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8 n’administrait l’insuline qu’une fois par jour. L’expérience d’une épidémie de gastroentérite a vite fait comprendre qu’il fallait une infirmerie plus adaptée. Les quatre petites pièces ne suffisaient pas aux besoins des enfants malades alités avec leurs solutés. On en est venu à bout mais…… l’été suivant, on avait une nouvelle infirmerie ! On avait surnommé Dorothy «Mme Biscuit», parce qu’elle apportait craquelins au beurre d’arachide ou fromage aux campeurs qui avaient «testé» négatif au coucher. Des bâtons de céleri consolaient les autres. Le «testing» (analyse d’urine), activité privilégiée au camp – pas toujours «le fun», parfois cocasse. À cette époque, l’analyse se faisait quatre fois par jour. Les campeurs faisaient la queue aux toilettes avec leurs petites tasses bleues et un compte-goutte. Sous l’œil attentif d’un moniteur, ils déposaient cinq gouttes d’urine et dix gouttes d’eau dans une éprouvette. Le moniteur y ajoutait une tablette de ‘Clinitest’ qui faisait bouillonner le tout. Le liquide changeait alors de couleur, passant du bleu au vert puis à l’orange selon le contenu de sucre. Un autre moniteur inscrivait le résultat sur un dossier. Certains petits fûtés cherchaient à «tricher» en utilisant plus d’eau ou moins d’urine, mais les moniteurs avisés s’en apercevaient du fait que le bouillonnement n’était pas le même. À l’occasion, un campeur un peu malin remplissait d’eau la bouteille contenant les ‘Clinitests’, refermait bien vite le couvercle et criait l’alerte pour que tous se sauvent avant que la bouteille explose….. À cette époque lointaine, il n’était pas possible de pratiquer la glycémie chez soi, comme c’est le cas aujourd’hui. On se fiait à l’analyse d’urine qui indiquait la présence de sucre lorsque le niveau sanguin était élevé. Résultat approximatif, mais mieux que rien. Pour obtenir la glycémie, il fallait prélever le sang d’une veine et envoyer l’échantillon au laboratoire. Plusieurs années plus tard, alors qu’on introduisait les premiers glucomètres, j’ai fait partie d’une étude pour en déterminer la précision. À l’hôpital, j’ai fait ma première glycémie utilisant une énorme lancette mal aiguisée qui avait le don de retirer sang et chair. En même temps on m’a fait pratiquer une analyse d’urine, laquelle s’est avérée bleue, donc sans sucre. J’en étais fier jusqu’au moment où l’infirmière m’annonça que ma glycémie réelle était à 300mg!!! (l’équivalent de 16 mmol/L aujourd’hui). Ce fut la dernière analyse d’urine de ma vie. En passant, les vieilles tasses bleues qui recueillaient nos urines sont en tous points semblables aux tasses bleues utilisées aujourd’hui à l’infirmerie pour le jus d’orange……… coïncidence? Je vous invite maintenant à partager avec moi le souvenir d’événements et de personnes qui m’ont marqué. Ils ne respectent ni temps ni lieux. Ils me sont chers car c’est ainsi que je me rappelle Carowanis. M. GASCON: Notre premier homme à tout faire. Il avait un vieux tracteur avec wagon (on le surnommait «le wagon mortuaire» à cause de sa lenteur). Il habitait au bout du Chemin des Pins (la route menant au Camp). Chaque jour il conduisait ce véhicule de sa maison au camp le matin et s’en retournait de la même façon le soir après avoir fini son travail. On se servait de son grenier pour ranger les tentes ainsi que l’équipement médical de valeur – le tout transporté printemps et automne par nos vaillants moniteurs. Souvenir affectueux de M. Gascon : Après mon premier effort pour planter quelques arbustes le long du terrain de tennis, je m’aperçois le surlendemain qu’ils avaient été ‘tondus’ en même temps que le gazon par M. Gascon… INCENDIE À L’ADMINISTRATION : Lors de ma dernière année comme campeur senior (15 ans) le bâtiment est passé au feu. À cette époque, la cuisinière Mme Seymour et son assistante occupaient l’étage supérieur. Elles en sont sorties de justesse. Toute la documentation ainsi que les photographies des débuts du camp ont été perdues à jamais – mais aussi la bague en diamant de Maman Seymour ! On m’a raconté que je m’étais levé pour un pipi au beau milieu de l’incendie, que je n’avais rien vu et que je m’étais tranquillement recouché. Le tamarinier actuel est donc le seul à avoir échappé à l’incendie. LES DÉBUTS DE LA NATATION : À cette époque, on permettait aux nageurs qui avaient atteint le niveau senior de la Croix Rouge de traverser le lac jusqu’au Camp Pine Valley, notre voisin. Le jour du banquet de mon dernier été comme campeur, j’entrepris ce défi pour la dernière fois, à la pluie battante, seul nageur, mais accompagné d’un sauveteur en chaloupe à mes côtés. Je vous en parle parce qu’à mon retour, on m’attendait avec une surprise. On me présentât un «Fresca», breuvage «sucré» et tout nouveau sur le marché. Le goût était terrible, métallique, mais pour le temps délicieux. À l’exception du sirop de Coke, dont on se servait pour traiter l’hypoglycémie, à quinze ans je n’avais pas bu
