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SOMMAIRE<br />
Directeur de la publication : Michèle Fructus<br />
Rédacteur en chef : Frédéric Gauch<br />
Rédacteur : Jean Madeleine<br />
6<br />
DOSSIER<br />
NaviRes<br />
La Comex se mouille pour<br />
la science, l’industrie et la défense<br />
10<br />
INTERvIEW<br />
FReD GauCh<br />
Janus et Minibex,<br />
50 ans de savoir-faire<br />
dans 30 mètres de coque<br />
12<br />
vOyagE<br />
La suisse<br />
un grand bol d’oxygène<br />
hiver comme été<br />
4&14<br />
NEWS<br />
Photographies : Agence des Aires Marines Protégées, Comex, Bertrand Chemisky, Marc Delauze, Luc Vanrell, Michel<br />
Plutarque, Interlaken Tourismus, swiss-image.ch, Switzerland Tourism, Alexis Rosenfeld, Christian ROMBI - Conseil<br />
général 13, xdr.<br />
Ce magazine a été conçu et réalisé par MAYA press<br />
www.mayapress.net - Tél. : 0811 651 605
Quand les idées<br />
de la Comex font éCole<br />
A<br />
u milieu de l ‘été 2000, le Koursk, un sous-marin russe de 13 500 tonnes, sombrait en mer<br />
de Barents avec à son bord 118 hommes d’équipage. Une tragédie qui souleva à l ’époque de<br />
très nombreuses questions, bien au-delà des polémiques sur les circonstances du naufrage,<br />
la présence - ou non - de sous-marins de l ’US Navy dans les mêmes eaux ou la possibilité<br />
d’un tir de torpille volontaire ou accidentel comme explication à la perte d’un sous-marin<br />
nucléaire lanceur d’engins vieux d’à peine six ans. Dans la communauté internationale des sousmariniers,<br />
c’est en effet la question du sauvetage des 23 survivants qui a longtemps alimenté le débat<br />
sur l ‘affaire du Koursk. Combien de temps sont-ils restés en vie après la première explosion ? Pourquoi<br />
n’ont-ils pas tenté d’utiliser le caisson de secours qui devait leur permettre de sortir du submersible ?<br />
Pourquoi les sous-marins de rescue dépêchés sur place par la Marine Russe n’ont-ils rien pu faire pour<br />
secourir leurs camarades ? Autant d’interrogations auxquelles l ’enquête<br />
officielle n’apportera pas toutes les réponses. Mais des incertitudes qui<br />
conduiront les marines équipées de sous-marins à réévaluer leurs<br />
systèmes de sauvetage. Dix ans presque jour pour jour après le drame<br />
du Koursk, les marines nationales française, britannique et norvégienne<br />
ont ainsi testé avec succès le Nato Submarine Rescue System (NSRS), un<br />
engin développé depuis 2003 par la Direction Générale de l ’Armement<br />
(DGA) et ses homologues des deux autres pays partenaires - DE&S pour<br />
le Royaume-Uni, NDLO pour la Norvège -, sous les auspices de l ‘OTAN.<br />
La volonté de toutes les parties était en effet d’assurer l ’interopérabilité<br />
de tous les systèmes de secours disponibles ou à l ’étude dans le monde.<br />
Outre le NSRS européen, les Etats-Unis sont également en phase de<br />
développement pour leur propre système, SRDRS. Lors d’une série<br />
de tests conduits l ’été dernier en rade de Toulon, le NSRS a démontré<br />
une nouvelle fois qu’il était capable de porter secours à l ‘équipage d’un<br />
sous-marin posé sur le fond. C’est un submersible à propulsion classique<br />
de la Marine Royale Espagnole qui a servi de cobaye à cette opération<br />
Henri Germain DELAUZE<br />
en vraie grandeur. Une fois arrimé sur sa coque, le NSRS a démontré<br />
Président Directeur Général que l ’on pouvait extraire un équipage entier dans de bonnes conditions<br />
de sécurité et le ramener sain et sauf à la surface. Le premier essai de<br />
cette nature s’était déroulé en 2008 à Kristiansand, en Norvège, où trois sous-marins appartenant à la<br />
Norvège, aux Pays-Bas et à la Pologne avaient été secourus lors d’une opération réunissant 20 nations,<br />
dont les Etats-Unis et la Russie.<br />
Pour les ingénieurs de la Comex, ces procédures de rescue d’un sous-marin en plongée n’ont rien<br />
d’inédit. Toujours soucieux de la sécurité des plongeurs à l ‘époque où l ’offshore pétrolier recourait<br />
massivement aux caissons de saturation et aux engins submersibles habités, ils avaient imaginé un<br />
concept de sous-marin de secours qui connut une carrière commerciale intéressante après avoir séduit…<br />
la Marine Soviétique. Un quart de siècle plus tard, l ’accident du Koursk a ramené ces préoccupations<br />
sur le devant de la scène, dans un domaine où la Comex avait su être précurseur. Si le terrain défriché<br />
par l ’entreprise a permis aux ingénieurs français, britanniques et norvégiens d’avancer plus vite sur la<br />
voie du succès, les Comexiens d’hier et d’aujourd’hui en seront symboliquement récompensés.<br />
ÉDITO<br />
3
4<br />
NEWSNEWSNEWSNEWSNEWSNE<br />
Plongée<br />
DAns LEs cAnyons DE MéDitErrAnéE<br />
Pilotée par l’Agence des Aires Marines<br />
Protégées (AAMP), la campagne<br />
« têtes de canyons de Méditerranée »<br />
s’est déroulée entre l’automne 2008<br />
et l’été 2010. Il s’agit certainement<br />
de l’opération la plus ambitieuse<br />
jamais menée pour améliorer la<br />
connaissance des vallées sous-marines<br />
de la région : une centaine de<br />
scientifiques mobilisés, une centaine<br />
de jours de mer, une trentaine de<br />
têtes de canyons de Méditerranée<br />
française explorées...<br />
Proches des côtes mais encore largement<br />
méconnus, ces canyons entaillent le plateau continental méditerranéen, parfois<br />
sur plus de 50 km vers le large. On sait désormais avec certitude qu’ils jouent un<br />
rôle majeur dans le fonctionnement des écosystèmes marins, puisqu’ils abritent les<br />
nurseries, les zones de reproduction et les nourriceries de très nombreuses espèces<br />
indispensables à l’équilibre de la Méditerranée. Les opérations conduites entre 150<br />
et 700 m de profondeur à partir du Minibex et du Janus, les navires de recherches<br />
océanographiques de la Comex, ont permis de dresser un premier véritable état des<br />
lieux de ces vallées sous-marines et de recenser une multitude d’espèces animales<br />
et végétales, dont certaines considérées comme patrimoniales, à l’image des coraux<br />
blancs découverts dans l’obscurité des abysses (photo ci-dessus). Le travail in situ a été<br />
rendu possible par la mise en œuvre du Rémora 2000, le sous-marin biplace, conçu,<br />
construit et développé par la Comex et le ROV (pour remote operated vehicle) Super-<br />
Achille, un robot submersible sorti lui aussi des ateliers de la Comex. Ce travail, basé<br />
sur l’acquisition d’imageries scientifiques et de prélèvements, va maintenant alimenter<br />
la recherche dans des disciplines variées comme la biologie, la géologie, l’océanologie<br />
physique… Pour l’Agence des Aires Marines Protégées, les informations vont permettre<br />
d’identifier les principaux enjeux en terme de gestion du milieu marin. La campagne<br />
a déjà permis d’étayer certains projets de création d’Aires Marines Protégées, comme le<br />
futur parc naturel marin de la Côte Vermeille, dans les Pyrénées-Orientales et le futur<br />
parc national des Calanques, entre Marseille et Cassis. En partenariat avec Monaco et<br />
d’autres pays méditerranéens, l’Agence ambitionne de poursuivre cet état des lieux<br />
