programme en pdf - Orchestre Philharmonique Royal de Liège

du 15 au 19 mai 2013
1 €
du 15 au 19 mai 2013 festival wagner [programme 24]

SOmmaiRE
MER 15 MAI 2013 - 18H30 page 6
ÉCOUTER LA MUSIQUE
WAGNER,
Le Ring sans paroles
avec Jean-marc onkelinx,
christian arming et
Jean-pierre rousseau
VEN 17 MAI 2013 - 20H page 7
BERLIOZ / LISZT / WAGNER
sur musiQ3 le 11 juin à 14h
WAGNER/LISZT,
Le Vaisseau fantôme, chœur des
fileuses
WAGNER/LISZT,
Tristan et Isolde, Mort d’Isolde
RAVEL,
Valses nobles et sentimentales
RAVEL,
La Valse
BERLIOZ/LISZT,
Symphonie fantastique
roger muraro, piano
SAM 18 MAI 2013 - 16H page 13
WAGNER EN BELGIQUE
WAGNER,
Le Vaisseau fantôme, ouverture
CHAUSSON,
Poème pour violon
FRANCK,
Symphonie en ré mineur
Yossif ivanov, violon
oprl
christian arming, direction
DIM 19 MAI 2013 - 15H page 17
SOUVENIRS DE BAYREUTH
sur musiQ3 le 18 juin à 14h
WAGNER/LISZT,
Tannhäuser, ouverture
LASSEN/LISZT,
Hagen und Kriemhilde
LASSEN/LISZT,
Bechlarn
GOBBAERTS,
L’Anneau du Nibelung – Siegfried
CHABRIER,
Souvenirs de Munich
FAURÉ,
Souvenirs de Bayreuth
LASSEN,
Lyrische Stücke für eine
Gesangstimme aus Tristan und Isolde
WAGNER/LISZT,
Fantaisie sur des motifs de Rienzi
Johan schmidt, piano
feng dan fang, piano
DIM 19 MAI 2013 - 18H page 21
LE RING SANS PAROLES
sur musiQ3 le 24 juin à 14h
D’INDY,
Concert pour flûte, violoncelle, piano
et cordes
WAGNER,
Le Ring, une aventure orchestrale
(arr. de Vlieger)
ensemble kheops
oprl
christian arming, direction
ÉdiTORiaL
Pour son premier
festival à la tête de
l’OPRL, Christian
Arming célèbre
le bicentenaire
de Wagner d’une manière
particulièrement originale. Entre
1843 (le vaisseau fantôme) et 1882
(Parsifal), les opéras de Wagner
ont bouleversé la vie musicale
européenne, fascinant tous les
compositeurs de son temps, de
Berlioz à Chausson, Franck, D’Indy.
Wagner va profondément influencer
la musique du XXe siècle.
Ce festival met en perspective
l’univers de Wagner avec celui
de ses contemporains, de la symphonie fantastique de Berlioz (dans
une transcription de Franz Liszt et sous les doigts de Roger Muraro) à la
symphonie de César Franck, ou au Poème de Chausson en passant par les
transcriptions et paraphrases pour piano de Fauré, Chabrier ou Liszt jouées
dans les salons parisiens ou bruxellois de l’époque.
De Wagner même, Christian Arming dirige l’ouverture du Vaisseau fantôme,
premier succès du compositeur, et un événement à Liège, le Ring sans
paroles, un condensé symphonique de la magistrale Tétralogie du maître de
Bayreuth.
2 3

la mère de Wagner,
Johanna
mathilde Wesendonck
Wagner & cosima
plans pour bayreuth
RICHARD WAGNER
en qUelqUes Dates
1813 naissance à leipzig.
1836 Mariage avec Minna Planer.
1842 Rienzi. Contacts réguliers avec liszt.
1843 Le Vaisseau fantôme.
1845 Tannhäuser.
1849 ayant participé aux émeutes de Dresde avec Bakounine, wagner est
sous mandat d’arrêt et s’enfuit en suisse.
il écrit plusieurs ouvrages théoriques mais ne compose pas.
Conception du Ring des Nibelungen (« l'anneau du nibelung »).
1850 Lohengrin.
1851 la trame dramatique du Nibelung prend sa forme définitive.
1852 wagner est soutenu par Otto wesendonck ;
il est très proche de son épouse Mathilde.
1854 Projet de Tristan et Isolde, étape majeure (1854-1859).
1861 Tannhäuser fait scandale à Paris.
1862 amnistie et retour à vienne, puis à Berlin.
richard et Minna se séparent.
1864 wagner reçoit le soutien inconditionnel du jeune roi louis ii de
Bavière et s’installe au lac de starnberg. il y invite Hans von Bülow
et son épouse Cosima, fille de liszt, rencontrés en 1858.
liaison entre wagner et Cosima et plusieurs enfants adultérins
(1865, 1867, 1869).
1865 Création de Tristan et Isolde.
1869 rencontres avec nietzsche à la villa de tribschen (près de lucerne).
1870 Mariage de wagner et Cosima.
1872 Pose de la première pierre du festspielhaus à Bayreuth, où il
s’installe.
1876 Premier festival à Bayreuth et création de L’Anneau du Nibelung dans
sa totalité (c.à-d. Le Ring, ou La Tétralogie : L’Or du Rhin, La Walkyrie,
Siegfried et Le Crépuscule des dieux).
1882 Création de Parsifal lors du 2 e festival de Bayreuth.
1883 wagner décède épuisé et malade.
WAGNER & SES CONTEMPORAINS
Une CHrOnOlOgie Des œUvres DU festival
1830 BerliOZ/lisZt, Symphonie fantastique
1841 wagner, Le Vaisseau fantôme, ouverture
1845 wagner/lisZt, Tannhäuser, ouverture
1859 wagner/lisZt, Fantaisie sur des motifs de Rienzi
1867 wagner/lisZt, Tristan et Isolde, Mort d’Isolde
1876 wagner, Le Ring, une aventure orchestrale (arr. de Vlieger, 1991)
1878-79 lassen/lisZt, Hagen und Kriemhilde ; Bechlarn
1880 wagner/lisZt, Le Vaisseau fantôme, chœur des fileuses
1885 gOBBaerts, L’Anneau du Nibelung – Siegfried
1886 CHaBrier, Souvenirs de Munich
1886 faUrÉ, Souvenirs de Bayreuth
4 5
1886
lassen, Lyrische Stücke für eine Gesangstimme
aus Tristan und Isolde
1888 franCK, Symphonie en ré mineur
1896 CHaUssOn, Poème pour violon
1911 ravel, Valses nobles et sentimentales
1920 ravel, La Valse
1926 D’inDY, Concert pour flûte, violoncelle, piano et cordes
berlioz
liszt
Wagner
chabrier
franck
ravel

ÉCOUter la MUsiqUe
WAGNER, LE RING
MERCREDI 15 MAI 2013 – 18H30
WAGNER,
Le Ring, une aventure orchestrale
avec Jean-marc onkelinx,
christian arming et
Jean-pierre rousseau
du Rhin, La Walkyrie, Siegfried,
Le Crépuscule des dieux...
L’Or
Quatre opéras qui forment une
magistrale Tétralogie de 15 heures créée à
Bayreuth en 1876. Wagner tente d’y contenir
la totalité de La Chanson du Nibelung, la
plus importante épopée médiévale en langue
allemande (XIIIe siècle). De la fameuse
Chevauchée des Walkyries au Voyage de
Siegfried sur le Rhin, savourez le meilleur du
Ring à travers la version sans paroles réalisée
en 1991 par le compositeur néerlandais Henk
de Vlieger. Découvrez les versions au disque
sélectionnées par Jean-Pierre Rousseau et
faites la connaissance en images avec les
personnages et les grands thèmes de ce cycle
grâce aux commentaires éclairés de Jean-Marc
Onkelinx.
BERLIOZ /
LISZT / WAGNER
VENDREDI 17 MAI 2013 – 20H
WAGNER/LISZT,
Le Vaisseau fantôme (1839-41, 1860),
chœur des fileuses (transcr. 1880)
WAGNER/LISZT,
Tristan et Isolde (1857-59), Mort d’Isolde (transcr. 1867) w env. 6’
RAVEL,
Valses nobles et sentimentales (1911) w env. 15’
1. modéré, très franc
2. assez lent, avec une expression intense
3. modéré
4. assez animé
5. presque lent, dans un sentiment intime
6. vif
7. moins vif
8. Épilogue, lent
RAVEL,
La Valse (1919-1920) w env. 17’
PAUSE
BERLIOZ,
Symphonie fantastique op. 14 (1830) w env. 55’
1. rêveries – passions (largo – allegro agitato e appassionato assai)
2. un bal (valse. allegro non troppo)
3. scène aux champs (adagio)
4. marche au supplice (allegretto non troppo)
5. songe d’une nuit de sabbat (larghetto – allegro – dies irae – ronde du sabbat –
dies irae et ronde du sabbat ensemble)
roger muraro, piano
sur le mardi 11 juin à 14h.
15/05 18h30 17/05 20h
7

