nouveaux mo<strong>de</strong>s d’habiter » part <strong>du</strong> constat fait par <strong>de</strong> nombreux chercheurs que ce<br />
sont majoritairement les réseaux <strong>de</strong> transport qui construisent le territoire d’aujourd’hui, tels<br />
que les aéroports, trains et gares, hiérarchisation et enchaînement <strong>de</strong> voies rapi<strong>de</strong>s… Par<br />
exemple, l’aéroport, étudié dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Aéroports_Airspaces » apparaît comme<br />
une architecture particulièrement articulée, éten<strong>du</strong>e, en mouvement, incapable <strong>de</strong> se figer<br />
réellement, d’établir un fonctionnement isolé et <strong>de</strong>s usages cernés. En effet, l’aéroport existe<br />
surtout à travers sa capacité à se relier à tous les aéroports <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>, et se place ainsi dans<br />
une oscillation entre <strong>de</strong>s dynamiques diverses, la volatilité <strong>de</strong>s flux et la fixité <strong>de</strong>s formes à<br />
propos <strong>de</strong>squelles les concepteurs s’interrogent pour savoir si l’architecture peut encore<br />
former <strong>de</strong>s environnements aussi instables. L’aéroport est donc pris comme composante d'un<br />
territoire réticulaire. L’étu<strong>de</strong> s’intéresse à la manière dont l’usager, le passant, ou l'habitant,<br />
par les effets d'une déspatialisation propre au système-aéroport, doivent être intégrés eux aussi<br />
dans une logique <strong>de</strong> flux au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s logiques d'habitabilité.<br />
La mobilité est en effet déterminante dans le développement <strong>de</strong>s villes. Certains ont<br />
montré son inci<strong>de</strong>nce sur la conformation <strong>de</strong>s territoires urbains contemporains, d’autres sur<br />
la structuration <strong>de</strong>s rapports sociaux dans ces territoires. La mobilité touche à la gran<strong>de</strong><br />
échelle, par le linéaire <strong>de</strong> l’infrastructure, mais aussi comme le rappelle l’étu<strong>de</strong><br />
« L’architecture <strong>de</strong> la mobilité comme fabrique <strong>de</strong> la ville, <strong>du</strong> paysage et <strong>du</strong> territoire », mais<br />
aussi l’échelle locale, où s’opèrent les échanges et les intermodalités. L’infrastructure <strong>de</strong><br />
déplacement est considérée comme un vecteur <strong>de</strong> l’aménagement. Par son caractère linéaire et<br />
les coûts d’investissement, elle donne prise aux collectivités locales sur un territoire qui leur<br />
échappe sous bien <strong>de</strong>s aspects. Mais la chose reste difficile et le découpage administratif <strong>de</strong> ce<br />
territoire, comme la redivision interne <strong>de</strong> ces collectivités en <strong>de</strong> multiples services<br />
opérationnels, n’en sont pas les moindres raisons, ce qui nous amène à penser la mobilité à<br />
l’échelle métropolitaine.<br />
2. Penser la mobilité à l’échelle métropolitaine<br />
Penser l’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle revient à penser l’articulation <strong>de</strong>s échelles.<br />
Les autoroutes et voiries rapi<strong>de</strong>s urbaines ne font pas que traverser la ville avec une sorte <strong>de</strong><br />
statut d’extraterritorialité, elles entretiennent avec les différents territoires que sont les<br />
quartiers d’habitations, les shopping malls, les parcs d’activités, ou les nouvelles centralités<br />
<strong>de</strong>s rapports étroits qu’il convient <strong>de</strong> cerner afin <strong>de</strong> proposer les dispositifs d’aménagement<br />
(échangeurs, ronds-points, carrefours) les mieux adaptés pour faciliter ces relations.<br />
Dans le cas <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Rennes / Saint-Malo : « l’effet <strong>de</strong> contexte linéaire » à gran<strong>de</strong><br />
échelle ? Entre réalité et fiction », l’analyse <strong>de</strong> la mobilité à l’échelle <strong>de</strong> l’aire urbaine s’est<br />
concentrée sur l’entre-<strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s villes <strong>de</strong> Rennes et Saint-Malo, qui se structure<br />
principalement autour d’un système <strong>de</strong> mobilité à plusieurs composantes. On retrouve quatre<br />
voies esquissant un faisceau constitué d’une voie rapi<strong>de</strong> (la RN 137), <strong>du</strong> réseau routier<br />
historique, <strong>de</strong> la voie ferrée et <strong>du</strong> canal d’Ille et Rance. Ce territoire intègre les villes<br />
secondaires qui constituent autant <strong>de</strong> pôles d’appui. Dinan est par exemple le centre <strong>de</strong><br />
xxxi
jonction <strong>de</strong>s trois transversales est-ouest qui ponctuent le parcours. L’entre-<strong>de</strong>ux routes qui a<br />
été étudié est un espace particulier : non exploitable en termes d’urbanisation, il est le site<br />
privilégié <strong>de</strong> secteurs d’activités jouant sur l’attrait commercial d’une vitrine sur la route la<br />
plus fréquentée et d’une <strong>de</strong>sserte par le biais <strong>de</strong> la route historique. Penser la mobilité à<br />
l’échelle métropolitaine implique également d’analyser les structures liées à la mobilité<br />
ferroviaire. Ainsi d’après l’étu<strong>de</strong> « La métropole en projet. Le <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> la Plaine Saint-<br />
Denis dans le Grand Paris d’aujourd’hui », le train apparaît comme l’un <strong>de</strong>s lieux les plus<br />
fréquentés par les franciliens dans leur vie quotidienne. Les gares sont vues comme <strong>de</strong>s points<br />
d’entrée dans les territoires <strong>de</strong> l’archipel métropolitain.<br />
D’autres étu<strong>de</strong>s ont abordé la mobilité à l’échelle métropolitaine par le biais <strong>de</strong> la<br />
mobilité quotidienne. C’est le cas notamment <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Cologne-Grenoble. Processus <strong>de</strong><br />
constitution <strong>de</strong>s figures urbaines dans les espaces <strong>de</strong> la mobilité quotidienne » qui travaille sur<br />
les nouvelles lignes <strong>de</strong> tramway dans les <strong>de</strong>ux agglomérations <strong>de</strong> Cologne et <strong>de</strong> Grenoble.<br />
Cette étu<strong>de</strong> repose sur l’hypothèse que ces infrastructures recomposent les pratiques et les<br />
qualités perceptibles <strong>de</strong>s agglomérations urbaines, en changeant la manière dont le corps<br />
rencontre les gran<strong>de</strong>s éten<strong>du</strong>es d’une région urbaine. Ces dispositifs font ainsi naître <strong>de</strong>s<br />
figures spatiales qui se distinguent par leur caractère complexe, voire « hybri<strong>de</strong> », c’est-à-dire<br />
qui confon<strong>de</strong>nt les catégories <strong>de</strong> « faits » à travers lesquels le milieu urbain est représenté et<br />
pensé. De son côté, l’étu<strong>de</strong> « Grands ensembles, urbanité et politiques <strong>de</strong> la ville dans le Rhin<br />
supérieur » a appréhendé la mobilité quotidienne à travers la conception et la mise en forme<br />
<strong>de</strong> « parcours <strong>de</strong> vie graphiques » soient <strong>de</strong>s parcours d’habitants issus d’entretiens semidirectifs<br />
conçus par <strong>de</strong>s anthropologues qui trouvent une forme graphique pour montrer <strong>de</strong><br />
manière visuelle et immédiate la mobilité et notamment la transnationalité <strong>de</strong>s habitants. Cette<br />
mobilité con<strong>du</strong>it à concevoir le quartier d’Hautepierre non pas comme une enclave mais<br />
comme un territoire ouvert à <strong>de</strong>s mutations constantes, en communication et en réseau avec<br />
d’autres territoires, français et étrangers, et donc réticulaire.<br />
3. Vers <strong>de</strong>s corridors écologiques<br />
Enfin, le programme <strong>de</strong> recherches a également abordé la problématique <strong>de</strong> la mobilité<br />
à la gran<strong>de</strong> échelle dans le cadre <strong>de</strong> la perspective <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable. Le projet <strong>de</strong><br />
l’étu<strong>de</strong> « Retour <strong>de</strong>s villes ? Mobilités / Déspatialités : l’hypothèse « North Western European<br />
Megalopolis » » reconnaît le contexte fondamental <strong>de</strong>s mobilités, voire, <strong>de</strong> ce que l’on appelle<br />
l’hypermobilité pour les établissements humains, mais cherche à en confronter les effets<br />
spatiaux dans le contexte qui est notamment celui <strong>de</strong>s économies post-carbone et <strong>de</strong>s retours<br />
que leurs nouvelles exigences politiques in<strong>du</strong>isent sur les objets essentiels <strong>de</strong>s lieux, <strong>de</strong>s sols,<br />
et <strong>de</strong>s matières. C’est le cas notamment <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « La ville dans ses jardins, l’urbain en bord<br />
<strong>de</strong> route » qui s’est proposé d’explorer le rôle urbain -écologique, social, spatial- <strong>de</strong>s jardins<br />
partagés situés à proximité ou sous l’influence <strong>de</strong>s infrastructures <strong>de</strong> transport qui traversent<br />
l‘agglomération grenobloise. De la même manière, les auteurs <strong>de</strong> la recherche<br />
« Mégastructure, grille et ville linéaire : trois figures <strong>de</strong> l’habiter en périphérie » considèrent<br />
que l’aspect le plus novateur d’une partie <strong>de</strong>s projets pris en compte dans la recherche<br />
consiste dans la volonté <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s couloirs <strong>de</strong> mobilité <strong>de</strong>s corridors écologiques en<br />
végétalisant leurs abords et les délaissés. Dans cette perspective, la roca<strong>de</strong> et la voie ferrée qui<br />
contournent l’agglomération peuvent <strong>de</strong>venir un vecteur privilégié <strong>de</strong> mise en relations d’une<br />
série <strong>de</strong> corridors écologiques ou d’infiltrations vertes. Cette intro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> la végétation est<br />
souvent accompagnée <strong>de</strong> l’implantation <strong>de</strong> nouveaux parcours pour les piétons et les<br />
cyclistes, ce qui nous amène à évoquer la place accordée à la nature dans la gran<strong>de</strong> échelle.<br />
xxxii
5. Nature, ville et paysage à la gran<strong>de</strong> échelle<br />
Le programme <strong>de</strong> recherches « L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle » abor<strong>de</strong> également<br />
la question <strong>de</strong>s relations unissant la nature, la ville et le paysage au grand territoire. C’est tout<br />
d’abord le fleuve qui est utilisé comme fil directeur pour penser la gran<strong>de</strong> échelle.<br />
L’architecture est également mise en tension avec la problématique <strong>du</strong> paysage, tandis que les<br />
relations entre ville, nature et paysage à la gran<strong>de</strong> échelle sont à évoquer à partir <strong>du</strong> couple<br />
ville-campagne.<br />
1. Le fleuve pour penser la gran<strong>de</strong> échelle<br />
Plusieurs étu<strong>de</strong>s sont parties <strong>du</strong> fleuve ou <strong>de</strong> la rivière pour étudier l’architecture <strong>de</strong> la<br />
gran<strong>de</strong> échelle, et notamment ses implications en termes <strong>de</strong> paysage. C’est le cas par exemple<br />
<strong>de</strong> la Garonne avec l’étu<strong>de</strong> « Toulouse, territoires Garonne. Nouveaux mo<strong>de</strong>s d’habiter »,<br />
mais aussi <strong>de</strong> la Loire avec « Ingénierie <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> territoire et con<strong>du</strong>ite d’opérations<br />
d’habitat dans une région urbaine à forte valeur patrimoniale, le Val <strong>de</strong> Loire » et <strong>de</strong> l’Isère<br />
avec « Habiter les berges. Réflexion sur les outils <strong>du</strong> projet à gran<strong>de</strong> échelle ». Dans le cadre<br />
<strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière étu<strong>de</strong>, les auteurs se sont interrogés sur la manière dont la rivière qu’est<br />
l’Isère peut mettre en relation <strong>de</strong>s paysages, <strong>de</strong>s tissus urbains, <strong>de</strong>s activités humaines ou <strong>de</strong>s<br />
usages sociaux. Le terrain d’observation et d’étu<strong>de</strong>, la traversée <strong>de</strong> la ville par une rivière,<br />
présente l’intérêt d’obliger à une démarche <strong>de</strong> projet, non pas sur un territoire particulier, mais<br />
sur un fil directeur qui agrège <strong>de</strong>s réalités environnementales, urbanistiques, socioéconomiques,<br />
diverses. De la même manière, les auteurs <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Toulouse, territoires<br />
Garonne. Nouveaux mo<strong>de</strong>s d’habiter » ont centré leur recherche sur la métropole toulousaine<br />
autour <strong>du</strong> fleuve Garonne, <strong>de</strong> la confluence Ariège jusqu’à la confluence <strong>de</strong> L’Hers et <strong>de</strong> la<br />
Save à Grena<strong>de</strong>-sur-Garonne.<br />
Les espaces liés au fleuve sont également définis dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Toulouse,<br />
territoires Garonne. Nouveaux mo<strong>de</strong>s d’habiter » comme lieu <strong>de</strong> patrimonialisation,<br />
constituant <strong>de</strong>s espaces en creux gelés. Emergent ainsi <strong>de</strong>s figures géographiques dont nous<br />
faisons l’hypothèse qu’elles sont, encore plus fortement avec la crise économique et<br />
énergétique, les appuis <strong>de</strong> <strong>de</strong>main pour penser le territoire : parcs, bois, zones agricoles <strong>de</strong><br />
bord <strong>de</strong> ville, lignes <strong>de</strong> forces collinaires, fleuves, bassins versants, réseaux<br />
hydrographiques… Face à la crise environnementale et à la globalisation, l’architecture est<br />
confrontée pour l’étu<strong>de</strong> « Ecologies urbaines » à la question <strong>de</strong> réconcilier l’homme avec son<br />
milieu culturel, social et environnemental par la mise en oeuvre <strong>de</strong> stratégies <strong>de</strong><br />
transformation et <strong>de</strong> régénération, n’opposant pas nature et technè suivant un vieil<br />
antagonisme, mais cherchant plutôt à les allier. Il s’agit donc <strong>de</strong> proposer un modèle pour <strong>de</strong>s<br />
projets <strong>du</strong>rables <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> échelle qui sédimenteront le tissu urbain et les parcs naturels à<br />
travers un paysage artificiel <strong>de</strong>nse intégrant <strong>de</strong>s dynamiques humaines et environnementales.<br />
Cependant, dans le cas <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Ingénierie <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> territoire et con<strong>du</strong>ite d’opérations<br />
d’habitat dans une région urbaine à forte valeur patrimoniale, le Val <strong>de</strong> Loire », la<br />
patrimonialisation <strong>du</strong> Val <strong>de</strong> Loire ne semble pas avoir eu d’impact sur l’architecture et la<br />
forme urbaine <strong>de</strong> ces opérations, même si les élus tiennent un discours sur la réappropriation<br />
<strong>de</strong>s berges et sur le paysage <strong>du</strong> Val <strong>de</strong> Loire. Mais leurs actions dans le domaine semblent<br />
plus liées à la nécessité <strong>de</strong> donner une fonction récréative et paysagère à <strong>de</strong>s zones classées en<br />
fort aléas dans les PPRI que dans le seul but <strong>de</strong> valoriser le paysage ligérien. Cela étant, le<br />
fleuve apparaît comme un fil directeur privilégié pour abor<strong>de</strong>r le paysage à la gran<strong>de</strong> échelle.<br />
xxxiii
2. Penser les liens entre architecture et paysage<br />
Si le fleuve apparaît comme un fil directeur privilégié pour analyser les relations entre<br />
nature, ville et paysage, l’étu<strong>de</strong> « La gran<strong>de</strong> échelle <strong>de</strong>s architectes et <strong>de</strong>s paysagistes :<br />
i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s interactions disciplinaires » analyse quant à elle <strong>de</strong> manière originale les<br />
liens unissant architecture et paysage. En effet, <strong>de</strong>puis une quinzaine d’années, plusieurs<br />
métropoles ont légitimé avec succès leur projet <strong>de</strong> renouvellement urbain en associant un<br />
paysagiste à l’amont <strong>du</strong> processus. Les écoles d’architecture et <strong>de</strong> paysage, et les gran<strong>de</strong>s<br />
consultations territoriales, comme celle <strong>du</strong> Grand Paris par exemple, témoignent <strong>de</strong> la<br />
contamination conceptuelle qui s’est opérée entre paysage et architecture. Si la nature et les<br />
espaces libres sont <strong>de</strong>venus constitutifs <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> projet urbain et <strong>de</strong> son enseignement,<br />
la convocation <strong>de</strong>s compétences <strong>du</strong> paysagiste dépend encore cependant <strong>du</strong> bon vouloir –ou<br />
<strong>du</strong> « bon savoir »– <strong>de</strong> la maîtrise d’ouvrage publique, car elle n’a pas été ren<strong>du</strong>e obligatoire<br />
dans les dispositifs réformant l’urbanisme (le PLU notamment). Au goût <strong>de</strong>s auteurs <strong>de</strong><br />
l’étu<strong>de</strong>, les recherches sur la maîtrise d’ouvrage urbaine traitent largement <strong>de</strong>s acteurs et<br />
processus dans un cadre <strong>du</strong>rable et négocié, mais assez peu <strong>de</strong>s configurations pratiques et<br />
conceptuelles entre architecture et paysage. Cette étu<strong>de</strong> fait ainsi le point sur l’interférence<br />
entre les <strong>de</strong>ux professions et i<strong>de</strong>ntifie une série <strong>de</strong> questions complexes aujourd’hui<br />
communes aux concepteurs <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle – qu’ils soient architectes-urbanistes ou<br />
paysagistes. En examinant les interactions <strong>de</strong> leurs champs disciplinaires, <strong>de</strong> leurs arts et<br />
savoir-faire, en relation à l’horizon d’attente <strong>de</strong> la société en faveur <strong>de</strong>s valeurs<br />
environnementales, en cernant davantage les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> représentation graphiques ou narratifs<br />
qui répon<strong>de</strong>nt à une stratégie opérationnelle et une programmation évolutive, cette recherche<br />
souhaite contribuer à asseoir une culture sur le projet <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> échelle.<br />
3. Les relations ville-campagne au cœur <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle<br />
Les relations entre ville, nature et paysage à la gran<strong>de</strong> échelle sont à évoquer enfin à<br />
partir <strong>du</strong> couple ville-campagne, notamment étudié par l’étu<strong>de</strong> « Le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> l’espace public<br />
comme recherche <strong>de</strong> lien entre ville et habitat : l’exemple <strong>de</strong> l’agglomération franco-valdogenevoise<br />
» qui a cherché à comprendre pourquoi cette question <strong>de</strong>s relations entre ville,<br />
nature et paysage est si présente dans l’ensemble <strong>du</strong> corpus <strong>de</strong>s projets qu’elle a étudié. Les<br />
auteurs <strong>de</strong> la recherche ont formulé <strong>de</strong>ux hypothèses : soit la campagne est entrée dans la<br />
ville, soit au contraire la ville a éclaté dans la campagne et l’a déstructurée. Or dans la région<br />
franco-valdo-genevoise, d’après les images <strong>de</strong> référence et les légen<strong>de</strong>s <strong>du</strong> corpus, le paysage<br />
en tant que construction sociale et culturelle est amalgamé à la nature en général et à la<br />
campagne en particulier, bien que quelques équipes évoquent le « paysage urbain » c’est à<br />
dire « construit ». Par l’intermédiaire <strong>de</strong>s interstices <strong>de</strong> campagne, il est donc <strong>de</strong>venu une<br />
variable incontournable <strong>du</strong> projet urbain. Soit au contraire la ville a éclaté dans la campagne<br />
et l’a déstructurée et <strong>de</strong>puis, le paysage n’est plus panoramique et synthétique (conception<br />
d’autant plus importante dans une région <strong>de</strong> montagne), mais au contraire il a lui aussi éclaté.<br />
Un besoin <strong>de</strong> retrouver cette vision d’ensemble, cette perception <strong>de</strong> la ville au milieu <strong>du</strong> «<br />
grand paysage », peut expliquer l’objectif récurrent <strong>de</strong> « structurer la ville par le paysage ».<br />
Le paysage étant, comme on l’a dit précé<strong>de</strong>mment, généralement assimilé dans le cas<br />
genevois à la nature, on observe un glissement <strong>de</strong>s notions d’espace public à espace ouvert,<br />
d’espace ouvert à paysage, et <strong>de</strong> paysage à nature. Et au bout <strong>du</strong> compte, c’est la nature qui<br />
d’une façon générique se trouve investie, dans la ville-territoire genevoise, <strong>de</strong>s missions<br />
traditionnelles <strong>de</strong> l’espace public que sont le lien social, les articulations d’échelles et la<br />
circulation. Enfin, le contexte <strong>de</strong>s tensions entre agriculteurs et rurbains, partiellement à<br />
xxxiv
l’origine <strong>de</strong>s projets analysés dans le cadre <strong>de</strong> la recherche, et bien enten<strong>du</strong> la physionomie <strong>du</strong><br />
territoire majoritairement agricole, instituent la question <strong>de</strong> la relation ville-campagne comme<br />
un passage obligé pour toutes les équipes. C’est là qu’il faut trouver l’origine principale <strong>de</strong>s<br />
innombrables arguments en faveur <strong>de</strong> la protection <strong>de</strong> l’agriculture et <strong>de</strong> la campagne, <strong>de</strong> la<br />
limitation <strong>de</strong> la ville, <strong>de</strong> son articulation avec ce qui l’entoure etc. Les projets veulent rendre à<br />
la ville une image et une cohésion spatiale qu’elle a per<strong>du</strong>es. Un leitmotiv est donc d’instaurer<br />
<strong>de</strong>s continuités paysagères. A l’échelle <strong>de</strong> la métropole, on travaille donc avec le grand<br />
paysage (registre <strong>du</strong> sublime) à protéger, et à l’échelle <strong>de</strong>s quartiers avec le paysage<br />
ordinaire, en général campagnard ou <strong>de</strong> transition (y compris friches et interstices urbains),<br />
avec lequel la ville échange et dialogue. Rappelons que si on parle beaucoup <strong>de</strong> paysage, la<br />
ville est rarement reconnue comme une <strong>de</strong> ses typologies, à moins qu’elle ne soit très irriguée<br />
<strong>de</strong> nature (typologie pavillonnaire). Deux tendances s’esquissent en aval <strong>de</strong> cette volonté <strong>de</strong><br />
dialogue et <strong>de</strong> sensibilisation à la campagne. Pour les uns, elle se tra<strong>du</strong>it spatialement par une<br />
imbrication et une interpénétration : c’est le patchwork ou la mosaïque, pour lequel la<br />
campagne <strong>de</strong>vient résolument une composante urbaine (une ville composée <strong>de</strong> quartiers<br />
agricoles et <strong>de</strong> quartiers habités). Grâce aux nouvelles activités qui s’y développent, la<br />
barrière entre ville et campagne s’estompe même dans les comportements projetés. Pour<br />
d’autres, cette irrigation <strong>de</strong> la nature dans la ville, n’a pas comme objectif la qualité <strong>de</strong> vie ou<br />
l’affirmation <strong>de</strong> la ville diffuse comme projet, mais bien la naturalisation <strong>de</strong> la ville, voir le<br />
blocage <strong>de</strong> sa croissance, ce qui amène les auteurs à parler après Debarbieux d’empaysager<br />
alors la ville. Les liens entre ville, nature et paysage abordés par les différentes recherches<br />
apparaissent donc complexes et centraux dans le cadre d’une réflexion sur le grand territoire.<br />
6. Les thèmes peu abordés dans le programme <strong>de</strong> recherches<br />
Après avoir évoqué les thèmes centraux qui se dégagent d’une lecture croisée <strong>du</strong><br />
corpus <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>du</strong> programme <strong>de</strong> recherches « L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle », nous<br />
pouvons relever certaines absences ou discrétions qui peuvent se révéler parfois <strong>de</strong>s sources<br />
d’étonnements.<br />
C’est tout d’abord la question <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong> l’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle qui<br />
aurait pu être plus franchement soulevée. L’étu<strong>de</strong> « La ville sans limites. Problématique d’un<br />
établissement humain sans limites » a ainsi distingué un espace physique où apparaissent les<br />
discontinuités, et <strong>de</strong>s territoires réels marqués par les continuités <strong>de</strong> vie.<br />
C’est ensuite la question <strong>de</strong> la temporalité qui n’a été abordée que <strong>de</strong> manière<br />
ponctuelle. L’étu<strong>de</strong> « Grands ensembles, urbanité et politiques <strong>de</strong> la ville dans le Rhin<br />
supérieur » abor<strong>de</strong> ainsi les relations entre temps <strong>de</strong>s projets et temps <strong>de</strong>s territoires, entre<br />
inerties et urgences. De manière paradoxale, cette piste a peu été explorée par les différentes<br />
étu<strong>de</strong>s.<br />
Enfin, la question <strong>de</strong>s rapports entre projet, <strong>de</strong>ssin et discours a peu été soulevée, si ce<br />
n’est à l’occasion <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> l’espace public comme recherche <strong>de</strong> lien entre<br />
ville et habitat : l’exemple <strong>de</strong> l’agglomération franco-valdo-genevoise » qui a évoqué la<br />
question <strong>de</strong> la rhétorique. Les relations entre texte et image analysées dans le corpus <strong>de</strong><br />
projets étudiés montrent que le texte peut être autant support <strong>de</strong> projet que le <strong>de</strong>ssin, soit<br />
prendre le pas sur le <strong>de</strong>ssin pour illustrer le projet ou qu’au contraire plus traditionnellement<br />
le <strong>de</strong>ssin peut être prioritaire. L’importance <strong>de</strong> la rhétorique est repérée à travers l’utilisation<br />
très fréquente <strong>de</strong> certains vocables, liés notamment à la nature et au paysage.<br />
xxxv
La question <strong>de</strong> l’espace public a <strong>de</strong> son côté été un peu plus traitée, notamment à<br />
travers l’étu<strong>de</strong> « Le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> l’espace public comme recherche <strong>de</strong> lien entre ville et habitat :<br />
l’exemple <strong>de</strong> l’agglomération franco-valdo-genevoise ». Le <strong>de</strong>ssin d’espace public comme<br />
lien entre le logement et les centralités urbaines et métropolitaines – ou entre habitat et ville –<br />
a été i<strong>de</strong>ntifié localement par les acteurs <strong>de</strong> l’agglomération comme un thème fondamental.<br />
Cette étu<strong>de</strong> a voulu fournir une lecture théorique <strong>de</strong> l’espace public dans sa capacité à<br />
articuler les différentes échelles <strong>de</strong> l’agglomération, <strong>du</strong> prolongement extérieur direct (végétal<br />
ou minéral) <strong>du</strong> logement au « tracé régulateur » version XXIe siècle à l’échelle <strong>de</strong>s axes <strong>du</strong><br />
développement <strong>de</strong> l’urbanisation ou <strong>de</strong> l’agglomération. Le rôle <strong>de</strong> l’espace public, à<br />
l’articulation entre habiter et métropole dans le projet <strong>de</strong> territoire, est d’autant plus difficile à<br />
cerner que la définition même d’espace public dans le corpus étudié est multiple, voir<br />
confuse, et que le projet le concernant est parfois inexistant, avec <strong>de</strong>s confusions entre les<br />
notions espace public /espace vert /espace ouvert, entre espace public / voirie et réseaux <strong>de</strong><br />
transport, et entre paysage /nature /agriculture /environnement. D’une façon générale, si on<br />
peut dé<strong>du</strong>ire différentes typologies d’espaces publics à l’échelle <strong>de</strong> l’habitat à partir <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>ssins (rues ponctuées d’élargissements, cœurs d’îlots plus ou moins ouverts, squares, places<br />
ou jardins sur rue), ils sont à peu près absents <strong>de</strong>s discours qui insistent beaucoup plus sur les<br />
typologies et programmes <strong>de</strong>s grands espaces métropolitains.<br />
C’est également la notion d’urbanité qui a également été soulevée à l’occasion, que ce<br />
soit pas les étu<strong>de</strong>s « Grands ensembles, urbanité et politiques <strong>de</strong> la ville dans le Rhin<br />
supérieur » et « Toulouse, territoires Garonne. Nouveaux mo<strong>de</strong>s d’habiter ». La première l’a<br />
évoquée dans sa relation aux grands ensembles et à la politique <strong>de</strong> la ville, tandis que la<br />
secon<strong>de</strong> posait la question <strong>de</strong> savoir si les systèmes géographiques ne pouvaient pas être les<br />
supports actifs d’une nouvelle urbanité, qui allie la conscience <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle à celle <strong>de</strong><br />
l’ancrage dans un territoire.<br />
Enfin, c’est la question d’ambiance qui a pu être soulevée <strong>de</strong> façon marginale par le<br />
programme <strong>de</strong> recherches. L’étu<strong>de</strong> « La ville dans ses jardins, l’urbain en bord <strong>de</strong> route » a<br />
notamment pu relever la contradiction qui existe entre la notion d’ambiance telle que nous<br />
l’entendons et l’idée <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> échelle urbanistique. L’ambiance se saisit à l’échelle <strong>du</strong> corps<br />
sentant : une ambiance s’éprouve à petite échelle, celle <strong>de</strong>s expériences <strong>du</strong> corps en<br />
mouvement dans l’espace s’inscrivant dans une <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> perception. L’idée <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> échelle<br />
au sens urbanistique implique au contraire une représentation, une carte, qui dépasse<br />
précisément le cadre corporel et le prolonge en partie. Une telle représentation territoriale<br />
suggère ou évoque, mais ne crée pas d’ambiance, elle fonctionne <strong>de</strong> manière autonome ou<br />
dérivée. En revanche, dans le prolongement <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> « Le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> l’espace public comme<br />
recherche <strong>de</strong> lien entre ville et habitat : l’exemple <strong>de</strong> l’agglomération franco-valdogenevoise<br />
», l’équipe espère que sa recherche puisse contribuer au débat sur l’importance <strong>de</strong><br />
la perception en urbanisme, ou – en d’autres termes – <strong>de</strong> l’urbanisme sensible.<br />
xxxvi
3. LECTURE SYNTHETIQUE ET PRESENTATION DES RESULTATS.<br />
Cette troisième lecture présente une par une les 32 étu<strong>de</strong>s financées par le programme<br />
<strong>de</strong> recherches « L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle » lors <strong>de</strong>s quatre sessions. Cette lecture<br />
synthétique offre pour chaque recherche un résumé <strong>de</strong> l’objet <strong>de</strong> la proposition soumise et<br />
une analyse <strong>de</strong> la méthodologie prévue. Pour certaines, sont également présentés les<br />
principaux résultats <strong>de</strong>s recherches.<br />
Session 2006<br />
1. La ville sans limites. Problématique d’un établissement humain sans limites.<br />
ENSA Paris-Malaquais.<br />
Responsable scientifique : Patrice Noviant.<br />
2. Cologne-Grenoble. Processus <strong>de</strong> constitution <strong>de</strong>s figures urbaines dans les espaces <strong>de</strong><br />
la mobilité quotidienne.<br />
ENSA Grenoble.<br />
Responsable scientifique : Steven Melemis.<br />
3. Architectures comparées France-Chine. Paradoxes : une démarche <strong>de</strong> projet pour<br />
une ville <strong>du</strong>rable. Vers une opération pilote à Shanghai.<br />
Ecole d’architecture <strong>de</strong> Paris-Belleville.<br />
Responsable scientifique : Pierre Clément.<br />
4. Habiter les berges. Réflexion sur les outils <strong>du</strong> projet à gran<strong>de</strong> échelle.<br />
Association pour le développement <strong>de</strong>s recherches. IUG Grenoble.<br />
Responsable scientifique : Gilles Novarina.<br />
5. Jeux d’échelle dans l’urbanisme. Un éclairage sur la fabrique ordinaire <strong>de</strong>s territoires<br />
émergents.<br />
Ecole d’architecture <strong>de</strong> Nantes.<br />
Responsable scientifique : Marc Dumont - Laurent Devisme.<br />
6. Un grand territoire à <strong>de</strong>nsifier. Opportunités et enjeux <strong>de</strong> la ville nouvelle <strong>de</strong> Marnela-Vallée<br />
dans la métropole parisienne.<br />
ENSA Marne-la-Vallée.<br />
Responsable scientifique : Luc Baboulet.<br />
7. Projets pour habiter les territoires. Expérimenter et évaluer.<br />
ENSA paysage Bor<strong>de</strong>aux.<br />
Responsable scientifique : Claire Parin.<br />
8. L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle. Vers les simulations complexes.<br />
RENK+PARTNERS<br />
Responsable scientifique : Alain Renk.<br />
xxxvii
1. La ville sans limites. Problématique d’un établissement humain sans limites.<br />
ENSA Paris-Malaquais.<br />
Responsable scientifique : Patrice Noviant.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
« La ville sans limites » est le titre et l'objet <strong>de</strong> recherche. L'hypothèse initiale est qu'existent<br />
<strong>de</strong>s installations humaines faisant ville, au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> la contiguïté.<br />
Cette alternative actuelle, le projet est d'en proposer les conditions théoriques d'analyse et d'en<br />
expérimenter les conditions <strong>de</strong> <strong>de</strong>scription. Pour ce faire, l'équipe formée, autour <strong>de</strong> Patrice<br />
Noviant, architecte, urbaniste et historien fait place à la sociologie <strong>de</strong>s organisations et à<br />
l'économie politique.<br />
La « ville sans limites » n'est pas intro<strong>du</strong>ite comme modalité diffuse ultime <strong>de</strong> la ville à l'issue<br />
d'une « transition urbaine », <strong>de</strong> la ville agglomérée à la ville motorisée.<br />
Nous proposons que les approches générales à partir <strong>de</strong> la notion d'urbain ne font pas droit à<br />
la dynamique radicale <strong>de</strong> cette notion extensive, pour une compréhension globale <strong>de</strong><br />
l'établissement humain contemporain à toutes échelles.<br />
De nombreux géographes ont considéré le fait urbain contemporain indépendamment <strong>de</strong> ses<br />
conditions d'éten<strong>du</strong>e, la variable spatiale étant estimée peu explicative <strong>de</strong> phénomènes<br />
envisagés à partir <strong>de</strong>s structures économiques et sociales, voire par flux et mobilités. Ainsi<br />
abstraite <strong>de</strong> ses modalités morphologiques, le passage d'une ville agglomérée (en continuité,<br />
généralement <strong>de</strong>nse) à une ville plus diffuse voire discontinue apparaît logique. Pour autant,<br />
c'est bien quelque part que l'on habite, que l'on se déplace, que les choses prennent sens…<br />
Nous proposons que la réintro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> questionnement <strong>de</strong>s lieux constitue ici une nécessité<br />
scientifique.<br />
Peut-on considérer un vécu <strong>de</strong> ville qui ne se fon<strong>de</strong>rait pas sur les réalités immédiates d'une<br />
ville (connectivité directe et indivi<strong>du</strong>elle, distribution efficace, par contiguïté, d'une offre<br />
multiple <strong>de</strong> services, etc.) ? L'analyste distingue alors un espace physique où apparaissent les<br />
discontinuités, et <strong>de</strong>s territoires réels marqués par les continuités <strong>de</strong> vie. La ville sans limites<br />
n'est pas alors seulement une alternative à la ville mais une modalité qui travaille la ville<br />
aussi, <strong>de</strong>puis son intérieur, mettant en jeu l'élaboration <strong>de</strong> nouveaux lieux et objets dans une<br />
révision <strong>de</strong>s limites (notions d'objets diffus, <strong>de</strong> limites floues, <strong>de</strong> paysage). Avec pour objectif<br />
<strong>de</strong> contribuer à une pensée <strong>de</strong>s objets contemporains en les mettant en situation <strong>de</strong><br />
morphologie comparative, cette étape <strong>de</strong> recherche privilégie l'observation <strong>de</strong> la « ville sans<br />
limites » à l'écart <strong>de</strong> la ville.<br />
Méthodologie.<br />
Pour cette approche exploratoire, <strong>de</strong>ux sites d'examen peuvent évoluer en sites <strong>de</strong><br />
modélisation :<br />
• La communauté d'agglomération Seine-Eure (Haute Normandie), une communauté<br />
exemplaire par sa connectivité (autoroutes, chemins <strong>de</strong> fer, voie fluviale), relativement<br />
autonome – physiquement - <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux agglomérations <strong>de</strong> Paris et Rouen.<br />
• Une transversale à la métropole parisienne, <strong>de</strong>puis la « commune » la plus <strong>de</strong>nse <strong>de</strong> France<br />
(Paris 11ème) aux communes rurales <strong>de</strong> l'Aisne, en suivant le fil <strong>du</strong> canal <strong>de</strong> l'Ourcq.<br />
Dans un processus visant un rapprochement entre enseignement et recherche, nous proposons<br />
<strong>de</strong> questionner le travail étudiant sur les modalités <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>scriptions <strong>du</strong>ales où les mesures<br />
<strong>du</strong> temps et <strong>de</strong> l'espace peuvent être porteuses <strong>de</strong> distorsions fortes. Après un premier round<br />
d'observation dans le cadre d'une unité d'enseignement <strong>du</strong> projet urbain <strong>de</strong> 5ème année, nous<br />
nous proposons le cadre <strong>de</strong> l'unité <strong>de</strong> projet urbain <strong>de</strong> 3ème année comme cadre <strong>de</strong> référence<br />
et observation.<br />
xxxviii
Les hypothèses développées <strong>de</strong> la recherche seront proposées aux étudiants dans un contexte<br />
fortement informé sur l'histoire <strong>de</strong>s villes.<br />
Les groupes <strong>de</strong> projet se positionneront sur le « grand axe » <strong>du</strong> canal selon <strong>de</strong>s positions<br />
codées (continuité/ <strong>de</strong>nsité).<br />
Les modalités d'observation, les propositions <strong>de</strong> <strong>de</strong>scription et les problématiques <strong>de</strong> projet,<br />
notamment sur la question <strong>de</strong>s objets flous et <strong>de</strong>s limites, feront l'objet d'un recueil selon les<br />
questions détaillées <strong>de</strong> recherche.<br />
Le rapport <strong>de</strong> recherche comprendra <strong>de</strong>ux parties :<br />
• Une partie d'analyse <strong>de</strong>s fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> cette nouvelle question théorique,<br />
• Un recueil interprété <strong>de</strong> travaux étudiants.<br />
xxxix
2. Cologne-Grenoble. Processus <strong>de</strong> constitution <strong>de</strong>s figures urbaines dans les espaces <strong>de</strong><br />
la mobilité quotidienne.<br />
ENSA Grenoble.<br />
Responsable scientifique : Steven Melemis.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
Depuis au moins trente-cinq ans, dans le champ <strong>de</strong> la théorie architecturale et urbaine, la<br />
question <strong>de</strong> l’intelligibilité <strong>de</strong>s espaces architecturaux et urbains est souvent abordée en<br />
termes <strong>de</strong> relations explicites, codifiées et « légitimes » <strong>de</strong> figure à fond. Rappelons que les<br />
figures spatiales urbaines dont il est question (la rue, la place, l’arca<strong>de</strong> etc) sont par ailleurs<br />
souvent soumises à un contrôle ou une élaboration proprement architecturale.<br />
La présente recherche prend ses distances avec <strong>de</strong> telles définitions <strong>de</strong> la figure urbaine, sans<br />
pour autant nier leur importance. Se situant dans un mouvement inverse, nous partons <strong>du</strong><br />
principe <strong>de</strong> l’immanence <strong>de</strong> la figure urbaine spatiale, soit celle qui peut être i<strong>de</strong>ntifiée avant<br />
qu’il soit possible <strong>de</strong> la définir, ou <strong>de</strong> la nommer pleinement (voir Lyotard).<br />
En suivant cette définition, et en l’appliquant à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s situations urbaines <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />
agglomérations (Grenoble et Köln) il s’agit d’explorer l’idée que, aux marges <strong>de</strong> multiples<br />
actions conjointes sur le milieu urbain, il peut se pro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong>s qualités d’espace que <strong>de</strong><br />
nombreux usagers et acteurs sont capables <strong>de</strong> désigner comme « étant là » alors que personne<br />
ne peut en revendiquer le statut d’auteur. La décision <strong>de</strong> travailler sur <strong>de</strong> nouvelles lignes <strong>de</strong><br />
tramway dans les <strong>de</strong>ux agglomérations en question reflète l’hypothèse que, en recomposant<br />
les pratiques et les qualités perceptibles <strong>de</strong>s agglomérations urbaines, en changeant la manière<br />
dont le corps rencontre les gran<strong>de</strong>s éten<strong>du</strong>es d’un région urbaine, ces dispositifs font naître<br />
<strong>de</strong>s figures spatiales qui se distinguent par leur caractère complexe, voire « hybri<strong>de</strong> » (voir<br />
Latour), c’est à dire qui confon<strong>de</strong>nt les catégories <strong>de</strong> « faits » à travers lesquels le milieu<br />
urbain est représenté et pensé.<br />
Méthodologie.<br />
Partant <strong>de</strong> l’idée que l’hypothèse <strong>de</strong> l’hybridité <strong>de</strong>s figures urbaines implique une hybridation<br />
<strong>de</strong>s différentes acceptions <strong>du</strong> terme même, l’équipe a commencé par organiser un séminaire<br />
autour <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> figure telle qu’elle s’applique dans différents disciplines ou champs <strong>de</strong><br />
recherche (sociologie, géographie, architecture, urbanisme, mathématiques). Organisé en<br />
collaboration avec le séminaire doctoral <strong>de</strong>s Grands ateliers <strong>de</strong> l’Isle d’Abeau, le séminaire a<br />
permis <strong>de</strong> définir quelques éléments <strong>de</strong> définition provisoire pour la recherche. Ces premiers<br />
résultats ont aidé à définir le cadre d’un travail in situ à mener par l’équipe <strong>de</strong> la recherche.<br />
En parallèle avec le séminaire, un travail d’observation et <strong>de</strong> <strong>de</strong>scription a été mené avec et<br />
par <strong>de</strong>s étudiants en mastère première et <strong>de</strong>uxième année (ENSAG, filière "Architecture et<br />
cultures sensibles <strong>de</strong> l’environnement") sur les terrains à Grenoble et à Cologne. Ces travaux,<br />
ainsi que le travail <strong>de</strong> projétation qui s'est déroulé en parallèle, ont fourni un premier corpus<br />
pour la recherche, qui a été analysé dans le but d’en extraire <strong>de</strong>s idées et <strong>de</strong>s perceptions<br />
pertinentes pour celle-ci. (De façon réciproque, une restitution <strong>de</strong>s analyses faites a été<br />
