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HYDROMÉTALLURGIE DU ZINC

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<strong>HYDROMÉTALLURGIE</strong> <strong>DU</strong> <strong>ZINC</strong>.<br />

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<strong>HYDROMÉTALLURGIE</strong> <strong>DU</strong> <strong>ZINC</strong>.<br />

Introduction :<br />

La métallurgie est l’art d’extraire les métaux de leurs minerais. Compte tenu du caractère oxydant de<br />

l’atmosphère terrestre, les minerais contiennent généralement les éléments métalliques à l’état oxydé. : la<br />

plupart d’entre eux sont des sulfures, des oxydes, des chlorures ou des carbonates.<br />

Quelques rares métaux peuvent être trouvés à l’état natif (or, argent, cuivre, platine, …).<br />

Chimiquement, la préparation des métaux est donc une réduction.<br />

Les minerais étant généralement des composés complexes, l’obtention du métal nécessite de nombreuses<br />

étapes. On peut opérer :<br />

par voie chimique, en présence d'un réducteur solide ou gazeux à haute température: c'est le domaine<br />

de la pyrométallurgie.<br />

Cf le chapitre « Notions de pyrométallurgie ; élaboration du zinc »<br />

par voie électrochimique, par électrolyse des solutions aqueuses concentrées contenant le cation<br />

hydraté: c'est le domaine de l'hydrométallurgie.<br />

Les principes de l'hydrométallurgie reposent sur<br />

l'utilisation des diagrammes potentiel-pH (la plupart<br />

d'entre eux ont été publiés par POURBAIX et ses collaborateurs<br />

en 1969), et des courbes intensité – potentiel<br />

pour interpréter l’étape d’électrolyse d'une solution<br />

aqueuse de l'un des sels du métal.<br />

Nous choisirons d’illustrer les différentes étapes de<br />

l’hydrométallurgie dans le cas du zinc, pour<br />

lequel cette méthode de préparation assure 90 % de<br />

la production mondiale de métal de première fusion.<br />

Elle se déroule en 4 étapes successives (à partir de<br />

l’obtention de la calcine, oxyde de zinc ZnO impur)<br />

:<br />

une dissolution acide : la lixiviation,<br />

une précipitation des ions Fer (II) ou Fer (III)<br />

une purification par cémentation,<br />

une électrolyse qui donne un métal Zn très pur<br />

ZnS + impuretés<br />

grillage<br />

I. Lixiviation et élimination des ions fer (III).<br />

Le produit de départ est toujours l'oxyde (obtenu directement ou indirectement après grillage du sulfure<br />

ZnS), composé solide et souvent insoluble, dont il convient de faire passer le cation métallique<br />

Zn 2+ en solution ! Cette opération porte le nom de lixiviation.<br />

Par définition, la lixiviation est une opération qui consiste à faire passer lentement<br />

un solvant à travers un produit convenablement pulvérisé, et déposé en couche épaisse,<br />

pour en extraire un ou plusieurs constituants solubles.<br />

SO 2<br />

PbSO 4 ,<br />

Fe(OH) 3<br />

Cu, Co,<br />

Cd<br />

ZnO (calcine) +<br />

oxydes métalliques<br />

lixiviation<br />

Zn 2+<br />

Cu 2+ ; Co 2+ ; Cd 2+<br />

Mn 2+<br />

cémentation<br />

Zn 2+ + Mn 2+<br />

électrolyse<br />

Zn pur à 99,995 %<br />

(- de 50 ppm d’impuretés)<br />

air<br />

H 2 SO 4<br />

+ air<br />

poudre<br />

de zinc<br />

Sulfate de zinc et H 2SO 4


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En pratique, la lixiviation est une attaque acido-basique d'un minerai et suivant le domaine de<br />

pH dans lequel on opère, on parlera de lixiviation acide, neutre ou basique. Parfois, plusieurs lixiviations sont<br />

nécessaires pour éliminer des produits non voulus (impuretés, autres cations métalliques).<br />