au-delà de la Méditerranée sous juridiction française. Rappelons que l’objectif de<br />
l’Etat défini lors du Grenelle de la Mer est de classer 20% du linéaire côtier en France<br />
métropolitaine et dans les territoires d’outre-mer en Aires Marines Protégées.<br />
archeomar, l’inventaire se poursuit<br />
Entamée il y a six ans, la mission<br />
Archeomar a couvert en 2010 les régions<br />
maritimes du Latium et de la Toscane.<br />
Douze jours de travail intensif le long du<br />
littoral et un peu plus au large ont permis<br />
d’inventorier cinq nouvelles épaves<br />
antiques profondes, dont deux chargées<br />
de dolias, ces énormes réservoirs en terre<br />
cuite qui permettaient de transporter des<br />
cargaisons liquides. L’une d’elles, repérée<br />
par 535 mètres de fond, est d’ailleurs<br />
l’épave à dolias la plus profonde découverte<br />
à ce jour.<br />
Conduit pour le compte du ministère de<br />
la Culture d’Italie, en étroite collaboration<br />
avec les archéologues italiens, ce<br />
vaste inventaire du patrimoine immergé<br />
dans les eaux territoriales transalpines<br />
sollicite de façon récurrente les navires<br />
de la Comex pour mener les investiga-<br />
RoV 3d,<br />
c’est lancé !<br />
Le projet ROV-3D a été validé fin<br />
juillet par le Fonds Unique Interministériel<br />
(FUI) et sera co-financé<br />
par le Fonds Européen d’aide aux<br />
Régions (FEDER), le fonds de soutien<br />
à la recherche et à l’innovation<br />
OSEO, ainsi que par les collectivités<br />
territoriales, la communauté<br />
urbaine Marseille-Provence-Métropole<br />
et le Conseil régional de<br />
Provence-Alpes-Côte d’Azur.<br />
ROV-3D est un projet de recherche<br />
et développement qui s’étalera sur<br />
trois ans à compter de janvier 2011.<br />
Il fait l’objet d’un partenariat technique<br />
et scientifique avec le Centre<br />
National de la Recherche Scientifique<br />
(CNRS) et la société SETP.<br />
L’objectif est de développer un outil<br />
intégré de reconstruction en images<br />
de sites sous-marins en 3 dimensions<br />
à très haute résolution, selon<br />
un procédé non intrusif pour le milieu.<br />
Les techniques employées seront<br />
basées sur des relevés optiques<br />
et acoustiques, afin de permettre la<br />
modélisation de structures complexes.<br />
Cet outil qui équipera à terme<br />
plongeurs ou engins robotisés, vise<br />
déjà de multiples applications dans<br />
la gestion du patrimoine culturel et<br />
naturel immergé. Ce programme fait<br />
suite aux développements conduits<br />
par la Comex dans le domaine de<br />
la photogrammétrie depuis plus de<br />
15 ans. Il pourra être utilisé dans des<br />
domaines aussi variés que la biologie<br />
marine, la métrologie de structures<br />
immergées, l’archéologie…<br />
tions sous-marines nécessaires. Depuis<br />
2004, le Minibex et le Janus, équipés de<br />
leurs moyens de prospection sonar, du<br />
robot téléopéré Super Achille et du sousmarin<br />
Rémora 2000, ont repéré plusieurs<br />
dizaines de sites qui vont permettre aux<br />
historiens et aux archéologues de mieux<br />
connaître et de mieux comprendre le rôle<br />
du trafic maritime dans le développement<br />
de la civilisation méditerranéenne.
LE PrincE ALbErt ii DE MonAco<br />
aux Commandes du réMorA 2000<br />
Soucieux de poursuivre l’œuvre entreprise dès le XIX e siècle par<br />
son aïeul, Albert I er , le prince Albert II de Monaco a participé à<br />
une plongée exploratoire le long d’une paroi rocheuse immergée au<br />
large de la principauté. Au côté d’Yvan « Popof » Tchernomordik,<br />
premier pilote du sous-marin biplace Rémora 2000, le souverain<br />
monégasque est resté en immersion près de 1h40 pour observer<br />
les très nombreuses espèces animales et végétales présentes sur les<br />
reliefs sous-marins, particulièrement tourmentés des eaux territoriales<br />
monégasques, atteignant la profondeur de - 230 m et pilotant<br />
lui-même l’engin pendant de longues minutes.<br />
Organisée par le musée océanographique de Monaco, en collaboration<br />
avec l’Agence des Aires Marines Protégées (AAMP), cette<br />
opération s’inscrit dans la cadre du programme « canyons de Méditerranée<br />
», destiné à parfaire les connaissances sur les espèces et les<br />
habitats naturels dans cet univers encore largement sous exploré. Les<br />
canyons et les vallées sous marines abritent en effet une biodiversité<br />
exceptionnelle et jouent un rôle fondamental dans le cycle de vie des<br />
nombreuses espèces qui s’y reproduisent, comme la langouste ou<br />
le merlu. L’un des objectifs de ce programme est d’ailleurs d’établir<br />
un atlas exhaustif de la faune et de la flore sous-marines au droit de<br />
la principauté, afin de disposer d’un état de référence pour le suivi<br />
ultérieur de l’état de santé de ces milieux. Un travail qui devrait<br />
également permettre de préciser l’impact des activités humaines en<br />
surface et sur le littoral dans cette zone à forte densité de population<br />
et d’évaluer plus précisément l’efficacité des mesures prises à terre<br />
pour limiter la pollution et préserver le milieu.<br />
Au cours de cette journée à bord du Minibex, l’un des deux<br />
navires de recherches océanographiques de la Comex, le prince<br />
Albert II était notamment accompagné de Robert Calcagno,<br />
directeur général de l’Institut Océanographique de Monaco,<br />
et d’Olivier Laroussine, directeur de l’Agence des Aires Marines<br />
Protégées. C’est Michèle Fructus, directrice générale de la<br />
Comex, qui les a accueillis à bord. Président d’honneur de l’Institut<br />
Océanographique de Monaco, le jeune souverain a redit sa<br />
volonté de prolonger le partenariat entre le Musée Océanographique<br />
et l’AAMP. « Il est nécessaire d’effectuer d’autres plongées<br />
pour bien étudier les fonds, les zones naturelles et les canyons »,<br />
a-t-il précisé à l’issue de son excursion sous-marine. Il est vrai<br />
que la création d’aires marines protégées, véritables sanctuaires<br />
de la biodiversité, figure parmi les ambitions prioritaires de<br />
la « Monaco Blue Initiative » initiée par le prince Albert II le<br />
31 mars dernier et portée par la Fondation Prince Albert II et<br />
l’Institut océanographique. A peine lancée, la « Monaco Blue<br />
Initiative » a déjà permis la création d’un groupe de réflexions<br />
et d’actions sur la biodiversité sous-marine et les grandes espèces<br />
marines, animé par 35 personnalités internationales.<br />
La Comex est particulièrement fière d’être associée à cette<br />
campagne scientifique de très haut niveau et d’avoir gagné la<br />
confiance du souverain monégasque, qui avait déjà eu l’occasion<br />
de plonger à bord du Rémora 2000 au printemps 2006,<br />
avec aux commandes Henri Germain Delauze, président fondateur<br />
de la Comex.<br />
5
DOSSIER NAVIRES<br />
LA COMEx SE MOuILLE pOuR<br />
la science, l’industrie et la défense<br />
avec Minibex, Janus ii et Microsurvex, la Comex possède la flotte océanographique<br />
privée la plus polyvalente et la mieux équipée pour intervenir entre 0 et 2500 mètres<br />
de profondeur. Tour d’horizon.