présentée aux étudiants afin <strong>de</strong> nourrir leurs travaux dans le cadre <strong>de</strong>s PFE, qui s’élaboraient<br />
autour <strong>de</strong> questions et <strong>de</strong> terrains d’étu<strong>de</strong>s similaires à celles et ceux <strong>de</strong> l’exercice imposé <strong>du</strong><br />
premier semestre.)<br />
Mené <strong>de</strong> façon autonome par rapport au programme d’enseignement impliquant certains <strong>de</strong>s<br />
participants à la recherche, le travail <strong>de</strong> terrain se fait indivi<strong>du</strong>ellement dans un premier<br />
temps. Chaque membre <strong>de</strong> l’équipe mène un travail d’observation autour <strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong><br />
tramway dans son pays <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce, dans le but <strong>de</strong> relever d’éventuelles figures émergentes<br />
et <strong>de</strong> les présenter sous forme <strong>de</strong> petites monographies aux formes variables. Il est pris pour<br />
xl
acquis que les origines disciplinaires <strong>de</strong> chaque personne affecteront <strong>de</strong> manière importante<br />
les résultats auxquels il aboutit.<br />
Suite au premier recueil d’éléments <strong>du</strong> travail in situ, les résultats <strong>de</strong> chaque participant sont<br />
soumis à la discussion et à la critique par l’ensemble <strong>du</strong> groupe. Dans les discussions ainsi<br />
que les pro<strong>du</strong>ctions écrites qui résultent, il est question à la fois <strong>de</strong> réfléchir simultanément sur<br />
le fond <strong>de</strong> la question (la substance <strong>de</strong>s idées <strong>de</strong> figures recueillies) ainsi que sur le rapport<br />
entre les propositions faites et les cadres disciplinaires auxquels elles renvoient.<br />
Ce processus <strong>de</strong>vrait permettre ensuite <strong>de</strong> confronter les données <strong>du</strong> travail in situ aux termes<br />
et aux conceptualisations qui avaient aidé à l’organiser.<br />
Lors <strong>de</strong> la rédaction définitive <strong>de</strong> la recherche, qui comprendra à la fois <strong>de</strong>s éléments <strong>du</strong><br />
travail in situ, ainsi que <strong>de</strong>s interrogations <strong>de</strong> nature plus générale auxquelles elle a donné<br />
lieu, l’équipe présentera ses résultats à <strong>de</strong>s praticiens extérieurs – notamment Thomas Sieverts<br />
– afin d’ouvrir une discussion sur les répercussions possibles <strong>du</strong> travail pro<strong>du</strong>it pour le regard<br />
critique sur les stratégies d'intervention architecturales et urbanistiques.<br />
xli
3. Architectures comparées France-Chine. Paradoxes : une démarche <strong>de</strong> projet pour<br />
une ville <strong>du</strong>rable. Vers une opération pilote à Shanghai.<br />
Ecole d’architecture <strong>de</strong> Paris-Belleville.<br />
Responsable scientifique : Pierre Clément.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
Un <strong>de</strong>s objectifs <strong>du</strong> programme est <strong>de</strong> participer au renouvellement <strong>de</strong>s articulations entre<br />
enseignement, recherche et pratiques conceptuelles <strong>du</strong> projet, notamment dans la perspective<br />
<strong>de</strong> la recherche doctorale, démarche que nous menons ici dans le cadre <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong><br />
DSA "Architecture <strong>de</strong>s territoires" qui est conçue à l’interface entre enseignement et<br />
recherche.<br />
Dans cette approche nous réexaminons la relation entre recherche et projet en considérant la<br />
voie d’une « recherche pour le projet », en amont et dans la perspective <strong>du</strong> projet, et celle<br />
d’une « recherche sur le projet » qui fait <strong>du</strong> projet un objet d’étu<strong>de</strong>, une source première,<br />
propre à la discipline architecturale ou, <strong>du</strong> moins, aux disciplines <strong>de</strong> l’aménagement <strong>de</strong><br />
l’espace.<br />
En effet, « faire <strong>du</strong> projet c’est une interrogation inquiète, propice aux questionnements, mais<br />
le projet apporte une solution à <strong>de</strong>s problèmes, la recherche initie <strong>de</strong>s questionnements<br />
propices au développement d’une problématique. Le projet est une fin, la clôture d’un<br />
processus, la recherche est une ouverture vers <strong>de</strong>s possibles. Le projet finit, la recherche (dé)finit<br />
».<br />
En superposition, la réflexion sur la notion <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> échelle nous a con<strong>du</strong>it à privilégier <strong>de</strong>ux<br />
approches :<br />
La première a trait aux considérations environnementales et à l’aménagement <strong>du</strong>rable <strong>du</strong><br />
territoire et <strong>de</strong> la ville ; elle est suscitée, voire imposée, par les mo<strong>de</strong>s d’urbanisation actuels -<br />
notamment la propension à l’extension territoriale - grands consommateurs d’espace, <strong>de</strong><br />
ressources et d’énergie.<br />
La secon<strong>de</strong> considère le rapport qualitatif au territoire, plus que la dimension quantifiable <strong>du</strong><br />
territoire ou <strong>de</strong> l’architecture.<br />
Ainsi, une attention particulière est portée aux aspects qualitatifs <strong>de</strong>s projets, en particulier<br />
aux qualités sociales et spatiales.<br />
Méthodologie.<br />
Le thème <strong>de</strong> « L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle » et « <strong>du</strong> projet à gran<strong>de</strong> échelle » suscite<br />
une réflexion liminaire sur la notion même <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> échelle, sur ses différentes acceptions et<br />
expressions, sur sa relativité et sa pertinence selon les lieux. Et ceci en distinguant ce qui<br />
relève <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong> la ville et <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong>s configurations spatiales à<br />
l’œuvre en ces circonstances. Pour ce faire, nous avons choisi <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r <strong>de</strong> manière<br />
comparative. En effet, qu’est-ce que la « gran<strong>de</strong> échelle » si elle n’est rapportée à d’autres<br />
échelles ? Aussi la notion <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> échelle doit-elle être appréhendée et précisée dans la<br />
comparaison ou, plus précisément, dans la confrontation entre <strong>de</strong>s objets spatiaux sur un<br />
même site urbain et entre <strong>de</strong>s situations urbaines différenciées.<br />
Confrontés à la double nécessité d’une démarche comparative et d’une démarche itérative - <strong>du</strong><br />
grand au petit, <strong>du</strong> macro au micro - l’expérience menée aujourd’hui partout en Chine, à<br />
l’échelle métropolitaine, nous a semblé particulièrement significative, qu’il s’agisse <strong>de</strong> Pékin,<br />
Chongqing, Wuhan, Xi’an, Canton ou encore Shanghai… Nous tentons donc <strong>de</strong><br />
l’appréhen<strong>de</strong>r avec notre point <strong>de</strong> vue forgé par les observations <strong>de</strong>s expérimentations<br />
européennes et avec comme point <strong>de</strong> mire la prise en compte <strong>de</strong> critères permettant<br />
l’évaluation <strong>de</strong>s politiques environnementales, leur amélioration et leur expérimentation.<br />
xlii
Dans cette perspective, nous avons privilégié l’étu<strong>de</strong> <strong>du</strong> cas <strong>de</strong> Shanghai, déjà investi par un<br />
certain nombre <strong>de</strong> travaux <strong>de</strong> recherches et <strong>de</strong> réalisations expérimentales ; métropole qui, par<br />
ailleurs, présente <strong>de</strong>s expressions significatives et différenciées <strong>de</strong>s processus et <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong><br />
l’espace <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle.<br />
Dans le cadre <strong>du</strong> programme « L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle », l'IPRAUS et l’ENSA<br />
PB, en liaison avec l'Université Tongji <strong>de</strong> Shanghai, proposent <strong>de</strong>s formations, articulant<br />
enseignement et recherche, associant étudiants chinois et français, permettant ainsi une<br />
confrontation <strong>de</strong>s spécificités culturelles et professionnelles <strong>de</strong>s uns et <strong>de</strong>s autres.<br />
• Accueil à l’IPRAUS, comme stagiaires, <strong>de</strong> trois étudiants <strong>de</strong> Tongji, architectes ou<br />
urbanistes <strong>de</strong> formation, inscrits en DSA « Architecture <strong>de</strong>s territoires » (convention ENSA<br />
PB – Tongji) ;<br />
• Atelier court <strong>du</strong> DSA (quatre séances sur un mois, pour la promotion complète <strong>de</strong> dix-huit<br />
étudiants) sur le thème retenu pour l'appel d'offre : un quartier <strong>du</strong>rable à Shanghai ;<br />
• Atelier <strong>de</strong> terrain franco-chinois réunissant <strong>de</strong>s étudiants <strong>du</strong> DSA et <strong>de</strong> Tongji, ainsi que<br />
ceux <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong> master ENSA PB et <strong>du</strong> DPEA Métropoles d’Asie-Pacifique (ENSA<br />
PLV et Paris Belleville, IFU <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Paris 8), février-mars 2007 ;<br />
• Atelier long <strong>du</strong> DSA sur un semestre pour les six étudiants <strong>de</strong> la filière Métropole d’Asie<br />
Pacifique sur le même thème développé ; cet atelier sera prolongé au troisième semestre <strong>du</strong><br />
DSA ;<br />
• TD "Villes comparées" sur le thème <strong>de</strong>s villes <strong>de</strong> fleuve et cours / TD <strong>du</strong> DSA sur les<br />
"Systèmes d'Informations Géographiques" ;<br />
• Encadrement par l’IPRAUS <strong>de</strong> stagiaires, étudiants <strong>du</strong> DSA se préparant à suivre la filière<br />
recherche, dans le cadre <strong>du</strong> programme <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> « L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong><br />
échelle ».<br />
Résumé.<br />
Le Laboratoire <strong>de</strong> recherche IPRAUS, l'Ecole nationale supérieure d'architecture <strong>de</strong> Paris-<br />
Belleville, et l'Université Tongji <strong>de</strong> Shanghai ont offert, dans le cadre <strong>du</strong> programme<br />
interdisciplinaire <strong>de</strong> recherche « L'architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle » un enseignement<br />
spécifique s'inscrivant dans une démarche <strong>de</strong> recherche pédagogique <strong>de</strong> projet et sur le projet.<br />
Cette démarche expérimentale, associant étudiants chinois et français, permet une<br />
confrontation <strong>de</strong>s spécificités culturelles et professionnelles. La question essentielle <strong>de</strong> cette<br />
recherche est celle <strong>de</strong> la fabrication <strong>de</strong> la ville à gran<strong>de</strong> échelle et en particulier <strong>de</strong>s relations<br />
et <strong>de</strong>s articulations entre les formes architecturales et urbaines. Le terrain principal d'étu<strong>de</strong> est<br />
Shanghai et singulièrement un site <strong>de</strong>s berges <strong>du</strong> Huangpu. Les <strong>de</strong>ux autres terrains<br />
d'investigation sont Wuham et Paris, <strong>de</strong>ux villes <strong>de</strong> fleuve. Sont analysées : la dimension<br />
territoriale, <strong>de</strong>ux autres dimensions spécifiques à la ville <strong>de</strong> Shanghai : un espace partagé et la<br />
verticalisation <strong>du</strong> paysage urbain, une nouvelle géographie urbaine.<br />
xliii
4. Habiter les berges. Réflexion sur les outils <strong>du</strong> projet à gran<strong>de</strong> échelle.<br />
Institut d’Urbanisme <strong>de</strong> Grenoble.<br />
Responsables scientifiques : Gilles Novarina, Natacha Seigneuret.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
L’objet <strong>du</strong> projet <strong>de</strong> recherche est <strong>de</strong> réfléchir à la transposition <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s d’analyse sur<br />
lesquelles s’appuie le projet urbain, à l’échelle d’un secteur particulier délimité le plus<br />
souvent par un périmètre, à une démarche <strong>de</strong> projet à gran<strong>de</strong> échelle.<br />
Notre terrain d’observation et d’étu<strong>de</strong>, la traversée <strong>de</strong> la ville par une rivière, présente dans<br />
cette optique l’intérêt d’obliger à une démarche <strong>de</strong> projet non pas sur un territoire particulier<br />
mais sur un fil directeur qui agrège <strong>de</strong>s réalités environnementales, urbanistiques,<br />
socioéconomiques, diverses.<br />
L’agglomération grenobloise présente <strong>de</strong>s réalités géographiques, topographiques et<br />
climatiques qui vont créer <strong>de</strong>s contraintes d’usages et <strong>de</strong>s opportunités à saisir. Le<br />
développement urbain est contraint sur une base plate d’urbanisation entourée <strong>de</strong> massifs<br />
montagneux qui constituent le grand paysage, la pression foncière est forte et les potentialités<br />
<strong>de</strong> développement se réalisent au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’agglomération.<br />
En toute logique, les déplacements quotidiens entre domicile et travail bloquent régulièrement<br />
les points d’entrée et <strong>de</strong> sortie. Cette configuration en dépression concentre la chaleur en été,<br />
le froid en hiver et les polluants en toute saison dès lors que les vents s’abstiennent <strong>de</strong><br />
souffler.<br />
La prise en compte <strong>de</strong> cette situation nécessite alors <strong>de</strong> porter un regard large et <strong>de</strong> réaliser<br />
une analyse à gran<strong>de</strong> échelle, non seulement pour obtenir une diversification et une richesse<br />
<strong>de</strong> points <strong>de</strong> vues, mais parce que la qualité et le <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> l’agglomération grenobloise ne se<br />
perçoivent pas à petite échelle.<br />
Méthodologie.<br />
Pour montrer que le projet est révélateur <strong>de</strong>s mutations territoriales en cours dans la ville<br />
contemporaine, nous nous appuyons sur nos propres réflexions méthodologiques et<br />
épistémologiques concernant l’analyse, le diagnostic, la lecture et le projet, d’une part ; et<br />
d’autre part, sur les travaux <strong>de</strong>s étudiants <strong>de</strong> l’Atelier Projet Urbain <strong>de</strong> Master. Avec nos<br />
étudiants, nous nous interrogeons sur la manière dont la rivière qu’est l’Isère peut mettre en<br />
relation <strong>de</strong>s paysages, <strong>de</strong>s tissus urbains, <strong>de</strong>s activités humaines ou <strong>de</strong>s usages sociaux. En<br />
intitulant notre proposition « habiter les berges <strong>de</strong> la rivière », nous portons notre réflexion sur<br />
les principaux problèmes que révèle la traversée <strong>de</strong> la ville par ce cours d’eau.<br />
Nous fixons ainsi nos regards sur un territoire vaste qui associe <strong>de</strong>s espaces encore naturels,<br />
<strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> loisirs, <strong>de</strong>s zones d’activités en cours <strong>de</strong> reconversion, <strong>de</strong>s espaces rési<strong>de</strong>ntiels <strong>de</strong><br />
périphérie, d’anciens faubourgs ouvriers, comme <strong>de</strong>s vieux quartiers <strong>du</strong> centre-ville ; et notre<br />
démarche méthodologique abor<strong>de</strong> les mo<strong>de</strong>s d’interrogations <strong>du</strong> territoire, l’imbrication <strong>de</strong>s<br />
échelles <strong>du</strong> territoire et l’itération entre analyses et projet.<br />
Nous souhaitons finaliser notre rapport <strong>de</strong> recherche sous la forme d’un précis<br />
d’enseignement <strong>du</strong> projet à gran<strong>de</strong> échelle : un petit manuel à la fois sous une forme<br />
matérielle et à plus long terme sous une forme interactive avec un accès <strong>de</strong>puis le site <strong>de</strong><br />
l’Institut d’Urbanisme <strong>de</strong> Grenoble. Notre "compendium idéal" sera composé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />
premiers chapitres nous permettant d’intro<strong>du</strong>ire notre propos et <strong>de</strong> poser les fondamentaux <strong>du</strong><br />
projet urbain et <strong>de</strong> son enseignement , puis <strong>de</strong> trois chapitres <strong>de</strong>scriptifs comprenant chacun<br />
l’i<strong>de</strong>ntification d’une phase <strong>du</strong> projet, nos interrogations scientifiques, les réponses élaborées<br />
par nos étudiants en atelier et différents exemples tirés <strong>de</strong> pratiques professionnelles<br />
présentées sous la forme d’une ville associée à un projet. Enfin, un in<strong>de</strong>x thématique<br />
terminera notre ouvrage.<br />
xliv
Résumé.<br />
Menée dans le cadre d'ateliers <strong>de</strong> projet urbain effectués avec <strong>de</strong>s étudiants, cette étu<strong>de</strong> se<br />
propose <strong>de</strong> réfléchir sur la place et le rôle <strong>de</strong> la rivière dans la ville, et plus particulièrement,<br />
sur la manière dont l'Isère peut mettre en relation <strong>de</strong>s paysages, <strong>de</strong>s tissus urbains, <strong>de</strong>s<br />
activités humaines ou <strong>de</strong>s usages sociaux dans l'agglomération grenobloise avec ses espaces<br />
naturels, ses pôles <strong>de</strong> loisirs, ses zones d'activités en cours <strong>de</strong> reconversion, ses espaces<br />
rési<strong>de</strong>ntiels <strong>de</strong> périphérie, ses anciens faubourgs ouvriers, ses vieux quartiers <strong>du</strong> centre-ville,<br />
soit les divers types d'espaces que traversent la rivière. Se plaçant aussi d'un point <strong>de</strong> vue<br />
méthodologique, l'étu<strong>de</strong> traite également <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s d'interrogation <strong>du</strong> territoire, <strong>de</strong><br />
l'imbrication <strong>de</strong>s échelles <strong>du</strong> territoire, et <strong>de</strong> l'itération entre analyses et projet.<br />
xlv
5. Jeux d’échelle dans l’urbanisme. Un éclairage sur la fabrique ordinaire <strong>de</strong>s territoires<br />
émergents.<br />
ENSA Nantes.<br />
Responsable scientifique : Marc Dumont.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
Cette proposition cible la manière dont le projet comme cadre pédagogique, maïeutique et<br />
situation concrète <strong>de</strong> fabrique urbaine vient interroger la question <strong>de</strong>s échelles en urbanisme,<br />
leur formalisation comme leurs implications sur l’activité distribuée d’acteurs et <strong>de</strong> processus.<br />
L’hypothèse portée y est que la gran<strong>de</strong> échelle joue un rôle <strong>de</strong> cadre configurant dans la<br />
définition <strong>de</strong> champs d’acteurs et <strong>de</strong> leurs relations. Le choix <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong> territoires<br />
émergents (localisations sub/périurbaines) vise <strong>de</strong> plus à apporter un éclairage sur les<br />
métamorphoses d’un urbanisme contemporain moins prestigieux que celui d’opérations<br />
urbaines phares.<br />
Le projet comme situation concrète, parce que les moments <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction d’espaces habités<br />
privilégiés (cas d’une ZAC française - St Herblain (44) et d’un plan <strong>de</strong> zone - Morges (VD)<br />
en Suisse) s’y trouvent tiraillés par <strong>de</strong>s logiques alternant entre "focale micro" (situation<br />
locale) et niveaux "supra" (dynamique <strong>de</strong> mobilité et <strong>de</strong> flux spécifique aux territoires<br />
périphériques), offrant donc d’idéales situations concrètes d’observation <strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong><br />
dérangement <strong>de</strong> l’urbanisme par la gran<strong>de</strong> échelle (territoire <strong>de</strong> l’agglomération/aire<br />
métropolitaine). Puis, le projet comme cadre pédagogique, un <strong>de</strong>s supports privilégiés étant<br />
l’enseignement (UE) : ces situations sont aussi <strong>de</strong>s moments <strong>de</strong> recherche architecturale à<br />
visée <strong>de</strong> conception, amenant un public d’étudiants à travailler sur <strong>de</strong>s articulations<br />
d’échelles, une pluralité <strong>de</strong>s angles d’analyse et <strong>de</strong> conception <strong>du</strong> projet renforcée par la<br />
constitution pluridisciplinaire <strong>de</strong> l’équipe. Enfin, le projet comme cadre conceptuel<br />
questionne par l’intégration <strong>de</strong>s paroles et conceptions <strong>de</strong> professionnels, la manière dont la<br />
gran<strong>de</strong> échelle peut venir perturber la notion en apparence consensuelle <strong>du</strong> projet.<br />
Ce faisant, la recherche contribue à documenter les formes <strong>de</strong> régulation plurielle dont sont ou<br />
non aujourd’hui l’objet les territoires périphériques.<br />
Méthodologie.<br />
Conformément à ces perspectives, la structure <strong>du</strong> programme établit une configuration <strong>de</strong><br />
savoir relativement périlleuse et inédite en faisant converger les champs scientifique,<br />
pédagogique et professionnel.<br />
Périlleuse : il s’agit non <strong>de</strong> substituer la pratique pédagogique à celle <strong>de</strong> recherche, mais <strong>de</strong><br />
saisir le terrain pédagogique en tant que prétexte permettant <strong>de</strong> nourrir <strong>de</strong>ux approches<br />
différenciées <strong>de</strong> la recherche architecturale, conceptuelle et fondamentale. Inédite moins tant<br />
sur sa formalisation que sur l’angle d’attaque retenu, celle <strong>de</strong>s figures <strong>du</strong> projet. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s<br />
instruments et <strong>de</strong> démarches classiques indispensables (exploration <strong>de</strong> terrains, analyse <strong>de</strong>s<br />
formes, enquêtes et entretiens, workshops locaux et transnationaux...), le travail s’articule <strong>de</strong><br />
trois manières autour <strong>de</strong> la capacité d’attracteur propre aux figures <strong>du</strong> projet :<br />
• Les figures comme attracteurs actoriels, double néologisme restituant la manière dont,<br />
autour <strong>de</strong> termes-clés, se cristallisent <strong>de</strong>s processus, se différencient <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong><br />
l’aménagement et <strong>du</strong> projet. Ainsi, <strong>de</strong>rrière <strong>de</strong>s figures en apparence compatibles d’un même<br />
espace telles que la « coulée verte » (espace naturel en voie <strong>de</strong> protection par la commune <strong>de</strong><br />
St Herblain) et la « forêt urbaine » (politique d’agglomération) se déploient <strong>de</strong>s réseaux<br />
d’acteurs et <strong>de</strong>s visées très différentes : affirmation d’une i<strong>de</strong>ntité pour une commune<br />
suburbaine, <strong>de</strong> la cohérence d’une entité supra-urbaine <strong>de</strong> l’autre, une différenciation par les<br />
figures dans l’analyse <strong>de</strong>s processus qui s’inscrit dans un renouvellement <strong>de</strong>s approches <strong>de</strong> la<br />
pratique urbanistique.<br />
xlvi
• Les figures abordées comme attracteurs théoriques, sous-ten<strong>du</strong>es, donc, par <strong>de</strong>s modèles<br />
cognitifs spatiaux. Une historicité épaisse sous-tend nombre d’entre elles : jamais nouvelles<br />
dans la quasi-totalité <strong>de</strong>s cas, elles ne sont qu’une énième occurrence générique (arc, mail,<br />
corridor répercutent <strong>de</strong>s héritages conceptuels scientifiquement largement déjà documentés),<br />
mais surtout locale (ainsi, une histoire locale <strong>du</strong> « mail » ou <strong>du</strong> « cours » répan<strong>du</strong> dans la<br />
ville-centre comme d’autres communes <strong>de</strong> la périphérie nantaise) et localisée dans le projet<br />
observé (« hermelandisation »). Derrière ce double éclairage d’attracteurs cognitif et<br />
théorique se déploie donc un <strong>de</strong>s rapports entre (gran<strong>de</strong>s) échelles et temporalités.<br />
• Des figures comme attracteurs <strong>de</strong> conception, impliquant une forte réflexivité <strong>de</strong>s étudiants :<br />
la figure constitue dans ce cas une prise subversive <strong>de</strong> réflexion projectuelle, moins un effet<br />
<strong>de</strong> décor <strong>du</strong> projet qu’une démarche d’innovation projectuelle voire une stratégie <strong>de</strong><br />
conception avec la gran<strong>de</strong> échelle : le ruban, le mitage…<br />
Résumé.<br />
Cherchant à éclairer les modalités suivant lesquelles le projet comme cadre pédagogique,<br />
maïeutique et conceptuel, mais aussi comme situation concrète <strong>de</strong> fabrique urbaine, vient<br />
interroger la question <strong>de</strong>s échelles en urbanisme, et en s'intéressant à <strong>de</strong>s territoires <strong>de</strong><br />
l'agglomération nantaise, et parfois plus particulièrement à la figure <strong>de</strong> « la forêt urbaine », les<br />
auteurs exposent <strong>de</strong>s analyses et réflexions sur la prise en compte et les jeux d'échelle dans le<br />
projet en donnant la parole aux enseignants, étudiants et visiteurs. Puis, visant à interroger les<br />
rapports entre figures et jeux d'échelle, ils proposent <strong>de</strong>s réflexions sur le rôle pragmatique<br />
<strong>de</strong>s figures, et une exploration <strong>de</strong> la place <strong>de</strong> la forêt urbaine.<br />
Résultats.<br />
Le suburbain, catégorie spécifique d'espace se situant aux marges intérieures ou extérieures<br />
<strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s agglomérations, pose un double défi :<br />
- aux urbanistes et architectes, d'abord, celui <strong>de</strong> se constituer en tant que « territoires <strong>de</strong><br />
projet » bien singuliers puisque leur existence reste souvent bien aléatoire quant à leurs<br />
possibles usages. Quel est le sens d’une réflexion sur l'espace public dans le cas <strong>de</strong><br />
lotissements que leurs rési<strong>de</strong>nts n'investiraient que peu, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong> leur habitation<br />
? De zones commerciales ?<br />
- puis, aux chercheurs et scientifiques : peut-on restituer les processus propres à la fabrique<br />
urbanistique <strong>de</strong> ces espaces à partir <strong>de</strong>s analyses qui ont été forgées dans d'autres contextes<br />
spatiaux ?<br />
La recherche tente d'apporter <strong>de</strong>s éclairages sur ces <strong>de</strong>ux ordres <strong>de</strong> question.<br />
1. Figures et conditions : entre contraintes et ressorts, un mini-laboratoire suburbain.<br />
Les espaces suburbains se déploient à l'intérieur <strong>de</strong> matrices normatives, impératifs <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>nsification, respects <strong>de</strong>s orientations stratégiques métropolitaines. Cette condition les inclut<br />
dans une configuration plus large, une <strong>de</strong>s dimensions qui serait constitutive d'une « gran<strong>de</strong><br />
échelle », à côté <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> plus en plus métropolitains. Comment<br />
l'intervention architecturale est-elle à même <strong>de</strong> prendre place dans cet interstice ? En quoi y<br />
trouve-elle <strong>de</strong>s ressorts ou se retrouve-t-elle dans <strong>de</strong>s voies sans issue ? S'agit-il d'un espace<br />
désormais "pré-normé" au point d'en rendre bien limitées les opportunités d'intervention ? Estce<br />
davantage un espace libéré par sa situation « d'angle mort » <strong>de</strong> la « Gran<strong>de</strong> échelle<br />
métropolitaine » ? Passer <strong>de</strong> la « petite » à la « gran<strong>de</strong> » échelle, c'est alors faire <strong>du</strong> lieu<br />
pédagogique un mini-laboratoire <strong>de</strong> réflexion active sur le renouvellement <strong>de</strong>s classiques<br />
modèles urbanistiques, <strong>de</strong> centripètes à centrifuges. Le projet, dans le cadre pédagogique tout<br />
au moins, prendrait alors une teneur stratégique <strong>de</strong> "réversion" visant à contrecarrer les<br />
logiques d'affectation - urbanisation par secteurs et <strong>de</strong> relégation. On voit ici une première<br />
xlvii
encontre avec la figure (ou métaphore territoriale) explicitant un type <strong>de</strong> tactique ou <strong>de</strong><br />
stratégie (« hermelandisation », « cheval <strong>de</strong> Troie », « urbanisation en ruban »...).<br />
2.Figures et processus : <strong>de</strong>s acteurs aux traceurs d'action, penser la petite fabrique<br />
urbanistique.<br />
La prolifération <strong>de</strong>s intervenants traversant et travaillant ces espaces ne désarme-t-elle pas la<br />
manière dont les chercheurs peuvent en expliquer les processus con<strong>du</strong>isant à leur élaboration<br />
? Quelle est donc la spécificité <strong>de</strong> cette "petite fabrique urbanistique" au regard <strong>du</strong> "grand<br />
projet" – autre angle <strong>du</strong> rapport entre le "petit" (périphérique) et le "grand" central ? Ne peuton<br />
restituer qu'à partir <strong>du</strong> cadre "logique" <strong>de</strong>s "jeux d'échelles", <strong>de</strong> la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> leurs<br />
emboîtements et entrechoquements ? L'approche par l'emboîtement <strong>de</strong> cadres dont sont<br />
friands les géographes a-t-elle encore <strong>du</strong> sens lorsqu'on sait qu'elle efface la très gran<strong>de</strong><br />
labilité <strong>de</strong>s intervenants ? C'est une toute autre perspective que permet dans ce cas d'engager<br />
la figure. Celle-ci constitue une sorte d'OVNI aux contours et contenus flous, objet<br />
suffisamment plastique pour permettre <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s sens différents (suivant les situations),<br />
mais suffisamment pérenne (par la cristallisation tant langagière que visuelle qui le porte)<br />
pour être doté d'une continuité lui permettant <strong>de</strong> retracer <strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong> processus, <strong>de</strong> constituer<br />
(ou d'embrayer) <strong>de</strong>s récits d'action, que peuvent partager les chercheurs et les acteurs. C'est le<br />
cas d'une figure particulière, la forêt urbaine, projet politique <strong>de</strong> Nantes Métropole, entre local<br />
et global, qui est, en ce sens, documenté.<br />
La recherche est développée en <strong>de</strong>ux temps principaux. Le premier relate cet enseignement <strong>de</strong><br />
projet inscrit dès le départ dans le programme <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle et donne la parole aux<br />
enseignants, étudiants et visiteurs <strong>de</strong> cette aventure. Le <strong>de</strong>uxième interroge les rapports entre<br />
figures et jeux d'échelle. Après une réflexion sur le rôle pragmatique <strong>de</strong>s figures, une<br />
exploration fine <strong>de</strong> la place <strong>de</strong> la forêt urbaine dans ce cadre cognitif est proposée. Enfin sont<br />
esquissés les enjeux d'un dictionnaire <strong>de</strong>s figures oeuvrant à gran<strong>de</strong> échelle.<br />
xlviii
6. Un grand territoire à <strong>de</strong>nsifier. Opportunités et enjeux <strong>de</strong> la ville nouvelle <strong>de</strong> Marnela-Vallée<br />
dans la métropole parisienne.<br />
ENSA Marne-la-Vallée.<br />
Responsable scientifique : Luc Baboulet.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
La recherche part d’une interrogation <strong>de</strong> l’EpaMarne : et si l’on doublait la population <strong>de</strong> la<br />
ville nouvelle à infrastructures constantes, dans une perspective <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsification, donc <strong>de</strong><br />
développement <strong>du</strong>rable ?<br />
Cette hypothèse est à la base <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> projet d’un groupe d’étudiants <strong>du</strong> DSA<br />
d’architecte-urbaniste (post-diplôme, encadré par Yves Lion et François Leclercq), ainsi que<br />
<strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux filières <strong>de</strong> Master <strong>de</strong> l’école : “Habitats”, dirigée par Yves Lion, et "Parismétropole",<br />
animée par François Leclercq. Le groupe <strong>du</strong> DSA a travaillé au premier semestre<br />
2006-2007 sur le secteur <strong>du</strong> Val d’Europe, comme le lui avait <strong>de</strong>mandé l’établissement<br />
public. Les étudiants <strong>de</strong>s Masters ont investi un terrain moins évi<strong>de</strong>nt (travail poursuivi au 2e<br />
semestre) : l’A199, tronçon autoroutier <strong>de</strong> 5 km sur une emprise variant <strong>de</strong> 30 à 80 mètres <strong>de</strong><br />
largeur, orienté est-ouest, comme l’A4 et le RER A.<br />
Des tissus très divers (la ville nouvelle est diffuse et polycentrée)<br />
L’A199 traverse <strong>de</strong>s paysages très divers : un "centre-ville" animé <strong>de</strong>s années 1970, le bois<br />
qui va jusqu’à la cité universitaire Descartes, un tissu pavillonnaire ancien, un grand<br />
échangeur surplombant <strong>de</strong>s étangs et un parc, enfin les abords <strong>du</strong> centre commercial <strong>de</strong> Torcy.<br />
Le déclassement <strong>de</strong> l’A199 étant acquis, on a défini, pour les besoins <strong>de</strong> l’exercice, son<br />
nouveau statut comme celui d’un "boulevard urbain", ce qui rend disponibles divers types <strong>de</strong><br />
foncier.<br />
Deux gran<strong>de</strong>s problématiques se sont dégagées :<br />
1. Abor<strong>de</strong>r un territoire très hétérogène.<br />
Le caractère disparate <strong>de</strong>s sites a généré une recherche presque automatique <strong>de</strong> continuités, <strong>de</strong><br />
"couture", comme si les scénarios imaginés par les étudiants <strong>de</strong>vaient fluidifier les territoires<br />
traversés, la "gran<strong>de</strong> échelle" étant celle <strong>de</strong> la mise en liaison <strong>de</strong>s parcours (tous mo<strong>de</strong>s<br />
confon<strong>du</strong>s), celle <strong>de</strong> l’architecture un prétexte pour servir cet objectif. Nous interrogeons la<br />
pertinence et le fonctionnement <strong>de</strong> ce quasi réflexe.<br />
2. Abor<strong>de</strong>r les sauts d’échelle<br />
La logique <strong>du</strong> zoom ne fonctionne pas : les étudiants <strong>du</strong> Master "Habitat(s)" sont partis d’un<br />
immeuble pour travailler sur le site d’implantation ; ceux <strong>de</strong> "Paris-métropole" <strong>de</strong> l'ensemble<br />
<strong>du</strong> périmètre pour définir un bâtiment emblématique. Il apparaît que l’échelle d’origine <strong>de</strong> la<br />
réflexion reste déterminante, et que celle <strong>du</strong> but final est mal appréhendée.<br />
C’est donc au milieu (au "défaut") que nous nous nous intéressons. Il s’agit <strong>de</strong> repérer et<br />
caractériser les lieux et moments <strong>de</strong>s ruptures scalaires, quand l’échelle en tant que telle<br />
<strong>de</strong>vient un problème : les seuils – dans un sens ou dans un autre, entre le 1/10000 (territoire)<br />
et le 1/50 (intérieur <strong>du</strong> logement).<br />
Méthodologie.<br />
Une métho<strong>de</strong> à plusieurs niveaux.<br />
Des séances <strong>de</strong> corrections croisées entre Masters ont eu lieu, l’objectif étant que les<br />
difficultés et résultats <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s groupes se confrontent. La position <strong>de</strong>s chercheurs est ici<br />
celle d’une observation participante régulière (présence à une séance par semaine, avec<br />
élaboration d’un "journal" <strong>du</strong> parcours pédagogique).<br />
Parallèlement à l’atelier, <strong>de</strong>ux dispositifs plus ouverts ont accompagné la réflexion <strong>de</strong>s<br />
étudiants :<br />
• Les "leçons <strong>du</strong> mardi", cycle hebdomadaire <strong>de</strong> conférences <strong>de</strong> chercheurs ou <strong>de</strong> praticiens<br />
ayant une démarche réflexive sur leurs travaux, consacrées cette année à l’environnement ;<br />
xlix
• Trois journées d’étu<strong>de</strong> sur le développement <strong>du</strong>rable (organisées par l’OCS et le DSA, en<br />
partenariat avec le CAUE 77) en décembre 2006, mars et juin 2007, <strong>de</strong> l’échelle territoriale à<br />
celle <strong>du</strong> bâtiment ; l’ouverture sur <strong>de</strong>s réflexions universitaires mais aussi <strong>de</strong>s expériences <strong>du</strong><br />
terrain ai<strong>de</strong> les étudiants à situer leur propre démarche ;<br />
• Enfin, <strong>de</strong>s entretiens seront menés avec les enseignants <strong>de</strong> projet, quelques professionnels et<br />
un échantillon d’étudiants, pour cerner les difficultés projectuelles que soulève pour eux la<br />
gran<strong>de</strong> échelle, ainsi que les outils plus ou moins intuitifs qu’ils mettent en œuvre pour<br />
l’abor<strong>de</strong>r <strong>de</strong> manière systématique.<br />
Etu<strong>de</strong> abandonnée.<br />
l
7. Projets pour habiter les territoires. Expérimenter et évaluer.<br />
ENSA paysage Bor<strong>de</strong>aux.<br />
Responsable scientifique : Claire Parin.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
Centrée sur la question <strong>du</strong> rapport entre le processus <strong>de</strong> projet et son contexte territorial, la<br />
démarche <strong>de</strong> recherche est bâtie sur la connexion <strong>de</strong> plusieurs positions.<br />
La première est que le projet est un médiateur <strong>de</strong> changement mais également un support <strong>de</strong><br />
connaissance. Décliné conjointement à différentes échelles, architecturale, urbaine et<br />
territoriale, il permet à la fois <strong>de</strong> développer une vision informée et distanciée <strong>de</strong>s réalités<br />
locales, et d'impulser <strong>de</strong>s formes d'intervention innovantes en prenant appui sur <strong>de</strong>s<br />
dynamiques territoriales.<br />
La <strong>de</strong>uxième renvoie à la notion d'"architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle", dimension sur laquelle<br />
s’adosseraient <strong>de</strong> nouvelles formes <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctions projectuelles. Au regard <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s<br />
villes contemporaines, on constate une transgression <strong>de</strong>s échelles <strong>du</strong> projet qui concerne tous<br />
les intervenants et acteurs <strong>de</strong> la fabrication <strong>de</strong> la ville, issue <strong>de</strong> la mutation <strong>de</strong>s territoires et<br />
<strong>de</strong>s dynamiques sociales, économiques, culturelles qui les expliquent ; la transformation <strong>de</strong>s<br />
conditions <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> projet favorisant en outre une forme <strong>de</strong> "déterritorialisation" <strong>de</strong><br />
l'architecture.<br />
Face à ces évolutions, <strong>de</strong>s démarches <strong>de</strong> projet innovantes émergent aujourd'hui sur tous les<br />
continents, qui s'attachent à construire <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> cohérence territoriale à partir <strong>de</strong><br />
l'analyse <strong>de</strong> la qualité spatiale <strong>de</strong>s lieux et <strong>de</strong>s permanences structurelles qui sont au<br />
fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong>s territoires. En nous inscrivant dans cette mouvance, nous<br />
considérons que l'architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle est une instance permettant <strong>de</strong> renouer<br />
avec une forme d'inscription dans le contexte territorial, et cette recherche a pour but <strong>de</strong><br />
comprendre <strong>de</strong> quelle manière cet objectif peut être appréhendé et formalisé dans un cadre<br />
pédagogique.<br />
Méthodologie.<br />
La métho<strong>de</strong> consiste à construire un cadre expérimental sur la base d’un atelier <strong>de</strong> projet<br />
urbain <strong>de</strong> cinquième année <strong>de</strong> l'ENSAPBx, sachant que le dispositif mis en place dans ce<br />
cadre doit tendre à allier une pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> projets et un cadre d'observation permettant<br />
d’exploiter les savoirs et les connaissances pro<strong>du</strong>ites.<br />
La thématique <strong>de</strong> projet retenue porte sur les nouveaux mo<strong>de</strong>s d'habiter le territoire, en lien<br />
avec la problématique <strong>de</strong> la ville en réseau. Deux sites d'intervention sur le territoire <strong>de</strong><br />
l'agglomération bor<strong>de</strong>laise sont proposés au choix <strong>de</strong>s étudiants <strong>de</strong> façon à observer les effets<br />
<strong>de</strong> site intervenant dans la construction <strong>du</strong> dialogue entre projet et contexte : l'un<br />
apparemment figé et consolidé - le quartier <strong>de</strong> Méria<strong>de</strong>ck – correspondant à un système <strong>de</strong><br />
tours et <strong>de</strong> dalles issu <strong>de</strong> la politique <strong>de</strong> rénovation urbaine <strong>de</strong>s années 60-70 ; l'autre en<br />
<strong>de</strong>venir - le quartier <strong>du</strong> Bas- Floirac - intégré à la faça<strong>de</strong> in<strong>du</strong>strielle <strong>de</strong>s quais rive droite et<br />
aujourd'hui en proie à une reconversion rési<strong>de</strong>ntielle rapi<strong>de</strong>.<br />
Un premier temps d'évaluation correspond à un "retour sur expérience" au sein <strong>de</strong> l'équipe<br />
pédagogique à l'issue <strong>de</strong> l'expérimentation. En lien avec la participation active d'enseignants<br />
praticiens à la démarche <strong>de</strong> recherche, un "tournant réflexif" (Donald Schön) s'avère<br />
nécessaire pour analyser et évaluer la pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong>s étudiants en termes <strong>de</strong> processus et <strong>de</strong><br />
connexions entre les mo<strong>de</strong>s d'action sur l'espace et les mécanismes intellectuels mobilisés par<br />
le projet.<br />
Un second temps d'évaluation fait appel à l'échange <strong>de</strong> points <strong>de</strong> vue avec différents acteurs<br />
<strong>de</strong> l'aménagement à différentes échelles <strong>du</strong> territoire (élus, concepteurs, opérateurs et<br />
li
professionnels <strong>de</strong> la planification et <strong>de</strong> l'aménagement), les séminaires thématisés ainsi<br />
organisés constituant une forme <strong>de</strong> valorisation <strong>de</strong> la recherche.<br />
Enfin, la recherche débouchera sur un approfondissement théorique spécifique sur la question<br />
<strong>de</strong> la transférabilité <strong>de</strong>s démarches et <strong>de</strong>s dispositifs <strong>de</strong> projet à la gran<strong>de</strong> échelle dans divers<br />
contextes d'intervention.<br />
lii
8. L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle. Vers les simulations complexes.<br />
RENK+PARTNERS<br />
Responsable scientifique : Alain Renk.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
Le mon<strong>de</strong> actuel est marqué par l'entrelacement <strong>de</strong>s territoires physiques et virtuels au<br />
moment où les enjeux <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable imposent une gestion systémique et<br />
multiscalaire <strong>de</strong>s problématiques. Parallèlement, l’État se positionne en stratège, déléguant<br />
ses compétences opérationnelles aux collectivités. Ce nouveau contexte favorise <strong>de</strong>s<br />
