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ESSAI D'UNE MONOGRAPHIE<br />
D E S<br />
RUES,PLACES ET MONUMENTS<br />
DE SENLIS
Extrait <strong>de</strong>s Mémoires du Comité archéologique <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>
MONOGRAPHIE<br />
DE S<br />
RUES, PLACES<br />
ET<br />
MONUMENTS<br />
DE SENLIS<br />
PAR<br />
M. L'ABBÉ EUG. MÜLLER<br />
PREMIÈRE PARTIE: DE ABATTOIR A CORDELIERS<br />
SENLIS<br />
I M P R I M E R I E & L I T H O G R A P H I E E R N E S T P A Y E N<br />
PLACE DE L'HÔTEL-DE-VILLE<br />
1 8 8 0
ESSAI D'UNE MONOGRAPHIE<br />
DES<br />
RUES, PLACES ET MONUMENTS<br />
DE SENLIS<br />
Voici les sources principales dans lesquelles l'auteur <strong>de</strong> ce<br />
mo<strong>de</strong>ste essai a puisé :<br />
I. Un censier <strong>de</strong> 1508, appartenant aux Archives <strong>municipale</strong>s<br />
<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et commençant ainsi : « C'est le compte <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
« recepte 1<br />
... <strong>de</strong>s cens et surcens, voir Rentes, chappons,<br />
« pa[tur]ages, Rouages, forages, vin[ages et autre]s dr[oi]ts<br />
« seignouriaux appartenant a l'église <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, com-<br />
« mençant <strong>la</strong> vigile sainct Jehan Baptiste l'an mil [cinq]<br />
« cens et sept inclusivement et finissant audit jour mil cinq<br />
« cens et huit exclusivement, Rendu par moy Pierre<br />
« Cottard, chanoine <strong>de</strong>my prébendé <strong>de</strong> <strong>la</strong> dite église, officier<br />
« et prévost d'icelle ». J'appellerai ce document : Compte<br />
<strong>de</strong> 1508.<br />
II. Un registre sur parchemin, <strong>de</strong> 1522, faisant <strong>partie</strong><br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Bibliothèque</strong> du Chapître <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et portant<br />
: « Cest <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong>s fiefz, justices, seigneuries,<br />
« cens, etc., tenues en temporalité par les déan, chanoines<br />
1<br />
Le feuillet a <strong>de</strong>s déchirures.<br />
IV 4
« et chappitre <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, etc., etc. » L'on me<br />
permettra <strong>de</strong> l'indiquer brièvement ainsi : Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong><br />
1522.<br />
III. Deux terriers <strong>de</strong> l'hôpital Saint-Jean <strong>de</strong> Jérusalem <strong>de</strong><br />
<strong>Senlis</strong> <strong>de</strong> 1667 à 1777. — Archives nationales, S. 5858, 5860<br />
et 5862.<br />
IV. Une « histoire » manuscrite « <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>... »,<br />
in-folio énorme que Du Ruel, curé <strong>de</strong> Sarcelles, a composé,<br />
comme le démontrera mon excellent confrère, M. l'abbé Gallet,<br />
et enrichi en <strong>partie</strong> d'une table très détaillée. Les érudits<br />
trouveront, à <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong>s évêques, <strong>de</strong>s notices sur<br />
le prieuré <strong>de</strong> Bray, les Bouteilliers <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, etc. — <strong>Bibliothèque</strong><br />
<strong>municipale</strong> <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>.<br />
V. La vaste compi<strong>la</strong>tion d'Afforty (1706-1786), vingt-cinq<br />
volumes in-quarto. — Même bibliothèque. — Un certain<br />
nombre <strong>de</strong>s pièces, que le savant doyen <strong>de</strong> Saint-Rieul a transcrites,<br />
existent encore dans leur original ou en copies officielles :<br />
Cartu<strong>la</strong>ire enchaîné, Comptes <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, etc. Mes lecteurs me<br />
pardonneront néanmoins <strong>de</strong> renvoyer plus volontiers à Afforty,<br />
qui est d'une rencontre plus facile. Il est superflu <strong>de</strong> dire que<br />
ses textes ont été col<strong>la</strong>tionnés minutieusement.<br />
VI. La collection <strong>de</strong> Dom Grenier, dont les tomes V, XIV,<br />
CLXIII, CLXV, CCCVI à CCCX, CCCXIII à CCCLI contiennent <strong>de</strong>s<br />
documents intéressant spécialement l'histoire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. —<br />
<strong>Bibliothèque</strong> nationale.<br />
VII. Jehan Mallet, Jehan Vaultier et autres auteurs<br />
contemporains, dont l'infortuné Adhelm Bernier nous a donné<br />
le texte naïf et sincère sous ce titre : « Monuments inédits <strong>de</strong><br />
l'Histoire <strong>de</strong> France, » 1400-1600. <strong>Senlis</strong>, Regnier, 1835.<br />
VIII. Jean-François Broisse : Recherches historiques sur<br />
<strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, etc., <strong>Senlis</strong>, imprimerie <strong>de</strong> Desmarest, 1835.<br />
Opuscule exact en genéral, agréable et rare, mais composé en<br />
très gran<strong>de</strong> <strong>partie</strong> d'extraits d'Afforty.
IX. Graves : Précis statistique sur le canton <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />
en l'annuaire <strong>de</strong> 1841.<br />
X. Les Bulletins du Comité archéologique <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>.<br />
Treize volumes in-octavo que je désignerai ainsi : Com. arch.<br />
J'ai cru bon <strong>de</strong> préférer l'ordre alphabétique, à cause <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> commodité <strong>de</strong>s recherches, au rangement par paroisses.<br />
Le chapitre Paroisses corrigera ce que cette manière a<br />
<strong>de</strong> moins normal.<br />
Puissent ces quelques retours sur un passé plein <strong>de</strong> gloire<br />
nous faire aimer davantage encore, malgré plus d'une déchéance<br />
<strong>de</strong>s choses et <strong>de</strong>s caractères, notre vieille cité.<br />
Et nunc, liber, ibis in urbem.<br />
I. — ABATTOIR 1<br />
.<br />
L'Abattoir <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> ou Malemaison (male, méchante<br />
maison) était anciennement au bas <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Paris.<br />
1359. « ... Molendino quod esse solebat in vico parisiensi<br />
« ab opposito malœ domus, » ... moulin (Sainte-Marie) qui<br />
étoit accoustumé exister en <strong>la</strong> rue Parisis a l'opposite <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Malemaison. — En 1468, les maîtres bouchers rappellent qu'ils<br />
« avoient un hotel appelé <strong>la</strong> Malmaison, scitué au <strong>de</strong>hors <strong>de</strong><br />
« <strong>la</strong>ditte ville et cité <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, <strong>de</strong>hors <strong>la</strong> Porte Parisis, sur<br />
« eaue qui avoit lors son cours, pour mener en icelle, tuer et<br />
« escorcher leurs bestes, que cet édifice ars (brûlé) au temps<br />
« <strong>de</strong>s guerres » avec les Ang<strong>la</strong>is « dût être rebasti <strong>de</strong> neuf... »<br />
— Un procès-verbal d'assemblée <strong>de</strong> ville <strong>de</strong> 1482 2<br />
p<strong>la</strong>ce cette<br />
1« Ce qu'on voit aux abords d'une gran<strong>de</strong> cité,<br />
« Ce sont <strong>de</strong>s abattoirs, <strong>de</strong>s murs, <strong>de</strong>s cimetières. »<br />
A. DE MUSSET.<br />
2 Afforty, IV, 2199 en 1422; VIII, 4510; XVIII, 628; XXI, 815 en 1468;<br />
XXIII, 284 en 1510. — Voir Registres municipaux, année 1402, où p<strong>la</strong>intes<br />
sur <strong>la</strong> mauvaise tenue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Malmaison, etc.
maison nouvelle « <strong>de</strong>vant l'hotel <strong>de</strong>s bons hommes au coing <strong>de</strong><br />
« <strong>la</strong> rue au Lion ». — Vaultier dit : « Pour refaire <strong>la</strong> dite<br />
« brêche, » ouverte aux remparts <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> les 15 et 16 mai<br />
1589 par d'Aumale, « fut <strong>la</strong> Malmaison démolie et après refaite<br />
« plus haut. »<br />
Aujourd'hui l'Abattoir a été rejeté <strong>de</strong> l'autre côté <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
rivière. Cet établissement nouveau date <strong>de</strong> 1827, et son réglement,<br />
du 25 janvier 1832.<br />
Voir les articles Boucherie et Bouchers. L'on sait les ordonnances<br />
sévères <strong>de</strong> police qui, dès 1567 et 1577, protégeaient<br />
les villes contre les inconvénients <strong>de</strong>s tueries 1<br />
.<br />
II. — AFFORTY (Rue).<br />
Le Conseil municipal <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, dans sa séance du 7 février<br />
1879, a décidé que <strong>la</strong> rue du Carrefour ou plutôt du Cloître-<br />
Saint-Rieul, où <strong>de</strong>meurait Afforty, n os<br />
8 et 10, porterait<br />
désormais son nom 2<br />
.<br />
Afforty naquit à Montagny-Sainte-Félicité, le 5 février 1706,<br />
<strong>de</strong> Charles Afforty et <strong>de</strong> Marie Le Normand. Voici une note<br />
biographique qu'il nous a lui-même <strong>la</strong>issée : « François Charles<br />
« Afforty baptisé à Montagny le dimanche 7 février 1706.<br />
« Parein François Afforty d'Othis, Mareine Michelle le Court<br />
« <strong>de</strong> Compans. J'ai été tonsuré estant en rhétorique au collége<br />
1<br />
« Les bouchers tueront et escorcheront leurs bestes grosses en <strong>la</strong> rue<br />
« <strong>de</strong>ssoubs <strong>la</strong> boucherie et au marché a porceaux et ès lieux accoustumés<br />
« et ne les poueront tuer ni escorcher ès lieux qui sont sur le marché ni ès<br />
« autres rues notables <strong>de</strong> <strong>la</strong> dicte ville, sur et a peine <strong>de</strong> dix sols parisis pour<br />
« chacune fois qu'ils feront le contraire. » Manuscrit <strong>de</strong> Beaucousin, concernant<br />
les métiers <strong>de</strong> Noyon en 1398. <strong>Bibliothèque</strong> nationale.<br />
2 « Sur <strong>la</strong> proposition aussi impartiale qu'intelligente <strong>de</strong> M. le docteur<br />
« Decaisne, <strong>la</strong> rue du Carrefour-Saint-Rieul, où se voit <strong>la</strong> maison du<br />
« chanoine Afforty, va recevoir le nom <strong>de</strong> notre savant historien. C'est là<br />
« un acte vraiment libéral et qui honore le Conseil municipal à l'égal du<br />
« conseiller qui en a fait <strong>la</strong> motion. Dans un temps où tant <strong>de</strong> municipalités<br />
« s'acharnent à débaptiser les choses les plus illustres, il est bon <strong>de</strong> leur<br />
« opposer <strong>de</strong>s exemples plus patriotiques. » Nouvelliste du 12 février 1879.
« <strong>de</strong> Montaigu le 10 juin 1724. Maistre es arts le 4 septembre<br />
« 1726. Reçu les quatre ordres mineurs à <strong>Senlis</strong> le 18 dé-<br />
« cembre 1728; le sous-diaconat à Soissons le 3 juin 1730 ;<br />
« le diaconat à Paris le 23 décembre 1730 et <strong>la</strong> prêtrise à<br />
« Paris le 19 mai 1731. J'ai soutenu ma tentative en <strong>la</strong> salle<br />
« <strong>de</strong>s Jacobins à Paris le 17 février 1730, ma mineure en<br />
« Sorbone le 30 juin 1732, ma majeure aux Carmes <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce<br />
« Maubert le 4 mai 1733 et ma Sorbonique le 16 octobre sui-<br />
« vant. J'ai reçu <strong>la</strong> bénédiction apostolique et le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />
« licencié le 8 mars 1734. J'ay soutenu ma vespérie le 26 mars<br />
« 1734, et j'ai reçu le bonnet <strong>de</strong> docteur le len<strong>de</strong>main 27 <strong>de</strong>s<br />
« mêmes mois et an. J'ai été présenté à M r<br />
<strong>de</strong> Vintimille,<br />
« archevêque <strong>de</strong> Paris, pour le vicariat <strong>de</strong> Saint-Landry en <strong>la</strong><br />
« cité le 13 mai 1732, nommé chanoine <strong>de</strong> Saint-Rieul <strong>de</strong><br />
« <strong>Senlis</strong> le 9 janvier 1734..., chantre en dignité du dit cha-<br />
« pitre le 3 aoust 1739..., doyen le 8 avril 1747. »<br />
L'on sait qu'Afforty fut l'un <strong>de</strong>s commissaires nommés sous<br />
Louis XV pour <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong>s chartes.<br />
La science archéologique lui doit d'avoir recueilli sur<br />
l'histoire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong>s documents considérables, dont il <strong>de</strong>meure<br />
à <strong>la</strong> <strong>Bibliothèque</strong> <strong>municipale</strong> 25 volumes in-4° portant<br />
les titres : Collectanea Sylvanectensia et Tabu<strong>la</strong>rium Silvanectense,<br />
et comprenant plus <strong>de</strong> 18,000 pages d'une écriture<br />
serrée.<br />
Afforty a reçu <strong>la</strong> sépulture dans l'église Saint-Rieul (1786).<br />
L'on trouvera son épitaphe dans Graves, et au chapître <strong>de</strong><br />
Saint-Rieul 1<br />
.<br />
Inutile <strong>de</strong> faire remarquer dans cette inscription le jeu<br />
d'esprit : docte et docteur, qui semble répondre au reproche :<br />
« Melius est esse doctum quam doctorem », — le trait philosophique<br />
qui suit : Il eut le sort, etc., — et les belles vertus<br />
d'Afforty : le contentement dans <strong>la</strong> médiocrité <strong>de</strong> <strong>la</strong> fortune,<br />
l'hospitalité, <strong>la</strong> passion du travail, <strong>la</strong> douceur et <strong>la</strong> piété.<br />
1<br />
Précis statistique sur le canton <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, p. 147.
Les amateurs <strong>de</strong> généalogies trouveront <strong>de</strong>s notes sur <strong>la</strong><br />
famille d'Afforty en Afforty lui-même 1<br />
. MM. Fossé d'Arcosse,<br />
<strong>de</strong> Soissons, sont ses arrière-petits-neveux 2<br />
.<br />
Afforty portait d'azur à trois besans d'argent à un trèfle d'or<br />
en abyme.<br />
III. — * AIGUILLIÈRE (Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte) 3<br />
.<br />
La ruelle Aiguillière, « in vico Aculeario (1280), » où<br />
<strong>de</strong>meurait lors un Pierre dit Murarius », Aguillière, Eguillière,<br />
Esguillère (1537 et 1538) 4<br />
, ou plus logiquement <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte<br />
Aiguillière, conduisait du carrefour Saint-Maurice au boulevard<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> Contrescarpe 5<br />
. Elle <strong>de</strong>vait son nom mo<strong>de</strong>ste à <strong>la</strong><br />
porte Aiguillière « porta Aculearia » qui lui servait d'horizon.<br />
Si l'archéologue rebâtit par l'imagination le vieux <strong>Senlis</strong><br />
<strong>de</strong> 1480, il trouvera, en faisant <strong>la</strong> visite <strong>de</strong>s remparts extérieurs<br />
6<br />
avec le lieutenant-général Nico<strong>la</strong>s Mannessier, cette<br />
cité « vierge et jamais prise <strong>de</strong> force » ainsi gardée <strong>de</strong> « ter-<br />
« rasses, <strong>de</strong> fossez, <strong>de</strong> portes et <strong>de</strong> poternes : Portes Aguil-<br />
« lière, — Saint Rieule avec une montée par où l'on va sur<br />
« les murs par le cymetière Saint-Rieule, — Saint-Sanctin,<br />
« — et Bellon et Tour Engelée (ang<strong>la</strong>ise ?) ; — porte <strong>de</strong><br />
« Meaux, avec tour Jehan Cauche; — poterne (Saint-<br />
« Vincent) ; — porte <strong>de</strong> Paris avec tour Pierre Billebaut ; —<br />
1<br />
T. I, 5647 ; x, 410, 414,419 ; XI, 6003, 6067,7006, où arbre généalogique<br />
d'Afforty, 7033, 7042, 7045, 7060 à 7083 et 7274.<br />
2<br />
Françoise Afforty, sœur d'Afforty, mariée à Louis-Charlemagne Fossé,<br />
marchand <strong>de</strong> <strong>de</strong>ntelles à Ecouen, le 23 septembre 1727, a eu, entre autres<br />
neuf enfants, Louis-Emmanuel Fossé, 1745.<br />
3<br />
L'astérisque indiquera une appel<strong>la</strong>tion disparue.<br />
4<br />
Afforty, I, 381; III, 1376; XVI. 321; XIX, 138.<br />
5<br />
Contrescarpe : bord extérieur du fossé.<br />
6<br />
Vaultier. — Afforty, v. 2527 à 2532. — Voir sur les fortifications <strong>de</strong><br />
<strong>Senlis</strong> en 1465, 1476, 1520, 1528, 1545, 1547, Broisse, Vatin : <strong>Senlis</strong> et<br />
Chantilly, p. 70, et infra.
« portes aux Anes et <strong>de</strong> Creilg. » Lors <strong>de</strong>s longs et coûteux<br />
travaux <strong>de</strong> défense qui furent continués aux fortifications, <strong>de</strong><br />
1588 à 1598, <strong>la</strong> porte Aiguillière, comme <strong>la</strong> porte Saint-Sanctin,<br />
était déjà condamnée « longtemps y a 1<br />
» dans un intérêt <strong>de</strong><br />
pru<strong>de</strong>nce. Néanmoins, en 1756, quelques vestiges indiquaient<br />
encore sa p<strong>la</strong>ce. Aujourd'hui elle n'est plus qu'un souvenir.<br />
Pourquoi cette ruelle, ou plutôt cette porte, s'appe<strong>la</strong>-t-elle<br />
dès le XIII e<br />
siècle, Aiguillière, <strong>de</strong> l'Aiguille?<br />
Serait-il trop hypothétique <strong>de</strong> supposer que cette dénomination<br />
lui a été donnée à cause <strong>de</strong> son étroitesse : « Il est plus<br />
« facile à un cable, » dit l'Evangile, « <strong>de</strong> passer par le trou<br />
« d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume <strong>de</strong>s<br />
« cieux »; — ou bien à cause <strong>de</strong> pièces <strong>de</strong> bois aiguisées<br />
(aculeus, agulha, etc.) qui <strong>la</strong> défendaient, etc.? « Pour affermer<br />
« ne pour noier n'est muée <strong>la</strong> chose. »<br />
La ruelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte Aiguillière reçut quelquefois le nom<br />
<strong>de</strong> « rue du Grand Charriot 2<br />
conduisant à <strong>la</strong> porte Aiguil-<br />
« lière (1600, 1610). »<br />
L'on y remarquait les maisons <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haulte Maison (1458)<br />
ou du Grand Pignon (1600-1715), qui faisait face « à <strong>la</strong><br />
« porte <strong>de</strong> <strong>de</strong>rrière du cloître Saint-Morisse et était adossée<br />
« aux remparts », — <strong>de</strong> Sainte-Catherine, qui tenait à <strong>la</strong><br />
<strong>précé<strong>de</strong>nte</strong> et fut donnée en 1589 aux religieuses exilées <strong>de</strong><br />
Saint-Remy (voir Saint-Remy), — et du Canard sauvage<br />
(1500). — Voir Chat-Hêret.<br />
Les agrandissements du couvent <strong>de</strong> Saint-Joseph ont fait<br />
subir au vieux tracé <strong>de</strong> cette rue <strong>de</strong>s modifications.<br />
« A l'endroit <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte Esguillière ainsi condamnée et où<br />
« était le champ du marché, l'on a fait, » dit Vaultier, « durant<br />
« les troubles un éperon... lequel défend les portes <strong>de</strong> Saint-<br />
« Rieul et <strong>de</strong> Creil. Au milieu, l'on y a <strong>la</strong>issé un gros orme où<br />
« l'on sou<strong>la</strong>it tirer le geai, et y étaient aussi les buttes <strong>de</strong>s<br />
1<br />
2<br />
Jean Vaultier, p. 400.<br />
Afforty, XVII, 818.
« arbalêtriers, archers et autres jeux, ou étaient <strong>de</strong> belles<br />
« allées d'arbres, d'ormeaux, tilleuls et autres, pour se reposer<br />
« et récréer à l'ombrage d'iceux ; et où était assis une croix<br />
« <strong>de</strong> pierre <strong>de</strong> taille, qu'on a remise un peu plus haut, proche<br />
« du chemin qui conduit à Villevert, à <strong>la</strong> fontaine <strong>de</strong>s<br />
« Marais. »<br />
L'éperon dont parle Jehan Vaultier a fait p<strong>la</strong>ce au boulevard<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> Contrescarpe ; l'orme du geai à <strong>de</strong>s arbres nouveaux :<br />
« une feuille, » dit Homère, « pousse une feuille » ; le bruit du<br />
marché aux chants <strong>de</strong>s morts; <strong>la</strong> croix seule a subsisté, espérance<br />
<strong>de</strong>s nations ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s comme <strong>de</strong>s âmes !<br />
IV. — * ANES (Rue et Carrefour <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte aux),<br />
aujourd'hui unie à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Montagne-Saint-Aignan.<br />
La rue aux Anes ou mieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte aux Anes est une<br />
<strong>partie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue plus pittoresque que facile qui mène <strong>de</strong> l'église<br />
Saint-Aignan, aujourd'hui théâtre, vers le Montauban.<br />
Descen<strong>de</strong>z : vous <strong>la</strong>issez à votre gauche les rues <strong>de</strong> Murat,<br />
du Heaume, <strong>de</strong>s Bouchers ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine Saint-Gilles, les<br />
Etuves, et le jardin <strong>de</strong> l'Arquebuse pour aboutir près <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> Porte aux Anes, entre le Jeu <strong>de</strong> Fusil et l'éperon encore<br />
puissant du Montauban. C'est <strong>la</strong> route que suivaient les Gallo-<br />
Romains <strong>de</strong> leurs Bains (Etuves) à leurs Arènes.<br />
Pourquoi cette dénomination aux Anes? En 1779, une<br />
pierre que l'on trouva dans <strong>de</strong>s fouilles entre Belleville et<br />
Montmartre, portant cette inscription :<br />
I C<br />
I<br />
L<br />
E<br />
C H<br />
E M<br />
I N<br />
D E<br />
S A N E S<br />
mit en grand embarras les archéologues du canton, jusqu'à ce
que le be<strong>de</strong>au <strong>de</strong> Montmartre rassemblât les caractères selon<br />
cet ordre : ICI LE CHEMIN DES ANES. « Cette pierre<br />
« servait, » dit le conteur, « aux plâtriers qui al<strong>la</strong>ient aux<br />
« carrières chercher du plâtre avec <strong>de</strong>s ânes, animaux dont ils<br />
« se servent ordinairement pour cette expédition. » L'explication<br />
du nom <strong>de</strong> rue aux Asnes est probablement aussi naïve :<br />
« Rue du moulin du roy, clos aux asnes (1527). — Clos aux<br />
« Asnes », près <strong>la</strong> Gastellière (1651) 1<br />
.<br />
Je livre aux amateurs les pièces qui suivent :<br />
1441. « Vallée <strong>de</strong> Saint-Agnan. »<br />
1480. « Ordonnance 2<br />
du lieutenant-général <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> pour<br />
<strong>la</strong> visite et l'estimation <strong>de</strong>s remparts, terrasses et fossez...<br />
Fosse aux Asnes ou <strong>la</strong>c d'eau pour fortification. » Les travaux<br />
<strong>de</strong> défense faits <strong>de</strong>puis neuf ans ont couté plus <strong>de</strong> 2,000<br />
livres parisis. — L'estimation sera faite par M. Giles Hazart,<br />
maistre <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> maçonnerie du Roy notre sire audit<br />
bailliage, Henriet Martin et Jean le Barbier, pionniers. —<br />
L'on a élevé <strong>de</strong>s « terrasses <strong>de</strong> terre par <strong>de</strong>dans <strong>la</strong> ville,<br />
« autour et au long <strong>de</strong>s murs <strong>de</strong> <strong>la</strong> forteresse es lieux qui s'en-<br />
« suivent Premièrement <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> porte Saint-Sanctin<br />
« jusqu'au coing du corps d'hotel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chantrerie <strong>de</strong> Saint-<br />
« Rieul Item entre <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Meaux et <strong>la</strong> Tour<br />
« Engelée...., » etc.<br />
1509. « Item 3<br />
sera fait un mur en <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte aux<br />
« Asnes, affin qu'on ne puisse aller sur les murs et forteresse<br />
« <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. »<br />
1526. « Oultre a esté délibéré que les fossés <strong>de</strong> <strong>la</strong>ditte ville<br />
« et surtout <strong>la</strong> Porte aux Asnes seront vuidés et toutes les<br />
« terres et bourbes, qui en seront tirés, portés sur les ter-<br />
« rasses, tellement que l'eau <strong>de</strong>sdits fossés soit joignant et<br />
1<br />
Afforty, III, 1153; XXI, 633.<br />
2<br />
3<br />
Afforty, v, 2527 : Ordonnance du lieutenant général, etc.<br />
Afforty, VIII, 4561, 4563.
« battant contre les murailles, d'autant qu'à présent il estoit<br />
« bruit qu'on espéroit plus <strong>la</strong> guerre en après entre le Roy<br />
« notre dit Seigneur (François I er<br />
) et l'Esleu Empereur duquel<br />
« ledit Seigneur avoit esté captif (à Pavie) et prisonnier <strong>de</strong><br />
« guerre que <strong>la</strong> paix. » (1 er<br />
juillet) l<br />
.<br />
1544. « La porte aux Asnes est une <strong>de</strong>s cinq <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. En<br />
« juillet 1544, à cause <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s guerres que le roi avoit<br />
« contre l'empereur et le roi d'Angleterrre, il envoya à <strong>Senlis</strong><br />
« M e<br />
Jehan François <strong>de</strong> <strong>la</strong> Rocque, écuyer, seigneur <strong>de</strong><br />
« Roberval, avec lettres <strong>de</strong> commisssion, pour fortifier <strong>la</strong><br />
« ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>... 2<br />
»<br />
1589. « Autour <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle brêche, proche <strong>de</strong> <strong>la</strong> fosse aux<br />
« asnes, il y avait une grosse tour si endommagée que les dits<br />
« assiégés furent contraints l'abandonner, etc. 3<br />
»<br />
1592. « ... Tour près <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fosse aux Asnes appelée <strong>la</strong> Tour<br />
« Vennyer, qui avoit esté semb<strong>la</strong>blement ruynée par l'armée<br />
« <strong>de</strong>s ennemis. 4<br />
. » Quelle est l'étymologie du mot Vennyer?<br />
Est-ce vene, marais, — ou venna, vennes, cloture?<br />
1601. « De Saint Anian tirant vers le carrefour <strong>de</strong>s Asnes...<br />
« <strong>de</strong>puis le carrefour aux Asnes » à <strong>la</strong> rencontre <strong>de</strong>s rues<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> Montagne Saint-Agnian et aux Asnes « jusqu'à <strong>la</strong> rue<br />
« <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tour aux Bœufs 5<br />
. » — Voir Tournebus.<br />
Il existe dans le jardin <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison qu'habite M. François<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye, n° 10, une fontaine couverte d'une voûte et ornée<br />
<strong>de</strong> niches qui sont d'un beau et sérieux travail.<br />
1<br />
2<br />
3<br />
4<br />
5<br />
V. — ANGLAIS (Chemin <strong>de</strong>s. — Rue aux).<br />
Le chemin dit <strong>de</strong>s Ang<strong>la</strong>is, lequel, dit l'abbé Cau<strong>de</strong>l, « n'est<br />
Afforty, XII, 7312.<br />
Mallet, p. 46, où détails sur travaux, etc.<br />
Vaultier, p. 160, où récit très-vivant du siège.<br />
Afforty, VI, 2930.<br />
Afforty, VII, 3541.
« qu'une voie romaine <strong>de</strong> second ordre, ou plutôt un chemin<br />
« gaulois romanisé à l'époque <strong>de</strong> <strong>la</strong> conquête, » vient <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
porte <strong>de</strong> Creil et passe <strong>de</strong>rrière le cimetière sous le nom <strong>de</strong><br />
rue aux Ang<strong>la</strong>is ou aux Chevaux, rencontre vers le gué <strong>de</strong><br />
Pont le chemin dit <strong>de</strong>s Vaches qui <strong>de</strong>scend du Tomberay :<br />
« petite ruelle ou chemin conduisant du champ du marché (qui<br />
« est) à <strong>la</strong> porte Saint-Rieul, au gué <strong>de</strong> Pont, — autrement<br />
le chemin <strong>de</strong>s Ang<strong>la</strong>is (1745) 1<br />
», — passe entre Villevert et Saint-<br />
Rieul pour gagner en tournant <strong>la</strong> ville <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> <strong>la</strong> route<br />
<strong>de</strong> Reims, paraît au faubourg <strong>de</strong> Villemétrie en face du parc<br />
<strong>de</strong> M. Queste, se jette à gauche entre Montlévêque et les<br />
ruines pittoresques <strong>de</strong> Montépilloy 2<br />
, montre tous ses caractères<br />
à <strong>la</strong> ferme admirable <strong>de</strong> Fourcheret, surgit <strong>de</strong> nouveau<br />
<strong>de</strong>ux kilomètres avant Baron, « où <strong>la</strong> route mo<strong>de</strong>rne s'est<br />
« établie sur ses débris » et gagne ainsi Nanteuil-le-<br />
Haudouin.<br />
Cette appel<strong>la</strong>tion, chemin <strong>de</strong>s Ang<strong>la</strong>is, est beaucoup plus<br />
ancienne que je ne l'avais supposé d'abord avec M. Cau<strong>de</strong>l, et<br />
plus d'un titre m'interdit <strong>de</strong> l'attribuer aux souvenirs <strong>de</strong> l'invasion<br />
ang<strong>la</strong>ise.<br />
Exemples : 1294. Vente au faubourg dans <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s<br />
Ang<strong>la</strong>is « in suburbio in vico Anglicorum ». — 1297.<br />
Maison située « in vico Anglicorum ». — 1328. — 1339.<br />
Maison rue <strong>de</strong>s Ang<strong>la</strong>is léguée à <strong>la</strong> communauté <strong>de</strong>s huit curés<br />
par Marie <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte « ... au lieu que l'en dit à <strong>la</strong> Rue aux<br />
Sengles » (aux Senglès, aux Englès, aux Ang<strong>la</strong>is 3<br />
.)<br />
Quelle est <strong>la</strong> raison <strong>de</strong> l'attribution : aux Ang<strong>la</strong>is? La voie<br />
aux Ang<strong>la</strong>is fait-elle <strong>partie</strong> d'un système <strong>de</strong> routes tendant<br />
vers Boulogne et <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong>-Bretagne? Le mot Ang<strong>la</strong>is a-t-il<br />
1<br />
Terrier <strong>de</strong> Saint-Jean.<br />
2<br />
En 1076, « in monte expilierico. » — En 1166, « p<strong>la</strong>team in qua fuit<br />
« antiqua vil<strong>la</strong> <strong>de</strong> monte specu<strong>la</strong>toris. » — Vers 1220, « <strong>de</strong> monte specu<strong>la</strong>torio.<br />
» Montespillour, Montespillouer. Afforty, I, 65; III, 1556, 1563.<br />
3<br />
Afforty, XVI, 696, 789;<br />
année 1385.<br />
XVII, 619; XVIII, 71. — Voir encore XIX, 364,
eu quelquefois, comme Barbarie, Sarrazin, le sens général<br />
d'ennemis ?...<br />
Ce texte : « Un petit jardin séant <strong>de</strong>vant l'hotel du<br />
« Roy hors <strong>Senlis</strong> dont les murs ont etez abbattus pour <strong>la</strong><br />
« trahison que on y a cuidé faire... » (1447) 1<br />
, indique-t-il un<br />
épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> cette époque néfaste (août 1429) où les Ang<strong>la</strong>is, sous<br />
<strong>la</strong> conduite du duc <strong>de</strong> Bedford, battirent dans les p<strong>la</strong>ines <strong>de</strong><br />
Montépilloy une <strong>partie</strong> <strong>de</strong> l'armée <strong>de</strong> Charles VII ?<br />
Le compte <strong>de</strong> 1508, qui mentionne : « Hors <strong>la</strong> porte Saint<br />
« Rieul ...un jardin assis <strong>de</strong>vant lostel du roy en <strong>la</strong> rue au<br />
« Anglois » sera facilement éc<strong>la</strong>iré par cette indication<br />
<strong>de</strong> 1693 : «... au <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> Villevert, prés <strong>la</strong> rivière joignant<br />
« les jardins du Roy hors <strong>Senlis</strong> 2<br />
» et par cette autre <strong>de</strong><br />
« Dom Grenier 3<br />
: Nos rois avaient un autre château hors <strong>de</strong><br />
« <strong>la</strong> ville près le pont : il se nommait l'hospice du Gué, in<br />
« hospitio <strong>de</strong> vado pontis ; c'est en cet endroit que Charles V<br />
« fit expédier, en juillet 1365, <strong>de</strong>s lettres pour le commerce<br />
« que les Italiens, principalement les Gênois, exerçaient en<br />
« France, etc. 4<br />
»<br />
N'existe-t-il pas quelque re<strong>la</strong>tion d'origine entre ces appel<strong>la</strong>tions<br />
: Chemin <strong>de</strong>s Ang<strong>la</strong>is et Tour Engelée (à côté <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
porte Bellon)? — Voir Marmouseaux.<br />
1<br />
2<br />
3<br />
4<br />
5<br />
Afforty, XXI, 396.<br />
Afforty, VI, 3004.<br />
T. CLXV, p. 126.<br />
Ordonnances <strong>de</strong>s Rois <strong>de</strong> France.<br />
Afforty, I, 106.<br />
VI. — APPORT-AU-PAIN (Rue <strong>de</strong> l'),<br />
ou exactement <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte-au-Pain.<br />
Le vrai nom <strong>de</strong> cet endroit central <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville est <strong>la</strong> Porteau-Pain.<br />
Ne lit-on pas dans les actes les plus anciens :<br />
1241. « Ad portam ubi panes venduntur; 5<br />
» — 1264. « juxta
« portam <strong>de</strong> castro ubi venditur panis et quamdam turricu<strong>la</strong>m<br />
« sitam super muros praedictae urbis ; à côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte du<br />
« Châtel où l'on vend le pain et d'une certaine tour située sur<br />
« les murs <strong>de</strong> <strong>la</strong> susdite ville ; 1<br />
» — 1280. « ad portam ubi<br />
« panis venditur, porte où le pain se vend, » expression que<br />
l'on rencontre <strong>de</strong> nouveau en 1519; — 1359. « porte au pain<br />
« Saint-Nico<strong>la</strong>s; » — 1553. «... les maîtres et administrateurs<br />
« <strong>de</strong> Saint-Ladre pour un estal séant à <strong>la</strong> Porte au Pain sur<br />
« lequel on souloit vendre pain; » — 1590. « porta panis 2<br />
»,<br />
au milieu <strong>de</strong>s locutions altérées : <strong>la</strong> port au pain, en 1469;<br />
l'apport au pain, en 1598 3<br />
, etc.?<br />
Pourquoi ce nom <strong>de</strong> porte? Très-certainement à cause d'une<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux portes primitives <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité (porte <strong>de</strong> Paris), qui<br />
existait en cet endroit, rue du Chatel : « poterne à porte au<br />
pain. »<br />
Mais pourquoi porte au pain « porta ubi panis venditur ? »<br />
Parce qu'il y avait auprès <strong>de</strong> cette porte un étal aux pains où,<br />
en concurrence avec les maîtres bou<strong>la</strong>ngers, talmeliers 4<br />
ou<br />
tameliers, <strong>de</strong>s galmicheurs 5<br />
venaient, le mercredi surtout et<br />
le samedi, vendre librement leur pain (1562) « pur et nourrissant<br />
» 6<br />
.<br />
Cette porte s'appe<strong>la</strong>it aussi porte du Gloria, <strong>la</strong>us 7<br />
, parce<br />
1 Charte <strong>de</strong> fondation <strong>de</strong> l'abbaye <strong>de</strong> Saint-Maurice. — Spicil., t. XII,<br />
p. 185.<br />
2 Afforty, IV, 2285; VI, 3355; XVIII, 649; procès-verbal, infra.<br />
3 Afforty, VI, 3355.<br />
4 Tameliers, <strong>de</strong> tamisium, tamis.<br />
5 Galmicheurs, <strong>de</strong> miche, pain rond, épais.<br />
6 Les bou<strong>la</strong>ngers jaloux veulent que les galmicheurs soient reçus maistres.<br />
« Galmicheurs, dont le pain est pur et <strong>de</strong> <strong>la</strong> farine qui provient du bled sans<br />
« que d'icelle ils tirent fleur pour faire pain b<strong>la</strong>nc comme les bou<strong>la</strong>ngers et<br />
« du reste appelé gruyau en font leur pain ordinaire qui n'est pas aussi bon<br />
« et aussy nourrissant que celui <strong>de</strong>s galmicheurs. » Afforty, XII, 7484, 7503 :<br />
Procès-verbaux <strong>de</strong>s assemblées communes.<br />
7 Dom Grenier, t. CLXV, p. 196. Sic à Beauvais autrefois, au lieu dit<br />
encore Gloria <strong>la</strong>us, <strong>de</strong>vant les ruines <strong>de</strong> l'église du Chatel.
que c'était à cet endroit que le clergé chantait le jour <strong>de</strong>s<br />
Rameaux ou <strong>de</strong> Pâques fleuries, le ravissant et dramatique<br />
dialogue que composa au IX e<br />
siècle Théodulphe, évêque d'Orléans<br />
: « Israel, tu es Rex... Gloria, <strong>la</strong>us et honor... »<br />
L'on distinguait au carrefour <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte au Pain :<br />
1. « La maison commune dite l'hotel <strong>de</strong> ville » (Vaultier),<br />
dont il convient <strong>de</strong> faire infra une mention spéciale.<br />
2. Les Changes (1309). — Charte <strong>de</strong> Louis VII (1146) confirmant<br />
à Saint-Vincent une rente <strong>de</strong> 40 sols sur le change <strong>de</strong><br />
<strong>Senlis</strong>, « <strong>de</strong> cambio silvanectensi 1<br />
. » — « L'an 1604, quant à<br />
« <strong>la</strong> maison <strong>de</strong>s changes, a été résolu qu'elle sera abbatue et<br />
« achettée par <strong>la</strong> ville qui se chargera <strong>de</strong> l'Escu <strong>de</strong> rente dub<br />
« au roy, etc., — « maison « <strong>la</strong>quelle, » dit Jaulnay,<br />
« estoit <strong>de</strong>vant l'hostel <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite ville et offusquoit toutes les<br />
« veües..., estant toute seule au milieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue..., ce qui<br />
« fut exécuté huit jours après, le 23 février. »<br />
C'était un châtiment bien mérité par cet ancien repaire<br />
d'usuriers, qui logeaient peut-être <strong>de</strong> préférence rue <strong>de</strong>s<br />
Lombards ou <strong>de</strong> Saint-Hi<strong>la</strong>ire.<br />
3. Au-<strong>de</strong>ssous (<strong>de</strong> l'hotel <strong>de</strong> ville) <strong>la</strong> Boucherie « gran<strong>de</strong><br />
« et spacieuse » 2<br />
. La commune a donné <strong>la</strong> maison où sont les<br />
stalles <strong>de</strong>s bouchers.<br />
L'on pourra voir dans le cartu<strong>la</strong>ire enchaîné et dans Afforty 3<br />
<strong>la</strong> charte <strong>de</strong> <strong>la</strong> « viez boucherie »; le différend qui survint, en<br />
1225-1226, au sujet <strong>de</strong> <strong>la</strong> boucherie entre <strong>la</strong> commune et le<br />
chapitre; un arrêt <strong>de</strong>s maistres <strong>de</strong>s requestes qui condamne les<br />
bouchers à payer à l'Hôtel-Dieu <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> 12 livres 12 sols <strong>de</strong><br />
rente (1365); <strong>la</strong> seigneurie foncière que le chapitre <strong>de</strong> Saint-<br />
Rieul possédait alors sur <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> boucherie 4<br />
; les cens que <strong>la</strong><br />
1 Afforty, XIV, 29.<br />
2 Vaultier, p. 399. — Afforty, XVII, 716 en 1495.<br />
3Afforty, x, 111; XII, 7331.<br />
4 Afforty, XVIII, 794.
communauté <strong>de</strong>s bouchers est obligée <strong>de</strong> payer à Noël et à <strong>la</strong><br />
Saint-Jean ; <strong>la</strong> défense que fait le bailly d'étaler <strong>de</strong> <strong>la</strong> vian<strong>de</strong><br />
autrement qu'à <strong>de</strong>s fenêtres (1422) 1<br />
; le cens que l'Hôtel-Dieu<br />
perçoit à <strong>la</strong> boucherie (1456) ; <strong>la</strong> transaction qui survint en<br />
1468, entre les échevins et manans <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et les bouchers<br />
« au sujet <strong>de</strong> vendre seuls <strong>la</strong> vian<strong>de</strong> »; <strong>la</strong> torche <strong>de</strong> cire <strong>de</strong><br />
quatre livres que <strong>la</strong> communauté <strong>de</strong>s bouchers avait coutume<br />
<strong>de</strong> porter à <strong>la</strong> procession <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fête-Dieu (1466); les amen<strong>de</strong>s<br />
contre les bouchers (1636) « pour bestail trouvé dans les fossés<br />
« et sur remparts <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville 2<br />
»; une vente d'estaulx dont un<br />
appartenant au Roy, etc.<br />
Outre <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> boucherie, il y avait, <strong>de</strong>puis l'acquisition<br />
qui en fut faite en avril 1271, <strong>la</strong> « petite boucherie, sise rue<br />
« Parisis, presque <strong>de</strong>vant l'hôtel <strong>de</strong> Cullerettes (1415), tenant<br />
« à <strong>la</strong> ruelle qui va au marché (par <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Beauvais) »,<br />
d'où le nom <strong>de</strong> ruelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Boucherie (1610), donné à <strong>la</strong><br />
ruelle autrefois ouverte, aujourd'hui impasse, qui conduit à<br />
<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce aux Veaux : « Devant l'hotel <strong>de</strong>s Cullerettes...<br />
« enseigne <strong>de</strong> l'image saint Martin tenant d'un coing à <strong>la</strong><br />
« petite ruelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Boucherie et par <strong>de</strong>rrière à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce aux<br />
Veaux 3<br />
. »<br />
4. Devant les Changes, en suivant <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> l'hôtel <strong>de</strong><br />
ville et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Boucherie, l'on apercevait l'enseigne 4<br />
« l'Ecu <strong>de</strong><br />
« France à trois fleurs <strong>de</strong> lys qui mène <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte au pain à<br />
« l'église Saint-Anian, tenant d'un costé à l'hostel commun<br />
1<br />
Afforty, IV, 2193.<br />
2<br />
Afforty, III, 1150; VI, 3121; XII, 7731; XVI, 74; XXI, 773, 815.<br />
3<br />
Afforty, VI, 3354, 3356; VIII, 4250; XVII, 820; XXI, 155, 633, 636 et<br />
comptes <strong>de</strong> 1508.<br />
4<br />
Il m'arrivera nécessairement <strong>de</strong> commettre plus d'une erreur dans<br />
l'indication <strong>de</strong>s hôtels anciens : leur situation est souvent marquée dans les<br />
titres par <strong>de</strong>s aboutissants qui, aujourd'hui, sont vagues ; <strong>de</strong>s noms divers<br />
leur ont été donnés, etc. Le lecteur sera bienveil<strong>la</strong>nt. Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>la</strong> même<br />
indulgence pour mes citations d'Afforty.
