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dvd livres<br />
CABEZA DE VACA<br />
De Nicolas echevarria<br />
eD Distribution<br />
Il y aurait des pages à<br />
remplir sur Cabeza de<br />
Vaca, tardive découverte<br />
chez nous (il date de 1990). Sa<br />
gestion houleuse recoupe l’histoire de<br />
son personnage principal, conquistador<br />
n’ayant rien conquis. prisonnier<br />
d’une tribu indienne, alvar Nuñez a exploré<br />
un continent américain sauvage<br />
pendant huit ans avant de retrouver<br />
les siens – et deviendra chaman entre<br />
temps. huit ans, c’est aussi le temps<br />
qu’il aura fallu au mexicain Nicolas<br />
echevarria pour signer sa première<br />
et unique fiction. Croisant l’esprit des<br />
midnight movies (La montagne sacrée<br />
de jodorowski) à celui d’Aguirre, la<br />
colère de Dieu, Cabeza de Vaca tire le<br />
meilleur de son statut de hors-la-loi curieux,<br />
mystique et acharné. un des tout<br />
meilleurs films vus en 2010 dont on se<br />
réjouit de la sortie dvd. > Baptiste Ostré<br />
BERLIN CALLING<br />
De hannes Stöhr | arte<br />
éditions<br />
Certains se demandent<br />
pourquoi Berlin Calling<br />
n’a pas eu droit à une<br />
sortie en salle malgré plusieurs sélections<br />
en festival. Rare fiction centrée<br />
sur les musiques électroniques à<br />
l’heure où le film rock est en passe<br />
de devenir un genre, cette production<br />
avec le Dj paul Kalkbrenner (plutôt<br />
bon) patauge trop dans la choucroute<br />
pour séduire au-delà des amateurs de<br />
la scène berlinoise. à mi-chemin entre<br />
l’émission Tracks et une soirée Thema,<br />
Berlin Calling collectionne les clichés<br />
usés, sorte de Vol au-dessus d’un nid<br />
de coucou à l’envers croisé avec une<br />
campagne de prévention anti-drogue.<br />
Malgré quelques beaux effets de réalisation,<br />
seule la bande-son trouve sa<br />
voie dans ce film au scénario convenu<br />
et à la morale condescendante. Mieux<br />
vaut revoir Trainspotting. > Baptiste Ostré<br />
DAVID LACHAPELLE, DU POP ART à LA PROVOCATION<br />
De hilka Sinning | Cie des phares & balises<br />
en voilà un bel objet que l’on a envie de défendre dans nos pages.<br />
Il est l’œuvre de la réalisatrice allemande hilka Sinning, qui a suivi<br />
pendant plusieurs années, l’un des grands noms de la photographie<br />
contemporaine, le bien-nommé David laChapelle. Ce documentaire<br />
dévoile les dessous de son esthétique - couleurs criardes, poses<br />
tapageuses et compositions exubérantes - que l’on a tous touché de l’œil au moins<br />
une fois. De ses portraits des plus grandes stars du showbiz à ses clips sulfureux,<br />
de ses campagnes de pub provoc à son film sur le mouvement krump, Rize (2004),<br />
sa patte, unique, est partout. et, au détour de témoignages et d’images d’archives,<br />
l’on se surprend même à imaginer un David laChapelle loin du « Glam, trash and<br />
rock’n’roll » inscrit sur papier glacé. > Carole Lafontan<br />
QUELQUES<br />
AFRIQUES<br />
De bernard Descamps<br />
(photo) et brigitte ollier<br />
(texte) | éd. Filigranes<br />
« Reporter au lent<br />
cours », bernard Descamps (agence<br />
vu) a sillonné le globe depuis qu’il a délaissé<br />
la recherche en biologie pour se<br />
consacrer à la photographie. parmi les<br />
contrées visitées, il voue une passion<br />
toute particulière à l’afrique qu’il arpente<br />
depuis plus de 30 ans. en 57 photos<br />
noir et blanc, superbement éditées,<br />
l’ouvrage retrace ce parcours quasi<br />
initiatique à la rencontre des différents<br />
peuples (berbère, peul, pygmée) et paysages<br />
(désert, forêt, littoral, village) qui<br />
fondent la richesse de ce continent. Ses<br />
photographies, aux nuances subtiles<br />
de gris et aux cadrages volontairement<br />
confus, témoignent d’une fascination<br />
sincère pour ces cultures ancestrales<br />
respectant la terre nourricière et le<br />
temps qui passe. Magnifique ! 104 p.,<br />
33 € > François lecocq<br />
RéPONSES à HADOPI<br />
De juan branco | éd.<br />
Capricci<br />
hadopi ? une loi « ridicule<br />
et criminelle »,<br />
résume jean-luc Godard<br />
dans l’entretien final de ce court<br />
essai. avouons qu’on n’avait pas tout<br />
compris à cette loi censée sauver le<br />
cinéma français en faisant la chasse<br />
aux méchants internautes. une chose<br />
était sûre : le machin allait nous les briser<br />
sévère et n’empêcherait rien pour<br />
autant (le streaming est au sommet<br />
du succès depuis le passage en force<br />
d’hadopi, merci qui ?). Rédacteur de<br />
La lettre aux citoyens spectateurs de<br />
2009, juan branco met de l’ordre dans<br />
ce triste bordel. Reprenant les événements<br />
dans leur chronologie, il démonte<br />
l’inanité d’une répression aussi<br />
onéreuse qu’inefficace. et développe in<br />
fine une solution qui prend en compte<br />
le modèle économique d’Internet. puisse-t-il<br />
être entendu un jour. 96 p. 7,95 €<br />
> Baptiste Ostré<br />
HAARMANN, LE BOUCHER DE HANOVRE<br />
Isabel Kreitz et peer Meter | éd. Casterman<br />
hanovre, 1924. Dans une allemagne exsangue, la vie est dure, la<br />
nourriture rare et le marché, noir. Serviable, Fritz haarmann vit de<br />
petits trafics et dépanne les voisins d’un manteau ou d’un morceau<br />
de viande. Mais lorsqu’on retrouve des ossements humains dans<br />
la leine, la population s’affole : le steak avait peut-être un drôle de<br />
goût... De ce fait divers qui a inspiré à Fritz lang son M Le Maudit, Isabelle Kreitz et<br />
peer Meter tirent un album bancal. le trait subtil et détaillé de Kreitz ressuscite le<br />
vieil hanovre disparu, mais le scénario de Meter manque de souffle et s’attache (un<br />
peu) trop aux faits. pourtant, à portée de main, se tenait une belle fresque remplie<br />
de personnages mesquins. Il aurait simplement fallu quelques tomes de plus. 171 p,<br />
14 € > Thibaut allemand<br />
75<br />
c h r o n i q u e s |