approches territoriales et urbaines complexes, tenant compte <strong>de</strong>s incertitu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> la<br />
complémentarité <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> vue.<br />
« L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle » questionne le projet <strong>de</strong> territoire. Quelle est la bonne<br />
échelle <strong>de</strong> lecture et d’écriture d'un territoire ? Comment évaluer les conséquences <strong>de</strong>s<br />
stratégies à développer en termes <strong>de</strong> mutabilités et <strong>de</strong> résiliences ?<br />
L’hypothèse que nous développons est qu’il faut croiser les approches sensible et scientifique<br />
pour enrichir les process <strong>de</strong> conception sur les plans théorique et opérationnel. La complexité<br />
<strong>du</strong> terrain, la diversité <strong>de</strong>s acteurs et le besoin <strong>de</strong> les faire collaborer nous con<strong>du</strong>it à envisager<br />
la création d’outils <strong>de</strong> simulation prospective <strong>de</strong>s territoires, plateformes interdisciplinaires <strong>de</strong><br />
co-élaboration.<br />
Méthodologie.<br />
Le laboratoire host expérimente <strong>de</strong>puis 2000 <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> représentation multiscalaires<br />
(évolution <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> diagramme) qui améliorent sensiblement la détection <strong>de</strong>s contextes<br />
émergents, ainsi que la projection et le partage <strong>de</strong>s orientations.<br />
La métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s "paysages stratégiques " (système analytique à usage militaire) nous ai<strong>de</strong> à<br />
concevoir le cahier <strong>de</strong>s charges d’un simulateur d'écosystème urbain. Ce <strong>de</strong>rnier intègrera <strong>de</strong>s<br />
mo<strong>du</strong>les d'analyse logiciels propres aux disciplines liées à la ville : géographie, économie,<br />
anthropologie… Cet outil placera la recherche au cœur <strong>de</strong>s problématiques opérationnelles et<br />
développera la transdisciplinarité, permettant une capitalisation <strong>de</strong> l’expérience.<br />
Le laboratoire <strong>de</strong> recherche architecturale Host, le laboratoire <strong>de</strong> géographie TheMA (CNRS<br />
UMR 6940) et Renk + Partners-urbanistes, partenaires opérationnels, constituent une<br />
association pertinente pour vérifier si la simulation, enten<strong>du</strong>e comme nouveau "paysage" <strong>du</strong><br />
projet <strong>de</strong> territoire, est vali<strong>de</strong> au sein <strong>de</strong> la discipline architecturale et à quelles conditions.<br />
ThéMA élabore en effet <strong>de</strong>s modèles pour la conception <strong>de</strong> scénarios d’aménagement <strong>du</strong>rable.<br />
Il s’agit <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong> nouvelles méthodologies appuyées sur <strong>de</strong>s outils émergents dans le<br />
mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’aménagement et <strong>de</strong> la géographie (basés sur le principe <strong>de</strong>s automates cellulaires,<br />
<strong>du</strong> potentiel, <strong>de</strong>s modèles fractals, etc.), en collaboration avec les acteurs et les usagers. Ces<br />
travaux enrichissent les échanges entre recherche théorique, recherche appliquée et pratique<br />
opérationnelle en milieu complexe.<br />
Les systèmes <strong>de</strong> simulations développés par ThéMA offrent une mesure qualitative et<br />
con<strong>du</strong>isent à développer <strong>de</strong> nouveaux concepts d’aménagement.<br />
L’élaboration <strong>de</strong> ces concepts doit s’appuyer sur une bonne connaissance <strong>de</strong>s espaces urbains,<br />
<strong>de</strong> leur mutation et <strong>de</strong> leur fonctionnement et intégrer la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> sociale sous-jacente qui<br />
contribue souvent à l’étalement urbain.<br />
Cette recherche confronte les langages, les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> représentation <strong>de</strong> l’architecture et <strong>de</strong> la<br />
géographie au travers <strong>de</strong> cas d’étu<strong>de</strong> concrets. Révélant les apports et les limites <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s<br />
actuelles <strong>de</strong> modélisation dans la conception <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> territoire, elle participe à<br />
l’élaboration <strong>de</strong> problématiques communes. La rencontre d’acteurs opérationnels et<br />
d’étudiants permettra d’évaluer les retombées <strong>de</strong> cette recherche tant pour la compréhension<br />
que pour la conception, la concertation ou la gestion <strong>de</strong> projets.<br />
liii
Il s’agit ainsi <strong>de</strong> coordonner et faire évoluer les pratiques propres à chaque discipline vers la<br />
conception <strong>de</strong> plateformes d’intelligence collective <strong>de</strong>stinées à répondre aux enjeux<br />
complexes d’un développement territorial <strong>du</strong>rable.<br />
Etu<strong>de</strong> abandonnée.<br />
liv
Session 2007<br />
9. Vers une architecture <strong>de</strong>s milieux. Expérimentations projectuelles et pédagogiques <strong>de</strong><br />
la « ville-nature ».<br />
ENSA Clermont-Ferrand.<br />
Responsable scientifique : Chris Younès.<br />
10. Pro<strong>du</strong>ire une ville et un habitat <strong>de</strong> qualité à travers les frontières: l’exemple <strong>de</strong><br />
l’agglomération franco-valdo-genevoise.<br />
Université catholique <strong>de</strong> Louvain. Unité d’urbanisme et <strong>de</strong> développement territorial.<br />
Responsable scientifique : Michèle Tranda-Pittion.<br />
11. Trames agricoles, trames urbaines : plan et projets <strong>de</strong>s territoires <strong>de</strong> la villemétropole<br />
<strong>de</strong> Guangzhou-Nansha, le <strong>de</strong>lta <strong>de</strong> la rivière <strong>de</strong>s perles (Canton –HongKong,<br />
Chine).<br />
ENSA Paris la Villette<br />
Responsable scientifique : Liang Zhang, Jean Attali.<br />
12. Ingénierie <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> territoire et con<strong>du</strong>ite d’opérations d’habitat dans une<br />
région urbaine à forte valeur patrimoniale, le Val <strong>de</strong> Loire.<br />
Université <strong>de</strong> Tours François Rabelais.<br />
Responsable scientifique : Christophe Demazière.<br />
13. Inventer les futurs <strong>de</strong> la métropole lilloise : échelles, modèles et scénario. Une<br />
métropole transfrontalière en projet(s).<br />
ENSA Lille.<br />
Responsable scientifique : Philippe Louguet.<br />
14. Rennes / Saint-Malo : « l’effet <strong>de</strong> contexte linéaire » à gran<strong>de</strong> échelle ? Entre réalité<br />
et fiction : une mise à l’épreuve <strong>de</strong>s logiques d’axe.<br />
Université Rennes II.<br />
Responsable scientifique : Remy Allain.<br />
15. Règle d’urbanisme et diversité typologique <strong>de</strong> l’habitat.<br />
ENSA Grenoble.<br />
Responsable scientifique : Yves Sauvage.<br />
16. La métropole en projet. Le <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> la Plaine Saint-Denis dans le Grand Paris<br />
d’aujourd’hui.<br />
ENSA Paris Malaquais.<br />
Responsable scientifique : Cristiana Mazzoni.<br />
lv
9. Vers une architecture <strong>de</strong>s milieux. Expérimentations projectuelles et pédagogiques <strong>de</strong><br />
la « ville-nature ».<br />
ENSA Clermont-Ferrand.<br />
Responsable scientifique : Chris Younès.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition :<br />
Le projet <strong>de</strong> recherche se concentre sur <strong>de</strong>s dispositifs pédagogiques opératoires et <strong>de</strong>s<br />
hypothèses propres à une architecture <strong>de</strong>s milieux qui est pour nous l’hypothèse privilégiée<br />
d’une architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle. Le milieu dont on parle ainsi n’a pas <strong>de</strong> limites bien<br />
définies. A cause <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> passages et <strong>de</strong> continuités spatiales, écologiques et temporelles<br />
ainsi que <strong>de</strong>s dimensions paysagères, cette architecture ne peut se définir à l’intérieur d’un<br />
périmètre ni dans un temps donné. Bien au contraire, elle tisse <strong>de</strong>s liens complexes avec<br />
différentes dimensions territoriales selon <strong>de</strong>s temps entremêlés. Dans cette démarche la<br />
dissociation entre projet territorial, programmation et projet architectural et urbain, n’est plus<br />
opératoire mais requiert une pensée <strong>de</strong> leur entrelacement dans les transformations <strong>de</strong><br />
l’environnement naturel et construit.<br />
Ainsi <strong>de</strong>s expérimentations projectuelles et pédagogiques <strong>de</strong> la "ville-nature" dans <strong>de</strong>ux<br />
contextes périurbains (Baltique et Calabre), d’une part au sein <strong>du</strong> pôle "Entre Ville<br />
Architecture et Nature" <strong>de</strong> l’ENSACF, d’autre part au sein <strong>du</strong> Département <strong>de</strong> planification <strong>de</strong><br />
l’Université <strong>de</strong> Calabre, constitueront <strong>de</strong>ux corpus distincts mis en relation. Plus précisément<br />
sera analysé, en synergie avec un dispositif expert, un travail pédagogique con<strong>du</strong>it avec le<br />
Nord <strong>de</strong> l’Europe (Finlan<strong>de</strong>) et avec le Sud (architecture et analyse <strong>de</strong> la ville<br />
méditerranéenne). Le premier corpus est constitué <strong>du</strong> travail <strong>de</strong> l’équipe <strong>du</strong> pôle EVAN à<br />
l’ENSACF, fondé sur une expérience d’enseignement <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> dix années sur les territoires<br />
périphériques <strong>de</strong>s villes européennes contemporaines en liaison avec le Gerphau laboratoire<br />
Philosophie Architecture Urbain associé <strong>de</strong>puis le début. Le second corpus est celui <strong>du</strong><br />
Département <strong>de</strong> planification <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Reggio Calabre. L’articulation <strong>de</strong> démarches<br />
innovantes à <strong>de</strong>s regards croisés à la fois <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux équipes enseignantes et <strong>de</strong>s experts<br />
professionnels sollicités con<strong>du</strong>ira à une double expérimentation, pédagogique et scientifique,<br />
<strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cycles <strong>de</strong> master européens confrontés à l’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong><br />
échelle.<br />
Pour créer un échange menant à <strong>de</strong>s résultats tant scientifiques que pédagogiques, seront<br />
organisés trois séminaires et un workshop :<br />
• Premier séminaire, prise <strong>de</strong> connaissance <strong>de</strong>s expériences déjà menées (notamment celle<br />
finnoise et celle d’autres chercheurs) et détermination d’un cadre <strong>de</strong> recherche opératoire<br />
commun ;<br />
• Deuxième séminaire faisant suite au dispositif pédagogique mis en place à Reggio <strong>de</strong><br />
Calabre ;<br />
• Troisième séminaire-colloque, qui conclura et permettra <strong>de</strong> présenter les axes développés<br />
pour la pédagogie et les résultats, en vue également <strong>de</strong> lancer, éventuellement, une session<br />
d’un Master <strong>de</strong> niveau européen et un atelier <strong>de</strong> nouvelles pédagogies.<br />
lvi
10. Pro<strong>du</strong>ire une ville et un habitat <strong>de</strong> qualité à travers les frontières: l’exemple <strong>de</strong><br />
l’agglomération franco-valdo-genevoise.<br />
Université catholique <strong>de</strong> Louvain.<br />
Responsable scientifique : Michèle Tranda-Pittion.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
L’agglomération franco-valdo-genevoise regroupe aujourd’hui près <strong>de</strong> 700000 habitants et se<br />
situe aux confins <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux pays : la France et la Suisse. Cette agglomération est marquée par<br />
un morcellement politico-administratif qui constitue un cadre d’action spécifique et<br />
déterminant pour le développement <strong>de</strong> son territoire. Ce contexte, le rayonnement<br />
international et le poids économique <strong>de</strong> Genève ont contribué à pro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong>s déséquilibres<br />
spatiaux et une profon<strong>de</strong> crise <strong>du</strong> logement <strong>de</strong>puis plusieurs décennies. Les leviers à activer<br />
pour tenter d’enrayer cette <strong>de</strong>rnière sont difficiles à i<strong>de</strong>ntifier et à mobiliser <strong>de</strong> part et d’autre<br />
<strong>de</strong> la frontière.<br />
Le projet <strong>de</strong> recherche vise ainsi à appréhen<strong>de</strong>r les blocages à la pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> l’habitat dans<br />
l’agglomération bi-nationale. Il doit permettre <strong>de</strong> les modéliser puis d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong>s outils<br />
réglementaires et/ou opérationnels d’aménagement et <strong>de</strong> développement <strong>du</strong> territoire<br />
permettant <strong>de</strong> dépasser ces blocages, tout en veillant à leur pertinence par rapport à la<br />
spécificité <strong>de</strong> l’agglomération.<br />
Les premières étu<strong>de</strong>s déjà réalisées nous permettent d’émettre l’hypothèse <strong>de</strong> trois catégories<br />
<strong>de</strong> blocages face à la concrétisation <strong>du</strong> projet <strong>de</strong> territoire. Nous postulons que la mobilisation<br />
<strong>de</strong> la ressource foncière, le management <strong>de</strong>s projets urbains et les outils réglementaires<br />
permettant la spatialisation <strong>du</strong> projet <strong>de</strong> territoire, sont <strong>de</strong>s éléments contraignants pour la<br />
pro<strong>du</strong>ction d’une ville <strong>de</strong> qualité par <strong>de</strong>là les frontières politico-administratives.<br />
Pour les mettre en perspective, la réflexion cherchera à les confronter par une approche<br />
systémique afin <strong>de</strong> créer un modèle d’analyse, à les mettre en regard <strong>de</strong> processus <strong>de</strong><br />
pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> la ville, et enfin à en observer les liens avec différents cas <strong>de</strong> développement <strong>de</strong><br />
quartiers. À l’heure où le constat <strong>de</strong> la nécessité <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ire une ville <strong>de</strong> qualité est <strong>de</strong> mieux<br />
en mieux partagé par les acteurs politiques <strong>de</strong> l’agglomération, une réflexion approfondie sur<br />
les évolutions <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> la ville apparaît comme particulièrement<br />
nécessaire. Ce besoin est également porté par les professionnels <strong>de</strong> l’aménagement <strong>du</strong><br />
territoire locaux qui expriment <strong>de</strong>s attentes précises et opérationnelles à ce sujet.<br />
Méthodologie.<br />
Un Atelier <strong>de</strong>s sons publics comme laboratoire expérimental.<br />
Pour éprouver ces questionnements, nous proposons <strong>de</strong> créer un Atelier <strong>de</strong>s sons publics :<br />
Phonurgia Fabrica. Cet atelier aura vocation à pro<strong>du</strong>ire une démonstration publique et festive<br />
<strong>du</strong>rant quelques jours : Phonurgia Publica.<br />
Élaboré avec d’autres partenaires, cet Atelier Laboratoire ainsi que le festival est en lui-même<br />
objet <strong>de</strong> recherche :<br />
- définissant le cadre théorique d’intervention,<br />
- posant le débat sur l’art sonore dans la rue,<br />
- expérimentant in situ les questionnements posés.<br />
Eu égard à la culture locale très ancrée en matière d'arts <strong>de</strong> la rue et à sa dimension humaine<br />
et urbaine, le territoire d’expérimentation retenu en première instance est la communauté<br />
d’agglomération <strong>du</strong> Grand Chalon (71).<br />
Duos <strong>de</strong> concepteurs<br />
La démarche <strong>de</strong> recherche adoptée est hypothético-dé<strong>du</strong>ctive. Les premières interactions entre<br />
les porteurs <strong>du</strong> projet <strong>de</strong> territoire <strong>de</strong> l’agglomération franco-valdo-genevoise ont en effet<br />
lvii
permis d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong> manière assez rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s hypothèses permettant d’expliquer les<br />
blocages à la pro<strong>du</strong>ction d’un habitat <strong>de</strong> qualité.<br />
Les premiers travaux viseront à conforter et modéliser ces hypothèses. Pour cela <strong>de</strong>s<br />
entretiens et <strong>de</strong>s analyses documentaires seront réalisées. Ce cadre d’analyse <strong>de</strong>vra ensuite<br />
être vérifié par <strong>de</strong>s analyses <strong>de</strong> terrains. Des étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> projet achevés ou en cours seront<br />
réalisées et permettront <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce les freins et les leviers à la pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong><br />
logement et <strong>de</strong> proposer <strong>de</strong>s premières explications. Ces premiers enseignements seront<br />
ensuite testés et confortés par <strong>de</strong>s simulations réalisées grâce à <strong>de</strong>s travaux encadrés<br />
d’étudiants sur <strong>de</strong>s sites stratégiques <strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong> la frontière. Forts <strong>de</strong> l’accumulation<br />
<strong>de</strong> ce matériau et <strong>de</strong>s expériences réalisées, nous serons enfin en mesure <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r le modèle<br />
construit au départ <strong>de</strong> la recherche et donc <strong>de</strong> proposer par rétroaction <strong>de</strong>s pistes d’action<br />
soli<strong>de</strong>s aux acteurs chargés <strong>de</strong> la mise en oeuvre <strong>du</strong> projet <strong>de</strong> territoire et <strong>de</strong> sa concrétisation<br />
dans les projets urbains.<br />
La démarche <strong>de</strong> recherche repose sur un partenariat étroit entre l’équipe <strong>de</strong> recherche et le<br />
partenaire chargé d’élaborer le projet d’agglomération franco-valdo-genevois. Il s’appuie<br />
également sur <strong>de</strong>s travaux encadrés d’étudiants. Des valorisations scientifiques sont à attendre<br />
sur <strong>de</strong>s sujets <strong>de</strong> recherche d’actualité en France, en Suisse et plus globalement en Europe.<br />
Les problématiques liées au développement <strong>du</strong>rable, à la métropolisation, à la gouvernance et<br />
au projet urbain seront particulièrement visées.<br />
Résumé.<br />
Cette recherche vise à i<strong>de</strong>ntifier les blocages à la pro<strong>du</strong>ction d'un habitat <strong>du</strong>rable dans<br />
l'agglomération transfrontalière franco-suisse autour <strong>de</strong> Genève. Les auteurs ont examiné et<br />
modélisé les processus <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong>s logements, leurs acteurs privés et publics, et les<br />
documents qu'ils utilisent. En démontant les processus <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> la ville et <strong>de</strong> l'habitat<br />
dans cette agglomération, en décryptant leurs mécanismes et leurs effets sur la cohérence et la<br />
qualité <strong>de</strong>s quartiers réalisés, et en modélisant le processus, les auteurs ont i<strong>de</strong>ntifié les leviers<br />
favorisant la réalisation et la qualité : levier foncier, levier management <strong>de</strong> projet, levier<br />
d'articulation entre projet et règle, levier <strong>de</strong> décloisonnement <strong>de</strong>s cultures, levier d'information<br />
et sensibilisation <strong>du</strong> public. Les principaux blocages i<strong>de</strong>ntifiés par les acteurs ont concerné la<br />
mobilisation <strong>de</strong> la ressource foncière, la faiblesse <strong>du</strong> management <strong>de</strong>s projets urbains et<br />
l'inadéquation <strong>de</strong>s outils réglementaires d'urbanisme. Deux exemples <strong>de</strong> bonnes pratiques sont<br />
présentés : le quartier <strong>de</strong> Chabloux à Saint-Julien en Genevois, et le quartier <strong>du</strong> Pommiers <strong>du</strong><br />
Grand Saconnex à Genève.<br />
Résultats.<br />
L’agglomération franco-valdo-genevoise regroupe aujourd’hui près <strong>de</strong> 800 000 habitants et se<br />
situe aux confins <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux pays : la France et la Suisse. Elle est le siège d’un morcellement<br />
politico-administratif, cadre d’action spécifique et déterminant pour le développement <strong>de</strong> son<br />
territoire. Ce contexte, le rayonnement international et le poids économique <strong>de</strong> Genève ont<br />
contribué à pro<strong>du</strong>ire, <strong>de</strong>puis plusieurs décennies, <strong>de</strong>s déséquilibres spatiaux et une profon<strong>de</strong><br />
crise <strong>du</strong> logement. Quels sont les leviers à activer pour tenter d’enrayer cette <strong>de</strong>rnière ? Ils<br />
sont difficiles à i<strong>de</strong>ntifier et à mobiliser <strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong> la frontière ; ils constituent un<br />
thème <strong>du</strong> débat politique local.<br />
Quels sont les blocages à la pro<strong>du</strong>ction d’habitat <strong>du</strong>rable dans l’agglomération bi-nationale ?<br />
On examine dans le détail – puis on modélise – les processus <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong>s logements,<br />
leurs acteurs privés et publics, ainsi que les documents qu’ils utilisent. Les partenaires locaux<br />
ont déjà i<strong>de</strong>ntifié trois types <strong>de</strong> blocage qui constituent les premières hypothèses : la difficulté<br />
locale à mobiliser la ressource foncière, la faiblesse <strong>du</strong> management <strong>de</strong>s projets urbains et<br />
lviii
l’inadéquation <strong>de</strong>s outils réglementaires d’urbanisme, fonctionnant comme <strong>de</strong>s freins au<br />
passage <strong>de</strong> la planification à l’opérationnel.<br />
Quelle est la méthodologie <strong>du</strong> travail ?<br />
On analyse les processus <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> la ville et <strong>de</strong> l’habitat dans l’agglomération francovaldogenevoise,<br />
afin d’en décrypter les mécanismes et leurs effets sur la cohérence et la<br />
qualité <strong>de</strong>s quartiers. Ceux-ci sont en effet à une échelle permettant <strong>de</strong> construire la cohérence<br />
entre l’agglomération et l’habitat, même si les temporalités longues <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ction urbaine<br />
et territoriale n’ont pas permis d’analyser <strong>de</strong>s quartiers directement issus <strong>de</strong> la réflexion en<br />
cours sur l’agglomération franco-valdo-genevoise dans la perspective <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle.<br />
La modélisation <strong>du</strong> processus permet ensuite <strong>de</strong> structurer l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s blocages et<br />
leviers repérée par les acteurs locaux interrogés, puis <strong>de</strong> la confronter à l’analyse <strong>de</strong> l’équipe<br />
<strong>de</strong> recherche. Il en ressort un constat principal : le regard porté sur la « pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> la ville<br />
et <strong>de</strong> l’habitat » comme sur un « processus <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction » prend tout son sens quand on<br />
reprend les différents leviers i<strong>de</strong>ntifiés pour favoriser leur réalisation et leur qualité :<br />
- le levier « Foncier » intervient comme condition sine qua non <strong>du</strong> démarrage <strong>du</strong> processus ;<br />
- les leviers « Management <strong>de</strong> projet » et « Articulation entre projet et règle » touchent le<br />
coeur <strong>du</strong> sujet <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> la ville et <strong>de</strong> l’habitat, et répon<strong>de</strong>nt aux<br />
absences <strong>de</strong> compétences <strong>de</strong>s acteurs et aux dysfonctionnements repérés dans les outils<br />
actuels et leurs imbrications complexes ;<br />
- les leviers « Décloisonnement <strong>de</strong>s cultures » et « Sensibilisation » complètent les registres<br />
d’interventions en proposant <strong>de</strong> travailler sur le contexte <strong>de</strong>s problèmes repérés, avec plus<br />
urbaine), et le démarrage <strong>du</strong> processus (en accordant l’importance et les moyens nécessaires à<br />
la définition <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> la ville et <strong>de</strong> l’habitat).<br />
Ainsi, et en opposition à la tendance souvent perceptible d’édicter plus <strong>de</strong> règles ou <strong>de</strong>s règles<br />
plus contraignantes, les exemples témoins <strong>de</strong> bonnes pratiques privilégient clairement le «<br />
projet urbain ou territorial » comme moyen pertinent <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ire une ville et un habitat <strong>de</strong><br />
qualité. Et ce « projet urbain ou territorial » imbrique le « projet-objet » issu d’un acte créatif<br />
et le « projet-processus » résultant d’un jeu d’acteurs.<br />
Plusieurs logiques sous-jacentes inspirent les méthodologies utilisées pour ces projets, mais<br />
dans les exemples intéressants relevés ici comme ailleurs en Europe – tout comme dans les<br />
attentes exprimées par les protagonistes – le <strong>de</strong>sign <strong>du</strong> processus a été conçu en même temps<br />
que – et articulé avec – le <strong>de</strong>sign spatial, pour tenter <strong>de</strong> répondre à la complexité <strong>de</strong> la création<br />
urbaine.<br />
Ceci renvoie clairement à la question <strong>du</strong> rapport entre la règle (le droit <strong>du</strong> sol) et le projet<br />
urbain et territorial : jusqu’où le plan et son règlement doivent-ils laisser la place à un «<br />
corridor <strong>de</strong> possibles » dans lequel le projet peut évoluer en tenant compte <strong>de</strong>s intérêts<br />
collectifs et <strong>de</strong> sa contextualisation ?<br />
Jusqu’où doivent-ils déterminer les limites <strong>de</strong> son développement ?<br />
Les trois systèmes étudiés ont bien montré les <strong>de</strong>ux attitu<strong>de</strong>s envisageables :<br />
- la règle se précise au fur et à mesure <strong>de</strong> l’avancement <strong>du</strong> processus en espérant ainsi «<br />
garantir » un niveau élevé <strong>de</strong> qualité mais ne laisse in fine plus beaucoup <strong>de</strong> marge <strong>de</strong><br />
manœuvre au promoteur pour s’adapter au marché ni <strong>de</strong> créativité à l’architecte ;<br />
- la règle est large (voire adaptable en temps réel), et l’accompagnement <strong>du</strong> processus par le<br />
pilote <strong>du</strong> projet urbain vient – par la négociation – contrôler le niveau qualitatif <strong>de</strong>s projets et<br />
réalisations <strong>de</strong>s bâtiments et équipements.<br />
L’exemple franco-valdo-genevois – par l’aspect presque caricatural <strong>de</strong> la règle genevoise –<br />
montre que la ville et l’habitat gagnent en qualité à être conçus par <strong>de</strong>s négociations continues<br />
entre partenaires concernés, plutôt qu’en tentant <strong>de</strong> les définir jusque dans le moindre détail<br />
10 ou 15 ans à l’avance.<br />
lix
Quels enseignements en dé<strong>du</strong>ire pour l’Architecture <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Echelle ?<br />
Changer d’échelle impose <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s, et celles <strong>de</strong> l’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong><br />
échelle sont spécifiques : il ne s’agit ni d’un simple déplacement <strong>de</strong> curseur sur une<br />
quelconque règle, ni d’un « clic <strong>de</strong> souris » permettant <strong>de</strong> faire varier l’échelle <strong>du</strong> plan à<br />
l’écran. Travailler à la gran<strong>de</strong> échelle – celle <strong>du</strong> territoire et <strong>de</strong> la ville – ne consiste pas à<br />
appliquer les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l’objet architectural à d’autres objets <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong> dimension.<br />
L’architecte <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle doit affronter un double élargissement <strong>de</strong> son savoir et <strong>de</strong><br />
son savoir-faire, à la fois thématique et méthodologique.<br />
L’élargissement thématique consiste à intégrer dès l’amont <strong>de</strong>s processus (et pas une fois le<br />
projet <strong>de</strong> la forme abouti) d’autres savoirs métiers à contenu spatial (comme paysage ou<br />
mobilité), mais aussi <strong>de</strong>s savoirs d’autres natures, et en particulier ceux centrés sur la con<strong>du</strong>ite<br />
<strong>de</strong>s processus (comme le pilotage <strong>de</strong>s projets complexes ou la con<strong>du</strong>ite <strong>de</strong> la concertation),<br />
afin <strong>de</strong> prendre en compte le rapport particulier au politique.<br />
L’élargissement méthodologique consiste quant à lui à intégrer la nécessaire transversalité <strong>de</strong><br />
la conception : une décision en transports ou en environnement pouvant avoir un impact<br />
déterminant sur une qualité urbaine, ou une évolution en matière d’énergie sur la qualité <strong>de</strong><br />
l’habitat, il faut profiter <strong>de</strong>s synergies entre les approches (tout comme <strong>de</strong> dépasser les<br />
conflits entre <strong>de</strong>s visions parfois irré<strong>du</strong>ctibles). Et cet élargissement implique également <strong>de</strong><br />
prendre en compte les temporalités <strong>de</strong> la ville, <strong>de</strong> ses acteurs et <strong>de</strong> ses auteurs : projeter<br />
parallèlement à plusieurs échelles, travailler la règle en même temps que le projet (et non<br />
successivement) en sont <strong>de</strong>s exemples parmi d’autres.<br />
Et que peut alors « l’architecte » au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> la simple (re)découverte <strong>de</strong> la ville et <strong>du</strong><br />
territoire?<br />
La réponse est clairement au centre <strong>de</strong> son savoir(-faire) : le projet urbain et territorial. C’est<br />
en effet lui qui détient cette compétence– même s’il la partage en partie avec les paysagistes –<br />
et elle est indispensable à la qualité <strong>de</strong> la ville et <strong>de</strong> l’habitat.<br />
Mais le risque – en cas <strong>de</strong> non prise en compte <strong>de</strong> la spécificité <strong>de</strong>s méthodologies <strong>de</strong> la<br />
gran<strong>de</strong> échelle – est double : le dysfonctionnement <strong>du</strong> processus peut entraîner soit l’absence<br />
<strong>de</strong> réalisations, soit la construction d’une ville sans urbanité faite <strong>de</strong> juxtaposition d’objets. Et<br />
c’est en ce sens que la sensibilité à la con<strong>du</strong>ite <strong>de</strong>s processus est centrale : un bon règlement<br />
<strong>de</strong> pro<strong>du</strong>it pas « automatiquement » un bon projet, mais un « bon projet » ne se réalise pas<br />
automatiquement non plus.<br />
lx
11. Trames agricoles, trames urbaines : plan et projets <strong>de</strong>s territoires <strong>de</strong> la villemétropole<br />
<strong>de</strong> Guangzhou-Nansha, le <strong>de</strong>lta <strong>de</strong> la rivière <strong>de</strong>s perles (Canton –HongKong,<br />
Chine).<br />
ENSA Paris la Villette.<br />
Responsable scientifique : Liang Zhang, Jean Attali.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
Quelles sont les modalités <strong>du</strong> passage <strong>du</strong> rural à l’urbain dans le cas particulier <strong>de</strong>s villes<br />
chinoises confrontées aujourd’hui à une forte croissance démographique ?<br />
Le terrain d’étu<strong>de</strong> se situe dans la région <strong>de</strong> Guangzhou (Canton), sur les erritoires qui<br />
bor<strong>de</strong>nt la rivière <strong>de</strong>s Perles. Comment appréhen<strong>de</strong>r à la fois les transformations <strong>du</strong> sol, les<br />
modifications <strong>de</strong>s rythmes <strong>de</strong> vie, l’irruption <strong>de</strong> la mobilité et les modifications <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
vie pour une population qui <strong>de</strong> rurale <strong>de</strong>vient rapi<strong>de</strong>ment urbaine ?<br />
Situé au centre géométrique <strong>du</strong> <strong>de</strong>lta <strong>de</strong> la rivière <strong>de</strong>s Perles, Nansha est l’une <strong>de</strong>s régions<br />
chinoises où l’urbanisation s’avère la plus rapi<strong>de</strong>. La péninsule <strong>de</strong> Nansha (54 km²) s’étend à<br />
l’ouest dans l’embouchure <strong>de</strong> la rivière <strong>de</strong>s Perles. Sa position est stratégique <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> sa<br />
frontière contiguë à l’est avec le territoire <strong>de</strong> Hongkong et particulièrement la ville <strong>de</strong><br />
Shenzhen. A l’origine occupé par <strong>de</strong>s villages <strong>de</strong> pêcheurs et <strong>de</strong>s terres agricoles qui<br />
représentent une typologie d’habitat vernaculaire, le territoire <strong>de</strong> Nansha est <strong>de</strong>puis 1993 en<br />
pleine urbanisation, notamment grâce aux investissements <strong>du</strong> riche Hongkongais Fok Ying<br />
Thung. La ville est aujourd’hui un véritable laboratoire <strong>de</strong> l’urbanisme. Nansha a pour<br />
vocation <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir une ville contemporaine multifonctionnelle : ville portuaire, centre<br />
culturel et ville rési<strong>de</strong>ntielle, expérimentale, écologique. Le paysage est structuré par la<br />
présence d’une végétation subtropicale. Les réseaux <strong>de</strong>s canaux qui découpent le territoire y<br />
forment un maillage régulier, d’un pas d’un kilomètre environ.<br />
Un réseau d’infrastructures mo<strong>de</strong>rnes permet une liaison efficace entre Hongkong et Canton.<br />
La question <strong>du</strong> passage d’un territoire agricole à une ville <strong>du</strong> 21 ème siècle est au cœur <strong>de</strong>s<br />
interrogations. Les objets d’étu<strong>de</strong> pour ce terrain significatif concernent :<br />
- les différents mo<strong>de</strong>s d’habiter, ce qui intègre la multifonctionnalité et la diversité <strong>de</strong>s<br />
quartiers, les équilibres écologiques et environnementaux ;<br />
- la mobilité déclinée dans ses différentes échelles (<strong>de</strong> l’accessibilité aux réseaux à l’accès aux<br />
centralités)<br />
- la <strong>de</strong>nsité et le rapport au site : rôle <strong>du</strong> végétal et <strong>de</strong>s jardins, rapport à l’eau et aux<br />
montagnes.<br />
Méthodologie.<br />
La métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> travail consiste à partir <strong>du</strong> plan <strong>de</strong> ce territoire, à étudier les transformations<br />
<strong>de</strong>s anciennes trames agricoles et les processus <strong>de</strong> substitution impliqués par l’urbanisation.<br />
La polyvalence <strong>du</strong> plan le rend capable <strong>de</strong> recevoir simultanément <strong>de</strong>s formes d’urbanisation<br />
qu’on jugerait ailleurs qu’en Asie incompatibles les unes avec les autres. Est-ce parce que la<br />
ville chinoise, en tant que territoire administré, s’étend bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s espaces bâtis ? Est-ce<br />
parce qu’elle laisse flotter l’opposition <strong>de</strong> la ville et <strong>de</strong> la campagne ? Les traits <strong>de</strong> la ville<br />
chinoise semblent ouvrir une perspective originale sur la relation <strong>de</strong> la ville à son<br />
environnement proche et lointain.<br />
Une <strong>de</strong>s conséquences <strong>de</strong> l’approche est <strong>de</strong> renouveler le problème posé par l’échelle<br />
opératoire <strong>de</strong> l’urbanisme.<br />
L’urbanisme se situe toujours entre les échelles opposées <strong>de</strong> l’édifice et <strong>du</strong> territoire. Or, il<br />
semble que la dynamique <strong>du</strong> « projet urbain » ne puisse plus se limiter à la recherche d’une<br />
cohérence rapprochée <strong>du</strong> groupe d’édifices à l’intérieur d’un site structuré par ses voies, ses<br />
carrefours, <strong>de</strong>s parcs, ses espaces non bâtis. L’extension <strong>de</strong> la ville implique un rapport<br />
lxi
mouvant et transformé au grand territoire : la ville n’est plus seulement engagée dans un<br />
rapport historique avec elle-même, elle est exposée aux mutations qui situent son existence,<br />
ses fonctions, ses « espacements » par rapport à <strong>de</strong>s fronts avancés, par rapport à <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> vie moins définis par <strong>de</strong>s appartenances locales que par <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> mouvement et <strong>de</strong><br />
communication à longue distance.<br />
Le paysage <strong>de</strong>s villes en est métamorphosé ; l’action sur la forme <strong>de</strong>s villes s’y trouve<br />
soumise à <strong>de</strong>s programmes techniques et sociaux transformés ; la compréhension <strong>de</strong><br />
l’urbanisme, <strong>de</strong> ses objectifs et <strong>de</strong> ses métho<strong>de</strong>s y trouve les motifs d’un nécessaire<br />
renouvellement.<br />
Résumé.<br />
Ce rapport propose une réflexion à gran<strong>de</strong> échelle sur les effets <strong>du</strong> développement<br />
métropolitain en Chine. Il étudie particulièrement le développement urbain <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong><br />
Guangzhou. Plus précisément, il propose une réflexion sur la nature <strong>de</strong>s représentations<br />
urbaines dans le contexte élargi <strong>de</strong>s mutations <strong>de</strong> l'espace chinois.<br />
lxii
12. Ingénierie <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> territoire et con<strong>du</strong>ite d’opérations d’habitat dans une<br />
région urbaine à forte valeur patrimoniale, le Val <strong>de</strong> Loire.<br />
Ecole Polytechnique <strong>de</strong> l’université <strong>de</strong> Tours.<br />
Responsable scientifique : Christophe Demazière.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la science <strong>de</strong> l’aménagement, les relations entre l’échelle <strong>du</strong> logement et<br />
l’échelle <strong>du</strong> territoire s’envisagent par l’articulation <strong>de</strong> différents documents-cadres, qui<br />
possè<strong>de</strong>nt une certaine compatibilité mutuelle. Il n’en reste pas moins qu’il existe une certaine<br />
tension entre, d’une part, les opérations concrètes d’urbanisation et d’autre part, les dispositifs<br />
plus généraux qui pensent et prévoient l’aménagement <strong>de</strong> l’espace. Cette recherche vise à<br />
expliciter les décalages possibles entre les opérations concrètes d’habitat (lotissement, ZAC)<br />
et les dispositifs plus généraux qui pensent et prévoient l’aménagement <strong>de</strong> l’espace (SCOT,<br />
chartes <strong>de</strong> territoires…).<br />
L’interrogation est forte dans les espaces <strong>de</strong> croissance urbaine souvent polarisés par la<br />
gran<strong>de</strong> ville. Elle est aigüe au sein d’un espace tel que le Val <strong>de</strong> Loire, inscrit sur la liste <strong>du</strong><br />
Patrimoine mondial <strong>de</strong> l’UNESCO <strong>de</strong>puis novembre 2000 au titre <strong>de</strong> son paysage naturel et<br />
culturel vivant. Long <strong>de</strong> 280 km, ce corridor urbain s’étend <strong>de</strong> Sully sur Loire (45) à<br />
Chalonnes sur Loire (49). La reconnaissance internationale pose la question <strong>de</strong>s conditions <strong>du</strong><br />
maintien <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> ces espaces, alors que se multiplient les opérations d’extension<br />
urbaine. Dans le Val <strong>de</strong> Loire, l’ingénierie <strong>de</strong>s territoires se structure-t-elle <strong>de</strong> façon à mieux<br />
concevoir et anticiper les mutations territoriales ? Les projets <strong>de</strong> territoire et ceux qui les<br />
impulsent (techniciens, élus…) arrivent-ils à intégrer les projets d’habitat ? Comment se<br />
déroule la confrontation entre <strong>de</strong>s projets dont la finalité et la temporalité ne sont pas les<br />
mêmes ?<br />
Méthodologie.<br />
La recherche comprend trois volets articulés, qui mobilisent à chaque fois <strong>de</strong>s chercheurs, <strong>de</strong>s<br />
étudiants en formation et <strong>de</strong>s organismes professionnels <strong>du</strong> Val <strong>de</strong> Loire.<br />
Il s’agit d’examiner si les documents projets <strong>de</strong> territoire (chartes et contrats <strong>de</strong> pays, SCOT,<br />
PLU, ZPPAUP, secteurs sauvegardés, charte paysagère…) constituent ou non une référence<br />
(et laquelle) pour la mise en œuvre <strong>de</strong> projets plus ponctuels, en l’occurrence <strong>de</strong>s opérations<br />
d’extension urbaine. Inversement, les méthodologies <strong>de</strong> con<strong>du</strong>ites <strong>de</strong> projet d’habitat en<br />
milieu périurbain ont-elles un impact sur les projets stratégiques <strong>de</strong> territoire ?<br />
Ensuite, parmi les éléments qui justifient <strong>de</strong> tenir le cap <strong>du</strong> projet <strong>de</strong> territoire, ou au contraire<br />
<strong>de</strong> l’infléchir, sera étudiée la part <strong>de</strong> la prise en compte <strong>de</strong>s comportements d’habiter. Des<br />
recherches antérieures montrent que l’habiter indivi<strong>du</strong>el constitué par les lieux fréquentés<br />
forme plus un réseau qu’un territoire d’un seul tenant. De façon complémentaire, il s’agira <strong>de</strong><br />
confronter l’offre <strong>de</strong>s promoteurs et le discours qui justifie cette offre, avec la <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
immédiate ou latente <strong>de</strong>s usagers-habitants.<br />
Enfin il s’agira d’étudier le(s) rôle(s) <strong>du</strong> paysage, <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité patrimoniale ou <strong>de</strong> fonctions<br />
agricoles dans les démarches d’aménagement. Dans le Val <strong>de</strong> Loire, on trouve <strong>de</strong>s éléments<br />
<strong>de</strong> modification à la fois <strong>de</strong>s projets stratégiques et <strong>de</strong>s projets d’habitat. En effet, le paysage<br />
est un élément fortement valorisé dans les opérations d’aménagement en périurbain. L’équipe<br />
s’attachera à comprendre les répercussions <strong>de</strong>s opérations d’aménagement et <strong>de</strong> la<br />
construction <strong>de</strong> nouveaux logements sur le paysage et sur l’activité agricole.<br />
Résumé.<br />
En s'intéressant à <strong>de</strong>s opérations <strong>de</strong> logements menées dans les quartiers périurbains d'Orléans<br />
et <strong>de</strong> Tours, cette recherche, qui entre dans le cadre d'une expérimentation pédagogique<br />
lxiii
(pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> travaux <strong>de</strong> fins d'étu<strong>de</strong>s dont une synthèse est proposée dans le rapport), se<br />
propose d'examiner divers aspects <strong>de</strong>s processus d'urbanisation et <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction d'espaces<br />
