Le comte de Monte-Cristo

178 LE COMTE DE MONTE-CRISTC
— Je vous préviens, mon cher hôte, que je ne
croirai pas un mot de ce que vous allez nous dire. Ce
point arrêté entre nous , parlez tant que vous voudrez,
je vous écoute. « Il y avait une fois... » Eh bien, allez
doncl
Maître Pa^.ti îni se retourna , du côté de Franz qui
,
lui paraissait le plus raisonnable des deux jeunes gens.
11 faut rendre justice au brave homme : il avait logé bien
des Français dans sa vie, mais jamais il n'avait compris
certain côté de leur esprit.
— Excellence, dit -il fort gravement, s'adressant,
comme nous l'avons dit, à Franz, si vous me regardez
comme un menteur, il est inutile que je vous dise ce que
je voulais vous dire ; je puis cependant vous affirmer
que c'était dans l'intérêt de Vos Excellences.
— Albert ne vous dit pas que vous êtes us menteur,
mon cher monsieur Pastrini, reprit Franz, il vous dit qu'il
ne vous croira pas, voilà tout. Mais moi je vous croirai
soyez tranquille; parlez donc.
— Cependant, Excellence, vous comprenez bien que
si l'on met en doute ma véracité...
— Mon cher, reprit Franz, vous êtes plus susceptible
que Cassandre, qui cependant était prophétesse, et que
personne n'écoutait ; tandis que vous, au moins , vous
êtes sûr de la moitié de votre auditoire. Voyons, essayezvous,
et dites-nous ce que c'est que M. Vampa.
— Je vous l'ai dit. Excellence; c'est un bandit, comme
nous n'en avons pas encore vu depuis le fameux Mas-
irilla.
— Eh bieni quel rapport a ce bandit avec l'ordre que
Vai donné à mon cocher de sortir par la porte del Popolo
et de rentrer par la p(»rte San-Giovanni?
— Il y a, répondit maîire Pastrini, que vous pourrei