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<strong>Lire</strong> <strong>la</strong> <strong>partie</strong> <strong>précé<strong>de</strong>nte</strong> : Partie 1<br />

ESSAI D'UNE MONOGRAPHIE<br />

DES<br />

RUES, PLACES ET MONUMENTS<br />

DE SENLIS<br />

LXIV. — * CORDONNERIE (Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong>).<br />

Entre <strong>la</strong> rue du Petit-Chaalis et <strong>la</strong> rue du Châtel : maison<br />

« in castello, in cordoanaria, in cordoennaria, dans <strong>la</strong><br />

« cité, à <strong>la</strong> cordouennerie (1231) 1<br />

. »<br />

Le marché à Cordouen, en 1573, avait quitté cet endroit<br />

pour s'étendre, selon les « réglements <strong>de</strong>s maïeur et esche-<br />

« vins, <strong>de</strong>puis l'hostel du Bras-d'Or, » rue aux Fromages,<br />

« jusqu'à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce aux Cherons 2<br />

. »<br />

L'art du cordonnier était en haute estime chez les senlisiens<br />

1<br />

Afforty, I, 119; XV, 831 : domum in Cordoanaria... en G<strong>la</strong>tigny(1237),<br />

843 : Maison <strong>de</strong> Gérard le chaucier in cordoennaria. — Une p<strong>la</strong>ce, à<br />

Noyon, s'appelle encore p<strong>la</strong>ce à Cordouen.<br />

2<br />

Afforty, XII, 7541 : Assemblée du 21 sept. 1573 : «... a esté conclud que<br />

« lesdites trois foires se tiendront au <strong>de</strong>dans <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville et seront tenus les<br />

« marchands qui voudront étaler aucunes marchandises..., les estaller ès<br />

« lieux cy après déc<strong>la</strong>rés... »


<strong>de</strong> jadis. En 1282, le célèbre cardinal Jean Cholet ou <strong>de</strong><br />

Nointel (à côté <strong>de</strong> Clermont), arbitre entre les religieux <strong>de</strong><br />

Saint-Vincent et leur abbé trop mondain, Adam, exige <strong>de</strong><br />

celui-ci que « ses chaussures ne diffèrent point notablement <strong>de</strong><br />

« celles <strong>de</strong>s autres frères. » En 1525, le chapitre fait défense<br />

au chanoine Durand, qui sacrifiait trop aux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l'époque,<br />

<strong>de</strong> porter dans l'église « sous peine <strong>de</strong> perdre les heures du jour,<br />

« <strong>de</strong>s souliers patents ou fenestrés l<br />

. »<br />

Les cordonniers <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> formaient une confrérie qui avait<br />

son centre et ses dévotions chez les Cor<strong>de</strong>liers. « Les confrairies<br />

« qui sont chez nous » écrivait le Père Gardien Roullouy à<br />

l'évêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> « sont les cordiers à <strong>la</strong> conversion<br />

« <strong>de</strong> saint Paul..., les tailleurs d'habits le premier may..., les<br />

« épiciers le second may, saint Marcoul..., les couvreurs,<br />

« maçons, charpentiers le jour <strong>de</strong> l'Ascension..., les chausse-<br />

« tiers le jour <strong>de</strong> saint C<strong>la</strong>u<strong>de</strong>..., les tanneurs le jour <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« Trinité..., les serruriers saint Eloy..., les menuisiers sainte<br />

« Anne, les pain d'épiciers saint Etienne..., les passementiers<br />

« le quinze aout..., <strong>la</strong> confrairie <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong> Liesse à <strong>la</strong><br />

« nativité <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vierge..., les tisserands le même jour..., les<br />

« teinturiers saint Maurice..., les cordonniers saint Crépin...,<br />

« les charons sainte Catherine..., les musiciens sainte Cécile...,<br />

« les arcbusiers sainte Barbe... » Au lieu <strong>de</strong> cette vie reli­<br />

gieuse <strong>de</strong>s vieilles corporations, les temps ont amené <strong>de</strong> l'indif­<br />

férence, parfois <strong>de</strong> l'hostilité, pour <strong>la</strong> foi <strong>de</strong>s ancêtres : le foyer<br />

1<br />

Afforty, IX, 25; XXIII, 760. Extrait <strong>de</strong>s registres capitu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> l'église<br />

<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> : « Luna <strong>de</strong>cima julii 1525, inhibitiones facte fuerunt<br />

» domino Durand ne <strong>de</strong> cetero <strong>de</strong>ferat in ecclesia sotu<strong>la</strong>res sive calceos<br />

« patentes seu fenestratos sub penis amittendi horas diei. » — Le vénérable<br />

Guibert, abbé <strong>de</strong> Nogent-sous-Coucy, lequel mourut en 1124,<br />

reproche aux jeunes filles <strong>de</strong> son temps <strong>de</strong> n'avoir rien dans leur personne<br />

qui ne sonne l'étour<strong>de</strong>rie « ubi nil nisi jocu<strong>la</strong>ria sonant » et il cite entre<br />

autres détails « di<strong>la</strong>tatio manicarum, tunicarum angustia, calceorum <strong>de</strong><br />

« corduba rostra torticia... le développement extrême <strong>de</strong>s manches,<br />

« l'étroitesse <strong>de</strong>s tuniques, les chaussures en cuir <strong>de</strong> Cordoue à bec relevé. »<br />

(De vita sua, lib. I, cap. XI).


a-t-il <strong>de</strong>s pétillements plus joyeux, le travail <strong>de</strong>s conso<strong>la</strong>tions<br />

plus sereines 1<br />

?...<br />

L'on rencontrait à <strong>la</strong> Cordonnerie, l'une <strong>de</strong>s quatre portes<br />

du cloître qui étaient (1440) « les portes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tonnellerie, <strong>de</strong><br />

« <strong>la</strong> Cordouennerie, <strong>de</strong> Mello et d'entre [les] <strong>de</strong>ux p<strong>la</strong>ces » <strong>de</strong><br />

Notre-Dame.<br />

LXV. — CORNE-DE-CERF (Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong>).<br />

La très-courte rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Corne-<strong>de</strong>-Cerf réunit <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s<br />

Cor<strong>de</strong>liers à <strong>la</strong> rue Saint-Jean.<br />

C'est un hôtel, ainsi qu'il arrivait d'ordinaire, qui lui<br />

communiqua son nom : « hostel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Corne <strong>de</strong> Cerf, près<br />

« Saincte-Genneviève, à côté <strong>de</strong> l'Agnus Dei (1508-1522) 2<br />

Il est superflu <strong>de</strong> rappeler que le mot hostel n'avait point<br />

alors le sens restreint que les habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> notre <strong>la</strong>ngue lui<br />

réservent maintenant, et que l'enseigne « intersignum » était<br />

d'un usage général : hostel, hotel, ostel, était synonyme<br />

d'habitation, <strong>de</strong>meure; pour l'enseigne, l'absence <strong>de</strong> numé­<br />

rotage à <strong>Senlis</strong>, avant 1771, <strong>la</strong> rendait nécessaire. Il reste<br />

encore <strong>de</strong> ce vieux système <strong>la</strong> niche <strong>de</strong> Notre-Dame, les Trois-<br />

Pots, un beau travail <strong>de</strong> fer forgé, p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> Creil, etc.<br />

1<br />

Afforty, VII, 3874. La conversion <strong>de</strong> saint Paul était <strong>la</strong> fête patronale<br />

<strong>de</strong>s cordiers, parce que les cordiers marchent à reculons comme saint Paul<br />

faisait en s'éloignant du judaïsme ou parce que les Chrétiens <strong>de</strong> Damas<br />

le <strong>de</strong>scendirent le long <strong>de</strong>s murs <strong>de</strong> leur ville. — Saint Marcoul, Marcou ou<br />

Marculphe, ermite du VII e<br />

siècle honoré le I er<br />

mai à Corbigny, près Laon,<br />

où est son tombeau. Le visiteur attentif trouvera au haut d'une fenêtre<br />

refaite <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> Fresnoy-<strong>la</strong>-Rivière un panneau <strong>de</strong> vitrail du XIII e<br />

siècle qui représente un abbé avec cette légen<strong>de</strong> : Sanctus Marculphus :<br />

cheveux rasés en couronne, chasuble antique, aube, pieds nus. — Saint<br />

C<strong>la</strong>u<strong>de</strong>, évêque <strong>de</strong> Besançon, 6 juin. — Les teinturiers ont saint Maurice<br />

pour patron « apparemment » dit le P. Cahier « parce qu'on le représentait<br />

« d'ordinaire vêtu ou drapé en rouge. » — Une <strong>partie</strong> <strong>de</strong>s patrons supra<br />

indiqués, saint C<strong>la</strong>u<strong>de</strong>, saint Etienne, etc., me paraît avoir été choisie arbitrairement<br />

ou du moins en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s traditions habituelles.<br />

2<br />

Compte <strong>de</strong> 1508, p. 14, et Déc<strong>la</strong>rat, <strong>de</strong> 1522.<br />

».


LXVI. — COURTILLET (Impasse du).<br />

Cette impasse, près du carrefour que <strong>la</strong> sombre rancune <strong>de</strong><br />

Billon a tristement illustré, a reçu les qualifications diverses <strong>de</strong><br />

Juiverie, Bethphagé, G<strong>la</strong>tigny et Courtillet.<br />

1. Juiverie. « Tha<strong>la</strong>mus in Judaria (1208) ». « Les Juifs y<br />

« <strong>de</strong>meuraient » affirme avec raison Jaulnay « et à présent<br />

« (1652) y est le jeu <strong>de</strong> paume nommé le Courtillet l<br />

. »<br />

Ce n'est point ici le lieu <strong>de</strong> raconter le sort singulier que les<br />

évènements ont fait aux Juifs : Saint-Bernard les dérobant aux<br />

colères <strong>de</strong> Louis-le-Jeune; Philippe-Auguste et le Conseil <strong>de</strong><br />

Saint-Louis les bannissant pour les accueillir <strong>de</strong> nouveau ;<br />

Philippe-le-Bel les traitant d'abord avec une sorte <strong>de</strong> prédi­<br />

lection, puis les chassant <strong>de</strong> ses états ; le peuple, sous Louis-<br />

le-Hutin, se livrant, contre leur avarice, à toutes les ven­<br />

geances et eux oubliant ces avanies dans les joies du lucre...<br />

Séparés <strong>de</strong> mœurs, <strong>de</strong> religion, d'espérance, du reste <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

nation, ils portaient un vêtement marqué <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux roues<br />

d'étoffe jaune; ils habitaient un quartier séparé : c'était <strong>la</strong><br />

Juiverie, Jérusalem, quelquefois Juda... 2<br />

.<br />

Pour ne mentionner <strong>de</strong> leur tragique histoire que <strong>de</strong>s faits<br />

qui nous sont plus particuliers, en 1225, le chancelier Guérin<br />

règle que les Juifs ne pourraient plus exiger <strong>de</strong>s Chrétiens,<br />

après quatre années, le paiement d'aucune obligation ; en<br />

1299, Philippe-le-Bel ordonne, à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du chapître <strong>de</strong><br />

Saint-Frambourg, qu'Angy soit débarrassé <strong>de</strong>s Juifs, usuriers<br />

sans doute, qui, « nonobstant <strong>de</strong>s ordonnances <strong>précé<strong>de</strong>nte</strong>s,<br />

« s'opiniâtraient à y faire domicile au préjudice du roi, du<br />

« chapître <strong>de</strong> Saint-Frambourg, <strong>de</strong> <strong>la</strong> chose publique et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Jaulnay, p. 254. — Afforty, VII, 3012; XV, 189; XXI, 154, en 1509.<br />

2<br />

Voir sur les Juifs, Rigord.— Layettes du Trésor <strong>de</strong>s Chartres, p. 14 à<br />

16, 28, 24,153, 174, 192, etc. - Olim Arch. nation. — Collectio <strong>de</strong> dom<br />

Martène, t. I, p. 1182, etc.


« patrie, puisque le dit vil<strong>la</strong>ge est champêtre et inhabile au<br />

« séjour <strong>de</strong>s Juifs »; à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> 1391, les registres criminels<br />

du Chatelet <strong>de</strong> Paris citent un Juif nommé Cahen (Caïn),<br />

<strong>de</strong>meurant à <strong>Senlis</strong>, etc. 1<br />

.<br />

Les vieux titres semblent distinguer à <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong>ux Jui-<br />

veries, du reste voisines : l'une, petite Juiverie, dans l'impasse<br />

du Courtillet, l'autre entre <strong>la</strong> rue du Châtel et <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

cité que l'on appelle aujourd'hui fausse porte : « 1401,<br />

« escuelles d'argent rue du Châtel, <strong>de</strong>vant Saint-Jacques,<br />

« joignant à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Juirie d'une part et d'autre part à<br />

« <strong>la</strong> maison Siquart le Barbier » avocat 2<br />

— Voir Chancellerie.<br />

ou Henri <strong>de</strong> Marle.<br />

L'on sait que nombre <strong>de</strong> villes avaient leur Juiverie, Juerie,<br />

Juierie, Juiferie, Juisrie ou Juyerie, etc. Noyon, Chauny,<br />

Laon avaient leur rue <strong>de</strong>s Juifs : « Mes recherches » m'écrit<br />

un savant archéologue, l'abbé Ma<strong>la</strong>is « ont été provoquées par<br />

« le old Jewry ou vieille Juiverie <strong>de</strong> Londres. Dans le seul<br />

« diocèse <strong>de</strong> Rouen, je trouve <strong>de</strong>s rues aux Juifs à Rouen, à<br />

« Dieppe, à Montivilliers, à Aumale, à Auffay, à B<strong>la</strong>ngy, à<br />

« Veules, aux Gran<strong>de</strong>s-Ventes, à Gaillefontaine, à Fécamp.<br />

« On en connaissait aussi bien à Paris qu'à Londres, à<br />

« Trêves, à Cracovie, à Amsterdam, à Bamberg et à Francfort-<br />

« sur-le-Mein, comme à Sens, à Saint-Malo, à Metz, à Gran-<br />

« ville, à Nantes, à Braine, à Cherbourg, à Strasbourg, au<br />

« Mans, à Mantes, à Pont-Au<strong>de</strong>mer, à Bar-le-Duc, à Reims,<br />

« à Chambéry, à Colmar, à Caen, à Angoulême, à Chartres, à<br />

« Saint-Pierre-Eglise, à Etampes.<br />

1<br />

Hist. <strong>de</strong>s Evêq. 296. — Afforty, IX, 4827; XVI, 831. — Ordonnance du<br />

roi Philippe-le-Bel pour chasser les Juifs d'Angy. Bannis seize ans auparavant<br />

par le bailly précé<strong>de</strong>nt, Jean <strong>de</strong> Merle, ils étaient revenus, etc. 24 janvier<br />

1299. — Dom Martène : Thesaurus novus anecdotorum. T. I, p. 935.<br />

Décret <strong>de</strong> Guérin contre les Juifs. — Com. arch., t. IX, 142.<br />

2<br />

Afforty, II, 883. Nécrol. <strong>de</strong> N.-D. en 1253 : ... maison in Ju<strong>de</strong>arya...<br />

juxta domum viarii... Nous donnerons en annexes un extrait <strong>de</strong> ce nécrologe<br />

rempli <strong>de</strong> détails importants; VII, 3554; XIX, 97 en 1370 « Siquart le Barbier,<br />

avocat »; XX, 432, 434; XXI, 736 en 1473.


« Il y a une porte <strong>de</strong>s Juifs à Munster et à Strasbourg. Il y<br />

« a un quartier <strong>de</strong> <strong>la</strong> Juiverie à Meaux et une rue Judaïque à<br />

« Bor<strong>de</strong>aux. »<br />

C'est au fond <strong>de</strong> ces impasses sombres que les fils d'Iscariote<br />

empi<strong>la</strong>ient leurs trésors d'avarice et suçaient impitoyablement<br />

<strong>la</strong> fortune <strong>de</strong>s Chrétiens.<br />

2. Bethphagé. La Juiverie <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> eut sa dénomination<br />

spéciale <strong>de</strong> Bethfagé, Bethphagé. — Voir Bethphagé —<br />

« Vicus Bethphagé in castello (1487) ». « Maison... assise au<br />

« cloistre <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, tenant d'une part à <strong>la</strong> rue<br />

« Bethphagé, d'autre à l'hostel et au jardin <strong>de</strong> Saint-<br />

« Nico<strong>la</strong>s, aboutant d'un bout <strong>de</strong>vant sur <strong>la</strong> rue où on<br />

« va <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte-au-Pain à Saint-Frambourg (rue Saint-<br />

« Frambourg) et d'autre bout par <strong>de</strong>rrière à <strong>la</strong>dite rue<br />

« Bethphagé où est le puits Saint-Nico<strong>la</strong>s (1488). » — Item en<br />

1489 1<br />

.<br />

3. G<strong>la</strong>tigny. Maison dans <strong>la</strong> Cordouennerie... en G<strong>la</strong>tigny<br />

(1237, 1344, 1347). — Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> petite Juiverie, ai-je lu aux<br />

archives départementales, « que l'on souloit nommer (1432)<br />

rue <strong>de</strong> G<strong>la</strong>tigny... » Que signifie cette appel<strong>la</strong>tion que l'on<br />

retrouvait à Paris, à Valenciennes, etc. ? Une abbaye <strong>de</strong><br />

G<strong>la</strong>tigny mentionnée en 1364 dans Paris (peut-être Lagny,<br />

<strong>la</strong>tiniacensis?) possédait-elle quelque fief en ce quartier?<br />

G<strong>la</strong>tigny est-il une altération <strong>de</strong> <strong>la</strong>tiniacus, Lagny, ce qui<br />

rappelle une lettre d'Innocent III, qui est <strong>la</strong> 163 e<br />

<strong>de</strong> son recueil<br />

(1207), aux évêques <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et d'Arras et à l'abbé <strong>de</strong> Lagny<br />

au sujet <strong>de</strong> l'élection <strong>de</strong> l'évêque <strong>de</strong> Meaux, — Hugues <strong>de</strong><br />

Latigny « Hugo <strong>de</strong> Latiniaco », chanoine <strong>de</strong> Notre-Dame, lequel<br />

mourait vers 1219, — et une comtesse <strong>de</strong> Lagny-le-Sec mariée<br />

à Guil<strong>la</strong>ume Escuacol (1236) 2<br />

?<br />

1<br />

Afforty, XX, 712; XXII, 532.<br />

2<br />

Afforty, II, 3554 : domum en G<strong>la</strong>tigny en 1344; XV, 161, 363 et 832.


4. Courtillet. Courtillet, diminutif <strong>de</strong> Courtil, curtis,<br />

d'où <strong>la</strong> finale fréquente court (Martincourt, Martinicurtis),<br />

signifie petit jardin et est synonyme <strong>de</strong> follye 1<br />

, folie,<br />

feuillée, endroit ombreux. Voir Cloître. Ces courtillets ou<br />

folies dégénérèrent aisément, comme les lucus <strong>de</strong>s païens, en<br />

lieux <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isir : « Item » c'est une ordonnance civile <strong>de</strong><br />

l'évêché <strong>de</strong> Metz que Monteil a conservée, « item sera aussi<br />

« défendu à tous bourgeois <strong>de</strong> fréquenter tavernes, cabaret ou<br />

« feuillée pour s'enyvrer, sur peine, pour chascune fois qu'il<br />

« sera yvre, <strong>de</strong> payer VI livres d'amen<strong>de</strong>. » La bourgeoisie a<br />

secoué ces vieilles coutumes d'austérité; les tavernes peuplent<br />

les rues; <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> boire est un <strong>de</strong>s instruments du progrès!<br />

5. Entre cette impasse, aujourd'hui silencieuse, et le cul-<br />

<strong>de</strong>-sac Saint-Nico<strong>la</strong>s s'étendait l'un <strong>de</strong> ces jeux <strong>de</strong> courte-<br />

paume où nos pères aimaient tant à rivaliser <strong>de</strong> force et<br />

d'adresse que les registres criminels <strong>de</strong>s XIV e<br />

et XV e<br />

siècles<br />

nous ont gardé <strong>de</strong>s détails <strong>de</strong> ce genre : Les <strong>de</strong>ux partenaires<br />

« jouèrent puiz environ VIII heures du matin jusques à<br />

« III heures après-midi, sanz boire ni manger... », mirent<br />

en enjeu une « sainture » ou luttèrent « à qui paieroit le<br />

« souper, etc., etc. » Ces mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> divertissement ont passé ;<br />

<strong>la</strong> passion <strong>de</strong> l'emporter et <strong>la</strong> soif du lucre <strong>de</strong>meurent !<br />

LXVII. — * COUTELLERIE (Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong>).<br />

A l'extrémité <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue du Châtel, vers le carrefour <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Porte-au-Pain.<br />

Le nom <strong>de</strong> coutellerie, aux cousteaux, etc., ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

point d'explication. Là <strong>de</strong>meurait <strong>de</strong> préférence cette corpo­<br />

ration <strong>de</strong>s coutelliers dont le livre <strong>de</strong>s métiers dit qu'il ne<br />

1<br />

Afforty, XV, 771 : « Pomerium nuncupatum le Cortillet » à côté <strong>de</strong><br />

Sainte-Eusoye, en 1234. — Plus loin, au chapitre Faubourg, le mot folie<br />

du bouteillier, <strong>de</strong> stultomonte, semble avoir un sens autre.


« pueent (peuvent) ouvrer (travailler) <strong>de</strong> nuit » à cause <strong>de</strong>s<br />

précautions que réc<strong>la</strong>me leur délicate besogne, — ou plutôt,<br />

était situé leur bril<strong>la</strong>nt éta<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> couteaux, <strong>de</strong> manches d'os<br />

et d'ivoire, etc. <strong>Senlis</strong> paraît avoir été un centre <strong>de</strong> fabrication<br />

<strong>de</strong> toutes sortes d'ouvrages <strong>de</strong> fer : couteaux, haubers,<br />

heaumes, heurtoirs, etc.<br />

C'est à l'endroit <strong>de</strong> <strong>la</strong> Coutellerie ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte-au-Pain<br />

« ad locum dictum 1<br />

1<br />

Afforty, XIX, 483, 540.<br />

porte au pain (1390), porta panis (1393),<br />

« etc., » que <strong>de</strong>ux tours robustes protégeaient une <strong>de</strong>s entrées<br />

primitives <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité. L'on retrouve encore entre les maisons<br />

n° 6 et n° 8 <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue du Châtel, une <strong>partie</strong> du vieux mur<br />

auquel ces tours étaient adossées.<br />

LXVIII. — CREIL (P<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>),<br />

du Marché, du Marché aux Samedis ou du Pilori.<br />

1. Marché. Un marché amenait <strong>de</strong> temps immémorial pro­<br />

visions, multitu<strong>de</strong> et bruit sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> Creil, puisque nous<br />

voyons dès 1212 Raoul le Queux (Coquus) vendre à <strong>la</strong> com­<br />

mune une p<strong>la</strong>ce « pour agrandir le marché dit <strong>de</strong>s Samedis à <strong>la</strong><br />

« p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> Creil, moyennant 40 sols <strong>de</strong> surcens. » En 1228,<br />

« Renier, prêtre et maître <strong>de</strong> <strong>la</strong> léproserie <strong>de</strong> Survilliers,<br />

« donne au chapître, outre <strong>de</strong>ux sols <strong>de</strong> rente, qu'il percevait<br />

« sur une maison située dans le châtel, <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> <strong>de</strong>meure <strong>de</strong><br />

« Roger, physicien [mé<strong>de</strong>cin] et chanoine, trois sols sur un<br />

« étal p<strong>la</strong>cé à l'endroit du grand marché où l'on vend le samedi<br />

« les peaux [cutes]. » En 1238, amortissement accordé au<br />

chapître par Pierre le Queux, chevalier, <strong>de</strong> trois maisons<br />

« qu'Etienne <strong>de</strong> Sottemont tenait <strong>de</strong> lui en fief sur <strong>la</strong> route,<br />

« près le fossé <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, hors <strong>la</strong> porte du marché », et dont<br />

une était habitée par « Morel le Juif ». En 1275, Pierre le<br />

Queux donne à Saint-Rieul 12 <strong>de</strong>niers parisis et 2 chapons <strong>de</strong>


ente sur une maison située à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce où l'on vend les écuelles<br />

« in foro ubi scutel<strong>la</strong>e venduntur ». En 1283, porte du marché.<br />

En 1304, i<strong>de</strong>m. En 1331, « maison auprès <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce où l'on<br />

« a coutume <strong>de</strong> vendre les fruits les jours <strong>de</strong> samedi, à côté <strong>de</strong><br />

« Jacques du Murat. » Les le Queux et les Murat étaient-ils<br />

parents? L'on trouve en ces <strong>de</strong>ux familles <strong>de</strong>s gruyers <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> Ha<strong>la</strong>tte. En 1522, « p<strong>la</strong>ce du dit marché aux<br />

« samedis où on souloit vendre les porées », porée, purea ou<br />

porea, herbe potagère 1<br />

. L'on vendait, d'après ces documents, à<br />

<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> Creil, <strong>de</strong>s fruits, <strong>de</strong>s légumes, <strong>de</strong>s outils en bois, etc.<br />

1<br />

Afforty, III, 1263; V, 2229, 2273; VII, 3491, 3512; XII, 7731, 730; XV, 67,<br />

262, où Chartes du maire Pierre et <strong>de</strong> l'évêque Geoffroy au sujet <strong>de</strong> <strong>la</strong> halle<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> draperie et d'une p<strong>la</strong>ce vendue par Raoul le Queux entre <strong>la</strong> maison<br />

<strong>de</strong> Regnier <strong>de</strong> <strong>la</strong> P<strong>la</strong>ce et <strong>la</strong> vigne appelée Rateville en 1213; 574, 885, 886;<br />

XVI, 183 en 1275 ; XVII, 675.<br />

2<br />

La locution aux Sabmedis indique le jour où le marché<br />

avait lieu.<br />

Lorsque <strong>la</strong> ville eut obtenu <strong>de</strong> Charles IX (1571) trois<br />

foires franches <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux jours, les lundis d'après le premier<br />

dimanche <strong>de</strong> carême, d'après <strong>la</strong> Saint-Jean-Baptiste et d'après<br />

<strong>la</strong> Sainte-Luce 2<br />

, <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Creil fut désignée comme l'endroit<br />

réservé au commerce <strong>de</strong>s bestiaux, d'où aux environs les noms<br />

peu nobles <strong>de</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cochonnerie, porte aux pourceaux,<br />

etc.<br />

2. La p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> Creil reçut fréquemment l'appel<strong>la</strong>tion attris­<br />

tante <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce au pilori : « Marché aux Samedis <strong>de</strong>vant le<br />

« pillory (1503) », parce que le pilori qui a disparu <strong>de</strong> notre<br />

régime pénal, dressait jadis en cet endroit, au milieu <strong>de</strong>s mul­<br />

titu<strong>de</strong>s que les affaires et <strong>la</strong> curiosité surtout amenaient, ses<br />

tristes machines « afin que d'ores en avant chascun y prenist<br />

« exemple ». Son histoire serait tristement monotone. C'étaient<br />

tantôt <strong>la</strong> mère <strong>de</strong> Jeanne Harvilliers, <strong>de</strong> Verberie, qui était<br />

brûlée (1528); tantôt Gilles l'Admiral (27 octobre 1532), le<br />

Archives <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, HH, 7. 8. 9. — Afforty, VII, 3921; XXIV, 269,<br />

Y 17


plâtrier Pierre Palle, Guil<strong>la</strong>ume Chauvin (était-il <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille<br />

<strong>de</strong> Calvin?) et Jean Goujon, clerc du procureur, qui expiaient<br />

(1534, 6 décembre 1562) dans les supplices leur attachement<br />

à <strong>la</strong> prétendue réforme <strong>de</strong> Genève, tantôt une voleuse <strong>de</strong><br />

Saint-Nico<strong>la</strong>s qui était battue <strong>de</strong> verges, « piloriée par<br />

« trois jours » et bannie à perpétuité (1558) ; tantôt trente-<br />

neuf <strong>de</strong>s conspirateurs <strong>de</strong> l'Esca<strong>la</strong><strong>de</strong> (4 juillet 1590) qui payaient<br />

leur attachement excessif à <strong>la</strong> Ligue, tandis que les royalistes<br />

murmuraient leur couplet :<br />

1<br />

Afforty, VIII, 3971 en 1659 ; IX, 5904; XXV, 768. — Mallet, p. 50, 58.<br />

2<br />

Adieu, ligueux, ligueux<br />

Vous n'êtes que trompeux,<br />

Vous êtes <strong>de</strong> pauvres bêtes :<br />

Vos biens seront perdus<br />

Et vous serez pendus<br />

Pour avoir été traîtres ;<br />

tantôt un jeune ouvrier orfèvre venu <strong>de</strong> Paris pour assassiner<br />

le roi qui était pendu (25 mai 1591) et son corps tiré à quatre<br />

quartiers aux portes <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville ; tantôt Jeanne Petit, voleuse<br />

<strong>de</strong> l'avoine du chapitre qui était mise au carcan une heure et<br />

condamnée à 13 écus et un tiers d'amen<strong>de</strong> (1598) 1<br />

.<br />

« Nous avons » écrit maistre Charles Vizet « lieutenant<br />

« assesseur et premier conseiller au bailliage et siége présidial<br />

« <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> », dans un registre trop court <strong>de</strong> son administration,<br />

« nous avons fait mettre le carcan qui estoit proche les bou-<br />

« cheries, à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> Creil 2<br />

. » Les amateurs qui voudront<br />

faire plus ample connaissance avec <strong>la</strong> famille <strong>de</strong>s Vizet, trou­<br />

veront en Afforty sa généalogie à côté <strong>de</strong> celles <strong>de</strong>s Cornoaille,<br />

<strong>de</strong>s <strong>la</strong> Fosse, <strong>de</strong>s Mazerat, <strong>de</strong> Truyart <strong>de</strong> Chantereine 3<br />

, etc.<br />

C'est aussi à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> Creil (18 et 21 mars 1782) que les<br />

Afforty, IX, 4871 ; XXIII, 103.<br />

3<br />

Afforty : Cornoaille, X, 4660, 4773, 4803, 4851, 4878, 4904, 5076, 5495,<br />

5650; <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fosse, IX, 4653; Mazerat, Truyart, IX, 4649,4662, 4665; X, 4863.


trois misérables qui avaient assassiné, rue du Chat-Héret, leur<br />

parent Louis <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fosse, chanoine <strong>de</strong> Notre-Dame, et ses <strong>de</strong>ux<br />

domestiques, furent roués vifs 1<br />

.<br />

1<br />

2<br />

« Messieurs les trésoriers <strong>de</strong> France, » rapporte un annaliste<br />

chrétien, « avaient ordonné qu'on y dressât une gran<strong>de</strong><br />

« croix 2<br />

. » C'était rappeler aux coupables frappés par <strong>la</strong><br />

justice <strong>de</strong>s hommes que « si un <strong>la</strong>rron a trouvé le salut, il ne<br />

« faut point désespérer. »<br />

3. Cette p<strong>la</strong>ce avait eu dans son passé plus d'un jour joyeux.<br />

Les confrères « souloient y jouer » au grand ébahissement <strong>de</strong><br />

mille curieux « les mystères <strong>de</strong> <strong>la</strong> Passion, <strong>de</strong> l'hostie sacrée<br />

« et <strong>de</strong> Saint-Roch. » Une assemblée du dix juillet 1485<br />

réunie au comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> Jean Sanguin, Jean le Coq, etc.,<br />

décida une assiette « <strong>de</strong> 300 livres tournois tant pour <strong>la</strong> taille<br />

« que pour <strong>partie</strong> <strong>de</strong>s frais faits pour les Echaffauts <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« Passion que <strong>la</strong> ville a prins et achetez 3<br />

. » — « Quelques<br />

« habitants ayant l'intention <strong>de</strong> jouer le mystère <strong>de</strong> l'hostie<br />

« sacrée, le sous-chantre et maître Légier visiteront ce jeu<br />

« (2 septembre 1501). » C'était <strong>la</strong> censure théâtrale d'alors. —<br />

Autorisation accordée à Jean <strong>de</strong> <strong>la</strong> Motte, Pierre <strong>de</strong> Bray et<br />

« autres compagnons <strong>de</strong> jouer sans insolences » <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> saint<br />

Roch (mars 1527).<br />

Registre <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroisse Sainte-Geneviève. - Broisse, 130.<br />

Afforty, V, 2652 : « Toisé du 17 may 1628 ».<br />

3<br />

Comptes <strong>de</strong> 1522. — Afforty, II, 1085 : Extrait du cartu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville<br />

<strong>de</strong> 1459 à 1491. Afforty a copié II, 1076 et suiv. <strong>de</strong>s extraits <strong>de</strong><br />

cartu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> 1404 à 1610; VIII, 4521 : Assiette <strong>de</strong> 1485. — Dom Grenier,<br />

t. XIV, 97 : « quem intendunt nonnulli lu<strong>de</strong>re (1501). » — L'on<br />

trouvera passim <strong>de</strong>s traits <strong>de</strong> ce genre qui ai<strong>de</strong>ront à reconstituer <strong>la</strong> physionomie<br />

vraie <strong>de</strong> nos pères et leur amour du drame : à Noyon (1475), le<br />

chapitre permet aux chanoines et chape<strong>la</strong>ins <strong>de</strong> se mêler aux bourgeois<br />

pour représenter <strong>la</strong> Passion et fournit le bois nécessaire avec 5 tournois; —<br />

(1478, 30 mars), les enfants <strong>de</strong> chœur jouent dans <strong>la</strong> cour <strong>de</strong> l'Evêché le<br />

Mystère <strong>de</strong> l'Annonciation et empruntent les joyaux <strong>de</strong>s béguines. — Au<br />

commencement du règne d'Henri II, on représente <strong>la</strong> Passion dans <strong>la</strong><br />

croisée <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> Verberie. Dom Grenier, ibid. — Curiosités historiques<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Picardie, par Charles Desmaze, années 1501, 1514, 1533.


Dans cette époque où le génie français s'acheminait <strong>de</strong>s<br />

représentations sacrées (mysterium, miraculum) vers <strong>de</strong>s<br />

scènes plus libres, il n'existait point <strong>de</strong> théâtres fixes; on dres­<br />

sait à <strong>la</strong> hâte un échafaud tremb<strong>la</strong>nt sur lequel les confrères ou<br />

<strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> chœur paradaient, vêtus d'emprunt et artistes<br />

d'occasion.<br />

4. Plus tard, Henri IV, quittant <strong>la</strong> maison seigneuriale <strong>de</strong><br />

Saint-Péravy (mai 1591), venait sur cette p<strong>la</strong>ce courir <strong>la</strong><br />

bague avec Madame d'Angoulême, Ma<strong>de</strong>moiselle d'Estrées et<br />

sa plus bruyante noblesse. Jacques Germain, secrétaire du<br />

roi, y recevait dans son magnifique hôtel (25 septembre 1608)<br />

le duc <strong>de</strong> Mantoue et les princes, aidé dans les mille soins <strong>de</strong><br />

l'hospitalité « par <strong>de</strong>s archers choisis » et, dit Tremb<strong>la</strong>y, « par<br />

« les jeunes <strong>de</strong>moiselles <strong>de</strong>s familles distinguées. » Les senli-<br />

siens du bon vieux temps s'y réunissaient, le 3 juin 1625, les<br />

échevins portant <strong>de</strong>s torches, les cinquante arquebusiers roya­<br />

listes éta<strong>la</strong>nt au soleil leur habit écar<strong>la</strong>te, les boëtes faisant<br />

grand fracas, <strong>la</strong> foule encombrant les remparts <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, pour<br />

aller au-<strong>de</strong>vant <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière fille <strong>de</strong> France, mariée au roi<br />

d'Angleterre. Louis XVIII, c'était le 4 juillet 1815, y logeait<br />

chez Madame <strong>de</strong> Rainvillers (maison <strong>de</strong> M. Frémont) tandis<br />

que le duc <strong>de</strong> Berry honorait <strong>la</strong> <strong>de</strong>meure du maire,<br />

M. Turquet 1<br />

. Aujourd'hui le silence <strong>de</strong> ces lieux n'est guère<br />

troublé que par le bruit que font quelques enfants dans leurs<br />

jeux, et ces fêtes qui jetaient sur <strong>Senlis</strong> un noble reflet <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

cour ont fait p<strong>la</strong>ce à un <strong>de</strong>mi-sommeil.<br />

5. Puits. En 1533, dit Jaulnay, « l'assemblée <strong>de</strong> ville<br />

« déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> faire un puits, rue du marché au samedi, dit<br />

1<br />

Arch. <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. CC, 102, f° 12, en 1609;— Jaulnay, 637 à 640. —<br />

Afforty,XII, 7583 : Réception du duc <strong>de</strong> Mantoue : Assemblée <strong>de</strong> l'ordonnance<br />

[ordre] <strong>de</strong> M re<br />

Louis <strong>de</strong> Montmorency pour régler les détails <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

réception, — résolutions prises, — noms <strong>de</strong>s archers mis au service du duc,<br />

— son arrivée ce jour même, 25 sept., à cinq heures du soir, etc. 7770. —<br />

Broisse, 84, 85, 178. — Tremb<strong>la</strong>y, 291.


« puits neuf. » C'était un <strong>de</strong>s puits publics <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville,<br />

lesquels étaient les puits Notre-Dame, Saint-Hi<strong>la</strong>ire, Saint-<br />

Rieul, du cimetière Saint-Rieul, Saint-Sanctin, Saint-Nico<strong>la</strong>s,<br />

<strong>de</strong> Faigne, <strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine Saint-Gilles, <strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine Roissant,<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> rue aux Fromages 1<br />

.<br />

1<br />

2<br />

Les puits étaient d'une haute importance à une époque où<br />

les villes mal coupées, couvertes en <strong>partie</strong> d'édifices en bois,<br />

privées <strong>de</strong> cette utile institution à <strong>la</strong>quelle l'aimable M. Broisse<br />

a consacré sa muse :<br />

« Parlons <strong>de</strong> nos pompiers, intrépi<strong>de</strong> milice;<br />

« C'est à leur dévouement qu'il faut rendre justice, etc.»<br />

connaissaient fréquemment les effrois <strong>de</strong> l'incendie.<br />

Les comptes <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville renferment plus d'un détail <strong>de</strong> ce<br />

genre : « La veuve Nico<strong>la</strong>s Asselin refuse <strong>de</strong>puis huit ou dix<br />

« jours (1552) <strong>de</strong> fournir au puits neuf, cor<strong>de</strong>s, sceaulx et<br />

« chesnes 2<br />

Afforty, XII, 7336.<br />

Afforty, XII, 7741.<br />

»; <strong>la</strong> veuve Pierre le Cocq, sa voisine, n'agira-t-<br />

elle pas <strong>de</strong> même pour <strong>la</strong> « <strong>la</strong>nterne et <strong>la</strong> chan<strong>de</strong>lle » ? Le con­<br />

seil avisera.<br />

6. Hôtels principaux. Voulez-vous réveiller par l'imagina­<br />

tion le <strong>Senlis</strong> pittoresque du XVI e<br />

siècle? La p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> Creil<br />

offrira à votre curiosité « <strong>la</strong> maison appelée les piliers » pro­<br />

bablement à cause <strong>de</strong>s piliers en bois ou en pierre qui ména­<br />

geaient un auvent le long <strong>de</strong> son rez-<strong>de</strong>-chaussée et soutenaient<br />

l'arca<strong>de</strong> trilobée du premier étage, « tenant... d'autre part à <strong>la</strong><br />

« rue <strong>de</strong>s Gastellets » ; — « l'hostel <strong>de</strong> <strong>la</strong> chausse (chaussée)<br />

« <strong>de</strong>vant le pillory faisant le coing pour aller à <strong>la</strong> porte <strong>de</strong><br />

« Creil (1447, 1449, 1553, 1623) »; — le coq ou coq d'in<strong>de</strong><br />

(1701); les murs <strong>de</strong> <strong>la</strong> chausse l'enfermaient; — « le soufflet,<br />

« faisant le coing <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce aux Samedis vers <strong>la</strong> fosse aux<br />

« asnes pour aller <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> ruelle à <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Creil


« (1559) »; — « une maison tenant au marché aux Samedis<br />

« tenant d'une part à l'ostel du soufflet et d'aultre part à<br />

« Flourent <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye aboutant par <strong>de</strong>rrière aux murs <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« cité (1508) 1<br />

1<br />

». — Voir Beauvais.<br />

7. Nous avons déjà salué parmi les notables qui illustrèrent<br />

ce quartier, les l'Orfèvre : « 1402. Jean l'Orfèvre, mari <strong>de</strong> dame<br />

« Elize Macquille » possè<strong>de</strong> « un certain manoir séant à<br />

« <strong>Senlis</strong> en <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce ou l'on vend le grain aux sabmedis, tenant<br />

« d'une part aux fossés <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville et d'autre part aux halles<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> Draperie »; — « 1486. .. <strong>de</strong>s ayant cause M e<br />

Henry<br />

« <strong>de</strong> Marle pour leur maison au marché ou samedy qui fut<br />

« Jean <strong>de</strong> Chambly 2<br />

».<br />

Cette famille est trop considérable pour que je n'ai<strong>de</strong> pas,<br />

autant que les documents locaux me le permettront, à recons­<br />

tituer sa généalogie.<br />

1234. Raoul l'Orfèvre. — Vers 1240. Un Pierre l'Orfèvre.<br />

— 1253. Adam l'Orfèvre. — 1275. Jean l'Orfèvre, chate<strong>la</strong>in <strong>de</strong><br />

Pont-Sainte-Maxence, père <strong>de</strong> Jean et <strong>de</strong> Pierre, vend à Saint-<br />

Maurice les bois dits Percebot, dans <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> Ha<strong>la</strong>tte. —<br />

1276. Robert dit « Aurifaber » possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s vignes, etc. auprès<br />

<strong>de</strong>s moulins du Roi 3<br />

.<br />

1309-1312. Jacques l'Orfèvre. — 1311. Jean l'Orfèvre. —<br />

1320. Raoul l'Orfèvre, bourgeois <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, et Aelips, sa<br />

femme. — Vers 1340. Simon l'Orfèvre. — 1345. Pierre<br />

l'Orfèvre, fils <strong>de</strong> Jean l'Orfèvre, filleul <strong>de</strong> Pierre l'Orfèvre et<br />

<strong>de</strong> Jeanne l'abbesse, sa tante; — sa tombe 4<br />

.<br />

Comptes <strong>de</strong> 1508, p, 41. — Censier <strong>de</strong> Saint-Vincent. — Afforty, XI,<br />

7139; XIX, 222; XXI, 399; XXIV, 662.<br />

2 Afforty, XX, 103 ; XXII, 487 : Compte <strong>de</strong> l'office <strong>de</strong> prévost <strong>de</strong> l'église<br />

<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>.<br />

3<br />

Afforty, II, 883, 897; III, 1153 en 1276; IV, 1987 et suiv. où les <strong>de</strong><br />

Chambly; XVI, 192, 224.<br />

4<br />

Afforty, III, 1162; XVIII, 124, 329, 376, 617. — Actes du Parlement <strong>de</strong><br />

Paris : où n° 3780, Jean l'Orfèvre en 1311 ; n° 5513, Pierre l'Orfèvre,


maire <strong>de</strong> Compiègne en 1318; n os<br />

6424, 6799 et 7454, Isabelle <strong>de</strong> Bourgogne,<br />

veuve <strong>de</strong> Pierre <strong>de</strong> Chambly le jeune, dit le Prudhomme, seigneur <strong>de</strong><br />

Viarmes (1321), père <strong>de</strong> Pierre, etc.; n os<br />

7535, 7679, 7707 et 7800, Marguerite<br />

<strong>de</strong> Chambly, jadis dame <strong>de</strong> Ronquerolle, <strong>de</strong> Crouy, etc., Pierre, Louis<br />

et Jean <strong>de</strong> Chambly (1324).<br />

1<br />

1347. Jean le Dru, dit l'Orfèvre, qui épousa Jeanne <strong>de</strong> Saint-<br />

Vincent et Galeran l'Orfèvre, chanoine semi-prébendé dont<br />

Afforty nous a conservé le testament daté <strong>de</strong> 1391. — Jean le<br />

Dru eut, entre autres enfants, Raoul, qui se maria à Chambly<br />

et fut père <strong>de</strong> Jean l'Orfèvre et <strong>de</strong> Raoul l'Orfèvre, chanoine<br />

<strong>de</strong> Saint-Rieul, et grand-père <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong> Chambly<br />

1358, 1361, 1380. Pierre l'Orfèvre, doyen <strong>de</strong> Notre-Dame,<br />

fon<strong>de</strong> (1380) les chapelles <strong>de</strong> Notre-Dame et <strong>de</strong> Saint-Jean-<br />

Baptiste et l'autel Sainte-Catherine. — 1358. Thomas l'Orfèvre<br />

possè<strong>de</strong> une maison rue <strong>de</strong>s moulins jumeaux. — 1364, 1396.<br />

Denis ou Denisot l'Orfèvre, <strong>de</strong>meurant à La Chapelle-en-<br />

Serval, « Roue... par <strong>de</strong>rrière les Changes tenant à <strong>la</strong><br />

« rue <strong>de</strong> <strong>de</strong>rrière les mailles, aboutant par <strong>de</strong>rrière à<br />

« Denys l'Orfèvre. » — 1366. Pierre l'Orfèvre, conseiller au<br />

Parlement. Est-ce le Pierre que nous mentionnons infra à <strong>la</strong><br />

date <strong>de</strong> 1400? — 1366. Un testament (27 juin 1366) <strong>de</strong> Jeanne<br />

l'Orfèvre, femme <strong>de</strong> Robert le Chat l'Aisné, nous dit que son<br />

père et sa mère furent ensépulturés « <strong>de</strong>hors l'église Saint-<br />

« Agnan, <strong>de</strong>vant le maistre huis. » Il y est parlé <strong>de</strong> Jean<br />

l'Orfèvre. — 1367. Tombe à Saint-Rieul d'Alips l'Orfèvre,<br />

fille <strong>de</strong> Marie... et femme <strong>de</strong> Raoul l'Orfèvre 2<br />

.<br />

1374, 1375, 1380. Raoul l'Orfèvre, fils <strong>de</strong> Jean le Dru et<br />

frère <strong>de</strong> Jean l'Orfèvre (voir supra, année 1347), chanoine et<br />

bienfaiteur <strong>de</strong> Notre-Dame et <strong>de</strong> Saint-Rieul, fondateur au<br />

collège du cardinal le Moine (1400) d'une bourse pour un<br />

enfant <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille l'Orfèvre ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> « habile<br />

Afforty, II, 872;III, 1162; XVIII, 295, 297; XIX, 508.<br />

2<br />

Afforty, II, 581 en 1362 : Pierre l'Orfèvre, official; 600 en 1399, le<br />

même cité; III, 1162 en 1374, 1163, Denis l'Orfèvre, <strong>de</strong>meurant à <strong>la</strong> Chapelle<br />

en Serval en 1396; IX, 4731 ; XVIII. 106, 422, 611, 793; XIX, 288, 423;<br />

XX, 142.


« à apprendre à l'école », ensépulturé à Saint-Rieul. « A <strong>la</strong><br />

porte d'entrée du cimetière Saint-Rieul, dit Afforty, l'on<br />

aperçoit <strong>de</strong>ux figures, l'une <strong>de</strong> saint Rieul en évêque, l'autre<br />

d'un chanoine auprès <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle ces lignes sont écrites et<br />

gravées sur <strong>la</strong> pierre : « C'est <strong>la</strong> figure <strong>de</strong> M e<br />

Raoul l'orfèvre,<br />

« chanoine <strong>de</strong> Saint-Rieulx; <strong>de</strong> ses biens est fait cest œuvre et<br />

« c francs donnés à l'œuvre <strong>de</strong> cette église et plusieurs biens<br />

« donnés aux pauvres, priez pour same obiit. 1380. » Les ar­<br />

moiries ont un grand écusson à l'antique dans lequel en est un<br />

autre plus petit à une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> gueule chargée <strong>de</strong> trois enclumes<br />

d'argent brochant sur le tout. — P<strong>la</strong>que <strong>de</strong> Raoul au chœur<br />

<strong>de</strong> Notre-Dame dont il a payé le catholicon 1<br />

.<br />

1380. Michellet l'Orfèvre <strong>de</strong> Pont. — 1385, 1387, 1392,<br />

1395,1399, etc. Jean l'Orfèvre, appelé <strong>de</strong> Chambly, où il s'était<br />

marié avec Regnaul<strong>de</strong> <strong>de</strong> Pacy, écuyer, héritier du chanoine<br />

Raoul (1400), a écrit un testament (1412) intéressant où il est<br />

dit qu'il <strong>de</strong>meure à <strong>Senlis</strong>, possè<strong>de</strong> une maison rue Saint-<br />

Aignan <strong>de</strong>vant les Maillets, choisit sa sépulture <strong>de</strong>vant<br />

l'autel Saint-Jean-Baptiste <strong>de</strong> Saint-Aignan, interdit tout<br />

past funéraire le jour <strong>de</strong> sa sépulture, <strong>la</strong>isse à l'église<br />

Saint-Vast <strong>de</strong> Beauvais..., et lègue « à l'église Notre-Dame<br />

« <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> pour mettre en <strong>la</strong> librairie [bibliothèque] sa bible<br />

« couverte <strong>de</strong> cuir b<strong>la</strong>nc à <strong>de</strong>ux ais et un fermoir <strong>de</strong> <strong>la</strong>iton. »<br />

Est-ce le Jean l'Orfèvre « écuyer, lieutenant général du<br />

« bailly, etc., » dont un acte <strong>de</strong> 1380 amène le nom? —<br />

Go<strong>de</strong>froy l'Orfèvre, frère <strong>de</strong> Jean l'Orfèvre. — Vers 1385.<br />

Jeanne l'Orfèvre, veuve <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong> Chalons et femme <strong>de</strong><br />

Thomas <strong>de</strong> <strong>la</strong> Lan<strong>de</strong> <strong>de</strong> Boutry, écuyer. —Valentine l'Orfèvre,<br />

femme <strong>de</strong> Jean Girard, sieur <strong>de</strong> Bazoge. — 1389, 1400, 1402.<br />

Pierre, fils <strong>de</strong> Jean l'Orfèvre, frère <strong>de</strong> Regnauld, conseiller du<br />

1<br />

Afforty, III, 1162, 1168; VII, 3916, où Tombe <strong>de</strong> Raoul à Saint-Rieul:<br />

VIII, 4761, où sceau <strong>de</strong> Raoul; XVIII, 108 en 1375; XIX, 283; XX, 25, où<br />

Testament <strong>de</strong> Raoul l'Orfèvre ; XXIII, 886 : P<strong>la</strong>que <strong>de</strong> Raoul l'Orfèvre à<br />

Notre-Dame.


— 265 —<br />

roi et chancelier du duc d'Orléans, chevalier, mari <strong>de</strong> Jeanne<br />

<strong>de</strong> Sens « Johanna <strong>de</strong> Senonis », père <strong>de</strong> Pierre l'Orfèvre,<br />

nommé dans le testament (1400) du chanoine Raoul « son ami »,<br />

restaurateur <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle Sainte-Catherine « quam <strong>de</strong> novo<br />

« aedificare fecit », mort avant 1413. Jeanne <strong>de</strong> Sens vivait<br />

encore en 1426. Un traité <strong>de</strong> droit civil manuscrit que Deslions<br />

a vu dans <strong>la</strong> bibliothèque du chapitre portait, dit le savant<br />

doyen, à son frontispice une note <strong>la</strong>tine : Anno 1389, etc., que<br />

je traduis : « Le 12 janvier 1389 naquit Pierre l'Orfèvre, mon<br />

« fils, <strong>de</strong> Jeanne <strong>de</strong> Sens, ma femme, <strong>la</strong>quelle était fille <strong>de</strong> sei-<br />

« gneur Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Sens, premier prési<strong>de</strong>nt au parlement<br />

« royal. Il fut levé <strong>de</strong>s fonts du baptême par monseigneur<br />

« Pierre d'Orgemont, évêque <strong>de</strong> Paris, maître Jean, avocat du<br />

« seigneur notre roi au parlement et <strong>la</strong> femme <strong>de</strong> maître<br />

« Pierre. Ce livre ap<strong>partie</strong>nt à Pierre l'Orfèvre, fils <strong>de</strong> Jean<br />

« l'Orfèvre 1<br />

. »<br />

1393, 1394, 1400. Regnauld l'Orfèvre esleu à <strong>Senlis</strong>, clerc<br />

<strong>de</strong> l'Ecurie du roy..., au marché au sabmedi..., lieutenant <strong>de</strong><br />

M e<br />

François <strong>de</strong> l'Hospital, maistre et enquesteur <strong>de</strong>s eaux et<br />

forêts, eut pour enfants : Jean, boursier du collège du cardinal<br />

le Moine selon l'intention du chanoine Raoul, son parent (1400),<br />

et Marguerite l'Orfèvre (1394). — 1397, 1399. Jean l'Orfèvre,<br />

chanoine. — 1399. «... maison qui fut Denis l'Orfèvre ». Feu<br />

Denis l'Orfèvre a <strong>la</strong>issé une fille, mariée à Estienne l'Anglois<br />

(1412) 2<br />

.<br />

1413. Jean l'Orfèvre, archidiacre. Est-ce le Jean l'Orfèvre<br />

chanoine nommé supra? L'année 1418 ramenant le nom <strong>de</strong><br />

Jean l'Orfèvre, archidiacre, ajoute nuper, ce qui fait croire<br />

qu'il était alors décédé. — 1414. Défunt Jean II l'Orfèvre, ou<br />

<strong>de</strong> Chambly, fils <strong>de</strong> Jean I <strong>de</strong> Chambly, a pour héritier en<br />

<strong>partie</strong> Jean Louvet, pour une maison rue Saint-Aignan <strong>de</strong>vant<br />

1<br />

Afforty, III, 1165; XIX, 482;XX, 25, 107, 425 en 1413; 754 en 1426.<br />

2<br />

Afforty, III, 1162, 1170; VII, 3583 : Archives <strong>de</strong> l'église Saint-Pierre...<br />

Denis l'Orfèvre; 4113; XVIII, 198;XIX, 483, 571, 629; XX, 353


et à « l'opposite <strong>de</strong> l'hotel <strong>de</strong>s Maillets aboutant par <strong>de</strong>rrière<br />

« aux dames du Moncel ». Jean Louvet <strong>la</strong> vend à Pierre <strong>de</strong><br />

Normandie. Le Jean l'Orfèvre, mari <strong>de</strong> Elise Macquille, est-il<br />

Jean I ou Jean II? — 1416. Jean l'Orfèvre, prévôt <strong>de</strong><br />

Luzarches 1<br />

.<br />

1<br />

1425. De Catherine l'Orfèvre et <strong>de</strong> François <strong>de</strong> l'Hospital,<br />

chevalier, seigneur <strong>de</strong> Soisy aux Loges, conseiller et cham-<br />

bel<strong>la</strong>n du Roy,étaitnéN... qui se mariait en 1425.—1428,1430,<br />

1434, 1437, 1447. Geoffroy l'Orfèvre, écuyer, marié à Gilles<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Poul<strong>la</strong>ine, oncle <strong>de</strong> Pierre l'Orfèvre. — 1445, 1466.<br />

Damoiselle Jeanne l'Orfèvre, fille <strong>de</strong> Regnauld l'Orfèvre et<br />

d'Isabelle..., sœur <strong>de</strong> Geoffroy, veuve <strong>de</strong> M e<br />

Afforty, VIII, 4102; XVIII, 199; XX, 425, 571.<br />

Aubert <strong>de</strong> Crécy,<br />

mère <strong>de</strong> Pierre <strong>de</strong> Crécy, ancien doyen <strong>de</strong> Saint-Rieul, cha­<br />

noine <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et sous-chantre <strong>de</strong> Beauvais. « Jadis » dit un<br />

titre <strong>de</strong> 1467 « Geoffroy l'Orfèvre, oncle <strong>de</strong> Pierre <strong>de</strong> Crécy »,<br />

a cédé à <strong>de</strong>ffunt maître Jean Go<strong>de</strong>ffroy, sous-chantre et cha­<br />

noine.... Jeanne l'Orfèvre lègue en 1464 à l'église Notre-Dame<br />

« un certain joyau d'argent doré en forme <strong>de</strong> miroir sur <strong>la</strong> face<br />

« adverse duquel est peinte une image <strong>de</strong> saint Jean 2<br />

. »<br />

1458, 1467. Jean l'Orfèvre et Pierre, son frère, ont<br />

<strong>de</strong>s querelles avec l'abbaye <strong>de</strong> Chaalis. Les dates <strong>de</strong> 1458 et <strong>de</strong><br />

1467 ramènent Jean l'Orfèvre. — 1458. Jean l'Orfèvre, prési­<br />

<strong>de</strong>nt du Luxembourg, l'un <strong>de</strong>s procureurs du duc <strong>de</strong> Bour­<br />

gogne, harangua, le 14 septembre, le roy <strong>de</strong> <strong>la</strong> part du duc, son<br />

maître, en faveur du duc d'Alençon. — « Jean l'Orfèvre »,<br />

écrit le roi Charles V en 1467, « Jean l'Orfèvre, frère <strong>de</strong> notre<br />

« amé et féal conseiller et maistre <strong>de</strong> <strong>la</strong> chambre <strong>de</strong> nos<br />

« comptes maistre Pierre l'Orfèvre, seigneur d'Ermenonville,<br />

« meu <strong>de</strong> mauvais couraige et inique volonté » a suscité <strong>de</strong>s<br />

ennuis à Chaalis. Le nom <strong>de</strong> Pierre l'Orfèvre est intimement lié<br />

à l'histoire <strong>de</strong> Pont : « Pierre l'Orfèvre, » raconte un chroni-<br />

2<br />

Afforty, III, 1163, 1164, 1165, 1170; IX, 4786; XXI, 144, 314, 791, où<br />

Testament <strong>de</strong> Pierre <strong>de</strong> Crécy.


queur <strong>de</strong> l'endroit, « Pierre l'Orfèvre (1464), seigneur d'Er-<br />

« menonville, gouverneur <strong>de</strong> Pont, etc., n'était point dans<br />

« cette ville lorsque le seigneur <strong>de</strong> Haut-Bourdin, bâtard <strong>de</strong>s<br />

« comtes <strong>de</strong> Saint-Paul, vint en prendre possession au nom du<br />

« comte <strong>de</strong> Charo<strong>la</strong>is. Un vieil homme d'armes, nommé Madré<br />

« ou Madrery, qui défendait ce passage, se <strong>la</strong>issa corrompre<br />

« par <strong>de</strong> l'or. Le comte <strong>de</strong> Charo<strong>la</strong>is y arriva à son tour le 28<br />

« juin 1464, pour aller le len<strong>de</strong>main camper à Baron,<br />

« tourna <strong>Senlis</strong> et campa <strong>de</strong>vant Saint-Denys. Pont-Sainte-<br />

« Maxence fut reprise par les capitaines <strong>de</strong> Compiègne, <strong>de</strong><br />

« Mouy, <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, <strong>de</strong> Creil, <strong>de</strong> Clermont, <strong>de</strong> Crépy, etc. Le<br />

« roy y envoya Pierre l'Orfèvre en défendre surtout le pont,<br />

« à peine d'en répondre (24 juillet 1465) 1<br />

.» — Inutile d'in­<br />

sister sur l'influence considérable que possè<strong>de</strong> auprès <strong>de</strong>s sou­<br />

verains <strong>la</strong> famille <strong>de</strong>s l'Orfèvre. Il serait trop long <strong>de</strong> recher­<br />

cher ici quels services dans les finances, les armées et les<br />

conseils, l'ont élevée à cette situation exceptionnelle <strong>de</strong><br />

seigneurs d'Ermenonville après les Bouteilliers et les Lorris, et<br />

<strong>de</strong> chate<strong>la</strong>ins <strong>de</strong> Pont.<br />

1<br />

Afforty, XI, 6023 : Extrait <strong>de</strong> l'Hist. chronol. <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Pont-Sainte-<br />

Maxence, à Paris, chez Bastard, rue Saint-Jacques, 1764; XXI, 597, 793 en<br />

1467.<br />

2<br />

1484. Mariage <strong>de</strong> Jeanne l'Orfèvre d'Ermenonville avec<br />

Pierre <strong>de</strong> Cérisay, prési<strong>de</strong>nt à <strong>la</strong> cour <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s. Ils furent en­<br />

terrés à Saint-Germain-d'Auxerre, dont Nico<strong>la</strong>s III, frère <strong>de</strong><br />

Pierre, était doyen. — 1486. Jean l'Orfèvre, écuyer, seigneur<br />

<strong>de</strong> Pont 2<br />

. Est-ce Jean, frère <strong>de</strong> Pierre (1458)?<br />

1492. Pierre l'Orfèvre, écuyer « mineur d'âge » est dis­<br />

pensé <strong>de</strong> prêter foi et hommage à Guil<strong>la</strong>ume, seigneur <strong>de</strong> Mont­<br />

morency et <strong>de</strong> Chantilly « pour le fief <strong>de</strong> <strong>la</strong> chastellenie <strong>de</strong><br />

« Pont-Saincte-Maxence. » La date <strong>de</strong> 1506 ramènera son<br />

nom. — 1494. Noble homme Pierre l'Orfèvre, d'Ermenonville<br />

et <strong>de</strong> Pontarmé « <strong>de</strong> Ponte Hermeri », conseiller chambel<strong>la</strong>n<br />

Gall. chr., VII, 267 ;IX, 4866. — Afforty, XXII, 483.


du Roy, maître ordinaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour <strong>de</strong>s comptes, fait un com­<br />

promis intéressant avec Chaalis 1<br />

.<br />

1<br />

Afforty, XII, 628, 678-680 : Compromis entre Pierre l'Orfèvre et<br />

Chaalis sur plusieurs différends.<br />

2<br />

Vers 1520. Bertrand l'Orfèvre, seigneur d'Ermenonville et<br />

<strong>de</strong> Pontharmé, conseiller du roi, maître en <strong>la</strong> chambre <strong>de</strong>s<br />

comptes, marié à Valentine Lhuillier <strong>de</strong> Manicamp, qui est<br />

dite sa veuve en 1532. Jeanne l'Orfèvre, leur fille, dame <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Mothe Jousserand, veuve le 3 juillet 1556 <strong>de</strong> Charles <strong>de</strong><br />

l'Hospital, seigneur <strong>de</strong> Vitry. — Gilles le Dru et Charles<br />

l'Orfèvre, chanoine (1573). — Gilles du Fay, mari d'Y<strong>de</strong><br />

l'Orfèvre, et Jean <strong>de</strong> Pipemont, seigneur <strong>de</strong> Croix, mari <strong>de</strong><br />

Marie l'Orfèvre, chate<strong>la</strong>ins <strong>de</strong> Pont. Par eux <strong>la</strong> chatellenie <strong>de</strong><br />

Pont passa aux Crussol, aux d'Uzès et à Louis César, duc <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Vallière. — Anne l'Orfèvre d'Ermenonville, femme <strong>de</strong> François<br />

Christophe <strong>de</strong>s Ursins, baron <strong>de</strong> Trainel. — Sa tombe en 1561 2<br />

»,<br />

Pierre l'Orfèvre, conseiller au parlement en 1366, portait<br />

« suivant B<strong>la</strong>nchard, « d'or à l'écusson <strong>de</strong> sable à <strong>la</strong> cotice <strong>de</strong><br />

« gueule brochant sur le tout. »<br />

La famille l'Orfèvre était alliée aux Ballengny ou Ba<strong>la</strong>gny,<br />

aux Saint-Vincent, aux Louvet.<br />

8. Un aboutissant, cité plus haut à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> 1508, men­<br />

tionne un Florent <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye. Les <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye étaient aussi une<br />

<strong>de</strong>s vieilles familles <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. Une pierre <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> Creil<br />

désigne « Jehan <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye, procureur du roy en <strong>la</strong> ville et<br />

« chastellenye <strong>de</strong> Creeilg, bienffaicteur <strong>de</strong> lesglize (6 sept.<br />

« 1547). » — Un Philippe <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye est avocat et gou­<br />

verneur à <strong>Senlis</strong> (1572). — Pierre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye, avocat du roi<br />

à <strong>Senlis</strong>, avait épousé Jeanne le Féron, fille d'Antoine le Féron<br />

(1629) et <strong>de</strong> Suzanne Poulletier. — François <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye,<br />

avocat, avait pour femme Marie Vizet (1650). — Y a-t-il quel­<br />

que parenté entre les <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et Jean <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye,<br />

Afforty, IX, 4866; XI, 3804, 5877, 6025; XXIV, 120; XXV, 218.


valet <strong>de</strong> chambre <strong>de</strong> Marguerite d'Angoulême, reine <strong>de</strong> Navarre,<br />

sœur <strong>de</strong> François I er<br />

, femme du duc d'Alençon, puis d'Henri<br />

d'Albret (24 janvier 1527), avec Jean <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye, orfèvre 1<br />

. ?<br />

9. Porte. Tout près, étaient <strong>la</strong> porte du marché : « porta<br />

« fori (1238) » ou « porta mercati » : « ...maison in via supra<br />

« fossatum extra portam mercati silvanectensis (1261, 1274);»<br />

— « <strong>de</strong> foro silvanectensi (1271, 1283, 1304, 1341) » ; — <strong>de</strong><br />

Saint-Nico<strong>la</strong>s « porta Sancti Nico<strong>la</strong>i » parce qu'elle ouvrait<br />

<strong>la</strong> route vers le prieuré <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s; — ou <strong>de</strong> Creil, avec<br />

son système redoutable <strong>de</strong> fortifications 2<br />

.<br />

1<br />

Afforty, XI, 5937, 7139; XXV, 160. — Gaz. <strong>de</strong>s Beaux-Arts, 1861, p. 97,<br />

176.<br />

2<br />

Arch. <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, HH. — Afforty, I, 112; V, 2496 : Vente par Pierre<br />

Coquus miles, <strong>de</strong> cens sur <strong>la</strong> terre d'Aimery Alutaire tenant aux fossés <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

ville en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte du marché <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. Haimerici Allutarii, etc. en<br />

1274: XVI, 60 : Bail à vie fait <strong>de</strong> maisons, clos et étal à drapperie, par les<br />

religieux <strong>de</strong> Chaalis (1270), où... maison située entre <strong>la</strong> ruelle <strong>de</strong>s Arsisies<br />

« <strong>de</strong> Arsisies », maison dans le vitel « in vitello, halle <strong>de</strong>s drappiers, etc. »;<br />

121 en 1273... Petrus, dictus coquus, miles; XVIII, 184.<br />

3<br />

Censier <strong>de</strong> Saint-Vincent. — Afforty, XV, 7155 en 1708. où topographie<br />

du champ du marché; XXIV, 140; XXV,48 en 1547 — Tremb<strong>la</strong>y, p. 80.<br />

4<br />

En <strong>de</strong>hors, suivaient <strong>la</strong> maison d'Albéric le Gastellier don­<br />

nant sur <strong>la</strong> route <strong>de</strong> Creil « portam <strong>de</strong> foro silvanectensi <strong>de</strong>-<br />

« super domum Alberici Gastel<strong>la</strong>rii contiguam vie Credulensi<br />

« (1271) », — les arènes, — un moulin à vent (vers 1546), —<br />

le champ du marché et les Marmouzets (1533), — le Clos <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Muette, — l'endroit sur <strong>la</strong> route <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s où une<br />

truye qui avait dévoré à <strong>de</strong>mi une enfant (7 mars 1567) « fut<br />

« pendue » selon une forme <strong>de</strong> procédure très ancienne « par<br />

« l'exécuteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> haute justice 3<br />

», — <strong>la</strong> Gatelière, — <strong>la</strong><br />

Ma<strong>la</strong>drerie <strong>de</strong> Gournay, — le prieuré <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s,<br />

fondé par les Bouteilliers, etc., etc.<br />

Des voies antiques, dont notre patient investigateur, l'abbé<br />

Cau<strong>de</strong>l, étudie les directions vraies, s'entrecroisent en ces<br />

parages pour mettre en re<strong>la</strong>tions <strong>Senlis</strong> avec le camp romain <strong>de</strong><br />

Gouvieux 4<br />

: « aliis tractanda relinquo ».<br />

Afforty, XI, 7026 et 7028, où camp <strong>de</strong> César à Gouvieux.


LXIX. — * CROISSANT (Rue du).<br />

Un titre <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle Parmatin <strong>de</strong> 1432 fait mémoire<br />

d'une rue du Croissant. — Voir rues Becquetelle et du<br />

Châtel.<br />

La chapelle Parmatin est une chapelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale que<br />

Isabelle <strong>de</strong> Hainaut, femme <strong>de</strong> Philippe-Auguste, lors retirée<br />

à <strong>Senlis</strong> (1184) avait érigée sous le vocable <strong>de</strong> Saint-Sulpice<br />

(évêque <strong>de</strong> Bourges au VI e<br />

siècle, 17 et 29 janvier) et que Jean<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte et Agnès sa femme achevèrent <strong>de</strong> doter (1223,<br />

1363), à <strong>la</strong> condition qu'un chape<strong>la</strong>in y dirait une messe<br />

<strong>de</strong> l'Aurore appelée Parmatin, <strong>de</strong> part-matin, disent Afforty et<br />

Graves 1<br />

.<br />

Je ne puis résister au p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong> citer ici, puisque le nom<br />

d'Isabelle <strong>de</strong> Hainaut, fille <strong>de</strong> Baudouin IV le Courageux et<br />

<strong>de</strong> Marguerite <strong>de</strong> F<strong>la</strong>ndres, nièce <strong>de</strong> Philippe d'Alsace, sœur<br />

<strong>de</strong> Baudouin et Henri, empereurs <strong>de</strong> Constantinople, etc., ap­<br />

paraît <strong>de</strong> nouveau dans cette monographie, <strong>de</strong> rapporter ici ce<br />

qu'en ont écrit les vieux chroniqueurs :<br />

« Isabelle ayant été dé<strong>la</strong>issée (1184) par le roi, à l'instiga-<br />

« tion <strong>de</strong> quelques barons qui étaient animés <strong>de</strong> jalousie contre<br />

« Baudouin <strong>de</strong> F<strong>la</strong>ndre, eut recours au seigneur et montra<br />

« une telle dévotion à l'égard <strong>de</strong> <strong>la</strong> mère <strong>de</strong> Dieu, et une con-<br />

« trition si humble qu'elle arrachait presque <strong>de</strong>s <strong>la</strong>rmes à tous<br />

« ceux qui <strong>la</strong> voyaient. Car s'avançant nu-pieds à travers les<br />

« p<strong>la</strong>ces <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité et portant en mains <strong>de</strong>s cierges et distri-<br />

« buant <strong>la</strong>rgement <strong>de</strong>s aumônes à tous les indigents, elle entra<br />

« dans l'église <strong>de</strong> <strong>la</strong> bienheureuse mère <strong>de</strong> Dieu où elle pria<br />

« longtemps et le même jour nourrit avec abondance tous les<br />

« pauvres <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité, les servant elle-même. Le Roi et tous les<br />

« grands du royaume, apprenant cette conduite, furent émus<br />

1<br />

Afforty, XXI, Titres <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chapelle Parmatin, p. 629 en 1438, 1459,<br />

1639 ; XIV, 812 : Fondation <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Reine Elisabeth [Isabelle]<br />

alors (1190) morte , en présence <strong>de</strong> Gui le Bouteillier.


« <strong>de</strong> compassion et renoncèrent à leur <strong>de</strong>ssein [<strong>de</strong> divorce]. »<br />

Philippe-Auguste avait appris qu'un concile réuni à Soissons<br />

al<strong>la</strong>it le condamner ; il prévint <strong>la</strong> décision <strong>de</strong>s pères, al<strong>la</strong> <strong>de</strong><br />

son propre mouvement à <strong>Senlis</strong> et reprit sa femme qu'il em­<br />

porta en croupe sur son cheval 1<br />

.<br />

1<br />

Spicil., t. IX, p. 490. — Afforty, XIV, 706.<br />

2<br />

LXX. — * CROIX (Les Filles ou Religieuses <strong>de</strong> <strong>la</strong>)<br />

furent appelées à <strong>Senlis</strong>, le 2 juillet 1695, par le célèbre Jean<br />

Deslions, doyen du chapitre <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale qui leur donna<br />

« vingt une mines <strong>de</strong> blé méteil à prendre sur le territoire <strong>de</strong><br />

« Brasseuse 2<br />

Afforty, XVIII.<br />

», et dotées <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison qu'elles occupaient, rue<br />

<strong>de</strong> l'Autre-Mon<strong>de</strong>, le 10 août 1727, par M. Mallet, conseiller au<br />

parlement. Ces religieuses étaient vouées à l'enseignement.<br />

Leur établissement avait excité d'abord une gran<strong>de</strong> opposi­<br />

tion dans le conseil <strong>de</strong> ville : « Il est venu » dit le rapporteur<br />

Adrien Dufresnoy (1700) « il est venu <strong>de</strong>meurer dans <strong>la</strong> ville<br />

« <strong>de</strong>ux filles dittes <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix qui se sont ingérées <strong>de</strong> tenir<br />

« escolles et prendre pensionnaires et se sont p<strong>la</strong>cées au milieu<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville dans une gran<strong>de</strong> maison à <strong>la</strong>quelle tient une cha-<br />

« pelle <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle elles ont <strong>la</strong> clef. » Le rapporteur conclut<br />

qu'elles sont inutiles et même nuisibles, puisque « <strong>la</strong> maison<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> Présentation compte <strong>de</strong> 60 à 80 religieuses <strong>de</strong> chœur »,<br />

— « que plus d'un tiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville est occupé par <strong>de</strong>s commu-<br />

« nautés religieuses qui ont démoli les habitations <strong>de</strong>s parti-<br />

« culiers », — et qu'elles font <strong>de</strong>s quêtes sour<strong>de</strong>s aux dépens<br />

<strong>de</strong>s pauvres.<br />

Nous trouvons mentionnées dans un Tableau indicatif <strong>de</strong>s<br />

principales autoritès ecclésiastiques, civiles et militaires et<br />

<strong>de</strong>s établissements publics <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> que le gouverneur <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong> fit dresser en 1760 et que M. Victor Tremb<strong>la</strong>y a copié<br />

scrupuleusement.