urbains et d'habitat. Elle étudie les pratiques et attentes <strong>de</strong>s habitants (on observe la forte<br />
prégnance <strong>de</strong> la préférence pour la maison indivi<strong>du</strong>elle et l'insensibilité au problème <strong>de</strong><br />
l'étalement urbain ou <strong>de</strong> la portée <strong>de</strong>s documents d'urbanisme), les logiques d'action <strong>de</strong>s<br />
opérateurs <strong>du</strong> logement (la confiance dans la connaissance <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> influe sur le projet<br />
et ouvre vers <strong>de</strong>s négociations avec les élus, parfois considérées comme plus importantes que<br />
les documents <strong>de</strong> planification) et le projet <strong>de</strong> territoire. Se déroulant dans le contexte <strong>du</strong> Val<br />
<strong>de</strong> Loire, les étu<strong>de</strong>s ont aussi porté sur la relation entre les projets et ce territoire auquel est<br />
facilement accolé une image <strong>de</strong> qualité et <strong>de</strong> patrimoine.<br />
Résultats.<br />
L'opération <strong>de</strong> recherche menée par l'UMR CITERES dans le cadre <strong>du</strong> Programme<br />
interdisciplinaire « Architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle » s'inscrit dans une évolution plus<br />
générale <strong>de</strong>s objets <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> la discipline aménagement-urbanisme. Ces <strong>de</strong>rnières<br />
décennies, la transformation <strong>de</strong>s pratiques spatiales en matière d'habiter, la polarisation <strong>de</strong><br />
l'urbanisation, l'affirmation <strong>de</strong> la décentralisation, ten<strong>de</strong>nt à modifier les processus <strong>de</strong><br />
conception et <strong>de</strong> transformation <strong>de</strong>s espaces, tant en termes d'échelle qu'en termes<br />
d'organisation. Sur le plan empirique, le questionnement qui sous-tend notre approche est le<br />
suivant : l'ingénierie <strong>de</strong>s territoires se structure-t-elle <strong>de</strong> façon à mieux concevoir et anticiper<br />
les mutations territoriales ?<br />
Portant sur <strong>de</strong>s opérations d'habitat réalisées dans <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong>s agglomérations<br />
d'Orléans et Tours, la recherche a comporté une forte part d'investigations <strong>de</strong> terrain, d'autant<br />
plus qu'elle était couplée à un dispositif <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> futurs professionnels <strong>de</strong><br />
l'aménagement <strong>du</strong> territoire et <strong>de</strong> l'urbanisme. Parmi les principaux résultats obtenus, la<br />
recherche a permis <strong>de</strong> mettre en exergue le rôle charnière <strong>du</strong> plan local d'urbanisme (PLU).<br />
Ce <strong>de</strong>rnier crée la relation entre intérêt général défen<strong>du</strong> par les municipalités et la contrainte<br />
économique à laquelle sont soumis les opérateurs. L'outil réglementaire influence<br />
efficacement la construction <strong>de</strong> logements, à condition qu'il soit associé à un véritable portage<br />
politique, ce qui n'est pas toujours le cas en milieu périurbain.<br />
Les nombreux entretiens approfondis menés auprès <strong>de</strong>s opérateurs privés <strong>de</strong> l'aménagement et<br />
<strong>de</strong> la construction ont confirmé une vision <strong>du</strong> marché <strong>de</strong> l'habitat à court terme, dans lequel<br />
leur objectif est <strong>de</strong> rester rentable en proposant un pro<strong>du</strong>it standard pour obtenir la satisfaction<br />
<strong>du</strong> client. Néanmoins, nous avons également constaté une prise <strong>de</strong> conscience, voire une<br />
aspiration à un changement allant dans le sens d'un aménagement mieux régulé. II y a là une<br />
piste difficile mais à explorer pour que le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s opérateurs <strong>de</strong> la croissance urbaine<br />
s'implique dans une logique <strong>de</strong> projets <strong>de</strong> territoires.<br />
Du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s habitants, les enquêtes confirment qu'être propriétaire d'une maison<br />
indivi<strong>du</strong>elle est un moyen <strong>de</strong> satisfaire leur désir d'intimité, d'espace et <strong>de</strong> sécurité. Les<br />
politiques d'accession à la propriété, l'offre très orientée <strong>de</strong>s opérateurs et <strong>de</strong>s habitants non<br />
sensibilisés au problème <strong>de</strong> l'étalement urbain ont assis la conviction que la maison<br />
indivi<strong>du</strong>elle offre une qualité <strong>de</strong> vie inégalable. Aussi, l'attachement inébranlable à la maison<br />
ne peut probablement pas évoluer sans incitation et communication sur le sujet.<br />
Enfin, <strong>de</strong>rnier résultat significatif <strong>de</strong> nos recherches : la faible présence Val <strong>de</strong> Loire dans le<br />
discours <strong>de</strong>s différents acteurs <strong>du</strong> projet <strong>de</strong> l'habitat, et ce malgré l'inscription récente au<br />
patrimoine mondial <strong>de</strong> l'UNESCO. Le caractère patrimonial <strong>du</strong> Val <strong>de</strong> Loire est plutôt un fait<br />
acquis que l'on utilise pour donner une bonne image. La qualité <strong>de</strong>s opérations étudiées est<br />
rarement en adéquation avec la valeur architecturale et environnementale conférée à ce<br />
territoire.<br />
lxiv
Au total, cette recherche a mis en évi<strong>de</strong>nce une forme <strong>de</strong> rupture entre l'habiter concret,<br />
quotidien et « localisé » (même s'il peut aller jusqu'à une vie en plusieurs endroits et/ou une<br />
vie « en réseaux »), et l'échelle <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s (plus) grands territoires, au travers en<br />
particulier <strong>de</strong>s documents d'urbanisme. Ceux-ci semblent relever pour les habitants, d'une<br />
autre logique technocratique, politique, abstraite et/ou générée par <strong>de</strong>s instances mal connues.<br />
lxv
13. Inventer les futurs <strong>de</strong> la métropole lilloise : échelles, modèles et scénario. Une<br />
métropole transfrontalière en projet(s).<br />
ENSA Lille.<br />
Responsable scientifique : Philippe Louguet.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
Dans le contexte européen actuel, les recompositions territoriales à l’œuvre <strong>de</strong>s métropoles<br />
post-in<strong>du</strong>strielles bouleversent les équilibres urbains et les découpages institutionnels<br />
traditionnellement opérants. Elles sont en contrepartie l’occasion <strong>de</strong> stratégies <strong>de</strong><br />
repositionnement au sein d’une hiérarchie urbaine héritée, qui s’appuient sur <strong>de</strong>s logiques <strong>de</strong><br />
projets à variables multiples, à la fois pro<strong>du</strong>cteurs <strong>de</strong> qualité urbaine et porteurs d’une<br />
nouvelle image métropolitaine i<strong>de</strong>ntifiable. La redécouverte <strong>de</strong> ces territoires métropolitains<br />
et la recherche <strong>de</strong> leurs potentiels <strong>de</strong> transformation ne peuvent être fécon<strong>de</strong>s sans un examen<br />
<strong>de</strong> leurs place et rôle au sein <strong>de</strong> plus vastes systèmes urbains qui trouvent aujourd’hui leur<br />
cohésion à travers <strong>de</strong>s pratiques d’habiter le territoire elles aussi profondément renouvelées,<br />
dans un environnement géographique hérité à réévaluer. La question <strong>du</strong> choix <strong>de</strong> l’échelle<br />
d’appréhension <strong>du</strong> territoire est donc déterminante pour une définition pertinente <strong>du</strong> ou <strong>de</strong>s<br />
projets.<br />
Depuis près d’un siècle, les acteurs <strong>de</strong> Lille et <strong>de</strong> son territoire élargi sont en quête d’une<br />
mesure et d’une forme métropolitaines. Aujourd’hui l’idée d’une métropole transfrontalière<br />
est à l’œuvre. Elle repose sur une série <strong>de</strong> projets <strong>de</strong> différentes natures et échelles, localisés<br />
<strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong> la frontière et amorcés en 2005.<br />
A la manière d’un site test, le site transfrontalier <strong>de</strong> Tourcoing-Mouscron fera l’objet d’une<br />
analyse approfondie visant à comprendre quels (nouveaux) problèmes pose un tel territoirefrontière.<br />
Ces <strong>de</strong>ux communes situées en vis-à-vis <strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong> la frontière francobelge,<br />
présentent <strong>de</strong>s formes d’urbanisation effrangées par la frontière, qui « se tournent le<br />
dos » et accueillent historiquement <strong>de</strong>s fonctions repoussées par la ville-centre (déchetterie,<br />
cimetière, par exemple). Plus globalement, cette figure territoriale hétérogène (ZUP, hôpital,<br />
terminus d’une ligne <strong>de</strong> métro, urbanisation linéaire, friches, etc.) réunit <strong>de</strong>s conditions<br />
emblématiques <strong>de</strong> la ville contemporaine et fait partie d’un projet urbain intégré à la<br />
« proposition <strong>de</strong> stratégie pour une métropole transfrontalière » <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> la coopération<br />
transfrontalière.<br />
Méthodologie.<br />
La recherche consiste à explorer par le projet différents scénarios <strong>de</strong> construction <strong>de</strong> la<br />
métropole lilloise dans le contexte <strong>de</strong> son intégration au territoire transfrontalier –dont<br />
l’échelle n’est pour l’instant définie qu’en termes <strong>de</strong> périmètres institutionnels et l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s projets uniquement en termes <strong>de</strong> programmes- afin d’en faire émerger un modèle<br />
métropolitain innovant à une échelle pertinente. Cette exploration s’appuie sur une<br />
investigation <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> métropole transfrontalière, rapportée au cas lillois, à travers<br />
plusieurs domaines (historique, géographique, géopolitique, etc.) et selon une double<br />
approche –scientifique et projectuelle- sans échelle posée a priori. La recherche s’articule<br />
avec une réflexion sur les techniques projectuelles <strong>de</strong> la mise en œuvre spatiale d’une telle<br />
métropole, notamment celle <strong>du</strong> scénario comme métho<strong>de</strong> d’approche adaptée aux<br />
caractéristiques <strong>de</strong> la ville contemporaine telles que l’instabilité, l’hétérogénéité et la<br />
complexité.<br />
Du point <strong>de</strong> vue pédagogique, il est proposé une construction collective d’une matrice par les<br />
étudiants, puis l’écriture <strong>de</strong> scénarios vus comme <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> privilégier telle ou telle<br />
couche <strong>de</strong> la matrice, sans en gommer aucune. Le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> représentation requis serait un<br />
support axonométrique laissant fonctionner chaque couche en parallèle. Le projet serait<br />
lxvi
pro<strong>du</strong>it par les fils ou liens ten<strong>du</strong>s entre les couches, susceptibles <strong>de</strong> faire apparaître les<br />
formes architecturales comme expression <strong>de</strong>s ordonnancements territoriaux.<br />
Un atelier <strong>de</strong> projet et un séminaire <strong>de</strong> recherches croisé (chercheur/acteur) et<br />
pluridisciplinaire pro<strong>du</strong>iront les matériaux nécessaires à la réalisation d’un « atlas <strong>de</strong>s<br />
scénarios <strong>de</strong> projets pour la métropole transfrontalière ».<br />
Résumé.<br />
Inventer les futurs <strong>de</strong> la métropole lilloise : échelle, modèles scénarios, con<strong>du</strong>it à s'interroger<br />
sur les constructions possibles d'une métropole transfrontalière, tant en termes <strong>de</strong> projets et <strong>de</strong><br />
programmes qu'en termes <strong>de</strong> gouvernance et <strong>de</strong> représentations.<br />
lxvii
14. Rennes / Saint-Malo : « l’effet <strong>de</strong> contexte linéaire » à gran<strong>de</strong> échelle ? Entre réalité<br />
et fiction : une mise à l’épreuve <strong>de</strong>s logiques d’axe.<br />
Université <strong>de</strong> Rennes II.<br />
Responsable scientifique : Rémy Allain.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
Ce travail <strong>de</strong> recherche a pour objectif d’articuler <strong>de</strong>ux objets <strong>de</strong> recherche : l’un théorique,<br />
visant à penser l’actualité <strong>du</strong> spatialisme dans les sciences <strong>de</strong> l’espace (urbanisme,<br />
aménagement, géographie et architecture) par le biais <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle, le second<br />
explorant quant à lui les tensions qui peuvent exister entre d’un côté <strong>de</strong>s territoires <strong>de</strong><br />
pratiques à la fois sous condition et pro<strong>du</strong>its par <strong>de</strong>s logiques <strong>de</strong> mobilités et <strong>de</strong> l’autre <strong>de</strong>s<br />
logiques institutionnelles. L’équipe <strong>de</strong> recherche souhaite en effet réinvestir la question <strong>de</strong>s<br />
vertus organisatrices <strong>de</strong> l’espace dans le cadre d’une configuration linéaire (logique d’axe,<br />
celui qui s’étend <strong>de</strong> Rennes à St Malo) et comprendre comment celle-ci serait à même <strong>de</strong><br />
constituer une réalité quotidienne vécue (habitante, commerciale, mais aussi dans certaines<br />
pratiques urbanistiques impliquant <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> morphologies spécifiques) tout en restant<br />
occultée voire refoulée dans les discours institutionnels dont elle percute les logiques<br />
aréolaires (agglomération, communauté d’agglomération). Il s’agit donc <strong>de</strong> prendre<br />
véritablement au sérieux le spatialisme sans uniquement se cantonner à une déconstruction <strong>de</strong><br />
ses mots, images et figures et donc <strong>de</strong> s’interroger pour savoir s’il existe un « effet d’axe »,<br />
dans quelle mesure, et d’en saisir les implications permettant ce faisant à la fois d’éclairer les<br />
dynamiques contemporaines <strong>de</strong>s espaces situés dans les périphéries <strong>de</strong>s villes (entre <strong>de</strong>ux<br />
agglomérations) et les limites ou l’efficacité <strong>du</strong> travail <strong>de</strong>s acteurs amenés à les organiser, à<br />
les gérer par <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> gouvernance.<br />
Méthodologie.<br />
Ce sont ces différentes questions –tension entre logiques institutionnelles et logiques vécues,<br />
« effet d’axe » sur les pratiques urbanistiques et les configurations urbaines successives –qu’il<br />
s’agit <strong>de</strong> se poser et d’examiner dans le cadre <strong>de</strong>s ateliers <strong>de</strong> projet. Sans être très originale<br />
par son atten<strong>du</strong> général, celui <strong>de</strong> l’interdisciplinarité, cette démarche vise à en dépasser le<br />
registre incantatoire pour mettre en condition réelle <strong>de</strong>ux approches différenciées <strong>de</strong> l’espace<br />
que sont les visions territoriales géographiques et les stratégies <strong>de</strong> projet architectural.<br />
Trois axes principaux <strong>de</strong> recherche architecturale seront explorés en partenariat avec <strong>de</strong>s<br />
institutions et professionnels :<br />
- une réflexion sur le concept <strong>de</strong> métropole linéaire ;<br />
- une réflexion sur l’urbanisation linéaire (60 km) en lien avec les liaisons douces (systèmes<br />
<strong>de</strong> covoiturage…) ;<br />
- une réflexion sur les lieux symboliques <strong>de</strong> territoires saisis dans <strong>de</strong>s logiques <strong>de</strong> flux.<br />
Trois hypothèses <strong>de</strong> recherche plus fondamentales seront développées :<br />
- celle <strong>de</strong>s complémentarités ou concurrences dans l’articulation <strong>de</strong>s jeux d’acteurs ;<br />
- les tra<strong>du</strong>ctions morphologiques dans l’habitat d’un effet <strong>de</strong> contexte ;<br />
- les effets <strong>de</strong> dynamiques <strong>de</strong>s liens sur les lieux, par le biais <strong>de</strong> l’aménagement <strong>de</strong>s gares.<br />
Ce double dispositif <strong>de</strong> recherche conceptuelle (construction <strong>de</strong> projet) et fondamentale<br />
prendra appui sur une série d’échanges interne aux mon<strong>de</strong>s pédagogiques mobilisant<br />
professionnels, acteurs publics et privés, sur <strong>de</strong>s enquêtes (observations <strong>de</strong> sites)), ainsi que<br />
sur une structure d’échange et <strong>de</strong> valorisation (séminaire) dépassant le seul cadre <strong>de</strong> l’axe<br />
retenu, Rennes/St Malo.<br />
lxviii
Résumé.<br />
Cette recherche est menée dans le cadre d'une pratique pédagogique mobilisant <strong>de</strong>ux champs<br />
disciplinaires différents d'intervention et <strong>de</strong> réflexion sur l'espace, la géographie et<br />
l'architecture, en s'intéressant à l'axe Rennes-Saint- Malo. Dans un premier temps, le rapport<br />
se propose <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce les réalités spatiales contemporaines <strong>de</strong> cet axe (sa<br />
morphologie fonctionnelle et sociale notamment), <strong>de</strong> réinterroger le concept d'axe d'un point<br />
<strong>de</strong> vue théorique et d'examiner comment cet axe s'inscrit dans le contexte institutionnel <strong>de</strong>s<br />
territoires. La <strong>de</strong>uxième partie présente une analyse plus fondée sur le terrain, ses logiques<br />
routières, les interférences, complémentarités et croisements <strong>de</strong>s voies routières, le trafic et la<br />
<strong>de</strong>sserte ferroviaire (et la situation <strong>de</strong> certaines communes <strong>de</strong> l'axe <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue). Puis,<br />
ayant évoqué les tensions entre les lieux, les effets <strong>de</strong>s Pays et les zones restant dans l'ombre,<br />
divers projets d'aménagement en cours à partir <strong>de</strong> la route, <strong>de</strong> la voie ferrée ou <strong>du</strong> canal sont<br />
sélectionnés et étudiés.<br />
Résultats.<br />
Rennes-St Malo : une route à quatre voies, un canal, une voie <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer, une<br />
hétérogénéité d'acteurs (indivi<strong>du</strong>els, privés) sans stratégie collective, aucun périmètre<br />
institutionnel d'aménagement. Rien ne prédispose donc à penser la présence <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux villes<br />
et <strong>de</strong> leurs relations sous l'angle d'un axe, mais bien plutôt d'une somme complémentaire <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux agglomérations. A rebours <strong>de</strong> cette approche convenue largement diffusée autant par les<br />
visions institutionnelles que la plupart <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> recherches, cette démarche scientifique<br />
entreprise dans le cadre <strong>du</strong> programme Architecture <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Echelle, a pourtant<br />
résolument défen<strong>du</strong> une autre hypothèse : oui, la réalité <strong>de</strong> l'axe doit être prise entièrement en<br />
considération, dans ce qu'elle révèle <strong>de</strong> substance territoriale et <strong>de</strong> processus organisateurs,<br />
fondamentalement pro<strong>du</strong>cteurs d'urbanités et d'une gran<strong>de</strong> complexité cumulée, avec lesquels<br />
inévitablement les institutions publiques <strong>de</strong>vront composer dans les années à venir. Est<br />
explorée, en particulier, l'idée d'un « effet d'axe » organisé par d'intenses pratiques vécues, et<br />
également espace <strong>de</strong> forts investissements fonciers, immobiliers et commerciaux.<br />
Ce travail est mené, par ailleurs, grâce à la mobilisation d'une pratique pédagogique<br />
interpellant <strong>de</strong>ux champs disciplinaires d'intervention et <strong>de</strong> réflexion sur l'espace : la<br />
géographie et l'architecture.<br />
La recherche se déroule en trois temps :<br />
- restituer la substance complexe d'une configuration spatiale linéaire, la prolifération <strong>de</strong><br />
réalités sociales traversant un territoire que les autorités publiques s'acharnent en quelque<br />
sorte à régaler par cercles concentriques qui se juxtaposent ou superposent, tout en semblant<br />
ignorer une grand part <strong>de</strong>s logiques propres à cette configuration. Ces logiques, celles <strong>de</strong>s<br />
espaces vécus et pratiqués quotidiennement par <strong>de</strong>s habitants et acteurs privés,<br />
s'affranchissent allègrement <strong>de</strong>s périmètres d'agglomération. Ce premier temps explore en<br />
particulier les notions <strong>de</strong> modèle, d'effets <strong>de</strong> contexte, mais éclaire également la construction<br />
<strong>de</strong> l'impensé institutionnel qui résulte <strong>de</strong>s logiques <strong>de</strong> périmètre.<br />
- étudier systématiquement les structures constitutives <strong>de</strong>s logiques d'axes, les armatures qui<br />
se calent pour l'essentiel sur <strong>de</strong>s infrastructures : canal, voies <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> fer, route ; on<br />
poursuit par l’examen <strong>de</strong>s logiques qui agitent tant <strong>de</strong> l'intérieur que <strong>de</strong> l'extérieur cet axe,<br />
- repérer les projets visant à penser et concevoir l'architecture <strong>de</strong> cette gran<strong>de</strong> échelle d'un<br />
territoire linéaire, et <strong>de</strong>s différentes trames à la fois théoriques, conceptuelles et concrètes que<br />
chacun <strong>de</strong> ces projet décline, à sa manière.<br />
« La ville », est ainsi réexaminée par la gran<strong>de</strong> échelle <strong>du</strong> territoire linéaire. Il apparaît, entre<br />
les <strong>de</strong>ux villes <strong>de</strong> Rennes et Saint-Malo, une forme <strong>de</strong> réseau qui correspond au métabolisme<br />
linéaire <strong>de</strong> cette forme <strong>de</strong> polycentrisme... sauf que chaque pôle, en ligne ou en boucle, est<br />
lxix
censé regrouper les 3 fonctions <strong>de</strong> la rési<strong>de</strong>nce, <strong>du</strong> lieu <strong>de</strong> travail et <strong>du</strong> loisir, ce qui n'est pas<br />
le cas <strong>de</strong>s bourgs qui ont essentiellement une fonction rési<strong>de</strong>ntielle.<br />
Au début <strong>du</strong> 19ème siècle un organisme <strong>de</strong> 1000 à 5000 habitant portait le nom <strong>de</strong> « ville ».<br />
Par où et comment commence la ville ? Si l'on prend le schéma <strong>de</strong> Rogers pour pertinent, il<br />
n'en restera pas moins qu'aucun pôle, même <strong>de</strong>nse, ne pourra comporter toutes les fonctions :<br />
l'un recevra une université, un autre un centre régional d'hospitalisation, etc. La mobilité <strong>de</strong>s<br />
indivi<strong>du</strong>s dans leur travail et la diversification <strong>de</strong> l'offre <strong>de</strong> loisir les con<strong>du</strong>ira à passer d'un<br />
pôle à un autre. D'une échelle à l'autre (la gran<strong>de</strong> ville, le réseau <strong>de</strong> bourgs), le schéma n'est<br />
pas distor<strong>du</strong>. Pour se donner <strong>de</strong>s références en terme <strong>de</strong> dimension <strong>de</strong>s territoires, une équipe<br />
d'étudiants a superposé les plans <strong>de</strong> Paris, <strong>de</strong> l'axe étudié et ... <strong>de</strong> Los Angeles ! On peut ne<br />
voir là qu'un jeu, aucune comparaison n'étant possible sur les <strong>de</strong>nsités et les morphologies<br />
urbaines. On peut aussi y puiser <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> réflexion où il apparaîtrait qu'en termes <strong>de</strong><br />
mobilité un habitant <strong>de</strong> Los Angeles vit sur une éten<strong>du</strong>e comparable à l’axe étudié qui<br />
bénéficie d'un équilibre entre espaces construits et espaces naturels. La même équipe a alors<br />
pratiqué un autre jeu qui, pour étudier la question <strong>de</strong> la limite, a consisté à faire <strong>de</strong>ssiner <strong>de</strong>s<br />
cartes mentales sur le déplacement en région parisienne par <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> la ville centre et<br />
<strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> banlieue. Sur un échantillonnage restreint, il n'en résulte pas moins <strong>de</strong>s<br />
schémas typés qui montrent que le rési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la ville centre ne perçoit pas les limites <strong>de</strong> la<br />
ville à laquelle il appartient alors que celui <strong>de</strong> la banlieue affiche la frontière mentale <strong>de</strong> la<br />
ceinture : il vit hors <strong>de</strong> la ville. Appartenir à un lieu qui peut se définir autrement que le<br />
négatif <strong>de</strong> la ville centre, qui soit source d'un potentiel <strong>de</strong> relation sociale : c'est peut-être un<br />
autre type d'enjeu que fait apparaître un travail sur l'i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s centres ici tenté.<br />
Si la ville automobile n'est pas une fatalité, l'abord <strong>de</strong>s pratiques territoriales à plus gran<strong>de</strong><br />
échelle semble aussi pouvoir être revisité à la lumière <strong>de</strong>s mobilités fédérées et d'un<br />
polycentrisme qui intègre les structures préexistantes : elles constituent à la fois une richesse<br />
patrimoniale et <strong>de</strong>s enjeux en terme d'équilibre entre les lieux habités et les espaces naturels.<br />
Quelles sont les perspectives ouvertes par ce travail ?<br />
1/ L'exploration apporte <strong>de</strong> nombreux éclairage et ouvre <strong>de</strong> multiples pistes <strong>de</strong> prolongement.<br />
Elle permet <strong>de</strong> dépasser les impasses d'une analyse <strong>de</strong>s interactions entre «formes spatiales»<br />
et «forces <strong>de</strong> mobilités », <strong>de</strong> se doter d'une véritable démarche <strong>de</strong> caractérisation fondée sur<br />
une série d'indicateurs et <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s. Ces indicateurs et métho<strong>de</strong>s constituent tout autant <strong>de</strong><br />
prises et matière à projet et conception <strong>de</strong> la linéarité à gran<strong>de</strong> échelle, tout en illustrant la<br />
fécondité <strong>de</strong> l'articulation entre <strong>de</strong>ux types d'enseignement.<br />
2/ Elle dégage plusieurs chantiers, pistes pour <strong>de</strong> futures recherches, en particulier quant aux<br />
rapport <strong>de</strong>s institutions locales à la configuration linéaire et à la situation « sous condition <strong>de</strong><br />
mobilité ». En particulier :<br />
- documenter les pratiques extrêmement différenciées <strong>de</strong> communes qui « tournent le dos » à<br />
l'axe alors que d'autres s'en emparent pour en faire une véritable stratégie <strong>de</strong> développement.<br />
Ce rapport serait systématiquement à documenter d'une part sur un plan strictement analytique<br />
(caractérisation <strong>de</strong>s évolutions morphologiques) puis, complété par <strong>de</strong>s entretiens<br />
approfondis. « Faire avec / tout contre / l'axe » permet <strong>de</strong> dépasser ce faisant une dialectique<br />
stérile, <strong>de</strong> caractériser <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s et postures socio-politiques (fatalisme, résignation,<br />
indifférences, volontarisme...).<br />
- poursuivre par une approche <strong>de</strong> l'urbanisme linéaire et non uniquement <strong>de</strong> la compacité, les<br />
chantiers <strong>de</strong> l'aménagement <strong>de</strong> la ville-mobile dans une ère <strong>de</strong> société post-carbone.<br />
- explorer les intersections d'échelles pointées, impliquant <strong>de</strong> caractériser aussi les différents<br />
niveaux <strong>de</strong> manifestation <strong>de</strong> l'effet <strong>de</strong> contextes (effets <strong>de</strong> « méta-corridors », « d'infracorridors<br />
»).<br />
lxx
15. Règle d’urbanisme et diversité typologique <strong>de</strong> l’habitat.<br />
ENSA Grenoble.<br />
Responsable scientifique : Yves Sauvage.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
La recherche se propose <strong>de</strong> définir comment la règle « ordinaire » d’urbanisme (c’est-à-dire<br />
inscrite dans le corps <strong>de</strong>s règles <strong>du</strong> PLU) peut être un outil <strong>de</strong> diversification <strong>de</strong>s types<br />
d’habitat dans une logique <strong>de</strong> limitation <strong>de</strong> la consommation <strong>de</strong>s sols à bâtir. Elle doit ainsi<br />
contribuer à explorer les rapports existant entre la règle d’urbanisme et le type. Dans ce vaste<br />
champ <strong>de</strong> recherche, ce travail veut se centrer sur l’approche technique : qu’est-ce qui, dans<br />
les dispositions précises contenues dans ces règles, a un effet direct sur les possibilités<br />
typologiques, et quelle est la nature <strong>de</strong> cet effet : interdiction explicite, impossibilité objective,<br />
entrave inci<strong>de</strong>nte, incitation, obligation… ?<br />
Méthodologie.<br />
La métho<strong>de</strong> est essentiellement fondée sur l’expérimentation par le projet architectural.<br />
Dans un premier temps cette expérimentation repose sur l’élaboration <strong>de</strong> projets<br />
« théoriques » <strong>de</strong> référence sur un site d’expérimentation avec les étudiants ; ces projets<br />
permettront une première proposition <strong>de</strong> tra<strong>du</strong>ction réglementaire qui sera nourrie par une<br />
analyse comparative -menée parallèlement à cette première phase- <strong>de</strong>s rapports entre types<br />
d’habitat et règlement d’urbanisme dans trois pays européens : l’Angleterre, la Hollan<strong>de</strong> et la<br />
Suisse.<br />
Dans un <strong>de</strong>uxième temps, cette esquisse réglementaire sera soumise à expérimentation<br />
« réelle » à travers un concours sur esquisse proposé à <strong>de</strong>s constructeurs et <strong>de</strong>s architectes sur<br />
le même site. Ce « retour » opérationnel sera exploité pour proposer une rédaction aussi<br />
générique que possible <strong>de</strong> règles, en intégrant en outre l’expertise d’un juriste <strong>du</strong> droit <strong>de</strong>s<br />
sols et d’un instructeur <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’autorisation <strong>de</strong> construire afin d’en vérifier tant<br />
l’opposabilité que l’applicabilité.<br />
Le but est d’esquisser un « gui<strong>de</strong> » permettant à <strong>de</strong>s collectivités d’associer <strong>de</strong>s règles –type à<br />
<strong>de</strong>s types d’habitat, en établissant notamment : une classification rigoureuse <strong>de</strong>s types<br />
(susceptible d’avoir une application réglementaire) ; <strong>de</strong>s exemples <strong>de</strong> réalisations <strong>de</strong> qualité<br />
illustrant ces types (ou en constituant une hybridation) ; une corrélation avec les types <strong>de</strong><br />
règle qui les autorisent, les interdisent, ou les ren<strong>de</strong>nt obligatoires.<br />
lxxi
16. La métropole en projet. Le <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> la Plaine Saint-Denis dans le Grand Paris<br />
d’aujourd’hui.<br />
ENSA Paris Malaquais.<br />
Responsable scientifique : Cristiana Mazzoni.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
C’est à la Plaine Saint-Denis que naît il y a une quinzaine d’année le premier projet urbain<br />
intercommunal à gran<strong>de</strong> échelle, aux portes <strong>de</strong> Paris. Au milieu <strong>de</strong>s années 1980, pour sortir<br />
<strong>de</strong> la crise <strong>de</strong> la désin<strong>du</strong>strialisation qui a frappé ce territoire <strong>de</strong> plein fouet, les maires <strong>de</strong>s<br />
trois communes rattachées à la Plaine déci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> créer un syndicat intercommunal qu’ils<br />
nomment Plaine Renaissance. Il aura pour mission un état <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong>s entreprises toujours<br />
en place, l’élaboration d’une charte intercommunale d’aménagement et <strong>de</strong> développement et<br />
<strong>de</strong> confier les étu<strong>de</strong>s à plusieurs maîtres d’œuvre qui formeront pour l’occasion l’équipe<br />
Hippodamos 93. Rassemblée sous la forme d’un Groupement d’Intérêt Economique, cette<br />
équipe propose d’intervenir sur le territoire par un « urbanisme <strong>de</strong> relations » basé sur la<br />
générosité dimensionnelle <strong>de</strong>s espaces publics et un maillage viaire structurant. La décision<br />
<strong>de</strong> l’implantation <strong>du</strong> Sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> France par le premier ministre E. Balla<strong>du</strong>r (1993) définit le<br />
passage <strong>de</strong> la phase théorique et prospective à l’intervention concrète. Celle-ci est marquée<br />
par la création fin 1999 <strong>de</strong> la Communauté <strong>de</strong> communes et début 2011 <strong>de</strong> la Communauté<br />
d’agglomération. A partir <strong>de</strong> la spécificité géographique, sociale, politique et administrative<br />
<strong>de</strong> ce territoire, l’investigation porte sur <strong>de</strong>ux axes, d’une part sur le <strong>de</strong>venir <strong>du</strong> projet urbain<br />
<strong>de</strong> la Plaine au cours <strong>de</strong>s quinze <strong>de</strong>rnières années : le passage <strong>de</strong> la phase analytique à la<br />
phase opérationnelle, les outils mis au point, les décalages et le révisions qui ont eu lieu, <strong>de</strong><br />
l’autre, la confrontation <strong>du</strong> territoire <strong>de</strong> la Plaine Saint-Denis avec la problématique plus vaste<br />
<strong>du</strong> <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> l’agglomération parisienne. La question est celle <strong>de</strong>s enjeux politiques,<br />
territoriaux, institutionnels <strong>de</strong> la Communauté d’agglomération Plaine Commune face à Paris<br />
et au Grand Paris.<br />
Hypothèses et méthodologie.<br />
L’hypothèse principale est que le réaménagement <strong>de</strong> ce vaste secteur situé aux portes <strong>de</strong> Paris<br />
représente, <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> vingt ans, un laboratoire d’expérimentation <strong>de</strong> nouvelles formes<br />
d’interaction entre la maîtrise d’ouvrage, la maîtrise d’œuvre et les habitants –formes<br />
d’interaction qui n’excluent pas <strong>de</strong> fortes ruptures, <strong>de</strong>s décalages et <strong>de</strong>s moments <strong>de</strong> crise.<br />
L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces interactions propres à la notion <strong>de</strong> « projet urbain », confrontées à celles mises<br />
en place dans les secteurs <strong>de</strong> Seine-Arche et Paris Nord-Est, <strong>de</strong>vrait permettre <strong>de</strong> faire<br />
ressortir la spécificité <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s actuelles <strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong> la ville à l’échelle <strong>de</strong> la<br />
métropole. Parallèlement est faite l’hypothèse <strong>du</strong> rôle central, dans la construction <strong>du</strong><br />
territoire, <strong>de</strong>s structures liées à la mobilité ferroviaire et <strong>du</strong> projet <strong>de</strong> l’habitat collectif dit<br />
« intermédiaire ». Ces différentes problématiques -l’interaction entre les acteurs, la conception<br />
<strong>de</strong> l’espace <strong>de</strong> la mobilité, l’expérimentation <strong>de</strong> formes d’habitat innovantes- seront prises en<br />
considération dans trois niveaux constitutifs <strong>de</strong> la « gran<strong>de</strong> échelle » : au niveau <strong>de</strong> la<br />
construction <strong>de</strong>s quartiers, à celui <strong>de</strong> la définition <strong>de</strong> nouvelles centralités urbaines, et à celui<br />
<strong>du</strong> <strong>de</strong>ssein <strong>de</strong> l’agglomération.<br />
Cette recherche sera menée selon différentes approches, complémentaires et convergentes,<br />
issues <strong>de</strong>s sciences sociales et <strong>du</strong> domaine <strong>de</strong> l’architecture et <strong>de</strong> l’urbanisme. Elle<br />
développera ces approches en articulation avec la problématique pédagogique.<br />
Résumé.<br />
Une première partie <strong>de</strong> cette recherche esquisse une sorte <strong>de</strong> portrait actuel <strong>de</strong> Paris-<br />
Métropole à partir <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong>s débats en cours sur la métropolisation mondiale et <strong>de</strong>s<br />
lxxii
débats relatifs à l’aménagement <strong>du</strong> territoire parisien, les auteurs s’interrogeant sur les<br />
acceptions actuelles <strong>du</strong> terme « métropole» et les images qui ressortent <strong>de</strong>s discours relatifs<br />
aux métropoles mondiales, puis sur les sens <strong>de</strong>s figures <strong>de</strong> projet que sont l’archipel<br />
métropolitain et l’architecture <strong>du</strong> lien, sur l’articulation <strong>de</strong> la gouvernance aux problématiques<br />
<strong>de</strong>s projets architecturaux et urbains, sur la portée <strong>du</strong> Schéma directeur <strong>de</strong> la région Ile <strong>de</strong><br />
France et l’image structurante qui en ressort. Dans la <strong>de</strong>uxième partie, les auteurs exposent<br />
une réflexion sur les modèles <strong>de</strong> l’aménagement <strong>de</strong> Paris au cours <strong>de</strong>s trois phases <strong>de</strong><br />
formation <strong>de</strong> la métropole actuelle : la pério<strong>de</strong> in<strong>du</strong>strielle (la métropole <strong>de</strong>nse et compacte),<br />
l’entre-<strong>de</strong>ux-guerres (la métropole ouverte) et le début <strong>de</strong>s Trente Glorieuses (la métropole<br />
polycentrique). La troisième partie <strong>de</strong> la recherche se concentre sur le cas <strong>de</strong> la Plaine Saint<br />
Denis et à ses relations avec les territoires avoisinants (Seine-Arche, Paris-Nord Est,<br />
boulevard périphérique) et, en reprenant les thématiques précé<strong>de</strong>ntes, propose <strong>de</strong>s réflexions<br />
sur les jeux d’acteurs, les stratégies et les outils <strong>de</strong> projet, mais aussi la part <strong>de</strong>s habitants dans<br />
l’élaboration et la réalisation <strong>de</strong>s projets, les doctrines mobilisées dans le champ <strong>de</strong><br />
l’urbanisme.<br />
lxxiii
Session 2008<br />
17. Grands ensembles, urbanité et politiques <strong>de</strong> la ville dans le Rhin supérieur :<br />
Strasbourg-Hautepierre et Hei<strong>de</strong>lberg-Emmertsgrund.<br />
ENSA Strasbourg.<br />
Responsable scientifique : Laurent Reynes, Volker Ziegler.<br />
18. Échelles <strong>de</strong>s dynamiques.<br />
ENSA <strong>de</strong> Clermont-Ferrand.<br />
Responsable scientifique : Alain Charre.<br />
19. Lyon / Saint-Etienne : hétérogénéités d’échelles dans le projet <strong>de</strong> territoire.<br />
ENSA <strong>de</strong> Saint-Etienne.<br />
Responsable scientifique : Marie-Paule Halgand, Alena Kubova.<br />
20. La ville par strates. Le projet urbain en coupe.<br />
ENSA <strong>de</strong> Versailles.<br />
Responsable scientifique : Arnoldo Rivkin.<br />
21. Maisons indivi<strong>du</strong>elles et éparpillement urbain : vers un « French sprawl » ?<br />
ENSA <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux.<br />
Responsable scientifique : Thierry Jeanmonod.<br />
22. Aéroports_Airspaces.<br />
ENSA <strong>de</strong> Toulouse.<br />
Responsable scientifique : Daniel Estevez.<br />
23. Ecologies urbaines.<br />
ESA Paris.<br />
Responsable scientifique : Paolo Cascone.<br />
24. L’architecture <strong>de</strong> la mobilité comme fabrique <strong>de</strong> la ville, <strong>du</strong> paysage et <strong>du</strong> territoire :<br />
une stratégie intégrative <strong>de</strong> projet.<br />
ENSA <strong>de</strong> Marseille.<br />
Responsable scientifique : Stéphane Hanrot.<br />
lxxiv
17. Grands ensembles, urbanité et politiques <strong>de</strong> la ville dans le Rhin supérieur :<br />
Strasbourg-Hautepierre et Hei<strong>de</strong>lberg-Emmertsgrund.<br />
ENSA Strasbourg.<br />
Responsable scientifique : Laurent Reynes, Volker Ziegler.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
Inscrite dans l'axe <strong>de</strong> recherche AMUP sur l'habitat dans la région transfrontalière <strong>du</strong> Rhin<br />
Supérieur, la proposition s’intéresse à <strong>de</strong>ux grands ensembles, Strasbourg-Hautepierre et<br />
Hei<strong>de</strong>lberg-Emmertsgrund. Elle se penche sur ces <strong>de</strong>ux cas particuliers et spécifiques,<br />
"paradigmatiques" <strong>de</strong> la politique alleman<strong>de</strong> et française en matière <strong>du</strong> logement social, mais<br />
dans le même temps, "exceptionnels" dans leur singularité, leur unicité. Il s'agit d’affiner le<br />
regard sur les approches, les objectifs, les processus qui ont amené à leur construction<br />
progressive. L’un et l’autre sont inscrits dans les politiques <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pays<br />
(programme "Ville sociale" en Allemagne, ANRU en France) et sont dans <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong><br />
transformation ou réhabilitation en cours d’élaboration et objets actifs d’enjeux majeurs. Leur<br />
inscription dans la ville représente aussi pour chacun une question essentielle.<br />
Interroger ces objets parallèlement revient donc à les questionner dans leur cadre large,<br />
notamment prenant en compte les projets politiques à la base <strong>de</strong> la démarche urbaine, ce qui<br />
oblige à poser, <strong>de</strong> manière comparative et historique, la question <strong>du</strong> logement social en France<br />
et en Allemagne. Comment a-t-elle été abordée dans la même région transfrontalière, <strong>de</strong> part<br />
et d'autre <strong>du</strong> Rhin ? Un regard croisé sur ces cas d'étu<strong>de</strong> permettra <strong>de</strong> les resituer dans le<br />
contexte d'une région transfrontalière où se rencontrent les cultures urbaines, les pratiques<br />
d'aménagement et les structures spatiales <strong>de</strong> la France et <strong>de</strong> l'Allemagne, où s'imbriquent les<br />
contextes nationaux et locaux d'une manière complexe.<br />
Comment parler <strong>de</strong> l'urbanité dans les grands ensembles ? Un questionnement<br />
anthropologique cherche à approfondir ce thème en interrogeant l’espace habité, l’espace<br />
vécu et la parole <strong>de</strong>s habitants, mais aussi <strong>de</strong>s acteurs engagés dans les projets en cours. Pour<br />
saisir l'ambiance sociale <strong>de</strong>s lieux et le comportement <strong>de</strong>s gens dans ces lieux, une approche<br />
visuelle <strong>de</strong> cette pluralité est souhaitée.<br />
A travers l'analyse <strong>de</strong>s échelles, notre posture est <strong>de</strong> considérer les grands ensembles non pas<br />
comme <strong>de</strong>s lieux à part, mais comme <strong>de</strong>s espaces en lien étroit avec la ville et ses autres<br />
parties. Une approche comparative <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux ensembles et <strong>de</strong> leur contextualisation urbaine<br />
nous con<strong>du</strong>it à nous intéresser à trois échelles, celle <strong>de</strong>s formes et projets architecturaux,<br />
articulée à celle <strong>de</strong>s tissus et projets urbains et à celle <strong>de</strong>s structures et formes d’organisation<br />
