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Lire le dossier de presse - Handicap International

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Depuis près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans, la Syrie est en proie à <strong>de</strong>s combats d’une vio<strong>le</strong>nce inouïe suite à la répression sanglante <strong>de</strong>s<br />

soulèvements populaires contre <strong>le</strong> régime <strong>de</strong> Bachar el-Hassad en 2011. Meurtries, <strong>le</strong>s populations civi<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s victimes<br />

collatéra<strong>le</strong>s d’un conflit qui s’enlise jour après jour et n’épargne personne.<br />

A l’approche du <strong>de</strong>uxième anniversaire du soulèvement, <strong>le</strong> bilan humain est effroyab<strong>le</strong>. Près d’un million <strong>de</strong> réfugiés, ont<br />

rejoint <strong>le</strong>s pays frontaliers, dépassés par <strong>le</strong>s besoins <strong>de</strong> ces populations qui ont tout perdu. A l’intérieur même <strong>de</strong>s frontières<br />

syriennes, aucun chiffre n’est disponib<strong>le</strong> pour relater l’enfer dans <strong>le</strong>quel est plongée la population. Aux 70 000 morts déjà<br />

recensés, s’ajoutent <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> disparus et <strong>de</strong>s b<strong>le</strong>ssés innombrab<strong>le</strong>s.<br />

Les b<strong>le</strong>ssés par bal<strong>le</strong>s, cib<strong>le</strong>s d’explosions et <strong>de</strong> raids aériens meurtriers (l’association a dénoncé à cinq reprises l’utilisation<br />

<strong>de</strong> bombes à sous-munitions) ne cessent d’affluer, victimes d’atrocités indicib<strong>le</strong>s. Aux séquel<strong>le</strong>s physiques s’ajoute une<br />

détresse mora<strong>le</strong> et matériel<strong>le</strong> pour <strong>de</strong>s populations privées <strong>de</strong> tous <strong>le</strong>urs repères. A l’heure ou <strong>le</strong> bilan humain ne cesse <strong>de</strong><br />

s’accroitre, <strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> en appel<strong>le</strong> à la responsabilité <strong>de</strong> la communauté internationa<strong>le</strong> pour que <strong>le</strong> principe <strong>de</strong><br />

protection <strong>de</strong>s civils soit respecté et que l’ai<strong>de</strong> soit à la hauteur du désastre humanitaire.<br />

Présente <strong>de</strong>puis l’été 2012 aux cotés <strong>de</strong>s populations syriennes, <strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> a déployé une réponse d’urgence<br />

dans <strong>de</strong>ux pays frontaliers <strong>de</strong> la Syrie, la Jordanie et <strong>le</strong> Liban et, <strong>de</strong>puis janvier 2012, au Nord du territoire syrien, dans <strong>le</strong>s<br />

zones désormais accessib<strong>le</strong>s. Déployées en équipes soit fixe soit mobi<strong>le</strong> au sein <strong>de</strong>s communautés et dans <strong>le</strong>s camps <strong>de</strong><br />

réfugiés, <strong>le</strong>s professionnels <strong>de</strong> l’association interviennent auprès <strong>de</strong>s victimes pour favoriser l’accès aux soins et<br />

accompagner <strong>le</strong>s b<strong>le</strong>ssés et <strong>le</strong>s personnes handicapées. 165 personnes travail<strong>le</strong>nt sans relâche au Liban, en Jordanie et<br />

dans la province d’Idlib, au Nord <strong>de</strong> la Syrie.<br />

Depuis mars 2011, <strong>le</strong> bilan ne cesse <strong>de</strong> s’alourdir pour <strong>le</strong>s populations civi<strong>le</strong>s. Chaque semaine, <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> Syriens sont<br />

pris au piège <strong>de</strong> combats d’une rare vio<strong>le</strong>nce. Victimes d’explosions, <strong>de</strong> sous-munitions et <strong>de</strong> raids aériens incessants,<br />

torturés et emprisonnés arbitrairement, <strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> civils subissent une répression sans merci suite aux soulèvements<br />

contre <strong>le</strong> régime. Des maisons sont détruites, <strong>de</strong>s famil<strong>le</strong>s entières sont brisées et <strong>le</strong>s réfugiés qui parviennent aujourd’hui<br />

aux frontières <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur pays ont souvent été <strong>le</strong>s témoins <strong>de</strong> la mort <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs proches et eux-mêmes victimes <strong>de</strong> vio<strong>le</strong>nces.<br />

Parfois lour<strong>de</strong>ment handicapées, b<strong>le</strong>ssées ou mutilées, ces personnes se trouvent dans un état <strong>de</strong> dénuement total.<br />

Hier témoins <strong>de</strong>s affrontements, <strong>le</strong>s femmes et <strong>le</strong>s enfants sont aujourd’hui <strong>le</strong>s premières victimes <strong>de</strong> la guerre. Ainsi, <strong>le</strong> viol<br />

et <strong>le</strong>s vio<strong>le</strong>nces sexuel<strong>le</strong>s seraient <strong>de</strong>venus <strong>de</strong> véritab<strong>le</strong>s outils au service <strong>de</strong> l’intimidation selon <strong>le</strong> Haut Commissariat <strong>de</strong>s<br />

Nations unis aux Réfugiés 1 .<br />

Face à ce constat, la réponse humanitaire apparait tota<strong>le</strong>ment insuffisante. Contrôlée par <strong>le</strong> régime syrien, l’ai<strong>de</strong> ne parvient<br />

pas aux populations dans <strong>le</strong>s zones tenues par <strong>le</strong>s rebel<strong>le</strong>s. L’écrasante majorité <strong>de</strong> la réponse humanitaire dans l’ensemb<strong>le</strong><br />

du pays est menée par <strong>de</strong>s initiatives syriennes, spontanées, isolées, manquant cruel<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> soutien technique,<br />

logistique, financier que <strong>le</strong>s organisations internationa<strong>le</strong>s <strong>de</strong>vraient être en mesure <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur apporter. Des milliers <strong>de</strong> Syriens<br />

risquent <strong>le</strong>ur vie quotidiennement pour apporter un minimum <strong>de</strong> réconfort à <strong>le</strong>urs concitoyens.<br />