Le Minibex<br />
longueur : 30 mètres<br />
largeur : 7 mètres<br />
Tirant d’eau max : 2,5 mètres<br />
déplacement max : 125 tonnes<br />
Vitesse max : 10 noeuds<br />
Propulsion : 2 x 400 cv diesel MaN<br />
Positionnement dynamique : Type DPCX Comex<br />
equipements techniques : 1 sous-marin<br />
biplace autonome d’observation Rémora 2000<br />
(profondeur max 610 mètres), portique<br />
hydraulique basculant, grue latérale. 1 ROv<br />
(robot télé-opéré) super achille (profondeur<br />
max 900 mètres) avec bras manipulateur et<br />
caméras hD, sonar latéral Klein 3000, sondeur<br />
multifaisceaux Reson 8101, magnétomètre.<br />
autonomie : 3500 miles nautiques<br />
Capacité max : 21 passagers et membres<br />
d’équipage.
L<br />
a flotte océanographique de la Comex, c’est l’épine<br />
dorsale des activités maritimes de l’entreprise. Avec le<br />
Minibex, lancé en 1986, le Janus II, mis à l’eau en 2001,<br />
et le Microsurvex, opérationnel depuis 2002, la Comex<br />
dispose de la première flotte privée française capable<br />
d’intervenir sur une vaste palette de missions à caractère<br />
industriel, scientifique ou technique, entre 0 et 2500 m<br />
de profondeur selon les équipements mis en œuvre.<br />
Particulièrement maniables, ces navires ont fait la preuve<br />
d’une grande aptitude à la navigation côtière et hauturière au<br />
cours des multiples missions qu’ils ont effectuées. Toujours<br />
très appréciés pour la qualité et l’ergonomie de leur environnement<br />
de travail, ils offrent également un cadre confortable<br />
et convivial pour les équipes qui séjournent à bord en toutes<br />
saisons. L’atout majeur de la flotte océanographique de la<br />
Comex reste toutefois la qualité, la polyvalence et la complémentarité<br />
de ses équipements, qu’il s’agisse d’électronique<br />
embarquée, de moyens de transmission, de matériel de<br />
plongée ou d’engins submersibles.<br />
8<br />
DOSSIER NAVIRES<br />
Le MiNibeX<br />
Premier navire de la flotte océanographique de la Comex,<br />
le Minibex a déjà connu deux vies. Imaginé par l’architecte<br />
naval Michel Bigoin, qui a conçu les plans de forme,<br />
complétés par les calculs de structures et d’équipement<br />
réalisés par Jean-François Félicité et les aménagements par<br />
Bernard Jourdeneaud, ce bateau « tout alu » a été construit<br />
à La Seyne-sur-Mer par les chantiers De Rovere et mis à<br />
l’eau en 1986. Conçu à l’origine comme navire support du<br />
Le Janus ii<br />
longueur : 30 mètres<br />
largeur : 10 mètres<br />
Tirant d’eau max : 3,5 mètres<br />
déplacement max : 225 tonnes<br />
Vitesse max : 12 nœuds<br />
Propulsion : 2 x 550 cv diesel baudouin 6M26sR<br />
+ 2 propulseurs d’étrave hydrauliques de 50 cv<br />
chacun<br />
Positionnement dynamique : alstom aDP 11<br />
equipements techniques : 1 sous-marin biplace<br />
autonome d’observation Rémora 2000 (profondeur<br />
max 610 mètres), portique hydraulique basculant,<br />
grue latérale. 1 ROv (robot télé-opéré) de<br />
type Comex super achille (profondeur max<br />
1100 mètres) avec bras manipulateur articulé<br />
et caméras hD. 1 ROv apache (profondeur max<br />
2500 mètres), sonar latéral Klein 2000, sondeur<br />
multifaisceaux Reson 8101, magnétomètre.<br />
autonomie : 5000 miles nautiques<br />
Capacité max : 34 passagers et membres<br />
d’équipage<br />
sous-marin monoplace Rémora 1, il a été rallongé sept ans<br />
après sa mise en service, passant de 25 à 30 m de long.<br />
Cette « jumboïsation » était indispensable pour pouvoir<br />
accueillir le Rémora 2000, submersible autonome biplace<br />
lancé en 1993, dont la mise en œuvre nécessitait à la fois<br />
un pont arrière plus vaste et un portique basculant plus<br />
large et plus résistant pour les opérations de mise à l‘eau<br />
“ Ces navires ont fait la<br />
preuve d’une grande aptitude à la<br />
navigation côtière et hauturière<br />
”<br />
et de récupération. Inchangé dans ses structures depuis<br />
cette époque, le Minibex a néanmoins subi périodiquement<br />
une mise à niveau de ses équipements techniques, afin<br />
d’offrir aux clients de la Comex la meilleure disponibilité<br />
technologique possible à l’instant T. Comme le Janus II,<br />
il est équipé d’un système de positionnement dynamique<br />
spécialement développé pour lui par les ingénieurs de la<br />
Comex. Au cours de sa déjà longue carrière, le Minibex a<br />
acquis une solide réputation de plateforme de travail sûre et<br />
confortable, au fil de missions conduites en Méditerranée,<br />
dans l’Atlantique et dans l’Océan Indien, pour le compte<br />
d’entreprises et d’institutions françaises et internationales de<br />
renom. Il a ainsi participé à un grand nombre de tournages<br />
sous-marins pour des chaînes de télévision ou des sociétés
de production audiovisuelles ou cinématographiques, à des<br />
opérations de recherches archéologiques ou scientifiques,<br />
à des missions de récupération d’engins perdus en mer, à<br />
la maintenance d’équipements industriels immergés ou à<br />
la recherche d’épaves anciennes et modernes.<br />
Le JaNus ii<br />
Navire-amiral de la flotte Comex, le Janus II a été mis en<br />
chantier en 2000 chez Comex Marine Construction, qui<br />
possédait un savoir-faire incomparable dans la réalisation de<br />
navires en aluminium. Dessiné par le Cabinet André Mauric<br />
à Marseille, le Janus II est un catamaran qui offre à la fois<br />
une remarquable stabilité à la mer et une surface utile sensiblement<br />
plus importante que sur un monocoque, malgré<br />
une taille volontairement limitée à 30 m pour conserver<br />
la meilleure manoeuvrabilité possible, notamment à proximité<br />
immédiate du littoral ou de reliefs sous-marins à faible<br />
profondeur. Très léger, le Janus II affiche une consommation<br />
en carburant maîtrisée, donc une excellente autonomie pour<br />
des missions longue durée ou longue distance. Il est en<br />
outre équipé d’un système de positionnement dynamique<br />
qui agit comme une ancre virtuelle dès que le bateau est à<br />
l’arrêt sur son site de travail.<br />
Depuis sa mise en service, en 2001, ce navire s’est notamment<br />
illustré sur plusieurs missions de recherche et de surveillance<br />
pour le compte de grands opérateurs privés, de<br />
laboratoires ou d’institutions publiques aux quatre coins<br />