spatiales <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux agglomérations.<br />
La recherche vise à comprendre et montrer la complexité et la difficulté <strong>de</strong>s approches<br />
actuelles <strong>de</strong> l’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle entre les processus <strong>de</strong> conception et projets<br />
initiaux et <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> correction s’inscrivant dans <strong>de</strong>s dispositifs innovants adaptés à<br />
<strong>de</strong>s populations habitantes multiculturelles.<br />
Méthodologie.<br />
La démarche proposée intègre <strong>de</strong>s chercheurs provenant <strong>de</strong> diverses disciplines, <strong>de</strong>s<br />
techniciens, <strong>de</strong>s élus, <strong>de</strong>s associations et <strong>de</strong>s experts. Elle s'appuie sur un environnement<br />
pédagogique coordonné : master recherche "Architecture, Structures et Projets urbains" cohabilité<br />
INSAS/ENSAS, séminaires ENSAS "Habitat et urbanité" et "Atlas <strong>de</strong> l'habitat et <strong>de</strong><br />
l'urbanité <strong>du</strong> Rhin supérieur", programme intensif Erasmus "Habitat innovant <strong>de</strong>s aires<br />
urbaines européennes – relevé d’urbanité".<br />
Nous menons un travail d'exploration <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux situations retenues à travers l'observation<br />
diachronique <strong>du</strong> tissu social et <strong>du</strong> jeu <strong>de</strong>s acteurs ainsi qu'à travers celle <strong>du</strong> tissu spatial et <strong>de</strong><br />
sa complexité, en tenant compte <strong>de</strong>s formes urbaines et <strong>de</strong>s enjeux spatiaux présents.<br />
lxxv
Complexité <strong>de</strong>s tissus, puisque les <strong>de</strong>ux situations retenues trouvent leurs origines dans <strong>de</strong>s<br />
conceptions proposant <strong>de</strong>s formes urbaines originales considérées comme innovantes à<br />
l'époque, critiquées par la suite et restées inachevées, auxquelles on tente aujourd'hui <strong>de</strong><br />
superposer d'autres logiques spatiales. Si ces réajustements témoignent <strong>du</strong> décalage entre<br />
utopie urbaine et urbanité, dans les <strong>de</strong>ux cas, le rapport entre forme urbaine et urbanité se lit à<br />
travers l'aménagement, les pratiques et les usages <strong>de</strong>s espaces publics.<br />
Complexité <strong>de</strong>s acteurs, puisque quand on regar<strong>de</strong> les <strong>de</strong>ux situations <strong>du</strong> côté <strong>de</strong> l'action, on<br />
constate qu'elles font l'objet <strong>de</strong> projets urbains dont le montage s'appuie sur <strong>de</strong>s démarches<br />
participatives et dont la gestion nécessite une articulation <strong>de</strong> différentes logiques et une<br />
organisation transversale <strong>de</strong> la maîtrise d'ouvrage politique et technique.<br />
Nous proposons <strong>de</strong> partir <strong>de</strong> la spécificité <strong>de</strong>s lieux et <strong>de</strong>s situations plutôt que d'interpréter<br />
les phénomènes urbains en fonction <strong>de</strong> la spécialité <strong>de</strong> chaque discipline. Il s'agit d'énoncer<br />
les thématiques (spatiales et sociales) particulières dominantes qui surgissent à chaque<br />
situation, enjeu ou discours. Dans les <strong>de</strong>ux villes, <strong>de</strong>s thématiques particulières ont été mises<br />
en évi<strong>de</strong>nce pour mener le projet sur les grands ensembles. De même, à partir <strong>de</strong> ces<br />
thématiques, <strong>de</strong>s visions politiques particulières et <strong>de</strong>s stratégies se <strong>de</strong>ssinent. Ces<br />
thématiques peuvent concerner aussi bien l’espace que sa gestion ou l’aménagement <strong>de</strong><br />
l’espace public en tant que enjeu pour la démocratie.<br />
Dans les <strong>de</strong>ux situations, il s'agit enfin <strong>de</strong> mettre en avant les thématiques transversales sur<br />
lesquelles le projet <strong>de</strong> recherche s'est construit : urbanité et grands ensembles, urbanité et<br />
politiques <strong>de</strong> la ville, habitat dans le Rhin Supérieur. De plus, 30-40 ans d'interventions sur<br />
ces <strong>de</strong>ux grands ensembles et les changements intervenus pendant cette pério<strong>de</strong> permettront<br />
<strong>de</strong> rendre lisibles les décalages entre les thématiques affichées dans les projets initiaux et les<br />
thèmes <strong>de</strong>venus d'actualité dans l'évolution <strong>de</strong>s projets.<br />
Résultats.<br />
Les thèmes explorés et les matériaux exploités pour cette recherche ont été <strong>de</strong> forme<br />
kaléidoscopique, à l'image <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux quartiers Strasbourg-Hautepierre et Hei<strong>de</strong>lberg-<br />
Emmertsgrund, <strong>de</strong>s histoires, <strong>de</strong>s formes urbaines et <strong>de</strong>s personnes rencontrés. Les<br />
contributions <strong>de</strong> textes, d'images et <strong>de</strong> films, propres à chacun <strong>de</strong>s chercheurs <strong>de</strong> l'équipe,<br />
expriment la multiplicité <strong>de</strong>s approches que nous estimons nécessaires pour un travail <strong>de</strong><br />
recherche qui porte à la fois sur "l'espace conçu" et sur "l'espace vécu" d'ensembles urbains.<br />
Mais elles expriment aussi la diversité <strong>de</strong>s cultures professionnelles et personnelles <strong>de</strong>s uns et<br />
<strong>de</strong>s autres : enseignant-chercheur, doctorant ou artiste ; architecte, urbaniste, plasticien,<br />
vidéaste, photographe, anthropologue ou ingénieur…<br />
L'idée initiale était non pas <strong>de</strong> "comparer" <strong>de</strong>ux quartiers quant à leur histoire, leur forme<br />
urbaine et leur vécu, mais d'éclairer certains moments <strong>de</strong> l'histoire, certains éléments formels<br />
et certains aspects <strong>de</strong> la vie d'un quartier dans le miroir <strong>de</strong> l'autre. Une hypothèse <strong>de</strong> travail<br />
était celle que dans les quartiers <strong>de</strong> grands ensembles, c'est à travers les modalités <strong>de</strong> la<br />
"politique <strong>de</strong> la ville" que le rapport souvent conflictuel entre "espace conçu" et "espace vécu"<br />
est révélé et renégocié. Trois gran<strong>de</strong>s parties <strong>de</strong> ce rapport ren<strong>de</strong>nt compte <strong>de</strong> ce triangle, avec<br />
toutes les difficultés que nous y avons rencontrées.<br />
Premièrement, cette opération <strong>de</strong> regards croisés n'a pas été symétrique par rapport aux <strong>de</strong>ux<br />
quartiers. La majorité <strong>de</strong> l'équipe vit et travaille à Strasbourg, un seul chercheur à Hei<strong>de</strong>lberg.<br />
Il a été d'autant plus important <strong>de</strong> définir une même approche pour étudier l'histoire, la<br />
fabrication et <strong>de</strong> l'espace <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux quartiers ainsi que leur évolution. Ainsi, la constitution et<br />
la rédaction <strong>de</strong> la première partie <strong>du</strong> rapport a suivi le même découpage en "préfiguration"<br />
(les origines <strong>du</strong> projet), "configuration" (le chantier et ses alea) et "refiguration" (les<br />
interventions <strong>de</strong> type "re-") <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux quartiers.<br />
lxxvi
Deuxièmement, les matériaux analysés et pro<strong>du</strong>its pour cette recherche sont <strong>de</strong> nature très<br />
hétérogène. Nous avons senti cette nécessité d'explorer d'autres métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travail et<br />
d'utiliser d'autres supports que le texte pour la <strong>de</strong>uxième partie <strong>du</strong> rapport qui porte sur les<br />
représentations <strong>de</strong> l'espace vécu. Comment rendre compte <strong>de</strong> l'ambiance sociale d'un lieu ? Si<br />
l'ensemble <strong>de</strong> l'équipe a été familier avec le "terrain" <strong>de</strong> Hautepierre et même investi dans le<br />
projet pour ses 40 ans, les déplacements à Emmertsgrund étaient plus rares et surtout moins<br />
spontanées, à cela s'ajoutait encore la barrière <strong>de</strong> la langue. Il a été d'autant plus important <strong>de</strong><br />
"dériver", <strong>de</strong> passer par d'autres sensibilités à l'espace, d'autres capteurs d'urbanité, et<br />
notamment par la photographie et la vidéo. Les <strong>de</strong>ux films (2 DVD vidéo) en ren<strong>de</strong>nt compte,<br />
y compris dans leurs différences : sur Hautepierre, un montage <strong>de</strong> diverses dérives urbaines,<br />
d'interviews, <strong>de</strong> conversations et <strong>de</strong> réunions publiques, sur Emmertsgrund, une visite guidée<br />
et <strong>de</strong>s plans d'ambiances. Outil interactif, le troisième DVD ("L'urbanité en ambiances") est<br />
une base <strong>de</strong> données regroupant <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> photos <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux quartiers qui permet à<br />
l'utilisateur <strong>du</strong> DVD <strong>de</strong> composer un parcours virtuel ou un diaporama thématique à<br />
Hautepierre, à Emmertsgrund ou d'une manière parallèle.<br />
Ce travail <strong>de</strong> recherche est donc aussi un investissement sur le terrain. Les réactions <strong>de</strong>s<br />
habitants ont toujours été authentiques. Nous avons rencontré parfois une certaine méfiance<br />
voir hostilité : un groupe qui se promène dans un quartier en prenant <strong>de</strong>s photos, cela attire <strong>de</strong><br />
l'attention, et parfois <strong>de</strong>s oeufs jetés par les fenêtres (à Hautepierre). Au moment <strong>de</strong>s<br />
discussions sur la vente d'Emmertsgrund, <strong>de</strong>s locataires inquiets sont jusqu'à aller prévenir le<br />
bailleur <strong>de</strong> notre présence sur place : un petit groupe <strong>de</strong> personnes <strong>de</strong> 40 à 60 ans parlant une<br />
langue étrangère, seraient-ce <strong>de</strong>s investisseurs intéressés ?<br />
Un "quartier sensible", c'est aussi cela, sensible aux regards extérieurs pleins d'a priori et aux<br />
intentions imposées. Mais le fait <strong>de</strong> dire pourquoi on est là, <strong>de</strong> revenir, <strong>de</strong> s'investir fait<br />
tomber ces barrières et puis alors… les habitants nous parlent, sans qu'on le leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
forcément. Le respect <strong>de</strong> l'autre libère la parole, nous entraîne dans une histoire.<br />
Les entretiens avec les acteurs professionnels étaient d'un ordre tout à fait différent. Nous<br />
avons vu <strong>de</strong>s représentants importants <strong>de</strong> la maîtrise d'ouvrage et <strong>de</strong> la maîtrise d'oeuvre<br />
impliqués dans la conception <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux quartiers, ils avaient entre 75 et 90 ans au moment <strong>de</strong>s<br />
entretiens. Là, la parole était souvent structurée (comme aussi nos questions), elle ressemblait<br />
parfois à un discours préparé il y a longtemps et maintenu <strong>de</strong>puis. Peu <strong>de</strong> réflexions<br />
problématisaient l'action et le rôle <strong>de</strong> l'interlocuteur, celles-ci transparaissaient plutôt entre les<br />
phrases et dans les oublis.<br />
En ce sens, c'est dans les entretiens, rencontres, interview etc. que nous avons pu trouver la<br />
matière la plus riche pour la troisième partie <strong>de</strong> ce rapport qui porte sur les politiques <strong>de</strong> la<br />
ville et le rôle <strong>de</strong>s différents acteurs.<br />
lxxvii
18. Échelles <strong>de</strong>s dynamiques.<br />
ENSA <strong>de</strong> Clermont-Ferrand.<br />
Responsable scientifique : Alain Charre.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
La Gran<strong>de</strong> Echelle ébranle les certitu<strong>de</strong>s. Elle s’inscrit avant tout dans l’espace mental dont<br />
elle renouvelle sans cesse les limites.<br />
Le <strong>de</strong>ssin géographique.<br />
Sorte <strong>de</strong> “méga-land art” <strong>de</strong> 3000 km, le <strong>de</strong>ssin géographique lancé par Olivier Agid en une<br />
courbe logique qui relie Clermont-Ferrand à Istanbul nous sert <strong>de</strong> carte <strong>de</strong> route. Nous l’avons<br />
admis comme geste esthétique fondateur d’une exploration pas moins scientifique que toute<br />
autre démarche académique. La diversité <strong>de</strong> nos huit personnalités contribue à la présentation<br />
d’une oeuvre commune qui rendra compte d’une “nouvelle sensibilité”<br />
Approche scientifique et approche artistique.<br />
Le déracinement <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> vue et leur variabilité nous permet désormais d’abor<strong>de</strong>r<br />
l’architecture non plus uniquement <strong>de</strong> façon frontale, mais aussi <strong>de</strong> façon tangentielle.<br />
L’intelligence <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Échelle passe par l’organisation méthodique <strong>de</strong> la masse<br />
d’informations disponibles, mais aussi par l’art <strong>de</strong> la narration qui valorise le détail et le fait<br />
circuler. La Gran<strong>de</strong> Échelle porte-t-elle en elle une forme d’utopie nécessaire, une<br />
hétérotopie, une autre langue ?<br />
De Clermont-Ferrand à Istanbul.<br />
Majoritairement issue <strong>de</strong> l’École Nationale Supérieure d’Architecture <strong>de</strong> Clermont-Ferrand,<br />
notre équipe a choisi <strong>de</strong> traverser l’Europe <strong>du</strong> Sud sur les traces <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s migrations<br />
historiques. Soit <strong>de</strong> Clermont-Ferrand à Istanbul via Milan, Ljubljana, Belgra<strong>de</strong>, Sofia et<br />
Thessalonique, autant <strong>de</strong> villes dotées <strong>de</strong> symboles architecturaux marqués diversement par<br />
les confluences entre l’Orient et l’Occi<strong>de</strong>nt. Ces parcours historiques sont aujourd’hui relayés<br />
par un maillage <strong>du</strong> continent européen mis en place par l’Union Européenne et composé <strong>de</strong><br />
corridors <strong>de</strong> très gran<strong>de</strong>s circulations autoroutières, ferroviaires et fluviales <strong>de</strong>stinés à relier<br />
les différents pôles <strong>du</strong> périmètre <strong>de</strong> l’Europe, <strong>de</strong> Lisbonne à Minsk, <strong>de</strong> la Méditerranée à<br />
Berlin via Dres<strong>de</strong>, d’Oslo à Londres via Amsterdam et Rotterdam. Nous empruntons les<br />
couloirs 6 jusqu’à Ljubljana et 22 jusqu’à Thessalonique.<br />
Méthodologie.<br />
Le voyage comme outil scientifique.<br />
Si les technologies <strong>de</strong> la communication ignorent les frontières, le voyage renouvelé par<br />
l’information généralisée, s’impose. En tant que système critique d’observation et <strong>de</strong><br />
vérification, il est un outil scientifique à part entière. Il doit observer une logique <strong>de</strong><br />
ponctuation, une organisation <strong>de</strong>s rencontres, un réseau <strong>de</strong> partenaires et un relevé d’indices<br />
<strong>de</strong>s mutations en cours. En comparant <strong>de</strong>s contextes urbains différents, il offre une pertinence<br />
que l’information seule ne peut recouvrir ; l’imprévisible est un moment décisif <strong>du</strong> travail <strong>de</strong><br />
laboratoire.<br />
Co-élaboration.<br />
Tenant compte <strong>de</strong> la diversité <strong>de</strong>s enseignements, nous avons conçu un dénominateur<br />
commun <strong>de</strong> questionnement <strong>de</strong>stiné à lancer une série d’interprétations croisées qui mobilise<br />
toutes les disciplines :<br />
• le rôle <strong>de</strong> la patrimonialisation dans l’élaboration d’une nouvelle architecture,<br />
• l’héritage <strong>de</strong>s échelles successives pour mesurer la Gran<strong>de</strong> Échelle,<br />
• la dimension paysagère <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Échelle, suburbs, mégastructures et dilatation spatiale,<br />
• les effets <strong>de</strong>s migrations sociales,<br />
• la prise en compte <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> échelle dans l’enseignement universitaire.<br />
lxxviii
Communication.<br />
Une plateforme d’échange internet et un audio-gui<strong>de</strong> entre les participants <strong>de</strong> l’opération,<br />
permettront <strong>de</strong> stocker l’ensemble <strong>de</strong>s informations. Cette plate-forme assurera une relation,<br />
continue, jour après jour, avec l’École d’Architecture <strong>de</strong> Clermont-Ferrand et nos partenaires.<br />
Elle constitue un fonds d’images, <strong>de</strong> vidéos, <strong>de</strong> textes et d’enregistrements sonores qui seront<br />
traités et présentés au BRAUP, puis développés lors d’un colloque international à Clermont-<br />
Ferrand, fin 2009. Elle ai<strong>de</strong>ra à la création à terme d’une formation post-Master internationale<br />
et interprofessionnelle consacrée à la pro<strong>du</strong>ction architecturale <strong>de</strong> la Gran<strong>de</strong> Échelle.<br />
En relation avec les médias, presse, TV, internet, une postpro<strong>du</strong>ction est prévue, elle sera<br />
éditée sous forme <strong>de</strong> publication texte/image et dvd-rom.<br />
lxxix
19. Lyon / Saint-Etienne : hétérogénéités d’échelles dans le projet <strong>de</strong> territoire.<br />
ENSA <strong>de</strong> Saint-Etienne.<br />
Responsable scientifique : Marie-Paule Halgand, Alena Kubova.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
L‘enjeu initial <strong>de</strong> notre recherche est <strong>de</strong> soumettre à un examen critique le projet <strong>de</strong><br />
l’aménagement <strong>du</strong> “corridor Lyon / Saint-Étienne”. Aujourd’hui un projet reliant différentes<br />
institutions, dont nos partenaires, se propose <strong>de</strong> valoriser les patrimoines in<strong>du</strong>striels et <strong>de</strong><br />
remettre en valeur les paysages et les autoroutes A7 et A47. Il s’agit comme le précise le texte<br />
rédigé en commun par les agences d’urbanisme “<strong>de</strong> concevoir un grand projet métropolitain<br />
sur le territoire [vallée <strong>de</strong> la chimie / Givors / vallée <strong>du</strong> Gier]”. Le Grand Lyon (Direction <strong>de</strong><br />
la Prospective et <strong>de</strong> la Stratégie) et Saint-Étienne Métropole avec la RUL sont associées au<br />
pilotage. Dans un premier temps, nous explorerons l’espace entre Saint-Chamond et Rive-<strong>de</strong>-<br />
Gier pour définir, suite à cette investigation préalable, un échantillon qui permettra <strong>de</strong><br />
développer le travail <strong>de</strong> terrain et <strong>de</strong> mener à bien l’analyse qui portera spécialement sur les<br />
processus <strong>de</strong> reconversion <strong>de</strong>s territoires in<strong>du</strong>striels.<br />
L’époque où le site a accédé au statut <strong>de</strong> pôle in<strong>du</strong>striel reconnu sur le plan politique était<br />
celle <strong>de</strong>s différentes stratégies globales <strong>de</strong> planification et celle <strong>de</strong> l’expérimentation <strong>de</strong> la<br />
restructuration <strong>du</strong> territoire. Dans les plans d’aménagement qui sont élaborés à partir <strong>de</strong>s<br />
années 1960, le schéma géométrique apparaît comme une structure fonctionnelle qui échappe<br />
à <strong>de</strong>s contraintes “locales”. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s relations, souvent ambiguës, entre les sites “inventés“<br />
en fonction <strong>de</strong>s stratégies in<strong>du</strong>strielles et <strong>de</strong>s villes “existantes” nous permet d’ouvrir <strong>de</strong>s<br />
interrogations sur l’hétérogénéité d’échelles comme fon<strong>de</strong>ment <strong>du</strong> projet <strong>de</strong> territoire.<br />
Cela suppose <strong>de</strong> définir la fonction <strong>du</strong> patrimoine in<strong>du</strong>striel et, à partir <strong>de</strong> là, d’explorer le<br />
potentiel <strong>de</strong>s sites et les synergies régionales.<br />
Dans le contexte actuel, l’objectif d’aménager le “corridor Lyon / Saint-Étienne pour préparer<br />
un événementiel culturel et artistique” est immédiatement confronté au défi <strong>de</strong> l’intégration <strong>de</strong><br />
sites spécifiques et <strong>de</strong>s villes existantes différentes dans leur fonctionnement dans l’entité<br />
“corridor”. Une telle démarche exige <strong>de</strong> poser au départ la question <strong>de</strong> la représentation <strong>du</strong><br />
“réel”. Il s’agit <strong>de</strong> porter une attention particulière aux différentes propositions <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong> représentations qui se dégagent <strong>de</strong>s recherches non seulement sur l’histoire <strong>de</strong> la<br />
mo<strong>de</strong>rnité, mais aussi <strong>de</strong>s recherches contemporaines.<br />
Méthodologie.<br />
Les questions méthodologiques et épistémologiques se posent ainsi :<br />
Comment et avec quels moyens le projet <strong>de</strong> reconversion peut-il prendre en compte<br />
l’hétérogénéité <strong>de</strong>s échelles qui persiste malgré les efforts d’homogénéisation <strong>du</strong> territoire liés<br />
à <strong>de</strong>s stratégies économiques ?<br />
Que pouvons nous apprendre <strong>de</strong> l’histoire <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> planification, lorsqu’il s’agit <strong>de</strong><br />
projeter la reconversion d’un pôle in<strong>du</strong>striel planifié ?<br />
L’objectif est <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce une dynamique et une logique <strong>de</strong> rapports entre les<br />
différents sites précis et rendre ainsi perceptible la possibilité <strong>de</strong> formations <strong>de</strong> nouvelles<br />
structures spatiales. D’où l’importance <strong>de</strong> notions telles que “réseaux”, “limites”,<br />
“différences”. Les problématiques liées à la gouvernance <strong>de</strong>s “villes” / sites in<strong>du</strong>striels dont la<br />
métropolisation ne peut plus être déterminée avec certitu<strong>de</strong>, comme le laissait auparavant<br />
penser la planification <strong>de</strong> pôles / villes / régions in<strong>du</strong>striels, font partie intégrante <strong>de</strong> la<br />
recherche.<br />
lxxx
20. La ville par strates. Le projet urbain en coupe.<br />
ENSA <strong>de</strong> Versailles.<br />
Responsable scientifique : Arnoldo Rivkin.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
Face à la ville <strong>de</strong>nse comprise comme superposition et imbrication <strong>de</strong> strates différenciées,<br />
notre recherche vise à expérimenter les instruments d’un projet urbain basé sur la “section<br />
transversale” et non sur le plan-masse (master plan ou plan directeur). Ajouter <strong>de</strong>s nouveaux<br />
édifices à une ville en expansion illimitée ne change rien. Construire ou reconstruire <strong>de</strong>s<br />
formes urbaines ou mégastructurelles pour une ville qui a per<strong>du</strong> ses relations internes est une<br />
pure illusion graphique. L'enjeu n'est pas <strong>de</strong> repro<strong>du</strong>ire ou d'inventer <strong>de</strong>s nouvelles formes<br />
d'édifices ou <strong>de</strong> nouvelles formes urbaines, mais <strong>de</strong> capter <strong>de</strong>s forces capables <strong>de</strong> faire ville.<br />
L'essentiel est donc d'engendrer <strong>de</strong>s flux qui, irré<strong>du</strong>ctibles à la forme <strong>de</strong>s édifices et/ou à la<br />
composition <strong>de</strong>s voiries, résultent d'une variation dans la fréquence <strong>de</strong>s échanges, dans<br />
l'intensité <strong>de</strong>s interfaces, dans la vie même <strong>de</strong>s gens. Or rendre l'intensité diverse d'un espace<br />
<strong>de</strong> la ville implique <strong>de</strong> définir les strates qui le composent, <strong>de</strong> restituer leur multiplicité<br />
qualitative.<br />
Ce projet <strong>de</strong> recherche d’une ville par strates entend privilégier la section ou coupe, non pas<br />
comme représentation à posteriori <strong>de</strong> l’espace, mais comme instrument <strong>de</strong> sa conception.<br />
L’importance <strong>de</strong> la coupe rési<strong>de</strong> non seulement dans l’expression <strong>de</strong>s différentes strates<br />
spatiales et fonctionnelles qui cohabitent en se superposant, elle permet surtout <strong>de</strong><br />
comprendre le passage constant entre le <strong>de</strong>dans et le <strong>de</strong>hors où se fabrique l’espace <strong>de</strong> la ville.<br />
Il s’agit <strong>de</strong> pouvoir échapper à une vision objectale <strong>du</strong> projet urbain en revenant à la centralité<br />
<strong>de</strong> l’architecture. Il s'agit, par cette “vision en coupe” <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce la capacité <strong>de</strong><br />
certains dispositifs spatiaux à conjuguer, entrelacer, superposer une pluralité <strong>de</strong> qualités <strong>de</strong> la<br />
vie urbaine. On attend <strong>de</strong> ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> représentations qu'il permette <strong>de</strong> se saisir <strong>de</strong> cette<br />
complexité.<br />
À partir d’un échantillonnage <strong>de</strong> situations concrètes et <strong>de</strong> propositions projectuelles<br />
(pédagogiques, réelles), il s’agit d’organiser d’une part une taxinomie <strong>de</strong>s “matériaux <strong>de</strong><br />
projet” et d’autre part, d’élaborer une série <strong>de</strong> règles opératives d’agencement, afin <strong>de</strong><br />
constituer le cadre théorique et pratique d’une démarche <strong>de</strong> projet où domine la vision en<br />
coupe, soit un projet adapté à la conception <strong>de</strong> la ville par strates. La recherche vise en<br />
parallèle <strong>de</strong>ux situations urbaines “en projet” Paris et sa première couronne, Buenos Aires et<br />
le Rio <strong>de</strong> la Plata. La mise en parallèle <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux projets inachevés <strong>de</strong> “la ville par strates”<br />
définit les limites <strong>de</strong> notre terrain d’investigation : Paris et les bâtiments en hauteur dans sa<br />
première couronne (proposition d’A. Lacaton & J.-P. Vassal pour Paris), Buenos Aires et les<br />
strates naturelles <strong>du</strong> Rio <strong>de</strong> la Plata.<br />
La participation à cette recherche d’Anne Lacaton et <strong>de</strong> Jean Philippe Vassal (Grand Prix<br />
d’Architecture 2008) est déterminante. Il s’agit <strong>de</strong> trouver dans la démarche d’une certaine<br />
maîtrise d’oeuvre une potentialité <strong>de</strong> connaissance à approfondir. En effet, on assiste ces<br />
<strong>de</strong>rnières années à l’émergence dans le domaine <strong>de</strong> la maîtrise d’oeuvre, d’une pro<strong>du</strong>ction<br />
architecturale et urbaine riche en innovations et à la création <strong>de</strong>s nouvelles spatialités. Or si le<br />
discours théorique a <strong>du</strong> mal à en rendre compte, autrement que par la diffusion “médiatique”,<br />
on aurait tort <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire cette pro<strong>du</strong>ction à un phénomène purement “stylistique”, il s’agit <strong>de</strong><br />
bien plus que cela. Pro<strong>du</strong>ite dans les langages les plus divers, une certaine pro<strong>du</strong>ction<br />
d’architecture contemporaine (Koolhaas, Herzog et <strong>de</strong> Meuron, Cero9) et en France (Lacaton<br />
et Vassal) est en train <strong>de</strong> formuler une nouvelle pensée “en” architecture qui n’a pas trouvé<br />
encore son expression dans le discours théorique “sur” l’architecture.<br />
lxxxi
21. Maisons indivi<strong>du</strong>elles et éparpillement urbain : vers un « French sprawl » ?<br />
ENSA <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux.<br />
Responsable scientifique : Thierry Jeanmonod.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
Alors que l'étalement urbain fait l'objet <strong>de</strong>s toutes les attentions <strong>de</strong>s technostructures <strong>de</strong><br />
l'urbanisme, les campagnes françaises se trouvent face à une modification importante <strong>de</strong> leur<br />
cadre <strong>de</strong> vie. En 2008, 92 % <strong>de</strong>s communes représentant 90 % <strong>de</strong> la population appartiennent<br />
à une structure <strong>de</strong> coopération intercommunale.<br />
La France <strong>de</strong>s 36 000 communes <strong>de</strong>vient celle <strong>de</strong>s 2583 Établissements Publics <strong>de</strong><br />
Coopération Intercommunale à Fiscalité Propre. Alors que <strong>de</strong>puis la secon<strong>de</strong> guerre, la France<br />
rurale se dépeuplait, <strong>de</strong>puis 1990 elle gagne en population alors même que le nombre<br />
d'agriculteurs ne cesse <strong>de</strong> diminuer. Depuis 1990, les communes et cantons ruraux<br />
connaissent une croissance démographique positive, entre 1999 et 2005, elle a été <strong>de</strong> 0,7% par<br />
an soit 15% au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la moyenne nationale. Les cantons ruraux périurbains ou en voie <strong>de</strong><br />
périurbanisation croissent <strong>de</strong> 1,3 à 1,7% par an.<br />
Si les EPCI commencent à se doter <strong>de</strong> véritables services techniques compétents, cette France<br />
<strong>de</strong>s troisième et quatrième couronnes <strong>de</strong>s villes reste encore à l'écart <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s politiques<br />
territoriales. Les CAUE (Conseil en architecture, urbanisme et environnement) sont presque<br />
les seuls organismes à tenter <strong>de</strong> donner forme à ces nouveaux développements <strong>de</strong>s bourgs.<br />
L'impact sur le territoire <strong>de</strong> la nouvelle organisation <strong>de</strong>s communes est peu évalué, alors<br />
même que <strong>du</strong>rant <strong>de</strong>s décennies, la multiplicité <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> décisions locales en France a été<br />
dénoncée comme une cause majeure <strong>de</strong> l'étalement urbain. Les EPCI sont-ils un moyen <strong>de</strong><br />
lutter contre cette dispersion ou au contraire, constituent-ils un échelon supplémentaire dans<br />
la gestion <strong>du</strong> territoire ?<br />
Les nouveaux habitants <strong>de</strong>s villages sont en gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s exilés économiques <strong>de</strong> la ville.<br />
Ils y restent attachés par le travail, les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> consommation, parfois l'é<strong>du</strong>cation et les<br />
loisirs. Leur mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie éclaté en font <strong>de</strong>s "territoriants" plus que <strong>de</strong>s habitants. Mais<br />
comment vivent-ils cet éparpillement ? Quelles perceptions ont-ils <strong>de</strong> leur lieu <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce et<br />
<strong>de</strong> ses habitants autochtones ? Comment ceux-ci vivent-ils cet apport nouveau <strong>de</strong> population ?<br />
Des expériences sont menées pour trouver <strong>de</strong>s formes plus i<strong>de</strong>ntitaires à ces implantations<br />
nouvelles. Répon<strong>de</strong>nt-elles à une attente <strong>de</strong>s populations ou bien ne sont-elles sans impact sur<br />
les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie ? Quand bien même elles seraient une réussite à l'échelle locale, quelles<br />
conséquences peuvent-elles avoir à l'échelle <strong>du</strong> grand territoire ?<br />
Méthodologie.<br />
Pour mener avec une certaine justesse cette recherche, nous avons choisi <strong>de</strong> porter notre<br />
regard sur <strong>de</strong>ux exemples <strong>de</strong> bourgs ayant vécu récemment une ou <strong>de</strong>s extensions. Nous y<br />
con<strong>du</strong>irons une étu<strong>de</strong> à caractère monographique détaillée, tant au niveau <strong>de</strong> l'analyse <strong>de</strong>s<br />
formes urbaines et architecturales que sur le plan <strong>de</strong> la gouvernance locale et <strong>de</strong> l'observation<br />
<strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s populations. Sur plusieurs aspects, la recherche sera complétée par <strong>de</strong>s<br />
étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cas sur <strong>de</strong>s points spécifiques, en fonction <strong>de</strong> situation géographiques, économiques<br />
ou sociétales, afin d'assurer une plus gran<strong>de</strong> pertinence aux conclusions <strong>de</strong>s monographies.<br />
Les équipes d’étudiants appelées à se joindre au projet participeront à <strong>de</strong>s séminaires <strong>de</strong><br />
travail. Ils rédigeront <strong>de</strong>s articles critiques sur <strong>de</strong>s cas observés d'extension <strong>de</strong> bourgs et<br />
effectueront un projet leur permettant d'évaluer leur compréhension <strong>de</strong> la situation locale et<br />
les difficultés à prendre en compte.<br />
lxxxii
Résumé.<br />
Les communes rurales proches <strong>du</strong> périurbain connaissent un taux <strong>de</strong> croissance plus élevé que<br />
les communes urbaines. En dépit <strong>de</strong>s incitations à la <strong>de</strong>nsification <strong>de</strong>s villes, la population<br />
française s'éloigne <strong>de</strong>s villes pour rejoindre une campagne urbanisée, en habitant dans<br />
l'immense majorité <strong>de</strong>s cas une maison indivi<strong>du</strong>elle. Cette étu<strong>de</strong> tente <strong>de</strong> comprendre les<br />
raisons <strong>de</strong> ce mouvement vers les campagnes. Elle s'appuie sur l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> quelques cas situés<br />
dans le grand Sud-Ouest. L'étu<strong>de</strong> présente dans une première partie les monographies <strong>de</strong> 4 <strong>de</strong>s<br />
villages étudiés (Berneuil en Charente Maritime, Champcevinel en Dordogne, Saint-Nazairele-Désert<br />
et Rémuzat). La <strong>de</strong>uxième partie fait la synthèse en suivant 3 thèmes : L'évolution<br />
récente <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s grands territoires (Les mutations agricoles ; l'absence <strong>de</strong><br />
compétences techniques locales ; une planification soumise ; une absence générale <strong>de</strong><br />
politique foncière ; la perte <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> régulation ; vivre le territoire); Vivre au village<br />
(Habiter quelque part ; Les limites <strong>de</strong> l'intercommunalité ; Penser localement ; agir<br />
globalement) ; Mettre en forme les extensions <strong>de</strong> villages. La <strong>de</strong>rnière partie tire les<br />
conclusions <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> et propose <strong>de</strong>s pistes pour l'avenir.<br />
lxxxiii
22. Aéroports_Airspaces.<br />
ENSA <strong>de</strong> Toulouse.<br />
Responsable scientifique : Daniel Estevez.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
L’aéroport est un espace à la fois complexe et connecté, permettant <strong>de</strong> relier le sol à l’air, le<br />
local au global. Il fait coexister le mouvement et l’attente, converger <strong>de</strong>s utopies positives et<br />
<strong>de</strong>s sentiments d’insécurité, <strong>de</strong>s espaces physiques et <strong>de</strong>s fonctionnements virtuels.<br />
Dans ce sens, l’aéroport apparaît comme une architecture particulièrement articulée, éten<strong>du</strong>e,<br />
en mouvement, incapable <strong>de</strong> se figer réellement, d’établir un fonctionnement isolé et <strong>de</strong>s<br />
usages cernés. Existant surtout à travers sa capacité à se relier à tous les aéroports <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>,<br />
il se place dans l’oscillation entre <strong>de</strong>s dynamiques diverses, la volatilité <strong>de</strong>s flux et la fixité<br />
<strong>de</strong>s formes à propos <strong>de</strong>squelles les concepteurs s’interrogent : l’architecture peut-elle encore<br />
former <strong>de</strong>s environnements aussi instables ?<br />
Pris comme composante d'un territoire réticulaire - ou "petit mon<strong>de</strong>" au sens <strong>de</strong> Watts -<br />
l’aéroport semble donner lieu à <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong> conception et d'intervention dans lesquelles<br />
la notion <strong>de</strong> territoire elle-même se transforme en méta-territoire. L'usager, le passant,<br />
l'habitant par les effets d'une déspatialisation propre au système-aéroport doit être intégré dans<br />
une logique <strong>de</strong> flux au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s logiques d'habitabilité.<br />
L'une <strong>de</strong>s hypothèses fondamentales <strong>de</strong> cette recherche consiste en conséquence à considérer<br />
l'aéroport comme une structure (spatiale, architecturale, urbaine) <strong>de</strong> strates hétérogènes ou<br />
antagoniques mais interconnectées et interdépendantes dont il s’agit d’analyser les relations<br />
complexes.<br />
Méthodologie.<br />
Comment comprendre, saisir et représenter cet environnement instable, ce caractère flou, ces<br />
glissements, ces présences et absences qui se mettent en place <strong>de</strong> façon simultanée ?<br />
Des approches artistiques semblent pouvoir explorer l’idée <strong>de</strong> l’aéroport comme un espace<br />
articulé, intermédiaire où l’établissement d’une distance “bucolique” n’est plus possible.<br />
Ainsi, notre objectif n’est pas d’illustrer par <strong>de</strong>s moyens artistiques l’aéroport ou l’aérogare et<br />
d’en construire une typologie mais <strong>de</strong> tester voire <strong>de</strong> radicaliser <strong>de</strong>s visions subjectives, <strong>de</strong><br />
transposer <strong>de</strong>s émotions, d’isoler <strong>de</strong>s concepts et surtout <strong>de</strong> représenter <strong>de</strong>s usages qui<br />
peuvent donner naissance à la diversité et aux croisements <strong>de</strong>s procé<strong>du</strong>res <strong>de</strong> représentation.<br />
Le choix <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>ctions artistiques sur lesquelles ce travail <strong>de</strong> recherche s’appuie, ainsi que<br />
les artistes invités dans la partie pédagogique <strong>du</strong> projet (workshops avec <strong>de</strong>s étudiants <strong>de</strong><br />
l’ENSA Toulouse et la TU Munich) se fait à partir <strong>de</strong> critères esthétiques sur la pertinence <strong>de</strong><br />
leur travail et la portée conceptuelle <strong>de</strong> leur oeuvre.<br />
Dans ce contexte, il est important <strong>de</strong> souligner que les pratiques artistiques ne se lient pas <strong>de</strong><br />
façon flui<strong>de</strong> aux interrogations architecturales, l’art reste une proposition ancrée dans la<br />
sphère artistique, l’architecture suit d’autres critères. Pourtant, l'objet aéroport nous paraît<br />
possé<strong>de</strong>r par sa complexité même une capacité à accueillir une dynamique interdisciplinaire<br />
<strong>de</strong> recherche et c’est dans cette optique que le projet Aéroports_Airspaces vise <strong>de</strong>s échanges<br />
et <strong>de</strong>s transferts partiels afin d’élargir les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> représentation.<br />
lxxxiv
23. Ecologies urbaines.<br />
ESA Paris.<br />
Responsable scientifique : Paolo Cascone.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
Face à la crise environnementale et à la globalisation, l’architecture est confrontée à la<br />
question <strong>de</strong> réconcilier l’homme avec son milieu culturel, social et environnemental par la<br />
mise en oeuvre <strong>de</strong> stratégies <strong>de</strong> transformation et <strong>de</strong> régénération, n’opposant pas nature et<br />
technè suivant un vieil antagonisme, mais cherchant plutôt à les allier.<br />
La compréhension <strong>de</strong>s écosystèmes nécessite une avancée architecturale adéquate qui<br />
implique <strong>de</strong> manière opérationnelle la biologie pour abor<strong>de</strong>r les problèmes et évaluer les<br />
solutions. L'objectif <strong>de</strong> ce projet est <strong>de</strong> con<strong>du</strong>ire une recherche par le projet par le biais <strong>de</strong> la<br />
définition d'un mo<strong>du</strong>s operandi innovant et expérimental, que nous dénommons <strong>de</strong> manière<br />
générique "Écologies urbaines". Le groupe <strong>de</strong> recherche trans-disciplinaire proposé ici<br />
développera un modèle pour <strong>de</strong>s projets <strong>du</strong>rables <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> échelle qui sédimenteront le tissu<br />
urbain et les parcs naturels à travers un paysage artificiel <strong>de</strong>nse intégrant <strong>de</strong>s dynamiques<br />
humaines et environnementales. Les principales disciplines intégrées dans ce projet seront<br />
l'urbanisme, la philosophie, l'anthropologie, l'ingénierie environnementale et la biologie.<br />
Le projet <strong>de</strong> recherche sera animé et coordonné par l'équipe <strong>du</strong> post-diplôme <strong>de</strong> l'ESA<br />
Architecture <strong>de</strong>s milieux et impliquera un réseau d'universités. Ce réseau international<br />
d'universités est construit autour <strong>de</strong> formations post-diplôme ou <strong>de</strong> niveau master <strong>du</strong> Berlage<br />
Institute (Pays-Bas), <strong>de</strong> l'école d'architecture et <strong>de</strong> <strong>de</strong>sign d'Oslo AHO (Oslo), <strong>de</strong><br />
l'Architectural Association school (Londres) et <strong>de</strong> l'école d'architecture l'université <strong>de</strong><br />
Stuttgart, respectivement pour la réflexion sur les établissements humains et les approches<br />
meta-insfrastructurelle <strong>de</strong> projet à gran<strong>de</strong> échelle, morpho-écologique et paramétrique.<br />
Méthodologie.<br />
Un <strong>de</strong>s principaux objectifs <strong>de</strong>s Écologies urbaines est la définition d'un meta-domaine pour<br />
une méthodologie <strong>de</strong> la conception qui prend en compte la pro<strong>du</strong>ction d'un savoir transversal<br />
en tant que synthèse <strong>de</strong>s sciences environnementales et <strong>de</strong> l'urbain.<br />
L'écologie et les sciences <strong>de</strong> l'urbain partageront <strong>de</strong>s techniques d'investigation pour<br />
développer une approche <strong>de</strong> recherche unique et rigoureuse et adopter <strong>de</strong>s critères<br />
d'évaluation pertinents. Ce milieu utilisera une nouvelle "géométrie opérationnelle" afin <strong>de</strong><br />
négocier entre les différents domaines : <strong>de</strong>s apports multiples venant <strong>de</strong> différents champs<br />
seront traités <strong>de</strong> manière continue par le biais <strong>de</strong> géométries complexes, capables d'absorber et<br />
<strong>de</strong> gérer les paramètres les plus divers.<br />
Les contraintes, les <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> flexibilité, les intérêts négociables, les capacités <strong>de</strong> tolérance<br />
constituent <strong>de</strong>s couches d'information ou <strong>de</strong> données à traiter dans la mesure où elles<br />
émergent <strong>de</strong> connaissances trans-disciplinaires.<br />
lxxxv
24. L’architecture <strong>de</strong> la mobilité comme fabrique <strong>de</strong> la ville, <strong>du</strong> paysage et <strong>du</strong> territoire :<br />
une stratégie intégrative <strong>de</strong> projet.<br />
ENSA <strong>de</strong> Marseille.<br />
Responsable scientifique : Stéphane Hanrot.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