Déjà de son temps, Wagner est aimé ou détesté de ses
contemporains. Parmi ses amitiés profondes, celle de Liszt
dont il épouse la fille en 1870. Liszt est le premier à défendre
et à diriger sa musique, à la diffuser par le biais de transcriptions
devenues légendaires. Plus houleux, les rapports entre Wagner et
Berlioz doivent beaucoup à une jalousie mutuelle. Il n’empêche,
Wagner admire la Symphonie fantastique : « c’est là que Berlioz est
le meilleur »... Un siècle et demi plus tard, le pianiste Roger Muraro
renoue avec ce trio de génie(s) par le biais de transcriptions aussi
remarquables que redoutables…
wagner/lisZt
LE VAISSEAU FANTÔME (1839-41, 1860)
CHŒUR DES FILEUSES (TRanScR. 1880)
infLuEncE RÉciPROquE. l’amitié
artistique entre Wagner et liszt est l’une
des plus profondes du xix e siècle, et aux
conséquences musicales considérables.
les deux compositeurs s’influencèrent
réciproquement, mais Wagner fut sans doute
le premier bénéficiaire ; certains prétendent
qu’il ne serait jamais devenu ce géant de
l’histoire de la musique sans le soutien et
l’influence de liszt. l’hypothèse relève de la
« musicologie-fiction », mais il est difficile de
ne pas y souscrire. comment la carrière du
compositeur du Vaisseau fantôme aurait-elle
pris son essor dans les années 1850 sans
la clairvoyance et la grande générosité de
son ami ? comment son langage musical
aurait-il évolué sans l’exemple des audaces
harmoniques de liszt, dont on trouve les échos
de Siegfried à Parsifal ? (dictionnaire Wagner)
TRanScRiPTiOnS. liszt a réalisé
14 transcriptions d’opéras de Wagner, qui se
distinguent par leur extrême variété. certaines
sont des ouvrages sérieux qui se contentent de
reproduire au piano les effets de l'orchestre,
telle la paraphrase de concert sur Tannhäuser
ou les quatre pièces sur Lohengrin. d'autres
encore oscillent entre fidélité et liberté, tel que
le « Wahall aus » du Ring. d'autres encore se
contentent de reprendre des thèmes de l'œuvre
transcrite, et de les articuler avec fantaisie
(comme la Fantaisie sur des motifs de Rienzi).
au sujet de l’opéra Le Vaisseau fantôme, voir en
page 14 de ce programme.
wagner/lisZt
TRISTAN ET ISOLDE (1857-59)
MORT D’ISOLDE (TRanSc. 1867)
changEmEnT dE TiTRE. composé de 1857 à 1859, l’opéra Tristan et Isolde ne sera créé
qu’en 1865 à munich, sous la baguette de hans von bülow. très ardue d’un point de vue technique
(enchevêtrement de thèmes qu'il convient de rendre tous), la transcription de liszt (1867) est
jouée par presque tous les grands pianistes. fidèle à l’original, la transcription suit constamment
le fil mélodique de la fin de l'opéra de Wagner. pour parvenir à restituer ce passage complexe,
liszt a usé d'une grande ingéniosité : outre l'outil classique du transcripteur (trémolos, arpèges),
il fait appel à de nombreuses innovations permettant de faire cohabiter jusqu'à cinq voix en même
temps. le titre original de la fin de l'opéra de Wagner était Isolde's Liebstod (« transfiguration
d'isolde ») et non pas Isolde's Liebestod (« mort d'isolde »), titre que porte la transcription. mais
celle-ci devint si célèbre que l'usage substitua le titre de liszt à celui de Wagner.
ravel VALSES
NOBLES ET SENTIMENTALES (1911)
mÉPRiSES. c’est à paris, au début de 1911,
que maurice ravel (1875-1937) compose cet
important recueil pour piano. la création a
lieu le 9 mai de la même année à la société
musicale indépendante (salle gaveau) avec
le concours du pianiste et compositeur louis
aubert, le dédicataire. dès mars 1912, ravel
procèdera à l’orchestration complète pour
un ballet intitulé Adélaïde ou le Langage des
fleurs (créé au théâtre du châtelet en avril
1912) ; le titre original ne reparaîtra que deux
ans plus tard, en février 1914. on peut noter
que ces Valses nobles et sentimentales, dans
leur version pianistique, furent exécutées sans
nom d’auteur lors d’un concert-référendum
qui provoqua de mémorables méprises : non
seulement ravel n’obtint pas la majorité des
suffrages, mais ses Valses furent attribuées à
satie, à kodály, et même à l’illustre théodore
dubois (dont on ne connaît plus que le Traité
d’harmonie) !
acidiTÉS. « le titre de Valses nobles et
sentimentales indique assez mon intention de
composer une chaîne de valses à l’exemple
de schubert. À la virtuosité qui faisait le fond
de Gaspard de la nuit succède une écriture
nettement plus clarifiée qui durcit l’harmonie
et accuse les reliefs de la musique… les
Valses nobles furent exécutées pour la
première fois au milieu des protestations et
des huées » (Esquisse biographique). outre
son goût permanent pour la danse, ravel
a, tout jeune, aimé les Valses romantiques
de chabrier, et fera plus tard l’éclatante
démonstration d’artificieuses affinités dans
un poème chorégraphique, La Valse, dont le
projet remonte à 1906 (soit cinq années avant
même les Valses nobles et sentimentales).
sept valses se succèdent, juxtaposant des
éléments d’écriture, et de sensibilité, bien
différenciés, — dans lesquelles s’affirment
toutefois des tendances bitonales et la
propension aux harmonies agressives, aux
acidités, aux « angulosités » qui firent dire à
debussy qu’elles étaient nées de « l’oreille la
plus raffinée qui eût jamais existé ».
8 cosima Wagner, richard Wagner, franz liszt et hans von Wolzogen, bayreuth, 1880.
9

avel
LA VALSE
(1919-1920)
angOiSSE. ce « poème chorégraphique »
— une commande de serge diaghilev —
fut composé à lapras, en ardèche, entre
décembre 1919 et avril 1920 : la version
primitive pour piano à deux mains fut
rapidement remplacée par une seconde
version pour deux pianos, soigneusement
élaborée ; c’est à partir de celle-ci que fut
effectuée l’orchestration dans laquelle
l’œuvre s’est définitivement imposée. dès son
esquisse, La Valse eut pour dédicataire misia
godebska, devenue l’épouse du peintre José
maria sert que diaghilev avait pressenti pour
les décors du futur ballet. en réalité, cette
chorégraphie ne verrait le jour qu’en mai 1929
dans des décors d’alexandre benois, par les
ballets ida rubinstein. mais, avant même la
partition d’orchestre, la version pour deux
pianos fut créée le 23 octobre 1920 au kleiner
konzerthaussaal de vienne, par ravel et son
ami alfredo casella. dès 1920 également,
durand édita cette version (ainsi que celle pour
deux mains). il convient de remarquer combien
cette « apothéose de la valse viennoise »
fait contraste avec les valses nobles et
sentimentales, qui précèdent. elle n’en retient
que des échos presque caricaturaux : « une
Valse unique, une grande Valse tragique qui est
à elle toute seule et du même coup noble et
sentimentale ; mais cette fois sérieusement »
(vladimir Jankélévitch). dans ce tourbillon
sans répit qu’est La Valse, on perçoit une
angoisse, le sentiment d’une irrévocable
fatalité ; et peut-être cette version pianistique,
plus dure, moins charmeuse qu’à l’orchestre,
s’en fait-elle mieux révélatrice.
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franÇois-renÉ tranchefort
BerliOZ/lisZt
SYMPHONIE FANTASTIQUE
(1830, TRanScR. 1834, 1864-65)
cd dEcca. Œuvre rare en concert comme
en disque, la Symphonie fantastique de berlioz,
transcrite au piano par franz liszt, fait partie
de ces partitions parmi les plus complexes
du point de vue technique et les plus riches
en sonorités. dans son enregistrement pour
decca, roger muraro relève le défi et offre une
étonnante leçon de piano en déployant un jeu
sonore à la fois puissant et visuel.
PaS dE RadiO. en des temps où n'existaient
ni la radio ni le disque, les transcriptions
et les arrangements permettaient d’offrir
une diffusion musicale à des partitions
méconnues. la transcription de la Symphonie
fantastique, réalisée en 1834 par liszt à partir
d'une révision effectuée par berlioz en 1832,
fit connaître cette œuvre révolutionnaire à
travers l'europe. ce n'est qu'en 1845 que
berlioz disposa enfin des fonds nécessaires
pour faire graver la partition d'orchestre de sa
symphonie qui fut éditée précédemment aux
frais de liszt dans sa version pour piano sous
le titre : « Épisode de la vie d'un artiste. grande
symphonie fantastique, partition de piano ».
le quatrième mouvement (Marche au supplice)
sera l'objet d'une nouvelle transcription
en 1864-1865. liszt note sur la partition
autographe « marche du supplice » et non « au
supplice ». s'agit-il d'une faute d'impression
ou d'une volonté délibérée du transcripteur
au demeurant parfait francophone ? dans
ses récitals, liszt exécuta d'abord cette page
spectaculaire judicieusement jumelée avec la
Symphonie pastorale de beethoven, arrangée
également pour piano. si « charité bien
ordonnée commence par soi-même », malgré
les difficultés d'une partie pianistique qu'il
était le seul à pouvoir exécuter, le compositeur
hongrois ne fait pas moins bénéficier ses
contemporains de son travail de réduction de
la partition.
robert schumann ne prit connaissance de
la Fantastique que dans la version pour piano
qui indiquait les entrées des instruments
de l'orchestre. en 1841, à partir de ces
éléments, il rédigea un éloge enthousiaste :
« de quelle main hardie tout cela est
exécuté, en sorte que rien absolument ne se
puisse ajouter et effacer, sans enlever à la
pensée son acuité d'expression, sa force ».
schumann considérait cette œuvre à la fois
traditionnelle et moderne comme la première
grande symphonie après la Neuvième de
beethoven. en cinq mouvements, comme
la symphonie pastorale, elle magnifie les
forces et les beautés de la nature ainsi que
les passions humaines. son programme
déplaisait à schumann, mais berlioz le jugeait
« indispensable à l'intelligence complète
du plan dramatique de l'ouvrage ». il publie
dans Le Figaro, le 21 mai 1830, ses intentions
en la matière : « le compositeur a eu pour
but de développer, dans ce qu'elles ont de
musical, différentes situations de la vie d'un
artiste… le programme suivant doit donc être
considéré comme le texte parlé d'un opéra
servant à amener des morceaux de musique,
dont il motive le caractère et l'expression ».
on sait que berlioz (âgé à l'époque de 27
ans) est en proie à une passion dévorante
non partagée pour l'actrice irlandaise harriet
smithson, entendue à paris en 1827 dans le
rôle d'ophélie, dans Hamlet de shakespeare.
ses infortunes de cœur vont être à l'origine
de la composition de la Symphonie fantastique,
« épisode de la vie d'un artiste » op. 14.
Rêveries et passions (Largo – Allegro agitato e
appassionato assai) incarne la femme aimée
à laquelle songe le jeune musicien. Être idéal,
elle apparaît sous ses multiples visages : on
entend un coup de foudre au milieu de l'orage
annonçant fugitivement « l'idée fixe » qui
10 11

