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L'AQUARELLE PAR LA PRATIQUE TECHNIQUES ET PAS À PAS

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<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong><br />

<strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

Frédéric Massie / Catherine Dô-Duc / Auto-Édition © 2013


<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

« Une aquarelle n'est pas une histoire,<br />

c'est la traduction d'une sensation,<br />

d'un souvenir, d'un état d'âme. »<br />

Hugo Pratt<br />

©<br />

La reproduction, intégrale ou<br />

partielle, de ce cours et des pas à<br />

pas, (textes et photos) et leur diffusion<br />

par voie électronique, sont autorisées<br />

uniquement à l'usage privé des<br />

lecteurs et à des fins non commerciales,<br />

tant que les informations relatives au copyright<br />

et à la provenance sont clairement<br />

indiquées.<br />

© 2013 Frédéric Massie<br />

Catherine Dô-Duc<br />

Ce cours d'aquarelle, d'abord édité<br />

sous la forme d'un site internet, a été<br />

récompensé en 1999 par un Net<br />

d'argent décerné par France Télécom.<br />

SOMMAIRE DU COURS<br />

D'AQUARELLE<br />

• 2000 ans d'histoire<br />

• Le matériel<br />

• La couleur<br />

• Lavis et camaïeu<br />

• Technique humide ou<br />

sèche<br />

• Produits de masquage<br />

• Techniques avancées<br />

• Textures par grattage et<br />

frottement<br />

<strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

• Un bouquet de fleurs<br />

• La Façade d'un château et<br />

comment faire vivre vos<br />

verts<br />

• Une aquarelle orientaliste<br />

• Peindre une cascade<br />

Aquarelles et photographies<br />

© 2013 Frédéric Massie<br />

© Frédéric Massie - Catherine Dô-Duc 2013 / Retour sommaire ↑ - 2


M<br />

<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

ême si l'on ne peut pas encore parler<br />

d'aquarelle au sens actuel du terme,<br />

l'association de pigments et d'eau se retrouve<br />

sur les premières expressions artistiques au<br />

temps de la Préhistoire. Cette technique est<br />

pourtant extrêmement ancienne, puisque l'on<br />

pense qu'elle était déjà utilisée au temps des<br />

Égyptiens. Mais ce n'est en fait qu'à partir du<br />

Xe siècle que l'aquarelle se répandit en Europe,<br />

même si au départ elle était considérée<br />

plutôt comme un médium destiné à l'esquisse<br />

ou à l'enluminure que comme une technique<br />

artistique à part entière. Il faudra attendre le<br />

XVIIIe siècle pour que des peintres, l'utilisent<br />

comme médium principal dans leurs compositions<br />

originales. L'aquarelle avait alors une fâcheuse<br />

tendance à se ternir, jusqu'à ce qu'on<br />

lui ajoute de la résine d'acacia exotique afin<br />

d'obtenir une meilleure solidité des pigments.<br />

L'aquarelle est souvent associée aux paysagistes<br />

anglais. Pourtant, Hollandais, Français<br />

et Italiens ont abondamment utilisé ce médium<br />

dans leurs compositions tout au long<br />

des XVIIIe et XIXe siècles.<br />

De grands peintres impressionnistes, puis<br />

plus tard les maîtres de la peinture moderne,<br />

ont volontiers fait appel à cette matière qui<br />

lorsqu'elle est traitée avec beaucoup de métier<br />

permet d'obtenir des effets de transparence<br />

rivalisant avec l'huile ou la gouache.<br />

2000 ans d'histoire<br />

Aujourd'hui, c'est une technique très appréciée<br />

des illustrateurs (encyclopédies) et des<br />

artistes topographiques (architecture).<br />

L'art de la substitution<br />

Le principe de base est de substituer la couleur<br />

blanche du papier au tube de peinture<br />

blanche. L'aquarelle fait donc appel à un jeu<br />

de transparences et de réserves qui nécessite<br />

une perception très précise des différents<br />

niveaux de couleurs. Vous ne serez pas étonné<br />

de découvrir des aquarellistes en train de<br />

cligner des yeux pour mieux apprécier la succession<br />

des plans colorés. Ce principe implique<br />

un ordre de travail en couches basé<br />

sur une progression de la teinte la plus claire<br />

vers la teinte la plus foncée. Le repentir tel<br />

qu'on le pratique dans la peinture à l'huile ou<br />

la gouache opaque est pratiquement impossible.<br />

Tout au mieux peut-on atténuer une<br />

couleur trop vive. Il est même de bon ton de<br />

conserver visible l'esquisse au crayon qui sert<br />

de guide à l'application des couleurs.<br />

Une technique ouverte à tous<br />

Un des grands avantages de l'aquarelle est<br />

certainement de permettre l'accès à une ex-<br />

pression artistique à des personnes spontanées<br />

que la perspective d'une technique fastidieuse<br />

et longue éloigne de toute pratique<br />

picturale. Le peintre aquarelliste peut effectivement<br />

interrompre à tout moment son travail<br />

et le reprendre plus tard, sans grande conséquence,<br />

hormis le séchage des couches, notamment<br />

lors du travail sur papier humide.<br />

C'est le médium idéal pour le promeneur ou<br />

le voyageur. <strong>À</strong> cet égard, il suffit d'avoir l'occasion<br />

de feuilleter les carnets de croquis des<br />

grands peintres des XVIII e et XIX e siècle pour<br />

apprécier l'apport de l'aquarelle à leur œuvre,<br />

qu'il s'agisse de la découverte du Maroc par<br />

Delacroix ou des voyages initiatiques dans<br />

les Pyrénées de Viollet le Duc.<br />

Visiter les musées<br />

L'aquarelle est généralement pratiquée sur de<br />

petits formats, des dimensions de 50 x 60 cm<br />

constituant déjà une prouesse pour aquarelliste<br />

confirmé. Nous ne pouvons que vous encourager<br />

à aller visiter les musées (Louvre,<br />

Carnavalet, Orsay, Musée Gustave Moreau<br />

pour les Parisiens) où sont exposées les<br />

créations des peintres des XVIII e , XIX e et XX e<br />

siècles. Le remarquable état de conservation<br />

de ces peintures est une preuve de la qualité<br />

des pigments, surtout pour des œuvres<br />

conservées dans les règles de l'art (précautions<br />

contre les ultra-violets, hygrométrie et<br />

température contrôlées...) L'aquarelle que<br />

vous allez utiliser est, comme autrefois, basée<br />

sur des pigments broyés extrêmement fin<br />

associés à de la gomme arabique en guise de<br />

liant afin de favoriser une bonne concentration<br />

de la couleur et une meilleure résistance<br />

à long terme.<br />

LES AUTEURS<br />

Frédéric est journaliste<br />

indépendant, artiste-auteur. Il a<br />

publié plusieurs ouvrages sur les<br />

antiquités aux éditions First et a été<br />

directeur de collection aux éditions<br />

Adam Biro.<br />

Catherine, après avoir été<br />

traductrice et éditrice<br />

indépendante, est aujourd'hui<br />

chargée d'édition dans une société<br />

spécialisée dans les livres<br />

professionnels (principalement<br />

management, industrie,<br />

technique...).<br />

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<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