Jean Deslions, le fondateur à <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong>s Filles <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix,<br />

était né à Pontoise, en 1615, étudia <strong>de</strong> bonne heure à Paris,<br />

fut nommé doyen du chapître <strong>de</strong> notre cathédrale le 11 sep­<br />

tembre 1638, reçut le bonnet <strong>de</strong> docteur le 5 juin 1640, <strong>de</strong>vint<br />

l'un <strong>de</strong>s hommes du XVII e<br />

siècle les plus versés dans <strong>la</strong> connais­<br />

sance <strong>de</strong>s antiquités et du droit ecclésiastique, composa un<br />

grand nombre d'ouvrages (Voir Notre-Dame) où l'on aimerait,<br />

à côté d'une vaste érudition, un style plus châtié, fut retranché<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> faculté et société <strong>de</strong> Sorbonne pour avoir refusé <strong>de</strong> sous­<br />

crire à <strong>la</strong> condamnation du janséniste Arnauld, abdiqua en 1692<br />

en faveur <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Bragelongne un décanat dont ses infirmités<br />

ne lui permettaient plus <strong>de</strong> remplir les fonctions, mourut le 26<br />

mars 1700, mérita par sa vertu, malheureusement entachée <strong>de</strong><br />

jansénisme, que le chapitre invitât tous les collèges <strong>de</strong> <strong>la</strong> pro­<br />

vince <strong>de</strong> Rheims à ses funérailles, et fut inhumé dans <strong>la</strong> cha­<br />

pelle <strong>de</strong>s saints Gervais et Prothais, qu'il avait fait réparer en<br />

1671 l<br />

.<br />

L'on cite parmi les ouvrages <strong>de</strong> Deslions, Enlèvement <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Vierge par les Anges (1659), — Discours ecclésiastique<br />

contre le Paganisme du Roi boit et du Roi <strong>de</strong> <strong>la</strong> fève (1664),<br />

— Traités singuliers et nouveaux contre le Paganisme du<br />

Roi boit (1670), — De Sancti Reguli historia et adventu in<br />

Gallias dissertatio (1672) imprimé dans le Gallia christiana,<br />

—Episto<strong>la</strong> ad Hadrianum Valesium <strong>de</strong> origine Silvanectum<br />

(1675), ibid., — Ec<strong>la</strong>ircissements <strong>de</strong> l'ancien droit <strong>de</strong><br />

l'Evêque et <strong>de</strong> l'Eglise <strong>de</strong> Paris sur Pontoise, etc. (1694),<br />

— Lettre ecclésiastique sur <strong>la</strong> Sépulture <strong>de</strong>s Prêtres (1662),<br />

— Epître apologétique pour le jeûne <strong>de</strong> <strong>la</strong> veille <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pente­<br />

côte à M. l'Evêque <strong>de</strong> Chartres.<br />

Afforty, qui fut comme son élève, nous a conservé dans sa<br />

1<br />

Afforty. III, 1371 : Lettre écrite aux chapitres <strong>de</strong> <strong>la</strong> province <strong>de</strong> Reims<br />

pour leur faire part <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> M re<br />

Jean Deslions; 1579 : Lettre à M. <strong>de</strong><br />

Valois sur l'origine <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, avec réponse <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Valois; IX, 5205; x,<br />

5697-5728, 5771-5801.


compi<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s notes considérables <strong>de</strong> Deslions que notre<br />

excellent confrère, M. Am. Margry, doit à bon droit mettre en<br />

lumière : « Antiqua et selecta Ecclesiae Silvanectensis monu-<br />

menta 1<br />

», avec <strong>de</strong>s extraits jusqu'ici inconnus, <strong>de</strong> notes intimes<br />

qui achèveront <strong>de</strong> peindre <strong>la</strong> physionomie <strong>de</strong> l'austère doyen.<br />

LXXI. - CROIX.<br />

Voici les principales croix ou monjoies, monts <strong>de</strong> joie, mons<br />

gaudii, comme un historien <strong>de</strong> Paris, Guillebert <strong>de</strong> Metz, les<br />

appe<strong>la</strong>it, que signalent nos titres anciens :<br />

1. Belle-Croix (1478) près du Gué <strong>de</strong> Creil 2<br />

.<br />

2. Croix b<strong>la</strong>nche, au carrefour Vitel (1574), <strong>de</strong>vant le<br />

perron <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> <strong>la</strong> Charité 3<br />

.<br />

3. Croix brisée, « ...à Saint-Martin, <strong>de</strong>hors <strong>Senlis</strong> emprès<br />

« <strong>la</strong> croix brisée ou lieu dit le marché aux boisseaux, tenant<br />

« au chemin qui va à Neuf-Moulin (moulin-neuf) (1395), » —<br />

Autre croix brisée « sur le chemin qui mène <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> à l'Our-<br />

« meau <strong>de</strong> Chaalis (1531)...hors <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Meaux, au chemin<br />

« qui mène à <strong>la</strong> fontaine Jacquet (1569) 4<br />

». Cette croix s'ap­<br />

pelle aujourd'hui Jean Spère, du nom <strong>de</strong> son restaurateur. Il<br />

1<br />

Voir sur Deslions : Afforty, III, 66, 222, 1371 ; IX. — Dom Grenier, t.<br />

CLXV, 228. — Graves, où <strong>la</strong> nomenc<strong>la</strong>ture <strong>de</strong> quelques-uns <strong>de</strong> ses ouvrages<br />

et son épitaphe, p. 148. — Com. arch., I, XVIII, XXXIII, 21, et 2 e<br />

série, t. I,<br />

XX, XXIII; t. III, 35, où un article très intéressant <strong>de</strong> mon ami et confrère,<br />

l'abbé A. Vattier, sur le sermon <strong>de</strong> Deslions : l'Enlèvement <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vierge.<br />

2<br />

3<br />

Afforty, XXII, 261.<br />

Afforty, VI, 3363, 3395.<br />

4<br />

Vaultier, 43. — Afforty, III, 1152, 1549; V, 2552: « Bail à Maître Jean le<br />

« Bel, conseiller du Roy, du droit <strong>de</strong> pêche appartenant à <strong>la</strong> dicte ville dans<br />

« <strong>la</strong> nouvelle rivière, <strong>de</strong>puis le moulin <strong>de</strong> Villemétrie exclusivement jus -<br />

« qu'au moulin <strong>de</strong> Saint-Etienne aussy exclusivement... et dans <strong>la</strong> nouvelle<br />

« rivière <strong>de</strong>puis le pont Turpin jusqu'au pont Jumel .. pour l'établissement<br />

« d'une quatrième c<strong>la</strong>sse au collège <strong>de</strong> cette ville »; en 1656, suivent d'autres<br />

bails; XI, 7138; XII, 7331; XXV, 94, 7331.<br />

V 18


est parlé à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> 1629 « <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix <strong>de</strong> Fer, <strong>de</strong>s-<br />

« cendant à <strong>la</strong> poterne, d'un pont nouvellement bâti hors <strong>la</strong><br />

« porte <strong>de</strong> Meaux appelé le pont Jumé », Gemé, Gemer (1522),<br />

Gemel, Gemeaux.<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4<br />

Afforty, XXI, 556.<br />

Afforty, XIX, 71 ; XXII, 378.<br />

Afforty, XVIII, 146, 162.<br />

Afforty, XXI, 556.<br />

5<br />

Afforty, III, 1162; XVI, 196 : Donation faite à Saint-Frambourg par Pierre<br />

le Queux <strong>de</strong> Rieu, chevalier, « apud crucem Rogeri dicti Morel juxta viam<br />

« qua itur <strong>de</strong> Silvanecto apud Prioratum Sancti Nicho<strong>la</strong>i super Honetam<br />

« en 1275 »; 623 en 1292 : fontaine d'Araines; XVII, 745, en 1334; XXII, 482<br />

en 1486 ; XXIV, 674, 1553.<br />

6<br />

4. Croix <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ma<strong>la</strong>drerie <strong>de</strong> Gournay, près <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gate-<br />

lière et d'un hôtel <strong>de</strong> feu Guy <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tour (1455) 1<br />

.<br />

5. Croix <strong>de</strong>s Ardillières « en champaigne, tenant d'une<br />

« part au grand chemin <strong>de</strong> Montlévêque 2<br />

près <strong>de</strong> Valgencheuse.<br />

Afforty, XXIV, 769,XXV, 76, 88,<br />

» (1369, 1482),<br />

6. Croix <strong>de</strong> Villemétrie (1340) : « Trois arpents <strong>de</strong> vignes<br />

« à Saint-Vincent sur le chemin <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> auprès <strong>de</strong> Mons<br />

« (Mont-l'Evêque), <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> croix <strong>de</strong> Villemétrie 3<br />

. »<br />

7. Croix du Gué <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s (1455) 4<br />

.<br />

8. Croix Roger Morel « prope crucem Rogeri dicti<br />

« Morel » (1275,1292), « tenant au chemin <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s<br />

« et au chemin <strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine d'Araines » (1379) 5<br />

. A côté était<br />

le clos <strong>de</strong>s chapel<strong>la</strong>ins, appartenant aux chapel<strong>la</strong>ins <strong>de</strong> Notre-<br />

Dame et <strong>de</strong> Saint-Jean l'Evangéliste (1522). Roger était-il <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> famille du bailli et poëte Deschamps, dit Morel? L'histoire<br />

<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> amènera plus tard les noms <strong>de</strong> Jean Morel (1506),<br />

— <strong>de</strong> Gilles Deschamps, mé<strong>de</strong>cin (1557), — <strong>de</strong> noble homme<br />

Louis Deschamps, dit Morel, écuyer, seigneur <strong>de</strong> Crécy, lequel<br />

possédait un pré à Saint-Nico<strong>la</strong>s (1568),—d'Emmery Deschamps,<br />

dit Morel, qui tenait le fief <strong>de</strong> Longueau (1569), — <strong>de</strong> Nico<strong>la</strong>s<br />

Deschamps, son frère, « <strong>de</strong>ffunt seigneur <strong>de</strong> Mauvinez 6<br />

. » —<br />

Voir Bellon.


9. Croix Saint-Gilles. L'archidiacre Jacques du Change<br />

lègue (1358) pour l'obit « <strong>de</strong> ses très chers père et mère<br />

« Jacques du Change et Havoise et l'insertion <strong>de</strong> leurs noms<br />

« dans le martyrologe <strong>de</strong> Notre-Dame 17 sols 6 <strong>de</strong>niers parisis<br />

« sur une pièce <strong>de</strong> terre sise ad crucem sancti Egidii 1<br />

. » Ce<br />

martyrologe ou nécrologe est une liste <strong>de</strong> bienfaiteurs défunts<br />

que le chapitre gardait soigneusement au milieu <strong>de</strong> ses plus<br />

précieuses archives; certains noms <strong>de</strong> personnages insignes,<br />

princes, évêques, etc., étaient inscrits par les clercs au<br />

memento <strong>de</strong> <strong>la</strong> messe.<br />

Messire Jean Postel, doyen <strong>de</strong> Saint-Frambourg, a <strong>la</strong>issé un<br />

très intéressant testament du 10 avril 1407 par lequel, entre<br />

autres dons faits à Saint-Léger d'Agnetz, aux bons hommes, à<br />

<strong>la</strong> maison-Dieu, à « <strong>la</strong> confrérie Notre-Dame du Châtel « confra-<br />

« trie Beatae Mariae <strong>de</strong> Castro 2<br />

», il <strong>la</strong>isse à Saint-Frambourg<br />

un <strong>de</strong>mi arpent <strong>de</strong> vigne « ad crucem sancti Egidii. »<br />

<strong>Senlis</strong>, outre <strong>la</strong> croix Saint-Gilles, avait une fontaine sous<br />

le même vocable. Quelle est <strong>la</strong> raison <strong>de</strong> ce culte spécial<br />

accordé dans notre ville au solitaire du Languedoc (1 er<br />

tembre) ?<br />

sep-<br />

« Cinq quartiers <strong>de</strong> terre près <strong>la</strong> croix Saint-Gilles, au lieu<br />

« dit le clos Henry (1522), tenant d'une part aux marguilliers<br />

« <strong>de</strong> Saint-Agnan, et d'autre part au chemyn du p<strong>la</strong>stre,<br />

« aboutant d'ung bout au chemyn <strong>de</strong> Meaux... 3<br />

10. Croix Sottemont. « Le lundi <strong>de</strong>s rogations, » dit l'or­<br />

dinaire ou livre d'office <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> « le clergé et le<br />

1<br />

Afforty, XVII, 609 vers 1302; XVIII, 604 : Voir testament <strong>de</strong> Jacques<br />

du Change : sa tombe est déjà préparée. Distributions. Legs à Jacques le<br />

Gruyer, son filleul, Henri du Change, son neveu, <strong>de</strong> sa maison « retro<br />

« cambia » à <strong>la</strong> condition <strong>de</strong> donner à Saint-Aignan » quartam cibi »<br />

dont elle est re<strong>de</strong>vable ; coupes d'érable « <strong>de</strong> madro. » Renaud <strong>de</strong> Saint-<br />

Vincent est aussi son neveu.<br />

2<br />

Afforty, XX, 205-208 ; XXII, 589 en 1491 : Obligation aux marguilliers<br />

<strong>de</strong> l'église d'Agnetz <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong> livres l'église.<br />

3<br />

Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 129.<br />

»


« peuple fidèle étant assemblés <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> dite croix <strong>de</strong> Sotte-<br />

« mont, — <strong>de</strong> Stultomonte, — le curé <strong>de</strong> Notre-Dame fera les<br />

« prières accoutumées pour <strong>la</strong> conservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité, etc.<br />

« (1633) 1<br />

. »<br />

La croix n'était point à nos pères un spectacle odieux. Ils<br />

aimaient l'arborer à l'angle <strong>de</strong>s chemins comme au secret<br />

mystérieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison, pour trouver dans sa protection <strong>la</strong><br />

lumière vraie <strong>de</strong> <strong>la</strong> pensée et <strong>la</strong> force <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie : In cruce<br />

salus!<br />

LXXII. — EAUX ET FORÊTS.<br />

L'administration <strong>de</strong>s eaux et forêts comprenait un grand-<br />

maître, un maître-particulier, un lieutenant, un procureur du<br />

roi, un gar<strong>de</strong>-marteau, un greffier, etc. L'audience se tenait le<br />

lundi matin, au château. En 1786, le maître-particulier était<br />

M. <strong>de</strong> Lorme, chevalier <strong>de</strong> l'ordre royal et militaire <strong>de</strong> Saint-<br />

Louis, capitaine perpétuel <strong>de</strong> <strong>la</strong> compagnie royale <strong>de</strong> l'arque­<br />

buse, lequel <strong>de</strong>meurait « rue basse Saint-Aignan » et fut <strong>la</strong><br />

cause involontaire, par sa rigidité, <strong>de</strong>s fureurs et du crime <strong>de</strong><br />

Billon. Le lieutenant était M. Durand <strong>de</strong> Versigni ; il habitait<br />

rue <strong>de</strong> l'Autre-Mon<strong>de</strong>.<br />

Voir au chapitre Ha<strong>la</strong>tte : Voyers, et en Afforty 2<br />

l'anoblisse­<br />

ment <strong>de</strong> M. C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> <strong>de</strong> Martine, <strong>de</strong> M. René <strong>de</strong> Martine, maître-<br />

particulier <strong>de</strong>s eaux et forêts du bailliage <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> (1576), le<br />

mariage <strong>de</strong> C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> <strong>de</strong> Martine, écuyer, seigneur <strong>de</strong> Bailleval,<br />

Bétencourt, Saint-Nico<strong>la</strong>s, etc., fils <strong>de</strong> C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> <strong>de</strong> Martine et<br />

<strong>de</strong> Marie Pajot, avec Isabelle le Lièvre (1584), le baptême à<br />

l'église Saint-Rieul (20 février 1593) <strong>de</strong> Marguerite, fille <strong>de</strong><br />

François <strong>de</strong> <strong>la</strong> Grange, receveur <strong>de</strong>s tailles en l'élection <strong>de</strong><br />

1 Afforty, VII, 3841.<br />

2<br />

Afforty, VIII, 4045-4063, où Lettres <strong>de</strong> noblesse à M. C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> <strong>de</strong> Martine<br />

(1557); IX, 4856, 4865; XXIV, 758; XXV, 310-314, 469, 679.


Crépy, et <strong>de</strong> Marie Martine, <strong>la</strong>quelle elle-même était fille <strong>de</strong><br />

René Martine.<br />

Une étu<strong>de</strong> remarquable <strong>de</strong> M. Fautrat : Observations<br />

météorologiques faites <strong>de</strong> 1877 à 1878, à Fleurines et à Thiers,<br />

<strong>la</strong> découverte qu'il fit entreautres du temple <strong>de</strong> Ha<strong>la</strong>tte, les<br />

travaux importants qu'il exécuta dans nos forêts suffisent à<br />

démontrer que l'administration <strong>de</strong>s eaux et forêts a trouvé en­<br />

core à <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong>s représentants aussi instruits que braves<br />

<strong>de</strong>vant l'ennemi 1<br />

.<br />

LXXIII. — ECOLES.<br />

Les écoles communales sont dirigées à <strong>Senlis</strong> par <strong>de</strong>s Frères<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Doctrine chrétienne (voir Frères) et <strong>de</strong>s sœurs <strong>de</strong> Saint-<br />

Joseph <strong>de</strong> Cluny. Les écoles <strong>de</strong>s filles, installées aujourd'hui<br />

fort médiocrement dans un coin <strong>de</strong> l'ancien hôpital <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Charité, vont recevoir <strong>de</strong> <strong>la</strong> municipalité un logement plus<br />

convenable dans le quartier <strong>de</strong>s Bouteillier, <strong>de</strong>s l'Orfèvre, <strong>de</strong>s<br />

Murat.<br />

Les écoles, à <strong>Senlis</strong> comme ailleurs, n'étaient point jadis<br />

aussi négligées qu'il est coutume aujourd'hui <strong>de</strong> le déc<strong>la</strong>mer,<br />

sous le prétexte malhonnête <strong>de</strong> rehausser le présent au<br />

détriment du passé. Tandis que tel représentant, plus ou moins<br />

autorisé, du savoir, se contente <strong>de</strong> professer pour lui <strong>de</strong>s<br />

amours p<strong>la</strong>toniques ou cherche seulement dans les métho<strong>de</strong>s<br />

d'enseignement une machine <strong>de</strong> guerre contre <strong>la</strong> religion,<br />

nos aïeux payaient <strong>de</strong> leurs biens et <strong>de</strong> leurs personnes et<br />

méditaient un idéal plus vrai d'éducation. Ils comprenaient<br />

que le but <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s n'est point <strong>de</strong> charger une jeune intelli­<br />

gence d'un entassement <strong>de</strong> notions indigestes qui fatiguent <strong>la</strong><br />

mémoire aux dépens <strong>de</strong> <strong>la</strong> raison et <strong>de</strong> l'humilité, mais <strong>de</strong><br />

1<br />

Voir dans <strong>la</strong> Revue <strong>de</strong>s Deux Mon<strong>de</strong>s, année 1879, un article <strong>de</strong><br />

M. C<strong>la</strong>vé, dont il est superflu <strong>de</strong> louer <strong>la</strong> haute compétence en matière<br />

d'administration forestière.


endre l'esprit c<strong>la</strong>irvoyant, le jugement sûr, le bon sens soli<strong>de</strong>,<br />

<strong>la</strong> volonté forte, bref tout l'outil<strong>la</strong>ge moral bon pour les<br />

recherches, les travaux et les luttes <strong>de</strong>s années à venir.<br />

En 1151 environ, il existait « une école <strong>de</strong>s clercs » <strong>de</strong><br />

Notre-Dame et <strong>de</strong> Saint-Rieul; l'on y apprenait, sous <strong>la</strong><br />

direction <strong>de</strong> l'écolâtre « magister » et du sous-chantre <strong>la</strong><br />

lecture et le chant ensemble ou séparément. De cette école<br />

étaient sortis plus d'un personnage illustre : Foulques qui, <strong>de</strong><br />

clerc <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, était <strong>de</strong>venu évêque <strong>de</strong> Paris et fut en re<strong>la</strong>tions<br />

épisto<strong>la</strong>ire avec Yves <strong>de</strong> Chartres, etc. 1<br />

.<br />

1<br />

Afforty, I, 497 en 1263 : Instruire gratuitement les enfants <strong>de</strong> chœur;<br />

III, 1586, XIV, 91... « Ibi<strong>de</strong>m prohibitum est ne quis sine magistri licentia in<br />

« urbe praefata clericum docere praesumeret in legendo, vel praeter succen-<br />

« toris assensum erudiret in cantu. »<br />

2<br />

3<br />

1179. Ecoles pour les pauvres 2<br />

.<br />

1274 d'après Graves, 1279 d'après Tremb<strong>la</strong>y, 1288 d'après<br />

dom Grenier 3<br />

. Mort <strong>de</strong> Richard qui, né d'une famille pauvre <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong>, après avoir fait d'excellentes étu<strong>de</strong>s aux écoles <strong>de</strong><br />

cette ville, était <strong>de</strong>venu successivement chanoine <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />

évêque et cardinal.<br />

4<br />

1295. Robert <strong>de</strong> Murat, dont nous retrouverons le nom,<br />

dote les écoles dites « <strong>de</strong>s bons enfants. »<br />

1299 (septembre). Guy <strong>de</strong> P<strong>la</strong>illy ne confie <strong>la</strong> direction <strong>de</strong>s<br />

gran<strong>de</strong>s écoles à un licencié, Odard <strong>de</strong> Montméliand, que par<br />

une faveur particulière et une dispense 4<br />

.<br />

1334. Vast <strong>de</strong> Villers agit semb<strong>la</strong>blement à l'égard d'Yves<br />

d'Anyoc et <strong>de</strong> Pierre <strong>de</strong> Braiselve (12 août 1335), lequel n'était<br />

pas licencié, d'où dom Grenier conclut qu'au XIII e<br />

Afforty, X, 5801.<br />

Dom Grenier, t. CLXV.<br />

Afforty, I, 521; XVII, 746, 828. — Gall. chr., t. X, col. 481, Inst.<br />

siècle déjà<br />

l'épiscopat apportait une vigi<strong>la</strong>nce sérieuse au bon état <strong>de</strong>s


étu<strong>de</strong>s et procurait ainsi à <strong>la</strong> France nombre <strong>de</strong> personnages<br />

savants 1<br />

.<br />

1352. Une charte ou Règlement <strong>de</strong> Pierre <strong>de</strong> Treigny et<br />

du chapitre pour <strong>la</strong> direction <strong>de</strong>s écoles <strong>de</strong> garçons et <strong>de</strong> filles,<br />

rappelle <strong>de</strong> nouveau que leur gouvernement et surveil<strong>la</strong>nce<br />

ap<strong>partie</strong>nt surtout à l'évêque. « Jusqu'à cette date » dit ce<br />

document, « l'évêque avait eu le droit d'instituer et <strong>de</strong> révoquer<br />

« les maîtres <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s écoles, et le sous-chantre, <strong>de</strong>s droits<br />

« semb<strong>la</strong>bles sur les petites écoles. Mais plus d'un bourgeois<br />

« <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et d'une personne apte à juger ces questions nous<br />

« ayant supplié, nous et le sous-chantre, d'unir et <strong>de</strong> confondre<br />

« en une toutes les écoles <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, tant gran<strong>de</strong>s que petites,<br />

« afin que les enfants qui y affluent, se fortifient avec plus<br />

« d'ar<strong>de</strong>ur et <strong>de</strong> fruit dans <strong>la</strong> science et les bonnes mœurs,<br />

« nous avons décidé, etc.: Le maître <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s écoles y fera<br />

« sa rési<strong>de</strong>nce personnelle ; il aura un sous-maître et un portier<br />

« convenables et suffisants en savoir; l'évêque donnera l'insti-<br />

« tution ou investiture aux maîtres <strong>de</strong>s écoles <strong>de</strong> garçons, le<br />

« sous-chantre aux maîtres <strong>de</strong>s écoles <strong>de</strong> filles 2<br />

. »<br />

Pierre <strong>de</strong> Treigny « <strong>de</strong> Triniaco » — Treigny est un bourg<br />

à quelques lieues d'Auxerre — avait été d'abord père <strong>de</strong>s<br />

1<br />

Afforty, I, 543; XVII, 746. — Gall. chr., t. X, col. 489, Inst. — Dom<br />

Grenier, t. CLXV, 293.<br />

2<br />

Afforty, II, 575, 820; VII, 3896 : « Carta Petri <strong>de</strong> Triniaco Episcopi<br />

« silvanectensis et capituli ejus<strong>de</strong>m Ecclesiae pro unione scho<strong>la</strong>rum ita quod<br />

« magister scho<strong>la</strong>rum masculini sexus ab Episcopo, magister vero scho<strong>la</strong>rum<br />

« muliebris sexus a succentore instituantur... A nonnullis civibus et personis<br />

« idoneis silvanectensibus nobis et dicto succentori extitit supplicatum qua-<br />

« tenus omnes scho<strong>la</strong>s silvanectenses tam magnas quam parvas unire et in-<br />

« simul aggregare vellemus ut ferventius et fructuosius pueri ad eas con-<br />

« fluentes in scientia et moribus valerent informari, etc. » ; XVIII, 477, 575,<br />

578, 594 : « Frater Petrus <strong>de</strong> Triniaco qui fuit confessor duorum regum<br />

« Franciae, postea episcopus silvanectensis qui construi fecit majus altare<br />

« hujus conventus et jocalia plurima contulit et apud principes et barones<br />

« procuravit, tan<strong>de</strong>m <strong>de</strong> senectute bona obdormivit in Domino sepultusque<br />

« est gloriose juxta magnum altare. » (Extrait d'un ms. <strong>de</strong>s Jacobins<br />

d'Auxerre envoyé à M. Deslions par M. Vail<strong>la</strong>nt.) — Dom Grenier, supra.


Jacobins <strong>de</strong> cette ville, fut le confesseur <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux rois <strong>de</strong> France,<br />

mourut, d'après une note d'un pontifical qu'il <strong>la</strong>issa à l'église<br />

<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, en avril 1357, et reçut une sépulture convenable<br />

auprès du grand-autel qu'il avait fait construire dans son cou­<br />

vent d'Auxerre.<br />

Plus d'un détail du règlement <strong>de</strong> 1352 mérite à mon avis <strong>de</strong><br />

fixer l'attention. Il démontre que <strong>la</strong> bourgeoisie <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> pre­<br />

nait un intérêt intelligent aux questions <strong>de</strong> pédagogie, que<br />

Pierre <strong>de</strong> Treigny était un <strong>de</strong> ces esprits élevés qui aiment à<br />

s'entourer <strong>de</strong> conseils, que nos pères n'établissaient point <strong>de</strong><br />

divorce entre l'instruction et l'éducation, que <strong>Senlis</strong> était un<br />

centre <strong>de</strong> savoir.<br />

Il semblerait qu'il y eût à <strong>Senlis</strong> : 1° outre <strong>la</strong> maîtrise;<br />

2° une école <strong>de</strong>s bons enfants ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville ; 3° les petites<br />

écoles, où l'on apprenait probablement le doctrinal, le <strong>la</strong>tin,<br />

le chant, le grec, bref ce que l'on est convenu d'appeler les<br />

humanités ; 4° les gran<strong>de</strong>s écoles où les étu<strong>de</strong>s <strong>précé<strong>de</strong>nte</strong>s<br />

recevaient pour couronnement <strong>la</strong> rhétorique, <strong>la</strong> logique,<br />

l'histoire naturelle selon Pline, les autres traités <strong>de</strong> <strong>la</strong> philo­<br />

sophie, et une teinture <strong>de</strong> l'astronomie et <strong>de</strong>s sciences poli­<br />

tiques. Les collèges, avant le XVI e<br />

1<br />

Hist. <strong>de</strong> Charles VII, par l'abbé <strong>de</strong> Choisy.<br />

siècle, n'étaient, à propre­<br />

ment parler, que <strong>de</strong>s hospitium où les étudiants trouvaient un<br />

gîte et une table.<br />

1378. Le roi Charles V, qui s'était déc<strong>la</strong>ré le fondateur et<br />

protecteur du collège <strong>de</strong> maître Gervais Chrétien, son mé<strong>de</strong>cin,<br />

attribua le droit <strong>de</strong> nommer aux p<strong>la</strong>ces <strong>de</strong>s écoliers à Geoffroy<br />

le Bouteillier, <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, son premier chape<strong>la</strong>in et à ses succes­<br />

seurs, lesquels ont pris <strong>de</strong>puis le titre <strong>de</strong> grand-aumônier 1<br />

.<br />

1416. Philippe Bouart, chanoine <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, insère dans son<br />

testament <strong>de</strong> 1416 <strong>de</strong>s dispositions <strong>de</strong> ce genre que l'on<br />

retrouvera plus d'une fois dans l'histoire <strong>de</strong>s écoles <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> :<br />

« Je <strong>la</strong>isse... aux grands cholets <strong>de</strong> Paris ou jay été nourry et


« appris et ou jay eu tout le commencement <strong>de</strong> mon bien et<br />

« perfection 40 francs pour avoir un obit chacun an en leur<br />

« chapelle pour moy, pour mon père et pour ma mère et pour<br />

« tous mes amis et pour toutes les <strong>de</strong>ffaultes que j'y ai faites<br />

« et pour l'augmentation <strong>de</strong> mon obit, je <strong>la</strong>isse audit collége<br />

« <strong>de</strong> Lyra sur le nouveau testament, etc 1<br />

.<br />

1<br />

2<br />

3<br />

Inutile <strong>de</strong> faire remarquer le zèle pour l'étu<strong>de</strong> et <strong>la</strong> délica­<br />

tesse <strong>de</strong> sentiments qui se dérobent sous ces formules naïves :<br />

cette façon <strong>de</strong> comprendre l'importance <strong>de</strong> l'éducation et <strong>de</strong><br />

patronner le savoir, ne vaut-elle pas bien <strong>de</strong>s déc<strong>la</strong>mations?<br />

Le collège <strong>de</strong>s Cholets, pour lequel Bouart exprime ainsi sa<br />

vénération, est le collége que Jean <strong>de</strong> Bulles, archidiacre <strong>de</strong><br />

Caux, Evrard <strong>de</strong> Nointel, chanoine <strong>de</strong> Beauvais et d'Amiens,<br />

Girard <strong>de</strong> Saint-Just, chanoine <strong>de</strong> Beauvais, Jean <strong>de</strong> Nointel,<br />

chanoine <strong>de</strong> Thérouanne, et Aubin <strong>de</strong> Cempuis, chanoine<br />

d'Arras, fondèrent, selon les intentions <strong>de</strong> l'illustre cardinal<br />

Cholet ou <strong>de</strong> Nointel, auprès <strong>de</strong> l'église Saint-Etienne <strong>de</strong>s Grès<br />

en faveur <strong>de</strong>s étudiants <strong>de</strong>s diocèses <strong>de</strong> Beauvais et d'Amiens.<br />

<strong>Senlis</strong>, en particulier, lui <strong>de</strong>vait 150 livres données en aumônes<br />

à l'abbaye <strong>de</strong> Saint-Vincent, à Saint-Remy, à l'hôtel-Dieu et<br />

aux frères mineurs.<br />

Philippe Bouart mourut en 1443, comme une pierre appli­<br />

quée à un pilier <strong>de</strong> <strong>la</strong> nef, vers <strong>la</strong> chaire, le rapportait :<br />

« Philippe Bouart, prestre, maître es arts, jadis chantre et<br />

« chanoine <strong>de</strong> cette église qui trespassa le 7 e<br />

jour <strong>de</strong> septembre<br />

« l'an MCCCCXLIII 2<br />

. »<br />

L'on permettra <strong>de</strong> rappeler ici <strong>la</strong> disposition particulière du<br />

testament (1400) du doyen Raoul l'Orfèvre, que nous avons<br />

signalée plus haut, en faveur d'un étudiant <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille <strong>de</strong>s<br />

« Orfèvre » ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville et diocèse <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, et ce trait sem­<br />

b<strong>la</strong>ble du bailly, Messire Gilles <strong>de</strong> Rouvroy <strong>de</strong> Saint-Simon 3<br />

.<br />

Afforty, XX, 522.<br />

Afforty, XXI, 265.<br />

Afforty, XX, 25; XXII,237-242 : Testament très digne d'être lu en entier.


Testament du 20 sept. 1477 : « ... Item je veuille et ordonne<br />

« aussy que mes trois fils, c'est assavoir Guil<strong>la</strong>ume, Loys et<br />

« Anthoine soient tenus en lescolles tant et jusqu'à ce que<br />

« chacun <strong>de</strong>ux sache entendre son <strong>la</strong>tin et par espécial veuil que<br />

« le dit Guil<strong>la</strong>ume soit encore à l'escolle quatre ou cinq ans. »<br />

1<br />

1526. Artus Fillon, — lequel composa plusieurs ouvrages<br />

estimés en leur siècle, fit imprimer un bréviaire nouveau,<br />

donna une règle aux religieuses <strong>de</strong> l'Hôtel-Dieu, mourut en<br />

1526 et fut le <strong>de</strong>rnier évêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> choisi par élection,<br />

— « avoit ordonné (1526) 1<br />

Afforty, XII, 7332. — Jaulnay, p. 550.<br />

que sur le résidu <strong>de</strong> ses biens fut<br />

« prins <strong>de</strong>niers compétens pour fon<strong>de</strong>r au collège d'Harcourt,<br />

« à Paris, quatre bources pour être affectées <strong>de</strong>ux à <strong>de</strong>ux<br />

« enfants <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville dudit <strong>Senlis</strong> et les autres à <strong>de</strong>ux enfants<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Verneuil en Perche. » Le conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville,<br />

après avoir constaté qu'il « n'estoit <strong>de</strong>meuré que environ 400<br />

« livres tournois qui n'estoit <strong>la</strong> somme compétente » obtient<br />

que <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong> cette somme, soit « 200 livres, sera employée<br />

« à acheter une maison pour tenir les escoles <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville... et<br />

« a été ordonné que l'hotel et maison, qui fut et appartint<br />

« à feu M e<br />

Gallois Cornu, séant au marché aux samedis, sera<br />

« achetée pour tenir lesdites escoles (1527, 30 juin) 2<br />

. » Voir<br />

Collège 1623. Nos écoles retournent vers cet endroit <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville.<br />

1530. Legs <strong>de</strong> Pierre Légier sous-chantre et oncle <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>u­<br />

me <strong>de</strong> Vaucorbeil aux gran<strong>de</strong>s écoles <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Saint-Pierre 3<br />

.<br />

1631. L'évêque Nico<strong>la</strong>s Sanguin fon<strong>de</strong>, au milieu <strong>de</strong> diffi­<br />

cultés <strong>de</strong> tout genre, le monastère et école <strong>de</strong> <strong>la</strong> Présenta­<br />

tion, rue <strong>de</strong> Meaux 4<br />

. Voir Présentation.<br />

2<br />

Afforty, XII, 7511 : Assemblée générale du 3 déc. 1564. Délibérations<br />

sur les réparations que réc<strong>la</strong>ment les gran<strong>de</strong>s écoles ou collège ; 7514,<br />

7533 : <strong>la</strong> maison du collège « est en déca<strong>de</strong>nce » (1571); XXIII, 775: Testament<br />

<strong>de</strong> Fillon. 793,794 : Collège transporté à l'Etape au vin un siècle plus tard.<br />

3<br />

Afforty, XXI, 670.<br />

4<br />

Arch. départ., G., 622. — Afforty, VIII, 4593, 1651, Laurens, maître<br />

d'écriture.


1<br />

1630-1643. Permission accordée à Gabriel Foulon, maître-<br />

écrivain né à <strong>Senlis</strong>, d'y tenir école, etc. 1<br />

.<br />

1651. Voyage fait à Paris « pour veoir Messieurs <strong>de</strong> Sainte-<br />

« Genneviève pour les prier <strong>de</strong> prendre le collège 2<br />

. »<br />

1652. Lorsque François Testu prend possession <strong>de</strong> <strong>la</strong> charge<br />

du principa<strong>la</strong>t, il s'oblige, disent les échevins du temps, à<br />

« soigner tant l'instruction <strong>de</strong>s écolliers en <strong>la</strong> piété et relligion<br />

« catholique que lettres humaines, suivant l'intention <strong>de</strong> nos<br />

« roys..., moyennant quoy luy donnons pouvoir <strong>de</strong> prendre et<br />

« recevoir <strong>de</strong>s écoliers, dont les péres auront moyens et facultés,<br />

« les rétributions convenables à <strong>la</strong> peine qu'il prendra pour les<br />

« enseigner, et au regard <strong>de</strong>s pauvres seront instruits gratis 3<br />

. »<br />

Truyart, Pierre Laurens et autres, qui faisaient ces conven­<br />

tions, trouvaient dans leur religion et leur bon sens <strong>la</strong> solution<br />

<strong>de</strong> plus d'un embarras actuel.<br />

1658. L'année 1658 me rappelle une comédie qui faillit<br />

tourner au tragique, au collège <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. Je me permets <strong>de</strong><br />

compléter ici les notes que j'ai déjà entassées au chapitre<br />

Collège. Voici comment Charles Vizet raconte le fait, avec une<br />

chaleur d'intonation qui trahit une colère encore mal en­<br />

dormie 3<br />

:<br />

« Le jeudy <strong>de</strong>rnier jour <strong>de</strong> février 1658, les échevins, ayans<br />

« etez conviés par le principal du collège nommé M e<br />

François<br />

« Testu, d'assister à une tragicomédie <strong>la</strong>tine et à une comédie<br />

« française qui se <strong>de</strong>vait jouer par ses écoliers, dans <strong>la</strong> cha-<br />

« pelle du dit collège, et nous y étans transportez avec les<br />

« trois autres échevins assistés d'un officier <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, à trois<br />

« heures et <strong>de</strong>my, suivant l'heure portée et affixée,le principal<br />

« nous auroit dit qu'on avoit forcé les portes et qu'il n'y avoit<br />

« point <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce, ce qui nous auroit obligé <strong>de</strong> monter par <strong>de</strong>ssus<br />

Afforty, VII, 3961.<br />

2<br />

Afforty, VII, 3944, 3960; XXV, 229, année 1573, où p<strong>la</strong>intes contre<br />

l'administration du collège.<br />

3<br />

Afforty, IX, 4872.


« le théatre par une fenêtre du jardin, ou estans, sur quelque<br />

« bruit et quelque sifflement qui se seroit fait par <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>ce,<br />

« nous aurions pris <strong>la</strong> parolle et dit hautement qu'il n'y avoit<br />

« point à rire pour tout le mon<strong>de</strong> et que si les echevins n'avoient<br />

« leurs p<strong>la</strong>ces, qu'on ne joueroit pas ce jour là et à l'instant<br />

« M r<br />

le lieutenant général qui etoit présent seroit sorty <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« chapelle et ensuite tous les assistans, et les écoliers repré-<br />

« sentèrent <strong>de</strong> notre consentement le len<strong>de</strong>main dans <strong>la</strong> salle<br />

« du chasteau, ou nous assistames pour y avoir fait porter <strong>de</strong>s<br />

« chaises <strong>de</strong> l'hotel <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. » A <strong>la</strong> marge : « nota que M r<br />

le<br />

« lieutenant général dit comme en colère : Je vous quitte ma<br />

« p<strong>la</strong>ce, et sortit <strong>la</strong> <strong>de</strong>ssus. »<br />

1676. Cette date amène un conflit entre l'évêque et le conseil<br />

<strong>de</strong> ville. « De tout temps », dit le rédacteur d'une requête qui<br />

en énumère les motifs, « le collège est administré par un prin-<br />

« cipal et <strong>de</strong>ux régents », lesquels vivent <strong>de</strong>s rétributions <strong>de</strong><br />

quelques élèves plus aisés et <strong>de</strong>s revenus d'une prében<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

cathédrale. Ce sont les maire et échevins qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt à<br />

l'Université <strong>de</strong> Paris ces régents et qui, après présentation<br />

faite à l'évêque, les mettent en possession <strong>de</strong> leur chaire.<br />

Or, Nico<strong>la</strong>s Boileau, curé <strong>de</strong> Versigny, ayant cédé <strong>la</strong><br />

p<strong>la</strong>ce à François Testu, et Testu lui-même vou<strong>la</strong>nt se retirer,<br />

l'évêque a formé le <strong>de</strong>ssein d'unir le collège au séminaire com­<br />

posé <strong>de</strong> prêtres <strong>de</strong> <strong>la</strong> Congrégation <strong>de</strong> Valence; les échevins<br />

envoient donc quelques-uns du conseil à Livry pour exprimer à<br />

l'évêque leurs p<strong>la</strong>intes : 1° Le séminaire n'a été consenti en<br />

1664, qu'à <strong>la</strong> condition que le nouvel établissement se renfer­<br />

merait dans les règles <strong>de</strong> son institution; 2° « Les dits mission-<br />

« naires n'ont l'expérience ny <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> d'instruire les en-<br />

« fants, » parlent le français <strong>de</strong> leur pays qui est le Dauphiné<br />

et <strong>la</strong> Provence. Les missionnaires Grenon et le Sueur pourront-<br />

ils conserver au collège sa vieille réputation car « les écoliers<br />

« sortans du collège <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> ont étez capables <strong>de</strong> <strong>la</strong> philoso-<br />

« phie dans l'Université <strong>de</strong> Paris jusqu'à présent » ? L'évêque


épond que Grenon est <strong>de</strong>stituable ad nutum, que les mission­<br />

naires sont instruits... 1<br />

.<br />

1727. Le conseil <strong>de</strong> ville accor<strong>de</strong> à Rouyer <strong>de</strong> succé<strong>de</strong>r au<br />

principal Robert Liégeard, à <strong>la</strong> condition d'avoir <strong>de</strong>ux régents<br />

avec lui et « d'enseigner les pauvres gratis 2<br />

. »<br />

Lorsque <strong>la</strong> Révolution arriva, elle trouva à <strong>Senlis</strong> une acti­<br />

vité intellectuelle que l'esprit religieux et l'habitu<strong>de</strong> du respect<br />

protégèrent longtemps contre les utopies et les excès <strong>de</strong> 93.<br />

Le cahier <strong>de</strong>s doléances <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, daté du 24 février 1789,<br />

sollicite une dotation <strong>de</strong> 6,000 livres pour le collège. L'époque<br />

qui suivit est trop rapprochée <strong>de</strong> nous pour que nous puissions<br />

ici <strong>la</strong> juger froi<strong>de</strong>ment.<br />

Aujourd'hui, les Frères et les sœurs <strong>de</strong> Saint-Joseph <strong>de</strong><br />

Cluny, fidèles à ces belles traditions et stimulés par l'esprit <strong>de</strong><br />

dévouement qu'ils puisent dans <strong>la</strong> foi chrétienne, continuent à<br />

<strong>Senlis</strong> cette gran<strong>de</strong> œuvre du savoir popu<strong>la</strong>ire et, ce qui est<br />

plus important encore, <strong>de</strong> l'éducation. Si le mon<strong>de</strong> paie trop<br />

souvent d'oubli, d'ingratitu<strong>de</strong>, même <strong>de</strong> mépris, leurs saintes<br />

fatigues, qu'ils se rappellent <strong>la</strong> parole <strong>de</strong>s livres inspirés :<br />

« Ceux qui instruiront » à <strong>la</strong> façon que Dieu le veut « les mul-<br />

« titu<strong>de</strong>s, brilleront dans <strong>de</strong> perpétuelles éternités 3<br />

1<br />

Afforty, VII, 3941, 3947. Voir encore 3969 et 3978, où existence d'une<br />

quatrième c<strong>la</strong>sse au collège, revenus <strong>de</strong>s marais communs affectés au<br />

collège, etc.<br />

2<br />

Afforty, XI, 7176.<br />

3<br />

LXXIV. — ÉGYPTIENNES (Carrefour <strong>de</strong>s).<br />

A l'entrée <strong>de</strong> <strong>la</strong> route <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> à Meaux, où les saltim­<br />

banques fixent volontiers leurs habitations rou<strong>la</strong>ntes et leur<br />

cuisine..<br />

« En <strong>la</strong> rue Saint-Syphorien,<br />

Qui erudierint multos, in perpetuas aeternitates c<strong>la</strong>rescent.<br />

».


1<br />

Fabliaux <strong>de</strong> Méon : le dit <strong>de</strong>s rues <strong>de</strong> Paris.<br />

2<br />

Afforty, VII, 2894, 70, 72, XI, 5904; 7731, 7732; XII. — L'on<br />

pourra lire dans <strong>la</strong> Démonomanie <strong>de</strong>s sorciers <strong>de</strong> Jean Bodin d'Angers,<br />

procureur du roi à Laon, l'histoire <strong>de</strong> Jeanne Harvilliers, <strong>de</strong> Verberie (1528<br />

à 1578), sorcière, empoisonneuse.<br />

3<br />

Afforty, X, 5237.<br />

« Ou maignent (<strong>de</strong>meurent) li Logiptien »<br />

c'est-à-dire les diseurs <strong>de</strong> bonne aventure 1<br />

.<br />

En 1283, nous avons déjà rencontré leurs sinistres figures<br />

au chapitre du Beffroi, les sorcières Eu<strong>de</strong>line et Maret, sa<br />

fille, épouvantent <strong>la</strong> ville 2<br />

.<br />

En 1418, le clergé <strong>de</strong> <strong>la</strong> province <strong>de</strong> Reims se cotise et<br />

fournit <strong>de</strong> l'argent au bailly <strong>de</strong> Vermandois afin qu'il chasse les<br />

sorciers auxquels l'imagination popu<strong>la</strong>ire attribuait alors <strong>la</strong><br />

famine.<br />

En 1528, <strong>la</strong> mère <strong>de</strong> <strong>la</strong> sorcière Jeanne Harvilliers, <strong>la</strong> cé­<br />

lèbre empoisonneuse <strong>de</strong> Verberie, est brûlée, après avoir<br />

été durement piloriée, au milieu <strong>de</strong>s chants lugubres <strong>de</strong>s clercs<br />

et <strong>de</strong>s malédictions <strong>de</strong> <strong>la</strong> foule.<br />

1641, 30 mai. — « Loys » raconte le curé <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> Cha­<br />

mant dans <strong>de</strong>s registres paroissiaux pleins d'intérêt, « Loys,<br />

« fils du sieur Jean Jérosme, capitaine Boemien, Egyptien, ut<br />

« aïunt, et <strong>de</strong> Françoise <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gran, âgé d'un an,a reçu les<br />

« cérémonies omises en son baptême fait à Chastelleraud et a<br />

« été nommé Loys par hault et puissant messire Loys <strong>de</strong> Saint-<br />

« Symon, seigneur <strong>de</strong> Rasse 3<br />

».<br />

C'est au carrefour <strong>de</strong>s Egyptiennes (maison <strong>de</strong> M. Laurens <strong>de</strong><br />

Waru, puis <strong>de</strong> M me<br />

<strong>de</strong> Parseval) que <strong>de</strong>meura, après l'abbé <strong>de</strong><br />

Malézieux, Dubus-Préville (Pierre-Louis), célèbre acteur du<br />

Théâtre français, pensionnaire du roi, directeur <strong>de</strong> l'école<br />

<strong>de</strong> déc<strong>la</strong>mation, membre <strong>de</strong> l'Institut, l'un <strong>de</strong>s fondateurs <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Société phi<strong>la</strong>nthropique <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, membre du Comité perma­<br />

nent <strong>de</strong> 1789, etc., avant d'aller mourir, aveugle et affaibli


d'intelligence, à Beauvais, chez sa fille, madame Guédon,<br />

femme du payeur-général (18 décembre 1800).<br />

Dubus était né à Paris, le 17 septembre 1721, rue <strong>de</strong>s Mau­<br />

vais-Garçons, <strong>de</strong> Dubus, intendant <strong>de</strong> <strong>la</strong> princesse <strong>de</strong> Bourbon;<br />

dégoûté vite <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison paternelle à cause <strong>de</strong>s irritations que<br />

<strong>la</strong> gêne y causait, il gagna à douze ans le grand air, servit comme<br />

manœuvre, fut p<strong>la</strong>cé par le procureur <strong>de</strong>s Chartreux <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue<br />

d'Enfer chez son frère, M. <strong>de</strong> Vaumorin, qui le fit instruire,<br />

montra <strong>de</strong> bonne heure <strong>de</strong>s dispositions pour l'art théâtral,<br />

entra sous le nom <strong>de</strong> Préville dans une troupe <strong>de</strong> comédiens <strong>de</strong><br />

province, passa à <strong>la</strong> direction du théâtre <strong>de</strong> Lyon, fut appelé à<br />

Paris, à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> Poisson dont <strong>la</strong> mimique grotesque, mais<br />

vrai, avait conquis les suffrages du public, pour remplir d'abord,<br />

c'était le 20 septembre 1753, le rôle <strong>de</strong> Crispin dans le Léga­<br />

taire universel, enleva les admirations <strong>de</strong>s habitués du café<br />

Procope et <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour, par <strong>la</strong> vérité et <strong>la</strong> science <strong>de</strong> son jeu,<br />

mérita que Louis XV, sortant d'une <strong>de</strong>s représentations du<br />

Mercure ga<strong>la</strong>nt, lui dépêchât le maréchal <strong>de</strong> Richelieu avec<br />

cette commission : « Allez dire à Préville que je le reçois<br />

« au nombre <strong>de</strong> mes comédiens » et échangea le bruit <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

scène, en 1756, contre le calme <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, où il perdit un fils 1<br />

.<br />

La Société phi<strong>la</strong>nthropique, dont Préville fut un <strong>de</strong>s ins­<br />

pirateurs et <strong>de</strong>s soutiens, assemb<strong>la</strong>it sous un drapeau commun<br />

<strong>de</strong> dévouement tout ce que <strong>Senlis</strong> possédait alors d'hommes <strong>de</strong><br />

cœur et d'initiative pour apporter quelque remè<strong>de</strong> aux maux<br />

du pays.<br />

Le comité permanent était « un conseil composé <strong>de</strong> douze<br />

« notables citoyens, établi à <strong>la</strong> maison commune, le 20 juillet<br />

1789, « pour ai<strong>de</strong>r à garantir <strong>la</strong> ville <strong>de</strong>s incursions <strong>de</strong>s bandits<br />

« échappés <strong>de</strong> Paris 2<br />

1<br />

Registre <strong>de</strong> l'église Sainte-Geneviève.<br />

» et <strong>de</strong>s dangers sans cesse croissants <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> propagan<strong>de</strong> révolutionnaire. Ces notables, nommés par ac-<br />

2<br />

Registres municipaux. - Voir : Notes pour servir à l'histoire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong><br />

pendant <strong>la</strong> Révolution : Nouvelliste, 10 juillet 1878 et suivants.


c<strong>la</strong>mation, étaient : « MM. Turquet, le doyen <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale,<br />

« (l'on remarquera le mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux éléments, le civil et le<br />

« sacré), Dubus <strong>de</strong> Préville, Desmaretz, Bruslé <strong>de</strong> Presle, <strong>de</strong><br />

« C<strong>la</strong>tre, <strong>de</strong> Goussencourt, Dautry, <strong>de</strong> Guierville, l'abbé<br />

« Genti, doyen <strong>de</strong> Saint-Rieul, le curé <strong>de</strong> Saint-Agnan,<br />

« Foullon <strong>de</strong> Chevrière. »<br />

Ainsi, Préville voyait succé<strong>de</strong>r aux illusions agréables du<br />

théâtre le drame lugubre <strong>de</strong> <strong>la</strong> terreur. Avait-il prévu tout ce<br />

que l'avenir réservait à Louis XVI et à sa patrie, lorsque, le 22<br />

septembre, il sollicitait sa démission <strong>de</strong> membre du comité<br />

permanent « sur l'exposé <strong>de</strong> ses infirmités? » Extrema<br />

gaudii luctus occupat 1<br />

.<br />

Préville, dit Tremb<strong>la</strong>y, était un modèle d'époux, un ami dont<br />

le cœur et <strong>la</strong> maison s'ouvraient sans cesse à <strong>de</strong>ux battants,<br />

un compteur insouciant qui avait pour une nuée <strong>de</strong> débiteurs<br />

<strong>de</strong>s indulgences éternelles... « Homme d'esprit, <strong>de</strong> sens et <strong>de</strong><br />

« goût, il était fêté dans le mon<strong>de</strong>, où il se montrait<br />

« toujours affable et d'une gaieté décente, sans s'abaisser ja-<br />

« mais au rôle <strong>de</strong> bouffon. »<br />

LXXV. — * ENFER (Rue d').<br />

La rue d'Enfer faisait suite à <strong>la</strong> rue ou p<strong>la</strong>ce aux Gâteaux :<br />

« rue aux Gâteaux 1601) <strong>de</strong>puis le coing d'Enfer... Rue d'En-<br />

« fer tirant vers <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce aux Charons. »<br />

Ce nom lui vient probablement <strong>de</strong> l'hôtel d'Enfer : « 1425,<br />

« 1434 « au coing <strong>de</strong> l'hôtel d'Enfer et <strong>de</strong>vant le p<strong>la</strong>t d'estain,<br />

« maison d'Enjorran Arnault, charpentier... <strong>de</strong>vant les halles<br />

« du marché aux samedis 2<br />

». -- 1590. « Quatre maisons<br />

1<br />

Prov. XIV, 13.<br />

2<br />

Afforty, VI, 2999, 3298, 3309, 3351, 3352; VII, 3687 : Marguerite <strong>de</strong><br />

Pacy, sœur <strong>de</strong> Denis <strong>de</strong> Pacy, jadis femme <strong>de</strong> Raoul <strong>de</strong> Gaucourt en 1411;<br />

X, 5253 : Philippe-le-Bel, écuyer. seigneur <strong>de</strong> Montvinet, vend à Philippe<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Mothe Hou<strong>de</strong>ncourt (1648) le fief <strong>de</strong> St-Christophe sis à St-Pierre-<br />

Pontpoint.


« entretenans ensemble <strong>de</strong>puis le coing d'une rue qui mène <strong>de</strong><br />

« <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce aux Charrons au marché aux samedis jusqu'à <strong>la</strong><br />

« maison <strong>de</strong> J. Séjournel le jeune, qui fait le coing d'une rue<br />

« qui conduit <strong>de</strong> l'église Saint-Agnan à <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Creil où<br />

« pend pour enseigne l'image Saint-Nico<strong>la</strong>s, les dites maisons<br />

« vulgairement appelées l'hôtel d'Enfer scises rue aux Gas-<br />

« teaux, tenant par <strong>de</strong>rrière aux héritiers Philippe-le-Bel,<br />

« seigneur <strong>de</strong> Gacourt. »<br />

Mais pourquoi à cet hôtel cette appel<strong>la</strong>tion peu f<strong>la</strong>tteuse? —<br />

Ou bien enfer est ici une corruption <strong>de</strong> inferne, inferna, infé­<br />

rieure : Maison au bas d'une voie ou chaussée (via inferna) qui<br />

<strong>de</strong>scendait du château vers <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine et les marais. — Ou bien<br />

le mot enfer dérive par une série <strong>de</strong> transformations <strong>de</strong> aux<br />

fers, aux feures, aux febves : Un titre <strong>de</strong> 1365 mentionne à<br />

Paris « <strong>la</strong> rue aux fers et une p<strong>la</strong>ce où l'on vend les porées du<br />

« côté <strong>de</strong>s halles. » — Ou bien l'étymologie première <strong>de</strong> aux<br />

fers est fèbre, febvre, faber : les l'Orfèvre avaient dans cet<br />

endroit <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville une habitation importante. L'auteur <strong>de</strong>s dits<br />

<strong>de</strong> Paris remarque que<br />

« La rue o Fevre siet bien près<br />

« Et <strong>la</strong> cossonnerie après, etc. »<br />

et un document <strong>de</strong> 1321 appelle <strong>la</strong> rue d'Enfer, à Paris « vicus<br />

« Fabri prope Ha<strong>la</strong>s. »<br />

Quoiqu'il en soit, les potiers d'étain, tail<strong>la</strong>ndiers et serru­<br />

riers <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> avaient en 1571 leurs éta<strong>la</strong>ges « à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce aux<br />

« Gâteaux <strong>de</strong>vant le p<strong>la</strong>t d'étain, tirant vers Saint-Agnan » et<br />

une re<strong>la</strong>tion s'établit lors entre le bruit qu'un semb<strong>la</strong>ble com­<br />

merce <strong>de</strong>vait produire et le nom d'Enfer.<br />

LXXVI. — ÉPÉE (Rue <strong>de</strong> 1').<br />

Au faubourg Saint-Martin.<br />

Un senlisien épris <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> son pays me disait que les<br />

gar<strong>de</strong>s du corps se donnaient jadis dans cette rue solitaire <strong>de</strong>s<br />

v 19


en<strong>de</strong>z-vous sang<strong>la</strong>nts dont l'épée faisait tous les frais, d'où <strong>la</strong><br />

dénomination : rue <strong>de</strong> l'Epée.<br />

Sans nier <strong>la</strong> rencontre en cette rue <strong>de</strong> plus d'un bretteur,<br />

rappelons-nous qu'elle doit son nom à l'hôtellerie <strong>de</strong> l'Epée<br />

royale que <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> avait acquise en 1700 pour fournir<br />

<strong>de</strong>s écuries aux gar<strong>de</strong>s du corps 1<br />

.<br />

La rue <strong>de</strong> l'Epée semble faire <strong>partie</strong> <strong>de</strong> tout un système <strong>de</strong><br />

voies antiques qui touchaient le mamelon senlisien du côté où<br />

il s'élève en pente plus rai<strong>de</strong> sur les bords <strong>de</strong> <strong>la</strong> Nonette, cô­<br />

toyaient <strong>la</strong> ville, autant que le permettaient les marais appelés<br />

fosse aux asnes, pré l'Evêque, etc., et gagnaient, à travers<br />

les friches <strong>de</strong> Saint-Léonard et <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> Chantilly, le<br />

camp <strong>de</strong> Gouvieux « Govix » et Boran.<br />

LXXVII. — ESCALADE (Boulevard <strong>de</strong> 1').<br />

C'est, affirme une p<strong>la</strong>que <strong>de</strong> pierre, le boulevard qui bor<strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> ville près <strong>la</strong> porte Bellon. La p<strong>la</strong>que indique-t-elle l'en­<br />

droit vrai où fut tentée l'esca<strong>la</strong><strong>de</strong>? Je <strong>la</strong> p<strong>la</strong>cerais plus volon­<br />

tiers vers l'extrémité <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Saint-Pierre.<br />

1. Quoiqu'il en soit, ce nom d'Esca<strong>la</strong><strong>de</strong> rappelle un épiso<strong>de</strong><br />

glorieux <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> notre cité. Les ligueurs, le sieur <strong>de</strong><br />

Rasse surtout, d'Exonvillé qui s'était échappé tout récemment<br />

<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, et <strong>de</strong> Vieux-Pont qui était accouru l'un <strong>de</strong>s premiers<br />

au siège <strong>de</strong> 1589, ne pouvant se consoler <strong>de</strong>s coups d'audace<br />

qui leur avaient ravi <strong>Senlis</strong> et <strong>de</strong>s humiliations d'Aumale,<br />

imaginèrent un stratagème célèbre dont Jean Mallet, Jean<br />

Vaultier, un contemporain, Mézeray, etc., ont raconté les<br />

détails piquants 2<br />

.<br />

1<br />

Afforty, XI, 7139).<br />

2<br />

Voir indication <strong>de</strong> ce siége en Mémoires d'un bourgeois <strong>de</strong> Gisors,<br />

XXVI, 6, 35, 39. — Monuments inédits, par Adh. Bernier, p. 114 à 123, 208à<br />

211, 491 à 495. — L'on trouvera dans Afforty, III, 1236, une version du


« En <strong>la</strong> présente histoire » dit Jean Vaultier dans son <strong>la</strong>n­<br />

gage chrétien et chevaleresque, « l'on pourra ajouter foi en<br />

« plusieurs miracles avenus durant les dix années <strong>de</strong> ces pré-<br />

« sens troubles, qui, à juste cause, pourront être appelées le<br />

« règne <strong>de</strong>s merveilles, et, comme cettui présent, qui est pour<br />

« <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième fois que les ennemis ont voulu entreprendre et<br />

« exécuter leur fureur et rage sur cette pauvre ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />

« que le bon Dieu a toujours gardée, ainsi qu'il a encore fait<br />

« cejourd'hui 4 e<br />

jour <strong>de</strong> juillet 1590 ; pendant que sa majesté<br />

« était empêchée audit siège <strong>de</strong> Paris et autres lieux, qui<br />

« s'étaient assemblés, tant à Pierrefonds, La Ferté-Milon que<br />

« autres endroits.<br />

« Arrivèrent <strong>de</strong>vant cette dite ville où était leur ren<strong>de</strong>z-<br />

« vous, entre une et <strong>de</strong>ux heures après minuit, à l'endroit du<br />

« corps <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Saint-Santin où ceux qui y étaient en gar<strong>de</strong><br />

« étaient pour eux, et, à cet endroit, dévalèrent dans les fossés<br />

« et dressèrent leurs échelles contre <strong>la</strong> muraille, sur lesquelles<br />

« y monta le premier le seigneur <strong>de</strong> Rosne suivi <strong>de</strong> plusieurs<br />

« autres, qui jà étaient sur le haut du mur, disant à ceux dudit<br />

« corps <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> Saint-Santin : Compagnons, <strong>la</strong> main!<br />

« Lors, ils furent découverts <strong>de</strong> M. Jaulnay qui faisait <strong>la</strong> ron<strong>de</strong>;<br />

« <strong>de</strong> main en main on avertit les chefs et autres gar<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

« <strong>la</strong>dite ville qui y furent promptement, et pensant l'ennemi<br />

« être jà <strong>de</strong>dans et avoir tout gagné, crièrent trop tôt : Dedans,<br />

« <strong>de</strong>dans ! ville gagnée ! tant par voix d'hommes que par <strong>de</strong>s<br />

« trompettes et tambours, escopeteries <strong>de</strong> mousquetaires, ar-<br />

« quebuses, que autres bâtons à feu : au bruit <strong>de</strong>squels, les<br />

« tocsins <strong>de</strong> Notre-Dame, beffroi et autres sonnèrent<br />

« l'a<strong>la</strong>rme<br />

mémoire <strong>de</strong> Jean Mallet; XI, 5816, un récit fait par le Royer, chantre <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Cathédrale; XXV, 620 : Histoire <strong>de</strong> l'Esca<strong>la</strong><strong>de</strong>; 621 : Histoire <strong>de</strong> l'attentat<br />

contre <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> découvert l'an 1590 du 3 au 4 juillet; 638 : Registres<br />

<strong>de</strong> Saint-Rieul où <strong>de</strong>s détails <strong>de</strong> ce genre . « Sexta julii 1590 circa<br />

« horam quintam serotinam multi suspendio puniti. »


« Découverts qu'ils furent, repoussés et renversés dans les<br />

« fossés et ayant failli leur entreprise, <strong>de</strong>vant que le jour<br />

« apparût, ils retirèrent à tâtons les morts et blessés qu'ils<br />

« chargèrent dans leurs chariots, où ils avaient amené<br />

« leurs échelles qu'ils <strong>la</strong>issèrent dressées avec plusieurs autres<br />

« choses, et prirent <strong>la</strong> fuite vers Ba<strong>la</strong>gny et Raray. Le jour<br />

« venu , en fut encore vu un dans les fossés, tout moulu<br />

« et froissé <strong>de</strong>s parpains <strong>de</strong> <strong>la</strong> muraille qu'on avait renversés<br />

« sur lui, lequel se nommait Monthiebert, et, revenu à soi, et<br />

« ainsi qu'on le vou<strong>la</strong>it tirer, cria tout haut : Messieurs, sau-<br />

« vez-moi <strong>la</strong> vie pour me faire panser, et je déc<strong>la</strong>rerai à M. le<br />

« gouverneur toute l'entreprise! Ce qui fut fait. Et dit que,<br />

« les jours précé<strong>de</strong>ns, il était entré dans <strong>la</strong>dite ville plusieurs<br />

« capitaines et soldats choisis, et <strong>de</strong>s plus hardis <strong>de</strong>s compa-<br />

« gnies, déguisés en paysans , contrefaisant les manans et<br />

« vivandiers, ayant amené et chassé <strong>de</strong>vant eux plusieurs che-<br />

« vaux et ânes chargés en sommes <strong>de</strong> cerises, pommes, fro-<br />

« mages et autres <strong>de</strong>nrées ; ce qui fut trouvé vrai ; car, en fai<br />

« sant <strong>la</strong> recherche générale par toutes les maisons <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville,<br />

« en fut trouvé treize ensemble dans celle d'un chanoine <strong>de</strong> Saint-<br />

« Rieul, nommé Guillot, tous capitaines et gens <strong>de</strong> factions,<br />

« cuirassiers et bien armés, qui faisaient un corps <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> dans<br />

« iceîle, où ils furent pris prisonniers sans aucune résistance,<br />

« étant tous éperdus: <strong>la</strong>quelle maison leur était fort propre pour<br />

« exécuter leur entreprise, étant <strong>de</strong>vant ledit corps <strong>de</strong> gar<strong>de</strong><br />

« <strong>de</strong> Saint-Santin » Le lecteur plus désireux <strong>de</strong>s détails lira<br />

avec p<strong>la</strong>isir dans les sources déjà indiquées et dans M. Vatin :<br />

<strong>Senlis</strong>, 'récits historiques, les intrigues qui s'étaient tramées<br />

au château du Plessis, <strong>la</strong> confi<strong>de</strong>nce du père gardien <strong>de</strong>s cor-<br />

<strong>de</strong>liers à un garçon brasseur, l'activité et le sang-froid <strong>de</strong> Thoré<br />

et <strong>de</strong> Bouteville, le capitaine La Porte, soit heureux hasard,<br />

soit p<strong>la</strong>n concerté, arrêtant sa patrouille <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> maison du<br />

chanoine Guillot, le stratagème du curé <strong>de</strong> Saint-Aignan qui<br />

s'enfuit vers <strong>la</strong> Fontaine-<strong>de</strong>s-Arènes en prétendant une visite<br />

<strong>de</strong> ma<strong>la</strong><strong>de</strong>, l'exécution <strong>de</strong> trente-neuf ligueurs, les échelles <strong>de</strong>


ois conservées longtemps comme souvenir dans <strong>la</strong> cour du<br />

château.<br />

Dom Grenier 1<br />

a recueilli, d'après Vaultier et autres, une<br />

chanson d'un poëte du crû, dont voici le <strong>de</strong>rnier et 23 e<br />

couplet :<br />

Stoc et aussi Seguins,<br />

Vous n'êtes que coquins<br />

De vendre votre ville.<br />

Grand'folie avez faits,<br />

Mais en serez <strong>de</strong>ffaits<br />

Sur une roue gentille.<br />

Vaultier rapporte qu'Henri IV, au récit <strong>de</strong> l'Esca<strong>la</strong><strong>de</strong>, s'écria:<br />

« Pauvre ville, que tu es enviée! »<br />

2. <strong>Senlis</strong> célébrait ce souvenir par un salut et une procession<br />

que l'on appe<strong>la</strong>it fête <strong>de</strong> l'Esca<strong>la</strong><strong>de</strong>. Nos pères professaient<br />

que Dieu est le bienfaiteur <strong>de</strong>s nations comme <strong>de</strong>s individus et<br />

aimaient, à certains jours plus marquants <strong>de</strong> l'histoire, à le<br />

crier à travers les p<strong>la</strong>ces. Alors les clochers mê<strong>la</strong>ient leurs<br />

appels aux graves tintements du beffroi; tout ce que <strong>la</strong> ville<br />

renfermait, selon <strong>la</strong> vieille expression, « <strong>de</strong> gens <strong>de</strong> bon con-<br />

« seil » accourait à l'église Saint-Rieul; un chœur <strong>de</strong> musique<br />

alternait avec <strong>la</strong> voix <strong>de</strong>s chantres ; puis <strong>la</strong> procession s'ache­<br />

minait lentement à travers les rues tortueuses, massicauts,<br />

robes vertes <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> chœur, clergé <strong>de</strong>s huit ou sept<br />

paroisses, religieux <strong>de</strong> tout ordre confondant leurs costumes,<br />

lieutenant-général, procureur du roi, sergents <strong>de</strong> l'hôtel <strong>de</strong><br />

ville portant sur leurs casaques jaune et rouge les armoiries <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> cité « <strong>de</strong> gueule à <strong>la</strong> croix fleur<strong>de</strong>lisée d'argent », gouver­<br />

neurs, argentier, grenetier et bourgeois, bannières variées <strong>de</strong><br />

cent corporations, compagnons <strong>de</strong> l'arquebuse avec leur habit<br />

1<br />

T. CLXV, p. 238. — Le gentilhomme espagnol senor Manoel venu à<br />

<strong>Senlis</strong> en 1589. Ses intrigues avec l'Evêque, les ligueurs et les royalistes,<br />

par Alphonse Royer, in-8°. Paris, 1834.


écar<strong>la</strong>te et leur plumet b<strong>la</strong>nc... Que les temps sont changés !<br />

Au soir, « permis à un chacun», dit Vaultier 1<br />

, « <strong>de</strong> se réjouir<br />

« en tous jeux licites et honnêtes, faisant feux <strong>de</strong> joie par les<br />

« rues et en les allumant, crier : Vive le Roi ! »<br />

L'on verra plus loin, au chapitre Fosse aux Asnes, un récit<br />

abrégé du siège <strong>de</strong> 1589 et quelques notes communes aux<br />

fêtes du Secours ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bataille et <strong>de</strong> l'Esca<strong>la</strong><strong>de</strong>.<br />

1<br />

2<br />

3. Le nom d'Esca<strong>la</strong><strong>de</strong> est <strong>de</strong>meuré au boulevard auquel<br />

nous sommes arrêtés. Les ingénieurs <strong>de</strong> fortifications <strong>de</strong> 1615 2<br />

décidaient qu'on bâtirait « <strong>de</strong>s guérites <strong>de</strong> charpenterie...,une<br />

« au bout du mur <strong>de</strong> l' esca<strong>la</strong><strong>de</strong>..., une autre au droit du cime-<br />

« tière Saint-Pierre, une autre <strong>de</strong>rrière Saint-Vincent et <strong>la</strong><br />

« <strong>de</strong>rnière au ravelin <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Meaux, lesquelles auront<br />

« 3 pieds <strong>de</strong> saillie sur 6 pieds <strong>de</strong> <strong>la</strong>rgeur pour battre en f<strong>la</strong>nc,<br />

« le long <strong>de</strong>s courtines, et y sera fait <strong>de</strong>ux petites fenestres<br />

« <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés et par <strong>de</strong>vant <strong>de</strong>ux carneaux espassés. »<br />

P. 178.<br />

LXXVIII. — ETAPE AUX VINS<br />

C'était cette <strong>partie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> halle qui montait du beffroi vers<br />

Saint-Hi<strong>la</strong>ire. Estaple, estapu<strong>la</strong>, estap<strong>la</strong> signifiait marché,<br />

d'où étape aux vins (1571), marché aux vins.<br />

L'on pourra <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à Jean <strong>de</strong> Jandun, à nos archives, à<br />

Afforty et aux chapitres Becquetelle, rue <strong>de</strong>s Vignes, <strong>de</strong>s dé­<br />

tails <strong>de</strong> tout genre sur les vignes et vins <strong>de</strong>s pays. Nos pays<br />

étaient p<strong>la</strong>ntés d'une gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> vignes; nos pères,<br />

moins exigeants que nous et privés à peu près <strong>de</strong>s vins du midi,<br />

trouvaient une saveur suffisante aux raisins <strong>de</strong> nos climats,<br />

lorsqu'un chaud soleil et une bonne exposition les avaient favo­<br />

risés. L'on trouvait sans s'éloigner <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, le clos<br />

Ansoult, le clos Barbette, le clos Becquetelle, le clos l'Evêque,<br />

Afforty, VI, 2970, 2985, 2986, année 1626.


<strong>la</strong> vigne Sarpere dans <strong>la</strong> rue Bellon (1225), le clos du Roi<br />

dont Louis VII dit dans une charte <strong>de</strong> 1149 : « Je donne en<br />

« même temps pour <strong>la</strong> chapelle Saint-Denis trois mesures <strong>de</strong><br />

« vin à <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> vil<strong>la</strong> que l'on appelle Gulvils, à savoir<br />

« dans le faubourg <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> à prendre dans notre clos, etc. »<br />

Aussi Philippe-le-Bel (1302-1305) n'hésitait pas à man<strong>de</strong>r<br />

au bailli <strong>de</strong> lui procurer cinq cent « tonniaux <strong>de</strong> vin » ; Guil­<br />

<strong>la</strong>ume Germain, bailli <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, fixait par un règlement les<br />

heures <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s ouvriers qui étaient employés à <strong>la</strong> vigne;<br />

le connétable d'Armagnac (1417) faisait couper toutes les<br />

vignes pour atteindre en l'un <strong>de</strong> ses meilleurs éléments <strong>la</strong><br />

richesse <strong>de</strong> nos pays l<br />

.<br />

Il n'est point <strong>de</strong> mon sujet d'insister ici sur « le tonnelieu<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> qui souloit estre à l'évesque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> qui<br />

« l'avoit transporté à <strong>la</strong>dicte ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong>s <strong>la</strong>n 1177 à <strong>la</strong><br />

« charge entr'autres <strong>de</strong> 20 livres parisis envers <strong>la</strong>dicte église<br />

« lequel tonnelieu a <strong>de</strong>puis esté baillé au roy par <strong>la</strong>ditte com-<br />

« mune avec charges <strong>de</strong>ssus dictes 2<br />

. »<br />

Les économistes aimeront à trouver en Afforty <strong>de</strong>s notes <strong>de</strong><br />

ce genre : 1463-1464. « Dépense <strong>de</strong> 55 livres parisis pour achat<br />

« <strong>de</strong> 6 muids <strong>de</strong> vin donnés au roi et à monseigneur <strong>de</strong> Berry<br />

« son frère, à l'occasion <strong>de</strong> leur entrée à <strong>Senlis</strong> à leur retour<br />

« du sacre.... et <strong>de</strong> 13 livres parisis pour le vin présenté aux<br />

« grands personnages qui formaient <strong>la</strong> suite du roi. » — 1468.<br />

1<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, HH. 21. — Afforty, IV, 493; VIII, 4465; XV, 330 : Vigne<br />

<strong>de</strong> Bequestelle donnée par Gui IV le Bouteillier; 503 en 1225; XX, 569;<br />

XXIII, 477 : « Stagium vini » disent les registres capitu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> 1516. —<br />

Com. arch., VI, XLIV, où note <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Longpérier-Grimoard. — « La<br />

« preuve, » disait le vieux doyen <strong>de</strong> Noyon, le Vasseur, « que Noyon a été<br />

« bâti par Noë, c'est l'excellence <strong>de</strong>s vins que procurent les p<strong>la</strong>teaux <strong>de</strong><br />

« Bellicourt, (Béhéricourt), etc. »<br />

2<br />

Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, page 174. Tonlieu droit sur les vins qui passaient.<br />

— Afforty, XIV, 568 : L'évêque Henri cè<strong>de</strong> le tonlieu à <strong>la</strong> ville; XV, 310;<br />

XXIII, 391 en 1513; XXV, 96, où « Extrait <strong>de</strong>s comptes rendus par les<br />

« receveurs argentiers et dépenciers <strong>de</strong>s <strong>de</strong>niers communs » pour droit <strong>de</strong><br />

déchargeage, perçage, etc., en 1579, 1619, 1623 et 1626.


Prix <strong>de</strong> vins indigènes. — 1507. « Deux <strong>de</strong>mi queues <strong>de</strong> vin<br />

« vermeil du crû <strong>de</strong> l'année, prisé 64 sols par pièce » dans<br />

l'inventaire du chanoine Jean Bonnet.— 1515. Entrée <strong>de</strong> Fran­<br />

çois 1 er<br />

. « Oultre a été conclud et délibéré que dores en avant<br />

« au lieu <strong>de</strong> conches <strong>de</strong> terre pleines <strong>de</strong> vin que on a accoutu-<br />

« més présenter aux princes et seigneurs du sang en passans<br />

« par cette ville on leur donnera <strong>de</strong> l'ypocras aux <strong>de</strong>ux<br />

« grands pots <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville qui contiennent ensemble 5 pots. —<br />

1549. « 31 livres, 2 sols, 6 <strong>de</strong>niers pour 41 pots et <strong>de</strong>my d'hip-<br />

« pocras b<strong>la</strong>nc et c<strong>la</strong>ir tant pour le roy (Henri II), que... au<br />

« prix <strong>de</strong> 15 sols pour chacun pot. » — 1588. Dépense <strong>de</strong><br />

« 7 écus pour 70 pots <strong>de</strong> vin c<strong>la</strong>iret fourni à François Vizet<br />

« apothicaire pour faire hypocras pour mesdames d'Angou-<br />

« lême et <strong>de</strong> Montmorency. » L'on sait que l'hippocras<br />

était un mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> vin , <strong>de</strong> miel et d'épices aroma­<br />

tiques. — 1593, 17 mars, vins <strong>de</strong> présent à Henri IV et à sa<br />

suite, les maréchaux <strong>de</strong> Retz et <strong>de</strong> Matignon, le chancelier,<br />

etc. — 1602. « Saint-Martin, du sabmedy 16 novembre 1602:<br />

« le bon vin, 30 sols ; le moyen, 27; le petit, 24. » — « Du sa-<br />

« medy 15 mars 1603 : le bon vin, 36 sols; le moyen, 32; le<br />

« petit, 26, etc., etc. 1<br />

».<br />

Voici les principaux hostels dont l'Etape aux vins était en­<br />

tourée : « Saint-Nico<strong>la</strong>s au coing <strong>de</strong> l'Etape au vin et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« rue Rougemaille (1696) » ;—le cheval rouge et le croissant<br />

couronné <strong>de</strong>vant l'étape au vin ; — l'étoile ; — l' homme rouge:<br />

« Maison à l'étape au vin tenant à <strong>la</strong> rose ou pend pour<br />

« enseigne l'homme rouge (1483, 1528) »; — Saint-Pierre :<br />

« Estape au vin ou pend pour enseigne l'ymaige Saint-Pierre<br />

« qui fut jadis à ung nommé Grosse escuelle » allusion proba-<br />

1<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, CC, 72, f° 5, 92, f° 12, v°. — Afforty, x, 5270 : Extrait<br />

<strong>de</strong>s registres <strong>de</strong>s rapports <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong>s vins vendus au marché accoustumé<br />

audit <strong>Senlis</strong>; XXIII, 207, où Inventaire <strong>de</strong> Jean Bonnet, past funéraire<br />

intéressant, etc.; 414; XXIV, 472, 559 : Ordonnance pour l'entrée d'Henri II;<br />

XXV, 681.


lement aux charmes <strong>de</strong> son visage ; — « maison <strong>de</strong>scendant<br />

« vers l'étape au vin » dit une déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1553, où<br />

<strong>de</strong>meuraient <strong>la</strong> veuve et héritier Jean Dizieult : C'était l'hôtel<br />

du Cerf Vo<strong>la</strong>nt presque adossé au chevet arrondi <strong>de</strong> <strong>la</strong> collé­<br />

giale Saint-Frambourg. Jean Dizieult, « lieutenant du maître<br />

« <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> massonnerie pour le roy, » est une <strong>de</strong>s gloires<br />

sérieuses <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> 1<br />

.<br />

Sa famille. Jean Dizieult était <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. Les registres<br />

municipaux <strong>de</strong> 1538 le citent comme « élu assieur pour Saint-<br />

« Pierre par <strong>la</strong> pluralité <strong>de</strong>s voix ». Ayant « remontré » lors<br />

« les empêchements que journellement il avoit tant au moyen<br />

« dudit état <strong>de</strong> lieutenant du maitre <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> massonne-<br />

« rie pour le roy à cause duquel état il étoit contraint en tout<br />

« tems aller pour les édifices royaulx bastiments et Visitation<br />

« d'iceulx que au moyen <strong>de</strong> l'œuvre et bastiment <strong>de</strong> massonne-<br />

« rie <strong>de</strong> l'Eglise cathédrale notre dame du dit <strong>Senlis</strong> dont il<br />

« avoit <strong>la</strong> charge, et non obstant ce, a esté ordonné par le lieu-<br />

« tenant particulier qu'il <strong>de</strong>meurerait collecteur pour <strong>la</strong>dite<br />

« paroisse Saint-Pierre ». Un règlement du jeu <strong>de</strong> l'arbalestre<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> même époque ramène son nom parmi les « chevaliers et<br />

« compaignons <strong>de</strong> l'arbalestre ». Un procès-verbal d'assemblée<br />

<strong>de</strong> ville <strong>de</strong> 1549 le cite <strong>de</strong> nouveau parmi les élus. Les années<br />

1589 et 1593 citent parmi les élus un Jean Dizieux ou Dizieult.<br />

Est-ce son fils? « Jean Dizieult avait épousé Jacqueline <strong>de</strong><br />

« Brequegny, sœur <strong>de</strong> ma mère », écrivait M. <strong>de</strong> Corbie, curé<br />

<strong>de</strong> Barbery. Les dates <strong>de</strong> 1592 apportent le nom d'un Denis<br />

Dizieux, chanoine 2<br />

.<br />

1<br />

Afforty, VI, 3320; XXII, 403: XXIII, 855: Compte <strong>de</strong> l'Eglise Saint-<br />

Pierre <strong>de</strong> 1528 à 1529; XXIV, 670 et suivantes : Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong>s biens <strong>de</strong><br />

Saint-Frambourg où topographie à lire.<br />

2<br />

Afforty, IV, 2026 où notes <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Corbie sur Guill. Petit, travaux à<br />

Notre-Dame, jubé, transepts, Dizieult, etc.; XII, 5770, 7421, 7347; XXIV,<br />

190, 270; XXV, 668 : Registres capitu<strong>la</strong>ires, où Jean du Barle reçu chanoine<br />

au lieu <strong>de</strong> Denys Dizieulx par lettre du roi donné du camp <strong>de</strong> Noyon, le 4<br />

nov. 1591; 681. — Récit véritable <strong>de</strong> <strong>la</strong> surprise <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ligue, écrit par un<br />

contemporain. Adhelm Bernier, p. 443.


