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5 <strong>Juillet</strong><br />
L'émir Abd-El-Kader<br />
Le fondateur de l’Etat algérien moderne<br />
<strong>La</strong> lutte de libération de l’Algérie<br />
contre les Ottomans<br />
commença à la même période<br />
historique du débarquement<br />
de l’armée française<br />
à Sidi Fredj. Cette coïncidence<br />
trouve ses origines<br />
dans l’exacerbation de la population<br />
algérienne à payer<br />
des impôts de plus en plus<br />
élevés. Des révoltes éclatent<br />
un peu partout à travers le<br />
pays.<br />
Dans l’Oranie, le père d’Abd-el-kader est<br />
condamné à mort par Hassan Bey, le gouverneur<br />
d’Oran. Or, cette condamnation arriva<br />
au moment de la prise d'Alger par les Français<br />
en 1830. Mahieddine, le vieux marabout,<br />
se mit alors à prêcher la «guerre sainte». L'objectif<br />
était la reprise d'Oran. Des milliers de<br />
musulmans accoururent et se rangèrent sous<br />
ses ordres ; le gouverneur d'Oran, Hassan, en<br />
fuite, demanda asile à celui dont il avait mis<br />
la tête à prix. Lors d’un voyage, en 1820, à la<br />
Mecque et Médine, Abd-el-kader, avec des pèlerins<br />
et son père Mahieddine, navigua sur Le<br />
Castor, brick de commerce du capitaine français<br />
Jovas, il passa par Alexandrie. Pendant<br />
son séjour en Égypte, Abd-el-kader fut frappé<br />
des changements que Méhémet Ali venait<br />
de faire à son armée et des améliorations de<br />
l'administration de ses États ; ce modèle (qui<br />
avait permis une quasi-indépendance vis-àvis<br />
des Ottomans comme des Anglais et des<br />
Français) les frappa, lui et son père. L’Emir<br />
Abd-el-kader fut l’un des plus grands hommes<br />
d’Etat dans l’histoire de l'Algérie contemporaine.<br />
Il est le fondateur de l’Etat algérien<br />
moderne et le leader de sa résistance contre<br />
le colonialisme français entre 1832 et 1847. Il<br />
fut également l’un des plus grands hommes<br />
du soufisme, de la poésie et de la théologie<br />
et, par-dessus tout, il fut un apôtre de la paix<br />
et de la fraternité entre les différentes races<br />
et religions. Ce qui lui valut de nombreuses<br />
amitiés et l’admiration des plus grands<br />
hommes politiques dans le monde. Abd-elkader<br />
Mohieddine ibn Mustafa, connu sous<br />
le nom de l’Emir Abd-el-kader Al-Jazaïri, naquit<br />
le vendredi 23 rajab de l'an 1222 hégirien<br />
/correspondant à l'année 1807 de l’ère chrétienne<br />
au village d’El-Guet'na, situé sur Oued<br />
el-Hammam, à l’ouest de Mascara, et grandit<br />
auprès de ses parents qui lui prodiguèrent<br />
soins et protection.<br />
L’époque 1831–1847<br />
C’est la période qui se distingue par rapport<br />
aux autres périodes dans la vie de l’Emir en<br />
raison des évènements importants et réalisations<br />
qui l'ont marqués et pour lesquels il<br />
avait mis en œuvre ses potentialités scientifiques<br />
et sa grande expérience politique et militaire.<br />
Malgré un contexte difficile, la résistance<br />
ne l'empêcha guère de jeter les bases<br />
et fondements de l’Etat moderne, en raison<br />
de la complémentarité qui existe entre les<br />
deux.<br />
Après la chute d’Oran en 1831, le désordre qui<br />
régna et la dégradation de la situation ont<br />
conduit les chouyouk et ulémas de la région<br />
d’Oran à rechercher une personnalité à laquelle<br />
pourrait être confiée la direction de<br />
leurs affaires. Leur choix se porta sur Cheikh<br />
Mohieddine, père de Abd-el-kader, en raison<br />
de ses qualités avérées de courage et de témérité.<br />
C'est lui en effet qui avait dirigé la première<br />
résistance contre les Français en 1831,<br />
et son fils Abd-el-kader a également fait<br />
preuve de courage et d’audace au cours des<br />
combats livrés sur les remparts de la ville<br />
d’Oran lors du premier accrochage avec les<br />
occupants. Cheikh Mohieddine déclina l’offre<br />
en raison de son âge avancé et devant l’insistance<br />