servira de fil conducteur à l'œuvre tout entière
« avec ses mouvements de fureur, de jalousie,
ses retours de tendresse, ses larmes, ses
consolations religieuses ».
Un bal (Allegro non troppo) est une valse
irréelle au milieu d'une fête troublée par le
retour de l'image de la bien-aimée qui jette un
trouble profond dans l'âme du héros.
Scènes aux champs (Adagio) se présente
comme un duo pastoral annoncé au
cor anglais, où schumann reconnaît les
chalumeaux et les cors des alpes qui se
répondent tandis que s'éloigne le tonnerre.
de sombres pressentiments envahissent le
musicien.
Marche au supplice (Allegretto non troppo,
feroce) offre une vision psychédélique où
l'artiste, sous l'emprise de l'opium, croit
assister à sa propre exécution sur l'échafaud.
la marche s'arrête avant l'apparition de l'idée
fixe, « dernière pensée d'amour interrompue
par le coup fatal ».
Le Songe d'une nuit de Sabbat (Larghetto –
Allegro – Dies irae burlesque – Ronde du sabbat
(fugato, meno allegro) – Ronde du sabbat et Dies
irae ensemble), aux épisodes mouvementés et
terrifiants, annonce une conception nouvelle de
la notion de l'espace, de la couleur orchestrale
et du mariage des timbres. le héros se voit
au milieu d'une orgie diabolique dans une
danse macabre organisée pour ses propres
funérailles. au milieu de la parodie burlesque
du Dies irae, la mélodie de la femme adorée
réapparaît tandis que sonne 11 fois le glas
funèbre annonçant une ronde de sorcières dans
un capharnaüm de bruit et de fureur.
au-dELà du PianO. liszt procède à une
réinterprétation dans son arrangement pour
piano pourtant assez proche de la version
originale. le traitement en noir et blanc,
donc plus monochrome qu'à l'orchestre,
pourrait se révéler squelettique, mais liszt,
en véritable sorcier des sons multiplie les
difficultés, les successions de glissandi en
tierces et en sixtes, les écarts de dixièmes
que ses grandes mains peuvent exécuter. les
trémolandos et autres artifices sont destinés
à mieux dégager la substantifique moelle
du riche matériau symphonique. il recourt
à des traitements typiquement pianistiques
très différents de la texture originelle afin de
rendre le moindre détail de l'orchestration
(renforcement des basses, écartement des
sixtes pour les harpes d'Un bal). la question
se pose parfois du transfert au piano du son
de l'orchestre là où la transcription sonne
mal et rend partiellement compte de la
dimension de la symphonie ; pourtant, chez
liszt, l'imagination est toujours présente ainsi
que le contrôle extraordinaire du clavier. « il
n'écrit jamais pour deux mains mais pour dix
doigts » (daniel barenboïm). cette propension
à se projeter au-delà de l'instrument, à servir
l'architecture par une construction de la
pensée est digne d'un organisateur hors pair.
dans la Symphonie fantastique comme dans
les autres arrangements (en particulier des
neuf Symphonies de beethoven), il s'adonne à
une véritable alchimie, transformant le plomb
en or. « il s'agit d'une transsubstantiation
miraculeuse, changeant
l'hydromel orchestral en
pain et vin pianistiques
pour déchaîner
orages et sabbats,
spleen bucolique et
griserie citadine. »
(gilles macassar).
michel le naour
WAGNER EN BELGIQUE
SAMEDI 18 MAI 2013 – 16H
WAGNER,
Le Vaisseau fantôme, ouverture (1839-1841, 1860) w env. 10’
CHAUSSON,
Poème pour violon et orchestre op. 25 (1896) w env. 16’
lento e misterioso – animato – poco lento – allegro – tempo primo
Yossif ivanov, violon
est un compositeur qui passe pour avoir introduit le
loup wagnérien dans la bergerie française, c’est bien
S’il
César Franck ! Plus encore que sa musique (et notamment
sa célèbre Symphonie), c’est son enseignement qui a créé une
génération de wagnériens en France, à commencer par Ernest
Chausson. Entre 1870 et 1914, alors que Paris boude la musique de
Wagner, ses disciples inconditionnels — Chausson, Chabrier, d’Indy
ou Massenet — créent leurs opéras au Théâtre de La Monnaie de
Bruxelles qui a déjà proposé toutes les premières versions françaises
des opéras de Wagner. Liège et Gand prennent le relais. La Belgique
wagnérienne est en marche !
12 13
PAUSE
FRANCK,
Symphonie en ré mineur (1886-1888) w 40’
1. lento – allegro non troppo
2. allegretto
3. allegro non troppo
GeorGe Tudoraché, concerTmeisTer
orchestre philharmoniQue roYal de liège
christian arming, direction
18/05 16h