1 Intervention <strong>de</strong> la Haut Commissaire assistante du HCR Erika Fel<strong>le</strong>r, <strong>le</strong> 27 février 2013 http://www.unhcr.fr/512e33a1c.html


Chronologie d’un désastre humanitaire<br />

Mars- Avril 2011<br />

29 avril 2011<br />

Juin 2011<br />

Septembre - décembre<br />

2011<br />

Janvier 2012<br />

Mars 2012<br />

Mai 2012<br />

3 juil<strong>le</strong>t 2012<br />

Juil<strong>le</strong>t 2012<br />

20 aout 2012<br />

Septembre 2012<br />

26 février<br />

12 février 2013<br />

Mars 2013<br />

Les chiffres clés 2<br />

Manifestations vio<strong>le</strong>mment réprimées à Damas, Deraa et Banias qui feront une centaine <strong>de</strong> morts et <strong>de</strong><br />

nombreux b<strong>le</strong>ssés<br />

L'ONU condamne l'utilisation <strong>de</strong> la vio<strong>le</strong>nce pour réprimer <strong>le</strong>s manifestations et déci<strong>de</strong> l'envoi<br />

urgent d'une mission en Syrie pour enquêter sur <strong>le</strong>s violations <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l'Homme.<br />

L'apparition <strong>de</strong>s premiers camps <strong>de</strong> réfugiés syriens : l'armée lance une vaste opération militaire dans<br />

la région <strong>de</strong> Jisr al-Choughour, à la frontière syro-turque. Près <strong>de</strong> 10 000 Syriens quittent <strong>le</strong> pays et dans<br />

<strong>le</strong>s pays voisins, <strong>le</strong>s camps <strong>de</strong> réfugiés se multiplient.<br />

Les manifestations contre <strong>le</strong> régime s'intensifient malgré la vio<strong>le</strong>nte répression. La Fédération<br />

Internationa<strong>le</strong> <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l’Homme (FIDH) publie un rapport alarmant sur la répression et la torture en<br />

Syrie.<br />

Homs bombardée : plusieurs quartiers <strong>de</strong> Homs sont bombardés par <strong>le</strong>s forces syriennes. Des groupes<br />

<strong>de</strong> l'opposition font état <strong>de</strong> 200 à 260 morts. Dès lors, la vil<strong>le</strong> sera pilonnée sans relâche, du matin au soir.<br />

Le régime syrien accepte <strong>le</strong> plan <strong>de</strong> paix <strong>de</strong> l'ONU. Le plan <strong>de</strong> l'émissaire <strong>de</strong> l'ONU et <strong>de</strong> la Ligue<br />

arabe pour la Syrie prévoit l'arrêt <strong>de</strong>s vio<strong>le</strong>nces, <strong>le</strong> retour <strong>de</strong> l'armée dans <strong>le</strong>s casernes, la libération <strong>de</strong>s<br />

détenus, <strong>le</strong> respect du droit à manifester et l'acheminement <strong>de</strong> l'ai<strong>de</strong> humanitaire. 300 observateurs <strong>de</strong><br />

l'ONU sont déployés pour vérifier <strong>le</strong> bon respect du cessez-<strong>le</strong>-feu en Syrie.<br />

Massacre à Houla : <strong>le</strong>s affrontements entre <strong>le</strong> régime syrien et <strong>le</strong>s opposants font 108 morts et 300<br />

b<strong>le</strong>ssés à Houla dans <strong>le</strong> centre du pays. Le Conseil <strong>de</strong> sécurité <strong>de</strong> l'ONU condamne à l’unanimité ce<br />

massacre et souligne la responsabilité du gouvernement syrien.<br />

Human Rights Watch dénonce «un archipel <strong>de</strong> la torture» : la torture en Syrie serait utilisée <strong>de</strong><br />

manière systématique contre <strong>de</strong>s opposants au régime <strong>de</strong> Bachar el-Assad, selon un rapport <strong>de</strong> l'ONG<br />

Human Rights Watch (HRW). Grâce à plus <strong>de</strong> 200 témoignages, 27 centres <strong>de</strong> torture sont i<strong>de</strong>ntifiés à<br />

travers <strong>le</strong> pays.<br />

L'armée syrienne lance l'assaut sur A<strong>le</strong>p : <strong>le</strong>s forces gouvernementa<strong>le</strong>s lancent une offensive sur A<strong>le</strong>p,<br />

<strong>de</strong>uxième vil<strong>le</strong> du pays et enjeu crucial du conflit.<br />

Un effroyab<strong>le</strong> bilan humain : l'organisation syrienne <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l'Homme fait état <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 26 500<br />

morts et 65 000 disparitions.<br />

L'ONU dénonce <strong>le</strong>s cimes <strong>de</strong> guerre en Syrie : la Haut commissaire <strong>de</strong> l'ONU aux droits <strong>de</strong> l'Homme,<br />

Navi Pillay, dénonce <strong>le</strong>s crimes <strong>de</strong> guerre et <strong>le</strong>s crimes contre l'humanité et <strong>de</strong>man<strong>de</strong> une enquête sur <strong>le</strong><br />

massacre <strong>de</strong> Daraya où plus <strong>de</strong> 500 corps ont été découverts.<br />