Le choix du matériel est primordial non seulement<br />

pour le confort de l'artiste, mais aussi<br />

pour obtenir des résultats à la hauteur de vos<br />

espérances. Comme nous l'avons dit dans la<br />

présentation, s'équiper pour pratiquer l'aquarelle<br />

ne nécessite pas un investissement trop<br />

important.<br />

Le matériel indispensable au<br />

débutant<br />

a: Ces pinceaux démontables peuvent se ranger<br />

dans une petite boîte d'aquarelle.<br />

b: Un stylo à encre de Chine est toujours<br />

utile pour rehausser un paysage de quelques<br />

traits vigoureux.<br />

Le matériel<br />

c: Très important pour l'esquisse, un critérium<br />

avec une mine 2H, ou des crayons classiques.<br />

d: Une palette en plastique ordinaire trouvera<br />

sa place sur votre plan de travail.<br />

e: Munissez-vous de quelques godets en<br />

plastique pour contenir l'eau.<br />

f: Très utiles aussi, des éponges naturelles ou<br />

synthétiques.<br />

g: Le choix de la boîte d'aquarelle dépend<br />

évidemment de votre budget, car on peut en<br />

trouver de très simples comportant de petits<br />

godets de couleurs de base, mais aussi des<br />

plus sophistiquées à 24 godets. Quant à moi,<br />

j'utilise indifféremment des aquarelles de<br />

marque Rowney, Tallens (Rembrandt),<br />

Schmincke et Lefranc-Bourgeois, toujours<br />

sous la forme de boîtes métalliques à godets.<br />

h: Indispensable aussi, un large pinceau en<br />

petit-gris, monté sur plume, disposant d'une<br />

bonne réserve de couleur pour les fonds. Très<br />

souple, il comportera une pointe parfaite<br />

comme ceux employés en calligraphie chinoise.<br />

Autres pinceaux très utilisés, des modèles<br />

fins en martre de différentes tailles pour<br />

dessiner les petits éléments.<br />

i: On se servira aussi parfois de grattoirs ou<br />

de lames de cutter pour retoucher des détails<br />

ou au contraire créer des effets.<br />

j: On utilisera une gomme douce pour effacer<br />

les traits de l'esquisse au crayon.<br />

k: Certains peintres préfèrent l'aquarelle en<br />

tube car elle permet de préparer une palette<br />

spécifique avant chaque projet.<br />

Si les "as" de l'aquarelle peuvent se vanter de<br />

savoir instinctivement garder des réserves de<br />

blanc dans leur composition pour simuler<br />

cette couleur que les aquarellistes réprouvent<br />

en tant que matière (à titre anecdotique, il paraît<br />

que les tubes d'aquarelle blanche sont<br />

parmi les plus vendus dans le commerce), les<br />

débutants seront très contents de s'adjoindre<br />

l'aide d'un liquide à base de latex comme par<br />

exemple le "Grafigum" de Lefranc-Bourgeois,<br />

qui sert à protéger les zones qui devront rester<br />

blanches. Quand l'aquarelle est sèche, il<br />

suffit de frotter légèrement avec le doigt pour<br />

retirer cette matière protectrice et retrouver la<br />

couleur du papier. J'avoue quant à moi utiliser<br />

parfois un peu de gouache blanche pour retrouver<br />

artificiellement la virginité du papier<br />

que j'ai malencontreusement déflorée.<br />

Un exemple de palette complète<br />

Blanc de Chine<br />

Jaune cadmium citron<br />

Jaune cadmium clair<br />

Gomme-gutte<br />

Orange cadmium<br />

Rouge cadmium clair<br />

Rouge cadmium<br />

Laque garance foncée<br />

Bleu cobalt<br />

Outremer foncé<br />

Bleu ceruleum<br />

Bleu Rembrandt<br />

Vert émeraude<br />

Vert Rembrandt<br />

Vert de vessie<br />

Ocre jaune<br />

Terre Sienne<br />

Rouge anglais<br />

Terre Sienne brûlée<br />

Terre ombre<br />

Terre ombre brûlée<br />

Sépia<br />

Gris de Payne<br />

Noir d'ivoire<br />

© Frédéric Massie - Catherine Dô-Duc 2013 / Retour sommaire ↑ - 4


<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

Se constituer la palette idéale qui correspondrait<br />

à tous les goûts et à tous les tempéraments<br />

est en fait une vue de l'esprit. En<br />

revanche, essayer d'associer un certain<br />

nombre de couleurs véritablement complémentaires<br />

est à la portée du débutant.<br />

La liste de couleurs que nous vous proposons<br />

ci-dessus peut être considérée comme le mi-<br />

nimum avec lequel vous pourrez travailler efficacement<br />

en toutes circonstances.<br />

Deux bleus sont indispensables: le bleu outremer<br />

et le bleu intense ou bleu de ceruleum<br />

qui se rapproche du bleu primaire. Pour ce<br />

qui est des verts, nous avons choisi, outre<br />

l'inévitable vert émeraude, un joli vert de vessie<br />

clair et un vert de Hooker assez dense<br />

qui, mélangé avec de l'ocre jaune ou du jaune<br />

de cadmium, va vous permettre de créer<br />

toute une gamme de tonalités naturelles<br />

d'herbes et de feuillages. Côté terres, nous<br />

avons opté pour la terre d'ombre brûlé (foncée)<br />

qui, outre ses qualités naturelles, vous<br />

permet, ajoutée à d'autres teintes, de créer<br />

des ombrages tout à fait satisfaisants. La<br />

terre de sienne brûlée fait aussi partie des<br />

couleurs indispensables. Voyons maintenant<br />

les jaunes. Essayez, en particulier, de choisir<br />

un bel ocre jaune bien dense et lumineux.<br />

Vous ajouterez aussi un beau jaune citron<br />

pour travailler les verts à tendance froide. Un<br />

jaune de cadmium ou un gomme gutte serviront<br />

de transition vers l'orange de cadmium<br />

dont vous vous apercevrez que vous aurez<br />

souvent l'utilisation en petite quantité pour<br />

compléter vos couleurs (travail sur les ciels,<br />

les sols et les feuillages). Un rouge de cadmium<br />

et un rouge indien devraient aussi suffire<br />

tout en complétant efficacement un<br />

carmin d'alizarine et un laque pourpre qui,<br />

s'ils ne semblent pas à première vue être utilisables<br />

tout seuls, entreront dans de nombreux<br />

mélanges pour obtenir des couleurs<br />

sophistiquées. Enfin, préférez un gris de<br />

Payne au noir d'ivoire si vous n'avez plus de<br />

place dans votre boîte. Bien sûr, vous n'utiliserez<br />

officiellement pas de blanc puisque<br />

c'est la couleur naturelle du papier épargné<br />

qui en fera office!<br />

Le papier pour l'aquarelle<br />

Le papier à grain fin est, comme son nom<br />

l'indique, idéal pour un dessin très précis, surtout<br />

dans les détails. Il s'adapte plus volontiers<br />

au travail à la plume rehaussé de<br />

couleurs à l'aquarelle. Débutant s'abstenir car<br />

il ne retient pas l'eau et s'avère totalement réfractaire<br />

aux techniques humides.<br />

Le papier à grain moyen est idéal pour s'initier.<br />

Sa légère rugosité s'adapte bien à l'aquarelle.<br />

La peinture se dépose avec plus de<br />

liberté, donnant des effets aléatoires tout à<br />

fait intéressants.<br />

Dernier de la liste, le papier à grain épais<br />

nécessite un bon entraînement pour maîtriser<br />

les variations de matière obtenues. Il est recherché<br />

pour obtenir des effets de matières<br />

prononcés. Notamment cette brillance particulière<br />

des couleurs due au contraste entre<br />

les creux qui conservent la couleur naturelle<br />

du papier et la couche picturale en surface.<br />

Nous ne ferons pas de publicité pour une<br />

marque particulière. En revanche, on peut<br />

conseiller au débutant de rendre visite à son<br />

magasin de beaux-arts préféré et de se faire<br />

expliquer les différentes sortes de papier disponibles.<br />

Les beaux papiers se vendent généralement<br />

en feuilles à l'unité, format raisin,<br />

ce qui vous permet à moindre coût d'en essayer<br />

plusieurs avant de vous décider pour<br />

© Frédéric Massie - Catherine Dô-Duc 2013 / Retour sommaire ↑ - 5


<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

celui qui vous conviendra le mieux. Les débutants<br />

choisiront un papier à grain moyen si<br />

possible en bloc aux tranches encollées, ce<br />

qui permet de supprimer l'étape de la préparation.<br />

Lorsque vous coupez vos feuilles de<br />

papier aquarelle, gardez précieusement les<br />

chutes, car elles vous serviront pour tester<br />

vos mélanges de couleurs.<br />

Formats courants de papier en France :<br />

Raisin : 50 x 65 cm<br />

Jésus : 56 x 76 cm<br />

Petit Aigle : 60 x 94 cm<br />

Double raisin : 65 x 100 cm<br />

Grand Aigle : 75 x 105 cm<br />

Préparation des feuilles de papier<br />

aquarelle<br />

Le papier aquarelle est destiné à recevoir<br />

beaucoup d'eau et donc risque, s'il n'est pas<br />

préparé avec soin, de se gondoler désagréablement<br />

en cours de travail. Pour éviter cela,<br />

on imbibe le papier d'eau à l'avance puis on<br />

le tend sur une planche de bois suffisamment<br />

épaisse pour ne pas souffrir de l'excès d'humidité.<br />

Les bords de la feuille sont ensuite<br />

collés sur la surface de bois à l'aide de<br />

bandes de papier gommé.<br />

En séchant, le papier se tendra et sera beaucoup<br />

plus résistant pour la suite de votre travail.<br />

Selon le mode de peinture adopté, à sec<br />

ou humide, on attendra plus ou moins longtemps<br />

avant de commencer à peindre. Comptez<br />

au moins une nuit pour obtenir une feuille<br />

parfaitement sèche prête à l'emploi.<br />

Pratique pour les peintres nomades, le papier<br />

aquarelle en bloc pour travailler en plein air.<br />

Comment perçoit-on les couleurs? La perception<br />

de la couleur en peinture est certainement<br />

l'un des phénomènes les plus<br />

complexes à appréhender. Fixez longuement<br />

une tache de couleur rouge puis fermez les<br />

yeux : vous vous apercevrez que ce n'est pas<br />

une trace rouge qui est présente sur la rétine,<br />

mais bien une forme de la couleur complémentaire<br />

du rouge - en l'occurrence du vert.<br />

Le philosophe du XIX e siècle William James<br />

affirmait ainsi que "tandis qu'une partie de ce<br />

que nous percevons vient de l'objet par l'intermédiaire<br />

de nos sens, une autre partie, peutêtre<br />

la plus importante, vient ... de l'intérieur<br />

de notre tête."<br />

Newton découvre les couleurs<br />

fondamentales<br />

En fait, l'œil humain ne perçoit que des sensations<br />

de couleurs rayonnant à partir de l'objet<br />

regardé. Une orange est vue de couleur<br />

orange parce que les cônes (prolongements<br />

de certaines cellules visuelles de la rétine,<br />

sièges de la vision colorée - déf. Larousse)<br />

correspondant à l'orange sont stimulés plus<br />

fortement que ceux correspondant à d'autres<br />

couleurs. Autre expérience connue: lors des<br />

tests de consommation pour définir avec plus<br />

La couleur<br />

d'exactitude quelle sensation de goût va ressentir<br />

un individu devant un aliment, on illumine<br />

entièrement en rouge toute la table sur<br />

laquelle est posé le fruit ou le gâteau. Ainsi, le<br />

testeur n'est pas influencé par la couleur de<br />

l'objet qui peut modifier son goût avant même<br />

que ses papilles n'aient ressenti réellement<br />

l'aliment. Il est bien connu que deux morceaux<br />

de sucre identiques, l'un coloré en<br />

rouge, l'autre coloré en vert, donneront deux<br />

goûts différents lors de leur ingestion.<br />

En physique, la lumière qui nous entoure, et<br />

qui nous paraît blanche, est le résultat d'un<br />

mélange parfait entre les trois couleurs fondamentales<br />

que sont le rouge, le vert et le bleu.<br />

Dans certaines circonstances, ces composantes<br />

réapparaissent : c'est ce qui se produit<br />

lorsqu'on est face à un arc-en ciel. C'est Isaac<br />

Newton, en 1666, qui le premier mit en évi-<br />

© Frédéric Massie - Catherine Dô-Duc 2013 / Retour sommaire ↑ - 6


<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

dence ce phénomène en faisant passer un<br />

rayon de lumière blanche au travers d'un<br />

prisme réfringent (qui provoque le changement<br />

de direction d'une onde). Il s'aperçut<br />

alors que le rayon blanc était en fait composé<br />

de trois rayons distincts, avec les trois couleurs<br />

fondamentales de la lumière (rouge, vert<br />

et bleu). En outre, il découvrit qu'en ajoutant<br />

un prisme sur le trajet de ces trois couleurs, il<br />

obtenait une lumière blanche. Plus tard, en<br />

1730, un graveur allemand du nom de Jakob<br />

Le Blon, comprit à son tour qu'il existait une<br />

relation entre les composantes de la lumière<br />

et les pigments de couleur utilisés en peinture.<br />

Il démontra que n'importe quelle couleur<br />

pouvait naître de trois pigments primaires: le<br />

Magenta, le Jaune et le Cyan. Ce principe est<br />

basé sur la synthèse soustractive des couleurs<br />

car si l'on superpose plusieurs pigments<br />

distincts, les couleurs absorbent la lumière et<br />

se fondent en un gris foncé.<br />

Familles de couleurs<br />

L'utilisation de pigments appartenant aux familles<br />

des couleurs chaudes ou des couleurs<br />

froides permet d'obtenir une infinité de<br />

nuances destinées à modeler l'espace en accentuant<br />

la lumière tout en jouant sur la profondeur.<br />

Couleurs froides<br />

Sur ce dessin ci-contre constitué d'une série<br />

de lavis de vert, réalisés en mélangeant du<br />

bleu de ceruleum, du vert de vessie, du jaune<br />

de cadmium, du sépia et de la terre brûlée, on<br />

dénote une ambiance lumineuse même si<br />

l'aquarelle reste relativement sombre. Les<br />

couleurs mélangent les tonalités froides (vert)<br />

avec une multitude de points de couleurs<br />

chaudes (jaune, orange et rouge) donnant<br />

ainsi une intensité lumineuse à l'image.<br />

Couleurs chaudes<br />

Dans ce deuxième paysage représentant un<br />

village du Soudan, le parti pris des couleurs<br />

plus chaudes est évident. Même si le rendu<br />

reste lui aussi relativement foncé puisqu'il<br />

s'agit d'un village de cases au lever du jour.<br />

Réalisé exclusivement avec du bleu de céruleum,<br />

du jaune d'ocre, du sépia, de la terre<br />

d'ombre brûlée et du rouge de cadmium, le<br />

décor est beaucoup plus étendu que dans<br />

l'image précédente et il dégage une impression<br />

de chaleur obtenue grâce au mélange de<br />

couleurs chaudes et à l'utilisation de complémentaires<br />

pour créer les zones d'ombres.<br />

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<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