Son œuvre. Jean Dizieult a <strong>la</strong>issé une œuvre qui témoigne<br />

d'un génie hardi et inventif; c'est <strong>la</strong> réparation et l'agrandis­<br />

sement <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale. L'évêché <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> était occupé au<br />

XVI e<br />

siècle par <strong>de</strong>s hommes supérieurs qui réunissaient à <strong>la</strong><br />

sollicitu<strong>de</strong> pour les âmes une passion ar<strong>de</strong>nte du beau : c'étaient<br />

Charles <strong>de</strong> B<strong>la</strong>nchefort, Jean Calveau, Guil<strong>la</strong>ume Petit et René<br />

le Roullier... Jean Dizieult les comprît. Il apparaît en 1525<br />

avec le titre <strong>de</strong> « magister <strong>la</strong>thomus », déterminant <strong>la</strong> forme<br />

<strong>de</strong> pavage du bras <strong>de</strong> croix du midi; <strong>de</strong> 1532 à 1537,<br />

il construit le transept, le mur extérieur qui s'étend <strong>de</strong> ce<br />

transept jusqu'au clocher, enfermant l'ancienne porte romane<br />

et <strong>la</strong> chapelle Sainte-Ma<strong>de</strong>leine (aujourd'hui Saint-Joseph), et<br />

le magnifique portail du midi ; <strong>de</strong> cette date à 1556, il parachève<br />

son œuvre, élevant l'aile gauche et le portail du nord qui, pour<br />

être moins chargé d'ornements que le premier, ne le cè<strong>de</strong> point<br />

au reste <strong>de</strong> <strong>la</strong> construction.<br />

Cet illustre maçon me rappelle une lettre d'approbation que<br />

Nico<strong>la</strong>s Sanguin donna en 1640 à <strong>la</strong> confrairie <strong>de</strong>s maitres<br />

maçons-charpentiers. Elle met en lumière quelques noms et<br />

souligne les sentiments qui animaient alors les âmes : «Nico<strong>la</strong>s,<br />

« vu <strong>la</strong> requête à nous présentée le 20 janvier 1640 par<br />

« Thomas le Sueur, voyer pour le roy et maître <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong><br />

« maçonnerie, batiments et fortifications <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville et bailliage<br />

« <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> , Pierre Séjournel aussy voyer et maitre <strong>de</strong>s<br />

« œuvres <strong>de</strong> charpenterie audit lieu et Guil<strong>la</strong>ume Cerceau<br />

« maitre maçon audit bailliage » et prévost <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté<br />

<strong>de</strong>s maîtres-maçons, charpentiers et couvreurs.... à l'effet <strong>de</strong><br />

continuer ce qui fut <strong>de</strong> toute antiquité, savoir etc.... et<br />

« dire une basse messe chaque dimanche <strong>de</strong> l'année pour im-<br />

« plorer <strong>la</strong> protection <strong>de</strong> Dieu dans les périls ordinaires <strong>de</strong> leur<br />

« profession, etc. 1<br />

»<br />

1<br />

Afforty, VII, 3871 : Confrairie <strong>de</strong>s maçons charpentiers chez les<br />

Cor<strong>de</strong>liers. — Jean-Baptiste Ducerceau qui acheva le château <strong>de</strong> Saint-Germain,<br />

fit un projet admirable <strong>de</strong> terrasses qu'il vou<strong>la</strong>it élever sur les bords


Qu'est <strong>de</strong>venu à <strong>Senlis</strong> le bel art <strong>de</strong>s maçons, <strong>de</strong>s tombiers.<br />

<strong>de</strong>s peintres-verriers?... Où sont les Dizieult, les Cave, les<br />

Latare, les Souldoier?...<br />

LXXIX. — ETUVES (Fontaine et Rue <strong>de</strong>s).<br />

Les Etuves, rue du Heaume, sont un souvenir aujourd'hui<br />

bien prosaïque <strong>de</strong>s thermes ou bains gallo-romains. L'on sait<br />

le goût excessif que les anciens avaient pour les ablutions, <strong>la</strong><br />

multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> bains qu'ils construisirent partout et l'ordonnance<br />

<strong>de</strong> ces édifices : citerne ou réservoir, chambre (spoliatorium,<br />

spoliarium, apodyterium) où l'on déposait ses vêtements, salle<br />

aux bains d'eau froi<strong>de</strong> (frigidarium) avec sa piscine (alveus,<br />

baptisterium), bains chauds (tepidarium, cel<strong>la</strong> media), étuve<br />

(caldarium, sudatorium, concamerata sudatio).<br />

1. Les thermes ou bains ont fréquemment conservé au<br />

moyen-âge, sous le nom d'étuves <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce où les Romains et<br />

les Gaulois, leurs copistes, les avaient établis. Ainsi, comme<br />

le remarque dom Grenier, à Marle, à Abbeville, à Soissons,<br />

près <strong>de</strong>s Minimesses, p<strong>la</strong>ce royale; à Luzarches où hôtel <strong>de</strong>s<br />

Etuves (1441) ; à Compiègne, à côté du pont neuf où une tour<br />

a gardé longtemps le nom <strong>de</strong> tour <strong>de</strong>s Etuves, etc. 1<br />

.<br />

Les rixes, les vols, les indécences qui s'y commettaient trop<br />

souvent, les avaient <strong>de</strong> bonne heure enveloppés dans un hon­<br />

teux discrédit. Il fal<strong>la</strong>it qu'une police spéciale édictât <strong>de</strong>s<br />

ordonnances <strong>de</strong> suspicion contre les « filles <strong>de</strong> joye et dames<br />

« <strong>de</strong>s Etuves », contre les « noises et débas » qui faisaient<br />

là grand tumulte, etc. 2<br />

. « Que aucun ne se tiengne hors heure<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Seine, etc., et le peintre si religieux, Eustache Lesueur, qui naquit à<br />

Paris en 1617... ont-ils quelque parenté avec Guil<strong>la</strong>ume Cerceau et Thomas<br />

Le Sueur?<br />

1<br />

Afforty, XVIII, 194.<br />

2<br />

Ordonnances du roy publiées à Péronne, 24 mars 1480. — Délibérations<br />

<strong>de</strong> l'hôtel <strong>de</strong> ville <strong>de</strong> Péronne du 16 déc. 1485, f° 29.— Dom Grenier,<br />

t. XIV, p. 102.


« et ne couche aux Etuves (1480). » Les étuves <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> ont-<br />

elles mérité semb<strong>la</strong>ble reproche?<br />

Voici quelques titres concernant ce coin gallo-romain <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

ville. En 1270, jardin « ante fontem Sancti Egidii ». Pourquoi<br />

<strong>de</strong> nouveau ce vocable <strong>de</strong> Saint-Gilles ? — En 1275, « Pierre<br />

« dit le Queux (coquus) chevalier, donne à l'Eglise Saint-Rieul<br />

« 15 <strong>de</strong>niers parisis <strong>de</strong> rente qu'il percevait sur <strong>de</strong>ux jardins<br />

« situés à <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> fontaine Saint-Gilles. » — En 1336,<br />

rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine Saint-Gilles. — En 1416, fontaine Saint-<br />

Gilles <strong>de</strong>rrière l'hôtel du paon.—En 1507, « maison <strong>de</strong>s Etuves,<br />

« jardin, puits et fontaine assise à <strong>la</strong> fontaine Saint-Gilles. »<br />

— En 1554, « maison et hôtel <strong>de</strong>s Etuves assis à <strong>Senlis</strong>, lieu<br />

« dit <strong>la</strong> fontaine Saint-Gilles.... avec jardin tenant à l'hotel<br />

« du paon ». — En 1580, <strong>la</strong> ville achète à Pierre Truyart et<br />

rend « commune <strong>la</strong> fontaine p<strong>la</strong>cée au scellier <strong>de</strong> l'hôtel appelé<br />

« les Etuves appartenant audit Truyart, etc. 1<br />

. »<br />

2. Il semblerait qu'il exista à <strong>Senlis</strong> d'autres étuves, rue <strong>de</strong><br />

Parisis. « Maison au coin <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue du Temple pour aller aux<br />

« Cor<strong>de</strong>liers, tenant d'une part à <strong>la</strong> dite rue du Temple et<br />

« d'autre à l'hôtel <strong>de</strong> <strong>la</strong> pomme aboutant par <strong>de</strong>rrière au<br />

« jardin qui fut M re<br />

Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Silly ou souloient estre les<br />

« Etuves ». La fontaine Roissant, avec ses canaux, sa maçon­<br />

nerie, etc., était-elle un débris <strong>de</strong> ces étuves?<br />

Aujourd'hui il ne reste <strong>de</strong>s bains romains et <strong>de</strong>s étuves<br />

du moyen-âge que le nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue et <strong>la</strong> source intaris­<br />

sable,<br />

Où le soudard romain, <strong>la</strong>s <strong>de</strong>s jeux <strong>de</strong> l'arène,<br />

Quêtait un peu <strong>de</strong> fraîche à <strong>la</strong> vive fontaine,<br />

Où le ribaud, faisant moult vacarme et grand bruit,<br />

1<br />

Afforty, IV, 2125; XVI, 183 : Pierre le Queux en 1275; XVII, 775; XXIII,<br />

194 en 1507 et 1535 ; XXV, 410, où Contrat d'acquisition <strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine <strong>de</strong>s<br />

Etuves sous Saint-Aignan. — Dom Grenier, t. XIV, p. 98. — Com. arch.,<br />

VIII, XLI; IX, LXIX.


Attiroit les sergents et les ron<strong>de</strong>s <strong>de</strong> nuit,<br />

Notre âge n'entend plus que les bras <strong>de</strong>s <strong>la</strong>veuses<br />

Marte<strong>la</strong>nt du battoir les p<strong>la</strong>nquettes fumeuses.<br />

Ainsi tout doibt subir, gens, ostels et cité,<br />

L'immobile décret <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité.<br />

Je remercie le propriétaire <strong>de</strong> l'ancien hôtel <strong>de</strong>s Etuves,<br />

M. Hardret, <strong>de</strong> m'avoir montré <strong>la</strong> fontaine <strong>de</strong>s Etuves avec<br />

autant d'obligeance que sa belle collection <strong>de</strong> roses.<br />

LXXX. — * EUDISTES<br />

Monseigneur <strong>de</strong> Chamil<strong>la</strong>rt, c'était le 29 novembre 1703,<br />

confia <strong>la</strong> direction du Séminaire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et l'administration<br />

<strong>de</strong>s paroisses alors réunies <strong>de</strong> Saint-Pierre et <strong>de</strong> Saint-Hi<strong>la</strong>ire<br />

aux Eudistes que Eu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Mézeray, frère <strong>de</strong> l'historien, avait<br />

fondés en 1643 à Caen : ils gouvernaient alors <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s<br />

Séminaires <strong>de</strong> Normandie et plusieurs <strong>de</strong> Bretagne. Les raisons<br />

qui déterminèrent Monseigneur <strong>de</strong> Chamil<strong>la</strong>rt étaient <strong>la</strong> piété<br />

<strong>de</strong>s Eudistes, leur zèle pour les missions et surtout <strong>la</strong> disette <strong>de</strong><br />

prêtres. Un décret épiscopal du 4 décembre suivant donne au<br />

Séminaire une prében<strong>de</strong> canoniale à Notre-Dame et <strong>la</strong> chapelle<br />

dite <strong>de</strong> Saint-Gabriel. — Autre décret du 6 avril 1706 sup­<br />

primant <strong>la</strong> cure et paroisse <strong>de</strong> Saint-Hi<strong>la</strong>ire au profit <strong>de</strong><br />

Saint-Pierre <strong>de</strong>venue paroisse inutile. — En 1710, requête<br />

<strong>de</strong> messieurs du Séminaire à M. le lieutenant général <strong>de</strong><br />

police afin d'obtenir l'autorisation d'ajouter au logement qu'ils<br />

occupent dans le presbytère <strong>de</strong> Saint-Pierre quelques maisons<br />

qu'ils ont achetées dans les rues Saint-Pierre et Bellon, <strong>de</strong><br />

bâtir selon « un p<strong>la</strong>n et ligure du frère Romain et autres archi-<br />

« tectes », en empiétant un peu sur <strong>la</strong> voie publique.— Tran­<br />

saction sur ce entre <strong>la</strong> ville représentée par Charles Truyar ,<br />

sieur <strong>de</strong> Chantereine, maire perpétuel, et le séminaire,<br />

« M. Henri le Pot<strong>de</strong>vin supérieur, Robert Mignot préfet <strong>de</strong>s<br />

« ordinands, Nico<strong>la</strong>s Duval théologien et Michel Louis le


« Moine, tous prêtres, composant <strong>la</strong> communauté ». — Legs<br />

<strong>de</strong> quatre mille livres au Séminaire dus à <strong>la</strong> générosité <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>moiselles Antoinette Chicot et Marie Cornu <strong>de</strong> Tourmont. —<br />

<strong>Bibliothèque</strong> donnée par Jacques Joly. Voir Charité.<br />

Inventaire <strong>de</strong> cette bibliothèque en Afforty 1<br />

.<br />

LXXXI. — ÉVÊCHÉ (Hôtel <strong>de</strong> l').<br />

Le pa<strong>la</strong>is <strong>de</strong> l'Evêché, aujourd'hui imprimerie, chantier <strong>de</strong><br />

bois, salles <strong>de</strong> réunions diverses, musée archéologique, etc.,<br />

est bâti à cheval sur le mur d'enceinte <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité, entre <strong>la</strong> rue<br />

aux F<strong>la</strong>geard et <strong>la</strong> rue du Chancelier Guérin.<br />

1. Sa construction date <strong>de</strong> plusieurs époques très distinctes.<br />

1° Mur et tour gallo-romains avec moëllons noyés dans un<br />

mortier très puissant, assises <strong>de</strong> <strong>la</strong>rges tuiles, petites fenêtres<br />

à plein cintre (bouchées) ornées d'un rayonnement <strong>de</strong> briques,<br />

etc. Voir Cité.<br />

2° L'évêque Guérin ajouta (1221) à l'hôtel épiscopal, dit<br />

l'auteur d'un manuscrit cité par Afforty 2<br />

, « <strong>de</strong> nouveaux bâti-<br />

« ments et entr'autres une chapelle. » Cet édifice remanié et<br />

presque dépourvu <strong>de</strong> caractère, montre encore <strong>de</strong>ux fenêtres<br />

ogives (à sa faça<strong>de</strong>) surmontées d'une rose, <strong>de</strong>s baies <strong>la</strong>té­<br />

rales autrefois en plein cintre, aujourd'hui ogivales, et une<br />

corniche ornée <strong>de</strong> <strong>de</strong>nts <strong>de</strong> scie. Est-ce dans cette chapelle<br />

que les officiers <strong>de</strong> l'officialité (1357) entendaient <strong>la</strong> messe<br />

tous les samedis 3<br />

?<br />

1<br />

Afforty, VII, 3859 : Inventaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> bibliothèque <strong>de</strong> Joly; XI, 7148,<br />

7159, 7165 : Raisons <strong>de</strong> <strong>la</strong> suppression <strong>de</strong> Saint-Hi<strong>la</strong>ire.— Voir Archives<br />

Nationales, 484.<br />

2<br />

Manuscrit <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Corbie en Aff. IV, 1982 où notes diverses sur le chancelier<br />

Guérin ; XXIII, 248. Guérin a fondé une secon<strong>de</strong> chapelle à Aumont.<br />

3<br />

Afforty, XV, 325, 326, 408 : Fondation; 428, où notes concernant <strong>la</strong><br />

chapelle <strong>de</strong>s saints Pierre et Paul en 1221, 1223, 1227, 1322 et suivantes


Voir en Afforty : Fondation en 1221 <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong>s<br />

saints Pierre et Paul à l'Evêché en 1231 et d'une chapelle à<br />

l'hotel <strong>de</strong> Montlévêque. — Inventaire <strong>de</strong>s biens et aournements<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong>s saints Pierre et Paul. — Noms <strong>de</strong>s cha­<br />

pe<strong>la</strong>ins <strong>de</strong>puis 1492.<br />

3° Vers 1425, <strong>la</strong> ville <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>la</strong> démolition du château<br />

épiscopal, à cause <strong>de</strong> son état <strong>de</strong> vétusté... Il existait certai­<br />

nement pour relier <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong> Guérin à <strong>la</strong> tour <strong>de</strong> l'Evê­<br />

ché une ligne <strong>de</strong> bâtiments adossée à <strong>la</strong> courbe que faisait le<br />

mur <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité pour gagner <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> Saint-Frambourg.<br />

Elle comprenait entre autres cette prison <strong>de</strong> l'Evêque, dis­<br />

tincte <strong>de</strong> <strong>la</strong> prison du chapitre où le prévôt <strong>de</strong> l'Evêque enferma<br />

<strong>de</strong>s tapageurs (1401) « coupables <strong>de</strong> port d'armes et <strong>de</strong> bris <strong>de</strong><br />

« porte <strong>la</strong> nuit entre <strong>la</strong> cloche <strong>de</strong> l'Ave Maria, en français<br />

« couvrefeu (couvre-feu) et <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière cloche du beffroi 1<br />

. »<br />

4° L'inventaire <strong>de</strong> Jean Raphanel (1447) appelle une <strong>de</strong>s<br />

chambres <strong>de</strong> l'hôtel épiscopal Chambre <strong>de</strong> <strong>la</strong> royne 2<br />

. Jean<br />

Raphanel était, comme on sait, cor<strong>de</strong>lier du couvent <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong><br />

et confesseur <strong>de</strong> cette reine Isabeau, qui fut si funeste à <strong>la</strong><br />

France.<br />

5° En 1486 « est a noter que du temps <strong>de</strong> Monseigneur<br />

« Bonnet lors évesque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> le feu se print en l'hostel épis-<br />

« copal dudict <strong>Senlis</strong> et illec furent bruslez plusieurs tiltres,<br />

« lettres, admortissements et aultres enseignements, telle-<br />

1446, 1465, 1512, 1618; XVIII, 598, XXII, 632; XXIII, 225, 298, 347 : Inventaire<br />

<strong>de</strong> l'hôtel épiscopal après le décès <strong>de</strong> M e<br />

Simon Bonnet, 1512. —<br />

Gall. christ., t. X, instr. fol. 229.<br />

1<br />

Afforty, XX, 93. — Voir à <strong>la</strong> même époque <strong>la</strong> coutume <strong>de</strong> dépendre<br />

l'huis <strong>de</strong>s mauvais débiteurs, ibid. 96.<br />

2<br />

Afforty, XXI, 391, où Testament <strong>de</strong> Jean Raphanel, oncle <strong>de</strong> Simon<br />

Bonnet. — Dans mon travail : Trois évêques <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> (1867), j'ai commis,<br />

page 5, sur <strong>la</strong> situation <strong>de</strong> l'Evêché <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> au XV e<br />

siècle, une erreur<br />

<strong>de</strong> topographie.


« ment que le dict evesque cuyda [manqua] estre bruslé luy<br />

« et ses gens et n'eust loysir que <strong>de</strong> soy faire saulver 1<br />

6° Un acte <strong>de</strong> 1517-1518, c'était sous l'épiscopat <strong>de</strong> Charles<br />

<strong>de</strong> B<strong>la</strong>nchefort, mentionne que le doyen et autres étaient as­<br />

semblés « dans <strong>la</strong> chambre <strong>de</strong>s anges <strong>de</strong> l'Evêché 2<br />

. » C'est pro­<br />

bablement <strong>la</strong> petite chambre du XIV e<br />

siècle, bâtie élégamment<br />

dans <strong>la</strong> vieille tour et encore existante dont <strong>la</strong> voûte est par­<br />

tagée en ogives par <strong>de</strong>s arcs prismatiques et repose sur <strong>de</strong>s<br />

anges en corbellement.<br />

7° Guil<strong>la</strong>ume Petit (1536) agrandit l'hôtel épiscopal d'un<br />

« logis qu'il acquit faisant le coin sur le carrefour <strong>de</strong>vant <strong>la</strong><br />

« porte <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité appelée <strong>de</strong> Reims, vers l'orient, vis-à-vis<br />

« Saint-Hi<strong>la</strong>ire » dont il disait p<strong>la</strong>isamment à cause <strong>de</strong> ce<strong>la</strong>,<br />

« être le premier, sinon le meilleur paroissien ». « Il le fit<br />

« abattre (ce logis) et bâtir en sa p<strong>la</strong>ce un coin d'hôtel tout<br />

« autre et presque à <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong> l'Evêché qu'il joignit par<br />

« les communications <strong>de</strong> galleries, une belle et moyenne porte<br />

« proche l'encogneure dont l'ouverture aussy bien que les<br />

« fenestres <strong>de</strong> <strong>la</strong> salle et <strong>de</strong>s chambres ont leurs vues sur <strong>la</strong><br />

« rue Saint-Hi<strong>la</strong>ire. De l'autre côté vers le cloître tirant au<br />

« soleil couchant, Parvi fist construire une forme <strong>de</strong> maison<br />

« d'une moyenne porte au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle en l'arca<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« pierre sont les armes et un écusson composé <strong>de</strong>s quatre<br />

« éléments. De ce bastiment est composé l'auditoire <strong>de</strong> l'offi-<br />

« cialité. Sur le haut une chambre où on met les prisonniers<br />

« précédant aux interrogatoires...; plus on bâtit tout <strong>de</strong> suitte<br />

« et jusqu'au portail <strong>de</strong> l'Eglise les écuries et les greniers<br />

« <strong>de</strong>ssus, etc. ». La galerie dont il est parlé ici, est cet étage<br />

dans le goût <strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance qui montre dans <strong>la</strong> rue<br />

aux F<strong>la</strong>geard ses pi<strong>la</strong>stres divisés en panneaux <strong>de</strong> formes<br />

1<br />

Arch. départ. G, 636.<br />

2<br />

Afforty, VII, 3850, en 1518 ; XXIII, 520, 524.<br />

».


géométriques, surmontées <strong>de</strong> chapiteaux d'un beau style et<br />

reliées au toit par <strong>de</strong>s plinthes et un <strong>la</strong>rmier.<br />

8° Plus tard, M. <strong>de</strong> <strong>la</strong> Rochefoucauld (1610-1625) fit<br />

abattre au profit <strong>de</strong> l'Evêché et pour faire un bûcher, les mai­<br />

sons du faisan et <strong>de</strong> Jason. Cet aimable pré<strong>la</strong>t, dit Afforty,<br />

« envoyait par son maître d'hôtel porter le pain bénit à son<br />

« tour à l'église Saint-Hi<strong>la</strong>ire 1<br />

1<br />

Afforty, IV, 2026; XXIII, 803.<br />

», dont on n'aperçoit plus en<br />

face [chez M. Chalmin] que le puits et un contrefort éraflé.<br />

9° M. <strong>de</strong> Chamil<strong>la</strong>rd, « pour occuper les ouvriers, car <strong>la</strong><br />

« pauvreté était extrême et les vivres chers, fait travailler<br />

« à l'Evêché, à <strong>la</strong> chaire épiscopale et au château <strong>de</strong> Montlé-<br />

« vêque, etc. 2<br />

» Ce bon évêque n'oublia pas dans son testament<br />

l'hôpital Saint-Lazare et le Bureau <strong>de</strong>s Pauvres.<br />

2. C'est à cet Evêché, aujourd'hui dépourvu <strong>de</strong> sa splen­<br />

<strong>de</strong>ur, que <strong>de</strong>scendirent après Henri IV, nos rois <strong>de</strong> France : le<br />

mardi 3 juin 1625 l'infortunée Henriette-Marie <strong>de</strong> Bourbon,<br />

mariée à Charles I er<br />

d'Angleterre ; le 26 novembre 1632, <strong>la</strong> reine<br />

Anne d'Autriche; en mars et avril 1634, Louis XIII et sa<br />

cour, qui coûtent à <strong>la</strong> ville 581 livres; 1635, 25 février,<br />

Louis XIII : « Le roy » dit Bassompierre, s'en al<strong>la</strong> le mesme<br />

« jour à <strong>Senlis</strong>... Le mardi 6 mars j'eus assurance <strong>de</strong> ma<br />

« prochaine liberté et que M. Boutellier le fils estoit allé<br />

« à <strong>Senlis</strong> pour prendre du roy <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> l'exécuter...<br />

« Le roy eut le 18 me<br />

(avril) une asses gran<strong>de</strong> sincope en<br />

« partant <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, etc. » 1636, 16 août. « Le roi partit<br />

« pour aller à <strong>Senlis</strong> où estoit les ren<strong>de</strong>s-vous <strong>de</strong> l'armée ;<br />

« le 19, Monsieur arriva en poste et après avoir esté voir<br />

2<br />

Broisse, 112, 113. — En 1709, écrit M. Chéron, curé <strong>de</strong> Sainte-<br />

Geneviève, dans les registres <strong>de</strong> son église, « en 1709, le blé a entière-<br />

« ment manqué par <strong>la</strong> gelée; il va<strong>la</strong>it 60 et 70 livres le<br />

« l'orge, 50 livres. »<br />

septier et<br />

v 20


« Monsieur le Cardinal s'en al<strong>la</strong> trouver le roy à <strong>Senlis</strong> 1<br />

». Le<br />

30 novembre 1645, Marie-Louise <strong>de</strong> Gonzague <strong>de</strong> Clèves,<br />

mariée au roi <strong>de</strong> Pologne par procureur, passe à <strong>Senlis</strong>, loge à<br />

l'Evêché, assiste à <strong>la</strong> messe là. 1706, 12 mai. M. <strong>de</strong> Chamil<strong>la</strong>rd<br />

réunit au pa<strong>la</strong>is épiscopal un syno<strong>de</strong> <strong>de</strong> soixante-douze curés.<br />

1763, 4 juillet. Le duc <strong>de</strong> Berry et le comte <strong>de</strong> Provence,<br />

al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> Paris à Compiègne, séjournent à <strong>Senlis</strong> et <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt<br />

au Pa<strong>la</strong>is épiscopal, où <strong>la</strong> ville leur offre le présent accoutumé,<br />

24 bouteilles <strong>de</strong> vin 2<br />

.<br />

1<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, CC, 116. — Afforty, XI, 5935; XXV,123. Entrée <strong>de</strong> 1632<br />

— Mémoires <strong>de</strong> Bassompierre, édit. <strong>de</strong> <strong>la</strong> Société <strong>de</strong> l'Histoire <strong>de</strong> France,<br />

revue par M. le marquis <strong>de</strong> Chantérac, p. 135, 208.<br />

2<br />

Les registres capitu<strong>la</strong>ires racontent avec un charme naïf<br />

qui m'invite à <strong>la</strong> traduire ici avec ses détails, une visite que<br />

firent, le jeudi 15 juin 1530, les trois enfants <strong>de</strong> François 1 er<br />

, à<br />

Guil<strong>la</strong>ume Petit. Tandis que François I er<br />

Broisse, 111. — Jaulnay, 583, 649.<br />

était à Chantilly,<br />

jouissant <strong>de</strong>s charmes <strong>de</strong> son castel et <strong>de</strong> ses fraiches eaux, ses<br />

trois enfants dont l'ainé avait lors quatorze ans « allèrent<br />

« à <strong>Senlis</strong> se récréer, avec gran<strong>de</strong> joie et allégresse. Ce voyage<br />

« avait été sollicité par le Révérend Père Guil<strong>la</strong>ume Parvy,<br />

« confesseur ordinaire du roi, pris dans l'ordre <strong>de</strong>s frères<br />

« précheurs. Les jeunes princes furent reçus par <strong>la</strong> ville<br />

« avec une pompe considérable, entendirent <strong>la</strong> messe à <strong>la</strong> ca-<br />

« thédrale, firent un repas, puis s'en retournèrent vers leur<br />

« père au chatel susdit 3<br />

. »<br />

3. Le diocèse <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> renfermait le comté <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et le<br />

duché <strong>de</strong> Valois, dont nous dirons plus tard un mot et compre­<br />

nait cinq vicariats en chef et soixante-trois cures 4<br />

: Afforty a<br />

3<br />

Afforty, XXIV, 8. — L'on sait que Madame <strong>de</strong> Suze habitait le château<br />

<strong>de</strong> Laversines près <strong>de</strong> Creil et est enterrée dans <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Sainte-<br />

Vierge <strong>de</strong> l'Eglise Saint-Maximin où sa pierre tombale. Ibid. 367 où détails<br />

à lire sur ce....<br />

4<br />

Liste <strong>de</strong>s Evêques <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. Etat <strong>de</strong>s droits utiles et honorifiques <strong>de</strong><br />

l'Evêché <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, 1623. Arch. départ., G. 611. — Pouillé ms. du Diocèse<br />

<strong>de</strong> 1648 en Afforty, III, 1206; XI, 5979: Liste <strong>de</strong>s paroisses <strong>de</strong> l'évêché


copié dans sa compi<strong>la</strong>tion un pouillè du diocèse <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong><br />

1648. La liste <strong>de</strong>s évêques peut montrer six ou sept <strong>de</strong>s succes­<br />

seurs <strong>de</strong> saint Rieul qui ont mérité d'être p<strong>la</strong>cés sur les autels,<br />

et plus d'un nom <strong>de</strong> grand savoir et <strong>de</strong> haute vertu...<br />

C'étaient saint Levain (513), qui donna à Clovis, dans les cir­<br />

constances miraculeuses qui sont représentées sur un tableau<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale (chapelle <strong>de</strong> Saint-Rieul), une <strong>de</strong>nt <strong>de</strong> saint<br />

Rieul; — saint Létard, dont le moine Gotzelin et Guil<strong>la</strong>ume<br />

<strong>de</strong> Malmesbury disent qu'on « le priait pour <strong>la</strong> pluie »; —<br />

saint Sanctin : un puits et une rue portent son nom; —<br />

saint Malulphe, qui exerça une charité héroïque envers<br />

Chilpéric (584), l'Héro<strong>de</strong> <strong>de</strong> son temps, lorsqu'il expia à sa vil<strong>la</strong><br />

<strong>de</strong> Chelles, sous les coups d'un misérable assassin, ses impiétés<br />

et ses débauches. C'est sous le pontificat <strong>de</strong> Malulphe qu'arriva,<br />

en même temps qu'une comète, <strong>de</strong>s nuages <strong>de</strong> sang, etc., ce<br />

prodige que raconte Grégoire <strong>de</strong> Tours : « La 7 me<br />

année du<br />

« règne <strong>de</strong> Chil<strong>de</strong>bert (582), dans le territoire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, un<br />

« homme en se levant le matin trouva sa maison toute tachée<br />

« <strong>de</strong> sang à l'intérieur, etc. 1<br />

»<br />

Suivent saint Candi<strong>de</strong>, — saint Agmare, — saint Aubert,<br />

qui a <strong>la</strong>issé sa légen<strong>de</strong> à une fontaine entre <strong>Senlis</strong> et <strong>la</strong><br />

Victoire, — et l'illustre Herpoin (841) 2<br />

?<br />

Frol<strong>la</strong>nd couronna les dons du savoir et <strong>de</strong> l'éloquence par<br />

une éminente piété (1043-1067) et disposa <strong>de</strong> <strong>la</strong> faveur<br />

d'Henri 1 er<br />

: « Je ne puis », écrit-il à Bérenger, archidiacre<br />

d'Angers, « aller vous faire visite, <strong>de</strong>tentus utraque infirmi-<br />

« tate, mais venez, je vous ai obtenu les bonnes grâces du roi<br />

<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. — Dom Grenier, t. CLXIII, 202, et CLXV, où Liste <strong>de</strong>s évêques<br />

célèbres.<br />

1<br />

Grégoire <strong>de</strong> Tours, liv. VI, ch 46. — Aimoin et Gaguin sur Malulphe.<br />

— Afforty, IV, 1723, 1942 où Vie <strong>de</strong> saint Léthard, 1950, 1955 à 1965, où<br />

Notes sur nos premiers évêques, extraits <strong>de</strong> leurs légen<strong>de</strong>s, discussions<br />

hagiographiques, etc.; X, 5759, 5771.<br />

2<br />

Thesaurus novus anecdotorum, <strong>de</strong> Martène, t. III, 841 : Herpoin. —<br />

Afforty, IV, 1954, 1965 : Herpoin.


« (1050) 1<br />

1<br />

Afforty, I, 147.<br />

». — Thibault « renouve<strong>la</strong> l'Eglise Notre Dame »<br />

dit le nécrologe <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale et mérita <strong>la</strong> confiance <strong>de</strong> l'il­<br />

lustre Suger : « Lorsque [l'abbé <strong>de</strong> Saint-Denis] vit, raconte<br />

« un annaliste (c'était en 1152 et il semble que Thibaut<br />

avait déjà succédé à Pierre I), « lorsque l'abbé <strong>de</strong> Saint-Denis<br />

« vit que <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die le fatiguait d'une façon plus opiniâtre et<br />

« eut compris autant par son jugement personnel que par l'avis<br />

« <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins que sa fin était proche, il fit venir ses intimes,<br />

« savoir les vénérables évêques <strong>de</strong> Soissons, <strong>de</strong> Noyon et <strong>de</strong><br />

« <strong>Senlis</strong>, afin <strong>de</strong> régler les affaires <strong>de</strong> sa maison avec leur ap-<br />

« probation ou leur conseil et <strong>de</strong> trouver dans leur suffrage un<br />

« moyen <strong>de</strong> quitter ce siècle avec plus <strong>de</strong> sincérité. » A ces<br />

évêques qui <strong>de</strong>meurent sans cesse attachés au lit du ma<strong>la</strong><strong>de</strong>,<br />

« il confesse humblement et en pleurant abondamment, tantôt<br />

« dans le tête à tête, tantôt en conseil public, les terreurs <strong>de</strong><br />

« sa conscience. Sa confiance en leur parole était absolue; ce<br />

« que leur sagesse lui enjoignait, il l'accomplissait dévotement ;<br />

« pendant quinze jours environ avant sa mort, il reçut <strong>de</strong> leur<br />

« main tour à tour sans interruption le sacrement du corps et<br />

« du sang du Seigneur 2<br />

. »<br />

Henri, chanoine <strong>de</strong> Sainte-Geneviève, abbé <strong>de</strong> Saint-Quentin<br />

<strong>de</strong> Beauvais (1167-1185), pieux conso<strong>la</strong>teur d'Isabelle <strong>de</strong><br />

Hainaut, conseiller <strong>de</strong> Louis VII, est appelé par l'Auctuaire<br />

d'Anchin (diocèse d'Arras), que Mirée a édité, « Invictus justitiae<br />

« amatoret justae severitatis tenax, amant invincible <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« justice et servant opiniâtre <strong>de</strong> <strong>la</strong> sévérité juste »; le Père<br />

Moulinet, bibliothécaire <strong>de</strong> Sainte-Geneviève, a composé un<br />

abrégé <strong>de</strong> sa vie 3<br />

.<br />

Voici Geoffroy ou Go<strong>de</strong>froy dont le Ménologe <strong>de</strong> Citeaux<br />

2<br />

Afforty, VII, 3650, voir Cart. <strong>de</strong> N.-D. <strong>de</strong> Laon; XI, 5943 : Ouverture<br />

du tombeau <strong>de</strong> saint Gauthier à Pontoise.<br />

3<br />

Afforty, II, 839 à 842 : Vie d'Henri; XIV, 706.


apporte cet éloge qui n'est point assez connu : « Aux nones <strong>de</strong><br />

« décembre, déposition du bienheureux Go<strong>de</strong>froy, évêque <strong>de</strong><br />

« <strong>Senlis</strong>, lequel, afin <strong>de</strong> s'attacher plus librement au Christ par<br />

« <strong>la</strong> contemp<strong>la</strong>tion, après avoir longtemps en vrai Pasteur<br />

« nourri les brebis du Seigneur par <strong>la</strong> parole et l'exemple,<br />

« déposant <strong>la</strong> dignité pontificale, prit l'habit <strong>de</strong> Citeaux et,<br />

« persévérant sous notre institut, acheva sa vie dans une gran<strong>de</strong><br />

« sainteté. C'était » ajoute Séguin « un homme <strong>de</strong> toute pru-<br />

« <strong>de</strong>nce, vrai dans sa parole, juste dans ses arrêts, pru<strong>de</strong>nt<br />

« dans le conseil, fidèle au secret qu'on lui confiait, énergique<br />

« à l'action etc., etc. 1<br />

1<br />

Afforty, XI, 6043; XV, 273.<br />

»<br />

A Geoffroy succéda frère Guérin dans lequel nous aimons<br />

à saluer <strong>de</strong> nouveau l'organisateur <strong>de</strong> <strong>la</strong> victoire <strong>de</strong> Bouvines<br />

et le type <strong>de</strong>s chanceliers. Mon excellent ami, M. Amédée<br />

Margry, m'a fait remarquer dans le Recueil <strong>de</strong>s historiens <strong>de</strong>s<br />

Gaules que MM. L. Delisle et Jourdain ont donné aux savants,<br />

un sermon en vers <strong>de</strong> Robert Sincériax (1227 environ). Les es­<br />

prits qui aiment à connaître les gloires locales trouveront à ce<br />

document historique un intérêt légitime. « Beneoit » dit<br />

l'évêque Sinceriax,<br />

Beneoit soient cil qui bien vous ameront<br />

Et qui par boene foi bien vous conseilleront;<br />

Haut confors avies (vous) ou bon vesque Garin;<br />

Par Deu et par son sens éustes moult d'amis,<br />

Proud-om fu et <strong>la</strong>iax, sachiés certainement,<br />

Bien le seut vostre pères qui l'ama durement.<br />

Moult fu <strong>de</strong> haut conseil, et <strong>de</strong> tous biens fu p<strong>la</strong>ins,<br />

Et est bien entechiés [disposé] <strong>de</strong> loial cuer certains.<br />

Puis le tens charlemaine, qu'i fu un arcevesques<br />

Qu'en ape<strong>la</strong> Turpin, ne fu si bons evesques ;<br />

Volentiers essauçoit l'onor <strong>de</strong> Sainte Eglise,<br />

Sires, et les vos drois gardoit il sans faintise.


1<br />

Recueil <strong>de</strong>s historiens <strong>de</strong>s Gaules, t. XXIII, p. 124, vers 147 et suiv. —<br />

Afforty, VII, 3660. Ex necrologio B. Mariae <strong>de</strong> Victoria. Il lègue à l'abbaye<br />

100 livres parisis, ses livres tant ecclésiastiques que glosés, ses vêtements<br />

épiscopaux, un calice, <strong>de</strong>ux bassins et <strong>de</strong>ux candé<strong>la</strong>bres, le tout d'argent,<br />

<strong>de</strong>ux burettes et un encensoir ; XI, 6044, où extrait <strong>de</strong> Séguin; XV, 287,<br />

Sainte-Foix dans ses Essais historiques sur Paris, dit que Guérin et sa suite<br />

recevaient quand ils voyageaient, 7 sols par jour d'in<strong>de</strong>mnité, etc. « M. <strong>de</strong><br />

« Roque<strong>la</strong>ure m'a dit » rapporte Afforty, « que <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> Guérin était<br />

« fondue dans celle <strong>de</strong> Châteauneuf-Randon. »; 559 : Louange <strong>de</strong> Guérin<br />

au nécrologe <strong>de</strong> l'Eglise <strong>de</strong> Noyon.<br />

2<br />

Afforty, IV, 1946 à 1948.<br />

3<br />

Layelles du trésor <strong>de</strong>s Chartes, t. I, p. 285, n. 953, où il est démontr<br />

qu'il faut lire R (Robertus), et 1274 au lieu <strong>de</strong> 1204.<br />

4<br />

Moult l'ama li bons rois qui felipe ot non,<br />

Et après vostre pères, qui Dex face pardon!<br />

Et <strong>la</strong> bone roïne l'amoit et tenoit chier,<br />

Qu'en vostre cort n'avoit nul meillor conseiller...<br />

Par Deu et par l'evesque fu <strong>la</strong> pès et l'amor<br />

A trestous les barons; nul ne fut contre vos,<br />

Ains vos amèrent tuit et gardèrent en foi 1<br />

,...<br />

Adam <strong>de</strong> Chambly avait été pendant sept années à Chaalis<br />

le disciple <strong>de</strong> saint Guil<strong>la</strong>ume, archevêque <strong>de</strong> Bourges, avant<br />

d'illustrer par ses prédications et ses écrits le siége <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> 2<br />

.<br />

Robert <strong>de</strong> Cressonsart (1274-1275) « reçut <strong>de</strong>s exécuteurs<br />

« du testament <strong>de</strong> Louis [IX], autrefois roi, 4 livres parisis<br />

« pour <strong>la</strong> réparation <strong>de</strong>s dommages 3<br />

faits.<br />

» qu'il aurait pu avoir<br />

Adam <strong>de</strong> Chambly avait été honoré par le pape Innocent IV,<br />

en 1252, du titre <strong>de</strong> conservateur apostolique <strong>de</strong>s priviléges <strong>de</strong><br />

l'Université <strong>de</strong> Paris. Gui <strong>de</strong> P<strong>la</strong>illy apparaît revêtu du même<br />

privilége avec les évêques <strong>de</strong> Meaux et <strong>de</strong> Beauvais, dans une<br />

bulle <strong>de</strong> Clément V. Pierre Barrière héritera <strong>de</strong> <strong>la</strong> même<br />

charge 4<br />

.<br />

Citons encore, comme au hasard, Jean Foucquerel, dont<br />

Du Boul<strong>la</strong>y : Histor. universitatis, par. t. III, 242.— Afforty, X, 5801


le testament curieux a inspiré plus d'une étu<strong>de</strong> 1<br />

; c'est par<br />

une confusion dont je réc<strong>la</strong>me l'oubli, que j'ai attribué à Simon<br />

Bonnet ce détail historique : « Dettes dues audit Fouquerelle<br />

« à son décès... : Pour <strong>la</strong> vendition <strong>de</strong> <strong>la</strong> haquenée que (acheta)<br />

« le roy pour Jehanne <strong>la</strong> Pucelle, 100 saluz d'or; » — et<br />

Simon Bonnet : ses comptes très intéressants démontrent<br />

une générosité pleine <strong>de</strong> délicatesse.<br />

Le XVI e<br />

siècle amène Charles <strong>de</strong> B<strong>la</strong>nchefort, Jean Calveau,<br />

Artus Fillon, Guil<strong>la</strong>ume Petit, René le Rouillier, illustres<br />

protecteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cathédrale, <strong>de</strong>s arts et <strong>de</strong>s lettres.<br />

Artus Fillon apparaît souvent dans l'histoire du collège,<br />

<strong>de</strong>s écoles et <strong>de</strong> l'hôtel-Dieu.<br />

Guil<strong>la</strong>ume Petit, « perquam studiosus, très <strong>la</strong>borieux »<br />

éducateur <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> François I er<br />

, était en re<strong>la</strong>tions savantes<br />

avec Budé, car <strong>la</strong> <strong>Bibliothèque</strong> <strong>de</strong> Saint-Vincent du Mans<br />

possédait, dit Afforty 2<br />

, une lettre <strong>de</strong> Budé (22 sept. 1510) au<br />

bénédictin Fernand, dans <strong>la</strong>quelle il raconte que « le confes-<br />

« seur du roy lui a promis <strong>de</strong> lui envoyer le commentaire<br />

« <strong>de</strong> saint Hi<strong>la</strong>ire sur saint Mathieu, » ce qui démontre,<br />

concluent les auteurs du Journal <strong>de</strong> Verdun que « l'édition<br />

« <strong>de</strong>s ouvrages <strong>de</strong> saint Hi<strong>la</strong>ire qui a paru en 1510 est due à<br />

Budé ». Il fut chargé par François I <strong>de</strong> missions secrètes<br />

d'une gran<strong>de</strong> importance, fit l'oraison funèbre <strong>de</strong> Louis XII,<br />

fut un <strong>de</strong>s théologiens chargés <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r <strong>la</strong> question du di­<br />

vorce d'Henri VIII 3<br />

, etc.<br />

Pierre Chevalier, fondateur du Bureau <strong>de</strong> Charité (1581),<br />

1<br />

Arch. départ. G. 612, 613. — Afforty, IV, 1998; XX, 637 : Inventaire ;<br />

XXIII, 207 en 1507. — Trois évêques <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, par l'abbé Eugène Müller,<br />

1868, dans les Mémoires <strong>de</strong> <strong>la</strong> Société académique <strong>de</strong> l'Oise, et Jean<br />

Foucquerel, par M. Ern. Dupuis, Com. arch., 2 e<br />

série, t. I.<br />

2<br />

Afforty, X, 5605.<br />

3<br />

Afforty, XXIII, 807, où entrée <strong>de</strong> G. Petit les pieds chaussés, louange <strong>de</strong><br />

son savoir.; XXIV, 17. — Journal <strong>de</strong> Verdun. Déc 1765, p. 450. —<br />

Com. arch., X, XIX, 38.


qui fut digne d'être appelé le Père <strong>de</strong>s pauvres 1<br />

, eut pour lui<br />

succé<strong>de</strong>r dans ces traditions, le cardinal François <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ro­<br />

chefoucauld, que l'histoire nous représente visitant sans cesse<br />

les pauvres, les ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s et les affligés, — Nico<strong>la</strong>s Sanguin, le<br />

très pieux fondateur du monastère <strong>de</strong> <strong>la</strong> Présentation dont les<br />

religieux <strong>de</strong> cette maison nous ont <strong>la</strong>issé une biographie naïve<br />

et édifiante, — Denis Sanguin, à qui <strong>de</strong>s lettres <strong>de</strong> Louis XIII<br />

octroyèrent entrée, séance et voix délibérative en <strong>la</strong> cour du<br />

parlement <strong>de</strong> Paris 2<br />

, — <strong>de</strong> Chamil<strong>la</strong>rd et François-Firmin<br />

Trudaine, qui dépensèrent au profit <strong>de</strong>s pauvres tout ce qu'ils<br />

possédaient, durant les hivers rigoureux <strong>de</strong> 1709 et <strong>de</strong> 1740.<br />

Armand <strong>de</strong> Roque<strong>la</strong>ure, aumônier <strong>de</strong> Louis XV et <strong>de</strong> Louis<br />

XVI, archevêque <strong>de</strong> Malines (1801), chanoine <strong>de</strong> Notre-Dame<br />

(1808), doyen <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> l'Académie française qui l'avait<br />

élu le 10 janvier 1771 au fauteuil <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Moncrif, mérita<br />

que M. Daru célébrât (1818), à côté <strong>de</strong>s talents <strong>de</strong> l'acadé­<br />

micien, les meilleures qualités du cœur <strong>de</strong> l'évêque 3<br />

.<br />

4. Les évêques <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> faisaient leur joyeuse entrée selon<br />

un cérémonial dont le Cartu<strong>la</strong>ire enchaîné, Jaulnay, les Regis­<br />

tres <strong>de</strong>s Archives, Afforty, dom Grenier, etc., nous ont con­<br />

servé soigneusement les piquants détails. L'Evêque, partant <strong>de</strong><br />

son château <strong>de</strong> Montlévêque, s'arrêtait « vis à vis <strong>la</strong> Victoire<br />

« près un vieil estoq <strong>de</strong> noyer en un lieu où <strong>de</strong> tout temps<br />

« et antiquité il y a une table <strong>de</strong> pierre posée sur <strong>de</strong>ux<br />

« (ou quatre) pilliers 4<br />

». Là « les quatre barons comme<br />

1<br />

Afforty, XXV, 426 : Testament <strong>de</strong> Pierre Chevalier du 10 novembre<br />

1581, où indications sur son pays et sa famille et dispositions humbles;<br />

430-432, 497, bureau <strong>de</strong>s pauvres; 432, famille <strong>de</strong> Pierre Chevalier;<br />

475, sa tombe.<br />

2<br />

Arch. dép. G, 611. — Voir sur les Sanguin, le Valois-Royal et Afforty;<br />

XI, 5885,5935, 5954 et suiv.; 7130, sur obsèques <strong>de</strong> François Trudaine;<br />

7168.<br />

3<br />

Afforty, XI, 7263 : M. <strong>de</strong> Roque<strong>la</strong>ure, académicien.<br />

4<br />

Afforty, III, 1224 : Entrée <strong>de</strong> Denys Sanguin, 21 mars 1952. —<br />

Dom Grenier, t. CLXIII, 204, 217.


« vassaux <strong>de</strong> l'Evêché scavoir <strong>de</strong> Brasseuses, <strong>de</strong> Raray, <strong>de</strong><br />

« Survilliers, <strong>de</strong> Pontharmé, le doivent attendre et ai<strong>de</strong>r à<br />

« monter sur sa mule 1<br />

». La porte Saint-Rieul est barrée.<br />

L'évêque monte à « <strong>la</strong> chambre <strong>de</strong>s arbalétriers » d'où il <strong>de</strong>scend<br />

bientôt pieds nus, à moins d'une indulgence comme il arriva à<br />

Pierre P<strong>la</strong>oul à cause <strong>de</strong> son grand âge 2<br />

(1410), et vêtu d'une<br />

aube sévère. Nous retrouvons ces formes d'entrée à Beauvais,<br />

à Noyon, etc., où les évêques font <strong>la</strong> veillée <strong>de</strong> prières aux<br />

abbayes <strong>de</strong> Saint-Lucien ou d'Ourscamp, etc.<br />

Suit un serment solennel que Charles <strong>de</strong> B<strong>la</strong>nchefort<br />

(1508) ne prêta qu'avec hésitation 3<br />

.<br />

Voir entrée <strong>de</strong> Pierre <strong>de</strong> Cros et difficultés avec chapître<br />

(1347), <strong>de</strong> Charles <strong>de</strong> B<strong>la</strong>nchefort (1508) et <strong>de</strong> Jean Calveau<br />

(1 janvier 1517), <strong>de</strong> Petit (29 mars 1528), d'Antoine Rose<br />

(1602), <strong>de</strong> <strong>la</strong> Rochefoucauld (1610) : Jean Berthier, évêque<br />

<strong>de</strong> Rieux, abbé <strong>de</strong> Saint-Vincent, prend possession à sa p<strong>la</strong>ce,<br />

<strong>de</strong> Nico<strong>la</strong>s Sanguin (1623, 6 avril), <strong>de</strong> Denis Sanguin (1652),<br />

<strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Chamil<strong>la</strong>rd (11 février 1703), <strong>de</strong> Trudaine (13<br />

décembre 1714) 4<br />

.<br />

De joyeux présents signalent toujours cette joyeuse entrée :<br />

pour Saint-Rieul c'est « un parement d'or », probablement un<br />

<strong>de</strong> ces antipendium dont il est encore d'usage en Italie, en<br />

1<br />

Ensuit l'ordre qui doit estre tenu à l'entrée et prise <strong>de</strong> possession <strong>de</strong>s<br />

Evêques <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, en Jaulnay. Histoire ou Annales <strong>de</strong>s Evesques <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong>, p. 656. — Graves, p. 130.<br />

2<br />

Afforty, I, 520, 529, 546, 550; III, 1224; XVI, 695, 696, 701, 709 où<br />

serments d'Evêques <strong>de</strong> 1293 à 1754 : XX, 289, 292, 293.<br />

3<br />

Arch. <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, où Entrée <strong>de</strong> B<strong>la</strong>nchefort, serment, cérémonial <strong>de</strong> l'entrée<br />

du légat du chancelier et <strong>de</strong> l'évesque.<br />

4<br />

Afforty, I, 350; III, 1224; IV, 1819, 1998; V, 2387; IX, 4868: Récit <strong>de</strong><br />

l'entrée <strong>de</strong> Denis Sanguin ; XI, 7145 : Entrée <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Chamil<strong>la</strong>rd ; 7170 :<br />

<strong>de</strong> M. Trudaine; 7571, 7575, 7590, 7660; XIII, 39 en 1293, 1295, 1337,<br />

1646; XV, 303, 355; XVIII, 681; XX, 289 et 292; XXII, 317; XXIII, 225, 468,<br />

469, 479. — Dom Grenier, t. CLXIII, 209, 211, 212, 214, etc.


Belgique d'orner le <strong>de</strong>vant <strong>de</strong> l'autel 1<br />

quelque offran<strong>de</strong> semb<strong>la</strong>ble.<br />

1<br />

Afforty, III, 85; IV, 1819.<br />

2<br />

Afforty, XVIII, 120, 124.<br />

; <strong>la</strong> cathédrale reçoit<br />

L'évêque ira ensuite porter ses serments <strong>de</strong> fidélité à l'arche­<br />

vêque <strong>de</strong> Reims 2<br />

.<br />

C'est à l'abbaye très célèbre <strong>de</strong> Chaalis, puis à <strong>la</strong> cathédrale,<br />

que les évêques <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong>mandèrent presque toujours le<br />

repos <strong>de</strong> <strong>la</strong> tombe. Hé<strong>la</strong>s! le vent <strong>de</strong>s révolutions plus que le<br />

temps a ba<strong>la</strong>yé leur dépouille 3<br />

. Chaalis possédait les restes<br />

<strong>de</strong> Pierre 1 er<br />

, 1151, Amaury, 1167, <strong>de</strong> Henry, abbé <strong>de</strong> Saint-<br />

Quentin, puis évêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, mort le 21 février 1185; —<br />

Geoffroy, 5 novembre 1214; — Guérin, qui s'y était retiré pour<br />

se préparer mieux à une mort qui arriva le 19 avril 1230; —<br />

Adam <strong>de</strong> Chambly, 1258; — Robert <strong>de</strong> <strong>la</strong> Houssaye, 1260 ; —<br />

Amaury; — Robert <strong>de</strong> Cressonsart, 29 avril, 1277; —<br />

Gauthier <strong>de</strong> Chambly, 15 février 1285 ou 1289 ; — Pierre<br />

Cailleu, vers 1292.<br />

La cathédrale donnera un asile sacré aux restes <strong>de</strong> Simon<br />

Bonnet (1496) ; — Charles <strong>de</strong> B<strong>la</strong>nchefort (1515) ; — Fillon<br />

(1530); — Pierre Chevallier (1583) 4<br />

; — Guil<strong>la</strong>ume Rose<br />

1602). — Voir chapitre Notre-Dame.<br />

L'on consultera pour leur histoire : Jaulnay,— l'Histoire <strong>de</strong><br />

l'Eglise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, — Afforty, — les Bulletins du Comité<br />

archéologique <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> 5<br />

.<br />

3<br />

Afforty, IV, 1813, 1971, 1990 à l995: Evêques ensépulturés à Chaalis; IX,<br />

5084 : Chapitre intéressant, substantiel et savant qui porte le titre Chaalis-<br />

Duruel; XI, 6041-6044, 6093 et 6094; XIV, 392, 442, où Amaury, discussions<br />

sur son histoire et <strong>la</strong> date <strong>de</strong> sa mort. Notes sur Chaalis, etc.<br />

4<br />

Afforty, IV, 2024; XXIII, 441, 785. — Gaignières.<br />

5<br />

Afforty, II, 841 à 882 : Notices mêlées sur Robert <strong>de</strong> Cressonsart,<br />

Pierre <strong>de</strong> Cros, Pierre P<strong>la</strong>oul, Simon Bonnet, ses difficultés au sujet <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Victoire, son inhumation, Jean Quentin, Charles <strong>de</strong> B<strong>la</strong>nchefort, Jean<br />

Cailleau, Artus Fillon, construction <strong>de</strong> Saint-Maclou <strong>de</strong> Rouen, inventaire<br />

<strong>de</strong>s biens <strong>de</strong> Fillon, Pierre le Chevallier, Guil<strong>la</strong>ume et Antoine Rose, et<br />

Nico<strong>la</strong>s Sanguin; IV, 2021 à 2039, où évêques, armoiries, épitaphes <strong>de</strong>puis


Que sont <strong>de</strong>venues ces gran<strong>de</strong>s choses? Le <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong> nos<br />

évêques a été chassé sur le sol étranger ; le diocèse <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong><br />

est en gran<strong>de</strong> <strong>partie</strong> rebelle aux sentiments fièrement chrétiens<br />

<strong>de</strong> nos pères ; le pa<strong>la</strong>is épiscopal, sous-préfecture et tribunal<br />

civil, puis chantier, est déchu <strong>de</strong> son ancienne splen<strong>de</strong>ur; <strong>la</strong><br />

chapelle <strong>de</strong> l'évêque Guérin, affreusement crevassée, attend<br />

une restauration... Dieu a fait les nations guérissables. «Sana-<br />

biles fecit nationes l<br />

. »<br />

LXXXII. — FAUBOURGS.<br />

NOTA. — L'on me permettra d'ajouter aux détails que<br />

comporte naturellement ce chapitre, l'indication <strong>de</strong> certains<br />

lieux dits que les documents <strong>de</strong> nos archives et <strong>la</strong> collection<br />

d'Afforty ramènent plus fréquemment.<br />

1. La cité ou bourg clos, avant <strong>la</strong> construction <strong>de</strong>s ouvrages<br />

extérieurs, avait pour faubourgs ou forsbourgs principaux :<br />

le vicus Bal<strong>la</strong>ntum, bellongus, dit Graves,<strong>de</strong> Mello,etc., entre<br />

<strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Mello (rue du Chancelier Guérin) et le carrefour où<br />

s'ouvre aujourd'hui <strong>la</strong> route <strong>de</strong> Montlévêque ; — le vicus Vi-<br />

nearum, <strong>de</strong>s vignes, près <strong>de</strong>s portes <strong>de</strong> Saint-Rieul et <strong>de</strong> Com-<br />

piègne; — le vicus Parisiensis ou rue <strong>de</strong> Paris; — le vicus<br />

Sanctœ Genovefœ ou <strong>de</strong> Sainte-Geneviève; — le vicus Vie-<br />

telli ou Vietel, occupé aujourd'hui par <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Meaux et<br />

Saint-Vincent, lequel fut enfermé dans <strong>la</strong> ville en 1288; — le<br />

vicus Securis ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cognée, au bas <strong>de</strong> <strong>la</strong> prison actuelle 2<br />

.<br />

2. Les faubourgs aujourd'hui sont : le faubourg <strong>de</strong>s<br />

Arènes, Saint-Etienne, Saint-Martin, Villemétrie et Villevert.<br />

Simon Bonnet jusqu'à Denis Sanguin ; x, 5696, 5746, Guill. et Ant. Rose ;<br />

XI, 5873, 5913, 5934, 6017, 7170, où id.<br />

1<br />

Sap., I, 14.<br />

2<br />

Afforty, XVI, 68, 462. — Broisse, 12, 13, 34, 58, 98, 142. — Graves,<br />

p. 153.


1<br />

2<br />

3. Adam Ansoult (clos, vigne et rue) « clos tenant au clos <strong>de</strong>s<br />

« Capucins et aux Remparts près <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Sanctisme à l'Ar­<br />

« gent (1537) l<br />

. » Le chapitre rue <strong>de</strong> Meaux ramènera le<br />

nom <strong>de</strong>s Ansoult, propriétaires (1383) <strong>de</strong> cette vigne : Jean<br />

Ansoult, cellérier <strong>de</strong> Notre-Dame, dont le scel en Afforty.<br />

Allée <strong>de</strong>s Prêtres (1'), est un tronçon <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaussée Brune-<br />

haut (rue aux Chevaux, rue aux Ang<strong>la</strong>is etc.,) qui tournait<br />

autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, et menait <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix Sottemont à <strong>la</strong> route<br />

<strong>de</strong> Crépy. Pourquoi cette appel<strong>la</strong>tion allée aux prêtres? Peut-<br />

être les processions <strong>de</strong>s rogations passaient en cet endroit 2<br />

.<br />

Angles (rue aux) (1270, 1352, 1365, 1385) : « Masure <strong>de</strong>-<br />

« hors <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Saint-Rieul en <strong>la</strong> rue aux Anglois sur les<br />

« fossés <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville entre <strong>la</strong> dicte porte et <strong>la</strong> porte Aiguillière<br />

« (1373) 3<br />

». Paris avait aussi dès le XIII e<br />

« Englois, as Englois. »<br />

Afforty, III, 227; IX, 4761 ; XVII, 65; XXIV, p. 245.<br />

Afforty, XXIV, 318 en 1636 : Etendue du dîmage <strong>de</strong> N.-D.<br />

siècle sa rue « <strong>de</strong>s<br />

Ardillières entre les portes Saint-Rieul et <strong>de</strong> Bellon : « Un<br />

« arrêt du parlement <strong>de</strong> Paris pour l'évêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> contre<br />

« le maire et les échevins au sujet <strong>de</strong> l'étendue <strong>de</strong> <strong>la</strong> juridic-<br />

« tion communale », à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> 1321, mentionne parmi un<br />

certain nombre <strong>de</strong> lieux-dits <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville et <strong>de</strong>s faubourgs que l'on<br />

reconnaîtra dans ce chapitre à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> 1321, <strong>la</strong> croix <strong>de</strong>s Ar­<br />

dillières (1321). — «Jardin hors <strong>la</strong> porte Saint-Rieul faisant le<br />

« coing <strong>de</strong> <strong>la</strong> ruelle <strong>de</strong> l'Ardillière (1443) ». — « Aux Ardillières,<br />

« au lieu dit l'Ourquibée ».— « M. d'Armentières » dit Vaul­<br />

tier (1589) « avec les seigneurs <strong>de</strong> Senerpont, d'Ognon et<br />

« autres qui faisaient nombre <strong>de</strong> quelques huit vingt hommes,<br />

« amenés et guidés par <strong>la</strong> prairie d'entre <strong>la</strong> côte Henri (où<br />

« est aujourd'hui Bon-Secours) et <strong>la</strong> fontaine du peuple (<strong>de</strong>s<br />

3<br />

Afforty, II, 1147; XVII, 157, 619, en 1383; XIX, 328, 364. J'avoue <strong>de</strong><br />

nouveau que cette dénomination Angles,<br />

un système <strong>de</strong> chemins, est une énigme.<br />

Anglés, Anglois, donnée à tout


« peupliers), passèrent par les Ardillières et se coulèrent dans<br />

« nos fossés, à l'endroit <strong>de</strong> Saint-Sanctin, etc. »; — « Ardil-<br />

« lières près le vieil chemin <strong>de</strong>s Capucins (1657) 1<br />

». Ce mot,<br />

<strong>de</strong> ardhilha , ardil<strong>la</strong>ria, etc., égale argillière, carrière<br />

d'argile : « Ardillière à prendre <strong>de</strong> l'Ardille chacun jour par<br />

« les habitans <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> 2<br />

(1516). »<br />

Arcis ou Arsis. M. le Roux <strong>de</strong> Lincy, dans ses documents<br />

pour servir à l'histoire <strong>de</strong> Paris, dit que l'expression rue <strong>de</strong>s<br />

Arcis, <strong>de</strong>s Arsis,—<strong>la</strong>quelle a déjà paru dans cet essai, signifie<br />

une voie ancienne aboutissant à un pont.<br />

Arènes. « Jardin à <strong>la</strong> fontaine d'Araines, lieu dit le château<br />

« Marigault (1435) » ; — C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> <strong>de</strong> Cornoailles, advocat du<br />

« roy (1616), avait sa maison à <strong>la</strong> fontaine <strong>de</strong>s Raines ».<br />

Nous trouvons en 1315 un Jean d'Arènes, écuyer, chate<strong>la</strong>in <strong>de</strong><br />

Montmélian 3<br />

.<br />

Argillières : 1383 à 1393. Rue Argillières donnant <strong>de</strong>vant<br />

les jardins du roi [à Villevert]. — 1450. Trois arpents <strong>de</strong><br />

terre aux Argillières « cédés par Jean Coulon, grenetier, à <strong>la</strong><br />

« ville ». — 1645. Bail <strong>de</strong> « huit arpents <strong>de</strong> terre lieu dit<br />

« les Argillières, y compris le vieilchemin <strong>de</strong>s Capucins,tenant<br />

« d'un côté au grand chemin <strong>de</strong> Barron, d'un bout à <strong>la</strong> rue<br />

« Saint-Sanctin ». — 1665. Pièce <strong>de</strong> terre dite les Argil­<br />

lières cédée au bureau <strong>de</strong>s pauvres par <strong>la</strong> ville. — Il existait<br />

près <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> d'autres Argillières. —1741. Lieu dit l'Argillière<br />

autrement les tablettes conduisant <strong>de</strong> Villemétrie à Montepil-<br />

louer. — Aveu et dénombrement, foi et hommage rendus à<br />

l'évêque par Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Grandpré, écuyer, sieur <strong>de</strong> Dam-<br />

pierre, baron d'Argillières, seigneur <strong>de</strong> Ba<strong>la</strong>gny 4<br />

.<br />

1<br />

Vaultier, p. 158, 472, 473. — Afforty, IV, 2441 ; VI, 3346 en 1443; XXIV,<br />

670.<br />

2<br />

Afforty, XXIII, 485. Etat <strong>de</strong>s biens et revenus <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> pour<br />

l'année 1516-17.<br />

3<br />

Afforty, X, 7081 10°; XXI, 403 : titres <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chapelle Parmatin, 1616.<br />

4<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>. — Afforty, VIII,3954, bail <strong>de</strong> 1645; XXI, 641. — Terrier<br />

<strong>de</strong> Saint-Jean. Arch. départ. G, 673.


Barbette (clos). Voir Sottemont.<br />

Barre <strong>de</strong> Rouveroy ou Rouvroy, Barra <strong>de</strong> Roboreto.<br />

Barre vient <strong>de</strong> barrum, barra, etc., qui signifie enceinte<br />

fermée, rempart, etc. Rouveroy dérive <strong>de</strong> Roboretum qui veut<br />

dire chesnaie. La barre <strong>de</strong> Rouvroy était-elle un enclos à che­<br />

vaux ou à bestiaux ou une sorte <strong>de</strong> petit fort détaché?...<br />

L'année 1582 rappelle un monitoire <strong>de</strong> l'official contre <strong>de</strong>s<br />

rô<strong>de</strong>urs qui avaient emporté cinq gros arbres que les grands<br />

vents du jour <strong>de</strong> Pâques 1581 ou une autre cause avait abattus<br />

dans les bois <strong>de</strong> Rouveroy appartenant au chapitre 1<br />

.<br />

Ce lieu-dit rappelle naturellement les seigneurs <strong>de</strong> Rouvroy<br />

<strong>de</strong>puis Jean <strong>de</strong> Roboreto qui est nommé en 1122 à côté <strong>de</strong><br />

Dreux <strong>de</strong> Mello, d'Albert <strong>de</strong> Hangest, etc., jusqu'à Matthieu<br />

<strong>de</strong> Rouvroy, dit le Borgne, Gaucher <strong>de</strong> Rouvroy <strong>de</strong> Saint-<br />

Simon qui épousa Marie <strong>de</strong> Sarrebruche, veuve <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong><br />

Hangest, Jean <strong>de</strong> Rouvroy <strong>de</strong> Saint-Simon, seigneur <strong>de</strong> San-<br />

dricourt et mari <strong>de</strong> Louise <strong>de</strong> Montmorency, etc. 2<br />

.<br />

Beauvoir, à Saint-Martin (1270). Vigne dite « clos <strong>de</strong><br />

« Beauvoir » « près <strong>de</strong> <strong>la</strong> voie f<strong>la</strong>ndreuse ». — 1347. « Maison<br />

« à Beauvoir, tenant d'une part à <strong>la</strong> maison-Dieu <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et<br />

« d'autre à Aelips l'Orfèvre ». — 1349. Le doyen Michel <strong>de</strong><br />

Béthisy lègue « vingt sols <strong>de</strong> surcens qu'il possédait sur une<br />

« maison, rue Saint-Martin, près <strong>la</strong> rue qui est dite vulgaire-<br />

« ment Bieauveoir 3<br />

forêt.<br />

». — De bellus visus.<br />

B<strong>la</strong>ncs-Sablons ou Sablons. P<strong>la</strong>ine entre <strong>la</strong> ville et <strong>la</strong><br />

Bonnettes (les). « Quatre ou cinq cents hommes <strong>de</strong> cheval<br />

« Wallons... passèrent (1593) au moulin Saint-Rieul aux<br />

« Bonnettes et l'ours qui baye »; — « Four à chaux assis<br />

« près le moulin Saint-Rieul au lieu dit les Bonnettes tenant<br />

1<br />

Afforty, XXV, 442. — Collection <strong>de</strong> dom Martène, t.I, p. 1163, 1164 où<br />

jugement fait à Vernon sur l'achat du comté <strong>de</strong> Beaumont.<br />

2<br />

Afforty, III, 1696.<br />

3<br />

Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 110. — Afforty, XVIII, 352, 403.


« d'un côté au grand chemin <strong>de</strong> Compiègne , d'autre au<br />

« chemin <strong>de</strong> Plessier-Choisel (1593) 1<br />

1<br />

Vaultier, p. 253. — Afforty, IV, 1839 : Extrait <strong>de</strong>s titres <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle<br />

Sainte-Anne. Il y est parlé <strong>de</strong> François le Cocq, gruyer <strong>de</strong> Ha<strong>la</strong>tte vers<br />

1629; V, 2538, 2834; VIII, 4559, 4562 et 4569.<br />

2<br />

3<br />

4<br />

Afforty, XV, 96, 869, 899; XVI, 623 en 1292.<br />

Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 167, 176.<br />

Afforty, XVIII, 387, 455. — Voir bornage <strong>de</strong> Saint-Rieul en 1552 :<br />

XXIV, 642.<br />

». Il est plus aisé <strong>de</strong> fixer<br />

l'emp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong> ce lieu dit que <strong>de</strong> déterminer le sens du mot.<br />

Bonneta comme bonnalium, bonnarium, est une pièce <strong>de</strong><br />

terre fermée <strong>de</strong> bonnes, bones ou bornes.<br />

Bor<strong>de</strong>s. Voyez Bor<strong>de</strong>aux. Bor<strong>de</strong>s signifiait primitivement<br />

et signifie encore au centre et au midi <strong>de</strong> <strong>la</strong> France : maison<br />

écartée, cabane, etc. Ce mot avait ce sens dans nos vieux do­<br />

cuments: 1204,prope bordam conversorum, à Chaalis; 1238, l'on<br />

mettra <strong>de</strong>s moutons dans <strong>la</strong> bor<strong>de</strong> qui est située dans <strong>la</strong> culture<br />

pour fournir <strong>de</strong>s engrais; 1239, in vico bordarum prope monas-<br />

terium fratrum minorum, etc. 2<br />

.<br />

Brosse (bois <strong>de</strong> <strong>la</strong>), broisse ou brosse Notre-Dame « séant<br />

« près et en <strong>de</strong>ça le vil<strong>la</strong>ge d'Aulmont, commençant à une<br />

« bourne qui est au chemin <strong>de</strong>s prisonniers [paissonniers] prés<br />

« <strong>la</strong> croix <strong>de</strong> M e<br />

Pierre <strong>de</strong> Bel<strong>la</strong>mes 3<br />

. » — Une certaine étu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s mœurs du temps suffit à expliquer ce mot <strong>de</strong> paisson-<br />

niers. Pour citer un exemple au hasard, les dames <strong>de</strong> l'abbaye<br />

<strong>de</strong> Montcel, près <strong>de</strong> Pont, avaient le droit <strong>de</strong> faire paître (droit<br />

<strong>de</strong> paisson) « cent grosses bestes que bœufs que vaches, cent<br />

« pourceaux, et huit vins que moutons que brebis 4<br />

» dans les<br />

forêts <strong>de</strong> Cuise et <strong>de</strong> Ha<strong>la</strong>tte ; Philippe <strong>de</strong> Valois leur accor<strong>de</strong><br />

(1348) le privilége <strong>de</strong> bâtir dans <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> Ha<strong>la</strong>tte une loge<br />

(muette) suffisante et convenable; les chemins que les gardiens<br />

<strong>de</strong> ces troupeaux suivaient du couvent à <strong>la</strong> muette ou d'une<br />

muette à une autre, prirent aisément le nom <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong>s<br />

paissonniers. En 1213 le chapitre <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> reconnaît à quelles


conditions il a reçu du roi le droit d'usage dans le bois qui est<br />

dit Brocia Sanctae Mariae 1<br />

: Ni vendre, ni donner, ni défricher,<br />

essartare. Broscia, bruscia, brossia, brossa, etc., signifie<br />

buisson.<br />

Champagne <strong>de</strong>rrière Saint-Pierre, — <strong>de</strong>rrière Saint-<br />

Rieul, etc. : <strong>la</strong> Tallemouse, pièce <strong>de</strong> terre à <strong>la</strong> Champagne<br />

(1574, 1606) 2<br />

. » Les expressions « un autre arpent en forme <strong>de</strong><br />

« talmouse... », cinq quartiers aussy en talmouse, etc., que l'on<br />

rencontrera dans un mesurage <strong>de</strong> 1536, indiquent <strong>la</strong> ressem­<br />

b<strong>la</strong>nce <strong>de</strong> forme qui a inspiré ce rapprochement entre <strong>de</strong>s pièces<br />

<strong>de</strong> terre et ces patisseries sucrées, talmouse ou casse-museau,<br />

dont l'auteur <strong>de</strong>s Sarcel<strong>la</strong><strong>de</strong>s dit p<strong>la</strong>isamment à Duruel :<br />

Vous vous portez fort bien aussi,<br />

Comme on voit à votre frimouse,<br />

Qu'on prendrait pour une talmouse ?<br />

La basse et <strong>la</strong> haute Champagne sont sur <strong>la</strong> gauche <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

route <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> à Montlévêque.<br />

Champ <strong>de</strong> Beauvais. « Arpents <strong>de</strong> terre scis au champ <strong>de</strong><br />

« Beauvais près le moulin du Roy (Gâtelière) tenant à <strong>la</strong> prai-<br />

« rie, d'autre au chemin <strong>de</strong>s poissonniers [paissonniers] qui<br />

« va gagner <strong>la</strong> fontaine Jumelle 3<br />

« Marais ».<br />

près <strong>de</strong> l'hôtel-Dieu <strong>de</strong>s<br />

Champ <strong>de</strong> pie, entre le chemin <strong>de</strong> P<strong>la</strong>illy et <strong>la</strong> route <strong>de</strong><br />

Paris ; là était <strong>la</strong> vieille justice (1447), c'est-à-dire le lieu <strong>de</strong>s<br />

exécutions, le gibet. Voir Bretonnerie 4<br />

.<br />

Champ familieux, entre le chemin <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> à Montépilloy<br />

et <strong>la</strong> route <strong>de</strong> Crépy, à côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaussée Brunehaut <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong><br />

1<br />

Layelles du trésor <strong>de</strong>s Chartes, p. 394. — Afforty, XV, 267, 268 : Usage<br />

du bois <strong>de</strong> <strong>la</strong> Brosse.<br />

2<br />

Invent. <strong>de</strong> l'hôtel-Dieu <strong>de</strong> 1758.<br />

3<br />

Afforty, XXI, 635.<br />

Afforty, XXI, 403, 635.