La mobilité est déterminante dans le développement <strong>de</strong>s villes. Certains ont montré son<br />
inci<strong>de</strong>nce sur la conformation <strong>de</strong>s territoires urbains contemporains (Chalas, Mangin) d’autres<br />
(Donzelot) sur la structuration <strong>de</strong>s rapports sociaux dans ces territoires.<br />
La mobilité touche à la gran<strong>de</strong> échelle, par le linéaire <strong>de</strong> l’infrastructure, comme à l’échelle<br />
locale où s’opèrent les échanges et les intermodalités. Elle interroge aussi la négociation entre<br />
les caractéristiques intrinsèques <strong>de</strong> l’infrastructure (économie, technique, sécurité, emprise<br />
foncière) et celles <strong>de</strong> la forme urbaine que l’on voudrait <strong>de</strong>nse, conviviale et accueillante à la<br />
mixité <strong>de</strong>s pratiques et <strong>de</strong>s habitants, mais qui ne se comman<strong>de</strong> plus.<br />
On considèrera donc l’infrastructure <strong>de</strong> déplacement comme un vecteur <strong>de</strong> l’aménagement.<br />
Par son caractère linéaire et les coûts d’investissement, elle donne prise aux collectivités<br />
locales sur un territoire qui leur échappe sous bien <strong>de</strong>s aspects. Mais la chose reste difficile et<br />
le découpage administratif <strong>de</strong> ce territoire, comme la redivision interne <strong>de</strong> ces collectivités en<br />
<strong>de</strong> multiples services opérationnels, n’en sont pas les moindres raisons.<br />
Le territoire périurbain, qui s’épuise par un étalement dispendieux et qui échappe à la fois à<br />
une vision d’ensemble et une gestion cohérente, mérite qu’on s’y intéresse en particulier. S’il<br />
<strong>de</strong>venait objet <strong>de</strong> projet via l’infrastructure <strong>de</strong> déplacement, quelles stratégies pourraient être<br />
mises en oeuvre alors dans une telle fabrique urbaine, et quel rôle peut jouer l’architecte au<br />
sein d’une interdisciplinarité impérative ?<br />
La communauté urbaine Marseille Provence Métropole, avec la contribution active <strong>de</strong> la ville<br />
et <strong>de</strong>s autres collectivités territoriales, donne un cadre <strong>de</strong> compétences administratives et<br />
techniques fragmentées qui con<strong>du</strong>it à “hacher menu“ le territoire périurbain marseillais. Pour<br />
avancer sur la problématique <strong>du</strong> projet d’infrastructure urbaine, nous avons proposé <strong>de</strong><br />
revisiter le travail <strong>de</strong> notre groupement <strong>de</strong> concepteurs (architecte, urbaniste, paysagiste et<br />
ingénieur) mené sur ce territoire. Au fil <strong>de</strong> sept années d’un marché à bon <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>, nous<br />
avons développé une stratégie <strong>de</strong> projet qui, parce que les réussites ont été plus nombreuses<br />
que les échecs, pose, aujourd’hui, quelques jalons. Cette stratégie dite <strong>du</strong> projet<br />
INTEGRATEUR – préféré au premier terme “d’in<strong>du</strong>ctif“ – a souvent permis au groupement<br />
<strong>de</strong> positiver l’histoire et les contradictions <strong>du</strong> territoire périurbain marseillais, mais aussi <strong>de</strong><br />
développer une cohérence transversale entre les acteurs institutionnels, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la division<br />
administrative et <strong>de</strong> la fragmentation <strong>de</strong> leurs services, et ceci à partir <strong>du</strong> plus technique<br />
d’entre eux, la direction <strong>de</strong>s infrastructures.<br />
Mais la conviction <strong>de</strong>s acteurs que nous sommes ne fait pas preuve. Aussi, un gros travail <strong>de</strong><br />
clarification – sur la pertinence <strong>de</strong>s résultats, le rôle <strong>de</strong>s acteurs, les limites contextuelles et<br />
conceptuelles – reste à mener sur cette stratégie <strong>de</strong> projet. Pour ce faire, la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
recherche que l’équipe met en oeuvre s’appuie sur une analyse <strong>de</strong> quatre cas tirés <strong>du</strong> lot<br />
d’étu<strong>de</strong>s réalisées par le groupement. Ces étu<strong>de</strong>s sont choisies pour leur capacité à caractériser<br />
les pratiques <strong>du</strong> projet intégrateur. De plus, pour éviter une endogamie entre praticiens et<br />
chercheurs, l’équipe intègre <strong>de</strong>s membres extérieurs au groupement qui ont le <strong>de</strong>voir d’une<br />
lecture critique et contradictoire <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ction analysée. Ceci – la double position <strong>de</strong><br />
praticien/réflexif versus chercheur/acteur – constitue néanmoins une ambiguïté<br />
épistémologique dont il faudra mesurer l’inci<strong>de</strong>nce sur les résultats <strong>de</strong> la recherche.<br />
L’intérêt <strong>de</strong> la clarification <strong>de</strong> cette stratégie, pour le mon<strong>de</strong> professionnel, sera la<br />
reconnaissance d’un nouveau terrain <strong>de</strong> pratique <strong>de</strong> projet, souvent réservé aux seuls bureaux<br />
lxxxvi
d’étu<strong>de</strong>s techniques. Il l’est aussi pour l’institution qui pourra énoncer les règles d’un nouveau<br />
jeu à pratiquer avec <strong>de</strong> nouvelles compétences.<br />
Mais cette clarification a encore un autre intérêt, celui <strong>de</strong> pouvoir intro<strong>du</strong>ire un enseignement<br />
nouveau à l’école d’architecture <strong>de</strong> Marseille. Nous avons donc engagé une première<br />
expérience en testant <strong>de</strong>ux conditions qui nous semblaient nécessaires à la mise en jeu<br />
pédagogique <strong>de</strong> la stratégie <strong>du</strong> projet intégrateur. La première a été <strong>de</strong> créer une situation<br />
d’acteurs entre <strong>de</strong>s étudiants <strong>de</strong> niveaux différents, sans pour autant créer un jeu <strong>de</strong> rôle<br />
factice puisque nous avons intro<strong>du</strong>it aussi <strong>de</strong>s acteurs réels. Ceci a été réalisé dans le cadre<br />
d’un atelier intensif (workshop) sur l’architecture <strong>de</strong> la mobilité en quatrième année,<br />
workshop dont le programme a été élaboré dans un enseignement d’assistance à la maîtrise<br />
d’ouvrage (AMO) <strong>de</strong> cinquième année. La secon<strong>de</strong> condition a été <strong>de</strong> mettre les étudiants <strong>de</strong><br />
cinquième année dans l’obligation d’une attitu<strong>de</strong> réflexive pour créer un retour d’expérience<br />
et donner une part active à la pédagogie dans la recherche. Pour ce faire, nous avons articulé à<br />
l’enseignement d’AMO un “parcours recherche“ se concluant par un Projet <strong>de</strong> Fin d’Étu<strong>de</strong><br />
(PFE) mention recherche. La mise en place <strong>de</strong> cette COOPERATION d’enseignements a<br />
d’ores et déjà donné <strong>de</strong>s résultats inespérés dès la fin <strong>de</strong> ce premier semestre. Il reste<br />
maintenant à les confronter avec les conclusions <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cas.<br />
Résumé.<br />
Partant <strong>du</strong> constat selon lequel les infrastructures entretiennent un rapport difficile avec le<br />
territoire qu'elles traversent, cette recherche se propose d'examiner si l'architecture peut<br />
proposer une alternative à l'ingénierie classique dans la conception <strong>de</strong>s infrastructures. Pour<br />
ce faire, les auteurs se sont intéressés aux projets d'infrastructures urbaines d'un groupement<br />
d'architecte-paysagiste-urbaniste-ingénieur qui s'est interrogé sur sept années <strong>de</strong> pratiques<br />
pour la communauté urbaine Marseille-Provence-Métropole. L'analyse <strong>de</strong> trois projets<br />
particuliers (boulevard urbain sud, vallée <strong>de</strong> l'Huveaune, boulevard urbain <strong>de</strong> l'Etoile) a<br />
permis d'évaluer le caractère intégratif <strong>de</strong> la stratégie <strong>de</strong> projet mise en place par le<br />
groupement. La recherche a permis <strong>de</strong> dégager <strong>de</strong> nouvelles modalités <strong>de</strong> mise en oeuvre <strong>de</strong><br />
cette stratégie, mais aussi d'initier une proposition pédagogique pour les enseignements <strong>de</strong><br />
l'école d'architecture <strong>de</strong> Marseille.<br />
lxxxvii
Session 2009<br />
25. Mégastructure, grille et ville linéaire : trois figures <strong>de</strong> l’habiter en périphérie.<br />
Association pour le développement <strong>de</strong>s recherches auprès <strong>de</strong>s universités <strong>de</strong> Grenoble (ADR).<br />
Responsable scientifique : Gilles Novarina, Jean-Michel Roux.<br />
26. La gran<strong>de</strong> échelle <strong>de</strong>s architectes et <strong>de</strong>s paysagistes : i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s interactions<br />
disciplinaires.<br />
ENSA Paris-Malaquais – ENSA Versailles.<br />
Responsable scientifique : Corinne Jacquand.<br />
27. Toulouse, territoires Garonne. Nouveaux mo<strong>de</strong>s d’habiter.<br />
ENSA Toulouse.<br />
Responsable scientifique : Rémi Papillault.<br />
28. La ville dans ses jardins, l’urbain en bord <strong>de</strong> route.<br />
ENSA Grenoble.<br />
Responsable scientifique : Grégoire Chelkoff, Magali Paris.<br />
29. Habiter le campus : l’atmosphère <strong>de</strong> la multitu<strong>de</strong>.<br />
ENSA Lyon.<br />
Responsable scientifique : Olivier Balay.<br />
30. Retour <strong>de</strong>s villes ? Mobilités / Déspatialités : l’hypothèse « North Western European<br />
Megalopolis ».<br />
ENSA Paris Malaquais.<br />
Responsable scientifique : Patrice Noviant.<br />
31. Un territoire <strong>du</strong>rable et un habitat <strong>de</strong> qualité à consommation zéro dans les zones à<br />
risque sismique.<br />
Université <strong>de</strong> Rome La Sapienza. Dipartimento CAVEA.<br />
Responsable scientifique : Nicoletta Trasi.<br />
32. Le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> l’espace public comme recherche <strong>de</strong> lien entre ville et habitat :<br />
l’exemple <strong>de</strong> l’agglomération franco-valdo-genevoise.<br />
Université catholique <strong>de</strong> Louvain. Unité d’urbanisme et <strong>de</strong> développement territorial.<br />
Responsable scientifique : Michèle Tranda-Pittion.<br />
lxxxviii
25. Mégastructure, grille et ville linéaire : trois figures <strong>de</strong> l’habiter en périphérie.<br />
Association pour le développement <strong>de</strong>s recherches auprès <strong>de</strong>s universités <strong>de</strong> Grenoble (ADR).<br />
Responsable scientifique : Gilles Novarina, Jean-Michel Roux.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
Dans une perspective <strong>de</strong> développement <strong>du</strong>rable, la volonté <strong>de</strong> lutter contre la diffusion<br />
urbaine implique <strong>de</strong> réintro<strong>du</strong>ire <strong>du</strong> logement sinon dans les centres-villes, <strong>du</strong> moins dans les<br />
communes <strong>de</strong> la première couronne <strong>de</strong> périphérie. Pour évaluer la possibilité d’intro<strong>du</strong>ire <strong>de</strong>s<br />
projets d’habitat (collectif, intermédiaire ou indivi<strong>du</strong>el) dans ces communes, il convient <strong>de</strong><br />
s’interroger sur la capacité <strong>de</strong>s fragments qui constituent cette périphérie, à se renouveler.<br />
L’agglomération grenobloise est à cet égard symptomatique <strong>de</strong> ces problématiques. Tandis<br />
que les quartiers centraux <strong>de</strong> Grenoble enregistrent soit une stabilisation <strong>de</strong> leur population<br />
soit une progression, les quartiers <strong>de</strong> la périphérie sud connaissent une baisse démographique<br />
continue. En réponse, la municipalité <strong>de</strong> Grenoble s’est donné le double objectif <strong>de</strong> réhabiliter<br />
le parc <strong>de</strong> logements anciens et <strong>de</strong> construire 750 logements neufs par an. Au moyen <strong>de</strong> son<br />
Plan local d’urbanisme, elle vise également un rééquilibrage territorial prenant en compte la<br />
situation actuelle <strong>de</strong> ses différents quartiers : maintien <strong>de</strong> la mixité lorsqu’elle existe déjà,<br />
renforcement <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s logements sociaux dans les quartiers qui en sont insuffisamment<br />
pourvus et augmentation <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> logements privés dans les secteurs d’habitat social, et<br />
plus particulièrement ceux <strong>du</strong> sud <strong>de</strong> la ville.<br />
Aussi, le sud <strong>de</strong> l’agglomération grenobloise s’avère-t-il un terrain d’étu<strong>de</strong> potentiellement<br />
fécond. Il résulte d’une série <strong>de</strong> choix contrastés ayant eu successivement une volonté <strong>de</strong><br />
l’organiser, d’améliorer son “urbanité” et la qualité <strong>de</strong> son habitabilité (nombre, type,<br />
accueillance <strong>de</strong>s logements). Ces choix se tra<strong>du</strong>isent par autant <strong>de</strong> figures urbanistiques et<br />
architecturales caractéristiques <strong>de</strong>s périphéries urbaines : la cité-jardin, le grand ensemble, la<br />
mégastructure, la grille, la ville linéaire, le lotissement (<strong>de</strong> maisons comme <strong>de</strong> bâtiments<br />
d’activité), etc.<br />
Parmi ces figures, nous faisons l’hypothèse que certaines se distinguent par leur ambition,<br />
passée, présente et future, <strong>de</strong> proliférer et <strong>de</strong> structurer l’ensemble d’un territoire. La<br />
mégastructure, la ville linéaire et la grille s’imposent ici :<br />
- la Villeneuve <strong>de</strong> Grenoble (mégastructure) qui ne <strong>de</strong>vait pas rester enfermée à l’intérieur <strong>de</strong>s<br />
limites étroites d’une maille mais se superposer progressivement à l’ensemble <strong>de</strong>s tissus<br />
avoisinants ;<br />
- la roca<strong>de</strong> sud qui fonctionne comme une sorte <strong>de</strong> ville linéaire <strong>de</strong>sservie par une gran<strong>de</strong><br />
infrastructure <strong>de</strong> déplacement ;<br />
- le centre-ville échirollois et le quartier grenoblois <strong>de</strong> Vigny-Musset dont les grilles se<br />
proposent d’intégrer progressivement les fragments <strong>de</strong> ville qui les entourent dans le cadre<br />
d’une organisation urbaine mieux irriguée et hiérarchisée par le réseau viaire.<br />
Penser l’intro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> l’habitat dans la ville périphérique grenobloise appelle à trois<br />
questionnements :<br />
1. Comment évaluer la capacité, supposée et réelle, <strong>de</strong>s trois figures i<strong>de</strong>ntifiées à organiser la<br />
périphérie et à la structurer ?<br />
2. Dans quelle mesure les projets en cours se saisissent-ils <strong>de</strong> ces figures ?<br />
3. Comment penser un projet urbain fédérateur pour le sud <strong>de</strong> l’agglomération grenobloise ?<br />
Méthodologie.<br />
Pour mener à bien cette recherche, nous nous proposons <strong>de</strong> mener conjointement trois types<br />
d’investigations :<br />
- Collecter et exploiter les projets réalisés ou en cours d’élaboration ;<br />
- Réaliser <strong>de</strong>s monographies analytiques et repérer les références théoriques <strong>de</strong>s figures ;<br />
lxxxix
- Construire <strong>de</strong> nouveaux scénarios <strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong> tissus urbains, fondés sur la préservation<br />
<strong>de</strong> la spécificité <strong>de</strong>s figures urbaines i<strong>de</strong>ntifiées, ou au contraire sur leur transformation dans<br />
le cadre d’une structuration générale <strong>de</strong> l’ensemble <strong>du</strong> territoire étudié.<br />
xc
26. La gran<strong>de</strong> échelle <strong>de</strong>s architectes et <strong>de</strong>s paysagistes : i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s interactions<br />
disciplinaires.<br />
ENSA Paris-Malaquais – ENSA Versailles.<br />
Responsable scientifique : Corinne Jacquand.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
Il s’agit d’enquêter en France et en Allemagne sur la part réciproque <strong>de</strong>s architectes et <strong>de</strong>s<br />
paysagistes dans les projets <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> échelle et <strong>de</strong> revisiter cette conjonction contemporaine<br />
en examinant comment elle rejaillit dans l’enseignement <strong>de</strong>s écoles d’architecture et <strong>de</strong><br />
paysage. La situation française est mise au regard d’un autre pays européen où la profession<br />
<strong>de</strong> paysagiste est historiquement plus ancrée dans les cultures urbaines, les missions<br />
d’urbanisme et l’enseignement universitaire.<br />
Notre questionnement part <strong>du</strong> constat français. Depuis une quinzaine d’années, plusieurs<br />
métropoles ont légitimé avec succès leur projet <strong>de</strong> renouvellement urbain en associant un<br />
paysagiste à l’amont <strong>du</strong> processus. Les écoles d’architecture et <strong>de</strong> paysage, et les gran<strong>de</strong>s<br />
consultations territoriales, comme celle <strong>du</strong> Grand Paris, témoignent <strong>de</strong> la contamination<br />
conceptuelle qui s’est opérée entre paysage et architecture. Si la nature et les espaces libres<br />
sont <strong>de</strong>venus constitutifs <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> projet urbain et <strong>de</strong> son enseignement, la convocation<br />
<strong>de</strong>s compétences <strong>du</strong> paysagiste dépend <strong>du</strong> bon vouloir – ou <strong>du</strong> “bon savoir” – <strong>de</strong> la maîtrise<br />
d’ouvrage publique, car elle n’a pas été ren<strong>du</strong>e obligatoire dans les dispositifs réformant<br />
l’urbanisme (PLU notamment). Les recherches sur la maîtrise d’ouvrage urbaine traitent<br />
largement <strong>de</strong>s acteurs et processus dans un cadre <strong>du</strong>rable et négocié, mais assez peu <strong>de</strong>s<br />
configurations pratiques et conceptuelles entre architecture et paysage.<br />
Avec une sensibilité à l’histoire contemporaine, nous proposons <strong>de</strong> faire le point sur<br />
l’interférence entre les <strong>de</strong>ux professions et d’i<strong>de</strong>ntifier une série <strong>de</strong> questions complexes<br />
aujourd’hui communes aux concepteurs <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle – qu’ils soient architectesurbanistes<br />
ou paysagistes. En examinant les interactions <strong>de</strong> leurs champs disciplinaires, <strong>de</strong><br />
leurs arts et savoir-faire, en relation à l’horizon d’attente <strong>de</strong> la société en faveur <strong>de</strong>s valeurs<br />
environnementales, en cernant davantage les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> représentation graphiques ou narratifs<br />
qui répon<strong>de</strong>nt à une stratégie opérationnelle et une programmation évolutive, nous espérons<br />
contribuer à asseoir une culture sur le projet <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> échelle.<br />
Méthodologie.<br />
L’équipe restreinte assurera les enquêtes et la majeure partie <strong>de</strong> la rédaction <strong>du</strong> rapport final.<br />
Les conseillers scientifiques et chercheurs associés seront régulièrement conviés à <strong>de</strong>s séances<br />
<strong>de</strong> travail, notamment pour choisir le corpus d’étu<strong>de</strong> et préciser la conjoncture européenne. Ils<br />
apporteront leur contribution au rapport final.<br />
La recherche s’effectuera en <strong>de</strong>ux phases au rythme d’une année universitaire chacune. La<br />
première sera consacrée à l’analyse <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong> projets et <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> concepteurs<br />
français et allemands intervenant en amont d’un projet territorial.<br />
Choisis en fonction <strong>de</strong> leur notoriété et <strong>de</strong> la pertinence <strong>de</strong> leurs projets pour la recherche, ces<br />
concepteurs seront à la fois praticiens et enseignants. Les terrains d’investigation<br />
concerneront six sites ou régions urbaines “témoins” en France et en Allemagne qui <strong>de</strong>vront<br />
être <strong>de</strong>ux par <strong>de</strong>ux comparables par les échelles, les programmes et la nature <strong>de</strong>s missions<br />
confiées aux concepteurs.<br />
L’analyse <strong>de</strong>s projets ainsi que <strong>de</strong>s entretiens mettront en évi<strong>de</strong>nce les paradigmes <strong>de</strong> projet,<br />
les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> représentation spécifiques et les métho<strong>de</strong>s utilisées pour asseoir leur stratégie<br />
d’intervention et légitimer leurs compétences.<br />
xci
Parallèlement, <strong>de</strong>ux jeunes chercheurs français et allemand seront sollicités pour établir un<br />
rapport sur l’implication réglementaire <strong>de</strong>s architectes-urbanistes dans les <strong>de</strong>ux pays. La<br />
secon<strong>de</strong> phase concernera l’observation <strong>de</strong> ces concepteurs comme pédagogues.<br />
Nous examinerons la transmission <strong>de</strong> leurs doctrines et métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> projet au sein <strong>de</strong>s<br />
établissements où ils enseignent en analysant leurs discours, les sujets, les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
représentation exigés, les rituels d’affichage et d’évaluation. Nous les observerons “en<br />
situation” lors <strong>de</strong>s jurys <strong>de</strong> Master par le biais <strong>de</strong> reportages filmés.<br />
Nous souhaitons pro<strong>du</strong>ire un documentaire filmé (hors budget recherche) qui associera <strong>de</strong>s<br />
extraits d’entretiens et <strong>de</strong> séances <strong>de</strong> ren<strong>du</strong>s dans les écoles. Il pourra constituer un matériel<br />
pédagogique et faire référence sur l’enseignement <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle à l’aube <strong>du</strong> troisième<br />
millénaire.<br />
xcii
27. Toulouse, territoires Garonne. Nouveaux mo<strong>de</strong>s d’habiter.<br />
ENSA Toulouse.<br />
Responsable scientifique : Rémi Papillaut.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
Pour penser la gran<strong>de</strong> échelle nous partons <strong>du</strong> constat fait par <strong>de</strong> nombreux chercheurs que ce<br />
sont majoritairement les réseaux <strong>de</strong> transport qui construisent le territoire d’aujourd’hui, tels<br />
que les aéroports, trains et gares, hiérarchisation et enchaînement <strong>de</strong> voies rapi<strong>de</strong>s…<br />
Face ou parallèlement à cela, encore plus fortement avec la crise économique et énergétique,<br />
émergent <strong>de</strong>s figures géographiques dont nous faisons l’hypothèse qu’elles sont les appuis <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>main pour penser le territoire : parcs, bois, zones agricoles <strong>de</strong> bord <strong>de</strong> ville, lignes <strong>de</strong> forces<br />
collinaires, fleuves, bassins versants, réseaux hydrographiques… Il semble que nous sachions<br />
<strong>de</strong> longue date définir ces territoires comme lieu <strong>de</strong> patrimonialisation constituant ainsi <strong>de</strong>s<br />
espaces en creux gelés.<br />
Mais pourrait-on aller plus loin ? Ces systèmes géographiques ne peuvent-ils pas être les<br />
supports actifs d’une nouvelle urbanité, qui allient la conscience <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle à celle<br />
<strong>de</strong> l’ancrage dans un territoire ?<br />
Nous proposons <strong>de</strong> centrer la recherche sur la métropole toulousaine autour <strong>du</strong> fleuve<br />
Garonne, <strong>de</strong> la confluence Ariège jusqu’à la confluence <strong>de</strong> L’Hers et <strong>de</strong> la Save à Grena<strong>de</strong> sur<br />
Garonne.<br />
Sur ce territoire la Garonne traverse huit communes, à savoir <strong>de</strong> l’amont vers l’aval : Portet,<br />
Toulouse, Blagnac, Fenouillet, Beauzelle, Seilh, Gagnac, Grena<strong>de</strong>. Trente six kilomètres <strong>de</strong><br />
fleuve pour tenter <strong>de</strong> comprendre les nouvelles questions qui se posent à nous sur la ville<br />
contemporaine en partant <strong>de</strong> l’hypothèse que la majeure partie <strong>de</strong> ce territoire défini comme<br />
inconstructible par le Plan <strong>de</strong> Prévention <strong>de</strong>s Risques d’Inondation (PPRI), peut être un lieu<br />
porteur <strong>de</strong> nouvelles manières d’habiter et que sur les rives <strong>du</strong> fleuve se <strong>de</strong>ssine un <strong>de</strong>s<br />
territoires majeurs <strong>de</strong> la ville <strong>de</strong> <strong>de</strong>main. La Garonne nous permettrait donc <strong>de</strong> penser une<br />
architecture <strong>du</strong> territoire à la gran<strong>de</strong> échelle. Quels sont les outils pour penser cette gran<strong>de</strong><br />
échelle ? Quels sont les nouvelles formes d’habitat que nous pouvons relever, proposer ?<br />
Notre projet <strong>de</strong> recherche réunit plusieurs disciplines intéressées par la rencontre entre la<br />
figure territoriale <strong>du</strong> fleuve et les nouveaux mo<strong>de</strong>s d’habiter. Il impliquera <strong>de</strong>s architectes <strong>de</strong><br />
l’ENSAT, <strong>de</strong>s ingénieurs <strong>de</strong> l’INSA et <strong>de</strong>s sociologues et géographes <strong>du</strong> CIEU-LISST <strong>de</strong><br />
l’université <strong>de</strong> Toulouse le Mirail. Il y a donc l’idée d’observer et d’éprouver ce lien au<br />
travers <strong>de</strong> thématiques articulant analyses et projets sur <strong>de</strong>s échelles spatiales et temporelles.<br />
La cartographie sera pour cette recherche un outil d’expérimentation essentiel. Elle nous<br />
permettra <strong>de</strong> lire et comprendre le territoire Garonne dans toutes ses dimensions. Plusieurs<br />
données seront visualisées et confrontées aux indicateurs qualitatifs relevant <strong>de</strong> l’analyse<br />
sensible et anthropologique, qui sera menée in situ (explorations, photos, vidéos, entretiens<br />
avec les usagers, etc…). Parallèlement, nous réaliserons une étu<strong>de</strong> comparative <strong>de</strong> sites et<br />
projets européens analogues au nôtre et, dans le cadre <strong>de</strong> l’enseignement <strong>de</strong> projet, nous<br />
testerons nos hypothèses par les outils <strong>du</strong> projet architectural et urbain.<br />
La démarche suivra <strong>de</strong>ux séquences complémentaires :<br />
La séquence d’avancement et <strong>de</strong> problématisation <strong>de</strong> la recherche. Elle sera ponctuée par<br />
l’organisation <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux séminaires réunissant chercheurs <strong>de</strong> l’équipe, chercheurs invités et<br />
professionnels. Ce travail aboutira à la rédaction <strong>du</strong> rapport final <strong>de</strong> recherche comprenant un<br />
atlas <strong>de</strong> cartes rendant compte <strong>de</strong> problématiques articulant ville et fleuve ainsi qu’un corpus<br />
<strong>de</strong> projets urbains et architecturaux comportant <strong>de</strong>s dispositifs d’habitat jouant sur un nouveau<br />
rapport à la nature et à l’eau.<br />
Dans le cadre <strong>de</strong> la séquence pédagogique constituée par l’enseignement ”Mutations et<br />
stratégies urbaines” (4e année) et l’enseignement <strong>de</strong> projet <strong>de</strong> Master (4e et 5e années), nous<br />
xciii
tenterons d’articuler les apports <strong>de</strong>s étudiants et <strong>de</strong>s professionnels à notre démarche <strong>de</strong><br />
recherche.<br />
Résumé.<br />
Le thème <strong>de</strong> la recherche est l’i<strong>de</strong>ntité <strong>du</strong> territoire toulousain autour <strong>de</strong> la figure<br />
géographique <strong>du</strong> fleuve. La Garonne apparaît comme le socle d’un projet pour le Grand<br />
Toulouse allant <strong>du</strong> confluent <strong>de</strong> l’Ariège au confluent <strong>de</strong> la Save, <strong>de</strong> Portet à Grena<strong>de</strong>. Son<br />
caractère mouvant et ses fluctuations définissent l’avenir et les évolutions <strong>de</strong>s aires urbaines<br />
limitrophes.<br />
L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle fonctionne sur les éléments géographiques : plissements,<br />
lignes <strong>de</strong> collines, bois, forêts, parcs et systèmes <strong>de</strong> parcs, réseau fluvial. Le fleuve apparaît<br />
comme la colonne vertébrale, le lien d’un projet pour le Grand Toulouse, à l’échelle d’un<br />
territoire géographique reconnu et cohérent <strong>du</strong> confluent <strong>de</strong> l’Ariège au confluent <strong>de</strong> la Save,<br />
<strong>de</strong> Portet à Grena<strong>de</strong>.<br />
Les inondations et leur médiatisation con<strong>du</strong>isent à <strong>de</strong> nouvelles réflexions sur les précautions<br />
nécessaires. Les techniciens <strong>de</strong> la Haute-Garonne sont amenés à s’interroger sur la sécurité<br />
<strong>de</strong>s territoires urbanisés, y compris ceux protégés par les digues <strong>de</strong> béton <strong>du</strong> vingtième siècle,<br />
en aval <strong>de</strong> Toulouse. Techniciens et responsables sont pris entre <strong>de</strong>ux logiques<br />
contradictoires. La première consiste à renforcer l’arsenal <strong>de</strong> protections plus ou moins<br />
sophistiqué <strong>de</strong> digues, levées <strong>de</strong> terre, fossés qui, au fil <strong>du</strong> temps, ont <strong>de</strong>ssiné un lit <strong>de</strong> fleuve<br />
contraint dans <strong>de</strong>s limites supposées infranchissables. La secon<strong>de</strong> propose un large bassin<br />
d’épanchement, ouvert, jouant non plus sur la résistance mais sur l’étalement dans les<br />
gravières, peupleraies, ramiers et territoires agricoles. C’est ce que défendait le couple<br />
d’artistes américains Helen Mayer et Newton Harrison qui en 2002, à l’invitation <strong>du</strong> musée<br />
<strong>de</strong>s Abattoirs, avaient fait une proposition pour le bassin versant <strong>du</strong> Touch, en imaginant en<br />
cas <strong>de</strong> crue <strong>de</strong> larges zones d’expansion <strong>de</strong> la rivière et <strong>de</strong> petites zones inondables dont le<br />
substrat facilite la percolation (mini flood pouding). Cette stratégie avait trois objectifs<br />
toujours valables. D’abord la protection <strong>de</strong>s aires urbaines contre les dégâts d’une inondation,<br />
ensuite la constitution <strong>de</strong> plaines inondables qui filtreraient l’eau et réapprovisionneraient les<br />
eaux souterraines, et, enfin, la création <strong>de</strong> lieux pouvant accueillir maisons ou groupements<br />
spécifiques <strong>de</strong> maisons.<br />
Du fait <strong>de</strong>s crues régulières et <strong>de</strong>s mesures réglementaires <strong>du</strong> plan <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong>s risques<br />
d’inondations (PPRI), le fleuve définit un territoire en creux dans la traversée <strong>de</strong> la métropole<br />
toulousaine. Aux franges <strong>de</strong> celui-ci, aux limites <strong>du</strong> lit intermédiaire, une manière d’habiter<br />
émerge, opérant un véritable retournement <strong>de</strong> la ville vers le fleuve, touchant les espaces<br />
privés ou publics. Enfin, dans le lit majeur <strong>du</strong> fleuve naîtrait, sans que personne ne l’ait<br />
planifiée, une ville spécifique, en lien étroit avec la nature.<br />
Le territoire en creux.<br />
La ville contemporaine s’étale en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong>s centres anciens et <strong>de</strong>ssine <strong>de</strong>s<br />
territoires <strong>de</strong> plus en plus discontinus que l’on nomme étalement urbain. Dans la traversée <strong>de</strong><br />
Toulouse, le lit majeur <strong>de</strong> la Garonne peut être appréhendé dans son unité : un grand vi<strong>de</strong><br />
traversant les zones urbaines. Mais au niveau <strong>de</strong>s frontières entre le territoire <strong>de</strong> l’eau et la<br />
ville bâtie, <strong>de</strong>s situations très différentes coexistent le long <strong>de</strong>s quarante kilomètres allant <strong>de</strong><br />
Portet à Grena<strong>de</strong>. Ainsi, dans le centre-ville, les limites fortes <strong>de</strong>s digues marquent un rapport<br />
à l’habitat parfois brutal, mais toujours architecturé, <strong>de</strong>ssiné. Les espaces ouverts sont équipés<br />
et jardinés. L’eau et le bâti se confrontent. Ailleurs, dans les zones périphériques, une<br />
articulation différente <strong>de</strong>s pleins et <strong>de</strong>s vi<strong>de</strong>s détermine d’autres formes urbaines. L’eau «<br />
prend <strong>du</strong> territoire » et transforme l’habitat. D’autres frontières, plus progressives, entre le<br />
minéral et le végétal apparaissent. Les noyaux villageois s’éloignent <strong>du</strong> lit mineur et parfois<br />
tournent le dos au fleuve. Ce <strong>de</strong>rnier, libre dans son lit majeur, <strong>de</strong>ssine un écosystème rurbain<br />
xciv
où s’enchaînent ripysylves, ramiers, parcs d’agrément, zones <strong>de</strong> loisirs, petites maisons,<br />
jardins privés, gravières, zones agricoles, mais aussi stations d’épuration, friches in<strong>du</strong>strielles,<br />
dépotoirs sauvages et autres usages informels.<br />
Il est nécessaire <strong>de</strong> reconnaître, décrire et qualifier ce territoire en <strong>de</strong>venir. Quels sont les<br />
éléments qui permettent <strong>de</strong> le distinguer, entre le centre, compact, et la ville étalée ? La<br />
présence <strong>du</strong> fleuve et le rapport à l’eau constituent certainement <strong>de</strong>s conditions fondatrices.<br />
Le Grand Toulouse dans ses plans, place l’écosystème fluvial au centre <strong>de</strong>s politiques<br />
urbaines et envisage l’aménagement d’un « axe Garonne » traversant l’agglomération entière.<br />
Doit-on imaginer un seul projet qui unifie ce territoire Garonne, le rendant lisible aux yeux <strong>de</strong><br />
tous comme son alter-ego qu’est le Canal <strong>du</strong> Midi ? Au contraire faut-il appréhen<strong>de</strong>r ce<br />
territoire dans ses diversités et discontinuités ?<br />
Autour <strong>de</strong> la figure <strong>du</strong> « pincement » formé par le Pont Neuf.<br />
Il suffit d’observer une carte pour apercevoir le « territoire en creux » <strong>de</strong>ssiné par les eaux <strong>de</strong><br />
la Garonne. Ce territoire est celui <strong>du</strong> lit, contraint et étroit entre les digues artificielles <strong>du</strong><br />
centre-ville et largement étalé en <strong>de</strong>hors <strong>du</strong> noyau historique, là où l’habitat s’éloigne <strong>de</strong> l’eau<br />
pour se protéger <strong>de</strong>s zones inondables. Dans le centre <strong>de</strong> Toulouse, la ville <strong>de</strong>nse circonscrit<br />
les eaux en leur laissant peu d’espaces pour divaguer : quelques quais, esplana<strong>de</strong>s ou jardins,<br />
une prairie (la prairie <strong>de</strong>s Filtres) et <strong>de</strong>s terrasses. En périphérie, en aval et en amont, les<br />
noyaux villageois s’accrochent aux hauts reliefs qui les mettent hors crue (à Blagnac, aux<br />
Quinze sols, à Grena<strong>de</strong> et Portet). La ville historique laisse la place à <strong>de</strong>s territoires agricoles,<br />
maraîchages, aires <strong>de</strong> loisirs, gravières et surtout à un paysage naturel avec ses ensembles<br />
vivants.<br />
La Garonne <strong>de</strong>ssine un « pincement au coeur <strong>de</strong> Toulouse » qui ne mesure que 226 mètres au<br />
niveau <strong>du</strong> pont Neuf où elle bute sur la terrasse <strong>de</strong> la ville antique avant <strong>de</strong> repartir vers<br />
l’ouest. Au sud, à la confluence avec l’Ariège, le lit majeur mesure environ 2 500 mètres <strong>de</strong><br />
large entre les coteaux <strong>de</strong> Pech David et la digue formée par la route nationale 20. À la<br />
confluence <strong>de</strong> la Save et <strong>de</strong> l’Hers, au nord, la plaine d’inondation est large <strong>de</strong> 3 840 mètres.<br />
Dans cette plaine, plusieurs éléments permettent <strong>de</strong> caractériser la ville sédimentée au cours<br />
<strong>de</strong>s siècles. Ils relèvent <strong>de</strong> la topographie et <strong>de</strong> la géographie <strong>du</strong> site <strong>de</strong>ssiné par les méandres<br />
<strong>du</strong> fleuve. D’autres concernent les paysages et les ambiances <strong>de</strong> ce milieu terrestre et<br />
aquatique. D’autres éléments encore ont à voir avec l’économie d’exploitation <strong>de</strong>s sols et<br />
leurs divers usages.<br />
On remarque que ces éléments s’organisent différemment selon les trois registres <strong>de</strong><br />
fluctuation <strong>de</strong>s eaux. Dans le lit mineur, où l’eau s’écoule en temps normal, ce sont surtout les<br />
boisements alluviaux, les falaises, les plages, les îles, les grèves, les bras morts, les zones <strong>de</strong><br />
baigna<strong>de</strong>s et d’autres aires informelles liées aux loisirs ou à un habitat improvisé et<br />
provisoire, qui occupent le territoire. Dans le lit intermédiaire (celui susceptible d’être<br />
submergé par <strong>de</strong> petites crues, les plus fréquentes) figurent les cultures maraîchères <strong>de</strong> petite<br />
échelle, souvent sur parcelles en lanière, les prairies, les gravières, les aires aménagées pour<br />
les loisirs et les promena<strong>de</strong>s. Les constructions y sont rares. En revanche, dans le lit majeur,<br />
l’habitat prend <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> place entre les terrains agricoles et les maraîchages <strong>de</strong> plus<br />
gran<strong>de</strong> échelle, et ce malgré le risque <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s crues. Dans ce lit, nous voyons une ville qui<br />
pourrait se confondre en apparence avec le reste <strong>de</strong> la périphérie urbaine. La faible <strong>de</strong>nsité et<br />
la dispersion <strong>de</strong> l’habitat s’organisent et s’ordonnent selon la topographie <strong>de</strong>s hauts reliefs qui<br />
mettent hors d’eau les rares terrains favorables à l’implantation <strong>de</strong> maisons et définissent ainsi<br />
<strong>de</strong>s petits centres villageois. Ces centres jouissent <strong>de</strong> la proximité <strong>de</strong> la nature et <strong>du</strong> paysage<br />
fluvial. Ils se rapprochent <strong>du</strong> fleuve en suivant <strong>de</strong>s cheminements qui aboutissent rarement à<br />
une traversée, ponts, digues ou gués.<br />
« Être à côté <strong>de</strong>… »<br />
xcv
Pour comprendre comment fonctionne et vit ce territoire compris entre la limite naturelle <strong>du</strong><br />
fleuve et celles <strong>de</strong>s infrastructures étirées sur la plaine (routes, chemin <strong>de</strong> fer), nous avons<br />
réalisé <strong>de</strong>s analyses sur <strong>de</strong>s situations représentatives, <strong>de</strong>s échantillons. Nous avons <strong>de</strong>ssiné<br />
<strong>de</strong>s coupes transversales larges <strong>de</strong> quelques kilomètres pour faire apparaître le rapport entre ce<br />
territoire en creux et ses franges urbaines. L’une, par exemple, va <strong>de</strong> Beauzelle, sur la rive<br />
gauche, à Saint-Alban, sur la rive droite. Elle traverse les coteaux <strong>de</strong> Blagnac, la route<br />
départementale sur la rive gauche, la Garonne, la route départementale sur la rive droite,<br />
Fenouillet, le canal, la voie ferrée, la route nationale et l’autoroute.<br />
Quelques hypothèses concernant la forme et l’usage <strong>de</strong> la zone inondable peuvent être<br />
avancées. La première concerne son i<strong>de</strong>ntité. Territoire <strong>de</strong> « l’entre-<strong>de</strong>ux », le lit versant <strong>du</strong><br />
fleuve est un territoire qui cherche à se définir entre sa dépendance à Toulouse et ses<br />
particularités locales. Il présente une forte i<strong>de</strong>ntité liée à la présence <strong>de</strong> l’eau, <strong>de</strong> la nature et<br />
d’un habitat encore fortement ruralisé. Une forme <strong>de</strong> vacuité, <strong>de</strong> délaissé, <strong>de</strong> mélange <strong>de</strong><br />
sauvage et <strong>de</strong> risques, le caractérise. Cette i<strong>de</strong>ntité fonctionne aussi avec les frontières<br />
physiques qui le délimitent et les infrastructures.<br />
La <strong>de</strong>uxième hypothèse est celle <strong>de</strong> la fragmentation. À l’échelle locale, les territoires <strong>du</strong><br />
fleuve fonctionnent par zones longitudinales presque « étanches », à cause <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong><br />
limites naturelles fortes (méandres, îles, bras morts, écrans végétaux…) et artificielles (canal,<br />
routes, voie ferrée…). Les gens disent être « à côté <strong>de</strong> »… Partout l’on remarque une<br />
asymétrie entre les rives, résultat <strong>de</strong> la topographie. Si on prend l’exemple <strong>de</strong> Fenouillet, on<br />
peut habiter à proximité <strong>du</strong> centre et n’aller vers le fleuve que pour certaines pratiques<br />
sportives, travailler sur les zones in<strong>du</strong>strielles sans jamais avoir la perception <strong>du</strong> fleuve<br />
proche, aller plus facilement à Toulouse en vélo par le canal <strong>du</strong> midi que <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> traverser<br />
voie ferrée et routes nationales pour rejoindre les espaces <strong>de</strong> nature en bord <strong>de</strong> Garonne…<br />
La troisième hypothèse concerne la diversité <strong>de</strong>s appropriations et la prédominance <strong>de</strong>s<br />
usages informels. Entre Gagnac et Seilh, <strong>de</strong>s chasseurs quadrillent le territoire et l’utilisent en<br />
le modifiant. Ils côtoient <strong>de</strong>s agriculteurs (maraîchers ou céréaliers) qui labourent <strong>de</strong>s champs<br />
juste <strong>de</strong>rrière leurs maisons. Au bord <strong>du</strong> Cancéropole, <strong>de</strong>s pêcheurs protégés par la végétation<br />
profitent <strong>du</strong> calme et <strong>de</strong> l’accès au fleuve. D’autres usagers investissent le <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>s<br />
infrastructures routières ou ferroviaires, le tout au milieu d’une végétation riche et florissante,<br />
à la fois exceptionnelle et typique <strong>de</strong>s paysages fluviaux. Les bords <strong>de</strong> l’île <strong>de</strong> Ramier les plus<br />
proches <strong>du</strong> centre-ville, immergés dans la végétation et donc difficilement visibles, sont<br />
investis par <strong>de</strong>s campements <strong>de</strong> SDF. Enfin, le territoire en creux <strong>du</strong> lit majeur est un mon<strong>de</strong><br />
en soi, dont il faut défendre l’hétérogénéité et la mutabilité. Car, à la différence <strong>du</strong> canal <strong>du</strong><br />
Midi, qui étire sa mo<strong>de</strong>rnité rassurante et homogène, le fleuve paraît plus instable, et ses<br />
abords, un enchevêtrement <strong>de</strong> différentes figures, parfois opposées. Pour envisager son<br />
avenir, il faut partir <strong>de</strong> la reconnaissance <strong>de</strong> cette épaisseur mobile. L’enjeu n’est pas<br />
seulement d’ordre patrimonial, si le fleuve est bien un monument. Car l’objectif est <strong>de</strong> créer<br />
un environnement habité où la nature, les hommes et leurs activités, la faune <strong>de</strong>s rives, les<br />
poissons et les insectes puissent cohabiter. Comment <strong>de</strong>ssiner cette ville-nature, son<br />