de boisson sucrée depuis cinq ans ! AUXILIAIRE DES PARENTS : (Aujourd’hui appelé Comité de Parents) fut initié par plusieurs mamans dont ma mère, Jean. Leur but était de recueillir des fonds pour le camp. Elles sont les pionnières des tirages, ventes de gâteaux et objets usagés. On dit que le premier événement avait rapporté 50,00$ - une fortune dans les années 60. À ce jour, le comité de parents demeure la base de notre organisation. DÉBLAYAGE DÉBLAYAGE DE LA PROPRIÉTÉ PROPRIÉTÉ : Le site choisi pour le terrain de tennis fut préparé par des parents, moniteurs et campeurs. Plus tard, il fut agrandit avec l’aide du Club Lions de Repentigny. Je travaillais à la préparation du camp lorsque le nouveau réfectoire, dit : «Ross Hall» en l’honneur de docteur Alan Ross, un des fondateurs du camp, fut construit. Avec M. Gascon et mon ami Ken, nous avons déblayé et brûlé les branches avant que ne commencent les travaux. Bien sûr, tous connaissent l’histoire de l’ouvrier qui a péri après être tombé dans le ciment qu’on venait de couler…. ? Encore aujourd’hui, en son honneur, on ne porte jamais de chapeau dans Ross Hall ! L’AVANT ET APRÈS CAMP : L’avant camp a toujours été un défi à relever. Les premières années, la responsabilité de tout mettre en place était celle des moniteurs. Il fallait donc ériger les tentes, les meubler de lits, etc., faire la distribution de tout l’équipement, se remémorer les routines du camp en regard des soins diabétiques et des particularités des campeurs à venir. C’était aussi le temps de l’évaluation du personnel : qui était à la hauteur de la tâche, et qui ne l’était pas. La saga de «Crazy Thérèse» est un exemple d’une monitrice qui a dû être remerciée. De nos jours, le camp est préparé d’avance avant l’arrivée du personnel. Pendant plusieurs années, nous demeurions deux jours après la fermeture pour démanteler les tentes (en autant qu’il ne pleuvait pas). Depuis qu’on a le Programme Fin de semaine familiale, les moniteurs ont moins à faire à la fin du camp. Note personnelle : Encore aujourd’hui, permettez-moi de vous dire que je n’arrive pas à comprendre l’attitude des personnes qui ont passé une en- trevue, signé un contrat et qui, par la suite, ne se présentent pas au travail et n’avertissent même pas). DIVERTISSEMENTS ET JEUX : Il y a 40 ans, la forêt était moins épaisse. Tout le camp pratiquait un jeu surnommé «Indiens et Colons» (en principe, capturer le drapeau) à l’arrière de la section des filles. La densité des arbres nous permettait de nous y cacher et d’envoyer nos missiles, (bombes faites de papier de toilettes et de farine), contre l’équipe opposée. Ceux qui avaient été couverts de farine s’en retournaient la base pour être échangés contre contre les prisonniers de l’autre équipe. Avec le temps on en est venu à changer le nom du jeu pour celui de Martiens et Vénusiens, et à en élargir l’ampleur à la grandeur de la propriété. Une ligne marquée de farine divise le camp en deux et on établit la prison sur le court de Volley-ball. Les visages sont peints en rouge pour les Martiens et en vert pour les Vénusiens. • Parmi les les jeux originaux, on se rappelle la chasse à la vache de M. Gascon. Si ma mémoire est bonne bonne il s’agissait de cacher une vache rembourrée rembourrée quelque part dans dans le camp camp et d’envoyer les campeurs campeurs à sa recherche. recherche. • On jouait aussi aux mentes et lièvres (Hounds and Hares) appelé aussi Éléphants et Souris. • Jujubes (ainsi nommé parce que la personne qui l’a introduit s’appelait Julie). • Golf Frisbee et vrai golf (avec balle de tennis pour épargner les fenêtres). • «Musical Woozel Hunt». • Chasse aux moniteurs. • Relais pot pourri (Medley relays) où les membres de chaque tente se tenaient ensemble, tenaient la même une corde faisant ainsi le tour du camp. • La joute diabétique : le personnel représentait l’insuline ou sucre et les campeurs les poursuivaient, ou, à leur tour, étaient poursuivis (le tout pour équilibrer le sucre sanguin), tandis que le personnel médical se disait : «glucagon». Jeu fort apprécié. • Qui peut oublier la chasse au tigre! Notre directeur, un peu malin, s’est payé notre tête en faisant de ce jeu un exercice de nettoyage du camp. PROGRAMME INTER/SENIOR : Ces campeurs profitaient d’un programme spécial après la collation du soir. «Commando» était le jeu préféré, car on sélectionnait quelques campeurs qui devaient alors se glisser furtivement à travers le camp à la noirceur pour faire sauter le chalet, le Ross Hall ou encore voler l’or. Vous pouvez imaginer les accoutrements cocasses et les visages peints de certains moniteurs exubérants. On se plaisait bien aussi dans le sentier hanté quoique les «Midgets» (les plus jeunes campeurs) dormaient peu ces soirs-là. Rien ne faisait baisser le sucre comme le hockey et le ballon panier sur le court de tennis. De tous les programmes, la danse au chalet était la plus appréciée. 9
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