wagner LE VAISSEAU FANTÔME,
OUVERTURE (1839-1841, 1860)
minna planer
cRibLÉ dE dETTES. né à leipzig le
22 mai 1813, richard Wagner est orphelin
de père à six mois. en août 1814, sa mère
épouse l’acteur ludwig geyer — sans
doute le véritable père de richard — qui lui
communiquera sa passion pour le théâtre. car
c’est bien shakespeare et non beethoven que
le jeune homme veut d’abord égaler… mais
à 15 ans, Wagner découvre le pouvoir de la
musique, qu’il décide d’étudier à l’université
de leipzig. ses premiers modèles seront
carl maria von Weber et beethoven. À 20 ans,
son opéra Les Fées demeure injoué, mais sa
nomination aux postes de directeur musical
aux opéras de Wurzbourg et de magdebourg
le tire d’ennuis pécuniaires. peu après la
création de son opéra La Défense d’aimer, en
1836, Wagner épouse l’actrice minna planer.
le couple s’installe à königsberg, puis à riga
(lettonie). après quelques semaines, minna
le quitte pour un autre… qui la laissera sans
le sou. Wagner pardonne à l’infidèle mais
leur mariage est définitivement compromis et
s’achèvera 30 ans plus tard dans la souffrance.
toute sa vie, Wagner sera tourmenté par
des problèmes d’argent. criblé de dettes,
le couple s’enfuit vers la grande-bretagne.
au cours de la traversée, une forte tempête
oblige le bateau à trouver refuge dans un fjord
norvégien. c’est cet épisode qui inspirera à
Wagner son premier opéra d’envergure : Le
Vaisseau fantôme.
VicTOiRE dES amanTS. après londres,
le couple gagne paris. c’est à meudon, entre
1839 et 1841, que Wagner compose Le Vaisseau
fantôme, opéra en trois actes qui sera créé à
dresde le 2 janvier 1843. s’il relève encore en
grande partie du style dominant de l’époque,
l’ouvrage comporte néanmoins déjà plusieurs
grands thèmes de l’univers wagnérien :
l’errance, l’arrivée d’un personnage inconnu,
le sacrifice, la rédemption par l’amour. en
1860, Wagner retravaille l’ouverture pour une
exécution en concert à paris. l’influence de
Weber se ressent dans la description de la
nature. l’ouverture repose essentiellement
sur deux thèmes : celui du Hollandais (en
allemand, le titre se traduit par Le Hollandais
volant), un Allegro con brio attaqué par les
cors et bassons, suivi d’un dessin inquiétant
des cordes symbolisant peut-être l’équipage
fantôme du navire ; un second thème, aux
bois, évoquant la figure apaisante de senta,
la rédemption par l’amour. s’ensuit un long
développement où s’affrontent les différents
thèmes. la conclusion consacre le triomphe
du motif de Rédemption et le retour du premier
thème, cette fois en majeur.
CHaUssOn POÈME
POUR VIOLON ET ORCHESTRE (1896)
ami dES SymbOLiSTES. issu d’une riche
famille bourgeoise, ernest chausson (1855-
1899) ne se consacre à la musique qu’après un
doctorat en droit. formé auprès de massenet
et franck au conservatoire de paris, il
découvre Wagner à munich (Tristan, 1879) puis
à bayreuth (Parsifal en 1882, 1883 et 1889).
homme de grande culture, il collectionne
les toiles romantiques et impressionnistes et
organise de grandes réceptions où se côtoient
les grands noms de l’époque. il se lie d’amitié
avec les peintres symbolistes odilon redon
et maurice denis, théoricien du groupe des
nabis. il s’intéresse au courant symboliste qui,
en réaction au naturalisme, s’efforce de fonder
l’art sur une vision symbolique et spirituelle du
monde, souvent extatique. parmi ses œuvres
les plus connues figurent l’opéra Le Roi Arthus
et le Poème pour violon et orchestre. ernest
chausson meurt à 44 ans, des suites d’un
accident de vélo.
« J’aimE miEux LES gymnaSTES ». en
1893, le virtuose belge eugène Ysaÿe demande
à chausson de lui écrire un concerto pour
violon, mais celui-ci rechigne, prétextant que
son opéra lui prend beaucoup de temps :
« Je travaille en ce moment au Roi Arthus : il
est impossible que je tarde plus longtemps
à terminer ce drame, commencé depuis
plusieurs années. Je ne vois donc guère le
moyen de penser à un concerto, qui est une
bien grosse chose, difficile en diable, et si
délicate à écrire. mais… un morceau seul
pour violon et orchestre, cela devient plus
possible. J’y ai songé : ce serait un morceau
d’une forme très libre, avec de nombreux
passages où le violon jouerait seul. » plus loin,
il ajoute : « Je lirai avec grand plaisir le recueil
de farandoles wallonnes dont tu me parles.
cela pourra me donner des idées pour le futur
concerto. » sans doute, la forme du concerto
autant que les farandoles — fussent-elles
wallonnes — devaient-elles contrarier quelque
peu l’inspiration du poète chausson car, deux
ans plus tard, il confie à vincent d’indy : « Je
crois bien qu’il y a quelque chose à trouver
dans cette forme de morceau pour violon et
orchestre, quelque chose de très différent
de ce qu’on a fait et qui est si ennuyeux !
crickboom m’a joué hier le concerto de
beethoven : je m’étais bien préparé à l’avance
à l’admiration ; je ne suis arrivé qu’aux
grincements de dents. oh ! ces interminables
traits. et il les fait pourtant très bien,
crickboom, avec une facilité qui éloigne toute
idée de sueur. mais dans ce genre d’acrobaties
franchement, j’aime mieux les gymnastes. »
nOuVELLE dE TOuRguEniEV. c’est
finalement au printemps de l’année suivante, du
25 avril au 29 juin 1896, que chausson s’attelle
à la composition du Poème. commencée à
paris, l’œuvre est achevée en suisse, à glion :
« nous nous sommes ensuissés pendant six
semaines, écrit-il à son ami pierre de bréville.
pas drôle la suisse ; mais la présence toute
proche des bonnières à montreux nous a fait
cette année paraître le temps moins long.
[…] J’ai terminé — enfin — le morceau de
violon pour Ysaÿe et écrit quelques danses
pour le piano. » souvent considéré comme un
ouvrage de musique pure, le Poème s’inspire à
l’origine d’une nouvelle fantastique de l’écrivain
russe ivan tourgueniev (1818-1883), Le Chant
de l’Amour Triomphant, qui voit une jeune
italienne du xvi e siècle tomber sous le charme
d’un violon magique, ramené d’inde par un
ancien amant pour tenter de la reconquérir.
apparemment construite comme une
improvisation libre, l’œuvre s’articule en réalité
en cinq épisodes enchaînés, sur le plan lent/vif/
lent/vif/lent : Lento e misterioso – Animato – Poco
lento – Allegro – Tempo primo. elle fut créée
à nancy le 27 décembre 1896 par Ysaÿe, puis
le 4 avril 1897 à paris, aux concerts colonne.
chausson en a laissé une transcription pour
violon et piano.
14 maison où fut composé le Vaisseau fantôme, à meudon.
15

franCK
SYMPHONIE (1887-1888)
WagnÉRiEn ? « si un compositeur passe
pour avoir introduit le loup wagnérien dans la
bergerie française, c’est bien césar franck
(1822-1890). on a rapproché son langage
harmonique, imprégné d’un chromatisme
ardent, de celui de Wagner ; et sa forme
cyclique, du principe du leitmotiv. il faut
pourtant relativiser ces croyances. […] ropartz
écrivait à propos de son professeur : Il
connaît Wagner, certes, il l’a étudié, il a profité
de cette étude ; pourtant, il n’est rien, ni dans
l’architecture de ses compositions, ni dans
l’instrumentation, ni dans le contenu mélodique
des thèmes employés, ni dans l’enchaînement
des harmonies, qui rappelle les procédés du
géant de Bayreuth. L’influence wagnérienne
plane sur la musique de César Franck ; il est
impossible de dire expressément ce que la
Maître français s’est assimilé de la manière du
Maître allemand ; il est avant tout lui-même. »
(dictionnaire Wagner)
cycLiquE. un peu inquiets de voir franck
s’être aventuré de lui-même dans le mythe de
psyché pour en tirer son poème symphonique
le plus développé, quelques disciples le
pressèrent d’écrire une vraie symphonie.
franck qui s’était déjà risqué tout jeune à le
faire — une « symphonie à grand orchestre »
en sol majeur, aujourd’hui perdue, avait été lue
par la société philharmonique d’orléans en
1849 — accepta l’enjeu qui consistait à trouver
une nouvelle définition du genre. il sentait
le moment venu de produire une œuvre qui
serait la synthèse de son esthétique. Quelques
mois avant de se mettre au travail, il avait
été impressionné par la Symphonie cévenole
de son élève vincent d’indy, et surtout par la
Symphonie avec orgue en do mineur de camille
saint-saëns dédiée à la mémoire de liszt,
toutes deux bâties sur un plan rigoureusement
cyclique (reprise des thèmes tout au long
de l’œuvre). le plan de sa symphonie le
serait aussi. mais l’œuvre affirmerait plus
nettement que ses devancières sa filiation
avec beethoven. commencée le 12 septembre
1887, achevée le 22 août 1888, dédiée à henri
duparc, la Symphonie de franck est créée le 17
février 1889 à paris, par la société des concerts
du conservatoire dirigée par Jules garcin.
cLaSSiquE. les analyses diverses qui
ont été faites de la Symphonie en ré mineur
ont souligné cette filiation, sans retrouver la
candeur du regard que franck portait sur son
œuvre. pressé par ses élèves d’expliquer ce
qu’il avait voulu faire, il leur déclara : « c’est
une symphonie classique. au début du premier
mouvement [Lento – Allegro non troppo] se
trouve une reprise, comme on en faisait
autrefois pour mieux affirmer les thèmes.
mais elle est dans un autre ton [fa mineur].
ensuite viennent un andante [en réalité un
Allegretto] et un scherzo liés l’un à l’autre.
Je les avais voulus de telle sorte que chaque
temps de l’andante égalant une mesure du
scherzo, celui-ci pût, après développement
complet des deux morceaux, se superposer
au premier. J’ai réussi mon problème. le
finale [Allegro non troppo], ainsi que dans la
Neuvième [de beethoven], rappelle tous les
thèmes ; mais ils n’apparaissent pas comme
des citations, j’en fais quelque chose, ils
jouent le rôle d’événements nouveaux. »
Quelque considération d’ordre poétique ou
littéraire était-elle à l’origine de la symphonie ?
franck répondit : « non ! c’est de la musique,
simplement de la musique. pourtant en
composant l’Allegretto (la première phrase
surtout) j’ai pensé, oh ! très vaguement, à une
sorte de cortège antique. »
JoËl-marie fauQuet
SOUVENIRS
DE BAYREUTH
DIMANCHE 19 MAI 2013 – 15H
WAGNER/LISZT, Tannhäuser, ouverture w env. 15’
LASSEN/LISZT, Hagen und Kriemhild (1878-1879) w env. 5‘
LASSEN/LISZT, Bechlarn (1878-1879) w env. 5’
GOBBAERTS,
L’Anneau du Nibelung : Siegfried, op. 153 pour piano (éd. 1885) w env. 5’
CHABRIER,
Souvenirs de Munich pour piano à 4 mains (1885-1886) w env. 9’
1. pantalon
2. Été
3. poule
4. pastourelle
5. galop
16 17
PAUSE
FAURÉ/MESSAGER,
Souvenirs de Bayreuth pour piano à 4 mains (1886) w env. 6’
LASSEN, Lyrische Stücke für eine Gesangstimme aus Tristan und Isolde
pour piano à 4 mains (1886) w env. 25’
1. kurwenals spottlied
2. isoldes erzählung an brangäne
3. tristan und isoldes liebesduett
4. tristans frage an isolde
5. isoldes antwort an tristan
6. isoldes verklärung
WAGNER/LISZT,
Fantaisie sur des motifs de Rienzi w env. 10’
Johan schmidt, piano
feng dan fang, piano
sur le vendredi 14 juin à 14h.
19/05 15h