Couleurs complémentaires<br />

Jaune -------> Violet<br />

Rouge --------> Vert<br />

Bleu ------> Orange<br />

L'association des couleurs complémentaires<br />

au sein d'une même composition (notamment<br />

pour accentuer les ombres) procure<br />

d'agréables sensations de contrastes, augmentant<br />

ainsi la luminosité générale du dessin.<br />

Cézanne fut certainement l'un des plus<br />

grands artistes à pratiquer cette association<br />

de couleurs complémentaires au sein de ses<br />

natures mortes à l'aquarelle. Il utilisait des<br />

couleurs presque pures pour augmenter ces<br />

effets de contrastes.<br />

L'œil du peintre<br />

Pour nous résumer, nous dirons qu'il existe<br />

tout d'abord les trois couleurs primaires (le<br />

rouge, le jaune et bleu), des couleurs pures<br />

qui permettent en se mélangeant d'élaborer<br />

un grand nombre d'autres couleurs (communément<br />

appelées couleurs secondaires). En<br />

mélangeant couleurs primaires et secondaires,<br />

on obtient alors des couleurs dites tertiaires<br />

(par exemple, essayez de mélanger du<br />

jaune et de l'orange). En mettant en relation<br />

tous ces éléments, on construit un cercle dit<br />

chromatique qui détermine les couleurs<br />

froides et les couleurs chaudes. Les couleurs<br />

froides étant situées du côté où prédominent<br />

le bleu et le vert, les couleurs chaudes,<br />

comme leur nom l'indique, correspondant aux<br />

tons comportant du jaune du rouge. D'après<br />

ce principe, il serait donc facile d'obtenir<br />

toutes les couleurs présentes dans la nature<br />

à partir uniquement du rouge, du jaune et du<br />

bleu. En réalité, le peintre est obligé de s'adjoindre<br />

un grand nombre de tubes de couleurs<br />

spécifiques qui lui permettront de se<br />

rapprocher de ce que son œil peut voir tout<br />

en se simplifiant la vie.<br />

L'aquarelle étant une technique basée sur<br />

des transparences, on comprendra d'autant<br />

mieux la nécessité de disposer d'un nombre<br />

conséquent de tubes organisés en teintes<br />

plus ou moins proches les unes des autres. <strong>À</strong><br />

ces notions élémentaires s'ajoutent la valeur,<br />

la teinte et la saturation des couleurs. L'aquarelle<br />

bénéficie au départ d'une intensité exceptionnelle,<br />

de par sa transparence. Basée<br />

sur le principe de la synthèse soustractive,<br />

elle consiste en quelque sorte à dissoudre la<br />

lumière en superposant des couches plus ou<br />

moins transparentes de couleur. C'est au fur<br />

et à mesure que ces couches "s'empilent"<br />

que les couleurs foncent.<br />

P: couleurs primaires<br />

S: couleurs secondaires<br />

T: couleurs tertiaires<br />

Pour analyser et comprendre la couleur d'un<br />

objet, il faut distinguer plusieurs facteurs qui<br />

vont conduire l'artiste à la réflexion. La teinte<br />

correspond à la couleur réelle du sujet, par<br />

exemple de la gelée de groseilles rouge ou<br />

des pommes vertes. La valeur indique si une<br />

couleur est plus ou moins claire ou foncée.<br />

Elle est intimement liée à la quantité de lumière<br />

qui éclaire le motif. Comparez une<br />

pomme placée en plein soleil ou à l'ombre<br />

d'un coin de placard. La saturation désignera<br />

le niveau de pureté d'une couleur. Ainsi,<br />

l'aquarelle, qui utilise les transparences, se<br />

base sur une couleur peu saturée. Toutes ces<br />

notions sont évidemment intéressantes à<br />

connaître mais, vous le constaterez, n'interviendront<br />

que de façon souvent inconsciente<br />

dans votre choix au moment de l'interprétation<br />

d'un paysage ou d'une nature morte.<br />

Vous vous laisserez plus volontiers guider par<br />

ce que vos sens vous proposeront et peutêtre<br />

même par l'instinct plutôt que par des<br />

comparaisons sophistiquées, roue chromatique<br />

en main. Si vous êtes intéressé par tout<br />

ce qui touche à la couleur vous pouvez vous<br />

procurer les livres des éditions Dessain et Tolra<br />

qui traitent plus précisément de ce sujet.<br />

Cette collection est généralement bien faite et<br />

comporte de nombreux exemples explicatifs à<br />

la portée de tous.<br />

Aux dires des scientifiques, nous<br />

organisons les couleurs que nous<br />

voyons à travers le contraste de<br />

toutes les longueurs d'onde qui<br />

composent la scène que nous avons<br />

sous les yeux. Et pourtant, la<br />

couleur est une expérience<br />

subjective. Lorsque l'œil regarde en<br />

direction d'un objet coloré, il<br />

produit en même temps des<br />

sensations de la couleur<br />

complémentaire.<br />

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<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

Le principe du lavis consiste à colorier un<br />

dessin avec des couleurs diluées dans de<br />

l'eau. Cette façon de procéder est basée sur<br />

la transparence et donc oblige le peintre à travailler<br />

en partant des couches les plus claires<br />

pour terminer avec les teintes plus foncées.<br />

Elle repose sur une analyse détaillée du dessin<br />

avant de commencer car le repentir, s'il<br />

n'est pas totalement impossible, reste délicat.<br />

N'oublions pas que le seul blanc mis à la disposition<br />

du peintre est celui du papier. Réussir<br />

une aquarelle passe donc par une phase<br />

d'apprentissage des techniques de lavis.<br />

Votre premier lavis<br />

Pour vous entraîner à cet exercice périlleux<br />

nous allons réaliser des aplats représentant le<br />

ciel d'une future composition. Ainsi vos essais<br />

trouveront leur utilité par la suite. Divisons<br />

donc une feuille (format 21x29,7 minimum<br />

disposée dans le sens de la largeur) en deux<br />

parties égales par un trait de crayon léger<br />

dessiné. La partie haute sera consacrée au<br />

ciel. Suivez maintenant les étapes et vous<br />

saurez pratiquer un lavis traditionnel.<br />

Commencer par diluer votre peinture, en l'occurrence<br />

du bleu (celui de votre choix) dans<br />

un godet. Préparez suffisamment de couleur<br />

pour ne pas avoir à en refaire en cours de tra-<br />

Lavis et camaïeu<br />

vail. Vous n'obtiendriez jamais exactement la<br />

même teinte et surtout votre dessin aurait le<br />

temps de sécher, ce qui occasionnerait des<br />

cernes inesthétiques.<br />

Chargez bien votre pinceau (taille moyenne)<br />

de couleur diluée et tracez une première ligne<br />

le long de votre feuille.<br />

La seconde bande sera tracée immédiatement<br />

en sens inverse de la précédente en<br />

prenant bien soin que leur jonction disparaisse<br />

naturellement avec le mouvement de<br />

va et vient. Vous constaterez que la peinture<br />

a tendance à s'accumuler vers le bas de votre<br />

bande. Ceci est d'autant plus visible que vous<br />

aurez légèrement penché la feuille vers vous<br />

sur un support en bois rigide.<br />

Continuez ainsi rapidement afin d'obtenir un<br />

aplat de bonne qualité. Aucune importance si<br />

vous repérez quelques imperfections ici et là :<br />

c'est à la fois un défaut et une qualité de<br />

l'aquarelle que de devoir une part de sa réussite<br />

au hasard.<br />

Pour les très grandes surfaces, on remplacera<br />

le pinceau par une éponge imbibée de couleur.<br />

Laissez sécher ce premier essai et notez les<br />

maladresses disgracieuses pour essayer de<br />

les corriger lors des essais suivants. Vous<br />

constaterez aussi que la couleur une fois<br />

sèche a tendance à ternir. Un élément qu'il<br />

faut prendre en compte lors de la création du<br />

lavis.<br />

Un paysage en camaïeu<br />

S'il est une technique qui permet de s'imprégner<br />

totalement des nuances d'un sujet, c'est<br />

bien le camaïeu. Basée sur l'utilisation des<br />

différentes tonalités, du plus clair au plus foncé,<br />

d'une même couleur, cette méthode est<br />

idéale pour s'essayer à la maîtrise des<br />

contrastes entre zones d'ombre et de lumière.<br />

En utilisant une seule couleur on ne peut plus<br />

jouer sur la complémentarité ou les effets de<br />

profondeur obtenus en juxtaposant des couleurs<br />

chaudes et froides. Seuls le dessin et la<br />

lumière vont vous permettre d'interpréter ce<br />

que vous avez sous les yeux, qu'il s'agisse<br />

d'un paysage sur le vif ou d'un travail d'après<br />

photo. Je vous conseille vivement de jeter un<br />

œil sur les dessins des grands maîtres français<br />

du XVIII e siècle. Ceux-ci utilisaient volontiers<br />

le camaïeu pour mettre en valeur leur<br />

sujet.<br />

Le petit paysage ci-dessous, bien que simple<br />

en apparence, est un bon exercice d'interprétation<br />

d'une photo. Réalisé en moins d'une<br />

heure, il est représentatif de ce que vous devez<br />

pouvoir obtenir rapidement après<br />

quelques essais. Nous vous proposons une<br />

chronologie à respecter pour votre travail afin<br />

de mettre toutes les chances de votre côté.<br />

1) Essayez de peindre sur un papier teinté,<br />

par exemple un gris soutenu ou un sépia qui<br />

feront une bonne base pour votre futur dessin.<br />

Vous pouvez aussi créer vous-même<br />

votre fond de couleur avec un lavis uni ou un<br />

dégradé de votre choix. Utilisez par exemple<br />

du sépia ou du brun mais pas du noir qui est<br />

trop froid pour ce type de dessin, à moins de<br />

vouloir se rapprocher du style bande dessinée.<br />

Dans ce dernier cas l'encre noire sera<br />

parfaite pour le travail à la plume rehaussé de<br />

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<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

gris divers. Pour vous donner une idée des<br />

couleurs utilisées en camaïeu, voici trois<br />

exemples différents de notre paysage. Celui<br />

du milieu est certainement le plus classique<br />

puisqu'il s'agit du fameux sépia.<br />

2) Pour une fois, oubliez votre crayon et essayer<br />

de poser à vue les zones les plus foncées<br />

pour composer votre croquis à la<br />

manière d'un négatif photographique.<br />

3) C'est au tour des zones les plus claires<br />

d'être mises en place sur votre papier. Normalement,<br />

vous devriez maintenant obtenir<br />

un dessin efficace et contrasté.<br />

4) Modelez doucement votre tableau en ajoutant<br />

d'autres tonalités plus ou moins proches<br />

mais toujours en vous fondant sur vos deux<br />

teintes de base (foncée et claire). N'essayez<br />

pas de mettre trop de détails, c'est le type<br />

même de dessin qui doit rester tout en<br />

nuances. C'est au spectateur de deviner et<br />

non pas à vous de lui imposer un document<br />

trop chargé de réalisme. Pensez votre paysage<br />

à travers une sorte de brume qui estomperait<br />

les éléments du décor.<br />

5) Les parties très ombrées, presque dans<br />

l'obscurité, sont faites en dernier en ajoutant<br />

très peu de noir à la couleur de votre camaïeu.<br />

Voici pour finir la définition que le célèbre Manuel<br />

Roret donne du camaïeu : "Genre de<br />

peinture d'une ou de deux couleurs seulement.<br />

On appelle grisaille un camaïeu peint<br />

en gris. Dans les camaïeux on observe la dégradation<br />

des teintes, pour les choses éloignées,<br />

par l'affaiblissement du clair et de<br />

l'obscur comme avec le crayon. On peut aussi<br />

mettre au rang des camaïeux les peintures<br />

de clair obscur, qui sont de blanc et noir et<br />

sans aucune couleur. Cette dernière sorte de<br />

peinture est employée pour représenter des<br />

bas-reliefs de marbre ou de pierre blanche."<br />

Technique sèche<br />

Technique humide ou sèche<br />

L'artiste qui pratique l'aquarelle basée sur ce<br />

procédé attend que chaque couche de peinture<br />

soit sèche avant d'en appliquer une autre<br />

en superposition. Les couleurs sont donc bien<br />

nettes et de nouvelles couleurs sont créées<br />

par superposition. Ainsi, si vous commencez<br />

par faire un aplat jaune sur lequel vous rajoutez<br />

des bandes bleues, vous verrez alors apparaître,<br />

par superposition, une couleur verte.<br />

On peut aussi parler de technique humide sur<br />

sèche, puisque l'aquarelliste utilise les couleurs<br />

fraîches donc humides puisqu'imprégnées<br />

d'eau sur un fond sec. Technique humide sur humide<br />

<strong>À</strong> l'inverse de la technique précédente, ici,<br />

l'aquarelliste va travailler en permanence sur<br />

un fond humide. Ce qui veut dire qu'il peut<br />

soit imbiber son papier d'eau et poser délicatement<br />

de la couleur qui va s'étendre au<br />

contact de l'eau, soit appliquer directement<br />

une première couleur sur un papier sec.<br />

Sans attendre que cette première couche soit<br />

sèche, vous pourrez continuer de travailler les<br />

superpositions. Les couleurs vont alors se<br />

fondre entre elles en créant des halos plus ou<br />

moins contrôlés qui font tout le style de ce<br />

type d'aquarelle.<br />

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<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

