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l’aider. Pourtant, il se trouve désormais tout près de son appartement et peut déjà sentir la mena<strong>ce</strong> qui<br />
plane sur elle. Le mec qui semble lui en vouloir est déjà arrivé, il le sait, le sent. Un garçon qui la<br />
convoite, la méprise…<br />
Et si Kaleb était incapable de faire la part des choses, une fois sur pla<strong>ce</strong> ? Et s’alliait à <strong>ce</strong> taré ? Non.<br />
Impossible. Le jeune homme se sait bagarreur et à fleur de pe<strong>au</strong>, mais il aime trop les filles pour lever la<br />
main sur elles. Kaleb veut croire que <strong>ce</strong> don étrange ne l’a pas changé. Qu’il a toujours un « bon fond ».<br />
Lorsque Lucille ouvre la porte, toutes ses craintes s’envolent, comme par magie. Elle est jolie, vive,<br />
enjouée. Elle colle ses joues contre son visage pour le saluer, ses lèvres roses et brillantes tout près des<br />
siennes.<br />
— Toi, tu es Kaleb ! Encore plus mignon que sur la photo !<br />
— Si on aime les pandas ! plaisante-t-il en désignant ses yeux <strong>au</strong> beurre noir.<br />
— Ou les bad boys, lui chuchote-t-elle à l’oreille avant de lui lan<strong>ce</strong>r un clin d’œil.<br />
Délicieuse. Elle sent bon, sa pe<strong>au</strong> est dou<strong>ce</strong>. Oui, le message qu’il a laissé sur son mur Fa<strong>ce</strong>book lui<br />
revient. Il la veut. Mais pas comme <strong>ce</strong> détraqué qui gravite dans son entourage…<br />
Lucille a maintenant disparu derrière un groupe de filles qui gloussent en le regardant. D’un petit<br />
mouvement de tête, il les conquiert toutes avant de s’avan<strong>ce</strong>r vers elles et… de collecter leurs numéros<br />
de téléphone. Une main sur les reins de l’une, un regard appuyé à l’<strong>au</strong>tre, et Lucille reparaît comme par<br />
enchantement… La jalousie, ça marche toujours !<br />
— Ne me dis pas que tu m’es déjà infidèle ! min<strong>au</strong>de-t-elle en le conduisant un peu à l’écart.<br />
— Pour t’être infidèle il f<strong>au</strong>drait qu’on soit ensemble et <strong>ce</strong> n’est pas encore le cas, que je sache,<br />
répond-il en h<strong>au</strong>ssant un sourcil.<br />
— Pas encore…, murmure-t-elle.<br />
Lucille s’est adossée contre le mur, bassin tendu vers <strong>ce</strong>lui de Kaleb. Pour l’instant, il ne la touche<br />
pas. Il préfère laisser monter le désir, mains de part et d’<strong>au</strong>tre de la tête de la jeune fille. Il approche<br />
lentement son visage du sien, mêle leur souffle, et d’un air grave effleure ses lèvres. C’est elle qui prend<br />
l’initiative de se plaquer contre lui. Il en profite pour caresser son corps souple et lui donner un baiser<br />
be<strong>au</strong>coup moins chaste. Ses sensations sont décuplées. Animé de leur désir à tous deux, il est terriblement<br />
excité, branché sur elle… il veut aller plus loin.<br />
— Ma chambre est juste là, montre-t-elle entre deux baisers.<br />
A-t-elle lu dans ses pensées ? Ou bien lui a-t-il insufflé <strong>ce</strong>tte envie ? Il n’en sait rien. Peu importe. Il<br />
sent juste que le désir devient insupportable. Que la chambre est encore trop loin. Que son avis à elle ne<br />
compte pas. Ce qui est important : qu’elle soit sienne, maintenant, de gré ou de for<strong>ce</strong>. Ses caresses se font<br />
plus brutales, plus exigeantes, mais Lucille prend ça pour la montée en puissan<strong>ce</strong> du désir, impérieuse.<br />
L’image du corps de la jeune fille, griffé, violenté, s’instille à nouve<strong>au</strong> en Kaleb.<br />
Il la repousse brutalement.<br />
— On a tout notre temps, Lucille. J’ai soif, je vais prendre une bière.<br />
— T’es sûr ? demande-t-elle, chan<strong>ce</strong>lante.<br />
Mais il ne prend pas la peine de répondre. Il f<strong>au</strong>t qu’il s’éloigne d’elle rapidement. Pour son bien.<br />
Mais plus il s’éloigne, plus la pulsion devient forte. Il doit se rapprocher du salopard qui veut du mal à la<br />
jeune fille. Pourtant, impossible de dire de qui il s’agit.<br />
Peut-être <strong>ce</strong> mec-là, qui lui tourne le dos. Ou <strong>ce</strong>t <strong>au</strong>tre, qui le fixe méchamment.<br />
D’<strong>au</strong>tres émotions se mêlent <strong>au</strong>x envies malsaines qui l’ont envahi. Jalousie, rancœur, mépris, basses<br />
manœuvres… Kaleb perçoit à quel point Lucille a peu d’amis véritables parmi ses invités. Rien de be<strong>au</strong><br />
ne vient le toucher, lui apporter un peu de grâ<strong>ce</strong>. Au contraire, toujours plus de mesquineries, de coups<br />
bas, de méchan<strong>ce</strong>té gratuite. C’est donc ça l’humanité… Découragé par <strong>ce</strong> qu’il ressent, Kaleb se<br />
demande à quoi bon vouloir aider un membre de <strong>ce</strong>tte espè<strong>ce</strong> dégénérée. Mais en renonçant, je ne<br />
v<strong>au</strong>drais pas mieux qu’eux ! Non, il ne se sent pas le droit d’abandonner Lucille à <strong>ce</strong> type. Si vraiment il