Bayreuth ! Une petite bourgade
en Bavière où Wagner érige un
théâtre pour ses propres opéras.
Un lieu de pèlerinage qui devient
dès 1876 le quartier général de
tous ses admirateurs. Le rituel
y est strict. Tout wagnérien qui
se respecte doit interpréter le
matin, sur le piano de son hôtel,
l’opéra du soir. Les transcriptions
et fantaisies de Liszt, Lassen
et d’autres favorisent cet
entraînement matinal. S’il
enfièvre les uns, le culte rendu
à Wagner fait rire les autres.
Chabrier, Fauré et Messager
notamment, qui parodient jusqu’à
l’irrévérence le pèlerinage
folklorique dans leurs Souvenirs
de Bayreuth.
WAGNER CHEZ
LES BELGES
au xix e SiècLE, il est d’usage de présenter
aux auditeurs les pages les plus brillantes des
opéras sous la forme de transcriptions. cette
pratique connaît une grande vogue et franz
liszt en est certainement un des plus grands
représentants (voir les concerts précédents).
Wagner n’échappe pas à l’engouement
général. tout d’abord, ce sont les réductions
pour piano des opéras qui sont privilégiées
dans un but didactique. très vigilant, richard
Wagner veille à la précision et au respect de
ses compositions. c’est la raison pour laquelle
il s’inquiète souvent lorsque les éditeurs se
permettent de faire réaliser des réductions
sans le consulter au préalable. cependant, la
plupart de celles-ci sont dues à d’excellents
pianistes, parfois anciens élèves de liszt. ces
réductions pour piano et chant ou piano seul
avec texte joint sont, dans un premier temps,
très appréciées.
rapidement, les transcriptions à deux ou
quatre mains, ou facilitées pour piano seul
à l’usage des amateurs, ainsi que les potspourris,
les choix d’extraits arrangés pour
voix et piano, violon ou tout autre instrument à
cordes avec piano fleurissent un peu partout.
fidèles aux thèmes originaux, les
transcriptions laissent à travers leur
écriture une plus large liberté à la technique
instrumentale. Quant aux pots-pourris et
fantaisies, ce sont des compositions parfois
plus éloignées de l’œuvre initiale qui laissent
la part belle à la créativité ainsi qu’à la
parodie.
fidèles à cette pratique, plusieurs musiciens
belges écrivent des pièces sur des thèmes
wagnériens en prévision ou dans l’espoir de
voir montés à la scène les opéras de Wagner
ou simplement parce que cette musique
adaptée principalement pour le clavier appelle,
par son éclat virtuose, le concert.
lassen/lisZt HAGEN UND KRIEMHILD /
BECHLARN (1878-1879)
LE PaRcOuRS d‘EduaRd LaSSEn EST imPRESSiOnnanT. de confession juive,
le musicien naît à copenhague en 1830. son père, louis, émigre à bruxelles deux ans après
sa naissance et devient rapidement un notable du consistoire central israélite de belgique.
après avoir obtenu les premiers prix de piano et de composition au conservatoire de bruxelles,
eduard reçoit en 1851 le prix de rome pour sa cantate Balthasar. cette distinction lui ouvre
les horizons étrangers. c’est ainsi qu’il part pour l’allemagne où il rencontre franz liszt qui
l’estime beaucoup. ayant succédé en 1858 au prestigieux compositeur, il sera, jusqu’en 1895,
hofkappelmeister du théâtre grand-ducal à Weimar où il dirigera entre autre Le Vaisseau
fantôme, Tannhäuser, Lohengrin et Les Maîtres chanteurs de Nuremberg. Élu membre associé de
la classe des beaux-arts de l’académie royale de belgique en 1902, eduard lassen décède à
Weimar deux ans plus tard.
Hagen und Kriemhilde et Bechlarn sont deux brèves transcriptions de franz liszt sur deux
compositions d’eduard lassen. en 1876, ce dernier élabore une musique d’accompagnement
pour le drame du Nibelung du poète allemand christian friedrich hebbel (1813-1863). celle-ci
est alors composée de 11 parties. liszt récrit les parties V. Hagen und Krimhild et VIII. Bechlarn
pour piano afin de former une œuvre cohérente et présentable lors d’un concert. nettement plus
longues que les transcriptions originales de lassen, les deux pièces de liszt sont dédiées à la
baronne ingeborg von bronsart, élève de liszt et compositrice. d’une redoutable difficulté et de
caractères diamétralement opposés, les adaptations sont parues à breslau en 1879.
gOBBaerts
SIEGFRIED (1885)
auTEuR dE PLuSiEuRS centaines de
compositions populaires pour piano, Jeanlouis
gobbaerts écrit sous un pseudonyme
qui n’est que l’anagramme de son nom :
streabbog. né à anvers en 1835, il fait
l’essentiel de sa carrière à bruxelles et décède
à saint-gilles en 1886. Siegfried op. 153, est
issu de L’Anneau du Nibelung, ensemble de
quatre transcriptions (du n° 150 au n° 153)
pour piano édité chez schott probablement
en 1885. de très belle facture pianistique,
siegfried est bâti sur le thème du duo d’amour
entre les héros siegfried et brünnhilde dérivé
primitivement de la Siegfried-Idyll auquel
s’adjoint le gracieux air de l’oiseau de la
forêt. bien que certaines nuances soient
par endroits quelque peu singulières, la
transcription demeure particulièrement fidèle
aux thèmes.
CHaBrier
SOUVENIRS DE
MUNICH (1885-1886)
On PREnd un Vif PLaiSiR aux Souvenirs
de Munich, pour 4 mains, datés de 1885-1886 :
ce « quadrille sur des thèmes favoris de Tristan
et Yseult est une fantaisie très irrespectueuse.
l’irrespect, il est vrai, s’accompagne d’une
immense dévotion (et l’œuvre ne fut-elle
pas dédiée à « monsieur lascoux », ardent
défenseur en france du maître de bayreuth ?).
ne s’en scandaliseront que les censeurs
de toute plaisanterie en musique 1 , et s’en
réjouiront fort les anti-wagnériens. on n’y
peut même parler de discrètes allusions,
— tant la paraphrase s’y fait cocassement
insistante : les thèmes les plus nobles, les
1 un « méfait musical…, de goût discutable », selon le pianiste
alfred cortot : ce qui est aller loin !
18 19