1. Technique sèche<br />

Cette première méthode, plus abordable pour<br />

le débutant, est basée sur l'application des<br />

couleurs directement sur un papier (en bloc<br />

ou feuilles séparées) totalement sec. Les couleurs<br />

adhèrent au grain du papier, sans<br />

s'étendre, saigner ni baver, donnant un effet<br />

de précision des contours. Ce procédé nécessite<br />

une maîtrise parfaite du dessin préparatoire<br />

(zones de couleur bien délimitées) et<br />

s'adapte plus volontiers à un style figuratif,<br />

notamment pour le paysage "topographique",<br />

l'illustration animalière ou la nature morte<br />

descriptive. Pour ceux qui connaissent déjà<br />

l'aquarelle pour être allés visiter des galeries<br />

de peinture, c'est le mode de travail utilisé par<br />

les très célèbres aquarellistes anglais. Je<br />

vous conseille d'ailleurs de feuilleter l'ouvrage<br />

consacré à ces artistes : Le siècle d'or de<br />

l'aquarelle anglaise (1750-1850), par Gérald<br />

Bauer, éditions Bibliothèque de l'image.<br />

Règles d'or<br />

Je vous propose une liste de conseils à suivre<br />

si vous voulez travailler en utilisant la technique<br />

humide sur sec.<br />

Soignez vos croquis<br />

Comme cette technique permet une assez<br />

grande précision, je vous engage à soigner<br />

votre croquis au crayon. Celui-ci sera aussi<br />

précis que possible, et assez fin si vous voulez<br />

que le trait disparaisse sous la couleur.<br />

C'est le cas généralement des aquarellistes<br />

anglais. En revanche, si comme Signac vous<br />

voulez que votre trait fasse partie intégrante<br />

de la peinture, utilisez un crayon gras et allezy<br />

franchement.<br />

Du clair vers le foncé<br />

Vous allez travailler en gardant toujours à<br />

l'esprit qu'il faut partir de la couche la plus<br />

claire pour terminer par la couche la plus foncée,<br />

en prenant bien soin d'épargner ou de<br />

protéger les zones destinées à rester<br />

blanches ou très claires. Comme par exemple<br />

des herbes vert clair se détachant sur<br />

d'autres herbes vert foncé.<br />

Bien connaître sa palette<br />

Si vous utilisez des couleurs en tubes, préparez<br />

votre palette complète à l'avance. Comme<br />

vous allez travailler avec des superpositions<br />

qui créeront elles-mêmes de nouvelles<br />

teintes, il est impératif de bien maîtriser les<br />

mélanges. Entraînez-vous sur des échantillons<br />

de papier. Si vous utilisez des couleurs<br />

en godets, fabriquez-vous un nuancier que<br />

vous garderez auprès de vous lorsque vous<br />

travaillerez. Gardez les couleurs dans le<br />

même ordre sur votre palette, ce qui vous facilitera<br />

la tâche au fur et à mesure que vous<br />

vous habituerez aux différents mélanges.<br />

Des accessoires utiles<br />

Vous pouvez vous aider d'un séchoir à cheveux<br />

pour accélérer le séchage des différentes<br />

couches, si vous travaillez en intérieur.<br />

Ayez sous la main deux gobelets : un d'eau<br />

propre, un autre pour nettoyer les pinceaux.<br />

Gare à la précipitation !<br />

La technique humide sur fond sec demande<br />

de la patience et de la maîtrise de soi et de<br />

son travail.<br />

Nous ajouterons à cette liste de conseils pratiques<br />

la nécessité de vraiment maîtriser les<br />

mélanges de couleurs entre elles. L'écueil<br />

souvent rencontré par les débutants, qui les<br />

conduit au découragement voire à l'abandon<br />

de cette technique si lumineuse et vivante,<br />

est l'association inopportune de couleurs non<br />

adaptées à des mélanges, qui produisent de<br />

vilaines teintes grisâtres.<br />

Je vous déconseille par exemple, au début,<br />

de mélanger plus de deux couleurs entre<br />

elles, que ce soit des couleurs primaires avec<br />

des secondaires ou des secondaires avec<br />

des tertiaires. Essayez plutôt de construire<br />

vos mélanges complexes (plus de trois couleurs<br />

de base) par superposition de couches<br />

de couleurs. Ainsi, si l'on prend l'exemple d'un<br />

feuillage dans un arbre, vous allez commencer<br />

par poser votre vert le plus clair, réalisé<br />

avec un mélange de bleu et de jaune. En-<br />

suite, lorsque cette première couche sera<br />

sèche, vous ajouterez quelques petites<br />

touches d'un bleu un peu plus foncé, qui, en<br />

se superposant, donnera un vert plus dense<br />

et en même temps plus lumineux que celui<br />

que vous auriez obtenu en le créant directement<br />

sur la palette en ajoutant du bleu foncé<br />

à votre mélange de pigments de base (bleu<br />

clair et jaune). Lorsque l'on veut obtenir un effet<br />

de fond de papier coloré sans passer par<br />

un lavis préparatoire qui humidifierait le support,<br />

on peut utiliser des papiers d'aquarelle<br />

colorés.<br />

2. Technique humide sur humide<br />

Lorsque l'effet recherché est basé essentiellement<br />

sur un fondu des couleurs, la technique<br />

humide sur humide sera la mieux adaptée,<br />

mais elle est plus difficile à mettre en œuvre<br />

pour le débutant. Voici en quelques mots<br />

comment aborder cette méthode qui suscite<br />

actuellement un engouement remarquable<br />

chez la jeune génération d'aquarellistes.<br />

La préparation du papier est évidemment primordiale<br />

puisque celui-ci devra être abondamment<br />

imbibé d'eau tout au long du travail.<br />

Comme nous l'avons vu dans la première leçon,<br />

il est important de choisir un papier très<br />

épais (pas moins de 300 g) et de lui faire subir<br />

un traitement spécifique avant d'entreprendre<br />

ce type d'aquarelle. Votre papier aura<br />

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<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

donc été mouillé, tendu et mis à sécher fixé<br />

sur un support au préalable.<br />

Des pinceaux hydrophiles<br />

Le choix des pinceaux est très important pour<br />

la technique humide sur humide. Il faut en effet<br />

que ceux-ci soient capables d'aspirer<br />

beaucoup d'eau, de la conserver le temps du<br />

transport jusqu'à la feuille, et de la relâcher<br />

sur la feuille. Ils ont même un rôle d'absorbant<br />

puisqu'ils permettent, par capillarité, de<br />

faire remonter de l'eau du support papier vers<br />

les poils du pinceau. En général, ce sont les<br />

pinceaux du type "petit gris" qui sont le mieux<br />

adaptés.<br />

Dessin à l'eau claire au préalable<br />

Certains aquarellistes réalisent une sorte de<br />

croquis des formes qu'ils vont peindre avec<br />

de l'eau pure, sans pigments. C'est dans<br />

cette couche constituée uniquement d'eau<br />

qu'ils ajoutent les couleurs qui sont alors<br />

comme guidées dans les canaux d'eau que<br />

constituent les formes peintes à l'eau pure .<br />

Peindre mouillé sur mouillé<br />

Comme dans une aquarelle traditionnelle,<br />

vous commencerez par un dessin au crayon,<br />

puis vous appliquerez vos fonds de couleur<br />

très dilués et abondamment liquides. Ensuite,<br />

sans attendre le séchage de cette première<br />

couche, vous continuerez de travailler pour<br />

que les couleurs suivantes se fondent avec<br />

votre fond. C'est la méthode la plus classique,<br />

très utilisée lorsque l'on veut obtenir des effets<br />

de fondus (brumes, arrière-plans flous,<br />

rayons de soleil...).<br />

Après application, lorsque les couleurs sont<br />

encore très liquides, on peut influer sur la direction<br />

qu'elles doivent prendre en penchant<br />

plus ou moins la feuille de papier fixée sur un<br />

support rigide.<br />

3. Mélange des deux techniques<br />

Il ne faut pas hésiter à associer les deux techniques<br />

sur une même aquarelle. L'exemple le<br />

plus flagrant est la réalisation d'effets de<br />

brume dans un paysage dont on veut que<br />

certains plans plus rapprochés se détachent<br />

nettement.<br />

Bien que toute règle soit faite pour être détournée,<br />

il est plutôt conseillé de réaliser son<br />

aquarelle en commençant par toutes les<br />

zones qui nécessitent l'utilisation de la technique<br />

humide sur humide, puis de laisser sécher<br />

avant d'entreprendre le travail<br />

traditionnel de l'aquarelle "à l'anglaise".<br />

Il faut déjà une bonne maîtrise du<br />

"métier" pour réhumidifier à l'eau<br />

claire des parties déjà peintes, car<br />

on peut se retrouver avec des<br />

auréoles qu'il sera difficile de faire<br />

disparaître, à moins bien sûr que ce<br />

ne soit le but de l'opération si votre<br />

style est basé sur ces effets. Dans<br />

tous les cas, c'est à force<br />

d'expérience que l'on acquiert<br />

dextérité et coup de main.<br />

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<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