à Ba<strong>la</strong>gny. — 1202. Champ familieux. — 1205. In campo<br />

famelico 1<br />

. Voir infra Murcent.<br />

L'épithète familieux, famélique, dérive-t-elle <strong>de</strong> familia<br />

ou <strong>de</strong> fames? Le champ familieux est-il une <strong>de</strong> ces terres aux­<br />

quelles était attachée une colonie d'ouvriers? ou un sol <strong>de</strong><br />

maigre rapport?<br />

Chanteraine, près <strong>la</strong> Gâtelière et <strong>la</strong> route <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s,<br />

<strong>de</strong> « cantus ranarum », dit M. Am. Margry. Chanteraine<br />

n'aurait-il point pour étymologie : champ <strong>de</strong>s raines, « campus<br />

« ranarum »? — En 1694,1708, Charles Truyart, seigneur <strong>de</strong><br />

Chantereine, était conseiller du roi et maire perpétuel <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

ville. Il n'est pas <strong>de</strong> notre sujet <strong>de</strong> copier ici <strong>la</strong> généalogie <strong>de</strong>s<br />

Truyart : Louis Truyart ; Jean-Baptiste Truyart (1714), fils <strong>de</strong><br />

Charles Truyart et <strong>de</strong> Marie-Anne le Vasseur, <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille <strong>de</strong>s<br />

le Vasseur qui a donné à Noyon son celèbre doyen, Jacques le<br />

Vasseur; Nico<strong>la</strong>s Truyart, doyen <strong>de</strong> Saint-Rieul, etc. 2<br />

.<br />

Château-Marigault. Voir Arènes. Qu'est-ce que ce châ­<br />

teau? Etait-ce cette « tour d'Airaines » qui appartenait, à <strong>la</strong> fin<br />

du XV e<br />

siècle, aux Hangest et aux Mailly? Etait-ce une sorte<br />

<strong>de</strong> poste avancé 3<br />

?<br />

Nous retrouverons plus d'une fois dans l'histoire <strong>de</strong> nos pays<br />

les noms <strong>de</strong>s Hangest et <strong>de</strong>s Mailly. 1235. Jean <strong>de</strong> Hangest,<br />

seigneur <strong>de</strong> Genlis, fon<strong>de</strong> à Moulin-Chevreux une chapelle <strong>de</strong><br />

Sainte-Ma<strong>de</strong>leine.— 1257. Hubert <strong>de</strong> Hangest. — 1283. Guil­<br />

<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Hangest, trésorier du roi, établit à Beauvais les<br />

béguines, sous l'épiscopat <strong>de</strong> Thibaut. — 1290. Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong><br />

Hangest, gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> prévôté <strong>de</strong> Paris en 1292, bailli <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong><br />

en 1296. — 1295, Aubert <strong>de</strong> Hangest, seigneur <strong>de</strong> Genlis. Sa<br />

tombe en 1309 à l'abbaye <strong>de</strong> Bonport. —1311, 1328. Rogon <strong>de</strong><br />

Hangest, grand pannetier, sous Philippe-<strong>de</strong>-Valois. — XIV e<br />

siè-<br />

1<br />

Afforty, XV, 57, 109.<br />

2<br />

Com. arch. série II, t. III, p. 232, 358. — Afforty, I,126, année 1238 ;<br />

IX, 4649,4662, 4665, 4863, où généalogie <strong>de</strong>s Truyart.<br />

3<br />

Afforty, X, 5762.<br />

V 21


cle. Pierre <strong>de</strong> Hangest, prevôt d'Amiens qui a traduit les homé­<br />

lies <strong>de</strong> saint Grégoire. — 1338. Florent <strong>de</strong> Hangest, chanoine <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong>. — 1403. Jean <strong>de</strong> Hangest, sieur d'Hacqueville, capitaine<br />

du Crotoy, grand maître <strong>de</strong>s arbalêtriers <strong>de</strong> France en 1407,<br />

gouverneur <strong>de</strong> Compiègne en 1408, tué à Azincourt. — Co<strong>la</strong>rd<br />

<strong>de</strong> Hangest, <strong>de</strong> Pierrepont, un <strong>de</strong>s huit fieffez <strong>de</strong> Saint-Cor­<br />

neille <strong>de</strong> Compiègne. — 1410. Aubert <strong>de</strong> Hangest, grand<br />

maître <strong>de</strong>s arbalêtriers <strong>de</strong> France. — 1490. Mort <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong><br />

Hangest, chambel<strong>la</strong>n <strong>de</strong> Louis XII, lieutenant <strong>de</strong> Normandie.<br />

— 1495-1507. C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> <strong>de</strong> Hangest, prévôt d'Amiens. — 1504.<br />

Défunt Pierre <strong>de</strong> Hangest, chevalier, dit le Hutin, <strong>de</strong>meurait<br />

à Cyrrières, au lieu dit le Martheloy. — 1511,1562. Guil<strong>la</strong>ume<br />

<strong>de</strong> Hangest, chevalier, seigneur d'Arzillières, et Marie <strong>de</strong><br />

Torcenay, sa femme. — 1511. « Cette mesme année », dit le<br />

Père Dompierre <strong>de</strong> Romuald dans son Trésor chronologique,<br />

« acheva dans Charleport (Carlepont, maison <strong>de</strong> campagne<br />

« <strong>de</strong>s évêques <strong>de</strong> Noyon) , <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> Messire Charles <strong>de</strong><br />

« Hangest, <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, évêque <strong>de</strong> Noyon. C'est<br />

« celuy à qui Valeran <strong>de</strong> Varenne dédia son poëme <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« Pucelle d'Orléans l'an 1516 et à qui aussi Charles <strong>de</strong> Bouille<br />

« [Bovelles] adressa son livre <strong>de</strong> Sens ». Il eut pour succes­<br />

seur son neveu Jean <strong>de</strong> Hangest. — 1533 (vers). Adrien <strong>de</strong><br />

Hangest, grand échanson. — 1562. François <strong>de</strong> Hangest,<br />

gouverneur <strong>de</strong> Chauny, huguenot 1<br />

.<br />

Je n'insisterai pas davantage sur les Mailly qui apparaissent<br />

vers 1040 avec Anselme <strong>de</strong> Mailly, se divisent <strong>de</strong> bonne heure<br />

en branches nombreuses et comptent plus d'une illustration.<br />

Citons seulement Jacques <strong>de</strong> Mailly (1200) dit le Saint-Georges<br />

<strong>de</strong> son temps ; — Gilles <strong>de</strong> Mailly qui accompagna Saint-Louis<br />

1<br />

Arch. départ. G. 660. — Actes du Parlement <strong>de</strong> Paris n os<br />

3907, 4048,<br />

4195, 4924 où encore P. <strong>de</strong> Hangest, bailli <strong>de</strong> Gisors puis <strong>de</strong> Rouen (1318),<br />

Oudart <strong>de</strong> Hangest (1313), Aubert <strong>de</strong> Hangest (1317). — Afforty, IX, 4723,<br />

4751 où Extraits du P. Anselme; XI, 5877 , 5879, 5923 ; XXIII, 117, 123 où<br />

Pierre <strong>de</strong> Hangest (1504). — Simon: Supplément au Nobiliaire du Beauvaisis.<br />

— Roger, Archives <strong>de</strong> Picardie.


en Palestine ; — Robert <strong>de</strong> Mailly, Pierre <strong>de</strong> Mailly son<br />

héritier (1320), Jean <strong>de</strong> Mailly dit Seivin, prévôt <strong>de</strong> Mon-<br />

treuil (avant 1323) ; — Gilles <strong>de</strong> Mailly, sire d'Acheu et <strong>de</strong><br />

Fricourt (1322) et Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Mailly, grand prieur <strong>de</strong><br />

France (1360); — Jean <strong>de</strong> Mailly qui mourut en 1473 évêque<br />

<strong>de</strong> Noyon après une existence difficile; — Ferry <strong>de</strong> Mailly qui<br />

acheta (1482) aux hoirs feu Pierre <strong>de</strong> Hangest les fiefs, terres<br />

et seigneuries <strong>de</strong> <strong>la</strong> tour Dairaine.<br />

Le P. Labbé dans ses tables généalogiques mentionne un<br />

ancien roman intitulé : De l'histoire li roman <strong>de</strong> Monseigneur<br />

Thibault <strong>de</strong> Mailly.<br />

Ains vous veuil amentevoir <strong>de</strong> Simon <strong>de</strong> Crespi<br />

Qui le comte Raoul, son père, défoui<br />

Et trouva en sa bouche un froit plus que <strong>de</strong>mi<br />

Qui lui rongeoit <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue dont jura et menti.<br />

Li cuens vit <strong>la</strong> merveille, moult en fut ébahi :<br />

Est-ce donc mon père qui tant chateaux broui?<br />

Ja navoit il en France nulz Prince si hardi<br />

Qui osa vers li fere ne guerre ne estri etc.<br />

1526. Robert <strong>de</strong> Mailly , seigneur d'Auxmarets, Til<strong>la</strong>rt et<br />

Rusmenil. — 1539. Jean <strong>de</strong> Mailly, seigneur d'Auxmarets,<br />

Silli et Til<strong>la</strong>rt; plus d'une <strong>de</strong> nos églises est marquée <strong>de</strong>s mo­<br />

numents <strong>de</strong> <strong>la</strong> générosité ou du passage <strong>de</strong> quelque Mailly.<br />

Leurs armes sont gravées sur <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> <strong>la</strong> sacristie <strong>de</strong> Beau-<br />

lieu-les-Fontaines. — 1572. Antoinette <strong>de</strong> Mailly, femme <strong>de</strong><br />

Louis <strong>de</strong> Saint-Simon 1<br />

.<br />

Clos Barbet, appartenant au chapitre 2<br />

Clos Brunehaut 4<br />

.<br />

(1340).<br />

Clos <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chatellenie (1486). Nous trouvons ainsi dans<br />

1<br />

Actes du Parlement <strong>de</strong> Paris, n os<br />

6013, 6861, 7076.—Afforty XI, 6023,<br />

6040; XXII, 386 en 1489 : chapelle <strong>de</strong> Til<strong>la</strong>rd; XXV, 189.<br />

2<br />

Afforty, I, 8 en 1340 : là clos Renouard, ruelle coupe-gueule, Sottemont,<br />

etc.<br />

3<br />

Afforty, X, 5762.


les lieux-dits le clos <strong>de</strong> <strong>la</strong> chatellenie, <strong>la</strong> vicomté (hôtel <strong>de</strong> <strong>la</strong>),<br />

vis à vis Saint-Lazare et <strong>la</strong> vidamé.<br />

Clos du Chape<strong>la</strong>in. Voir Muette.<br />

Closeaux (les) « près Saint-Lazare ».<br />

Clos Herouart au Vietel en 1351.<br />

Clos Renouart (1340) « auprès <strong>de</strong> <strong>la</strong> route <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> à Mons,<br />

« <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> croix <strong>de</strong> Villemétrie. »<br />

Conchies li bus (1252), « juxta cheminum Crespeiacen-<br />

« sem 1<br />

» chaussée aux bœufs, auprès du chemin <strong>de</strong> Crépy.<br />

Côte Henry (1508, 1522). Voir Bon-Secours.<br />

Coupe-Gueule (ruelle), vers l'église Saint-Pierre (1340).<br />

Cuves <strong>de</strong> Ciment, aboutant à <strong>la</strong> rue du Moulin du roi, etc. 2<br />

Voir Bellon.<br />

Double-Haye, à Villevert. Existait-il en cet endroit l'un<br />

<strong>de</strong> ces vastes réduits dans lesquels on poussait le gibier?<br />

Fa<strong>la</strong>ise ou radière (1321), fal<strong>la</strong>ize, (carrière, rivière, ruelle<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong>), côte pierreuse qui s'étend <strong>de</strong> Valjenceuse à Villemétrie,<br />

« tenant (1584) au chemin <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> à Montlévêque ». Fa<strong>la</strong>ise,<br />

falesia est synonyme <strong>de</strong> rupes, roc. C'est en bas <strong>de</strong> <strong>la</strong> fa<strong>la</strong>ise<br />

que s'élevait dès le XIV e<br />

siècle <strong>la</strong> maison ou hôtel <strong>de</strong> Valjen­<br />

ceuse qui appartint successivement à Roger <strong>de</strong> Boissi, queux du<br />

roi, au doyen Nico<strong>la</strong>s le Thiou<strong>la</strong>is, à Saint-Frambourg, etc. 3<br />

Folenprise (rue <strong>de</strong> <strong>la</strong>) citée dans un toisé <strong>de</strong> pavage du 16<br />

juin 1625. Où est cette rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> folenprise, <strong>de</strong> <strong>la</strong> folle-entre­<br />

prise 4<br />

? — Château <strong>de</strong> Folemprise à côté <strong>de</strong> Ville et Noyon etc.<br />

Follie. Ce mot apparaît avec <strong>de</strong>ux sens différents dans les<br />

1<br />

Afforty, I, 95, 96 : Libus conchies.<br />

2<br />

Afforty, XXIV, 37 en 1530.<br />

3<br />

Afforty, III, 1551 : Vente <strong>de</strong> Valjenceuse à Nic. le Tyoulois; XVII, 594 :<br />

cuves <strong>de</strong> ciment, radière, en 1326; XXV, 476 : il est parlé là <strong>de</strong> : chemin <strong>de</strong><br />

Villemétrie à Bal<strong>la</strong>gny, chemins <strong>de</strong>s rouliers conduisant à Verberie, table<br />

<strong>de</strong> Mons, etc.<br />

4<br />

Afforty, V, 2651.


titres : Folie, feuillée, lieu ombreux — ou folie, sottise « stul-<br />

« titia buticu<strong>la</strong>rii, folie du bouteillier » (1131, 1241). La dé­<br />

nomination folie est donnée à plus d'un séjour seigneurial. Il<br />

existait aussi à Ville un château-fort appelé <strong>la</strong> folie lequel<br />

était enclos <strong>de</strong> murs crenelés (1376), <strong>de</strong> tours, <strong>de</strong> fossés.<br />

Ne nomme-t-on pas aussi <strong>la</strong> folie un endroit au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> Ri-<br />

bécourt où l'on a trouvé un vaste souterrain? La Chapelle-en-<br />

Serval avait aussi sa Folye. 1<br />

Fourches <strong>de</strong> Saint-Vincent « tenant au chemin <strong>de</strong>s Ta-<br />

« blettes (voir supra), près le chemin <strong>de</strong>s roulliers. »<br />

Là se dressait le gibet où l'abbaye <strong>de</strong> Saint-Vincent<br />

exerçait son droit <strong>de</strong> haute justice. — L'antique chemin <strong>de</strong>s<br />

Tablettes conduisait <strong>de</strong> Villemétrie à Montepilloy et<br />

s'appe<strong>la</strong>it <strong>de</strong>s Tablettes à cause «d'une table <strong>de</strong> pierre <strong>la</strong>quelle<br />

« est au droit <strong>de</strong> l'Eglise <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong> <strong>la</strong> Victoire ou les<br />

« quatre barons, comme vassaux <strong>de</strong> l'évêché, scavoir <strong>de</strong> Bras-<br />

« seuse, <strong>de</strong> Raray, <strong>de</strong> Survilliers, <strong>de</strong> Pontharmé doivent<br />

« attendre l'évêque » à sa première entrée et « l'ai<strong>de</strong>r à monter<br />

« sur sa mule, etc. 2<br />

tures est <strong>la</strong> route <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> à Montlévêque.<br />

» — Le chemin <strong>de</strong>s rouliers ou <strong>de</strong>s voi­<br />

Fremions (chemin <strong>de</strong>s) 3<br />

. Le chemin <strong>de</strong>s frémions ou four­<br />

mis doit au siège <strong>de</strong> 1589 et à <strong>la</strong> bravoure <strong>de</strong>s bourgeois <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong> sa légen<strong>de</strong>. Voir Jeu.<br />

Garenne <strong>de</strong> l'Evêché, terrain boisé (1493) où un élève <strong>de</strong><br />

Le Nôtre a <strong>de</strong>ssiné <strong>de</strong>puis le parc <strong>de</strong> Valjenceuse 4<br />

; — <strong>de</strong><br />

Saint-Nico<strong>la</strong>s, « varannes d'eau <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s d'Acy. La<br />

garenne, endroit réservé où l'on gar<strong>de</strong> le gibier, ou bien vivier<br />

où l'on amasse le poisson, exprime <strong>la</strong> notion générale <strong>de</strong> pro­<br />

téger, garantir, garendare, gardire, etc.<br />

1<br />

Afforty, I, 107, 108, 109 : Extrait du cartu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> N.-D. ; XXIII, 477.<br />

2<br />

Terrier <strong>de</strong> Saint-Jean. 1741. — Jaulnay, p. 655 : « Ensuit l'ordre qui<br />

« doit estre tenu à l'entrée et possession <strong>de</strong>s Evesques <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> ».<br />

3<br />

Afforty, VIII, 4229 à 4238 : Requête du jeu <strong>de</strong> fusil, etc.<br />

4<br />

Afforty, V, 253,257, 267.


Gournay (voir Gâtellière) est maintenant absorbé dans <strong>la</strong><br />

propriété <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Waru. Gournay, Gornacum, dérive-t-il <strong>de</strong><br />

Gord (1083), gordus, qui est un creux d'eau naturel ou artifi­<br />

ciel où l'on prend le poisson? Les <strong>la</strong>yettes du trésor <strong>de</strong>s Chartes<br />

rapportent à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> 1231 que Philippe, roi <strong>de</strong> France, a<br />

concédé à Guil<strong>la</strong>ume, abbé <strong>de</strong> Saint-Jean <strong>de</strong> Sens, et à Gui <strong>de</strong><br />

Borrun, etc., « arcas pontis gressii cum gurgitibus ibi<strong>de</strong>m si-<br />

« gnatis et aquam quae vulgo Baillium nuncupatur et pecu<strong>la</strong>-<br />

« riter aquam a baillio et supra usque ad exclusas molendi-<br />

« norum, » les arches du pont <strong>de</strong> grès, avec les gouffres,<br />

(les gords) qui y sont signalés, et l'eau qu'on appelle habituel­<br />

lement baille, et particulièrement l'eau <strong>de</strong>puis le baille et au-<br />

<strong>de</strong>ssus jusqu'aux écluses <strong>de</strong>s moulins 1<br />

.<br />

De I<strong>de</strong>ra. (1237). « Maison dans <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> i<strong>de</strong>ra, voisine <strong>de</strong><br />

« <strong>la</strong> maison du prêtre <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. » Est-ce « <strong>de</strong><br />

« he<strong>de</strong>ra », du lierre? 2<br />

Isle Notre Dame. Bertrand l'Orfèvre, seigneur d'Ermenon­<br />

ville et Pontarmé, au lieu <strong>de</strong> Messire Pierre l'Orfèvre, sei­<br />

gneur <strong>de</strong>s comptes.., possè<strong>de</strong> une pièce <strong>de</strong> terre hors <strong>la</strong> porte<br />

<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, au lieu dit l'Isle Notre Dame. L'expression île pa­<br />

rait indiquer un ensemble d'habitations cerné <strong>de</strong> rues.<br />

Jalot (clos). (1522) 3<br />

.<br />

Jardin du Roi (1300).<br />

Jariel, Jarriel (bois). 1310, 1313, 1522. Bois du Jarriet,<br />

nommé le bois l'Evêque. — 1408. Le parlement <strong>de</strong> Paris con­<br />

firme un arrêt <strong>de</strong>s prévôt et bailly <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> qui maintient aux<br />

habitants <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> le droit <strong>de</strong> chasser dans le bois Jarriel et<br />

termine ainsi un procès qui avait été porté <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> cour <strong>de</strong><br />

Pierre <strong>de</strong> Pacy, écuyer, seigneur <strong>de</strong> Pontarmé (<strong>de</strong> Ponte her-<br />

meri) entre le promoteur <strong>de</strong>s causes du dit Pierre <strong>de</strong> Pacy et<br />

Jean Labbé, bourgeois <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> 4<br />

.<br />

1<br />

Afforty, I, 114;XXI,275; XXIV, 13.<br />

2 Afforty, I, 108; XV, 831.<br />

3 Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 157.<br />

4 Afforty, XVII, 343, 638, 1300 à 1337. Voir Ang<strong>la</strong>is, xx, 241. — Déc<strong>la</strong>ration<br />

<strong>de</strong> 1522, p. 118. — Arch. départ. G. 675.


1<br />

Terrier <strong>de</strong> Saint-Jean, 1741.<br />

2<br />

Afforty, IX. 4924. — Curiosités <strong>de</strong> l'Histoire : Le roi <strong>de</strong>s Ribauds,<br />

dissertation <strong>de</strong> Du Tillet, Cl. Fauchet, Et. Pasquier, De La Mare, Du<br />

Cange, Gouye <strong>de</strong> Longuemare, l'abbé Lebeuf, <strong>de</strong> Bonnevie, bibliophile<br />

Jacob, recueill. et col<strong>la</strong>tionn. sur les textes originaux, préface et bibliographie,<br />

par L. Pichon. — Voir Bol<strong>la</strong>ndistes, t. VIII <strong>de</strong> sept. Simon <strong>de</strong> Crépy.<br />

— Dom Grenier, t. XIV, conclusion du chapitre <strong>de</strong> Noyon du 18 janvier<br />

1406 ; à Noyon, vicus lupanarius.<br />

3<br />

Afforty, XVI, 715, 745; XVII, 621 ; XX, 487.<br />

4<br />

5<br />

Justice. « Au chemin d'Ognon assé près <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice dudit<br />

« lieu proche le chemin <strong>de</strong>s ribaux 1<br />

. » On appe<strong>la</strong>it Justice<br />

l'endroit où l'on pendait au soleil et à <strong>la</strong> pluie les criminels. Le<br />

mot ribauds désigna, d'abord, sous Philippe-Auguste et Philippe-<br />

le-Bel, les soldats d'élite qui formaient <strong>la</strong> gar<strong>de</strong> du roi; leur chef,<br />

appelé roi <strong>de</strong>s ribauds, outre qu'il était chargé d'exécuter les<br />

sentences du Prévôt du roi, exerçait une surveil<strong>la</strong>nce sur les<br />

maisons publiques, avait une sorte d'inspection <strong>de</strong>s mœurs, tirait<br />

peut-être du vice lui-même une source <strong>de</strong> tribut, etc., etc. De<br />

là une dérivation naturelle du sens premier <strong>de</strong> ribaud, qui<br />

<strong>de</strong>vint synonyme <strong>de</strong> libertin, bandit, souteneur <strong>de</strong> filles 2<br />

. —<br />

« Sablons près <strong>de</strong> <strong>la</strong> vieille justice. »<br />

Longue pene. « Clos <strong>de</strong> vigne dit <strong>de</strong> longue paienne entre<br />

« les chemins <strong>de</strong> Plessier et <strong>de</strong> Saint-Christophe, » 2 dé-<br />

« cembre 1295. — « Longa pena » en 1379. Pena ou Pecia<br />

signifiant colline, roc, ou bien pièce, morceau, etc., longue<br />

pene pourrait se traduire par gran<strong>de</strong> pièce 3<br />

.<br />

Malgeneste, malgenesta, peut-être <strong>de</strong> male et geneste-<br />

rium, lieu mal p<strong>la</strong>nté <strong>de</strong> genets. Ce nom apparaît dès 1129<br />

dans une réforme <strong>de</strong> Saint-Vincent. — Malgeneste, château<br />

aujourd'hui rasé où habita entr'autres Philippe <strong>de</strong> Joigny... :<br />

Tombe d'Anne..., épouse <strong>de</strong> Philippe <strong>de</strong> Joigny, à l'église <strong>de</strong><br />

Chamant 4<br />

.<br />

Mer<strong>de</strong>use. « Maison dans <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Paris, voisine <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue<br />

« Mer<strong>de</strong>use où Martin l'Orfèvre. 5<br />

»(1239). « Vicus merdosus »<br />

Afforty, XIII, 773. — Com. arch., VIII, XXII.<br />

Afforty, I, 111 ; II, 885, obituaire <strong>de</strong> N.-D., avril; XV, 916.


— Beauvais avait aussi sa rue Merdanson que l'on a appelée<br />

<strong>de</strong>puis par euphémisme rue Beauregard. C'est en lisant les titres<br />

d'une maison située au coin <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Merdanson et <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue<br />

du Châtel ou Gloria <strong>la</strong>us et appartenant alors à <strong>de</strong>s Poquelin,<br />

que j'eus <strong>la</strong> bonne fortune <strong>de</strong> trouver au bas d'une expertise<br />

<strong>la</strong> signature jusqu'alors inconnue du très illustre Jean Vast,<br />

architecte <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale <strong>de</strong> Beauvais, ainsi : « Jean Vast,<br />

« maçon <strong>de</strong> pierre ». Cet autographe précieux a été donné, sur<br />

ma <strong>de</strong>man<strong>de</strong> et par mon intermédiaire, aux archives <strong>de</strong> <strong>la</strong> pré-<br />

fecture, où il doit être.<br />

Mezière. « Ultra maceriam quae vulgariter <strong>la</strong> mezière<br />

« Brunehaut appel<strong>la</strong>tur (1279). » — Meseria Breuneheu prope<br />

« cheminum cadrigarum <strong>de</strong> monte Espillonii usque ad chemi-<br />

« num <strong>de</strong> Chamant (1321) 2<br />

. » - « Maceria » dit Afforty « me-<br />

« ziere,mazure. » Faut-il donner le nom <strong>de</strong> mezière Brunehaut<br />

à quelque débris d'habitation gallo-romaine semb<strong>la</strong>ble à celui<br />

que l'abbé Cau<strong>de</strong>l a découvert dans les bois <strong>de</strong> Montlévêque?<br />

N'a-t-on point donné aussi par extension le nom <strong>de</strong> mézières<br />

à <strong>de</strong> vieilles chaussées? Que l'on étudie par exemple cette<br />

chaussée Brunehaut dont le tracé est encore visible <strong>de</strong>puis<br />

<strong>Senlis</strong>, où elle passe au pied <strong>de</strong> Saint-Vincent et traverse les<br />

routes <strong>de</strong> Meaux et <strong>de</strong> Crépy, jusqu'à <strong>la</strong> vallée d'Automne.<br />

« Elle est construite avec <strong>de</strong>s moellons <strong>de</strong> calcaire grossier<br />

« dont le volume augmente <strong>de</strong> haut en bas, en sorte que ceux<br />

« <strong>de</strong> l'encaissement sont <strong>de</strong> véritables blocs. » L'expression<br />

maceria, abrégé par corruption <strong>de</strong> materia, mur, matériaux à<br />

édifier,etc.,ne convient il pas exactement à ce système <strong>de</strong> voi­<br />

ries dont plus d'un <strong>de</strong>meure encore et dresse au milieu <strong>de</strong>s champs<br />

mille fois retournés ses blocs in<strong>de</strong>structibles comme un témoin <strong>de</strong><br />

temps, <strong>de</strong> civilisations, <strong>de</strong> hardis pionniers disparus : « Saxo<br />

« ligant opus, dit Stace, « texunt cocto pulvere sordidoque<br />

1<br />

Afforty, IV, 2117 : Extrait du cart. enchainé en 1279 ; XI, 5821 ; XVI,<br />

304. — Tremb<strong>la</strong>y.<br />

2<br />

Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 117.


« topho », ils font <strong>la</strong> route <strong>de</strong> pierres rapprochées qu'ils cou­<br />

vrent <strong>de</strong> ciment et <strong>de</strong> tuf noirâtre.<br />

Mollières (1522). Carrière à meules <strong>de</strong> moulin ».<br />

Muette. « La muette Jean <strong>de</strong> Sains (1486) touchant à <strong>la</strong><br />

« forêt <strong>de</strong> Pontarmé. » Un compromis du 4 septembre 1494<br />

entre Messire Pierre l'Orfèvre, seigneur d'Ermenonville, et<br />

l'abbaye <strong>de</strong> Chaalis 1<br />

, lequel mentionne d'autres Muettes in­<br />

téressantes et initie à l'un <strong>de</strong> ces litiges dont le fabuliste avait<br />

raison <strong>de</strong> dire :<br />

« La dispute est d'un grand secours,<br />

« Sans elle on dormirait toujours, »<br />

précise le sens du mot Muette. Il est rapporté dans ce document<br />

que « le dit seigneur d'Ermenonville à cause d'icelle sa sei-<br />

« gneurie entre autres choses disoit avoir une garenne <strong>de</strong><br />

« moult grant étendue pour <strong>la</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle avoit plusieurs<br />

« maisons et muetes pour loger les garenniers et gar<strong>de</strong>s<br />

« d'icelles et mesmement en l'un <strong>de</strong>s quartiers d'icelle garenne,<br />

« en tirant vers <strong>Senlis</strong> et à plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux lieues du dit Erme-<br />

« nonville ou environ et <strong>de</strong> <strong>la</strong> dite abbaye <strong>de</strong> Chalis, a <strong>de</strong> tout<br />

« temps et d'ancienneté une <strong>de</strong>s dites muettes, etc. » —<br />

Quant à l'étymologie <strong>de</strong> muette, c'est mutatio, muer, soit parce<br />

que les muettes servaient à recevoir les faucons à l'époque <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> mue, soit, comme le pense l'abbé Cau<strong>de</strong>l, parce que ces<br />

muettes ou loges <strong>de</strong>s garenniers étaient <strong>de</strong>s souvenirs <strong>de</strong>s<br />

mutations, haltes romaines, métairies carlovingiennes.<br />

Le Jean <strong>de</strong> Sains qui a donné son nom à cette muette (1486)<br />

est l'un <strong>de</strong>s représentants d'une famille noble du Beauvaisis et<br />

<strong>de</strong> l'ancien <strong>Senlis</strong>. Citons seulement : Jean <strong>de</strong> Sains qui a<br />

épousé Alix, fille <strong>de</strong> Philippe <strong>de</strong> Marigny, sœur <strong>de</strong> Robert,<br />

évêque <strong>de</strong> Cambray, <strong>de</strong> Jean, évêque <strong>de</strong> Beauvais et d'Enguer-<br />

rand, intendant <strong>de</strong>s finances <strong>de</strong> Philippe-le-Bel ; — Jeanne <strong>de</strong><br />

Sains, veuve <strong>de</strong> Jean dont nous avons à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> 1383 un tes-<br />

1<br />

Afforty, XXII, 482, 678; XXVI, 98. — Com. arch. VI, XXXVI,IX.


tament; — Jean <strong>de</strong> Sains, évêque <strong>de</strong> Meaux (1418) ; — Beau-<br />

doin <strong>de</strong> Sains, chevalier (1428) et Béatrix <strong>de</strong> Boufflers, sa<br />

veuve (1438) ; — Jeanne <strong>de</strong> Sains, femme <strong>de</strong> Pierre <strong>de</strong> Reims,<br />

sieur <strong>de</strong> Troissereux (1465) par son mariage; — Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong><br />

Sains, bailly <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> qui al<strong>la</strong> avec Gaguin en 1489 dans <strong>la</strong><br />

Gran<strong>de</strong>-Bretagne pour ménager une alliance entre les rois <strong>de</strong><br />

France et d'Angleterre; — Waleran <strong>de</strong> Sains (1522), seigneur<br />

<strong>de</strong> Marigny, bailly <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, marié à Jacqueline <strong>de</strong> Rouvroy<br />

<strong>de</strong> Saint-Simon, veuve en 1524; — Jean <strong>de</strong> Sains, cheva­<br />

lier, bailly <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> (1526-1528); — Agnès <strong>de</strong> Sains, femme<br />

d'Antoine <strong>de</strong> Neuville ; — Nico<strong>la</strong>s <strong>de</strong> Sains, évêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong><br />

(1515), oncle <strong>de</strong> Jean qui obtint <strong>de</strong> son neveu pour l'évêché <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong>, <strong>la</strong> seigneurie et chatellenie <strong>de</strong> Thourotte. — Jeanne <strong>de</strong><br />

Sains, mariée à Jacques, comte <strong>de</strong> Sancerre et mère <strong>de</strong> François<br />

<strong>de</strong> Bueil, élu archevêque <strong>de</strong> Bourges le 25 janvier 1520. —<br />

B<strong>la</strong>nche <strong>de</strong> Sains, sœur <strong>de</strong> Jean (1499) mariée à Jean d'Etampes. 1<br />

L'histoire nous montre Jean <strong>de</strong> Sains à Saint-Quentin s'ef-<br />

forçant avec <strong>de</strong>ux cent gentilshommes du bailliage <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />

— noblesse obligeait — <strong>de</strong> faire tête à Charles-Quint tandis<br />

que Anne <strong>de</strong> Montmorency et <strong>de</strong>ux cents autres étaient à<br />

Corbie pour empêcher les Ang<strong>la</strong>is et les Bourguignons <strong>de</strong> faire<br />

leur jonction avec les Impériaux.<br />

Les <strong>de</strong> Sains portoient, dit l'auteur du dictionnaire héral­<br />

dique, <strong>de</strong> gueule à <strong>la</strong> fasce d'or, au chef échiqueté d'argent et<br />

d'azur <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux traits.<br />

Voici encore d'autres muettes que l'on visitera sur les indi­<br />

cations d'Afforty : « Muette entre le chemin <strong>de</strong> Creil et Saint-<br />

« Nico<strong>la</strong>s proche le Clos du Chape<strong>la</strong>in (1528) ». « Maison <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

1 P. Anselme, t. IV, 169; VI, 53, 177, 312; VII, 544, 851. — Afforty, III,<br />

1587 ; IV, 2022, 2023 où Nico<strong>la</strong>s <strong>de</strong> Sains ; VIII, 4043 : Etat <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong> commandés pour le guet en 1512 : « Jehan <strong>de</strong> Sains, Jehan Morel,<br />

etc. » ; IX, 4723; XIX, 339 : Testament <strong>de</strong> Jeanne <strong>de</strong> Sains (1383) où legs<br />

aux frères mineurs, à l'hôpital Saint-Louis, à <strong>la</strong> confrérie Sainte-Mag<strong>de</strong>leine<br />

établie dans l'Eglise Sainte-Geneviève à <strong>la</strong> dévotion <strong>de</strong>s tisserands ; XII, liste<br />

<strong>de</strong>s baillis; XX, 808; XXIII, 584 en 1520, 670 en 1553, 704, 778, 797, 839;<br />

XXIV, 309. — Simon : Nobiliaire du Beauvaisis.


4<br />

« Muette et autrement dit <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> Pierre où les Anguilles<br />

« écheent [arrivent] et il y a un gril <strong>de</strong> fer près Montlé-<br />

« vêque 1<br />

».<br />

Ce <strong>de</strong>rnier document confirme l'une <strong>de</strong>s explications que<br />

M. Am. Margry donne du mot Muette : « réservoir 2<br />

».<br />

La Muette est donc : 1° une réserve <strong>de</strong> gibier ou <strong>de</strong> poisson ;<br />

2° un habitation <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>; 3° un ren<strong>de</strong>z-vous <strong>de</strong> chasse.<br />

Murcent. « Le mur <strong>de</strong> Murcent (1253) 3<br />

1<br />

Afforty, XXII, 173.<br />

2<br />

Com. arch., sér. II, t. II, p. 140.<br />

3<br />

Afforty, I, 96; XXIV, 310.<br />

Afforty,XXIII, 856.<br />

». Murcent, mur-<br />

cens n'est-il point une corruption <strong>de</strong> mur ceint, murus cinctus,<br />

mur <strong>de</strong> circonval<strong>la</strong>tion soutenu par <strong>de</strong>s tours fortifiées? Une<br />

transaction pour dîmage entre le chapitre et Saint-Rieul con­<br />

tient : « Quant au costé vers Chament au lieu dit le murger<br />

« entre le chemin <strong>de</strong> Crespy et <strong>la</strong> chaussée Brunehault (1541).<br />

« Au chemin <strong>de</strong> famuleuse en ce mesme lieu. »<br />

Ormeau <strong>de</strong> Chaalis « prope ulmum <strong>de</strong> Chaliz (1321), au<br />

« <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> <strong>la</strong> bigu<strong>de</strong> » (1528) 4<br />

.<br />

Palle (<strong>la</strong>) près <strong>Senlis</strong>. Palle dérive-t-il <strong>de</strong> pa<strong>la</strong>, poteau, —<br />

<strong>de</strong> pa<strong>la</strong>, pelle à vanner, — <strong>de</strong> palea, paille, re<strong>de</strong>vance que le<br />

fermier acquittait en gerbes?...<br />

Pas <strong>de</strong> Saint-Rieul, bloc <strong>de</strong> grés considérable dans <strong>la</strong> forêt<br />

d'Ha<strong>la</strong>tte, au lieu dit l' Epine. — La tradition popu<strong>la</strong>ire cher­<br />

che aussi le pas du bienheureux sous le sable toujours mouve­<br />

menté d'une source qui est l'un <strong>de</strong>s agréments du parc <strong>de</strong> Mont-<br />

lévêque. Nos pères vivaient si habituellement dans <strong>la</strong> pensée<br />

<strong>de</strong> nos saints qu'ils croyaient voir partout quelque vestige <strong>de</strong><br />

leur passage. Douce imagination qui élevait leur âme sans<br />

faire un grand dommage à leur savoir ! De là l'empreinte du<br />

pied <strong>de</strong> saint Hubert sur le grès <strong>de</strong> Bretigny ; <strong>de</strong> saint<br />

Lucien, à Caisnes; <strong>de</strong> saint Rieul, dans <strong>la</strong> forêt.<br />

Percebot (pré), au gué <strong>de</strong> Pont, dans une bulle du pape


Luce III, en 1182. « vil<strong>la</strong> viridi in loco qui dicitur Perce-<br />

« bout (1271, 1321) 1<br />

1<br />

Afforty,XVI, 77.<br />

2<br />

Afforty, XIII, 79 : Odo perforans utrem, Odo percepot, forte Percepot,<br />

853, 874 à 876 : Gui et Odon <strong>de</strong> Percebot fon<strong>de</strong>nt en 1140 le prieuré <strong>de</strong><br />

Sainte-Maxence à Pont, 890, 898 en 1142-1143; XV, 769, 865.<br />

3<br />

4<br />

5<br />

6<br />

».<br />

Les années 1132, 1142, etc, amènent <strong>de</strong>s Eu<strong>de</strong>s Percebot,<br />

percepot, perforans utrem. Voir Saint-Maurice 2<br />

.<br />

Pierre Bouteillère, « vers <strong>la</strong> poterne », citée dans un acte<br />

<strong>de</strong> 1238 où apparait Pierre <strong>de</strong> Murat, chevalier. Un document<br />

antérieur (1234) où il est rapporté que Plectru<strong>de</strong>, veuve <strong>de</strong><br />

maitre Arnould « cementarius » a donné à Chaalis <strong>la</strong> moitié<br />

<strong>de</strong>s maisons, masures et vignes qu'elle possédait entre <strong>la</strong> rue<br />

dite Petra buticu<strong>la</strong>rii et <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, ai<strong>de</strong>ra à refaire <strong>la</strong><br />

physionomie <strong>de</strong> ce quartier alors encore peu habité 3<br />

.<br />

Pisseys ou le pisseys. «...locum qui dicitur... juxta<br />

« cheminum qui dicitur herbosum (1253) 4<br />

P<strong>la</strong>nte mendace. « Vigne à <strong>la</strong> Champaigne (1508) 5<br />

Pont <strong>de</strong> <strong>la</strong> Picar<strong>de</strong>. L'inventaire <strong>de</strong> Raphanel mentionne<br />

une Picar<strong>de</strong>.<br />

Prez (rue <strong>de</strong>s), au faubourg Saint-Martin en 1725. — Prés<br />

(les) l'arcediacre (<strong>de</strong> l'archidiacre), <strong>de</strong>rrière Saint-Etienne,<br />

près l'abreuvoir, appartenant à <strong>la</strong> comman<strong>de</strong>rie Saint-Jean <strong>de</strong><br />

Jérusalem (1344). — « Près <strong>de</strong> Saint-Jean <strong>de</strong>rrière Saint-<br />

« Etienne tenant au ru qui passe par le pont Gemer 6<br />

Radiere, près <strong>la</strong> Santé (1699). — Radière ou (?) raserière,<br />

<strong>de</strong> rasaria, raseria, mesure à grains.<br />

Rouge-Couture (1321, 1522), <strong>de</strong> ruga, rue, et culture.<br />

Rouvroy. Des titres <strong>de</strong> 1008, <strong>de</strong> 1075 etc., donnent pour<br />

Afforty, I, 96, 97.<br />

Comptes <strong>de</strong> 1508, p. 59.<br />

Afforty, V, 2530.<br />

Afforty, XVIII, 289, 506; XIX, 508.<br />

».<br />

».<br />

».


étymologie <strong>de</strong> ce mot, non <strong>de</strong> Roboreto, mais Rubridum Syl-<br />

vam, Rubreium, « entre Creil et <strong>Senlis</strong> 1<br />

.<br />

Sablons. Deux frères, dont l'un s'était donné à l'hôtel-Dieu,<br />

font <strong>de</strong> leurs biens un partage (1223) dans lequel il est fait<br />

mention d'une terre « in sablonis, entre <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> Pontarmé<br />

« (pontishermeri) et <strong>Senlis</strong>.<br />

Saussoie (<strong>la</strong>), <strong>de</strong>rrière <strong>la</strong> Victoire, <strong>de</strong> Sauleia, Sau<strong>la</strong>ie,<br />

Saussaie, lieu p<strong>la</strong>nté <strong>de</strong> saules 2<br />

.<br />

Sotemont (manoir, vignes et rue <strong>de</strong>). 1138. L'évêque Pierre<br />

confirme au prieuré <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s-d'Acy <strong>la</strong> maison, terre et<br />

vigne <strong>de</strong> Sottemont « <strong>de</strong> Sotomonte ». — 1223. Vallée <strong>de</strong> Sotemont<br />

— 1241. Folie du bouteiller « stultitia buticu<strong>la</strong>rii » contiguë à<br />

<strong>la</strong> vigne Saint-Vincent. Voir supra Folie.—1246. Vigne dans <strong>la</strong><br />

rue <strong>de</strong> Sotemont « in vico <strong>de</strong> Sotemont un peu au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> celle<br />

« qui appartînt au bailly. » —1248. « Foumont, Sotemont ou Folie<br />

« du bouteiller ». — 1260. Un Jean <strong>de</strong> Sotemont avait à l'ouest<br />

« domum junctam muro domini regis et muro castri ». —<br />

1264. Galeran <strong>de</strong> Sotemont vend à saint Louis en faveur du<br />

prieuré <strong>de</strong> Saint-Maurice huit arpents <strong>de</strong> terre entre Mons<br />

et Barbery.— 1300. Jean <strong>de</strong> Sotemont, écuyer. — 1340 « Clos<br />

« du chapitre, <strong>de</strong> Sottemont, <strong>de</strong> stultomonte, contigu d'un<br />

« côté à <strong>la</strong> maison ou manoir <strong>de</strong> Sottemont lequel ap<strong>partie</strong>nt à<br />

« noble homme Messire Guil<strong>la</strong>ume [le Bouteiller seigneur <strong>de</strong><br />

« Chantilly, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tour <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, <strong>de</strong> Montepilloy, etc.],<br />

« chevalier, et <strong>la</strong> ruelle ou rue <strong>de</strong> coupe-gueule, etc. 3<br />

. »<br />

Table <strong>de</strong> Mons, tenant au chemin <strong>de</strong> Montlévêque à <strong>Senlis</strong><br />

(1585). Table où les quatre vassaux <strong>de</strong> l'évêque l'attendaient<br />

pour sa joyeuse entrée 4<br />

.<br />

1<br />

Musée <strong>de</strong>s arch. nation. n° 90. — Afforty, XIII, 429.<br />

2<br />

Afforty, VII, 57; XV, 558 où Sablons, Bretonnerie.<br />

3<br />

Afforty, I, 6, 107, 108, 109, 131, 151 ; XIII, 117, où transaction entre<br />

le chapitre <strong>de</strong> Notre-Dame et l'abbaye <strong>de</strong> Saint-Vincent pour <strong>la</strong> dîme <strong>de</strong>s<br />

vins <strong>de</strong> leurs clos; XV, 558; XVIII, 146; XXIV, 310 : Titres <strong>de</strong> Saint-Maurice.<br />

— Dom Grenier, t. CLXV.<br />

Afforty, XXV, 476.


Tire-lire, parcelles <strong>de</strong> terre voisines <strong>de</strong>s territoires <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong> et <strong>de</strong> Courteuil, séparées par un ruisselet issu <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Nonette, dit M. Am. Margry, qui donne une étymologie inté­<br />

ressante <strong>de</strong> cette expression 1<br />

.<br />

Tomberay, tumu<strong>la</strong>rium, lieu <strong>de</strong> sépulture, chemin creux<br />

avant d'arriver à Aumont. Voir Villevert où nous rappellerons<br />

le temple que les réformés obtinrent d'avoir au tomberet, etc.<br />

— Parmi les donations faites (1223) à <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong> l'Aurore<br />

ou <strong>de</strong> Parmatin, il est parlé <strong>de</strong> « duobus arpennis terre sitis<br />

« apud Tumberel. 2<br />

»<br />

Tremb<strong>la</strong>y. (1394). Tremb<strong>la</strong>ie, lieu p<strong>la</strong>nté <strong>de</strong> trembles 3<br />

.<br />

Vallotru, ou val rotru (1522), <strong>de</strong> val, vallée, et rotura,<br />

route <strong>de</strong> forêt.<br />

Val profon<strong>de</strong>. Vallis profonda (1270) 4<br />

.<br />

Vergers <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. B<strong>la</strong>ncardin, concierge <strong>de</strong>s vergers <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong> en 1410. 5<br />

Vicus Danielis (1247) ; y a-t-il quelque parenté entre Visa-<br />

gniel et Vicus Danielis ? 6<br />

Vidamé (<strong>la</strong>)... « Séant en <strong>la</strong> rue Neuve Saint-Martin abou-<br />

« tant par <strong>de</strong>rrière au cimetière Saint-Martin 7<br />

. » — Bois <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Vidamé du côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> barre <strong>de</strong> Rouveroy (1346-1389).<br />

(1530). Le vidame, vice dominus, était comme l'économe et<br />

le protecteur d'une église, d'une abbaye, etc.<br />

Vieil chemin herbu qui mène <strong>de</strong> Villemétrie à Montespillouer<br />

1<br />

Com. arch. IX, XXVII et série II, t. III, p. 351.<br />

2<br />

Afforty, XV, 455.<br />

3<br />

Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522. p. 119. — Afforty, XVIII, 94, peut-être comme<br />

tranloy <strong>de</strong> trans-voie ; XXI, 633. —On trouvera à Baron tranleel.<br />

4<br />

Afforty, XVI, 14.<br />

5<br />

Afforty, XI, 7023.<br />

6<br />

Afforty, I, 132.<br />

7<br />

Afforty, IV, 2182 : Transaction entre Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Chantilly, seigneur<br />

<strong>de</strong> Courteuil et les habitants <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> pour droit <strong>de</strong> paturage au bois <strong>de</strong><br />

Vidamé, en 1346 ; XII, 7327.


(1541). — Voie herbeuse juxta cheminum herbosum<br />

(1253) 1<br />

.<br />

Vieil gibet (1522). Voir Justice. Le savant Charles Bovelle,<br />

chanoine <strong>de</strong> Noyon, lequel naquit à Saint-Quentin ou à<br />

Saucour, mourut le 24 février 1566 à Carlepont et reçut<br />

<strong>la</strong> sépulture à <strong>la</strong> Chartreuse du Mont-Renaud, près <strong>de</strong><br />

Noyon, dit gravement dans un traité <strong>de</strong> mathématiques que le<br />

ba<strong>la</strong>i est comme un résumé <strong>de</strong>s trois justices. La basse justice<br />

ou fouet est indiquée par le faisceau <strong>de</strong> bouleau; <strong>la</strong> moyenne,<br />

par le manche ; <strong>la</strong> haute ou pendaison, par <strong>la</strong> hart.<br />

Vieille (<strong>la</strong>) et nouvelle rivière du côté <strong>de</strong> Villemétrie (1472,<br />

1693) 2<br />

. L'expression Vieille rivière désigne, comme M. Am.<br />

Margry l'a mis en lumière, <strong>la</strong> fontaine Saint-Urbain, <strong>la</strong> <strong>partie</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Nonette qui longe dans son lit primitif le pied <strong>de</strong><br />

Saint-Vincent le rempart Bellevue « <strong>de</strong>puis le pont Jumel [<strong>de</strong><br />

« Meaux] jusqu'à <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Paris » et <strong>la</strong> même rivière vers<br />

Val-profon<strong>de</strong>. — Nouvelle rivière indique <strong>la</strong> <strong>partie</strong> canalisée<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Nonette. — Voir infra Fontaine Saint-Urbain.<br />

Ville-Teigneuse (fief <strong>de</strong>), appartenant aux Bons-Hommes<br />

(1355). Raoul <strong>de</strong> Chantilli (1298), écuyer, fils <strong>de</strong> damoiselle<br />

Marie <strong>de</strong> Vil<strong>la</strong> tignosa, mari d'Aalis.<br />

Visagniel, Visaignel (1530), Visengnel Visengnuel<br />

(1285), (ruelle <strong>de</strong>), à Villevert, nom que l'on retrouve à côté<br />

<strong>de</strong> Pail<strong>la</strong>rd « in ecclesia Beatae Mariae <strong>de</strong> Visegneul, Vise-<br />

« gneux ». — Clos Vizaniel donné par Jean d'Angicourt<br />

(1280) à Saint-Rieul 3<br />

. — Vigne en visengnel sur <strong>la</strong> chaussée<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine Saint-Rieul, 1573. — Peut-être <strong>la</strong> voie aux<br />

agnels, aux agneaux.<br />

Voie tengneuse « près le chemin <strong>de</strong> Meaux 4<br />

» (1308, 1483).<br />

Voye chatrée (1522). Voie charretière, à chars, à voitures.<br />

1<br />

Afforty. I, 96; XXIV, 311.<br />

2 Afforty, VI, 3003; XXIV. 349 en 1542.<br />

3 Afforty, V, 2529, 2820; IX, 5144; XVI, 468; XXIII, 590-599; XXIV, 26;<br />

XXV, 26 en 1530, 217. — Jaulnay, 466.<br />

4 Afforty, XVII, 299 : Vicus scabiosus ; XXII, 403.


LXXXIII. — FLAGEARD (Rue aux).<br />

Nous trouvons à cette rue très mo<strong>de</strong>ste, qui longe le côté<br />

nord <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale, ces noms divers :<br />

F<strong>la</strong>gart (1453, 1531); — F<strong>la</strong>geard; — F<strong>la</strong>geart (1516, 1542,<br />

1553, 1580); — F<strong>la</strong>jard (1279; — Frégard (1522); - Frocart<br />

(1346) ; — Frogard (1205) ; — Frogart (1232,1432, 1508) ; —<br />

Froiard, Froiart ou Frojart (1280, 1356) ; — Frougart (1404) :<br />

« Maison rue du puits [Saint-Sanctin] aboutissant par <strong>de</strong>vant<br />

« à <strong>la</strong> chaussée du roy et par <strong>de</strong>rrière à <strong>la</strong> rue Frougart; »<br />

— « Maison aboutissant par <strong>de</strong>vant à <strong>la</strong> rue neuve [rue <strong>de</strong>s<br />

« Pigeons-B<strong>la</strong>ncs], d'autre à <strong>la</strong> rue F<strong>la</strong>gart (1453) 1<br />

. »<br />

En février 1280, Marie <strong>de</strong> Pontarmé cè<strong>de</strong> à Marie <strong>de</strong><br />

Pontpoint une maison « in parochia Sancti Reguli, abou-<br />

« tantem a parte superiori vico Froiardi et a parte posteriori<br />

« domui quae quondam fuit Henrici <strong>de</strong> Remis. » — En 1531,<br />

« le Roy » François I er<br />

« avait donné à Révérend Père en<br />

« Dieu Monsieur l'évêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> <strong>la</strong> rue F<strong>la</strong>gart 2<br />

. » Le<br />

dauphin et ses frères avaient fait leur entrée à <strong>Senlis</strong> le<br />

15 juin.— « M. <strong>de</strong> Thoré », fils du connétable Anne <strong>de</strong> Montmo­<br />

rency, « conduit par Augustin Vizet, Paul <strong>de</strong> Cornoailles rece-<br />

« veur, Pierre Crochet et quelques autres, passa (1589) par <strong>la</strong><br />

« ruelle F<strong>la</strong>geart pour aller au quartier <strong>de</strong> <strong>la</strong> halle poursuivre<br />

« quelques séditieux qui furent obligés <strong>de</strong> se retirer dans leurs<br />

« barrica<strong>de</strong>s qu'ils avaient déjà faites à l'étape au vin, à <strong>la</strong><br />

« halle et au beffroy, etc. 3<br />

»<br />

1<br />

Afforty, II, 893 : in vico Frogardi ; VII, 3842 en 1580 ; XV, 714 : Fondation<br />

par le doyen Galeran d'une chapellenie dans l'église Saint-Rieul, en<br />

l'honneur <strong>de</strong>s Saints Rieul, Etienne et Barthélemy ; XVI, 316; XVIII, 564 ; XX,<br />

481 : Comptes <strong>de</strong> Saint-Rieul vers 1415, 150 en 1404 ; XXI, 154, 522, 403 :<br />

Comptes <strong>de</strong> Parmatin, en 1432; XXIV, 670 : doyen Vaucorbeil, 674.<br />

2<br />

Afforty, II, 1 ; III, 142, 227,1157, en 1356; VII, 3548; XVI, 316 ; XX, 150,<br />

7330 ; XXIV, 670.<br />

3<br />

Autre re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l'entrée <strong>de</strong> M <strong>de</strong> Thoré dans <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, etc.<br />

— Adhelm Bernier, p. 599.


C'est dans cette rue que <strong>de</strong>meurait le doyen Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Vau-<br />

corbeil dont Afforty nous a conservé l'inscription tumu<strong>la</strong>ire.<br />

Quelle est, parmi ces appel<strong>la</strong>tions, <strong>la</strong> plus exacte? Probable­<br />

ment Frégard qui est, comme Murat, le nom <strong>de</strong> quelque<br />

personnage, bourgeois ou riche propriétaire, du quartier. Un<br />

compte <strong>de</strong> 1580 à 1586 fait mention d'un Pierre Frégard 1<br />

. —<br />

Peut-être Frocard, dérivé <strong>de</strong> froc, qui a survécu dans notre<br />

<strong>la</strong>ngue, en ajoutant à son sens primitif « vêtu d'un froc »,<br />

moine, une idée <strong>de</strong> mépris. Peut-être frocarius, froquier,<br />

voyer. — F<strong>la</strong>geart signifie encore dans certaines villes du Nord<br />

un passage couvert.<br />

Voir sur <strong>la</strong> Charité Saint-Rieul « touchant presque à<br />

« Notre-Dame et donnant sur <strong>la</strong> rue aux F<strong>la</strong>gearts », Com.<br />

arch. 2<br />

. <strong>Senlis</strong> possédait, outre le bureau <strong>de</strong> charité établi par<br />

le testament <strong>de</strong> Pierre Chevallier, un bureau <strong>de</strong> charité que<br />

maître Jean-Baptiste-Xavier Delpara, chanoine <strong>de</strong> Saint-Rieul,<br />

fonda le 1 er<br />

octobre 1777.<br />

Le voyageur qui, <strong>de</strong>scendant <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pierre-Mau-<br />

conseil, longe les murs silencieux <strong>de</strong> cette rue, aperçoit à<br />

droite le faîte <strong>de</strong> l'hôtel Raoul <strong>de</strong> Vermandois, <strong>la</strong> salle du<br />

chapitre et sa bibliothèque assises sur les défenses <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité<br />

« munitiones civitatis », le portail nord <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale avec<br />

son architecture du plus beau style <strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance : co­<br />

lonnes torses, sa<strong>la</strong>mandre, F couronné (François I er<br />

), galeries,<br />

rose, rampants, etc., une chapelle du Sacré-Cœur étendue hors<br />

du p<strong>la</strong>n primitif <strong>de</strong> l'église, l'Evêché avec sa tour gallo-<br />

romaine, et les pignons très fleuris <strong>de</strong> l'église Saint-Pierre.<br />

LXXXIV. — FONTAINES.<br />

Voici les fontaines qui sont mentionnées plus souvent dans<br />

les actes :<br />

1<br />

Afforty, VII, 3842. L'on a cherché un rapprochement entre F<strong>la</strong>geart et<br />

les f<strong>la</strong>gel<strong>la</strong>nts... Rien ne le justifie.<br />

2<br />

Com. arch., I, XXXVI.<br />

V 22


1. La fontaine <strong>de</strong>s Arènes, qui a donné son nom à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Fontaine <strong>de</strong>s Arènes « fontem qui dicitur d'Araines (1309). »<br />

— Vers 1510, nettoyage et réparation <strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine <strong>de</strong>s<br />

Arènes, etc. — Voir Arènes. — « Je <strong>la</strong>isse à Jehan d'Ars et<br />

« Philippot Thiboust » écrit Philippe Bouart en son testa­<br />

ment <strong>de</strong> 1416 « mon clos et appartenances <strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine<br />

« d'Araines pour les tenir et faire apprendre à l'escole 1<br />

. »<br />

NOTA. Fontaine a le sens, non-seulement <strong>de</strong> source, mais<br />

encore <strong>de</strong> petit cours d'eau.<br />

2. La fontaine au Buas, <strong>de</strong>rrière les ruines charmantes <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Victoire (1478). — Voir Buat.<br />

3. La fontaine <strong>de</strong>s Buissons qui sort <strong>de</strong> <strong>la</strong> rivière neuve entre<br />

Villemétrie et Valjenceuse.<br />

4. La fontaine <strong>de</strong>s Etuves ou <strong>de</strong> Saint-Gilles (vers l300, 1580),<br />

souvenir très infidèle <strong>de</strong>s bains gallo-romains 2<br />

.<br />

5. La fontaine Jacquet, qu'un titre <strong>de</strong> 1293 appelle déjà « Fons<br />

« Jaqueti ». Elle est située, d'après un document <strong>de</strong> 1670,<br />

« entre le prez <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle Saint-Jacques, le chemin <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« Bigu<strong>de</strong> à Villemétrie et les prez <strong>de</strong> <strong>la</strong> confrérie Notre-<br />

« Dame du Chatel 3<br />

».<br />

6. La fontaine Jumel (1358) ou Jumelle, cours d'eau qui<br />

est formé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux sources fraîches et abondantes près l'hôtel-<br />

Dieu <strong>de</strong>s Marais. — « Pour une pièce <strong>de</strong> pré aux fontaines Ju-<br />

« melles 4<br />

».<br />

7. La fontaine aux Ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s, au nord <strong>de</strong> Villevert. Ses eaux<br />

1<br />

Afforty, XVII, 314; XX, 532.<br />

2<br />

Afforty, IV, 2125 : La ville achète à Jacques Truyart l'usage <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

fontaine <strong>de</strong>s étuves ; XVII, 775 : rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine Saint-Gilles entre<br />

1300 et 1337. — Voir Corn. arch.<br />

3<br />

Afforty, III, 1171 en 1415 et 1527, 1358; IV, 2260 en 1293.<br />

4<br />

Afforty, III, 1154 en 1358. — Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 108. — Inventaire<br />

<strong>de</strong>s titres <strong>de</strong> l'hôtel Dieu <strong>de</strong>s Marais dressé en 1758, p. 139.


sont estimées pour leur légèreté. C'est à côté <strong>de</strong> cette fontaine<br />

qu'un <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Rasse, nommé <strong>la</strong> Bénière, tua<br />

M. Amyot (avril 1592), prieur <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s-d'Acy 1<br />

.<br />

8. La fontaine <strong>de</strong>s Marais... Chemin qui conduit à Villevert<br />

et à <strong>la</strong> fontaine <strong>de</strong>s marais.<br />

9. La fontaine Noël : Jardin en Bretonnerie, rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bre-<br />

tonnerie (1369) 2<br />

, « contiguë à <strong>la</strong> ruelle du Buat et en arrière<br />

« au ruisseau <strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine dite Noël (1376). — « Grand<br />

« chemin royal <strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine Noël (1454) », texte qui justifie<br />

nos affirmations touchant l'existence d'une voie très impor­<br />

tante et principale (rue <strong>de</strong>s Jardiniers) tournant autour <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

ville, du pont <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Paris à <strong>la</strong> Bigu<strong>de</strong>.<br />

10. La fontaine <strong>de</strong>s près entre les gués (1575) <strong>de</strong> Creil et <strong>de</strong><br />

Pont. 3<br />

11. La fontaine du peuple ou peuplier, à Notre-Dame <strong>de</strong> Bon-<br />

Secours 4<br />

.<br />

12. La fontaine Raissant, Rassen<strong>de</strong>, Rescend, Rescen<strong>de</strong>,<br />

Ressant, Ressen<strong>de</strong> (1315), Rocen<strong>de</strong>, Roissant, etc., ou <strong>de</strong>s<br />

Cor<strong>de</strong>liers : 1223. « In vico fontis Rocendae » <strong>de</strong>meurait Ro­<br />

bert le Parcheminier.— 1240. « Fons rascendis ». — 1276.<br />

« Fons Roissendiae ». — Vers 1476. Destruction <strong>de</strong>s Etuves<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine Roissante. — 1556. Raissant... Nécessité <strong>de</strong><br />

tenir toujours libre <strong>la</strong> fontaine Roissant ou <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers 5<br />

.<br />

M. Am. Margry, dans une monographie déjà citée, a décrit<br />

scrupuleusement cette fontaine, sa source, ses aqueducs.<br />

A côté <strong>de</strong> cette fontaine était le Pa<strong>la</strong>is ou grange <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville.<br />

1<br />

Vaultier, p. 236, 237.<br />

2<br />

Afforty, XIX, 69, 197.<br />

3<br />

Afforty, XXV, 272.<br />

4<br />

Mallet, 158. — Jaulnay, 628.<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>. — Comptes <strong>de</strong> 1508, p. 10. — Afforty, VII, 3520, où<br />

Sentence <strong>de</strong> l'official pour cens et surcens sur une maison à <strong>la</strong> fontaine<br />

Rescend, Roissendiae ; XII, 7463; XVI, 234 en 1277: Fons rescen<strong>de</strong> ; XVII, 422,


16. La fontaine Saint-Urbain, Saint-Au<strong>de</strong>bert ou Saint-Au-<br />

bert (1331, 1362, 1580) 1<br />

. « Fons Sancti Oseberti (1277) » ; _<br />

« Fons Sancti Oberti (1221 et vers 1300) ; — Sancti Auberti<br />

« (1362) » ; — « Fontem Sancti Auberti (1363) ». — « Hors<br />

« <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> pour aller à Meaux, au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> Villemé-<br />

« trie, on trouve », dit l'historien <strong>de</strong> nos évêques, « une<br />

« fontaine qui porte le nom <strong>de</strong> saint Au<strong>de</strong>bert, évêque <strong>de</strong><br />

« <strong>Senlis</strong>, dont <strong>la</strong> ville gar<strong>de</strong> les reliques dans l'église <strong>de</strong> Saint-<br />

« Rieul et fait <strong>la</strong> solennité le 9 février. Cette fontaine tient à<br />

« une pièce <strong>de</strong> pré sur <strong>la</strong>quelle, en 1362, une pieuse dame,<br />

« Jeanne, femme <strong>de</strong> Jean le Cordier, légua aux chanoines<br />

« <strong>de</strong> Saint-Rieul 11 sols parisis <strong>de</strong> surcens à prendre... »<br />

Cette source, qui s'était perdue, ayant été découverte en 1646,<br />

« on y trouva une figure <strong>de</strong> pierre qu'on croit estre <strong>la</strong> repré-<br />

« sentation <strong>de</strong> Saint-Au<strong>de</strong>bert assis dans une chaire, revêtu<br />

« d'une chasuble et d'une mitre à l'antique..., <strong>de</strong>s go<strong>de</strong>ts <strong>de</strong><br />

« terre. Cette fontaine est revêtue <strong>de</strong> pierre <strong>de</strong> taille et on<br />

« y voit tout auprès les fon<strong>de</strong>ments d'une chapelle et d'une<br />

« petite maison. »<br />

D'où vient à cette fontaine le vocable <strong>de</strong> Saint-Aubert?<br />

« V° Idus februarii », est-il écrit au calendrier <strong>de</strong> Saint-<br />

Rieul, « festum Sancti Ausberti Episcopi et confessoris per<br />

« totam diocaesim 2<br />

» ?<br />

Est-ce auprès <strong>de</strong> cette fontaine que notre bienheureux,<br />

comme le rapportent les hagiographes, <strong>la</strong>issant le souci <strong>de</strong>s<br />

choses séculières, s'était retiré? Le promeneur ne retrouve<br />

1<br />

Afforty, III, 5, où fontaine Saint-Remy (1360) ; Noël (1369, 1398, etc.);<br />

Jaquet (1424); chemin royal <strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine Noël (1454); Jacquet (1505);<br />

VII, 3842 ; XV, 403 1221, 718 où en Pierre le Queux chevalier <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> ;XVI,<br />

247 en 1277; XVIII, 667 en 1300 à 1337; XVIII, 717, 740. — Comptes <strong>de</strong><br />

1508. —Histoire <strong>de</strong>s Evêques.— Voir Jaulnay, 296-297.<br />

2<br />

Dom Grenier, t. CLXV, 205. — Voir sur Saint Ansbert, Autbert ou<br />

mieux Au<strong>de</strong>bert, Recherches chronologiques sur les évêques <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. —<br />

Afforty, V, 252-256; VI, 3003, où Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong>s biens appartenant à <strong>la</strong><br />

ville en 1693.


plus en cet endroit un seul vestige d'oratoire ou <strong>de</strong> statue qui<br />

rappelle ces souvenirs pieux. Là où priait le saint, l'on ne<br />

voit plus que les cressonnières et quelques cabanes <strong>de</strong> jardiniers.<br />

Cette source alimente <strong>la</strong> petite rivière, ou vieille rivière ou<br />

ruisseau Saint-Urbin, appelé quelquefois par corruption ruis­<br />

seau Turpin.<br />

14. La fontaine Saint-Remy en <strong>la</strong> Bretonnerie (1360). —<br />

« La Bretonnerie lez <strong>la</strong> fontaine Saint-Remy 1<br />

15. La fontaine Saint-Rieul (1233) «au vivier du bouteiller 2<br />

« (1240) sur le vieux chemin <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> à Compiègne. »<br />

Voici comment un très ancien <strong>Senlis</strong>ien, panégyriste <strong>de</strong> saint<br />

Rieul, raconte l'origine <strong>de</strong> cette fontaine 3<br />

« Praesulis eximii feliciter incipit alma<br />

«Vita, fuit pastor magna hac qui primus in urbe<br />

«Hoc breve commentariolum <strong>de</strong>promit alumnus 4<br />

« Egregii vitam Reguli miracu<strong>la</strong> necnon.<br />

« Praetereundum non est, sed Argolici generis prosapia<br />

« ortus, anno tercio <strong>de</strong>cimo regnante C<strong>la</strong>udio, anno incarna-<br />

« tionis dominice primo, pulcher aspectu sed melior actu,<br />

« formosior sole suo <strong>de</strong>core, etc., etc.<br />

« Incipit vita beati Reguli episcopi et confessoris. Post<br />

« sacratissimum dominice ascensionis venerandum trium-<br />

« phum 5<br />

, cum Quadam die cum [cum] multitudine civium,<br />

« in quodam non longe ab urbe resi<strong>de</strong>ret bivio, et celestis haus-<br />

1<br />

Afforty, III, 1154; XVIII, 665.<br />

2<br />

Afforty, III, 1388 : vivier du bouteiller « ad fontem Sancti Reguli<br />

en 1240, 1258, et 1278 ibid ; XV, 753 en 1233; XVI, 260, 262.<br />

3<br />

<strong>Bibliothèque</strong> Sainte-Geneviève, H. L, 4, p. CLXXVII.<br />

4<br />

Ce mot semble désigner un chanoine <strong>de</strong> Saint-Rieul ou au moins un<br />

<strong>Senlis</strong>ien.<br />

5<br />

Formule que les actes <strong>de</strong>s saints ramènent souvent et ont empruntée<br />

probablement à quelque préface antique.<br />

:<br />

».


« tum fontis, ut consuetudinis ejus erat, affluenti copiose<br />

« propinaret populo, quidam ex primoribus 1<br />

1<br />

Cette peinture <strong>de</strong> mœurs : peuple amené sur le bord d'un grand chemin,<br />

instructions publiques accoutumées, grands <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville ayant avec<br />

saint Rieul <strong>de</strong>s intimités que notre époque ne permettrait pas, etc., etc.,<br />

sent peu une ère <strong>de</strong> persécution et le siècle <strong>de</strong> C<strong>la</strong>u<strong>de</strong>.<br />

2<br />

Villevert était un tronçon <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> voie qui conduisait <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong><br />

à Compiègne, etc.<br />

3<br />

Dono recrearetur.<br />

populi, qui forte<br />

« illuc multus convenerat, inter ipsa divine alloquutionis<br />

« mysteria dixerunt : Domine pater, quoniam amenus est iste<br />

« locus, ad recreandum urbis hujus populum et maxime pere-<br />

« grinos, vel quoslibet viatores 2<br />

alicujus <strong>la</strong>bore itineris<br />

« fatigatos, si fontem aque vive hic haberemus quem, tua<br />

« nobis intercessione quod te posse credimus, haec omnis mul-<br />

« titudo donari recreatur 3<br />

. Tunc sanctus presul, divine virtuti<br />

« nichil impossibile certus, super hoc dominum <strong>de</strong>precari<br />

« admonuit, ut, qui quondam in <strong>de</strong>serto sitienti populo aquas<br />

« <strong>de</strong> petra admirabili produxit potentia, nunc ipsorum peti­<br />

« tionem non spernens, ad <strong>de</strong>c<strong>la</strong>randam sui nominis potes-<br />

« tatem, fontem vivum servis sui produceret quem petebant.<br />

« Tunc multitudine orationi incumbente ipso in loco, ubi<br />

« sanctus <strong>de</strong>i effusis procubuit <strong>la</strong>crimis, repentina eruptione<br />

« fons novus gratissimas evomuit aquas, qui, actoris sui nomen<br />

« retinens, jugi cursu fluvium facit. Quod vi<strong>de</strong>ns populus, tanti<br />

« miraculi novitate gavisus, immensas omnipotenti <strong>de</strong>o retulit<br />

« gratias, qui eos, per beatum Regulum spiritualis fontis<br />

« poculo prius recreatos, nunc materialis gratissima potatione<br />

« reficere dignabatur, etc. »<br />

Je traduis naïvement ce texte digne d'étu<strong>de</strong> :<br />

« Un certain jour que le bienheureux Rieul était assis, avec<br />

« une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> gens du pays, à un carrefour non éloigné<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, et offrait le céleste breuvage (<strong>de</strong> <strong>la</strong> parole), selon<br />

« sa coutume au peuple très nombreux, quelques-uns <strong>de</strong>s


« principaux du peuple dirent au milieu <strong>de</strong>s mystères <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« divine allocution : Seigneur Père, puisque ce lieu est plein<br />

« d'agrément, pour reposer le peuple <strong>de</strong> cette ville et surtout<br />

« les étrangers ou toute sorte <strong>de</strong> voyageurs qu'une longue<br />

« marche a fatigués, si nous avions ici une source d'eau vive,<br />

« ce que nous croyons possible aux prières que vous ferez<br />

« pour nous, toute cette multitu<strong>de</strong> sera reposée par ce présent.<br />

« Alors le saint pré<strong>la</strong>t, assuré qu'il n'est rien d'impossible à<br />

« <strong>la</strong> vertu divine, avertit <strong>de</strong> prier le Seigneur, afin que lui,<br />

« qui autrefois dans le désert avait fait sortir, pour le peuple<br />

« pris <strong>de</strong> soif, <strong>de</strong> l'eau d'une pierre par une puissance admirable,<br />

« maintenant, ne méprisant pas leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, pour déc<strong>la</strong>rer<br />

« <strong>la</strong> puissance <strong>de</strong> son nom, fit jaillir à ses serviteurs <strong>la</strong> source<br />

« vive qu'ils sollicitaient; alors <strong>la</strong> multitu<strong>de</strong>, s'appliquant à <strong>la</strong><br />

« prière dans le lieu même où le saint <strong>de</strong> Dieu s'abandonna à<br />

« ses <strong>la</strong>rmes, par un jet soudain, une source nouvelle vomit<br />

« <strong>de</strong>s eaux très agréables, <strong>la</strong>quelle source gardant le nom <strong>de</strong><br />

« son auteur, forme par un cours continu une rivière. Ce que<br />

« voyant le peuple, heureux <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouveauté d'un si grand<br />

« miracle, il rendit d'immenses actions <strong>de</strong> grâces au Dieu tout<br />

« puissant qui, après les avoir d'abord réconfortés par le<br />

« bienheureux Rieul du breuvage d'une source spirituelle,<br />

« maintenant daignait les remettre en état par un breuvage<br />

« matériel très agréable, etc. »<br />

Les curieux trouveront dans un Etat <strong>de</strong> quelques posses­<br />

sions du chapitre en 1338 un « jardin séant rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> fon-<br />

« taine Saint-Rieul aumosné <strong>de</strong> feu maistre Jehan <strong>de</strong> Pierre-<br />

« fonds, jadis doyen <strong>de</strong> l'église, etc. 1<br />

». — Une tradition<br />

rapporte que cette source alimentait jadis un étang qu'un<br />

privilége bienheureux défendait <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence et du coasse­<br />

ment <strong>de</strong>s grenouilles.<br />

L'histoire rapporte qu'on al<strong>la</strong> jusqu'à cette fontaine (21 juin<br />

1<br />

Afforty, XVIII, 28. — Il est fait mention en cet acte <strong>de</strong> Florent <strong>de</strong><br />

Hangest, chanoine, <strong>de</strong> Jean Pie<strong>de</strong>leup « pe<strong>de</strong>lupi. »


1610) au-<strong>de</strong>vant du corps ensang<strong>la</strong>nté d'Henri III, qu'on por­<br />

tait <strong>de</strong> Compiègne à Saint-Denis. « Cinquante jeunes mariés<br />

« ouvraient <strong>la</strong> marche avec <strong>de</strong>s torches, puis venaient le clergé,<br />

« messieurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice, les gouverneurs, etc. » — On tirait le<br />

geai en cet endroit (1621) : « Le mercredi 15 avril permission<br />

« <strong>de</strong> tirer le jay à <strong>la</strong> fontaine Saint-Rieul selon l'ancienne<br />

« coutume. M. le Père député pour tirer le premier coup, etc. 1<br />

»<br />

13. La fontaine Sainte-Prothaise. Une fontaine à Villevert<br />

porte le nom <strong>de</strong> Sainte-Prothaise. On y voit encore « une sta­<br />

« tue <strong>de</strong> <strong>la</strong> sainte tenant sa tête dans ses mains 2<br />

». — « Ruelle<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine Sainte-Prothaise (1321) ». Une rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville<br />

ramènera le nom <strong>de</strong> cette illustre martyre senlisienne. —<br />

Voir rue Sainte-Prothaise. Nous dirons brièvement à ce cha­<br />

pitre ce que <strong>la</strong> tradition nous a rapporté <strong>de</strong> sa vie et <strong>de</strong> sa<br />

bienheureuse fin.<br />

Le lecteur comprend maintenant <strong>la</strong> vérité <strong>de</strong> cette peinture<br />

que Jean <strong>de</strong> Jandun a tracé dans cette réponse au dictateur,<br />

où il aligne, à côté <strong>de</strong>s avantages <strong>de</strong> Paris, <strong>la</strong> grand'ville, les<br />

charmes <strong>de</strong> notre mo<strong>de</strong>ste <strong>Senlis</strong> : « Voici une autre gloire <strong>de</strong><br />

« <strong>Senlis</strong> : il existe, tout près, <strong>de</strong>s fontaines très limpi<strong>de</strong>s, dont<br />

« les eaux, jaillissant <strong>de</strong>s f<strong>la</strong>ncs <strong>de</strong>s montagnes, sont tellement<br />

« pures et transparentes, que l'on peut sans peine découvrir<br />

« jusqu'à leur profon<strong>de</strong>ur . 3<br />

»<br />

Laissons ces eaux, dont le murmure et <strong>la</strong> fraîcheur invi­<br />

taient aux douces rêveries les Horace et les Santeuil, et reve­<br />

nons à ce <strong>Senlis</strong> militaire qui joua si noble rôle dans l'histoire<br />

nationale.<br />

1<br />

Jaulnay, 628. — Afforty, III, 1442; XII, 7596.<br />

2<br />

Afforty, II, 1124; III, 1494 en 1321 : Le doyen Jean <strong>de</strong> Pierrefonds a<br />

donné les maisons qui avoisinent <strong>la</strong> fontaine Sainte-Prothaise; XVII, 517 en<br />

1123, 544 en 1321.<br />

3<br />

Aliud vero esse in gloria Silvanectensi est hoc : ... esse insuper secus<br />

fontes limpidissimos ex montium <strong>la</strong>teribus erumpentes, quorum c<strong>la</strong>re<br />

possunt conspici licet <strong>la</strong>ta, sua limpidissima et purissima pervietate, profunda.