Près d'un million <strong>de</strong> réfugiés ont été enregistrés <strong>de</strong>puis <strong>le</strong> début du conflit, selon <strong>le</strong> Haut-commissariat<br />

aux réfugiés<br />

Près <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans après <strong>le</strong> début du soulèvement contre <strong>le</strong> régime <strong>de</strong> Bachar Al-Assad, près <strong>de</strong> 70 000<br />

personnes ont été tuées selon l'ONU.<br />

<strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> condamne l’utilisation répétée <strong>de</strong> bombes à sous-munitions par l’armée<br />

syrienne dans <strong>de</strong>s zones à très fortes concentration <strong>de</strong> populations civi<strong>le</strong>s. L’organisation qui avait déjà<br />

relayé l’utilisation <strong>de</strong> ces armes à 4 reprises, constate <strong>le</strong>ur utilisation croissante en dépit <strong>de</strong>s<br />

condamnations internationa<strong>le</strong>s.<br />

Plus 70 000 morts <strong>de</strong>puis <strong>le</strong> début du conflit en mars 2011<br />

Depuis <strong>le</strong> début du conflit, 4 millions <strong>de</strong> Syriens ont fui <strong>le</strong>s combats et près d’1 million <strong>de</strong><br />

personnes se sont réfugiées dans <strong>le</strong>s pays voisins. 80% d’entre el<strong>le</strong>s ont rejoint <strong>le</strong>s pays<br />

frontaliers après 2012.<br />

Depuis début janvier, plus <strong>de</strong> 40 000 personnes fuient la Syrie chaque semaine.<br />

Plus <strong>de</strong> quatre millions <strong>de</strong> Syriens ont besoin d'une assistance humanitaire.<br />

Des b<strong>le</strong>ssures durab<strong>le</strong>s<br />

<strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> est témoin chaque jour <strong>de</strong>s conséquences <strong>de</strong> combats toujours plus meurtriers. Basées au Liban en<br />

Jordanie et dans la province d’Idlib, en Syrie, <strong>le</strong>s équipes <strong>de</strong> l’association accueil<strong>le</strong>nt quotidiennement <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s victimes.<br />

« Nous avons récemment pris en charge une famil<strong>le</strong> dont la mère, la fil<strong>le</strong> et <strong>le</strong> cousin ont chacun été amputés d’un ou<br />

2 Source UNHCR - http://www.unhcr.fr/emergency/508e90cc6-512f57b4c.html


plusieurs membres », raconte Lise Salavert, responsab<strong>le</strong> du projet handicap et vulnérabilité pour <strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> en<br />

Jordanie. « Leur maison a été touchée par une bombe et trois <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs fil<strong>le</strong>s sont mortes. L’horreur est tel<strong>le</strong> que tous <strong>le</strong>s<br />

repères vo<strong>le</strong>nt en éclat ». Au fil <strong>de</strong>s mois, ces situations toujours plus dramatiques se sont multipliées. Aux traumatismes<br />

psychologiques qui marqueront <strong>de</strong>s générations <strong>de</strong> Syriens, s’ajoutent une détresse physique indicib<strong>le</strong>. Soignées dans <strong>de</strong>s<br />

conditions sommaires, <strong>le</strong>s victimes b<strong>le</strong>ssées, mutilées et parfois lour<strong>de</strong>ment handicapées n’ont pas eu accès aux soins <strong>de</strong><br />

réadaptation et risquent <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s pathologies lour<strong>de</strong>s et durab<strong>le</strong>s. Parmi <strong>le</strong>s victimes, <strong>le</strong>s enfants n’ont pas été<br />

épargnés. « Plus d’un quart <strong>de</strong> nos bénéficiaires sont <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 12 ans », explique Henri Bonin,<br />

ergothérapeute mobilisé en Syrie pour <strong>Handicap</strong> <strong>International</strong>. « Des vies sont détruites par <strong>le</strong>s combats et éga<strong>le</strong>ment par<br />

l’absence d’une prise en charge médica<strong>le</strong> adéquate ».<br />

Des frontières murées. Une ai<strong>de</strong> qui ne parvient pas aux populations<br />

Si la situation est aujourd’hui catastrophique, l’épais voi<strong>le</strong> <strong>de</strong> fumée qui recouvre <strong>le</strong> huit clos syrien dévoi<strong>le</strong>ra dans <strong>le</strong>s mois et<br />

<strong>le</strong>s années qui viennent un véritab<strong>le</strong> massacre humain. Trop fragi<strong>le</strong>s pour fuir <strong>le</strong>s combats, <strong>de</strong>s millions <strong>de</strong> Syriens sont<br />

aujourd’hui otages du conflit. Canalisée par <strong>le</strong> régime en place, l’ai<strong>de</strong> humanitaire peine à parvenir jusqu’à ces victimes dans<br />

<strong>le</strong>s régions contrôlées par l’opposition et ne bénéficie qu’à un seul côté du conflit. L’accès aux soins est à alors impossib<strong>le</strong>.<br />

<strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> est à ce jour l’une <strong>de</strong>s rares ONG, entrée au Nord du pays, dans la province d’Idlib. Dans ce pays<br />

muré, <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong> kinésithérapies sont aujourd’hui mobilisées pour appuyer <strong>le</strong>s services <strong>de</strong> santé et accompagner <strong>le</strong>s<br />

victimes nécessitant <strong>de</strong>s soins <strong>de</strong> réadaptation Une goutte d’eau dans un océan <strong>de</strong> besoins toujours plus importants. Aux<br />

cotés d’autres ONG, l’association tire la sonnette d’alarme pour que la communauté internationa<strong>le</strong> fasse pression sur <strong>le</strong><br />

gouvernement syrien afin que l’ai<strong>de</strong> parvienne aux populations civi<strong>le</strong>s.