La conservation du blanc du papier est la<br />

principale préoccupation de l'aquarelliste.<br />

Ceci est évidemment très difficile lorsqu'il<br />

s'agit d'appliquer des fonds colorés tout en réservant<br />

de petites zones blanches. On utilise<br />

alors des masques pour protéger les zones<br />

sur lesquelles on ne veut pas peindre.<br />

Il s'agit soit de réaliser des rehauts de couleur,<br />

ce qui pour l'aquarelliste qui travaille du<br />

clair au foncé est évidemment délicat, surtout<br />

si vous vous interdisez l'utilisation d'aquarelle<br />

ou de gouache blanche en fin de travail, soit<br />

de protéger de grandes zones destinées à<br />

garder le blanc du papier, ou sur lesquelles à<br />

la fin de votre travail vous appliquerez une<br />

couleur plus claire.<br />

Bien sûr, on peut aussi masquer des parties<br />

peintes, avant par exemple d'appliquer une<br />

peinture plus foncée. C'est aussi en se servant<br />

de masques qu'on définira des séparations<br />

précises dans un paysage (par exemple,<br />

une montagne se détachant sur un fond de<br />

ciel).<br />

On peut d'ores et déjà déterminer qu'il existe<br />

cinq types de masques utilisables en aquarelle.<br />

Produits de masquage<br />

Masques liquides<br />

On utilise pour cela des produits spécifiques<br />

comme le Grafigum de Lefranc Bourgeois (cidessus)<br />

à base de latex. Il s'agit d'un liquide<br />

destiné à réserver des formes sous des<br />

aplats de couleur à l'aquarelle. Le graphigum<br />

se présente comme un liquide onctueux ressemblant<br />

à du lait. Il suffit de peindre les parties<br />

à protéger avec ce produit puis de laisser<br />

sécher.<br />

Ensuite, on peut appliquer ses couleurs.<br />

Lorsque l'aquarelle est sèche, on peut retirer<br />

facilement le masque en frottant doucement<br />

du bout du doigt les endroits qui ont été ainsi<br />

protégés. Les parties réservées ont gardé la<br />

couleur du papier, ou d'un fond de couleur si<br />

vous aviez au préalable passé un lavis sur<br />

toute la feuille.<br />

Le graphigum est idéal pour le papier, le carton,<br />

les calques, l'acétate. On peut l'utiliser<br />

avec n'importe quel outil (pinceau, brosse,<br />

plume, tire-ligne) ou le projeter avec une<br />

brosse à dents.<br />

Grâce à la protection du liquide à masquer,<br />

les herbes sont restées couleur papier. Enfin,<br />

pensez à bien nettoyer ces outils à l'eau savonneuse<br />

après application.<br />

Des caches en papier<br />

En règle générale, c'est de calque que se serviront<br />

les aquarellistes pour fabriquer des<br />

caches, puisqu'ainsi on peut décalquer précisément<br />

les zones à découper dans le calque,<br />

correspondant aux zones à épargner sur<br />

votre peinture. Prenons le cas d'un paysage<br />

décomposé en deux parties bien distinctes<br />

dans le sens de la largeur. En haut, un ciel<br />

bleu, en bas, une montagne.<br />

Si vous n'êtes pas sûr de votre trait et que<br />

vous craignez de déborder malencontreusement<br />

lors de l'application des aplats de couleur,<br />

vous pouvez découper au ciseau ou<br />

déchirer à la main des caches en papier de la<br />

portion à protéger. Le ciseau vous permettra<br />

d'obtenir un trait précis, alors que le contour<br />

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<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

obtenu avec une feuille déchirée à la main<br />

sera plus aléatoire. Sur ce principe, on peut<br />

même créer des pochoirs dans un matériau<br />

fin transparent mais rigide.<br />

Papier adhésif transparent<br />

Les illustrateurs qui utilisent l'aérographe<br />

connaissent bien cette méthode qui consiste<br />

à prédécouper des caches dans de la feuille<br />

plastique autocollante spécifique.<br />

Ruban adhésif<br />

C'est la méthode la plus rapide et la plus facile<br />

à mettre en œuvre. Les bandes de<br />

Scotch sont collées et décollées deux ou trois<br />

fois de suite sur une autre feuille afin de diminuer<br />

le pouvoir adhésif du matériau qui arra-<br />

cherait le support papier si on l'appliquait directement<br />

sur le dessin définitif. Alors qu'en<br />

"usant" leur surface collante, ils restent<br />

souples et faciles à retirer par la suite.<br />

Prenons l'exemple de lignes blanches se détachant<br />

sur un fond de couleur. Ces formes<br />

seront découpées au cutter dans des bandes<br />

de Scotch. Après la petite manipulation destinée<br />

à modifier le pouvoir adhésif, on applique<br />

délicatement ces caches sur la composition<br />

originale et on appuie doucement avec le<br />

doigt pour les faire tenir sur le papier.<br />

Ensuite, on peint l'aplat rouge sans se soucier<br />

des réserves blanches. Les parties réservées<br />

par le ruban adhésif se détachent très nettement<br />

sur le fond du papier.<br />

Masques à la cire<br />

Dernière possibilité classique de masquage<br />

de parties destinées à rester claires : l'utilisation<br />

de cire de bougie transparente. Différence<br />

notable par rapport aux autres<br />

méthodes : l'application de cire est définitive<br />

et le matériau ne peut pas être retiré ultérieurement.<br />

De la cire de bougie blanche ordinaire fera<br />

parfaitement l'affaire.<br />

La cire a la particularité de repousser la peinture<br />

liquide, qui du coup ne se fixe pas sur les<br />

zones qui ont été traitées. Certains aquarellistes<br />

n'hésitent pas à utiliser des crayons de<br />

couleur gras pour enfants à base de cire pour<br />

dessiner des motifs sur lesquels la peinture<br />

n'adhérera pas.<br />

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<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

Retrait de couleur<br />

Commençons par découvrir comment retirer<br />

de la couleur fraîche avec un tampon de papier<br />

absorbant roulé en boule.<br />

Munissez-vous de diverses sortes de papier<br />

absorbant (Sopalin, mouchoir, papier<br />

toilette...), et d'un tube ou d'un godet d'aquarelle<br />

bleu outremer. Vous choisirez un papier<br />

de bonne qualité à grain moyen pour peindre<br />

cet exercice. Vous allez confectionner plusieurs<br />

petites boules de papier absorbant .<br />

Pourquoi utiliser plusieurs sortes de papier ?<br />

Tout simplement pour varier les textures et les<br />

qualités absorbantes afin d'obtenir des surfaces<br />

plus ou moins éclaircies, parfois même<br />

jusqu'à révéler le blanc du papier. Commencez<br />

par peindre un lavis assez uniforme de la<br />

couleur que vous aurez définie comme fond,<br />

par exemple bleu outremer très dilué pour un<br />

ciel.<br />

1. Nous appliquons délicatement, sans trop<br />

appuyer, notre boule de papier absorbant sur<br />

l'aplat de peinture encore fraîche (liquide).<br />

Veillez à retirer la boule de papier bien verticalement<br />

afin d'éviter de provoquer des<br />

"rayures" sur vote aplat par frottement.<br />

Techniques avancées<br />

2. Si vous la laissez trop longtemps, comme<br />

sur cet exemple, ce n'est plus une petite zone<br />

qui est absorbée mais toute l'eau (imbibée de<br />

pigment) alentour qui est attirée et absorbée<br />

par le papier, créant des retraits trop étendus,<br />

à moins bien sûr que ce ne soit l'effet que<br />

vous voulez obtenir.<br />

3. Recommencez la première étape en variant<br />

la position de la boule de papier, pour<br />

éviter la répétition d'un motif.<br />

4. Enfin, vous pouvez répéter cette opération<br />

en utilisant plusieurs sortes de papiers roulés<br />

en boules pour multiplier formes et degrés de<br />

transparence.<br />

Cette technique facile à mettre en œuvre est<br />

très utile pour créer des nuages dans un ciel<br />

(exemple ci-dessous) ou obtenir des effets de<br />

lumière (reflet, brillance) sur des matériaux.<br />

Une brosse à dents pour projeter<br />

des gouttes<br />

Cette technique est très connue des aquarellistes<br />

qui aiment réaliser des textures sophistiquées.<br />

Munissez-vous de plusieurs sortes<br />

de brosses à dents : à poils doux, durs et très<br />

durs. Vous aurez aussi besoin de votre palette<br />

de couleurs à l'aquarelle et de papier<br />

calque pour réaliser des caches.<br />

Cette méthode permettant de projeter des<br />

gouttes plus ou moins serrées pour créer des<br />

textures, elle intervient lorsque votre aquarelle<br />

est déjà très avancée. C'est avec ce procédé<br />

que vous obtiendrez, par exemple, des<br />

matières imitant la pierre ou le sable.<br />

Comme on peut le voir sur la photo, vous allez<br />

projeter des gouttelettes d'aquarelle sur le<br />

support de votre choix. Le problème étant<br />

bien sûr d'éviter d'en envoyer partout sur<br />

votre dessin. Il faut donc commencer par poser<br />

un calque sur votre aquarelle en cours,<br />

après séchage complet de la peinture. Ensuite,<br />

vous dessinez au crayon la forme dans<br />

laquelle vous voulez pratiquer vos projec-<br />

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<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