La mise en solution effectuée industriellement n’est pas aussi simple car, dans la<br />

calcine, il y d’autres éléments métalliques qu’on veut éliminer au mieux, et quelquefois,<br />

des métaux importants qu’on veut récupérer ! Dans la chimie du zinc, on réalise deux<br />

lixiviations :<br />

1. Lixiviation neutre.<br />

On traite d’abord la calcine provenant du grillage (ZnO impur) par une solution d’acide sulfurique à 2<br />

mol.L -1 , en présence d’air (parfois même de dioxygène)<br />

Le zinc passe en solution (pendant plusieurs heures) sous la forme d’ions Zn 2+ selon la réaction :<br />

2<br />

ZnO 2H<br />

Zn H O<br />

( s) aq ( aq)<br />

2<br />

Cette réaction acide-base exothermique élève la température vers 60 °C et augmente le pH.<br />

Ainsi, à ce stade :<br />

La solution aqueuse, vers pH = 5, contient les ions<br />

Zn 2+ , mais aussi des ions Cd 2+ , Ni 2+ , Cu 2+ , Co 2+<br />

chimiquement proches des ions zinc, ainsi que des<br />

ions Fe 2+ qui proviennent du grillage de la pyrite<br />

? Ces ions ferreux sont en faible quantité, du<br />

fait de leur oxydation par le dioxygène de l’air et<br />

de la précipitation de l’hydroxyde de fer III qui en<br />

résulte.<br />

Le solide, lui, contient le complément de zinc (> 10<br />

%) sous la forme d’un oxyde associé à l’oxyde de<br />

fer Fe 2 O 3 dans une structure stable et complexe,<br />

une ferrite de zinc de formule (ZnO, Fe 2 O 3 ).<br />

2. Lixiviation acide.<br />

Pour récupérer au maximum le zinc, le résidu solide est attaqué à chaud (vers 90 °C) par la solution<br />

aqueuse provenant de l’électrolyse : celle-ci contient en effet de l’acide sulfurique formé par l’électrolyse<br />

et encore quelques ions Zn 2+ qui n’ont pas été réduits. La ferrite est dissoute et la solution contient maintenant<br />

des ions Zn 2+ et des ions Fe 3+ . Elle contient aussi les ions métalliques qui avaient initialement précipités<br />

sous formes d’hydroxydes.<br />

De la partie solide, on peut récupérer du plomb, de l’argent et de l’or (en quantités<br />

faibles mais non négligeables).<br />

À ce stade, la solution acide contient des ions Zn 2+ et des ions Fe 3+ , dont<br />

l’élimination est difficile !<br />

Pour résoudre cette difficulté, plusieurs procédés sont utilisés qui permettent tous d’obtenir des précipités<br />

plus complexes, mais facilement filtrables, ce qui n’était pas le cas de l’hydroxyde de fer III.<br />

Après les lixiviations, la solution (acide) contient, outre les ions Zn 2+ , un certain<br />

nombre de cations métalliques : Cd 2+ , Ni 2+ , Cu 2+ , Co 2+ , Mn 2+<br />

II. Cémentation de la solution.<br />

L’élimination des impuretés est nécessaire, d’abord pour obtenir du zinc très pur, et aussi parce que<br />

les aspects cinétiques des réactions d’électrolyse pourraient se trouver modifiés du fait de leur présence<br />

!<br />

L’élimination de la plupart d’entre eux est effectuée par cémentation, c’est à dire par réduction des<br />

cations métalliques par un autre métal. Comme on ne veut pas introduire d’autres ions métalliques en<br />

solution, il faut utiliser du zinc, lui même comme réducteur.<br />

Le terme cémentation définit (du moins dans ce contexte d'hydrométallurgie) une<br />

opération qui consiste à faire précipiter un métal en solution à l'aide d'un autre<br />

métal.