Chaque jour, 200 nouvel<strong>le</strong>s victimes s’ajoutent à l’inhumain bilan du conflit syrien. Depuis janvier 2013, <strong>le</strong> nombre <strong>de</strong><br />

réfugiés a doublé, tandis que dans <strong>le</strong> huit-clos syrien, <strong>le</strong>s massacres perpétrés contre <strong>le</strong>s civils se poursuivent. Déployées<br />

aux frontières <strong>de</strong> la Syrie et au cœur du pays dans la province d’Idlib, <strong>le</strong>s équipes <strong>de</strong> <strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> sont chaque<br />

jour confrontées à la détresse croissante <strong>de</strong>s populations déplacées tant sur <strong>le</strong> plan physique que moral. Alors que l’inaction<br />

<strong>de</strong> la communauté internationa<strong>le</strong> pour faire face aux besoins <strong>de</strong>s déplacés est criante, l’association aux cotés d’autres ONG<br />

tente, sans jamais cé<strong>de</strong>r au sentiment d’impuissance, <strong>de</strong> soulager <strong>le</strong>s souffrances <strong>de</strong>s victimes.<br />

Constituées en équipes fixes et mobi<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s camps <strong>de</strong> réfugiés et au sein <strong>de</strong>s communautés pour i<strong>de</strong>ntifier <strong>le</strong>s b<strong>le</strong>ssés,<br />

<strong>le</strong>s équipes <strong>de</strong> l’association se mobilisent sans relâche pour accueillir et orienter <strong>le</strong>s populations déplacées, soigner et<br />

accompagner <strong>le</strong>s b<strong>le</strong>ssés et soutenir <strong>le</strong>s structures médica<strong>le</strong>s. Fin juin, près <strong>de</strong> 37 000 personnes <strong>de</strong>vraient avoir bénéficié<br />

du soutien direct <strong>de</strong> l’association.<br />

L’action <strong>de</strong> <strong>Handicap</strong> <strong>International</strong><br />

Juil<strong>le</strong>t -Aout 2012<br />

<strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> déploie un dispositif d'urgence au Liban et en Jordanie pour accueillir et soigner <strong>le</strong>s<br />

réfugiés syriens.<br />

Juil<strong>le</strong>t 2012 L’association dénonce l'utilisation <strong>de</strong> bombes à sous-munitions par l'armée syrienne.<br />

Octobre 2012<br />

Décembre 2012<br />

El<strong>le</strong> déploie un dispositif d'urgence pour ai<strong>de</strong>r <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s <strong>de</strong> réfugiés à préparer l'hiver dans la vallée <strong>de</strong> la<br />

Bekaa, au Liban, où <strong>le</strong>s hivers sont particulièrement ru<strong>de</strong>s.<br />

El<strong>le</strong> déploie ses équipes en Syrie, dans la province d'Idlib. Une unité <strong>de</strong> réadaptation fixe et <strong>de</strong>s équipes<br />

mobi<strong>le</strong>s prennent en charge <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> b<strong>le</strong>ssées.<br />

En Syrie, <strong>le</strong>s équipes <strong>de</strong> l’association ont déployé <strong>de</strong>s activités au nord du pays pour porter assistance aux victimes privées<br />

d’accès aux soins.<br />

Présente à quelques dizaines <strong>de</strong> kilomètres à l’ouest <strong>de</strong> la vil<strong>le</strong> d’A<strong>le</strong>p, l’association constate quotidiennement l’horreur et la<br />

vio<strong>le</strong>nce subie par <strong>le</strong>s populations. Les b<strong>le</strong>ssés à qui l’association porte assistance, parfois lour<strong>de</strong>ment handicapés, se<br />

comptent par centaines. Contraints <strong>de</strong> survivre dans <strong>de</strong>s camps <strong>de</strong> fortune, ils sont soignés dans <strong>de</strong>s conditions sommaires<br />

et risquent <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s handicaps durab<strong>le</strong>s.<br />

Depuis janvier 2013 l’association a déployé une équipe <strong>de</strong> kinésithérapeutes mobilisée sans relâche pour i<strong>de</strong>ntifier <strong>le</strong>s<br />

victimes et fournir <strong>de</strong>s soins <strong>de</strong> réadaptation et du matériel d’ai<strong>de</strong> à la marche évitant <strong>le</strong> développement <strong>de</strong> pathologies<br />

lour<strong>de</strong>s. En appui aux trois hôpitaux <strong>de</strong> la province, un centre <strong>de</strong> réhabilitation a éga<strong>le</strong>ment été ouvert et un atelier <strong>de</strong><br />

fabrication <strong>de</strong> prothèses <strong>de</strong>vrait être opérationnel dans <strong>le</strong>s semaines à venir pour soutenir la prise en charge <strong>de</strong> services <strong>de</strong><br />

santé privés <strong>de</strong> moyens pour soigner.<br />

Si l’intervention <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong> <strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> au Nord <strong>de</strong> la Syrie soulage <strong>de</strong>s populations lour<strong>de</strong>ment touchées,<br />

el<strong>le</strong> ne peut pour autant couvrir qu’une infime partie <strong>de</strong>s besoins.