LXXXV. — FORTIFICATIONS.<br />

Les fortifications <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, dont il <strong>de</strong>meure encore <strong>de</strong>bout<br />

quelques beaux vestiges, exigeraient une monographie longue<br />

et <strong>de</strong>s connaissances techniques. L'on m'excusera <strong>de</strong> n'appor­<br />

ter à ce chapitre que <strong>de</strong>s indications sèches.<br />

1. Carlier croit « que <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, toute importante<br />

« qu'elle était, ne fut d'abord entourée que d'ouvrages en<br />

« palissa<strong>de</strong>s et pieux gazonnés 1<br />

. » Sa forme prêtait aisément à<br />

<strong>la</strong> défense. <strong>Senlis</strong>, comme toutes les cités gallo-romaines, est<br />

bâti sur un promontoire ; son sommet se rattache au p<strong>la</strong>teau<br />

<strong>de</strong> Crépy, vers le N.-E. pour <strong>de</strong>scendre par une pente assez<br />

rai<strong>de</strong> vers <strong>la</strong> rivière et <strong>la</strong> route <strong>de</strong> Paris; son p<strong>la</strong>n est un<br />

triangle allongé dont l'Aunette et <strong>la</strong> Nonette protègent <strong>de</strong>ux<br />

côtés; le château se trouvait, selon l'habitu<strong>de</strong>, à l'extrémité<br />

culminante du mamelon.<br />

2. D'après certains savants, c'est Vespasien qui aurait<br />

complété à <strong>la</strong> façon romaine le système <strong>de</strong> fortifications jusque-<br />

là rudimentaire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. Voir Bellon, Cité. Les débris<br />

romains que <strong>la</strong> pioche a mis à jour, rue du Chancelier Guérin,<br />

concourent à démontrer que les Romains possédèrent <strong>de</strong> bonne<br />

heure à <strong>Senlis</strong> une station sérieuse.<br />

3. Nous avons étudié plus haut <strong>la</strong> cité, ce mur sur lequel le<br />

peuple conserva l'habitu<strong>de</strong> jusqu'à l'année 1521 <strong>de</strong> faire pro­<br />

cession le jour <strong>de</strong> l'Ascension, — ses vingt-huit tours, — ses<br />

<strong>de</strong>ux portes primitives, « porta Remensis (1181), Ba<strong>la</strong>ntum in<br />

vico ba<strong>la</strong>ntum (1233, 1239), Melloti (1269), Meloti (1416), <strong>de</strong><br />

Melloto (1257) ou <strong>de</strong> Merlou (1416) » et « porta panis (1241) »,<br />

— ses <strong>de</strong>ux autres portes moins anciennes, — sa poterne,<br />

Histoire du Valois, t. III.


qui semble répondre à <strong>la</strong> chausssée <strong>de</strong> Pontpoint « qui pouvait<br />

« estre anciennement une chausée romaine » — son fort,<br />

etc. 1<br />

.<br />

Nos lectures nous poussent <strong>de</strong> plus en plus à penser que <strong>la</strong><br />

porte <strong>de</strong> Merlo, Mello et le quartier « <strong>de</strong> Melloto : domum<br />

« Martini scriptoris in Melloto, maison <strong>de</strong> Martin le Scribe<br />

« dans le quartier <strong>de</strong> Mello (1308) », doivent leur nom à <strong>la</strong> très<br />

illustre famille <strong>de</strong> Merlo ou Merlou. Un état <strong>de</strong> 1200 environ,<br />

dont voici le titre : « Isti sunt milites <strong>de</strong> castel<strong>la</strong>niâ silvanectensi<br />

« sub Philippo Francorum rege: voici les chevaliers <strong>de</strong> <strong>la</strong> Châ-<br />

« tellenie <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> sous le roi Philippe », porte, immédiatement<br />

après : « Buticu<strong>la</strong>rius silvanectensis et Guido filius ejus : le<br />

« Bouteiller <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et Gui son fils », le nom <strong>de</strong> « Manas-<br />

« serus <strong>de</strong> Melloto », Manassier, Manessier ou Manassès <strong>de</strong><br />

Mello. — « Renaud <strong>de</strong> Merlou », dit Duruel, cité par Afforty 2<br />

« en action <strong>de</strong> grâces <strong>de</strong> son bienheureux retour <strong>de</strong> <strong>la</strong> Terre-<br />

« Sainte, fonda à Chaalis un petit prieuré en l'honneur <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« Sainte-Vierge. Il en était seigneur conjointement avec le<br />

« seigneur <strong>de</strong> Dammartin. Il le soumit au prieuré <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« Mag<strong>de</strong>leine <strong>de</strong> Merlou qu'il avait fondé quelque temps avant<br />

« et qu'il avait soumis à l'abbaye <strong>de</strong> Véze<strong>la</strong>y, dans <strong>la</strong>quelle<br />

« il prit ensuite l'habit religieux, etc. »<br />

Ainsi cette vieille entrée <strong>de</strong> notre cité nous rappelle, outre<br />

Guérin, les plus nobles familles <strong>de</strong> l'antique France 3<br />

. C'est<br />

Dreux <strong>de</strong> Mello (1120). C'est Lancelin et Manessier <strong>de</strong> Bulles,<br />

fondateurs avec leur mère Alix, <strong>de</strong>s abbayes <strong>de</strong> Froidmont<br />

(1136) et <strong>de</strong> Beaupré (1137) : Manessier, excité par les pré­<br />

dications <strong>de</strong> Saint-Bernard en 1146, prit <strong>la</strong> croix et fut tué<br />

1<br />

Afforty, I, 143; IX, 4708; XV, 765, 906, 915; XX, 532 : Testament <strong>de</strong><br />

Philippe Bouart ; XXIII, 597.<br />

2<br />

Afforty, II. 892, 925.<br />

3<br />

Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Neubrige, livre v, chap. 30 <strong>de</strong> rebus anglicis et Mathieu<br />

Paris. — Dom Martène collection t.1, p. 1163 où Dreux <strong>de</strong> Mello en 1120.—


avec Evrard <strong>de</strong> Breteuil au combat <strong>de</strong> Laodicée en 1148. C'est<br />

Manessier <strong>de</strong> Mello qui, ayant quitté le mon<strong>de</strong>, <strong>de</strong>vint abbé <strong>de</strong><br />

Pontoise, puis <strong>de</strong> Veze<strong>la</strong>y, et ses neveux Guil<strong>la</strong>ume et Renaud.<br />

C'est Azon <strong>de</strong> Mello, beau-père <strong>de</strong> Raoul <strong>de</strong> Ba<strong>la</strong>gny (1164) :<br />

ce <strong>de</strong>rnier fut seigneur en <strong>partie</strong> <strong>de</strong> Chantilly du chef <strong>de</strong> sa<br />

femme A<strong>de</strong>line. C'est Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Mello lequel eut d'Elisabeth<br />

<strong>de</strong> Mont-Saint-Jean, Marguerite qui épousa Robert <strong>de</strong> Courte-<br />

nay, fut pris à Milly près <strong>de</strong> Beauvais par Marcadé et Lupes-<br />

caris capitaines aux gages <strong>de</strong> Jean Sans Terre avec le belliqueux<br />

évêque Philippe <strong>de</strong> Dreux et son archidiacre (1196 ou 1197),<br />

augmenta les biens <strong>de</strong>s prieurs <strong>de</strong> Mello (1205), paraît dans<br />

une charte <strong>de</strong> 1220 et al<strong>la</strong> mourir en l'île <strong>de</strong> Chypre en 1248.<br />

C'est Dreux <strong>de</strong> Mello ou <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, son ca<strong>de</strong>t, seigneur <strong>de</strong><br />

Loches, Châtillon, Saint-Prisc, qui suivit Philippe-Auguste<br />

en Palestine, fut connétable <strong>de</strong> France <strong>de</strong> 1204 à 1218 et avait<br />

épousé Ermentru<strong>de</strong> <strong>de</strong> Monci. C'est Gui <strong>de</strong> Mello, fils <strong>de</strong> Dreux,<br />

qui <strong>de</strong>vint évêque <strong>de</strong> Verdun, puis d'Auxerre (1246). Un Dreux<br />

<strong>de</strong> Mello (1306, 1324) fut enterré avec Jeanne sa femme auprès<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> sacristie <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>liers. Un Pierre <strong>de</strong> Mello, clerc <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

reine, est cité dans le testament du chanoine Pié<strong>de</strong>leu (1353).<br />

Citons encore Jean <strong>de</strong> Mello, évêque <strong>de</strong> Châlons-sur-Saône (1354)<br />

puis <strong>de</strong> Clermont (1357) ; Constantin <strong>de</strong> Mello ; Jean <strong>de</strong> Mello<br />

(1431); Louise <strong>de</strong> Nesle, dame <strong>de</strong> Mello et d'Offemont, qui établit<br />

Layettes <strong>de</strong>s trésors <strong>de</strong>s Chartes, t. II, n os<br />

1604, : Dreux <strong>de</strong> Mello, seigneur<br />

<strong>de</strong> Loches,Sceaux <strong>de</strong> Mello en l223, 2048 en 1230,2681 en 1240,3409,<br />

Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Mello en 1246 et Dreux <strong>de</strong> Mello seigneur <strong>de</strong> Saint-Prisc,<br />

tous <strong>de</strong>ux qualifiés « juvenis ». — Arrêts du Parlement <strong>de</strong> Paris n os<br />

3375,<br />

3595, 3752 où Oudart le Drapier, 4210,4357 où contestations <strong>de</strong> Dreux avec<br />

Saint-Léonard <strong>de</strong> Corbigny en 1315, 6628, 7415,7454. — Gall. ch. t. II, col.<br />

389. — Spicilège, t. II, p. 534. — Afforty, IX, 510 où chronique d'Ardres ;<br />

XI, 5804, 6046; XII. 344, 348; XIII, 830 en 1136; XIV, 326, en 1164 où Raoul,<br />

et Raoul son fils, 390 : Charte <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume par <strong>la</strong>quelle il donne à Chaalis<br />

ce que son oncle Manessier lui a <strong>la</strong>issé. Parmi les signataires, Hugues,<br />

abbé <strong>de</strong> Saint-Vincent, Pierre, archidiacre <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, Ebroïn, doyen <strong>de</strong>


dans l'hôtel-Dieu <strong>de</strong> Mello, en 1254, six religieuses du<br />

tiers ordre <strong>de</strong> Saint-François.<br />

Saint-Frambourg, Rainald Choisels, Simon Choisels, Pierre Choisels,<br />

Raoul Choisels en 1167, en 1183; XV, 375 où Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Merlou, <strong>de</strong><br />

Merloto en 1220; XVII. 31 où nécrologe <strong>de</strong>s frères mineurs; XVIII, 481.<br />

Testament <strong>de</strong> Jean Pié<strong>de</strong>leu en 1353, 693, 815, — Louvet, hist. et antiquité<br />

<strong>de</strong> Beauvais, t. I, p. 108, 111, 115, etc. — Simon : Supplément au<br />

Nobiliaire du Beauvaisis, p. 35, 36, 62, 67, 111.<br />

2<br />

1<br />

Afforty, dom Grenier, etc., nous ont conservé une indication<br />

précise <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s tours <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité 1<br />

.<br />

4. <strong>Senlis</strong> eut <strong>de</strong> bonne heure, outre son castellum central et<br />

bourg clos « burgum c<strong>la</strong>usum » (1204), une secon<strong>de</strong> ligne<br />

<strong>de</strong> défense. La tradition rapporte que Chil<strong>de</strong>bert I er<br />

, en 545,<br />

ou Sigebert, en 551, fit ceindre <strong>de</strong> murs <strong>la</strong> <strong>partie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville où<br />

Clovis avait fait bâtir ou restaurer une chapelle <strong>de</strong> Saint-Rieul 2<br />

.<br />

5. Quelle était <strong>la</strong> situation précise <strong>de</strong>s fortifications <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong> avant Philippe-Auguste? Existait-il un mur continu,<br />

formant une ligne parallèle à l'enceinte <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité et envelop­<br />

pant <strong>la</strong> <strong>partie</strong> plus populeuse <strong>de</strong>s faubourgs? Je ne le crois<br />

pas. Je me figure plutôt <strong>de</strong>s <strong>la</strong>cs d'eau, <strong>de</strong>s talus <strong>de</strong> terre<br />

aidant aux escarpements naturels, <strong>de</strong>s palissa<strong>de</strong>s formées <strong>de</strong><br />

pieux et <strong>de</strong> madriers entre<strong>la</strong>cés, <strong>de</strong>s habitations <strong>de</strong> seigneurs se<br />

dressant çà et là avec une solidité <strong>de</strong> cita<strong>de</strong>lles, <strong>de</strong>s espèces <strong>de</strong><br />

redoutes avancées, aux Arènes, aux Marmousets (donjon <strong>de</strong>s<br />

Marmousets), aux jardins du roi, etc., bref <strong>de</strong>s ouvrages<br />

capables <strong>de</strong> tenir, sinon contre <strong>de</strong>s attaques sérieuses, au<br />

moins contre <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> main. 3<br />

Afforty, IX, 4707. — Dom Grenier, t. CLXV, p. 193, où Augustomagus.<br />

Jaulnay, p. 247. — Vatin : <strong>Senlis</strong>, Récits historiques, p. 71.<br />

3<br />

Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Barres (1206) a pour armes <strong>la</strong> porte d'une forteresse<br />

carnelée. Est-ce un souvenir <strong>de</strong> quelqu'un <strong>de</strong> ces petits forts? Afforty, XV,<br />

141 ; XVI, 476 où Jean <strong>de</strong> Barres, aïeul <strong>de</strong> Robert, seigneur d'Oissery et<br />

d'Ivry en 1319 ; XVII, 476, 481 ; où Jean en 1280.


6. Certaines expressions <strong>de</strong> 1070 semblent indiquent que le<br />

faubourg Saint-Martin avait déjà quelques fortifications 1<br />

.<br />

7. Les défenseurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> contre Simon<br />

Bonnet objectaient en 1472 que « l'enceinte <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville est<br />

« fortifiée <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> longs siècles », que « <strong>la</strong> rivière est aussi<br />

« ancienne que sa propre fondation, etc. » Est-ce à Philippe-<br />

Auguste, en 1180, qu'il faut attribuer ces travaux : construc­<br />

tion d'une muraille en pierre, creusement du lit du canal que<br />

les titres appellent <strong>la</strong> rivière nouvelle? La bulle <strong>de</strong> Luce III,<br />

remarque Afforty, constate que <strong>la</strong> ville n'était lors (1182)<br />

fermée que par un ancien fossé, tandis qu'une lettre du doyen <strong>de</strong><br />

chrétienté, Jean, mentionne « un espace <strong>de</strong> terre entre <strong>la</strong> grange<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> « Victoire » rue Bellon, « et le mur <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité, murum civi-<br />

tatis. Afforty ne diminue-t-il point le sens du mot fossé, fossa-<br />

tum signifiant souvent, outre une tranchée, le mur d'escarpe qui<br />

<strong>la</strong> domine : « fossatis ville extra portam mercati » (1274)? Cette<br />

locution <strong>de</strong> <strong>la</strong> bulle précitée : « Eglise Saint-Pierre dans le<br />

« faubourg, in suburbio, » est une meilleure preuve pour affir­<br />

mer que <strong>Senlis</strong> n'avait point encore, <strong>de</strong> ce côté du moins, sa<br />

nouvelle enceinte <strong>de</strong> murailles.<br />

8. L'enceinte fortifiée ne reçut point, dès Philippe-Auguste,<br />

les vastes dimensions qu'elle possédait au XV e<br />

siècle. L'abbaye<br />

<strong>de</strong> Saint-Vincent n'y fut enfermée que dans les <strong>de</strong>rnières années<br />

du XIII e<br />

siècle (1287). Je serais porté à croire que <strong>la</strong> ville<br />

close <strong>de</strong>s XII e<br />

et XIII e<br />

siècles était moins étendue aussi du côté<br />

<strong>de</strong> Saint-Aignan et <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue du Lion. C'est l'époque (1173) où<br />

Louis VIII confirmait aux bouteillers le droit <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r<br />

dans l'intérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville « un lieu <strong>de</strong> défense ou refuge avec<br />

« tour, praesidium, receptaculum, turrim ». Le fief que les<br />

Afforty, XIII, 413: Four Saint-Martin ; hôpital Saint-Martin; chemin<br />

détruit; XVI, 153, « fossatis ville extra portam mercati (1274). »<br />

2<br />

Afforty, XIV, 662, bulle <strong>de</strong> Luce III, en 1183; XV, 744; XVI, 153 en<br />

1274; XVII, 224 en 1234.


Murat, ancienne et noble famille alliée aux <strong>de</strong> Marle, possé­<br />

daient près <strong>de</strong> Saint-Aignan fut peut-être aussi un petit castel<br />

fortifié, « <strong>de</strong> Murato». La tour d'Airaines, dont un titre <strong>de</strong> 1474<br />

(voir Chateau Marigault) rapporte qu'il passa successivement<br />

« à Pierre <strong>de</strong> Hangest, à Robert <strong>de</strong> <strong>la</strong> P<strong>la</strong>ce, receveur ordi-<br />

« naire du Roy, et le 19 décembre 1482 à Ferry <strong>de</strong> Mailly 1<br />

était vraisemb<strong>la</strong>blement un poste avancé.<br />

9. Dès <strong>la</strong> fin du XIII e<br />

siècle, l'histoire <strong>de</strong> nos fortifications se<br />

charge <strong>de</strong> détails qu'il serait trop long d'énumérer ici : l'en­<br />

ceinte reçoit un développement nouveau ; les portes et les<br />

poternes sont protégées par <strong>de</strong>s barbacanes ou lices qui<br />

élèvent en avant <strong>de</strong>s fossés leur masse triangu<strong>la</strong>ire ou semi-<br />

circu<strong>la</strong>ire ; les fossés sont é<strong>la</strong>rgis, notamment (1373) « en <strong>la</strong><br />

rue aux Anglois, « entre <strong>la</strong> porte Saint-Rieul et <strong>la</strong> porte<br />

Aiguillière 2<br />

» ; l'eau bat mieux <strong>la</strong> base <strong>de</strong> <strong>la</strong> muraille.<br />

1279. Porte Saint-Sanctin avec tournelle. 1354. « Don fait<br />

par Chaalis d'un arpent <strong>de</strong> bois à exploiter « par <strong>la</strong> ville <strong>de</strong><br />

« <strong>Senlis</strong> pour les fortifications d'icelle, pour avoir recours,<br />

« secours et refuge en icelle », dit Geffroy Biendieu, lieu­<br />

tenant du bailly. Les abbayes, prieurés, etc, etc., avaient dans<br />

les villes fortes <strong>de</strong> leur voisinage <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong> refuge :<br />

Petit-Chaalis, Petite-Victoire, hôtel du prieur <strong>de</strong> Braye. De<br />

temps immémorial les religieux <strong>de</strong> Chaalis avaient à <strong>Senlis</strong> leur<br />

refuge, puisque nous voyons en l'année 1166 déjà, c'était sous<br />

l'épiscopat d'Amaury, le préchantre Guil<strong>la</strong>ume donner à l'abbé<br />

<strong>de</strong> Chaalis, Humbert, <strong>la</strong> maison dite du Petit-Chaalis 3<br />

.<br />

1359. Bail à Rémon Payen, prieur <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s, et à<br />

Robert Mallet, bourgeois, pour 10 sols <strong>de</strong> cens du moulin <strong>de</strong><br />

1<br />

Afforty,XXII, 140.<br />

2<br />

Afforty, II, 890 : Vicus acuum en 1229 ; XIX, 157.<br />

3<br />

Afforty, XIV, 370 où Jean, archidiacre <strong>de</strong> Beauvais, Vaultier, doyen <strong>de</strong><br />

Saint-Aignan en 1166; XV, 866 en 1238; XVI, 333 en 1304. « Porte <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

p<strong>la</strong>ce (du marché) » ou <strong>de</strong> Creil, 404 480; XVII, 225; XVIII, 560. A<br />

Noyon, rue (<strong>de</strong>) Longpont.<br />

»,


<strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Meaux, c'est-à-dire « d'une petite p<strong>la</strong>ce d'eau du<br />

« ruissel... entre le pont <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Meaux appelé le pont<br />

« perrin (<strong>de</strong> pierre) <strong>de</strong>dans <strong>la</strong>dite forteresse et les murs nuefs<br />

« qui sont entre <strong>la</strong>dite porte et <strong>la</strong> tournelle Saint-Vincent<br />

« jusques à l'eau <strong>de</strong>s fossés nuefs qui sont au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>s dits<br />

« murs 1<br />

» Remarquer les expressions murs neufs, fossés<br />

neufs, qui semblent indiquer ce travail <strong>de</strong> défense <strong>de</strong> 1288,<br />

lequel recu<strong>la</strong>it l'enceinte <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville par <strong>de</strong>là l'abbaye <strong>de</strong> Saint-<br />

Vincent. 1362. Voir Lion.<br />

Les registres municipaux <strong>de</strong> 1383 à 1393-1402 et suivantes<br />

mentionnent : l'existence <strong>de</strong> quatre portes, <strong>de</strong> Saint-Rieul, <strong>de</strong><br />

Meaux, <strong>de</strong> Paris et <strong>de</strong> Creil; — <strong>de</strong>s travaux importants à <strong>la</strong><br />

porte <strong>de</strong> Meaux; — <strong>de</strong>s dépenses pour l'entretien <strong>de</strong>s fortifi­<br />

cations et portes dont le quart est à <strong>la</strong> charge du clergé ; — <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'un pont dormant à <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Meaux; — l'établis­<br />

sement d'un moulin à chevaux 2<br />

.<br />

10. Voici le XV e<br />

1 Afforty, XVIII, 634, 642; XIX, 42 en 1367.<br />

siècle unissant aux hontes <strong>de</strong> l'invasion<br />

les horreurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre civile; les Armagnacs et les Bour­<br />

guignons occupent tour à tour <strong>la</strong> ville; l'étranger souille le<br />

château <strong>de</strong> Louis-le-Gros et <strong>de</strong> saint Louis; les environs sont<br />

livrés à <strong>de</strong>s dévastations complètes ; Rully est détruit ; <strong>la</strong> for­<br />

teresse <strong>de</strong> Chaalis, qui était <strong>de</strong>venue un repaire <strong>de</strong> brigands<br />

(1405), est acheté 80 livres à Thomas Sebert et rasée; le<br />

Plessier-Choisel, Montlevêque, Thiers, Pontarmé sont abattus ;<br />

les baillis qui se succè<strong>de</strong>nt dans <strong>Senlis</strong> : Pierre <strong>de</strong> Précy<br />

(1410), Trouil<strong>la</strong>rd <strong>de</strong> Maucroix, soutenu par <strong>la</strong> garnison d'En-<br />

guerrand <strong>de</strong> Bournonville (1411), Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Ham (1417),<br />

Robert d'Esne, Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Bournonville, le bâtard <strong>de</strong><br />

2 Afforty, XIX, 339. — M. Legrand, dans les Documents sur Paris,<br />

nomme une <strong>de</strong>s quatre portes <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> :« <strong>de</strong> Meaux aujourd'hui Billon... »<br />

Le même érudit a commis une secon<strong>de</strong> erreur dans son p<strong>la</strong>n restitué <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong> au XIV e<br />

siècle, lorsqu'il indique les Capucins.


Thian, exigent <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> « qu'ils eussent à<br />

« faire activement travailler aux fortifications <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville et<br />

« artillerie; ce qui fut fait et levé quatre cents livres sur les<br />

« habitants » (1417) ; <strong>de</strong> nouveaux ponts levis sont établis<br />

à <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Meaux ; un moulin à blé est construit dans<br />

l'hôtel-<strong>de</strong>-ville, etc. Voir aux Archives <strong>municipale</strong>s 1<br />

1<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, AA, fol. 15 et BB, II. — Père Anselme, t. V, p. 828. —<br />

Mallet, p. 8, 11. — Afforty, II, 837 et 1076 où Extraits <strong>de</strong> cartu<strong>la</strong>ires<br />

trouvés en l'Hôtel-<strong>de</strong>-Ville et ayant trait aux années 1404 : Oudard du<br />

Breulg reçu capitaine ; 1405, Man<strong>de</strong>ment du roi pour fortifier <strong>la</strong> ville ;<br />

1411, Moulin à chevaux ; 1412, Stérilité, tempêtes, misère. Décharge <strong>de</strong><br />

chevauchées pour Notre-Dame, Saint-Rieul et Saint-Frambourg ; 1413,<br />

1414, 1416, Union <strong>de</strong>s cures <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s, Val-Profon<strong>de</strong>, Courteuil et<br />

Saint-Firmin ; 1417 ; Guil<strong>la</strong>ume Buffet défendra <strong>la</strong> ville ; 1459, Tour aux<br />

pourceaux ; 1492 à 1544, 1544, etc., III, 1374, 1456; XXI, 204, 229, 230.<br />

2<br />

Afforty, XXI, 229.<br />

3<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, EE. — Afforty, VIII, 4458 où Extrait du cartu<strong>la</strong>ire;<br />

XXI, 677, 767, où assiette du clergé <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> pour les fortifications en 1465 ;<br />

XXII, 305, 324.<br />

: Man<strong>de</strong>­<br />

ment <strong>de</strong> Nico<strong>la</strong>s Mannessier, lieutenant général <strong>de</strong> monsei­<br />

gneur le bailli, pour que <strong>la</strong> ville ait à travailler aux fortifica­<br />

tions. La famille <strong>de</strong>s Mennessier est anoblie.<br />

1414. « La porte <strong>de</strong> Bellon n'était pas encore construite ».<br />

1444. Réparations 2<br />

.<br />

11. 1465. Louis XI poussa avec activité les travaux <strong>de</strong><br />

fortifications <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> : les habitations, trop voisines <strong>de</strong>s rem­<br />

parts, furent détruites pour créer une zone militaire ; les vil­<br />

<strong>la</strong>ges <strong>de</strong>s alentours, dans un rayon <strong>de</strong> six lieues, soumis à<br />

<strong>de</strong>s corvées; 400 pionniers employés; les fossés é<strong>la</strong>rgis encore;<br />

les portes armées. Louis XI, <strong>de</strong> son château inachevé <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Victoire, où il venait souvent, surveil<strong>la</strong>it ce grand ouvrage 3<br />

.<br />

— 1476, 25 avril. Il est décidé dans une assemblée <strong>de</strong> ville<br />

qu'une nouvelle tour sera construite à <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Meaux.<br />

— 1479. Nouvelles portes. — 1480, mars. Des tours crénelées,<br />

<strong>de</strong>s bastions, <strong>de</strong>s éperons, <strong>de</strong>s fossés profonds, <strong>de</strong>s portes avec<br />

ponts levis et herses recevaient une <strong>de</strong>rnière main et faisaient


<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> une p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong> premier ordre. Ouverture<br />

d'une poterne prés <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Creil. Voir à Montauban <strong>la</strong><br />

raison <strong>de</strong> cette dénomination.<br />

12. 1483. Concession du grenier à sel à <strong>la</strong> ville pour fortifi­<br />

cations. — 1500. Réédification <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte Saint-Rieul et autres<br />

travaux. — 1506. Douze serpentines pour <strong>la</strong> forteresse (mars).<br />

— 1510, dit Mallet, « <strong>la</strong> muraille, <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Paris<br />

« jusqu'au moulin Billebaut, appartenant au chapitre Notre-<br />

« Dame et aux Bons-hommes <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, fut réédifiée <strong>de</strong> neuf. »<br />

— 1513. Guets. — 1525. « A été conclud que les clefs <strong>de</strong>s (cinq)<br />

« portes <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville seront baillées pour <strong>de</strong>ux mois, scavoir<br />

« celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte Saint-Rieule à Thomas Taconnet, <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte<br />

« <strong>de</strong> Paris à Antoine le Jongleur, etc. » — 1528. Porte aux<br />

Asnes. — Ordonnance du bailli pour <strong>la</strong> reconstruction <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

tour Billebaut entre <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Paris et <strong>la</strong> Poterne. 1<br />

L'on con­<br />

tinuera à me pardonner <strong>la</strong> sécheresse forcée <strong>de</strong> ces détails.<br />

13. 1544. Jean-François Laroque, seigneur <strong>de</strong> Roberval,<br />

chargé par François I er<br />

<strong>de</strong> compléter <strong>la</strong> défense <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, se<br />

fait remarquer par une activité et un dévouement singuliers.<br />

C'est lui qui exhaussa tout le rempart <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Paris<br />

jusqu'à celle <strong>de</strong> Creil, appliqua le bastion <strong>de</strong> Saint-Vin­<br />

cent, etc. 2<br />

.<br />

1545. L'on trouvera aux Archives nationales un paquet<br />

volumineux <strong>de</strong> Mémoires <strong>de</strong> 1545 <strong>de</strong>s dépenses faites par le<br />

clergé <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> au sujet <strong>de</strong>s fortifications pour lesquelles le<br />

clergé ne <strong>de</strong>vait pas être imposé.<br />

1549. Sur le bruit que les Impériaux, après avoir assis<br />

leur camp à Noyon, marchaient vers Beauvais, brû<strong>la</strong>nt, pil<strong>la</strong>nt<br />

tout sur leur passage, l'on détruit <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong> Saint-Sanctin<br />

pour fortifier davantage <strong>la</strong> <strong>partie</strong> du rempart qui avoisinait<br />

1<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, DD, 11. — Afforty,<br />

839 où Jean <strong>de</strong> Sains.<br />

VIII, 4551; XII, 7309 ; XXIII, 807,<br />

2<br />

Afforty, XII. 7370 et suiv., 7421. — Jaulnay, 570.<br />

V 23


Saint-Rieul, l'on abat les moulins à vent <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte <strong>de</strong><br />

Creil qui gênaient le tir <strong>de</strong> l'artillerie et l'on prolonge <strong>de</strong> trente<br />

pieds <strong>la</strong> voûte <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Meaux 1<br />

.<br />

1552. La nouvelle se répand que les ennemis, ayant brûlé<br />

Chauny, assiégent Noyon. Nouvelles craintes et travaux pous­<br />

sés en toute diligence « aux fortifications ; les gens <strong>de</strong> l'Eglise<br />

« paient <strong>de</strong> leur consentement le tiers <strong>de</strong>s <strong>de</strong>niers ; le sieur<br />

« Baptiste, Italien, fait une figure <strong>de</strong>s travaux qu'exige <strong>la</strong><br />

« défense <strong>de</strong> là p<strong>la</strong>ce. 2<br />

» — 1553 à 1556, 1562, 1571,1581. Le­<br />

vées pour les fortifications sur le clergé, les huguenots. La<br />

France traversait lors l'une <strong>de</strong> ces époques néfastes où<br />

le frère est en lutte contre son frère.<br />

1582. Il existait une sorte <strong>de</strong> redoute près <strong>de</strong> Saint-Etienne.<br />

« Le lieu [ravelin <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Meaux] était sujet à être<br />

« esca<strong>la</strong>dé, étant fort commandé <strong>de</strong> l'église Saint-Etienne par<br />

« un fort proche <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville qui a <strong>de</strong>puis été abattu dans <strong>la</strong><br />

« crainte du second siége 3<br />

. »<br />

14. 1588. Vaultier a tracé une <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s fortifications<br />

sous ce titre : « Fortifications faites tant <strong>de</strong>hors que <strong>de</strong>dans <strong>la</strong><br />

« ville durant ces troubles qui ont été commencé le 13 mai<br />

« 1588 et sont finis le 16 juin 1598 4<br />

» : Eperons à <strong>la</strong> porte<br />

Saint-Rieul et à l'endroit <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte Aiguillière, porte <strong>de</strong><br />

Creil avec un éperon et une p<strong>la</strong>te-forme nommés le Mon­<br />

tauban , ravelin et pont sous voûte à <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Paris ,<br />

éperon <strong>de</strong>s dames à <strong>la</strong> poterne, entre <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Paris et<br />

celle <strong>de</strong> Meaux, pont à sept arches à <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Meaux, éperon<br />

1<br />

Afforty, XXIV, 419.<br />

2<br />

Afforty, VII, 7440, 7451, 7535.<br />

3<br />

Récit véritable <strong>de</strong> <strong>la</strong> surprise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> par <strong>la</strong> Ligue, par un auteur<br />

contemporain en Adh. Bernier, p. 475— Afforty, IX, 5066 en 1582; XII,<br />

7440, 7451, 7535.<br />

4<br />

P. 400 à 403. — Voir Broisse, 29 à 32, 44, 45, 52, etc. — Graves, 111<br />

à 113, 121, 152 et suiv.


<strong>de</strong>vant <strong>la</strong> porte Bellon avec sortie secrète, éperon Saint-<br />

Sanctin. Voir Esca<strong>la</strong><strong>de</strong>, Fosse aux ânes et Paris.<br />

1592. 20 octobre. « Lettres patentes du roy Henri IV pour<br />

« <strong>la</strong> levée faite durant six ans tant sur l'élection <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong><br />

« que sur aucunes paroisses <strong>de</strong>s élections <strong>de</strong> Paris, Meaulx et<br />

« Crespy <strong>de</strong> trois mille écus pour les fortifications <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité <strong>de</strong><br />

« <strong>Senlis</strong> 1<br />

. » Ainsi l'on trouvait, nonobstant les ruines <strong>de</strong>s<br />

guerres civiles, <strong>la</strong> disette et <strong>la</strong> peste, une somme qui équi­<br />

vaudrait aujourd'hui à 450,000 francs. Les registres capitu-<br />

<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> Saint-Rieul ont conservé ce détail <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

cité : « Messieurs les élus Dizieult, Puleu, Mallet et Truyart<br />

« informent le clergé du désir du roi que <strong>la</strong> ville fasse fondre<br />

« douze machines <strong>de</strong> guerre et que le clergé en paye une ».<br />

Voir Bellon 7.<br />

En résumé, <strong>Senlis</strong> était ceint d'une épaisse et haute muraille<br />

que <strong>de</strong>s tours à créneaux et <strong>de</strong>s bastions contribuaient à rendre<br />

imprenable ; <strong>de</strong> <strong>la</strong>rges fossés ou « <strong>la</strong>cs d'eau » venaient battre<br />

le pied <strong>de</strong> ces ouvrages; on ne pouvait entrer dans <strong>la</strong> ville que<br />

par quatre portes ou autant <strong>de</strong> poternes voûtées, entourées <strong>de</strong><br />

massifs soli<strong>de</strong>s <strong>de</strong> maçonnerie, défendues par un système sa­<br />

vant <strong>de</strong> pont-levis, d'éperons, <strong>de</strong> chemins couverts, <strong>de</strong> herses.<br />

15. 1610, 1614, 1615, 1620, 1622. Réparations aux mu­<br />

railles 2<br />

. — 1695. Procès-verbal touchant les logements qui<br />

étaient bâtis sur les fortifications. — 1755. Item .<br />

16. 1805. L'on commence à démolir une <strong>partie</strong> <strong>de</strong>s fortifica­<br />

tions. Une ordonnance royale du 6 juin 1827 active cette<br />

besogne <strong>de</strong> nivellement. « Nos édiles », chante Broisse,<br />

1<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, CC, 92, f° 25 à 35. — Afforty, XXV, 668 : Lettre<br />

d'Henri IV, 681 en 1593.<br />

2<br />

Afforty, VII, 2883, 2884, 2970, 2971 ; VIII, 3031 et suiv., 4031, 4145;<br />

XII, 7630, 7651, 7652.


1<br />

2<br />

«]Nos édiles, jaloux d'embellir <strong>la</strong> cité,<br />

« Ont <strong>de</strong> nos bons aïeux renversé le système...<br />

« Tout <strong>Senlis</strong> aujourd'hui n'est que métamorphose ».<br />

1829. « Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> ces remparts », dit Ledru<br />

dans une p<strong>la</strong>quette anonyme qui a pour titre : Notes à joindre<br />

à <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> insérée dans l'Annuaire <strong>de</strong> l'Oise,<br />

<strong>Senlis</strong>, chez Billot, 1841 , « on trouva un grand nombre<br />

« <strong>de</strong> monnaies d'or pour une valeur d'environ 30,000<br />

« francs que les ouvriers inventeurs se partagèrent. » C'é­<br />

taient entre autres, <strong>de</strong>s <strong>de</strong>niers d'or fin ou <strong>de</strong>s parisis d'or <strong>de</strong><br />

1329, <strong>de</strong> 1340, et « une petite pièce... plus petite... représen-<br />

« tant d'un côté une fleur <strong>de</strong> lys et <strong>de</strong> l'autre saint Jean-<br />

« Baptiste, <strong>la</strong>quelle doit dater <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin du XIII e<br />

siècle 1<br />

Le rempart jadis gardé par <strong>la</strong> vigi<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>s quarteniers,<br />

couvert <strong>de</strong> <strong>la</strong> fumée <strong>de</strong>s faubourgs incendiés, témoin du mas­<br />

sacre <strong>de</strong>s ôtages, retentissant <strong>de</strong> <strong>la</strong> voix <strong>de</strong> <strong>la</strong> Noue ou du<br />

bruit <strong>de</strong>s canons qui annonçaient l'heureuse conversion<br />

d'Henri IV, a perdu sa tournure <strong>de</strong> combat, et ses restes mu­<br />

tilés ne sont guère éveillés aujourd'hui que par le bruit <strong>de</strong>s<br />

promeneurs ou les jeux <strong>de</strong>s enfants. <strong>Senlis</strong>, l'antique ville <strong>de</strong><br />

guerre, a déposé son armure pour vaquer aux occupations<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> paix... Que Dieu, <strong>la</strong> source et <strong>la</strong> condition <strong>de</strong> toute béa­<br />

titu<strong>de</strong>, ne soit pas négligé !<br />

LXXXVI. — * FOSSE AUX ANES (et Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong>).<br />

Voir Anes 2<br />

.<br />

Cet endroit <strong>de</strong>s remparts où le Montauban prolonge encore<br />

ses angles au milieu <strong>de</strong>s jardins <strong>de</strong> <strong>la</strong> fosse aux Anes, est spé-<br />

Afforty, VI, 2928, 2929, 2935. — Broisse, p. 187, 235. — Ledru, p. 15.<br />

Afforty, XXIV, 723.<br />

».


cialement fameux dans les annales du vieux <strong>Senlis</strong> et rappelle<br />

un <strong>de</strong>s plus beaux faits <strong>de</strong> nos chroniques guerrières.<br />

« En cette année 1589 », écrit Chéron, curé <strong>de</strong> Sainte-<br />

Geneviève dans les registres paroissiaux <strong>de</strong> son église 1<br />

, « les<br />

« troubles ont recommencé plus terribles en ce pauvre<br />

« royaume, car, les principales villes s'étant révoltées contre<br />

« <strong>la</strong> majesté du roi, <strong>la</strong> guerre s'en est ensuivie par tout le<br />

« royaume, tellement que les habitants <strong>de</strong> Paris..., ayant pris<br />

« pour chef monseigneur le duc <strong>de</strong> Mayenne, frère du défunt<br />

« duc <strong>de</strong> Guise, comme plusieurs autres villes pareillement...,<br />

« [le duc <strong>de</strong> Mayenne] est parti <strong>de</strong> Paris avec une grosse armée<br />

« pour aller trouver le roi étant encore en <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Blois,<br />

« lequel n'ayant encore toutes ses forces amassées et<br />

« craignant d'être surpris par ledit sieur <strong>de</strong> Mayenne, s'est<br />

« retiré en <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Tours, où ledit seigneur <strong>de</strong> Mayenne<br />

« l'a tenu assiégé long espace <strong>de</strong> temps, pendant lequel temps<br />

« les Parisiens, entendant que monseigneur <strong>de</strong> Thoré avait pris<br />

« le gouvernement <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> proche <strong>de</strong> Paris,<br />

« craignant d'être importunés par <strong>la</strong> garnison dudit <strong>Senlis</strong>, se<br />

« sont délibérés d'assiéger <strong>la</strong>dite ville, ce qu'ils ont fait, <strong>la</strong><br />

« tenant assiégée par l'espace <strong>de</strong> 15 jours sous <strong>la</strong> conduite <strong>de</strong><br />

« monseigneur le duc d'Aumale avec plusieurs autres capi-<br />

« taines <strong>de</strong> nom. Lesquels, ayant continué ledit siège par l'es-<br />

« pace <strong>de</strong> 14 jours, les 15 et 16, ont battu <strong>la</strong> ville avec gran<strong>de</strong><br />

« fureur, <strong>de</strong> façon que, ayant fait brêche suffisante, se sont<br />

« présentés sur le soir du 16 pour forcer <strong>la</strong> ville étant munie<br />

« <strong>de</strong> vail<strong>la</strong>nts capitaines et avec force feu d'artifice ont été<br />

« vail<strong>la</strong>mment repoussés. Pendant ce temps, on s'est ingéré <strong>de</strong><br />

« traiter quelque accord pour rendre <strong>la</strong> ville. Mais le 17 mai,<br />

« monseigneur le duc <strong>de</strong> Longueville est arrivé <strong>la</strong> secourir à<br />

« temps. Lequel par <strong>la</strong> conduite <strong>de</strong> monseigneur <strong>de</strong> La Noue,<br />

« vail<strong>la</strong>nt capitaine, a combattu les assiégeants si vail<strong>la</strong>mment<br />

1<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>.


« qu'ils ont été contraints <strong>de</strong> lever le siége avec plusieurs tués<br />

« en <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce ; les Parisiens ont été gran<strong>de</strong>ment importunés<br />

« par les gens <strong>de</strong> guerre tant <strong>de</strong> <strong>la</strong> dite ville que autres qui<br />

« les al<strong>la</strong>ient braver jusqu'à leurs portes, leur empêchant<br />

« leurs vivres et autres commodités <strong>de</strong> leur ville, etc. »<br />

La sécheresse <strong>de</strong> récit à <strong>la</strong>quelle nous condamne <strong>la</strong> nature<br />

<strong>de</strong> cette monographie, nous interdit <strong>de</strong> rapporter ici les pein­<br />

tures vivantes que Mallet, l'ar<strong>de</strong>nt Vaultier, le Royer, chantre<br />

<strong>de</strong> Notre-Dame, etc., ont tracées <strong>de</strong> ce siège : les travaux <strong>de</strong><br />

dix-huit mille assail<strong>la</strong>nts, <strong>la</strong> rage avec <strong>la</strong>quelle d'Aumale et<br />

Montluc <strong>de</strong> Ba<strong>la</strong>gny, gouverneur et prince <strong>de</strong> Cambray, batti­<br />

rent les murailles, l'opiniatreté égale <strong>de</strong> <strong>la</strong> résistance, une<br />

brèche <strong>de</strong> cent mètres ouverte à <strong>la</strong> fosse aux Anes, l'entrée<br />

du côté <strong>de</strong> Saint-Sanctin d'une petite troupe <strong>de</strong> défenseurs<br />

d'élite, les assauts désespérés du 16 mai où Ba<strong>la</strong>gny poussait<br />

du coute<strong>la</strong>s ses régiments, <strong>la</strong> <strong>de</strong>scente <strong>de</strong> <strong>la</strong> chasse <strong>de</strong> Saint-<br />

Rieul, pal<strong>la</strong>dium <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité, l'arrivée <strong>de</strong> l'armée <strong>de</strong> secours que<br />

conduisaient <strong>de</strong> Maulévrier, Charles d'Humières, Henri Gouf-<br />

fîer <strong>de</strong> Bonnivet, Christophe <strong>de</strong> Lanoy, etc, <strong>la</strong> prière publique<br />

que Longueville et <strong>la</strong> Noue adressèrent à Dieu pour appeler <strong>la</strong><br />

victoire, <strong>la</strong> déroute d'Aumale qui perdit onze cent fantassins et<br />

huit à neuf cent cavaliers, les signes étranges qui étaient appa­<br />

rus durant le siège, <strong>la</strong> reconnaissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville qui établit<br />

« qu'il sera fait fête solennelle... en commémoration », l'éton-<br />

nement qu'un coup aussi inattendu répandit partout, car, dit<br />

<strong>de</strong> Thou 1<br />

« les marchands <strong>de</strong> Paris s'étaient rendus au camp<br />

1<br />

Mallet, 95 et suiv. — Vaultier, 159 et suiv. — Afforty, II, 1043, 1061 à<br />

1063, 1072 à 1076 où Esca<strong>la</strong><strong>de</strong>, entrée <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Thoré, etc. ; III, 1697 :<br />

François <strong>de</strong> Roncherolles, seigneur <strong>de</strong> Maineville, tué à <strong>la</strong> bataille <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>;<br />

IV, 1952; IX, 5020; XI, 5813 où récit <strong>de</strong> le Royer, 5907 où chanson : A<br />

chacun nature donne, etc; XXV, 570, 575 : Descente <strong>de</strong> <strong>la</strong> chasse <strong>de</strong><br />

Saint-Rieul en 1589, 577 : Récit <strong>de</strong> Mézeray, 585, où Discours véritable, etc.<br />

— Voir <strong>de</strong> Thou, d'Avi<strong>la</strong>, d'Aubigné. Vaultier dit que d'Aumale avait<br />

amené contre <strong>la</strong> ville trente mille combattants ; les historiens favorables à<br />

<strong>la</strong> Ligue mentionnent dix ou douze mille assiégeants : qui a raison?<br />

L'orgueil <strong>de</strong> rehausser l'éc<strong>la</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> victoire comme le désir <strong>de</strong> diminuer les<br />

hontes <strong>de</strong> l'échec <strong>de</strong>vaient pousser <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés à <strong>de</strong>s exagérations.


« <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> comme à une foire et les rues <strong>de</strong> ce camp étaient<br />

« aussi garnies <strong>de</strong> boutiques que les galeries du Pa<strong>la</strong>is », <strong>la</strong><br />

chanson <strong>de</strong> <strong>la</strong> bataille, etc.<br />

1<br />

2<br />

L'on admira surtout parmi tant <strong>de</strong> dévouements le sieur <strong>de</strong><br />

Bouteville, Henri Gouffier, les seigneurs <strong>de</strong> Senerpont,<br />

d'Ognon et ses frères, <strong>de</strong> Fontenay, <strong>de</strong> Mareuil, <strong>de</strong> La Porte,<br />

les capitaines Beauregard et Blon<strong>de</strong>l, qui moururent <strong>de</strong> leurs<br />

blessures; François <strong>de</strong> Brouly, seigneur <strong>de</strong> Mesvillers, qui<br />

fut tué et inhumé dans <strong>la</strong> cathédrale, <strong>la</strong>issant veuve Louise<br />

d'Halluin ; <strong>la</strong> compagnie <strong>de</strong>s bourgeois et <strong>de</strong>s artisans qui se<br />

couvrirent <strong>de</strong> gloire; Gilles <strong>de</strong> Conf<strong>la</strong>ns, seigneur d'Armen-<br />

tières, lequel « âgé <strong>de</strong> vingt ans, s'étant jeté dans <strong>la</strong> ville, y<br />

« soutint <strong>de</strong>ux assauts avec une énergie <strong>de</strong> décision et un cou-<br />

« rage exceptionnels, et s'opiniâtra à conseiller une résistance<br />

« qui semb<strong>la</strong>it impossible 1<br />

», et le célèbre La Noue.<br />

Voici entre autres, un trait que rapporte l'auteur <strong>de</strong> l'Essai<br />

sur le vrai mérite <strong>de</strong> l'officier : « Le duc <strong>de</strong> Longueville, qui<br />

« commandait les troupes <strong>de</strong>stinées à faire lever le siége, se<br />

« trouvant en présence <strong>de</strong> l'ennemi, appelle La Noue à <strong>la</strong><br />

« tête <strong>de</strong> ses bataillons, le salue général, exhorte les officiers<br />

« à le reconnaître : Quant à moi, dit-il, je lui obéirai comme<br />

« soldat. 2<br />

»<br />

La Noue méritait cette déférence plus encore par l'élévation<br />

<strong>de</strong> son caractère que par ses talents <strong>de</strong> capitaine. « Comme les<br />

royalistes n'avaient plus d'argent pour acheter <strong>de</strong>s munitions<br />

« <strong>de</strong> guerre ni <strong>de</strong>s vivres, et que les traitans qui s'étaient fort<br />

« enrichis dans les affaires, refusaient <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s avances :<br />

« Oh ! oh ! dit en riant La Noue, ce sera donc moi qui ferai <strong>la</strong><br />

« dépense ; gar<strong>de</strong> son argent quiconque l'estimera plus que son<br />

« honneur; tant que j'aurai une goutte <strong>de</strong> sang et un arpent<br />

« <strong>de</strong> terre, je l'emploierai pour <strong>la</strong> défense <strong>de</strong> mon pays », et il<br />

Gilles <strong>de</strong> Conf<strong>la</strong>ns fut tué en 1595 à <strong>la</strong> surprise du château <strong>de</strong> Ham.<br />

Afforty, III, 1218; IX, 4766; XXV, 410.


engagea ses terres <strong>de</strong>s Tournelles. Hé<strong>la</strong>s ! nos mœurs publiques<br />

gar<strong>de</strong>nt-elles avec fidélité ces traditions d'obéissance, <strong>de</strong> bra­<br />

voure, <strong>de</strong> désintéressement ?<br />

5. Voici l'épitaphe <strong>de</strong> François <strong>de</strong> Brouly, telle qu'elle était<br />

apposée au pilier qui regar<strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle Saint Antoine :<br />

« Icy repose le corps <strong>de</strong> hault et puissant seigneur M. Fran-<br />

« çois <strong>de</strong> Brouly, chevalier <strong>de</strong> l'ordre du roy et gentilhomme<br />

« ordinaire <strong>de</strong> sa chambre, seigneur <strong>de</strong> Mesviller, Ansauvillé,<br />

« Defroy, Beauvoir, Housoy, Couroy, <strong>la</strong> Villette et le Mes-<br />

« nil-Saint-George, lequel fut tué pour le service du roy à <strong>la</strong><br />

« bataille <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, le 17 may 1580. Le sieur <strong>de</strong> Ba<strong>la</strong>gny,<br />

« frère dudit seigneur, a donné cette pierre. »<br />

L'on trouvera au cabinet <strong>de</strong>s estampes <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Bibliothèque</strong><br />

nationale un <strong>de</strong>ssin du tombeau du duc <strong>de</strong> Longueville dont un<br />

<strong>de</strong>s bas-reliefs représente <strong>la</strong> bataille <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> 1<br />

.<br />

6. Le chapitre <strong>de</strong>s « ca<strong>de</strong>aux à réception » que l'on ren­<br />

contre dans les registres municipaux a conservé souvenir <strong>de</strong> ce<br />

siége : « Une <strong>de</strong>mi queue <strong>de</strong> vin en bouteilles à M. <strong>de</strong> Longue-<br />

« ville et autres venus au secours <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, le 17 mai 1589...;<br />

« pommes <strong>de</strong> Capendu, abricots, poires et bigarreaux à mes-<br />

« dames <strong>de</strong> Montmorency et <strong>de</strong> Torcy...; muid <strong>de</strong> vin, gibier<br />

« et pâtisseries à M. <strong>de</strong> La Noue. » A Legrand peintre qui a<br />

peint <strong>de</strong>s armoiries pour l'arrivée d'Henri IV..... »<br />

Nos pères, dont le sens religieux et élevé adorait l'action<br />

<strong>de</strong> Dieu dans les évènements publics comme dans les détails <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> vie <strong>de</strong> famille, célébraient en mai et en juillet les souvenirs<br />

<strong>de</strong> l'esca<strong>la</strong><strong>de</strong> et <strong>de</strong> ce siége par <strong>de</strong>ux fêtes solennelles que l'on<br />

appe<strong>la</strong>it fête <strong>de</strong> l'Esca<strong>la</strong><strong>de</strong> et fête du Secours ou <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Bataille. L'on excusera Antoine Rose <strong>de</strong> n'avoir accueilli<br />

1<br />

Hennin, cabinet historique, etc. X, 11, en 1589; 100,110,175 : Portrait<br />

<strong>de</strong> Léonor d'Orléans, duc <strong>de</strong> Longueville, d'Estouteville, et fils <strong>de</strong> François<br />

d'Orléans, marquis <strong>de</strong> Rothelin, en 1573.<br />

2<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, CC, f° 12 à 18. — Afforty, XXV, 577.


qu'avec mauvaise humeur cette prédication et ces prières<br />

publiques du 17 mai et du 4 juillet 1<br />

.<br />

7. 1593. Afforty nous a conservé d'après un registre capitu-<br />

<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> Saint-Rieul le cérémonial « du salut du siége et <strong>de</strong> l'es-<br />

« ca<strong>la</strong><strong>de</strong> ». Je traduis mot à mot le <strong>la</strong>tin du secrétaire : « Le<br />

« samedi 3 juin 1593, il fut rapporté à Messieurs [du chapitre]<br />

« assemblés après les vêpres dans <strong>la</strong> nef <strong>de</strong> l'église que l'on<br />

« avait, après un avertissement <strong>de</strong> trompettes, crié dans les<br />

« carrefours <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville le salut qui doit avoir lieu ce soir même<br />

« et <strong>la</strong> procession <strong>de</strong> <strong>de</strong>main. En conséquence, l'on sonnera les<br />

« cloches à 7 heures ; un salut suivra vers 8 heures où l'on<br />

« chantera ce passage du livre <strong>de</strong> Judith : Vous qui êtes sur<br />

« les tours, ouvrez les portes ; le Dieu tout puissant a mani-<br />

« festé sa force et nous a donné <strong>la</strong> victoire sur nos ennemis,—<br />

« le verset : Louez notre Dieu qui n'a point abandonné ceux<br />

« qui espèrent en lui, — cette antienne <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vierge : La ra-<br />

« cine <strong>de</strong> Jessé a produit une branche, — l'antienne <strong>de</strong> Saint-<br />

« Rieul : Seigneur ne nous traitez pas selon nos pé-<br />

« chés, etc. 2<br />

. »<br />

Le len<strong>de</strong>main procession et prédication d'où <strong>de</strong>s chapitres<br />

fréquents comme ceux-ci dans les comptes <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville 3<br />

: « 1622.<br />

« 12 pots <strong>de</strong> vin avec 12 pains et un agneau rôti donnés aux<br />

« capucins pour les prédications les jours du secours et <strong>de</strong><br />

« l'esca<strong>la</strong><strong>de</strong>, 9 liv. » — « 1622. 8 mars. 4 bouteilles <strong>de</strong> vin <strong>de</strong><br />

« 23 sols, une douzaine <strong>de</strong> pains <strong>de</strong> 12 sols, un membre <strong>de</strong><br />

« mouton et une longe <strong>de</strong> veau <strong>de</strong> 32 sols pour <strong>la</strong> prédication<br />

« faite par le gardien en actions <strong>de</strong> grâce <strong>de</strong> l'escal<strong>la</strong><strong>de</strong>. » —<br />

« 1622. 17 may. 6 bouteilles à M. Bachelier, curé <strong>de</strong> Houilli,<br />

1<br />

2<br />

3<br />

Afforty, XIII, 7603.<br />

Voir Arch. <strong>Senlis</strong>, EE, 24, <strong>de</strong> 1633 à 1663. — Afforty, XXV, 679.<br />

Afforty, VI, 2937,2974.


« qui a fait <strong>la</strong> prédication en actions <strong>de</strong> grâces pour <strong>la</strong> bataille<br />

« <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. » — 1629. 17 mai. 8 livres, 12 sols parisis aux<br />

pères capucins, à cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> prédication <strong>de</strong>s jours <strong>de</strong> <strong>la</strong> bataille.<br />

Il existe à <strong>la</strong> <strong>Bibliothèque</strong> nationale un arrêt du Parlement<br />

<strong>de</strong> Paris du 16 février 1664 « concernant les processions à<br />

« faire dans le mois <strong>de</strong> mai pour remercier Dieu <strong>de</strong>s grâces<br />

« qu'il a accordé à <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> pendant les guerres <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« Ligue. » Denys Sanguin a reculé du 14 juillet au 22 du même<br />

mois <strong>la</strong> fête <strong>de</strong> l'Esca<strong>la</strong><strong>de</strong>. — Querelle entre <strong>la</strong> ville et Notre-<br />

Dame au sujet <strong>de</strong> ces fêtes. — Nouveaux dép<strong>la</strong>cements <strong>de</strong> ces<br />

fêtes en 1765... 1<br />

Fêtes vraiment civiques où Dieu, <strong>la</strong> patrie, <strong>la</strong> cité, seuls<br />

inspirateurs <strong>de</strong> l'allégresse générale, excitent aux nobles sen­<br />

timents sous l'influence d'un fier souvenir 2<br />

. Les trompettes<br />

envoient par les p<strong>la</strong>ces leurs appels sonores ; les crieurs, mar­<br />

qués sur leurs vêtements jaune et rouge <strong>de</strong>s armes <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville,<br />

s'agitent ; le beffroi marie ses carillons aux volées du clocher ;<br />

les bourgeois, coiffés d'un « chapeau <strong>de</strong> lièvre » et appuyant<br />

sur une canne à <strong>la</strong>rge pommeau leur dignité solennelle, se<br />

hâtent vers l'église Saint-Rieul ; <strong>la</strong> procession se déploie à<br />

travers les auvents et les tapisseries <strong>de</strong>s rues, massiers, enfants<br />

<strong>de</strong> chœur, clergé <strong>de</strong>s huit paroisses, religieux et chapîtres <strong>de</strong><br />

tout costume, diacres et prêtres vêtus <strong>de</strong> chappes dont les bro­<br />

<strong>de</strong>ries d'or étincellent sur un fonds <strong>de</strong> velours, fiertes <strong>de</strong> Saint-<br />

Rieul, <strong>de</strong> Sainte-Pétronille et autres saints patrons montrant<br />

leurs émaux et leurs « non-pareils aournements », bailli et<br />

prévot escortés <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong> leur maison, messieurs <strong>de</strong> ville,<br />

précédés <strong>de</strong>s sergents ou concierges <strong>de</strong> l'hôtel commun, cor­<br />

porations marchan<strong>de</strong>s, déployant au vent <strong>la</strong> longue file <strong>de</strong> leurs<br />

1<br />

Afforty, V. 2642, 2812 : VI, 2878 où dépenses en 1725 pour <strong>la</strong> fête <strong>de</strong><br />

l'Esca<strong>la</strong><strong>de</strong> ; VIII, 4066 en 1663, où différend entre <strong>la</strong> ville et le chapitre au<br />

sujet <strong>de</strong>s fêtes <strong>de</strong> l'Esca<strong>la</strong><strong>de</strong>; IX, 4766,5020; XXI, 17, sous D. Sanguin;<br />

XX, 577, 620.<br />

2<br />

Afforty, III, 1354; XI, 5818.


3<br />

bannières, noblesse, gentilhommes, artisans. La robe rouge<br />

<strong>de</strong> saint Maurice ou <strong>la</strong> bure <strong>de</strong>s capucins frôlent les bottes à<br />

<strong>la</strong>rges retroussis <strong>de</strong>s Bouteville ; le cordon <strong>de</strong> chanvre et les<br />

chapelets à gros grains heurtent <strong>la</strong> dague <strong>de</strong>s gens d'armes ;<br />

les piques se dressent du milieu <strong>de</strong>s cierges; les chants sacrés<br />

éc<strong>la</strong>tent entre les bruits <strong>de</strong>s mousquets et les crépitements <strong>de</strong>s<br />

feux <strong>de</strong> joie ; c'est l'union <strong>de</strong> tous dans <strong>la</strong> même foi et les<br />

mêmes dévouements !...<br />

Cette victoire 1<br />

et les fêtes patriotiques que son anniversaire<br />

ramenait, ont inspiré cette sorte d'anagramme que l'historien<br />

<strong>de</strong> l'université <strong>de</strong> Paris a recueilli : « Ensis liliorum, c'est-à-<br />

« dire force du royaume et centre <strong>de</strong>s lys. »<br />

LXXXVII. — FOUR SAINT-AIGNAN (Rue du).<br />

« In vico furni Sancti Aniani (1300, 1344, 1348, 1466). —<br />

« Rue qui maine <strong>de</strong> Saint-Aignan en <strong>la</strong> rue du Marchié aux<br />

« Fromages (1522, 1725) 2<br />

1<br />

Pour les autres siéges <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> ou coups <strong>de</strong> main <strong>de</strong> 946, 949, 1214,<br />

1358, 1417,1418,1425 et 1430, voir Afforty, III, 1588,1613, 1678; X, 5750;<br />

XI, 5815, 5817, 6000, 6002, 6023, etc.<br />

2<br />

Comptes <strong>de</strong> 1522. — Afforty, VI, 3032; XVIII, 310, 395 : Testament,<br />

<strong>de</strong> Pierre dit <strong>de</strong> Folingino; XVIII, 639, XXI, 772 en 1466.<br />

Jaulnay, 447. — Afforty, XXI, 1448.<br />

4<br />

P. 560.<br />

».<br />

En 1227, Eu<strong>de</strong>s (Odo), chevalier <strong>de</strong> Montgrésin, et Audine,<br />

sa femme, donnaient à Saint-Rieul <strong>la</strong> cinquième <strong>partie</strong> d'un<br />

four banal qu'ils possédaient en <strong>la</strong> rue du Four. (Voir l'acte en<br />

Jaulnay). C'est indiquer <strong>la</strong> raison <strong>de</strong> son nom. — « Maison en<br />

« <strong>la</strong> rue Coquille faisant le coing d'icelle et <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue qui<br />

« maine <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce aux Charrons au marché aux Sabmedis,<br />

« tenant d'une part à l'ostel du four <strong>de</strong> Paris (1448) 3<br />

Cette rue s'appe<strong>la</strong> aussi rue <strong>de</strong> l'Horloge, parce qu'elle<br />

aboutissait « <strong>de</strong>vant le cadran » d'horloge qui, en 1534, dit<br />

Jaulnay, fut transportée <strong>de</strong> l'hôtel <strong>de</strong> ville à Saint-Aignan 4<br />

,<br />

».


La contagion y fut extrême en 1582 et « à cause <strong>de</strong> ce<strong>la</strong> »,<br />

raconte le même annaliste, « <strong>la</strong> procession <strong>de</strong> Saint-Marc con-<br />

« tinue à y passer. »<br />

Ce serait attacher à mon récit un épiso<strong>de</strong> d'une tristesse<br />

navrante que <strong>de</strong> développer ici ces notes du curé <strong>de</strong> Sainte-<br />

Geneviève : « C'est en 1580 que commença <strong>la</strong> pestilence..., le<br />

« jour <strong>de</strong> Saint-Laurent, dix août, <strong>la</strong>quelle continua en gran<strong>de</strong><br />

« impétuosité jusqu'au jour <strong>de</strong> Toussaint, tellement que il<br />

« mourut plus <strong>de</strong> sept cent personnes... La dicte ma<strong>la</strong>die<br />

« était si infecte que <strong>de</strong>puis qu'une personne était frappée<br />

« d'icelle, ne durait pas vingt-quatre heures; tel, bien sain au<br />

« matin, le len<strong>de</strong>main était mort. Toutefois par les prières <strong>de</strong><br />

« l'église une telle impétuosité cessa, car <strong>la</strong> chasse <strong>de</strong> Monsei-<br />

« gneur Saint-Rieul fut <strong>de</strong>scendue et portée en procession<br />

« honorablement le dimanche d'après l'exaltation <strong>de</strong> <strong>la</strong> sainte<br />

« croix, en <strong>la</strong>quelle procession assista Révérend père Chevalier,<br />

« évêque dudit <strong>Senlis</strong>, avec gran<strong>de</strong> multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> peuple, telle-<br />

« ment que <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> dite procession <strong>la</strong> dite ma<strong>la</strong>die ne fut<br />

« pas si impétueuse et s'apaisa peu à peu... En <strong>la</strong> dite<br />

« année 1582 a continué <strong>la</strong> pestilence par intervalles... La<br />

« pestilence a encore continué cette année 1583, etc. » Item<br />

1584 et 1585.<br />

En 1625, nouvelle peste : « Mémoire <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« ville affligées <strong>de</strong> contagion, » où ce trait qui épouvante :<br />

Ca<strong>de</strong>nas aux portes.<br />

Quelles étaient <strong>la</strong> nature et <strong>la</strong> cause première <strong>de</strong> ces épidé­<br />

mies qui décimaient <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion et répandaient l'effroi ?<br />

Etait-ce un empoisonnement? « Il est mort », dit M. Chéron,<br />

« cette année 1694, plus <strong>de</strong> six cent personnes dans <strong>la</strong><br />

« ville <strong>de</strong>puis le mois <strong>de</strong> juin jusqu'au mois d'avril 1695, et <strong>la</strong><br />

« plus part ou par <strong>de</strong>s fièvres pourpreuses ou par une colique<br />

« extraordinaire qui venait d'un méchant vin qu'on avait bu<br />

« dans lequel le marchand avait mis <strong>de</strong>s drogues pour l'ap-<br />

« purer; l'on a remarqué que tous ceux qui avait bu <strong>de</strong> ce vin<br />

« sont morts après avoir bien souffert. » Etait-ce une <strong>de</strong>


ces affections typhoï<strong>de</strong>s que <strong>de</strong>vait amener aisément <strong>la</strong> saleté<br />

fréquente <strong>de</strong>s maisons et <strong>de</strong>s rues ? Etait-ce une petite vérole<br />

comme il arriva en 1753, où cette ma<strong>la</strong>die infecta presque<br />

toutes les maisons <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, ou bien un <strong>de</strong> ces choléras qui<br />

enlevèrent, en 1832, cent quatre-vingt-six victimes 1<br />

?<br />

La ma<strong>la</strong>die est <strong>de</strong> tous les temps et le progrès n'empêchera<br />

pas l'arrivée <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort.<br />

1<br />

2<br />

LXXXVIII. — * FRANC-MURIER (Rue du).<br />

En 1277, « Masuram seu cameran in ruel<strong>la</strong> dicta le Franc-<br />

« Murier ; domus quae se extendit usque ad masuram Theo-<br />

« phaniae <strong>de</strong> Alneto 2<br />

Afforty, VI, 3068, 3070.<br />

Afforty, XVI, 240.<br />

»; masure ou chambre dans <strong>la</strong> ruelle dite<br />

« le Franc-Murier, <strong>la</strong>quelle maison s'étend jusqu'à <strong>la</strong> masure<br />

« <strong>de</strong> Tiphaine d'Aunoy. » Il existait aussi à Beauvais une rue<br />

<strong>de</strong>s Francs-Muriers.<br />

Remarquer le nom <strong>de</strong> baptême Tiphaine [Epiphanie] que<br />

nous retrouverons : Puits-Tiphaine... — Tiphaine d'Aunoy<br />

ou d'Aunay. Cette femme appartenait-elle à cette famille sen-<br />

lisienne <strong>de</strong>s d'Aunoy qui tenait son appel<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> Aulnoy ou<br />

Treil auprès <strong>de</strong> Saint-Martin-Noë et comptait : Eu<strong>de</strong>s<br />

d'Aunoy (1132) ; Raoul d'Aunoy, dont le nom apparaît à <strong>la</strong><br />

charte <strong>de</strong> fondation <strong>de</strong> Chaalis (1138); Gautier d'Aunoy<br />

qui, avec Raoul, éleva le prieuré <strong>de</strong> Mauregard (dioc. <strong>de</strong><br />

Meaux) en 1l40 ; Gautier d'Aunoy, seignenr <strong>de</strong> Dammartin<br />

(1201, 12l1, 1220, 1230); Guil<strong>la</strong>ume d'Aunoy qui fonda à<br />

l'ombre du château <strong>de</strong> Chantilly, <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong> « Quinquem-<br />

poix » (1234) et avait les mêmes armes que les Pomponne,<br />

savoir : un écu coupé chargé en chef d'un <strong>la</strong>mbel à cinq pen-


dants; Pierre d'Aunoy, fils <strong>de</strong> Gautier, père <strong>de</strong> Jeanne <strong>de</strong><br />

Moussy, qui épousa, en 1266,Jean I le Bouteiller <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> ;<br />

Hector d'Aunoy ; Jean d'Aunoy dit le Gallois, seigneur<br />

d'Orville, <strong>de</strong> Goussainville, <strong>de</strong> Louvres et <strong>de</strong> Villeron, qui<br />

épousa Isabeau <strong>de</strong> Reims, fille <strong>de</strong> Gaucher <strong>de</strong> Rouvroy ;<br />

« Sire Gautier d'Aunoy, « chantre <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> (1280) et cha­<br />

noine <strong>de</strong> Beauvais (1282) » ; Jeanne d'Aunoy (1292); 1325 :<br />

Accord entre noble dame Marie <strong>de</strong> C<strong>la</strong>ry, jadis fame « mon-<br />

« seigneur Gautier d'Aunoy, le jeune, et damoiselle Ysabel<br />

« d'Aunoy, nonnain <strong>de</strong> Chille (Chelle). — Philippe d'Aunoy ,<br />

« seigneur <strong>de</strong> Louvres, etc., etc, Les armes <strong>de</strong>s d'Aunoy<br />

« étaient, dit le P. Anselme, « d'or au chef <strong>de</strong> gueules chargé<br />

« au franc quartier d'un écusson <strong>de</strong> Montmorency dont le<br />

« premier quartier est chargé d'une étoile <strong>de</strong> sable 1<br />

».<br />

LXXXIX. — * FRANC-NOYER (Rue du),<br />

du Noyer ou <strong>de</strong>s Noyers.<br />

Jean <strong>de</strong> Plessis (Choisel) chevalier, vend (1225) à Guil<strong>la</strong>ume<br />

<strong>de</strong> Saint-Frambourg, une maison « in vico du noier 2<br />

» avec sa<br />

justice et ses droits,à l'exception toutefois <strong>de</strong> <strong>la</strong> banalité du<br />

four et <strong>de</strong> ses moulins.<br />

Les Registres criminels du Châtelet rapportent les exploits<br />

d'un « très fort <strong>la</strong>rron et meurdrier, Henriet Testart, nez du<br />

« <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, varlet à maçon, marié à une femme<br />

« nommée Gilete qui est ven<strong>de</strong>resse <strong>de</strong> fromages, <strong>de</strong>meurant<br />

« en <strong>la</strong> rue du Frant-noyer (1390) 3<br />

1<br />

Layettes <strong>de</strong>s trésors <strong>de</strong>s Chartes T. 11, n os<br />

1239, 2048, 2289, 2340,<br />

2340, 2371, 4363, 6658, 7667 où Gauthier, Guil<strong>la</strong>ume, Isabelle et Philippe<br />

d'Aunoy. — Actes du Parlement n°7667 où accord <strong>de</strong> 1325.— P. Anselme,<br />

t. IV, p. 597, 758. — Afforty, III, 1697; IX, 4767-4775 ; XI, 5853, 5854 ; XIII,<br />

869en 1140; XV. 35,.241, 531: armes <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume d'Aunoy; XVI, 625;<br />

Jeanne d'Aunoy; XXIII, 253 en 2590; xxv, 445. Fondation <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle<br />

<strong>de</strong> Quincampoix et liste <strong>de</strong>s chapel<strong>la</strong>ins.<br />

2<br />

Afforty, XI, 501.<br />

3<br />

Actes du parlement, p. 365, — Afforty, XXI, 649.<br />

» — Thibaud, doyen <strong>de</strong>


Saint-Frambourg, donne une maison, rue <strong>de</strong>s Noyers (1291)<br />

près <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix b<strong>la</strong>nche. Voir Croix.<br />

Plus tard, c'était le 19 juin 1624, Nico<strong>la</strong>s Sanguin bapti­<br />

sait à l'église Saint-Pierre « René, fils <strong>de</strong> Simon Chéron<br />

« maître tixerand en drap et en serge et <strong>de</strong> Marie Dumont<br />

« <strong>de</strong>meurant rue <strong>de</strong>s Noyers 1<br />

». Afforty a recueilli une<br />

notice généalogique sur <strong>la</strong> famille <strong>de</strong> Pierre Chéron.<br />

La peine que je me suis donnée pour découvrir <strong>la</strong> situation<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> rue du Franc-Noyer, est <strong>de</strong>meurée, je l'avoue, infruc­<br />

tueuse. Le dommage est médiocre pour l'archéologie, moindre<br />

encore pour Henriet Testart.<br />

La rue du Noyer aboutissait à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Paris : A quel<br />

endroit ?<br />

XC. — FRÈRES (Les).<br />

Les écoles chrétiennes <strong>de</strong>s Frères ont été établies à <strong>Senlis</strong><br />

le 27 décembre 1822 (ouvertes le 1 er<br />

octobre 1823), sous<br />

l'administration <strong>de</strong> M. Goul<strong>la</strong>rd Martine, sous-préfet, et Lau-<br />

rens <strong>de</strong> Waru, maire, remp<strong>la</strong>cées le 1 er<br />

mars 1832 par le<br />

système alors à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'enseignement mutuel, et rame­<br />

nées bientôt, au grand contentement <strong>de</strong>s esprits qui pour­<br />

suivent sincèrement les intérêts <strong>de</strong> l'instruction popu<strong>la</strong>ire et<br />

préfèrent le véritable bien <strong>de</strong> <strong>la</strong> nation au triomphe <strong>de</strong> cer­<br />

taines fureurs irréligieuses.<br />

Elles sont installées sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du Parvis-Notre-Dame,<br />

dans <strong>la</strong> « maison dite Raoul <strong>de</strong> Vermandois » que Geoffroy,<br />

chappe<strong>la</strong>in <strong>de</strong> Philippe-Auguste, donna en 1174 au chapitre 2<br />

.<br />

Raoul <strong>de</strong> Vermandois est probablement Raoul I, dit le Bor­<br />

gne ou le Grand, dont il n'est pas <strong>de</strong> mon sujet <strong>de</strong> raconter<br />

1<br />

Afforty, IV, 2037; VIII, 4022 XV, 508, rue du Noyer. - Censier <strong>de</strong><br />

Saint-Vincent.<br />

2<br />

Afforty, XIV, 871. — Graves, p. 174.


ici <strong>la</strong> puissance quasi-royale, les hauts faits militaires, le<br />

génie d'administration, les re<strong>la</strong>tions célèbres avec Louis le<br />

Gros, Innocent II et Suger..., le divorce, <strong>la</strong> mort à Crépy le<br />

14 octobre 1152 .. C'est probablement à cet endroit <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité,<br />

où une maison a conservé longtemps son nom, que Raoul habi­<br />

tait, lorsqu'il venait dans notre ville (1l42) arracher à <strong>la</strong> fai­<br />

blesse <strong>de</strong> Pierre I er<br />

un consentement, que le concile <strong>de</strong> Lagny<br />

al<strong>la</strong>it condamner ou méditait, entre <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong> Saint Denis<br />

que Louis le Gros édifiait et <strong>la</strong> cathédrale, ces coups vigoureux<br />

dont il <strong>de</strong>vait frapper Guy <strong>de</strong> Rochefort, Thomas <strong>de</strong> Marle, le<br />

meurtrier <strong>de</strong> son frère, le roi d'Angleterre, l'empereur<br />

Henri V.... Contraste étrange <strong>de</strong>s choses humaines ! D'hum­<br />

bles frères ont succédé au ru<strong>de</strong> sénéchal.<br />

Ce vieil hôtel, plus d'une fois remanié <strong>de</strong>puis cet illustre<br />

possesseur, est encore reconnaissable à sa tourelle, avec<br />

escalier à vis, <strong>de</strong>s XIV e<br />

et XVI e<br />

siècles. Derrière, une <strong>de</strong>s<br />

vingt-huit tours du castellum a survécu aux vicissitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s<br />

choses; dans le jardin, le mur <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité est <strong>de</strong>venu un c<strong>la</strong>­<br />

pier...<br />

XCI. — FROMAGES (Rue aux),<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce Henri IV ou <strong>de</strong> l'hôtel <strong>de</strong> ville, à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce<br />

Lavaran<strong>de</strong>.<br />

Inutile <strong>de</strong> dire <strong>la</strong> raison <strong>de</strong> cette dénomination : 1302. « Rue<br />

« aux froumaches; — 1326, i<strong>de</strong>m » ; — 1376. « In vico fori ca-<br />

« seorum »; — 1390. «... Maison [du canon] <strong>de</strong>rrière les<br />

« Mailles »; — 1415, 1422, 1466. « Rue du marchié aux<br />

« fromages »; — 1601. « En <strong>la</strong> rue aux fromaiges <strong>de</strong>puis le<br />

« carrefour du change jusqu'à <strong>la</strong> rue du Four 1<br />

1<br />

Afforty, III, 1161, 1162, 1163, où Raoul l'Orfèvre (1320), Jean l'Orfèvre,<br />

<strong>de</strong> Chambly, Regnault l'Orfèvre, Geoffroy l'Orfèvre (1390, 1406,<br />

1428, etc.) ; IV, 2124; VI, 3354; XXVII, 157; XIX, 199, 494; XXI, 772.<br />

».