architecture et ses espaces ouverts ?<br />
Habiter aux limites <strong>du</strong> fleuve.<br />
De nombreux projets étudiants ont donc porté sur cette frange urbaine, prise entre inondations<br />
régulières et inondations exceptionnelles, <strong>de</strong>ssinant une ligne continue sur le territoire<br />
toujours présente dans la diversité <strong>de</strong>s usages et constructions existantes. La coupure imposée<br />
par le fleuve, son imaginaire et la présence invisible, règlementaire, d’une limite inondable,<br />
caractérisent fortement trois grands types <strong>de</strong> postures qui pourraient se renforcer dans le futur.<br />
La première consiste à protéger les zones urbanisées. La <strong>de</strong>uxième privilégie le «<br />
retournement » <strong>de</strong>s villes vers le fleuve. La troisième a à faire avec l’idée d’une ligne urbaine<br />
continue en lien avec la nature.<br />
xcvi
Les crues ont tracé le contour <strong>de</strong>s implantations dans l’agglomération toulousaine, certaines<br />
ont complètement recomposé le territoire. C’est le cas en particulier <strong>de</strong> la crue <strong>de</strong> 1875,<br />
millénaire, qui submergea le faubourg Saint-Cyprien, détruisant plusieurs centaines <strong>de</strong><br />
maisons. Le fleuve faisait en même temps partie <strong>de</strong> la vie urbaine et rurale, avec <strong>de</strong><br />
nombreuses activités : pêche, in<strong>du</strong>stries, mais aussi rejet <strong>de</strong>s déchets, transports <strong>de</strong>s<br />
matériaux. Avec l’embellissement <strong>du</strong> XVIIIe siècle, apparaît un souci <strong>de</strong> protection :<br />
aménagement <strong>de</strong>s quais par Joseph Marie <strong>de</strong> Saget, puis endiguement <strong>de</strong> la traversée <strong>de</strong> la<br />
ville dans les années 1950. Dans les espaces ruraux aujourd’hui périurbains, les territoires<br />
agricoles se modifient au contact <strong>de</strong> la ville ; <strong>de</strong>s équipements, <strong>de</strong>s espaces publics en lien<br />
avec le fleuve voient le jour.<br />
Protéger les territoires urbanisés<br />
Sur l’ensemble <strong>du</strong> territoire, les PPRI sont l’objet <strong>de</strong> discussions fortes entre collectivités et<br />
services <strong>de</strong> l’État sur la validité <strong>de</strong>s zonages et <strong>de</strong>s réglementations. L’exemple <strong>du</strong> nouveau<br />
PPRI en discussion sur la ville <strong>de</strong> Toulouse est emblématique <strong>de</strong> ces tensions : il ne <strong>de</strong>vrait<br />
plus prendre en compte la protection liée aux digues (qui pourraient rompre lors d’une crue<br />
millénaire à l’exemple <strong>de</strong> la Nouvelle Orléans) tout en acceptant certaines adaptations et<br />
constructions si ces <strong>de</strong>rnières viennent renforcer la stabilité <strong>de</strong> la digue. La notion <strong>de</strong><br />
transparence <strong>de</strong>s digues redonne au lit majeur <strong>du</strong> fleuve toute son importance. La limite <strong>de</strong> la<br />
digue <strong>de</strong>vient ainsi une limite d’usages. Comment l’appropriation <strong>de</strong> cet « entre <strong>de</strong>ux » peut<br />
créer <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s d’urbanisation alternatifs qui utilisent les contraintes comme <strong>de</strong>s atouts ? La<br />
nécessité d’une protection con<strong>du</strong>it à trois idées <strong>de</strong> limite urbaine.<br />
La première est <strong>de</strong> voir la digue, infrastructure résistant au fleuve, comme une ligne<br />
territoriale. Elle permet <strong>de</strong> définir <strong>de</strong>s zones urbaines protégées pouvant être <strong>de</strong>nsifiées et <strong>de</strong><br />
préserver en amont et en aval les champs d’expansion <strong>du</strong> fleuve non constructibles. Ce<br />
dispositif, déjà existant dans la ville <strong>de</strong>nse sous forme d’ouvrages forts, est testé <strong>de</strong> manière<br />
plus ré<strong>du</strong>ite sur certains espaces périurbains. La digue est une manière d’habiter le territoire,<br />
en balcon lorsque l’on est <strong>de</strong>ssus, en creux lorsqu’on est à ses pieds. Elle intègre <strong>de</strong>s fonctions<br />
urbaines : espace public, promena<strong>de</strong>, mais aussi soubassement <strong>de</strong> logements ou<br />
d’équipements. Parfois même, c’est le bâtiment qui « fait digue ».<br />
La <strong>de</strong>uxième hypothèse <strong>de</strong> protection conçoit l’îlot en remblais. Il est utilisé dans <strong>de</strong>s espaces<br />
périurbains peu pentus, en soulevant le sol sur les espaces constructibles et en laissant la terre<br />
pleine au niveau <strong>du</strong> sol naturel. Il peut permettre l’écoulement <strong>de</strong> l’eau sans créer <strong>de</strong><br />
résistance. Ainsi, le groupement d’habitat en projet à Gagnac vient frôler et modifier<br />
légèrement le lit intermédiaire <strong>de</strong>s crues décennales.<br />
Troisième solution, la construction adaptée en zone inondable laissant filer l’eau dans son lit<br />
naturel. Elle in<strong>du</strong>it un territoire mixte, où la nature et l’eau peuvent théoriquement côtoyer les<br />
bâtiments. Cette ville « poreuse » peut trouver ici une expression forte. En zone <strong>de</strong> crues<br />
fréquentes, les constructions transgressives se soulèvent pour laisser couler l’eau. En zone <strong>de</strong><br />
crues exceptionnelles, les typologies d’habitat sont adaptées à la cote <strong>de</strong>s plus hautes eaux et à<br />
leur passage. C’est par exemple le cas pour le bâtiment <strong>du</strong> casino Barrière, installé sur l’île <strong>du</strong><br />
Ramier à Toulouse, dans une zone fréquemment inondable, conçu entièrement sur pilotis.<br />
Pilotis, murs <strong>de</strong> refend ouverts, réserves, stationnement et espaces collectifs en rez-<strong>de</strong>chaussée,<br />
passerelles et coursives au premier niveau, limites souples en haies végétales, en<br />
clôtures bois… sont parmi les dispositifs souvent utilisés pour s’inscrire dans ces espaces<br />
mouvants à risques forts.<br />
Le regard vers le fleuve<br />
Vouloir que la ville regar<strong>de</strong> à nouveau vers le fleuve obéit à, la valeur i<strong>de</strong>ntitaire et paysagère<br />
que les habitants actuels donnent à la Garonne. Ainsi le projet <strong>de</strong> reconversion <strong>du</strong> site JOB, au<br />
Sept Deniers, articule ces <strong>de</strong>ux dimensions. Les bâtiments in<strong>du</strong>striels autrefois construits<br />
<strong>de</strong>rrière la digue ont fait place à <strong>de</strong>s logements qui s’appuient sur la digue pour ouvrir <strong>de</strong>s<br />
xcvii
vues vers le fleuve. La société urbaine en mal <strong>de</strong> nature appelle <strong>de</strong> ses voeux une nature<br />
spectacle en remplacement d’une nature « paysanne ». Certes le canal constitue un premier<br />
paysage, reconnu avant le fleuve par le nombre <strong>de</strong> publications et par son récent classement<br />
au patrimoine mondial <strong>de</strong> l’Unesco, mais la Garonne, par sa permanence, est le premier «<br />
monument » <strong>de</strong> la ville. Dans un territoire où les vues lointaines sont rares, elle apporte une<br />
profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> champ, une ouverture vers la gran<strong>de</strong> échelle et la nature . Elle est un vi<strong>de</strong> lié à<br />
l’espace urbain ou périurbain, un fond <strong>de</strong> mise en scène pour les représentations humaines.<br />
Seul le centre historique et quelques bâtiments isolés dans l’espace périurbain regar<strong>de</strong>nt<br />
directement le fleuve. Mais aujourd’hui <strong>de</strong> nombreuses collectivités s’interrogent pour définir<br />
leur rapport au fleuve. À Toulouse, on questionne les digues en béton <strong>de</strong>s années 1950 qui<br />
enferment les quartiers et créent <strong>de</strong>s coupures avec le fleuve. Le site <strong>de</strong>s Ponts-Jumeaux a fait<br />
ainsi l’objet <strong>de</strong> nombreux projets pour ménager <strong>de</strong>s vues vers le fleuve. À Portet et Grena<strong>de</strong>,<br />
ont été proposés <strong>de</strong>s groupements d’habitat en limite <strong>de</strong> ville et sur la rupture <strong>de</strong> pente, en<br />
belvédère ouvrant sur les ramiers ou le lit intermédiaire. Sans visibilité toujours directe avec<br />
le fleuve, l’ouverture laisse imaginer l’écoulement <strong>de</strong> l’eau <strong>de</strong>rrière le filtre <strong>de</strong> la ripisylve.<br />
À l’inverse d’un positionnement face au fleuve, on trouve comme à Empalot <strong>de</strong>s quartiers qui<br />
s’installent à la perpendiculaire, « en peigne », <strong>de</strong>ssinant <strong>de</strong>s espaces publics et <strong>de</strong>s<br />
cheminements traversants, autre manière <strong>de</strong> se tourner vers le fleuve. Par la multiplication <strong>de</strong>s<br />
transparences, passages et vues, ces projets permettent <strong>de</strong>s accès directs vers l’eau, <strong>de</strong>s «<br />
chemins <strong>de</strong> l’eau » au sens d’un écoulement, d’une hydrologie. Ainsi, plusieurs projets à<br />
Fenouillet tissent un rapport très étroit aux ramiers, comme une étape vers le fleuve.<br />
Le rapport direct au fleuve institue une relation forte entre l’eau et la rive. La perception peut<br />
être très différente suivant les sites : terrains dominant le fleuve visible dans toute sa traversée<br />
comme sur les coteaux <strong>de</strong> Pech David, terrains affleurant, dans une relation presque intime<br />
comme sur l’île <strong>du</strong> Ramier. Le port Viguerie donne un excellent point <strong>de</strong> vue sur la rive droite<br />
et les quais <strong>du</strong> XVIIIe siècle. Sur ces lieux, les projets construisent toujours une vision et<br />
constituent parfois <strong>de</strong>s repères dans le paysage. Avoir vue sur le fleuve et être vu <strong>de</strong>puis la<br />
rive.<br />
La continuité <strong>de</strong> la nature dans la ville<br />
Le lit majeur <strong>de</strong> la Garonne est le lieu pour penser une continuité d’une ville en lien avec la<br />
nature. Comment faire <strong>de</strong> cet espace un continuum <strong>de</strong> parcs ? Cette idée, peut être utopique,<br />
est présente dans les discours politiques, les représentations prospectives, avec notamment le<br />
projet <strong>de</strong> la communauté urbaine dénommé l’« Axe Garonne ». Dans le schéma <strong>de</strong> cohérence<br />
territorial (SCOT), on trouve une trame verte et bleue qui représente un corridor écologique<br />
majeur <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> agglomération, même si elle présente le risque <strong>de</strong> générer <strong>de</strong>s coupures<br />
fortes liées au réseau hydrographique et aux infrastructures routières.<br />
Les projets proposés par les étudiants tiennent compte <strong>du</strong> lien fort entre nature et ville. Ils<br />
permettent <strong>de</strong> construire une limite riche qui peut, à l’instar <strong>du</strong> « jardin en mouvement », se<br />
définir en caractères, usages et temporalités différentes. Deux thèmes ressortent <strong>de</strong> façon<br />
récurrente.<br />
D’abord la promena<strong>de</strong> en bord <strong>de</strong> fleuve est la garantie d’un partage <strong>de</strong>s usages liés à la<br />
nature. Ce cheminement se positionne <strong>de</strong> différentes façons, parfois en lien étroit avec la ville,<br />
parfois en limite <strong>du</strong> lit majeur. Dans le centre ancien <strong>de</strong> Toulouse par exemple, les <strong>de</strong>ux<br />
promena<strong>de</strong>s se côtoient, sur les digues en belvédère, en bord <strong>de</strong> fleuve sur la rive. Dans<br />
l’espace périurbain, les sentiers utilisent souvent les tracés <strong>de</strong>s anciens chemins ruraux, ceux<br />
<strong>de</strong>s pêcheurs ou recomposent <strong>de</strong> nouvelles façons <strong>de</strong> longer le fleuve. À partir <strong>de</strong> cette ligne<br />
parallèle, peuvent se constituer <strong>de</strong>s transversales <strong>de</strong> la ville vers le fleuve jusqu’au<br />
franchissement par <strong>de</strong>s passerelles ou gués, retrouvant <strong>de</strong>s traversées anciennes.<br />
Le second thème a trait à la nature en limite d’urbanisation pour assurer une transition avec<br />
les espaces agricoles ou naturels. L’agriculture périurbaine, que l’on nomme aujourd’hui,<br />
xcviii
jardins partagés, familiaux, maraîchers, est un sujet doté d’un riche potentiel dans ces terres<br />
alluviales. Le corridor naturel et écologique est préservé sur les zones d’intérêt reconnu mais<br />
est aussi souvent créé via les haies, les fossés … . Les terrains <strong>de</strong> sports ou <strong>de</strong> jeux sont<br />
également proposés en passage entre ville et fleuve, dans un <strong>de</strong>ssin respectueux <strong>de</strong>s caractères<br />
et motifs paysagers existants. À Fenouillet par exemple la diversité naturelle a engendré <strong>de</strong>s<br />
projets prenant en compte l’ensemble <strong>de</strong> ces dimensions : maraichage <strong>de</strong> proximité, corridors<br />
écologiques, activités <strong>de</strong> loisirs pour tracer <strong>de</strong>s limites ouvertes entre ville et nature.<br />
La ville <strong>du</strong> lit majeur <strong>du</strong> fleuve Garonne.<br />
Comment dans ce territoire en creux peut-on projeter un urbanisme différent qui prenne en<br />
compte le caractère <strong>du</strong> lieu, qui joue <strong>de</strong> la <strong>de</strong>nsité, <strong>du</strong> lien à la nature et nous donne <strong>de</strong>s clés<br />
pour penser une architecture <strong>du</strong> territoire ? Les projets <strong>de</strong>s étudiants fonctionnent sur un<br />
nombre limité <strong>de</strong> contraintes avec l’obligation <strong>de</strong> se mettre sur le temps long <strong>du</strong> fleuve.<br />
Différents possibles pour Toulouse sont explorés dont nous n’avons retenu ici que <strong>de</strong>ux<br />
postures <strong>de</strong> projet.<br />
Ville lanière<br />
Au nord, comme au sud, les grands réseaux <strong>de</strong> transport <strong>de</strong> la fin <strong>du</strong> XIXe et <strong>du</strong> XXe siècles<br />
ont été positionnés le plus possible dans la plaine alluviale ouverte, hors d’eau, dans une<br />
forme d’application étonnamment littérale <strong>de</strong>s quatre routes corbuséennes. Les routes <strong>de</strong> terre,<br />
<strong>de</strong> fer, d’eau et même d’air se retrouvent ici disposées <strong>de</strong> façon tangentielle par rapport aux<br />
méandres <strong>du</strong> fleuve. Elles découpent le territoire en lanières parallèles, plus ou moins<br />
étanches l’une à l’autre, où s’étirent aussi en longueur zones d’activités, zones commerciales,<br />
rési<strong>de</strong>nces.<br />
Sur l’aval <strong>de</strong> la Garonne, nous sommes partis <strong>de</strong> trois hypothèses :<br />
- la mise en place <strong>de</strong> la route prévue en prolongation <strong>de</strong> la voie lactée entre Blagnac et Saint-<br />
Jory,<br />
- la prolongation <strong>du</strong> tramway jusqu’à Grena<strong>de</strong> rive gauche,<br />
- l’aménagement <strong>de</strong> la voie ferrée rive droite avec <strong>de</strong> nombreuse gares qui rendraient<br />
directement accessible ce territoire.<br />
Ces lanières se déploient symétriquement à Toulouse avec au sud sur la rive gauche <strong>du</strong> fleuve<br />
les coupures formées par la route d’Espagne (N20), la voie ferrée (Toulouse Tarbes),<br />
l’autoroute « La Pyrénéenne » (A20) et le fleuve qui vient buter contre les coteaux <strong>du</strong><br />
Lauragais à Pech David.<br />
Au Nord l’ordre s’inverse. C’est sur la rive gauche que l’on trouve les talus qui au droit <strong>de</strong><br />
Fenouillet/ Seilh montent sur une trentaine <strong>de</strong> mètre. Rive droite, les infrastructures <strong>de</strong> liaison<br />
: le canal <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux mers, la voie ferrée, la nationale 20, et l’Autoroute <strong>de</strong>s Deux Mers.<br />
Le débat actuel sur le tracé <strong>de</strong> la LGV s’inscrit aussi dans cette dimension. Dans la découpe<br />
longitudinale <strong>du</strong> territoire par les lignes <strong>de</strong> transport, il existe un ensemble <strong>de</strong> petites<br />
transversales qui irriguent le territoire et qui ouvrent vers le fleuve. Sur la base <strong>de</strong> ce<br />
quadrillage <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s voies nord-sud et <strong>de</strong> petites transversales est-ouest, une nouvelle forme<br />
<strong>de</strong> ville a été explorée. Un système urbain profite <strong>de</strong>s réseaux pour une mobilité à l’échelle <strong>de</strong><br />
la métropole et <strong>de</strong>s traverses pour <strong>de</strong>s circulations douces, ramenant vers les ripisylves <strong>de</strong>s<br />
méandres <strong>du</strong> fleuve et vers un habiter, au sens large, en contact avec la nature.<br />
Les projets partent <strong>du</strong> palimpseste que constitue l’histoire <strong>du</strong> lieu en s’appuyant sur les<br />
toponymes, les cadastres et les plans anciens. On découvre que l’ensemble <strong>de</strong>s chemins qui<br />
irriguaient ce territoire aboutissaient majoritairement à <strong>de</strong>s traversées <strong>du</strong> fleuve, anciens gués,<br />
passerelles, ponts et bacs qui évoluent en installant une « porosité transversale ».<br />
Comment une forme <strong>de</strong> réactivation pourrait refaire vivre ce territoire sur un mo<strong>de</strong> plus<br />
écologique ? Pour exemple, la basti<strong>de</strong> <strong>de</strong> Grena<strong>de</strong> est installée le long d’une double voie dont<br />
on a oublié le sens mais qui reliait à l’origine port haut et port bas, aujourd’hui disparus, sauf<br />
dans le nom <strong>de</strong>s rues et <strong>de</strong>s chemins. Ces ports liaient la ville et ses marchés vers Toulouse et<br />
xcix
Bor<strong>de</strong>aux et sur l’autre rive au hameau <strong>de</strong> Saint-Caprais. Plusieurs projets ont exploré la<br />
possibilité <strong>de</strong> réactivation <strong>de</strong> ces ports pour permettre un lien entre les rives.<br />
Une fois ce quadrillage installé, la mobilité reconnue, le système urbain <strong>de</strong> la métropole sera<br />
enrichi : mixité <strong>de</strong>s types d’activités, variété <strong>de</strong>s programmes, <strong>de</strong>nsification <strong>de</strong>s zones<br />
d’habitat, commerces variés contrebalançant la mono-fonctionnalité <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s zones<br />
d’activités qui défigurent nos villes.<br />
Des projets d’étudiants installent ainsi <strong>de</strong>s traverses <strong>de</strong> loisirs stratégiques dans un lien entre<br />
le canal latéral et la Garonne en partant <strong>de</strong>s Ponts-Jumeaux. Depuis les gares, ces traverses<br />
distribuent, par <strong>de</strong>s pistes cyclables, l’accès à <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> vente <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its <strong>du</strong> maraîchage,<br />
<strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> fleurs, <strong>du</strong> canoë, <strong>de</strong>s plages, <strong>de</strong>s traversées <strong>de</strong> Garonne par bac. Ce qui est vu<br />
sur l’aval <strong>de</strong> la Garonne peut se décliner à l’amont <strong>de</strong> Toulouse et surtout s’étendre<br />
latéralement dans l’épaisseur <strong>de</strong> la ville lanière. Le lit majeur <strong>du</strong> fleuve <strong>de</strong>vient ainsi un vaste<br />
système habité <strong>de</strong> petits villages, <strong>de</strong> maraîchages et <strong>de</strong> parcs accessibles à toute la métropole.<br />
La ville archipel<br />
On parle <strong>de</strong> tressage <strong>de</strong>s fleuves pour décrire le phénomène où, par une faible pente et une<br />
forte sédimentation, on obtient un réseau <strong>de</strong> canaux en tresse dans le lit mineur <strong>du</strong> fleuve. Ce<br />
phénomène est observable à Toulouse autour <strong>de</strong>s ramiers qui désignent un espace <strong>de</strong> bords <strong>de</strong><br />
rivière ou d’iles développées sur <strong>de</strong>s zones d’alluvions.<br />
Ainsi, en amont <strong>de</strong> Toulouse on trouve les ramiers <strong>de</strong> la confluence avec l’Ariège jusqu’au<br />
coeur <strong>de</strong> la ville : les îlots <strong>de</strong> Banlève, l'île <strong>du</strong> Ramier, l'île d'Empalot et l'îlot <strong>de</strong>s Lapins… Ce<br />
chapelet d’îles donne un tressage grossier où l’on voit à basses eaux émerger les îles <strong>de</strong> fond<br />
<strong>du</strong> lit. En aval, on retrouve ce tressage en quelques endroits au niveau <strong>de</strong> Blagnac ou <strong>de</strong><br />
Grena<strong>de</strong>.<br />
La carte historique <strong>de</strong> fluctuation <strong>de</strong>s méandres permet <strong>de</strong> mesurer dans le temps l’ampleur <strong>de</strong><br />
ces tresses et la formation <strong>de</strong>s ramiers qui en résulte. Même si ce phénomène touche plus<br />
particulièrement le lit mineur et le lit intermédiaire <strong>du</strong> fleuve, l’idée <strong>de</strong> son possible impact<br />
sur le lit majeur a été explorée. Sur les affleurements se positionnent les villes, dans les creux<br />
les champs alluvionnaires favorables aux cultures, mais aussi les dépôts <strong>de</strong> graviers largement<br />
exploités. On voit très bien sur la carte <strong>de</strong> Cassini comment la route <strong>de</strong> Paris fut établie sur la<br />
ligne <strong>de</strong> crête entre Hers et Garonne et comment les villes <strong>de</strong> Fenouillet, Lespinasse, Saint-<br />
Jory, Saint-Caprais sont bâties sur <strong>de</strong> légers affleurements. Ces <strong>de</strong>rnières décennies, ces<br />
villages ont vu leur croissance contrainte par les risques d’inondations : Fenouillet avec plus<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux-tiers <strong>de</strong> son territoire communal classés en zone inondable en est un exemple.<br />
Cette limitation <strong>de</strong> construction s’établit dans le PPRI sur les courbes <strong>de</strong> niveaux autour <strong>de</strong> la<br />
notion <strong>de</strong> PHEC (Plus Hautes Eaux Connues) <strong>de</strong>ssinant <strong>de</strong>s limites d’urbanisation en tresse,<br />
rappelant à gran<strong>de</strong> échelle la dynamique <strong>du</strong> fleuve. Dans le rythme <strong>de</strong>s méandres, cadrés par<br />
les réseaux <strong>de</strong> transport, apparaissent <strong>de</strong>s topographies <strong>de</strong> bas relief qui mettent hors crue <strong>de</strong>s<br />
terrains où s’implantent et grandissent quelques villages. Ce rythme crée <strong>de</strong>s séquences<br />
formant ce que nous appelons pour l’ensemble une ville en archipels.<br />
La forme archipélique peut être une posture i<strong>de</strong>ntitaire face à la globalisation et à la ville<br />
générique <strong>de</strong> l’étalement uniforme, à l’oeuvre <strong>de</strong>puis plusieurs décennies. Il ne s’agit pas d’un<br />
hommage à la cité platonicienne, à sa forme ron<strong>de</strong> ou à sa démographie limitée mais plutôt en<br />
reprenant l’idée d’Edouard Glissant, <strong>de</strong> l’intégration d’une poétique <strong>de</strong> créolisation<br />
archipélique selon d’inscription <strong>de</strong> la cité dans la réalité écologique d’un lieu face à la ville<br />
générique <strong>de</strong> l’étalement uniforme, à l’oeuvre <strong>de</strong>puis plusieurs décennies. L’universel est la<br />
somme <strong>de</strong> situations locales différenciées.<br />
Plusieurs propositions d’aménagement <strong>du</strong> territoire sont émises. Sur les plateaux hors d’eau<br />
où se sont installés les villages, nous testons une intensification <strong>du</strong> bâti. Un réseau <strong>de</strong> chemins<br />
ramène vers les espaces <strong>du</strong> centre pris dans le croisement entre l’histoire <strong>de</strong>s lieux et les<br />
nouveaux usages.<br />
c
À la limite <strong>de</strong>s villages sur <strong>de</strong>s plateaux intermédiaires, à l’instar <strong>de</strong> la composition <strong>de</strong>s<br />
anciennes basti<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s éco-cités d’aujourd’hui, on trouve <strong>de</strong>s jardins familiaux, <strong>de</strong>s jardins<br />
partagés et <strong>du</strong> maraîchage <strong>de</strong> petite échelle qui forment les limites épaisses <strong>de</strong> ces villages.<br />
Plus loin, dans l’entre-<strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s villes, lieu <strong>de</strong>s champs d’expansion <strong>de</strong>s crues exceptionnelles,<br />
prend place une agriculture raisonnée, <strong>du</strong>rable et un maraîchage <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> échelle profitant<br />
<strong>de</strong>s terres alluvionnaires. Un système <strong>de</strong> canaux réglé par <strong>de</strong>s vannes et <strong>de</strong>s norias met en lien<br />
les lacs <strong>de</strong>s anciennes gravières reconverties. Sur les rives <strong>de</strong> certaines gravières prend place<br />
un habitat peu <strong>de</strong>nse perché sur pilotis au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s PHEC. D’autres gravières sont laissées<br />
sauvages comme réservoir d’eau accueillant <strong>de</strong>s écosystèmes spécifiques et servant à la<br />
fourniture en eau potable, à une phyto-épuration <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> échelle <strong>du</strong> type <strong>de</strong> la trilogie «<br />
roseaux-lagunes-bambous » adaptée aux essences locales. Le système capillaire permet ainsi<br />
une meilleure gestion <strong>de</strong>s crues mais aussi <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> sécheresse que les climatologues<br />
prédisent.<br />
Des parcs <strong>de</strong> loisirs, <strong>de</strong> différentes échelles, <strong>de</strong> différents thèmes, connectés, accueillent la<br />
population <strong>de</strong> la métropole : baigna<strong>de</strong>s, plages <strong>de</strong> récréation, , pêche, chasse, canoë, équitation<br />
et autres. Les activités qui existent déjà sur le lit majeur <strong>du</strong> fleuve, pourraient d’ailleurs dès<br />
aujourd’hui faire passer ce territoire pour un centre <strong>de</strong> loisir <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> échelle. Au plus près<br />
<strong>du</strong> lit mineur, dans l’épaisseur <strong>de</strong>s ripisylves, s’établit la continuité écologique. L’arsenal<br />
réglementaire <strong>de</strong>s Zones naturelles d’intérêt écologique faunistique et floristique (ZNIEFF)<br />
est prolongé pour la mise en place d’un « bio-corridor » qui, s’appuyant sur le réseau<br />
hydrographique, met en lien la forêt <strong>de</strong> Bouconne avec les coteaux qui <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> Quercy.<br />
Enfin, plusieurs continuités longitudinale et transversale ont été établies. La piste cyclable <strong>du</strong><br />
bord <strong>du</strong> canal <strong>du</strong> midi déroule sur <strong>de</strong>s kilomètres un cheminement qui permet <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> la<br />
ville dans une ambiance <strong>de</strong> nature. Plusieurs chemins <strong>de</strong> Garonne ont été testés avec <strong>de</strong>s<br />
parcours passant au plus près <strong>du</strong> fleuve, ou d’autres d’ambiances diverses, passant par les<br />
villages, les fermes <strong>de</strong> maraîchage, les lagunes <strong>de</strong>s gravières. Ce lien sur quarante kilomètres<br />
<strong>de</strong> territoire, accessible en <strong>de</strong> nombreux points, rend concrète la continuité <strong>du</strong> fleuve et la<br />
conscience d’un territoire plus vaste. Ainsi, dans le lit majeur <strong>du</strong> fleuve, nous prévoyons la<br />
naissance d’une nouvelle forme urbaine, archipélique ou en lanière, où s’inventerait un lien<br />
ville campagne <strong>de</strong> proximité.<br />
ci
28. La ville dans ses jardins, l’urbain en bord <strong>de</strong> route.<br />
ENSA Grenoble.<br />
Responsable scientifique : Grégoire Chelkoff, Magali Paris.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
Exploration à gran<strong>de</strong> échelle à partir <strong>de</strong>s jardins partagés <strong>de</strong> l'agglomération grenobloise (38)<br />
biodiversité, sociabilité, ambiances, paysage urbain, abords <strong>de</strong>s infrastructures <strong>de</strong> transport<br />
terrestre, gouvernance.<br />
Cette recherche propose d’explorer le rôle urbain (écologique, social, spatial) <strong>de</strong>s jardins<br />
partagés situés à proximité ou sous l’influence d’infrastructures <strong>de</strong> transport qui traversent<br />
l‘agglomération grenobloise. Confrontant la petite échelle <strong>du</strong> jardin partagé lié à l’habitation<br />
et la gran<strong>de</strong> échelle <strong>de</strong>s infrastructures, on cherche à mieux connaître les pratiques <strong>de</strong> nature<br />
que les différents dispositifs mettent en jeu et questionnent (parcs et jardins publics,<br />
campagne, agriculture urbaine, etc.) sur <strong>de</strong>s territoires qu'ils configurent en partie (logements<br />
sociaux, anciens sites in<strong>du</strong>striels, abords d'infrastructures <strong>de</strong> transports terrestres, etc.). Ces<br />
situations, hybri<strong>de</strong>s et contrastées, sont génératrices <strong>de</strong> “chocs d’ambiance” caractéristiques<br />
<strong>de</strong> l’urbanisation contemporaine. Elles sont à investir pour déceler <strong>de</strong> nouvelles potentialités<br />
<strong>de</strong> reconquête ou <strong>de</strong> développement. La juxtaposition <strong>de</strong> parties “naturelles” (bord <strong>de</strong> rivières,<br />
forêts, jardins) dont la dimension écologique est problématique, d’habitations indivi<strong>du</strong>elles ou<br />
collectives, d’activités commerciales et in<strong>du</strong>strielles, d’infrastructures (routières ou<br />
ferroviaires) engendrent <strong>de</strong> tels chocs ou confrontations qui se tra<strong>du</strong>isent dans le paysage<br />
visuel, phonique et dans les pratiques d’appropriation <strong>de</strong>s lieux.<br />
L’approche pluridisciplinaire <strong>de</strong> cette recherche interroge les effets <strong>de</strong> ces dispositifs sur la<br />
biodiversité en ville, la constitution <strong>de</strong>s ambiances urbaines liées aux pratiques sociales en <strong>de</strong>s<br />
lieux réputés difficiles, mais aussi la gouvernance <strong>de</strong> territoires complexes.<br />
Il s’agit d’explorer les métho<strong>de</strong>s spécifiques à mettre en œuvre à travers un dialogue entre les<br />
différents acteurs impliqués (habitants, bailleurs sociaux, services municipaux, experts,<br />
concepteurs). Cette recherche a ainsi pour objectif d’explorer <strong>de</strong>s leviers, <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s d'actions,<br />
<strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong> développement urbain adéquats à une cohabitation optimisée <strong>du</strong> vivant avec<br />
son environnement en les croisant aux qualités d’ambiance vécues sur <strong>de</strong>s territoires <strong>de</strong> plus<br />
en plus contrastés.<br />
A partir d'un recensement ex-situ (données bibliographiques et entretiens réalisés avec <strong>de</strong>s<br />
acteurs clefs) et in situ <strong>de</strong>s jardins partagés grenoblois, d'une expérience pédagogique visant à<br />
caractériser les ambiances et les mutations potentielles <strong>de</strong>s terrains étudiés, il s'agit <strong>de</strong> définir<br />
dans un premier temps <strong>de</strong>s situations urbaines "types" mettant en jeu les jardins partagés.<br />
Dans un second temps, ces situations urbaines "types" seront examinées in situ en couplant<br />
<strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s d'observations et d'analyse empruntées aux sciences <strong>de</strong> l'homme, à<br />
l'architecture, à l'urbanisme et au paysage et aux sciences <strong>de</strong> la nature.<br />
Dans une optique opératoire, en vue <strong>de</strong> diffuser les enseignements <strong>de</strong> cette recherche, une<br />
carte <strong>de</strong>s potentialités <strong>du</strong> territoire grenoblois et un gui<strong>de</strong> méthodologique (qui dépasse la<br />
situation locale) synthétiseront, par situations urbaines "types", les leviers, mo<strong>de</strong>s d'action et<br />
stratégies à l'origine <strong>de</strong>s jardins partagés grenoblois et <strong>de</strong>s transformations territoriales qu'ils<br />
génèrent. Ce gui<strong>de</strong> sera remis aux déci<strong>de</strong>urs et gestionnaires <strong>de</strong>s jardins partagés et à <strong>de</strong>s<br />
acteurs clefs (en matière d'urbanisme et d'écologie) <strong>de</strong> l'agglomération grenobloise.<br />
cii
29. Habiter le campus : l’atmosphère <strong>de</strong> la multitu<strong>de</strong>.<br />
ENSA Lyon.<br />
Responsable scientifique : Olivier Balay.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
Cette recherche envisage les différents aspects <strong>de</strong> la mutation d’un site à partir <strong>de</strong>s espaces <strong>de</strong><br />
vie <strong>de</strong> l’étudiant. La réhabilitation <strong>du</strong> lieu y est envisagée dans sa définition la plus littéraire :<br />
rétablir l’estime entre un sol donné, ses occupants et ses aménageurs.<br />
Comment ? En pensant le recommencement <strong>du</strong> territoire à partir <strong>de</strong> la connaissance <strong>de</strong>s<br />
qualités naturelles <strong>de</strong> son sol et <strong>de</strong> ses ressources végétales, d’une part et d’autre part <strong>de</strong> la<br />
connaissance <strong>de</strong>s usages et <strong>de</strong>s ambiances pro<strong>du</strong>ites. Pourquoi ? Parce qu’on pense que le sol,<br />
avec sa végétation, forme une “atmosphère” pour réassembler le social, étudiants et citadins,<br />
apparentes associations hétérogènes. Bruno Latour, dans Changer <strong>de</strong> société, refaire <strong>de</strong> la<br />
sociologie indique très clairement que “le social ne peut être saisi que par les traces qu’il<br />
laisse (au cours d’épreuves) lorsqu’une nouvelle association se crée entre <strong>de</strong>s éléments qui ne<br />
sont aucunement [sociaux] par eux-mêmes”. Le réchauffement climatique est déjà une<br />
épreuve aujourd’hui, dans une ville dont la température a augmenté <strong>de</strong> 1,8°C entre 1995 et<br />
2005. Entre les étudiants et la population villeurbannaise nous partirons donc à la recherche<br />
<strong>de</strong> possibles associations (d’un “flui<strong>de</strong> en circulation” comme l’écrivait Tar<strong>de</strong>) sur le sol et<br />
son végétal, associations qu’il faudrait peut-être suivre pour l’aménagement futur, et que nous<br />
appellerons <strong>de</strong>s “ambiances qui font un collectif”. Quelles en sont les traces, aujourd’hui,<br />
pour <strong>de</strong>main ? (Et comme ces “associations” n’existent certainement pas seulement à<br />
Villeurbanne, on les cherchera aussi ailleurs, en se posant la question <strong>de</strong> rendre possible leur<br />
insertion sur le territoire étudié.)<br />
L’ambiance <strong>de</strong> la ville avec ses étudiants a une dimension historique. On connaît<br />
l’extraordinaire développement <strong>de</strong> l’enseignement dans Paris. Le centre en fut d’abord l’île <strong>de</strong><br />
la cité. Puis à l’étroit, maîtres et étudiants passèrent sur la rive gauche, où d’innombrables<br />
écoles en arrivèrent à former une ville dans la ville. L’université accapara, au XIIIe et XIVe<br />
siècle, à peu près tout le Paris <strong>de</strong> la rive gauche. Marcel Poëte l’a décrit dans Une vie <strong>de</strong> cité.<br />
Paris <strong>de</strong> sa naissance à nos jours. Pourrait-il en advenir <strong>de</strong> même entre La Doua et<br />
Villeurbanne Nord : un franchissement <strong>du</strong> boulevard Einstein ?<br />
Les hypothèses, qui intéressent autant les trois équipes <strong>de</strong> recherche que les mo<strong>de</strong>s<br />
pédagogiques souhaités avec nos étudiants <strong>de</strong> M2 (ENSAL, INSA, ENTPE), sont les<br />
suivantes :<br />
- Prendre le territoire comme une atmosphère <strong>de</strong> la multitu<strong>de</strong>, un volume d’air en commun,<br />
partageable et partagé entre une culture urbaine locale et une culture urbaine étudiante, où<br />
l’accès à la lumière naturelle, au soleil, à un environnement sonore naturel (qui correspond à<br />
ce qui est donné à voir, qui est cohérent avec l’espace dans lequel on évolue) ainsi que l’accès<br />
à l’ombre, à l’air non pollué, à la ventilation naturelle et l’accès au végétal sont à la base <strong>de</strong> la<br />
connaissance et <strong>de</strong> la transformation <strong>du</strong> sol commun <strong>du</strong> territoire en question.<br />
- Dire que la société urbaine vers laquelle nous allons vivra <strong>de</strong> plus en plus à l’extérieur,<br />
<strong>de</strong>hors. Le contexte économique poussera à un coût <strong>de</strong> construction <strong>de</strong> l’habitat qui sera<br />
modique. D’où l’idée d’un territoire où l’espace public se parcourt à pied ; où la surface<br />
habitable ne sera plus seulement intérieure ; où l’architecture, légère, ayant peu <strong>de</strong> surface<br />
fermée, construite avec <strong>de</strong>s matériaux économiques et <strong>du</strong>rables, donnera sur <strong>de</strong>s espaces<br />
extérieurs ayant une gran<strong>de</strong> capacité d'usage et d'appropriation ; où l’inertie et la ventilation<br />
naturelle seront particulièrement recherchées ; où <strong>de</strong>s organisations culturelles inhabituelles<br />
(<strong>de</strong>s proxémies) auront place.<br />
ciii
Méthodologie.<br />
Nous nous donnons quatre objectifs méthodologiques pour conforter nos hypothèses.<br />
1/ Faire appel à la mémoire.<br />
Les chercheurs (pendant l’été), les étudiants (après les vacances d’été), mais aussi quelques<br />
grands connaisseurs <strong>du</strong> territoire étudié, expérimentent indivi<strong>du</strong>ellement un certain nombre <strong>de</strong><br />
positions jugées intéressantes (réputation <strong>de</strong>s situations) <strong>du</strong> point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s objectifs <strong>de</strong> la<br />
recherche.<br />
Elles seront recensées lors d’une réunion <strong>de</strong> synthèse. Chacun ira à la recherche <strong>de</strong>s<br />
configurations topo végétales, locales ou extra locales (au croisement <strong>de</strong>s configurations<br />
spatiales, sensibles et sociales), les plus remarquables pour accueillir <strong>de</strong>s ambiances<br />
extérieures appropriables et confortables à proximité <strong>du</strong> logement. Atten<strong>du</strong>e : la sélection<br />
d’une dizaine <strong>de</strong> terrains représentatifs <strong>de</strong> configurations topo végétales intéressant la ville<br />
<strong>de</strong>nse <strong>de</strong> <strong>de</strong>main et leur <strong>de</strong>scription.<br />
2/ Faire appel à l’analyse environnementale, à la <strong>de</strong>scription sensible, à la métrologie et à la<br />
simulation <strong>de</strong>s conditions environnementales :<br />
Sur l’ensemble <strong>du</strong> territoire étudié et <strong>de</strong>s dix terrains envisagés, les métho<strong>de</strong>s utilisées pour<br />
les diagnostics seront <strong>de</strong> trois types, celles utilisées par le CRESSON (accès à un<br />
environnement sonore <strong>de</strong> qualité, <strong>de</strong>scription sensible <strong>du</strong> territoire…), le LASH (accès à la<br />
lumière naturelle, au soleil), EDU (étu<strong>de</strong> <strong>du</strong> déplacement à pied sur le terrain étudié, son sol<br />
et son accompagnement végétal), et enfin celles <strong>du</strong> département AA_DD (analyse<br />
environnementale <strong>de</strong>s sites, analyse éco-reponsable <strong>de</strong>s contextes urbains…). La métrologie<br />
sera convoquée pour <strong>de</strong>s mesures d’ambiances et <strong>de</strong>s simulations. Les mesures serviront <strong>de</strong><br />
données d’entrée et <strong>de</strong> validation <strong>de</strong>s simulations. Celles-ci permettront <strong>de</strong> comparer les<br />
différents facteurs physiques <strong>de</strong>s ambiances étudiées avec les points <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s utilisateurs.<br />
3/ Faire appel à la perception :<br />
Mise en route d’une enquête sur la réalité et l’avenir <strong>de</strong> la perception sensible <strong>du</strong> végétal, <strong>de</strong><br />
l’architecture et <strong>de</strong> la société sur le territoire en question. On utilisera pour ce faire la<br />
technique <strong>de</strong> l’enquête sur supports (graphiques, photographiques, sonores, révélant l’existant<br />
et le futur) : comment les citadins locaux (et les étudiants) construisent-ils une vie <strong>de</strong>hors,<br />
avec le sol et le végétal, dans l’espace public et dans l’espace privé ? Quel imaginaire les<br />
citadins ont-ils <strong>de</strong> la vie avec les étudiants, et réciproquement ? Atten<strong>du</strong>s : premièrement,<br />
décrire le vécu <strong>de</strong>s configurations topo végétales remarquables pour l’accueil qu’elles<br />
réservent aux cultures habitantes, y compris les facteurs physiques <strong>de</strong>s ambiances<br />
relativement à la lumière, l’ensoleillement, la chaleur, le vent, le son, l’ombre, etc.<br />
Deuxièmement, anticiper le vécu sensible <strong>de</strong>s cultures étudiantes et locales pour <strong>de</strong>main,<br />
selon les configurations spatiales, sociales et végétales proposées sur les dix terrains<br />
concernés (utilisation <strong>de</strong>s supports avant/après).<br />
4/ Faire appel à l’interprétation.<br />
En visant le projet d’aménagement, on tentera une interprétation pluridisciplinaire à la fois<br />
narrative et schématique <strong>de</strong>s configurations étudiées ; on désignera quelques concepts ou<br />
notions opératoires capables <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r un aménagement <strong>du</strong> territoire <strong>de</strong> <strong>de</strong>main, où la vie sera<br />
<strong>de</strong> plus en plus à l’extérieur. On testera <strong>de</strong>s hypothèses d’aménagement avec les étudiants.<br />
civ
30. Retour <strong>de</strong>s villes ? Mobilités / Déspatialités : l’hypothèse « North Western European<br />
Megalopolis ».<br />
ENSA Paris Malaquais.<br />
Responsable scientifique : Patrice Noviant.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
La recherche prend acte <strong>du</strong> distinguo méthodologique intro<strong>du</strong>it par Henri Lefebvre entre la<br />
ville et l’urbain. Elle questionne un nouvel état <strong>de</strong> cette <strong>du</strong>alité, que l’on pourrait considérer<br />
comme post-urbain. Ainsi, l’établissement humain connecté retrouverait la question <strong>de</strong> la<br />
ville : notre hypothèse est que pourraient être observés <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> villes comme <strong>de</strong> figures<br />
locales d’i<strong>de</strong>ntification.<br />
Objectif : engager une pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> recherche interdisciplinaire organisée sur les nouveaux<br />
établissements humains, ces « villes en réalité » dont la continuité s’établit en connexions<br />
récurrentes, au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s discontinuités <strong>de</strong> l’espace physique <strong>de</strong> l’archipel urbain…<br />
Le projet reconnaît ici le contexte fondamental <strong>de</strong>s mobilités, voire, <strong>de</strong> ce que l’on appelle<br />