D’un point de vue thermodynamique, l’analyse des potentiels rédox standard,<br />

comme celle des diagrammes potentiel-pH, montre que tous les ions, à<br />

l’exception de Mn 2+ et Zn 2+ seront réduits par la poudre de zinc (cela est<br />

plus difficile pour Ni 2+ et Co 2+ qui demandent la présence d’activateurs et une<br />

température de l’ordre de 90 °C …).<br />

Les courbes intensité – potentiel montrent que<br />

tous les phénomènes observés sont conformes<br />

aux prévisions thermodynamiques : elles permettent,<br />

de plus, d’interpréter les différentes vitesses<br />

de réaction observées<br />

La présence des ions Mn 2+ n’est pas gênante,<br />

car lors de l’électrolyse, ils ne seront pas<br />

réduits compte tenu de la valeur nettement négative<br />

de leur potentiel standard rédox.<br />

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La solution obtenue après cémentation contient environ 2,5 mol.L -1 de zinc, sous<br />

forme d’ions Zn 2+ et 2 mol.L -1 d’acide sulfurique H 2 SO 4 . Il s’agit d’une solution fortement<br />

acide.<br />

La concentration des cations Cd 2+ , Ni 2+ , Cu 2+ et Co 2+ dans la solution est en général<br />

inférieure à 10 -5 mol.L -1<br />

III. Électrolyse de la solution de sulfate de zinc et d’acide sulfurique.<br />

1°) Caractéristiques de l’électrolyse industrielle du zinc.<br />

L’électrolyse se fait dans des cuves en ciment, recouvertes de polychlorure de<br />

vinyle., vers 30 à 40 °C, entre une anode en plomb (qui se recouvre de<br />

PbO 2(s) ) et une cathode en aluminium.<br />

Le métal aluminium est protégé, à des pH voisins de 5, par un film d’alumine A 2 O 3 : il n’y a pas de<br />

risque ainsi, à voir le zinc et l’aluminium s’allier.<br />

On récupère le métal très pur sur la cathode (électrode à laquelle se produit la<br />

réaction de réduction), par une opération dite de pelage (en anglais stripping).<br />

Le zinc est ensuite conduit fondu dans des fours puis coulé en lingots de 25 kg.<br />

Le bilan de l’électrolyse s’écrit :<br />

1<br />

.<br />

2<br />

2<br />

<br />

Zn H2 O Zn( s) 2Haq<br />

O2(<br />

g)<br />

L’électrolyse a lieu dans les conditions suivantes :<br />

Surface des électrodes (planes, 2 faces) 3,2 m 2<br />

Distance entre électrodes 20 mm<br />

Durée du dépôt 48 h<br />

Nombre de cathodes par cellule 86<br />

Intensité par cellule 115 000 A<br />

Production par cellule 3 000 kg de Zn/jour<br />

Pour chaque électrode :<br />

tension 3,2 à 3,7 V<br />

densité de courant 400 à 700 A/m 2<br />

rendement en courant 88 à 92 %<br />

E (V)<br />

Cu2+ 0,34 Cu<br />

Cd2+<br />

Zn2+<br />

Mn2+<br />

- 0,40<br />

- 0,76<br />

- 1,17<br />

Cd<br />

Zn<br />

Mn


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Rappel :<br />

On définit le « rendement en courant » ou rendement faradique F d’un électrolyseur, comme le rapport<br />

de la masse de métal effectivement obtenue sur la masse de métal calculée selon la loi de Faraday :<br />

mexpérimentale Iutile<br />

F .<br />

m I<br />

calculée appliquée<br />

Les pertes d’énergie sont principalement dues :<br />

au rendement en courant, voisin de 90 %, dû à la concurrence de la réaction de réduction du<br />