« <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville; » — le Renard ou <strong>la</strong> Queue du Renard<br />
(1522, 1636, 1651); — à côté le Chapeau rouge (1439);<br />
— <strong>la</strong> roue « <strong>de</strong>vant les Changes faisant le coin en al<strong>la</strong>nt au<br />
« marché aux Samedis et <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> maison commune ; » — et<br />
les Trois Pucelles ou le Mortier d'Or (1469, 1494, 1540) 1<br />
.<br />
Le Barillet qui était voisin du Chapeau Rouge (1479, 1486),<br />
rappelle ces comptes <strong>de</strong> dépense : « 1619, 1 juillet, 13 livres 4<br />
« sols au maître du Barillet pour pain et vin par luy fourni pour<br />
« le banquet fait à M. le comte <strong>de</strong> Lusse et à M s<br />
du conseil<br />
« <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, le jour que M s<br />
Mallet et Guérin furent eslus<br />
« eschevins 2<br />
». — « 13 juillet (1619), au sieur Martin Havernat<br />
« paticier. Déjeuné pour M. le Comte [<strong>de</strong> Lusse] porté au<br />
« Chastellet :<br />
Quatre grand paté <strong>de</strong> veau 20 sols.<br />
Un morceau <strong>de</strong> mouton 6<br />
Un paté <strong>de</strong> pigeons 20<br />
Quatre poulets farcis 36<br />
Une sal<strong>la</strong><strong>de</strong> 3<br />
Quatre pièces <strong>de</strong> four 20<br />
Un p<strong>la</strong>t <strong>de</strong> fruit 5<br />
5. Le gros tournois, « au coin <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Parisis et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
« porte au pain (1439, 1472). Maison Rieul Germain, rue du<br />
« Port-au-Pain tenant d'un côté à l'hotel <strong>de</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />
« d'autre à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Paris, par <strong>de</strong>rrière au gros tournois<br />
« (1584). »<br />
6. En face <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte au pain c'était le fief <strong>de</strong> l'Ecrevisse<br />
(1472, 1474) « ou souloit pendre pour enseigne l'Ecrevisse<br />
1<br />
Afforty, III, 1165; VII, 3927; XXII, 810; XXV, 476.<br />
2<br />
Afforty, VI, 2971 et suivant. — Les Bril<strong>la</strong>t-Savarin qui étudient les progrès<br />
que l'art <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuisine a parcourus et les économistes qui comparent les<br />
prix divers que les vivres ont traversés, liront là, p. 2972, 2974 et 2984,<br />
avec intérêt les mémoires <strong>de</strong> disner, déjeûner, etc. que <strong>la</strong> ville paye « au<br />
« sieur Havernat paticier », à Foulon Sauvaige et autres Vatels, en<br />
1619, 1622,1623, etc.
« (1472) scis à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Paris, faisant l'un <strong>de</strong>s quatre coins<br />
« du port à paint, tenant d'un costé vers <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Paris<br />
« à l'ostel ou anciennement souloit pendre pour enseigne <strong>de</strong><br />
« Culliers et se présent y pend pour enseigne le Cerf 1<br />
, » legs<br />
fait par Jehan <strong>de</strong> Mauny « potier d'estain » à Saint-Christopheen-Ha<strong>la</strong>tte.<br />
7. La Croix-B<strong>la</strong>nche : « Maison... près le port-au-pain en<br />
« <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Harengerie en <strong>la</strong>quelle pend pour enseigne <strong>la</strong><br />
« croix b<strong>la</strong>nche... aboutant par <strong>de</strong>rrière à <strong>la</strong> rue aux Tripes<br />
« (du Long-Filet) 2<br />
. »<br />
8. « Rue du Port au pain, maison ou anciennement pendoit<br />
« pour enseigne Saint-Fiacre, tenant d'un côté à M e<br />
Pierre<br />
« Germain, notaire..., par <strong>de</strong>vant sur <strong>la</strong> rue qui conduit <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
« porte au pain à <strong>la</strong> halle et d'autre bout, par <strong>de</strong>rrière, à une<br />
« petite ruelle qui conduit <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite halle à l'hostel <strong>de</strong>s Deux-<br />
« Anges (1598). »<br />
9. Les Deux Anges dont Jaulnay affirme « qu'il existait<br />
« une prison autrefois où est l'hostel <strong>de</strong>s Deux-Anges, au-<br />
« <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> Port au pain, près <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité du côté<br />
« <strong>de</strong> Paris 3<br />
» que cette prison fut consacrée par <strong>la</strong> captivité <strong>de</strong><br />
saint Rieul, etc.<br />
L'on pourra lire dans Afforty 4<br />
, l'échafaud ou tribune <strong>de</strong><br />
musiciens qui fut dressée en cet endroit, c'était le 15 mai 1625,<br />
« pour esjouyr » l'entrée d'Henriette-Marie <strong>de</strong> Bourbon, sœur<br />
<strong>de</strong> Louis XIII, <strong>la</strong>quelle al<strong>la</strong>it épouser l'infortuné Charles I er<br />
.<br />
Un extrait <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> cette Entrée ne sera point<br />
dép<strong>la</strong>cé. M. Loisel, lieutenant-général <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, ayant transmis<br />
aux eschevins l'avis qu'il a reçu <strong>de</strong> cette entrée, les canons<br />
1<br />
Afforty, X, 5263, 5436 à 5438; XXII, 82, 134. — Voir Com. arch., t. VI,<br />
p. 96.<br />
2<br />
Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 513.<br />
3<br />
4<br />
p. 41.<br />
Afforty, XII, 7684.<br />
IV 5
sont tirés <strong>de</strong> l'arsenal sur le rempart ; « <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du Port-au-<br />
« Pain est tendue <strong>de</strong>s plus belles tapisseries <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville comme<br />
« aussy <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> Rue <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> Porte <strong>de</strong> Paris jusqu'au grand<br />
« portail <strong>de</strong> Notre-Dame ; <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Paris est sablonnée, crainte<br />
« d'acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> chevaux, » etc., etc. Dès que les courriers<br />
eurent signalé l'approche <strong>de</strong> <strong>la</strong> reine, que conduisait M. <strong>de</strong><br />
Gor<strong>de</strong>s, capitaine <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s écossaises, <strong>la</strong> milice urbaine et les<br />
échevins se dirigent en bon ordre au-<strong>de</strong>là du faubourg.<br />
« Un jeune homme armé d'une pique » ouvre <strong>la</strong> marche;<br />
<strong>de</strong>rrière suivaient <strong>de</strong>ux adolescents qui conduisaient « un beau<br />
« petit bi<strong>de</strong>t bien enharnaché et bardé, ayant une selle <strong>de</strong><br />
veloux; le sieur Crochet colonnel bien couvert d'habit<br />
« <strong>de</strong> satin noir passementé d'or, botté et esperonné » lequel<br />
marchait à pied « un baton en sa main » ; quatre capitaines<br />
portant <strong>la</strong> pique et un hausse col doré ; <strong>de</strong>ux cents mousquetaires;<br />
les lieutenants; <strong>de</strong>ux cents piqueurs; huit enseignes;<br />
seize notables ayant chacun leur pertuisane ; <strong>de</strong>ux à trois cents<br />
piqueurs; et enfin <strong>de</strong>s bourgeois, lieutenants, cinquantiniers,<br />
etc., au milieu <strong>de</strong>squels les tambours et les fifres jetaient leurs<br />
éc<strong>la</strong>ts...<br />
« Au-<strong>de</strong>ssus du premier pont <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte <strong>de</strong> Paris, proche le<br />
« tapecul, estoit une gran<strong>de</strong> tapisserie et sur icelle un tableau<br />
« ou estoit empreinte une fille représentant <strong>la</strong> ville qui semait<br />
« <strong>de</strong>s lis et <strong>de</strong>s fleurs et au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>s vers en lettres d'or<br />
« qui ensuivent :<br />
Lilia quae semper coluit, tibi lilia plenis<br />
Et flores spargit ca<strong>la</strong>this ; en prima triumphum<br />
Laeta feret, properas orbis dum sceptra Britanni<br />
Ducere, fata vocant quo te felicia : magni<br />
Hoc <strong>de</strong>cet Henrici sobolem justique sororem<br />
Regis et Anglorum generoso principe dignam.<br />
« Et à côté dudit tableau estoient les armes <strong>de</strong> France,<br />
« d'Angleterre et <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville dans <strong>de</strong>s chapeaux <strong>de</strong> triomphe...<br />
« Le quartier <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte au Pain était orné <strong>de</strong> portiques <strong>de</strong>
« charpenterie, l'un posé au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> l'hotel <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville du côté<br />
« <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Saint-Agnan, auquel il y avoit <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s<br />
« arca<strong>de</strong>s, l'une pour entrer en <strong>la</strong>dite rue Saint-Agnan, l'autre<br />
« pour entrer en <strong>la</strong> rue aux Fromages, et l'autre portique posé<br />
« vis à vis <strong>la</strong> maison du cigne tirant pour aller à <strong>la</strong> halle. Un<br />
« théâtre <strong>de</strong> charpenterie (était) posé vis à vis l'hotel <strong>de</strong>s<br />
« <strong>de</strong>ux anges proche du port au pain pour mettre les violons<br />
« et musiciens... Lesdits portiques et eschafaux avoient etez<br />
« ornez <strong>de</strong> liares (lierres), <strong>de</strong> clinquants, avec les armes du Roy<br />
« et <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville et sur lesdits portiques posées jusqu'à quarante<br />
« harquebuses à crocs.<br />
« A <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité (rue du Châtel), proche dudit théâtre<br />
« et au-<strong>de</strong>ssus d'icelle, estoit une gran<strong>de</strong> tapisserie, un tableau<br />
« sur icelle où etoit représentée <strong>la</strong> France et l'Angleterre et<br />
« <strong>la</strong>ditte Dame Royne, embarquée sur mer dans un char<br />
« conduit par <strong>de</strong>s Dauphins et un amour Cupidon, et au mesme<br />
« tableau, au<strong>de</strong>ssus d'icelluy, sortait d'une nuée du ciel une<br />
« main liant <strong>la</strong> France et l'Angleterre ensemble avec ce vers :<br />
Una duos reges aeterno fœ<strong>de</strong>re jungit<br />
Dextera et optatum te prospicit Anglia sidus.<br />
« et plus bas :<br />
Augustam tetris Thetis eruit omnibus undis.<br />
« Et au-<strong>de</strong>ssus dudit tableau et aux <strong>de</strong>ux côtés dicelluy<br />
« etoient trois petits tableaux en carte enchassez et enrichiz,<br />
« et au premier etoient ecrits ces vers en lettres d'or :<br />
Que les feux du septentrion<br />
Ne luisent plus sur Albion.<br />
Une princesse <strong>de</strong> <strong>la</strong> France,<br />
Fille, sœur et femme <strong>de</strong> Rois,<br />
Epanchera sur les Anglois<br />
Une plus heureuse influence.<br />
« Au second tableau :
1<br />
Afforty, VIII, 4247.<br />
2<br />
Deux grands Roys, les plus courageux<br />
Qui soient sous <strong>la</strong> voute <strong>de</strong>s cieux,<br />
Assemblent par cette alliance<br />
Deux redoutables nations<br />
Et joignent par ces unions<br />
L'amour, <strong>la</strong> force et <strong>la</strong> puissance.<br />
« Au troisième tableau :<br />
Les nochers n'auront désormais<br />
Pour cinosure que ses rets<br />
Parmy leurs courses vagabon<strong>de</strong>s,<br />
Et Thétis, Reine <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer,<br />
Ne veut plus ainsi se nommer,<br />
Luy cédant l'Empire <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s.<br />
Suit le récit détaillé du reste <strong>de</strong> cette entrée : La reine se<br />
rend à Notre-Dame; quatre valets s'emparent du dais; elle<br />
loge à l'Evêché « au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte » ; un feu <strong>de</strong> joye est<br />
allumé <strong>de</strong>vant l'hôtel-<strong>de</strong>-ville ; départ le len<strong>de</strong>main et escorte<br />
jusqu'à « l'Orquibée ». Hé<strong>la</strong>s! à ces fêtes <strong>de</strong>vaient succé<strong>de</strong>r les<br />
<strong>de</strong>uils que le grand Bossuet a si merveilleusement racontés.<br />
10. L'on saluait encore à <strong>la</strong> Porte au Pain « <strong>la</strong> petite<br />
« chauffrette tenant d'un côté à Pérel, » qui tenait lui à Saint-<br />
Fiacre, « d'un bout aux murailles (1729) <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité, et d'autre<br />
« sur <strong>la</strong>dite rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chauffrette conduisant aux Deux-<br />
« Anges 1<br />
».<br />
11. La maison <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tournelle « domus turrium, alias <strong>de</strong>s<br />
« Tournelles (1519) faisait le coin du carrefour <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte<br />
« au pain, et une autre nommée <strong>la</strong> Chauve-Souris, joignait<br />
« à <strong>la</strong> Tournelle près l'ancienne porte <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité (1742) (et <strong>de</strong><br />
« l'impasse <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chauffrette), acquise par Rieul-Charles-<br />
« Laurent Pérel, marchand épicier 2<br />
. » — C'est en cet endroit<br />
Afforty, X, 7801 ; XXI, 746 : hotel du Beau Pignon, 1464. XXIII, 535.
que <strong>de</strong>ux grosses tours ron<strong>de</strong>s défendaient <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité,<br />
dite <strong>de</strong> Paris.<br />
NOTA. Les mots cité, portes <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité, etc., m'invitent à<br />
leur consacrer un article spécial infra.<br />
La Porte au pain était l'un <strong>de</strong>s centres importants <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville.<br />
Là se vendaient, comme à <strong>la</strong> halle, les poissons : « Commission<br />
« du bailly <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> (1672) qui permet aux officiers subal-<br />
« ternes <strong>de</strong> l'hotel <strong>de</strong> ville <strong>de</strong> visitter le poisson frais et <strong>de</strong><br />
« mer..., tant au port au pain qu'à <strong>la</strong> halle..., les autorise à<br />
« prendre sur le poisson d'eau douce <strong>de</strong>ux moyens gardons et<br />
« sur le poisson <strong>de</strong> mer <strong>de</strong>ux harangs, mer<strong>la</strong>ns ou liman<strong>de</strong>s, »<br />
et leur enjoint <strong>de</strong> jeter les « poissons indignes d'entrer au<br />
« corps humain. » Là aussi se vendaient les droits <strong>de</strong>s officiers<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. C'était avec l'hostel <strong>de</strong> ville, le chastel et <strong>la</strong><br />
rue <strong>de</strong> Paris le lieu réglementaire où l'on p<strong>la</strong>cardait les<br />
affiches (1674) l<br />
. Notre siècle est plus prodigue à couvrir les<br />
murs <strong>de</strong> piperies : panacées, professions <strong>de</strong> foi et programmes<br />
<strong>de</strong> fêtes...<br />
Des spectacles terribles affligeaient parfois ce carrefour.<br />
Sous l'épiscopat <strong>de</strong> Pierre le Chevallier (élu en 1561 — 1583),<br />
que ses vertus et sa charité extrême pour les pauvres ont<br />
rendu célèbre, <strong>Senlis</strong>, comme Metz, Orléans, Meaux, etc.,<br />
était infecté <strong>de</strong> disciples <strong>de</strong> Luther et <strong>de</strong> Zwingle. Leur ambition<br />
politique leur inspira <strong>de</strong>s coups d'audace. N'avaient-ils<br />
point <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s en ceux-là même que leur situation <strong>de</strong>vait<br />
protéger davantage contre l'esprit <strong>de</strong> révolution ? C'étaient Jean<br />
Greffin, écuyer, seigneur <strong>de</strong> Duvy, lieutenant particulier du<br />
bailliage 2<br />
, Antoine Parent, conseiller au siége présidial,<br />
Nico<strong>la</strong>s <strong>de</strong> Cornouaille, nom très connu, Nico<strong>la</strong>s <strong>de</strong> Chaumont,<br />
prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, etc.<br />
Or, racontent froi<strong>de</strong>ment les procès-verbaux <strong>de</strong>s assemblées<br />
communes, « le samedy quinzieme jour d'aoust 1562, a six<br />
1<br />
Afforty, IV, 2186 ; VII, 4021.<br />
2<br />
Afforty, année 1545, XII, 7730, 7731, n° 64, année 1553; XXIX, 702.
« heures <strong>de</strong> rellevée, jour et feste Notre-Dame, a l'issue du<br />
« salut qui se dit en l'eglise cathedralle fut apportée par<br />
« l'executeur <strong>de</strong> haulte justice <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Paris <strong>la</strong> teste <strong>de</strong><br />
« M e<br />
Jean Greffin Par M e<br />
Jean Bougon lieutenant criminel<br />
« du dit <strong>Senlis</strong> (fut) leu ledit arrest au Port au pain et illecq<br />
« <strong>la</strong>dite teste mise et affixée en une Potence, etc. 1<br />
. Furent<br />
« pendus en effigie a <strong>la</strong> Herce <strong>de</strong> l'apport au pain... M e<br />
An-<br />
« toine Parent..., M e<br />
(nom raturé), advocat, M e<br />
Louis<br />
« Fayolles, aussi advocat, Jacques-François <strong>de</strong> <strong>la</strong> Clef, mar-<br />
« chand à <strong>Senlis</strong>, Jacques Aubert, ouvrier en <strong>la</strong>ines, etc. 2<br />
. »<br />
Terminons par une note plus gaie. L'entrée <strong>de</strong>s rois et<br />
grands personnages était pour <strong>la</strong> Porte-au-Pain une cause <strong>de</strong><br />
manifestations joyeuses. « Au carrefour <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte au pain...<br />
« y avoit un eschaffault où estoyent autres joueurs d'instru-<br />
« ments comme flutes, doulsaines [doucines, trompettes],<br />
« rebets [rebecs] et tabours qu'il faisoit pareillement bon oyr. »<br />
(1531, 15 juin, entrée du Dauphin et <strong>de</strong> ses frères.) — « 1549.<br />
« Item 60 solz pour bois, fagots, fouées bruslées à l'hotel <strong>de</strong><br />
« <strong>la</strong>dite ville et au milieu <strong>de</strong> l'Aport au pain en signe <strong>de</strong> joie<br />
« <strong>de</strong> <strong>la</strong>ditte entrée (d'Henri II) 3<br />
. Item 42 solz 6 <strong>de</strong>niers pour<br />
« avoir fait netoyer a <strong>la</strong> porte et rue Bellon et reporter sur les<br />
« terrasses les immondices qui estoient tombés, etc. » — 1593.<br />
Entrée <strong>de</strong> Madame d'Angoulême 4<br />
. — Le 23 juin 1792, c'était<br />
le tour <strong>de</strong> l'arbre <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté !<br />
Aujourd'hui <strong>la</strong> Porte-au-Pain est l'agora préférée où les<br />
esprits curieux, imitant les mœurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> république d'Athènes,<br />
se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt le quid novi, <strong>la</strong> nouvelle du jour...<br />
1<br />
Afforty, XII, 7496. — « Le vendredy, veille <strong>de</strong> <strong>la</strong> Notre Dame d'aoust<br />
fut exécuté le lieutenant <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> pour avoir faict <strong>la</strong> cène à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
Genefve. » Hist. <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> Condé, t. I, p. 94.<br />
2<br />
Afforty, XXIV, 7489, 7497. — Voir sur l'Histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Réforme à <strong>Senlis</strong>,<br />
les Prêches, Raoul Charmolue, ibid., 7489 et suivantes.<br />
3<br />
Afforty, V, 2623, pièce intéressante où dépenses faites pour l'entrée<br />
du Roi.<br />
4<br />
Afforty, XXV, 681.
VII. — ARÈNES (Carrefour <strong>de</strong>s. — Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaines <strong>de</strong>s).<br />
Ce nom Arènes s'est conservé à côté <strong>de</strong>s locutions corrompues<br />
Araines, Airaines, Raines, dans <strong>de</strong>s actes nombreux<br />
: Vers 1181. « In prato Episcopi juxta fontem Are-<br />
« narum 1<br />
. » — 1242. Jardin « ultra fontem Harenarum versus<br />
« Molendinum Regis. » — 1292. « Maison <strong>de</strong>ssous <strong>la</strong> Croix<br />
« Rogier-Morel, tenant d'une part à <strong>la</strong> maison au Prestre <strong>de</strong><br />
« Sainct Agnan et d'autre part à <strong>la</strong> rue par ou on vast à <strong>la</strong><br />
« fontaine d'Araines. » — 1309. « Fons Arenarum. » —<br />
1327. « Fontaine d'Araines ou d'Arènes. » — 1344.<br />
« Araines. » — 1349. « Ultra fontem Darenes. » — 1359.<br />
— 1374. « Croix Roger-Morel tenant au chemin <strong>de</strong> Saint-<br />
« Nico<strong>la</strong>s et au chemin <strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine d'Araines. » — 1435.<br />
« Jardin à <strong>la</strong> fontaine d'Araines, lieu dit le Château-Marigaut,<br />
« etc., » — 1482. « Fiefs, terres et seigneuries <strong>de</strong> <strong>la</strong> tour<br />
« Dairaines qui furent à M e<br />
feu Pierre <strong>de</strong> Hangest (1474),<br />
« vendus à M e<br />
Ferry <strong>de</strong> Mailly en 1482. » — 1522. « Rue<br />
« <strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine d'Araines 2<br />
. »<br />
L'on remarque en cet endroit les Arènes elles-mêmes, à<br />
l'ancien lieu-dit fossé ou trappe, dont M. Vernois fut le sagace<br />
révé<strong>la</strong>teur (16 février 1865). Ce monument gallo-romain, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
secon<strong>de</strong> moitié du II e<br />
siècle ou du III e<br />
siècle, est bâti au sudouest<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, sur une colline qui <strong>la</strong> comman<strong>de</strong> et dont les<br />
pentes conduisent d'un côté aux Étuves, <strong>de</strong> l'autre à <strong>la</strong><br />
Gatelière. Ses dimensions médiocres (diamétres <strong>de</strong> l'ellipse,<br />
42 et 35 mètres), permettaient à neuf ou dix mille spectateurs<br />
<strong>de</strong> prendre p<strong>la</strong>ce sur ses quatre cuneus. Certaines particu-<br />
1<br />
Afforty, I, 11. Confirmation du pape Luce III <strong>de</strong>s possessions <strong>de</strong> Notre-<br />
Dame : les <strong>de</strong>ux p<strong>la</strong>ces du parvis et du puits Notre-Dame; le moulin Sainte-<br />
Marie, au faubourg <strong>de</strong> Paris, entre les <strong>de</strong>ux rivières; une charretée <strong>de</strong> foin<br />
sur le pré Percebot; le pré l'Evêque, juxta fontem Arenarum.<br />
2<br />
Afforty, III, 1155; XVI, 625, 830; XVII, 607, année 1342; XVIII, 311,<br />
444 et 628.
<strong>la</strong>rités piquent davantage l'attention : le procédé <strong>de</strong> construction,<br />
par lequel les bâtisseurs ont utilisé leurs premiers<br />
déb<strong>la</strong>is; — les moulures du podium;— <strong>de</strong>ux cel<strong>la</strong> éminemment<br />
curieuses dont une était creusée <strong>de</strong> niches ou armoires<br />
qui servaient très probablement à recevoir <strong>de</strong>s huiles et <strong>de</strong>s<br />
onguents plutôt que <strong>de</strong>s images <strong>de</strong> divinités ; — <strong>de</strong>s débris <strong>de</strong><br />
colonnes <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux modules différents (0 m<br />
60 à 0 m<br />
40) qui<br />
servirent peut-être à soutenir <strong>de</strong>s frontons aux <strong>de</strong>ux portes<br />
d'entrée, à orner <strong>la</strong> loge <strong>de</strong>s autorités (M. Bosc) ou à former<br />
une scène ; — une frise en palmettes vigoureusement fouillées<br />
qui est <strong>de</strong>venue une margelle <strong>de</strong> puits; — un puits dont l'usage<br />
est un problème et une discussion pour les archéologues.<br />
Quels évènements se sont accomplis en ce lieu, <strong>de</strong>puis que<br />
les légions romaines y réjouissaient les gaulois par <strong>de</strong>s représentations<br />
théâtrales et <strong>de</strong>s combats sang<strong>la</strong>nts, jusqu'au jour<br />
où les Ligueurs, en 1598, p<strong>la</strong>cent « leurs couleuvrines sur une<br />
« haute butte à l'endroit <strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine <strong>de</strong>s Raines pour battre<br />
« à courtines et en engards <strong>de</strong> rempart et défendre <strong>la</strong> brèche 1<br />
»?<br />
Qui a creusé ces marches, renversé ces colonnes, creusé ce<br />
puits, rempli ce caveau 2<br />
?<br />
Du pied <strong>de</strong> ce monticule sortait une fontaine, aujourd'hui<br />
cachée et <strong>de</strong>sséchée, qu'une bulle du pape Luce III (1182 en<br />
faveur du chapître <strong>de</strong> notre-dame appelle Fons arenarum 3<br />
.<br />
Le marais au bas est le Pré l'Evéque. S'il n'était point<br />
fauché avant <strong>la</strong> Saint-Jean, sa fenaison, à moins d'un sursis<br />
obtenu <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune, appartenait à tout venant 4<br />
.<br />
1<br />
Vaultier.<br />
2<br />
Il ne faut pas oublier que nos Arènes ont peut-être servi jusqu'au<br />
moyen-âge. Les Chroniques <strong>de</strong> Saint-Denis rapportent que Chilpéric fit<br />
établir à Paris et à Soissons « une manière <strong>de</strong> jeux qui sont appelés cirques,<br />
« à <strong>la</strong> manière que les roumains souloient faire anciennement, etc. » —<br />
(Francorum scriptores).<br />
3<br />
Gall. Christ., t. X, col. 222. — Corn. arch., 2 e<br />
série, t. III, p. 248.<br />
4<br />
Afforty, IV, 2111 ; XI.7032; XVI, 830 en 1342,1355 et 1428; XVIII, 548,<br />
etc.; XXI, 144, 172, 229 en 1437,1438 et 1475.
« Un jardin proche <strong>la</strong> fontaine <strong>de</strong>s Reines » est désigné<br />
sous le nom <strong>de</strong> « jardin du Buat 1<br />
», <strong>de</strong> Buata qui signifie<br />
voûte souterraine, dépression du sol. — Voir Buat.<br />
La rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine <strong>de</strong>s Arènes s'appe<strong>la</strong>it rue <strong>de</strong>s Moulins<br />
du Roi (1265) 2<br />
».<br />
Afforty mentionne à <strong>la</strong> date du 27 juillet 1686 « une maison<br />
« <strong>de</strong> Monsieur <strong>de</strong> Tourmont en <strong>la</strong> [rue <strong>de</strong> <strong>la</strong>] fontaine <strong>de</strong>s<br />
« Reines. » En 1732, Firmin Trudaine, évêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />
continue à M. <strong>de</strong> Tourmont, conseiller en <strong>la</strong> grand'chambre,<br />
<strong>la</strong> permission accordée à M. <strong>de</strong> Tourmont, son frère, <strong>de</strong> faire<br />
dire <strong>la</strong> messe dans « sa maison sise à <strong>la</strong> fontaine <strong>de</strong>s<br />
Reines 3<br />
. »<br />
« En 1756 4<br />
, Messire <strong>de</strong> Cornebœuf, seigneur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Noux et<br />
« d'Avezan, <strong>de</strong>meurant faubourg <strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine d'Araines,<br />
« prenait à bail viager <strong>la</strong> pêche <strong>de</strong> <strong>la</strong> rivière qui bordait son<br />
« jardin <strong>de</strong>puis les vannes du moulin du Roy jusqu'à l'angle<br />
« du mur qui sépare le jardin du petit marais commun apparte-<br />
« nant à <strong>la</strong> ville. »<br />
Le lecteur plus curieux lira dans les notices très intéressantes<br />
<strong>de</strong>s abbés Blond et Legoix et <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Caix <strong>de</strong> Saint-<br />
Aymour, <strong>de</strong> MM. Vernois et Vatin 5<br />
, <strong>la</strong> découverte <strong>de</strong>s arènes,<br />
leur <strong>de</strong>scription, les objets, monnaies <strong>de</strong> César à Gratien (383),<br />
tuiles avec marque, cachet d'oculiste y trouvés.<br />
1<br />
Afforty, V, 2821, en 1633.<br />
2<br />
Afforty,XII, 7731, n° 38, à Liste <strong>de</strong>s Maires.<br />
3<br />
« François Firmin, par <strong>la</strong> grâce <strong>de</strong> Dieu et du Saint-Siége apostolique,<br />
évêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, vue <strong>la</strong> requeste à nous présentée par monsieur <strong>de</strong><br />
Tourmont, conseiller en <strong>la</strong> grand Chambre, en <strong>la</strong>quelle il nous a exposé<br />
que sa maison sise à <strong>la</strong> fontaine <strong>de</strong>s Reines est fort éloignée <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
paroisse <strong>de</strong> Saint-Anian <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, pourquoy il auroit été accordée par nos<br />
prédécesseurs Evêques <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et par nous <strong>la</strong> permission <strong>de</strong> faire célébrer<br />
<strong>la</strong> sainte messe dans <strong>la</strong> chapelle construite dans sa maison, nous supplions<br />
vouloir lui continuer <strong>la</strong> même permission que nous avons accordée<br />
à feu Monsieur son frère, etc. » Archives départementales <strong>de</strong> l'Oise, G. 622.<br />
4<br />
Afforty, V, 2506.<br />
5<br />
Com, arch., t. I, XVI, t. III, 148, t. IV, 163, t. V, 157, t. VII, XX-XXIII.<br />
— Congrès arch. <strong>de</strong> France tenu à <strong>Senlis</strong>, 1878, p. 69, 383 et 443.
VIII. — * ARSENAL (L').<br />
La ville avait acheté en 1421 1<br />
« rue Vitel, <strong>de</strong>rrière l'église<br />
« <strong>de</strong>s frères mineurs », à l'endroit où <strong>la</strong> rue neuve <strong>de</strong> Paris<br />
coupe aujourd'hui <strong>la</strong> rue du Temple ou <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers,<br />
l'arsenal <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, magasin, grange commune, pa<strong>la</strong>is, etc.<br />
Les registres municipaux et Afforty 2<br />
pourront fournir à <strong>la</strong><br />
monographie <strong>de</strong> cet arsenal et <strong>de</strong> <strong>la</strong> salpètrière <strong>de</strong>s documents <strong>de</strong><br />
ce genre : En 1383, 1410, 1414, 1481, etc., achats et envois<br />
d'armes : arbalètes, etc. — En 1393, six arbalétriers fournis<br />
pour accompagner le Roi qui <strong>de</strong>vait faire un voyage en Angleterre.<br />
— Gages <strong>de</strong>Jean, bâtard <strong>de</strong> Thian, bailli et capitaine <strong>de</strong><br />
1419 à 1429, du comte <strong>de</strong> Vendôme, <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> <strong>la</strong> Salle,<br />
capitaine <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, etc. — En 1448, création <strong>de</strong>s francs archers.<br />
<strong>Senlis</strong> en fournit six armés <strong>de</strong> dague, épée, trousse, jacque, etc.<br />
— En 1456,1457,1603,1611 inventaires du matériel <strong>de</strong> guerre.<br />
— En 1457,1481, impositions pour gens <strong>de</strong> guerre. — En 1537,<br />
ordonnance du roi portant établissement dans <strong>Senlis</strong> d'un atelier<br />
pour <strong>la</strong> fabrication du salpêtre, sous <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux notables<br />
habitants chargés d'expédier les produits à l'arsenal <strong>de</strong> Paris.—<br />
En 1542,17 mai, lettre du roi pour qu'on hâte l'envoi du salpêtre.<br />
<strong>Senlis</strong> en expédie près <strong>de</strong> 4,000 livres. — En 1552, <strong>Senlis</strong> avait<br />
fourni aux arsenaux <strong>de</strong> Paris, six milliers <strong>de</strong> salpêtre. —En 1576,<br />
les 10 et 11 janvier, l'arsenal <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> contenait, d'après un inventaire<br />
dressé sur les ordres <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Biron (Armand <strong>de</strong> Gontaut,<br />
baron <strong>de</strong> Biron, vers 1524-1592) : « Deux moyennes <strong>de</strong> fonte...,<br />
« six fauconneaux <strong>de</strong> fonte (canons longs d'environ 2 mètres)...,<br />
« quarante pièces d'arquebuse à crocs, canons, boulets et affuts<br />
« fabriqués. » — En 1592, Henri IV autorise l'établissement<br />
1<br />
Arch. <strong>Senlis</strong>. EE. 28. Contrat d'acquisition par <strong>la</strong> ville d'une grange et<br />
jardin rue Vitel... dont on a fait un arsenal, etc. 1421-1743. — Afforty,<br />
VII, 3927.<br />
2<br />
Arch. <strong>Senlis</strong>, II, 26 et 49. — Vaultier, p. 407. — Afforty, V, 2333, 2369;<br />
XI, 7328, 7348; XXI, 586, 638, 739, 773 en 1457, 1458, 1459, 1464 et 1466;<br />
XXII, 65, 3064 en 1471 et 1523; XXIV, 247, 357, 408; XXV, 305, 670, 681.
à <strong>Senlis</strong> d'une fon<strong>de</strong>rie <strong>de</strong> canons. — En 1593, le Clergé paie<br />
une <strong>de</strong>s « machinae bellicae ».<br />
Il y avait à cet arsenal un « moulin à chevaux <strong>de</strong> gran<strong>de</strong><br />
« ancienneté pour moudre par temps <strong>de</strong> guerre, se mestier<br />
« (besoin) est (dans le cas) ou l'on ostoit les eaux qui viennent<br />
« à <strong>la</strong>dite ville 1<br />
. »<br />
C'était là que Jehan Vaultier 2<br />
, — voyageur en Turquie,<br />
royaliste, brave soldat, témoin actif du siége d'Amiens <strong>de</strong> 1597,<br />
canonnier, « perclus <strong>de</strong> ses membres avec perte <strong>de</strong> ses petits<br />
« moyens », historien <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, — était fort occupé durant le<br />
siége <strong>de</strong> 1589, « à faire faire les moulins, monter les canons,<br />
« envoyer iceux sur les remparts et brêche avec les boulets,<br />
« grena<strong>de</strong>s, clous d'attrapes, feux d'artifices et autres choses. »<br />
Puisque le nom <strong>de</strong> Vaultier apparaît <strong>de</strong> nouveau en cet<br />
essai, voici <strong>de</strong>ux notes qui ai<strong>de</strong>ront peut-être à jeter quelque<br />
jour sur son histoire : « 1614. Le samedy 30 e<br />
jour d'aoust l'an<br />
« 1614 du matin, M. Louis Crochet, receveur ordinaire du<br />
« domaine, Jean Bail<strong>la</strong>rt et Jean Le Moyne, marchands, bour-<br />
« geois, gouverneurs et eschevins... sur <strong>la</strong> requete a nous<br />
« faite par Osée Cocatrix commis par Jean d'Orléans, sieur <strong>de</strong><br />
« <strong>la</strong> Tail<strong>la</strong>rdière pour faire <strong>la</strong> gar<strong>de</strong> du feu d'artillerie, poudre,<br />
« boullets et autres munitions <strong>de</strong> guerre qui sont dans le<br />
« magasin <strong>de</strong> cette ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>... ou lieu et p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong><br />
« <strong>de</strong>ffunt M e<br />
Jehan Vaultier... nous nous sommes transportez<br />
« au chasteau du Roy, etc. » — « Au carrefour <strong>de</strong>s Singes,<br />
« les Trois Bourses tenant à <strong>la</strong> rue Rouge-Maille et à <strong>la</strong><br />
« veuve Maistre Jean Vaultier (1604-1616) 3<br />
»<br />
Le contemporain qui a écrit le récit véritable <strong>de</strong> <strong>la</strong> surprise<br />
<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> par <strong>la</strong> Ligue, nomme un Nico<strong>la</strong>s Vaultier,<br />
« ligueur, lequel... au lieu <strong>de</strong> crier : Vive le Roi! donna un<br />
1<br />
2<br />
Afforty, V, 2318; XXII, 47, 1459.<br />
Vaultier, p. 154, 407.<br />
3<br />
Afforty, VI, 3365; XII, 7624. — Tremb<strong>la</strong>y fait erreur lorsqu'il raconte<br />
qu'un François Vaultier, mé<strong>de</strong>cin, aurait été mis en prison à <strong>Senlis</strong>, à cause<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> haine <strong>de</strong> Richelieu (1630-1643), et serait auteur d'écrits sur <strong>la</strong> ligue.