1<br />

2<br />

Les <strong>Senlis</strong>iens professaient pour le fromage une estime qui,<br />

au dire <strong>de</strong> Jandun, était tout à <strong>la</strong> gloire <strong>de</strong> leur caractère :<br />

« Le <strong>la</strong>it le plus doux, un beurre sans mé<strong>la</strong>nge, <strong>de</strong>s fromages<br />

« gras, servis en abondance aux fortunes moyennes et petites,<br />

« bannissent cette activité furieuse <strong>de</strong>s cerveaux, <strong>la</strong>quelle fatigue<br />

« presque sans arrêt <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s amateurs <strong>de</strong> mets épicés et<br />

« fournissent ainsi l'habitu<strong>de</strong> réglée d'une vie tranquille et une<br />

« simplicité <strong>de</strong> colombe. » Il est regrettable, si le fromage<br />

produisait ces heureuses influences, que <strong>la</strong> génération actuelle<br />

préfère si souvent au <strong>la</strong>itage <strong>de</strong>s liqueurs moins bienfaisantes.<br />

Cette rue contenait les hôtels « <strong>de</strong> <strong>la</strong> roue (1540) tenant<br />

« d'un costé.., d'autre à <strong>la</strong> rue aux fromages, aboutant d'un<br />

« bout à un petit carrefour estant à l'opposite <strong>de</strong>s chan-<br />

« ges » ; — du bras d'or (1553); — du rat qui pipe [crie]<br />

(1468, 1553), à côté du bras d'or, tenant sur <strong>la</strong> rue Saint-<br />

Aignan (1553) ; — <strong>de</strong>s pèlerins d'Emmaüs (1555); — <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

main (1541), rue Saint-Aignan, où il avait issue à Paul <strong>de</strong><br />

Cornouailles (1555); — <strong>de</strong> <strong>la</strong> clef (vers 1593), tenant à l'hôtel<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> main; — <strong>de</strong> « <strong>la</strong> Teste verd faisant le coing <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue<br />

« aux fromages pour aller à Saint-Baultheur (1553) 1<br />

. »<br />

Les manants ou habitants du quartier trouvaient dans cette<br />

rue « le puits neuf ou <strong>de</strong> Saint-Agnan » dont <strong>la</strong> maison en<br />

face <strong>de</strong>vait fournir le seau et <strong>la</strong> cor<strong>de</strong>; — le moulin aux fro­<br />

mages <strong>de</strong>vant le puits neuf (1328) : « Est-ce le pressoir <strong>de</strong>s<br />

« bons-hommes » dont il est dit « maison au marché aux<br />

« fromages... aboutissant à <strong>la</strong> chaussée du Roy et au pressoir<br />

« <strong>de</strong>s bons hommes (1446) 2<br />

» ; — et l'animation du marché,<br />

car une ordonnance <strong>de</strong> 1739 désigna <strong>la</strong> rue aux fromages pour<br />

l'endroit où l'on vendait chaque samedi les vo<strong>la</strong>illes, le porc<br />

frais et salé, les fruits, le beurre, le fromage, les herbages, etc.<br />

Afforty, VI, 3354; XXII ,88;XXIV, 319, 323, 670, 723.<br />

Afforty,IV, 2124;XVII, 619; XXI, 772 en 1466.<br />

v 24


L'on trouvera dans Afforty 1<br />

,aux dates <strong>de</strong> 1571 et 1627 et<br />

sous <strong>la</strong> rubrique : « Articles concernant le franc marché, » un<br />

chapitre intéressant sur le commerce qui se faisait à <strong>Senlis</strong><br />

et les lieux d'éta<strong>la</strong>ge.<br />

La maison <strong>de</strong> <strong>la</strong> Teste verd était habitée par les Méthelet,<br />

famille célèbre jadis par son honorabilité, ses alliances et une<br />

réalisation exceptionnelle <strong>de</strong> cette bénédiction <strong>de</strong> l'Ecriture :<br />

« Filii tui sicut novel<strong>la</strong>e olivarum in circuitu mensae tuae ;<br />

« Vos enfants entourent votre table, nombreux comme les<br />

« rejetons <strong>de</strong> l'olivier ». Voir en Afforty 2<br />

: Testament <strong>de</strong><br />

Jean Méthelet; —Jacques Méthelet (1520) « son neveu et<br />

« filiol » ; — Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> Gillette Méthelet, veuve <strong>de</strong><br />

C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Martine esleu. à <strong>Senlis</strong> et procès-verbal (1576) attes­<br />

tant que Pierre Méthelet, bourgeois <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, et Marie <strong>de</strong><br />

La Barre ont vu <strong>de</strong> leur vivant six cent quatre vingt-treize<br />

enfants, petits-enfants, arrière-petits-enfants, neveux; — gé­<br />

néalogie, etc. 3<br />

Voici l'épitaphe naïve <strong>de</strong> Marie <strong>de</strong> <strong>la</strong> Barre :<br />

Amy lecteur, sous cette tombe et <strong>la</strong>mme,<br />

Gist et repose une honorable dame<br />

Qui a peu veoir procréez <strong>de</strong> son tems<br />

Tant <strong>de</strong> ses sœurs que <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ux enfans,<br />

Huit cents neveux. Prie qu'a ses <strong>de</strong>scendans<br />

Dieu doint le ciel veoir et aux ascendans.<br />

1<br />

Afforty, VII, 4241. — Broisse, p. 62.<br />

2<br />

Afforty, III, 5778; v, 2670; XVI, 60, 133, 283; XIX, 60-63, 638.<br />

3<br />

Afforty, VII, 3940 ; XXIII 117 où Testament <strong>de</strong> Jean Méthelet, chanoine<br />

(1504) <strong>de</strong> Saint-Thomas <strong>de</strong> Crépy. Il veut être enterré à Notre-Dame<br />

<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, <strong>de</strong>vant l'autel Saint-Nico<strong>la</strong>s, 567 : <strong>de</strong>meure <strong>de</strong> Jacques Méthelet;<br />

XXV, 292 et suiv. : Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> Gillette Methelet où Henriette<br />

Martine, femme <strong>de</strong> Jean Chicot. — Dom Grenier, t. v, p. 42.


XCII. — * GALLANDE (Rue).<br />

Rue Haubergier, dit dom Grenier et — rue du Châtel.<br />

1272. «Domus Gal<strong>la</strong>ndiae » ; Paris aussi avait sa rue Ga<strong>la</strong>n<strong>de</strong>.<br />

« Fief <strong>de</strong> Gal<strong>la</strong>n<strong>de</strong> »; le chape<strong>la</strong>in <strong>de</strong> Parmatin est en <strong>partie</strong><br />

seigneur du perron Saint-Martin et du fief Gal<strong>la</strong>n<strong>de</strong>; — 1279.<br />

Gauthier <strong>de</strong> Nully, archidiacre <strong>de</strong> Coutance, loue à Robert <strong>de</strong><br />

Murat, fils <strong>de</strong> « Richendis <strong>de</strong> Murato » et mari d'Ermesen<strong>de</strong>,<br />

<strong>la</strong> maison <strong>de</strong> Gal<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, à <strong>la</strong> condition que l'on n'y pourra point<br />

tenir le p<strong>la</strong>id, « maison qui fut jadis à Henri <strong>de</strong> Grandpré,<br />

située « in loco qui gal<strong>la</strong>ndia vulgariter nuncupatur »; — 1288,<br />

avril. Philippe-le-Bel confirme <strong>la</strong> vente que Gauthier fait<br />

au chapitre d'une terre nommée Gal<strong>la</strong>n<strong>de</strong>; — 1296. « Fief <strong>de</strong><br />

« Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong> » jadis au comte <strong>de</strong> Grandpré, « hostel <strong>de</strong>s trois<br />

« escuelles d'argent <strong>de</strong>vant l'hostel Saint-Jacques, tenant d'un<br />

« costé à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Gal<strong>la</strong>n<strong>de</strong> en al<strong>la</strong>nt à Saint-Bateul »;<br />

— 1667. Rue Gal<strong>la</strong>n<strong>de</strong> (rue du Châtel) 1<br />

».<br />

Cette appel<strong>la</strong>tion Gal<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, a été donnée à ces<br />

hôtel et rue à cause du fief que possédait jadis en ces<br />

endroits l'illustre maison <strong>de</strong> ce nom et en particulier Henri,<br />

comte <strong>de</strong> Grandpré, sieur <strong>de</strong> Livry, comte Jean, <strong>de</strong> Beau-<br />

mont et Gui le Bouteiller le jeune (1221), tous trois gendres<br />

<strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong>.<br />

La maison <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong> tira son nom du château <strong>de</strong> Gar­<br />

<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, en Brie, et brille d'un très vif éc<strong>la</strong>t sous Philippe I er<br />

et<br />

Louis VI avec Guil<strong>la</strong>ume, seigneur <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong> et <strong>de</strong> Livry,<br />

sénéchal <strong>de</strong> France. Guil<strong>la</strong>ume a quatre fils : Ansel ou Anseau<br />

l'aisné, seigneur <strong>de</strong> Gournay, gendre <strong>de</strong> Gui le Rouge comte <strong>de</strong><br />

Rochefort,et beau-père d'Amaury <strong>de</strong> Montfort, qui fut nommé<br />

en 1108 sénéchal <strong>de</strong> France; Guil<strong>la</strong>ume II, seigneur <strong>de</strong> Livry,<br />

1<br />

Afforty, I, 506. Gautier <strong>de</strong> Neuilly vend au chapitre une terre appelée<br />

« Gual<strong>la</strong>ndia » en 1288; V, 2670; XV, 60, 133; XVI, 283, 732 ; XIX, 638.<br />

D'autres titres p<strong>la</strong>cent le fief <strong>de</strong> Gal<strong>la</strong>n<strong>de</strong> dans <strong>la</strong> rue du Haubergier.


qui remp<strong>la</strong>ça dans cette charge importante son frère, tué par<br />

Hugues du Puiset (1118), et mourut lui-même au service du<br />

roi en 1120; Etienne, qui, archidiacre <strong>de</strong> Paris, doyen d'Or­<br />

léans, chancelier, sénéchal par une ambition que les exigences<br />

<strong>de</strong> l'Eglise et les droits <strong>de</strong> son prince condamnaient, se démit<br />

<strong>de</strong> cette fonction qui <strong>de</strong>venait ainsi comme héréditaire, en fa­<br />

veur d'Amaury <strong>de</strong> Montfort, comte d'Evreux (1127) auquel il<br />

avait marié sa nièce; et Gilbert ou Gislebert, dit le Païen, bou-<br />

teiller <strong>de</strong> France 1<br />

.<br />

Anseau n'eut qu'une fille, Agnès. La <strong>de</strong>scendance <strong>de</strong> Guil­<br />

<strong>la</strong>ume II s'étant éteinte au XIII e<br />

siècle, <strong>la</strong> branche <strong>de</strong><br />

Gislebert continua <strong>la</strong> maison <strong>de</strong>s Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong> jusqu'à ce qu'elle<br />

s'éteignit à son tour au XVI e<br />

siècle et que <strong>la</strong> terre <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>vint une possession <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Houssaye.<br />

L'on aimera à remarquer au milieu <strong>de</strong>s obscurités que ren­<br />

ferme nécessairement <strong>la</strong> généalogie <strong>de</strong> cette famille : Etienne<br />

(1100), évêque <strong>de</strong> Beauvais, jugé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux façons par Yves<br />

<strong>de</strong> Chartres. Cet Etienne « <strong>de</strong> Guar<strong>la</strong>ndia » que le roi, Ber-<br />

tra<strong>de</strong> et un parti poussaient à l'évêché <strong>de</strong> Beauvais, bien qu'il<br />

ne fut pas clerc, est-il le même qu'Etienne supra, quatrième<br />

fils du sénéchal Guil<strong>la</strong>ume? Launoi, par<strong>la</strong>nt du chancelier<br />

Etienne dans son traité <strong>de</strong> « Sanctis Franciae cancel<strong>la</strong>riis » dit :<br />

« <strong>de</strong> nobilissima ejus gente ambigitur. — Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Gar­<br />

<strong>la</strong>n<strong>de</strong> (l160) lequel est nommé parmi les dix seigneurs les plus<br />

considérables <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> dans <strong>la</strong> convenance et ordonnance<br />

<strong>de</strong>s chevaliers qui jurèrent en 1l73 <strong>la</strong> commune, confirme<br />

(1183) <strong>la</strong> vente faite à Saint-Nico<strong>la</strong>s-d'Acy du tiers <strong>de</strong>s gros­<br />

ses dîmes <strong>de</strong> Bray par Louis le Queux <strong>de</strong> War<strong>la</strong>ndia et fon<strong>de</strong><br />

l'abbaye <strong>de</strong> Livry (l186). Guil<strong>la</strong>ume, remarque Afforty, « avait<br />

« un écu parti au premier <strong>de</strong> France, au semé <strong>de</strong> fleurs <strong>de</strong> lys<br />

« et au second chargé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux fasces, c'est-à-dire, suivant le<br />

1<br />

Afforty, XIII, 701 : Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong> en 1120, Etienne <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong>,<br />

chancelier en 1120, 708, Gislebert <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong> en 1122.


« P. Anselme qui ne donne aux Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong> que cet écu plein,<br />

« d'or à <strong>de</strong>ux fasces <strong>de</strong> gueule. Anseau portait <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière<br />

« façon 1<br />

. »—Citons encore Gui <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, fils <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume,<br />

mort vers l192 : charte du roi en sa faveur en 1l73; — Marie,<br />

Jeanne et Isabelle <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, filles <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume V, mariées à<br />

Henri comte <strong>de</strong> Grandpré, Jean <strong>de</strong> Beaumont et Gui le Bou-<br />

teiller (1221, 1225); — Agnès <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, unique héritière<br />

d'Ansel <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong> (supra), mariée à Amaury <strong>de</strong> Montfort,<br />

puis à Robert <strong>de</strong> France, cinquième fils <strong>de</strong> Louis-le-Gros; —<br />

Hugues, évêque d'Orléans, son fils, vers 1200; — Ansel,<br />

Anseau <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, neveu <strong>de</strong> Gui, marié à Sophie «Sofia» lequel<br />

accorda une charte <strong>de</strong> commune aux bourgeois <strong>de</strong> Tournan<br />

(1153) , arrondissement <strong>de</strong> Melun; — Dreux <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong><br />

ou <strong>de</strong> Mello, connétable <strong>de</strong> France (1193, 1211) et Dreux <strong>de</strong><br />

Mello, son fils; — Guil<strong>la</strong>ume IV, fils d'Agnès <strong>de</strong> Crépy<br />

<strong>la</strong>quelle était fille <strong>de</strong> Thibault <strong>de</strong> Nantheuil ; — Robert <strong>de</strong><br />

Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, surnommé Mauvoisin , fils <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume IV et<br />

d'Idoine <strong>de</strong> Trie (1195), dont il est fait mention dans les titres<br />

<strong>de</strong> Chaalis (1202) et <strong>de</strong> l'Hôtel-Dieu <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, <strong>de</strong> 1223, et ses<br />

frères Guil<strong>la</strong>ume, Ansel et Thibault; —N. <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, fille<br />

1<br />

Arch. nation. Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> francs fiefs, f° 335, p. 773. Titres domaniaux<br />

Zef. <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. — Layelles du trésor <strong>de</strong>s Chartres, t. II, n os<br />

1607, 1957,<br />

2191, 2431, 2778, 2784, 2807, 2911, 3121, 3410 où Ansel, marié à Aalidis,<br />

Ansel, leur fils, marié à Hadvidis (1246). — Cartu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong><br />

Paris, où Ansel (1108-1118), Gislebert, bouteiller <strong>de</strong> France (1104-11l8),<br />

Ansel, fils <strong>de</strong> Gui et père d'Ansel ca<strong>de</strong>t (1186), Guil<strong>la</strong>ume, qui fonda en 1202<br />

<strong>la</strong> chapelle N.-D. <strong>de</strong> Livry, Jean, qui <strong>la</strong>isse veuve (1232) Héloïdis, Anselme,<br />

Manassier, chanoine <strong>de</strong> Chartres, Eu<strong>de</strong>s, archidiacre <strong>de</strong> Paris, Raoul, frère<br />

<strong>de</strong> Gui le bouteiller (1328), etc — Actes du Parlement <strong>de</strong> Paris, n os<br />

5084,<br />

5711 (1319) où Jean et Ansel. — P. Anselme : Histoire <strong>de</strong>s Grands officiers<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> couronne, t. I, 424: v, 658, 662; VI, 31, 33, 62, 73, 93; VII, 197,<br />

198. — Afforty, IV, 1735, 1745, 1766: VII, 3503, où sceau <strong>de</strong> Robert<br />

<strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong> (1223), 3645, où un Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong>. sénéchal,<br />

cité dans <strong>la</strong> charte <strong>de</strong> fondation <strong>de</strong> Saint-Martin-<strong>de</strong>s-Champs (1060), sous<br />

Philippe I er<br />

, <strong>de</strong>vint, <strong>de</strong> sénéchal au service comte d'Anjou, grand sénéchal,<br />

et avait sa part <strong>de</strong> seigneurie réservée, tant en <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong><br />

qu'ailleurs, comme le déc<strong>la</strong>re Hugues <strong>de</strong> Cléries ; 3646 et suiv. où une


<strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume, religieuse à Saint-Remy (1204) ; — Guil<strong>la</strong>ume<br />

V (1214) <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, seigneur <strong>de</strong> Livry et mari d'Alix <strong>de</strong><br />

Chatillon ; etc.<br />

Dom Grenier, par<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s fiefs <strong>de</strong> Tournebus et <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong>,<br />

etc., dit : « on a découvert au cimetière Saint-Rieul <strong>la</strong> tombe<br />

« <strong>de</strong> Gautier <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> en bas relief, couvert <strong>de</strong> mailles <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« tête aux pieds dans le goût du XII e<br />

siècle, tenant <strong>de</strong> <strong>la</strong> main<br />

« droite comme le signe du comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s armées, c'est<br />

« à dire <strong>de</strong> l'office du Sénéchal, soit un simple baton comme<br />

« ceux <strong>de</strong>s maréchaux <strong>de</strong> France, soit une <strong>partie</strong> du bout <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« <strong>la</strong>nce que le baron d'Auteuil met en <strong>la</strong> main du Sénéchal. »<br />

La race <strong>de</strong>s Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, si illustre jadis, est éteinte aujour­<br />

d'hui ; l'Hôtel-Dieu <strong>de</strong> Gal<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, que leur générosité a fondé<br />

ou soutenu, défendra leur nom <strong>de</strong> l'oubli. Beatus qui intel-<br />

ligit super egenum et pauperem.<br />

XCIII. — GARE<br />

De <strong>la</strong> ligne <strong>de</strong> Chantilly à Crépy-en-Valois, Soissons, etc.<br />

charte <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong> Paris fait mention d'Ansel, sénéchal, Gislebert,<br />

bouteiller, Etienne, chancellier, 3648 où lettre <strong>de</strong> saint Bernard, révé<strong>la</strong>tions<br />

<strong>de</strong> Suger et <strong>de</strong> <strong>la</strong> chronique <strong>de</strong> l'abbaye <strong>de</strong> Maurigny sur l'ambition<br />

d'Etienne <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, droits et avantages <strong>de</strong> <strong>la</strong> charge <strong>de</strong> chancellier ;<br />

3650 en 1124, 3653 ou généalogie <strong>de</strong>s Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong>; IX, 4875; XIII, 377, XIV,<br />

43 où Guil<strong>la</strong>ume et Robert <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong> ; 494 où « Convenance et ordon-<br />

« nance <strong>de</strong>s chevaliers qui jurèrent <strong>la</strong> commune », parmi lesquels Guil<strong>la</strong>ume<br />

<strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, Raoul le Coq, Raoul Choisel, etc., 503 où Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong><br />

et Anne <strong>de</strong> Livry ou <strong>de</strong> Gonesse, mère <strong>de</strong> Thibault <strong>de</strong> Gonesse (1l60,<br />

l178) et grand'mère ainsi <strong>de</strong> Pierre, Guil<strong>la</strong>ume, Milles et Amaury <strong>de</strong><br />

Gonesse, 704, où Louis le Queux « <strong>de</strong> War<strong>la</strong>ndia (1178), 750, 778 :<br />

« Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong> (1186) et Pierre le Coq (cocus), chevalier »,<br />

885, Robert <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong> (1185), 897; XV, 53, 63, 336, 378, Gui V, mari <strong>de</strong><br />

Elisabeth <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong> (1220), 399 : charte <strong>de</strong> Guérin, au sujet <strong>de</strong> <strong>la</strong> mouvance<br />

du fief <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, 539 où dons <strong>de</strong> Robert <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong> à l'Hôtel-<br />

Dieu <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> ; XXIII, 413 : Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong> fonda (1186) l'abbaye <strong>de</strong><br />

Livry. Notice sur saint Vincent et le Père Faure. — Dom Grenier, t. CLXV,<br />

p. 243-244. — Voir lettre d'Yves <strong>de</strong> Chartres, 87 e<br />

aux cardinaux-légats<br />

Jean et Benoit, et 89 e<br />

au pape Pascal sur Etienne <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, évêque <strong>de</strong><br />

Beauvais.


1<br />

2<br />

L'embranchement <strong>de</strong> Chantilly à <strong>Senlis</strong> a été concédé à <strong>la</strong><br />

compagnie du Nord par un décret impérial du 26 juin 1857.<br />

Grâce à <strong>la</strong> médiation <strong>de</strong> M. Frémy, alors premier adjoint <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong>, <strong>la</strong> compagnie, <strong>de</strong>venue propriétaire <strong>de</strong>s jardins qui<br />

conduisent à <strong>la</strong> gare, en abandonna <strong>la</strong> jouissance à <strong>la</strong> ville.<br />

Le voyageur ou le touriste que le train emporte vers Crépy,<br />

traverse <strong>la</strong> chaussée <strong>de</strong> Saint-Etienne à Villevert et tout un<br />

réseau <strong>de</strong> voies antiques qui mettaient en communication Vil­<br />

lemétrie, La Victoire et Montlévêque avec le Plessis-Choisel,<br />

<strong>la</strong> station romaine <strong>de</strong> Ba<strong>la</strong>gny et Pont, atteint Barbery 1<br />

, dont<br />

le nom rappelle une origine reculée, traverse ces p<strong>la</strong>ines<br />

sablonneuses où le XIV e<br />

siècle mit aux prises <strong>la</strong> France et<br />

l'Angleterre, aperçoit à droite les ruines encore merveilleuses<br />

<strong>de</strong> Montépilloy, <strong>la</strong>isse à gauche Rully, dont les grenouilles<br />

nous enseignent l'art du silence, et dépasse Auger-St-Vincent<br />

et les lieux où florissait autrefois le Parc aux dames...<br />

XXIV. — GATEAUX (P<strong>la</strong>ce aux).<br />

Entre <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Beauvais et <strong>la</strong> rue d'Enfer...<br />

Cette dénomination aux Gâteaux n'est point, comme un <strong>de</strong><br />

mes excellents amis l'avait pensé « un souvenir défiguré du<br />

Gué « <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gatelière », mais est expliquée « par cette tradi-<br />

« tion particulière » : 1271. « Portam <strong>de</strong> foro Silvanectensi<br />

« <strong>de</strong>super domum Alberici Gastel<strong>la</strong>rii (le patissier) contiguam<br />

« vie Creduliensi ». Il existait déjà en 1271 à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong><br />

Creil, un marché, une porte probablement fortifiée et un com­<br />

merce <strong>de</strong> gâteaux. Alberic est-il un <strong>de</strong>scendant <strong>de</strong> Garimbold<br />

le Gastellier, père <strong>de</strong> Herluin (1204) ? — 1302. Rue aux Gâ­<br />

teaux... Marchié aux Gasteaux.<br />

Afforty, XVII, 734 : « terram « <strong>de</strong> Barbaria » en 1124.<br />

Afforty, VI, 3349, curieux ; XV, 78 en 1204.


1<br />

2<br />

3<br />

Lorsqu'une fête joyeuse, <strong>la</strong> représentation d'un mystère,<br />

l'arrivée d'un grand personnage ou simplement le marché<br />

attiraient les foules sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> Creil, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce voisine,<br />

dont nous parlons, avait peut-être ses éta<strong>la</strong>ges <strong>de</strong> pâtisserie.<br />

La rue aux Gâteaux éveille les noms les plus nobles <strong>de</strong> l'his­<br />

toire senlisienne, les Saint-Vincent, les Ba<strong>la</strong>gny, les Lorris,<br />

les Presles, etc.<br />

Saint-Vincent :<br />

« Vente <strong>de</strong> fiefs et arrière-fiefs par Estienne <strong>de</strong> Saint-<br />

« Vincent, escuyer, à Guil<strong>la</strong>ume Néret, bourgeois <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong><br />

(1302) ». 1392. Alips <strong>de</strong> Saint-Vincent, veuve <strong>de</strong> Jean Pu-<br />

cemye, tante <strong>de</strong> Jean Louvet, possè<strong>de</strong> (1432) <strong>la</strong> « <strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />

fer. » Les maisons dont il est parlé ici reçoivent dans <strong>de</strong>s<br />

titres les noms <strong>de</strong> <strong>de</strong>nt <strong>de</strong> fer (1425 et 1432). — Hôtel d'enfer<br />

(1562). — Quatre maisons appelées l'enfer (1590) 1<br />

. —<br />

Ba<strong>la</strong>gny :<br />

Dame Hersen<strong>de</strong> <strong>de</strong> Ba<strong>la</strong>gny, veuve <strong>de</strong> Rogier <strong>de</strong> Ba<strong>la</strong>gny,<br />

<strong>la</strong>quelle est une <strong>de</strong>s bienfaitrices <strong>de</strong> Saint-Aignan (1318) ;<br />

— Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Ba<strong>la</strong>gny (1379) ; — Jean <strong>de</strong> Ba<strong>la</strong>gny, dit Blon-<br />

<strong>de</strong>l, <strong>de</strong>meurant à Villers-Saint-Frambourg et à Bétencourt-<br />

en-Vaulx ;— Jean Mallet, grenetier, défunt en 1447; —<br />

Philippe Mallet, seigneur <strong>de</strong> Ba<strong>la</strong>gny (1447); — P. Gilles<br />

Mallet (1447) 2<br />

,etc.<br />

Lorris-Presles :<br />

1423. « Noble homme Gilles <strong>de</strong> Lorris, écuyer, et Valen­<br />

« tine sa femme » possè<strong>de</strong>nt une maison « au marché aux<br />

« gasteaux faisant le coing <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>vant le p<strong>la</strong>t d'étain,<br />

« tenant d'une part aux hoirs Robert le Chevallier et à l'hotel<br />

« du bouteiller 3<br />

. » Le nom <strong>de</strong>s Lorris apparaît si souvent dans<br />

l'histoire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> que mes lecteurs me sauront gré, je l'es-<br />

Inventaire <strong>de</strong> l'Hôtel-Dieu <strong>de</strong> 1758; Afforty, XVII, 157; XIX, 541.<br />

Afforty, XIX, 52, 254,264, 329, 331.<br />

Afforty, VI, 3299, en 1434, 3352;IX, 4866; XX, 151, 681.


père, <strong>de</strong> recueillir ici quelques dates qui ai<strong>de</strong>ront peut-être à<br />

éc<strong>la</strong>irer <strong>la</strong> généalogie <strong>de</strong> cette famille.<br />

1306. Guil<strong>la</strong>ume le bouteiller est confirmé dans <strong>la</strong> possession<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> haute et basse justice <strong>de</strong> Lorris, nonobstant une sentence<br />

contraire <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour <strong>de</strong> l'évêque d'Orléans 1<br />

.<br />

1321. Marie <strong>de</strong> Fresnel, veuve <strong>de</strong> C<strong>la</strong>ir Bridoult, chate<strong>la</strong>in<br />

<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> en 1321, se <strong>de</strong>ssaisit <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre <strong>de</strong> Nully-Saint-<br />

Front qui avait été confisquée sur Raoul <strong>de</strong> Presles, et lui<br />

fut restituée 2<br />

. —1316. « Je veux, » avait écrit Louis X dans son<br />

testament que « tout ce qu'on aura pris par nous ou pour nous<br />

« <strong>de</strong>s biens meubles ou non meubles Mestre Raoul <strong>de</strong> Presles<br />

« ou <strong>de</strong> sa femme..., ou <strong>de</strong> mestre Pierre d'Orgemont contre<br />

« raison,... leur soit rendu. » Ce Raoul <strong>de</strong> Presles est Raoul I er<br />

<strong>de</strong> Presles, sire <strong>de</strong> Lisy, avocat <strong>de</strong> Philippe-le-Bel, conseiller<br />

au parlement (1319), emprisonné une année pour avoir été im­<br />

pliqué dans l'accusation d'empoisonnement portée contre le<br />

chancelier Pierre <strong>de</strong> Latilly, absous en septembre 1315, com­<br />

blé <strong>de</strong> dons et d'honneurs par les rois Louis-le-Hutin, Philippe-<br />

le-Long et Charles-le-Bel, libérateur <strong>de</strong> ses serfs, fondateur du<br />

collége <strong>de</strong> son nom, mort entre 1325 et 1331. Ce Raoul I er<br />

Raoul III semblent tenir leur nom, non plus <strong>de</strong> Presles<br />

(Seine-et-Oise), mais <strong>de</strong> Presles-sur-1'Aisne, canton <strong>de</strong><br />

Braisne. — 1330. Mathil<strong>de</strong> <strong>de</strong> Presles, alors morte.<br />

1352. Gilles <strong>de</strong> Lorris, évêque <strong>de</strong> Noyon, lequel conduisit<br />

<strong>la</strong> noblesse du Vermandois à l'attaque du château <strong>de</strong> Maucon-<br />

seil et <strong>de</strong>meura prisonnier <strong>de</strong>s Navarrais 3<br />

, était <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille <strong>de</strong><br />

1<br />

Actes du Parlement, n° 3343, 3690 — Hist. <strong>de</strong> Fr. racontée à mes<br />

petits-enfants, IV. 368.<br />

2<br />

Actes <strong>de</strong>s Parlements <strong>de</strong> Paris, n os<br />

3690, 3907, 4379, 4912, 5124, 5647,<br />

6282, 6328 ; Pèlerinage à Compostelle ; 6773, 6930. — Afforty, XI, 7033 ;<br />

XVII, 430, 649. — Probablement Lizy-sur-Ourcq, chef-lieu <strong>de</strong> canton, arrondissement<br />

<strong>de</strong> Meaux.<br />

3<br />

Inscript. tumu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> l'Eglise Notre-Dame <strong>de</strong> Noyon. M.-A. Boulongne<br />

et


nos Lorris, comme le démontrent les armoiries gravées sur sa<br />

tombe.<br />

Les armes <strong>de</strong>s Lorris étaient d'or à <strong>la</strong> fasce d'azur acccompa-<br />

gné <strong>de</strong> trois aigles <strong>de</strong> gueule, <strong>de</strong>ux en chef et un en pointe l<br />

.<br />

1356. Les gran<strong>de</strong>s chroniques <strong>de</strong> Saint-Denis 2<br />

disent d'un<br />

« Robert <strong>de</strong> Lorris, chambel<strong>la</strong>n du roi Jean et seigneur<br />

« d'Ermenonville », qu'il était <strong>de</strong> ceux dont les Etats <strong>de</strong><br />

1356 <strong>de</strong>mandaient le renvoi, qu'il avait été maintenu néan­<br />

moins dans le conseil du roi ou plutôt du duc <strong>de</strong> Normandie,<br />

plus tard Charles V, et que les Jacques, auxquels s'étaient<br />

joints <strong>de</strong>s Parisiens envoyés par Etienne Marcel, prirent et<br />

pillèrent le château d'Ermenonville. — Une autre chro­<br />

nique ajoute que Robert <strong>de</strong> Lorris « par paour regnia<br />

gentillesse » et aimait mieux les bourgeois et <strong>la</strong> commune<br />

<strong>de</strong> Paris que les nobles. — Quoiqu'il en soit <strong>de</strong> ce jugement et<br />

<strong>de</strong> cette politique peut-être plus opportuniste que chevale­<br />

resque, les années 1361, 1372 et 1375 le ramènent avec le<br />

titre <strong>de</strong> chevalier, sire d'Ermenonville et <strong>de</strong> Montespillouer 3<br />

(1375), par sa femme Peronnelle <strong>de</strong>s Essarts 4<br />

. Robert eut <strong>de</strong><br />

Péronnelle <strong>de</strong>ux fils : Jean, qui épousa Marie <strong>de</strong> Châtillon et<br />

reçut en apanage les terres <strong>de</strong> Beaurain et Ermenonville, et<br />

Guérin, dit Lancelot, qui prit pour femme Isabelle <strong>de</strong> Mont­<br />

morency, fille <strong>de</strong> Mathieu <strong>de</strong> Montmorency.<br />

1360. Beatrix <strong>de</strong> Praelles était 4 e<br />

abbesse du Moncel<br />

« lorsque les religieuses vendirent les pierres précieuses et les<br />

« vases d'argent <strong>de</strong> l'église que Philippe-le-Bel leur avait don-<br />

« nés, pour <strong>la</strong> rançon du roi Jean. Néanmoins, elles ache-<br />

« tèrent <strong>la</strong> seigneurie <strong>de</strong> Pontpoint... Mais les guerres étant<br />

« survenues, elles furent contraintes <strong>de</strong> vendre leur autel qui<br />

1<br />

P. Anselme, t. VI. — Dictionnaire hérald. — Afforty, IX, 4753,<br />

4776.<br />

2<br />

T. VI, p. 37, 40, 53 et l18 (note).<br />

3<br />

Afforty, XVIII, 689.<br />

4<br />

Afforty, III, 1559 ; IV, 1788 ; VII, 3573 en 1351 ; XIX, 139, 185.


« était d'or pour se nourrir. Elle mourut le 27, alias le 17,<br />

« février 1371 1<br />

. »<br />

Un arrêt <strong>de</strong> 1363 pour <strong>la</strong> juridiction du curé <strong>de</strong><br />

Notre-Dame contre l'abbaye <strong>de</strong> <strong>la</strong> Victoire, fait mention <strong>de</strong> Gui<br />

<strong>de</strong> Nogent, abbé, d'Etienne <strong>de</strong> Lorris, <strong>de</strong> Reginald <strong>de</strong> Merlo,<br />

<strong>de</strong> Pierre l'Orfèvre, official, <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong> Rully, abbé <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vic­<br />

toire 2<br />

.<br />

1367, 1374. Jean <strong>de</strong> Lorris, fils <strong>de</strong> Robert, a <strong>de</strong>s différends<br />

très vifs avec l'abbaye <strong>de</strong> Chaalis pour le bois l'Abbé 3<br />

.<br />

1371. Raoul III <strong>de</strong> Presles, né vers 1315, fils légitimé <strong>de</strong><br />

Raoul I er<br />

et <strong>de</strong> Marie <strong>de</strong>s Portes ou <strong>de</strong>s Vertus, clerc <strong>la</strong>ïque<br />

et familier <strong>de</strong> Charles V, savant auteur <strong>de</strong> Musa (1365), d'une<br />

traduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité <strong>de</strong> Dieu (1371-1378), d'un commentaire<br />

sur Paris, inséré dans cette traduction, d'un compendium<br />

moral <strong>de</strong> <strong>la</strong> chose publique (?), du songe du Vergier 4<br />

.<br />

Des documents <strong>de</strong> 1375, 1385, 1391 et 1424 mentionnent,<br />

parmi les morts, Guil<strong>la</strong>ume le Bouteiller, <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, d'Erme­<br />

nonville, <strong>de</strong> Presles ; — 1375. Guil<strong>la</strong>ume le Bouteiller, jadis<br />

chevallier, « seigneur d'Ermenonville »; — « Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong><br />

« <strong>Senlis</strong>, seigneur <strong>de</strong> Presles, écuyer <strong>de</strong> cuisine du roy notre<br />

« sire » et dame Alips, sa femme. Ils possédaient « un pres-<br />

« souer rue Saint-Martin tenant à Jehan l'Orfèvre <strong>de</strong> Chambly<br />

« et aboutant par <strong>de</strong>rrière au clos Portebos » (Percebot?). —<br />

Un titre <strong>de</strong> 1384 fait mémoire <strong>de</strong> « feu messire Lancelot <strong>de</strong><br />

« Lorris, jadis chevallier, seigneur <strong>de</strong> Montespillouer », père<br />

<strong>de</strong> Marguerite et Jeanne...<br />

En 1386 1e fief <strong>de</strong> <strong>la</strong> Motte à Luzarches que les Bouteillers <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong> avaient possédé pendant <strong>de</strong>ux cent ans environ, appar­<br />

tenait, le château à Guérin <strong>de</strong> Lorris, le reste à Renaud <strong>de</strong><br />

1<br />

Afforty, XIX, 105.<br />

2<br />

Afforty, XVI I, 717; XVIII, 581.<br />

3<br />

Afforty, XIX, 140, 167, pièce intéressante.<br />

4<br />

D. Grenier, t. CLXV. p. 283 où lettre du roi Philippe, élevant Raoul <strong>de</strong><br />

Presles « clerc du roi », marié à Jeanne du Chastel, mort en 1220.


Dormans, archidiacre <strong>de</strong> Châlons. Gilles Gallois, chevalier,<br />

maitre d'hostel du Roi, mari en secon<strong>de</strong>s noces <strong>de</strong> Marguerite<br />

<strong>de</strong> Pacy, acheta le château etc. 1<br />

.<br />

1391. Testament <strong>de</strong> Alips, femme en premières noces <strong>de</strong><br />

Michel (Michaut) Boucher, marchand drapier <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, puis<br />

<strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, chevalier, seigneur <strong>de</strong> Praelles ou<br />

Presles, maître d'hôtel du duc <strong>de</strong> Touraine... Les titres <strong>de</strong><br />

l'hôtel Dieu mentionnent que Michel Bouclier et Alips furent<br />

enterrés à Saint-Pierre. Alips légue « une maison rue <strong>de</strong>s<br />

« béguines et un fief <strong>de</strong> Saint-Y<strong>la</strong>ire... mouvant du fief <strong>de</strong><br />

« Chantilly à cause <strong>de</strong> son fief <strong>de</strong> Chavercy ». Gilles <strong>de</strong> Lorris<br />

est exécuteur d'Alips comme procureur fondé <strong>de</strong> Valentine,<br />

sa femme. Ce Guil<strong>la</strong>ume n'est-il pas Guil<strong>la</strong>ume II le Bouteiller,<br />

fils <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume I et petit-fils <strong>de</strong> Guy II, seigneur d'Ermenon­<br />

ville, <strong>de</strong> Lorris, etc. 2<br />

.<br />

1408. Gui <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, chevalier, seigneur <strong>de</strong> Praelles, possè<strong>de</strong><br />

une maison rue <strong>de</strong> Paris, <strong>de</strong>vant le Paon. La même année,<br />

Gui <strong>de</strong> Bar, seigneur <strong>de</strong> Praelles, gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> prévôté <strong>de</strong> Paris,<br />

est témoin <strong>de</strong> <strong>la</strong> vente que « Marie <strong>de</strong> Montgiron, vesve <strong>de</strong><br />

« feu Jehan le F<strong>la</strong>menc » fait à Jacques <strong>de</strong> Villers, seigneur<br />

« <strong>de</strong> Villers-le-Bel, chambel<strong>la</strong>n du roy.. et à dame Regnaul<strong>de</strong><br />

« <strong>de</strong> Pacy, sa femme... » <strong>de</strong> l'hôtel du F<strong>la</strong>ment 3<br />

. — 1414.<br />

« Guérin <strong>de</strong> Lory, chambel<strong>la</strong>n du roy. »<br />

1424. Gilles <strong>de</strong> Lorris, chevalier, et par lui Valentine, sa<br />

veuve, héritèrent <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Praelles.<br />

1424, 23 janvier. « Inventaire <strong>de</strong>s biens etc., du Montcel,<br />

« lors du <strong>de</strong>ceds <strong>de</strong> sœur Marie <strong>de</strong> Praelles, abbesse dudit lieu<br />

« avant 1424. » « Marie <strong>de</strong> Praelles », dit l'auteur <strong>de</strong>s Anti-<br />

1<br />

Afforty, III, 1697; VII, 3488.<br />

2<br />

Arch. Depart. G, 658. — Afforty, VI, 3288; XIX, 185 en 1375:<br />

Pierre <strong>de</strong> Garges, écuyer, ruelle du Buhat à Ermenonville : 513 ; XX, 133,<br />

754 à 758 ; XXI, 597; XXIII. 844. Saulx Guil<strong>la</strong>ume le Boucher en <strong>la</strong> prairie<br />

<strong>de</strong> Presles, à côté <strong>de</strong> P<strong>la</strong>illy.<br />

3<br />

Afforty, III, 399. — Com.., arch II e<br />

série, t. III, 218.


quités <strong>de</strong> l'abbaye royale du Moncel, « 6 e<br />

1<br />

2<br />

3<br />

abbesse du Moncel,<br />

« <strong>la</strong> 3 e<br />

<strong>de</strong> cette famille, fille d'une vie exemp<strong>la</strong>ire et <strong>de</strong> haulte<br />

« vertu, particulièrement en temps <strong>de</strong> guerre ou <strong>de</strong> peste qui<br />

« affligèrent <strong>de</strong>ux fois cette maison avec disette, après quinze<br />

« années <strong>de</strong> travail, s'envo<strong>la</strong> au ciel le mardi 23 jan-<br />

« vier 1424 l<br />

. »<br />

Citons encore, d'après le nécrologe <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers <strong>de</strong> 1434<br />

et à <strong>la</strong> date du 12 <strong>de</strong>s calen<strong>de</strong>s d'octobre un Renaud <strong>de</strong><br />

Lorris ; — 1483. Jacques <strong>de</strong> Loris, chevalier, seigneur <strong>de</strong><br />

Praesles ; —1501. Pétronille <strong>de</strong> Lorris, religieuse <strong>de</strong> Saint-<br />

Marcel <strong>de</strong> Paris, morte en 1501 2<br />

; — 1522. « A Eve, <strong>la</strong> maison<br />

<strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Loris; » — 1541. Alips <strong>de</strong> Presles <strong>la</strong>quelle avait<br />

possédé le fief <strong>de</strong> Chavercy aujourd'hui à l'Hôtel-Dieu 3<br />

.<br />

Une époque moins reculée fournira <strong>de</strong>s indications qui au­<br />

ront leur droit à piquer <strong>la</strong> curiosité :<br />

1756. M e<br />

Vincent-Laurent Martine, ancien receveur du<br />

grenier à sel <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, possè<strong>de</strong>, à cause <strong>de</strong> sa femme, dame<br />

Racine, fille <strong>de</strong> C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Racine, écuyer, gentilhomme servant<br />

<strong>de</strong> Monsieur le Prince, une maison « rue aux Gateaux condui-<br />

« sant <strong>de</strong> l'église Saint-Agnan à <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Creil... incorporée<br />

« dans le p<strong>la</strong>t d'étain. 4<br />

».<br />

XCV. — GATELLIERE (La).<br />

Ferme dans <strong>la</strong> vallée d'Aunette, sur <strong>la</strong> route <strong>de</strong> Chantilly.<br />

« Croix <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ma<strong>la</strong>drerie <strong>de</strong> Gournay, lès <strong>la</strong> Gastellière (1455) »;<br />

— « Pierre Hachette au lieu <strong>de</strong> Henry Hachete son père et<br />

« paravant Messire Gilles <strong>de</strong> Saint-Simon, chevalier, bailly <strong>de</strong><br />

« <strong>Senlis</strong>, pour sa maison, vivier, p<strong>la</strong>ce et lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gastellière<br />

« qui fut jadis aux hoirs Mathieu <strong>de</strong> Normandie, tenant d'une<br />

Afforty, XIX, 351 ; XX, 754.<br />

Déc<strong>la</strong>rat. <strong>de</strong> 1522, p. 386. — Afforty, [VI, 3299; IX, 4866; XXIV, 325.<br />

Afforty,XIX, 185.<br />

4<br />

Afforty, XI, 5956 en 1523; XXI, 556; XXII, 682, 772 en 1498; XXIV,<br />

13 en 1530. — Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 164.


« part à <strong>la</strong> rivière qui vient du gué <strong>de</strong> Creel à <strong>la</strong> Rivière du<br />

« Molin Choisel, etc. 1<br />

.» Le nom <strong>de</strong>s Normandie apparaît<br />

fréquemment dans l'histoire <strong>de</strong> Calvin et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Réforme.<br />

1530. Noble homme Nicole Morel, lieutenant général du<br />

bailliage <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> est propriétaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gâtelière. Nous avons<br />

rencontré déjà ou rencontrerons plus d'un Morel : Pierre,<br />

1498, Jean, 1522.<br />

Selon M. Ledru, Ga<strong>de</strong>lière, <strong>de</strong>venu Gatelière, désigne un<br />

lieu p<strong>la</strong>nté <strong>de</strong> ga<strong>de</strong>liers ou groseilliers. M. Ledru est plus<br />

enclin à blâmer que savant à bien dire.<br />

Selon d'autres, Gastellière aurait quelque parenté avec gas-<br />

telliers ou pâtissiers, — hypothèse que tendraient à justifier<br />

le nom <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce aux Gâteaux et l'existence dans ce quartier<br />

d'Albéric le Gatellier (1270) — et signifierait maison où l'on<br />

fait <strong>de</strong>s gâteaux 2<br />

.<br />

Les gâteaux, c'est-à-dire les galettes <strong>de</strong> farine, avaient leur<br />

importance économique à une époque où les pays échangeaient<br />

moins leurs produits divers : « Les dittes religieuses » [du<br />

Moncel], est-il dit dans un compromis pour les religieux <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Victoire, Saint-Maurice et les religieuses <strong>de</strong> l'hôtel Dieu<br />

<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> contre les dames du Moncel, « les dittes religieuses<br />

« percevront chacune quinzaine un sacq <strong>de</strong> bled franchement<br />

« et quittement et sy auront encore <strong>de</strong>ux septiers <strong>de</strong> farine<br />

« chacun an pour faire <strong>de</strong>s gastiaux pour le couvent, c'est à<br />

« scavoir un septier <strong>la</strong> semaine du carême prenant. »<br />

Une troisième opinion fait dériver Gatelière, Ga<strong>de</strong>lière,<br />

Ga<strong>de</strong>l<strong>la</strong>ria domus, <strong>de</strong> vadum, gué (v remp<strong>la</strong>çant fréquemment<br />

g), et explique Gatellière ainsi : « maison du gué ».<br />

Un chanoine <strong>de</strong> Noyon s'appe<strong>la</strong>it en 1497 Gérard <strong>de</strong> Duez,<br />

dit <strong>de</strong> Ville. De Duez est plutôt <strong>de</strong> Hué ou Wé, qui désigne à<br />

1<br />

Afforty, XVII, 607 : Jeanne <strong>la</strong> Gastellière en 1327.<br />

2<br />

Afforty, XVIII, 716 : Compromis <strong>de</strong> 1362 au sujet du minage. Pierre<br />

l'Orfèvre est arbitre.


Noyon le faubourg <strong>de</strong> Wez ou <strong>de</strong> Gué, ainsi nommé à cause<br />

du gué <strong>de</strong> <strong>la</strong> Verse qui le terminait.<br />

Le voyageur qui, <strong>la</strong>issant <strong>de</strong>rrière lui <strong>la</strong> flèche <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et<br />

les Arènes, gagnait Saint-Nico<strong>la</strong>s, rencontrait le moulin à draps<br />

que Gilles <strong>de</strong> Saint-Simon donna au chapitre ; — le lieu dit<br />

Gournay (1239) dérivé peut-être <strong>de</strong> gord, gouffre; —<strong>la</strong> croix <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Ma<strong>la</strong>drerie <strong>de</strong> Gournay (1455) où était l'hôtel <strong>de</strong> Gui <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Tour; — le prieuré <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s d'Acy; — le vivier<br />

que ce prieuré reçut <strong>de</strong> Louis VII : « servis Dei qui ob<br />

« amorem celestis patriae carnium pastus sibi substraxerunt<br />

« con<strong>de</strong>scen<strong>de</strong>re et aviditati eorum piscum aliquod remedium<br />

« ministrare, vivarium nostrum » en 1158; — <strong>la</strong> Croix du Gué<br />

Saint-Nico<strong>la</strong>s 1<br />

.<br />

La Gatellière et Gournay étaient <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroisse Saint-Aignan<br />

(1543).<br />

Des indications comme celle-ci : Vivier « inter gornaium et<br />

calceiam <strong>de</strong> credulio (1234) » désignent <strong>la</strong> route que nous avons<br />

suivie tout à l'heure à l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Bergier futurs. C'est une<br />

voie romaine militaire que Brunehaut a probablement restau­<br />

rée, <strong>la</strong>quelle, venant... <strong>de</strong> Meaux..., passait auprès <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte<br />

<strong>de</strong> Merlo, longeait le mur <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité en traversant les rues ac­<br />

tuelles <strong>de</strong> Saint-Hi<strong>la</strong>ire, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Halle, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Harengerie, <strong>de</strong><br />

Beauvais, gagnait <strong>la</strong> Gâtelière, Saint-Nico<strong>la</strong>s et Courteuil, par<br />

une ligne à peu près droite le long <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle l'on a découvert<br />

une gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> tombeaux romains, rappe<strong>la</strong>nt <strong>la</strong> loi <strong>de</strong>s<br />

1<br />

Afforty, XII, 7357; XIV, 206: Charte <strong>de</strong> Louis VII, 299 : Charte <strong>de</strong><br />

Guérin, rég<strong>la</strong>nt une contestation entre le prieuré et <strong>la</strong> commune au sujet<br />

du vivier <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s (1215). Le contre scel <strong>de</strong> l'évêque est une colonne<br />

au haut <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle un ange soutient un globe ; XV, 565. L'abbaye <strong>de</strong><br />

Royaumont achète en 1216 un gord situé auprès du bac <strong>de</strong> Boran ; 904 : Le<br />

vidame Raoul loue à Sorel, bourgeois <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, <strong>la</strong> pêche, <strong>de</strong>puis « <strong>la</strong><br />

« p<strong>la</strong>nche <strong>de</strong> Wandri jusqu'au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Gournay, a p<strong>la</strong>ncha Wan<strong>de</strong>rici usque<br />

« ultra Gornacum » ; XXI, 275, Don <strong>de</strong> Gilles <strong>de</strong> S. Simon. Gournay <strong>de</strong><br />

Gord. « Ingorgiati seu stagni (1310), dans un acte du Parlement <strong>de</strong><br />

Paris n° 3768, 556; XXIII, 703.


— 384 —<br />

douze tables : « In urbe ne sepelito neve urito, n'enselissez<br />

« pas ni ne brûlez dans <strong>la</strong> ville » et se dirigeait vers le camp<br />

<strong>de</strong> Gouvieux, où <strong>la</strong> rencontre <strong>de</strong> nombreuses médailles <strong>de</strong> tous<br />

empereurs indique un <strong>de</strong> ces postes fixes « castra stativa », où<br />

les lètes « Laeti gentiles » campés, probablement sous <strong>de</strong>s<br />

tentes <strong>de</strong> peaux, veil<strong>la</strong>ient au soin <strong>de</strong> <strong>la</strong> conquête 1<br />

.<br />

XCVI. — * GLATIGNY.<br />

Voir Juiverie. — Rues G<strong>la</strong>tigny, à Paris, à Soissons, à Va­<br />

lenciennes, etc.<br />

XCVII. — * GOUFFRE (Le Rue du).<br />

Ruelle conduisant <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue au Lion au rempart <strong>de</strong>s Otages.<br />

Ce nom lui vient <strong>de</strong> l'égoût qui jette les eaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong><br />

Paris dans <strong>la</strong> rivière.<br />

XCVIII. — * GRAND-CERF ou CERF.<br />

M. <strong>de</strong> Cœuvres, le 16 mars 1677, logeait « au Cerf 2<br />

. » Le<br />

« 23 novembre 1684, huit bouteilles à monsieur le commis-<br />

« saire <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s du corps du Roy, logé au Cerf. »<br />

Où étaient situés l'hôtel du Cerf et <strong>la</strong> rue qui portait quel­<br />

quefois son nom? La rue du Grand-Cerf ou du Cerf est <strong>la</strong> rue<br />

Saint-Antoine qui, avec <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Ba<strong>la</strong>nces, a formé <strong>la</strong> rue<br />

actuelle <strong>de</strong> Villevert.<br />

Monseigneur <strong>de</strong> Chamil<strong>la</strong>rt, faisant sa joyeuse entrée dans<br />

1<br />

Afforty, XI, 5820 et suiv. où <strong>de</strong>s détails sur lesquels nous aurons à<br />

revenir : chaussée Brunehaut <strong>de</strong> Champlieu à <strong>Senlis</strong>. Voie <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> à<br />

Meaux passant par Nanteuil ; castra stativa ; constructions diverses <strong>de</strong> voies;<br />

origine première <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, selon Carlier, Sanson, etc.; dissertations sur<br />

les mots Silvanectes, etc. Apparition du mot Ratumagos dans Ptolémée.<br />

Saint-Rieul et Rully, etc.; XV, 781, 785.<br />

2<br />

Afforty, V, 2874.


sa ville épiscopale (1702), gagna... du Cimetière <strong>de</strong>s <strong>la</strong>dres<br />

(près l'église Saint-Rieul) <strong>la</strong> rue du Grand-Cerf l<br />

. — Dans un<br />

récit <strong>de</strong> ce qui s'est passé en <strong>la</strong> « solennité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>scente <strong>de</strong><br />

« saint Rieul en 1709 », il est rapporté que <strong>la</strong> procession tra­<br />

versa « <strong>la</strong> rue du Chat-Héret, les p<strong>la</strong>ces <strong>de</strong>vant Saint-Maurice,<br />

« aux Charons et du point du jour, le carrefour aux Gâ-<br />

« teaux »... et, après avoir reposé dans <strong>la</strong> cathédrale, « sortit<br />

« par le grand portail, passa par <strong>la</strong> rue du Cerf et <strong>de</strong> <strong>la</strong> rentra<br />

« en l'église Saint-Rieul ».<br />

Cette enseigne du Cerf rappelle cette époque reculée <strong>de</strong><br />

notre <strong>Senlis</strong> où, <strong>la</strong> chapelle primitive <strong>de</strong> Saint-Rieul n'étant<br />

point encore enfermée dans l'enceinte fortifiée, « les cerfs et les<br />

« biches accouraient <strong>de</strong>s bois voisins à <strong>la</strong> fête du bienheureux »<br />

(Jaulnay) et inspiraient aux peintres et sculpteurs <strong>de</strong> les <strong>de</strong>ssi­<br />

ner rassurés et caressants à l'abri <strong>de</strong> son manteau.<br />

Les anciens titres mentionnent dans cette rue les hôtels que<br />

voici :<br />

Le Cheval Rouge (1697), tenant à Saint-François et Saint-<br />

Antoine ; — Saint-François et Saint-Antoine « tenant à une<br />

« <strong>de</strong>s portes » <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité et adossé au jardin du château (1457,<br />

1602, 1698) 2<br />

; — Saint-Georges « incorporé dans <strong>la</strong>dite hôtel-<br />

« lerie <strong>de</strong> Saint-Antoine » (1698), situé <strong>de</strong>vant le Cerf (1574).<br />

En 1727, Beaumé, maître <strong>de</strong> l'hôtellerie <strong>de</strong> Saint-Antoine,<br />

avait une contestation avec les maîtres pâtissiers, rôtisseurs,<br />

charcutiers et oubliers (oublies, pâtisserie légère), parce qu'il<br />

avait apporté au sieur Désormeaux, capitaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> milice, une<br />

fricassée <strong>de</strong> poulet et un poulet rôti pour son repas. On voit<br />

avec quelle jalousie les corps <strong>de</strong> métiers veil<strong>la</strong>ient à l'observa­<br />

tion <strong>de</strong>s statuts <strong>de</strong>s marchands. Hamelin, maître du Grand-<br />

1<br />

Afforty, IV, 1817. Entrée <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Chamil<strong>la</strong>rt le 11 février 1703;<br />

1819, 1830 et suiv. : Récit <strong>de</strong> ce qui s'est passé en <strong>la</strong> solennité <strong>de</strong> <strong>la</strong> châsse<br />

<strong>de</strong> saint Rieul le 30 avril 1730.<br />

2<br />

Afforty, IV, 3317, 3330 en 1574, 3331.


Cerf, avait eu maille avec <strong>la</strong> police pour avoir fait acheter par<br />

son valet du beurre et du poisson avant l'ouverture du mar­<br />

ché.<br />

L'hôtelier Guil<strong>la</strong>ume Beaumé était le père du chimiste An­<br />

toine Beaumé, comme le constate un acte <strong>de</strong> baptême qu'on<br />

pourra lire dans les registres <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroisse Saint-Rieul.<br />

Suivaient <strong>la</strong> Grosse-Armée (1574), tenant d'un bout à Saint-<br />

Georges ou les Trois-Couronnes (1656-1753); — le Cerf,<br />

lequel était situé en face <strong>de</strong> Saint-Georges, — et le Monar­<br />

que (1725), dont l'hôtelier Le Vasseur déposa contre Billon<br />

<strong>la</strong> p<strong>la</strong>inte qui le fit condamner et exclure du jeu <strong>de</strong> l'arque­<br />

buse, etc.<br />

En face <strong>de</strong> l'angle que forment les rues du Cerf [Saint-An­<br />

toine] et du Chat-Héret et à côté <strong>de</strong> Saint-François, était le<br />

logis semi-seigneurial appelé encore aujourd'hui par plus d'un<br />

initié, hôtel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Marine, rue du Chat-Héret n° 4. C'est une<br />

<strong>de</strong> ces maisons fièrement bâties, comme il était <strong>de</strong> tradition à<br />

<strong>Senlis</strong> : murs épais, escalier à vis serpentant <strong>de</strong> <strong>la</strong> cave au<br />

grenier, <strong>la</strong>rges appartements à poutres puissantes, fenêtres<br />

à meneaux prismatiques. Un vaisseau sculpté au haut d'un<br />

pignon servait d'enseigne intérieure. Les titres <strong>de</strong> cet hôtel<br />

rappellent les noms <strong>de</strong> Pierre Poulet, seigneur du Port et<br />

d'Andrée <strong>de</strong> Saint-Leu, sa femme ; — <strong>de</strong> Martin Poulet, aussi<br />

prévôt <strong>de</strong>s maréchaux, qui <strong>la</strong>issa veuve <strong>de</strong>moiselle le Bel ; —<br />

<strong>de</strong> Philippe-le-Bel, écuyer, maître <strong>de</strong>s eaux et forêts du bail­<br />

liage <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, major du régiment <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Bouteville, qui<br />

épousa en 1591 Elisabeth le Lièvre, veuve <strong>de</strong> C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Martine ;<br />

— <strong>de</strong> Louis le Bel, marié à Christine Charmoluë, <strong>la</strong>quelle était<br />

fille <strong>de</strong> Pierre Charmoluë, receveur <strong>de</strong>s <strong>de</strong>niers communs<br />

<strong>de</strong> Compiègne (1591) ; — <strong>de</strong> Philippe Poulet, chevalier, sei­<br />

gneur <strong>de</strong> Saint-Symphorien, du Port et <strong>de</strong> Sailly, gouverneur<br />

<strong>de</strong> Pont-Sainte-Maxence, lequel <strong>de</strong>meurait à Pontpoing (1646)<br />

et eut pour sœurs Christine, mariée à François le Pou<strong>la</strong>illier,<br />

seigneur <strong>de</strong>s Closeaux au faubourg Saint-Martin, (maison <strong>de</strong><br />

M. Vaniékaut), Souveraine et Marie, mariée à Antoine le Bel.


1<br />

La nef <strong>de</strong> l'église Saint-Rieul montrait 1<br />

Poulet ; elle portait cette inscription :<br />

Afforty, III, 1189, 1218; XXV, 192, 218.<br />

<strong>la</strong> tombe <strong>de</strong> Pierre<br />

« Cy gisent noble homme Pierre Poulet, en son vivant sei-<br />

« gneur du Port, conseiller du Roy, prévôt général <strong>de</strong> mes-<br />

« sieurs les maréchaux au gouvernement <strong>de</strong> Paris et <strong>de</strong> l'Ile-<br />

« <strong>de</strong>-France et dame Andrée <strong>de</strong> Saint-Leu, sa femme, les-<br />

« quels décédèrent à savoir ledit Poulet le 6 eme<br />

« 1573 et <strong>la</strong>dite <strong>de</strong> Saint-Leu, le lundy 12 eme<br />

« 1587. »<br />

Au haut <strong>de</strong> <strong>la</strong> même tombe :<br />

« Cy [<strong>de</strong>ssous] gist le fléau <strong>de</strong>s méchants,<br />

« L'ay<strong>de</strong> <strong>de</strong>s bons, <strong>la</strong>zile. <strong>de</strong>s marchands.<br />

« C'est le Poulet, le Prévôt vertueux,<br />

« Qui guerroioit les Huas vitieux,<br />

« A quatre Roys ayant les grands services,<br />

« Trente-cinq ans sans reproche et sans vices.<br />

« Donc tu prieras le très doux créateur<br />

« Pour ung tant bon et léal serviteur,<br />

« La Vierge aussy pour sa bonne compaigne<br />

« Qu'en hault es cieux son Epoux accompaigne.<br />

jour d'octobre<br />

jour <strong>de</strong> janvier<br />

« Mors et vita, Fiat manus tua, etc. Memor esto verbi tui<br />

« servo tuo in quo mihi spem <strong>de</strong>disti. »<br />

Pierre Poulet avait sous sa mouvance « <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> l'écu<br />

« au soleil, tenant à l'hôtel du Chat » (1572). A côté <strong>de</strong><br />

l'hôtel Saint-François, donné par Deslions aux filles <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Croix (1721), tenant d'un côté à Louis <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fosse, chanoine,<br />

était <strong>la</strong> maison que noble homme Etienne <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fosse,<br />

seigneur d'Aubermont, officier <strong>de</strong> Madame <strong>la</strong> duchesse d'Or­<br />

léans, dame <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> (1704), avait acquise <strong>de</strong> Deslions et céda<br />

au chanoine Louis <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fosse (1670). Le nom <strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fosse<br />

est <strong>de</strong>meuré attaché à une fondation qui témoigne un grand


zèle pour le bien <strong>de</strong> l'enfance et, disent les indiscrets, une<br />

haine égale pour <strong>la</strong> fumée du tabac. L'histoire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> men­<br />

tionnera Etienne <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fosse, décédé sur <strong>la</strong> paroisse Saint-<br />

Rieul (1710); — François <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fosse <strong>de</strong> Valpendant (1703); —<br />

son fils Guil<strong>la</strong>ume François; — Pierre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fosse pourvu par<br />

<strong>la</strong> duchesse d'Orléans, le 17 septembre 1703, <strong>de</strong> <strong>la</strong> charge<br />

d'huissier <strong>de</strong> sa Chambre, sur <strong>la</strong> démission <strong>de</strong> M. Artus Have,<br />

sieur <strong>de</strong> Vaudargent 1<br />

.<br />

1<br />

2<br />

Là <strong>de</strong>meurèrent aussi François Antoine Desmaretz, lequel<br />

épousa en secon<strong>de</strong>s noces (14 juillet 1760) en l'église Saint-<br />

Rieul, Marguerite <strong>de</strong> Saint-Gobert, sa cousine, puis Louise<br />

Henriette Lemaistre <strong>de</strong> Pontarain, parente <strong>de</strong>s Cornouailles et<br />

fut maire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong> 1771 à 1773 ; — puis, son fils, Marie-An­<br />

toine Desmaretz, marié à Jacqueline-Julie Hamonnat, élève<br />

du corps <strong>de</strong> génie, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l'élection, ami <strong>de</strong> dom<br />

Grenier, 2<br />

etc.<br />

Celui-ci, qui avait « travaillé longtemps pour le comité <strong>de</strong><br />

« Droit Public et <strong>de</strong>s monuments <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> France » et<br />

vendu au cabinet <strong>de</strong> ce comité, moyennant une pension viagère<br />

<strong>de</strong> 500 francs, « une collection très-intéressante <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins<br />

« d'environ quatre mille sceaux, <strong>de</strong> grand nombre <strong>de</strong> mono-<br />

« grammes, d'échantillons d'écritures antiques et d'extraits<br />

« <strong>de</strong> Chartes» (Poirier à <strong>la</strong> bibliothèque <strong>de</strong> l'Arsenal), fut payé<br />

comme <strong>la</strong> république d'alors solda plus d'une fois les meil­<br />

leurs créanciers du pays. « Liberté, égalité » écrit N* « comité<br />

« <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce révolutionnaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> du<br />

« 32 thermidor, l'an 2 <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, une, indivisible, im-<br />

« périssable. Motif d'arrestation <strong>de</strong>... Desmarestz, ci-<strong>de</strong>vant<br />

« prési<strong>de</strong>nt en <strong>la</strong> ci-<strong>de</strong>vant élection <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, <strong>de</strong>meurant à<br />

« <strong>Senlis</strong>, arrêté le 6 septembre par mesure <strong>de</strong> sûreté géné-<br />

« rale, ex-notable <strong>de</strong>stitué par les représentants du peuple<br />

Afforty, IX, 4661, 4663, 4653; X, 5260 où Philippe Poulet.<br />

Afforty, VII, 3915 où dispense <strong>de</strong> mariage <strong>de</strong> François Desmaretz, etc.


« Collot d'Herbois et Isoré comme suspect par sa conduite<br />

« incivique dans les assemblées <strong>de</strong> commune en ne commu-<br />

« niquant nullement avec les patriotes, entr'autres à <strong>la</strong> fédéra-<br />

« tion <strong>de</strong> 1790 où il s'est montré en robe <strong>de</strong> chambre, soup-<br />

« çonné pour ce motif d'avoir voulu <strong>la</strong> tourner en ridicule....»<br />

soupçon seul d'avoir commis <strong>de</strong>s crimes si abominables, mê<strong>la</strong><br />

Le Desmaretz aux victimes que <strong>la</strong> charrette <strong>de</strong>s pourvoyeurs <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> guillotine entassait à Chantilly et à Montreuil. Heureuse­<br />

ment, quelques amis <strong>de</strong>meurés fidèles osèrent démontrer que le<br />

comité <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce révolutionnaire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> avait suivi<br />

l'impulsion d'une haine particulière plutôt que les conseils <strong>de</strong><br />

l'intérêt public, et André Dumont, Louis du Bas-Rhin, etc.,<br />

daignèrent lui rendre <strong>la</strong> liberté, le 9 fructidor.<br />

Le travail <strong>de</strong> Desmaretz se trouve à <strong>la</strong> <strong>Bibliothèque</strong> nationale,<br />

fonds <strong>la</strong>tin, n os<br />

9976 à 9981, sous le titre : Copies et extraits <strong>de</strong><br />

chartes et <strong>de</strong>ssins <strong>de</strong> sceaux, principalement d'après les ar­<br />

chives <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s-d'Acy, <strong>de</strong> Saint-Vincent-<strong>de</strong>-<strong>Senlis</strong>, <strong>de</strong><br />

Chaalis, <strong>de</strong> Royaumont et <strong>de</strong> Froidmont, par Desmarestz,<br />

XVIII e<br />

siècle, sept volumes.<br />

Desmaretz, ayant perdu son titre et sa fortune, <strong>de</strong>meura<br />

courageusement dans sa ville, donnant <strong>de</strong>s leçons <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin,<br />

jusqu'à ce que, infirme et ma<strong>la</strong><strong>de</strong>, il se retirât, auprès <strong>de</strong> son<br />

fils, à Paris, où il <strong>de</strong>vait mourir en 1822. La bibliothèque <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong> a <strong>de</strong> Desmaretz un p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, et le Musée du co­<br />

mité, une tête <strong>de</strong> Christ d'après Mel<strong>la</strong>n. Les <strong>de</strong>ssins <strong>de</strong> sceaux<br />

sont d'un faire novice et lourd, mais témoignent d'un archéo­<br />

logue patient et consciencieux.<br />

1<br />

Voir <strong>Bibliothèque</strong> <strong>de</strong> l'école <strong>de</strong>s Chartes, 5 e<br />

série, t. III et IV. — Inventaire<br />

<strong>de</strong>s manuscrits conservés à <strong>la</strong> <strong>Bibliothèque</strong> impériale sous les numéros<br />

8823-l1503 du fonds <strong>la</strong>tin par M. Léopold <strong>de</strong> Lisle et préface <strong>de</strong> l'Inventaire<br />

<strong>de</strong>s sceaux <strong>de</strong>s Archives, par M. le marquis <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bor<strong>de</strong>.


XCIX. — *GRENIER A SEL.<br />

Le grenier à sel <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, lequel était d'institution primi­<br />

tive, fut transféré à Creil plusieurs fois, notamment par l'or­<br />

donnance du 21 mars 1413 sur <strong>la</strong> police, avait pour officiers<br />

un prési<strong>de</strong>nt, un grainetier, un contrôleur, un procureur du<br />

roi, un receveur et un greffier ; occupa divers emp<strong>la</strong>cements<br />

« <strong>de</strong>rrière l'hôtel <strong>de</strong> l'Ours, scis rue <strong>de</strong> Paris » — rue du<br />

Chat-Héret surtout, où une rue, <strong>de</strong>venue impasse, a conservé<br />

son nom 1<br />

.<br />

Voir, sur <strong>la</strong> gabelle à <strong>Senlis</strong>, les dates :<br />

1407. Charles VI met à néant un appel <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong> au sujet <strong>de</strong> <strong>la</strong> suppression du grenier à sel. — 1408 (3<br />

février). Rétablissement du grenier à sel; Charles VI accor<strong>de</strong><br />

aux <strong>Senlis</strong>iens <strong>de</strong> le fournir. — 1413 (21 mai). Le grenier à sel<br />

est transféré à Creil. — 1439 (Après). Gabelle accordée à<br />

<strong>Senlis</strong> : 12 <strong>de</strong>niers par minot. — 1457. Nouvel octroi pour<br />

quatre années.<br />

1461. Lettres patentes <strong>de</strong> Louis XI, portant octroi pour six<br />

ans à Olivier le Daim, son valet <strong>de</strong> chambre et capitaine <strong>de</strong><br />

Meu<strong>la</strong>n, du grenier à sel <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> pour le récompenser <strong>de</strong> ses<br />

services présents et à venir et le mettre à même <strong>de</strong> vivre<br />

honorablement. Ce personnage vaniteux, dépensier, ridi­<br />

cule, ne nous paraît pas, à ce point, digne d'intérêt. — 1465.<br />

Item. — 1467. — 1469. — 1475, 1478, 1483. — 1483.<br />

Rescission d'Olivier le Daim qu'Anne <strong>de</strong> Bretagne fera pendre<br />

en 1488. — 1486, 1487, 1490, 1491 à 1493. Bails 2<br />

.<br />

1522. « N'y avoit du sel en <strong>la</strong>dite ville que environ cent<br />

1 Afforty, V. 2652.<br />

2 Afforty, VI, 2878, 2887; XVI, 787; XX, 211,518; XXI, 585, 693, 757;<br />

XXII, 41, 166, 270, 396, 403, 408, 474, 577, 628, 629, 780. — Broisse, 33.<br />

—Graves, 112,123;


« muids, ce qui n'estoit que pour <strong>la</strong> fourniture d'un an ou<br />

« environ 1<br />

. » Un règlement exige qu'il y ait au grenier<br />

pour <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> sel. — 1578, 1590 (14 juillet), 1595, 1598 2<br />

.<br />

1<br />

2<br />

3<br />

Les chapitres Fortifications, Hôtel-<strong>de</strong>-Ville et Notre-<br />

Dame fournissent plus d'un document sur <strong>la</strong> Gabelle à <strong>Senlis</strong>.<br />

1598. Provision <strong>de</strong> Charles Séguin à l'office <strong>de</strong> procureur<br />

du roy sur le fait <strong>de</strong>s ay<strong>de</strong>s, tailles et gabelles <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville et<br />

élection <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. Le nom <strong>de</strong>s Séguin apparaîtra <strong>de</strong> nouveau<br />

dans cet essai.<br />

C. — GRENIER AUX POIS (P<strong>la</strong>ce du).<br />

Au bout <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Treille, près <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Sainte-<br />

Bathil<strong>de</strong>.<br />

Tout près étaient « l'hostel <strong>de</strong>s Dames <strong>de</strong> Saint-Remy,<br />

« tenant (1522) d'une part à <strong>la</strong> chapelle Sainte-Baulteur et<br />

« d'autre part à <strong>la</strong> rue Becquetelle 3<br />

Mallet. — Broisse, 33, 64. — Graves, 112, 117, 123.<br />

Afforty, XII, 7643; XXV, 70, 711 en 1595, 769, 774.<br />

Afforty, VI, 3012 en 1725.<br />

» et <strong>la</strong> très ancienne cha­<br />

pelle <strong>de</strong> Sainte-Bathil<strong>de</strong>, où les religieuses <strong>de</strong> Saint-Remy ob­<br />

tinrent, le 7 mars 1595, <strong>de</strong> faire leurs offices.<br />

Ces religieuses, dont le couvent avait été d'abord si floris­<br />

sant qu'en 1232, Adam <strong>de</strong> Chambly fit défense à l'abbesse Anne<br />

<strong>de</strong> Millesen<strong>de</strong> sous peine d'excommunication, <strong>de</strong> recevoir <strong>de</strong><br />

nouvelles professes jusqu'à ce que leur nombre eût été réduit<br />

à quarante, avaient vu leur monastère du faubourg Saint-Martin<br />

subir trois fois les dévastations <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre. « En considération<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> ruyne advenue en leur dite maison (en 1589), les da-<br />

« mes <strong>de</strong> Chelles dont Madame et princesse (Marie) <strong>de</strong> Lorraine<br />

« était abbesse, leur cédèrent (en 1595) <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong> Sainte-


« Bathil<strong>de</strong> 1<br />

» pour en <strong>la</strong>dite chapelle dire et célébrer par le<br />

« chapel<strong>la</strong>in <strong>de</strong>s dites dames <strong>de</strong> Chelles le divin service...<br />

« Seront tenues les dites dames du dit Saint-Remy faire faire<br />

« un ouvrage <strong>de</strong> pierre élevé <strong>de</strong> sainte Baulteur et aux pieds<br />

« d'icelle ymage faire graver les armes <strong>de</strong> maditte dame<br />

« Marie <strong>de</strong> Lorraine, à présent abbesse <strong>de</strong> Chelles, ensemble<br />

« les armes <strong>de</strong> <strong>la</strong> dite abbaye <strong>de</strong> Chelles, etc., etc. »<br />

Ce chapitre rappelle une ordonnance royale <strong>de</strong> 1372 <strong>de</strong> salu­<br />

brité dont le sujet et <strong>la</strong> teneur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt grâce.<br />

Ce quartier, illustré autrefois par les <strong>de</strong> Marle, a eu <strong>de</strong>puis<br />

<strong>de</strong>s hôtes qui méritent d'être cités. C'est Séguin ; voir Pa<strong>la</strong>is<br />

<strong>de</strong> Justice. Ce sont MM. Pierre Truyart, élu à <strong>Senlis</strong>, et Tarbé,<br />

docteur en mé<strong>de</strong>cine (1613) qui s'opposent à ce que les reli­<br />

gieuses <strong>de</strong> Saint-Remy poursuivent leur projet d'élever, dans<br />

leur voisinage, un nouveau bâtiment <strong>de</strong> « 10 toises 15 pieds 3<br />

. »<br />

C'est M. Foulon <strong>de</strong> Chevrières, lequel habitait <strong>la</strong> maison à pi­<br />

<strong>la</strong>stres n° 4, et avait marié sa fille à M. <strong>de</strong> Poujou<strong>la</strong>t dont <strong>la</strong><br />

presse religieuse et bien élevée faisait, il y a quelques mois,<br />

un éloge si légitime, saluant en lui un athlète infatigable <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> vérité et un courtisan fidèle <strong>de</strong>s antiques traditions.<br />

CI. — GUÉS DE CREIL ET DE PONT.<br />

Le gué <strong>de</strong> Creil « vadum Credulii » mettait en communica­<br />

tion, au Moulin-Neuf, le chemin dit <strong>de</strong> Luxembourg, partant<br />

<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, et le vieux chemin <strong>de</strong> Creil.<br />

Le gué <strong>de</strong> Pont est en face <strong>de</strong> Villevert, sur l'ancienne<br />

route <strong>de</strong> Pont-Sainte-Maxence.<br />

En 1239, Gauthier <strong>de</strong> Villers vend au chapitre <strong>de</strong> Notre-<br />

1<br />

Voir infra Saint-Remy, Sainte-Bathil<strong>de</strong>. — Afforty, VII, 3790 et suiv.;<br />

XV, 734 ; XIX, 135 ; XXV, 712.<br />

2<br />

Afforty, XIX, 315.<br />

3<br />

Afforty, VI, 2881 en 1613, 3012, maison <strong>de</strong> Louis Séguin, etc.