« Jens, kinésithérapeute pour <strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> en Syrie<br />

Depuis mi janvier, Jens travail<strong>le</strong> comme kinésithérapeute au<br />

sein <strong>de</strong> la mission d’urgence <strong>de</strong> <strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> en<br />

Syrie. Dans <strong>le</strong>s camps <strong>de</strong> déplacés, dans <strong>le</strong>s hôpitaux et <strong>de</strong>puis<br />

<strong>le</strong> centre <strong>de</strong> réadaptation installé par l’association dans <strong>le</strong><br />

gouvernorat d’Idlib, il est au chevet <strong>de</strong>s b<strong>le</strong>ssés.<br />

3 Chaque soir nous entendons <strong>le</strong>s bombar<strong>de</strong>ments sur <strong>le</strong>s vil<strong>le</strong>s<br />

voisines et chaque matin nous rencontrons <strong>de</strong> nouveaux b<strong>le</strong>ssés.<br />

Nous travaillons dans <strong>de</strong>s hôpitaux où <strong>le</strong> sang est encore visib<strong>le</strong>. Il<br />

est impossib<strong>le</strong> d’oublier que <strong>le</strong>s lignes <strong>de</strong> front ne sont qu’à<br />

quelques kilomètres et bien sûr c’est un contexte très pesant<br />

psychologiquement. Mais nous savons aussi que <strong>le</strong> travail que nous<br />

accomplissons est indispensab<strong>le</strong>.<br />

Les b<strong>le</strong>ssés qui arrivent par dizaines, avec <strong>de</strong>s b<strong>le</strong>ssures très<br />

graves, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>raient une prise en charge lour<strong>de</strong>, sur plusieurs<br />

semaines ou plusieurs mois. Mais ils sont opérés dans l’urgence,<br />

puis doivent quitter l’hôpital pour permettre à d’autres b<strong>le</strong>ssés d’être<br />

soignés. Au mieux, il s’agit <strong>de</strong> fractures comp<strong>le</strong>xes causées par <strong>de</strong>s<br />

impacts <strong>de</strong> bal<strong>le</strong>, mais <strong>le</strong> plus souvent ce sont <strong>de</strong>s amputations, <strong>de</strong>s<br />

b<strong>le</strong>ssures à la colonne vertébra<strong>le</strong> ou au cerveau. Avec <strong>le</strong> peu <strong>de</strong><br />

moyens dont ils disposent, <strong>le</strong>s hôpitaux ne sont pas en mesure<br />

d’assurer un suivi régulier <strong>de</strong>s patients, qui ont pourtant besoin <strong>de</strong><br />

comprendre ce qui <strong>le</strong>ur arrive, d’être accompagnés dans <strong>le</strong>ur<br />

rééducation pour ne pas perdre encore plus <strong>de</strong> mobilité. […]<br />

Lorsque nous intervenons, nous nous trouvons face à <strong>de</strong>s<br />

personnes qui ont connu une succession d’événements<br />

traumatisants. Ce sont <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s femmes qui ont vécu<br />

durant <strong>de</strong>ux années l’aggravation d’un conflit qui détruit peu à peu<br />

<strong>le</strong>ur pays, <strong>le</strong>ur vil<strong>le</strong>, <strong>le</strong>ur quartier, et qui ont fini par en être eux<br />

mêmes <strong>de</strong>s victimes directes, <strong>le</strong> plus souvent à la suite d’une<br />

explosion ou d’un tir <strong>de</strong> sniper. Ces personnes se sont ensuite<br />

retrouvées entourées d’autres b<strong>le</strong>ssés, dans <strong>de</strong>s hôpitaux <strong>de</strong><br />

fortune, et généra<strong>le</strong>ment déplacées dans <strong>de</strong>s camps où <strong>le</strong>s<br />

conditions <strong>de</strong> vie sont extrêmement précaires… Alors quand nous<br />

<strong>le</strong>ur expliquons qu’en faisant régulièrement <strong>de</strong>s exercices <strong>de</strong><br />

rééducation, el<strong>le</strong>s peuvent améliorer <strong>le</strong>ur situation ou cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur<br />

enfant, c’est une première lueur d’espoir après une suite<br />

interminab<strong>le</strong> <strong>de</strong> traumatismes. Aussi dérisoire que cela puisse être<br />

»<br />

en comparaison <strong>de</strong> ce qu’el<strong>le</strong>s ont perdu, c’est quelque chose <strong>de</strong><br />

très important.<br />

Jens, auprès d’un amputé au centre<br />

<strong>de</strong> réadaptation <strong>de</strong> <strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> au nord d’Idlib, Syrie.<br />

© B. Blon<strong>de</strong>l / <strong>Handicap</strong> <strong>International</strong>


« Abdul, victime collatéra<strong>le</strong> du conflit syrien,<br />

Gravement b<strong>le</strong>ssé à la jambe lors d’un bombar<strong>de</strong>ment à A<strong>le</strong>p,<br />

Abdul entame aujourd’hui un travail <strong>de</strong> rééducation avec <strong>le</strong>s<br />

kinésithérapeutes <strong>de</strong> <strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> présents dans <strong>le</strong> Nord<br />

<strong>de</strong> la Syrie. Un moyen pour lui et pour son père <strong>de</strong> penser à la<br />

guérison après avoir passé quatre mois dans l’univers macabre<br />

<strong>de</strong>s hôpitaux <strong>de</strong> fortune où défi<strong>le</strong> chaque jour un flot ininterrompu<br />

<strong>de</strong> b<strong>le</strong>ssés.<br />

Il y a quatre mois, Abdul et son père se trouvaient dans <strong>le</strong>s rues d’A<strong>le</strong>p<br />

quand ils ont entendu approcher un avion. « Tout était très confus. Je<br />

ne sais pas ce qui a b<strong>le</strong>ssé Abdul, si c’est un fragment <strong>de</strong> la bombe ou<br />

<strong>de</strong>s gravas projetés par l’explosion. J’ai seu<strong>le</strong>ment entendu <strong>le</strong> bruit <strong>de</strong><br />

l’explosion, puis je l’ai vu en p<strong>le</strong>urs au sol. Je l’ai pris dans mes bras et<br />

j’ai couru jusqu’à l’hôpital <strong>le</strong> plus proche. Alors que nous nous<br />