tions, puis vous retirez le calque et découpez<br />

soigneusement la forme ainsi déterminée au<br />

cutter (modèle pointu X Acto).<br />

Reposez votre calque sur l'aquarelle. Il ne<br />

vous reste plus qu'à imbiber les poils de la<br />

brosse à dents avec le mélange de couleurs à<br />

projeter, puis à tirer les poils vers l'arrière<br />

avec votre pouce (voir illustration). Des<br />

gouttes sont alors projetées vers l'avant sur<br />

votre dessin.<br />

L'intérêt d'avoir plusieurs types de dureté de<br />

poils réside dans la possibilité d'obtenir des<br />

gouttelettes très fines ou des projections plus<br />

grosses, selon le modèle de brosse à dents.<br />

Vous pouvez aussi créer des différences<br />

d'épaisseur en vous approchant ou en vous<br />

éloignant de votre support. Enfin, les résultats<br />

seront très divers selon que l'aquarelle projetée<br />

sera épaisse ou très diluée.<br />

Une paille pour diriger les traits de<br />

couleur<br />

Une technique amusante pour réaliser des<br />

branchages aléatoires très réalistes.<br />

Munissez-vous de plusieurs sortes de pailles<br />

(celles qu'on donne aux enfants pour boire<br />

dans les canettes), de votre palette de couleurs,<br />

d'un godet pour préparer une bonne<br />

quantité de votre mélange de couleurs, de papier<br />

à grain moyen et d'un porte-plume équipé<br />

d'une plume moyenne type Sergent Major.<br />

Dans un premier temps, vous allez préparer<br />

une quantité suffisante de peinture. L'idéal est<br />

d'utiliser de l'aquarelle en tubes pour vous<br />

simplifier la vie. Cette couleur doit être assez<br />

soutenue pour ne pas pâlir lorsque vous l'appliquerez<br />

sur le papier avec la technique de la<br />

paille.<br />

Vous déposerez ensuite sur votre feuille de<br />

papier une grosse goutte bien épaisse de<br />

votre couleur. C'est maintenant que vous allez<br />

utiliser la paille en soufflant plus ou moins<br />

fort sur la goutte de couleur déposée aupara-<br />

vant. Dirigez le jet dans toutes les directions<br />

et suivez avec votre paille l'avancée du trait<br />

qui se dessine sous vos yeux par l'effet de<br />

votre souffle.<br />

Vous pourrez agrémenter l'effet obtenu avec<br />

la paille en dessinant sans ajout de peinture,<br />

mais directement "dans le frais", à l'aide de la<br />

plume, des ramifications en tous sens, en évitant<br />

symétrie et monotonie.<br />

On obtient avec ce procédé des effets naturels<br />

spectaculaires comme on peut le voir<br />

dans la nature en botanique.<br />

© Frédéric Massie - Catherine Dô-Duc 2013 / Retour sommaire ↑ - 16


<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

Texture au sel<br />

Les artistes confirmés connaissent bien la<br />

technique qui consiste à saupoudrer des<br />

grains de sel (gros ou fin) sur une aquarelle<br />

fraîche pour obtenir des textures aléatoires<br />

sympathiques. Le sel réagit comme un papier<br />

absorbant et crée des effets mouchetés là où<br />

il est appliqué. On peut ainsi réaliser facilement<br />

des textures imitant la glace ou le gel.<br />

Même intérêt pour obtenir des nuages floconneux<br />

dans un ciel uni. Remarquez ci-contre<br />

comme les grains de sel qui viennent juste<br />

d'être saupoudrés sur l'aquarelle aspirent immédiatement<br />

l'eau et la couleur là où ils sont<br />

les plus nombreux.<br />

Ne pas se presser<br />

Il faut attendre que l'aquarelle soit parfaitement<br />

sèche avant de retirer le sel. Vous pouvez<br />

accélérer le mouvement avec un séchoir<br />

à cheveux ou attendre patiemment. Ensuite,<br />

retournez votre peinture et faites tomber les<br />

grains de sel en la tapotant à l'envers.<br />

Les derniers grains qui sont restés collés sur<br />

la feuille peuvent être retirés par frottement<br />

délicat (à peine du bout des doigts) pour éviter<br />

de rayer votre aquarelle. Voici un résultat<br />

typique de l'application de sel sur une aquarelle<br />

encore humide:<br />

Expérimentez cet effet en variant le<br />

niveau de séchage de l'aquarelle, la<br />

taille et le nombre des grains de sel,<br />

la réaction selon les couleurs<br />

employées.<br />

Grattage<br />

Textures par grattage et frottement<br />

Cutter (X-acto) ou lame de rasoir<br />

Deux outils particulièrement bien adaptés à<br />

cette technique qui nécessite un coup de<br />

main et une certaine habitude pour éviter<br />

d'abîmer le papier. Entraînez-vous sur des<br />

échantillons de papiers de différentes épaisseurs<br />

pour vérifier comment ceux-ci vont réagir<br />

à ce traitement plutôt agressif.<br />

<strong>À</strong> gauche, le cutter traditionnel à lame rectangulaire<br />

cassable. On se servira aussi bien de<br />

la pointe que de l'aplat coupant en retirant la<br />

lame de l'appareil.<br />

<strong>À</strong> droite, le cutter type X-acto à lame triangulaire<br />

ultra coupante (type scalpel). C'est l'outil<br />

idéal car il permet à la fois de tracer des traits<br />

fins dans de l'aquarelle fraîche, de gratter une<br />

ligne ou des éclats sur un papier bien sec et<br />

de frotter l'aplat de la lame pour retirer délicatement<br />

des pigments sur une surface plus<br />

large.<br />

Utilisez ces différents outils pour gratter votre<br />

aquarelle. N'appuyez pas fort pour éviter de<br />

traverser la feuille ou de faire des trous.<br />

Frottement<br />

Tout d'abord, préférez les peintures en tubes,<br />

sinon préparez à l'avance une pâte légèrement<br />

crémeuse à partir de couleurs en godets.<br />

Côté pinceaux, optez pour des brosses<br />

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<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

assez rigides (comme les soies de porc pour<br />

la gouache) ou des pinceaux en poil de<br />

martre très courts.<br />

Ces derniers vont souffrir de ce traitement intensif<br />

alors réservez plutôt vos vieux pinceaux<br />

à cet usage.<br />

A. Utilisez une petite brosse que vous tremperez<br />

dans votre pâte de couleur. Essuyez-la<br />

légèrement sur un papier absorbant pour supprimer<br />

l'excès d'humidité avant de frotter le<br />

bout des poils sur une feuille de papier aquarelle<br />

à grain moyen. <strong>À</strong> certains endroits, la<br />

couleur adhère plus qu'à d'autres, donnant<br />

des effets de matière plus ou moins dense.<br />

Une méthode intéressante pour représenter<br />

des sols en terre ou des murs en torchis.<br />

B. Même chose que précédemment mais en<br />

mélangeant plusieurs teintes entre elles. Ici<br />

du vert clair avec de la terre d'ombre brûlée.<br />

Le résultat correspond assez bien à des ter-<br />

rains en friche, moitié herbe, moitié terre.<br />

C. Après la même préparation des couleurs<br />

que dans les deux premiers exemples, vous<br />

n'allez pas essuyer votre pinceau enduit de<br />

bleu sur un papier absorbant mais travailler<br />

directement sur votre papier en traçant des<br />

lignes parallèles. Les premiers traits sont bien<br />

chargés en peinture fraîche puis la couleur se<br />

fait plus rare, donnant cet effet caractéristique<br />

des reflets sur l'eau ou des vaguelettes dues<br />

au vent.<br />

D. Dans ce cas, vous allez frotter votre pinceau<br />

sur le papier en formant un cercle. Vous<br />

obtiendrez ainsi un beau soleil bien rond et lumineux<br />

projetant ses rayons alentour, ou encore<br />

le dessin d'un buisson en boule roulant<br />

sous le vent.<br />

E. Testons maintenant le frottement presque<br />

à sec d'un bleu clair sur un papier à grain fin.<br />

Laissez les blancs se former naturellement là<br />

ou la couleur commence à manquer. Rechargez<br />

les poils du pinceau brosse en couleur<br />

pâteuse et continuez ainsi jusqu'à former un<br />

ciel cotonneux tout à fait spectaculaire même<br />

à grande échelle.<br />

F. Dans ce cas vous travaillerez avec une<br />

couleur un peu plus diluée. C'est en appuyant<br />

avec le bout des doigts sur les poils du pinceau<br />

que vous les écarterez jusqu'à obtenir<br />

l'équivalent du modèle éventail utilisé pour les<br />

glacis à la peinture à l'huile. Ensuite appliquez<br />

votre peinture légèrement humide pour obtenir<br />

des hautes herbes tout à fait réalistes.<br />

Vous pouvez mélanger plusieurs couleurs<br />

entre elles avec ce procédé .<br />

G. Dernier exemple avec le même procédé<br />

que la mer (C) mais cette fois avec de la terre<br />

d'ombre brûlée pour imiter un sol labouré.<br />

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<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

Pas à pas / Un bouquet de fleurs<br />

MATÉRIEL<br />

Couleurs utilisées : Bleu de Prusse - Mauve<br />

permanent - Cramoisi d'Alizarine - Rouge de<br />

cadmium - Jaune de cadmium - jaune citron -<br />

Sienne naturel - Vert olive - Vert de Hooker -<br />

Rouge indien.<br />

Cette aquarelle d'un bouquet de fleurs est<br />

réalisée avec un seul pinceau Petit gris pur<br />

taille 3/0 sur du beau papier aquarelle en<br />

feuilles de 300 grammes mat à grain moyen.<br />

ÉTAPE 1<br />

Premiers lavis. On commencera par poser sur<br />

le pot un lavis très léger d'un mélange de bleu<br />

de Prusse et mauve permanent additionné de<br />

beaucoup d'eau. Ensuite, même procédé<br />

mais avec un mélange de vert olive et bleu de<br />

Prusse sur les zones de feuillages.<br />

ÉTAPE 2<br />

Après avoir renforcé les zones plus sombres<br />

avec du bleu de Prusse sur le fond encore<br />

humide on pourra placer quelques touches<br />

de pinceau imbibé de jaune de cadmium sur<br />

les parties claires. Les grandes feuilles vers le<br />

haut à gauche sont peintes avec un mélange<br />

de rouge indien et bleu de Prusse.<br />

ÉTAPE 3<br />

La plus grande fleur à droite est peinte avec<br />

du rouge cadmium pur. Les fleurs oranges<br />

sont obtenues en associant jaune et rouge de<br />

cadmium. Pour les plus petites, quelques<br />

touches du bout du pinceau imbibé de mauve<br />

très dilué suffiront, ces couleurs vont se<br />

fondre naturellement.<br />

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<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

ÉTAPE 4<br />

Attendez que votre aquarelle soit bien sèche<br />

avant de peindre les grandes feuilles et les<br />

tiges avec du vert de Hooker. Là aussi, inutile<br />

de rechercher une précision botanique, jouez<br />

sur les formes et les mouvements pour donner<br />

plus de force à votre bouquet.<br />

ÉTAPE 5<br />

Le centre des fleurs est ajouté en dernier par<br />

petites touches de jaune de cadmium qui se<br />

mélangeront avec le fond encore humide.<br />

Vous finirez ce bouquet par le fond réalisé<br />

avec un mélange de Sienne naturel, de bleu<br />

de Prusse et de mauve permanent.<br />

ÉTAPE 6<br />

En ajoutant les couleurs successivement du<br />

plus clair au plus foncé sur une première<br />

couche encore humide on obtient de jolis effets<br />

de fondus plus ou moins aléatoires.<br />

Pensez aussi à placer quelques zones<br />

d'ombre obtenues avec du mauve permanent<br />

dilué avec beaucoup d'eau.<br />

Comme vous pouvez le constater, j'ai aussi<br />

retravaillé le pot avec du bleu de Prusse pour<br />

qu'il ressorte avec quelques effets de matières<br />

et reflets en plus.<br />

Ne cherchez pas à obtenir des formes précises.<br />

<strong>À</strong> la manière des impressionnistes, essayez<br />

de faire vibrer les couleurs entre elles.<br />

En travaillant avec la technique du mouillé sur<br />

mouillé, certaines couleurs vont se fondre naturellement.<br />

Pour conclure, voici la photo du bouquet qui a<br />

servi de modèle pour cette première aquarelle<br />

pas à pas.<br />

Aquarelles et photographies<br />

© 2013 Frédéric Massie<br />

© Frédéric Massie - Catherine Dô-Duc 2013 / Retour sommaire ↑ - 20


<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

Pas à pas / Façade d'un château<br />

ÉTAPE 1<br />

Notre aquarelle pas à pas représente le château<br />

de Bayonne et va nous donner l'occasion<br />

de travailler les transparences<br />

caractéristiques de l'aquarelle. Dans cette<br />

première étape, après un croquis léger au<br />

crayon HB, nous avons posé les premières<br />

couleurs en essayant de conserver un maximum<br />

de clarté. Ce tableau est réalisé avec la<br />

palette décrite précédemment, en l'occurrence<br />

du bleu monastial, du bleu outremer, du<br />

jaune citron, du jaune de cadmium profond,<br />

de la terre de sienne naturelle, du rouge permanent,<br />

du vert vif, du vert olive et du vert<br />

phtalo. A part le ciel qui est réalisé à base de<br />

bleu monastial très dilué, toutes les autres<br />

couleurs sont obtenues par mélanges de<br />

deux teintes. Par exemple, le mur est réalisé<br />

en associant du bleu et de la terre de sienne,<br />

ou du rouge permanent et de la terre de<br />

sienne.<br />

ÉTAPE 2<br />

Après séchage complet, afin de travailler selon<br />

la technique de l'humide sur sec, nous<br />

avons superposé des couleurs plus sombres<br />

et plus denses, notamment au niveau des<br />

bosquets, des feuilles de l'arbre et des murs.<br />

Les fenêtres ont été elles aussi améliorées,<br />

notamment en positionnant les ombres et les<br />

contours. Ces teintes plus sombres ont été<br />

réalisées exclusivement à partir des couleurs<br />

de l'étape 1, en dosant différemment les mélanges<br />

et notamment en ajoutant aux différents<br />

verts et ocres une troisième couleur,<br />

comme par exemple le rouge permanent.<br />

C'est d'ailleurs une particularité de<br />

l'aquarelle : en mélangeant plus de deux couleurs<br />

entre elles, on obtient souvent des gris<br />

plus ou moins chauds ou froids, selon les<br />

deux premières couleurs de base.<br />

ÉTAPE 3<br />

Cette troisième partie peut être considérée<br />

comme la dernière étape. Soit vous aimez les<br />

aquarelles extrêmement transparentes, et<br />

vous oublierez cette partie. Soit vous avez<br />

envie d'obtenir quelque chose de plus dense<br />

et contrasté, et à l'aide de quelques superpo-<br />

sitions bien choisies, vous donnerez plus de<br />

relief à la scène.<br />

Bien sûr, il faudra ajouter vos couches supplémentaires<br />

après séchage complet de la<br />

couche inférieure, afin qu'il n'y ait pas mélange<br />

mais bien superposition.<br />

Comparez l'étape 2 et l'étape 3 pour mieux<br />

comprendre le procédé. Enfin, notre dernière<br />

illustration à droite montre que par quelques<br />

traits de plume, on peut encore ajouter une<br />

certaine nervosité au dessin, qui ne manque<br />

pas de caractère. Là encore, pas question de<br />

redessiner complètement l'aquarelle à la<br />

plume.<br />

La règle d'or est toujours : légèreté.<br />

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<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