Dame <strong>de</strong>s terres situées au-<strong>de</strong>là du Gué <strong>de</strong> Creil et contiguës à<br />

<strong>la</strong> gran<strong>de</strong> route « majori stratae » (d'où Estrées). — 1369. Co-<br />

<strong>la</strong>rd le Vigneron possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s vignes au gué <strong>de</strong> Creil.<br />

Ce gué a sa chronique encore vivante. Une maison entre <strong>la</strong><br />

porte <strong>de</strong> Creil et le gué, fut bâtie et habitée par l'abbé François<br />

Alliot, plus connu sous le nom <strong>de</strong> « le curé <strong>de</strong> Montagny ».<br />

L'abbé Alliot était lorrain, fut professeur du chirurgien<br />

Malgaigne, dont <strong>la</strong> sœur épousa l'écrivain Bellot, <strong>de</strong>meura<br />

obstinément couché sur une paille infecte près <strong>de</strong> quinze ans,<br />

joignait à une science vraie <strong>de</strong> <strong>la</strong> mé<strong>de</strong>cine qui lui amenait<br />

<strong>de</strong> nombreux consultants, un esprit philosophique plus cu­<br />

rieux que sûr, une gran<strong>de</strong> énergie <strong>de</strong> travail, une conversation<br />

pleine d'intérêt, et quitta enfin <strong>Senlis</strong> pour retourner dans<br />

son pays, où il <strong>de</strong>vait bientôt perdre <strong>la</strong> vue et mourir. Les<br />

<strong>Senlis</strong>iens d'un âge moyen se rappellent toujours le curé <strong>de</strong><br />

Montagny, cette barbe inculte, ces ongles démesurés, cet antre<br />

sibyllin, cet ensemble <strong>de</strong> vie mystérieuse. L'abbé Alliot est<br />

auteur <strong>de</strong> : Le Progrès ou <strong>de</strong>s <strong>de</strong>stinées <strong>de</strong> l'humanité sur <strong>la</strong><br />

terre, etc., etc. Bar-le-Duc, 1862; Nouvelles lettres philoso­<br />

phiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> Montagne, 1867 ; Discours sur <strong>la</strong> pseudo-phi­<br />

losophie, 1867, etc. Là, une science vraie, <strong>de</strong> <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>mation,<br />

une réplique souvent acerbe.<br />

CII. — HALATTE.<br />

1. Etymologie : Ha<strong>la</strong>tte, hal<strong>la</strong>tta (1361), dérive, dit Car-<br />

lier, du bas <strong>la</strong>tin haga ou haya et <strong>la</strong>ta, haie ou portion <strong>de</strong> bois<br />

<strong>la</strong>rge; une forêt dans le pays <strong>de</strong> Caux, entre le Havre et Mon-<br />

tivillers, portait aussi ce nom.<br />

2. Lieux dits <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt d'Ha<strong>la</strong>tte. Une déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong>s bois<br />

« appartenant au chapitre <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> » scis en <strong>la</strong> forêt d'Ha<strong>la</strong>tte<br />

(1451) mentionne <strong>la</strong> barre <strong>de</strong> Rouvroy : « pièce assise en <strong>partie</strong><br />

« à <strong>la</strong> barre <strong>de</strong> Rouveroy, <strong>partie</strong> à <strong>la</strong> fosse aux loups, <strong>partie</strong><br />

« à <strong>la</strong> marre d'Aumont, par<strong>de</strong>dans <strong>la</strong>quelle pièce passe le


« grand chemin <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> au bacq à Verneuil (1578) ; — <strong>la</strong><br />

« Brosse Notre-Dame commençant au chemin <strong>de</strong>s poissonniers;<br />

« — une <strong>partie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt dite boscus Bathus (1200) l<br />

. »<br />

3. Droits. — L'Hôtel-Dieu <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> avait en <strong>la</strong> forêt<br />

d'Ha<strong>la</strong>tte le droit <strong>de</strong> paisson pour vingt-cinq porcs. —Philippe-<br />

Auguste permet à quelques chevaliers <strong>de</strong> <strong>la</strong> vallée <strong>de</strong> Pontpoint<br />

<strong>de</strong> prendre dans <strong>la</strong> forêt d'Ha<strong>la</strong>tte « tous les jours chacun<br />

« autant <strong>de</strong> bois que son âne en pourra porter . 2<br />

4. Afforty a copié sur <strong>la</strong> forêt d'Ha<strong>la</strong>tte <strong>de</strong> longs mémoires<br />

que les spécialistes liront avec intérêt, comme vente et esti­<br />

mation <strong>de</strong> <strong>la</strong> gruerie d'Ha<strong>la</strong>tte en 1363. —Arrêt... au sujet<br />

du droit <strong>de</strong> Garenne (1428) pour le chapître <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, le prieur<br />

<strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s et le seigneur <strong>de</strong> Chantilly. — « Provision <strong>de</strong><br />

« <strong>la</strong> capitainerie royale <strong>de</strong> <strong>la</strong> forest d'Ha<strong>la</strong>tte du 4 juin 1571<br />

« pour M. Henri <strong>de</strong> Montmorency.— Extrait d'un imprimé con-<br />

« tenant 198 pages intitulé : Titres originaulx concernant <strong>la</strong><br />

« capitainerie d'Ha<strong>la</strong>tte. — Mémoire sur <strong>la</strong> capitainerie<br />

« royale <strong>de</strong> Ha<strong>la</strong>tte, 1715 3<br />

. »<br />

5. Gruyers <strong>de</strong> Ha<strong>la</strong>tte. — On appe<strong>la</strong>it gruyers certains<br />

seigneurs qui percevaient sur toutes les ventes faites dans les<br />

forêts un certain droit appelé gruerie, qui consistait ici en un<br />

vingtième <strong>de</strong> <strong>de</strong>nier.<br />

Voici quelques noms <strong>de</strong> seigneurs et gruyers d'Ha<strong>la</strong>tte que<br />

l'on rencontre plus fréquemment dans nos anciens documents :<br />

Le Queux. — 1228. Raoul le Queux ou le coq « coquus »,<br />

chevalier <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, concè<strong>de</strong> à Guil<strong>la</strong>ume Choisel un cens<br />

1<br />

Afforty, XV, 14 ; XXI, 471 ;XXV, 368 en 1578.<br />

2<br />

Afforty, XI, 5839 ; XX, 196, 242 en 1441. — Voir concession <strong>de</strong> 60 charretées<br />

<strong>de</strong> bois à Saint-Maurice (1309), à <strong>la</strong> Victoire (1316), usage du<br />

prieuré <strong>de</strong> Saint-Leu (1326-1395), XVII, 327, 418, 585.<br />

3<br />

Afforty, II, 939 ; III, 1696 ; VII, 3562 à 3582 ; IX, 4792-4823 et 4825-<br />

4850 ; XXV, 149 : Provisions, etc.<br />

»


à Brenouille. Les dates <strong>de</strong> 1180, 1183 et 1186 ont déjà amené<br />

un Bertrand et un Louis le Queux « <strong>de</strong> War<strong>la</strong>ndia ».<br />

Citons encore un Etienne le Coq, doyen <strong>de</strong> Saint-Rieul ; —<br />

Raoul le Queux, seigneur peut-être <strong>de</strong> Butenangle, époux <strong>de</strong><br />

Marie et père <strong>de</strong> Pierre et Jean (1235) ; — Pierre le Queux, <strong>de</strong><br />

Rieu, chevalier (1238-1261); — François (1580) et Philippe le<br />

Coq. Le scel <strong>de</strong> Raoul le Queux append à <strong>de</strong>s chartes <strong>de</strong> 1224,<br />

1228, porte un cavalier tenant <strong>de</strong> <strong>la</strong> droite une épée élevée, et<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> gauche un bouclier avec cette légen<strong>de</strong> : S. [igillum]<br />

Radulfî coci militis, et un écu coupé en lyon yssant et grimpant<br />

en chef et trois fleurs <strong>de</strong> lys en pointe. S. R 1<br />

.<br />

Choisel. — Les Choisel surtout ap<strong>partie</strong>nnent à <strong>Senlis</strong> :<br />

Ha<strong>la</strong>ta prope pleceium Choiselli (1414), ha<strong>la</strong>tte auprès du<br />

plessis, <strong>de</strong> <strong>la</strong> plessée, du clos <strong>de</strong> Choisel.<br />

Sera-ce faire alors abus <strong>de</strong>s généalogies que <strong>de</strong> rappeler ici<br />

quelques membres <strong>de</strong> cette ancienne famille? 1165. Raoul<br />

Choisel signe avec Gui le Bouteiller et Pierre <strong>de</strong> Fontaines<br />

une Charte <strong>de</strong> l'évêque Amaury et paraît à côté <strong>de</strong> huit autres<br />

chevaliers dans <strong>la</strong> « convenance <strong>de</strong>s chevaliers qui jurèrent<br />

« <strong>la</strong> commune 2<br />

. — 1194. Renaud Choisel et Hugues, son neveu,<br />

chanoines, donnent une maison au chapitre, « in vico ba<strong>la</strong>ntum,<br />

« etc. » — 1198. Josbert Choisel autorise dans une charte<br />

<strong>de</strong> l'évêque Geoffroy « une concession faite par Raoul <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fon-<br />

« taine [Saint-Firmin] à Saint-Nico<strong>la</strong>s d'Acy, au territoire <strong>de</strong><br />

« Fontaine et Vineuil [Vineolum]. » — 1201. Jean Choisel, <strong>de</strong><br />

Choisel, Choiseaus, Choisiaus, Choisiaux... avant <strong>de</strong> partir<br />

pour <strong>la</strong> terre sainte, donne (1202) quatre arpents à Chaalis où <strong>la</strong><br />

piété multipliait alors les merveilles <strong>de</strong> construction... Jean<br />

1<br />

Afforty, III, 1553 ; IV, 1589 en 1282 ; VII, 3507 ; IX, 4852, 4862 ; X, 5365 ;<br />

XIV, 494, 635, 704, 735 ; XV, 262 en 1212, 298 en 1214, 536 en 1228, 561<br />

où scel <strong>de</strong> Raoul ; 804 en 1235, 859, 885 en 1238 ; XVI, 183 en 1275 ; XVII,<br />

54. Pierre le Queux, père d'Agnès, aïeul d'Ernoul d'Estrées ; XXV, 446.<br />

2<br />

Arch. Départ., G. 662. — Layettes du trésor <strong>de</strong>s chartes, n° 457. —<br />

Afforty, I, 21 ; III, 1299 ; XIV, 351, 390, 499, 932 ; XV, 35,58.


avait eu <strong>de</strong> Marie Jean et Pierre. — 1210. Pierre Choisel,<br />

Agnès sa femme, Raoul leur fils, Renaud Choisel, chanoine,<br />

Hugues, chanoine. — 1218. Le nom d'un « Renardus <strong>de</strong> Choisel»<br />

seigneur <strong>de</strong> Ceffons en Champagne, apparaît à côté <strong>de</strong> celui <strong>de</strong><br />

l'évêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, lequel avait conseillé une trêve, dans une<br />

bulle d'Honorius III (1218) contre l'évêque <strong>de</strong> Langres qui<br />

avait refusé d'excommunier Erard <strong>de</strong> Brenne et ses partisans.<br />

— Jean Choisel, dit du Plessis « <strong>de</strong> Plesseio », chevalier, père<br />

<strong>de</strong> Pierre Choisel, donne à Notre-Dame (1211) au lieu <strong>de</strong> qua­<br />

rante écus que sa mère avait promis « sur une maison <strong>de</strong><br />

« Mellou » seize mines <strong>de</strong> blé sur son moulin <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong><br />

Paris, approuve <strong>la</strong> vente que Pierre <strong>de</strong> Villemétrie [peut-<br />

être Choisel] fait à l'évêque Guérin <strong>de</strong> sa seigneurie <strong>de</strong> Ville­<br />

métrie (1224), a pour femme Marguerite et pour enfants en<br />

1225, Jean, Marguerite et Mathil<strong>de</strong> (1231) et cè<strong>de</strong> (1232) à<br />

Roger <strong>de</strong> Villevert son moulin du pont <strong>de</strong> pierre « <strong>de</strong> ponte<br />

petrini 1<br />

».<br />

Le généalogiste plus exigeant saluera dans Afforty les noms<br />

<strong>de</strong> Pierre Choisel (1225, 1227, 1243), chevalier, seigneur <strong>de</strong><br />

Chennevières ; — <strong>de</strong> Pierre Choisel (1225) fils <strong>de</strong> Jean et <strong>de</strong><br />

Marguerite , chevalier , seigneur <strong>de</strong> Bouil<strong>la</strong>nci , mari <strong>de</strong><br />

Béatrix; — <strong>de</strong> Pierre Choisel et Marie sa femme, qui possè­<br />

<strong>de</strong>nt un clos hors <strong>la</strong> porte Saint-Sanctin ; — <strong>de</strong> Jean Choisel<br />

(1247, 1254, 1260, 1269), seigneur « garidarius », du Plessis<br />

et Ysabelle Choisel, leurs héritiers ; — <strong>de</strong> Jean Choisel (1295) ;<br />

— <strong>de</strong> Pierre Choisel (1300), chevalier, seigneur <strong>de</strong> Chenne­<br />

vières, mari <strong>de</strong> Gile « enquéteur royal envoyé (1350) par le roi<br />

« dans le bail<strong>la</strong>ge d'Amiens pour punir les excès <strong>de</strong>s officiers<br />

« royaux » ; — <strong>de</strong> Raoul Choisel, fils <strong>de</strong> Pierre Choisel, nom­<br />

mé (1308) dans le nécrologe <strong>de</strong> Saint-Frambourg ; — <strong>de</strong> Jean<br />

Choisel (1323), chevalier, sire du Plessis (1327), gruyer <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

1<br />

Afforty, I, 31, 40 ; XV, 485 où signatures en 1224 d'Etienne <strong>de</strong> Sottemont,<br />

<strong>de</strong> Laurence, sa femme, sœur <strong>de</strong> Pierre, etc., 493, 501, rue du<br />

Noyer, 515, 739, 776 en 1231.


forêt d'Ha<strong>la</strong>tte ; — <strong>de</strong> Jeanne Choisel, sa fille (1334), <strong>la</strong>quelle<br />

épousa Pierre <strong>de</strong> Pacy, fit passer ainsi <strong>la</strong> gruerie d'Ha<strong>la</strong>tte dans<br />

<strong>la</strong> famille <strong>de</strong>s Pacy, est dite veuve en 1361, et ayant<br />

perdu ses enfants Pierre et André, vendit (1363) <strong>la</strong> gruerie au<br />

roi Jean ; — <strong>de</strong> Jacques <strong>de</strong> Pacy, seigneur <strong>de</strong> Plessier-Choisel<br />

(1395), Pomponne, etc., neveu <strong>de</strong> l'archidiacre Henri du<br />

Change; — <strong>de</strong> Jean Choisel (1411) qui signe un acte <strong>de</strong> Mar­<br />

guerite <strong>de</strong> Pacy, sœur <strong>de</strong> Denis <strong>de</strong> Pacy, jadis femme <strong>de</strong><br />

Raoul <strong>de</strong> Gacourt, chevalier ; — <strong>de</strong> Co<strong>la</strong>rd <strong>de</strong> Pacy ou Choi­<br />

sel (1412) ; — <strong>de</strong> Jacques <strong>de</strong> Pacy, seigneur <strong>de</strong> Plessis-Choi-<br />

sel (1441), 1<br />

etc.<br />

Aunoy. — Le chapitre : Rue du Franc Murier nous a in­<br />

vité à citer quelques représentants <strong>de</strong> cette illustre famille. La<br />

forêt d'Ha<strong>la</strong>tte rappelle Gautier d'Aunoy (1254), messire le<br />

Gallois d'Aunoy (1390) 2<br />

, etc.<br />

L'on saluera, mêlés à ces noms, ceux <strong>de</strong> Renaud d'Aumont<br />

Verdier <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> Carnelle (1330); <strong>de</strong> Robert <strong>de</strong> Murat,<br />

écuyer <strong>de</strong> cuisine du Roy, <strong>de</strong> Monsieur et <strong>de</strong> Madame <strong>de</strong> Tou-<br />

raine, gruyer <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt d'Ha<strong>la</strong>tte (1335); <strong>de</strong>s gruyers<br />

Regnault <strong>de</strong> Creil (1408) ; — Richard N. écuyer (1416) ; —<br />

Denis <strong>de</strong> Beaufort, écuyer (1429); — 1474. Jehan le Cha-<br />

ron ou le Charron, écuyer, lequel possédait une maison, rue<br />

Bellon (1474) ; — Chrétien du Gast, écuyer (1485, 1490). 3<br />

Que l'on pardonne ces incursions fréquentes sur le terrain<br />

1 Arch. dép. G. 675. — Arch. <strong>Senlis</strong>, DD. 34., JJ. 166. — Layettes du<br />

trésor <strong>de</strong>s Chartes, t. II, n os<br />

1950, 1955, 1956. — Actes du Parlement, t. II,<br />

n os<br />

3742, 6391, 7032, 7042 en 1323, 7103. 7447, 7975. — Afforty, II, 1127 ,<br />

Nécrologe <strong>de</strong> Saint-Frambourg ; III, 1696 où vente <strong>de</strong> <strong>la</strong> gruerie ; VII,<br />

3510, 3687 ; IX, 4776 ; X, 5302 : Titres <strong>de</strong> Saint-Christophe, 5305, 5306,<br />

5350, 5392, 5414, 5510 ; XI, 5839, 5842, 5853, 5877 en 1344 ; XV, 110, 484,<br />

493, 497, 832, 837 en 1225 ; XVI, 715, 745, où les Pacy...; XVII, 55, 592, 601,<br />

727; XVIII, 93, 680, 726, 740, 743, 753 ; XXI, 202.<br />

2<br />

Afforty, X, 5378.<br />

3<br />

Afforty, IV, 1936; VII, 3606; IX, 7801 ; X, 5350; XXII, 98 : Comptes<br />

<strong>de</strong> Saint-Pierre ; 424, 596.


difficile <strong>de</strong>s généalogies. J'aime, je l'avoue, ces vieux cheva­<br />

liers du <strong>Senlis</strong> d'autrefois avec leurs b<strong>la</strong>sons dont <strong>la</strong> simplicité<br />

démontre l'illustre origine, leurs générosités à l'égard <strong>de</strong>s<br />

églises et <strong>de</strong>s pauvres, <strong>la</strong> franchise un peu ru<strong>de</strong> <strong>de</strong> leur allure<br />

guerrière, leurs <strong>de</strong>vises tout imprégnées d'honneur et <strong>de</strong> re­<br />

ligion.<br />

6. Histoire. — Les Mémoires du Comité archéologique<br />

renferment une note très intéressante <strong>de</strong> M. Amédée Mar-<br />

gry, sur <strong>de</strong>ux monolithes en grés qu'il a découverts, près <strong>de</strong>s<br />

Indrolles 1<br />

.<br />

Réception, le 29 novembre 1313, au greffe d'une enquête<br />

contre Philippe, « sergent <strong>de</strong> Pont-Sainte-Maxence et Jeanne,<br />

« sa femme, accusés <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> Gaucher <strong>de</strong> Fontaines et<br />

« d'Amiet, fils <strong>de</strong> Hamon d'Arras qui furent trouvés assassi-<br />

« nés dans <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> Ha<strong>la</strong>te. 2<br />

»<br />

Le roman <strong>de</strong> Garin le Loherain n'a gar<strong>de</strong> d'oublier nos fo­<br />

rêts <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> :<br />

Chacun convint en son pays r'aler.<br />

Li Emperer envot ès bos berser,<br />

Et en les rivières ô les faucons aller,<br />

Et en forst pour chacier et berser,<br />

Droit à <strong>Senlis</strong> ou il seut <strong>de</strong>meurer.<br />

L'un <strong>de</strong> nos roys, Charles VI, dit Palliot 3<br />

, cité par<br />

M. <strong>de</strong> Longpérier-Grimoard, «prit pour sa <strong>de</strong>vise un cerf vo<strong>la</strong>nt<br />

« accollé d'une couronne d'or, sous prétexte qu'un jour, al<strong>la</strong>nt<br />

« à <strong>la</strong> chasse à <strong>Senlis</strong>, il trouva un cerf qui avait<br />

« au col une chaîne <strong>de</strong> cuivre doré avec cet escript : « Hoc<br />

« Caesar me donavit, César me l'a donné, etc. » Jaulnay<br />

1<br />

Com. arch.; VII, XXVII. MM. Fautrat et Cau<strong>de</strong>l ont trouvé dans <strong>la</strong> forêt<br />

d'Ha<strong>la</strong>tte <strong>de</strong>s débris <strong>de</strong> temple et <strong>de</strong>s ex-voto.<br />

2<br />

Registre du Parlement n° 4185.<br />

3<br />

La vraye et parfaite science <strong>de</strong>s armoiries, p. 126.


acontant le fait, dit naïvement <strong>de</strong> l'inscription 1<br />

: « Ce qui<br />

« démonstrait qu'il estoit bien vieil : Ce cerf est encore<br />

« <strong>de</strong> présent représenté en <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> salle du château <strong>de</strong> Sen-<br />

« lis, etc. »<br />

1576. « Le roi <strong>de</strong> Navarre méditait <strong>de</strong>puis longtemps sa<br />

« fuite, irrité du refus que le Roi lui avait fait du comman<strong>de</strong>-<br />

« ment général <strong>de</strong>s troupes et appréhendant plus encore que le<br />

« duc d'Anjou ne <strong>de</strong>vînt le chef du parti qu'il n'avait quitté<br />

« qu'à regret. Occupé <strong>de</strong> ces pensées, il <strong>de</strong>manda l'agrément<br />

« du Roy pour chasser le cerf auprès <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et l'obtint. A<br />

« peine avait-il fini cette chasse que <strong>de</strong>ux gentilshommes <strong>de</strong><br />

« ses amis arrivent au galop et lui apprennent que le Roy<br />

« soupçonnait dans cette chasse autre chose qu'une <strong>partie</strong> <strong>de</strong><br />

« p<strong>la</strong>isir et que peut-être dans cet instant il donnait <strong>de</strong>s ordres<br />

« pour l'arrêter. La crainte saisit ses confi<strong>de</strong>ns et ceux qui<br />

« l'avaient accompagné; ils se rappe<strong>la</strong>ient <strong>la</strong> fin malheureuse<br />

« <strong>de</strong> La Mole et <strong>de</strong> Coconnas » et le caractère <strong>de</strong> Catherine.<br />

Alors il passe <strong>la</strong> Seine, marche toute <strong>la</strong> nuit, dort un instant à<br />

Poissy, court jusqu'à Saumur, et là : « Loué soit Dieu », dit-il,<br />

« qui m'a délivré, etc., etc. 2<br />

»<br />

tres 3<br />

CIII. — HALLES.<br />

Les Halles <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> étaient :<br />

1. La halle au blé. Elle avoisinait, disent les anciens ti­<br />

les murs <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité « in vico ante ha<strong>la</strong>m ubi b<strong>la</strong>dum vendi-<br />

« tur contiguo muris civitatis (1238),» était près <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bancloche<br />

ou Beffroi, et était bordé par les hôtels <strong>de</strong> <strong>la</strong> tête noire (1479),<br />

—<strong>de</strong> <strong>la</strong> petite chaussette, — <strong>de</strong> Saint-Roch, — du lièvre d'or,<br />

1<br />

P. 502.<br />

2<br />

Histoire <strong>de</strong> Marguerite <strong>de</strong> Valois, par M. A. Mongez, etc., 1777.<br />

3<br />

Afforty, VII, 3590; XV, 860; XXII, 304. 538 — Terrier <strong>de</strong> Saint-<br />

Jean.


entre <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> halle et <strong>la</strong> cité (1741), — <strong>de</strong>s Etourneaux<br />

(1741), — « du Grenault », Gournault, qui tenait d'un côté à<br />

M. Truyart, maire <strong>de</strong> Chantereine, maire <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville — et du<br />

coq, tenant à l'hôtel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Truye qui file, et d'autre au gour­<br />

nault (1408).<br />

1<br />

2<br />

Voici quelques traits qui serviront aux imaginations à re­<br />

constituer l'aspect animé que présentait ce centre <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville au<br />

XVI e<br />

siècle. Le beffroi se dresse comme un fort à l'entrée <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> comman<strong>de</strong>rie St-Jehan ; un <strong>la</strong>rge puits à côté est couronné<br />

d'un bel ouvrage en fer forgé ; les successeurs <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume le<br />

Huchier (1238) « façonnent auprès <strong>de</strong> <strong>la</strong> bancloche » <strong>de</strong> ces<br />

« coffres <strong>de</strong> bois que len dit estre <strong>de</strong> cormier entaillés <strong>de</strong> cinq<br />

« personnages par <strong>de</strong>vant élevés en bosse et à quatre pan-<br />

« neaulx 1<br />

» comme le chanoine Pierre Leguillon en <strong>la</strong>issait un<br />

par son testament à <strong>la</strong> charge <strong>de</strong> trente messes. La halle sou­<br />

tient son toit aigu et sa charpente <strong>de</strong> chêne par <strong>de</strong>s piliers en<br />

bois appuyés sur <strong>de</strong>s bases prismatiques, couronnés <strong>de</strong> cha­<br />

piteaux à écussons et réunis par <strong>de</strong>s poutres à <strong>de</strong>ssins<br />

capricieux. Le receveur <strong>de</strong>s chapîtres perçoit chez les hoirs<br />

<strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume-le-Grand, dit Guinot, les 32 sols parisis <strong>de</strong><br />

rente dont « Monseigneur Jehan Pochon en son vivant advocat<br />

« au siège royal <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> (1508) avait chargé sa maison<br />

« <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> Halle au blé pour <strong>partie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> fondation <strong>de</strong> <strong>la</strong> pré-<br />

« sentation Notre-Dame » ; les exacteurs <strong>de</strong> haulte justice<br />

« naguière instituée en cette ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> s'efforcent <strong>de</strong><br />

« prendre et exiger sur chacun ven<strong>de</strong>ur en détail comme <strong>de</strong><br />

« bled, <strong>de</strong> poisson, beurre, fruits et autres vivres venaulx...<br />

« ung <strong>de</strong>nier sur chaque personne et sur chacun sacq <strong>de</strong><br />

« bled une gran<strong>de</strong> cuillerée <strong>de</strong> bled » sous menace <strong>de</strong> prison<br />

(1544) 2<br />

. Les trafiquants murmurent contre ce droit <strong>de</strong><br />

Harrie dont C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> léguera l'insupportable tradition à Jean<br />

Afforty, III, 1262,1263; XVI, 183. — Comptes <strong>de</strong> 1508, p. 24.<br />

Afforty, XII, 7382, 7534, 7654; XXI, 816 : Halle au XVI e<br />

siècle.


Taffin (1571) et à Philippe Hérisson, (1622); le carillon du<br />

beffroi éc<strong>la</strong>te gaîment par <strong>de</strong>sssus ces c<strong>la</strong>meurs...<br />

2. La halle aux boisseaux. — Les boisseliers faisaient,<br />

outre les pelles, les écuelles, les cuillers <strong>de</strong> bois.<br />

En 1275, Pierre le Coq donne à Saint-Rieul 12 <strong>de</strong>niers pa-<br />

risis et <strong>de</strong>ux chapons <strong>de</strong> cens sur une maison située « in<br />

« foro ubi scutel<strong>la</strong>e venduntur, à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce où l'on vend les<br />

« p<strong>la</strong>ts. » — 1395. « A Saint-Martin, <strong>de</strong>hors <strong>Senlis</strong>, em-<br />

« près <strong>la</strong> croix brisée ou lieu dit le Marché aux boisseaux,<br />

« tenant au chemin qui va à Neufmoulin (moulin neuf) 1<br />

. »<br />

3. La halle aux bouchers. — Cette halle à piliers <strong>de</strong> pierre<br />

(1422) était située sous l'hôtel <strong>de</strong> ville actuel 2<br />

, tandis que <strong>la</strong><br />

vieille halle <strong>de</strong>s bouchers (1225) était rue <strong>de</strong> Paris.<br />

4. La halle au cuir. — « Marché aux Samedis ou l'on a<br />

« accoustumé <strong>de</strong> vendre le cuir (1437), — <strong>de</strong>puis le Change,<br />

« dans <strong>la</strong> rue aux Fromages jusqu'au Bras d'or (1571). » Il y a<br />

<strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> halles que je ne donne qu'en hésitant, à cause <strong>de</strong>s<br />

dép<strong>la</strong>cements qu'elles ont subis 3<br />

.<br />

5. La halle aux drapiers. —1213. « Pierre, maire en 1213,<br />

« fixe le prix du loyer <strong>de</strong>s étaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> halle <strong>de</strong> <strong>la</strong> draperie<br />

« à 10 sols et défend <strong>de</strong> les louer qu'aux citoyens. —<br />

1225. Dans un arbitrage <strong>de</strong> Guérin entre <strong>la</strong> commune et<br />

Notre-Dame au sujet d'une maison <strong>de</strong> <strong>la</strong> halle aux bouchers<br />

en 1225, il est fait mention <strong>de</strong> «forum ubi draperia». — 1370.<br />

Halle aux draps en 1370 à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce aux Charrons, aujourd'hui<br />

Lavaran<strong>de</strong> 4<br />

.<br />

1<br />

Afforty, III, 1152, 1263; XVI, 183 en 1275.<br />

2<br />

Afforty, IV, 2188, 2205 en 1456; VIII, 4460, 4462 en 1465, 1466; XV,<br />

495 où vieille halle <strong>de</strong>s bouchers en 1225; XX, 657.<br />

3<br />

Afforty, III, 402; XXI. — Broisse, 63.<br />

4<br />

Cartu<strong>la</strong>ire enchaîné, f° 29. DD I, en 1228. — Afforty, I, 111 en 1225;<br />

v,7675; XII, 7731, n°73; XV, 67, 561, 747.<br />

V 26


Les économistes que l'histoire du commerce à <strong>Senlis</strong> inté­<br />

ressent spécialement pourront lire en Afforty 1<br />

: Souffrance <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> draperie à cause <strong>de</strong>s impôts. Récompense promise à ceux qui<br />

contribueront à améliorer cette situation en 1484. — Office<br />

d'aulneur <strong>de</strong> drap donné à Jean Muldrac avant 1537. —<br />

« Bouette et scel <strong>de</strong>s draps façonnez à <strong>Senlis</strong>.» — 1622. P<strong>la</strong>in­<br />

tes contre les statuts <strong>de</strong>s drapiers — 1674. Manufactures <strong>de</strong><br />

draps à <strong>Senlis</strong>. — Lettres sur les drapiers, etc.<br />

6. La halle aux fromages. — Suprà.<br />

7. La halle aux <strong>la</strong>ines. — Guérin réglemente <strong>la</strong> dîme <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>ine en 1221 2<br />

, en même temps que « bi<strong>de</strong>ntum, frumenti,<br />

ybernagii, siliginis, succurgii, or<strong>de</strong>i, avene, pisorum, faba-<br />

« rum, viciae, mili, lenticu<strong>la</strong>rum », celle <strong>de</strong>s brebis, du blé, du<br />

« méteil, du seigle, <strong>de</strong> l'escourgeon, <strong>de</strong> l'orge, <strong>de</strong> l'avoine, <strong>de</strong>s<br />

poix, <strong>de</strong>s fèves, du millet, <strong>de</strong>s lentilles.<br />

froi.<br />

8. La halle aux merciers et chapelliers, à côté du bef­<br />

1295. « Domus contigua furno fori Silvanectensis et halle<br />

« mercenariorum Silvanectensium, halle ou maison que l'on dit<br />

« <strong>la</strong> mercerie ou les merciers ven<strong>de</strong>nt les samedis, séant au<br />

« marché <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. » — « 14 sous parisis sont dus au<br />

« Chapel<strong>la</strong>in du Saint-Esprit par Oudart Hérouart (1376)<br />

« sur cette halle ». Afforty a re<strong>la</strong>té une querelle <strong>de</strong> supré­<br />

matie qui s'éleva entre les merciers et les chapelliers. 3<br />

Les<br />

corps <strong>de</strong> métiers étaient très jaloux <strong>de</strong> leurs priviléges et mul­<br />

tipliaient les signes <strong>de</strong> leur individualisme : enseignes, cha-<br />

1<br />

Afforty, V, 2786; VI, 2975; VIII, 4023.<br />

2<br />

Afforty,I, 8.<br />

3<br />

Afforty, V, 2848; XV, 859 : En 1238, Pierre-le Coq, chevalier, donne<br />

à <strong>la</strong> confrérie <strong>de</strong>s drapiers 41 sols et 9 <strong>de</strong>niers <strong>de</strong> rente sur <strong>la</strong> maison <strong>de</strong><br />

Geoffroy « l'Aiguillier aculearii » située dans <strong>la</strong> mercerie <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong>, 1748; XIX, 203.


pelles, marques <strong>de</strong> profession ou images <strong>de</strong> patrons aux vitraux<br />

et aux clefs <strong>de</strong> voûtes, etc., etc.<br />

9. La halle aux pelletiers et fourreurs. — La charte « su­<br />

per ha<strong>la</strong>s aus peleteries » se trouve dans le cartu<strong>la</strong>ire en­<br />

chainé l<br />

. — Charte <strong>de</strong> Galerand, maire, touchant 51 livres<br />

parisis dus par <strong>la</strong> ville sur <strong>la</strong> halle aux pelleteries et foureures<br />

(1233). Il suffit <strong>de</strong> parcourir un testament ou un inventaire<br />

pour admirer l'amour que nos pères avaient pour les fourrures :<br />

à côté <strong>de</strong>s couvertures <strong>de</strong> tiretaine, <strong>de</strong>s draps pers, <strong>de</strong>s toiles<br />

<strong>de</strong> lin à ouvraiges <strong>de</strong> Paris ou <strong>de</strong> Venise, <strong>de</strong>s toillectes légères<br />

que l'on étendait sur l'argenterie <strong>de</strong>s dressoirs, que <strong>de</strong><br />

« robes <strong>de</strong> drap noir fourrées <strong>de</strong> lièvre par bas et par haut<br />

« d'aigneaulx b<strong>la</strong>ncs, <strong>de</strong> jacquettes <strong>de</strong> drap b<strong>la</strong>nc fourrées <strong>de</strong><br />

« regnards », etc. !<br />

10. La halle aux poissons. — Voir Harengerie.<br />

11. La halle aux pourceaux et autres bestiaux. —<br />

« Porte aux pourceaux, près du marché aux samedis » en<br />

1536 et 1538 2<br />

. Voir en Afforty : Dime <strong>de</strong>s cochons <strong>de</strong> <strong>la</strong>it<br />

(1376). La chair <strong>de</strong> porc tenait autrefois dans <strong>la</strong> nourriture une<br />

p<strong>la</strong>ce plus considérable encore qu'aujourd'hui. De là, <strong>de</strong>s droits<br />

<strong>de</strong> paisson, <strong>de</strong>s chemins <strong>de</strong> souil<strong>la</strong>rds dans les forêts et <strong>de</strong>s<br />

détails <strong>de</strong> ce genre dans les prisées : « A este trouvé après <strong>la</strong><br />

« mort <strong>de</strong> Simon Bonnet, dans un grand cuvat quatorze pour-<br />

« ceaulx sallez ».<br />

12. La halle aux toiles au même endroit en 1320 et 1538 3<br />

.<br />

13. La halle aux veaux : — « Le renard (1606) ou le<br />

« faisan (1638) tenant par <strong>de</strong>rrière à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce aux veaux »<br />

1<br />

Afforty, IV, 2236; XV, 744 : Charte <strong>de</strong> Galerand. — Arch. <strong>Senlis</strong>.<br />

2<br />

Afforty, III, 1163; IV, 2121, dîme aux pourceaux: XIX, 198, 201.<br />

3<br />

Afforty, III, 1162: là Raoul l'Orfèvre en 1330, Jean l'Orfèvre atourné en<br />

1326. Voir XVII, 436, 597 et le chapitre Creil (p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>), 7.<br />

4<br />

Afforty, III, 1150 en 1610; XXI, 637.


14. La halle aux vins. — Voir Etape aux vins.<br />

Je crois bon d'indiquer ici dans un court appendice quelques<br />

détails sur les foires <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, le lieu <strong>de</strong>s éta<strong>la</strong>ges en 1571, les<br />

principales industries qui existaient dans notre cité, le taux<br />

<strong>de</strong>s vivres, etc.<br />

15. Foire. —En février 1157. Par une charte écrite dans le<br />

pa<strong>la</strong>is <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> « in pa<strong>la</strong>tio, » en présence du comte Thibault<br />

Sénéchal, <strong>de</strong> Gui-le-Bouteiller, Louis VII accor<strong>de</strong> à Saint-<br />

Lazare une foire et <strong>la</strong> justice <strong>de</strong> <strong>la</strong> foire « quandam feriam<br />

« et justitiam ferie». Cette foire qui commençait à <strong>la</strong> na­<br />

tivité <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vierge pour durer toute <strong>la</strong> semaine, avait lieu<br />

proche Saint-Lazare et mérita quelquefois à <strong>la</strong> rue du fau­<br />

bourg Saint-Martin le nom <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> <strong>la</strong> foire l<br />

.<br />

1307 (septembre). Philippe le Bel octroye une nouvelle foire<br />

le samedy après <strong>la</strong> Saint-Martin d'hiver et les six jours sui­<br />

vants. — 1343. Charte touchant <strong>la</strong> manière d'ouvrir <strong>la</strong> foire<br />

<strong>de</strong> Saint-Ladre [Saint-Lazare]. — 1424. Permission <strong>de</strong> tenir<br />

<strong>la</strong> foire <strong>de</strong> Saint-Ladre dans <strong>la</strong> ville. — 1496. Sentence sur<br />

l'ouverture <strong>de</strong> <strong>la</strong> foire <strong>de</strong> Saint-Ladre 2<br />

.<br />

1571. Charles IX par lettres patentes données à Monceaux<br />

octroye trois foires franches <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux jours, les lundi et mardi<br />

après le premier dimanche du carême, après <strong>la</strong> Saint-Jean-<br />

Baptiste et après <strong>la</strong> Saint-Luc 3<br />

. Voir à cette date et aux dates<br />

<strong>de</strong> 1572, 1671, etc., les p<strong>la</strong>ces aux éta<strong>la</strong>ges.<br />

1578. Les administrateurs <strong>de</strong> Saint-Lazare obtiennent <strong>de</strong><br />

Henri III l'érection d'un nouveau marché franc le <strong>de</strong>rnier<br />

mercredi <strong>de</strong> chaque mois. Sous Louis XIII, le samedi sera<br />

substitué au mercredi 4<br />

.<br />

1627. Dép<strong>la</strong>cement du marché franc accepté par les habi-<br />

1<br />

Afforty, XIV, 190. — Dom Grenier, etc., CLXV, p. 240 sur Foires.<br />

2<br />

Voir aux Archives <strong>municipale</strong>s, H H, 2274, les lettres patentes. — Afforty,<br />

III, 1496; XVIII,269; XXI, 770 ; XXII, 482 en 1486. — Dom Grenier, 163.<br />

3<br />

Afforty, VIII,4268,4280,4281; XII,7541; XXV, 160. -Broisse,2,62et 63.<br />

4<br />

Afforty, V, 2970, 2816, 2820; VII, 3921, 3922, 4614.


tants du faubourg Saint-Martin, moyennant 1,200 livres et<br />

transfert <strong>de</strong> <strong>la</strong> foire dans <strong>la</strong> ville 1<br />

.<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, GG, 186. — Afforty, XII, 7637, 7675.<br />

2<br />

Le Dictionnaire d'Epigraphie <strong>de</strong> Migne a noté cette formule.<br />

1<br />

La charte <strong>de</strong> 1343 m'a paru digne d'être re<strong>la</strong>tée ici : C'est<br />

un monument <strong>de</strong>s mœurs du passé et une peinture prise sur le<br />

vif du vieux <strong>Senlis</strong> 2<br />

.<br />

Charte touchant <strong>la</strong> manière d'ouvrir <strong>la</strong> foire Saint-Ladre.<br />

« A tous ceux qui ces présentes lettres verront ou orront<br />

« Regnault <strong>de</strong> Rully, lieutenant du Bailly <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, salut.<br />

« Scachent tuit que comme discort fut entré entre le révé-<br />

« rend Pére en Dieu M re<br />

Robert <strong>de</strong> P<strong>la</strong>illy par <strong>la</strong> grâce <strong>de</strong> Dieu<br />

« évêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> ayant le gouvernement et toute l'adminis-<br />

« tration <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> Saint-Ladre <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et le maître,<br />

« les frères et les sœurs <strong>de</strong> <strong>la</strong>ditte maison d'une part, et le<br />

« Prévôt <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> d'autre part, sur <strong>la</strong> manière par<br />

« <strong>la</strong>quelle ledit Révérend Père ou ses gens, <strong>la</strong> veille <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« Septembresse, <strong>de</strong>voient penre <strong>la</strong> foire qui au jour dicelle<br />

« est accoustumé à commencer a <strong>Senlis</strong>, <strong>la</strong>quelle foire et toutte<br />

« <strong>la</strong> justice dicelle est et ap<strong>partie</strong>nt a <strong>la</strong>dite maison durant<br />

« lespace <strong>de</strong> huit jours par lesquels elle a accoustumé asseoir,<br />

« et pour ledit discort, nous pour le Roy et en main sou-<br />

« veraine ayons fait gouverner <strong>la</strong> justice dicelle foire a <strong>la</strong><br />

« Septembresse <strong>de</strong>rnier passée, lesdites <strong>partie</strong>s pour ce pré-<br />

« sentes par<strong>de</strong>vant nous ont dit et proposé sur ledit discort<br />

« tout ce qui leur a plu, et finablement entre eux par <strong>de</strong>vant<br />

« nous et <strong>de</strong> notre autorité on fait sur ce accort en <strong>la</strong> manière<br />

« qui cy après sensuit : cest ascavoir que puisque, en<br />

« <strong>la</strong>ditte veille, nonne commencera à tinter à l'Eglise Notre-<br />

« Dame <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, les gens <strong>de</strong> l'Evêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> qui pour le<br />

« tems sera, pourront mouvoir, pour aller au bout <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaus-<br />

« sée qui est près du lieu auquel pots et ecuelles détain sont<br />

« accoustumées être vendu en <strong>la</strong>dite foire, c'est ascavoir à


« l'entrée du chemin par ou Ion va <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> à Tiers et <strong>la</strong> au<br />

« Prevost <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville qui sera pour le tems, si il le treuvent<br />

« audit lieu, diront les parolles qui cy après sensuivent, ou<br />

« semb<strong>la</strong>bles. Cest ascavoir : Sire prevost Nonne est tintée,<br />

« poons nous bien faire crier, et quelconques paroles que<br />

« ledit prevost répon<strong>de</strong>, ou se il se taisoit, ou se par quelque<br />

« heure ou moment il dé<strong>la</strong>yoit, ou se les gens dudit Evêque ne<br />

« le trouvoient point audit lieu, puisque <strong>la</strong>ditte Nonne fut<br />

« tintée, les gens dudit Evêque pourroient faire crier leur<br />

« ban en cette foire et en user, et <strong>la</strong> foire et <strong>la</strong> justice <strong>de</strong><br />

« <strong>la</strong>ditte foire exercer et gouverner durant les huit jours<br />

« dicelle foire, et ont lesdittes <strong>partie</strong>s accordé par<strong>de</strong>vant nous<br />

« <strong>de</strong> l'autorité comme <strong>de</strong>ssus, que ainsy soit fait chacun an<br />

« désormais et que ce présent accord ne acquire nouveau droit<br />

« audit Prévot en justice ni autrement, et par leur consen-<br />

« tement nous avons mis au néant ce qui à <strong>la</strong> foire <strong>de</strong>rnier<br />

« passée a été fait au contraire tant par nous comme par lesdites<br />

« <strong>partie</strong>s ou aucune dicelles et aussi avons-nous mis et mettons<br />

« au néant un appel que les gens dudit Révérend Père et <strong>de</strong><br />

« <strong>la</strong>dite maison avoient fait dudit Prevost.<br />

« En témoin <strong>de</strong> ce nous avons scellées ces lettres <strong>de</strong> notre<br />

« propre scel.<br />

« Ce fut fait et donné l'an <strong>de</strong> grâce 1343, le mardi après<br />

« fête Saint-Denis. »<br />

16.[Industries et corps <strong>de</strong> métiers. — Louis XI ayant appris<br />

<strong>la</strong> mort tragique que le duc <strong>de</strong> Bourgogne avait trouvée à<br />

Morat, songea sans plus tar<strong>de</strong>r à reprendre plusieurs <strong>de</strong> ses<br />

bonnes villes <strong>de</strong> Picardie et d'Artois. Pour subvenir aux frais<br />

que cette levée <strong>de</strong> boucliers exigeait, il sollicita entr'autres<br />

<strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> une libéralité <strong>de</strong> 800 écus d'or, en outre<br />

<strong>de</strong>s 800 livres tournois qu'il avait déjà imposées pour son artil­<br />

lerie. Afin <strong>de</strong> répartir avec équité cette contribution, il fut<br />

arrêté dans une assemblée générale <strong>de</strong> l'hôtel commun, que<br />

les corps et maîtrises se diviseraient en sections particulières


pour désigner par une élection à <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>grés quatre notables<br />

répartiteurs ou assieurs. Voici l'état détaillé <strong>de</strong>s corps et<br />

maîtrises que cette élection accusa ; il ai<strong>de</strong>ra à connaître et à<br />

c<strong>la</strong>sser <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion du temps.<br />

1<br />

2<br />

Pour les foulons, drapiers, ton<strong>de</strong>urs, tisserands, teinturiers,<br />

chaussetiers, couturiers, fripiers et pelletiers, trois élus. Pour<br />

les bouchers, tanneurs, corroyeurs, cordonniers, savetiers,<br />

selliers et bourreliers, <strong>de</strong>ux élus. Pour les maçons, charpen­<br />

tiers, couvreurs et plâtriers, <strong>de</strong>ux élus. Pour les bou<strong>la</strong>ngers,<br />

pâtissiers et meuniers, <strong>de</strong>ux élus. Pour les maréchaux, serru -<br />

riers, tail<strong>la</strong>ndiers, charrons, armuriers, potiers d'étain, <strong>de</strong>ux<br />

élus. Pour les barbiers, tillers et cordiers, <strong>de</strong>ux élus. Pour les<br />

hôteliers, taverniers, merciers, gantiers et mégissiers, <strong>de</strong>ux<br />

élus. Pour les vignerons, boquillons, manouvriers, tonneliers,<br />

<strong>la</strong>boureurs et menuisiers, trois élus. Enfin, pour les officiers,<br />

bourgeois et praticiens, trois élus.<br />

La même époque rappellera aussi <strong>la</strong> colère <strong>de</strong> Louis XI<br />

contre Arras, le nom <strong>de</strong> franchise qu'il tenta <strong>de</strong> lui donner<br />

et les six gens <strong>de</strong> métier que <strong>Senlis</strong> fournit pour ai<strong>de</strong>r à <strong>la</strong><br />

nouvelle colonisation 1<br />

.<br />

Lorsqu'arrivera <strong>la</strong> révolution, les cahiers <strong>de</strong> doléances dont<br />

MM. Leb<strong>la</strong>nc, maire, Dufresnoy, Lasnier, Baron et Juvet,<br />

adjoints, arrêtent <strong>la</strong> formule le 26 février 1789, indiqueront<br />

une vingtaine <strong>de</strong> corporations.<br />

17. Taux <strong>de</strong>s vivres, du pain b<strong>la</strong>nc, bis et broué, <strong>de</strong>s<br />

vian<strong>de</strong>s <strong>de</strong> bœuf, <strong>de</strong> veau et du mouton en 1586, 1587, 1602,<br />

1603, 1693, 1694, 1696, 1704, 1705.<br />

Le lecteur apprendra peut-être avec intérêt <strong>de</strong> M. Luce,<br />

curé <strong>de</strong> Sainte-Geneviève 2<br />

, dont le récit sans apprêt trahit un<br />

témoin sincère, <strong>la</strong> rigueur <strong>de</strong>s famines qui désolèrent au<br />

Afforty, V, 2452.<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, FF. — Voir encore Afforty, VIII, 4031 ; X, 5270, 5757.


XVI e<br />

siècle, nos pays, <strong>la</strong> dureté <strong>de</strong>s accapareurs, et les prodiges<br />

<strong>de</strong> charité que durent faire les Chevallier.<br />

« En cette année 1586, le blé a commencé à enchérir au<br />

« mois d'avril et a continué tout le reste <strong>de</strong> l'an a être cher,<br />

« tellement que durant l'août et après l'août temps auquel on<br />

« ne voit guère <strong>de</strong> blé cher, a valu jusqu'à cent sols <strong>la</strong> mine<br />

« et 6 livres le bon, ce qui a gran<strong>de</strong>ment épouvanté le peuple<br />

« et fait lever beaucoup <strong>de</strong> pauvres durant l'hiver, lesquels,<br />

« au soir, al<strong>la</strong>ient buquer aux portes, <strong>de</strong>mandant du pain et<br />

« disant : nous mourons <strong>de</strong> faim, et au commencement, ouvrant<br />

« leur porte, se sont trouvés opprimés par les dits pauvres et<br />

« contraints <strong>de</strong> leur donner tout ce qu'ils ont <strong>de</strong>mandé, mais<br />

« apercevant <strong>la</strong> malice <strong>de</strong>sdits pauvres, on s'est donné gar<strong>de</strong><br />

« d'iceux. Même en cette année 1586, les vignes ont tellement<br />

« failli que le vin a valu 10 à 12 et jusqu'à 15 écus. Je ne parle<br />

« que du vin du pays et ce au temps <strong>de</strong>s vendanges, car à l'été<br />

« il a valu jusqu'au vingt écus. Dieu nous gar<strong>de</strong> et nous veille<br />

« <strong>de</strong> son œil <strong>de</strong> miséricor<strong>de</strong>. Amen.<br />

« En cette année 1587 sont advenus plusieurs gran<strong>de</strong>s<br />

« ca<strong>la</strong>mités en ce pays <strong>de</strong> France à cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> cherté excessive<br />

« qui a régné et d'une grosse armée d'étrangers qui sont entrés<br />

« bien avant dans le pays. Quant à <strong>la</strong> cherté, quoiqu'elle ait<br />

« continué tout le long <strong>de</strong> l'an passé (1586), toutefois, en cette<br />

« présente année, elle a pris une augmentation extrême épou-<br />

« vantable car ayant commencé le blé à enchérir au mois<br />

« <strong>de</strong> mai a tellement continué que si <strong>la</strong> police n'y eut mis<br />

« taux, le prix d'une mine <strong>de</strong> blé eut monté jusqu'à 20 livres<br />

« tournois, mais messieurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> police voyant le prix aug-<br />

« menter <strong>de</strong> jour en jour, s'étant assemblés pour délibérer <strong>de</strong><br />

« cette affaire firent défense à toute personne, <strong>de</strong> quelque état,<br />

« qualité et condition qu'ils fussent, <strong>de</strong> vendre <strong>la</strong> mine <strong>de</strong> bon<br />

« blé froment ni au marché ni au grenier plus que 12 livres<br />

« tournois et le blé méteil au-<strong>de</strong>ssous selon sa qualité et ce<br />

« sous peine d'amen<strong>de</strong>. Toutefois, nonobstant <strong>la</strong> défense ainsi


« faite, aucuns étant aveugles d'une convoitise d'accumuler<br />

« <strong>de</strong>s biens temporels, dépouillés <strong>de</strong> cette vertu <strong>de</strong> charité<br />

« qui nous excite d'avoir pitié <strong>de</strong> notre semb<strong>la</strong>ble, ont négligé<br />

« <strong>la</strong> défense ainsi faite par <strong>la</strong> police et n'ont point fait diffi-<br />

« culté <strong>de</strong> vendre leur blé, jusqu'au prix <strong>de</strong> 14, 15 et 16<br />

« livres tournois, lesquels toutefois aucuns ont été condamnés<br />

« à payer l'amen<strong>de</strong>. Mais se voyant ainsi contraints ne vou-<br />

« <strong>la</strong>ient mettre leur blé en vente, tellement que plusieurs per-<br />

« sonnes ayant l'argent à <strong>la</strong> main ne pouvaient trouver du blé<br />

« pour l'argent, etc.<br />

« L'an 1694, » ajoute M. Chéron, les mêmes ca<strong>la</strong>mités que<br />

« celles constatées par M. Luce, pour l'année 1587, se sont<br />

renouvelées : « le blé a valu jusqu'à 20 livres <strong>la</strong> mine, le méteil<br />

« 15 et 16 livres <strong>la</strong> mine et davantage, en sorte qu'il est mort<br />

« beaucoup <strong>de</strong> pauvres à <strong>la</strong> campagne ; ils ont été bien assistés<br />

« dans <strong>la</strong> ville. L'on donnait tous les jours plus <strong>de</strong> 600 livres<br />

« <strong>de</strong> pain, à 3 ou 4 sous <strong>la</strong> livre, dont 300 par le clergé et 300<br />

« par <strong>la</strong> ville.<br />

« Mais l'an 1696, il est arrivé une si gran<strong>de</strong> abondance <strong>de</strong><br />

« blés et <strong>de</strong> toutes choses que le meilleur blé ne va<strong>la</strong>it pas<br />

« plus <strong>de</strong> 12 livres le septier. Il y avait du méteil à 7 livres et le<br />

« pain ne va<strong>la</strong>it que 1 sol ou 18 <strong>de</strong>niers <strong>la</strong> livre, ce qui a fait<br />

« voir <strong>la</strong> puissance <strong>de</strong> Dieu. »<br />

18. Raisons qui, d'après un économiste du temps, gênaient,<br />

vers 1789, l'essor du commerce senlisien : 1° Le voisinage <strong>de</strong><br />

Paris ; 2° l'imperfection du travail et <strong>la</strong> lenteur à exécuter les<br />

comman<strong>de</strong>s ; 3° « <strong>la</strong> vanité <strong>de</strong> vouloir possé<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s charges.<br />

« Nous ne parlons pas icy » dit malignement l'esprit chagrin<br />

que je cite « <strong>de</strong>s charges militaires »; 4° « <strong>la</strong> légion <strong>de</strong> petits<br />

« trafiquants qui vient faire <strong>de</strong>s incursions dans <strong>Senlis</strong> 1<br />

».<br />

1<br />

Afforty, X, 5757.— Voir Arch. <strong>Senlis</strong>, HH, 19 : P<strong>la</strong>intes et doléances<br />

<strong>de</strong>s corporations et métiers en 1789 ; 21 pièces.


CIV. — HARENGERIE.<br />

La halle aux poissons ou harengerie.<br />

Des halles couvertes pour le poisson s'étendaient jadis entre<br />

<strong>la</strong> rue dite <strong>de</strong> <strong>la</strong> Harengerie et <strong>la</strong> rue du Long-Filet ou aux<br />

Tripes : « Maison qui va à <strong>la</strong> harengerie attenant à <strong>la</strong> maison<br />

« <strong>de</strong>vant les <strong>de</strong>ux signes. » — « Les halles couvertes où l'on<br />

« vendait le poisson <strong>de</strong> mer furent refaites en 1567. Messieurs<br />

« <strong>de</strong> Saint-Maurice qui percevaient un droit sur <strong>la</strong> vente <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« marée furent appelés pour attribuer à <strong>la</strong> dépense. Elles fu-<br />

« rent démolies <strong>de</strong> notre temps », dit Vaultier l<br />

.<br />

L'on rencontrait en cet endroit : « <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> Saint-Mi-<br />

« chel (1457) ou du Mont-Saint-Michel (1483) entre <strong>la</strong> chauf-<br />

« ferette et l'image <strong>de</strong> Saint-Christophe, en <strong>la</strong> rue qui va <strong>de</strong><br />

« <strong>la</strong> harengerie au beffroy » ; — « le beau pignon aboutant<br />

« par <strong>de</strong>rrière à <strong>la</strong> cour <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux Anges (1464, 1467) » ; — les<br />

maisons <strong>de</strong>s carnaulx et <strong>de</strong> <strong>la</strong> masse, tenant d'une part à<br />

l'hôtel où pend pour enseigne l'image <strong>de</strong> Saint-Christophe et<br />

d'autre à l'hôtel Saint-Rocq aboutissant aux murs <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité ;<br />

il est dû sur ces hôtels 24 sols <strong>de</strong> rente à <strong>la</strong> charge <strong>de</strong> 4 obits<br />

par an pour les âmes <strong>de</strong> Pierre le Vigneron et sa femme (1560);<br />

— Saint-Rocq ; — l'épousée (1522) « ostel où pend l'enseigne<br />

« <strong>de</strong> l'espousée faisant le coin <strong>de</strong> <strong>la</strong> harengerie ». « Raoul du<br />

« Fresnoy apothicaire » (en 1535, Pierre Dufresnoy, mar­<br />

chand, et, en 1704, Charles Pérel, apothicaire) « au lieu <strong>de</strong><br />

« Pierre <strong>de</strong> Géresme et <strong>de</strong> Paulet Roussel pour sa maison<br />

« <strong>de</strong> l'espousée au carrefour <strong>de</strong> <strong>la</strong> harengerie faisant le<br />

« coing dudit carrefour du côté <strong>de</strong> Saincte-Geneviefve... abou-<br />

« tant par <strong>de</strong>rrière à l'hostel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Queue <strong>de</strong> Goupil » ; — <strong>la</strong><br />

Queue <strong>de</strong> Goupil : « harengerie aboutissant à <strong>la</strong> queue <strong>de</strong><br />

« goupil à côté <strong>de</strong> l'épousée (1535) »; — <strong>la</strong> croix b<strong>la</strong>nche<br />

(1522) adossée à <strong>la</strong> rue aux tripes; — l' agneau pascal (1553) ;<br />

1<br />

Afforty, XX, 357. — Vaultier, p. 299. - Broisse, 60.


- 411 —<br />

— Saint-Eustache en <strong>la</strong> rue al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> port au pain à <strong>la</strong> halle ;<br />

le mortier d'or, et le ménestrier, etc., etc. l<br />

.<br />

Pierre le Vigneron, que j'ai nommé tout à l'heure, est le<br />

père <strong>de</strong> « Ma<strong>de</strong>moiselle Ma<strong>de</strong>leine Vigneron » dont<br />

Mathieu Bourdin, religieux minime, publiait en 1689 <strong>la</strong><br />

« vie et <strong>la</strong> conduite spirituelle, etc. » L'avis au lecteur qui<br />

ouvre ce livre nous révèle — c'est l'unique lumière que Bour­<br />

din nous donne sur l'origine <strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>moiselle Vigneron —<br />

« qu'elle estoit fille d'un honneste bourgeois <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong><br />

« <strong>Senlis</strong>, lequel avoit pour femme une <strong>de</strong>moiselle <strong>de</strong> Crépy-en-<br />

« Valois, surnommée Duport, d'une famille assez considérable<br />

« en ce pays-là ; que le jour <strong>de</strong> sa naissance fut le seizième<br />

« septembre <strong>de</strong> l'année 1628 »; qu'elle <strong>de</strong>meura à <strong>Senlis</strong> jus­<br />

qu'à sa vingt-cinquième année, époque où ses parents quittè­<br />

rent notre ville pour Paris ; qu'elle entra lors dans le tiers-<br />

ordre <strong>de</strong> Saint-François-<strong>de</strong>-Paule ; qu'elle reçut l'ordre, ayant<br />

35 ans, d'écrire ses mémoires, etc. Suivent <strong>de</strong>s Mémoires di­<br />

visés en quatre <strong>partie</strong>s. Les trois premières <strong>partie</strong>s sont l'au­<br />

tobiographie d'une âme qui analyse sous l'œil <strong>de</strong> Dieu l'œuvre<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> grâce corrigeant ses misères personnelles, ses tentations,<br />

ses peines d'esprit, ses révé<strong>la</strong>tions fréquentes, etc. La qua­<br />

trième est une série <strong>de</strong> lettres qu'elle écrivit à son directeur,<br />

lequel résidait lors à Compiègne (octobre 1665 à octobre 1666)<br />

ou à Soissons (1666). Ma<strong>de</strong>leine Vigneron reçut en mourant<br />

les conseils du Père Giry, lequel « en a fait plusieurs éloges »<br />

dans <strong>la</strong> règle du tiers-ordre qu'il a fait imprimer, et fut en­<br />

terrée à l'église <strong>de</strong>s Pères minimes <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce Royale, où <strong>la</strong><br />

mère du savant abbé Thévenot, son amie et confi<strong>de</strong>nte, vint<br />

bientôt <strong>la</strong> rejoindre. Nous compléterons cette note au chapitre<br />

Présentation.<br />

L'apothicaire Charles Pérel est un <strong>de</strong>s grands coupables<br />

1<br />

Afforty, VI, 3357; XXI, 570, 579,746, 795; XXII, 211, 392; XXIV, 670,<br />

838 : Condamnation à payer. — Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522. — Arch. départ.,<br />

G, 617.


(1674) qui, au lieu d'aller faire leur gar<strong>de</strong> selon les ordonnan­<br />

ces du marquis <strong>de</strong> Saint-Simon, gouverneur <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, auraient<br />

manqué <strong>de</strong> respect aux officiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> milice urbaine, leur<br />

« disant : Qu'est-ce que ce fol - <strong>la</strong> a à dire » ? l<br />

, etc.<br />

Le marché aux salines ou poissons salés avait son endroit<br />

réservé à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> Creil : « In foro ubi venduntur aleca<br />

« (1350) 2<br />

». On appe<strong>la</strong>it alecium, alecum, halex, trois sortes<br />

<strong>de</strong> poissons salés : les harengs, les sardines et les anchois.<br />

En novembre 1398, Philippe le Bel accor<strong>de</strong> à <strong>la</strong> ville <strong>la</strong> cure<br />

et gar<strong>de</strong> du poisson <strong>de</strong> mer avec le droit <strong>de</strong> prendre pour visite<br />

6 <strong>de</strong>niers parisis. — « Le 14 juillet 1554 » dit Jaulnay « fut<br />

« publié par les carrefours <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, défenses estre<br />

« faites <strong>de</strong> vendre <strong>la</strong> saline en maisons particulières, mais<br />

« seulement en <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du Pilori au <strong>de</strong>ssus du Puits et que<br />

« <strong>la</strong> marée douce se vendroit à <strong>la</strong> halle. » — « Celuy qui<br />

« voudra vendre marée doulce ne pourra vendre <strong>de</strong>nrées sal-<br />

« lées et celuy qui vendra <strong>de</strong>nrées sallées ne pourra vendre<br />

« marée doulce et seront tenus les ven<strong>de</strong>urs ou reven<strong>de</strong>urs <strong>de</strong><br />

« marée doulce, icelle vendre et exposer en vente sous les pil-<br />

« liers <strong>de</strong> <strong>la</strong> halle dudit <strong>Senlis</strong> et ceux qui vendront <strong>de</strong>nrée<br />

« sallée <strong>la</strong> vendront à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du pillory <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite ville au-<br />

« <strong>de</strong>ssous du puits (1554) 3<br />

».<br />

CV. — HAUBERGIER (Rue du).<br />

Ante vicum Haubergière (1238). — « In vico Haubergier »<br />

(1285). — « In vico Haubergière » (1293). — « Rue Hauber­<br />

gière, près le four du Temple (1393) 4<br />

»<br />

1<br />

Afforty, VII, 4018 et 4019.<br />

2<br />

Afforty,XVIII, 437.<br />

3<br />

Jaulnay, 576. — Afforty, XII, 7335 en 1532 ; 7452.<br />

4<br />

Afforty, II, 894 ; IV 2258 : Lettres d'amortissement <strong>de</strong> St-Lazare datée<br />

<strong>de</strong> Pont-Sainte-Maxence en 1293; XVI, 461; XIX, 540.


Cette rue a reçu quelquefois les dénominations sentimentales<br />

<strong>de</strong> rue aux Bergères (1676), rue du Haut-Berger, etc.<br />

Elle doit sa véritable appel<strong>la</strong>tion, peut-être à quelque fief<br />

(<strong>de</strong> Haubert) qu'y possédait un haubergier, lequel était un<br />

gentilhomme dont le privilège était <strong>de</strong> servir son seigneur,<br />

vêtu du haubert ou cotte <strong>de</strong> mailles ; — peut-être au domicile<br />

qu'y avaient élu <strong>de</strong>s haubergiers, fabricans <strong>de</strong> hauberts, état<br />

aussi honoré qu'important au XV e<br />

siècle, où toutes les troupes<br />

portaient cette tunique en mailles <strong>de</strong> fer. Chambly, qui a été<br />

longtemps un <strong>de</strong>s arsenaux importants <strong>de</strong> <strong>la</strong> France, reçut ainsi<br />

le nom <strong>de</strong> haubergier, à cause <strong>de</strong>s cottes d'armes qu'il fabri­<br />

quait. Sic Puiseux etc.<br />

« En cette rue », dit <strong>la</strong> Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, « les marguil-<br />

« liers <strong>de</strong> Saint-Aignan pour leur maison qui fut au seigneur<br />

« <strong>de</strong> Chantilly, etc 1<br />

». C'était une <strong>de</strong>s appartenances du fief<br />

<strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong> que le chapitre avait acheté en 1239.<br />

L'on remarque encore à l'angle formé par cette rue et <strong>la</strong><br />

rue Sainte-Geneviève, une charmante construction du XVI e<br />

siè­<br />

cle. Après avoir salué une statue qu'un sculpteur inconnu a<br />

engagé entre un fût <strong>de</strong> colonne cannelée et un dais, entrez dans<br />

<strong>la</strong> cour. Une porte surbaissée dont les moulures sont ornées <strong>de</strong><br />

pampres et les acco<strong>la</strong><strong>de</strong>s soutenues par <strong>de</strong>s statuettes, donne<br />

accès à un escalier à vis qui serpente dans une tour hexagone.<br />

Les appartements sont éc<strong>la</strong>irés par <strong>de</strong>s fenêtres à meneaux.<br />

Un beau puits est creusé dans un coin. Les caves voutées<br />

s'éten<strong>de</strong>nt sous trois rues.<br />

Cette belle maison et d'autres, rue <strong>de</strong> Beauvais, rue <strong>de</strong><br />

Paris, etc., rappellent <strong>de</strong> nouveau les admirations <strong>de</strong> Jean<br />

<strong>de</strong> Jandun : « Etre à <strong>Senlis</strong>, c'est habiter <strong>de</strong> magnifiques<br />

« <strong>de</strong>meures dont les murs vigoureux sont bâtis, non <strong>de</strong> plâtre<br />

« fragile, mais <strong>de</strong>s pierres les plus dures, les plus choisies, dis-<br />

1<br />

Dom Grenier, t. CLXV,.p 244. — Afforty, IV, 2127 à 2142 : Transaction<br />

pour <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> touchant les lots et ventes <strong>de</strong>s maisons estant en <strong>la</strong><br />

censive du chapitre, etc. Là, 2133, indication du fief <strong>de</strong> Ga<strong>la</strong>n<strong>de</strong>.


« posées avec une industrieuse habileté et dont les caves<br />

« etc. »<br />

Notre ville, — c'est une question qui m'obsè<strong>de</strong> tristement,<br />

— notre ville a-t-elle gagné en goût artistique ? Hé<strong>la</strong>s! il faut<br />

l'avouer, plus d'un vieux nom senlisien 1<br />

, en s'éteignant, est<br />

<strong>de</strong>meuré sans successeur dans l'amour <strong>de</strong>s belles prodigalités;<br />

une vie politique mal dirigée a remp<strong>la</strong>cé chez beaucoup le<br />

culte aimable <strong>de</strong>s lettres et <strong>de</strong>s arts; <strong>la</strong> pédagogie actuelle<br />

tend peut-être plus à charger les mémoires qu'à développer <strong>la</strong><br />

raison et donner <strong>de</strong> l'essor à l'âme ..<br />

« Que Dieu multiplie parmi nous <strong>la</strong> race <strong>de</strong> ces hommes qui<br />

« trouvent dans <strong>la</strong> richesse <strong>de</strong> <strong>la</strong> vertu et <strong>la</strong> paix du foyer, <strong>la</strong><br />

« passion du beau ! » 2<br />

.<br />

CVI. — HEAUME (Rue du).<br />

Cette rue doit-elle son nom à une enseigne, heaume, casque<br />

fermé en fer mince et battu qui était réservé aux chevaliers,<br />

— à Luzarches, « intersignum » enseigne du Heaulme 3<br />

, — ou<br />

bien au séjour que semb<strong>la</strong>ient y faire <strong>de</strong> préférence les armu-<br />

riers-heaumiers, lesquels fabriquaient les armes défensives,<br />

comme casques, cuirasses, brassards? L'on sait qu'une rue <strong>de</strong><br />

Paris, au haut <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Saint-Denis, <strong>de</strong>vait son appel<strong>la</strong>tion,<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> heaumerie, au domicile que les heaumiers y avaient<br />

choisi. En outre, si Paris et Beauvais étaient, avec Poitiers,<br />

1<br />

Je citerai parmi les morts M. Bruslé, dont l'éloge n'est point à faire.<br />

L'on trouvera dans <strong>la</strong> cathédrale <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, dans <strong>la</strong> salle <strong>de</strong> Saint-Maurice<br />

(chez Mme Philibert Turquet), dans les églises <strong>de</strong> Montlévêque, <strong>de</strong> Saint-<br />

Léonard, <strong>de</strong> Chamant, etc., <strong>de</strong>s preuves d'un goût pur, aidé par une étu<strong>de</strong><br />

opiniâtre.<br />

2<br />

Homines divites in virtute, pulchritudinis studium habentes, pacificantes<br />

in domibus suis. Eccli. XLIV, 6.<br />

3<br />

Afforty, VI, 3185; XX, 481; XXI, 552 : Arrêt du Parlement pour les<br />

échevins contre les religieuses <strong>de</strong> l'Hôtel-Dieu.


Bourges et Toulouse, réputés pour l'excellence <strong>de</strong> leur fabri­<br />

cation d'armes, n'est-il point fort acceptable que <strong>Senlis</strong>, situé<br />

entre ces <strong>de</strong>ux villes, ait eu aussi ses heaumiers célèbres?<br />

L'auteur du Roman du chariot <strong>de</strong> Nîmes, qui ap<strong>partie</strong>nt au<br />

XIV e<br />

siècle, mentionne, parmi les branches du commerce sen-<br />

lisien, <strong>la</strong> fabrication <strong>de</strong>s heaumes l<br />

.<br />

1390. Maison du Heaulme. — Un censier <strong>de</strong> l'abbaye <strong>de</strong><br />

Saint-Vincent cite l'hostel du Heaulme « faisant coin sur<br />

« <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Paris. » — Un titre <strong>de</strong> 1629 rappelle une maison<br />

« rue <strong>de</strong> Paris entre les maisons du Heaulme et du barbeau 2<br />

.»<br />

« N° 3 », dit Graves, « maison en pierre, à fenêtres traver-<br />

« sées par <strong>de</strong>s meneaux croisés simples, escalier en tourelle<br />

« hexagone 3<br />

».<br />

La situation <strong>de</strong> cette rue du Heaume évoque naturellement<br />

un <strong>de</strong>s souvenirs les plus dramatiques <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, le<br />

passage <strong>de</strong>s Jacques dans nos murs et surtout <strong>la</strong> défense<br />

qu'opposa <strong>la</strong> ville aux rancunes <strong>de</strong>s seigneurs. L'on me per­<br />

mettra d'emprunter à Jean <strong>de</strong> Venette et aux Gran<strong>de</strong>s Chro­<br />

niques ce récit :<br />

« Les paysans <strong>de</strong>s environs <strong>de</strong> Saint-Leu-d'Esserent et <strong>de</strong><br />

« Clermont, voyant que les maux et les exactions qui leur ar-<br />

« rivaient <strong>de</strong> toutes parts », <strong>de</strong> l'étranger, <strong>de</strong>s nobles qui, au<br />

lieu <strong>de</strong> les protéger, se faisaient leurs plus impitoyables<br />

ennemis, « s'assemblèrent en gran<strong>de</strong> multitu<strong>de</strong> et élirent<br />

« pour capitaine un paysan <strong>de</strong> Mello, plus rusé (magis astu­<br />

« tum), Guil<strong>la</strong>ume Karle »,Cale ou Callet.<br />

Après avoir porté <strong>la</strong> fureur, <strong>la</strong> dévastation et le massacre,<br />

partout, au châtel « très fort » d'Ermenonville, dont le sei­<br />

gneur, Robert <strong>de</strong> Lorris, « par paour regnia se gentillesse », à<br />

Thiers, et transformé vite en infamie « ce qu'ils avaient com-<br />

' Dom Grenier, t. CLXV, p. 108.<br />

2<br />

Afforty, VI, 8185, 542 en 1390 : Arrêt du Parlement.<br />

3<br />

Graves, p. 175.