plus émouvants, les plus sublimes de Tristan y sont pris à partie, rythmiquement déformés,
harmoniquement pervertis, — mais nullement caricaturés ; ce sont là des parodies. chacune — il
y en a cinq — est ponctuée par un rude accord final des 4 mains. (tranchefort)
fRanciS POuLEnc trouvait ces Souvenirs de Munich « irrésistiblement drôles » lorsque les
thèmes de Wagner sont travestis par de « fausses barbes et de curieuses moustaches ». on
entend successivement : Pantalon, Été, Poule, Pastourelle et Galop.
faUrÉ SOUVENIRS DE BAYREUTH (1880)
En 1880 et dans le même esprit, gabriel fauré (1845-1924) et andré messager (1853-1929)
signent ce « quadrille sur des motifs favoris de L’Anneau du Nibelung de Wagner » intitulé
Souvenirs de Bayreuth. il s’agit là aussi d’une composition pour 4 mains dans laquelle la
paraphrase prend les allures d’une parodie facétieuse et pleine de truculence. (halbreich)
lassen LYRISCHE
STÜCKE (1886)
auTEuR dE nOmbREuSES œuVRES
dont deux transcriptions de salon sur les
Maîtres chanteurs de Nuremberg, lassen se
distingue avec les six Lyrische Stücke für eine
Gesangstimme aus Tristan und Isolde pour piano
à quatre mains. Éditées chez breitkopf & härtel
en 1886, elles mettent en évidence — mais dans
le désordre — les grands moments du drame.
ainsi, la première transcription, Kurwenal
Spottlied (« air de bravoure de kourvenal »)
devance le récit d’isolde à brangäne (Isoldes
Erzählung an Brangäne). le troisième épisode,
Tristan und Isoldes Liebesduett (le fameux
duo d’amour de la deuxième scène de l’acte
ii) présente un évident statisme dans son
écriture pianistique. les échanges entre les
deux protagonistes, Isoldes Atnwort an Tristan
(« réponse d’isolde à tristan ») et Tristans Frage
an Isolde (« Question de tristan à isolde ») sont
intervertis. enfin, l’ensemble de transcriptions
se clôture avec l’Isoldes Verklärung
(« transfiguration d’isolde ») qui laisse émerger
le magnifique Mild und Leise symbolisant le
trépas de l’héroïne.
michèle isaac
wagner/
lisZt
FANTAISIE
SUR DES MOTIFS
DE RIENZI (1859)
LE RING SANS PAROLES
DIMANCHE 19 MAI 2013 – 18H
D’INDY,
Concert pour flûte, violoncelle, piano et cordes op. 89 (1926) w env. 20’
1. modéré, bien décidé
2. lent et expressif
3. mouvement de ronde française
ensemble kheops
PAUSE
WAGNER, Le Ring, une aventure orchestrale
(1850-1874, arr. de vlieger, 1988-1991) w env. 65’
L’OR DU RHIN
1. prélude
2. l’or du rhin
3. nibelheim (monde souterrain)
4. Walhalla
LES WALKYRIES
1. les Walkyries
2. magie du feu
SIEGFRIED
1. forêt profonde
2. héroïsme de siegfried
3. réveil de brünnhilde
LE CRÉPUSCULE DES DIEUX
1. siegfried et brünnhilde
2. voyage de siegfried sur le rhin
4. marche funèbre
5. sacrifice de brünnhilde
george tudorachÉ, concertmeister
orchestre philharmoniQue roYal de liège
christian arming, direction
L'œuVRE daTE de 1859 mais semble plutôt
caractéristique des années 1840. liszt traitant
cet opéra italianisant du premier Wagner
comme il a coutume de le faire avec les
italiens (donizetti) et les français (meyerbeer) :
il reprend les thèmes les plus marquants
Une rareté pour couronner le Festival Wagner ! Grâce à
l’arrangement réalisé par le compositeur néerlandais Henk
de Vlieger en 1991, découvrez le meilleur de La Tétralogie
dans une version exclusivement symphonique. Un tour du Ring en
et les ordonne selon l'enchaînement le plus
pianistique possible. le style (arpèges en
aller et retour) n'est pas sans rappeler la
transcription du Ernani d'un verdi qui n'en
moins de 80 minutes précédé de la musique de Vincent d’Indy, l’un
des plus fervents admirateurs de Wagner en France.
était, lui aussi, qu'à ses débuts. sur le lundi 24 juin à 14h.
20 21
19/05 15h

D’inDY CONCERT POUR FLÛTE,
VIOLONCELLE, PIANO ET CORDES (1926)
iSSu dE La nObLESSE, vincent d’indy
(1851-1931) perd sa mère à l’âge d’un mois
et est recueilli par sa grand-mère paternelle,
qui l’initie très jeune à la musique. en 1890, il
succède à son maître césar franck à la tête de
la société nationale de musique. Quatre ans
plus tard, il fonde (avec bordes et guilmant)
la schola cantorum, une école de musique
visant à remettre à l’honneur la musique
religieuse ancienne. parallèlement, il enseigne
la direction d’orchestre au conservatoire de
paris dès 1912. grand défenseur de Wagner
et de franck, d’indy n’en apprécie pas moins
debussy. parmi ses élèves, figurent notamment
satie, roussel et honegger. satie lui rend ainsi
hommage : « J'ai toujours été un mauvais
élève — un cancre. mais je dois dire qu'avec
d'indy j'ai beaucoup travaillé, et que je conserve
le meilleur souvenir des sept années passées
auprès de cet homme, si bon et si simple. »
d’indy a laissé des œuvres pour piano, de
la musique de chambre (sonates, quatuors,
quintette…), plusieurs opéras, trois symphonies,
des poèmes symphoniques, ainsi qu’une œuvre
pour piano et orchestre régulièrement jouée : la
Symphonie « cévenole » (1886).
REmaRiagE. ayant perdu son épouse en
1905, d’indy se remarie 15 ans plus tard avec
caroline Janson, qui l’éloigne des cévennes
— où il avait fait bâtir à 35 ans le château de
faugs (ardèche) — et lui fait découvrir les
charmes de la méditerranée. après un voyage
de noces en sicile, le couple séjourne dans la
baie d’agay, à l’est de saint-raphaël. À l’aube
de la septantaine, le compositeur découvre la
grande bleue avec ravissement et apprend à
nager. en 1925, le couple fait même bâtir une
petite villa — l’Étrave — donnant sur la mer
et le massif de l’estérel. sous l’influence du
soleil du midi, d’indy sent croître l’inspiration.
c’est l’époque du Poème des rivages op. 77
(1919-1921), inspiré de la baie d’agay, de l’île
de majorque, de la côte de l’adriatique et du
golfe de gascogne, mais aussi du Diptyque
méditerranéen op. 87.
le Concert pour flûte, violoncelle, piano et
cordes op. 89 fut composé à agay en 1926. la
création eut lieu le 2 avril 1927 à la société
nationale, avec l’orchestre colonne. dernière
œuvre symphonique du compositeur, ce
Concert est à rapprocher aussi bien des
concerti grossi des maîtres baroques italiens
et allemands que du fameux Concert pour
piano, violon et cordes écrit par chausson entre
1889 et 1891. hormis le début du Modéré, bien
décidé, qui rappelle la vigueur rythmique de
bach ou haendel, le caractère d’ensemble
de l’œuvre appartient bien au xx e siècle,
notamment par sa variété mélodique et ses
harmonies inattendues. le mouvement central
Lent et expressif est en soi un chef-d’œuvre.
la longue, tendre et nostalgique cantilène que
chante la flûte est à elle seule suffisante pour
illustrer l’invention mélodique de son auteur.
Quant au finale Mouvement de ronde française,
il conclut sur un motif de caractère populaire
alliant fraîcheur et dynamisme.
wagner
LE RING,
UNE AVENTURE
ORCHESTRALE
(aRR. dE VLiEgER)
LE LEiTmOTiV. une facette essentielle des
opéras de Wagner réside dans l’utilisation du
leitmotiv, défini comme un thème récurrent,
ou une formule rythmique ou harmonique
symbolisant une idée, une personne ou un
concept particulier. cette technique d’écriture
usant des leitmotivs est tellement inhérente
aux opéras de Wagner que l’on finit par croire
que c’est Wagner lui-même qui l’inventa. or
d’autres compositeurs firent usage avant lui
du leitmotiv pour accroître les interactions
dramatiques mais aucun avec une telle
ampleur et un tel systématisme. Wagner ne
parlait pas de leitmotiv mais simplement
de « motif » ou « motif principal ». le terme
« leitmotiv » date de 1876 ; il a été introduit par
hans von Wolzogen, fondateur et rédacteur
en chef du Bayreuther Blätter, un mensuel
d’information dédié à Wagner.
dOubLE inTRiguE. en dépit d’explications
parfois mélodramatiques et datées,
sinon risibles, ce concept de leitmotiv
continue à jouer un rôle important dans la
compréhension des drames wagnériens. ce
qu’il faut garder à l’esprit quant à l’usage
des leitmotivs chez Wagner, c’est qu’il se
concentre essentiellement dans la musique
jouée par l’orchestre, à un point tel que ce
qui se passe sur scène semble l’illustration
de ce qui se joue dans la fosse d’orchestre.
sur scène, l’intrigue se déploie de manière
assez claire, tandis que l’orchestre, par
une ingénieuse interaction rythmique et
harmonique, transmet une intrigue secondaire
nourrie de commentaires psychologiques et
philosophiques.
danS La fOSSE. le sommet de la
technique du leitmotiv wagnérien trouve son
accomplissement dans le drame mythologique
intitulé L’Anneau du Nibelung, sur lequel le
compositeur travailla de 1850 à 1874 et dans
lequel il décrit sa vision du monde. l’immensité
de cette œuvre, comportant quatre opéras et
presque 15 heures de musique, nécessitait
l’usage des leitmotivs pour créer un unité
musicale et dramatique dans une Tétralogie
interprétée en plusieurs jours. pourtant, chez
Wagner, les leitmotivs sont bien plus que
de simples « rappels » ou « repères ». en les
variant harmoniquement et rythmiquement
et en les développant, Wagner leur donne une
fonction narrative, au travers de laquelle le
drame véritable est en fait transféré de plus en
plus souvent dans la fosse.
22 23

