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Le retour du vieil homme noir terrifie Kaleb. Il tente de le chasser de son esprit, mais l’apparition est<br />

trop forte pour lui.<br />

— Laisse-moi tranquille ! Tu n’existes pas !<br />

— Au fond de toi, tu sais bien que si…<br />

Le vieux dit juste. Kaleb devine que lui <strong>au</strong>ssi est un enfant du volcan, et qu’il sait communiquer<br />

d’âme à âme. Et <strong>ce</strong>t homme s’adresse à lui pour des raisons qu’il ignore.<br />

— Qu’est-<strong>ce</strong> que tu me veux ?<br />

— Ce que tu ressens ne t’appartient pas, tu dois t’en libérer !<br />

— T’as un <strong>au</strong>tre scoop, le vieux ? Au cas où tu n’<strong>au</strong>rais pas pigé, je suis un empathe.<br />

— Ne me parle pas comme ça.<br />

Une tête d’épingle dans le <strong>ce</strong>rve<strong>au</strong>. Douleur loca lisée sur le lobe frontal, sensation qu’on lui fracasse<br />

le crâne avec un burin. Une seconde, deux peut-être. Une durée suffisante pour le faire hurler de douleur,<br />

mains plaquées sur son front comme pour étouffer la décharge. Pas plus de deux secondes. Le strict<br />

minimum pour retenir son attention, et le dissuader de lui manquer à nouve<strong>au</strong> de respect.<br />

— Poursuivons. Tu as peur depuis quelque temps, n’est-<strong>ce</strong> pas ?<br />

Kaleb ravale une réplique bien sentie. Évidemment qu’il a peur. Mais il se contente d’acquies<strong>ce</strong>r<br />

docilement.<br />

— Con<strong>ce</strong>ntre-toi sur ta peur et observe <strong>ce</strong> qui se passe.<br />

Le jeune homme obtempère. Ce n’est pas très compliqué. Il lui suffit de penser à SENTINEL, <strong>au</strong><br />

mystérieux colonel Bergsson, à l’idée de se transformer en une sorte de démon. Il sent <strong>au</strong>ssitôt son corps<br />

se raidir, ses mains devenir moites, son cœur s’affoler.<br />

— C’est bien, continue.<br />

Comme si le vieux servait d’amplificateur, les émotions déferlent avec une for<strong>ce</strong> inouïe. Kaleb sent<br />

l’angoisse l’étreindre puis le céder à la panique, la terreur. Il n’est pas en sécurité dans <strong>ce</strong>tte chambre,<br />

dans <strong>ce</strong>tte ville, dans <strong>ce</strong>tte vie. Il va crever, c’est sûr. Il doit s’échapper, s’enfuir tout de suite. Mais<br />

quelque chose l’en empêche. Un sentiment inconnu prend le pas sur la peur, très flou, mais qui le <strong>ce</strong>rne,<br />

comme un brouillard paralysant. La brume s’immis<strong>ce</strong> en lui, par tous les pores de sa pe<strong>au</strong>, le pénètre de<br />

part en part et lui inflige mille tourments. Abattement, résignation, dépression… il est désormais<br />

apathique, incapable de lutter, à la merci du désespoir.<br />

— D’où viennent <strong>ce</strong>s émotions ?<br />

— Je… j’en sais rien.<br />

— À qui sont-elles ?<br />

Drôle de question. Kaleb s’en moque bien. Plus rien ne compte s<strong>au</strong>f la fuite dans ses rêves. Il n’est<br />

pas de taille à lutter, <strong>au</strong>tant mourir tout de suite.<br />

— Réfléchis ! hurle le vieillard.<br />

Kaleb sanglote. Il n’en sait rien. Il sent la présen<strong>ce</strong> de son père dans l’appartement, mais Franck<br />

Astier n’est pas dépressif. Il scanne, un par un, tous les habitants de l’immeuble, mais <strong>au</strong>cun n’est dans<br />

<strong>ce</strong>t état d’esprit. La rue ? Non plus.<br />

— Elles sont à moi ?<br />

— Non, Kaleb. Tu dois te poser deux questions. Souviens-t’en !<br />

— Je m’en souviendrai.<br />

— D’où proviennent <strong>ce</strong>s émotions si <strong>ce</strong> ne sont pas les tiennes ? Et comment ne plus avoir peur ?<br />

— Je ne comprends pas…<br />

— Ça viendra.<br />

L’homme noir s’est évaporé.<br />

— Kaleb, tu es là ?<br />

Franck vient de rentrer chez lui. Il ne f<strong>au</strong>t pas qu’il pénètre dans sa chambre et voie <strong>ce</strong> qu’il en a fait.

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