des chouyoukh et savants de la région,<br />
proposa son fils Abd-el-kader en disant<br />
: «Mon fils Abd-el-kader est un jeune homme<br />
pieux, intelligent, capable de régler les litiges<br />
et un cavalier émérite bien qu'ayant grandi<br />
dans le culte et la dévotion à son Seigneur ;<br />
Ne pensez surtout pas que je vous le propose<br />
pour me remplacer car étant une partie de<br />
moi-même, je ne peux souhaiter pour lui ce<br />
que je rejette pour moi-même. Mais j’ai choisi<br />
le moindre mal lorsque j'ai réalisé à quel<br />
point vous aviez raison , tout en étant<br />
convaincu qu’il sera plus indiqué que moi<br />
pour accomplir ce que vous m'aviez demandé<br />
…je vous fais donc don de lui…..»<br />
Cette proposition fut accueillie favorablement<br />
à l’unanimité et le 27 novembre 1832, les<br />
chefs de tribu et les ulémas se réunirent dans<br />
la plaine de Ghriss, près de Mascara, pour exprimer<br />
leur premier plébiscite à Abd-el-kader<br />
sous l’arbre de Dardara au cours duquel il<br />
reçut le titre de Nacer-eddine (le protecteur<br />
de la religion), suivi d’un deuxième plébiscite<br />
général le 4 février 1833. Dans de telles conditions,<br />
l’Emir prit en charge la lourde responsabilité<br />
de la guerre sainte, de défense de la<br />
population et de la terre d’islam alors qu’il<br />
était en pleine jeunesse. Cette période fut<br />
marquée par des victoires militaires et politiques<br />
qui contraignirent l’ennemi français à<br />
hésiter dans l'application de sa politique expansionniste<br />
devant la résistance acharnée<br />
qu'il rencontra à l’Ouest, au Centre et à l’Est.<br />
L’Emir Abd-el-kader avait réalisé dès le départ<br />
que la confrontation ne pouvait avoir lieu<br />
qu’avec la création d’une armée institutionnelle<br />
régulière prise en charge par l’Etat. A cet<br />
effet, il publia un communiqué en son nom à<br />
la population dans lequel il insistait sur la nécessité<br />
de mobiliser les troupes et organiser<br />
les effectifs dans tout le pays. Les tribus de<br />
la région ouest et du Centre répondirent à son<br />
appel et se rassemblèrent autour de lui, prêts<br />
à lui obéir. Il constitua une armée institutionnelle<br />
qui s’adapta rapidement aux conditions<br />
qui prévalaient et put ainsi remporter plusieurs<br />
victoires militaires dont la plus importante<br />
fut la bataille de Maktâa qui avait<br />
valu au général Trezel et au gouverneur général<br />
D’Orléans d’être relevés de leurs fonctions.<br />
Sur le plan politique, il arracha à l’ennemi<br />
la reconnaissance de son autorité et<br />
l'obligea à traiter avec lui en position de souveraineté.<br />
Cela ressort des deux traités celui<br />
de Desmichels conclu le 26 février 1834 et<br />
celui de la Tafna le 30 mai 1837. Toutefois, le<br />
changement intervenu dans le rapport de<br />
forces sur les plans interne et régional a eu<br />
des conséquences négatives sur le cours de<br />
la résistance de l’Emir. Il n’était pas seulement<br />
contraint de lutter contre les Français<br />
mais de se préoccuper également de ceux qui<br />
avaient une vision à court terme. Les drames<br />
se succédèrent notamment après que les<br />
Français eurent adopté la politique de la terre<br />
brûlée telle qu’elle ressort de l’expression<br />
du gouverneur général, le Maréchal Bugeaud<br />
: «Vous ne labourerez pas la terre et si vous<br />
la labourez, vous ne sèmerez pas et si vous<br />
semez, vous ne récolterez pas…» Cette politique<br />
eut un effet notable sur le recul des<br />
forces de l’Emir notamment après la perte de<br />
ses bases arrières au Maroc, après que Moulay<br />
Abderrahmane, sultan du Maroc, eut resserré<br />
l’étau autour de lui, prétextant son engagement<br />
à respecter les termes du traité<br />
de «<strong>La</strong>lla Maghnia» et ordonné à ses troupes<br />
de pourchasser l’Emir et ses partisans y compris<br />
les tribus qui s'étaient réfugiées au Maroc<br />