« coup <strong>de</strong> hallebar<strong>de</strong> dans <strong>la</strong> cuirasse du seigneur d'Abbecourt,<br />
« sans le blesser... et fut incontinent tué <strong>de</strong> plusieurs coups<br />
« <strong>de</strong> pistolet. » (1589). Est-ce un frère <strong>de</strong> notre Vaultier?<br />
La diversité <strong>de</strong>s opinions politiques <strong>de</strong>vait élever entre eux<br />
l'un <strong>de</strong> ces murs <strong>de</strong> séparation que notre époque <strong>de</strong> haines<br />
connaît trop.<br />
L'arsenal, <strong>de</strong>venu salpétrière en 1635 1<br />
, était condamné en<br />
1724 à être démoli par autorisation du 22 janvier, lorsque le<br />
conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville décida que l'on « gar<strong>de</strong>ra et réparera<br />
« l'arsenal, d'autant que le bâtiment en est bon et qu'il n'y a<br />
« que <strong>la</strong> couverture à réparer, qu'il y a actuellement 4 canons<br />
« <strong>de</strong> fonte, quelques canons <strong>de</strong> fer, <strong>de</strong>s affuts, boullets, chaînes<br />
« et autres ustenciles et attirails <strong>de</strong> guerre 2<br />
. »<br />
L'on chercherait en vain aujourd'hui quelque ruine <strong>de</strong> cet<br />
arsenal; <strong>la</strong> race <strong>de</strong>s Vaultier tend semb<strong>la</strong>blement à disparaître :<br />
c'est par d'autres moulinets qu'on parvient aujourd'hui à <strong>la</strong><br />
gloire !<br />
1<br />
Afforty, VI, 3004, 3310 et suiv. où Notes sur artillerie à <strong>Senlis</strong>,<br />
« cartiniers, cinquantiniers », guerre, etc.<br />
2<br />
Afforty, VII, 3927 et 3928.<br />
3<br />
IX. — * ARSISIES (Rue <strong>de</strong>s).<br />
Maison « rue <strong>de</strong> Paris située inter ruel<strong>la</strong>m <strong>de</strong> Arsisiis »<br />
(1271). — « Maison... en <strong>la</strong> rue Parisis joignant a <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s<br />
Arsis » (1349). — Ces indications : « les <strong>de</strong>ux Cygnes tenant<br />
« <strong>de</strong>rrière à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Assises vers 1520 3<br />
»; — « les <strong>de</strong>ux<br />
« Cygnes, aboutant par <strong>de</strong>vant à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> l'apport au pain<br />
« et par <strong>de</strong>rrière à <strong>la</strong> rue aux trippes, tenant à Saint-Ni-<br />
« co<strong>la</strong>s, » etc. (1522), démontrent que <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Arsisies ou<br />
<strong>de</strong>s Assises est <strong>la</strong> rue du Long-Filet ou aux Tripes.<br />
Quelle est l'étymologie <strong>de</strong> ce nom « <strong>de</strong> Arsisiis? » Arsisia<br />
est-il ici une altération <strong>de</strong> Assisia, Assisium, Assisa, etc., etc.?<br />
Voir Long-Filet.<br />
Afforty, XVI, 68; XVIII, 424.
L'on sait que les assises étaient <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ids où les rois et<br />
seigneurs rendaient <strong>la</strong> justice, signifiaient leurs ordonnances,<br />
etc., eux-mêmes ou par leurs baillis. Dans une lettre <strong>de</strong><br />
gar<strong>de</strong>-gardienne aux religieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Victoire (1339), Philippe<br />
<strong>de</strong> Valois dit : « ... Dictam gardiam nostram in assisiis et aliis<br />
« locis publicis notificari solemniter faciant 1<br />
. »<br />
X. — AULAS DE LA BRUYÈRE (P<strong>la</strong>ce).<br />
C'est une petite p<strong>la</strong>ce à l'angle formé par les rues du Châtel<br />
et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tonnellerie, que les habitu<strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>ires appellent<br />
trop souvent p<strong>la</strong>ce Billon, parce que le criminel ou fou dangereux<br />
qui portait ce nom, <strong>de</strong> triste souvenir (Louis-Michel-Rieul<br />
Billon), <strong>de</strong>meurait en cet endroit 2<br />
. Nous trouvons <strong>de</strong>meurant<br />
au Carrefour <strong>de</strong>s Quatre-Vents, dans <strong>la</strong> maison du Chastellet,<br />
<strong>de</strong>vant l'Hôtel-Dieu, en 1725, Latare, Michel Billon,<br />
Margry, maîtres sculpteurs 3<br />
, dont les noms apparaissent sur<br />
plus d'une pierre tombale à Noyon; C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Billon, maître<br />
menuisier 4<br />
, etc.<br />
La municipalité a mieux désigné ce lieu en lui donnant le<br />
nom d'Au<strong>la</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bruyére, lequel arrêta Billon, au milieu <strong>de</strong><br />
l'incendie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> poudre, et fut retiré <strong>de</strong>s décombres à<br />
<strong>de</strong>mi-mort (13 décembre 1789).<br />
Les amateurs <strong>de</strong> curiosités historiques pourront lire le<br />
Procès historique d'attentat <strong>de</strong> Billon, horloger <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />
par M. <strong>de</strong> Guillerville, membre du comité permanent et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
cavalerie nationale <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, in-8° <strong>de</strong> 48 pages. <strong>Senlis</strong>, chez<br />
<strong>de</strong>s Rocques, impr. lib. 1790; — le testament <strong>de</strong> Billon et<br />
1<br />
Afforty, XVIII, 102.<br />
2<br />
Graves, p. 120. Qu'est-ce que le carrefour <strong>de</strong>s Bil<strong>la</strong>rds, nommé par<br />
Graves, p. 155.<br />
3<br />
Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1725, VI, 3012, 3015, 3016. — Voir encore XI, 7133 en<br />
1695. — Billon naquit le 7 sept. 1750 <strong>de</strong> Louis-Michel Billon. Actes <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Paroisse Notre-Dame.<br />
4<br />
Afforty, VI, 3015.
l'épitaphe qu'il se composa, imprimée chez Tremb<strong>la</strong>y (1790),<br />
où : « Si jamais il existe une épitaphe pour moi, je vous prie<br />
« d'y faire graver les mots ci-<strong>de</strong>ssous : Ici repose le corps <strong>de</strong><br />
« Louis-Michel-Rieul BILLON, horloger, qui fut fou <strong>de</strong><br />
« son état et non <strong>de</strong> sa femme; il n'aime pas <strong>la</strong> vie, et ce<br />
« n'est pas bien étonnant; il quitte sans regret les hommes,<br />
« ce sont <strong>de</strong>s monstres qui ne peuvent plus entendre <strong>la</strong><br />
« vérité et qui ne connaissent que <strong>la</strong> loi du plus fort. Je<br />
« succombe sous cette loi; mais j'espère me venger et ap-<br />
« prendre aux hommes par ma mort à être plus sages dans<br />
« leurs délibérations »; - un arrêt du conseil provisoire<br />
exécutif au nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> République française, signé par Barat et<br />
Bouchotte, ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre, qui délivrait à M. <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Bruyère une pension <strong>de</strong> 1,800 livres, « comme rémunération<br />
« <strong>de</strong> ses services et surtout en considération <strong>de</strong> plusieurs<br />
« blessures qu'il a reçues dans l'exercice <strong>de</strong> ses fonctions lors<br />
« <strong>de</strong> l'horrible évènement arrivé à <strong>Senlis</strong> le 13 décembre 1789,<br />
« en saisissant Billon au moment où il faisait sauter sa<br />
« maison; » — et les Affiches-Annonces pour les villes <strong>de</strong><br />
<strong>Senlis</strong>, Compiègne, etc., qui contiennent plus d'une pièce sur<br />
Billon 1<br />
:<br />
1<br />
Com. arch., t. I er<br />
, p. 56. — Voir sur l'attentat Billon, l'in<strong>de</strong>mnité<br />
pécuniaire offerte par sa mère, les pensions faites aux victimes, etc., un<br />
dossier <strong>de</strong> 31 pièces aux Arch. munic, le registre <strong>de</strong>s délibérations <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
commune <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, t. x, folio 15 et suiv., <strong>la</strong> réimpression <strong>de</strong> l'ancien<br />
Moniteur, t. II, 391, 410, 444; III, 150 et IX, 839.<br />
2<br />
Que jamais nul mortel n'éléve <strong>de</strong> maison<br />
Sur le lieu qu'habita le scélérat Billon.<br />
Le 16 avril, le citoyen Jules Juéry, nommé sous-préfet<br />
douze jours auparavant, installe maire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> le citoyen<br />
Michel-Philippe Au<strong>la</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bruyère 2<br />
.<br />
M. Guérard est l'arrière-petit-fils <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bruyère.<br />
Puisque j'ai parlé tout à l'heure du carrefour <strong>de</strong>s Quatre-<br />
Vents, en 1653, avait lieu l'inhumation <strong>de</strong> M. Nico<strong>la</strong>s Sanguin,<br />
Broisse, p. 155.
évêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. Or, « six chanoines capitu<strong>la</strong>nts » raconte sans<br />
apprêt <strong>de</strong> style l'auteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> chronique très intéressante <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Présentation 1<br />
, « le portèrent jusqu'au mur qui sépare le<br />
« cloître d'avec <strong>la</strong> rue (près du grand clocher) ; <strong>de</strong> ce lieu, les<br />
« semy-prébendés le portèrent jusque <strong>de</strong>vant l'Hôtel-Dieu (rue<br />
« du Châtel, où est aujourd'hui <strong>la</strong> fabrique <strong>de</strong> chicorée), d'où<br />
« six chanoines <strong>de</strong> Saint-Rieul le portèrent jusqu'au carrefour<br />
« <strong>de</strong>s Quatre-Vents; <strong>de</strong> là six religieux <strong>de</strong> Saint-Vincent le<br />
« portèrent jusqu'au port au pain, d'où les curez le portèrent<br />
« jusques au carrefour <strong>de</strong>s Trois-Poissons (à <strong>la</strong> rencontre <strong>de</strong>s<br />
« rues du Long-Filet, <strong>de</strong> Saint-Jean et <strong>de</strong> Sainte-Geneviève) ;<br />
« <strong>de</strong> ce lieu les Cor<strong>de</strong>liers le portèrent jusqu'au carrefour <strong>de</strong>s<br />
« Tixerans (<strong>de</strong>vant les <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Charité, rue<br />
« <strong>de</strong> Meaux), etc. »<br />
Souhaitons en quittant ce carrefour, que l'avenir donne<br />
toujours raison au poète <strong>de</strong>s Affiches-Annonces :<br />
Si <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> un jour on raconte l'histoire<br />
Lui seul fut un coquin d'exécrable mémoire !<br />
XI. — AULNOYE (Lieu dit l').<br />
Alneium, Alnetum, lieu p<strong>la</strong>nté d'aulnes. — Les Capucins<br />
avaient été d'abord (1609) établis « sur <strong>la</strong> requeste <strong>de</strong> <strong>de</strong>moi-<br />
« selle Anne Rigollet, veuve <strong>de</strong> Paul <strong>de</strong> Cornouailles, advocat 2<br />
,<br />
« et <strong>de</strong> ses enfants au lieu dit <strong>de</strong> l'Aulnoy, <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> fontaine<br />
« du peuple ou <strong>de</strong>s peupliers, feu M. Paul <strong>de</strong> Cornouailles,<br />
« advocat, ayant par testament donné l'emp<strong>la</strong>cement avec<br />
« 1,000 livres d'argent 3<br />
. » « Mais, » ajoute philosophiquement<br />
1<br />
P. 140. <strong>Bibliothèque</strong> du Chapître.<br />
2<br />
Testament du <strong>de</strong>rnier jour d'octobre 1606.<br />
3<br />
Afforty, XI, 5941. — Louis <strong>de</strong> Cornoailles, chantre en l'église cathédrale<br />
<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, conseiller au présidial et official, portait : <strong>de</strong> sinople à une<br />
licorne naissante d'argent, soutenue d'un croissant <strong>de</strong> même et accostée <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>ux étoiles d'or en chefs. Communiqué par M. Desmarets, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />
l'élection. — Afforty, IX, 4773.
Jaulnay, « comme toutes choses sont muables au mon<strong>de</strong>, on les<br />
« a transportés dans <strong>la</strong> ville contre l'intention du fondateur. »<br />
Par un heureux retour <strong>de</strong>s choses, l'Aulnoye a retrouvé ses<br />
chants religieux et ses processions d'autrefois, grâce au pèlerinage<br />
<strong>de</strong> Bon-Secours et au zèle <strong>de</strong> M. l'abbé Trentelivres,<br />
aujourd'hui curé <strong>de</strong> Saint-Germain <strong>de</strong> Compiègne.<br />
Voir Bon-Secours, Capucins.<br />
XII. — AUMONT.<br />
Si j'introduis Aumont dans le cadre <strong>de</strong> cet essai, c'est parce<br />
que l'histoire <strong>de</strong> ce charmant vil<strong>la</strong>ge est mêlée nécessairement<br />
à celle <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>.<br />
Vers 1144, « Un nommé Roger Charles, chantre <strong>de</strong> Saint-<br />
« Rieul, donne à <strong>la</strong>dite église une maison, un pressoir et <strong>de</strong>s<br />
« vignes sises à Aumont (apud Altum montem). Almaricus<br />
« (Amaury) reçeut <strong>la</strong> fondation 1<br />
. » — En 1270, controverse<br />
entre l'archidiacre Thomas <strong>de</strong> Jouy (<strong>de</strong> Joiaco), et les curés<br />
<strong>de</strong>s églises « <strong>de</strong> Alto Monte, <strong>de</strong> Plesseio, <strong>de</strong> Chamanto, <strong>de</strong><br />
« Fonte sancti Firmini, <strong>de</strong> Valle profunda, etc. » — En 1312,<br />
Renaud, curé, d'Aumont. — 1467, Nico<strong>la</strong>s <strong>de</strong> Sacy, curé. —<br />
1490, Jean Lambert, curé 2<br />
. — Vers 1495, Pierre <strong>de</strong> Fresnes,<br />
écuyer, seigneur <strong>de</strong> Pontarmé, et Jeanne, sa femme, fille <strong>de</strong><br />
Jean-Louis Duruel l'Orfévre, avocat du roi au Parlement, <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> famille <strong>de</strong> ce Raoul l'Orfèvre, qui reçut sous Philippe III<br />
les premières lettres d'anoblissement, ven<strong>de</strong>nt à Simon Bonnet<br />
leurs terre et seigneurie d'Aumont 3<br />
. — Le Compte <strong>de</strong> 1508 et<br />
<strong>la</strong> Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, au chapitre Aulmont, font mention<br />
du fief <strong>de</strong> Tournebus, <strong>de</strong> <strong>la</strong> montagne <strong>de</strong> <strong>la</strong> Triboudaine et <strong>de</strong><br />
1 Jaulnay rapporte l'acte en entier, p 413, 414.<br />
2 Afforty, I, 6 ; XV, 60 ; XXI, 796 ; XXII, 596. Plessis à côté <strong>de</strong> Chamant,<br />
« Valparfon<strong>de</strong> » (profond) et Saint-Léonard (1522).<br />
3 Jaulnay, ibid. — Arch. départ., G. 649..
Ancien Clocher <strong>de</strong> Saint-Aignan (Page 88).
« lostel <strong>de</strong> <strong>la</strong> torbourdaine » (? <strong>de</strong> tordre, avaler gloutonnement,<br />
et boudin), « appartenant à Jehan <strong>de</strong> Michi. »<br />
Aumont (Altus mons) (1258) 1<br />
fut longtemps le lieu <strong>de</strong><br />
divertissements dont l'origine première était peut-être<br />
païenne. Qui ne sait le culte que l'idolâtrie aimait à rendre<br />
aux hauts lieux? Le dimanche <strong>de</strong>s Brandons (feux sur les<br />
p<strong>la</strong>ces), qui était le 1 er<br />
dimanche <strong>de</strong> Carême, <strong>la</strong> foule s'y<br />
pressait pour manger, danser et s'amuser, au point, dit un<br />
naïf écrivain, « <strong>de</strong> s'en réjouir <strong>de</strong>ux mois auparavant. » —<br />
La Sorbonne, en 1444, condamne cet usage scandaleux. —<br />
Guil<strong>la</strong>ume Rose fait dresser une croix sur <strong>la</strong> montagne. —<br />
Nouvel arrêt du Parlement en 1613.<br />
« Mouvement fait par Etienne le B<strong>la</strong>nc, écuyer, sieur <strong>de</strong><br />
« Beaulieu, ministre <strong>de</strong> l'Eglise prétendue réformée recueillie<br />
« à Aulmont, à l'occasion <strong>de</strong> l'abjuration faite par Anne <strong>de</strong><br />
« Cornoaille, veuve <strong>de</strong> Maître Philippe le Grand, prévost <strong>de</strong><br />
« <strong>Senlis</strong>, et mère <strong>de</strong> M r<br />
François le Grand, prévost <strong>de</strong> <strong>la</strong> même<br />
« ville, le 15 octobre 1626 2<br />
. » — Les Calvinistes, « ayant<br />
« commis du désordre le jour <strong>de</strong> Pâques, à Aulmont, sont<br />
« expulsés sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>inte <strong>de</strong> M. Debarre, curé <strong>de</strong> l'endroit, et<br />
« leur temple rasé. »<br />
Parent, curé d'Aumont, lève en 1710 une bonne carte <strong>de</strong><br />
l'ancien diocèse <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> 3<br />
.<br />
Faut-il mentionner <strong>la</strong> tradition qui fait sortir <strong>la</strong> butte<br />
d'Aumont <strong>de</strong> <strong>la</strong> hotte <strong>de</strong> Gargantua?<br />
Ouï, c'est Gargantua qui. gagnant <strong>la</strong> Bretagne<br />
Pour assister Arthus d'un coup <strong>de</strong> main,<br />
Nous bâtit sans façon cette b<strong>la</strong>nche montagne<br />
Dont nous aimons à gravir le chemin.<br />
1<br />
Jaulnay, p. 645.<br />
2<br />
Afforty, XII, 7731 ; XXI, 634. — Voir sur l'histoire <strong>de</strong>s prétendus<br />
réformés à <strong>Senlis</strong>, Arch. <strong>Senlis</strong> : Comptes <strong>de</strong> 1562 et Registre <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroisse<br />
Sainte-Geneviève, 5 e<br />
cahier, f° 36, 37, année 1585 et 7 e<br />
cahier, f° 52, année<br />
1626. — Mallet, en 1562, p. 54, 62, 64. — Jaulnay, p. 642. — Dom Grenier,<br />
t. XVI, p. 218.<br />
3<br />
Com. arch., I, XLVI, II, XXI, 7, 59, 61, 62. — Voir encore sur Aumont<br />
arch. départ., G , 649 à 652, et 676.<br />
IV 6
XIII. — AUNETTE, NONETTE (Rivières <strong>de</strong> l' — <strong>de</strong> <strong>la</strong>).<br />
1. L'Aunette ou Onette a sa source entre Bray et Chamicy,<br />
passe à Ba<strong>la</strong>gny, où Hugues Grotius commença, pour l'achever<br />
à <strong>Senlis</strong>, son livre <strong>de</strong> jure pacis et belli 1<br />
, à Chamant et Villevert,<br />
fait tourner les moulins <strong>de</strong> Saint-Rieul et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gatelière,<br />
et se jette au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s, au Moulin-Neuf,<br />
dans <strong>la</strong> Nonette.<br />
L'on trouve dans un acte <strong>de</strong> donation faite à Saint-Frambourg<br />
en 1275 : « Sancti Nico<strong>la</strong>i super Honetam », et ailleurs,<br />
« Holneta, Oneta 2<br />
. » Quelques-uns, dit un amateur plus ar<strong>de</strong>nt<br />
que sage d'étymologies, disent que cette rivière s'appelle<br />
Aunette « propter aquam nitidam, eau-nette 3<br />
. » Aunette vient<br />
plus probablement <strong>de</strong> Alnus, Aulne, Aune ou Alnetum, lieu<br />
p<strong>la</strong>nté d'aunes, Aulnoye<br />
2. La Nonette, <strong>de</strong> nodu<strong>la</strong>, noette, petit pré marécageux,<br />
diminutif <strong>de</strong> noa, noue, nove 4<br />
, etc., prend son origine près <strong>de</strong><br />
Nanteuil, visite Versigny, <strong>la</strong> belle église <strong>de</strong> Baron, Montlognon,<br />
Fontaine, Borest, Montlêvêque, où nos évêques avaient leur<br />
maison <strong>de</strong> campagne, les ruines <strong>de</strong> <strong>la</strong> Victoire et Villemétrie,<br />
1 Afforty, IX, 5211.<br />
2 Afforty, III, 1559; XVIII, 854.<br />
3 Cité par Afforty, III.<br />
4 « Terre arrosée d'eau », dit Dom Grenier, t. CLXV. — « Petit cours<br />
« d'eau », selon Hippeau. Exemples : Noë-Saint-Martin, — Noë-Saint-<br />
Remy ; — Louis VI, résidant lors au château <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, libère <strong>de</strong> toute<br />
action en servage les frères Odon « <strong>de</strong> Noa » et toute leur famille.<br />
(Afforty, I, 18, année 1110). — « Ad Noam sancti Remigii in loco qui<br />
« dicitur Fosses. » (Afforty, V, 407, année 1124.) — « Apud Roberti<br />
« vil<strong>la</strong>m parochia <strong>de</strong> Noa sancti Remigii. » (Afforty, XVI, 163, année 1274.)<br />
Noencourt, — Fontaine Noë, — « ... moniali <strong>de</strong> Noaforti. » (Afforty,<br />
XVIII, 630, année 1359.) — Noue, Noues, à Précy, à Gouvieux, etc.<br />
Voir <strong>de</strong>s Notes très intéressantes <strong>de</strong> M. Am. Margry sur l'Aunette, <strong>la</strong><br />
Nonette, etc. Com. arch., 2 e<br />
série, t. III, p. 335, 336 et 352. — Je saisis<br />
cotte occasion <strong>de</strong> remercier M. Margry <strong>de</strong> <strong>la</strong> bonne amitié avec <strong>la</strong>quelle il<br />
m'a souvent aidé dans cette étu<strong>de</strong>.
serpente le long <strong>de</strong> Valgencheuse, baigne les murs <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />
où ses eaux b<strong>la</strong>nchissent admirablement les <strong>la</strong>ines, côtoie<br />
Bellefontaine, fait <strong>la</strong> richesse d'Avilly, donne à Chantilly son<br />
plus bel ornement, « ce bruit <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> jets d'eau qui ne<br />
« taisoient ni jour ni nuit, » et se jette dans l'Oise.<br />
Voir, dit Afforty 1<br />
, dans le dictionnaire encyclopédique un<br />
article <strong>de</strong> M. Arnauld, ancien gentilhomme servant du roi, <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> société littéraire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. Voir encore en Afforty 2<br />
un<br />
projet pour rendre cette rivière navigable. L'étymologiste que<br />
j'ai cité plus haut fait dériver Nonette <strong>de</strong> Nonnus, qui veut<br />
dire pur, etc. !<br />
M. Broisse a composé sur <strong>la</strong> Nonette <strong>de</strong>s stances que les<br />
amateurs <strong>de</strong> poésie liront volontiers.<br />
XIV. — * AUTRE-MONDE (Rue <strong>de</strong> 1').<br />
Cette rue porte aujourd'hui le nom prétentieux <strong>de</strong> rue <strong>de</strong>s<br />
Vétérans.<br />
« Permission accordée le 2 septembre 1634 à dame Vizet,<br />
« veuve <strong>de</strong> feu M e<br />
Philippes Mallet, advocat, d'ouvrir une<br />
« porte sur le rempart au jardin <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison qu'elle a rue <strong>de</strong><br />
« l'Autre-Mon<strong>de</strong> aboutissante au rempart. » — En 1697,<br />
maison (rue <strong>de</strong> l'Autre-Mon<strong>de</strong>) tenant par <strong>de</strong>rrière à <strong>la</strong> maison<br />
du Jeu <strong>de</strong> Paume 3<br />
.<br />
D'où vient à cette rue son nom singulier ?<br />
La substitution <strong>de</strong> l'appel<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s Vétérans à l'ancienne<br />
1<br />
Afforty, V, 2800.<br />
2<br />
Afforty, V, 2801. « Le 17 septembre 1664, M. <strong>de</strong> <strong>la</strong> P<strong>la</strong>nche, conseiller,<br />
etc., lit une lettre où Sa Majesté excite les habitants <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong><br />
« à faire commerce et traficquer <strong>de</strong> toutes sortes d'espèce <strong>de</strong> marchandises,<br />
« affîn <strong>de</strong> profiter et rendre <strong>la</strong> ville considérable, même <strong>de</strong> rétablir les<br />
« manufactures qui y estoient... » Projet <strong>de</strong> rendre <strong>la</strong> Nonette portant<br />
bâteaux. »<br />
3<br />
Afforty, VI, 3103, 3342.
dénomination <strong>de</strong> l' « Autre-Mon<strong>de</strong> » m'invite à rapporter ici<br />
une délibération du Conseil municipal <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune <strong>de</strong><br />
<strong>Senlis</strong>, séance du premier germinal an II (21 mars 1794).<br />
Les amateurs du curieux <strong>la</strong> liront avec quelque intérêt; les<br />
esprits qui s'occupent <strong>de</strong> politique verront <strong>de</strong> quelles extravagances<br />
une démocratie sans lest religieux est capable. Cette<br />
délibération, émanée <strong>de</strong> gens dont le nom a été charitablement<br />
raturé, peut-être par eux-mêmes, exhale bien le parfum <strong>de</strong><br />
l'époque : sentimentalisme <strong>de</strong> mots que Jean-Jacques avait mis<br />
à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>, admiration niaise <strong>de</strong> <strong>la</strong> Grèce et <strong>de</strong> Rome, engouement<br />
abominable pour certains scélérats.<br />
Le Conseil arrête ce qui suit :<br />
NOMS A CHANGER NOMS A SUBSTITUER<br />
1. Rue Saint-Rieul Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fraternité.<br />
3. Rue du Châtel Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution.<br />
10. Rue <strong>de</strong> l'Autre-Mon<strong>de</strong>... Rue <strong>de</strong>s Vétérans.<br />
14. Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pou<strong>la</strong>illerie ... Rue <strong>de</strong> l'Union.<br />
19. Rue <strong>de</strong> Saint-Agnan Rue <strong>de</strong> Beauvais.<br />
23. Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Montagne-St-<br />
Agnan......................... Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Montagne.<br />
28. Rue <strong>de</strong>s Prêtres Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Réforme.<br />
30. Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chancellerie... Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Loy.<br />
31. Rue Sainte-Balti<strong>de</strong> Rue <strong>de</strong> l'Égalité.<br />
34. Rue Saint-Péravi Rue <strong>de</strong> Socrate.<br />
35. Rue Sainte-Catherine ... Rue <strong>de</strong> Pelletier (sic).<br />
36. Rue Neuve-Saint-Rieul.. Rue aux F<strong>la</strong>gares (sic).<br />
38. Rue du Cloître-St-Rieul. Rue <strong>de</strong> Solon.<br />
39. Rue Saint-Pierre Rue Jean-Jacques Rousseau<br />
40. Rue <strong>de</strong> l'Evêché Rue <strong>de</strong>s Droits-<strong>de</strong>-l'Homme<br />
41. Rue Saint-Frambourg... P<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> Raison.<br />
42. Rue Sainte-Protaise Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Liberté.<br />
43. Rue du Petit-Châlis Rue <strong>de</strong> Licurge (sic).<br />
44. Rue du Cloître-St-Frambourg.........................<br />
Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Raison.
NOMS A CHANGER NOMS A SUBSTITUER<br />
45. Rue du Cul-<strong>de</strong>-Sac-Saint- Rue du Cul-<strong>de</strong>-Sac-<strong>de</strong>s-Sans-<br />
Nico<strong>la</strong>s Culottes.<br />
48. Rue Saint-Hi<strong>la</strong>ire Rue <strong>de</strong> Brutus.<br />
53. Rue Sainte-Geneviève. .. Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bienfaisance.<br />
57. Rue <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers Rue <strong>de</strong>s Piques.<br />
58. Rue Royale Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> République.<br />
70. Rue Saint-Jean Rue <strong>de</strong> l'Unité.<br />
Faubourg Saint-Martin.. Faubourg <strong>de</strong> <strong>la</strong> République.<br />
Rue <strong>de</strong>s Capucins Rue <strong>de</strong> Marat.<br />
Il existait dans <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> l'Autre-Mon<strong>de</strong> une pension et école<br />
publique <strong>de</strong> <strong>de</strong>moiselles, dirigée par les Filles <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix.<br />
Cette institution, due à <strong>la</strong> générosité du savant doyen<br />
Deslyons 1<br />
, rencontra beaucoup d'opposition dans le conseil <strong>de</strong><br />
ville en 1693, 1757, etc.<br />
XV. — * BALANCES (Rue <strong>de</strong>s. — Rue Neuve <strong>de</strong>s. —<br />
Rue du Carrefour <strong>de</strong>s).<br />
La rue <strong>de</strong>s Ba<strong>la</strong>nces continuait <strong>la</strong> rue Saint-Antoine, à <strong>la</strong><br />
hauteur du carrefour <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pierre-Mauconseil, et aboutissait à<br />
<strong>la</strong> porte Saint-Rieul. Elle tenait son nom <strong>de</strong> l'Hôtellerie <strong>de</strong>s<br />
Ba<strong>la</strong>nces (1528), qui était « scize [au coin <strong>de</strong> <strong>la</strong>] rue du Chat-<br />
« Héret » (1698) et fut à <strong>de</strong>mi sacrifiée en 1753 2<br />
, aux nécessités<br />
<strong>de</strong> l'alignement.<br />
Voici concernant cette rue un document ancien qui peut<br />
intéresser les archéologues : 1341. « Maison <strong>de</strong>rrière le jardin<br />
« le roi en <strong>la</strong> rue si comme on va [à] Saint-Maurice et à Saint-<br />
« Rieul... tenant d'une part à Gieffroy Biendieu, procureur<br />
« dou Roy et concierge <strong>de</strong> son château », lequel fonda <strong>la</strong><br />
chapelle Sainte-Anne à <strong>la</strong> cathédrale, « et par <strong>de</strong>vant tient<br />
1<br />
2<br />
Afforty, I, 303, etc.<br />
Afforty, VI, 3317.
« au chemin dou Roy [rue <strong>de</strong> Villevert] et par <strong>de</strong>rrière aux<br />
« crenaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité..., donnée à Chalis par feu Jean d'Ully<br />
« comme par Guillebert Scabel Anglois, familier <strong>de</strong>sdits reli<br />
« gieux (1337, 1359) 1<br />
. »<br />
L'honnête bourgeois, qui gagnait le faubourg <strong>de</strong> Villevert,<br />
rencontrait à sa gauche l'hôtel Saint-François, — « <strong>la</strong> grosse<br />
« armée (1541, 1616, 1697), séant à l'angle <strong>de</strong>s rues <strong>de</strong>s<br />
« Ba<strong>la</strong>nces et du Chat-Héret », — les Ba<strong>la</strong>nces, — le Barillet<br />
« aboutant par <strong>de</strong>rrière à l'hotel du Pressouer <strong>de</strong> l'Hotel-<br />
« Dieu » (1416, 1606), — le Lymesson [Limaçon] (1528),<br />
qui <strong>de</strong>vait son nom à son enseigne ou à un escalier tournant,<br />
— et le Coquelet (1479, 1528) ; à droite étaient le Cerf (1574)<br />
et Notre-Dame « en face les Ba<strong>la</strong>nces 2<br />
» (1524).<br />
Il existait dans l'église Saint-Rieul un mausolée qui, après<br />
avoir traversé <strong>la</strong> cathédrale, est maintenant, avec trop <strong>de</strong><br />
dédain, relégué à l'entrée <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong> l'Evêché. Il fut érigé<br />
en l'honneur d'une jeune femme, Anne-Nicole Go<strong>de</strong>froy, qui,<br />
voyageant avec son époux Pierre <strong>de</strong> Puget, seigneur <strong>de</strong> Montoron<br />
et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Marche , mourut à l'hôtellerie du Petit-Barillet<br />
à <strong>Senlis</strong>, <strong>de</strong> l'opération césarienne, le 1 er<br />
septembre 1673.<br />
Un bas relief en marbre noir et b<strong>la</strong>nc, représente <strong>la</strong> jeune<br />
femme ; l'enfant porte une palme <strong>de</strong> <strong>la</strong> main droite et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
gauche une ban<strong>de</strong>rolle, où est écrit : Meruisti. L'on trouvera<br />
dans Graves 3<br />
le texte <strong>de</strong> l'inscription. Inutile <strong>de</strong> faire remarquer<br />
le beau sentiment <strong>de</strong> cet ouvrage, <strong>la</strong> délicatesse avec <strong>la</strong>quelle<br />
l'artiste a traduit sa pensée, le faire habile <strong>de</strong> <strong>la</strong> sculpture.<br />
Ce mausolée est l'œuvre <strong>de</strong> L. Malouvre.<br />
La rue <strong>de</strong>s Ba<strong>la</strong>nces a reçu les noms divers <strong>de</strong> rue du Cerf,<br />
<strong>de</strong> Paris (quelquefois) et <strong>de</strong> Saint-Rieul. Elle est aujourd'hui<br />
un <strong>de</strong>s tronçons <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Villevert.<br />
1<br />
2<br />
3<br />
Afforty, XVIII, 173 et 646.<br />
Afforty, VI, 3325, 3327, 3328, 3330, 3331 ; XVII, 856.<br />
Annuaire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, p. 167.
XVI — BEAUVAIS (Rue <strong>de</strong>) ou <strong>de</strong> Saint-Aignan.<br />
1. Cette rue <strong>de</strong>vait son nom <strong>de</strong> Saint-Aignan à l'église<br />
paroissiale <strong>de</strong> Saint-Aignan.<br />
L'on sait que <strong>Senlis</strong> comptait jadis trois chapitres : Notre-<br />
Dame, Saint-Rieul et Saint-Frambourg; huit paroisses :<br />
Notre-Dame, Saint-Rieul, Saint-Aignan, Saint-Pierre, Saint-<br />
Hi<strong>la</strong>ire réuni à Saint-Pierre en 1706, Sainte-Geneviève, et,<br />
aux fauxbourgs, Saint-Etienne et Saint-Martin ; six monastères<br />
: l'abbaye <strong>de</strong> Saint-Vincent, le prieuré <strong>de</strong> Saint-Maurice,<br />
les Capucins, les Carmes, les Cor<strong>de</strong>liers et <strong>la</strong> Présentation;<br />
un Hôpital; une église <strong>de</strong> Comman<strong>de</strong>rie, appelée<br />
Saint-Jean ; et une chapelle <strong>de</strong> Sainte-Bathil<strong>de</strong>. L'exemp<strong>la</strong>ire<br />
<strong>de</strong> Jaulnay (1648), que <strong>la</strong> <strong>Bibliothèque</strong> <strong>de</strong> notre Hôtel-<strong>de</strong>-Ville<br />
m'a gracieusement fourni, porte en marge cette addition<br />
manuscrite : « Saint-Laurent près <strong>la</strong> Cathédrale, <strong>la</strong> Charité,<br />
« Notre-Dame <strong>de</strong> <strong>la</strong> Paix. »<br />
L'église Saint-Aignan date peut-être du roi Robert et <strong>de</strong><br />
l'évêque Raoul II, selon le moine Helgaud, ou plutôt <strong>de</strong> Guile-Bon.<br />
Ce qui me pousse à reculer sa construction première<br />
jusqu'à cette époque, c'est que Gui, étant un <strong>de</strong>s évêques présents<br />
à <strong>la</strong> dédicace (1029) 1<br />
<strong>de</strong> l'église que Robert avait édifiée<br />
à Orléans sous le vocable <strong>de</strong> Saint-Aignan, put être inspiré par<br />
<strong>la</strong> vue <strong>de</strong> cette imposante cérémonie et <strong>la</strong> concession <strong>de</strong> quelque<br />
relique, à honorer ainsi cet illustre saint. Le pape Luce III,<br />
dans <strong>la</strong> bulle précieuse qui consacre les privilèges, droits, biens<br />
et possessions du chapitre <strong>de</strong> Notre-Dame (31 juillet 1182, <strong>de</strong><br />
Velletri) 2<br />
, mentionne Saint-Pierre, Saint-Hi<strong>la</strong>ire, « ante<br />
« portam Remensem », Sainte-Geneviève, Saint-Aignan et<br />
Saint-Martin.<br />
Saint-Aignan montre encore dans ses restes déshonorés<br />
1<br />
Afforty, XIII, 275, citant le texte manuscrit <strong>de</strong> <strong>la</strong> trans<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s<br />
reliques <strong>de</strong> saint Euspice, premier abbé du monastère <strong>de</strong> Micy.<br />
2<br />
Afforty, XIV, 662-666.
quelques débris très curieux <strong>de</strong> l'art roman du XI e<br />
siècle<br />
ou <strong>de</strong>s débuts du XII e<br />
: c'est un clocher carré, coupé dans sa<br />
hauteur par un cordon simu<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s <strong>de</strong>mi-ronds et par une<br />
rangée <strong>de</strong> modillons en boudins, éc<strong>la</strong>iré à chacune <strong>de</strong> ses faces<br />
par <strong>de</strong>ux cintres à billettes, orné <strong>de</strong> colonnettes, dont les<br />
tailloirs sont partagés en triangles à facettes 1<br />
. M. Graves<br />
ajoute : « Le tout reposant sur une ogive, ce qui indique le<br />
« temps <strong>de</strong> <strong>la</strong> transition » ; cet arc ogive me paraît un remaniement<br />
postérieur. Un pignon au nord est percé d'une<br />
baie dont les colonnettes supportent <strong>de</strong>s chapiteaux du XIV e<br />
siècle. Le portail nord et tout le mur <strong>de</strong> l'édifice, qui longe <strong>la</strong><br />
rue, avec ses clochetons à crochets, ses gargouilles, sa porte en<br />
arc-tudor, etc., ont été refaits entre 1542 et 1544 « ainsy qu'il<br />
« est marqué » dit Afforty « sur les pieds <strong>de</strong> <strong>la</strong> statue <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
« Vierge et sur le premier pilier près du clocher 2<br />
. »<br />
Il existait en cette église « fort riche », dit Vaultier, les<br />
chapelles <strong>de</strong> Notre-Dame, fondée par Hermesen<strong>de</strong> du Murat,<br />
vers 1265, — <strong>de</strong> saint Jean-Baptiste, fondée en 1318 par dame<br />
« Hersent <strong>de</strong> Ballengny » veuve <strong>de</strong> Rogier <strong>de</strong> Ba<strong>la</strong>gny, —<br />
<strong>de</strong> saint Nico<strong>la</strong>s, dite quœsumus, établie en 1436 et 1444, par<br />
« Guillemette Roussel, sœur <strong>de</strong> Jean Roussel et femme <strong>de</strong><br />
« Pierre Enjorran <strong>la</strong>quelle y fut enterrée » (1446), — <strong>de</strong><br />
saint Charles Borromée , dédiée par le zélé cardinal <strong>de</strong> La<br />
Rochefoucauld, — une confrérie du Saint-Sacrement, <strong>la</strong>quelle,<br />
instituée par le même évêque et confirmée par Paul V, reçut<br />
un règlement nouveau <strong>de</strong> Denis Sanguin en 1654 3<br />
.<br />
1366. Les père et mère <strong>de</strong> Jeanne l'Orfèvre, femme <strong>de</strong><br />
Robert le Chat, avaient reçu <strong>la</strong> sépulture « en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong><br />
« l'église <strong>de</strong> Saint-Agnan <strong>de</strong>vant le maistre huis. » L'on<br />
1<br />
Sic à Catenoy, Pontpoint (clocher), Villers-Saint-Paul, etc.<br />
2 Afforty, III, 1691.<br />
3 Afforty, I, 291 à 299, 305 à 316, 326 à 329; XVII, 468; XVIII, 80, 293,<br />
296; XXI, 149,236, 325 à 337; XXIII, 99-107, 886, 889. — En 1333, un<br />
Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Ba<strong>la</strong>gny archidiacre. — Compte <strong>de</strong> 1522, p. 128. — Hist. <strong>de</strong><br />
l'église <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, p. 404, 440, 543 et 588. — Arch. départ. Evêché <strong>de</strong><br />
<strong>Senlis</strong>, G, 620, 622.
trouvera dans l'histoire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> les noms <strong>de</strong> Raoul l'Orfèvre<br />
(1234), <strong>de</strong> Jacques l'Orfèvre (1309-1312), <strong>de</strong> Jean le Dru<br />
dit l'Orfèvre, <strong>de</strong> Galeran l'Orfèvre, chanoine semi-prébendé<br />
(1347), <strong>de</strong> Pierre l'Orfèvre, doyen <strong>de</strong> Notre-Dame, <strong>de</strong> Denysot<br />
l'Orfèvre (1364), <strong>de</strong> Jeanne l'Orfèvre, mariée à le Chat L'aisné<br />
(1366), <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux fils <strong>de</strong> Jean le Dru, Raoul l'Orfèvre, chanoine<br />
<strong>de</strong> Saint-Rieul (1374), et Jean l'Orfèvre, qui se maria à<br />
Chambly (1385,1392,1399, 1416), <strong>de</strong> Jean II l'Orfèvre, fils <strong>de</strong><br />
Jean I, <strong>de</strong> Jeanne l'Orfèvre, veuve <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong> Chalons et<br />
femme <strong>de</strong> Thomas <strong>de</strong> <strong>la</strong> Lan<strong>de</strong> dit Boutry, écuyer, <strong>de</strong> Geoffroy<br />
l'Orfèvre (1430), <strong>de</strong> Bertrand l'Orfèvre, seigneur d'Ermenonville<br />
et <strong>de</strong> Ponthermer, <strong>de</strong> Valentine Leullier, sa veuve (1532),<br />
d'Anne l'Orfèvre, femme <strong>de</strong> François Juvénal <strong>de</strong>s Ursins, <strong>de</strong><br />
Valentine l'Orfèvre, femme <strong>de</strong> Jean Girard, sieur <strong>de</strong> Bazoches,<br />
etc. J'ai déjà fait remarquer que c'est un Raoul l'Orfèvre qui a<br />
reçu les premières lettres <strong>de</strong> noblesse. Raoul l'Orfèvre portait<br />
<strong>de</strong> sable à <strong>la</strong> bordure d'or, une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> gueule chargée <strong>de</strong><br />
trois enclumes d'argent brochant sur le tout 1<br />
.<br />
Une déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong>s maisons, etc., <strong>de</strong> 1725,<br />
qui n'est pas sans intérêt, nous dit que <strong>la</strong> paroisse Saint-Aignan<br />
comprenait les rues « du Four, aux Coquilles, aux Fromages,<br />
« Port-au-Pain, aux Veaux, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vallée Saint-Agnian, <strong>de</strong><br />
« l'Arquebuze et du Lyon, aux Asnes, Saint-Gilles ou <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
« Fontaine <strong>de</strong>s Etuves ou du Heaume, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong> rue <strong>de</strong><br />
« Paris, Saint-Agnian, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> Creil et le faubourg <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
« Fontaine-d'Areines. »<br />
Parmi les curés <strong>de</strong> Saint-Aignan, citons seulement : Jean-le-<br />
1<br />
Arch. départ., G, 676. — Afforty, VII, 3583, où Denis l'Orfèvre en<br />
1399; XVIII, 106, où testament <strong>de</strong> Jeanne l'Orfèvre(1366), 109,110,111, 199,<br />
297, 374, 618, 715, 793; XXIV, 120. — Les actes du Parlement <strong>de</strong> Paris<br />
citent à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> 1311 à <strong>Senlis</strong> un Jean l'Orfèvre, n° 3780. — Le registre<br />
criminel du Chatelet <strong>de</strong> Paris <strong>de</strong> 1389 à 1392 mentionne un « Pierre<br />
« l'Orfèvre, advocat du Roy. » — « Figure d'Anne l'Orfèvre, dame d'Arme-<br />
« nonville, femme <strong>de</strong> François <strong>de</strong>s Ursins, baron <strong>de</strong> Trainel, etc., » sur<br />
« leur tombe, 1561... Les Monuments <strong>de</strong> l'Hist. <strong>de</strong> Fr. par M. Hennin,<br />
t. IX, p. 29.