de la planète. Le navire a ainsi participé avec succès à la<br />
recherche des moteurs, pièces de carlingue et autres débris<br />
du Boeing 737 qui s’était abîmé en mer Rouge, en janvier<br />
2004 au large de Sharm-el-Sheikh (Egypte). Il participe<br />
également aux campagnes d’exploration des canyons profonds<br />
de Méditerranée, dans le cadre du recensement des<br />
habitats et des espèces sous-marins effectué par l’Agence<br />
des Aires Marines Protégées (AAMP) sur tout le littoral<br />
français, en métropole et outre-mer. Il affiche aussi à son<br />
palmarès plusieurs missions très spécifiques pour le compte<br />
de la Défense Nationale, parmi lesquelles l’assistance et le<br />
suivi des essais à la mer du sous-marin de type Scorpène<br />
que DCNS Cherbourg a livré en 2008 à la Marine Royale<br />
Malaysienne. Sans compter les multiples missions à caractère<br />
archéologique qu’il a effectuées, comme la recherche et le<br />
Le Microsurvex<br />
longueur : 7,40 m<br />
largeur : 2,68 m<br />
Propulsion : moteur diesel 150 cv<br />
Capacité carburant : 240 litres<br />
Charge maxi : 400 kg<br />
Jauge brute : 4,06 tonneaux<br />
equipements fixes : groupe électrogène 4 kW, radio vhF,<br />
sondeur, positionnement dynamique DGPs<br />
renflouement du Lightning P-38 d’Antoine de Saint-Exupéry,<br />
la découverte de plus d’une dizaine d’épaves romaines et<br />
étrusques en Méditerranée ou la mise en œuvre, aux côtés<br />
du Minibex, du projet Archeomar, qui consistait à établir<br />
une cartographie archéologique des côtes italiennes pour<br />
le Ministère de la Culture d’Italie.<br />
Le MiCROsuRveX<br />
Unité légère semi-rigide qui intervient depuis 2002 en<br />
complément du Minibex et du Janus, sur des missions<br />
nécessitant des relevés au sonar à balayage latéral ou multifaisceaux<br />
dans les zones côtières difficilement accessibles.<br />
Il peut être opéré à partir de l’un ou l’autre des navires<br />
océanographiques de la Comex, de façon autonome ou à<br />
partir de n’importe quel autre navire-support.<br />
depuis sa mise en service, en<br />
1994, le Rémora 2000 a permis à<br />
de nombreuses personnalités de<br />
découvrir les grandes profondeurs.<br />
outre son altesse sérénissime<br />
le Prince albert ii de Monaco,<br />
qui a eu deux fois l’occasion de<br />
plonger à son bord, le sous-marin<br />
biplace de la Comex a accueilli<br />
Jean-louis Borloo, le secrétaire<br />
d’etat auprès de la Ministre de<br />
iLs ont pLongé avec<br />
Le réMora 2000<br />
l’economie, des Finances et de<br />
l’industrie, chargé du Commerce<br />
extérieur et président du club de<br />
plongée de l’assemblée nationale,<br />
Pierre lellouche, l’ensemble des<br />
préfets maritimes de Méditerranée,<br />
Jacques Rougerie, gérard<br />
depardieu, Patrick Poivre-d’arvor,<br />
nicolas Hulot, Michel Chevalet,<br />
georges Pernoud…<br />
9
10<br />
DOSSIER NAVIRES interview<br />
Directeur des opérations<br />
marines de la Comex,<br />
Fred Gauch connait<br />
sur le bout des doigts<br />
chacun des navires de<br />
l’entreprise.<br />
FRED GAuCh<br />
Janus et Minibex,<br />
50 ans de savoir-faire dans 30 mètres de coque<br />
La comex possède deux navires océanographiques, le<br />
Minibex et le Janus. Que pouvez-vous nous dire sur leur<br />
histoire ?<br />
Ils sont nés de la volonté de notre président, Henri Germain<br />
Delauze, de rester dans le domaine de l’exploration sous-marine<br />
après la vente de notre filiale pétrolière. Leur histoire, c’est aussi<br />
50 ans de technologie et de savoir-faire concentrés dans 30 m<br />
de coque en aluminium. Ces deux navires, on les a construits<br />
autour de nos outils, de nos engins sous-marins, de nous... et<br />
pas le contraire. Et quand il faut les modifier pour s’adapter, pas<br />
d’hésitation. Un exemple : pour passer du Rémora 1, qui était un<br />
sous-marin monoplace, au Rémora 2000, on a découpé le Minibex<br />
en deux et on l’a rallongé de 5 mètres. Ce bateau a aujourd’hui 25<br />
ans, tandis que le Janus fête ses 10 ans. C’est rare que des bateaux<br />
de travail soient conçus, construits et opérés par les mêmes personnes.<br />
C’est le cas de nos deux navires et de tous les équipements<br />
qui sont embarqués. C’est pour ça que ça marche !<br />
Pour quels types de missions le Minibex est-il particulièrement<br />
performant ?<br />
Avec son DP motorisé par des turbines à eau, c’est-à-dire sans hélice<br />
en mouvement, on peut se permettre d’envoyer tout le matériel<br />
qu’on veut sans risquer de se prendre dans les hélices. Même<br />
pour la plongée, c’est beaucoup plus simple avec le Minibex : on<br />
peut se mettre à l’eau depuis le bord sans risque et même faire<br />
ses paliers de décompression sous le bateau. Sinon, le Minibex<br />
a subi un grand de modifications et d’améliorations comme la<br />
création d’un laboratoire humide ou la pose de treuils dédiés aux<br />
prélèvements pour les missions à caractère scientifique, ce qui<br />
n’est pas aujourd’hui implémenté sur le Janus.<br />
Et le Janus, justement ?<br />
Il est beaucoup plus puissant et peut accueillir plus de personnel.<br />
On le réserve donc aux missions hauturières qui nécessitent plus<br />
de personnel embarqué. Il a également des capacités de levage<br />
plus importantes ; il est donc mieux adapté aux opérations de<br />
renflouement et de relevage. La mission que nous avons effectuée<br />
sur le crash du Boeing de Sharm-el-Sheik, par exemple, aurait<br />
été difficilement envisageable avec le Minibex.<br />
A quel rythme faites-vous évoluer les équipements de<br />
ces deux navires ?<br />
Continuellement. Il y a les évolutions programmées : à chaque<br />
période hivernale, l’arrêt technique permet de modifier ou de<br />
changer les équipements obsolètes et il y a les évolutions imposées<br />
par de nouvelles missions, pour lesquelles il est indispensable<br />
de faire évoluer le bateau et le matériel embarqué. Garder les<br />
navires et l’équipement au meilleur niveau technologique, cela<br />
représente un budget considérable. Mais à la Comex, rester au<br />
top en termes d’équipements et de savoir-faire, c’est une culture<br />
depuis toujours et cela se sent quand on présente de nouveaux<br />
budgets d’équipements, pour des montants qui feraient sauter<br />
au plafond nombre de patrons.