éloignions nous avons entendu l’avion revenir puis trois autres<br />

détonations. J’ai appris plus tard que 7 personnes étaient mortes et 15<br />

gravement b<strong>le</strong>ssées. »<br />

Dans l’hôpital où Abdul et son père sont arrivés, <strong>le</strong>s mé<strong>de</strong>cins <strong>le</strong>ur ont<br />

dit que la jambe d’Abdul était trop endommagée pour pouvoir être<br />

soignée avec <strong>le</strong>s moyens dont ils disposaient. La seu<strong>le</strong> solution était <strong>de</strong><br />

l’amputer au <strong>de</strong>ssus du genou. « Pour moi c’était impensab<strong>le</strong>. Nous<br />

sommes donc repartis et j’ai pu faire accepter mon fils dans un hôpital<br />

spécialisé où j’ai payé 5 000 dollars pour qu’il soit opéré. Nous y<br />

sommes restés <strong>de</strong>ux mois. Nous avons du partir lorsque je n’ai plus eu<br />

assez d’argent pour <strong>le</strong>s soins. Nous sommes venus ici (plus à l’ouest<br />

d’A<strong>le</strong>p) parce que j’espérais trouver un endroit où Abdul pourrait<br />

recevoir <strong>le</strong>s soins dont il a encore besoin. »<br />

L’équipe mobi<strong>le</strong> <strong>de</strong> kinésithérapeutes <strong>de</strong> <strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> a<br />

rencontré Abdul peu après son arrivée, début janvier, dans ce petit<br />

hôpital, improvisé dans un ancien bâtiment publique. « Abdul est jeune<br />

et très dynamique, explique Henri, responsab<strong>le</strong> du projet <strong>de</strong><br />

réadaptation d’urgence <strong>de</strong> <strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> dans <strong>le</strong> Nord <strong>de</strong> la<br />

Syrie. Ce que nous voulons, c’est qu’il utilise cette énergie pour bouger,<br />

faire <strong>de</strong>s exercices tous <strong>le</strong>s jours et ne pas perdre la mobilité <strong>de</strong> sa<br />

jambe b<strong>le</strong>ssée. Il y a quelques semaines, il a subit une greffe <strong>de</strong> peau<br />

»<br />

et lui faudra encore <strong>de</strong>s mois pour guérir, et probab<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s<br />

opérations chirurgica<strong>le</strong>s.<br />

Photo: © B.Blon<strong>de</strong>l/<strong>Handicap</strong> <strong>International</strong>


Accueillir et orienter <strong>le</strong>s populations déplacées - Les relais <strong>Handicap</strong> & Vulnérabilité<br />

Face à la détresse <strong>de</strong>s réfugiés, privés <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs repères, <strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> a mis en place <strong>de</strong>s points <strong>Handicap</strong> &<br />

Vulnérabilité <strong>de</strong>stinés à accueillir, ai<strong>de</strong>r et orienter <strong>le</strong>s personnes fragilisées pour <strong>le</strong>ur permettre d'accé<strong>de</strong>r à l'ai<strong>de</strong><br />

humanitaire. Au nord du Liban, dans la vallée <strong>de</strong> la Bekaa ainsi que <strong>le</strong> long <strong>de</strong> la frontière nord-ouest <strong>de</strong> la Jordanie, <strong>le</strong>s<br />

équipes constituées <strong>de</strong> kinésithérapeutes et <strong>de</strong> conseil<strong>le</strong>rs psychosociaux accompagnent <strong>de</strong>s populations brisées. « Au fil<br />

<strong>de</strong>s mois, <strong>le</strong>s personnes qui arrivent sont <strong>de</strong> plus en plus marquées. Ceux qui passent la frontière aujourd’hui s’étaient moins<br />

préparés que <strong>le</strong>s premiers réfugiés que nous avons vu arriver. Ils arrivent sans rien d’autre que <strong>de</strong>s images<br />

cauchemar<strong>de</strong>sques » explique Lise Salavert, responsab<strong>le</strong> du projet Relais <strong>Handicap</strong> et Vulnérabilité en Jordanie. « Nous<br />

i<strong>de</strong>ntifions <strong>le</strong>s personnes qui ont besoin d’ai<strong>de</strong> et nous <strong>le</strong>s orientons vers <strong>le</strong>s acteurs qui pourront <strong>le</strong>ur proposer <strong>de</strong>s<br />

réponses adaptées. Cel<strong>le</strong>s-ci vont d’une intervention chirurgica<strong>le</strong> ou une prise en charge psychologique à la distribution <strong>de</strong><br />

kits <strong>de</strong> première nécessité par exemp<strong>le</strong> ».<br />

Reconnus par beaucoup d'acteurs humanitaires comme une nécessité pour offrir une prise en charge individuel<strong>le</strong> adapté,<br />

ces relais <strong>de</strong>vraient se multiplier dans <strong>le</strong>s mois qui viennent pour faire face aux besoins toujours plus importants <strong>de</strong>s<br />

réfugiés.<br />

Soigner et accompagner <strong>le</strong>s populations <strong>le</strong>s plus vulnérab<strong>le</strong>s<br />

<strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> apporte une attention particulière à la situation <strong>de</strong>s personnes b<strong>le</strong>ssées ayant subi un traumatisme<br />

invalidant. Afin <strong>de</strong> venir en ai<strong>de</strong> au grand nombre <strong>de</strong> b<strong>le</strong>ssés, l’équipe <strong>de</strong> kinésithérapeutes <strong>de</strong> l’association s’est déployée<br />

dans <strong>le</strong>s camps <strong>de</strong> réfugiés, au sein <strong>de</strong>s communautés urbaines et dans <strong>le</strong>s hôpitaux. L’association fournit <strong>de</strong>s services <strong>de</strong><br />

réadaptation aux personnes qui ont été amputées et qui doivent apprendre à vivre avec une prothèse, ainsi qu’aux<br />

personnes dont <strong>le</strong> traumatisme pourrait engendrer un handicap permanent (suite à une immobilisation prolongée, d’une<br />

fracture comp<strong>le</strong>xe, d’une attaque cardiaque…).<br />

La réadaptation fonctionnel<strong>le</strong> au service <strong>de</strong> la reconstruction<br />