Queux (1276, 1302, 1307); — Jean <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte (1347); —<br />
Philippe Bouart (1405); — Jean Go<strong>de</strong>froy (1435, 1440), dont<br />
Afforty nous a conservé le testament très curieux; — Simon<br />
Bonnet, dont le nom sympathique intéresse à bon droit les biographes;—Jean<br />
du Bec (1448);—Jean Quentin ou Cantin (1477)<br />
dont le neveu Jean Pariset me paraît le « Joannes Lutecelus »<br />
d'une pierre tumu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong> Noyon ; — Jean Al<strong>la</strong>rt<br />
(1505, 1508); — Pierre Foucquet, archidiacre <strong>de</strong> Notre-Dame<br />
(1543, 1571) ; — Joseph <strong>de</strong> Choisy qui <strong>la</strong>issa cent écus d'or au<br />
bureau <strong>de</strong>s pauvres (1587); — Jean <strong>de</strong> Monchy (1597, 1627) :<br />
est-il <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille <strong>de</strong> l'inquisiteur Antoine Democharès ou <strong>de</strong><br />
Monchy, qui naquit en 1494 à Ressons-sur-le-Matz? — Nico<strong>la</strong>s<br />
Leclerc (1627, 1632); — Antoine <strong>de</strong> Pied (1630, 1677); —<br />
C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Jullien (1675, 1693); — Pierrot (1707); — Philippe<br />
Dauré (1708) ; — François Germain (1725) ; — Devincheguerre<br />
(1733); — Louis-François Desprez (1774), et Bombard (1774,<br />
1792) 1<br />
.<br />
Les esprits plus désireux <strong>de</strong>s détails pourront lire dans<br />
Afforty <strong>de</strong>s notes <strong>de</strong> ce genre : 1562. « A esté remontré par<br />
« C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Stocq que ce jourd'huy a été trouvez en l'église<br />
« Saint-Agnan <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> une lettre en papier estant <strong>de</strong>ssus le<br />
« maître autel... » contenant <strong>de</strong>s injures et <strong>de</strong>s menaces contre<br />
les catholiques 2<br />
. C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Stocq était, avec Guil<strong>la</strong>ume Rose<br />
et Séguin, un <strong>de</strong>s plus ar<strong>de</strong>nts ligueurs <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. — 1566.<br />
Messieurs <strong>de</strong> Saint-Rieul préten<strong>de</strong>nt à tort que « le mer-<br />
« credi <strong>de</strong>s rogations le curé <strong>de</strong> Saint-Agnan leur doit un<br />
« déjeuner composé <strong>de</strong> : una quarta vini rubei cum ovis<br />
« et vino albo cum duobus panibus » un quarteau <strong>de</strong> vin<br />
1 Compte <strong>de</strong> 1508. — Afforty, VI, 2968, 3124; IX, 5209; XVII, 157, 207;<br />
XVIII, 374; XX, 152; XXI, 169, où testament <strong>de</strong> Jean Go<strong>de</strong>froy, 221,315; XXIII,<br />
129,889; XXIV, 382,701. — Inscriptions tumu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale <strong>de</strong> Noyon.<br />
— Un Jean Quentin ou Quintin, docteur en droit, fut choisi par Ramus, <strong>de</strong><br />
Cuts, près Noyon, pour être juge entre lui et Govea (1543) au sujet <strong>de</strong>s<br />
attaques que ce philosophe avait dirigées contre <strong>la</strong> dialectique d'Aristote.<br />
2<br />
Mallet. - Afforty, XII, 7499.
ouge avec <strong>de</strong>s œufs, du vin b<strong>la</strong>nc et <strong>de</strong>ux pains. —1607. « Fut<br />
« aussy résolu que Jacques le Rat, lors marguillier <strong>de</strong> Saint-<br />
« Agnan fera oter et effacer les armoiries <strong>de</strong> M e<br />
Antoine Rose<br />
« évêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> qu'il avoit fait peindre a <strong>la</strong> monstre <strong>de</strong> l'or-<br />
« loge <strong>de</strong> l'église Saint-Agnan et y seroient seullement <strong>la</strong>is-<br />
« sées celles du Roy et <strong>de</strong> Monsieur le Daulphin. » Notre<br />
époque n'a point le droit <strong>de</strong> rire <strong>de</strong> cette manie <strong>de</strong> grattage !<br />
Un Antoine Le Rat, né à <strong>Senlis</strong> en 1701, mé<strong>de</strong>cin, fut professeur<br />
d'arabe au collége royal <strong>de</strong> Paris, où il mourut en 1763 1<br />
.<br />
— 1629. Vent impétueux qui fait <strong>de</strong> grands dégats à Saint-<br />
Aignan. — 1643. « Cérémonies qui furent faites à Saint-Aignan<br />
« à l'inhumation <strong>de</strong> Philippe Germain, premier échevin <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
ville 2<br />
. » — Jugement rendu contre Leroux, organiste à Saint-<br />
Aignan, lequel avait joué <strong>de</strong>s airs trop libres à un baptême.<br />
L'on sait le sort que <strong>la</strong> Révolution infligea à cette église :<br />
<strong>de</strong>s ballets insultent aux cendres <strong>de</strong>s morts qui reposent sous<br />
ses dalles. En 1814 Pierre-Jacques Fricault obtenait <strong>de</strong> <strong>la</strong> municipalité<br />
l'autorisation <strong>de</strong> tranformer Saint-Aignan en théâtre,<br />
et le 8 juin 1822 le nouveau propriétaire, M. Moulin, le vendait<br />
à <strong>la</strong> ville 24,000 francs.<br />
2. L'on rencontrait dans cette rue, du côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison<br />
commune, <strong>de</strong> l'Ecu <strong>de</strong> France, du Renard et du Chapeau<br />
Rouge, les hôtels « du Chef Sainct Jehan » qui appartint jadis<br />
à Messire Raoul l'Orfèvre, puis à Jean <strong>de</strong> Chambly (1522), — du<br />
Moulinet, — <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix d'Or, « tenant d'un côté à l'hôtel du<br />
« Moulinet, d'autre à Jehanne <strong>de</strong> Normandie, aboutissant par<br />
« <strong>de</strong>vant au cimetière Saint-Agnan, <strong>de</strong> l'autre côté à <strong>la</strong> rue<br />
« <strong>de</strong> <strong>la</strong> Montagne Saint-Agnan (1437, 1486, 1522, 1543) 3<br />
».<br />
Les maisons n os<br />
9 et 11 sont encore remarquables à leurs<br />
fenêtres ornées <strong>de</strong> moulures délicates et à <strong>de</strong>ux gargouilles d'un<br />
1<br />
Dom Grenier, t. CLXV, p. 251.<br />
2 Afforty, V, 2833; XI, 5935, 7580; XXV, 37.<br />
3 Compte <strong>de</strong> 1508, 39 à 41. — Afforty, IV, 1975; XX, 481; XXI. 1543;<br />
XXIV, 379.
style fier. Les belles caves du XIV e<br />
siècle, sur lesquelles sont<br />
bâties les maisons n os<br />
17 et 19, conduisaient, dit-on, par <strong>de</strong>s<br />
corridors étroits, le long du massif <strong>de</strong> terre et <strong>de</strong> murailles qui<br />
domine, parallèlement à <strong>la</strong> rue Saint-Aignan, les rues du<br />
Heaume, du Lion, etc.<br />
En revenant sur ses pas, le voyageur saluait les hotels <strong>de</strong><br />
« <strong>la</strong> Bouteillerie grand et spacieux... qui avait une issue par<br />
« <strong>de</strong>rrière sur <strong>la</strong> rue du Point-du-Jour où <strong>de</strong>meuraient les<br />
« bouteilliers.., lorsque les rois séjournoient à <strong>Senlis</strong>. » Il<br />
n'est point <strong>de</strong> mon sujet <strong>de</strong> déterminer ici les offices du<br />
bouteiller <strong>de</strong> France, l'un <strong>de</strong>s cinq grands officiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> couronne,<br />
ni <strong>de</strong> faire l'histoire <strong>de</strong> l'illustre famille <strong>de</strong>s Bouteilliers<br />
<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong>puis Rothold, sous Hugues Capet, jusqu'au XV e<br />
siècle.<br />
Ces bouteillers possédaient, outre <strong>Senlis</strong>, Chantilly, Ermenonville,<br />
Drancy, Villepinte, Bray-sur-Aunette, Montépilloy,<br />
Brasseuse, etc. Chantilly passa aux d'Orgemont, Ermenonville<br />
aux <strong>de</strong> Vic. L'on pourra voir au cartu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l'hôtel <strong>de</strong> ville<br />
(f° 52, verso) leurs privilèges.<br />
Dès 1120, Gui <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tour était gran<strong>de</strong>ment puissant, puisqu'il<br />
abandonne à l'évêque Clérembaut ses droits sur les serfs<br />
<strong>de</strong> l'évêché, à l'exemple <strong>de</strong> Louis-le-Gros. En 1173, il faut le<br />
consentement du Bouteillier pour l'établissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune<br />
qui lui réserve ses droits « <strong>de</strong> garnison, <strong>de</strong> forteresse,<br />
« <strong>de</strong> marée, <strong>de</strong> tannerie, <strong>de</strong> taille, <strong>de</strong> ban, etc. »<br />
Près <strong>de</strong> l'hôtel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bouteillerie, c'étaient 1<br />
« <strong>la</strong> maison où<br />
« sont trois pilliers <strong>de</strong> pierre jectans sur <strong>la</strong> rue... faisant le<br />
« coing <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du marché aux sabmedis du côté du pillory<br />
« (1522) ». M. Bertrand <strong>de</strong> Maison-Rouge l'habitait dès 1780<br />
(aujourd'hui M me<br />
Capelle), — l'hôtel <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s, au coin<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce aux Gâteaux, — « <strong>la</strong> coupe » ou « <strong>la</strong> coupe d'or,<br />
<strong>de</strong>vant l'Eglise Saint-Aignan, au coin <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Coquille (1426,<br />
1<br />
Compte <strong>de</strong> 1522, p. 89. — Afforty. VI, 3353 et suiv.; VIII, 4102; XXI,<br />
772; XXII, 299; XXV, 310.
1508) », — « le Cigne, <strong>de</strong>vant le cimetière <strong>de</strong>s Ladres (1576) »,<br />
— « les Mailles ou Maillets, <strong>de</strong>vant le Chef-Saint-Jean ».<br />
3. La rue Saint-Aignan a reçu en 1790 le nom <strong>de</strong> rue <strong>de</strong><br />
Beauvais. Pourquoi? Sans doute parce qu'elle conduit à Beauvais,<br />
par Creil... Les indications suivantes, que le nom <strong>de</strong><br />
Beauvais me rappelle, auront peut-être quelque intérêt. En<br />
1328, « rue par où on va au champ <strong>de</strong> Beauvais. » — En<br />
1434-1437, messire Jean <strong>de</strong> Beauvais... chapel<strong>la</strong>in possédait<br />
une pièce <strong>de</strong> terre « vers <strong>la</strong> fontaine <strong>de</strong>s Arènes. » — En<br />
1438, Jean <strong>de</strong> Beauvais, — le même probablement — prêtre,<br />
religieux <strong>de</strong> Saint-Maurice. — En 1522 « <strong>la</strong> vefve et héritiers<br />
« Jehan <strong>de</strong> Beauvais, au lieu <strong>de</strong> Anthoine Faulconnet et para-<br />
« vant Jehan Faulconnet pour leur maison séant audit marché<br />
« aux Sabmedis (p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> Creil) tenant d'une part aux héritiers<br />
« Fleuriot <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye et d'autre à l'hostel du Soufflet, aboutant<br />
« par <strong>de</strong>vant a <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du Marché et d'autre par <strong>de</strong>rrière aux<br />
« murs <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville » Le nom <strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye apparait plus<br />
d'une fois dans l'histoire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>.<br />
4. « En <strong>la</strong> rue qui conduit <strong>de</strong> Saint-Aignan au Pilori (p<strong>la</strong>ce<br />
« <strong>de</strong> Creil) » <strong>de</strong>meurait en 1631 et 1667, Jean Chicot, mé<strong>de</strong>cin<br />
ordinaire du Louis XIII qui mérita <strong>de</strong>s lettres d'anoblissement,<br />
logea le 29 mars 1667 le duc <strong>de</strong> Saint-Simon et <strong>la</strong>issa<br />
aux hippocrates futurs plus d'une pièce intéressante et aux<br />
hagiographes <strong>de</strong>s notes sur Saint-Rieul. Voir en Afforty <strong>la</strong><br />
généalogie et les lettres <strong>de</strong> noblesse <strong>de</strong> Jean Chicot 2<br />
« lequel »<br />
dit Louis XIV « a longuement servi le <strong>de</strong>ffunct Roy pendant<br />
« vingt-quatre années <strong>de</strong> suite... sans s'être jamais éloigné <strong>de</strong>s<br />
« <strong>de</strong>voirs <strong>de</strong> sa charge durant les grands et pénibles voyages<br />
« <strong>de</strong> <strong>la</strong> Rochelle, Suze et Mets et particulièrement au siége <strong>de</strong><br />
« Perpignan, où il donna <strong>de</strong>s preuves <strong>de</strong> son expérience en son<br />
1<br />
Afforty, XVII, 619; XXI, 143, 144, 165. — Compte <strong>de</strong> 1522, p. 91. —<br />
Sur <strong>la</strong> famille <strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye, Afforty, VII, 3547.<br />
2<br />
Afforty, IV, 2652; VII, 3798; VII, 4587; X, 5631, 5641, 5648, 5672,<br />
5720; XI, 6003.
« art telles, qu'étant convenu avec le sieur Bonnard notre pre-<br />
« mier me<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon <strong>de</strong> traitter notre dit seigneur et<br />
« père, il a reçu sa garison <strong>de</strong> Dieu, en 1645. »<br />
Y a-t-il quelque parenté entre le mé<strong>de</strong>cin Jean Chicot et le<br />
gascon Chicot, buveur puissant, fou d'Henri IV, dont Vaultier<br />
dit 1<br />
: « M. le comte <strong>de</strong> Chaligny [Henri <strong>de</strong> Lorraine], vou<strong>la</strong>nt<br />
« secourir <strong>la</strong> dite ville <strong>de</strong> Rouen (1592), fut fort blessé [il en<br />
« mourut] et arrêté prisonnier par Chicot, bouffon et p<strong>la</strong>isant<br />
« du roi, qu'il tua alors », et l'Etoile 2<br />
: « Il disoit au Roy<br />
« tout ce qu'il vouloit, sans ce que Sa Majesté le trouvast<br />
« mauvais, etc. ? »<br />
<strong>Senlis</strong> a possédé ou produit plus d'une illustration médicale.<br />
Ce sont : Robert <strong>de</strong> Douai, chanoine <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> (1245), mé<strong>de</strong>cin<br />
<strong>de</strong> Marguerite <strong>de</strong> Provence, lequel légua 1500 livres aux<br />
pauvres écoliers en théologie et eut pour exécuteur testamentaire<br />
Robert <strong>de</strong> Sorbon 3<br />
; — <strong>de</strong>ux « physiciens » (1359) savoir<br />
maître Yves <strong>de</strong> <strong>la</strong> Roche, doyen <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, et Jean <strong>de</strong> (?) Poilly<br />
« ... <strong>de</strong> Poillyaco ou <strong>de</strong> Poissyaco », dont les registres <strong>de</strong> Notre-<br />
Dame rapportent que le vieux chanoine Jean Boucart leur légua<br />
« à chacun <strong>de</strong>ux moutons d'or pour avoir pris soin <strong>de</strong> lui dans<br />
« son infirmité 4<br />
; » — Toussaint <strong>de</strong> Benard, mathématicien<br />
et mé<strong>de</strong>cin, qui composa avec Jean Souldoier, peintre verrier,<br />
une <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> l'Ile <strong>de</strong> France et particulièrement <strong>de</strong><br />
<strong>Senlis</strong>, et reçut <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville 200 écus en remboursement <strong>de</strong><br />
ses frais (1578); — les <strong>de</strong>ux C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Bour<strong>de</strong>lin (-1711) :<br />
« C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Bour<strong>de</strong>lin eut à <strong>Senlis</strong>, le 15 juillet 1668, François,<br />
le second <strong>de</strong> ses enfants, quitta peu après un pays où<br />
<strong>la</strong> sécheresse du cœur <strong>de</strong> ses concitoyens lui faisait peu <strong>de</strong><br />
liens, et al<strong>la</strong> à Paris qui lui réservait une p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> pension-<br />
1<br />
p. 236.<br />
2<br />
Année 1592, avril. — Alexandre Dumas a utilisé le personnage <strong>de</strong><br />
Chicot dans plusieurs <strong>de</strong> ses romans : Les Quarante-Cinq, etc.<br />
3<br />
4<br />
Afforty, III, 1587, 1690; X, 5801, 5083.<br />
Afforty, XVIII, 630. Testament très-intéressant.
naire <strong>de</strong> l'Académie <strong>de</strong>s sciences 1<br />
» ; — Antoine Baumé,<br />
pharmacien et chimiste (1728-1804) 2<br />
, qui naquit rue Saint-<br />
Antoine (<strong>de</strong> Villevert) ; — Jean-Gaston-Marie B<strong>la</strong>che, mé<strong>de</strong>cin<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> famille d'Orléans, <strong>de</strong> l'hôpital Cochin (1799-), et grandoncle<br />
<strong>de</strong> M me<br />
Grézy.<br />
Il existe encore, en face Saint-Aignan, une enseigne intéressante.<br />
C'est dans une cadre circu<strong>la</strong>ire, un homme <strong>de</strong>mi-nu et<br />
bien mo<strong>de</strong>lé, qui semble puiser <strong>de</strong> l'eau à une rivière.<br />
XVII. — * BECQUETELLE (Rue),<br />
ou Becquetelle, Bequestele (vers 1164), Bequestelle (1522) 3<br />
,<br />
Bequetelle, Bectelle (1580), Becquetreille (1567), <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Treille Becquetelle, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Treille Bectelle, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Treille<br />
Buquerel 4<br />
, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Treille, etc. — Voir Treille.<br />
Je serais porté à croire que Becque-Treille, une <strong>de</strong>s<br />
variantes les plus autorisées <strong>de</strong> ces appel<strong>la</strong>tions, vient <strong>de</strong><br />
« Béquer » ou « béchier », attaquer à coup <strong>de</strong> bec, et <strong>de</strong><br />
« treille », vigne. « Cil bel oiseau, » dit Froissart, au XIV e<br />
siècle, « les becquoit et poignoit et contrarioit ». — « Ami <strong>de</strong>s<br />
« petits oiseaux qui vont becquer le raisin ». Yver au XVI e<br />
siècle 5<br />
.<br />
Le compte <strong>de</strong> 1508 semble distinguer entre « <strong>la</strong> rue Becquetelle,<br />
— <strong>la</strong> Treille, » où hotel <strong>de</strong> Saint-Pèravi — « et le<br />
grenier aux pois 6<br />
»<br />
Les chanoines, après s'être astreints aux exigences <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie<br />
commune, au moins durant les jours plus austères du carême,<br />
1<br />
Afforty, XI, 7023, 7557.<br />
2<br />
Un terrier <strong>de</strong> Saint-Jean <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, <strong>de</strong> 1741, mentionne : « Beaumez<br />
« près <strong>de</strong> <strong>la</strong> carrière à <strong>la</strong> roue » ... — « François Beaunez (Beaumez)<br />
« orpheuvre » témoin.<br />
3<br />
Compte <strong>de</strong> 1522, p. 83.<br />
4<br />
5<br />
6<br />
Afforty, VII, 3842.<br />
Dictionn. <strong>de</strong> Littré.<br />
Compte <strong>de</strong> 1508, p. 37.
s'étaient re<strong>la</strong>chés, vers 1149, <strong>de</strong> cette observance. Gui III le<br />
Bouteillier, ayant pris <strong>de</strong> là prétexte pour refuser une re<strong>de</strong>vance<br />
dont son grand-père, Gui I, avait chargé son héritage<br />
au profit du chapitre, fut contraint <strong>de</strong> promettre entr'autres<br />
« dix muids <strong>de</strong> vin à prendre sur une vigne nommée Beques-<br />
« telle, in vinea quœ dicitur Bequestel<strong>la</strong>. » Quiconque, c'était<br />
au plus tard en 1164 1<br />
ajoute le traité que nous analysons,<br />
quiconque « possé<strong>de</strong>ra <strong>la</strong> tour du susdit Gui <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et les<br />
« biens qui sont attachés à cette tour, quisquis turrim prae-<br />
« dicti Guidonis <strong>de</strong> Silvanecti et hsereditatem ad ipsam perti-<br />
« nentem possi<strong>de</strong>rit » acceptera <strong>la</strong> même charge.<br />
Cette rue Bectreille ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> Treille — vicus <strong>de</strong> <strong>la</strong> Treille —<br />
(1292) renfermait « l'hotel <strong>de</strong> Saint-Peravy appellé l'hostel <strong>de</strong><br />
« <strong>la</strong> Treille : Aux hoirs monseigneur <strong>de</strong> saint Peravi pour<br />
« leur hostel joignant... d'aultre part à Saint-Maurice », — et<br />
« le presbytère : « Presbitère <strong>de</strong> Notre-Dame vis-à-vis <strong>de</strong><br />
« l'hotel saint Pèravi rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Treille 2<br />
. » — Voir rue<br />
Saint-Péravi.<br />
1<br />
2<br />
Afforty, XIV, 312.<br />
Afforty, XVI, 91, 631, 1272.<br />
XVIII. — * BEFFROI.<br />
Voyez-vous par l'imagination cet édifice carré, robuste<br />
comme une cita<strong>de</strong>lle, couronné d'un clocher octogonal en<br />
pierre et <strong>de</strong> quatre clochetons, servi par un escalier qui<br />
serpente à l'un <strong>de</strong> ses angles, haut <strong>de</strong> 80 pieds? De son sommet<br />
un guette ou guetteur surveille, et les cloches annoncent <strong>la</strong><br />
fermeture <strong>de</strong>s portes, <strong>la</strong> levée <strong>de</strong>s ponts, <strong>la</strong> tenue <strong>de</strong>s assemblées<br />
publiques, les marchés, les incendies, les émeutes ou<br />
mêlées (melléié), l'apparition <strong>de</strong> l'ennemi... C'est le beffroi,<br />
beffragium, berfredus, betfredus, etc., l'un <strong>de</strong>s privilèges <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> vieille commune.
Niche, P<strong>la</strong>ce du Beffroi (Page 101).
Cratibus et lignis rudibus Belfragia surgunt,<br />
Turribus alta magis et mœnibus, un<strong>de</strong> valerent<br />
Agmina missilibus telisque quibuslibet uti, etc.<br />
dit Guil<strong>la</strong>ume le Breton, un <strong>de</strong>s chanoines <strong>de</strong> notre cathédrale,<br />
dans sa Philippeï<strong>de</strong>.<br />
1. Il est question très-anciennement du beffroi <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>:<br />
En 1170, les religieux <strong>de</strong> Saint-Jean <strong>de</strong> Jérusalem s'établissent<br />
<strong>de</strong>vant le beffroi. — En 1238, Aimard d'Oiri vend à Gaultier<br />
<strong>de</strong> Pontpoint, bourgeois <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, une maison sise auprès<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> bancloche ou bancloque « apud banclocham. » — En<br />
1257 « potel<strong>la</strong> (postel<strong>la</strong>, portel<strong>la</strong>, portu<strong>la</strong>, petite porte, poterne)<br />
« sita in muro castelli prope Banclocam (fuit) obstructa. —<br />
Voir encore en 1281. — En 1291, l'hôpital Saint-Jean <strong>de</strong><br />
Jérusalem « ante befredum ». — En mars 1322, Charles-le-<br />
Bel accor<strong>de</strong>, entr'autres priviléges, aux habitants <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />
ceux-ci : La petite cloche du beffroi sonnera à l'aurore et aux<br />
heures accoutumées; <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>, aux cas <strong>de</strong> nécessité, savoir:<br />
d'incendie ou <strong>de</strong> mêlée, <strong>de</strong> l'autorité du prévôt 1<br />
— En 1392,<br />
« réparations <strong>de</strong> plomberie au beffroi 2<br />
. — En 1524, dit<br />
Mallet, « <strong>la</strong> couverture du beffroi qui était couvert <strong>de</strong> plomb,<br />
« fut découvert étant en ruines et au lieu, fut recouvert<br />
« d'ardoise, excepté le petit clocher, qui <strong>de</strong>meura couvert <strong>de</strong><br />
« plomb... 3<br />
»<br />
Au milieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, dit Vaultier 4<br />
il y a... « le beffroi,<br />
« lieu <strong>de</strong> forteresse où l'on souloit (avait coutume) mettre les<br />
« prisonniers et malfaiteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite ville, assis entre l'étape<br />
« au vin, marché au blé et halle à vendre le poisson <strong>de</strong> mer,<br />
« autrement appelée <strong>la</strong> Harengerie, qui a été démolie <strong>de</strong> notre<br />
« temps. »<br />
1<br />
Afforty, I, 516, IV, 2241 ; XII, 76; XVI, 351 ; XVII, 526. — Dom Grenier,<br />
t. V, p. 77.<br />
2<br />
3<br />
4<br />
Com. arch., t. I, XCI,où note <strong>de</strong> M. F<strong>la</strong>mmermont.<br />
P. 41, et Afforty,<br />
P. 399, voir 172.<br />
XXIII, 684.<br />
IV 7
2. Le beffroi <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> — et c'est ce qui lui va<strong>la</strong>it le nom <strong>de</strong><br />
bancloche, banclochia, bannorum clocha, cloche <strong>de</strong>s bans, <strong>de</strong>s<br />
citations, <strong>de</strong>s convocations, — supportait <strong>de</strong>s cloches dont <strong>la</strong><br />
principale était un <strong>de</strong>s orgueils <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité. Elle portait inscrit,<br />
au rapport d'Afforty et du « citoyen Desmaretz ayant <strong>de</strong>s<br />
« connaissances en médailles et autres antiquités. » (Registres<br />
municipaux) :<br />
ANJEMERES<br />
En l'en <strong>de</strong> l'incarnation notre Seingneur<br />
MCCIIII XX<br />
et I : ou mois <strong>de</strong> novembre me fit<br />
metre Guiliaume <strong>de</strong> Biauwes : ce fu fet ou<br />
tans sire Etiene Douc 1<br />
.<br />
Que signifie cet assemb<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> lettres : ANJEMERES?... L'on<br />
pourrait traduire : « Adjuvantibus Nobis Jesu, Et Maria, Et<br />
« Regulo, Et Sanctis, » avec l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> Jésus, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vierge<br />
Marie, du bienheureux Rieul et <strong>de</strong> tous les saints.<br />
Quel est ce Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Beauvais?... Un Guil<strong>la</strong>ume, chate<strong>la</strong>in<br />
<strong>de</strong> Beauvais, vivait en 1225. — Plus tard, en 1418, un<br />
Jean <strong>de</strong> Beauves, le jeune, est cité parmi les 52 bourgeois<br />
présents à une assemblée commune du 26 janvier. Serait-ce<br />
un <strong>de</strong>scendant <strong>de</strong> Guiliaume <strong>de</strong> Biauwes? 2<br />
— Etienne Douc<br />
— <strong>la</strong> légen<strong>de</strong> est composée tout entière en onciales juxtaposées<br />
et ayant <strong>la</strong> même hauteur, — me paraît mis ici pour Etienne<br />
dou Change (<strong>de</strong> Cambio) qui fut échevin <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> en 1283-<br />
1309 3<br />
, En 1283 en effet, le 21 avril, Robert <strong>de</strong> <strong>la</strong> Consigne,<br />
maire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, et Estienne du Change et Guyot Gouyers,<br />
jurés, sont nommés dans une lettre qu'Adam Halos ou Halot,<br />
bailly <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, écrit « au sujet du renvoy par luy fait à »<br />
l'Evêque « Robert <strong>de</strong> Cressonsart » ou Cressonsac « du procès <strong>de</strong><br />
« <strong>de</strong>ux femmes Eu<strong>de</strong>line dite <strong>de</strong> Noyon et sa fille accusées<br />
d'être sorcières » : les maire et jurés <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, y est-il dit,<br />
1<br />
Afforty, XVII, 303.<br />
2<br />
Afforty, VIII, 4360, où copie <strong>de</strong>s Procès-verbaux <strong>de</strong>s assemblées <strong>de</strong><br />
ville, et Registre <strong>de</strong> l'Hôtel-<strong>de</strong>-Ville, B., fol. 91.<br />
3<br />
Afforty, XII, 7731, n os<br />
9, 80, 85, 86, 87 et 99 où Liste <strong>de</strong>s Maires.
ont pris à tort connaissance <strong>de</strong> cette affaire; elle n'est point <strong>de</strong><br />
leur compétence, mais <strong>de</strong> celle dudit Evêque, « comme il fut<br />
« jugé par les mestre <strong>de</strong> court c'est à dire du parlement. »<br />
Le poids <strong>de</strong> cette cloche était <strong>de</strong> 3552 kilogrammes et son<br />
diamètre <strong>de</strong> 5 pieds 4 pouces. L'on trouvera dans les registres<br />
municipaux du temps, l'autoritarisme avec lequel elle fut<br />
vendue à Griset, maître fon<strong>de</strong>ur à Paris, 2 fr. 30 le kilogramme,<br />
sa <strong>de</strong>scente, sa <strong>de</strong>struction... Omnia morti <strong>de</strong>bemur...<br />
3. « En 1445 1<br />
l'on fit une horloge publique sur <strong>la</strong> grosse<br />
« cloche du beffroi.., Jean Charon, J. Camus, J. Métayer et<br />
« Jacques Roussel estans atournez et échevins <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. —<br />
« En Décembre 1532 2<br />
, Jean <strong>de</strong> Fécamp fut nommé pour con-<br />
« duire l'horloge du beffroi et sonner <strong>la</strong> cloche, <strong>de</strong>puis Paques<br />
« jusqu'à <strong>la</strong> saint Remi, ainsi qu'il était accoutumé, à 5 heures<br />
« du matin et à 9 heures du soir, et <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> saint Remi jusqu'à<br />
« Paques à 4 heures du matin et à 8 heures du soir, et pour<br />
« les jours <strong>de</strong> mardi, jeudi et samedi <strong>de</strong> chaque semaine, à 12<br />
« heures du matin pour le marché au bled. » L'on me pardonnera,<br />
je l'espère, d'entrer dans ces menus détails; ils nous<br />
ai<strong>de</strong>nt, je l'ai déjà fait observer, à ressusciter <strong>la</strong> physionomie<br />
qu'avait jadis notre cité. — « Réception le 25 janvier 1695 <strong>de</strong><br />
« Charles Vallée 3<br />
maître serrurier à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> Pierre Vallée<br />
« décédé <strong>de</strong>puis quatre ou cinq jours, qui <strong>de</strong>puis 40 ans avait<br />
« fait fonction <strong>de</strong> concierge du beffroi, conduit l'horloge et<br />
« servi <strong>de</strong> serrurier à <strong>la</strong> ville, à <strong>la</strong> charge <strong>de</strong> loger sa mère<br />
« audit beffroi, si mieux n'aime luy donner 12 francs par an<br />
« pour son logement. » L'on voit que le prix <strong>de</strong>s loyers n'a<br />
point diminué <strong>de</strong>puis.<br />
1<br />
« Le 5 juillet 1530 4<br />
Jaulnay, p. 518.<br />
les enfants <strong>de</strong> France qui avoient été<br />
2<br />
Afforty, XII, 7333.<br />
3<br />
Afforty, V, 2620. « 1420, à Jehan, l'horlogeur, maistre gouverneur <strong>de</strong><br />
« l'orloge du beffroy (à Noyon) pour ses gaiges VI livres. » Comptes <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
ville <strong>de</strong> Noyon.<br />
4<br />
Jaulnay, p. 555-556.
« livrés en otages aux ang<strong>la</strong>is furent ramenés en France à<br />
« raison <strong>de</strong> quoi l'on chanta Te Deum en l'église Saint-Rieul.<br />
« — Le 10 ensuivant, procession. « Jeunes et vieux » je traduis<br />
mot à mot le <strong>la</strong>tin mo<strong>de</strong>ste d'une délibération du chapitre,<br />
« jeunes et vieux, boîteux et malingres, tous rendirent grâce<br />
« au très-haut, se livrant à l'envi à <strong>de</strong>s démonstrations<br />
« joyeuses <strong>de</strong> belle affection, comme l'on n'en vit jamais <strong>de</strong><br />
« mémoire d'homme, surtout en allumant au haut du clocher<br />
« <strong>de</strong>s falots que l'on pouvait découvrir <strong>de</strong> loin et en frappant<br />
« <strong>la</strong> cloche du beffroi, ce qu'il n'est pas d'usage <strong>de</strong> faire dans<br />
« les joies et allégresses 1<br />
» — L'année suivante, à l'entrée <strong>de</strong><br />
Monseigneur le Dauphin « l'horloge et les appeaulx d'icelle<br />
« estans au dit Beffroy faisoient un tel et si grand bruit<br />
« que l'on ne pouvoit se faire oyr par aucune personne, dont<br />
« mon dit seigneur le Dauphin et Messieurs ses frères furent<br />
« fort joyeux. » — En 1766-1769, nouvelle horloge.<br />
4. Le beffroy avait son puits. « Sur ce qui a été remonstré<br />
« que pour l'utilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville et <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> l'étappe<br />
« au vin et <strong>de</strong> <strong>la</strong> halle il estoit besoing <strong>de</strong> faire faire un puits<br />
« près du beffroy parce qu'il n'y en avoit aucun en <strong>la</strong>ditte<br />
« rue, etc. » Ce puits fut bouché en 1832. De <strong>la</strong> cave très<br />
curieuse <strong>de</strong> M. Bontemps, qui a eu l'amabilité d'encourager ma<br />
curiosité, l'on arrive par un escalier voûté en arètes et un<br />
couloir creusé dans <strong>la</strong> pierre vive jusqu'à cet ancien puits.<br />
« En 1724 », dit Broisse, « on éleva — à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du beffroi<br />
« primitif, dont les registres <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville nous disent que l'on<br />
« vendit plomb, ardoises, etc. — une pyrami<strong>de</strong> octogone<br />
« en pierre dont <strong>la</strong> clef portait le nom <strong>de</strong>s frères Man<br />
« sion. Il fut démoli en 1802 par Poyet, architecte <strong>de</strong> Lucien<br />
1<br />
Tara juvenes quam senes, c<strong>la</strong>udi et <strong>de</strong>biles, omnes <strong>la</strong>u<strong>de</strong>m altissimo<br />
<strong>de</strong><strong>de</strong>runt, festivum inter se charitative facientes, quod in simili modo nusquam<br />
a memoria hominum fuit visum fieri, habendo maxime fallotos ar<strong>de</strong>ntes<br />
in campanile in alto situatos a longe prospiciendos necnon palpatione campanae<br />
betfredi, quod non est in usu palpando prae gaudio et lœtitia pulsare,<br />
caetera quam plurima specificando, etc. Dom Grenier, t. CLXIII, p. 225.