hypermobilité pour les établissements humains, mais <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’en confronter les effets<br />
spatiaux dans un contexte qui est notamment celui <strong>de</strong>s économies post-carbone et <strong>de</strong>s retours<br />
que leurs nouvelles exigences politiques in<strong>du</strong>isent sur ces objets essentiels <strong>de</strong>s lieux, <strong>de</strong>s sols,<br />
<strong>de</strong>s matières.<br />
On cherche, selon plusieurs échelles ou mo<strong>de</strong>s, une personnalité contemporaine <strong>de</strong> ville,<br />
bassins <strong>de</strong> vie, métropoles, mégalopolis, là même où ce que l’on observe d’abord, c’est que la<br />
ville, selon ses co<strong>de</strong>s traditionnels, n’existe plus en globalité. La question initiale est simple :<br />
comment décrire et comprendre une situation territoriale caractérisée par <strong>de</strong>s pratiques<br />
généralisées à l’ensemble <strong>du</strong> territoire, par <strong>de</strong>s usages dont l’horizon est universel ?<br />
Méthodologie appliquée.<br />
Un dispositif partenaire d’enseignement à horizon international<br />
Le travail <strong>de</strong> recherche est engagé dans une collaboration critique avec <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong><br />
plusieurs institutions européennes d’enseignement. Ensemble, celles-ci proposent une forme<br />
<strong>de</strong> pannel territorial avec trois studios <strong>de</strong> projet territorial stratégique d’écoles d’architecture,<br />
l’un situé au coeur <strong>de</strong> la question locale <strong>de</strong> la NWEM (Gent), l’autre (Hamburg) à l’extérieur<br />
<strong>de</strong> cette figure hypothétique, Paris représentant l’échelon fort (avec Londres et la Rhénanie)<br />
qui ferait accé<strong>de</strong>r cette figure urbaine au rang <strong>de</strong> mégalopolis… selon la définition initiale <strong>de</strong><br />
Jean Gottmann.<br />
Un protocole conjoint <strong>de</strong> recherche met en situation <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>ctions distinctes et<br />
comparables, les soumettant aux restitutions critiques d’un groupe <strong>de</strong> recherche distinct <strong>de</strong><br />
l’encadrement pédagogique.<br />
Un séminaire partagé <strong>de</strong> problématisation<br />
Ce séminaire interdisciplinaire a pour objectif <strong>de</strong> faire varier les hypothèses fondatrices <strong>de</strong><br />
cette recherche (mobilités, déspatialisation, villes en réalité…), et d’orienter les critères<br />
d’évaluations <strong>de</strong>s résultats pro<strong>du</strong>its. Le rapport <strong>de</strong> synthèse intégrera la pro<strong>du</strong>ction d’un<br />
inventaire comparatif ouvert <strong>de</strong> situations spatiales localisées <strong>de</strong> désespaces et effets <strong>de</strong><br />
dyspatialité… Et l’engagement dans ce contexte renouvelé <strong>de</strong>s questions contemporaines <strong>de</strong><br />
l’architecture et <strong>de</strong> l’urbanisme : approche <strong>de</strong>s questions d‘échelles posées entre les<br />
procé<strong>du</strong>res et processus autonomes par lesquels s’installe l’opérationnalité contemporaine,<br />
opérations d’espaces publics (projet urbain), urbanisme réglementaire, réseaux, couloirs<br />
écologiques…<br />
cv
31. Un territoire <strong>du</strong>rable et un habitat <strong>de</strong> qualité à consommation zéro dans les zones à<br />
risque sismique.<br />
Université <strong>de</strong> Rome La Sapienza. Dipartimento CAVEA.<br />
Responsable scientifique : Nicoletta Trasi.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
La problématique générale abordée par la recherche prend en considération l’habitat<br />
polycentrique et intercommunal pour les territoires à risque sismique. On considère<br />
l’hypothèse d’un modèle d’habitat qui développe l’habitat préexistant en le transformant en<br />
un système à réseau organisé à travers l’intégration et la corrélation <strong>de</strong> différents réseaux : le<br />
réseau <strong>de</strong>s habitats au sens strict (c'est-à-dire les centres et les petites fractions), le réseau <strong>de</strong>s<br />
services et <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction (in<strong>du</strong>strielle et artisanale), le réseau <strong>de</strong>s infrastructures <strong>de</strong><br />
communication (l'accessibilité, la mobilité <strong>de</strong>s personnes et <strong>de</strong>s marchandises, le transport<br />
public), les réseaux technologiques (plates-formes logistiques, <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> collecte et les<br />
voies d'évacuation pour les risques sismiques), le réseau environnemental (ressources<br />
naturelles, les corridors écologiques, le réseau hydro-géologique, les zones agricoles, terrains<br />
vagues et pas encore construits).<br />
La sur-apposition et la corrélation <strong>de</strong>s réseaux feront émerger la grille ordinatrice <strong>du</strong> master<br />
plan général qui gui<strong>de</strong>ra la consolidation et l'élargissement <strong>de</strong>s centres mineurs et la sélection<br />
<strong>de</strong>s intersections les plus importantes pour les nouvelles aires centrales (espaces publics, les<br />
universités, les plates-formes logistiques, centres civiques). Notre équipe prendra en examen<br />
<strong>de</strong>ux noeuds <strong>de</strong> polarité : Poggio Picenze et Cese <strong>de</strong> Preturo.<br />
A côté <strong>de</strong>s noeuds <strong>de</strong> polarité, une attention particulière sera accordée à l’analyse <strong>de</strong>s zones<br />
comprises entre les réseaux, afin <strong>de</strong> vérifier les possibilités d'utilisation et le potentiel <strong>de</strong><br />
transformation. Le modèle proposé, d’une part, en reconstruisant l’habitat existant<br />
endommagé par le tremblement <strong>de</strong> terre, vise à renforcer les petites villes, pour éviter leur<br />
abandon. D'autre part, le modèle prévoit l'expansion <strong>du</strong> tissu urbain avec <strong>de</strong>s interventions<br />
pour la construction <strong>de</strong> nouvelles “formes” d’habitat intermédiaire entre la dimension<br />
collective et la dimension indivi<strong>du</strong>elle. Ces nouvelles formes d'habitat sont conçues selon <strong>de</strong>s<br />
règles morphologiques et typologiques compatibles avec la structure urbaine existante et<br />
l'environnement. L’attention au contexte et à la morphologie <strong>du</strong> territoire permet la croissance<br />
organique <strong>de</strong>s centres et l'expérimentation d’innovations typologiques dans la relation entre<br />
logement, tissu urbain et espaces publics <strong>de</strong> quartier.<br />
La problématique particulière : l'apparat théorique que la recherche vise à pro<strong>du</strong>ire, porte sur<br />
<strong>de</strong>ux aspects : d'une part une théorie qui i<strong>de</strong>ntifie <strong>de</strong> nouvelles modalités <strong>de</strong> transformation <strong>de</strong><br />
l'espace à l’échelle territoriale, intercommunale, notamment dans les territoires à risque<br />
sismique <strong>de</strong> L’Aquila, et d'autre part, à une échelle architecturale, i<strong>de</strong>ntifie <strong>de</strong> nouvelles<br />
formes expérimentales <strong>de</strong> logement "intermédiaire" entre la dimension indivi<strong>du</strong>elle et la<br />
dimension collective, c’est à dire entre la typologie <strong>de</strong> grands ensembles et la typologie <strong>de</strong><br />
maisons indivi<strong>du</strong>elles, qui soit capable <strong>de</strong> répondre <strong>de</strong> manière innovante à <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong><br />
catastrophes naturelles.<br />
La problématique <strong>de</strong> réflexion et d’investigation : dans ce but, la recherche pro<strong>du</strong>ira <strong>de</strong> vrais<br />
“Lignes Gui<strong>de</strong>” (qui seront proposées tant dans l’activité didactique que dans l’activité<br />
professionnelle) pour les projets d'un nouvel habitat (structure urbaine minime) qui sera<br />
<strong>du</strong>rable pour trois aspects :<br />
- <strong>du</strong>rabilité sociologique : par sa taille "intermédiaire" parce que l'échelle urbaine créera <strong>de</strong>s<br />
nouvelles relations sociales entre les personnes, et <strong>de</strong>s nouvelles mixités fonctionnelles.<br />
- Durabilité énergétique : par l'utilisation <strong>de</strong> sources d'énergie renouvelables qui amènera à<br />
<strong>de</strong>s logements à consommation zéro.<br />
cvi
- Durabilité sismique-territorial : par le nouveau modèle expérimental <strong>de</strong> formes d’habitat<br />
mises en place, et capables <strong>de</strong> résister à <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong> risque.<br />
Méthodologie.<br />
La démarche interdisciplinaire <strong>de</strong> l’équipe <strong>de</strong> recherche prévoit une intégration <strong>de</strong> différentes<br />
compétences disciplinaires et <strong>de</strong>s différentes pratiques professionnelles. La sélection <strong>de</strong>s<br />
membres <strong>de</strong> l'équipe a été faite en vertu <strong>de</strong>s compétences différentes les unes avec les autres,<br />
essentiellement sur trois thèmes :<br />
a) Compétences urbanistiques et territoriales, socio-économiques (les urbanistes, les<br />
architectes, les paysagistes, les analystes <strong>de</strong> la région et les experts en GIS),<br />
b) Compétences sur l’architecture <strong>du</strong>rable (ingénieurs, architectes experts en architecture<br />
bioclimatique, en projet d’habitat, et technologie <strong>de</strong> l’architecture),<br />
c) Compétences dans l'ingénierie géotechnique et sismique (ingénieurs, géologues…),<br />
d) Compétences sociologiques et anthropologiques (sociologues, anthropologues…).<br />
Ces connaissances scientifiques seront intégrées avec la structure professionnelle privée<br />
(agence TStudio), qui interviendra dans la phase suivante à l'analyse effectuée par les<br />
membres <strong>de</strong> “a”, pour arriver à la rédaction d'un projet architectural et urbain sur la base <strong>de</strong>s<br />
“Lignes Gui<strong>de</strong>” prévenantes <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième phase réalisée par les membres <strong>du</strong> groupe “b” et<br />
“d”. La première phase concerne la Gran<strong>de</strong> Échelle territoriale et prévoit l’analyse <strong>du</strong><br />
territoire <strong>de</strong> l’Aquila et la définition <strong>du</strong> périmètre d’intervention ; À l’intérieur <strong>de</strong> cette zone il<br />
y aura une hiérarchie <strong>de</strong> noeuds <strong>de</strong> polarité. Cette phase <strong>de</strong> G.E. concerne soit les choix<br />
urbanistiques (système <strong>de</strong> différents réseaux) soit les choix <strong>de</strong> zones “conteneurs” <strong>de</strong> sources<br />
d’énergie renouvelable (réseaux <strong>de</strong> la <strong>du</strong>rabilité) La <strong>de</strong>uxième phase concerne l’échelle <strong>de</strong><br />
l’Habitat intermédiaire (structure urbaine minime) qui sera appliquée pour agrandir les<br />
villages existants et donc s’élargir dans les aires intercommunales. Par ailleurs on interviendra<br />
aussi pour améliorer les interventions déjà en partie mises en place par le gouvernement<br />
actuel.<br />
Le rapport <strong>de</strong> recherche comprendra donc <strong>de</strong>ux phases et il sera composé <strong>de</strong> parties écrites et<br />
<strong>de</strong> parties graphiques : un petit manuel qui pourra être utilisé dans tous les cas où le projet<br />
urbain doit intervenir dans <strong>de</strong>s zones vulnérables. D’ailleurs la vulnérabilité investit une<br />
bonne partie <strong>de</strong> notre planète. Le but est <strong>de</strong> montrer que la reconstruction dans ces cas doit<br />
être bien étudiée en terme <strong>de</strong> qualité et <strong>de</strong> <strong>du</strong>rabilité.<br />
Résumé.<br />
Après <strong>de</strong> telles catastrophes comme celle qui a frappé le territoire <strong>de</strong> L’Aquila, on doit<br />
comprendre comment faire face à la reconstruction et à la façon <strong>de</strong> gérer la régénération<br />
sociale et économique <strong>de</strong> la ville et <strong>du</strong> territoire. La recherche a eu cet objectif en visant à une<br />
« <strong>du</strong>rabilité globale » <strong>de</strong> l’intervention, en pointant sur l’idée que la reconstruction peut<br />
<strong>de</strong>venir l’occasion d’une réelle <strong>du</strong>rabilité sociale, économique, sismique et bioclimatique. La<br />
vulnérabilité <strong>de</strong>s villes telles que L’Aquila et beaucoup d’autres villes dans le mon<strong>de</strong> touchées<br />
par <strong>de</strong>s catastrophes <strong>de</strong> toutes sortes nécessite une profon<strong>de</strong> réflexion sur « comment faire »<br />
face à ces défis que la nature nous présente avec une fréquence croissante.<br />
Cette recherche a examiné l’habitat polycentrique et interterritorial <strong>du</strong> territoire <strong>de</strong> L’Aquila<br />
et a considéré l’hypothèse d’un modèle d’habitat qui puisse développer la structure<br />
préexistante, en la transformant en un système <strong>de</strong> réseau organisé par l’intégration et la<br />
corrélation <strong>de</strong>s différents réseaux : le réseau <strong>de</strong>s habitats au sens strict (c'est-à-dire les petites<br />
villes et villages), le réseau <strong>de</strong>s services et <strong>de</strong>s zones <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction (in<strong>du</strong>strielle et artisanale),<br />
le réseau <strong>de</strong>s infrastructures <strong>de</strong> communication (l'accessibilité, la mobilité <strong>de</strong>s personnes et<br />
<strong>de</strong>s marchandises, le transport public), les réseaux technologiques (plates-formes logistiques,<br />
<strong>de</strong>s points <strong>de</strong> collecte et les voies d'évacuation pour les risques sismiques), le réseau<br />
cvii
environnemental (ressources naturelles, les corridors écologiques, le réseau hydro-géologique,<br />
les zones agricoles, terrains vagues et pas encore construits).<br />
La superposition et la corrélation <strong>de</strong>s réseaux a con<strong>du</strong>it à un plan directeur général qui vise à<br />
consoli<strong>de</strong>r et à étendre les petites villes, et qui i<strong>de</strong>ntifie dans les intersections les plus<br />
importantes, les nouvelles centralités (espaces publics, universités, plateformes logistiques,<br />
centres civiques).<br />
Ainsi <strong>de</strong> nouveaux nœuds d’intersection comme polarités, mais aussi une attention<br />
particulière accordée à l’analyse <strong>de</strong>s zones entre les réseaux, pour assurer ses utilisations<br />
potentielles et les possibilités <strong>de</strong> transformation. Le modèle proposé d’une part, renforce la<br />
structure <strong>de</strong>s habitats préexistant, et vise donc à renforcer les petites villes, ce qui en empêche<br />
l’abandon après le séisme.<br />
La recherche a donc connu un dialogue constant entre les disciplines concernées (géosciences,<br />
<strong>de</strong> l’ingénierie environnementale et structurelle, <strong>de</strong> l’urbanisme, économie, sciences<br />
humaines, aménagement paysager, restauration).<br />
Enfin, je tiens à souligner que l’issue <strong>du</strong> processus <strong>de</strong> planification ne peut être que formelle<br />
et affecte profondément la morphologie <strong>du</strong> territoire, le paysage <strong>de</strong>s centres urbains.<br />
Le résultat final ne vient pas <strong>de</strong> la somme <strong>de</strong>s multiples contributions dans le domaine, mais<br />
<strong>de</strong> l’interprétation <strong>de</strong>s réalités physiques, <strong>de</strong>s sites économiques et réglementaires.<br />
A cette fin, la recherche a pro<strong>du</strong>it quelques lignes directrices qui peuvent être utilisées pour<br />
<strong>de</strong>s projets d’un nouvel habitat (la structure minimale urbaine) qui sera <strong>du</strong>rable <strong>de</strong> trois<br />
façons :<br />
- <strong>du</strong>rabilité sociologique : par sa dimension "intermédiaire" car à l'échelle urbaine <strong>de</strong><br />
nouvelles relations sociales entre les habitants et <strong>de</strong> nouvelles mixités fonctionnelles se<br />
créent.<br />
- Durabilité énergétique : par l'utilisation <strong>de</strong> sources d'énergie renouvelables qui amènera les<br />
logements à un niveau <strong>de</strong> consommation proche <strong>de</strong> zéro.<br />
- Durabilité sismique-territoriale : par le nouveau modèle <strong>de</strong> formes d’habitat expérimental<br />
mises en oeuvre, en mesure <strong>de</strong> résister à <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong> risque.<br />
cviii
32. Le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> l’espace public comme recherche <strong>de</strong> lien entre ville et habitat :<br />
l’exemple <strong>de</strong> l’agglomération franco-valdo-genevoise.<br />
Université catholique <strong>de</strong> Louvain. Unité d’urbanisme et <strong>de</strong> développement territorial.<br />
Responsable scientifique : Michèle Tranda-Pittion.<br />
Objet <strong>de</strong> la proposition.<br />
L’agglomération franco-valdo-genevoise présente un contexte transfrontalier spécifique dans<br />
lequel la question <strong>de</strong> la construction <strong>de</strong> la ville est particulièrement complexe : les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />
faire et les implicites culturels <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs sont dissymétriques, alors que le bassin <strong>de</strong> vie<br />
<strong>de</strong>s habitants l’est nettement moins. Or les enjeux qualitatifs et fonctionnels <strong>de</strong><br />
l’agglomération transfrontalière <strong>de</strong> <strong>de</strong>main nécessitent le dépassement <strong>de</strong> ce handicap relatif.<br />
La présente proposition entend approfondir un point important i<strong>de</strong>ntifié lors <strong>de</strong> la recherche<br />
précé<strong>de</strong>nte sur les processus <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction d’une ville et d’un habitat <strong>de</strong> qualité à travers les<br />
frontières : le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> l’espace public comme recherche <strong>de</strong> lien entre ville et habitat.<br />
La démarche <strong>du</strong> Projet d’agglomération en est en effet au sta<strong>de</strong> où elle a organisé la<br />
pro<strong>du</strong>ction – par <strong>de</strong> nombreuses équipes d’urbanisme connues et moins connues – d’un grand<br />
nombre <strong>de</strong> propositions <strong>de</strong> projets urbains et territoriaux le long <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong> ses axes <strong>de</strong><br />
développement. Et la question va se poser à court terme <strong>de</strong> la manière <strong>de</strong> les utiliser à double<br />
échelle : à celle <strong>du</strong> retour à l’ensemble <strong>de</strong> l’agglomération par un “recollement” qui <strong>de</strong>vrait<br />
être plus qu’une simple juxtaposition, et à celle <strong>de</strong>s quartiers dans les indications qu’ils<br />
peuvent fournir aux projets qui vont permettre la réalisation <strong>de</strong> nouveaux “morceaux <strong>de</strong> ville”.<br />
Dans ce contexte, le “<strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> l’espace public” comme lien entre le logement et les<br />
centralités urbaines et métropolitaines – ou entre habitat et ville – a été i<strong>de</strong>ntifié localement<br />
par les acteurs <strong>de</strong> l’agglomération comme l’un <strong>de</strong>s thèmes fondamentaux <strong>de</strong>s réflexions à<br />
con<strong>du</strong>ire.<br />
En outre, l’histoire locale <strong>de</strong>s “tracés régulateurs”– qu’ils aient ou non donné lieu à <strong>de</strong>s<br />
réalisations – a laissé <strong>de</strong>s empreintes marquantes dans la culture urbaine genevoise.<br />
Aujourd’hui, le Projet d’agglomération consiste en une tache urbaine précisant quelques<br />
vocations prioritaires, en développement cohérent avec le système <strong>de</strong>s transports, le tout étant<br />
inséré dans un paysage <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> valeur. Mais ce niveau <strong>de</strong> précision ne dit pas encore<br />
véritablement <strong>de</strong> quelle ville il s’agit : elle sera en gran<strong>de</strong> partie en extension sur la zone<br />
agricole, si possible <strong>de</strong>nse et mixte. Mais sera-t-elle “passante” cherchant à trouver les formes<br />
d’une urbanité <strong>du</strong> XXIe siècle, ou alvéolaire, faite <strong>de</strong> juxtapositions d’opérations conçues<br />
indépendamment les unes <strong>de</strong>s autres ?<br />
L’objectif <strong>de</strong> la présente proposition <strong>de</strong> recherche est ainsi <strong>de</strong> fournir au programme AGE et<br />
au Projet d’agglomération une lecture théorique <strong>de</strong> l’espace public dans sa capacité à articuler<br />
les différentes échelles <strong>de</strong> l’agglomération : <strong>de</strong> prolongement extérieur direct (végétal ou<br />
minéral) <strong>du</strong> logement à “tracé régulateur” version XXIe siècle à l’échelle <strong>de</strong>s axes <strong>du</strong><br />
développement <strong>de</strong> l’urbanisation ou <strong>de</strong> l’agglomération.<br />
Méthodologie.<br />
Le matériau <strong>de</strong> base <strong>de</strong> la recherche sera constitué par la pro<strong>du</strong>ction projectuelle <strong>de</strong>s 5 x 3<br />
équipes engagées actuellement dans les projets urbains et territoriaux à l’échelle <strong>de</strong>s<br />
Périmètres d’aménagement coordonné d’agglomération (PACAs). Cette série <strong>de</strong> plans à<br />
différentes échelles (<strong>du</strong> plan d’ensemble au 1/25'000 au zoom <strong>de</strong> vérification au 1’000) et <strong>de</strong><br />
schémas (ou idéogrammes) sera complétée par les discours oraux <strong>de</strong> présentation, ainsi que<br />
les réactions <strong>de</strong>s élus locaux, <strong>de</strong>s membres professionnels <strong>de</strong>s Collèges chargés <strong>du</strong> pilotage<br />
<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> la société civile. Les étudiants <strong>de</strong> Louvain viendront procé<strong>de</strong>r à un repérage<br />
<strong>de</strong>s perceptions spatiales dans un échantillon d’espaces publics, sur la base d’une grille<br />
d’analyse élaborée initialement et contribueront ainsi à leur propre formation, comme à<br />
cix
l’établissement d’un langage commun aux différentes étapes <strong>de</strong> la recherche et d’une<br />
confrontation entre conception initiale et perceptions <strong>de</strong> la réalisation.<br />
Le retour à l’Architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle viendra in fine documenter la question initiale<br />
<strong>de</strong> l’imbrication <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux échelles – celle <strong>de</strong> la proximité et celle <strong>de</strong> la métropole – et le<br />
postulat <strong>du</strong> <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> l’espace public fait <strong>de</strong> l’imbrication <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux géométries – l’alvéolaire<br />
(<strong>de</strong> proximité) et la réticulaire (<strong>de</strong> mise en relation). Dans le prolongement, l’équipe espère <strong>de</strong><br />
cette recherche qu’elle puisse contribuer au débat sur l’importance <strong>de</strong> la perception en<br />
urbanisme, ou – en d’autres termes – <strong>de</strong> l’urbanisme sensible.<br />
Résumé.<br />
Cette étu<strong>de</strong> cherchait à comprendre pourquoi la question <strong>de</strong>s relations entre ville, nature et<br />
paysage est si présente dans l’ensemble <strong>du</strong> corpus étudié, à savoir 15 cas d’étu<strong>de</strong> passés au<br />
travers d’une grille d’analyse construite à partir <strong>du</strong> corpus lui-même, et qui permet <strong>de</strong> décliner<br />
les métho<strong>de</strong>s et objet utilisés dans la démarche projectuelle. Deux hypothèses étaient<br />
formulées : soit la campagne est entrée dans la ville, soit au contraire la ville a éclaté dans la<br />
campagne et l’a déstructurée.<br />
La méthodologie utilisée permet au bout <strong>du</strong> compte d’établir <strong>de</strong>s liens entre typologies<br />
d’espaces publics et récits urbanistiques.<br />
Plusieurs résultats peuvent être distingués. C’est tout d’abord le rôle <strong>de</strong> l’espace public, à<br />
l’articulation entre habiter et métropole dans le projet <strong>de</strong> territoire, qui est d’autant plus<br />
difficile à cerner que la définition même d’espace public dans le corpus est multiple, voir<br />
confuse, et que le projet le concernant est parfois inexistant. Ensuite, les relations entre texte<br />
et images analysées dans le corpus montrent que le texte peut être autant support <strong>de</strong> projet que<br />
le <strong>de</strong>ssin, soit prendre le pas sur le <strong>de</strong>ssin pour illustrer le projet ou qu’au contraire plus<br />
traditionnellement le <strong>de</strong>ssin peut être prioritaire. Par ailleurs, on note l’importance <strong>de</strong> la<br />
rhétorique à travers notamment une utilisation très fréquente <strong>de</strong> vocables liés à la nature, à<br />
l’agriculture et au paysage et <strong>du</strong> fait que les <strong>de</strong>ssins soient aussi très verts, quoique cette<br />
couleur ne représente pas toujours <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> nature.<br />
Il y a dans le corpus un relatif équilibre dans l’utilisation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux figures <strong>du</strong> réseau et <strong>de</strong> la<br />
surface comme bases <strong>de</strong> l’écriture <strong>du</strong> projet. Mais si certaines équipes privilégient clairement<br />
l’une ou l’autre, d’autres les conjuguent suivant les échelles. Ces combinaisons font naître une<br />
troisième figure qui est celle <strong>de</strong> l’archipel ou plutôt <strong>de</strong> la grappe <strong>de</strong> raisins. D’une façon<br />
générale, si on peut dé<strong>du</strong>ire différentes typologies d’espaces publics à l’échelle <strong>de</strong> l’habitat à<br />
partir <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins, ils sont à peu près absents <strong>de</strong>s discours qui insistent beaucoup plus sur les<br />
typologies et programmes <strong>de</strong>s grands espaces métropolitains.<br />
Enfin, le contexte <strong>de</strong>s tensions entre agriculteurs et rurbains, partiellement à l’origine <strong>de</strong> ces<br />
projets, et bien enten<strong>du</strong> la physionomie <strong>du</strong> territoire majoritairement agricole, instituent la<br />
question <strong>de</strong> la relation ville-campagne comme un passage obligé pour toutes les équipes.<br />
C’est là qu’il faut trouver l’origine principale <strong>de</strong>s innombrables arguments en faveur <strong>de</strong> la<br />
protection <strong>de</strong> l’agriculture et <strong>de</strong> la campagne, <strong>de</strong> la limitation <strong>de</strong> la ville, <strong>de</strong> son articulation<br />
avec ce qui l’entoure etc. Les projets veulent rendre à la ville une image et une cohésion<br />
spatiale qu’elle a per<strong>du</strong>es. Un leitmotiv est donc d’instaurer <strong>de</strong>s continuités paysagères. A<br />
l’échelle <strong>de</strong> la métropole, on travaille donc avec le grand paysage (registre <strong>du</strong> sublime) à<br />
protéger, et à l’échelle <strong>de</strong>s quartiers avec le paysage ordinaire, en général campagnard ou <strong>de</strong><br />
transition (y compris friches et interstices urbains), avec lequel la ville échange et dialogue.<br />
Rappelons que si on parle beaucoup <strong>de</strong> paysage, la ville est rarement reconnue comme une <strong>de</strong><br />
ses typologies, à moins qu’elle ne soit très irriguée <strong>de</strong> nature (typologie pavillonnaire). Deux<br />
tendances s’esquissent en aval <strong>de</strong> cette volonté <strong>de</strong> dialogue et <strong>de</strong> sensibilisation à la<br />
campagne. Pour les uns, elle se tra<strong>du</strong>it spatialement par une imbrication et une<br />
interpénétration : c’est le patchwork ou la mosaïque, pour lequel la campagne <strong>de</strong>vient<br />
cx
ésolument une composante urbaine (une ville composée <strong>de</strong> quartiers agricoles et <strong>de</strong> quartiers<br />
habités). Grâce aux nouvelles activités qui s’y développent, la barrière entre ville et campagne<br />
s’estompe même dans les comportements (projetés). Pour d’autres, cette irrigation <strong>de</strong> la<br />
nature dans la ville (donc inverser la tendance actuelle), n’a pas comme objectif la qualité <strong>de</strong><br />
vie ou l’affirmation <strong>de</strong> la ville diffuse comme projet, mais bien la naturalisation <strong>de</strong> la ville,<br />
voir le blocage <strong>de</strong> sa croissance. On empaysage (Debarbieux, 2005) alors la ville pour qu’elle<br />
ne dérange pas une nature personnalisée.<br />
cxi
REPERES BIBLIOGRAPHIQUES<br />
L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle. Programme interdisciplinaire <strong>de</strong> recherche Session 3 -<br />
2008, session 4- 2009. Bilan <strong>de</strong> l'appel à propositions <strong>de</strong> recherche, 66 p.<br />
L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle. Programme interdisciplinaire <strong>de</strong> recherche Session 1 -<br />
2006, session 2- 2007. Bilan <strong>de</strong> l'appel à propositions <strong>de</strong> recherche, 57 p.<br />
cxii
<strong>ANNEXE</strong> : LISTE DES EQUIPES ET DES LABORATOIRES DU PROGRAMME INTERDISCIPLINAIRE<br />
DE RECHERCHE « L’ARCHITECTURE DE LA GRANDE ECHELLE ».<br />
Session 2006<br />
La ville sans limites. Problématique d’un établissement humain sans limites.<br />
ENSA Paris-Malaquais<br />
Laboratoire Architecture Culture Sociétés<br />
Responsable scientifique : Patrice Noviant<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Laurent Davezies, Anne Laffanour, Laurent Machet<br />
Cologne-Grenoble. Processus <strong>de</strong> constitution <strong>de</strong>s figures urbaines dans les espaces <strong>de</strong> la<br />
mobilité quotidienne.<br />
ENSA Grenoble<br />
Laboratoire CRESSON<br />
Responsable scientifique : Steven Melemis<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Jean-Paul Thibaud, Rainer Kazig, Rachel Thomas, Damien Masson,<br />
Naïm Aït Sidoum, Thomas Sieverts<br />
Architectures comparées France-Chine. Paradoxes : une démarche <strong>de</strong> projet pour une<br />
ville <strong>du</strong>rable. Vers une opération pilote à Shanghai.<br />
ENSA <strong>de</strong> Paris-Belleville<br />
Institut Parisien <strong>de</strong> Recherche : Architecture Urbanistique Société<br />
Responsable scientifique : Pierre Clément<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Clément-Noël Douady, Bruno Fayolle-Lussac, Nathalie Lancret,<br />
Berna<strong>de</strong>tte Laurencin, Pierre Lefevre, Wijane Noree, Liu Ke, Wang Yu, Yang Xuan, Yu Yi<br />
Fan, Xiong Jian, Zhou Jian, Tang Zilai, Peng Zhenwei, Chen Ling, Li Jingsheng, Lu Zhibo.<br />
Habiter les berges. Réflexion sur les outils <strong>du</strong> projet à gran<strong>de</strong> échelle.<br />
Association pour le développement <strong>de</strong>s recherches auprès <strong>de</strong>s universités <strong>de</strong> l’académie<br />
grenobloise, Institut d’Urbanisme <strong>de</strong> Grenoble<br />
Laboratoire Territoires / UMR PACTE<br />
Responsable scientifique : Gilles Novarina, Natacha Seigneuret<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Paulette Duarte, Jean-Michel Roux<br />
Jeux d’échelle dans l’urbanisme. Un éclairage sur la fabrique ordinaire <strong>de</strong>s territoires<br />
émergents.<br />
ENSA <strong>de</strong> Nantes<br />
Laboratoire LAUA<br />
Responsable scientifique : Marc Dumont<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : François Andrieux, Pierrick Beillevaire, Célia Dèbre, Laurent<br />
Devisme, Patrick Guitton, Elise Roy<br />
Un grand territoire à <strong>de</strong>nsifier. Opportunités et enjeux <strong>de</strong> la ville nouvelle <strong>de</strong> Marne-la-<br />
Vallée dans la métropole parisienne.<br />
ENSA <strong>de</strong> la ville et <strong>de</strong>s territoires <strong>de</strong> Marne-la-Vallée<br />
Responsable scientifique : Luc Baboulet<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Alexandre Bouton, François Leclercq, Yves Lion, Guillemette Morel<br />
Journel, Soline Nivet<br />
cxiii
Projets pour habiter les territoires. Expérimenter et évaluer.<br />
ENSA <strong>de</strong> paysage <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux<br />
Profession Architecture Ville et Environnement<br />
Responsable scientifique : Claire Parin<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Olivier Brochet, John Bro<strong>de</strong>ur, Carlos Gotlieb, Stéphane Hirscberger,<br />
Daniel Mandouze, Catherine Semidor, Caroline Lot, Laetitia Tutard<br />
L’architecture <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> échelle. Vers les simulations complexes.<br />
Renk+Partners / Host<br />
Laboratoire ThéMA Université <strong>de</strong> Franche-Comté<br />
Responsable scientifique : Alain Renk.<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Jacques Arca<strong>de</strong>, Gaël Smagghe, Guillaume Favreau, François<br />
Thiebaud, Marion Aubin, Matthieu Helie, Eloïse Macpherson, Cécile Tannier, Pierre<br />
Frankhauser, Jean-Philippe Antoni, Gilles Vui<strong>de</strong>l<br />
Session 2007<br />
Vers une architecture <strong>de</strong>s milieux. Expérimentations projectuelles et pédagogiques <strong>de</strong> la<br />
« ville-nature ».<br />
ENSA <strong>de</strong> Clermont-Ferrand<br />
Laboratoire GERPHAU<br />
Responsable scientifique : Chris Younès<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Frédéric Bonnet, David Marcillon, Antonella Tufano-Vionnet, Rosa <strong>de</strong><br />
Marco, Concetta Fallanca, Natalina Carra<br />
Pro<strong>du</strong>ire une ville et un habitat <strong>de</strong> qualité à travers les frontières: l’exemple <strong>de</strong><br />
l’agglomération franco-valdo-genevoise.<br />
Université catholique <strong>de</strong> Louvain. Unité d’urbanisme et <strong>de</strong> développement territorial<br />
Ecole Polytechnique Fédérale <strong>de</strong> Lausanne<br />
Responsable scientifique : Michèle Tranda-Pittion<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Guillaume Dekkil, Pierre Fed<strong>de</strong>rsen, Bruno Marchand<br />
Trames agricoles, trames urbaines : plan et projets <strong>de</strong>s territoires <strong>de</strong> la ville-métropole<br />
<strong>de</strong> Guangzhou-Nansha, le <strong>de</strong>lta <strong>de</strong> la rivière <strong>de</strong>s perles (Canton –HongKong, Chine).<br />
ENSA <strong>de</strong> Paris la Villette<br />
Laboratoire Architecture / Anthropologie<br />
Responsables scientifiques : Liang Zhang, Jean Attali.<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Olivier Boucheron, Alain Guez, Laurent Joubert, Ron Kenley, Philippe<br />
Panerai<br />
Ingénierie <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> territoire et con<strong>du</strong>ite d’opérations d’habitat dans une région<br />
urbaine à forte valeur patrimoniale, le Val <strong>de</strong> Loire.<br />
Université <strong>de</strong> Tours François Rabelais<br />
UMR CITERES<br />
Responsable scientifique : Christophe Demazière<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Jean-Paul Carrière, Frédérique Hernan<strong>de</strong>z, José Serrano, Chani<br />
Stroobant, Serge Thibault, Laura Ver<strong>de</strong>lli<br />
Inventer les futurs <strong>de</strong> la métropole lilloise : échelles, modèles et scénario. Une métropole<br />
transfrontalière en projet(s).<br />
cxiv
ENSA <strong>de</strong> paysage <strong>de</strong> Lille<br />
Laboratoire d’architecture, conception, territoire, histoire<br />
Responsable scientifique : Philippe Louguet<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Séverine Bridoux, Denis Delbaere, Emmanuel Doutriaux, Bénédicte<br />
Grosjean, Maryvonne Prévot, Florence Wierre<br />
Rennes / Saint-Malo : « l’effet <strong>de</strong> contexte linéaire » à gran<strong>de</strong> échelle ? Entre réalité et<br />
fiction : une mise à l’épreuve <strong>de</strong>s logiques d’axe.<br />
Université Rennes II<br />
Laboratoire RESO<br />
Responsable scientifique : Remy Allain<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Thérèse Delavault-Lecoq, Marc Dumont, Emmanuelle Renaud-Hellier,<br />
Jean-François Revert, André Sauvage, Serge Wachter<br />
Règle d’urbanisme et diversité typologique <strong>de</strong> l’habitat.<br />
ENSA <strong>de</strong> Grenoble<br />
Responsable scientifique : Yves Sauvage<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Patrick Chedal-Anglay, Charles Ambrosino, Gilles Novarina, Marcus<br />
Zepf, Rolof Verhage<br />
La métropole en projet. Le <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> la Plaine Saint-Denis dans le Grand Paris<br />
d’aujourd’hui.<br />
ENSA <strong>de</strong> Paris Malaquais<br />
Laboratoire ACS<br />
Responsable scientifique : Cristiana Mazzoni<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Valérie Lebois, Albert Levy, Anne Molinier<br />
Session 2008<br />
Grands ensembles, urbanité et politiques <strong>de</strong> la ville dans le Rhin supérieur : Strasbourg-<br />
Hautepierre et Hei<strong>de</strong>lberg-Emmertsgrund.<br />
ENSA <strong>de</strong> Strasbourg<br />
Equipe Architecture Morphogénèse Urbaine et Projet<br />
Responsable scientifique : Volker Ziegler<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Caroline Birghoffer, Marguerite Bobey, Christian Dehaynin, Frédéric<br />
Luckel, Barbara Morovich, Dominik Neidlinger, Bernard Pagand, Laurent Reynes<br />
Échelles <strong>de</strong>s dynamiques.<br />
ENSA <strong>de</strong> Clermont-Ferrand<br />
Responsable scientifique : Alain Charre<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Olivier Agid, Audrey Carrara, Alain Fayard, Paul-Jacques <strong>de</strong> Gallard,<br />
Julien Giusti, Christian Morin, Dominique Troisville<br />
Lyon / Saint-Etienne : hétérogénéités d’échelles dans le projet <strong>de</strong> territoire.<br />
ENSA <strong>de</strong> Saint-Etienne<br />
Responsables scientifiques : Marie-Paule Halgand, Alena Kubova.<br />
La ville par strates. Le projet urbain en coupe.<br />
ENSA <strong>de</strong> Versailles<br />
LADRHAUS et Laboratoire Cultures constructives<br />
cxv
Responsables scientifiques : Arnoldo Rivkin, Rémy Rouyer<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Gad Benarroch, Maud Godard, Anne Lacaton, Sébastien Rinckel,<br />
Jean-Philippe Vassal<br />
Maisons indivi<strong>du</strong>elles et éparpillement urbain : vers un « French sprawl » ?<br />
ENSA <strong>de</strong> paysage <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux<br />
Groupe d’Etu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la Ville Régulière<br />
Responsable scientifique : Thierry Jeanmonod<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Chantal Callais, Pascal Legué, Aleth Picard<br />
Aéroports_Airspaces.<br />
ENSA <strong>de</strong> Toulouse<br />
Responsables scientifiques : Daniel Estevez, Andrea Urlberger<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Ingrid Krau, Nathalie Roseau, Uli Seher, Gérard Tiné<br />
Ecologies urbaines.<br />
ESA Paris<br />
Responsable scientifique : Paolo Cascone<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Chris Younès, André di Stephano<br />
L’architecture <strong>de</strong> la mobilité comme fabrique <strong>de</strong> la ville, <strong>du</strong> paysage et <strong>du</strong> territoire :<br />
une stratégie intégrative <strong>de</strong> projet.<br />
ENSA <strong>de</strong> Marseille<br />
Responsable scientifique : Stéphane Hanrot<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : René Borruey, Bernard Barillero, Alexandre Chapuis, Aurélie Cristini,<br />
Bruno Dineur, Pierre Guillaume Mazzolini, Isabelle Rault, Pascal Urbain<br />
Session 2009<br />
Mégastructure, grille et ville linéaire : trois figures <strong>de</strong> l’habiter en périphérie.<br />
Association pour le développement <strong>de</strong>s recherches auprès <strong>de</strong>s universités <strong>de</strong> Grenoble (ADR).<br />
Institut d’Urbanisme <strong>de</strong> Grenoble<br />
UMR PACTE<br />
Responsables scientifiques : Gilles Novarina, Jean-Michel Roux.<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Charles Ambrosino, Natacha Seigneuret, Carine Bonnot, Paulette<br />
Duarte, Steven Melemis, Stéphane Sadoux<br />
La gran<strong>de</strong> échelle <strong>de</strong>s architectes et <strong>de</strong>s paysagistes : i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s interactions<br />
disciplinaires.<br />
ENSA <strong>de</strong> Paris-Malaquais – ENSA <strong>de</strong> Versailles<br />
Laboratoire Infrastructure Architecture Territoire<br />
Responsable scientifique : Corinne Jacquand<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Jean-Yves Chapuis, Catherine Grout, Philippe Nys, Isabelle Estienne<br />
Toulouse, territoires Garonne. Nouveaux mo<strong>de</strong>s d’habiter.<br />
ENSA <strong>de</strong> Toulouse<br />
Responsable scientifique : Rémi Papillault<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Enrico Chapel, Anne Péré, Francesco Ricci, Fabrice Escaffre, Luc<br />
Adolphe, Michel Barrué<br />
cxvi
La ville dans ses jardins, l’urbain en bord <strong>de</strong> route.<br />
ENSA <strong>de</strong> Grenoble<br />
Laboratoire CRESSON<br />
Responsables scientifiques : Grégoire Chelkoff, Magali Paris<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Ricardo Atienza, Catherine Aventin, Jean-Luc Bardyn, Sandra Fiori<br />
Habiter le campus : l’atmosphère <strong>de</strong> la multitu<strong>de</strong>.<br />
ENSA <strong>de</strong> Lyon<br />
Responsable scientifique : Olivier Balay<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Philippe Ma<strong>de</strong>c, Gilles Desèvedavy, Sandra Fiori, Marc Fontoynont,<br />
Cécile Regnault, Fronçois Torrecilla, Jean-Yves Toussaint, Sophie Vareilles, Florence<br />
Lipsky, Pascal Rollet<br />
Retour <strong>de</strong>s villes ? Mobilités / Déspatialités : l’hypothèse « North Western European<br />
Megalopolis ».<br />
ENSA Paris Malaquais<br />
Laboratoire ACS<br />
Responsable scientifique : Patrice Noviant<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Daniel Béhar, Laurent Davezies, Anne Laffanour, Jean-Loup Violeau<br />
Un territoire <strong>du</strong>rable et un habitat <strong>de</strong> qualité à consommation zéro dans les zones à<br />
risque sismique.<br />
Université <strong>de</strong> Rome La Sapienza. Dipartimento CAVEA<br />
Responsable scientifique : Nicoletta Trasi<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Marcelle Pazzagini, Rosario Pava, Valter Fabietti, Christiano Lepratti,<br />
Gianfrancesco Costantini, Fabrizio Mollaioli<br />
Le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> l’espace public comme recherche <strong>de</strong> lien entre ville et habitat : l’exemple <strong>de</strong><br />
l’agglomération franco-valdo-genevoise.<br />
Université catholique <strong>de</strong> Louvain. Unité d’urbanisme et <strong>de</strong> développement territorial<br />
Responsable scientifique : Michèle Tranda-Pittion<br />
Membres <strong>de</strong> l’équipe : Bernard Declève, Bruno Marchand<br />
cxvii
<strong>ANNEXE</strong> 4 : In<strong>de</strong>x <strong>de</strong>s recherches 2009 <strong>du</strong> PUCA par programme 2<br />
2 PUCA, (2010), Annuaire <strong>de</strong>s recherches et expérimentations 2009, pp. 206-213<br />
cxviii
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cxxiii
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