Pour <strong>le</strong>s personnes mutilées, b<strong>le</strong>ssées lors <strong>de</strong> guerres, <strong>de</strong> catastrophes naturel<strong>le</strong>s, ou diminuées par une maladie, l’accès<br />

aux soins <strong>de</strong> réadaptation est première étape vers l'autonomie.<br />

L'appareillage : pour « vivre <strong>de</strong>bout » : Pour <strong>le</strong>s populations mutilées l’appareillage et l’ai<strong>de</strong> technique permettent <strong>de</strong><br />

retrouver une plus gran<strong>de</strong> autonomie <strong>de</strong> mouvement. Qu'il s'agisse <strong>de</strong> prothèses, d'orthèses ou d'autres types<br />

d'appareillage, <strong>le</strong>s techniques orthopédiques utilisées par <strong>le</strong>s spécialistes <strong>de</strong> <strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> sont adaptées aux<br />

matériaux, aux compétences et aux infrastructures disponib<strong>le</strong>s sur place.<br />

La rééducation : vers l'autonomie : La marche, la paro<strong>le</strong>, la mobilité du bras... Pour <strong>de</strong> nombreuses personnes b<strong>le</strong>ssées<br />

ou appareillées, l'autonomie passe éga<strong>le</strong>ment par <strong>le</strong> réapprentissage <strong>de</strong> chaque geste <strong>de</strong> la vie quotidienne.<br />

Kinésithérapeutes, ergothérapeutes, orthophonistes ou psychomotriciens, jouent un rô<strong>le</strong> essentiel dans ce long<br />

rétablissement.


Areeg Mahadwi, auprès d’une victime<br />

Photo: © B.Blon<strong>de</strong>l/<strong>Handicap</strong> <strong>International</strong><br />

Photo: © B.Blon<strong>de</strong>l/<strong>Handicap</strong> <strong>International</strong><br />

« Areeg Mahadwi, kinésithérapeute jordanienne <strong>de</strong> 25 ans,<br />

travail<strong>le</strong> pour <strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> <strong>de</strong>puis juil<strong>le</strong>t 2012.<br />

A l'hôpital Dulayl, ou <strong>de</strong>s refugiés nécessitant une<br />

intervention chirurgica<strong>le</strong> sont pris en charge, el<strong>le</strong> travail<strong>le</strong> au<br />

coté <strong>de</strong> personnes dont <strong>le</strong>s corps et <strong>le</strong>s vies ont été brisés.<br />

‘’Chaque patient est un cas particulier. Au niveau médical c’est un<br />

défi puisque je dois m'adapter et être créative afin d'ai<strong>de</strong>r chaque<br />

patient à retrouver sa mobilité souvent sa confiance en soi.<br />

Dans la plupart <strong>de</strong>s cas que je traite, il s'agit <strong>de</strong> fractures, souvent<br />

comp<strong>le</strong>xes, puisqu'el<strong>le</strong>s résultent <strong>de</strong> b<strong>le</strong>ssures par bal<strong>le</strong> et<br />

d'explosions ou parce que plusieurs jours se sont écoulés avant<br />

que la personne ait pu bénéficier <strong>de</strong> soins <strong>de</strong> santé adaptés. Un<br />

nombre important <strong>de</strong> personne fini par <strong>de</strong>voir être amputé soit en<br />

raison <strong>de</strong> la gravite <strong>de</strong> la b<strong>le</strong>ssure, soit parce que la personne n’a<br />

pas été soignée a temps.<br />

A un niveau personnel, c'est très diffici<strong>le</strong>. Beaucoup <strong>de</strong>s<br />

personnes dont je m'occupe ici sont encore traumatisées en<br />

raison <strong>de</strong> ce qu’el<strong>le</strong>s ont vécu. Un grand nombre d'entre el<strong>le</strong>s sont<br />

inquiètes <strong>de</strong> voir la guerre se poursuivre. El<strong>le</strong>s sont conscientes<br />

»<br />

que <strong>le</strong>urs amis et <strong>le</strong>s membres <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs famil<strong>le</strong>s qui se trouvent<br />

toujours en Syrie sont en grand danger.<br />

« Ammar miraculé <strong>de</strong> la guerre<br />

L’horreur <strong>de</strong>s scènes fuies par Ammar et sa famil<strong>le</strong> pour<br />

quitter la Syrie et se réfugier en Jordanie est diffici<strong>le</strong>ment<br />

<strong>de</strong>scriptib<strong>le</strong>. Cherchant à se protéger <strong>de</strong>s combats, ils<br />

s’étaient abrités dans une maison qui a été frappée <strong>de</strong><br />

p<strong>le</strong>in fouet par un obus. Ammar a perdu un bras et sa<br />

jambe droite. L’explosion a éga<strong>le</strong>ment couté la vie à trois<br />

<strong>de</strong> ses cousines et gravement b<strong>le</strong>ssé <strong>de</strong>ux autres<br />

membres sa famil<strong>le</strong>, désormais eux aussi amputés.<br />

Depuis qu’il a passé la frontière, en août <strong>de</strong>rnier, Ammar vit à<br />

Irbid en Jordanie, en sécurité avec <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses sœurs, ses<br />

parents et sa grand-mère. <strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> lui a permis<br />

d’obtenir une prothèse pour sa jambe, et une équipe lui rend<br />

visite plusieurs fois par semaine pour <strong>de</strong>s séances <strong>de</strong><br />

réadaptation. Un travail technique essentiel pour permettre à<br />

Ammar <strong>de</strong> remarcher, mais éga<strong>le</strong>ment un soutien<br />

indispensab<strong>le</strong> pour sa famil<strong>le</strong>.<br />

Plusieurs fois par semaine, Ammar effectue <strong>de</strong>s séances <strong>de</strong><br />

rééducation pour réapprendre à marcher, avec sa prothèse, et<br />

pour apprendre à vivre sans son bras droit <strong>de</strong>puis qu’un obus<br />

a frappé <strong>de</strong> p<strong>le</strong>in fouet la maison où il s’était abrité en Syrie.