« Bonaparte, propriétaire du château du Plessis-Chamant, »<br />
lequel acheta les pierres 1,000 francs, comme on pourra le<br />
lire dans le registre <strong>de</strong>s délibérations du Conseil municipal <strong>de</strong><br />
l'époque.<br />
5. La halle près du beffroi s'appe<strong>la</strong> quelquefois rue <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
bancloche (1344), halle du beffroi en 1468. — « Deux étaux<br />
« à bouchers, » établis en cet endroit à <strong>la</strong> fin du XV e<br />
siècle,<br />
fournirent occasion <strong>de</strong> querelles.<br />
L'on trouvait, en 1508 et 1522, dans le voisinage, les hôtels<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> rose rouge et <strong>de</strong> <strong>la</strong> rose b<strong>la</strong>nche, adossés aux murs <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
cité (1699) ; — du Griffon; — du Faucon; — <strong>de</strong> <strong>la</strong> Truye ou<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> Truye-qui-File, enseigne fréquente et grotesque qui<br />
dégénéra à <strong>Senlis</strong> en Truite-qui-File ; — du Coq, à côté <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Truye et du Gournault ; — du Cheval-B<strong>la</strong>nc : « cheval b<strong>la</strong>nc<br />
« <strong>de</strong>vant le beffroy joignant à l'hôpital Saint-Jean (1439); »<br />
le Cheval-B<strong>la</strong>nc, tenant d'une part à l'hôtel du Cheval-<br />
Rouge, et d'autre au pellican 1<br />
, auberge que tenait en 1589<br />
« Nico<strong>la</strong>s Desprez dit Biblo, zélé ligueur » et partisan <strong>de</strong><br />
l'évêque Rose 1<br />
; — « <strong>de</strong> l'Imayge noustre Dame assise <strong>de</strong>vant<br />
« Saint-Jean et <strong>de</strong>vant le beuffroy faisant le coing <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue<br />
« qui maine <strong>de</strong> <strong>la</strong> Halle à Saincte Geneviefve et d'autre aux<br />
« hoirs Raoulin Germain dung bout <strong>de</strong>vant ledit beuffroy et<br />
« d'autre par <strong>de</strong>rrière à Jehan Germain » Il reste <strong>de</strong> cette<br />
image Notre-Dame, une niche charmante, dont nous avons cru<br />
<strong>de</strong>voir donner une idée par le <strong>de</strong>ssin.<br />
Ce beffroi, qui fut associé à tous les évènements heureux ou<br />
tristes <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité, n'est plus qu'un souvenir. De <strong>la</strong> liberté vraie,<br />
dont il était le symbole, n'avons-nous pas le vêtement extérieur<br />
plutôt que <strong>la</strong> noble et religieuse réalité?<br />
1<br />
Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522. p. 49. — Arch. <strong>Senlis</strong>, cc, 130, f° 8 et suiv.<br />
(1689-1691) : « Dépense <strong>de</strong> 218 livres 17 sols, pour vins <strong>de</strong> présent pris<br />
« dans l'hotel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Truie qui file..., trois pots pris à l'hotel <strong>de</strong> Saint-An-<br />
« toine. » — Afforty, X, 7319; XVIII. 310 : rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bancloche.<br />
2<br />
Récit véritable <strong>de</strong> <strong>la</strong> Surprise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> par <strong>la</strong> Ligue, par un contemporain,<br />
p. 456.
XIX. * BEGUINES.<br />
Voir rue Sainte-Geneviève, où l'on trouvera (1450, 1522,<br />
1553) : « Rue Saincte Geneviefve, le maistre <strong>de</strong> Saint Ladre<br />
« pour sa maison séant <strong>de</strong>vant l'ostel <strong>de</strong>s béguingnes. »<br />
L'on sait que les béguines sont <strong>de</strong>s femmes qui, sans s'obliger<br />
par <strong>de</strong>s vœux, mènent une vie régulière et commune dans<br />
une sorte <strong>de</strong> clôture, appellée béguignage. 1286. L'on rencontrera<br />
dans <strong>la</strong> rue du puits Saint-Sanctin « <strong>de</strong> puteo sancti<br />
« Sanctini » une maison qui appartint jadis aux béguines<br />
« quae quondam fuit beguinarum ». — Les comptes <strong>de</strong> l'église<br />
Saint-Pierre re<strong>la</strong>tent : 1342. ... « <strong>de</strong> Ermelend <strong>de</strong> Riu [Rieux]<br />
« beguine 12<strong>de</strong>niers. » 1343. « ... <strong>de</strong> Isabelle <strong>de</strong> Villersbeguine<br />
« 4 sols. » — « Maison au bourg Saint-Vincent... tenant <strong>de</strong>r-<br />
« rière aux béguines (1357) ». — Jeanne l'Orfèvre, femme <strong>de</strong><br />
Robert le Chat Laisné, lègue « aux béguines <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> pour<br />
« refection [reconstruction] <strong>de</strong> leur maison 10 francs d'or<br />
« (1366) ». — Le nécrologe <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers 1<br />
nomme en 1398 :<br />
« Belete <strong>la</strong> Poline Béguine, enterrée auprès du <strong>la</strong>vabo ]juxta<br />
« lotorium]. » — 1553. « ... Maison rue Sainte Genneviève<br />
« nommée l'hotel <strong>de</strong>s Béguines, tenant à Jacques Viret. » —<br />
Saint-Simon fait cette peinture <strong>de</strong> l'un <strong>de</strong> nos évêques : « L'un<br />
« [<strong>de</strong>s frères <strong>de</strong> Chamil<strong>la</strong>rt] était évêque <strong>de</strong> Dole, qu'il fit<br />
« évêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et à qui il ne manquait qu'un béguin [coiffe<br />
« <strong>de</strong> <strong>la</strong> béguine] et <strong>de</strong>s manches pendantes. »<br />
XX. — BELLE-FONTAINE.<br />
Château dans un site agréable entre le vieux chemin <strong>de</strong>s<br />
1 Afforty, VII; XIV, 96; XVI,500; XVIII, 106, testament <strong>de</strong> Jeanne l'Orfèvre,<br />
femme <strong>de</strong> Robert le Chat l'Aisné, 252, Comptes <strong>de</strong> Saint-Pierre en 1342,<br />
595 ; XXIV, 675, où Déc<strong>la</strong>ration fournie au Roy par le chapitre <strong>de</strong> Saint-<br />
Frambourg <strong>de</strong>s biens qui lui ap<strong>partie</strong>nnent, etc., le 5 août 1553. — Le 30<br />
mai 1474, les enfants <strong>de</strong> chœur <strong>de</strong> Noyon obtiennent <strong>la</strong> permission <strong>de</strong><br />
représenter dans <strong>la</strong> cour <strong>de</strong> l'Evêché le Mystère <strong>de</strong> l'Annonciation. » On<br />
« leur prête les joyaux <strong>de</strong>s béguines. » Dom Grenier, t. XIV, p. 504.
Ancienne Porte Bellon (Page 104).
Poissonniers [Paissonniers, gens conduisant les porcs à <strong>la</strong><br />
g<strong>la</strong>ndée] et <strong>la</strong> route qui conduit <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> à Chantilly.<br />
Petite chapelle bâtie d'emprunts faits à Saint-Frambourg.<br />
C'était le séjour, à <strong>la</strong> fin du XVII e<br />
siècle, <strong>de</strong> monsieur <strong>de</strong><br />
Tourmont, premier commis <strong>de</strong> Louvois : « Le 25 may 1684,<br />
« huit bouteilles [<strong>de</strong> présents <strong>de</strong> ville] à M. <strong>de</strong> Tourmont en<br />
« sa maison <strong>de</strong> <strong>la</strong> Belle-Fontaine. — I<strong>de</strong>m le 27 juillet<br />
« 1687. » — L'on trouvera aux Archives départementales :<br />
« Permission <strong>de</strong> baptiser l'enfant <strong>de</strong> Jacques Drouyn <strong>de</strong><br />
« Van<strong>de</strong>uil, premier prési<strong>de</strong>nt du Parlement <strong>de</strong> Toulouse, en<br />
« <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong> Bellefontaine 1<br />
, » etc. — Voir Arènes.<br />
XXI. — BELLEVUE (Rempart <strong>de</strong>, ou <strong>de</strong> Saint-Vincent).<br />
Entre <strong>la</strong> rue Neuve-<strong>de</strong>-Paris et <strong>la</strong> Porte <strong>de</strong> Meaux. La<br />
maison faisant angle entre le passage du Moulin <strong>de</strong>s<br />
Carmes, le jardin <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers et <strong>la</strong> rue successivement<br />
appelée Royale, <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, Impériale, Neuve-<strong>de</strong>-<br />
Paris, est désignée dans <strong>de</strong>s actes <strong>de</strong> 1785 <strong>de</strong> « maison belle<br />
« vüe scise rue Royale, vis à vis le rempart <strong>de</strong> Saint-Vin-<br />
« cent..., paroisse <strong>de</strong> Sainte-Genevieve. »<br />
De ce rempart, adossé à Saint-Vincent, l'on aperçoit <strong>la</strong> Porte<br />
<strong>de</strong> Meaux avec son moulin jadis aux religieux <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s<br />
d'Acy; à ses pieds, l'éperon <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte <strong>de</strong> Meaux qui a remp<strong>la</strong>cé<br />
par le bruit sourd <strong>de</strong>s quilles les mots <strong>de</strong> passe que se<br />
bail<strong>la</strong>ient « avec méreaux 2<br />
» les quartiniers ; les jardins humi<strong>de</strong>s<br />
que les anciens fossés continuent <strong>de</strong> tremper; les « dos<br />
« d'ânes » où <strong>de</strong>puis longtemps déjà les mégissiers étalent<br />
leurs <strong>la</strong>ines; — <strong>de</strong>rrière, Villemétrie, <strong>la</strong> Bigu<strong>de</strong>, <strong>la</strong> route <strong>de</strong><br />
Meaux, <strong>la</strong> très ancienne chaussée <strong>de</strong>s Jardiniers ou Bretonnerie,<br />
le faubourg Saint-Martin avec ses casernes neuves;<br />
1<br />
Afforty, VI, 2956, où Mémoires <strong>de</strong> vins <strong>de</strong> présent <strong>de</strong>s années 1683 et<br />
suivantes. — Com. arch., II e<br />
série, t. III. p. 353. — Arch. départ., G, 624,<br />
2<br />
Vaultier, p. 170.
— et à l'horizon le cercle profond <strong>de</strong>s forêts <strong>de</strong> Ha<strong>la</strong>tte que<br />
« votre Pierre-le-Grand » écrivait 1<br />
le cardinal <strong>de</strong> Bernis<br />
à Voltaire, du château du Plessis, « appe<strong>la</strong>it le jardin <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
« France. »<br />
Afforty fournira cent indications <strong>de</strong> cette sorte : « 1518, ca-<br />
« semates ayant servi <strong>de</strong> magasins à poudre et <strong>de</strong>venues<br />
« <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s <strong>la</strong>voirs à <strong>la</strong>ine. » Heureuse transformation ! —<br />
« 1634, lieu dit <strong>de</strong>s Poullies » à cause <strong>de</strong>s poullies, poulies,<br />
polies, séchoirs que les gens <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville ont dressées en cet endroit<br />
pour « y estendre draps et serges. — 1657. « Bail d'une<br />
« pièce au marais entre <strong>la</strong> Dodanne (dos d'âne) et <strong>la</strong> vieille<br />
« rivière <strong>de</strong> <strong>la</strong> poterne à prendre <strong>de</strong>puis l'éperon <strong>de</strong> <strong>la</strong> dite<br />
« poterne jusqu'aux poulyes qui sont p<strong>la</strong>ntées au bord <strong>de</strong><br />
« <strong>la</strong>dite Dodanne vers <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Meaux — 1681. « Sept<br />
« p<strong>la</strong>ces pour sécher les <strong>la</strong>ines, tirées au sort, au bout <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
« Dodanne du côté <strong>de</strong>s voutes <strong>de</strong> <strong>la</strong> poterne, etc. 2<br />
. »<br />
XXII. — BELLON (Rue et Porte).<br />
1. La rue Bellon doit son nom à <strong>la</strong> porte Ba<strong>la</strong>ntum (1166,<br />
1194, 1233, 1238), Bellonis (1225, 1339), Bi<strong>de</strong>ntum, <strong>de</strong> Mello<br />
« <strong>de</strong> Melloto » (1245, 1257, 1377, 1476, 1520), Mello (1522),<br />
Melon (1522), Melle (1439), Merlo, Merlou, Merle (1417,<br />
1569) 3<br />
, qui mettait en communication, dans <strong>la</strong> rue du<br />
Chancelier Guérin, <strong>la</strong> cité avec le vicus extérieur Bal<strong>la</strong>ntum,<br />
Bi<strong>de</strong>ntum, Bellongus ou Bellonis. — «... Vineam in vico<br />
Ba<strong>la</strong>ntum (1166). — « Renaud et par avant Jehan Le Choisel,<br />
chanoine, donne à l'Eglise une maison « in vico Ba<strong>la</strong>ntum<br />
1 24 avril 1763.<br />
2 Afforty, V, 2531; VI, 3104; VII, 3967; VIII, 4027.<br />
3 Afforty, I, 21, 118, 119, 123, 131; III, 1569; XIV, 374, année 1166,<br />
charte d'Amaury, confirmative <strong>de</strong>s donations faites à Saint-Nico<strong>la</strong>s-d'Acy<br />
« in vico sancti Martini..., in <strong>de</strong>cima <strong>de</strong> Ponte Hermeri..., apud Curteo-<br />
« lum..., in vico Ba<strong>la</strong>ntum, etc., etc. », 868 ; XV, 743; XVI, 189; XVIII, 88,<br />
testament <strong>de</strong> Raoul <strong>de</strong> Borest, chanoine. — Gall. chr. t. X, col. 1481, t. XI,<br />
col. 587. — Dom Grenier, t. CLXV.
« (1197, 1238). » — Renaud <strong>de</strong> Villeteigneuse vend au chapître<br />
<strong>de</strong> Notre-Dame une vigne « in vico Bellonis » au lieu dit<br />
Sarpere (1225). — « In vico Bi<strong>de</strong>ntum (1297). — « Raoul <strong>de</strong><br />
Grosparmi, trésorier <strong>de</strong> Saint-Frambourg, chancelier du roi en<br />
1254-1259, évêque d'Evreux, qui mourut <strong>de</strong> <strong>la</strong> peste en terre<br />
sainte, <strong>la</strong>isse pour fon<strong>de</strong>r son obit 17 sols <strong>de</strong> revenu annuel à<br />
prendre sur <strong>la</strong> maison d'Osebert l'Ang<strong>la</strong>is, auprès <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte<br />
<strong>de</strong> Mello « super domum Oseberti Anglici juxta portam<br />
« Meloti. » — « Vicus Bellonis (1339). »<br />
Quelle est parmi ces appel<strong>la</strong>tions <strong>la</strong> véritable? Est-ce porta<br />
ba<strong>la</strong>ntum ou bi<strong>de</strong>ntum, porte <strong>de</strong>s animaux bê<strong>la</strong>nts, <strong>de</strong>s brebis,<br />
comme le pense notre consciencieux collègue, M. Am.<br />
Margry, cette porte conduisant dans les prairies les troupeaux<br />
que les nécessités <strong>de</strong>s siéges entassaient parfois dans l'intérieur<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce ? — Est-ce porta ba<strong>la</strong>ntum, bal<strong>la</strong>ntum, porte <strong>de</strong>s<br />
bal<strong>la</strong>nts, <strong>de</strong>s danseurs? L'on sait que le jeu <strong>de</strong> balle était très<br />
anciennement situé entre <strong>la</strong> porte Bellon et le moulin <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue<br />
<strong>de</strong> Meaux et était accompagné au moyen-âge, comme chez les<br />
Grecs, <strong>de</strong> danse (bal<strong>la</strong>re) et <strong>de</strong> chants.— Est-ce porta balli,<br />
porte défendue par un balleium, ballium, ballum, baille, baile,<br />
ouvrage avancé d'un Chatel, palissa<strong>de</strong>, abri formé <strong>de</strong> pieux? —<br />
Est-ce porta <strong>de</strong> Merlo, <strong>de</strong> Mer<strong>la</strong>, <strong>de</strong> Merlon, porte à créneaux<br />
(merlus, mer<strong>la</strong>, merlon signifie créneaux) d'où Mello,<br />
Melo, Melon, Bellon, etc., par altérations successives <strong>de</strong><br />
mots? J'avoue ne hasar<strong>de</strong>r ces étymologies qu'avec maintes<br />
hésitations : Le sol <strong>de</strong> l'hypothèse est si fuyant! — Est-ce<br />
plutôt, j'inclinerais <strong>de</strong> préférence vers cette solution, porta<br />
domini <strong>de</strong> Mello, <strong>la</strong> porte du seigneur <strong>de</strong> Mello? En 1167,<br />
un Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Mello, <strong>de</strong> Merloto, Merlon, Merlou, chate<strong>la</strong>in,<br />
fils aîné <strong>de</strong> Dreux <strong>de</strong> Mello, connétable <strong>de</strong> France, confirme<br />
à l'abbaye <strong>de</strong> Chalis les biens que lui avait accordés son<br />
1<br />
Merletare pinnas seu merletos construere, pinnis munire. « Fiat murus<br />
fortis ut merletetur <strong>de</strong>super, 1257, 1381. » — Merlette, verge d'appariteur<br />
parce que cette verge « in pinnam <strong>de</strong>sinit. » Merlis, querelleur, etc.<br />
Ducange.
oncle Manassier <strong>de</strong> Bulles, « Manasserius <strong>de</strong> Bulis », ou <strong>de</strong><br />
Mello. — Parmi les chevaliers <strong>de</strong> <strong>la</strong> chatellenie <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> qui<br />
servent Philippe-Auguste, nous trouvons, à côté du Boutellier<br />
et <strong>de</strong> Gui son fils, « Manasserus <strong>de</strong> Melloto. » — Plus tard,<br />
aux débuts du XIV e<br />
siècle (février et mars 1331), un Dreux <strong>de</strong><br />
Mello « Droco <strong>de</strong> Mellone » et sa femme Jeanne « Johanna<br />
« quondam uxor Domini <strong>de</strong> Mellon » sont ensépulturés, selon<br />
une coutume pieuse d'alors, chez les Cor<strong>de</strong>liers <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. —<br />
En 1347 il est fait mention « <strong>de</strong>functi Hugonis quondam dicti<br />
« <strong>de</strong> Melloto » chape<strong>la</strong>in perpétuel <strong>de</strong> Saint-Sanctin 1<br />
.<br />
Cette porte s'appe<strong>la</strong>it aussi porte <strong>de</strong> Rheims, comme il est<br />
aisé <strong>de</strong> le voir dans <strong>la</strong> bulle <strong>de</strong> Luce III (1182), confirmative<br />
<strong>de</strong>s priviléges <strong>de</strong> Notre-Dame : « ... Ecclesia sancti Hi<strong>la</strong>rii<br />
« ante portam Remensem 2<br />
.<br />
« Elle était protégée, » dit dom Grenier, « comme on le voit<br />
« encore, aussi bien que <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Paris par <strong>de</strong>ux grosses<br />
« tours ron<strong>de</strong>s. » « Lorsqu'on les démolit », ajoute M. Tremb<strong>la</strong>y,<br />
« on les trouva soli<strong>de</strong>ment fondées sur <strong>de</strong>s blocs équarris,<br />
« lesquels étaient chargés <strong>de</strong> sculptures, entremêlés <strong>de</strong> statues<br />
« brisées dont quelques-unes conservaient <strong>de</strong>s traces <strong>de</strong> do-<br />
« rures , débris dont l'origine romaine prouve l'importance<br />
« <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> avant l'établissement même du mur <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité. »<br />
2. La rue Bellon commençait jadis (1742) à cet endroit. Le<br />
mur gallo-romain y apparaît encore avec ses assises in<strong>de</strong>structibles,<br />
« merveil<strong>la</strong>bles » pour employer l'expression <strong>de</strong><br />
Louvet, traversait les carrefour Saint-Hi<strong>la</strong>ire et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Licorne<br />
ou <strong>de</strong>s Singes « où souloit pendre l'enseigne Saint-C<strong>la</strong>u<strong>de</strong><br />
« (1503) » et aboutissait à l'éperon et au pont <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte<br />
Bellon.<br />
1<br />
Layelles <strong>de</strong>s trésors <strong>de</strong>s Chartes, 377, 593, aux dates <strong>de</strong> 1193, 1211,<br />
1212, 1223, 1246. — Voir Seigneurs <strong>de</strong> Merlo, Afforty, XI, 6046; XIV, 43,<br />
où « Isti sunt milites <strong>de</strong> Castel<strong>la</strong>nia Silvanectensi sub Philippo Francorum<br />
« rege... »; XIV, 390, charte <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Merloto, 1167; XVII, 31, où<br />
Nécrologe <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers; XVIII, 363.<br />
2<br />
Afforty, XIII, XIV, 658 et suiv.
A l'ancien Hôtel <strong>de</strong>s Rasse <strong>de</strong> Saint-Simon, rue Bellon (Page 108).
Son parcours offrait à gauche « au-<strong>de</strong>là du presbitaire <strong>de</strong><br />
« Saint-Pierre, l'asne royé 1<br />
» (tacheté) qui appartenait,<br />
en 1522, « à <strong>la</strong> chapelle Notre-Dame, fondée en l'église <strong>de</strong><br />
« Borretz », et entra plus tard dans les dépendances du Séminaire,<br />
— <strong>la</strong> licorne (1522, 1530, 1654, etc.), que nous trouvons<br />
plus tard escortée du baton b<strong>la</strong>nc et du bon <strong>la</strong>boureur,<br />
— les trois roys, ou trois roys <strong>de</strong> Cologne (1783), qui furent<br />
absorbés il y a plus <strong>de</strong> cent ans par l'hôtel <strong>de</strong>s Turquet, —<br />
et l'escu <strong>de</strong> France qui étaient adossés au cimetière Saint-<br />
Pierre, — le faulcon, — <strong>la</strong> lézar<strong>de</strong>, — l'hôtel seigneurial <strong>de</strong>s<br />
Rasse <strong>de</strong> Saint-Simon qui mérite une attention spéciale, —<br />
une ruelle aujourd'hui fermée qui menait aux murs <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville,<br />
— Sainte-Catherine (1788), — <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> <strong>la</strong> Victoire ou <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> Petite Victoire (1522), ainsi nommée parce que les religieux<br />
<strong>de</strong> l'abbaye célèbre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Victoire y trouvaient un refuge, —<br />
et le moulinet 2<br />
.<br />
A droite, au-<strong>de</strong>là du « barillet couronné tenant à M e<br />
Jean<br />
« Vaultier (voir Arsenal), et par <strong>de</strong>rrière à Saint-Hi<strong>la</strong>ire »,<br />
et <strong>de</strong>s trois bourses, formant le coin <strong>de</strong>s rues Bellon et Rougemaille<br />
(1590), c'étaient l'ostel <strong>de</strong>s Singes (1359) ou Cinges<br />
(1522) ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> Couronne (1547) 3<br />
dont l'enseigne très curieuse<br />
représente, à mon avis, <strong>la</strong> dispute vieille et persistante, comme<br />
le mon<strong>de</strong>, du sensualisme et du spiritualisme et pique à bon<br />
droit <strong>la</strong> curiosité <strong>de</strong>s érudits : un singe assis en maître et levant<br />
<strong>la</strong> coupe; trois moines raisonnant; <strong>de</strong>ux écoliers recueil<strong>la</strong>nt<br />
ces enseignements contraires. Suivent « les maisons <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
« coquine (1359, 1522) 4<br />
<strong>de</strong>vant <strong>la</strong> petite Victoire (coquine,<br />
1<br />
Compte <strong>de</strong> 1508, p 17.<br />
2<br />
Afforty, III, 1376; IV, 1838 à 1844 : Titres <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle Sainte-Anne,<br />
où détails nombreux sur quartier Bellon; V, 2445; VI, 2955, 3365; XVI, 583;<br />
XVII, 619, 1338, où comptes <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté <strong>de</strong>s chapel<strong>la</strong>ins... <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>;<br />
XVIII, 647 et suiv. où comptes <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle Sainte-Anne en 1359; XXIV,<br />
509 en 1547.<br />
3<br />
4<br />
Vaultier, p. 27, 457.<br />
Afforty, XXI, 579.
<strong>de</strong> coquus, marmiton, signifiait gueuse), tenant d'une part a<br />
« l'ostel du griffon et d'aultre à l'ostel <strong>de</strong> l'Ymage Sainte Anne,<br />
« sur lesquelles Geoffroy Biendieu, en son vivant procureur<br />
« du Roy au bailliage <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, fondateur <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle<br />
« Sainte-Anne, a donné à l'église <strong>de</strong> céans douze sols <strong>de</strong> rente;<br />
« — le Griffon, tenant d'un costé à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Vignes (1583) »<br />
— <strong>la</strong> rue Neuve-<strong>de</strong>-Paris n'existait point alors — « aboutissant<br />
« au collége, vis-à-vis <strong>la</strong> Licorne »; — <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Vignes; —<br />
« le porc épic (1601) en faisant le « coing »; — Saint-<br />
« Florent, — « <strong>la</strong> maison ditte <strong>de</strong> Saint-François faisant<br />
« le coing <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Bellon et <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Saintisme a Largent<br />
« (1457) et y tenant » — et <strong>la</strong> Grange <strong>de</strong> <strong>la</strong> Victoire.<br />
3. La porte Bellon (porte, non <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité, mais du vicus<br />
extérieur), date seulement du XV e<br />
siècle, et était ornée, dit<br />
Afforty 1<br />
, d'un croissant qui était un souvenir <strong>de</strong> <strong>la</strong> joyeuse<br />
entrée <strong>de</strong> Henri II. « Devant cette porte, » raconte avec<br />
enthousiasme Vaultier (1598), « on a fait le grand éperon...;<br />
« au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> <strong>la</strong> voute <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite porte il y a un secret, dit<br />
« moigniau (moineau, bastion p<strong>la</strong>t), pour, en cas <strong>de</strong> besoin,<br />
« faire sortir à couvert... sur lequel il y a une p<strong>la</strong>te forte<br />
« (forme) qui <strong>de</strong>fend ledit éperon et autres avenues <strong>de</strong>puis <strong>la</strong><br />
« Fosse-au-Anes jusques a <strong>la</strong> porte Bellon, dont les fossés<br />
« sont pleins d'eau et les prés aussi, dans lesquels il se nourrit<br />
« <strong>de</strong> beaux poissons. »<br />
Un Jean « Loysel » <strong>de</strong>meurait en 1476 près <strong>la</strong> porte<br />
Bellon 2<br />
.<br />
4. L'hôtel <strong>de</strong>s Saint-Simon (1522), « paravant Jean Sé-<br />
« journé, » que nous retrouverons plus tard (1572) entre les<br />
1<br />
Afforty, V, 2622; XXIV, 559, 560 : « Ordonnances <strong>de</strong>s 27 et 29 février<br />
« 1549 <strong>de</strong>s gouverneurs et echevins » ... concernant l'entrée du Roi. Voir<br />
Apport-au-Pain.<br />
2<br />
Afforty, XXII, 211; XXIV, 280. Philippe, fils <strong>de</strong> Jean Loysel et <strong>de</strong><br />
Catherine d'Auvergne, fut anobli par les rois Henri III et Henri IV.
mains <strong>de</strong> Pierre Gosset 1<br />
, <strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fosse, etc., est encore<br />
remarquable à son mur orné <strong>de</strong> pi<strong>la</strong>stres, <strong>de</strong> médaillons et <strong>de</strong><br />
consoles renversées dans le style <strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance. Il n'est<br />
point <strong>de</strong> mon sujet <strong>de</strong> raconter ici <strong>la</strong> généalogie et l'histoire<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> très-noble famille <strong>de</strong>s Rouvroy, dits <strong>de</strong> Saint-Simon,<br />
seigneurs <strong>de</strong> Rasse : Gauthier, Gilles (1522), Guil<strong>la</strong>ume, Louis,<br />
François, Louis II, Charles et C<strong>la</strong>u<strong>de</strong>. L'on sait le testament<br />
très intéressant que Gilles <strong>de</strong> Saint-Simon écrivit en 1477, —<br />
<strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong> Saint-Jacques ou du bailly qu'il fit appliquer<br />
(1490-1524) à l'absi<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale, — cette mention que<br />
<strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522 nous a conservée 2<br />
: « Noble homme<br />
« Jehan <strong>de</strong> Sains chevalier bailly et cappitaine <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> ou<br />
« lieu <strong>de</strong> messire Waleran <strong>de</strong> Sains son père [mari <strong>de</strong> Jacque-<br />
« line <strong>de</strong> Saint-Simon et seigneur <strong>de</strong> Marigny] et messire<br />
« Giles <strong>de</strong> Saint-Simon son père grand... pour sa ferme [à<br />
« Barbery] appelée <strong>la</strong> haulte maison », — le caveau que<br />
Louis <strong>de</strong> Saint-Simon creusa dans <strong>la</strong> chapelle du bailly pour sa<br />
sépulture et celle <strong>de</strong> sa race, — le mariage, le 7 mars 1558,<br />
d'Anne <strong>de</strong> Rouvroy <strong>de</strong> Saint-Simon, fille <strong>de</strong> Louis <strong>de</strong> Saint-<br />
Simon et d'Antoinette <strong>de</strong> Mailly, avec Jacques d'Abon, seigneur<br />
<strong>de</strong> Saint-André, maréchal <strong>de</strong> France, lequel fut tué par Jean<br />
Perdriel, — une « requeste <strong>de</strong> messire François <strong>de</strong> Saint-<br />
« Simon fils <strong>de</strong> M. Louis <strong>de</strong> Saint-Simon, chevalier <strong>de</strong> l'ordre<br />
« du Roy au sujet <strong>de</strong> son épée attachée en <strong>la</strong> chapelle du<br />
« Bailly qui en avoit été enlevée 3<br />
», — le rôle actif que Louis<br />
<strong>de</strong> Saint-Simon joua pendant <strong>la</strong> ligue (1589), — <strong>la</strong> charge <strong>de</strong><br />
bailli occupée par C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> <strong>de</strong> Saint-Simon (1690), — le comte<br />
<strong>de</strong> Saint-Simon Sandricourt nommé bailli le 31 mai 1755, etc.<br />
1 Afforty, IX, 5185 ; XXI, 753 à 755 : Approbation <strong>de</strong> Simon Bonnet pour<br />
<strong>la</strong> construction <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle du bailly; XXII 237 à 242 : Testament <strong>de</strong><br />
Gilles <strong>de</strong> Rouvroy <strong>de</strong> Saint-Simon du 20 sept. 1477 ; XIII, 695à704 : Approbation<br />
<strong>de</strong> Gilles <strong>de</strong> Saint-Simon 1524. Acheté, en 1572, à François <strong>de</strong><br />
Saint-Simon, fils aîné. Afforty, XXV, 178.<br />
2 P. 465.<br />
3 Afforty, XXIV, 309, Jehan <strong>de</strong> Sains, seigneur <strong>de</strong> Marigny en 1541, 834.<br />
— Voir notice <strong>de</strong> M. E. Gallien, dans le Com. arch., t. X, p. 20 à 26.
5. Me serait-il permis <strong>de</strong> rappeler ici d'autres baillis <strong>de</strong><br />
<strong>Senlis</strong> 1<br />
? C'est le chevalier Philippe <strong>de</strong> Remi, <strong>de</strong> Remin ou<br />
<strong>de</strong> Beaumanoir (1246-1296), lequel fut bailli <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> en<br />
1292, et 1293 à 1296, fit rédiger <strong>la</strong> coutume très ancienne<br />
jusque-là traditionnelle <strong>de</strong> nos pays, céda à Philippe-le-Bel<br />
son manoir et sa chapelle du Moncel, avait épousé en secon<strong>de</strong>s<br />
noces <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière héritière <strong>de</strong> <strong>la</strong> très noble famille <strong>de</strong>s Boves,<br />
fut inhumé dans <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong>s Jacobins ou plutôt <strong>de</strong>s Dominicains<br />
<strong>de</strong> Compiègne et a <strong>la</strong>issé une gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong><br />
poésies curieuses 2<br />
.<br />
6. C'est après Beaumanoir, Eustache Deschamps, dit Morel,<br />
à cause <strong>de</strong> son teint basané ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> captivité qu'il subît en<br />
Afrique, né à Vertus, en Champagne, écuyer, huissier<br />
d'armes <strong>de</strong> Charles V et <strong>de</strong> Charles VI, châte<strong>la</strong>in <strong>de</strong> Fimes<br />
(1393) et auteur d'un recueil <strong>de</strong> chansons, ron<strong>de</strong>aux, vire<strong>la</strong>is,<br />
etc., qui eurent <strong>de</strong> <strong>la</strong> vogue en son vivant et sont souvent<br />
pleins <strong>de</strong> grâce et <strong>de</strong> finesse. Comme un arrêté malencontreux<br />
supprimait certaines épices qu'il était d'usage jusqu'alors<br />
d'offrir aux baillis, Deschamps s'en vengea en poëte, mais en<br />
poëte plus gai qu'irritable.<br />
L'en souloit (avait coutume) présenter jadis<br />
Aux juges et baillis royaux,<br />
Dont li [ce dont l'] usaiges est faillis [tombé],<br />
Des meilleurs vins, viez et nouveaulx<br />
Qu'on peut finer en <strong>de</strong>ux vaisseaulx,<br />
Cours, gros, ventrus et à <strong>de</strong>ux mains, etc.<br />
Dans une autre <strong>de</strong> ses bal<strong>la</strong><strong>de</strong>s, il joue sur le mot <strong>Senlis</strong> :<br />
Chacuns me dit : Dieu vous doint joie<br />
De votre nouveau bailliaige<br />
1<br />
Liste <strong>de</strong>s Bailly, Afforty, XII. 5958.<br />
2<br />
Voir une étu<strong>de</strong> très savante <strong>de</strong> M. H.-L. Bordier, dans Mémoires <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> Société académique <strong>de</strong> l'Oise, t. VII, 1 re<br />
<strong>partie</strong>. — Afforty, III, 1532;<br />
XVI, 143, 648, 651, 662; XVII, 143; « 1292, donations au Moncel. ».
1<br />
La Bibl. nation, possè<strong>de</strong> en manuscrit toutes les œuvres d'Eustache<br />
Deschamps. Crapelet en a publié un choix intéressant en 1832. —<br />
« En ces présentes rubriches sont les refrains <strong>de</strong> toutes les [bal<strong>la</strong><strong>de</strong>s] et<br />
« chansons royaux et les premiers vers <strong>de</strong> tous les ron<strong>de</strong>aux et vire<strong>la</strong>ys<br />
« estans en ce présent livre selon l'ordre <strong>de</strong> l'A, B, C, avec plusieurs <strong>la</strong>yz<br />
« traittes lettres missives et autres choses estants en ce présent volume<br />
« fait par feu Eustache Deschamps dit Morel, escuyer, huissier d'armes du<br />
« Roy, notre sire, chatel<strong>la</strong>in <strong>de</strong> Fismes et son bailly <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. Et entre<br />
« les autres choses il y a <strong>de</strong>ux traittés celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> fiction <strong>de</strong> Lyon et l'autre<br />
« du miroir du mariage non complets pour <strong>la</strong> mort qui trop tost luy survint.<br />
« Dieu, ayez pitié et mercy <strong>de</strong> l'ame <strong>de</strong> lui. Amen. Anno 1393. »<br />
Afforty, III, 1691.<br />
2<br />
3<br />
4<br />
De cent lis! mais coissin [coussin] ni toie [taie]<br />
De lit n'ay encor en mesnaige,<br />
Pour ce ne vault rien ce <strong>la</strong>ngaige, etc.<br />
Et ailleurs, il se p<strong>la</strong>int <strong>de</strong> <strong>la</strong> sorte à Charles VI :<br />
<strong>Senlis</strong>, Compiègne et Pontoise<br />
Ce sont trois mègres bailliaiges<br />
De grant nom 1<br />
Afforty nous a conservé quelques actes où le nom <strong>de</strong><br />
« Deschamps, dit Morel, » rappelle quelque survivant <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
race <strong>de</strong> notre bailli-poëte : 1568, 22 octobre 2<br />
, « vente faite à<br />
« Saint-Nico<strong>la</strong>s-d'Acy par noble homme Louis Deschamps,<br />
« dit Morel, sieur <strong>de</strong> Crecy, y <strong>de</strong>meurant. » — 1569. « Esmery<br />
« <strong>de</strong>s Champs, dit Morel, escuyer, frère <strong>de</strong> Nico<strong>la</strong>s Deschamps. »<br />
— 1573. « Catherine Deschamps, dite Morel, sœur d'Esmery.»<br />
7. Revenons à notre rue Bellon. Où faut-il p<strong>la</strong>cer les maisons<br />
du Cœur navré 3<br />
, — <strong>de</strong> <strong>la</strong> Lézar<strong>de</strong>, — l'hôtel que possédait<br />
rue Bellon, en 1474, Jehan le Charon, « gruier [gar<strong>de</strong>général]<br />
<strong>de</strong> Hal<strong>la</strong>tte, » — et cette grange dont Vaultier 4<br />
raconte p<strong>la</strong>isamment cette histoire, qui est toujours nouvelle :<br />
« Audit temps [1593] fut fait un grand fourneau dans <strong>la</strong> grange<br />
Afforty, XXV, 76, 88, 211.<br />
Afforty, V, 2445, Pavez... à faire dans les rues etc. en 1598, 2818 et VII.<br />
P. 267.
« <strong>de</strong> Marin Rigaut, proche <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte Bellon, par un nommé<br />
« Jean Chartier, maître fon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Paris, réfugié<br />
« en cette ville, où il fondit et fabriqua six pièces <strong>de</strong> campagne,<br />
« éprouvées et trouvées bonnes, et avait, sa majesté, donné<br />
« lettres <strong>de</strong> chacun métier, et, les habitants, argent, chan<strong>de</strong>-<br />
« liers et autres choses, en intention d'en faire douze et <strong>de</strong> plus<br />
« grosses ; <strong>de</strong> quoi longtemps après, comme le roi se prome-<br />
« nait sur les remparts, voyant lesdites six pièces, <strong>de</strong>manda<br />
« où étaient les six autres : mais ceux qui avaient pêché en<br />
« eau trouble firent <strong>de</strong> <strong>la</strong> sour<strong>de</strong> oreille. »<br />
En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte Bellon il y avait, en 1617 1<br />
, « le vieil<br />
« jardin <strong>de</strong>s Arquebuziers », <strong>de</strong>s corps <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, etc. (Voir<br />
Jeux). — En 1779, <strong>la</strong> municipalité fait élever sur le rempart<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> porte Bellon un obélisque en souvenir <strong>de</strong> l'heureuse<br />
naissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> duchesse d'Angoulême 2<br />
. — Le goût <strong>de</strong> l'époque<br />
pour <strong>la</strong> guerre et les souvenirs mythologiques a changé, vers<br />
1800, le nom <strong>de</strong> Bellon en Bellone.<br />
Autrefois un pont-levis (1560-1604) 3<br />
ou dormant, en bois<br />
(1619-1696) rattachait <strong>la</strong> rue à <strong>la</strong> campagne.<br />
Tout près c'étaient le manoir <strong>de</strong> Sottemont (<strong>de</strong> Stultomonte)<br />
ou folie du bouteillier, qui appartint jadis à Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong><br />
Chantilly (1340), — le clos du chapître, dit <strong>de</strong> Sottemont, —<br />
<strong>la</strong> ruelle <strong>de</strong> coupe gueule, etc. 4<br />
.<br />
Mes lecteurs seront heureux <strong>de</strong> trouver ici une note que<br />
M. Gérin, — dont ils connaissent l'érudition et le goût, — a<br />
bien voulu me fournir sur l'enseigne du Carrefour <strong>de</strong>s Singes.<br />
« M. l'abbé Eug. Müller ayant bien voulu me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r mon<br />
sentiment sur cette énigme gravée dont j'avais relevé le trait,<br />
bien que <strong>la</strong> sagacité éc<strong>la</strong>irée <strong>de</strong> son esprit n'eût pas besoin<br />
d'une exégèse étrangère, je n'ai pas cru <strong>de</strong>voir lui refuser un<br />
2<br />
1<br />
3<br />
4<br />
Afforty, V, 2622.<br />
Broisse, p. 129.<br />
Afforty, VI, 2998; X, 7578.<br />
Afforty, I, 108,131 ; XIII, 854; XVIII, 146.