pour fuir la répression de l’armée d’occupation.<br />
<strong>La</strong> période des difficultés<br />
et du travail humanitaire (1848-<br />
1883)<br />
Cette période débute avec la reddition de<br />
l’Emir et se prolonge jusqu’à son décès. Ainsi,<br />
sa reddition eut lieu le 23 décembre 1847<br />
après acceptation de ses conditions par le<br />
commandant français <strong>La</strong>moricière. L’Emir<br />
fut transféré à Toulon alors qu'il avait exprimé<br />
le souhait de se rendre à Alexandrie ou<br />
Acca comme convenu avec les dirigeants<br />
français. Mais ses espoirs furent déçus et<br />
comme à leur habitude, les Français ne respectèrent<br />
pas leurs engagements. Il aurait<br />
plutôt souhaité donc mourir au champ d’honneur<br />
que de subir ce sort et exprima ses regrets<br />
par ces mots : «Si nous avions su que les<br />
choses se dérouleraient ainsi, nous aurions<br />
poursuivi le combat jusqu’à la mort.» Ensuite,<br />
l’Emir et sa famille furent conduits à une<br />
résidence au lazaret et de là à Fort Llamalgue,<br />
le 10 janvier 1848. Lorsque tous les membres<br />
de sa famille et de sa suite furent arrêtés,<br />
l’Emir fut transféré à la ville de Pau à la fin du<br />
mois d’avril de la même année pour y demeurer<br />
jusqu’à son transfert à Amboise le 16 octobre<br />
1852, année de sa libération par Napoléon<br />
III. L’Emir s’établit à Istambul et durant<br />
son séjour, il visita le tombeau de Abu Ayyoub<br />
al Ansari et visita la mosquée Aya Sofia (Sainte<br />
Sophie). Mais il préféra s’établir dans la ville<br />
de Borça pour son histoire, ses beaux sites<br />
et ses monuments historiques. Cependant, il<br />
n’y resta pas très longtemps à cause des<br />
séismes qui secouaient la région de temps à<br />
autre. Il se rendit à Damas en 1855 sur autorisation<br />
du sultan ottoman et là, il se consacra<br />
à la lecture, au soufisme, à la théologie,<br />
aux hadiths, Propos et tradition du prophète<br />
Mohammed (QSSL), et à l’exégèse du Coran.<br />
L’une des positions humanitaires à mettre à<br />
l’actif de l’Emir fut son opposition à la discorde<br />
sectaire qui eut lieu entre chrétiens et<br />
musulmans de Syrie en 1860. L’Emir devint<br />
une personnalité internationale, suscitant le<br />
respect et la considération en tous lieux et il<br />
fut même invité à l’inauguration du Canal de<br />
Suez en 1869. Il mourut le 26 mai 1883 à Doumer,<br />
dans la banlieue de Damas à l’âge de 76<br />
ans. Il fut enterré à proximité du tombeau de<br />
Cheikh Mohieddine ibn Arabi al Andaloussi<br />
. Sa dépouille fut transférée à Alger en 1966.<br />
Parmi ses œuvres :<br />
1/ Dhikra al 'akel wa tanbih al ghafel ( Rappel<br />
au sage et mise en garde de l’inconscient).<br />
2/ Al miqradh al hadd li gat'i lisane mountakidh<br />
din al islam bil batel wal il'had (les tenailles<br />
acérées pour trancher la langue de celui qui<br />
porte atteinte à la religion islamique par le<br />
mensonge et l’athéisme)<br />
3/ Moudhakirat al amir Abd-el-kader (Mémoires<br />
de l’Emir Abd-el-kader)<br />
4/ Al mawakef fi al-tasawif wal wa'd wal irchad<br />
(Les positions en matière de soufisme, de<br />
sermon et d’orientation).<br />
Gloires et défaites de l’Emir<br />
Le 5 mai 1839, il demanda et obtint l'appui du<br />
sultan du Maroc, ainsi que la concession du<br />
territoire situé entre Oujda et Tafna. Il voulut<br />
annexer le Constantinois en y nommant un<br />
«khalifa». En réaction, la France organisa l'expédition<br />
des «Portes de Fer» en octobre 1839,<br />
expédition qui fut considérée comme une<br />
violation du traité de Tafna. À partir de ce moment,<br />
la guerre reprit avec violence. Au mois<br />
d'octobre, dans l'ouest de la Mitidja, l'émir<br />
prend en embuscade le commandant Raffet<br />
et une centaine de soldats français ; ces derniers<br />
marchent contre lui et reprennent Cher-<br />
chell, Mildah, Miliana, etc.<br />
Gouvernement du maréchal<br />
Bugeaud<br />