« mencé, ce semble, avec un certain zèle <strong>de</strong> justice », ils arri­<br />

vèrent <strong>de</strong>vant <strong>Senlis</strong>.<br />

<strong>Senlis</strong>, — soit épouvante, soit opportunisme, « beaucoup <strong>de</strong><br />

« riches hommes », pense M. Vatin, « cherchant à se mêler à<br />

« eux pour diriger le mouvement», — ouvrit ses portes, héber­<br />

gea les gens « du p<strong>la</strong>t pays », reçut pour capitaine un <strong>de</strong><br />

leurs chefs, Jean <strong>de</strong> Ville, qui <strong>de</strong>vait mourir à Noyon (1358),<br />

et grossit leurs ban<strong>de</strong>s <strong>de</strong> « gens <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité » qui « allèrent »,<br />

dit le moine <strong>de</strong> Saint-Denis « en leur compaignie. »<br />

De là, après <strong>la</strong> défaite <strong>de</strong>s Jacques à Montdidier, <strong>la</strong> mort<br />

tragique <strong>de</strong> leur chef, l'incendie <strong>de</strong> Verberie, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix-<br />

Saint-Ouen et <strong>de</strong> Meaux, un désir chez les nobles <strong>de</strong> se ven­<br />

ger aussi <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. Alors, dit Jean <strong>de</strong> Venette, « les dits<br />

« nobles vinrent en gran<strong>de</strong> multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Meaux vers <strong>la</strong> cité <strong>de</strong><br />

« <strong>Senlis</strong> pour s'en emparer. Mais les citoyens <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> prirent<br />

« merveilleusement leurs précautions, car ils p<strong>la</strong>cèrent <strong>de</strong>s<br />

« chariots tout préparés au haut et à l'entrée d'une gran<strong>de</strong><br />

« rue, qui a une montée quelque peu rai<strong>de</strong>, et choisirent <strong>de</strong>s<br />

« hommes robustes qui dirigeraient et pousseraient fortement<br />

« ces chariots contre les ennemis s'avançant par cette rue.<br />

« Ils mirent aussi secrètement, dans les maisons, <strong>de</strong>s hommes<br />

« armés qui <strong>de</strong>vaient à l'improviste les attaquer vivement à<br />

« leur entrée. Des femmes même avaient charge <strong>de</strong> verser<br />

« sur eux <strong>de</strong>s fenêtres <strong>de</strong>s flots d'eau bouil<strong>la</strong>nte. Toutes ces<br />

« habiles précautions étant prises, nos nobles arrivèrent et<br />

« poussant <strong>de</strong>s c<strong>la</strong>meurs à <strong>la</strong> porte [<strong>de</strong> <strong>la</strong> ville extérieure] qui<br />

« est dans <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> Paris, <strong>de</strong>mandèrent au nom du roi<br />

« leur maître, qu'on leur ouvrit les portes..., mais par témérité<br />

« personnelle et fausse audace. Or les habitants précautionnés,<br />

« ayant avec eux quelques nobles qu'ils avaient appelés à leur<br />

« ai<strong>de</strong>, ouvrent leurs portes...» Suivent l'orgueil <strong>de</strong>s envahis­<br />

seurs et <strong>la</strong> déroute. «Ainsi», ajoute le fidèle narrateur, « ceux<br />

« qui purent s'échapper furent contraints piteusement <strong>de</strong> fuir et<br />

« <strong>de</strong> s'en retourner jusqu'à Meaux raconter leur triste aventure,


« à <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> joie <strong>de</strong> tous : pour ceux qui <strong>de</strong>meurèrent morts,<br />

« ils ne nuiront plus désormais à <strong>la</strong> race <strong>de</strong>s Silvanectes 1<br />

Je n'insisterai pas sur les motifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> Jacquerie , les<br />

égoïsmes qui éc<strong>la</strong>tèrent vite au milieu <strong>de</strong> ce vaste mouvement,<br />

<strong>la</strong> lutte entre les repus et les inassouvis, les causes <strong>de</strong> <strong>la</strong> défaite<br />

<strong>de</strong>s Jacques, les sentiments avec lesquels Jean <strong>de</strong> Venette les<br />

juge. Ce qui nous est plus personnel, c'est le nom <strong>de</strong> Robert <strong>de</strong><br />

Lorris, le sang-froid énergique <strong>de</strong>s <strong>Senlis</strong>iens et <strong>la</strong> topogra­<br />

phie <strong>de</strong> ce combat <strong>de</strong> rues. La rue « gran<strong>de</strong>, ayant une montée<br />

« quelque peu rai<strong>de</strong> », semble être <strong>la</strong> Vieille Rue <strong>de</strong> Paris; les<br />

assiégeants, quoique venant <strong>de</strong> Meaux, entrent dans <strong>Senlis</strong> par<br />

<strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Paris, soit parce que <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Meaux était lors<br />

murée, soit parce que les <strong>Senlis</strong>iens, trouvant cette route plus<br />

avantageuse à leur p<strong>la</strong>n, leur avaient offert <strong>de</strong> s'y risquer ; les<br />

rues <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce aux Veaux, du Long-Filet, du Heaume, ser­<br />

virent <strong>de</strong> lieux d'embusca<strong>de</strong>.<br />

CVII. — HENRI IV (P<strong>la</strong>ce).<br />

Le nom du bon roi Henri IV restera, malgré les ingratitu<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>s temps et les nouveautés <strong>de</strong>s systèmes politiques, indisso-<br />

1<br />

Voir, si l'on veut étudier en particulier cette époque, Chronique <strong>de</strong> St-<br />

Denys. — Afforty, II, 864; XVIII, 619, 624, en août-septembre 1358, lettres<br />

<strong>de</strong> rémission <strong>de</strong> Charles, régent <strong>de</strong> France, en faveur <strong>de</strong> Nico<strong>la</strong>s Dufour dit<br />

Mallin, <strong>de</strong> Fouilleuses ; — <strong>de</strong> Germain <strong>de</strong> Rivellon, <strong>de</strong> Sacy-le-Grand, officier<br />

du comte <strong>de</strong> Montfort, lequel avait été obligé d'être le capitaine <strong>de</strong>s<br />

Jacques un <strong>de</strong>mi-jour et une nuit, lorsque leur capitaine général était <strong>de</strong>vant<br />

Ermenonville; — <strong>de</strong> Philippe <strong>de</strong> Bosquillon, d'Avregny, qui, pour avoir été<br />

un jour leur capitaine, vit « sa maison brûlée par les nobles et sa femme et<br />

« ses enfants obligés d'errer misérablement dans les bois » ; — d'Etienne,<br />

Velou, <strong>de</strong> Jaux, forcé par <strong>la</strong>dite paroisse qui l'avait nommé, d'être lieutenant<br />

du capitaine; — <strong>de</strong> Jean-le-Grand, <strong>de</strong> Jaux; — <strong>de</strong> Jean Bernier, <strong>de</strong> Villers-<br />

Saint-Paul : Jean Bernier, <strong>de</strong> Montataire, fut tué pour avoir refusé <strong>de</strong> suivre<br />

les gens « du p<strong>la</strong>t pays » ; — <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong> Ville, capitaine <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, non payé,<br />

tué à Noyon, etc.— Com. Arch., II, 7.<br />

V 27<br />

».


lublement lié à celui <strong>de</strong> notre cité, et l'usage <strong>de</strong>meurera <strong>de</strong><br />

dire indifféremment : « p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> l'Hôtel-<strong>de</strong>-Ville ou p<strong>la</strong>ce<br />

« Henri IV ». Des dévouements que notre siècle ne comprend<br />

plus, lui obtinrent <strong>la</strong> possession <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>; une résistance, illus­<br />

trée par d'émouvantes bravoures, <strong>la</strong> conserva entre ses mains ;<br />

une affection spéciale du vainqueur d'Arques lui inspira d'écrire<br />

dans une charte <strong>de</strong> 1590 : « Mon heur a prins son commence-<br />

« ment en <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>... » ; sa bonne humeur et ses traits<br />

d'esprit ont souvent égayé l'hôtel <strong>de</strong> Saint-Péravi et <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce<br />

<strong>de</strong> Creil ; et, ce qui me semble un fait plus digne encore d'être<br />

retenu, il rêvait pour ses sujets <strong>la</strong> poule au pot chaque<br />

dimanche !<br />

Cette p<strong>la</strong>ce est appelée souvent dans les vieux titres : p<strong>la</strong>ce<br />

du Change et reçoit aujourd'hui, avec le nom <strong>de</strong> Henri IV,<br />

celui <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> l'Hôtel-<strong>de</strong>-Ville. Voir pour l'expression<br />

p<strong>la</strong>ce du Change le chapitre Apport-au-Pain.<br />

Le testament <strong>de</strong> l'archidiacre du Change, lequel est daté <strong>de</strong><br />

1358, mentionne un legs « sur les maisons <strong>de</strong> Jean le Gaigneur<br />

« (Lucrator), lesquelles sont situées <strong>de</strong>vant les changes auprès<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> <strong>la</strong> courcelle (courcelli) 1<br />

». Jean le Gaigneur,<br />

lequel s'était probablement enrichi dans le métier <strong>de</strong> changeur,<br />

avait voulu remercier Dieu en <strong>la</strong> personne <strong>de</strong>s pauvres, <strong>de</strong> son<br />

heureuse fortune : les bonshommes <strong>de</strong> l'hôpital <strong>de</strong>s Carmes lui<br />

<strong>de</strong>vaient leur venue (1303) à <strong>Senlis</strong>. La date <strong>de</strong> 1311 rappelle<br />

un arrêt du Parlement confirmant un jugement du prévôt <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong> pour Guil<strong>la</strong>ume le Gaingneur, contre Jean le Bouteiller<br />

le jeune. Un testament <strong>de</strong> Marie, femme <strong>de</strong> Jean d'Avesnes,<br />

fille <strong>de</strong> Oudart le Gaigneur (1348), rapporte que Oudart reçut<br />

<strong>la</strong> sépulture à Saint-Aignan 2<br />

.<br />

Outre les hôtels que nous avons indiqués déjà, le passant<br />

saluait une maison <strong>de</strong>vant les Changes, tenant à l'hôtel <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Courcelle où pend pour enseigne le chapeau rouge (1408) ; —<br />

1<br />

2<br />

Afforty, XVIII, 605; XX, 226.<br />

Afforty, XVIII, 391 : Testament <strong>de</strong> Marie d'Avesnes.


le vert bois (1755) à l'angle <strong>de</strong>s rues <strong>de</strong> Beauvais et aux<br />

Fromages ; — <strong>la</strong> tour (1540), rue aux Fromages, au coin « <strong>de</strong><br />

Port-au-Pain»; — le mortier <strong>de</strong>vant l'Hôtel-<strong>de</strong>-Ville<br />

(1704) l<br />

.<br />

1594. « Madame d'Angoulesme estant audit <strong>Senlis</strong>, Monsieur<br />

« le Chancelier et autres seigneurs du conseil qui avoient eu<br />

« lettres <strong>de</strong> sa majesté pour faire chanter le Te Deum, ledit<br />

« sieur chancelier déféra l'honneur à <strong>la</strong>dite dame <strong>de</strong> mettre<br />

« <strong>la</strong> première torche pour allumer le feu <strong>de</strong> joie qui fut préparé<br />

« <strong>de</strong>vant l'hôtel <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite ville 2<br />

. »<br />

CVIII. — HOPITAUX.<br />

Voici les hôpitaux ou Maisons-Dieu, hospitium Dei, hospi-<br />

talis domus Dei, domus hospitalis pauperum Dei, domus infir-<br />

morum 3<br />

, xenodochium 4<br />

etc., qui ont illustré le sol <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> :<br />

l'hôpital Saint-Martin,—l'Hôtel-Dieu,—l'hôpital Saint-Louis,<br />

— l'hospice Saint-Jean <strong>de</strong> Jérusalem ; — Saint-Lazare ; — les<br />

Boüettes ; — et <strong>la</strong> Charité 5<br />

.<br />

Des documents divers <strong>de</strong> 1340-1359 ; <strong>de</strong>s testaments du cha­<br />

noine Jean <strong>de</strong> Pie<strong>de</strong>leu, <strong>de</strong> Saint-Just (1353) 6<br />

, <strong>de</strong> Simon<br />

1<br />

Afforty, VIII, 4145. — Inventaire <strong>de</strong> l'Hôtel-Dieu <strong>de</strong> 1758.<br />

2<br />

Afforty, XII, 7568.<br />

3<br />

Remarquer ces formules qui expriment toutes un sentiment profondément<br />

chrétien et révèlent avec précision <strong>la</strong> pensée qui inspirait nos pères<br />

lorsqu'ils fondaient ou dotaient <strong>de</strong>s hôpitaux. Pourquoi renier tout ce passé<br />

en bannissant le prêtre <strong>de</strong> l'administration <strong>de</strong>s hospices ?<br />

4<br />

Charte d'Amaury en faveur <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s-d'Acy en 1166.<br />

5<br />

Les hôpitaux reçurent quelquefois le nom <strong>de</strong> : Tables du Saint-Esprit,<br />

communes pauvretés, aumônes communes, etc.<br />

6<br />

Afforty, XVIII, 106 , 483, l 610; Jean <strong>de</strong> Pie<strong>de</strong>leu, chanoine <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />

trésorier <strong>de</strong> Saint-Pierre <strong>de</strong> Lisle, lègue aux Mineurs, aux religieux<br />

<strong>de</strong> Saint-Remy ; 548 : Simon Moulliet légua, je traduis du <strong>la</strong>tin, « à l'in-<br />

« dulgence du haut pas, <strong>de</strong> alto passu, 10 sols parisis. Il légua à <strong>la</strong> con-<br />

« frérie <strong>de</strong> <strong>la</strong> bienheureuse Marie existant dans l'église <strong>de</strong> Saint-Rieul <strong>de</strong><br />

« <strong>Senlis</strong>, 5 sols parisis <strong>de</strong> revenu annuel et perpétuel sur une maison sise<br />

« en <strong>la</strong> Juirie. Il légua à <strong>la</strong> confrérie <strong>de</strong> <strong>la</strong> Conception existant en<br />

« l'église Saint-Jean, etc. etc. » 648 ; XIX, 265 à 274 : Testament <strong>de</strong> Raoul<br />

<strong>de</strong> Roquemont.


Moulliet (avant 1355), <strong>de</strong> Jeanne l'orfèvre (1366), <strong>de</strong> Raoul<br />

<strong>de</strong> Roquemont (1380), etc., énumèrent <strong>la</strong> Maison-Dieu , l'hôpi­<br />

tal Saint-Louis, l'hôpital Saint-Jean <strong>de</strong> Jérusalem, les lépreux<br />

<strong>de</strong> Saint-Lazare et les lépreux <strong>de</strong>s Boüettes.<br />

§ 1. * Hôpital Saint-Martin.<br />

En 1170, Louis-le-Jeune fondait pour les pauvres dans le<br />

faubourg Saint-Martin un hôpital qu'il enrichit <strong>de</strong>s dîmes<br />

<strong>de</strong> Néry et <strong>de</strong> Survilliers, d'un four banal à <strong>Senlis</strong> et <strong>de</strong><br />

l'usage du bois mort dans <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> Verneuil-sur-Oise. La<br />

charte <strong>de</strong> fondation <strong>de</strong> cette Maison-Dieu se trouve dans le<br />

cartu<strong>la</strong>ire 1<br />

: « In suburbio civitatis nostre silvanectensis<br />

« domum hospitalem ad hospitandum pauperes construi feci-<br />

« mus. »<br />

1177. Une concession <strong>de</strong> dîme que le même roi fait à l'Hôtel-<br />

Dieu <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, renferme ces formules : Nous donnons une<br />

portion <strong>de</strong>s dîmes <strong>de</strong> P<strong>la</strong>illy « à l'hôpital <strong>de</strong>s pauvres, situé<br />

« dans le faubourg <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, à côté <strong>de</strong> l'église Saint-Martin,<br />

« avec dix arpens <strong>de</strong> prés entre le buisson <strong>de</strong>s lépreux et le<br />

« monastère <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s. Fait en notre pa<strong>la</strong>is, en présence<br />

« du comte Thibault, notre sénéchal, <strong>de</strong> Guy le bouteiller, <strong>de</strong><br />

« Reginal le camérier, <strong>de</strong> Raoul le connétable, <strong>la</strong> chancellerie<br />

« étant vacante. »<br />

En 1187, le roi Philippe II mérita d'être compté au nombre<br />

<strong>de</strong>s bienfaiteurs <strong>de</strong> cet hôpital « domus Dei <strong>de</strong> Silvanectis ».<br />

En 1190, Guil<strong>la</strong>ume-le-Loup, frère <strong>de</strong> Gui le bouteiller,<br />

« avant <strong>de</strong> faire route vers Jérusalem », lègue du consente­<br />

ment <strong>de</strong> Gui et d'Isabelle, femme du bouteiller.... à l'hôtel<br />

<strong>de</strong> Saint-Michel dans Notre-Dame, à Chaalis, à Saint-Nico<strong>la</strong>s,<br />

à Saint-Remy, à Saint-Vincent, à Saint-Frambourg, à Saint-<br />

1<br />

Le cartu<strong>la</strong>ire enchaîné, AA, 9, parle <strong>de</strong> Saint-Lazare en 1025 et <strong>de</strong><br />

l'hôtellerie dans <strong>la</strong> cité pour héberger les pauvres. Charte <strong>de</strong> Louis VII.<br />

— Afforty, IV, 2084, 2089 : Extrait du cartu<strong>la</strong>ire enchaîné où Charte <strong>de</strong><br />

« l'ostelerie » ; XI, 5813 ; XIV, 448 : Hôtel-Dieu <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> (1170).


Rieul, à Saint-Evremond, aux religieuses <strong>de</strong> Rouvroy..., aux<br />

infirmes <strong>de</strong> Survilliers, <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, <strong>de</strong> Creil, <strong>de</strong> Pont, <strong>de</strong> Verbe-<br />

rie et <strong>de</strong> Béthisy, à l' hôpital <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, auprès <strong>de</strong> Saint-Mar­<br />

tin..., à l'Eglise <strong>de</strong> Saint-Sanctin..., à l'hôpital <strong>de</strong> Saint-Jean<br />

<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>..., a l'église <strong>de</strong> Sainte-Bathil<strong>de</strong> (Batildis) 1<br />

.<br />

Voici un document qui ai<strong>de</strong>ra à fixer <strong>la</strong> situation <strong>de</strong> cet<br />

Hôtel-Dieu primitif : « Vigne et jardin <strong>de</strong>vant l'église Saint-<br />

« Martin hors <strong>Senlis</strong> à l'opposite du lieu dit l'ancien Hostel-<br />

« Dieu, aboutant par <strong>de</strong>rrière à l'abbesse <strong>de</strong> Saint-Remy<br />

« (1432) 2<br />

».<br />

Cet Hôtel-Dieu <strong>de</strong> Saint-Martin quitta le faubourg au com­<br />

mencement du XIII e<br />

siècle pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à <strong>la</strong> proximité du<br />

château une protection. En effet, une charte <strong>de</strong> 1208 <strong>de</strong>s<br />

« maïeur Henri, pairs et jurez <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />

« au sujet <strong>de</strong> <strong>la</strong> construction <strong>de</strong>s bâtiments <strong>de</strong> l'Hôtel-Dieu,<br />

« rue <strong>de</strong> Paris 3<br />

» [du Châtel] fixe d'une manière certaine <strong>la</strong><br />

date <strong>de</strong> son nouvel établissement. Il y est dit que Pierre Lesche<br />

[Leschians] chevalier, avait commencé à bâtir sans l'avis du<br />

Chapitre, que <strong>de</strong>ux maisons voisines, appartenant à Guil<strong>la</strong>ume<br />

<strong>de</strong> Chavercy, furent données, etc.<br />

§ II. Hôtel-Dieu, Hôtel-Dieu <strong>de</strong> Gal<strong>la</strong>n<strong>de</strong> ou Ma<strong>de</strong>leines.<br />

Cet Hôtel-Dieu semble bien <strong>la</strong> continuation <strong>de</strong> l'hôpital Saint-<br />

Martin, car cet Hôtel-Dieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Paris ou du Châtel<br />

montrait parmi ses titres <strong>de</strong> noblesse, à côté <strong>de</strong>s vidimus <strong>de</strong><br />

Raoul <strong>de</strong> Florent, clerc du bailli (1410), <strong>de</strong> Jean II (1352), <strong>de</strong><br />

Louis le Hutin (1315), <strong>la</strong> « Chartre <strong>de</strong> fondation <strong>de</strong> l'Hôtel-<br />

1<br />

Afforty, VI, 3155, 3158 et suiv.; VII, 3703 : Charte <strong>de</strong> Geoffroy, évêque<br />

<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume, abbé <strong>de</strong> Chaalis. Sceaux représentants, etc.;<br />

XIV, 539, 572, 805 : Consentement <strong>de</strong> Gui le Bouteiller et d'Isabelle, sa<br />

femme. Il y est parlé <strong>de</strong> l'autel Saint-Marcel à Notre-Dame.<br />

2<br />

Afforty, XXI, 191 : Comptes <strong>de</strong> Saint-Pierre.<br />

3<br />

Archives-<strong>Senlis</strong>, GG, 189. — Afforty, VII, 3503-3504 ; XV, 182.


« Dieu au faubourg par Louis le jeune en 1170 et <strong>la</strong> lettre<br />

« confirmative <strong>de</strong> Philippe I er<br />

en 1187 1<br />

.<br />

2. Dès 1223, l'Hôtel-Dieu est souvent dénommé « domus silva-<br />

« nectensis <strong>de</strong> Gal<strong>la</strong>ndia. » Pourquoi? Parce que les Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong>,<br />

seigneurs en <strong>partie</strong> <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, possédaient en cet endroit <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

ville qui s'appe<strong>la</strong> aussi quelquefois rue <strong>de</strong> Gal<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, un fief im­<br />

portant; parce que, surtout, ils eurent pour « <strong>la</strong> maison <strong>de</strong><br />

« l'hospitalité <strong>de</strong>s pauvres du Christ » <strong>de</strong>s générosités particu­<br />

lières. Robert <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong> entr'autres, et sa mère, Idoine <strong>de</strong><br />

Trie, lui donnent six arpents <strong>de</strong> terre (1227) 2<br />

. Inutile <strong>de</strong> rap­<br />

peler que le Christ fut l'inspirateur, au moyen âge, <strong>de</strong> toute<br />

gran<strong>de</strong> œuvre, comme il <strong>de</strong>meure aujourd'hui <strong>la</strong> condition<br />

nécessaire <strong>de</strong> sa durée.<br />

1225. Le testament <strong>de</strong> Louis VIII, <strong>de</strong> l'année 1225, contient<br />

ces dispositions : « Nous donnons et léguons à <strong>de</strong>ux cent<br />

« maisons-Dieu 20,000 livres, à savoir à chacune 100 livres.<br />

« Item à 2,000 <strong>de</strong>s maisons <strong>de</strong> lépreux 10,000 livres, à savoir<br />

« à chacune d'elles 10 sols. Item à l'abbaye <strong>de</strong> Sainte-Marie-<br />

« <strong>de</strong>-<strong>la</strong>-Victoire près <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> 1,000 livres, outre les revenus<br />

1<br />

Afforty, IV, 2089 : Chartre <strong>de</strong> l'ostellerie, Extrait du cartu<strong>la</strong>ire enchaîné<br />

; VI, 3155 : Titres concernant le prieuré <strong>de</strong> <strong>la</strong> Mag<strong>de</strong>leine ; XIV, 448;<br />

XXIII, 823. — Voir notes <strong>de</strong> l'hôpital Saint-Martin.<br />

2<br />

Afforty, VII, 3487 : Acquisitions <strong>de</strong> vignes en 1213 à Trumtyacourt et<br />

<strong>de</strong> cens à Mogneville : « Ego Odo Choles et Ego Byatrix <strong>de</strong> Hou<strong>de</strong>ncourt,<br />

où sont cités Gui III <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, époux <strong>de</strong> Marguerite <strong>de</strong> Clermont, — Gui<br />

IV, leur fils, — Raoul, troisième fils <strong>de</strong> Gui IV, seigneur <strong>de</strong> Luzarches, —<br />

Anseau le bouteiller et Jeanne, enfants <strong>de</strong> Raoul, — Guérin <strong>de</strong> Lorris<br />

(1386), — Marguerite <strong>de</strong> Pacy, <strong>de</strong>uxième femme <strong>de</strong> Gilles Gallois (1386),<br />

etc ; — 3487 : Partage <strong>de</strong> biens entre <strong>de</strong>ux frères dont l'un s'est donné à<br />

l'Hôtel-Dieu (1223), où il est parlé <strong>de</strong> Britonia, aqua britoniae, p<strong>la</strong>tea<br />

Britoniae (bretonnerie), domus silvanectensis <strong>de</strong> Gal<strong>la</strong>ndia, domus leprosorum,<br />

fons Rocendae, pons Hermeri (Pontarmé), vallis <strong>de</strong> Sottemont, Vietel,<br />

vil<strong>la</strong> viridis; 3503 : Saisine <strong>de</strong> 6 arpents <strong>de</strong> terre donnés à l'Hôtel-Dieu<br />

par Robert <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong> et sa mère, Idoine <strong>de</strong> Trie (1227), domus hospitalitatis<br />

pauperum Christi ; 3506 et 3507 : Héritages à Angicourt (1239), à <strong>la</strong><br />

p<strong>la</strong>ce du marché (1261). — Pierre le Queux, chevalier... à Néry (1265)..;<br />

XV, 430 en 1223 ; 703 en 1231 : Marguerite bouteillère <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>.


« que nous lui avons donnés Nous constituons pour exé-<br />

« cuteurs <strong>de</strong> notre testament... nos amés et fidèles les évê-<br />

« ques <strong>de</strong> Chartres, <strong>de</strong> Paris et <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> avec l'abbé <strong>de</strong> Saint-<br />

« Victor 1<br />

.»<br />

1226. Le procès verbal d'une enquête, que Bonviller et<br />

Dizieux feront à l'Hôtel-Dieu en 1527, mentionne que l'Hôtel-<br />

Dieu fut fondé par saint Louis. J'avoue que cette tradition<br />

semble grossir encore les ténèbres qui couvrent les premières<br />

origines <strong>de</strong> nos établissements hospitaliers. Je croirais volon-<br />

tier que saint Louis fut un <strong>de</strong>s insignes bienfaiteurs <strong>de</strong> l'Hôtel-<br />

Dieu, qu'il dut plus d'une fois l'honorer <strong>de</strong> ses visites et que les<br />

rapporteurs ont substitué au nom <strong>de</strong> Louis VI le nom plus<br />

illustre <strong>de</strong> Louis IX.<br />

3. Quelle était <strong>la</strong> vie intérieure <strong>de</strong> l'Hôtel-Dieu? La charte<br />

<strong>de</strong> fondation témoigne qu'il fut <strong>de</strong>sservi d'abord par douze re­<br />

ligieuses qui vivaient en commun sous <strong>la</strong> règle et observance<br />

<strong>de</strong> Saint-Augustin ; <strong>de</strong>s chape<strong>la</strong>ins veil<strong>la</strong>ient aux intérêts <strong>de</strong>s<br />

âmes; <strong>de</strong>ux sœurs <strong>la</strong>ïques aidaient dans le soin <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s.<br />

L'Hôtel-Dieu reçut <strong>de</strong> bonne heure le vocable <strong>de</strong> prieuré <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Ma<strong>de</strong>leine : « Et se nommoit <strong>de</strong> toute ancienneté le couvent, où<br />

« <strong>de</strong>meurent les dites religieuses, le prieuré <strong>de</strong> Sainte-Mag<strong>de</strong>-<br />

« <strong>la</strong>ine » (1527). Ma<strong>de</strong>leine n'avait-elle point appliqué à<br />

l'humanité souffrante <strong>de</strong> Jésus-Christ les parfums qu'elle avait<br />

jusque-là dépensés pour <strong>la</strong> vanité? La visite <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison était<br />

réservée à l'évêque. L'expression « frère Robert, maître <strong>de</strong><br />

« l'Hôtel-Dieu (1223) 2<br />

» démontre que le prieuré avait, outre<br />

les religieuses <strong>de</strong> <strong>la</strong> fondation, <strong>de</strong>s frères administrateurs. L'on<br />

verra aux dates <strong>de</strong> 1524, 1548 et 1696 les changements que les<br />

1<br />

Afforty, VII, 3660 ; XV. 500. — Voir le Grand aulmosnier <strong>de</strong> France,<br />

par Séb. Rouilliard p. 221, 237, 241, 245, 269 et 220 où notes sur les testaments<br />

<strong>de</strong> Philippe Auguste, <strong>de</strong> Louis VIII, <strong>de</strong> Philippe-le-Hardi (1284) et<br />

<strong>la</strong> correction <strong>de</strong>s hôpitaux en 1455,1543, etc.<br />

2<br />

Afforty, VII, 3487: Partage supra; XV, 451 : Partage <strong>de</strong> biens entre <strong>de</strong>ux<br />

frères dont l'un s'était donné à l'Hôtel-Dieu (1223); XXIII, 823, où enquête<br />

faite au sujet <strong>de</strong> l'Hôtel-Dieu en 1527. Il est dit que l'Hôtel-Dieu fut fondé


exigences <strong>de</strong>s temps et <strong>la</strong> sollicitu<strong>de</strong> pour les pauvres durent<br />

amener.<br />

4. Plusieurs documents du XIV e<br />

siècle attestent les égards<br />

qu'il était dans les mœurs publiques du temps d'avoir pour les<br />

maisons Dieu. Je cite au hasard : 1338. Philippe <strong>de</strong> Valois<br />

défend à ses fourriers d'exiger quelque vivre ou re<strong>de</strong>vance <strong>de</strong><br />

l'Hôtel-Dieu <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> l<br />

. — 1339. Jean Folligne ou <strong>de</strong> Folignie,<br />

neveu <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong> Folignie, marguillier <strong>de</strong> Notre-Dame dans <strong>la</strong><br />

ville <strong>de</strong> Baron « in vil<strong>la</strong> <strong>de</strong> Berrone », où il <strong>de</strong>meure, légue...<br />

aux frères mineurs, à <strong>la</strong> confrérie <strong>de</strong> Notre-Dame, à l'église<br />

<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, à chaque pauvre gisant dans <strong>la</strong> « maison-Dieu <strong>de</strong><br />

« <strong>Senlis</strong> pour cause d'infirmité, 12 <strong>de</strong>niers pour le jour <strong>de</strong><br />

« son inhumation 2<br />

». — 1340. Raoul <strong>de</strong> Borest, chanoine,<br />

fait <strong>de</strong>s dispositions semb<strong>la</strong>bles en faveur <strong>de</strong> « <strong>la</strong> maison-<br />

« Dieu <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> dans le châtel ou rue dite du Châtel,<br />

« in Castro sive vico qui dicitur vicus castri ». — 1344. Jean,<br />

roi <strong>de</strong> France et <strong>de</strong> Navarre, ordonne à ses troupes <strong>de</strong> respecter<br />

les terres et avoir <strong>de</strong> l'Hôtel-Dieu. Les ruines <strong>de</strong> l'hôpital<br />

<strong>de</strong> Soissons rappellent une façon <strong>de</strong> guerre moins civilisée. —<br />

1358. Charles V, lors régent, fait remise à l'Hôtel-Dieu <strong>de</strong> 32<br />

écus d'or qui étaient dus pour une année du droit <strong>de</strong> barrage<br />

<strong>de</strong>s vins crus et amenés à <strong>Senlis</strong>, qu'on contraignait l'Hôtel-<br />

Dieu à payer « pour leurs vins qui sont or<strong>de</strong>nez à servir les<br />

« poures accouchées et les poures enfants qui <strong>de</strong> jour en jour<br />

« sont reçus pour l'amour <strong>de</strong> Notre-Seigneur-Jésus Christ ».<br />

Pierre l'Orfèvre était lors collecteur. — 1410. Voir hôpital<br />

<strong>de</strong> Saint-Lazare à cette date. — 1447. Réception que l'évê­<br />

que Jean Raphanel fait d'un frère et d'une sœur, André <strong>de</strong><br />

Gillebon, « citoyen <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> » et Sibylle. C'est à l'évêque<br />

par Saint Louis; suit le règlement avec les noms <strong>de</strong>s religieuses. L'enquête<br />

est signée par Bonviller et Dizieux, notaires.<br />

1<br />

Afforty, XV, 272, 314, 451, 475, 539,703, 713,905 ; XVIII, 36 : Lettres<br />

<strong>de</strong> Philippe <strong>de</strong> Valois.<br />

2 Afforty, XVIII, 82 : Testament fort intéresssant <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong> Folignie ;<br />

114 : Testament <strong>de</strong> Raoul <strong>de</strong> Borest, 618.


qu'ap<strong>partie</strong>nt « magistri, fratrum et sororum provisio, ins-<br />

« titutio, <strong>de</strong>stitutio ». Contrat entre Gillebon et l'Hôtel-Dieu<br />

qui reçoit « ung molin séant à Villevert », mobilier, literie,<br />

etc. Gillebon et Sibylle font à l'évêque serment « solennel et<br />

« <strong>de</strong> canonique obéissance, respect et soumission ». — 1456.<br />

Cierge fourni par les bouchers à l'Hôtel-Dieu. Robert-le-<br />

F<strong>la</strong>ment y était alors maître 1<br />

».<br />

5. « Le 20 juillet 1503 », je traduis du <strong>la</strong>tin capitu<strong>la</strong>ire,<br />

« Messieurs [du chapitre] permirent aux sœurs religieuses<br />

« vulgairement appelées les Mag<strong>de</strong>lenes <strong>de</strong> faire célébrer <strong>la</strong><br />

« messe à <strong>la</strong> prochaine fête <strong>de</strong> <strong>la</strong> bienheureuse Marie Ma<strong>de</strong>-<br />

« leine dans une certaine chapelle édifiée à neuf dans leur<br />

« maison, sauf le droit paroissial, etc 2<br />

». — Il y avait, vers<br />

cette époque (1515),à l'Hôtel-Dieu vingt-quatre lits « dans les-<br />

« quels les pauvres ont accoutumé <strong>de</strong> coucher. »<br />

6. La peste, ce fléau terrible qui semb<strong>la</strong>it alors prendre droit<br />

<strong>de</strong> cité à <strong>Senlis</strong>, avait vidé l'Hôtel-Dieu. L'année 1524 inau­<br />

gure pour <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> Gal<strong>la</strong>n<strong>de</strong> et <strong>de</strong>s Mag<strong>de</strong>leines une<br />

nouvelle existence. « Attendu, » dit un vieux registre, « que<br />

« <strong>de</strong>puis longtemps l'Hôtel-Dieu était gouverné par <strong>de</strong>s éche-<br />

« vins qui n'avaient pas soin <strong>de</strong>s pauvres ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s », que<br />

chacun se p<strong>la</strong>ignait vivement <strong>de</strong> <strong>la</strong> très mauvaise administra­<br />

tion que subissait l'Hôtel-Dieu <strong>de</strong>puis cinq ou six années,<br />

« étant gouverné par quelques femmes ou filles se disant reli-<br />

« gieuses, étrangères ou inconnues aux habitants, etc. »,<br />

Arthus Fillon rétablit <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>niers l'Hôtel-Dieu, met dix<br />

religieuses qu'il avait tirées en gran<strong>de</strong> <strong>partie</strong> <strong>de</strong>s hôpitaux <strong>de</strong><br />

Saint-Gervais et <strong>de</strong> Sainte-Catherine <strong>de</strong> Paris, et leur donne<br />

<strong>de</strong>s statuts. Notre époque ne semble-t-elle pas oublier le rôle<br />

que <strong>la</strong> religion a rempli dans l'histoire <strong>de</strong> nos hôpitaux et reve-<br />

1<br />

Afforty, IV, 2188 en 1456 ; VI, 3155 à 3403 où Titres concernant le<br />

prieuré <strong>de</strong> <strong>la</strong> Mag<strong>de</strong><strong>la</strong>ine; XX 288; VII, 3499-3501; XXI, 403; VII, 3516-<br />

3522 : Titres <strong>de</strong> l'Hôtel-Dieu ; XXI, 569.<br />

2<br />

Afforty, XI, 7259 : Chapelle <strong>de</strong>s Ma<strong>de</strong>leines réédifiée ; XXIII, 107, 458.


nir, par une impiété étourdie, aux errements dont nos pères<br />

gémissaient ? On lira avec p<strong>la</strong>isir en Afforty 1<br />

1<br />

Afforty, II, 837, vie intérieure en 1536; VI, 3155; VI, 3222 et suiv.;<br />

XII, 7331, 7348; XXIII, 722, 823 et suivantes. Réglement <strong>de</strong> Fillon XXIV,<br />

218. — Histoire <strong>de</strong>s évêques, p. 427. — Jaulnay, 550.<br />

2<br />

Afforty, VII, 3516 et suiv.; XXIII, 626 ; XXIV, 99. 1526. 25 février. Lettre<br />

du Roy au Chapitre pour transférer l'Hôtel-Dieu au lieu <strong>de</strong>s Bonhommes.<br />

Ce projet n'eut pas <strong>de</strong> suites. — Jaulnay, 566.<br />

3<br />

Jaulnay, 5173. — Afforty, XII, 7416 où détails intéressants sur <strong>la</strong><br />

réforme <strong>de</strong> l'administration <strong>de</strong> l'Hôtel Dieu; XIV, 159. — Com. Arch.., IX,<br />

LXI.<br />

un extrait <strong>de</strong>s<br />

statuts d'Arthus Fillon. Ce grand évêque réunissait toutes les<br />

gloires du lettré, <strong>de</strong> l'artiste, <strong>de</strong> l'organisateur, et, ce qui vaut<br />

mieux, du samaritain charitable.<br />

Sous une initiative aussi intelligente, l'Hôtel-Dieu retrouva<br />

son ancien éc<strong>la</strong>t; d'où, <strong>de</strong>s vocations, <strong>de</strong>s communions <strong>de</strong><br />

bonnes œuvres avec les Dominicains, un souci plus actif <strong>de</strong>s<br />

pauvres. Quelques traits : 1522, Jean Calvean lègue à l'Hôtel-<br />

Dieu 100 livres tournois. — 1531. « Acte <strong>de</strong> <strong>la</strong> profession <strong>de</strong><br />

« frère Nico<strong>la</strong>s <strong>de</strong> Geresme,à l'Hôtel-Dieu <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, ordre<br />

« <strong>de</strong> Saint-Augustin, <strong>de</strong>vant Bernard Hennequin, curé <strong>de</strong><br />

« Notre-Dame, Roberte <strong>de</strong> Saint-Gal, mère <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite maison.<br />

« Vœux <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r <strong>la</strong> rési<strong>de</strong>nce et d'obéir à l'évêque 2<br />

Libéralités <strong>de</strong> Geresmes. Sa mort le 4 décembre 1545. Son<br />

épitaphe. — 1539 Lettres <strong>de</strong> confraternité accordées par<br />

Simon Bernard, vicaire général <strong>de</strong>s frères prêcheurs, aux<br />

religieux <strong>de</strong> l'Hôtel-Dieu, Françoise Abessona mère...,<br />

Denyse <strong>de</strong> France, Roberte Petite..., frère Nico<strong>la</strong>s <strong>de</strong><br />

Geresme..., à cause <strong>de</strong> l'affection que portent les frères et<br />

sœurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ma<strong>de</strong>leine à l'ordre <strong>de</strong>s dominicains et « surtout<br />

« à leur couvent <strong>de</strong> Compiègne ».<br />

1549, avril. « L'administration du temporel fust ostée aux<br />

« religieuses et l'on choisit un habitant nommé Pierre Dugast<br />

« qui fut esleu maistre et administrateur <strong>de</strong>s biens et reve-<br />

« nus, etc. 3<br />

». — L'administrateur sera désigné par l'évêque<br />

et les gouverneurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. — Dugast me rappelle cette<br />

».


pierre tombale <strong>de</strong> Marie du Gast, transférée <strong>de</strong> Saint-Jean-au-<br />

Bois au Musée Vivenel, à Compiègne. Autour du portrait en<br />

pied gravé <strong>de</strong> Marie du Gast, on lit : Cy gist dévotte et<br />

Relligieuse Dame Marie du Gast natifve <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, pro­<br />

fesse <strong>de</strong> l'abbaie <strong>de</strong> Sainct Jehan <strong>la</strong>quelle aiant pris l'habit<br />

en l'Aage <strong>de</strong> 13 ans, a servy vertueusement a Dieu par les-<br />

pace <strong>de</strong> 6 ans, luy a rendu son Ame estant Aagée <strong>de</strong> 19 ans au<br />

regret <strong>de</strong> ses aultres sœurs le 3 novembre 1588. Dieu luy<br />

face paix en son paradis.<br />

1574. Lorsque le prieuré <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ma<strong>de</strong>leine est donné à Jeanne<br />

<strong>de</strong> Hervillé, religieuse professe <strong>de</strong> Maubuisson, à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong><br />

Guillemette <strong>de</strong> Saint-Gal décédée, « à <strong>la</strong> charge <strong>de</strong> nourrir les<br />

« ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s <strong>de</strong> l'Hôtel-Dieu 1<br />

», <strong>la</strong> commune fait ses réserves.<br />

Jeanne <strong>de</strong>vra rési<strong>de</strong>r dans <strong>la</strong> maison, exposer ses comptes tous<br />

les <strong>de</strong>ux ans, veiller au vrai bien <strong>de</strong>s pauvres, recevoir, quand<br />

il leur semblera bon, <strong>la</strong> visite <strong>de</strong>s administrateurs, etc.<br />

7. Il semble qu'à <strong>la</strong> fin du XVI e<br />

siècle, l'Hôtel-Dieu traver­<br />

sait une nouvelle crise, car un acte <strong>de</strong> 1595 mentionne qu'il<br />

n'avait à cette date que trois religieuses 2<br />

.<br />

Un arrêt du Parlement <strong>de</strong> 1629 confie sa direction à <strong>de</strong>ux<br />

notables habitants <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville et règle que le tiers <strong>de</strong>s revenus<br />

sera employé au sou<strong>la</strong>gement <strong>de</strong>s pauvres ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s.<br />

8. Libéralités <strong>de</strong>s évêques Pierre Chevallier, Nico<strong>la</strong>s San­<br />

guin et Denis Sanguin, — <strong>de</strong> Gérard, bourgeois <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville.<br />

1662. Union <strong>de</strong> <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> l'Hôtel-Dieu à l'hôpital<br />

Saint-Lazare 3<br />

. — Fondation <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison <strong>de</strong>s pauvres enfermés<br />

<strong>de</strong> Saint-Lazare et défense <strong>de</strong> mendier. — « Les ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s<br />

« <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>die formée seront reçus à l'Hôtel-Dieu. »<br />

9. 1696. Etablissement <strong>de</strong>s sœurs grises ou <strong>de</strong> Saint-Vin-<br />

1 Afforty, XII, 7543 ; XXV, 245.<br />

2 Afforty, XXV, 719.<br />

3 Arch. départ. G. 620. - Afforty, V, 2585; VI, 3145; VIII, 4238, 4244.


cent-<strong>de</strong>-Paul ; reliques <strong>de</strong> saint Vincent accordées par Denis<br />

Sanguin ; règlement <strong>de</strong> ces saintes filles ; leur dévouement l<br />

.<br />

10. 1713 à 1792. Les archives <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> contiennent un<br />

registre <strong>de</strong>s sépultures à l'Hôtel-Dieu 2<br />

.<br />

12. L'Hôtel-Dieu possédait <strong>de</strong>s dîmes à Néry, P<strong>la</strong>illy, Sur-<br />

villiers et Montmélian 3<br />

; — un four banal à <strong>Senlis</strong> ; — le droit<br />

<strong>de</strong> chauffage dans <strong>la</strong> forêt d'Ha<strong>la</strong>tte (confirmation royale <strong>de</strong><br />

1659) ; — le fief important <strong>de</strong> Chavercy, situé dans <strong>la</strong> ville et<br />

banlieue <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et relevant <strong>de</strong> <strong>la</strong> châtellenie <strong>de</strong> Chantilly,<br />

qui rappelle Pierre <strong>de</strong> Chavercy, Nivelon son fils (1225)<br />

Mathieu <strong>de</strong> Ver (1337) et lui avait été donné par le testament<br />

<strong>de</strong> dame Alips, femme <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume, chevalier, seigneur<br />

<strong>de</strong> Praelles (janvier 1391) 4<br />

, etc., etc.<br />

En 1300, Chavercy était entré dans <strong>la</strong> maison d'Orgemont.<br />

En 1314, Pierre d'Orgemont, lequel était échanson du roi et fut<br />

tué à Azincourt, se qualifiait seigneur <strong>de</strong> Chantilly et <strong>de</strong> Cha­<br />

vercy. Les seigneurs <strong>de</strong> Ver succédèrent aux d'Orgemont<br />

dans <strong>la</strong> possession <strong>de</strong> ce fief. Nous voyons en effet Pierre II<br />

choisir en 1352 pour l'un <strong>de</strong> ses exécuteurs testamentaires,<br />

Jean <strong>de</strong> Ver, seigneur <strong>de</strong> Chavercy, chevalier ; c'est à Jean <strong>de</strong><br />

Ver que les Navarrais ravirent par surprise le château <strong>de</strong> Cha­<br />

vercy qui passait lors pour imprenable. En 1369, le fief <strong>de</strong><br />

Chavercy appartenait à Jean <strong>de</strong> Châtillon qui le tenait <strong>de</strong> sa<br />

femme 5<br />

.<br />

NOTA. — Le fief <strong>de</strong> Chavercy que Michaut Boucher, mar­<br />

chand drapier, avait acheté <strong>de</strong> M re<br />

Jean Dufaiel, moyennant<br />

80 florins d'or <strong>de</strong> France et qu'Alips <strong>de</strong> Praelles, veuve en pre-<br />

1<br />

Afforty, VI, 3188 à 3192.<br />

2<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, GG.<br />

3<br />

Jean Philippe Loisel, propriétaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> grange dîmeresse et <strong>de</strong>s dîmes<br />

<strong>de</strong> P<strong>la</strong>illy (1596).<br />

4<br />

Afforty, XV, 505. Voir ce testament.<br />

5<br />

Afforty, III, 1697, VI, 3374; XI, 5830, 5886, 5887,5924, d'après Carlier.


mières noces <strong>de</strong> Boucher avait légué à l'Hôtel-Dieu le 17 jan­<br />

vier 1391, comprenait entre autres : le barillet et les ba<strong>la</strong>nces,<br />

près <strong>la</strong> porte Saint-Rieul;— <strong>la</strong> grosse armée ou le cheval<br />

rouge, l'image Notre-Dame, Saint-Antoine et Saint-Georges<br />

dans <strong>la</strong> rue qui mène <strong>de</strong> Notre-Dame à Saint-Rieul ; — le<br />

chef Saint-Jean, vis-à-vis Notre-Dame; — <strong>la</strong> cloche, gran<strong>de</strong><br />

rue du Châtel ; — le Chat-Héret (1401) qui a donné son nom à<br />

une rue ; — le chariot, p<strong>la</strong>ce aux Charrons (1326) ; — <strong>la</strong> <strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />

fer, au marché aux Gâteaux ; — l'épousée et <strong>la</strong> roze, à <strong>la</strong><br />

halle ; — <strong>la</strong> petite cage et les bons enfants absorbés par <strong>la</strong><br />

rue Royale ou gran<strong>de</strong> route <strong>de</strong> Paris; — le mouton, rue <strong>de</strong><br />

Meaux ; — les trois bourses, les pou<strong>la</strong>ins et le nom <strong>de</strong> Jésus,<br />

anciennement barbe d'étoupe, rue Rougemaille ; — l'Ave<br />

Maria, Saint-Nico<strong>la</strong>s et le Chat-Huant, rue Saint-Hi<strong>la</strong>ire ;<br />

— le petit cerf et l' image Saint-Pierre, rue <strong>de</strong> Paris.<br />

13. L'on trouvera parmi ses administrateurs : Jean Hector<br />

(1509) que nous voyons faire foy et hommage du fief <strong>de</strong> Cha-<br />

vercy à Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Montmorency ; — Jacques Cordier (1529);<br />

— Philippe Chaudron (1555) ; — Jean Chéron et Louis Ber-<br />

taut (1629); — Vivien le Quoy (1670); — Nico<strong>la</strong>s Dury<br />

(1676); — Charles Foulon (1673, 1683); — Charles Pérel<br />

(1691-1693) ; — P<strong>la</strong>nsson (1696-1702) ; —Nico<strong>la</strong>s Féron (1704);<br />

— Christophe Beaunez (1707-1713); — Pierre De<strong>la</strong>istre<br />

(1713) ; — Charles Lequoy (1715) ; — Nico<strong>la</strong>s Desnoyer (1719-<br />

1735) — Philippe Duquesne (1727-1728-1743-1745); —<br />

C<strong>la</strong>u<strong>de</strong>-Antoine Raymbault (1731-1740); — François Martine<br />

(1746-1755) ; — Chrestien (1756-1761-1769) ; — Louis Crestel<br />

(1788) l<br />

.<br />

13. Certains noms <strong>de</strong> prieures ou gouvernantes sont plus<br />

souvent cités : Roberte <strong>de</strong> Saint-Gal (1531) ; — Guil<strong>la</strong>umette<br />

<strong>de</strong> Saint-Gal (1536-1574); — Suzanne <strong>de</strong> Hervillé (1574-<br />

1583); — noble dame Marie <strong>de</strong> <strong>la</strong> Salle (1597, 1602, 1611,<br />

1<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, AA, 9, - Afforty, IV, 2187, 2199 ; XXIII, 446, 254.


1618, 1620), sœur <strong>de</strong> Mag<strong>de</strong><strong>la</strong>ine <strong>de</strong> <strong>la</strong> Salle, abbesse <strong>de</strong><br />

Saint-Remy; — Alphonsine <strong>de</strong> (?) Luyne (1630); — Anne<br />

<strong>de</strong> Moletart (1631) 1<br />

; — Perrine Angélique <strong>de</strong> Valory (1634-<br />

1670).<br />

14. L'Hôtel-Dieu <strong>de</strong>s Gal<strong>la</strong>n<strong>de</strong> a subi, lui aussi, <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> dé­<br />

chéance qui a frappé presque tous nos monuments sacrés :<br />

A peine quelques rares curieux vont saluer dans <strong>la</strong> fabrique<br />

actuelle <strong>de</strong> chicorée ses nobles débris. Une porte d'entrée,<br />

rue du Châtel, a conservé son tympan <strong>de</strong> feuilles <strong>de</strong> chêne<br />

du XIII e<br />

siècle. Il est probable que trois paires <strong>de</strong> co-<br />

lonnes, p<strong>la</strong>cées en rentrants, campées à l'aise sur <strong>de</strong>s bases<br />

qui semblent s'avachir sous le poids, supportant <strong>de</strong>s chapiteaux<br />

à crochets et terminées par autant d'archivoltes à voussures<br />

profon<strong>de</strong>s, complétaient cette décoration que l'on revoit à <strong>la</strong><br />

magnifique église <strong>de</strong> Saint-Gervais <strong>de</strong> Pontpoint. Au <strong>de</strong>dans,<br />

l'église du prieuré montre encore un souvenir <strong>de</strong> son antique<br />

beauté : si son clocher, qui se dressait à l'entrée du monument,<br />

et les arceaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> voûte ont succombé aux coups <strong>de</strong>s révo­<br />

lutions, l'archéologue retrouve le p<strong>la</strong>n sévère et les nobles<br />

proportions <strong>de</strong> l'édifice, ses trois nefs et son chœur, son mur<br />

du nord qu'éc<strong>la</strong>iraient <strong>de</strong>s baies en plein-cintre ornées d'un<br />

tore, ses <strong>de</strong>ux lignes <strong>de</strong> colonnes du plus beau style : que l'on<br />

analyse plutôt ces bases soli<strong>de</strong>s, ces profils élégants, ces gor­<br />

ges à pointes <strong>de</strong> diamant, ces chapiteaux fièrement évasés.<br />

Nos environs étaient couverts d'Hôtels-Dieu. C'étaient les<br />

Hôtels-Dieu <strong>de</strong> Pontarmé 2<br />

, fondé par noble homme Go<strong>de</strong>froy<br />

Lieschans (1216), d'Ognon (1366), d'Ermenonville établi<br />

1<br />

Afforty, VI, 3175; VII, 3796; XXV, 446, 748.<br />

2<br />

Afforty, II. 837 : Visite faite par <strong>de</strong>s députés du chapitre, le siége vacant<br />

en 1536; XI, 5910 : Crépy; XV, 319. Fondation du xenodochium <strong>de</strong><br />

ponte hermerio; dons <strong>de</strong> Jeanne <strong>de</strong> Castille (1258); confirmation par<br />

Saint-Louis (1259), 330 : Hôtel-Dieu d'Ermenonville; XVII, 57 : Maison-Dieu<br />

à Louvres; XXIV, 218 où visite (1536) <strong>de</strong> Saint-Rieul, <strong>de</strong><br />

l'Hôtel-Dieu <strong>de</strong> Baron, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Victoire et <strong>de</strong> l'Hôtel-Dieu <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> ; XXV, 407.


par Gui IV le Bouteiller « ad pauperes recipiendos » (1217) ;<br />

<strong>de</strong> Survilliers (1228), <strong>de</strong> Chamicy, <strong>de</strong> Crépy qui possédait<br />

<strong>de</strong>ux maisons hospitalières (1335) ; <strong>de</strong> Baron : le curé avait<br />

l'administration » <strong>de</strong> cet Hôtel-Dieu ; un gardien qui y résidait<br />

fournissait aux pauvres passants le gîte pour une seule nuit ;<br />

six lits, dont quatre pour <strong>de</strong>s hommes, étaient disposés « dans<br />

« <strong>de</strong>s chambres séparées » ; <strong>la</strong> messe y était dite par passage<br />

sur un autel portatile ; l'évêque était col<strong>la</strong>teur.<br />

§ III. — Hôpital-Saint-Louis.<br />

Nous avons déjà rapporté au chapitre Carmes qu'un riche<br />

bourgeois <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, appelé Jean le Gaigneur [Lucrator] fonda,<br />

en 1303, au bas <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Paris, un hôpital qu'il voulut, par<br />

dévotion, mettre sous le vocable et le patronage <strong>de</strong> Saint-Louis<br />

et <strong>la</strong>issa «pro pauperibus cubandis, etiam et alendis seu levan-<br />

« dis » et pour nourrir les frères <strong>de</strong> <strong>la</strong> charité Notre-Dame ou<br />

bonshommes qui le <strong>de</strong>vaient <strong>de</strong>sservir, un legs <strong>de</strong> 650 livres.<br />

Jean le Gaigneur <strong>de</strong>meurait tout près, comme le démontre un<br />

titre <strong>de</strong> 1342 où il est fait mention <strong>de</strong> Mahault ou Mathil<strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Gaigneresse. — Voir Henri IV.<br />

L'on pourra étudier dans Afforty, Graves, etc., <strong>la</strong> copie <strong>de</strong>s<br />

bulles <strong>de</strong>s papes et <strong>de</strong>s lettres-patentes du roi Philippe <strong>de</strong><br />

Valois en faveur <strong>de</strong>s religieux bonshommes, les augmentations<br />

<strong>de</strong> leur revenu, <strong>la</strong> règle <strong>de</strong> Saint-Augustin remp<strong>la</strong>çant celle<br />

du tiers-ordre en 1347, un don <strong>de</strong> Pierre <strong>de</strong> Lugniez chantre<br />

« aux frères du bienheureux Louis <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> », les noms <strong>de</strong><br />

leurs prieurs : Pierre du Moustier (1424), etc., <strong>la</strong> misère qui<br />

résulta <strong>de</strong>s guerres du XVI e<br />

siècle et <strong>la</strong> cession <strong>de</strong> leur maison<br />

aux Carmes 2<br />

.<br />

1<br />

Afforty, XVII, 290 en 1307. XIX, 543; On appelle aussi cet ordre,<br />

ordre <strong>de</strong>s Billettes. La billette était une sorte <strong>de</strong> scapu<strong>la</strong>ire noir.<br />

2<br />

Afforty, I, 280 en 1303; III, 1161, VII, 3881, 3882, en 1641; XI, 5941 ;<br />

XV, 182; XVII, 167: Lettres patentes <strong>de</strong> Philippe IV; XVIII, 204, 367. — La<br />

date <strong>de</strong> 1311 confirme un jugement du prévôt <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> pour Guil<strong>la</strong>ume<br />

le Gaigneur contre Jean le Bouteiller le jeune. Actes du Parlement <strong>de</strong><br />

Paris, n° 3830. — Voir Histoire <strong>de</strong> l'Eglise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, 609 à 613. — Broisse,<br />

14,17.


« Après <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> Saint-Louis, dit Broisse, les administra-<br />

« teurs <strong>de</strong> l'Hôtel-Dieu firent sculpter <strong>la</strong> statue du saint roi<br />

« assis dans un fauteuil sur le pilier qui séparait les <strong>de</strong>ux por-<br />

« tes battantes <strong>de</strong> l'entrée, rue <strong>de</strong> Paris. »<br />

Broisse écrit en poète plus qu'en historien lorsqu'il attribue<br />

aux administrateurs <strong>de</strong> l'Hôtel-Dieu [rue du châtel] un monu­<br />

ment qui sent mieux le voisinage <strong>de</strong> l'hôpital <strong>de</strong> Jean le Gai­<br />

gneur. Quoiqu'il en soit, <strong>la</strong> révolution a renversé avec nos plus<br />

beaux souvenirs cette noble effigie et notre génération a peur<br />

<strong>de</strong>s saints.<br />

§ IV.— * Saint-Jean.<br />

Le chapitre rue Saint-Jean amènera l'hôpital <strong>de</strong>s frères<br />

<strong>de</strong> Saint-Jean <strong>de</strong> Jérusalem. Sa fondation date, comme celle<br />

<strong>de</strong> l'Hôtel-Dieu, <strong>de</strong> l'année l170. Voir Beffroi.<br />

Une monographie <strong>de</strong> cette maison militaire et charitable<br />

exigera plus tard : une indication <strong>de</strong>s conciles tenus à <strong>Senlis</strong><br />

en 1385 et 1410 et <strong>de</strong> leurs décisions ; — une liste <strong>de</strong> comman­<br />

<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> qui apparaissent dans nos sources historiques ;<br />

— un état <strong>de</strong>s possessions <strong>de</strong> <strong>la</strong> comman<strong>de</strong>rie ; — une <strong>de</strong>s­<br />

cription <strong>de</strong> quelques vestiges qui en sont <strong>de</strong>meurés, — et<br />

une topographie brève du quartier.<br />

§ V.— Saint-Lazare.<br />

Saint-Lazare était primitivement une <strong>la</strong>drerie, léproserie<br />

ou ma<strong>la</strong>drerie.<br />

Le cartu<strong>la</strong>ire enchaîné rapporte que cet hôpital doit son<br />

existence à Robert le Pieux (1025) l<br />

.<br />

Les statistiques historiques démontrent ce triste fait, qu'il<br />

existait 2000 léproseries dans les états seulement <strong>de</strong> Louis VIII<br />

1<br />

Arch, <strong>Senlis</strong>, AA, 9. 16° et 17°. — Afforty, IV, 2089 ; VII, 3487; XI, 5813 :<br />

Le Royer n'a-t-il point commis une confusion? XIII, Charte <strong>de</strong> « apud<br />

Oriacum » sur un moulin et un four donnés à l'hôpital Saint-Lazare en 1070 ;<br />

XIV, 448.


alors que ce prince écrivait dans son testament <strong>de</strong> juin 1225:<br />

« donamus et legamus duobus millibus domorum leprosorum<br />

« <strong>de</strong>cem millia librarum, vi<strong>de</strong>licet cuilibet earum centum<br />

« solidos, nous donnons et léguons à <strong>de</strong>ux mille <strong>de</strong>s maisons<br />

« <strong>de</strong> lépreux dix mille livres, savoir à chacune d'elles cent<br />

« sols. » Quels étaient l'origine vraie <strong>de</strong> <strong>la</strong> lèpre, ses caractères<br />

hi<strong>de</strong>ux, <strong>la</strong> cause <strong>de</strong> sa fréquence extrême, ce n'est point le<br />

lieu <strong>de</strong> l'étudier ici.<br />

Nos environs seuls montraient les ma<strong>la</strong>dreries ou « ma<strong>la</strong>-<br />

dryes » <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s, <strong>de</strong> Gouvieux (1215), <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chapelle<br />

(1522), <strong>de</strong> Baron (1380), <strong>de</strong> Nantheuil (1239), qui avait une cha­<br />

pelle <strong>de</strong> lépreux fondée par Philippe <strong>de</strong> Nantheuil (1237), <strong>de</strong><br />

Mortefontaine (1270), <strong>de</strong> Survilliers (1228), <strong>de</strong> Béthisy<br />

(1230), <strong>de</strong> Fleurines (1360), <strong>de</strong> Verberie 1<br />

, etc.<br />

Voici quelques détails <strong>de</strong> mœurs qui ai<strong>de</strong>ront à éc<strong>la</strong>irer l'his­<br />

toire <strong>de</strong> <strong>la</strong> charité à <strong>Senlis</strong>. Le lecteur me pardonnera <strong>la</strong> séche­<br />

resse obligée <strong>de</strong> mon style :<br />

« Fratres et sorores domus sancti Lazari », les frères et les<br />

sœurs <strong>de</strong> Saint-Lazare.<br />

1157. Louis VII accor<strong>de</strong> à Saint-Lazare une foire avec sa<br />

justice. Voir sur cette foire Saint-Ladre, Halles, 15, et vidi-<br />

mus <strong>de</strong> Saint-Louis <strong>de</strong> l'an 1267 2<br />

.<br />

1243. « L'an du Seigneur 1243, le lundi après l'Epiphanie,<br />

« N [chanoine], attaqué du vice <strong>de</strong> <strong>la</strong> lèpre, fut conduit ou<br />

« plutôt porté processionnellement à Saint-Lazare et reçu par<br />

1<br />

Comptes <strong>de</strong> 1522, p. 129-130. Jehan Arton, curé <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chapelle et<br />

Orry. — Afforty, VII, 3907 à 3915 : Transaction intéressante entre Guil<strong>la</strong>ume<br />

le Bouteiller, seigneur <strong>de</strong> Montepilloy et Chaalis. Là voies indiquées,<br />

etc. ; X, 5314, 5361 en 1360; XV, 313, 574, 841, 891 ; XIX, 265 : Testament<br />

<strong>de</strong> Raoul <strong>de</strong> Roquemont<br />

2<br />

Afforty, I, 317 en 1l57; IV, 2084, 2089 : Extrait du cartu<strong>la</strong>ire enchaîné<br />

où chartes <strong>de</strong> Saint-Ladre, <strong>de</strong> l'ostelerie en 1170, etc.; XI, 7236, où hôpital<br />

Saint-Lazare en 1157, 1244, 1248 et 1275; XIV, 190, signé Gui Bouteiller.<br />

V 28


« les frères <strong>de</strong> <strong>la</strong> dite Maison honorablement à l'instance <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« dite Eglise [Notre-Dame], en frère, en témoignage <strong>de</strong> quoi,<br />

« etc. De<strong>la</strong>tus sive portatus fuit..., vitio leprae infectus ad<br />

« Sanctum Lazarum processionaliter, etc. 1<br />

. »<br />

1293. Lettres d'amortissement <strong>de</strong> Philippe le Bel en faveur<br />

<strong>de</strong> Saint-Lazare 2<br />

.<br />

1410. Jacques Regnauld et Jeanne, sa femme, se donnent<br />

eux et leurs biens à l'évêque pour être frère et sœur. — Lettres<br />

<strong>de</strong> l'évêque sur ce.— Suit inventaire. — 1437. Sentence arbi­<br />

trale <strong>de</strong> l'official <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> pour <strong>la</strong> « Réception d'une religieuse<br />

« <strong>de</strong> l'Hôtel-Dieu, Jeanne <strong>la</strong> Charbonnière, à Saint-Lazare,<br />

« soror ve<strong>la</strong>ta et professa. » — L'on rencontre dans l'histoire<br />

<strong>de</strong> Saint-Lazare les noms <strong>de</strong>s maîtres « rector » : Pasquier <strong>de</strong><br />

Ver (1385), Jean Louvet (1468), Jean le Clerc, prestre, etc.<br />

(1594) 3<br />

.<br />

1480. Comptes <strong>de</strong> 1480 à 1486 et <strong>de</strong> 1490 à 1496. — Afforty<br />

a copié dans les tomes I, V, et VIII un état du revenu <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> ma<strong>la</strong>drerie <strong>de</strong> Saint-Lazare 4<br />

.<br />

Saint-Lazare prêta sa chapelle au faubourg Saint-Martin<br />

tout le temps que l'église <strong>de</strong> ce nom <strong>de</strong>meura ruinée. La cha­<br />

pelle Saint-Lazare a subi tant <strong>de</strong> remaniements dans son p<strong>la</strong>n<br />

et son architecture, qu'il est assez difficile <strong>de</strong> reconstituer sa<br />

première forme 5<br />

. Cette chapelle, à mon avis, fut bâtie au<br />

milieu du XII e<br />

siècle, comme l'attestent les quelques chapi-<br />

1<br />

Afforty, I, 1. Cartu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>.<br />

2<br />

Afforty, IV, 2258 : Il est parlé en cet amortissement, du pilori, d'un<br />

lieu dit Vietel, <strong>de</strong> molendina gemel<strong>la</strong>.<br />

3<br />

Afforty, VII, 3497, 3499 ; XIX, 369 ; XX, 288; XXI, 819.<br />

4<br />

Afforty, I, 576 à 561 ; V, 2822; VIII, 4546-4554; XXII, 505.<br />

5<br />

Je ne donne ces renseignements qu'avec réserve, les sévérités d'un<br />

réglement que je n'ai point à apprécier, ne m'ayant point permis d'étudier<br />

les détails archéologiques <strong>de</strong> cette chapelle avec <strong>la</strong> patience et <strong>la</strong> longueur<br />

du temps que ce genre <strong>de</strong> travaux exige.


teaux et bases qui sont <strong>de</strong>meurés; voûtes refaites lour<strong>de</strong>ment;<br />

nefs col<strong>la</strong>térales ; le chœur plus allongé se terminait peut-être<br />

par un cul <strong>de</strong> four. Le chrétien qui entre dans cette chapelle<br />

toute pleine <strong>de</strong>s plus nobles souvenirs, lit sur <strong>de</strong>ux pierres <strong>la</strong><br />

liste <strong>de</strong>s bienfaiteurs, princes et bourgeois.<br />

1<br />

2<br />

3<br />

1518. « Aussy a esté remonstré qu'un nommé Jean le Cous-<br />

« turier, soy disant maistre <strong>de</strong> l'hôtel Saint-Lazare, le jour <strong>de</strong><br />

« <strong>la</strong> foire <strong>de</strong> <strong>la</strong> septembre <strong>de</strong>rniérement passé, s'était transporté<br />

« à l'étape au vin... où illec.., <strong>de</strong> sa volonté privée et <strong>de</strong> fait<br />

« et <strong>de</strong> force, il avait prins... à son proffit le droit <strong>de</strong> forage » ;<br />

— ses violences ; — procès l<br />

.<br />

1547,1548. Comptes <strong>de</strong> Saint-Lazare, cens, rentes et autres<br />

revenus où f° 72, dépense d'un repas donné aux notables venus<br />

aux Rogations, lequel consistait en pain, œufs, beurre, poisson,<br />

vin b<strong>la</strong>nc et vin cuit, coûtant 73 sols tournois 2<br />

. — Id. 1625,<br />

1626.<br />

1593. Les religieuses <strong>de</strong> Saint-Remy, ruinées par le siége et<br />

retirées dans <strong>la</strong> comman<strong>de</strong>rie, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt à occuper l'hôpital<br />

<strong>de</strong>s lépreux.<br />

1608. Guil<strong>la</strong>ume Mazerat, écuyer, mari <strong>de</strong> Marie <strong>de</strong> Cor-<br />

nouailles, maintenu gouverneur par arrêt du grand conseil<br />

du roi, contre le représentant <strong>de</strong> Marguerite <strong>de</strong> Valois, com­<br />

tesse <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. — Sa démission ; — sa mort le 14 décembre<br />

1629 ; — son épitaphe 3<br />

.<br />

1629. Le roi « cédant au pieux consentement <strong>de</strong> son cher et<br />

« bien aimé cousin, le cardinal <strong>de</strong> Rochefoucault, grand aumô-<br />

« nier <strong>de</strong> France», abandonne Saint-Lazare à <strong>la</strong> ville <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong> en retour <strong>de</strong>s « bons, fidèles et agréables services que<br />

« ses habitants lui ont ci-<strong>de</strong>vant rendus. » L'on sait que c'est<br />

à Louis XIV surtout que le peuple doit l'organisation du<br />

Afforty, XII, 7229.<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, GG. f° 181. — Afforty, XXV, 796.<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, GG, f° 182,183, 186,187.


système <strong>de</strong>s hospices. — 1629. Union <strong>de</strong> Saint-Lazare au<br />

bureau <strong>de</strong>s pauvres. — Le sieur Nico<strong>la</strong>s <strong>de</strong> Langle, curé <strong>de</strong><br />

Saint-Rieul, <strong>la</strong>isse par son testament tous ses biens à l'hôpital<br />

Saint-Lazare, à <strong>la</strong> condition <strong>de</strong> faire apprendre un métier<br />

chacun an à un enfant <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et <strong>de</strong> Clermont en<br />

Beauvoisis l<br />

.<br />

1651. Saint-Lazare <strong>de</strong>vient hôpital général 2<br />

. — Deux sœurs<br />

<strong>de</strong> charité al<strong>la</strong>ient <strong>de</strong> Saint-Lazare en ville visiter les ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s.<br />

1653. 20 Juillet. Nico<strong>la</strong>s Sanguin enterré à Saint-Lazare.<br />

Ses funérailles 3<br />

.<br />

1667. Dons importants <strong>de</strong> Berthier, abbé <strong>de</strong> Saint-Vincent<br />

(Testament du 25 mai 1667), <strong>de</strong> Laurent du Rais, chanoine <strong>de</strong><br />

Notre-Dame, lequel <strong>la</strong>isse 20,000 livres, <strong>de</strong> Rigaut, receveur<br />

<strong>de</strong>s tailles <strong>de</strong> l'élection <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, <strong>de</strong> monseigneur <strong>de</strong> Chamil-<br />

<strong>la</strong>rd (1714) 4<br />

. Il est superflu <strong>de</strong> faire remarquer le caractère<br />

clérical <strong>de</strong> ces générosités.<br />

1700. Réglement <strong>de</strong>s dames <strong>de</strong> <strong>la</strong> charité 5<br />

.<br />

1732 à 1792. Sépultures. — Le registre GG. renferme <strong>de</strong>s<br />

détails intéressants sur le froid qui sévit les années 1738,<br />

1739 et 1740 6<br />

.<br />

Jean le Vasseur possè<strong>de</strong>, dit le censier <strong>de</strong> Saint-Vincent,<br />

« une terre tenant <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux côtés à Saint-Lazare, aboutant<br />

« d'un bout à une ruelle qui se nomme coupe-gorge ».<br />

L'église <strong>de</strong> <strong>la</strong> léproserie <strong>de</strong> Saint-Lazare était le lieu d'une<br />

belle confrérie à Saint Jean <strong>de</strong> Co<strong>la</strong>tte, nommée <strong>la</strong> confrérie <strong>de</strong><br />

1<br />

Afforty, III, 1392; v. 2600 : Acte <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> possession <strong>de</strong> Saint-Lazare<br />

par les gouverneurs et échevins <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> en 1630, 2839; VII,<br />

3957; IX, 5076. De Langle; XII, 7724 : Brevet du Roy portant don, etc.<br />

2<br />

Afforty, V, 2814; VII, 3957. — Hist. <strong>de</strong> l'Eglise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, p. 487, 534,<br />

477, 585. — Broisse 85, 98,114.<br />

3<br />

Afforty XI, 5986.<br />

4<br />

Histoire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, p. 617.<br />

Afforty, I, 324 à 326.<br />

6<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, GG.


<strong>la</strong> commune. « Il y a privilége », dit Vaultier, « à ceux qui en<br />

« sont, <strong>de</strong> vendre blé et toutes sortes <strong>de</strong> grains, sans payer le<br />

« boisselet et le mesurage le jour et le len<strong>de</strong>main 1<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4<br />

Vaultier,p. 403. — Broisse, p. 94.<br />

Afforty, v, 2822.<br />

Afforty, XII, 7398; XXII, 41, où Pierre Harnot.<br />

Afforty, XII, 7392, 7408 ; XXIII, 293,477.<br />

». — Voir<br />

chez le même annaliste le capitaine <strong>de</strong> Chamois enterré là, etc.<br />

Ce serait sortir <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong> mon p<strong>la</strong>n que <strong>de</strong> dire l'admi­<br />

nistration actuelle <strong>de</strong> l'hôpital général, sa fortune, ses archi­<br />

ves, son épuration en 1879, son nouveau bureau d'administra­<br />

tion, ses règlements anciens et nouveaux, etc.<br />

§ VI. — Carmes.<br />

Nous avons parlé <strong>de</strong>s carmes, dont Vaultier dit qu'il<br />

existait chez eux « un Hôtel-Dieu <strong>de</strong> Saint-Jacques 2<br />

§ VII. — Hôtel-Dieu <strong>de</strong>s Marais.<br />

Le nom (1468) d'Hôtel-Dieu <strong>de</strong>s marais est <strong>de</strong>meuré à un<br />

écart à l'ouest <strong>de</strong> Saint-Lazare. Voir pour compléter cette<br />

étu<strong>de</strong> :<br />

1523. Hôtel-Dieu <strong>de</strong>s Marais réparé pour loger les pestiférés.<br />

— Peste <strong>de</strong> 1523. — Mort <strong>de</strong> Pierre Harnot. — Précautions.<br />

— Prières pour les âmes <strong>de</strong>s défunts. — Un Robert Olivier,<br />

barbier et chirurgien, nommé pour soigner les pestiférés, reçoit<br />

100 sols parisis par mois ; le fossoyeur a 20 livres tournois par<br />

an. — Nous trouvons encore parmi les noms <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins<br />

chargés <strong>de</strong> ce service redoutable, Louis Gautier 3<br />

.<br />

1545. Peste. — La date <strong>de</strong> 1510 avait déjà introduit ce mot<br />

douloureux: « Multique jam obierant... ex peste et epi<strong>de</strong>mia. »<br />

Deman<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre <strong>la</strong> châsse <strong>de</strong> Saint-Rieul. — 1516. I<strong>de</strong>m.<br />

Prières pour obtenir <strong>la</strong> cessation du fléau 4<br />

.<br />

»


1585. Paroissien <strong>de</strong> Saint-Pierre mort <strong>de</strong> <strong>la</strong> peste. — 1598.<br />

Peste. — 1608. Vigi<strong>la</strong>nce contre <strong>la</strong> peste. — 1623. Précau­<br />

tions nouvelles. — 1639. A Roye <strong>la</strong> Rouge lépreuse, fille et<br />

femme <strong>de</strong> lépreux, 30 livres pour sa pension 1<br />

.<br />

§ VIII. — Santé.<br />

1610 (25 janvier). La ville obtient un arrêt <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour du<br />

Parlement contre les habitants du faubourg Saint-Martin<br />

pour l'établissement du lieu dit <strong>la</strong> Santé, proche l'église Saint-<br />

Martin. La Santé était une sorte d'hôpital transitoire où <strong>la</strong> ville<br />

faisait soigner les ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s atteints <strong>de</strong> ces épidémies que nos<br />

pères connurent si souvent. Un mé<strong>de</strong>cin et un prêtre y séjour­<br />

naient le temps que durait le fléau. L'on peut lire dans l'his­<br />

toire <strong>de</strong> l'Eglise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, dans Afforty et dans Broisse <strong>la</strong> <strong>de</strong>s­<br />

cription d'une <strong>de</strong> ces ma<strong>la</strong>dies affreusement contagieuses; les<br />

précautions nouvelles contre <strong>la</strong> peste (1623) ; les apparitions<br />

réitérées du fléau (mai et 13 juillet 1625); le dévouement<br />

spontané avec lequel le chirurgien C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Marot s'offre : on<br />

lui donnera « six vingt livres par mois et... quelques ameu-<br />

« blements », un logement au faubourg Saint-Martin, assez<br />

proche du clos et « lieu dit <strong>la</strong> Santé » ; <strong>la</strong> vigi<strong>la</strong>nce active <strong>de</strong>s<br />

échevins et du lieutenant Loisel ; <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s loges en<br />

charpente ; le dévouement <strong>de</strong>s capucins, dont un, le père<br />

Etienne, vient s'enfermer auprès <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s ; <strong>la</strong> charité <strong>de</strong><br />

l'évêque Nico<strong>la</strong>s Sanguin, qui al<strong>la</strong> plusieurs fois dire <strong>la</strong> messe<br />

aux pestiférés; <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> Pierre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye, avocat du Roy,<br />

ce qui cause « grand épouvantement » ; <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> C<strong>la</strong>u<strong>de</strong><br />

Marot et son fils Clément gardant le poste <strong>de</strong> dévouement;<br />

Jean Monnart <strong>de</strong> Mortefontaine près Cœuvres, apportant à son<br />

1<br />

Vaultier, p. 403. — Afforty, v, 2822; XII, 7580, 7670; XXV, 496.—<br />

Broisse, p. 64.


tour ses services ; les menaces <strong>de</strong> <strong>la</strong> disette ; les pestiférés<br />

transférés aux capucins <strong>de</strong> Bon-Secours; ceux-ci se retirant à<br />

Saint-Lazare et <strong>de</strong>s querelles intempestives à ce sujet ; le li­<br />

bertinage honteux <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s ; les trépas sonnés <strong>la</strong> nuit 1<br />

.<br />

En 1630, <strong>la</strong> Santé, faubourg Saint-Martin, est abandonnée<br />

pour un emp<strong>la</strong>cement plus séparé <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville et dont les dé­<br />

bris se dressent encore entre <strong>la</strong> route <strong>de</strong> Creil et le chemin <strong>de</strong><br />

fer. J'avais supposé à tort (voir Bouëttes) que cette santé<br />

nouvelle avait succédé aux bouëttes <strong>de</strong>s lépreux. Les boüettes<br />

étaient plus voisines <strong>de</strong> l'hôpital Saint-Lazare et <strong>de</strong> l'Eglise<br />

Saint-Martin. 1630. Il est décidé par l'assemblée <strong>de</strong> ville<br />

qu'un « clos fermé <strong>de</strong> murs, assis au faubourg Saint-Martin,<br />

« qui souloit servir à mettre les ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s affligés <strong>de</strong> conta-<br />

« gion, serait vendu pour estre les <strong>de</strong>rniers employés à l'achat<br />

« d'un lieu « pour les ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s <strong>de</strong> contagion 2<br />

1<br />

Afforty, V, 2598, où récompenses (1625) à Jean Monnart; 2870, où<br />

Clément Marot fait échevin en 1668; VI. 3087 en 1631, 3118; X, 7689,<br />

7694, 7696; XII, 7670, 7690 et suiv., 7705, 7706, peste <strong>de</strong> 1626; XXV, 712,<br />

où bouëttes en 1595. — Jaulnay, 539. — Broisse, 93, 96, 97. — L'usage<br />

<strong>de</strong> sonner les trépas <strong>la</strong> nuit, qui subsistait dans plusieurs villes <strong>de</strong> France,<br />

s'est maintenu à Paris jusqu'au règne <strong>de</strong> Louis XIV : Saint-Armand en<br />

parle ainsi dans sa pièce intitulée <strong>la</strong> Nuit :<br />

2 Afforty, VI, 3005.<br />

».<br />

Le clocheteur <strong>de</strong>s trépassés,<br />

Sonnant <strong>de</strong> rue en rue,<br />

De frayeur rend les cœurs g<strong>la</strong>cés,<br />

Bien que leur corps en sue,<br />

Et mille chiens, oyant sa triste voix,<br />

Lui répon<strong>de</strong>nt à longs abois.<br />

Lugubre courrier du <strong>de</strong>stin,<br />

Effroi <strong>de</strong>s âmes lâches,<br />

Qui si souvent soir et matin<br />

Et m'éveilles et me fasches,<br />

Va faire ailleurs, engeance du démon,<br />

Ton vain et tragique sermon.


Encore un détail <strong>de</strong> mœurs qui achèvera <strong>de</strong> peindre l'histoire<br />

d'une cité pendant un siècle : 1633. « Une dizaine <strong>de</strong> cin-<br />

« quanteniers <strong>de</strong>meurera ayant leurs espées à <strong>la</strong> porte <strong>de</strong><br />

« Paris pour prendre gar<strong>de</strong> et ne <strong>la</strong>isser entrer par <strong>la</strong>dite porte<br />

« aucunes personnes venant <strong>de</strong>s lieux suspects <strong>de</strong> contagion,<br />

« ce qui s'est pratiqué jusqu'au 26 novembre suivant 1<br />

§ IX. — * Bouettes.<br />

L'expression les lépreux <strong>de</strong>s boüettes m'invite à fournir<br />

quelque lumière sur ce mot boüettes que nous avons déjà ren­<br />

contré. Un procès-verbal <strong>de</strong> 1510, fait à Villemétrie aux reli­<br />

gieux <strong>de</strong> Chaalis par les officiers du roi, démontre que « <strong>la</strong><br />

« boeste ou billot que l'on pendait ou élevait, était un signe du<br />

« droit <strong>de</strong> conduit ou péage». L'on trouvera, dès 1233, «vigne<br />

« à Baron auprès du chemin <strong>de</strong> <strong>la</strong> Boette tendant vers <strong>Senlis</strong>,<br />

« viam <strong>de</strong> <strong>la</strong> Baate ten<strong>de</strong>ntem Silvanectum 2<br />

§ X. — Charité. (Voir Suprà).<br />

Des débris <strong>de</strong> peintures murales qui ont subsisté à <strong>la</strong> cha­<br />

pelle, représentent Saint-Jean-<strong>de</strong>-Dieu en prière.<br />

Mais quittons, quoique à regret, ce chapitre très glorieux <strong>de</strong><br />

l'histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> charité à <strong>Senlis</strong>, dont je dois dire avec Sébas­<br />

tien Rouilliard : « Ma plume, quoy que favorablement portée<br />

« sur l'aisle <strong>de</strong>s zéphirs pert tout espoir d'y pouvoir onc at­<br />

teindre. » Me sera-t-il permis, avant <strong>de</strong> passer outre, <strong>de</strong> saluer<br />

d'un geste <strong>de</strong> respectueuse reconnaissance ces nobles figures,<br />

rois, seigneurs ou évêques qui ont été à <strong>Senlis</strong> les instruments<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> charité divine comme ils nous ont déjà apparu les inspira­<br />

teurs du savoir ?<br />

1<br />

Afforty, VII, 3950 et suiv.<br />

2 Afforty, XVI, 755, XXIII, 230.<br />

».<br />

EUG. MULLER.<br />

».<br />

<strong>Lire</strong> <strong>la</strong> suite : Partie 3

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