24
cOnSTELLaTiOn. de temps à autres, une
relative simplicité prévaut, comme dans la
Chevauchée des Walkyries (le prélude à l’acte
iii de la seconde partie, Les Walkyries), qui
dépeint les filles du dieu Wotan chassant à
travers les grandes étendues, avec sur la
croupe de leur monture, des héros terrassés.
ici, c’est le motif principal qui se répand de
manière inexorable en de jubilatoires cris de
bataille. ailleurs néanmoins, Wagner reprend
les thèmes et les entrelace comme dans la
quatrième partie, Le Crépuscule des dieux,
par exemple, une immense constellation
de leitmotivs. cette dernière partie du Ring
devient un point culminant dans lequel tous
les fils de la trame dramatique s’enchevêtrent,
le point focal étant l’acte iii, à la Mort de
Siegfried, l’homme prédestiné par le dieu
Wotan pour être le « héros libre » du monde
ancien qui essaye donc de sauver les valeurs
anciennes. après sa mort survient une Marche
funèbre dans laquelle sont entremêlés plus
de 15 leitmotivs de scène précédentes du
Ring, retraçant l’histoire des Walsüngen,
les jumeaux que Wotan engendra avec une
mortelle durant ses promenades sur terre, et
de leur fils siegfried.
À travers sons
UNE ÉTOILE ET MOI
VENDREDI 31 MAI 2013 – 20H
isabelle georges, chant | frederik steenbrink, piano
www.uneetoileetmoi.com
SuiTES ORchESTRaLES. le 12 mars
1988, le chef hollandais edo de Waart et
l’orchestre philharmonique de la radio
des pays-bas donnèrent l’Or du Rhin en
version de concert. suivirent la quatrième
partie Le Crépuscule des dieux, le 1 er juillet
1989, et enfin les parties médianes, les
Walkyries et Siegfried, les 23 février et 1 er mars
1991. le succès fut tel que edo de Waart
voulut ajouter des passages symphoniques
du Ring au répertoire d’une tournée en
allemagne, en février 1992. constatant
qu’aucun arrangement n’était disponible,
henk de vlieger (né en 1953), compositeur,
arrangeur et percussionniste de l’orchestre
philharmonique de la radio, décida de
compiler une suite orchestrale entièrement
neuve, qui fut créée sous le titre Une Ring-
Symphonie, et plus tard rebaptisée Le Ring, une
aventure orchestrale. par la suite, de vlieger
tira également des suites orchestrales de deux
autres opéras de Wagner : Parsifal (1994) et
Tristan et Isolde (1995).
w Après le succès de padam, padam, le duo Isabelle Georges et Frederik
Steenbrink revient avec un nouveau spectacle qui évoque le destin et la
personnalité d’une icône du XX e siècle, Judy Garland. De over the rainbow (le
magicien d’oz) à the man that got away (une étoile est née) en passant par
quelques chefs-d’œuvre de George Gershwin, Cole Porter ou Harold Arlen.
paul korenhof (trad. Éric mairlot)
GUILLAUME
TELL
André-ErnEst-ModEstE Grétry
dirEction MusicAlE Claudio SCiMoNE
MisE En scènE StEfaNo MaZZoNiS di PRalafERa
décors JEaN-Guy lECat
costuMEs fERNaNd RuiZ luMièrEs fRaNCo MaRRi
chEf dEs chœurs MaRCEl SEMiNaRa
nouvEllE coproduction oPéRa Royal dE WalloNiE / oPéRa dE lauSaNNE
GuillAuME tEll Marc LaHO MAdAME tEll anne-catHerine GiLLet
GEslEr LiOneL LHOte MAriE LiesbetH DeVOs
MElKtAl pèrE Patrick DeLcOUr MElKtAl fils stefan cifOLeLLi
lE voyAGEur rOGer JOakiM
lE fils dE GuillAuME tEll natacHa kOWaLski
orchEstrE, chœurs Et MAîtrisE oPéRa Royal dE WalloNiE
PlaCE dE l’oPéRa lièGE WWW.oPERaliEGE.BE 04 221 47 22
Réalisé avec l’aide de la FédéRation Wallonie-BRuxelles (diRection généRale de la cultuRe, seRvice de la Musique)
et avec le soutien de la PRovince de liège et de son seRvice des aFFaiRes cultuRelles
07 15 JuiN13

CHRISTIAN
ARMING DireCtiOn
chRiSTian aRming est le directeur
musical de l’oprl depuis le 1 er septembre
2011. né en 1971 à vienne, christian arming
a grandi à hambourg. disciple de leopold
hager, il collabore étroitement, de 1992 à
1998, avec seiji ozawa et dirige l’orchestre
symphonique de boston à tanglewood et
le new Japan philharmonic à tokyo. en
1995, à 24 ans, christian arming est le plus
jeune chef nommé à la tête de l’orchestre
philharmonique Janácek d’ostrava (1995-
2002). il est ensuite directeur musical
de l’orchestre symphonique de lucerne
(2001-2004) et, depuis 2003, du new Japan
philharmonic (tokyo), où il a succédé à seiji
ozawa. christian arming a dirigé plus de
50 orchestres dans le monde. il est également
très demandé à l’opéra. À liège, il souhaite
mettre l’accent sur le répertoire d’europe
centrale, profiter de la tradition que cultive
l’oprl dans le domaine de la musique
contemporaine, transmettre sa connaissance
de la musique slave (tchèque en particulier),
et enrichir le répertoire français cher à
l’orchestre.
10/10 dE cLaSSicSTOday.cOm
fabuleux. c’est l’un des meilleurs
enregistrements [de la Symphonie de franck]
de ces dernières années. arming mène cette
œuvre délicate à la perfection. »
(david hurwitz, Classicstoday.com, déc. 2012)
ROGER MURARO
PianO
nÉ à LyOn En 1959 de parents vénitiens,
roger muraro entreprend dans sa ville natale
des études de saxophone avant de faire ses
gammes au clavier en autodidacte. a 19 ans,
il entre dans la classe d’Yvonne loriod au
conservatoire de paris et fait la connaissance
d’olivier messiaen. il s’impose très tôt comme
l’un des interprètes majeurs du compositeur
français et lui consacre en 2001 (chez accorduniversal)
une intégrale en 7 cd de son œuvre
pour piano seul qui a fait l’unanimité de la
critique. doté d’une technique éblouissante —
il a été lauréat des concours internationaux
tchaikovski de moscou et liszt de parme —
son jeu se met toujours au service de la poésie
et de la sincérité. son art à la fois onirique
et lucide, imaginatif et rigoureux s’applique
tout autant à moussorgski, ravel, albeniz,
rachmaninov, debussy, qu’à beethoven,
chopin, liszt, schumann dont il sait dégager
l’émotion, les couleurs, le romantisme à fleur
de peau et les ambiances sonores. son disque
consacré à la version pour piano de liszt de
la Symphonie fantastique de berlioz et son
enregistrement du Concerto en sol de ravel
avec l’orchestre philharmonique de radio
france et myung-Whun chung sont parus
en 2011. roger muraro est professeur au
conservatoire supérieur de paris. avec l’oprl,
il a joué notamment messiaen (2000) et britten
(2002). www.rogermuraro.com
YOSSIF IVANOV
viOlOn
fORmÉ auPRèS de Zakhar bron, igor et
valery oïstrakh et augustin dumay, Yossif
ivanov est acclamé comme « un interprète
d'une exceptionnelle autorité et d'une
remarquable présence » (The Strad) et comme
« l'un des grands violonistes de demain »
(Diapason). À 16 ans, il a obtenu le premier
grand prix du concours musical international
de montréal, pour ensuite remporter, deux
ans plus tard, le deuxième prix au concours
reine Élisabeth de belgique ainsi que le prix
du public. au cours des dernières années,
Yossif ivanov a fait ses débuts dans toutes les
salles européennes musicales d'importance.
il se produit avec les orchestres de montréal,
londres, birmingham, lucerne, vancouver,
rotterdam, luxembourg, la haye, genève,
varsovie, milan, lausanne, lille, paris…
son premier enregistrement pour le label
ambroisie/naïve (sonates de franck, Ysaÿe et
d'haene) a reçu le fameux « diapason d'or de
l'année ». ses deux disques avec orchestre
(concertos de bartók & chostakovitch, puis
dutilleux & d'haene), ont également été très
bien reçus par la presse musicale.
dEPuiS 2008, Yossif ivanov est le professeur
le plus jeune du conservatoire de bruxelles.
hôte régulier de l’oprl, il joue le stradivarius
« lady tennant » de 1699, avec l'aimable
autorisation de la stradivarius society de
chicago.
JOHAN SCHMIDT
PianO
ÉLèVE d’EduaRdO dEL PuEyO et de
karl-heinz kammerling, Johan schmidt est
lauréat du concours reine Élisabeth (pour
lequel il remporte également le prix du
public de la rtbf), premier prix du concours
maria callas (athènes), troisième prix du
concours tchaikovski (moscou), premier
prix du concours du Japon (tokyo) et lauréat
du concours van cliburn (fort Worth). il est
l’invité de salles aussi prestigieuses que
le gasteig de munich, la schaupielhaus de
berlin, le concertgebouw d’amsterdam, le
châtelet à paris, les suntory et calas halls
de tokyo, le symphony hall d’osaka, la salle
rachmaninov à moscou, le théâtre hérode
aticus d’athènes, le palais des beaux-arts
de bruxelles, le musée de tel-aviv et l'expo
universelle de shanghaï 2010. son intérêt pour
la musique de chambre l’amène à se produire
avec le violoniste augustin dumay, le malher
piano Quartet, l’american string Quartet,
eyal shiloach, david cohen et Yuka izutsu.
Johan schmidt a enregistré pour emi, fontec
(Japon), ems, musica numeris (cypres), azur
classical, le chant de linos... Johan schmidt
est professeur de piano au conservatoire de
bruxelles et à l’université de Qingdao (chine).
il a joué à de nombreuses reprises avec
l’oprl. en mai 2011, il a joué en duo avec
ronald van spaendonck (Week-end À la belge)
www.johanschmidt.com
26 27