Faire vivre vos verts<br />

Ce tableau devrait vous permettre de commencer<br />

à maîtriser les différents verts élémentaires<br />

que vous retrouverez dans<br />

pratiquement toutes les aquarelles que vous<br />

voudrez réaliser.<br />

Bien sûr, on peut encore varier les valeurs en<br />

augmentant plus ou moins les proportions<br />

des mélanges. En revanche, pour répondre à<br />

des questions posées par les internautes,<br />

nous ne pouvons que déconseiller de mélanger<br />

plus de deux couleurs entre elles, sous<br />

peine de salir vos mélanges.<br />

Regardez par exemple le dernier mélange en<br />

bas à gauche, dans lequel nous avons ajouté<br />

du rouge. Le résultat tend vers un gris-vert<br />

pas très esthétique en lui-même, mais qui<br />

peut être très utile pour créer des zones<br />

d'ombre.<br />

Je vous conseille tout de même, surtout si<br />

vous êtes débutant, de faire l'acquisition d'un<br />

vert vif, d'un vert olive et d'un vert phthalo, qui<br />

serviront de base à de futurs mélanges pour<br />

créer des variations de teintes chaudes ou<br />

froides en ajoutant du jaune de cadmium, du<br />

jaune citron, de la terre de sienne naturelle ou<br />

de l'ocre jaune.<br />

Deux autres exemples caractéristiques<br />

© Frédéric Massie - Catherine Dô-Duc 2013 / Retour sommaire ↑ - 22


<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

Parmi les destinations de prédilection des artistes<br />

voyageurs, l'Égypte figure toujours en<br />

bonne place. Nous avons choisi pour illustrer<br />

ce sujet une œuvre caractéristique de la peinture<br />

orientaliste du XIXe siècle qui nous<br />

donne l'occasion d'aborder le travail des couleurs<br />

et les techniques humides et sèches,<br />

notamment dans l'interprétation de la lumière<br />

du soleil couchant, et les textures à travers la<br />

peinture de murs de pierre érodés par le<br />

temps.<br />

Le matériel<br />

Pas à pas / Une aquarelle orientaliste<br />

Ce pas à pas est réalisé avec une boîte<br />

d'aquarelle standard que l'on trouve dans<br />

tous les magasins un peu spécialisés. Il s'agit<br />

d'un modèle comportant 12 demi-godets<br />

d'aquarelle extra-fine dont voici la liste.<br />

Jaune de cadmium citron, Jaune de cadmium<br />

foncé, Rouge de cadmium moyen, Laque de<br />

garance permanente, Ocre jaune, Terre de<br />

Sienne brûlée, Sépia, Bleu de cobalt, Outremer<br />

foncé, Vert permanent, Vert émeraude,<br />

Gris de Payne.<br />

Nous vous conseillons de vous constituer un<br />

nuancier en respectant l'ordre indiqué ci-dessus,<br />

afin de vous habituer à bien connaître<br />

vos couleurs et les résultats des mélanges.<br />

Côté papier, préférez un papier aquarelle 300<br />

grammes grain torchon en bloc collé pour faciliter<br />

l'utilisation. Vous adopterez le format<br />

qui correspond le mieux à votre style. Ces<br />

deux aquarelles ont été peintes sur un papier<br />

30 x 40 cm avec une marge blanche de 3 cm.<br />

Enfin, vous vous munirez de deux pinceaux<br />

lavis aquarelle montés plume en petit gris de<br />

tailles 0 et 5, de deux pinceaux ronds synthétiques<br />

ou en martre Kolinsky de tailles 2 et 4.<br />

Vous utiliserez aussi un pinceau brosse en<br />

soies de porc de taille 2 pour créer des textures<br />

par frottement.<br />

Cette aquarelle, basée sur une interprétation<br />

d'une peinture d'Augustus 0. Lamplough,<br />

nous donne l'occasion de décrire en détail<br />

comment obtenir l'ambiance caractéristique<br />

du soleil couchant, avec ces reflets rouges<br />

orangés sur fond jaune. Même le sable du sol<br />

reflète cette subtile coloration.<br />

Première partie : le ciel<br />

1. Le croquis<br />

Vous commencerez par réaliser un croquis<br />

rapide, sans trop de détails, avec un crayon<br />

B, en appuyant à peine pour ne pas marquer<br />

le papier. N'oubliez pas de garder une marge<br />

d'au moins 3 cm autour de votre feuille.<br />

2. Préparez votre couleur<br />

Prévoyez une quantité suffisante d'un mélange<br />

de Jaune de cadmium citron et de<br />

Jaune de cadmium foncé afin d'obtenir un<br />

jaune sable dilué dans beaucoup d'eau claire<br />

que vous appliquerez sur la totalité de votre<br />

aquarelle, aussi bien sur le ciel que sur le sol.<br />

Laissez sécher une ou deux minutes avant de<br />

passer à la peinture des nuages.<br />

3. Technique humide sur humide<br />

Cette sous-couche encore légèrement<br />

fraîche, vous allez dessiner en quelques<br />

coups de pinceau horizontaux les nuages<br />

orangés qui se détachent au-dessus des toits.<br />

Ajoutez à votre mélange précédent du Rouge<br />

de cadmium moyen pour obtenir une teinte<br />

orangée.<br />

Évitez de dépasser sur les toits et les minarets.<br />

Les couleurs vont se fondre légèrement<br />

là où la surface est encore humide. Elles se<br />

détacheront plus nettement sur les zones plus<br />

sèches.<br />

4. Laissez sécher<br />

Attendez le séchage complet de votre ciel et<br />

vous ajouterez des touches oranges plus foncées<br />

pour figurer les nuages plus denses que<br />

l'on peut voir dans l'image ci-dessus flottant<br />

dans le ciel au dessus de la coupole.<br />

© Frédéric Massie - Catherine Dô-Duc 2013 / Retour sommaire ↑ - 23


<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

5. Obscurcissez le haut du ciel<br />

Enfin, vous terminerez le travail du ciel par un<br />

voile d'un mélange constitué de Jaune de<br />

cadmium citron et de Jaune de cadmium foncé<br />

auquel vous intégrerez une minuscule<br />

goutte de Bleu de cobalt afin d'obtenir une<br />

couleur jaune à tendance verdâtre. Ce lavis<br />

très dilué sera appliqué sur fond sec d'un seul<br />

coup de pinceau uniquement sur la partie<br />

haute du ciel, au-dessus des minarets, pour<br />

simuler un obscurcissement progressif du<br />

ciel. Vous devez obtenir un voile légèrement<br />

dégradé et transparent dont les bords irréguliers<br />

se détacheront discrètement sur le fond<br />

jaune du ciel.<br />

Deuxième partie :<br />

le décor et le sol<br />

6. Des bâtiments tout en nuances<br />

Les murs des bâtiments constituant la partie<br />

centrale de la composition sont basés sur<br />

trois mélanges spécifiques.<br />

Les bâtiments sont peints avec spontanéité<br />

en variant les nuances au sein d'une même<br />

teinte. Ces différentes constructions sont réalisées<br />

sur le principe des glacis, c'est-à-dire<br />

que vous commencerez par appliquer une<br />

première couleur (par exemple un orangé<br />

clair), et vous attendrez le séchage complet<br />

avant de superposer une autre couleur plus<br />

foncée (comme le sépia) pour marquer un relief,<br />

comme on peut le voir sur l'élément numéro<br />

2. Vous noterez aussi la juxtaposition de<br />

couleurs chaudes (1, 2, 4) et de couleurs<br />

froides (3) pour accentuer l'effet de profondeur.<br />

Ainsi, la couleur jaune doré du sable (1)<br />

fera ressortir cet élément au premier plan,<br />

alors que le bleu vert du minaret (3) positionnera<br />

cette tour plus en arrière.<br />

7. Textures par frottement<br />

On peut aussi évoquer la technique du "frottement",<br />

qui permet de superposer des couleurs<br />

en créant des textures comme sur la<br />

coupole à droite. Pour ce faire, vous utiliserez<br />

un pinceau brosse en soies de porc de taille 2<br />

maximum. Vous préparerez un mélange de<br />

couleur crémeux, le moins liquide possible.<br />

Plongez votre pinceau dans ce mélange et<br />

frottez-le à plat sur une feuille de papier<br />

brouillon pour éliminer encore un peu de couleur.<br />

Ensuite seulement, vous pourrez frotter<br />

cette brosse à plat, pratiquement à sec, sur<br />

l'élément de votre aquarelle qui prendra ainsi<br />

une texture qui dépendra du grain du papier.<br />

8. Les personnages<br />

Vous prendrez soin d'épargner les personnages<br />

lorsque vous peindrez le mur du bâti-<br />

© Frédéric Massie - Catherine Dô-Duc 2013 / Retour sommaire ↑ - 24


<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

ment de droite en les protégeant avec de la<br />

gomme à masquer (type Grafigum) afin de<br />

conserver le blanc du papier. Ces personnages<br />

seront peints en dernier lorsque l'aquarelle<br />

sera bien sèche. vous prendrez soin de<br />

placer des feuilles de papier protectrices autour<br />

de la zone sur laquelle vous allez travailler.<br />

9. Le sol<br />

Le sol est peint avec un mélange de Rouge<br />

de cadmium moyen et de Jaune de cadmium<br />

foncé, auquel vous pourrez ajouter une pointe<br />

de Sépia pour varier les nuances. Ces couleurs<br />

dorées ainsi obtenues seront appliquées<br />

au pinceau petit gris de taille 5. Pensez à bien<br />

imbiber votre pinceau de couleur afin de ne<br />

pas manquer de mélange en cours de travail.<br />

Repassez par endroits sur la couleur encore<br />

fraîche pour accentuer les teintes et obtenir<br />

des effets d'auréoles aléatoires qui donneront<br />

du caractère à votre aquarelle.<br />

10. Les pierres et les rochers<br />

Les pierres et rochers seront peints en deux<br />

étapes sur fond sec avec un mélange de<br />

Rouge de cadmium moyen et de Sépia. Vous<br />

commencerez par poser quelques coups de<br />

pinceau aléatoires de votre mélange dilué afin<br />

d'obtenir une couleur claire. Variez la position<br />

du pinceau et sa taille pour éviter de retrouver<br />

tout le temps la même forme de rocher.<br />

Deuxième étape : après séchage complet,<br />

vous superposerez quelques touches de couleur<br />

constituée du même mélange moins dilué<br />

(donc plus foncé) pour créer des reliefs et des<br />

ombres à la base ou sur les côtés des pierres<br />

et rochers.<br />

En guise de conclusion, signalons que cette<br />

aquarelle orientaliste s'adresse aussi bien au<br />

débutant qu'à l'amateur plus confirmé,<br />