Enseigne <strong>de</strong>s Singes (Page 112).
concours, auquel il n'attachera comme moi qu'une valeur conjecturale.<br />
« A mes yeux, cette enseigne n'est qu'une allégorie naïve<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance païenne et protestante.<br />
« Cherchons donc « <strong>la</strong> chouse absconse. »<br />
« Que signifient ces trois écolâtres, dont l'un désigne du doigt<br />
un jeune étudiant absorbé dans ses annotations, tandis que les<br />
<strong>de</strong>ux autres <strong>de</strong>meurent ahuris <strong>de</strong>vant les provocations bachiques<br />
d'un étrange ludi magister, maître Bertrand, enseignant<br />
ex cathedra <strong>la</strong> théorie fascinatrice <strong>de</strong> <strong>la</strong> dive bouteille?<br />
Ne sont-ce pas là les représailles <strong>de</strong> <strong>la</strong> chair sur l'esprit, du<br />
paganisme renaissant sur le caractère sacré <strong>de</strong> l'enseignement<br />
traditionnel? Les docteurs du Collége voisin n'étaient sans<br />
doute pour le Ménippe <strong>Senlis</strong>ien, comme pour Clément Marot,<br />
que<br />
<strong>de</strong> grans bestes,<br />
... les regens du temps iadiz :<br />
Jamais ie n'entre en paradiz,<br />
S'ils ne m'ont per<strong>de</strong>u ma ieunesse !<br />
« Or, « perdre sa jeunesse », c'était ne pas hanter le tripot<br />
du Carrefour, à <strong>la</strong> Couronne, dont l'emblême se ba<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>vant<br />
<strong>la</strong> chaire du pontife du Simianisme ; c'était « ne pas transfréter<br />
<strong>la</strong> Séquane, ne pas perpoter », etc. , à l'instar <strong>de</strong><br />
l'escholier <strong>de</strong> Rabe<strong>la</strong>is ; c'était ne pas éteindre à longs traits<br />
ce sitio <strong>de</strong> maître François, si bien commenté par Sainte-<br />
Beuve ; c'était ne pas passer les années du bel âge « à boire,<br />
« manger et dormir, à manger, dormir et boire, à dormir,<br />
« boire et manger ! »<br />
« Ce n'est pas ici le lieu, à propos d'une humble enseigne <strong>de</strong><br />
cabaretier, <strong>de</strong> rappeler les longues doléances du Moyen-Age<br />
et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance sur <strong>la</strong> misérable condition <strong>de</strong>s écoliers :<br />
qui ne connaît <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong> Lamentation <strong>de</strong> Jean d'Antville,<br />
où sont si p<strong>la</strong>isamment caricaturés et le déguenillement, et <strong>la</strong><br />
maigre cuisine et les <strong>la</strong>beurs opiniâtres du futur maître ès-<br />
IV 8
arts ? En regard du disciple malingre <strong>de</strong> nos trois Janotus,<br />
p<strong>la</strong>çons seulement les vers suivants :<br />
D'un feu sombre et brû<strong>la</strong>nt son œil creux s'illumine ;<br />
Son menton incliné pèse sur sa poitrine<br />
Quand l'esprit s'enivre aux sources d'Hippocrène,<br />
La bouche ne connaît que les eaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Seine !<br />
« Toujours <strong>la</strong> soif, l'éternelle soif <strong>de</strong>s bons vins! Et l'on n'a<br />
pas oublié, qu'au témoignage <strong>de</strong> Jehan <strong>de</strong> Jandun, les caves <strong>de</strong><br />
<strong>Senlis</strong> avaient à cet égard, une réputation méritée.<br />
« Ainsi — d'une part, un collége à proximité <strong>de</strong> l'auberge du<br />
Carrefour <strong>de</strong>s Singes, avec <strong>de</strong>s étudiants passant et repassant<br />
sans cesse <strong>de</strong>vant l'avi<strong>de</strong> cabaretier; — <strong>de</strong> l'autre, les huguenots<br />
avec leur prêche au faubourg <strong>de</strong> Villevert, et — dominant<br />
ces circonstances acci<strong>de</strong>ntelles — l'esprit <strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance qui<br />
agitait toutes les têtes, faisait bouillonner toutes les convoitises,<br />
et lâchait les rênes à toutes les indépendances à l'endroit<br />
du joug austère <strong>de</strong> l'ancienne discipline monastique : voilà<br />
pour nous où il faut chercher le sens peu mystique <strong>de</strong> cet<br />
échanson simiesque, qui symbolise le nouvel enseignement.<br />
« Nous savons qu'un homme aussi habile que son frère à<br />
déchiffrer les intentions satiriques <strong>de</strong> <strong>la</strong> caricature au Moyen-<br />
Age, à qui nous avons communiqué le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> notre enseigne,<br />
M. Edouard Fleury, ne partage pas notre manière <strong>de</strong> voir. En<br />
attendant qu'il développe son opinion, nous livrons notre hypothèse<br />
pour ce qu'elle vaut, très heureux d'être redressé par<br />
les savants autorisés qui se livrent à ces sortes <strong>de</strong> recherches.<br />
« J. GÉRIN.»<br />
XXIII. — * BETHFAGE (Rue).<br />
Bethphagé — maison <strong>de</strong>s figues — est le bourg entre<br />
Béthanie et Jérusalem d'où le Christ envoya <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses disciples,<br />
leur disant : «... Vous trouverez une ânesse attachée,<br />
etc. », et commença son triomphe du jour <strong>de</strong>s Rameaux. —
— 115 —<br />
L'on donna ce nom scriptural à l'impasse du Courtillet qui était<br />
l'un <strong>de</strong>s quartiers réservés <strong>de</strong>s Juifs.<br />
Voir Chancellerie, Courtillet, Juiverie et Puits-Saint-<br />
Nico<strong>la</strong>s.<br />
XXIV. — BIGUDE (La).<br />
« Ferme nommée <strong>la</strong> Bigu<strong>de</strong> (1505 et 1678)... A <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
« Bretonnerie (<strong>de</strong>s Jardiniers) rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bigu<strong>de</strong> (1508) 1<br />
. »<br />
Bégu<strong>de</strong>, <strong>de</strong> begudo, beguta, etc., était au XV e<br />
siècle une<br />
halte pour les voyageurs, une hotellerie. « Le portier », dit le<br />
chevalier délibéré,<br />
« Le portier me fust un peu ru<strong>de</strong><br />
« Et me dist : Aiez pacience :<br />
« Ce n'est pas cy une Bégu<strong>de</strong> ;<br />
« C'est le lieu qui s'appelle Estu<strong>de</strong>, etc.<br />
M. Amédée Margry 2<br />
fait dériver bigu<strong>de</strong> <strong>de</strong> biguer, changer,<br />
ou <strong>de</strong> bis aqua, bis agua et s'efforce d'asseoir cette étymologie<br />
sur <strong>de</strong>s détails <strong>de</strong> topographie locale qu'on lira avec grand<br />
intérêt.<br />
La bigu<strong>de</strong> était un endroit très fréquenté, surtout à ces<br />
époques où <strong>la</strong> ville, fermée au passage habituel <strong>de</strong>s rouliers,<br />
les forçait à tourner les faubourgs.<br />
XXV. — BLANCS SABLONS (Les) ou les Sablons.<br />
P<strong>la</strong>ine sèche et sablonneuse entre <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Jardiniers, le<br />
faubourg Saint-Martin et les bois.<br />
XXVI. — BON-SECOURS (Notre-Dame <strong>de</strong>).<br />
La chapelle du pélerinage <strong>de</strong> Bon-Secours, qui est <strong>de</strong>sservie<br />
1 Compte <strong>de</strong> 1508, V. 259. — Afforty, XXIII, 149.<br />
2 Com. arch., II e<br />
série, t. III, p. 334.
par <strong>la</strong> cure <strong>de</strong> Chamant, est en très-légitime vénération et<br />
réunit, à <strong>la</strong> Visitation, <strong>de</strong> nombreux fidèles <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong><br />
et <strong>de</strong>s environs. Site agréable entre <strong>Senlis</strong> et Chamant, sur le<br />
f<strong>la</strong>nc d'une colline, côte Henri, dont <strong>la</strong> base est arrosée par<br />
une fontaine vénérée, fontaine du peuple ou du peuplier<br />
(1428).<br />
Voir Aulnoy, Capucins, Afforty, où l'on rencontrera <strong>de</strong>s<br />
indications <strong>de</strong> ce genre : « ... près les petits capucins <strong>de</strong> Notre-<br />
« Dame <strong>de</strong> Bon-Secours, tenant d'un bout au chemin <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
« chapelle <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong>s Vertus et d'autre à <strong>la</strong> chaussée<br />
« Brunehaut, » — « Hermites nouvellement établis à Notre-<br />
« Dame <strong>de</strong> Bon-Secours en 1656 », — et Notice <strong>de</strong> M. Charles<br />
Leguay 1<br />
.<br />
Les vastes carrières <strong>de</strong> Bon-Secours ont fourni les matériaux<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale.<br />
A Chamant, dolmen ou allée couverte très-intéressante,<br />
déb<strong>la</strong>yée par les soins <strong>de</strong> M. le comte <strong>de</strong> La Vaulx : Les débris<br />
humains trouvés là remontent, dit M. Peigné-De<strong>la</strong>court 2<br />
« à<br />
« une époque antérieure (?) même à l'âge <strong>de</strong> pierre. »<br />
1<br />
XXVII. — BORDEAUX (Rue <strong>de</strong>s).<br />
Cette rue s'appe<strong>la</strong>it autrefois or<strong>de</strong> ruelle, d'or<strong>de</strong>, ordure :<br />
« Jehan le Quien (chien), gantier, ou lieu <strong>de</strong>.., pour sa maison<br />
« rue <strong>de</strong>s Vignes faisant le coing <strong>de</strong> l'or<strong>de</strong> Ruelle (1522) ; » —<br />
« Ruelle aux filles communes (1522) »; — « ... aux filles<br />
« joyeuses (1525) 3<br />
» ; — « aux filles sœurdittes (sordi<strong>de</strong>s)<br />
Afforty, III, 1481 ;VII, 3854 et suiv.<br />
2 Com, arch., t.II, V, XIV, XVI, XVIII, XL, XLVII, LXXIV, 102, t. V, 140.—<br />
Je cite cette expression, âge <strong>de</strong> pierre, sans accepter certaines c<strong>la</strong>ssifications<br />
qui reposent plus sur <strong>de</strong>s théories préconçues que sur <strong>de</strong>s additions <strong>de</strong><br />
faits.<br />
3 Compte <strong>de</strong> 1508, p. 41. — Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 35, 510. — Afforty,<br />
XI, 7310, 7341 ; XXV, 29 (1525). — Broisse, p. 60.
« (1538) », toutes expressions que <strong>la</strong> haute sagesse <strong>de</strong>s<br />
<strong>la</strong>ngues confond dans <strong>la</strong> même flétrissure.<br />
Le 22 décembre 1555, dit Mallet, « il fut décidé que <strong>la</strong><br />
« maison <strong>de</strong>s filles publiques, appelée le bor<strong>de</strong>au ou les bor-<br />
« <strong>de</strong>aux, serait démolie..., à cause que plusieurs mauvais<br />
« garçons dérobaient <strong>de</strong> nuit, jusques dans les églises, » —<br />
ajoutent les Registres <strong>de</strong> ville, — « et se retiraient en ce lieu<br />
« et s'y commettaient plusieurs maux. »<br />
Bor<strong>de</strong>, bor<strong>de</strong>l, etc., dérivent <strong>de</strong> bor<strong>de</strong>, maison en p<strong>la</strong>nches,<br />
petite métairie, cabane, <strong>la</strong>voir public... : « Grange, bor<strong>de</strong>s et<br />
« clotures (1344) »; — « Vigne du chapître au carrefour <strong>de</strong>s<br />
« Bor<strong>de</strong>s, hors <strong>la</strong> porte neuve (1349) »; — « Clos <strong>de</strong> vigne,<br />
« hors <strong>la</strong> porte Saint-Rieul, au lieu dit les Bor<strong>de</strong>aulx (1428 et<br />
1464), » peut-être ici les bords d'iëau...; — « Rue <strong>de</strong>s<br />
« Bor<strong>de</strong>s, » peut-être <strong>de</strong>s bords (<strong>de</strong> l'eau), paroisse Saint-<br />
Etienne (1486) 1<br />
; — « Vigne <strong>de</strong>s Bor<strong>de</strong>s », probablement au<br />
jeu <strong>de</strong> paume (entre les portes Bellon et le pont <strong>de</strong> Meaux. —<br />
« Rue <strong>de</strong>s Bor<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s eauz (1508) ».<br />
Pourquoi n'avoir pas substitué un autre nom à cette appel<strong>la</strong>tion<br />
« dont, » dit Littré, « on ne se sert pas en bonne compagnie?<br />
»<br />
XXVIII. — * BOUCHERIE (Ruelle <strong>de</strong> <strong>la</strong>).<br />
La ruelle, aujourd'hui impasse, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Boucherie est « <strong>la</strong><br />
« ruelle par où l'on va à <strong>la</strong> boucherie, » rue <strong>de</strong> Paris, et à <strong>la</strong><br />
p<strong>la</strong>ce aux Veaux.<br />
« Des hoirs Jacques du Fresnoy, alias Thierry, pour leur<br />
« hostel... en <strong>la</strong>dicte Rue Parisye (<strong>de</strong> Paris), ou pend l'en-<br />
« seigne <strong>de</strong> l'image Saint-Martin tenant d'une part a <strong>la</strong> petite<br />
« Ruelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> boucherie et d'autre part a une Ruelle 2<br />
. »<br />
1<br />
Afforty, XVIII, 286, 411; XXI, 739; XXIII, 855; XXIV, 316, 323. —<br />
Registre criminel du Châtelet <strong>de</strong> Paris <strong>de</strong> 1389 à 1392, t. II, p. 208.<br />
2<br />
Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 95.
Cette ruelle, comme je l'ai déjà indiqué, avait une issue à<br />
l'extrémité <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> l'hôtel-<strong>de</strong>-ville, à <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
maison qu'occupent MM. Vernois et <strong>de</strong> Pontalba ou non loin,<br />
puisqu'un titre <strong>de</strong> 1271 nous dit : « La commune achète l'em-<br />
« p<strong>la</strong>cement <strong>de</strong> <strong>la</strong> petite boucherie scise rue <strong>de</strong> Paris, tenante<br />
« à <strong>la</strong> ruelle qui va au marché 1<br />
. »<br />
XXIX. — * BOUCHERS (Ruelle <strong>de</strong>s).<br />
Cette rue est <strong>la</strong> rue « du Murat autrement dicte <strong>de</strong>s bou-<br />
« chers (1522) ». « Maison rue Parisie tenant à <strong>la</strong> rue dou<br />
« Murat (1302) ». En <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Bouchers « tenant d'une<br />
« part au logis <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grez <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine Saint-Gilles, d'autre<br />
« part à <strong>la</strong> rue qui mène <strong>de</strong> <strong>la</strong> ditte fontaine à <strong>la</strong> porte aux<br />
« asnes (1506). » — « Pierre Guil<strong>la</strong>ume pour une maison<br />
« et lieu assis <strong>de</strong>ssous Saint-Agnan, avec portion d'une cour<br />
« et jardin entretenant ensemble et fermé <strong>de</strong> murs, faisant le<br />
« coing <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue du fief du Murat par <strong>la</strong>quelle l'on va <strong>de</strong><br />
« l'église Saint-Agnan à <strong>la</strong> fontaine <strong>de</strong>s Etuves, tenant d'une<br />
« part par bas à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Bouchers et d'autre part tenant et<br />
« aboutant d'un bout à Jehan Cayen boucher, doit quatorze<br />
« sols parisis <strong>de</strong> rente <strong>la</strong>issés et donnés pour <strong>la</strong> fondation d'un<br />
« obit, qui se dit chacun an en Jcelle pour <strong>de</strong>ffunt M r<br />
Pierre<br />
« Brunel. » (1553, janvier 2<br />
.) Les Murat étaient une noble<br />
famille senlisienne. — Voir Murat.<br />
J'avoue que <strong>la</strong> reconstruction complète <strong>de</strong> cette rue me présente<br />
certain embarras. Elle apparaît <strong>de</strong>scendant <strong>de</strong> Saint-<br />
Aignan vers les Etuves : c'est <strong>la</strong> très courte rue appelée aujourd'hui<br />
<strong>de</strong>s Prêtres; — elle est voisine <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Paris,<br />
1<br />
Afforty, XII, 1200. — Voir Supra Apport au pain. 3, et Arch. <strong>Senlis</strong>,<br />
H. H., 12.<br />
2<br />
Afforty, XVII, 140. Bail <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> Châlis, scise rue <strong>de</strong> Paris;<br />
XXIII, 165; XXIV, p. 670 : Extrait <strong>de</strong> <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration fournie au Roy par<br />
le Chapître <strong>de</strong> Saint-Frambourg <strong>de</strong>s biens qui luy ap<strong>partie</strong>nnent dans<br />
l'étendue du domaine <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>.
probablement à l'endroit où une impasse porte encore sur les<br />
p<strong>la</strong>ns officiels <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> le nom <strong>de</strong> cul <strong>de</strong> sac du Murat. Je<br />
crois qu'il faut tenir pour même rue <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Bouchers, du<br />
Heaume et du Murat.<br />
Pourquoi cette dénomination? Les bouchers logeaient-ils <strong>de</strong><br />
préférence, comme Jean Cayn, en cet endroit, qui est proche<br />
à <strong>la</strong> fois <strong>de</strong>s boucheries et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Malmaison ?<br />
1<br />
Afforty, XII, 7325; XVIII, 548.<br />
XXX. — * BOUETTES.<br />
« Simon Moullet en son testament <strong>de</strong> 1343 environ <strong>la</strong>isse<br />
« cuilibet leproso Bouetarum. » — « Item », dit Jeanne<br />
Lorfèvre ou Jeanne Lechat Laisné (1366), dans un testament<br />
rempli <strong>de</strong> détails piquants (voir supra Béguines) « aux her-<br />
« mitesses <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> un franc d'or. Item aux poures appellés<br />
« hermites un franc d'or. Item aux ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s <strong>de</strong>s bouettes <strong>de</strong><br />
« <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong>my franc d'or. » — Jean Ruelle, lépreux, sera<br />
conduit à <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>drerie <strong>de</strong> Saint-Ladre (Saint-Lazare) ou aux<br />
bouettes 1<br />
(1529).<br />
Où étaient ces bouettes?... Je suis porté à croire que les<br />
bouettes étaient <strong>de</strong>s logettes où les lépreux tenus pour inguérissables<br />
vivaient isolés à l'endroit appelé encore <strong>la</strong> Santé,<br />
entre les gués <strong>de</strong> Creil et <strong>de</strong> Pont-Sainte-Maxence. — Voir<br />
Santé, où d'autres détails.<br />
Pourquoi ce lieu a-t-il reçu le nom <strong>de</strong> bouettes? Peut-être<br />
à cause <strong>de</strong>s bouettes, boëttes ou boîtes (boesta, boeta, etc.),<br />
ou logettes que l'on y avait bâties, — ou à cause du droit <strong>de</strong><br />
boiste ou boisseau qui est le droit <strong>de</strong> percevoir <strong>la</strong> dîme <strong>de</strong><br />
certains grains, — ou à cause d'une bouette « boüeste ou<br />
« billot <strong>de</strong> bois pendu là en signe <strong>de</strong> certain droit nommé...<br />
« conduit ou péage » (1510), — ou à cause d'une bouette ou
tronc <strong>de</strong>stiné à recueillir les générosités <strong>de</strong>s passants en faveur<br />
<strong>de</strong>s lépreux 1<br />
.<br />
L'on pourra lire dans le livre du P. Martenne, « Des Rites<br />
« antiques, etc., » les cérémonies terribles avec lesquelles<br />
le lépreux était séparé du reste <strong>de</strong> l'humanité. Le malheurenx<br />
que cette contagion mystérieuse avait touché, était conduit,<br />
vers l'heure <strong>de</strong> none, à l'église; un drap mortuaire, chargé <strong>de</strong><br />
symboles <strong>de</strong> mort, était jeté sur ses épaules; l'office <strong>de</strong>s trépassés<br />
était récité <strong>de</strong>vant une chapelle ar<strong>de</strong>nte avec les aspersions<br />
et encensements accoutumés ; le lépreux recevait le<br />
vêtement <strong>de</strong> tartarelle et une cliquette pour avertir les passants.<br />
« Je te défends, » lui disait le prêtre, en le <strong>la</strong>issant à<br />
sa logette, « <strong>de</strong> converser avec le siècle. » « Leprosi » c'était<br />
une formule <strong>de</strong> jurispru<strong>de</strong>nce à Péronne, à Tours, à Ca<strong>la</strong>is, etc.<br />
« leprosi ab hominibus excluduntur quasi mortui. » L'on<br />
trouvera plus tard, dans le chapitre Saint-Lazare, <strong>de</strong>s indications<br />
<strong>de</strong> ce genre : « Pour avoir fait visiter une femme <strong>la</strong>dre<br />
« nommée Pote <strong>la</strong>quelle fut mise hors du sciécle aux dépens<br />
« <strong>de</strong> <strong>la</strong> dite Eglise [Saint-Pierre] 32 solz parisis 1432. —<br />
« Pour une lettre <strong>de</strong> Messire l'Evêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> comment<br />
« Jean Léc<strong>la</strong>t chaudronnier a été trouvé entéchié <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma-<br />
« <strong>la</strong>die <strong>de</strong> lèpre et pour ce avoit été con<strong>de</strong>mné par <strong>la</strong> cour<br />
«épiscopale à vui<strong>de</strong>r hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville cinq <strong>de</strong>niers 2<br />
» (1453).<br />
XXXI. — BOUTEVILLE-MONTMORENCY (Cours).<br />
Ce cours bor<strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> porte Bellon jusqu'à <strong>la</strong><br />
porte <strong>de</strong> Compiègne. Un autre commence là, qui porte cette<br />
p<strong>la</strong>que : « Thoré-Montmorency. »<br />
1<br />
Afforty, XXI, 511, en 1453; XXIII, 287. — Afforty, ibid. 856, à <strong>la</strong><br />
date <strong>de</strong> 1528, Comptes <strong>de</strong> l'église S. Pierre, fait mention d'une « bouette<br />
<strong>de</strong>s trespassés, » d'une « bouette du luminaire <strong>de</strong> Notre-Dame. »<br />
2<br />
Afforty, VII, 3591 : Comptes <strong>de</strong> l'église Saint-Pierre en 1432; XXI, 511 :<br />
Comptes <strong>de</strong> l'église Saint-Pierre en 1453.
Les <strong>Senlis</strong>iens ayant mandé 1<br />
à monseigneur Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong><br />
Thoré-Montmorency que d'Aumale « avait hâté son armée<br />
pour les aller « assiéger », <strong>de</strong> Thoré arrive à toutes bri<strong>de</strong>s<br />
(c'était le 26 avril 1589) avec 50 ou 60 cavaliers, parmi lesquels<br />
les seigneurs <strong>de</strong> Bouteville-Montmorency, <strong>de</strong> Warti 2<br />
,<br />
d'Ognon, <strong>de</strong> Ba<strong>la</strong>gny-sur-Aunette, entre <strong>de</strong> ruse par <strong>la</strong> porte<br />
Saint-Rieul « où l'attendaient plusieurs habitants en armes »<br />
et court à travers les rues en criant : « Vive le roi! » Bientôt<br />
l'audace a raison <strong>de</strong> toute résistance; les clefs sont apportées<br />
aux vainqueurs; le seigneur <strong>de</strong> Rasse est arrêté et Thoré, qui<br />
prend domicile à l'évêché, convoque l'assemblée <strong>de</strong> ville,<br />
brûle les ordonnances <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ligue et se prépare à rendre vains<br />
les efforts que d'Aumale, trois jours après, multipliera pour<br />
forcer les remparts entre <strong>la</strong> porte Saint-Rieul et <strong>la</strong> porte<br />
Aiguillière, etc.<br />
De Thoré et Louis <strong>de</strong> Montmorency <strong>de</strong> Bouteville, son<br />
parent, qui l'a aidé dans cette lutte, méritent bien que les<br />
cours, autrefois remparts, témoins <strong>de</strong> leurs héroïsmes, portent<br />
leurs noms. On arrive aujourd'hui à <strong>la</strong> gloire par <strong>de</strong>s sentiers<br />
moins ru<strong>de</strong>s ! 3<br />
.<br />
XXXII. — * BRETONNERIE (La), dont aujourd'hui une<br />
<strong>partie</strong> rue <strong>de</strong>s Jardiniers.<br />
« ... Croix Saint-Gilles faisant le coing à tourner vers <strong>la</strong><br />
« Bretonnerie (1508, 1530); — in Britonaria (1208); —... in<br />
1<br />
Voir Mallet p. 91, et Vaultier, p. 154.— Graves, p. 115.— <strong>Senlis</strong>.<br />
Récits historiques, par M. Vatin, p. 235 et suiv., etc., etc.<br />
2<br />
Château <strong>de</strong>s Warti, <strong>de</strong>puis Fitz-James, au pied <strong>de</strong> Clermont.<br />
3<br />
Voir Jehan Mallet, p. 111, où éloge du caractère <strong>de</strong> Bouteville. —<br />
Afforty, XXIV, 349 (1602). » Louis <strong>de</strong> Montmorency, etc.xxv,680. « (1593).<br />
« Contrat <strong>de</strong> mariage <strong>de</strong> Louis <strong>de</strong> Montmorency bailly <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et baron<br />
« <strong>de</strong> Bouteville, frère <strong>de</strong> Jacques <strong>de</strong> Montmorency avec Charlotte-<br />
« Catherine <strong>de</strong> Lusse. »
« Britonneria (1208); — Bretonnerie (1349); — Fontaine<br />
« Saint-Remy les <strong>la</strong> Bretonnerie » (1360); — « rue qui maine<br />
« <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Paris à <strong>la</strong> Bretonnerie 1<br />
» (1493).<br />
Un Robert le Breton « Robertus Brito » donne une terre<br />
à Saint-Nico<strong>la</strong>s-d'Acy 2<br />
, vers 1138, date que porte une charte<br />
<strong>de</strong> confirmation <strong>de</strong> l'évêque Pierre. — Guil<strong>la</strong>ume le Breton,<br />
l'auteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Philippéï<strong>de</strong>, que le Gallia Christiana et dom<br />
Grenier 3<br />
p<strong>la</strong>cent au nombre <strong>de</strong> nos chanoines célèbres, reçoit<br />
du chancelier Guérin une prében<strong>de</strong> à Notre-Dame... — Remarquer<br />
<strong>la</strong> similitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> noms : rue aux Ang<strong>la</strong>is-Bretonnerie.<br />
Les vieux titres mentionnent à <strong>la</strong> bretonnerie : <strong>la</strong> bigu<strong>de</strong>;<br />
— chantepie (1486), chant <strong>de</strong> pie ; — « l'Espinette,<br />
« <strong>de</strong>rrière les vignes <strong>de</strong> <strong>la</strong> bretonnerie ; »—« l'Ormeau <strong>de</strong> Chalis,<br />
au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> <strong>la</strong> bigu<strong>de</strong> » (1528); — « les Sablons ou b<strong>la</strong>ns<br />
« sablons, au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bretonnerie » (1349); — <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s<br />
Tavergniers (1522), ou Taverniers (1530) gens vendant à<br />
boire à pot, par opposition aux cabaretiers vendant à assiette ;<br />
cette pluralité <strong>de</strong>s tavernes supposait, comme bigu<strong>de</strong>, une rue<br />
assez fréquentée ; — « <strong>la</strong> rue Tengneuse (teigneuse, <strong>de</strong><br />
« teigne), faisant le coin <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux rues au carrefour <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
« Bretonnerie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> bigu<strong>de</strong>. » Renaud <strong>de</strong> Villeteigneuse<br />
vend à Notre-Dame une vigne, lieu dit Sarpere, dans <strong>la</strong> rue<br />
Bellon (1225). Pierre <strong>de</strong> Vil<strong>la</strong> Scabiosa cè<strong>de</strong> à Saint-<br />
Louis, pour Saint-Maurice, huit arpents <strong>de</strong> terre, prés <strong>la</strong><br />
Folie <strong>de</strong>s Bouteilliers (Sottemont) (1264). Vente à Gilles<br />
Normand, curé <strong>de</strong> Sainte-Geneviève, d'une maison rue Taigneuse<br />
ou Teigneuse (1225, 1340,1343, 1344, 1349) 4<br />
. — D'où<br />
vient à cette rue cette épithète peu f<strong>la</strong>tteuse? Probablement<br />
1<br />
Compte <strong>de</strong> 1508, p. 58. — Afforty, xv, 189 : maison <strong>de</strong> Robert <strong>de</strong><br />
Chantepie, in Britonneria ; XVIII, 577; 665; XXII, 656; XXIV, 17.<br />
2<br />
3<br />
Afforty. XIII, 857.<br />
T. CLXV, p. 226.<br />
4<br />
Compte <strong>de</strong> 1508, p. 56. — Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 119. — Afforty,<br />
I, 123, en 1225 : in vico Bellonis, 151 ; XVII, 299 ; XVIII, 114, 263, 413,416 ;<br />
XXIII, 856.
<strong>de</strong> l'abondance <strong>de</strong>s scabieuses ou herbes aux teigneux qui y<br />
poussaient. — Des documents du XVIII e<br />
siècle citent, en <strong>la</strong><br />
rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bretonnerie, l'hôtel <strong>de</strong>s Canonniers, tenant à <strong>la</strong><br />
rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Procession (1781), nommée ainsi probablement<br />
parce que le clergé <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>la</strong> suivait comme il fait encore<br />
aujourd'hui aux Rogations, pour gagner Saint-Lazare.<br />
Bretonnerie désigne ici, comme on le voit, tout un quartier.<br />
La multiplicité <strong>de</strong>s voies très anciennes qui s'y croisent, sa<br />
situation entre <strong>Senlis</strong>, Villemétrie, Châlis, etc., <strong>la</strong> proximité<br />
<strong>de</strong> l'antique chemin <strong>de</strong> Meaux, lui donnaient une importance<br />
considérable.<br />
XXXIII. — BUAT (Le).<br />
« Bail a cens et surcens <strong>de</strong> 4 sols parisis d'une maison<br />
« appartenante à l'hotel Dieu scise au fauxbourg <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />
« lieu dit le Buat (1324). » Voir Arènes. « In pratis <strong>de</strong> fonte<br />
« <strong>de</strong> Buas ou Buartz usque ad ruel<strong>la</strong>m <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fa<strong>la</strong>ise ou <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
« Radière (1321). —Buat <strong>de</strong>rrière l'abbaye <strong>de</strong> <strong>la</strong> Victoire. »<br />
— « Chemin du bout du bois <strong>de</strong> Buat, du côté <strong>de</strong> Villemétrie,<br />
« coupant le vieux chemin <strong>de</strong> Meaux 1<br />
(chemin Gallo-Romain<br />
« <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> à Meaux). » (1541).<br />
La dénomination <strong>de</strong> Buat, dit M. Am. Margry, est donnée<br />
« à cause <strong>de</strong>s bêtes fauves, à ce canton forestier et agricole. »<br />
Ce mot Buat, Buast, Buatz, etc., que l'on retrouve à Apremont<br />
: « rue du Buat (1481) 2<br />
, à Noyon : rue du Buhat », etc.,<br />
me paraît plutôt dériver du bas <strong>la</strong>tin buaca, buata, bubata,<br />
que l'on rencontre dès 898, 1173, etc., avec le sens <strong>de</strong> lieu<br />
vouté.<br />
XXXIV. — CAPUCINS (Les).<br />
1. Les capucins « <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong> Bon-Secours » furent<br />
1<br />
Afforty, XII, 7352, 7353 ; XVII, 556.<br />
2<br />
Afforty, XXII, 330. — M. Gérin fait plutôt dériver buat <strong>de</strong> bucare<br />
(ital.), filtrer, lessiver, d'où buée, etc.
d'abord établis au lieu dit l'Aulnoie grâce aux libéralités <strong>de</strong> Paul<br />
<strong>de</strong> Cornouailles et du consentement unanime <strong>de</strong>s notables 1<br />
.<br />
Paul <strong>de</strong> Cornouailles, avocat, leur avait légué, par testament, sa<br />
maison et terre <strong>de</strong> l'Aulnoye, au lieu dit <strong>la</strong> Coste Henri, pour<br />
y bâtir un couvent 2<br />
. Voir Aulnoye. Là fût édifiée une mo<strong>de</strong>ste<br />
église dont <strong>la</strong> reine Marguerite, duchesse <strong>de</strong> Valois, comtesse<br />
<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> 3<br />
, et son aumônier, Jacques <strong>de</strong> Chambon, avaient<br />
posé <strong>la</strong> première pierre, le 28 juillet 1610 4<br />
, et dont le cardinal<br />
François <strong>de</strong> <strong>la</strong> Rochefoucauld fit <strong>la</strong> bénédiction le 17 juillet<br />
1614, sous le vocable <strong>de</strong> Notre-Dame et <strong>de</strong>s huit saints<br />
évêques <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, saint Rieul, saint Létard, saint Levain,<br />
saint Sanctin, saint Malulphe, saint Candi<strong>de</strong>, saint Agmare<br />
et saint Aubert. Les capucins trouvèrent bientôt l'endroit<br />
peu commo<strong>de</strong> pour les utilités du couvent et <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. Les<br />
comptes <strong>de</strong> l'Hôtel-<strong>de</strong>-Ville démontrent que l'on aimait à<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r aux capucins les sermons du Secours et <strong>de</strong> l'Esca<strong>la</strong><strong>de</strong><br />
(1608, 1618, 1621, 1622) 5<br />
2. Après avoir sollicité en vain l'autorisation d'occuper <strong>la</strong><br />
Ma<strong>la</strong>drerie <strong>de</strong> Saint-Lazare (1621 à 1625), ils se logèrent dans<br />
l'intérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville (1642) : c'était après une autorisation royale<br />
qui porte <strong>la</strong> date <strong>de</strong> 1640 6<br />
. Le couvent nouveau était situé rue<br />
Saintisme A<strong>la</strong>rgent, en face <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Bor<strong>de</strong>aux « sur un<br />
« terrain formant aujourd'hui le jardin <strong>de</strong> M. Gosselin. »<br />
L'inauguration en fut faite l'annnée qui suivit avec une gran<strong>de</strong><br />
solennité et l'assistance <strong>de</strong> tous les notables <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité. La<br />
maison <strong>de</strong> l'Aulnoye fut donnée par François <strong>de</strong> Cornouailles,<br />
1<br />
6 sept. 1609. Jean Mallet, historien <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, aimait les capucins.<br />
Afforty, XI, 7586-7587.<br />
2<br />
Archives départ., Evêché <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, G. 660 où ce testament.<br />
3<br />
Le mariage d'Henri IV avec Marguerite avait été déc<strong>la</strong>ré nul en 1599.<br />
4<br />
Jaulnay, 128, 411, 519, 630, qui, par erreur a écrit 27 juillet. —<br />
Afforty, XI, 941.<br />
5<br />
Afforty, VI, 2974; xxv, 679 en 1593 : Cérémonies <strong>de</strong>s fêtes du Siège et<br />
<strong>de</strong> l'Esca<strong>la</strong><strong>de</strong>.<br />
6<br />
Arch. départ., ibid. — Arch. <strong>Senlis</strong>, cc. 244. — Afforty, . VI, 3071 r<br />
VII, 3855 ; Contract d'échange, etc. ; XII, 7648.
fils <strong>de</strong> Paul, à l'abbaye <strong>de</strong> Saint-Vincent, à <strong>la</strong> condition que<br />
l'abbaye conserverait <strong>la</strong> chapelle, y ferait dire <strong>la</strong> messe le<br />
jour <strong>de</strong> Saint-Paul et <strong>la</strong>isserait séjourner à l'Aulnoye « le frère<br />
« Adrien Houzel, ermite 1<br />
»<br />
Les Cornoaille, dont le nom apparait plus d'une fois dans<br />
l'histoire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, <strong>de</strong>scendaient <strong>de</strong> Janinot <strong>de</strong> Cornoaille,<br />
lequel, venu d'Angleterre avec le duc <strong>de</strong> C<strong>la</strong>rence, était capitaine<br />
<strong>de</strong> 100 cuirassiers et gouverneur <strong>de</strong> Bohain en Picardie,<br />
où il fut enterré en 1425. Le petit fils <strong>de</strong> Janinot, Jean, vint<br />
habiter <strong>Senlis</strong> en 1475. Un Nico<strong>la</strong>s <strong>de</strong> Cornoailles était argentier<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> ville en 1574-1577. Cette famille fut alliée aux Loisel,<br />
aux <strong>la</strong> Grange, aux Sailly, aux Belleval, aux Rouffiac et<br />
aux d'Alègre... M. <strong>de</strong> Franclieu, écuyer du prince <strong>de</strong> Condé,<br />
épousa une petite-fille <strong>de</strong> Marie-Thérèse <strong>de</strong> Cornoaille.<br />
Parmi les capucins qui vécurent à <strong>Senlis</strong>, citons le R. P. Sébastien,<br />
surnommé le Père Capucin <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, qui a composé :<br />
« Philosophie <strong>de</strong>s contemp<strong>la</strong>tifs (1618), Histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie<br />
« <strong>de</strong> sainte Colette (1619), Vie <strong>de</strong> <strong>la</strong> bienheureuse Pasitée...<br />
« (1625), etc., etc. »<br />
L'on pourra lire en Afforty comment l'évêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong><br />
désirait établir les minimes dans <strong>la</strong> maison abandonnée <strong>de</strong>s<br />
capucins (1638), comment les « Augustins Reformés ont prié<br />
« M. <strong>de</strong> Hautefort <strong>de</strong> présenter à <strong>la</strong> Reine un p<strong>la</strong>cet pour l'oc-<br />
« cuper et en ont fait solliciter M. l'Evêque par M. <strong>de</strong> Livry<br />
« son frère (1644), etc. »<br />
La bonté et <strong>la</strong> charité du Père Jean-François (1786), gardien,<br />
et <strong>de</strong> ses religieux sont <strong>de</strong>meurées en tradition. Pourquoi<br />
quelque rue du quartier qu'ils ont habité n'a-t-elle point reçu<br />
leur nom?...<br />
L'église <strong>de</strong>s Capucins a servi en 1789-1790 <strong>de</strong> salle d'assemblée<br />
aux députés du bailliage <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> 2<br />
.<br />
' Afforty, VII, 3855 et suiv.,où « Nico<strong>la</strong>s <strong>de</strong> Cornoaille, official <strong>de</strong> l'évêque<br />
« <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, François <strong>de</strong> Cornoaille, avocat au parlement <strong>de</strong> Paris, et Henri <strong>de</strong><br />
« Cornoaille, écuyer, sieur <strong>de</strong> Brumières, » frères on 1655.<br />
2<br />
Arch. <strong>Senlis</strong>, CC, 244.