Leur taille, 30 mètres chacun, limite-t-elle leur champ<br />
d’action ?<br />
Absolument pas. Les deux navires sont armés en cabotage international<br />
et tous deux possèdent des autonomies qui leur permettent,<br />
au minimum, de traverser l’Atlantique. Pour aller plus loin sans<br />
perdre trop de temps, on a la possibilité de gruter les deux navires<br />
et de les convoyer par cargo. C’est ainsi que le Minibex a pu partir<br />
en opérations jusqu’en Indonésie et aux Philippines.<br />
En quoi constituent-ils une offre originale sur le marché<br />
très spécifique de l’exploration océanographique ?<br />
Des navires de 30 mètres avec un sous-marin, un ROV 1100 mètres<br />
- et même 2500 mètres maintenant sur le Janus -, des sonars, des<br />
sondeurs, tout l’équipement nécessaire à la plongée, y compris<br />
un caisson hyperbare sur chaque navire, le tout mis en œuvre par<br />
très peu de personnel avec de très bons résultats et une fiabilité<br />
exemplaire… je n’en connais pas d’autres au monde.<br />
Quelle mission, aussi bien sur le Minibex que sur le Janus,<br />
gardez-vous particulièrement en mémoire ?<br />
Je ne peux parler que pour moi et je ne suis malheureusement<br />
pas à bord pour toutes les missions. Sur le Minibex, c’est sans<br />
aucun doute la mission pour l’Agence des Aires Marines Protégées,<br />
puisqu’elle nous a permis de côtoyer des gens passionnés et passionnants.<br />
Je veux parler de tous les scientifiques qui étaient à<br />
nos côtés pendant les campagnes.<br />
La plupart sont deve-<br />
nus des copains, du coup on<br />
bosse bien dans une ambiance<br />
sympa. Que demander de<br />
plus ? Pour le Janus, c’est<br />
l’opération Carpathia, la fouille<br />
du navire qui avait secouru le<br />
Titanic lors de son naufrage, en<br />
1912. Trois semaines à se faire secouer dans l’Atlantique Nord, en<br />
opération nuit et jour et des nuits entières passées au charbon !<br />
C’est d’ailleurs le mot qui convient puisqu’on nous a fait récolter les<br />
morceaux de charbon qui alimentaient la chaudière du navire ! J’ai<br />
aussi de très bons souvenirs de l’année 2008, quand le Janus était<br />
le navire d’assistance du sous-marin Scorpène, conçu et fabriqué<br />
par DCNS, et avec lequel nous avons croisé au large du golfe de<br />
Gascogne pendant des mois.<br />
Les nombreuses campagnes d’essais que la comex a<br />
effectuées avec ces deux navires ont-elles permis de<br />
développer de nouveaux matériels et pour quels usages ?<br />
C’est toujours le cas. Il ne se passe pas une année sans qu’on<br />
ajoute ou modifie quelque chose sur ces bateaux et leurs équipements.<br />
Cela va de l’informatique aux équipements de levage, des<br />
caméras du ROV aux équipements de navigation du Rémora, des<br />
systèmes de récupération de torpilles à des paniers de prélèvement<br />
de coraux. Bref, c’est un éternel chantier ! Soit pour lutter<br />
contre l’obsolescence des équipements, soit pour créer des outils<br />
spécifiques à la réalisation des missions que l’on nous confie. Le<br />
Rémora lui-même est l’exemple d’un développement spécifique<br />
« made in Comex ».<br />
La prise de conscience planétaire des menaces qui pèsent<br />
sur l’environnement marin ouvre-t-elle de nouvelles<br />
perspectives pour l’océanographie ?<br />
L’océanographie était jusqu’il y a quelques années réservée aux<br />
services de l’Etat. L’IFREMER (1) , l’INSU (2) et l’IRD (3) pour ce qui est<br />
de la France. Ce n’est plus le cas, étant donné l’intérêt grandissant<br />
et pressant des Etats pour les ressources marines et la conservation<br />
du milieu marin. Ces deux dernières années de travail<br />
avec le Minibex, pour le compte de l’Agence des Aires Marines<br />
Protégées, en sont la preuve. Je suis confiant qu’en associant les<br />
compétences de la Comex dans l’exploration du milieu marin<br />
avec les compétences de nos scientifiques Français, on doit même<br />
pouvoir « vendre » une expertise incomparable aux autres pays<br />
du bassin méditerranéen, voire plus loin.<br />
Quels projets avez-vous avec ces deux navires pour les<br />
mois et les années futures ?<br />
Pour ce qui est du Minibex, il continue ses explorations à caractère<br />
scientifique, notamment dans le canyon de Lacaze-Duthier, où<br />
nous allons installer des stations permanentes au fond pour le<br />
compte de l‘Université Pierre et Marie Curie, basée au laboratoire<br />
Arago de Banyuls-sur-Mer. Le<br />
but est de comprendre le fonc-<br />
“ Il ne se passe pas une<br />
année sans qu’on ajoute ou<br />
modifie quelque chose sur ces<br />
bateaux et leurs équipements<br />
”<br />
tionnement de ces écosystèmes<br />
profonds et non plus seulement<br />
d’en faire l’inventaire et la cartographie.<br />
Le Minibex a aussi du<br />
boulot cet hiver dans les calanques<br />
de Marseille, puisque nous<br />
sommes chargés de l’inventaire<br />
biologique et de l’analyse écologique du site Natura 2000 que<br />
constituent les calanques. Nous avons également de nouveaux<br />
projets archéologiques avec le ministère de la Culture italien.<br />
Quant au Janus, il démarre avec un nouvel outil, un ROV<br />
2500 mètres, qui est en ce moment même en essais. En atteignant<br />
de plus grandes profondeurs, on compte bien atteindre de<br />
nouveaux marchés ! Mais en dehors du nouveau ROV, qu’il faut<br />
valider avant de pouvoir en proposer les services, le Janus a lui<br />
aussi nombre de missions à effectuer ces prochains mois, notamment<br />
dans le domaine militaire. Nous sommes depuis toujours<br />
très proches de la Marine Nationale et des sociétés paramilitaires<br />
qui gravitent autour.<br />
Pour ce qui est du long terme pour les navires, mon projet est de<br />
pouvoir effectuer à l’Outremer ce que l’on fait aujourd’hui dans<br />
le bassin méditerranéen. Le besoin commence à se faire ressentir.<br />
Il faudra être prêt !<br />
(1) Institut français pour la recherche et l’exploitation de la mer. • (2) Institut national des<br />
sciences de l’univers. • (3) Institut pour le recherche et le développement.<br />
11
VOYAGE<br />
LA SuISSE<br />
uN GRAND bOL D’OxYGèNE<br />
hIver CoMMe été<br />
La Suisse est un pays singulier. Et c’est justement ce qui la rend attrayante. Car elle a beau trôner en plein cœur de l’Europe, à une<br />