puisque chacun y mettra sa technicité pour<br />

obtenir une peinture plus ou moins détaillée,<br />

mais qui de toute façon ne manquera pas de<br />

charme.<br />

Exemples d'utilisation des mêmes<br />

couleurs pour d'autres sujets<br />

© Frédéric Massie - Catherine Dô-Duc 2013 / Retour sommaire ↑ - 25


<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

Ce dernier pas à pas nous donne l'occasion<br />

d'aborder l'utilisation de la gouache blanche<br />

en remplacement de la technique de réserve<br />

(protection des zones destinées à rester<br />

claires avec, par exemple, du liquide à masquer).<br />

Le matériel<br />

Pas à pas / Peindre une cascade<br />

Pour ce travail, nous avons choisi un papier<br />

aquarelle Fontaine en bloc collé (Clairefontaine)<br />

de format 30 x 40 cm, 300 grammes,<br />

100% coton, grain torchon "extra-rough".<br />

Deux types de pinceaux seront nécessaires :<br />

les petits gris absorbant beaucoup d'eau et<br />

les poils de martre pour la réalisation des détails.<br />

Cette leçon est réalisée avec une boîte<br />

d'aquarelle standard que l'on trouve dans<br />

tous les magasins un peu spécialisés. Il s'agit<br />

d'une "luxury pocket box" de marque Rembrandt<br />

comportant 12 demi-godets d'aquarelle<br />

extra-fine dont voici la liste: Jaune de<br />

cadmium citron, Jaune de cadmium foncé,<br />

Rouge de cadmium moyen, Laque de garance<br />

permanente, Ocre jaune, Terre de<br />

Sienne brûlée, Sépia, Bleu de cobalt, Outremer<br />

foncé, Vert permanent, Vert émeraude,<br />

Gris de Payne.<br />

Lumière et contrastes<br />

1. Le dessin<br />

Pour réaliser ce type d'aquarelle, il vous faut<br />

absolument réaliser un croquis précis au<br />

crayon car de nombreuses zones nécessitent<br />

d'être bien positionnées dès le départ, en particulier<br />

au niveau des troncs d'arbres dans le<br />

sous-bois à droite.<br />

2. La peinture des fonds<br />

Mouillez abondamment à l'eau claire toutes<br />

les zones qui seront colorées en vert. Ne pas<br />

mouiller les troncs et la chute d'eau. Vous<br />

commencerez par appliquer avec un pinceau<br />

petit gris large n°5 sur toutes les parties<br />

mouillées votre vert clair (vert permanent +<br />

ocre jaune), que l'on aperçoit encore ici en<br />

bas à droite de l'illustration ci-dessus. Sur<br />

cette première couche encore humide, vous<br />

ajouterez des touches aléatoires de ce même<br />

mélange additionné de sépia pour le foncer.<br />

Troisième et dernière étape de cette zone de<br />

verdure, vous foncerez encore votre<br />

deuxième mélange par ajout d'outremer foncé<br />

en plus ou moins grande quantité.<br />

Dans l'agrandissement ci-dessous, ce vert<br />

correspond aux parties les plus foncées,<br />

presque noires représentant les p zones dans<br />

l'ombre.<br />

3. Le sous-bois<br />

Deux choses à retenir pour cette zone : pensez<br />

à créer de la profondeur en éclaircissant<br />

les arbres au fur et à mesure de leur éloignement<br />

et essayez de garder de la luminosité<br />

dans le fond du décor pour accentuer là encore<br />

la perspective.<br />

4. Les différents troncs d'arbres<br />

Peignez les troncs en utilisant un mélange de<br />

trois couleurs (ocre jaune + sienne brûlée +<br />

sépia). Commencez par poser un lavis transparent<br />

sur lequel, une fois sec, vous peindrez<br />

les ombres de la même couleur, mais de plus<br />

en plus concentrée en forçant sur le sépia.<br />

Vous devrez utiliser un pinceau en martre fin,<br />

les poils bien à plat sur toute leur longueur<br />

© Frédéric Massie - Catherine Dô-Duc 2013 / Retour sommaire ↑ - 26


<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

pour simuler les défauts de l'écorce à la verticale<br />

(arbre de gauche) ou à l'horizontale (modèle<br />

à droite). Terminez avec un sépia très<br />

foncé presque sec pour bien marquer les reliefs,<br />

comme vous pouvez le voir sur les illustrations<br />

ci-dessus.<br />

5. Le feuillage<br />

Puisque notre idée de base est d'utiliser la<br />

gouache associée à l'aquarelle, le travail des<br />

feuillages est particulièrement adapté à cette<br />

technique. Nous vous proposons une méthode<br />

en quatre étapes. Vous commencerez<br />

par poser un fond vert à l'aquarelle en ajoutant<br />

immédiatement quelques touches plus<br />

foncées sur votre peinture encore humide afin<br />

de créer de la profondeur. Ensuite, lorsque ce<br />

premier travail sera parfaitement sec, vous<br />

imbiberez une éponge naturelle d'une teinte<br />

de vert plus foncée obtenue par ajout de sépia<br />

plutôt que de bleu. Appliquez ensuite<br />

votre éponge de façon aléatoire pour obtenir<br />

une texture imitant les feuillages. Troisième<br />

étape du processus : après séchage complet,<br />

vous préparez une couleur vert moyen en associant<br />

du vert permanent et de l'ocre jaune.<br />

Mélangez cette couleur verte avec un peu de<br />

gouache blanche pour obtenir une pâte claire<br />

dont vous imbiberez votre éponge naturelle.<br />

En deux ou trois coups d'éponge sur votre<br />

dessin, vous créerez ainsi des rehauts de lumière<br />

moyens. Ce n'est pas tout. La dernière<br />

étape consiste à appliquer au pinceau fin de<br />

petites touches d'un mélange de gouache<br />

blanche et de jaune de cadmium citron pour<br />

obtenir des rehauts de lumière très clairs.<br />

Avec ce procédé, vous devriez obtenir l'équivalent<br />

de l'image ci-dessus.<br />

6. Le pied des arbres et le sol<br />

Sur fond encore un peu humide, retravaillez<br />

le sol et les bases des troncs pour les intégrer<br />

naturellement, à l'aide de petits coups de pinceau<br />

d'épaisseurs variées. Vous pouvez figurer<br />

les formes effilées des fougères et créer<br />

ainsi un tapis végétal. Si le fond de verdure<br />

est déjà complètement sec, vous pouvez l'humidifier<br />

légèrement avec de l'eau claire posée<br />

avec votre gros pinceau petit-gris. En frottant<br />

du sépia presque sec sur ces zones encore<br />

humides, vous donnerez l'impression que<br />

c'est la terre qui ressort à travers les herbes.<br />

Les grandes herbes claires ci-dessus ont été<br />

peintes avec un mélange de gouache blanche<br />

et d'aquarelle jaune et bleue. L'idéal aurait été<br />

de réserver ces formes avec un liquide à<br />

masquer mais dans ce cas précis, ce n'est<br />

qu'après avoir terminé le sol que j'ai eu envie<br />

d'ajouter ces quelques brins d'herbe pour<br />

donner plus de relief.<br />

7. Le travail de l'eau<br />

Normalement, toute la zone concernant la<br />

cascade a dû rester en blanc, puisque vous<br />

avez évité d'y mettre de la peinture verte.<br />

Avec la pointe d'un pinceau fin, vous allez<br />

dessiner la chute d'eau en traçant des lignes<br />

verticales plus ou moins épaisses avec du<br />

bleu de cobalt très dilué. Soulignez les creux<br />

en fonçant la couleur. Utilisez un mélange<br />

brun-vert (sépia + Terre de Sienne brûlée +<br />

bleu de cobalt) pour figurer le palier intermédiaire<br />

de la cascade.<br />

8. La texture des rochers<br />

Les rochers du haut de la cascade, sous le<br />

pont, seront peints presque à sec en frottant<br />

un pinceau en martre à peine imbibé d'un mélange<br />

de sépia et de bleu de cobalt. Gardez<br />

des zones de papier blanc pour représenter<br />

les parties claires de la roche. Vous accentuerez<br />

aussi les zones d'ombre pour bien faire<br />

ressortir le relief. Essayez cette technique de<br />

frottement à sec sur une feuille de papier à<br />

part jusqu'à ce que vous maîtrisiez l'effet et<br />

qu'il n'y ait pratiquement plus de peinture sur<br />

le pinceau avant de vous lancer sur l'aquarelle<br />

originale.<br />

9. Projections d'eau<br />

Avec un peu de gouache blanche non diluée,<br />

vous pouvez mettre en relief certaines parties<br />

de la cascade et figurer de l'écume. Il suffit de<br />

frotter le pinceau à peine chargé de peinture<br />

blanche d'un coup sec, de haut en bas,<br />

comme sur l'exemple ci-dessus. La gouache<br />

© Frédéric Massie - Catherine Dô-Duc 2013 / Retour sommaire ↑ - 27


<strong>L'AQUARELLE</strong> <strong>PAR</strong> <strong>LA</strong> <strong>PRATIQUE</strong> / <strong>TECHNIQUES</strong> <strong>ET</strong> <strong>PAS</strong> <strong>À</strong> <strong>PAS</strong><br />

se déposera sur le grain du papier et n'entrera<br />

pas dans les creux. Bien sûr, cet effet n'est<br />

utilisable qu'avec un papier de type torchon à<br />

grosse texture.<br />

10. Un arbre ajouté à la gouache<br />

Après avoir terminé l'aquarelle, il m'a semblé<br />

qu'il serait intéressant d'ajouter ce petit arbre<br />

pour créer un relief devant le haut de la cascade.<br />

La gouache blanche va à nouveau servir<br />

pour ajouter cet élément du décor. Vous<br />

préparerez vos couleurs normalement à<br />

l'aquarelle, en l'occurrence un gris légèrement<br />

marron pour le tronc, du vert pour le feuillage<br />

et du jaune de cadmium citron pour les rehauts<br />

de lumière.<br />

Ces couleurs seront ensuite mélangées avec<br />

un peu de gouache blanche qui donnera une<br />

pâte claire et couvrante qui se superposera<br />

en épaisseur sur le fond transparent tout en<br />

imitant le résultat que vous auriez obtenu<br />

avec de l'aquarelle peinte sur un fond préservé<br />

en blanc.<br />

Cette peinture vous prouvera s'il en est besoin<br />

que gouache et aquarelle peuvent faire<br />

très bon ménage.<br />

D'ailleurs, de grands artistes, dont Turner<br />

n'est pas l'un des moindres, ne se sont pas<br />

privés d'utiliser ce procédé pour créer des<br />

œuvres remarquables.<br />

Aquarelles et photographies<br />

© 2013 Frédéric Massie<br />

© Frédéric Massie - Catherine Dô-Duc 2013 / Retour sommaire ↑ - 28

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