FENG DAN FANG
PianO
nÉE à bRuxELLES En 1996, feng
dan fang commence le piano à six ans à
l'académie d'uccle (avec brigitte august
puis andré grignard). elle est lauréate à
de nombreux concours. troisième prix
international epta, première lauréate
cantabile 2010, deuxième prix au concours
belfius… ce qui l'amène à se produire souvent
en concert à hasselt, bruxelles, anvers,
düsseldorf, namur… À 11 ans, elle est admise
à la chapelle musicale reine Élisabeth, dans
la classe d'abdel rahman el bacha. la même
année, elle interprète le Concerto en fa mineur
de chopin au singel d’anvers avec l'orchestre
d'anvers. depuis septembre 2011, feng dan
fang étudie le piano dans la classe de Johan
schmidt au conservatoire de bruxelles dans
la section « Jeunes talents ». en mars 2013,
feng dan fang a remporté le premier prix au
concours du rotary à bruxelles (flagey).
enseMBle KHEOPS
fOndÉ PaR TROiS muSiciEnS belges
reconnus sur la scène internationale —
marie hallynck, violoncelliste, Ronald Van
Spaendonck, clarinettiste, et muhiddin
dürrüoglu, pianiste et compositeur — kheops
a vu le jour en 2006. avec la harpiste Sophie
hallynck, ils forment désormais le « carré de
base » de cet ensemble à géométrie variable.
dès leur premier concert au palais des
beaux-arts de bruxelles en 2007, le violoniste
graf mourja et le corniste hervé Joulain les
rejoignent pour interpréter le Sextuor de
penderecki. très vite, l’édifice prend forme
grâce à la complicité de lise berthaud, alto,
laurent lefèvre, basson, ning kam, violon,
romain leleu, trompette, gaby van riet, flûte,
pour ne citer qu’eux. tous partagent la même
passion pour la musique de chambre et la
plupart d’entre eux se connaissent depuis
très longtemps. À les entendre, c’est comme
une évidence, ces musiciens semblent être
faits pour jouer ensemble ! de nombreux
liens les unissent. des liens musicaux bien
sûr. ainsi, marie et ronald, tous deux élus
« rising star » par le réseau echo, ont
« brûlé » les mêmes planches dans les plus
belles salles de concerts européennes. marie
et muhiddin, partenaires à la scène comme
à la ville, se sont rencontrés lors de leurs
études à la chapelle musicale reine Élisabeth,
avant de devenir tous deux professeurs au
conservatoire de bruxelles, là où enseigne
ronald également. grâce à l’association
Juventus et son festival annuel, des liens se sont tissés entre eux, graf et laurent. c’est en
compagnie de ce dernier que ronald a fait la connaissance d’hervé lors de l’enregistrement
de l’intégrale poulenc pour le label naxos. Quant aux « sœurs hallynck », elles n’ont cessé de
jouer ensemble depuis leur plus jeune âge, parcourant sans relâche le magnifique répertoire de
musique de chambre avec harpe. les autres membres, ils les ont rencontrés grâce aux hasards
heureux de leurs pérégrinations musicales et aux affinités électives qu’ils ont révélées. www.
kheopsensemble.com
ORCHESTRE PHILHARMONIQUE
ROYAL DE LIÈGE
SOuTEnu PaR la fédération Walloniebruxelles
(avec le concours de la loterie
nationale), la ville de liège, la province de
liège, l’oprl se produit à liège, dans le cadre
prestigieux de la salle philharmonique, dans
toute la belgique et à l’étranger. après des
chefs comme fernand Quinet, paul strauss,
pierre bartholomée ou louis langrée qui ont
forgé l’identité de l’orchestre, au carrefour
des influences germanique et latine, christian
arming, directeur musical depuis septembre
2011, pousse les feux de l’excellence et élargit
les horizons de l’oprl. la saison 2012/2013
est placée sous le signe de la liberté.
liberté du créateur face aux pouvoirs ou
aux esthétiques dominantes (chostakovitch,
mahler, schoenberg, beethoven, dvorak…),
ouverture à d’autres univers (villa-lobos,
gulda, rouse, ives…), à d’autres genres
musicaux (baroque, musiques du monde,
humour). cette saison, l’oprl propose
plusieurs temps forts (intégrale des Sonates
pour piano et violon de beethoven, festival
i ♥ rachmaninov, festival Wagner).
www.oprl.be
diaPaSOn d’OR pour le cd franck
avec christian arming : « Nous le trouvons
passionnant. Incroyablement poétique. L’un
des plus beaux Franck et sans conteste le plus
inattendu, de la discographie ».
(Diapason, janvier 2013)
« tandis que la Symphonie en ré mineur prend
vie et murmure ses allusions aux fragments
mélodiques qui écloront plus tard, christian
arming et l’oprl créent une puissante aura
de mystère et d’attente. leur approche du
mouvement lent est tout aussi apte à installer
l’atmosphère : sonorités instrumentales
mielleusement mêlées, approche rythmique
flexible mais adroitement maîtrisée. ce
n’est pas une interprétation clinquante mais
plutôt une version explorant judicieusement
le spectre des couleurs et de l’expression, si
bien que la mélodie du finale, gravée de façon
indélébile dans les mémoires, émerge comme
le résultat naturel de l’argument symphonique
qui précède. […] »
(geoffrey norris, Gramophone, mai 2013)
28 29

À ÉCOUTER
WagnER/LiSZT, inTÉgRaLE dES TRanScRiPTiOnS
w michele campanella (brilliant classics)
WagnER/LiSZT, TRiSTan ET iSOLdE, mORT d’iSOLdE
w michel dalberto (rca)
RaVEL, VaLSES nObLES ET SEnTimEnTaLES | La VaLSE
w roger muraro (accord universal)
bERLiOZ/LiSZT, SymPhOniE fanTaSTiquE
w roger muraro (decca)
WagnER, LE VaiSSEau fanTômE, OuVERTuRE
w otto klemperer, orchestre philharmonia (emi)
chauSSOn, POèmE POuR ViOLOn
w Yossif ivanov, itamar golan / ambroisie
w tedi papavrami, oprl, dir. f. x. roth
(+ saint-saëns, Ysaye) (Æon)
fRancK, SymPhOniE
w christian arming, oprl (fuga libera)
LaSSEn/LiSZT, hagEn und KRiEmhiLdE
LaSSEn/LiSZT, bEchLaRn
gObbaERTS, L’annEau du nibELung – SiEgfRiEd
LaSSEn, LyRiSchE STücKE auS TRiSTan und iSOLdE
w Johan schmidt, dominique cornil (musiQue en Wallonie)
chabRiER, SOuVEniRS dE munich
w alexandre tharaud, aleksandar madzar (arion)
w georges rabol, sylvie dugas (naxos)
fauRÉ, SOuVEniRS dE bayREuTh
w Jean-philippe collard, bruno rigutto (emi)
w pierre-alain volondat, patrick de hooge (naxos)
d’indy, cOncERT POuR fLûTE, ViOLOncELLE,
PianO ET cORdES
w brigitte engerer, magali mosnier, marc coppey,
orchestre de bretagne, dir. lionel bringuier (timpani)
WagnER, LE Ring, unE aVEnTuRE ORchESTRaLE
(aRR. dE VLiEgER)
w neeme Järvi, royal scottish national orchestra (chandos)
30 31

Flagey - 28 > 30 / 06
Avec le Brussels Philharmonic, Khatia Buniatishvili, Trilogy (Lorenzo Gatto,
Yossif Ivanov, Hrachya Avanesyan), Patrick Davin, Oxalys, le Quatuor Taurus,
Amandine Beyer et Gli Incogniti, Les Muffatti, Boyan Vodenitcharov, Alex
Vizorek, Patrick Leterme, Cédric Tiberghien, Rolf Lislevand...
www.festivalmusiq3.be