altitude qui lui permet symboliquement de dominer tous ses voisins, elle continue de tourner le dos à l’Union européenne, fidèle à une<br />
tradition de neutralité qui puise aux sources de son Histoire. Mais là n’est pas le seul paradoxe de cette nation confédérale qui compte<br />
rien moins que quatre langues officielles (1) . Sa monnaie continue ainsi de s’appeler le franc - suisse, certes - alors même que la France<br />
l’a abandonné au profit de l’euro il y a bientôt dix ans. Un autre exemple ? Les navigateurs français, britanniques, italiens ou allemands<br />
ne s’en sont jamais remis, mais ce sont bien des marins suisses qui ont raflé, en 2003, le plus vieux trophée sportif du monde,<br />
l’America’s Cup, devenant ainsi les premiers européens à remporter la plus prestigieuse des compétitions de voile.<br />
Pas mal pour un pays relégué à plus de 400 kms de la première plage !
Aqui rêve seulement de vacances<br />
farniente, allongé sur le sable<br />
les pieds en éventail, avec pour<br />
seul travail des intermèdes baignade,<br />
la Suisse n’est peut-être<br />
pas la destination idéale. Sauf à<br />
apprécier la nage en eaux froides.<br />
Mais le pays a tellement d’autres charmes<br />
à offrir au visiteur qu’il serait vraiment<br />
dommage de l’écarter sans réflexion de la<br />
liste des points de chute possibles. D’autant<br />
qu’à l’inverse d’une image largement répandue,<br />
la Suisse reste un pays très séduisant en<br />
toutes saisons, que l’on aime le ski extrême,<br />
les randonnées estivales en montagne ou les<br />
promenades bucoliques le long des berges<br />
d’un lac. Il est vrai que le tourisme est ici<br />
une seconde nature. Les meilleurs clients - et<br />
les meilleurs ambassadeurs - de l’industrie<br />
touristique helvète sont d’ailleurs les suisses<br />
eux-mêmes. Certains hôtels historiques des<br />
rives du lac Léman ou des stations alpines<br />
comptent parmi les plus anciens palaces<br />
d’Europe et conservent souvent le charme<br />
désuet d’un luxe discret et raffiné entretenu<br />
avec soin, dans le respect et la continuité des<br />
traditions locales. L’un de ces monuments,<br />
le « Beau-Rivage », appartient d’ailleurs à<br />
la même famille depuis quatre générations.<br />
Dans ses Mémoires, parues en 1760, le grand<br />
voyageur et immense séducteur Casanova,<br />
louait déjà la qualité de l’hôtellerie genevoise,<br />
qui compte aujourd’hui l’une des plus fortes<br />
concentrations de palaces au monde, avec 16<br />
« cinq étoiles » dans toute la ville<br />
En cette saison, ce sont plutôt les premières<br />
neiges que l’on attend avec impatience. Ca<br />
tombe bien : la Suisse est LE pays où les joies<br />
des sports d’hiver ont été hissées au rang<br />
d’art de vivre. Avec un budget conséquent,<br />
on pourra se faire plaisir au Gstaad Palace,<br />
le plus bel hôtel de la station du gotha, ou<br />
au Victoria-Jungfrau d’Interlaken, au Chalet<br />
d’Adrien à Verbier ou dans les deux palaces<br />
les plus mythiques des Alpes suisses :<br />
le Riffelalp, à Zermatt, et le Badrutt’s Palace,<br />
à Saint-Moritz. En version plus économique,<br />
les prestations<br />
seront bien sûr moins<br />
spectaculaires, mais<br />
“<br />
l’accueil restera à coup<br />
sûr de grande qualité,<br />
comme c’est souvent le<br />
cas de la petite chambre<br />
d’hôte d’une vallée<br />
inconnue jusqu’à l’hôtel<br />
de charme sans grandes prétentions en<br />
passant par les établissements affiliés à une<br />
chaîne internationale, qui parviennent à<br />
conserver une spécificité helvète en dépit<br />
de la standardisation.<br />
Côté gastronomie, la Suisse reste dans le peloton<br />
de tête des pays européens où le bien vivre<br />
signifie aussi bien manger. Mal connus en<br />
France, les fromages du pays possèdent une<br />
richesse, une variété gustative et une rigueur<br />
de fabrication qui les placent à un niveau<br />
comparable, voire meilleur que les productions<br />
françaises, notamment dans les pâtes<br />
cuites. Comme toutes les zones de montagne<br />
A DrEssEs UtiLEs<br />
avant de partir<br />
> suisse tourisme, l’office de tourisme de la<br />
confédération en france, répond à toutes les<br />
demandes, par téléphone, par fax ou via internet.<br />
www.myswitzerland.com.<br />
numéro Vert : 00.800.100.200.30.<br />
fax : 00.800.100.200.31. e-mail : info@myswitzerland.com<br />
sur place<br />
> Hôtellerie suisse, l’organisation qui regroupe la<br />
plupart des professionnels du secteur dans tout le<br />
pays. son siège est à Bere. tel : 031.370.41.11.<br />
Web : www.hotelleriesuisse.ch<br />
> bed & breakfast, l’association des chambres<br />
d’hôtes de suisse. Web : www.bnb.ch. email : info@<br />
bnb.ch<br />
> séjours à la ferme : Reka-ferien, organisation<br />
de fermes de vacances qui a son siège à Berne.<br />
tel : 031.329.66.33. Web : www.rek.ch. autre piste,<br />
l’association Bauernhof : www.bauernhof-ferien.ch<br />
> consulat de France : 2, cour des Bastions - Genève.<br />
tel : 022.319.00.00.<br />
où il s’agissait d’une question de survie, la<br />
Suisse produit également de la charcuterie de<br />
très haut niveau, avec des spécialités incomparables<br />
comme la viande séchée des Grisons,<br />
complément indispensable à une raclette ou<br />
une fondue typiquement suisses.<br />
Quant au patrimoine, le pays regorge de<br />
sites naturels, de musées, de monuments, de<br />
villages pittoresques et, surtout, d’un réseau de<br />
chemins de fer parmi les plus romantiques et<br />
les plus spectaculaires du monde, avec ses successions<br />
de tunnels et d’ouvrages d’art magni-<br />
Le tourisme est ici<br />
une seconde nature<br />
”<br />
fiques, ses panoramas à couper le souffle et ses<br />
rythmes apaisants dans des wagons toujours<br />
magnifiquement entretenus quel que soit leur<br />
âge et leur catégorie. Même les amateurs de<br />
tourisme exclusivement citadin trouveront<br />
leur compte en Suisse, avec des villes aussi<br />
belles, riches et intéressantes que Genève,<br />
Zürich, Bâle, Lausanne, Neufchâtel, Lucerne<br />
ou Lugano, où ce pays éclate de modernisme<br />
et d’énergie. La Suisse, c’est un ballon<br />
