Tolkien : un autre regard sur la Terre du Milieu - Edysseus
Tolkien : un autre regard sur la Terre du Milieu - Edysseus
Tolkien : un autre regard sur la Terre du Milieu - Edysseus
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
30<br />
offre. Car nous savons bien que si nous ne vendons pas,<br />
l‟homme b<strong>la</strong>nc va venir avec ses fusils pour prendre notre terre.<br />
Vous nous mettrez dans <strong>un</strong>e réserve, à l‟écart et en paix.<br />
Peu importe où nous passerons le reste de nos jours. Les jours<br />
qui nous restent sont peu nombreux. Encore quelques heures,<br />
quelques hivers, et il ne restera plus auc<strong>un</strong> des enfants des<br />
grandes tribus qui vivaient <strong>autre</strong>fois <strong>sur</strong> cette terre, ou qui<br />
errent dans les bois par petits groupes.<br />
Mais pourquoi pleurer <strong>sur</strong> <strong>la</strong> fin de mon peuple ? Les tribus<br />
sont faites d‟hommes, pas davantage. Les hommes viennent et<br />
s‟en vont comme les vagues de <strong>la</strong> mer… »<br />
Il y a beaucoup de sagesse elfique dans ce discours, <strong>un</strong>e sagesse se<br />
manifestant notamment à travers <strong>un</strong> rapport à <strong>la</strong> terre dénué de tout<br />
caractère de possession, à <strong>la</strong> différence de « l‟homme b<strong>la</strong>nc » : « Pour<br />
lui, <strong>un</strong> lopin en vaut <strong>un</strong> <strong>autre</strong>, car il est l‟étranger qui vient de nuit<br />
piller <strong>la</strong> terre selon ses besoins. Le sol n‟est pas son frère, mais son<br />
ennemi, et quand il l‟a conquis, il poursuit sa route. » Sitting Bull ne<br />
disait pas <strong>autre</strong> chose à ses frères d‟armes dans <strong>un</strong> discours qu‟il leur<br />
adresse en 1875 :<br />
« Pourtant, écoutez-moi, vous tous, nous avons affaire à <strong>un</strong>e<br />
race, petite et faible quand nos pères l‟ont rencontré pour <strong>la</strong><br />
première fois, mais aujourd‟hui grande et arrogante. Assez<br />
étrangement, ils ont l‟idée de cultiver le sol et l‟amour de<br />
posséder est chez eux <strong>un</strong>e ma<strong>la</strong>die. (…) Ils revendiquent notre<br />
mère à tous, <strong>la</strong> terre, pour leur propre usage, et se barricadent<br />
contre leurs propres voisins ; ils <strong>la</strong> défigurent avec leurs<br />
constructions et leurs or<strong>du</strong>res. Cette nation est pareille à <strong>un</strong><br />
torrent de neige fon<strong>du</strong>e qui sort de son lit et détruit tout <strong>sur</strong> son<br />
passage. »<br />
<strong>Tolkien</strong> ne me tiendra pas trop rigueur de m‟être attardé <strong>sur</strong> ces<br />
paroles indiennes, lui qui, enfant, avait <strong>un</strong>e véritable fascination pour<br />
leur « monde archaïque » (cf. Faërie). Au-delà des analogies que l‟on<br />
peut trouver entre l‟Histoire des Indiens et celle des Elfes, l‟opposition<br />
entre le rapport à <strong>la</strong> terre de l‟Indien et celui de « l‟homme b<strong>la</strong>nc »