XXXV. — CARMES (Les).<br />
« Proche <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite Porte <strong>de</strong> Paris, » dit Vaultier 1<br />
, « est<br />
« l'église Notre-Dame <strong>de</strong> <strong>la</strong> Charité, monastère <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong>s<br />
« billettes <strong>de</strong> Paris et sont, les religieux, vêtus <strong>de</strong> noir qui se<br />
« nomment les Bons-Hommes, fondés par le roi saint Louis. »<br />
Voir hôpitaux et rues <strong>de</strong> Paris.<br />
1. L'ordre <strong>de</strong>s Bonshommes fondé en 1258 à Boucher au mont<br />
près Châlons, par Guy <strong>de</strong> Joinville, établis à Paris en 1285,<br />
approuvés par les papes Boniface (1300), Jean (1319), Boniface<br />
(1335), Clément (1343), protégés par saint Louis, arrivèrent à<br />
<strong>Senlis</strong> en 1303, grâce aux legs généreux que fit en leur<br />
faveur un échevin charitable <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, Jean le Gaingneur<br />
ou le Gaigneur (Lucrator) 2<br />
, et donnèrent à leur maison le<br />
nom <strong>de</strong> Charité Notre-Dame ou <strong>de</strong> Saint Louis.<br />
En 1347, les Bonshommes remp<strong>la</strong>cent <strong>la</strong> règle du tiers<br />
ordre par celle <strong>de</strong> Saint Augustin et reçoivent pour habillement<br />
une robe et un scapu<strong>la</strong>ire noirs 3<br />
« Le couvent, dit M. Am. Margry 4<br />
, occupait en 1358, avec<br />
« ses jardins et dépendances l'espace compris entre les rem-<br />
« parts <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte <strong>de</strong> Paris au nord ; <strong>la</strong> rue Parisis à l'ouest;<br />
« <strong>la</strong> rue Saint-Martin au sud; <strong>la</strong> nouvelle rue <strong>de</strong> Paris à<br />
« l'est »; à côté <strong>de</strong>ux moulins, l'un aux religieux, surnommé<br />
Billebaut, qui avait sa roue dans <strong>la</strong> base même d'une <strong>de</strong>s<br />
grosses tours <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville 5<br />
, l'autre à Notre-Dame, étaient sans<br />
cesse exposés aux dévastations <strong>de</strong>s guerres ou à <strong>de</strong>s litiges ;<br />
une tour, dite <strong>de</strong>s Bons hommes (1402) ou Billebaut,<br />
1<br />
P. 398.<br />
2<br />
Afforty, VII, 3880 et suiv. : Carmes déchaussés; XVII, 167, où Lettres<br />
patentes <strong>de</strong> Philippe IV, d'avril 1303, etc. — Hist. <strong>de</strong> l'Eglise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />
609 à 613. — Broisse, 14, 17.<br />
3<br />
4<br />
5<br />
Voir <strong>de</strong>s noms <strong>de</strong> prieurs <strong>de</strong> 1347 à 1515 en Afforty, XI, 7237.<br />
Com. arch., série II, t. III, p. 248 et suiv.<br />
Afforty, v, 467; VIII, 4501 en 1510; XI, 7814; XII, 7388 on 1545.
du nom d'un locataire du moulin avant 1470 1<br />
défendait le<br />
passage...; un fossé près du moulin s'appe<strong>la</strong>it Fosse l'Abbesse,<br />
Remy.<br />
peut-être à cause du voisinage <strong>de</strong> l'abbaye Saint-<br />
2. A <strong>la</strong> suite d'un contrat du 29 juillet 1641 le couvent<br />
<strong>de</strong>s Bonshommes <strong>de</strong>vint <strong>la</strong> propriété <strong>de</strong>s Carmes déchaussés<br />
qui payèrent les vieilles <strong>de</strong>ttes, firent une pension au prieur<br />
Nico<strong>la</strong>s Chapperon et aux cinq religieux qui survivaient et<br />
relevèrent le monastère <strong>de</strong> ses ruines 2<br />
. Il serait trop long <strong>de</strong><br />
faire ici l'histoire détaillée du couvent où nous saluons les<br />
prieurs Jean Lambert, Louis du Mont Carmel (1754), P<strong>la</strong>ci<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s (1765), Bonaventure <strong>de</strong> Saint-Gérard (1774),<br />
Antonin <strong>de</strong> Saint-Pierre (1784), Ange <strong>de</strong> Sainte P<strong>la</strong>ci<strong>de</strong><br />
(1736), etc 3<br />
.<br />
L'on sait « que les procédés employés au <strong>la</strong>vage <strong>de</strong>s toiles<br />
« sont dûs à un religieux carme, le Père Sébastien Truchet,<br />
« lequel, dans les visites qu'il faisait à ses confrères <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />
« eût l'occasion <strong>de</strong> parcourir les b<strong>la</strong>nchisseries justement célè-<br />
« bres d'Avilly 4<br />
, » que le prieuré <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s-d'Acy louait<br />
jadis 1200 livres à Augustin Turquet, négociant, etc.<br />
3. L'église, qui existe encore et sert <strong>de</strong> magasin d'habillements<br />
militaires, fut construite en 1303. C'est une nef rectangu<strong>la</strong>ire,<br />
comprenant quatre travées, ouverte <strong>de</strong> chaque côté en une<br />
chapelle <strong>de</strong> <strong>de</strong>mi-hauteur qui simule <strong>de</strong>s transepts et terminée<br />
par un chœur pentagonal. Des fenêtres, formées d'une double<br />
ogive à redans trilobés et d'un quatre-feuilles, répan<strong>de</strong>nt un<br />
jour abondant. Le nu <strong>de</strong>s murs était décoré <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s statues<br />
au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>squelles <strong>de</strong>s anges soutenaient <strong>de</strong>s nimbes. Les<br />
1<br />
Afforty, I, 276 et suiv., VII, 3881, XI 5941 : titres. — Jaulnay, 643, etc.<br />
Contrat approuvé par l'Evêque et <strong>la</strong> ville le 29 octobre, et par Louis XV<br />
le 15 novembre.<br />
2<br />
Voir Margry, Com. arch.. série II, tome III, page 244 et suivantes.<br />
3<br />
Arch. départ., G. 614. — Voir ibid., G. 623 : Indulgences accordées<br />
pour le jour <strong>de</strong> saint Louis (1744-1759).<br />
4<br />
Arch. départ., G. 636. - Broisse, 106.
arcs <strong>de</strong> <strong>la</strong> voûte reposent sur <strong>de</strong>s culs-<strong>de</strong>-<strong>la</strong>mpe en feuil<strong>la</strong>ge ou<br />
<strong>de</strong>s dais élégants et ornent leur entrecroisement par <strong>de</strong>s écussons<br />
encadrés <strong>de</strong> quatre-feuilles et (ce qui <strong>de</strong>venait rare aux<br />
clefs) <strong>de</strong> personnages, apôtre barbu, David avec sa lyre, ange<br />
tenant un encensoir et une navette, autre ange portant une<br />
corbeille. L'architecture est simple et élégante ; les moulures<br />
ten<strong>de</strong>nt à un abus <strong>de</strong> finesse ; le faire <strong>de</strong> <strong>la</strong> sculpture, anges,<br />
chien saisissant un lièvre, feuil<strong>la</strong>ges, etc., est facile et hardi.<br />
— Au-<strong>de</strong>ssus du « portail 1<br />
» rétabli au XVII e<br />
siècle « est<br />
« pratiquée une fenêtre ogive, géminée à têtes tréflées et à<br />
« moulures cylindriques..; le pignon montre trois roses à<br />
« quatre feuilles et une niche ogive centrale, etc. » Elle était<br />
le centre d'une confrérie <strong>de</strong> Saint-B<strong>la</strong>ise.<br />
L'on trouvera souvent <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> ce genre : moulin<br />
<strong>de</strong>s Bonshommes (1358), « moulin à bled etc., séant prés <strong>la</strong><br />
« porte <strong>de</strong> Paris entre l'église du prioré <strong>de</strong>s Bonshommes et les<br />
« murs <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. Moulin <strong>de</strong>s Carmes. Corps <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
« <strong>de</strong>ssus <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Paris 2<br />
(1655). »<br />
Les Carmes, vendus en 1791..., achetés <strong>de</strong> nouveau le 11<br />
février 1792 avec les maisons voisines, le Miroir, l'Aigle d'or,<br />
où étaient les coches, le Pelican, après avoir servi <strong>de</strong> magasin<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong>ines, sont <strong>de</strong>venus une caserne et <strong>la</strong> discipline du soldat<br />
a succédé dans l'enceinte du vieux couvent à <strong>la</strong> discipline du<br />
moine.<br />
XXXVI. — * CARREFOUR ou mieux CLOITRE<br />
SAINT-RIEUL (Rue du). — Voyez Afforty.<br />
La rue... du Gril [porte] Saint-Santin, dit l'abbé Lefranc, va<br />
du carrefour Mauconseil au boulevard Bouteville-Montmorency.<br />
1<br />
2<br />
Graves, 170.<br />
Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522. — Afforty, VII, 3737 en 1531 ; VIII, 3964 ;<br />
XVIII, 621.
Cave, rue <strong>de</strong> Beauvais (Page 130).
« N° 2. Maison, » dit Graves, « appuyée contre une tour<br />
« cylindrique é<strong>la</strong>ncée, ayant un boudin pour corniche et un toit<br />
« conique. Les portes et fenêtres ont leurs coins supérieurs<br />
« échancrés tels qu'on les pratiquait au quatorzième siècle.<br />
« Une faça<strong>de</strong>,donnant dans <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Trois Pigeons, a <strong>de</strong>s fe-<br />
« nêtres à filets et <strong>de</strong>ux gargouilles. C'était une maison du<br />
« chapître Saint-Rieul. »<br />
S'il faut en croire <strong>la</strong> tradition, c'est là que fut primitivement<br />
« l'évêché habité par l'apôtre du diocèse. 1<br />
» Est-ce <strong>de</strong> cette<br />
maison qu'il est question dans cet acte <strong>de</strong> 1538 : « Maison<br />
« dite <strong>la</strong> Chantrerie, donnée par Messieurs du chapitre (<strong>de</strong><br />
« Saint-Rieul) au chantre, ad onus refectionum et ad persol-<br />
« vendum eis<strong>de</strong>m dominis per singulos annos 60 solidos<br />
« turonenses, à <strong>la</strong> charge <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s réparations et <strong>de</strong> payer<br />
« chaque année une location <strong>de</strong> 60 sols tournois 2<br />
. »<br />
Voir sur cette maison d'autres renseignements, Com. arch.<br />
« On y voit, » rapporte M. Gérin, « supportée par un beau<br />
« pilier du XIII e<br />
siècle, <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> salle, dite chapitre <strong>de</strong> Saint-<br />
« Rieule, etc. »<br />
XXXVII. — CASERNES.<br />
1. Il existait à <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong>s casernes <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s du corps.<br />
L'hôtellerie <strong>de</strong> l' Epée-Royale fut achetée pour recevoir cette<br />
<strong>de</strong>stination le 20 août 1699. Cette maison <strong>de</strong>vint plus tard, le<br />
4 mai 1766, un dépôt <strong>de</strong> mendicité, et le 28 mars 1799, une<br />
manufacture <strong>de</strong> vers à soie, que surveil<strong>la</strong> le sieur Cancel.<br />
2. En 1743 et 1744, écuries à <strong>la</strong> Santé, pour les chevaux<br />
morveux <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s du corps 3<br />
.<br />
3. La maréchaussée avait sa caserne près <strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine<br />
Roissant, rue <strong>de</strong>s Vignes.<br />
1 Tremb<strong>la</strong>y, 21.<br />
2 Afforty, VIII, 101 ; XIX, 269; XXII, 342, 347.<br />
3 Arch. <strong>Senlis</strong>, cc. 165 à 167.<br />
IV 9
4. En 1719, le gouvernement du temps jugeait utile d'avoir<br />
<strong>de</strong>s casernes <strong>de</strong> passage à <strong>Senlis</strong>, qui était compris dans les 20<br />
généralités où <strong>de</strong>vaient être construites <strong>de</strong>s casernes pour le<br />
sou<strong>la</strong>gement <strong>de</strong>s habitants, puisque M. <strong>de</strong> Puységur expédie<br />
aux échevins M. Bruslé. <strong>de</strong> Saint-Leu, Beaune et Morisset, une<br />
ordonnance royale à ce sujet (18 oct. 1719) et que « M. Mazin,<br />
« ingénieur du Roy » fait suivre bientôt le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> l'édifice<br />
— c'était le 3 février 1720 — et l'ordre <strong>de</strong>s corvées que sa<br />
construction <strong>de</strong>vait réc<strong>la</strong>mer 1<br />
. Ce projet ne reçut guère<br />
d'exécution.<br />
Le cahier <strong>de</strong>s Doléances du tiers état... <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, trouvant<br />
insuffisante cette situation, etc., formule <strong>de</strong>s vœux au<br />
même sujet.<br />
Aujourd'hui <strong>la</strong> ville possè<strong>de</strong> <strong>de</strong> vastes casernes <strong>de</strong> cavalerie<br />
où un régiment d'élite maintient les nobles traditions d'honneur,<br />
<strong>de</strong> vail<strong>la</strong>nce et <strong>de</strong> noble fierté que Dieu a confiées à notre<br />
nation.<br />
« Approche ici, que l'on t'instruise;<br />
« Lis ces <strong>de</strong>ux mots sur cette croix :<br />
« Patrie, Honneur, — c'est <strong>la</strong> <strong>de</strong>vise<br />
« Ce sont tes <strong>de</strong>voirs et tes droits 2<br />
.<br />
XXXVIII. — CAVES.<br />
Les caves <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> mériteraient une étu<strong>de</strong> détaillée.<br />
Jean <strong>de</strong> Jandun (1323), « philosophus acutissimus, » historiographe<br />
par occasion <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, où il s'était retiré,<br />
loue entr'autres charmes <strong>de</strong> notre cité « les caves entourées <strong>de</strong><br />
« soli<strong>de</strong>s constructions en pierre, qui grâce au <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> leur<br />
« fraîcheur, refroidissent tellement les vins pendant <strong>la</strong> saison<br />
1 Afforty, VI, 3010 et suiv. et XI, 7173.<br />
2 Paul Deroulè<strong>de</strong>.
« d'été que <strong>la</strong> gorge et l'estomac <strong>de</strong>s buveurs en ressentent<br />
« une volupté suprême 1<br />
»<br />
Ces caves du XIII e<br />
et XIV e<br />
siècle, remarquables par leur<br />
double étage (souvent l'étage inférieur est une carrière), par<br />
leur beaux chapiteaux à feuilles ou crochets et leurs consoles<br />
à feuil<strong>la</strong>ges, servirent-elles, comme plus d'un l'a pensé, <strong>de</strong> refuge,<br />
d'atelier <strong>de</strong> draps, d'habitation? Je crois que l'on peut,<br />
sans trop hasar<strong>de</strong>r, croire que beaucoup <strong>de</strong> ces caves communiquaient<br />
entre elles, que les caves voisines <strong>de</strong>s remparts fournissaient<br />
à <strong>la</strong> défense <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville une sorte <strong>de</strong> couloir intérieur<br />
<strong>de</strong> ron<strong>de</strong> (voir rue <strong>de</strong> Beauvais).<br />
L'on pourra lire sur ce sujet : Comité arch. T. IV, LV. —<br />
Congrès archéologique <strong>de</strong> France, XXXIII e<br />
session, à <strong>Senlis</strong> :<br />
Lecture <strong>de</strong> M. l'abbé Legoix, p. 86 à 94. — M. Vatin, <strong>Senlis</strong><br />
et les environs, p. 50.<br />
XXXIX. — * CHAMPAGNE (La).<br />
« Campania.. (1252); — in vico seu ruel<strong>la</strong> qua itur ad cam-<br />
« paniam (1339); — terram <strong>de</strong> Campania; — Champaigne<br />
« (1358). Haute et basse Champaigne ; — à <strong>la</strong> basse Champai-<br />
« gne. » Champaigne signifie ici : p<strong>la</strong>ine découverte, par<br />
opposition à bois. « On trouva » dit Froissard « . . . . . aucunes<br />
« Champagnes où il avait blés et prés. »<br />
« Depuis le champ <strong>de</strong> marché [près du Luxembourg] et les<br />
« murs dudit clos Saint-Maurice, suivant le grand chemin et<br />
« chaussée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte <strong>de</strong> Creil jusqu'au chemin <strong>de</strong> Coupe<br />
1 Afforty, XVIII, 443 en 1350 : Marguerite <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte lègue 5 sols par.<br />
<strong>de</strong> rente à <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong> S. Nico<strong>la</strong>s, fondée en l'église S. Rieul, « chapelle<br />
« qui fut donnée autrefois à défunt maître Jean <strong>de</strong> Jandun (<strong>de</strong> Jardino,<br />
« Jandino). » — Com. arch. v, XVI. — Revue <strong>de</strong>s questions historiques<br />
(1868), p. 585.
« Gueule [vers l'église St-Pierre] 1541 1<br />
. » Inutile <strong>de</strong> dire que<br />
cette locution est <strong>la</strong> traduction en franc picard <strong>de</strong> coupe gorge.<br />
1<br />
Afforty,I, 6, en 1340. L'abbé <strong>de</strong> S.Vincent reconnait avoir cédé au<br />
chapître <strong>de</strong> Notre-Dame.... le pressoir Barbete, au lieu dit « <strong>de</strong> Stulto-<br />
« monte, » auprès du manoir <strong>de</strong> Sottemont qui ap<strong>partie</strong>nt à Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong><br />
Chantilly.... Il est parlé là <strong>de</strong> <strong>la</strong> ruelle ou vicus coupe-gueule... ; v. 2816 et<br />
suiv., où Etat <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>drerie <strong>de</strong> S. Lazare en 1633; XVIII, 90, 607, Testament<br />
<strong>de</strong> maître Jacques du Change, archidiacre, du 22 avril 1358, 617;<br />
XXIV, 313.<br />
XL. — * CHAMP DE MARS.<br />
Devant <strong>la</strong> Porte <strong>de</strong> Compiègne. — Cet endroit s'appe<strong>la</strong> aussi<br />
Champ <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fédération.<br />
« L'an 1790, 14 juillet » raconte le Citoyen, secrétaire <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
municipalité <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, « <strong>la</strong> commune <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> a célébré <strong>la</strong><br />
« fête <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fédération; si elle n'a pas égalé <strong>la</strong> dépense et <strong>la</strong><br />
« magnificence <strong>de</strong> <strong>la</strong> capitale, elle a au moins fait d'honora-<br />
« bles efforts pour suivre au <strong>de</strong>gré qui lui convenait l'exemple<br />
« <strong>de</strong> cette gran<strong>de</strong> ville. La nécessité <strong>de</strong> se rendre compte du<br />
« cérémonial oblige à faire <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription du local.<br />
« Sur le bord <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> route qui va <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> à Com-<br />
« piègne et en F<strong>la</strong>ndre, immédiatement après <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
« ville et à gauche est un emp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong> quatre-vingts<br />
« toises <strong>de</strong> longueur sur dix à douze <strong>de</strong> <strong>la</strong>rgeur, connu sous le<br />
« nom <strong>de</strong> longue paume. Cet espace qui formait autrefois un<br />
« <strong>de</strong>s fossés <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville est dominé dans toute sa longueur,<br />
« d'un côté par le rempart <strong>de</strong> Saint-Rieul, <strong>de</strong> l'autre par le<br />
« grand Cours ; les terres successivement éboulées ou rappor-<br />
« tées forment <strong>de</strong> chaque côté un talus <strong>de</strong> vingt-cinq pieds <strong>de</strong><br />
« hauteur, on y a entassé plusieurs rangs <strong>de</strong> gradins bordés<br />
« <strong>de</strong> balustra<strong>de</strong>s en p<strong>la</strong>nches, décorés <strong>de</strong>s plus belles tapisseries<br />
« que les citoyens, les chapitres et les couvents se sont empres-<br />
« sés <strong>de</strong> fournir.<br />
« Le rang d'en bas formait une enceinte <strong>de</strong> mille toises envi-<br />
« ron <strong>de</strong> superficie ; on y entrait par un arc triomphal <strong>de</strong>
« trente pieds d'élévation, soutenu par quatre colonnes d'ordre<br />
« dorique et surmonté par <strong>la</strong> statue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Liberté sous le<br />
« costume d'un <strong>la</strong>boureur tenant son bonnet au bout d'une pique.<br />
« Sur les côtés étaient <strong>de</strong>ux figures colossales, l'une repré-<br />
« sentant <strong>la</strong> Paix, l'autre, l' Abondance; au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong><br />
« celle-ci, dans l'entre-colonnement, on voit les Arts libé-<br />
« raux et les Arts mécaniques représentés par leurs attributs.<br />
« Au travers <strong>de</strong> l'arc triomphal situé en face du grand<br />
« chemin, on distinguait un autel simple, formé par quatre<br />
« lembours <strong>de</strong> figures colossales, accolés ensemble, sur une<br />
« esp<strong>la</strong>na<strong>de</strong> <strong>de</strong> gazon, élevée <strong>de</strong> six marches, décorée aux<br />
« quatre faces <strong>de</strong> rampes et <strong>de</strong> massifs et relevées par <strong>de</strong>s<br />
« compartiments en sable <strong>de</strong> couleur ; quatre arbres verts for<br />
« maient baldaquin au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> l'autel; une <strong>de</strong>vise voltigeait<br />
« en ces quatre arbres, avec ces paroles du psaume : hœc est<br />
« dies quam fecit dominus; exultemus et lœtemur in ea.<br />
« Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l'autel, à dix toises environ, étaient trois<br />
« statues emblématiques, représentant <strong>la</strong> Nation, <strong>la</strong> Loi, le<br />
« Roi; celle représentant <strong>la</strong> Loi portait une riche guir<strong>la</strong>n<strong>de</strong><br />
« qui al<strong>la</strong>it rejoindre l'autel, pour montrer que <strong>la</strong> loi et <strong>la</strong><br />
« religion se touchent et sont inséparables.<br />
« L'enceinte était terminée par un portique <strong>de</strong> l'ordre pœs-<br />
« tum ; dans les entre-colonnements on avait p<strong>la</strong>cé <strong>de</strong>s bas-<br />
« reliefs représentant les vertus chrétiennes, civiles et<br />
« militaires, comme compatibles, et concourant ensemble au<br />
« bonheur <strong>de</strong>s citoyens.<br />
L'on pourra lire dans les registres <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune, les<br />
détails <strong>de</strong> cette fête, où les naïfs du temps se <strong>la</strong>issaient duper<br />
d'espérances creuses et <strong>de</strong> sentimentalité. Nil novi sub sole.<br />
XLI. — CHANCELIER GUÉRIN (Rue du).<br />
Cette rue, qui s'est appelée quelque temps rue <strong>de</strong>s Tribunaux,<br />
coupe le mur gallo-romain à <strong>la</strong> porte Bal<strong>la</strong>ntum ou <strong>de</strong><br />
Mello pour mettre en rapport <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du puits Notre-Dame<br />
avec le carrefour Saint-Hi<strong>la</strong>ire.
« Guérin, » dit Rigord, « était <strong>de</strong>venu le conseiller intime<br />
« du roi à cause <strong>de</strong> sa pru<strong>de</strong>nce, et <strong>de</strong> son incomparable vertu<br />
« <strong>de</strong> conseil, et <strong>de</strong> ses autres qualités multiformes d'âme...<br />
« Il gouvernait sa vie si louablement que, le premier après le<br />
« roi, il traitait sans reproches les affaires <strong>de</strong> l'Etat 1<br />
. » —<br />
« Ami spécial du roi, » ajoute Guil<strong>la</strong>ume le Breton : « II<br />
« traitait avec le roi les affaires difficiles <strong>de</strong> l'Etat. »<br />
Ce grand homme qui est une <strong>de</strong>s figures les plus originales<br />
<strong>de</strong> son époque, naquit selon les uns à <strong>Senlis</strong>, selon d'autres à<br />
Pont-Sainte-Maxence..., était parent <strong>de</strong> Foulques, prieur <strong>de</strong><br />
Saint-Arnould <strong>de</strong> Crépy et <strong>de</strong> Coincy : « carissimus in Christo<br />
« consanguineus noster Fulco prior Arnulphi Crespiacensis 2<br />
»<br />
1 Gaufrido Silvanectensi Episcopo successit frater Garinus, qui cum frater<br />
professus Hospitalis Ierosolymitani specialiter consiliarius effectus, in au<strong>la</strong><br />
regia propter pru<strong>de</strong>ntiam et incomparabilem consilii virtutem, et alias animi<br />
dotes multiformes, ita <strong>la</strong>udabiliter se habebat, quod quasi secundus a Rege<br />
negotia regni inculpate tractabat, et Ecclesiarum necessitudines tanquam<br />
vir litteratus ad plenum nihilominus omni studio procurabat, etc.<br />
RIGORD.<br />
Galterum juvenem Rex Bartholomaea Garinumque<br />
Alloquitur votumquo suum dolucidat illis.<br />
His etenim solis re confi<strong>de</strong>nter in omni<br />
Enucleare animum secretaque vota solebat.<br />
Rex Sancti Pauli comitem fratremque Garinum<br />
Tornacum misit, pugnatricesque catervas<br />
Associavit eis fortissima corpora bello<br />
Qualia Sequaniis producit Francia ripis, etc. Liv. 9.<br />
Ultimus exierat post omnia signa Garinus<br />
Qui Silvanectensis nondum sacratus ad urbis<br />
Electus cathedram, Regis specialis amicus<br />
Ardua tractabat cum Rege negotia regni, etc. Liv. 10.<br />
PHILIPPEÏDE.<br />
2<br />
Charte <strong>de</strong> 1222. Afforty, XI, 6038. Certains auteurs font Guérin religieux<br />
<strong>de</strong> Froidmont, en 1173, 1176, parce qu'une charte <strong>de</strong> Barthélemy,<br />
évêque <strong>de</strong> Beauvais (1173), en faveur <strong>de</strong> Froidmont, mentionne un frater<br />
Geraldus ou Garinus et qu'une autre charte <strong>de</strong> 1176, parle <strong>de</strong> concessions<br />
faites à Froidmont, par <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> Saint-Lazare <strong>de</strong> Beauvais, « pro<br />
« recompensatione a bonis fratris Guarini bone opinionis. » Dom Grenier,<br />
t. CLXV, p. 207.
se fit remarquer par sa bravoure en Palestine, où l'avait conduit<br />
l'amour du tombeau du Christ, <strong>de</strong>sservit, s'il faut en croire<br />
Héméré, <strong>la</strong> prében<strong>de</strong> <strong>de</strong>s chevaliers du Temple en <strong>la</strong> célèbre<br />
collégiale <strong>de</strong> Saint-Quentin, fut, d'après le même, archidiacre<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale <strong>de</strong> Beauvais, fut gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sceaux ou vicechancelier<br />
avant 1201, puisque une charte en faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
commune <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> porte : « Regni Philippi 22 data, vacante<br />
« cancel<strong>la</strong>ria, per manum Guarini, » contribua par <strong>la</strong> sage<br />
ordonnance <strong>de</strong> ses p<strong>la</strong>ns à <strong>la</strong> victoire fameuse <strong>de</strong> Bouvines<br />
« electo sic disponente » (1214), fut le successeur au siège<br />
<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong> l'évêque Henri (1213), signa comme chancelier<br />
(1223) 1<br />
<strong>de</strong> nombreuses chartes, fut exécuteur <strong>de</strong>s testaments<br />
<strong>de</strong> Philippe-Auguste 2<br />
et <strong>de</strong> Louis VIII, posa son arbitrage<br />
dans beaucoup <strong>de</strong> litiges à Noyon et ailleurs, était lié avec<br />
saint Hélinand, moine célèbre <strong>de</strong> Froidmont, annaliste et<br />
poëte, fut avec Gautier <strong>de</strong> Villebéon un <strong>de</strong>s fondateurs du<br />
Trésor <strong>de</strong>s chartes, apparaît encore en 1226, date à <strong>la</strong>quelle il<br />
signe : Guérin, chancelier 3<br />
, mourut en avril 1227-1228 4<br />
au plus tard, comme le suppose une Charte d'Adam <strong>de</strong><br />
Chambli, <strong>de</strong> juillet 1228, <strong>la</strong>quelle contient : « Bonae memoriae<br />
prae<strong>de</strong>cessor noster » — et fut enterré à Châlis, près <strong>de</strong><br />
l'autel, du côté <strong>de</strong> l'Evangile.<br />
L'Eglise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> lui doit entr'autres : le château <strong>de</strong> Mons<br />
« <strong>de</strong> Montibus » ou Montleroy, <strong>de</strong>venu Montlévêque (Mont-<br />
1<br />
Une charte <strong>de</strong> Châlis pour <strong>la</strong> dîme <strong>de</strong> Rully « tertio Calendas Novem-<br />
« bris anno 1223, » portait au scel un évêque <strong>de</strong>bout avec <strong>la</strong> légen<strong>de</strong> :<br />
« Signum Guarini Dei Gratia Silvanectensis Episcopi, » et au contre-scel,<br />
un champ <strong>de</strong> lys dans un ovale.<br />
2<br />
Praecipimus, dit Philippe-Auguste dans le testament qu'il fit en partant<br />
pour <strong>la</strong> Terre sainte, en Rigord, « praecipimus Reginae et Episcopo ut<br />
« omnes honores... quos retinere non poterunt donent secundum Deum et<br />
« assignent consilio fratris Garini.... »<br />
3<br />
Layettes du Trésor <strong>de</strong>s chartes, p. 120.<br />
4<br />
Probablement le 19 avril 1226.
<strong>de</strong>-l'Evêque), avec sa chapelle (1216) 1<br />
, — l'abbaye <strong>de</strong> <strong>la</strong> Victoire<br />
(1214), — l'établissement <strong>de</strong>s Franciscains, — et cette<br />
chapelle <strong>de</strong> l'Evêché aujourd'hui dénaturée qui bor<strong>de</strong> une<br />
<strong>partie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> son nom.<br />
Guérin, d'après l'Histoire <strong>de</strong>s Chanceliers, portait d'azur<br />
au sautoir d'or cantonné <strong>de</strong> quatre têtes <strong>de</strong> femmes d'argent,<br />
coiffées d'or à l'antique, au chef <strong>de</strong> gueule chargé d'une croix<br />
d'argent qui est <strong>de</strong> <strong>la</strong> religion.<br />
L'on pourra lire sur Guérin : Hemèrè : Augusta Viromanduorum,<br />
— Afforty 2<br />
, — Dom Grenier 3<br />
, — Graves, —<br />
Bulletin du Comité archéologique <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> 4<br />
, — et : <strong>Senlis</strong>,<br />
Récits historiques par M. C. Vatin, où sa vie, quelques arbitrages,<br />
son épitaphe à Châlis et ses armoiries.<br />
« Ici » est-il écrit sur <strong>la</strong> tombe <strong>de</strong> Guérin « Ici repose<br />
« Guérin, dont <strong>la</strong> vie a été un travail continuel. » Belle et<br />
pratique leçon !<br />
Il existait dans cette rue « l'Image Notre-Dame, faisant le<br />
« coin <strong>de</strong> l'hôtel épiscopal au carrefour Saint-Hi<strong>la</strong>ire, à côté <strong>de</strong><br />
1<br />
Afforty, VIII, 4216. où Charte <strong>de</strong> Philippe-Auguste <strong>de</strong> l'an 1222, confirmant<br />
les donations faites par Guérin pour <strong>la</strong> fondation <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong><br />
Mont-l'Evêque; XVIII, 76, année 1339, où transaction passée le 27 août<br />
1339 entre Robert <strong>de</strong> P<strong>la</strong>illy et Simon Eveil<strong>la</strong>rd, doyen, et le chapitre, au<br />
sujet <strong>de</strong> <strong>la</strong> juridiction du chapitre pour <strong>la</strong> col<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s chapelles et le droit<br />
<strong>de</strong> patronage.<br />
2<br />
Afforty, I, 8 où dîme sur les <strong>la</strong>ine, foin et fruits; III, 1718 à 1720; IV, 1978<br />
et suiv., 2076, où copie d'un mémoire sur Guérin; VII, 3652 et suiv. ; X, 180,<br />
5670; XI, 5819,5840, 6019; XV, 151, 273, 287, 539, 559, 570, 574. Voir surtout<br />
: son pays, sa famille, XI, 6019, 6020; — Mémoires très intéressants<br />
sur Guérin, XV, 607 à 663; — Echange entre Philippe-Auguste et Guérin,<br />
d'une part, et Jean le Bougres, châte<strong>la</strong>in <strong>de</strong> Crépy, <strong>de</strong> l'autre, en 1214, XI,<br />
5835. — Nécrologes <strong>de</strong> S. Victor, <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> Noyon sur Guérin, 539,<br />
559. — Voir Layettes du Trésor <strong>de</strong>s chartes où Guérin approuvant l'établissement<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> commune <strong>de</strong> Beaumont en 1223, n° 14, 120.<br />
3<br />
T. V, Mémoires sur <strong>Senlis</strong> et le chancelier Guérin, entr'autres <strong>de</strong> Dom<br />
Lamy, p. 40. T. CLXVII, p. 207. Echange <strong>de</strong> Guérin (1207) avec le doyen <strong>de</strong><br />
Saint-Rieul.<br />
4<br />
T. II, VII, 37.
« l'hôtel du Faisan ; — le Faisan, près <strong>la</strong> porte du<br />
« Cloître, tenant aux prisons du chapitre, » (1520) et le<br />
« Jason à côté du Faisan, » lesquels furent achetés par les<br />
évêques Guil<strong>la</strong>ume Petit et La Rochefoucault et servirent à<br />
l'agrandissement <strong>de</strong> l'hôtel épiscopal 1<br />
. En face du Faisan, les<br />
Muldrac possédaient une maison (1559).<br />
XLII. — CHANCELLERIE (rue <strong>de</strong> <strong>la</strong>).<br />
« Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Juiverie aujourdhuy <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chancellerie, 1463,<br />
« — .... alias <strong>la</strong> Juifverie. » Simon Moullet, dans un testament<br />
déjà cité (Bouettes) et antérieur à 1355, « lègue à <strong>la</strong> con-<br />
« frérie <strong>de</strong> Notre-Dame, existant dans l'église Saint-Rieul, 10<br />
« sols parisis <strong>de</strong> revenu annuel et perpétuel à prendre sur une<br />
« maison située en <strong>la</strong> Juirie (Juiverie); —... maison rue <strong>de</strong><br />
« Juiverie faisant le coing vis-à-vis Sainte Bathil<strong>de</strong> (1473). »<br />
Voir Juiverie.<br />
« Les hoirs M e<br />
Henry <strong>de</strong> Marle chancellier <strong>de</strong> France, ou<br />
« lieu <strong>de</strong> Sicard le Barbier, pour leur maison séant en <strong>la</strong> Rue<br />
« <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chancellerie que souloit tenir Pierre le Charon cor-<br />
« donnier, aboutant par <strong>de</strong>vant à <strong>la</strong> rue et par <strong>de</strong>rriere aux<br />
« murs <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité 2<br />
. » Henri <strong>de</strong> Marle, seigneur <strong>de</strong> Versigny<br />
et <strong>de</strong> Lusancy, prési<strong>de</strong>nt du Parlement <strong>de</strong> Paris,<br />
nommé chancelier le 8 août 1413, avait été égorgé avec son<br />
fils Jean <strong>de</strong> Marle, évêque <strong>de</strong> Coutances, et Bernard d'Armagnac,<br />
maître <strong>de</strong> <strong>la</strong> cavalerie, lors du massacre <strong>de</strong>s Armagnacs<br />
en 1418 3<br />
, pour avoir généreusement soutenu le parti <strong>de</strong><br />
Charles VI contre le duc <strong>de</strong> Bourgogne.<br />
1<br />
Archives départem. G. 616, 617 et 646. — Afforty,<br />
88, 670, 673.<br />
XXIII, 567; XXIV,<br />
2<br />
Compte <strong>de</strong> 1522. — Afforty, IX, 1432, 1510; XXI, 100, 154, 736.<br />
3<br />
Histoire <strong>de</strong> Charles VI, par <strong>de</strong>s Ursins. — « Henri <strong>de</strong> Marle, advocat<br />
« au parlement et bailli <strong>de</strong> <strong>la</strong> conciergerie du Pa<strong>la</strong>ys. » Registre criminel<br />
du Châtelet <strong>de</strong> Paris <strong>de</strong> 1389 à 1392, t .<br />
I, p. 14, 16, etc.
Les <strong>de</strong> Marle, que dom Grenier p<strong>la</strong>ce à bon droit parmi les<br />
illustrations <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, y possédèrent, outre <strong>la</strong> maison qui a<br />
donné son nom à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chancellerie, une maison rue<br />
Saint-Aignan, à côté d'une maison faisant coin à <strong>la</strong> rue Saint-<br />
Aignan et au marché aux fromages (1522), « <strong>de</strong>s masures et<br />
« vignes... à <strong>la</strong> fontaine d'Araines, » <strong>de</strong>s terres à Baron :<br />
« Saint-Vincent pour 12 arpents <strong>de</strong> terre assis à Baron qui<br />
« leur ont été bailliés par M. Henry <strong>de</strong> Marle pour <strong>la</strong> fondation<br />
« <strong>de</strong> <strong>la</strong> messe <strong>de</strong> sept heures en leur église. »<br />
Nous retrouvons ainsi, dans l'histoire <strong>de</strong> cette rue, les noms<br />
<strong>de</strong> Sicard le Barbier, « procureur du chapitre <strong>de</strong> Saint-Fram-<br />
« bourg (1362), » lequel épousa Jeanne Murat; — Henri I<br />
<strong>de</strong> Marle (1418), qui eut pour femme Mahaut le Barbier,<br />
fille <strong>de</strong> Sicart le Barbier ; — Mahaut, qui fut emprisonnée<br />
par les Bourguignons lors <strong>de</strong> l'assassinat <strong>de</strong> son mari ; —<br />
Arnaud <strong>de</strong> Marle, leur <strong>de</strong>uxième fils, qui mourut en 1456,<br />
prési<strong>de</strong>nt du parlement, <strong>la</strong>issant d'une première femme Henri II<br />
(1432,1437,1476),et <strong>de</strong> sa secon<strong>de</strong> femme Martine Boucher, fille<br />
<strong>de</strong> Bureau Boucher, seigneur <strong>de</strong> Piscot..., Jean <strong>de</strong> Marle ; —<br />
Jean <strong>de</strong> Marle qui, marié avec Anne du Drac, fut père <strong>de</strong><br />
Christophe <strong>de</strong> Marle, chanoine d'Avranches et conseiller<br />
clerc au parlement (1555) — Christophe Hector, seigneur<br />
<strong>de</strong> Péreuse, qui prit <strong>de</strong> sa mère les armes <strong>de</strong>s <strong>de</strong> Marle.., —<br />
« Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Marle, maître d'hôtel ordinaire du Roy, et<br />
« Christophe-Hector <strong>de</strong> Marle, 15 novembre 1581 1<br />
, conseiller<br />
« du dit seigneur au Parlement, seigneurs <strong>de</strong> Versagny »<br />
lesquels obtiennent d'être déc<strong>la</strong>rés quittes et exempts<br />
du droit <strong>de</strong> boisse<strong>la</strong>ge au marché <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> « à cause du pri-<br />
1 Afforty, IX, 1510; XVIII, 736; XXI, 154, Extrait du compte <strong>de</strong> l'office<br />
du cellerier <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> rendu par Jean Go<strong>de</strong>ffroy en 1409,<br />
document plein <strong>de</strong> renseignements sur <strong>la</strong> topographie locale ; XXII, 190 ;<br />
XXIV, 245, 429 ; XXV, 402. — Dom Grenier, t. CXXV, p. 228. — Histoire<br />
généalogique <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> Courtenay, par du Bouchet, p. 287, 396 et<br />
suiv.
« vilége <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle ils sont, <strong>de</strong>scen-<br />
« dant <strong>de</strong> <strong>la</strong> généalogie <strong>de</strong>s Murats et petits enfants <strong>de</strong> Jeanne<br />
« Murat qui avait épousé Sicart le Barbier advocat du Roy<br />
« au dit <strong>Senlis</strong>, <strong>la</strong> fille duquel épousa Messire Jehan <strong>de</strong> Marle<br />
« chancelier <strong>de</strong> France, grand aïeul <strong>de</strong>s dits opposans. » —<br />
Jérôme <strong>de</strong> Marle, qui fut assassiné dans <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, etc.<br />
On voit aisément <strong>la</strong> raison du nom <strong>de</strong> Chancellerie que<br />
porte cette rue.<br />
Le visiteur reconnaîtra sans peine l'ancienne Chancellerie :<br />
« maison 1<br />
en pierre à <strong>de</strong>ux étages avec pi<strong>la</strong>stres ioniques au<br />
« premier, corinthiens au second; fenêtres du haut à meneaux,<br />
f<strong>la</strong>nquée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux tours hexagones » et bâtie sur le<br />
vieux mur <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité.<br />
Cette rue renfermait encore : l'Eglise Sainte-Bathil<strong>de</strong><br />
(infra), vulgairement appelée Sainte-Bateul, — l'hôtel appelé<br />
hôtel d'Hérivault, tenant à <strong>la</strong> Chancellerie (1432).<br />
XLIII. — CHARITÉ (La).<br />
Je ne pourrais mieux raconter <strong>la</strong> fondation et l'histoire <strong>de</strong><br />
ce pieux édifice qu'en empruntant ici le style naïf <strong>de</strong> l'historien<br />
<strong>de</strong> l'Eglise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> 2<br />
.<br />
« La Charité fut établie sous Denis Sanguin, grâce au zèle<br />
« <strong>de</strong> Jacques Jolly <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, digne prêtre, prieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle<br />
« <strong>de</strong> <strong>la</strong> Reine dans le diocèse <strong>de</strong> Sens. Jolly s'était rendu très-<br />
« habile dans les humanités et les belles-lettres. Il régenta <strong>la</strong><br />
« rhétorique à Paris, dans le collége <strong>de</strong> Navarre, pendant<br />
« 18 ans et y éleva avec app<strong>la</strong>udissement et avec fruit <strong>la</strong> plus<br />
« belle jeunesse <strong>de</strong> <strong>la</strong> capitale; après avoir été longtemps<br />
« procureur <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> France, il fut par trois fois<br />
« honoré <strong>de</strong> <strong>la</strong> charge <strong>de</strong> recteur <strong>de</strong> cette fameuse université.<br />
« Comblé <strong>de</strong> ces honneurs académiques, dont il savait <strong>la</strong><br />
1<br />
2<br />
Graves, p. 175.<br />
Afforty, XXI, 156. — Dom Grenier, t. CLXV, p. 251.