d’oxygène. En tous lieux et en toutes saisons.<br />
(1) l’allemand, le français, l’italien et le romanche.<br />
13
14<br />
NEWSNEWSNEWSNEWSNEWSNE<br />
Le cap sicié<br />
comme on ne l’a jamais vu<br />
Tous les marins qui ont navigué un jour<br />
le long de la côte varoise en ont forcément<br />
gardé le souvenir. Comme une immense<br />
muraille grise plantée à la verticale dans le<br />
bleu profond de la Méditerranée, le cap Sicié<br />
est autant un repère qu’une menace. Mais, à<br />
l’image des grands rochers mythiques qui guident<br />
les navires et, parfois, les engloutissent,<br />
il a juste eu besoin d’exister pour construire<br />
sa propre légende, autour des fantasmes, des<br />
affabulations, des drames réels ou supposés<br />
et des hasards heureux ou rocambolesques<br />
que les hommes et les femmes ont vécus ou<br />
rêvés à son contact. « Les Contes du Cap<br />
Sicié – de Sanary à Porquerolles », écrit par<br />
Dany et Gérard Loridon (aux éditions Les<br />
Presses du Midi), est à l’image du rocher<br />
éponyme : multiforme, séduisant et curieux.<br />
Ni roman, ni essai, ni recueil de nouvelles,<br />
ce livre s’attarde sur des gens captivants et<br />
raconte, à flot continu, des histoires tantôt<br />
touchantes, tantôt rocambolesques, sans que<br />
Dans l’intimité des calanques<br />
Berceau de la Comex, le massif des calanques<br />
de Marseille à Cassis a déjà inspiré des<br />
dizaines de photographes, journalistes, écrivains…<br />
et servi de prétexte à la publication<br />
d’un nombre incalculable d’ouvrages plus ou<br />
moins réussis. Celui que signent la journaliste<br />
Juliette Lambot et le photographe Gilles<br />
Martin-Raget (aux éditions Crès) n’est pas de<br />
ceux qui laissent indifférent. Parce qu’il n’en<br />
reste pas aux seules splendeurs naturelles de<br />
ce massif, l’ouvrage intitulé « Calanques, si<br />
proches, si lointaines », va au-delà des habituels<br />
clichés sur un site certes exceptionnel,<br />
mais bien plus riche qu’on l’imagine de<br />
prime abord sur le plan humain et culturel.<br />
Pour donner tout leur sens aux somptueu-<br />
l’on sache jamais<br />
vraiment la part<br />
de la légende et<br />
celle de la réalité.<br />
De la réintroduction du grand requin blanc<br />
près de l’île des Embiez en passant par l’invention<br />
ratée de la cocotte minute par une<br />
ménagère toulonnaise, jusqu’aux déboires<br />
politiques et conjugaux d’un ministre des<br />
Postes, l’ouvrage vagabonde entre terre et<br />
eau, comme un parcours initiatique en vingt<br />
et une étapes qui nous fait voir le cap Sicié<br />
comme on n’a jamais osé l’imaginer en le<br />
doublant par la mer.<br />
Les Contes du Cap Sicié,<br />
de Dany et Gérard Loridon<br />
aux éditions Les Presses du Midi – 21 €.<br />
A commander auprès des auteurs :<br />
722, chemin des Hoirs.<br />
83140 Six-Fours-les Plages.<br />
Dédicace personnalisée sur demande<br />
ses prises de vues de Gilles-Martin Raget,<br />
aujourd’hui reconnu comme l’un des deux<br />
ou trois grands photographes contemporains<br />
de la mer et du littoral, Juliette Lambot ne<br />
s’est pas contentée d’une ballade touristique<br />
sur les sentiers du massif. Pour s’autoriser<br />
à prendre la plume et livrer sa vision d’un<br />
territoire unique aux frontières du ciel et de<br />
la mer, elle a eu l’envie, et aussi le courage,<br />
de s’y frotter pour de bon, en allant vivre<br />
les calanques de l’intérieur, jusque dans sa<br />
chair. Au fil des lignes, on saisit les instants<br />
précieux, mais aussi la rudesse que vivent<br />
« ceux des calanques », dépendants qu’ils<br />
sont d’un décor majestueux et tourmenté,<br />
d’une façon de vivre à la marge, d’un rapport<br />
si intime avec la mer, le roc et le vent.<br />
« Calanques, si proches, si lointaines » n’est<br />
donc pas seulement un beau livre, c’est une<br />
expérience humaine.<br />
Calanques, si proches, si lointaines,<br />
de Juliette Lambot et<br />
Gilles Martin-Raget - aux Editions Crès<br />
260 pages, 500 photos. Prix public : 50 €<br />
Les amphores du<br />
Grand-congloué<br />
retournent à l’eau<br />
Plusieurs dizaines d’amphores remontées<br />
lors de la toute première<br />
fouille archéologique sous-marine<br />
de l’Histoire viennent d’être réimmergées<br />
en rade de Marseille, sous<br />
l’autorité du Département des Recherches<br />
Archéologiques Subaquatiques<br />
et Sous-Marines du ministère<br />
de la Culture (DRASSM). Inédite en<br />
France, cette opération est destinée<br />
à permettre au grand public de découvrir,<br />
en conditions réelles, un<br />
site archéologique immergé reconstitué<br />
avec du matériel authentique.<br />
L’idée était de coller au plus près de<br />
la réalité que rencontrent les plongeurs<br />
archéologues lorsqu’ils découvrent<br />
une nouvelle épave. Pilotée par<br />
Patrick Grandjean, conservateur en<br />
chef au DRASSM, ce projet a donné<br />
naissances à deux sites distincts,<br />
à proximité des îles du Frioul et<br />
au large de la calanque de Niolon.<br />
« Les amphores sélectionnées ne<br />
présentaient plus de grand intérêt<br />
scientifique et n’intéressaient plus<br />
ni les chercheurs ni les musées »,<br />
explique Patrick Grandjean, qui a<br />
estimé judicieux de « proposer aux<br />
plongeurs sportifs la reconstitution<br />
d’un site tel qu’il se présente avant<br />
une fouille ». Ces amphores avaient<br />
été ramenées à la surface en 1952<br />
par une équipe de jeunes plongeurs<br />
rassemblée par Jacques-Yves<br />
Cousteau, co-inventeur du détendeur<br />
et pionnier de la recherche<br />
archéologique sous-marine. Parmi<br />
cette équipe figurait Henri Germain<br />
Delauze, qui fondera la Comex<br />
moins d’une dizaine d’années plus<br />
tard, et Albert Falco, qui deviendra<br />
ensuite l’emblématique patron des<br />
plongeurs de la Calypso. Remises en<br />
place sur le fond par les plongeurs<br />
du DRASSM ainsi que les moniteurs<br />
et les volontaires de plusieurs clubs<br />
de plongée marseillais, ces amphores<br />
n’ont pas grande valeur marchande.<br />
Les sites où elles ont été installées<br />
seront néanmoins étroitement surveillés,<br />
y compris par les clubs, afin<br />
d’éviter pillage et vandalisme.