Pour Maha, la kinésithérapeute <strong>de</strong> <strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> qui suit Ammar <strong>de</strong>puis plusieurs semaines, <strong>le</strong> courage du petit<br />

garçon est une incroyab<strong>le</strong> source <strong>de</strong> motivation. « A 7 ans, Ammar a déjà traversé <strong>de</strong>s moments plus diffici<strong>le</strong>s que ce que la<br />

plupart d’entre nous est capab<strong>le</strong> d’imaginer. Avec nos visites régulières, nous souhaitons avant tout lui montrer que nous<br />

sommes à ses côtés, qu’il n’est pas seul et que nous l’ai<strong>de</strong>rons autant que nous <strong>le</strong> pourrons, mais c’est lui qui ouvre la<br />

route. »<br />

Lors <strong>de</strong> chaque visite, Ahmad, agent communautaire est éga<strong>le</strong>ment présent pour établir un lien privilégié avec Ammar et sa<br />

famil<strong>le</strong>. Lorsqu’il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ce qu’il souhaite faire plus tard, Ammar fait semblant d’être timi<strong>de</strong>, puis encouragé par sa<br />

grand-mère il répond : « Pilote ! Pilote d’avion ! »<br />

Pour <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s <strong>de</strong> réfugiés, <strong>le</strong> travail <strong>de</strong> soutien effectué par <strong>le</strong>s équipes <strong>de</strong> <strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> au profit <strong>de</strong>s plus<br />

vulnérab<strong>le</strong>s est souvent ce qui est <strong>le</strong> plus important. « Nous savons que nous ne sommes pas seuls, explique <strong>le</strong> père<br />

d’Ammar. Nous avons quelqu’un à qui par<strong>le</strong>r <strong>de</strong> nos problèmes et avec qui nous pouvons chercher <strong>de</strong>s solutions. »<br />

Peu à peu <strong>le</strong>s langues se délient, et Ammar commence à raconter ses jeux avec <strong>le</strong>s autres enfants, <strong>le</strong>s bonbons qu’il a vus<br />

»<br />

dans la vitrine du supermarché, et son amoureuse, la fil<strong>le</strong> d’une famil<strong>le</strong> saoudienne qui l’a aidé lui et sa famil<strong>le</strong> lors <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur<br />

arrivée en Jordanie. Un jour il l’épousera, il en est sûr et certain !<br />

Sensibiliser <strong>le</strong>s populations réfugiées aux risques liés aux restes explosifs <strong>de</strong> guerre<br />

Depuis juil<strong>le</strong>t 2012, l’association a dénoncé à cinq reprises l’utilisation <strong>de</strong> bombes-à sous-munitions par l’armée syrienne. Au<br />

<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s conséquences immédiates <strong>de</strong>s bombar<strong>de</strong>ments sur <strong>le</strong>s civils, el<strong>le</strong> s’inquiète <strong>de</strong>s conséquences sur <strong>le</strong> long terme <strong>de</strong><br />

la présence en Syrie <strong>de</strong> nombreuses sous-munitions qui n’ont pas explosé à l’impact. Après l’attaque, <strong>le</strong>s populations se<br />

trouvent face à un danger omniprésent diffici<strong>le</strong> à repérer. Les enfants, en particulier, sont souvent attirés par ces engins<br />

atypiques.<br />

En Jordanie, afin <strong>de</strong> prévenir <strong>le</strong>s dangers liés aux restes explosifs <strong>de</strong> guerre, l’association mène <strong>de</strong>s séances <strong>de</strong><br />

sensibilisation auprès <strong>de</strong>s populations réfugiées afin d’anticiper <strong>le</strong>ur retour en Syrie. 9000 personnes ont déjà bénéficié <strong>de</strong><br />

séances <strong>de</strong> sensibilisation et l’association continue sans relâche d’informer <strong>le</strong>s réfugiés qui ont récemment rejoint <strong>le</strong>s camps.<br />

Accompagner <strong>le</strong>s réfugiés pour affronter l’hiver<br />

La vallée <strong>de</strong> la Bekaa, au Liban est une zone montagneuse où <strong>le</strong>s hivers sont ru<strong>de</strong>s. <strong>Handicap</strong> <strong>International</strong> accompagne <strong>le</strong>s<br />

populations qui traversent l’hiver dans <strong>de</strong>s conditions déplorab<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong> distribue <strong>de</strong>s kits d’isolation qui incluent un cadre <strong>de</strong><br />

bois et <strong>de</strong>s toi<strong>le</strong>s <strong>de</strong> plastique pour bloquer <strong>le</strong>s ouvertures où s’engouffre <strong>le</strong> froid et 200 poê<strong>le</strong>s au fuel, qui permettent aux<br />

famil<strong>le</strong>s vivant actuel<strong>le</strong>ment dans <strong>de</strong>s abris très rudimentaires <strong>de</strong> résister à la chute <strong>de</strong>s températures. 650 famil<strong>le</strong>s ont à ce<br />

jour été accompagnées.

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