<br />

proton : 2Haq2eH2( g)<br />

;<br />

à la diminution de la concentration en ions Zn 2+ dans le bain. On ne mène pas<br />

l’électrolyse à terme en laissant de 10 à 20 g de Zn 2+ par litre.<br />

à la présence d’impuretés dans la solution (Mn 2+ , Mg 2+ , Ca 2+ ).<br />

2°) Choix des électrodes ; courbes intensité – potentiel.<br />

Deux espèces peuvent être réduites : aq H et Zn 2+ .<br />

Si l’on ne considérait que l’aspect thermodynamique, la réduction de aq H inter-<br />

viendrait avant celle de Zn 2+ .<br />

Mais il existe une forte surtension de dégagement<br />

de H 2 sur l’aluminium et sur le zinc. Dès<br />

que l’électrolyse a commencé, celle-ci se recouvre de zinc,<br />

la transformant de fait en cathode de zinc présentant une<br />

surtension favorable à la réduction de Zn 2+ en Zn.<br />

Ainsi, la formation de zinc à la cathode<br />

au lieu de H 2 est permise car la réaction<br />

se fait sous contrôle cinétique.<br />

À l’anode, seule l’oxydation de l’eau est possible.<br />

(aux températures usuelles, les ions sulfate ne<br />

sont pas cinétiquement actifs et on peut les considérer comme indifférents).<br />

Le choix du métal doit obéir à un certain nombre de critères :<br />

- prix de revient (ce qui exclut l’utilisation industrielle du platine),<br />

- stabilité en milieu acide.<br />

Le plomb assure un bon compromis, comme on va le justifier plus loin.<br />

La figure ci-contre montre la courbe I= f(E) pour un<br />

électrode de travail en plomb sur une solution aqueuse<br />

d’acide sulfurique à 0,5 mol/L.<br />

Quand l’électrode de travail fonctionne en cathode,<br />

la réaction observée est l’habituelle réduction des<br />

ions aq H avec une surtension cathodique d’environ 1<br />

V.<br />

Quand l’électrode de travail fonctionne en anode, on<br />

constate un début d’oxydation, vers 0,60 V, suivie<br />

d’une chute brutale du courant.<br />

Ensuite, vers 2 V, on observe l’oxydation de l’eau,<br />

avec dégagement de O2 (la surtension anodique est<br />

d‘environ 0,8 V)


2<br />

On donne : couple Pb 2<br />

<br />

: Pb 2e<br />

Pb<br />

Pb<br />

E 0,13V<br />

,<br />

PbO<br />

couple 2<br />

Pb : <br />

PbO22e4Haq Pb 2H2OE<br />

0,63 V .<br />

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N’observant aucun courant aux environs de -0,13 V, on en déduit que le couple<br />

Pb 2+ /Pb est lent.<br />

En revanche, l’augmentation du courant aux environs de 0,70 V s’explique par l’oxydation du plomb<br />

métallique en oxyde PbO 2 .<br />

La chute brutale du courant que l’on observe plus loin s’explique par un<br />

phénomène de passivation.<br />

Lorsque l’oxyde PbO 2 , isolant électrique, recouvre toute l’électrode de plomb, les échanges électriques<br />

entre le métal et la solution sont impossibles : l’électrode est devenue quasi inattaquable.<br />

On aboutit en conclusion à un énoncé qui pourrait paraître a priori surprenant :<br />

Une électrode d’un métal réducteur, convenablement passivée, est totalement<br />

inerte en oxydation et supporte des potentiels au moins aussi élevés que<br />

ceux atteints avec l’électrode de platine.<br />

Le schéma ci-contre fait apparaître les différentes<br />

données électrochimiques et permet<br />

de comprendre les choix industriels retenus<br />

pour l’électrolyse de la solution acide de sulfate<br />

de zinc.<br />

La tension entre les électrodes ne doit pas<br />

trop augmenter afin de ne pas atteindre le<br />

courant de diffusion de Zn 2+ , qui risquerait<br />

de conduire à un dégagement de H 2 .<br />

La tension appliquée se décompose en :<br />

U E E rI ,<br />

AC A C A C chute ohmique<br />

thermodynamique cinétique<br />

soit : U 1,23 ( 0,76) 0,7 ( 0,10) 0,7 ; U 3,50 V<br />

AC<br />

chute ohmique<br />

Pour l’électrolyse industrielle de ZnSO 4 , la consommation d’énergie est de 3,2<br />

MWh par tonne de zinc produite.<br />

AC

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