Une épave de sous-marin<br />
plantée droit dans le sable<br />
par 53 mètres de profondeur.<br />
Sous un amoncellement de<br />
cordes et de filets, une coque<br />
fuselée, une étrave qui pointe<br />
vers la surface, recouvertes<br />
d’un peuplement marin extraordinaire… Cette vision exceptionnelle,<br />
c’est l’Alose, un des nombreux sous-marins engloutis au large des côtes<br />
méditerranéennes (la liste figure dans l’ouvrage), mais d’abord une pièce<br />
Les hommages se succèdent pour le<br />
président-fondateur de la Comex. Après<br />
« L’art d’entreprendre », une exposition<br />
très originale qui s’est tenue tout<br />
l’été dans la salle des pas perdus de la<br />
Chambre de commerce et d’industrie<br />
Marseille-Provence, Henri Germain<br />
Delauze était au coeur du « Voyage au<br />
centre de la Mer » proposé par le Conseil<br />
général des Bouches-du-Rhône. Cette<br />
superbe exposition doit tourner dans<br />
plusieurs villes des Bouches-du-Rhône<br />
au cours de l’année 2011. Elle propose<br />
un véritable parcours initiatique sur les<br />
traces des aventuriers qui ont permis à<br />
l’homme de franchir les frontières du<br />
6 e continent. Pionniers parmi les pion-<br />
L’aventure du sous-marin Alose,<br />
un siècle d’histoire<br />
niers, Henri Germain Delauze et Jacques<br />
Rougerie sont les personnalités-phares<br />
d’un intinéraire original où le Pdg de la<br />
Comex, inventeur de la plongée industrielle<br />
profonde et l’architecte de la mer,<br />
concepteur du futur vaisseau océanographique<br />
Sea Orbiter, permettent au<br />
grand public d’accéder à pieds secs de<br />
la surface de l’eau jusqu’à l’obscurité<br />
des abysses. Un hommage particulier<br />
est également rendu aux plongeurs de<br />
la Comex, partis en première ligne à la<br />
conquête des grandes profondeurs, ainsi<br />
qu’aux hommes de L’Institut national de<br />
la plongée professionnelle, à Marseille,<br />
une école mondialement réputée qui a<br />
formé - et forme encore - des centaines<br />
de musée, un ancêtre plus que centenaire, maillon incontournable de<br />
la conquête des abysses, récemment classé monument historique. Ce<br />
livre, c’est l’histoire passionnante de ce submersible, de son naufrage,<br />
de sa redécouverte par l’auteur un froid matin d’octobre et de son renflouement<br />
par la Comex. La chance a ensuite voulu que la fille du commandant<br />
Le Prieur et le pilote Duval lui-même, tous deux responsables<br />
de l’engloutissement de l’Alose, confient à Jean-Pierre Joncheray des<br />
photographies et des documents inédits qui ont permis de reconstituer<br />
les derniers instants du vieux submersible… A déguster comme un<br />
bon vin vieilli en cave.<br />
En vente sur commande aux Cahiers d’Archéologie subaquatique, 1637, avenue de Lattre de Tassigny – 83 600 Fréjus.<br />
Prix 20 € + frais de timbre et enveloppe cartonnée, soit 25 €<br />
Dédicace personnalisée sur demande.<br />
Un grand « Voyage au centre de la Mer »<br />
d’hommes et de femmes aux techniques<br />
de la pénétration sous-marine. Pour être<br />
totalement en phase avec notre époque<br />
et envisager le futur de cette énorme<br />
masse liquide qui recouvre les sept dixièmes<br />
de la planète, ce « Voyage au centre<br />
de la Mer » s’attarde aussi sur la question<br />
énergétique, en expliquant dans le<br />
détail le fonctionnement des différentes<br />
sources qui produisent de l’énergie<br />
à partir de la mer. Des hydrauliennes à<br />
l’énergie osmotique en passant par la<br />
transformation des algues en électricité,<br />
l’exposition propose un cheminement<br />
ludique et didactique avec des photos,<br />
des visuels animés, des films et des panneaux<br />
qui permettent de comprendre<br />
pourquoi la mer devrait devenir encore<br />
plus indispensable à l’homme dans un<br />
futur proche. Pour compléter ce parcours,<br />
un espace dédié à la Fondation<br />
océanographique Paul Ricard invite le<br />
jeune public à rejoindre sa « Destination<br />
planète mer » et le travail des scientifiques<br />
qui oeuvrent dans ses laboratoires.<br />
En cette année internationale de la biodiversité<br />
qui s’achève, les visiteurs peuvent<br />
aussi se familiariser avec les soins aux<br />
animaux marins dispensés à l’hôpital des<br />
tortues et profiter des jeux interactifs<br />
et des ateliers découvertes pour mieux<br />
comprendre les enjeux de la préservation<br />
des espaces naturels marins.<br />
Renseignements et programme : www.cg13.org<br />
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