Le tournant de la guerre fut la nomination du<br />
maréchal Bugeaud comme gouverneur général<br />
de l'Algérie en 1842. Celui-ci changea complètement<br />
la tactique de l'armée française,<br />
aidée de nombreuses troupes composées<br />
d'Algériens : troupes régulières (zouaves et<br />
spahis) et corps irréguliers (les goums). Il harcela<br />
les troupes d'Abd-El-Kader, en cherchant<br />
à les couper de leur base. L'émir fut refoulé<br />
sur les Hauts-Plateaux steppiques avec sa<br />
smala, capitale ambulante estimée à 30 000<br />
personnes. Abd-El-Kader essuya un grave revers<br />
le 16 mai 1843, avec la prise de la smala<br />
par le duc d'Aumale dans la région de Boghar.<br />
Le 11 novembre, la mort au combat de son<br />
khalifa Mohammed Ben Allel fut un nouveau<br />
coup terrible, qui l'affaiblit considérablement20.<br />
Il rassembla le reste de ses troupes,<br />
sous le nom de déïra, et se tourna vers le sultan<br />
du Maroc. Celui-ci intervint mais fut défait<br />
à la bataille de l'Isly (oued près d'Oujda)<br />
le 14 août 1844. Dans le traité de Tanger du<br />
10 septembre 1844, il fut convenu qu'Abd-El-<br />
Kader serait mis hors la loi aussi bien en Algérie<br />
qu'au Maroc. Il délimita en outre la frontière<br />
entre les deux pays. Les Français<br />
n'avaient pas oublié le guet-apens de Sidi-<br />
Brahim, où leurs soldats, commandés par le<br />
colonel Montagnac, furent égorgés sans pitié<br />
par les troupes de l'émir. En 1845, beaucoup<br />
de tribus des hauts-plateaux s'étaient soumises<br />
aux Français. L'émir tenta de les réprimer<br />
; le Goum des Ouled Nail, sous le commandement<br />
de Si Chérif Bel <strong>La</strong>hrech qu'Abdel-kader<br />
avait nommé khalifa, prit part à ces<br />
opérations. Cherchant des alliances, il alla ensuite<br />
en Kabylie, nouveau bastion de la résistance<br />
à l'armée française, où il participa à<br />
deux combats contre les Français en février<br />
1846. L'émir sillonna ensuite la région de<br />
Djelfa, plus au sud, poursuivi par les Français,<br />
mais aidé par la population. Des combats<br />
eurent lieu à Aïn Kahla, à Zenina et à l'oued<br />
Boukahil. Abd-el-kader tenta de relancer la révolte<br />
en 1847, mais échouant finalement à rallier<br />
les tribus kabyles pour faire cause commune,<br />
il dut se réfugier au Maroc. Le général<br />
de <strong>La</strong>moricière apprit qu'Abd-el-kader, refusant<br />
de se rendre au sultan du Maroc, s'était<br />
entendu avec ses principaux officiers, les<br />
fonctionnaires de la cour de Fès, pour tenter<br />
une dernière fois la fortune. Le 13 septembre,<br />
un ex-brigadier du 2 e chasseurs d'Afrique,<br />
qui s'était échappé de la Deïra, accourut annoncer<br />
au général que l'Emir voulait livrer encore<br />
un combat avant de se retirer vers le Sud<br />
avec ceux qui voudront l'y suivre.<br />
<strong>La</strong> défaite<br />
Le 21 décembre 1847, les troupes de l'Emir<br />
Abd-el-kader quittèrent le Maroc, en passant<br />
la rivière Kiss, sous la direction de l'émir seul<br />
à cheval, et entrèrent sur le territoire de l'exrégence.<br />
Le général <strong>La</strong>moricière, prévenu à<br />
temps, envoya sur son passage deux détachements<br />
de vingt spahis, en burnous blancs,<br />
commandés par les lieutenants Bou-Krauïa et<br />
Brahim et se porta sur la frontière ; il y reçut<br />
avec Bou-Krauïa des hommes envoyés d'Abdel-kader,<br />
chargés de porter sa demande<br />
d'aman («assurance/protection/sauf<br />
conduit») pour lui et ceux qui l'accompagnaient<br />
(une feuille de papier avec son cachet,<br />
car le vent, la pluie et la nuit l'avaient empêché<br />
d'y rien écrire). Le général remit aux envoyés<br />
son sabre et le cachet du commandant<br />
Bazaine, en leur donnant verbalement<br />
la promesse de l'aman le plus solennel (il ne<br />
pouvait pas écrire non plus). Abd-el-kader ren-<br />
<strong>La</strong> NR 4371 – Jeudi 5 juillet 2012<br />
5<br />
voya ses deux officiers et le lieutenant Bou-<br />
Krauïa avec une lettre dans laquelle il négociait<br />
la condition d'être conduit à Alexandrie<br />
ou à Saint-Jean-d'Acre. Le général <strong>La</strong>moricière<br />
y consentit par écrit.<br />
Le rendez-vous fut fixé le 23 décembre 1847<br />
sous un arbre qui existe toujours (les Français<br />
y ont mis une plaque). L’Emir fit la prière<br />
d’el-Asr à Sidi-Brahim, à 5 km de l’endroit où<br />
a été signé l’armistice (Sidi Tahar), puis passa<br />
la nuit à Ghazaouet. Le 24 décembre, Abd-elkader<br />
fut reçu par les généraux <strong>La</strong>moricière<br />
et Cavaignac et par le colonel Montauban, au<br />
marabout de Sidi-Brahim, théâtre de ses victoires.<br />
On l'amena ensuite à Nemours<br />
(Dgemma-Ghazouat) devant le duc d'Aumale.<br />
Le prince ratifia la parole donnée par le général<br />
<strong>La</strong>moricière, en exprimant l'espoir que<br />
le roi lui donnerait sa sanction. Le gouverneur<br />
général annonça à l'Emir qu'il le ferait embarquer<br />
le lendemain pour Oran, avec sa famille<br />
; l'Emir s'y soumit sans émotion et sans répugnance.<br />
Avant de quitter le prince, Abd-elkader<br />
lui envoya un cheval de soumission,<br />
pour consacrer sa vassalité et sa reddition.<br />
Prisonnier en France<br />
L'Emir insista pour quitter Oran le plus tôt<br />
possible. On lui offrit de partir immédiatement<br />
sur la frégate à vapeur l'Asmodée, ce<br />
qu'il accepta. Le navire quitta Oran en emportant<br />
l'émir et sa suite, composée de 61<br />
hommes, de 21 femmes et de 15 enfants des<br />
deux sexes, en tout 97 personnes dont sa famille<br />
(sa mère, âgée, deux de ses beauxfrères,<br />
ses trois femmes et ses deux fils, dont<br />
le plus jeune avait huit ans). <strong>La</strong> traversée fut<br />
mauvaise et les captifs très fatigués. Arrivé en<br />
rade de Toulon le 29 décembre 1847, Abd-elkader<br />
fut déposé au <strong>La</strong>zaret de Saint-Mandrier,<br />
puis transféré une dizaine de jours plus<br />
tard au fort <strong>La</strong>malgue à Toulon. <strong>La</strong> Révolte<br />
des At-Amokrane (les Mokrani), survenue le<br />
16 mars 1871 en Algérie, est la plus importante<br />
insurrection contre le pouvoir colonial<br />
français depuis le début de la conquête de l'Algérie<br />
en 1830. Elle est menée par le cheikh Mohand<br />
Amokrane (Mohamed Mokrani) et le<br />
cheikh Mohand Ameziane Ahaddad cheikh<br />
Ahaddad, chef de la confrérie des Rahmaniya.<br />
Histoire<br />
En 1870, un notable kabyle, Mohand Amokrane,<br />
surnommé Cheikh El-Mokrani, est rétrogradé<br />
au titre de bachagha pour avoir<br />
soutenu la révolte du Cheikh Bouaquaz, un<br />
proche de son père, en 1864-1865. Le mouvement<br />
soulève 250 tribus, près du tiers de la<br />
population algérienne. Les insurgés sont<br />
contraints à la reddition après l’attaque des<br />
Français. Ils sont arrêtés à l’Alma le 22 avril<br />
1871, et le 5 mai le bachagha Mokrani mourut<br />
au combat près de l’oued Soufflat. Les<br />
troupes françaises (vingt colonnes) marchent<br />
sur Dellys et Draâ El Mizan. Le cheikh Haddad<br />
et ses fils se rendent le 13 juillet, après la bataille<br />
d'Icheriden. L’insurrection ne prend fin<br />
qu’après la capture de Bou-Mezrag, le 20 janvier<br />
1872. <strong>La</strong> répression fut très sévère et se<br />
traduisit, une fois matée l'insurrection, par des<br />
internements de Kabyles et déportations en<br />
<strong>Nouvelle</strong>-Calédonie (on parle des «Algériens<br />
du Pacifique»), mais aussi par d'importantes<br />
confiscations de terres, qui ensuite ont obligé<br />
de nombreux Kabyles à s'expatrier.<br />
Notes et références<br />
1. [1] [archive] et [2] [archive]<br />
2. Lettre de Mokrani au Gal. Augerand, en page<br />
768 du Rapport de M. Léon de <strong>La</strong> Sicotière au nom<br />
de la «Commission d’Enquête sur les actes du<br />
Gouvernement de la Défense Nationale », Versailles,<br />
Cerf et fils, 1875.