« vanité, il entreprit <strong>de</strong> pieux pélerinages et fit vœu <strong>de</strong> visiter<br />
« les Eglises <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong> Monserrat dans les Pyrénées<br />
« et <strong>de</strong> Lorette et al<strong>la</strong> <strong>de</strong>ux fois à Rome. Il poussa ensuite à<br />
« Jérusalem avec le titre <strong>de</strong> chevalier honoraire, où, le jour<br />
« <strong>de</strong> Pâques, il célébra sa première messe sur le sépulcre <strong>de</strong><br />
« Notre-Seigneur. A son retour, il vécut avec les religieux <strong>de</strong><br />
« Saint-Jean-<strong>de</strong>-Dieu <strong>de</strong> Paris, au service <strong>de</strong>s pauvres ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s<br />
« où il décéda, âgé <strong>de</strong> 76 ans, le 29 octobre 1652, et fut<br />
« inhumé dans leur Eglise à gauche entre les <strong>de</strong>ux chapelles<br />
« <strong>de</strong> <strong>la</strong> nef... Son épitaphe est <strong>de</strong> M. Campion Jacques, cha-<br />
« noine <strong>de</strong> Saint-Germain-l'Auxerrois. Il avait <strong>la</strong>issé sa<br />
« bibliothèque, qui était considérable, à <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. »<br />
Le doyen <strong>de</strong> Noyon, Jacques Le Vasseur, le docte auteur <strong>de</strong> :<br />
Devises <strong>de</strong>s Roys <strong>de</strong> France, Centuriœ Episto<strong>la</strong>rum, Diva<br />
Virgo Mediopontana, Tombeau dressé à <strong>la</strong> bienheureuse<br />
mémoire <strong>de</strong> C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> <strong>de</strong> Montigny, Cri <strong>de</strong> l'Aigle, Annales <strong>de</strong><br />
Noyon, etc., a, dans un ouvrage d'une rareté extrême : Le<br />
Boccage <strong>de</strong> Jossigny, dédié A M. Jacques Joli, <strong>Senlis</strong>ien,<br />
une pièce <strong>de</strong> poésie dont il me paraît reposant et opportun <strong>de</strong><br />
donner ici un extrait :<br />
Mais bon Dieu ! quel fleuve d'oubli<br />
Me fait taire icy mon Ioli ?<br />
Luy dont <strong>la</strong> douce souvenance<br />
Seule m'est un fort d'allégeance<br />
Contre tant <strong>de</strong> chagrin vainqueur,<br />
Tant d'ennuy qui me ronge au cœur,<br />
Lorsque par l'esprit ie repasse<br />
Ma perte d'une telle grace,<br />
De mon Ioli, <strong>de</strong> son doux vers,<br />
Qui ia bruit par tout l'univers :<br />
Si que , <strong>de</strong> ces douceurs privée,<br />
D'un lourd poix mon ame est grevée,<br />
Et ceste perte m'est autant<br />
Que le mal qui nous va guettant.
N'aura-il donq'icy <strong>la</strong> sienne,<br />
En tant d'O<strong>de</strong> Iossignienne,<br />
Luy qui a <strong>de</strong>ssus ton <strong>de</strong>voir,<br />
Mon petit vers, tant <strong>de</strong> pouvoir ?<br />
Ouy, mais <strong>de</strong> quel costé sa fuitte<br />
L'a fait tourner avec sa suite ?<br />
Après avoir évoqué les souvenirs <strong>de</strong> Bourbon, Sizé, Bonin,<br />
Morel, Grangier, Oudinet, P<strong>la</strong>cet, Tournier, <strong>la</strong> Roque, Liger,<br />
Marchand, Coulon, Crassot (à Merlou), le Vasseur continue :<br />
Rameine donq' bon Dieu, rameine,<br />
Ces doctes frons au bord <strong>de</strong> Seine,<br />
Mais <strong>de</strong>ssus tout mon cher Ioli,<br />
Et son Apollon si poli<br />
Jolli avait souhaité (1646) qu'on érigeât dans <strong>Senlis</strong> un<br />
hôpital. Ses biens étant hypothéqués, il fallut aliéner et<br />
attendre une accumu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s revenus. « Les religieux <strong>de</strong><br />
« Saint-Jean <strong>de</strong> Paris commencèrent à acheter quelques mai-<br />
« sons... », hotel St-Marcel, appartenant jadis aux Cornouailles,<br />
« dans <strong>la</strong> rue Sainte-Geneviève sur le terrain <strong>de</strong>squelles ils<br />
« établirent l'hôpital, les offices et les lieux réguliers, et, après<br />
« avoir obtenu <strong>de</strong>s lettres patentes <strong>de</strong> sa majesté du 28 novembre<br />
« 1668, ils en prirent possession solennelle, le 7 février 1669. »<br />
Le 20 mars 1670, bénédiction <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle, sous l'invocation<br />
<strong>de</strong> saint Denys l'Aréopagite. « Le 27 octobre, ouverture <strong>de</strong><br />
« l'hôpital par l'établissement du lit fondé par Jolly, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />
« autres lits, legs <strong>de</strong> 400 livres <strong>de</strong> rente, fondés par maître<br />
« Jean-Philippe <strong>de</strong> Bertier, abbé <strong>de</strong> Saint-Vincent (testa-<br />
« ment du 25 mai 1667 ou 1668), et d'un quatrième fondé<br />
« par Jacques Mallet. Le nombre <strong>de</strong> ces lits est aujourd'hui <strong>de</strong><br />
« 18, grâce aux aumônes <strong>de</strong> M. C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> du Val, abbé commen-<br />
« dataire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Victoire et <strong>de</strong> plusieurs chanoines et bourgeois<br />
« <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville.<br />
« Après <strong>de</strong> nouvelles acquisitions rue du Périer, l'on
« construisit, » sur les <strong>de</strong>ssins d'Antoine 1<br />
, « une nouvelle<br />
« infirmerie avec une Eglise, dont Monseigneur <strong>de</strong> Chamil<strong>la</strong>rt<br />
« posa <strong>la</strong> première pierre, le samedi 13 mars 1706, avec ses<br />
« armes. Le 26 juillet suivant, nouvelle infirmerie, dont le<br />
« maire, Ch. Truyart, sieur <strong>de</strong> Chantereine, posa <strong>la</strong> première<br />
« pierre avec Pierre Puleu, lieutenant du maire, Charles<br />
« Frion, 1 er<br />
adjoint, Antoine Chéron, 2 e<br />
adjoint, Adrien du<br />
« Fresnoy, docteur en mé<strong>de</strong>cine, etc. » Première messe le 15<br />
janvier 1707. Bénédiction <strong>de</strong> l'Eglise, le 15 avril. 3 avril,<br />
nouveau cimetière et caveaux pour <strong>la</strong> sépulture <strong>de</strong>s religieux<br />
et <strong>de</strong>s personnes qui en auraient <strong>la</strong> dévotion.<br />
L'Eglise, manquant <strong>de</strong> solidité, fut réédifiée, sauf le<br />
portail, aux frais <strong>de</strong> <strong>la</strong> veuve <strong>de</strong> l'entrepreneur. — 1713.<br />
18 mai, l'Eglise et les caveaux sont bénits <strong>de</strong> nouveau par le<br />
sieur <strong>de</strong> Pruynes. — 1715. 5 septembre, Monseigneur Firmin<br />
Trudaine, escorté <strong>de</strong>s trois chapitres <strong>de</strong> Notre-Dame, <strong>de</strong><br />
Saint-Rieul et <strong>de</strong> Saint-Frambourg, dédie solennellement et<br />
consacre <strong>de</strong> rechef l'Eglise sous l'invocation <strong>de</strong>s saints Denys<br />
et Firmin, évêque d'Amiens. La Charité possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s reliques<br />
<strong>de</strong>s bienheureux Firmin, Didace, Priscille, Matthieu et Julitte.<br />
Norbert Gruillyn, prieur, et cinq frères sollicitent <strong>la</strong> faveur<br />
<strong>de</strong> fêter ces saints d'une manière spéciale.<br />
1743-1752. La Charité obtient <strong>la</strong> permission <strong>de</strong> faire un<br />
cimetière à <strong>la</strong> Poterne 2<br />
.<br />
Quand <strong>la</strong> révolution arriva, l'hôpital <strong>de</strong> <strong>la</strong> Charité, contenait<br />
un assez grand nombre <strong>de</strong> religieux qui soignaient les<br />
pauvres <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, recevaient dans <strong>de</strong>s cellules <strong>de</strong>s aliénés.<br />
Aujourd'hui, <strong>de</strong>puis 1838, ce bel édifice, après avoir<br />
1<br />
1707. Massin, vitrier à Paris, ne peut être occupé aux travaux <strong>de</strong> son<br />
état à <strong>la</strong> Charité, parce qu'il est étranger à <strong>la</strong> compagnie <strong>de</strong>s vitriers <strong>de</strong><br />
<strong>Senlis</strong>. Arch. <strong>Senlis</strong>, FF.<br />
2<br />
Arch. <strong>Senlis</strong>, GG. Sépultures <strong>de</strong> 1684 à 1702. Voir, pour l'histoire <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> Charité : Afforty, V, 2871; VII, 3859 et suiv., où Inventaire <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
bibliothèque <strong>de</strong> Jacques Joly contenant, 431 ouvrages, etc.; VIII, 3941,4873;<br />
XI, 7154, 7185 — Com. arch.., t. II, 7, 48, 50; VIII, 9; 2 e<br />
série, t. I, 249.
servi <strong>de</strong> maison <strong>de</strong> fous, etc., a été partagé pour <strong>de</strong>s<br />
usages divers : là, les sous-préfets se succè<strong>de</strong>nt selon les<br />
exigences <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique; ici, <strong>la</strong> justice tâche <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ner,<br />
nonobstant les difficultés <strong>de</strong>s temps, dans les hauteurs sereines ;<br />
à côté, les enfants, <strong>la</strong> meilleure <strong>partie</strong> <strong>de</strong> l'humanité, apprennent<br />
à lire et, ce qui vaut mieux encore, à servir Dieu ; plus<br />
loin, c'est <strong>la</strong> prison...<br />
L'on rencontrait, en 1780, dans le voisinage <strong>de</strong> l'hôpital <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> Charité, à l'angle <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Meaux et <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Poterne, l'hôtel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Trinité; à l'angle <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Meaux et<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Vignes, les Trois Pigeons ; à l'autre angle <strong>de</strong>s<br />
mêmes rues, <strong>la</strong> Doloire; vis-à-vis <strong>la</strong> Charité, les Loups, les<br />
Bons Enfants, <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong> et <strong>la</strong> Petite Cage, les Trois Saints<br />
Jacques, etc 1<br />
.<br />
Les agrandissements <strong>de</strong> l'hôpital <strong>de</strong> <strong>la</strong> Charité et le percement<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Neuve-<strong>de</strong>-Paris ont modifié complétement l'air<br />
<strong>de</strong> ce vieux quartier.<br />
XLIV. — * CHARRONS (P<strong>la</strong>ce aux) ou AUX VINS.<br />
Voir La Varan<strong>de</strong>.<br />
XLV. — CHATEAU.<br />
« Castrum, pa<strong>la</strong>tium regium, au<strong>la</strong> regia, Louvres. In pa<strong>la</strong>-<br />
« tio 2<br />
(990). — In au<strong>la</strong> nostra regia (1068). » Diplôme <strong>de</strong> Philippe<br />
I er<br />
confirmant les dons faits à l'église <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> par<br />
Henri I er<br />
, son père, les évêques Frol<strong>la</strong>nd et Eu<strong>de</strong>s, l'archidiacre<br />
Gauthier, etc.<br />
1. Que d'événements <strong>de</strong> toute sorte se sont accomplis dans ce<br />
1<br />
Afforty, XXI, 240; XXIII, 856. Compte rendu parle marguillier <strong>de</strong> Saint-<br />
Pierre en 1528.<br />
2<br />
Afforty, XIII, 183 : Praeceptum Hugonis regis, nov. 990, pro Ecclesia<br />
Aurelianensi, 403.
lieu! Là peut-être séjourna le gouverneur romain, à cet<br />
endroit appelé encore le fort, où <strong>de</strong>s tours plus rapprochées et<br />
<strong>de</strong>s massifs plus puissants semblent indiquer <strong>la</strong> situation du<br />
castellum primitif. Là eut <strong>de</strong>s conséquences plus pratiques<br />
cet intéressant traité <strong>de</strong> partage (28 novembre 587), que<br />
Grégoire <strong>de</strong> Tours nous dit avoir été conclu à Châlons, entre<br />
Chil<strong>de</strong>bert et Gontran : « Le seigneur Chil<strong>de</strong>bert gar<strong>de</strong>ra<br />
« dès aujourd'hui en sa puissance <strong>la</strong> cité (territoire) <strong>de</strong><br />
« Meaux et les <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>... Il est <strong>de</strong> plus<br />
« convenu que le seigneur Chil<strong>de</strong>bert retiendra en son entier<br />
« <strong>la</strong> cité (territoire) <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et que, quant au tiers du sei-<br />
« gneur Gontran qui lui <strong>de</strong>meure ainsi dû, il sera compensé<br />
« par le tiers du seigneur Chil<strong>de</strong>bert, lequel tiers est dans le<br />
« Ressontois, part du seigneur Gontran 1<br />
. » Là était l'épargne<br />
ou trésor royal (854), comme le démontre l'édit <strong>de</strong><br />
Pistes pour le règlement <strong>de</strong> monnaies 2<br />
. Là Judith, fille <strong>de</strong><br />
Charles-le-Chauve et d'Hermingar<strong>de</strong> et veuve d'Etelulphe,<br />
roi d'Ouessex, « était gardée (864) sous <strong>la</strong> protection<br />
« paternelle et royale et <strong>la</strong> gar<strong>de</strong> épiscopale 3<br />
; » là elle<br />
était tombée ma<strong>la</strong><strong>de</strong>, lorsqu'elle obtint par l'intercession <strong>de</strong><br />
saint Rieul une miraculeuse guérison, l'évêque Horpinius<br />
ayant dit <strong>la</strong> messe et communié <strong>la</strong> ma<strong>la</strong><strong>de</strong> <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> chasse du<br />
Saint; là Baudouin, dit Bras-<strong>de</strong>-Fer, <strong>la</strong> vit, et conçut cet<br />
amour coupable qui <strong>de</strong>vait mêler au Mont Saint-Eloi et à<br />
Lisle le sang <strong>de</strong>s Francs à celui <strong>de</strong>s F<strong>la</strong>mands. Là, Charles en-<br />
1<br />
Hist. franç , liv. IX, ch. 30, n. 13 : « Pari conditione civitates Meldis et<br />
« duas portiones <strong>de</strong> Silvanectis.... Dominus Chil<strong>de</strong>bertus Rex cum terminis<br />
« a praesenti die vindicet suae protestati. Convenit ut Silvanectis domnus<br />
« Chil<strong>de</strong>bertus in integritate teneat et quantum tertia domini Guntchrammi<br />
« exin<strong>de</strong> <strong>de</strong>bita competit, <strong>de</strong> tertia domini Chil<strong>de</strong>berti quae est in Rosson-<br />
« tensi domni guntchrammi partibus compensetur. »<br />
2<br />
Baluze, capitu<strong>la</strong>ires, t. II, p. 178 et 179.—Dom Grenier, t. CLXV, p. 201.<br />
— Graves, p. 106.<br />
3<br />
« Judith in Silvanectis civitatem <strong>de</strong>bito Reginae honore sub tuitione<br />
« paterna et Regia atque episcopali custodia servabatur. » Annales <strong>de</strong><br />
Saint-Bertin. Afforty, III, 1590.
Hôtel <strong>de</strong>s Trois Pots, rue du Châtel (Page 455).
ferma son frère, Pépin II d'Aquitaine (852 et 865), et son fils l'évêque<br />
<strong>de</strong> Laon (870). Là, un concile ou p<strong>la</strong>id (872) dégrada du diaconat<br />
Carloman qui avait tramé un complot contre l'autorité <strong>de</strong><br />
l'empereur, son père 1<br />
. Là, Richard, fils <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Normandie,<br />
que son précepteur Osmond avait emporté <strong>de</strong> Laon<br />
dans une voiture d'herbes, fut remis à Bernard-le-Danois,<br />
comte <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, son oncle maternel (949) 2<br />
, d'où ces siéges<br />
célèbres (946 et 949) dans lesquels 3<br />
l'énergie <strong>de</strong> Bernard et <strong>la</strong><br />
force <strong>de</strong>s murs <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> arrêtèrent les attaques <strong>de</strong> cent mille<br />
assiégeants. Là, Louis V étant mort à 18 ans d'une chute, le<br />
22 mai 987, les grands se réunissaient d'abord pour aviser aux<br />
éventualités que ce trépas amenait : « L'assemblée, » dit<br />
Richer 4<br />
, « fut nombreuse et imposante... L'archevêque <strong>de</strong><br />
« Reims, » réhabilité, « ouvrit le débat, etc. »; l'on sait<br />
comment l'assemblée se transporta ensuite à Noyon et consacra<br />
<strong>la</strong> déchéance <strong>de</strong> <strong>la</strong> race carlovingienne. Là, Charles, duc<br />
<strong>de</strong> Lorraine(991) 5<br />
, trahi par l'évêque <strong>de</strong> Laon, fut emprisonné<br />
sur les ordres <strong>de</strong> Hugues Capet, pour aller ensuite mourir à<br />
Orléans.<br />
1<br />
Chronique <strong>de</strong> F<strong>la</strong>ndres : « ln Silvanectensi Castro munitissimo custodiae<br />
« mancipatus. » Annales <strong>de</strong> Saint-Bertin et <strong>de</strong> Metz. — Voir dom Grenier,<br />
t. CLXV.<br />
2<br />
Afforty, XIII, 67, 75. — Voir Flodoard. — «Comment le roy Henry tint<br />
« Richart le filz du bon duc Guil<strong>la</strong>ume en prison et lui voulut tollir sa terre<br />
« par le conseil d'Arnoul, le déloyal comte <strong>de</strong> F<strong>la</strong>ndres, et comment lenfant<br />
« fut porté hors <strong>de</strong> prison <strong>de</strong><strong>de</strong>ns ung faisseau <strong>de</strong>rbe. » Chronique <strong>de</strong><br />
S. Denys. — Voir Généalogie <strong>de</strong>s Roys d'Italie, comtes <strong>de</strong> Vermand et <strong>de</strong><br />
<strong>Senlis</strong>. Afforty, III, 1588;XIII, 49.<br />
3<br />
Afforty, XIII, 89, 113, 114.<br />
4<br />
Hist. franc. Richer; Afforty, XIII, 159.<br />
5<br />
Hist. francorum. « Decessit vero (Ludovicus V) Incarnationis Domi-<br />
« nicae anno 987 et sepultus est Compendio in monasterio sanctorum<br />
« Cornelii et Cypriani. Patruus autem ipsius Carolus, quem privatum<br />
« senuisse supra praelibavimus, paternum volens obtinere regnum... captus,<br />
« positus in carcere in silvanectensi urbe, ubi genuit Ludovicum et Carolum<br />
« qui mortuo patre pulsi a Francis ad Imperatorem Romanorum confuge-<br />
« runt. » Afforty, XIII, 189.
5<br />
2. L'avènement <strong>de</strong> <strong>la</strong> troisième race ne diminua en rien l'importance<br />
du château <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. Lézelin, <strong>de</strong>uxième abbé <strong>de</strong><br />
Saint-Arnould <strong>de</strong> Crépy, lequel mit en vers <strong>la</strong> légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> son<br />
patron (c'était à cette époque fameuse <strong>de</strong> l'an 1000), y venait<br />
tous les ans, dit le moine Helgaud, s'entretenir <strong>de</strong> Dieu avec<br />
le saint roi Robert et lui inspirer ses prodigieuses libéralités 1<br />
.<br />
— Il existait dans le château une chapelle royale <strong>de</strong> saint Denys<br />
dont Louis VI fut le fondateur en 1141 2<br />
, lui donnant à percevoir<br />
divers cens ou revenus sur les moulins du roi, trois mesures<br />
<strong>de</strong> vin à <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> vil<strong>la</strong> royale <strong>de</strong> Gusvil, sise au faubourg.<br />
«... tres modios frumenti Parisienses..., in molendinis<br />
« nostris Sylvanectensibus accipiendas ; simul etiam tres mo-<br />
« dios vini Guvissenses, id est ad mensuram vil<strong>la</strong>e quae Gusvil<br />
« appel<strong>la</strong>tur, et est in suburbio Silvanectensi,in c<strong>la</strong>usulo nos-<br />
« tro ejus<strong>de</strong>m vil<strong>la</strong>e..., assumendos, etc. » — Traité <strong>de</strong> paix<br />
à <strong>Senlis</strong> (1183) 3<br />
. — Philippe-Auguste célébra, au château <strong>de</strong><br />
<strong>Senlis</strong>, ses noces avec Isabelle <strong>de</strong> Hainaut, et bientôt cette reine<br />
dé<strong>la</strong>issée y vint chercher <strong>de</strong> saintes conso<strong>la</strong>tions dans <strong>la</strong><br />
prière et les conseils <strong>de</strong> l'évêque Henri et <strong>de</strong> l'abbé <strong>de</strong><br />
Saint-Vincent, Hugues II; l'Eglise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong>vait à cette<br />
reine une chapelle au cloître 4<br />
. — Bernard <strong>de</strong> Saisset, évêque<br />
<strong>de</strong> Pamiers, y menaça, au nom du pape Boniface VIII (1301),<br />
Philippe-le-Bel.<br />
3. L'on trouvera dans Afforty et dans Graves 5<br />
une indication<br />
1<br />
Guiberti opera. Patrologie, t. CLVI, col. 1079. — Mabillon, Annales<br />
bénédictines, année 1000, etc. — Afforty, III, 1714; XI, 6033 : « Quis<br />
« autem ei mos fuerit dandae eleemosynae iu sui regni sedibus non praeter-<br />
« mittimus. Ita Parisius, civitate Silvanectis, Aurelianis, Divione, Antis-<br />
« siodori, Avalone, Miliduno, Stampis in unaquaque harum se<strong>de</strong> trecentis<br />
« vel quod est verius mille pauperibus dabatur panis et vini abundantia. »<br />
HELGAUD.<br />
2<br />
Afforty, I, 156. : Charte <strong>de</strong> Louis VI, pour <strong>la</strong> chapelle royale <strong>de</strong><br />
Saint-Denys <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, 160. — Voir ibid. Confirmation par Louis VII.<br />
3<br />
4<br />
Spicil., t. VIII., p. 485.<br />
Spicilège, t. IX. — Afforty, XIV, 706.<br />
Afforty, I, 569. — Graves, etc., p. 106 à 120.
intéressante d'actes royaux délivrés, d'assemblées 1<br />
et <strong>de</strong><br />
conciles tenus, <strong>de</strong> paix faites, <strong>de</strong> séjours <strong>de</strong> princes au château<br />
<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, <strong>de</strong>puis Charles-le-Chauve jusqu'à Henri IV.<br />
Des documents <strong>de</strong> ce genre pourront <strong>la</strong> compléter : 1173.<br />
La Charte <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> obligeait les bourgeois à<br />
fournir <strong>la</strong> cuisine du roi <strong>de</strong> marmites, d'écuelles, d'ail et <strong>de</strong> sel.<br />
— 1240. La reine B<strong>la</strong>nche à <strong>Senlis</strong>. — 1281. Philippe III<br />
est reçu avec <strong>de</strong>s frais dont Pierre Degeresme a noté le<br />
« compte très piquant. » — 1315. Louis X le Hutin fait battre<br />
monnaie à <strong>Senlis</strong> 2<br />
. — 1340. Lettres du roi Philippe-le-Bel<br />
concernant les monnayes et portant confirmation <strong>de</strong> plusieurs<br />
droits du diocèse <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. — 1355. La ville doit à <strong>la</strong><br />
maison du roi « tables, tresteaux, coustes, coussins, etc. » —<br />
— 1374. Le château, assigné pour rési<strong>de</strong>nce au régent,<br />
occupé quelques années par les enfants <strong>de</strong> France. —<br />
1378. « Le 3 janvier, » dit Mallet, « Charles V, Empe-<br />
« reur <strong>de</strong> Rome, oncle du roi Charles V, vint en France avec<br />
« le roi <strong>de</strong>s Romains son fils..., et... passa à <strong>Senlis</strong><br />
« où il coucha et fut honorablement reçu par les habi-<br />
« tans et par les ducs <strong>de</strong> Berri et <strong>de</strong> Bourgogne, frères du<br />
« roi, l'archevêque <strong>de</strong> Sens, l'évêque <strong>de</strong> Laon et un grand<br />
« nombre <strong>de</strong> seigneurs qui arrivèrent le len<strong>de</strong>main... »<br />
« Pour éviter, » dit un vieux narrateur, « <strong>de</strong> f<strong>la</strong>tter <strong>de</strong>s<br />
« prétentions chimériques, on évita <strong>de</strong> sonner les cloches et<br />
« <strong>de</strong> porter le poësle. A son tour, Charles V vint à <strong>Senlis</strong><br />
« où, ayant découvert <strong>la</strong> trahison du roi <strong>de</strong> Navarre, il fit<br />
« connaître à un <strong>de</strong>s fils <strong>de</strong> ce prince, qui était venu l'y<br />
« trouver, qu'il ne pouvait <strong>la</strong>isser ce crime impuni, et exigea<br />
1<br />
Les rois <strong>de</strong> <strong>la</strong> troisième race tenaient quatre parlements, à Noël, à<br />
l'Epiphanie, à Pâques et à <strong>la</strong> Pentecôte. La Chan<strong>de</strong>leur remp<strong>la</strong>çait quelquefois<br />
l'Epiphanie et <strong>la</strong> Toussaint, Noël. Afforty, III, 1692; x, 5732; XIII, 133,<br />
183, 439.<br />
2<br />
Afforty, XI, 5931 et 5932 ; XII, 7731 ; XVIII, 528 : Ordonnance royale<br />
très-intéressante. — Histoire <strong>de</strong> l'Eglise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, p. 184. — Dom Grenier,<br />
t. CLXV, p. 186. Tremb<strong>la</strong>y, p. 112.
TOUR DU CHATEAU (Vue intérieure).
« le supplice <strong>de</strong> Jacques <strong>de</strong> Rue et <strong>de</strong> Pierre du Tertre. » —<br />
1381. Charles VI ayant pris, dans <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> Ha<strong>la</strong>tte, un cerf<br />
qui portait au cou un collier <strong>de</strong> cuivre avec cette inscription :<br />
Hoc Cœsar mihi donavit, fit attacher son bois dans <strong>la</strong> gran<strong>de</strong><br />
salle du château et porta désormais, dit Juvenal <strong>de</strong>s Ursins, en<br />
<strong>de</strong>vise un cerf vo<strong>la</strong>nt couronné d'or au col. — 1383. Charles VI<br />
réhabilite un certain Jean, qui avait eu le poing coupé, et lui<br />
permet <strong>de</strong> porter une main artificielle. — 1414. Le roi, <strong>la</strong><br />
reine et leur fille, Catherine <strong>de</strong> France, qui était promise à<br />
Henri V, passent à <strong>Senlis</strong> les fêtes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Semaine Sainte. La<br />
ville leur offre une nef en argent 1<br />
. Le duc <strong>de</strong> Guyenne vient<br />
les rejoindre le lundi <strong>de</strong> Pâques. — 1417. Séjour <strong>de</strong> <strong>la</strong> jeune<br />
reine. — 1422. Le roi d'Angleterre, Henri V, ma<strong>la</strong><strong>de</strong>, vient<br />
se faire traiter à <strong>Senlis</strong>, où il amène à sa suite le roi <strong>de</strong> France<br />
et les <strong>de</strong>ux reines. C'était une <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s les plus tristes <strong>de</strong><br />
notre histoire 2<br />
.—1429. Fin d'août et septembre. Charles VII...<br />
— 1441. Charles VII, «revenant du siége <strong>de</strong> Creil, lequel,<br />
« commencé le 18 may, avait duré 12 jours, » s'arrêta à <strong>Senlis</strong><br />
3<br />
. — 1476, 9 août. Paix <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> 4<br />
. — 1483, 27 avril.<br />
Entrée d'Anne <strong>de</strong> Bretagne. La ville lui fait présent d'un col<br />
<strong>de</strong> taffetas, <strong>de</strong> quatre muids <strong>de</strong> vins, <strong>de</strong> quatre muids d'avoine.<br />
—1486. 23 juillet. Le roi et le duc d'Orléans... On leur apporte<br />
treize cruches <strong>de</strong> vin vermeil et treize pains b<strong>la</strong>ncs. — 1486,<br />
7 août. Charles VIII à <strong>Senlis</strong> 5<br />
. « Au retour <strong>de</strong> Rheims, le roi<br />
« Louis passe à <strong>Senlis</strong>, à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> mai, où il fit son entrée.<br />
« Fut porté un ciel <strong>de</strong> taffetas rouge et jaune et autres couleurs<br />
« à <strong>la</strong> porte, pour le couvrir passant par les rues. Les quatre<br />
« piliers étaient portés par les gouverneurs. La harangue faite<br />
1<br />
Arch. <strong>Senlis</strong>, BB, 11.<br />
2<br />
Arch. <strong>Senlis</strong>, CC, 79.<br />
3<br />
4<br />
5<br />
Histoire <strong>de</strong> l'Eglise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, p. 184.<br />
Afforty, XXII, 193.<br />
Afforty, XI, 7027.
« par M e<br />
Hugues Boileau, lieutenant général 1<br />
.—1498. 16 juin,<br />
entrée <strong>de</strong> Louis XII. — 1501. 22 novembre, Philippe,<br />
archiduc d'Autriche, traverse <strong>Senlis</strong> avec sa femme, Jeanne <strong>de</strong><br />
Castille, en se rendant à Blois. Le prince loge au château et<br />
l'archiduchesse, au Pot d'Etain. — 1515, 9 janvier. François<br />
I er<br />
salue <strong>Senlis</strong> en revenant <strong>de</strong> son sacre. « On lui<br />
« offre un lys <strong>de</strong>dans lequel était une S... et sur <strong>la</strong>dite S il y<br />
« avait un écusson où étaient les armes <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville émaillées :<br />
« lors <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle entrée le roi octroya aux habitants <strong>de</strong>ux<br />
« foires franches, chacune <strong>de</strong> quatre jours. 2<br />
. »<br />
1521, 12 octobre. « La reine et <strong>la</strong> mère du roi à <strong>Senlis</strong>. » —<br />
1526. 1527. Dépense pour vins <strong>de</strong> présent offerts à plusieurs<br />
personnages <strong>de</strong> <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> François I er<br />
, lorsqu'il revint <strong>de</strong> sa<br />
captivité d'Espagne; le roi séjourna à Ognon, C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> et Louise<br />
<strong>de</strong> Savoie, à <strong>Senlis</strong>. —1531,15 juin. Le dauphin et ses frères.<br />
— 1532, 26 novembre. La reine Eléonore revenant <strong>de</strong> Compiègne.<br />
— 1547, 31 juillet. Henri II; ca<strong>de</strong>aux curieux.<br />
— 1588. Le cardinal <strong>de</strong> Médicis 3<br />
active à <strong>Senlis</strong> le goût <strong>de</strong>s<br />
lettres et <strong>de</strong>s arts.<br />
A partir d'Henri IV, les rois abandonnent le château, qui<br />
est <strong>de</strong>venu mal habitable, pour l'hôtel <strong>de</strong> Saint-Péravy ou<br />
l'Evêché. Le vieux château servira seulement <strong>de</strong> lieu <strong>de</strong><br />
réunion aux membres du Présidial. La salle d'audience<br />
s'écroule en 1780.<br />
Afforty nous a conservé 4<br />
<strong>la</strong> table <strong>de</strong>s fiefs mouvant du chatel<br />
du roy.<br />
1 Mallet, p. 34, 36.<br />
2 Mallet, p. 39. — Afforty, VIII, 4570; XXII, 753 : Extrait <strong>de</strong>s registres<br />
capitu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> Notre-Dame, <strong>de</strong> 1497 et 1498; XXIII, 414. Extrait du cartu<strong>la</strong>ire<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, <strong>de</strong> 1515.<br />
3 Arch. <strong>Senlis</strong>, CC, 83, folios 57 et suiv. — Mallet, p. 41 et 43. —<br />
Jaulnay, 573, 605. — Afforty, V, 2854; 7333; XXIV, 127, 472, 514 à 516,<br />
559,560.<br />
4 Afforty, XI, 5979.
2<br />
Le chateau était gardé en 1321 par C<strong>la</strong>ir Bridoult, « chate<strong>la</strong>in<br />
« <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, » dont <strong>la</strong> femme, Marie <strong>de</strong> Fresnel, se <strong>de</strong>ssaisit<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> terre <strong>de</strong> Nully-Saint-Front qui avait été confisquée à<br />
Raoul <strong>de</strong> Presles et lui fut restituée 1<br />
.<br />
« 4. Ce château, » comme <strong>de</strong>s érudits l'ont fait maintes fois<br />
remarquer déjà, « conserve dans ses ruines <strong>de</strong>s traces <strong>de</strong><br />
toutes les époques : le style gallo-romain montre son petit<br />
appareil, ses assises et ses c<strong>la</strong>veaux <strong>de</strong> <strong>la</strong>rges tuiles, ses<br />
stries en chevrons; <strong>la</strong> majestueuse et forte architecture <strong>de</strong>s<br />
XI e<br />
et XII e<br />
siècles appuie ses voûtes plein cintre sur <strong>de</strong>s<br />
chapiteaux à entre<strong>la</strong>cs, <strong>de</strong>s arcs à têtes <strong>de</strong> clous et <strong>de</strong>s contreforts<br />
appliqués ; le XV e<br />
siècle dresse une cheminée dont le<br />
faîte est du XIII e<br />
, le manteau du XV e<br />
siècle; <strong>la</strong> Renaissance<br />
étale un p<strong>la</strong>fond orné <strong>de</strong> fleurs <strong>de</strong> lys qui date d'Henri II. 2<br />
»<br />
On distingue encore au milieu <strong>de</strong> cette confusion pittoresque<br />
« le fort rectangu<strong>la</strong>ire, 27 mètres sur 18, avec sa<br />
« casemate ou chemin voûté, où un moulin à chevaux<br />
« servait aux utilités <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville 3<br />
; le cachot où gémit<br />
« Pépin ; les salles <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s maréchaux ; <strong>la</strong> chambre<br />
« et le cabinet du roi avec une croisée ouverte sous Fran<br />
« çois I er<br />
; » cette chapelle à tribune que Louis-le-Gros fit<br />
bâtir et que Pierre <strong>de</strong> Clerembaut dédia en 1142 sous le<br />
vocable <strong>de</strong> Saint-Denys ; ce puits dont le bailly Robert <strong>de</strong> Hucval<br />
dit qu'il a rendu son arrêt « in camera sua, supra puteum<br />
« apud rubra caputia, se<strong>de</strong>ns ibi protribunali,dans sa chambre,<br />
« au-<strong>de</strong>ssus du puits, auprès <strong>de</strong>s capuchons rouges (S. Maurice)<br />
« siégeant là pour tribunal 4<br />
. »<br />
1<br />
Afforty, XI, 7033. — Voir sur les <strong>de</strong> Presles le chap. rue <strong>de</strong> Meaux.<br />
« Tous ces débris, » dit Tremb<strong>la</strong>y, « portent <strong>de</strong>s traces évi<strong>de</strong>ntes <strong>de</strong><br />
« peinture rouge. »<br />
3<br />
Vaultier, p. 186.<br />
4<br />
Afforty, XII, 7731.<br />
... Sunt <strong>la</strong>crymae rerum.
On trouvera au Musée du Comité archéologique <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />
un p<strong>la</strong>n du château que M. Moinet a offert et une vue du<br />
pa<strong>la</strong>is <strong>de</strong>s anciens rois à <strong>Senlis</strong> 1<br />
.<br />
La mort <strong>de</strong> M. Philbert Turquet, qui était le propriétaire<br />
<strong>de</strong> cette très-belle propriété, a été un <strong>de</strong>uil pour tous et une<br />
gran<strong>de</strong> perte pour <strong>la</strong> ville.<br />
XLVI. — CHATEL (Rue du).<br />
La rue du Châtel — vicus <strong>de</strong> Castro (1236, 1292,1339), du<br />
chastellet, gran<strong>de</strong> rue du Chatel (1725), gran<strong>de</strong> rue. in<br />
vico majori (1244), gran<strong>de</strong> rue du Chatel du roy (1741),<br />
Vieille Rue <strong>de</strong> Paris, quelquefois chaussée du Roy (1455) 2<br />
,<br />
— conduit <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité qui menait à Saint-Rieul ou du<br />
carrefour <strong>de</strong>s Ba<strong>la</strong>nces à <strong>la</strong> Porte aux pains. (Voir Coutellerie).<br />
Elle doit son nom au Châtel (castellum) ou chateau du Roi,<br />
qui élève encore ses fortes ruines entre elle et <strong>la</strong> rue du Chat<br />
Héret.<br />
L'archéologue qui <strong>de</strong>scend <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du parvis Notre-<br />
Dame, rencontre à droite les hôtels <strong>de</strong> l' Homme Sauvage 3<br />
et<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> Double-Croix « assis <strong>de</strong>vant le portail <strong>de</strong> cette Eglise »<br />
(1413-1522-1553) 4<br />
;—le pot d'estaing, petit pot d'estaing, ou<br />
hotel <strong>de</strong>s trois pots « ancien manoir» dit Graves, « mentionné<br />
« dès 1292, aisé à reconnaître à son enseigne, tenant au<br />
1<br />
Voir Jaulnay, 404, 411.— Com. arch. IV,XXXVI.<br />
2<br />
Afforty, I, 122,131 ; XVI, 631 ; XVIII, 72; XXI, 551.<br />
3<br />
Afforty, XVIII, 650 : « Maison <strong>de</strong>vant Notre-Dame aboutant par <strong>de</strong>r-<br />
« rière à l'hôtel <strong>de</strong> l'Homme-Sauvage et par <strong>de</strong>vant à <strong>la</strong> chambre du roy. »<br />
4<br />
Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522. — Afforty, XXIV, 670: Déc<strong>la</strong>ration fournie au Roy<br />
par le chapitre <strong>de</strong> S. Frambourg en 1553, etc.
« chateau du roy et aux prisons par <strong>de</strong>rrière » (1345, 1486,<br />
1564) 1<br />
.<br />
L'hôtel <strong>de</strong>s trois pots, que M. <strong>de</strong> Maricourt a spirituellement<br />
restitué et mis en scène dans son « coin <strong>de</strong> <strong>la</strong> vieille<br />
Picardie, » 2<br />
était une <strong>de</strong>s auberges en renom <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et les<br />
comptes <strong>de</strong>s dépenses ramènent souvent <strong>de</strong>s indications qui<br />
honorent « maistres Jacques du Ruissel le jeune et Jehan du<br />
« Ruissel, son frère » (1522), Rieul du Ruissel (1564), maitre<br />
Martin Michel (1589), et leurs successeurs : 1623, 20 septembre,<br />
« le connétable d'Esdiguières, retournant <strong>de</strong>s fron<br />
« tières <strong>de</strong> Picardie en <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Paris, sortant <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville<br />
« <strong>de</strong> Compiègne... loge au pot d'estain et Madame sa femme,<br />
« ausquels a esté présenté du vin et <strong>de</strong>s confitures, etc. » —<br />
1626, 25 novembre. « Le marquis <strong>de</strong> Rosny (Sully) 3<br />
y<br />
« trouve un logement tout voisin <strong>de</strong> l'hôtel seigneurial <strong>de</strong><br />
« saint Père Avy » où <strong>de</strong>meure le joyeux Henri IV.—1631,19<br />
« février. Aux trois pots le comte <strong>de</strong> saint Paoul (Pol).» —<br />
1633, le 30 juin. « Madame <strong>la</strong> comtesse Daluin (d'Halluin)<br />
« logée au pot d'estain. » — 1633, le 25 juillet. «Le maréchal<br />
« <strong>de</strong> <strong>la</strong> Force. — Le 28. « M. <strong>de</strong> Bugnon advocat général. »<br />
— 1641, 14 août. « La maréchale <strong>de</strong> Schomberg. » — 1658.<br />
« Monsieur le maréchal <strong>de</strong> Sculemberg (Schomberg), gouver-<br />
« neur d'Arras. » Il se rendait peut-être à Nanteuil où Gaspard<br />
<strong>de</strong> Schomberg, maréchal <strong>de</strong> France, avait été enterré (1599).<br />
— 1683,30 juillet. « Huit bouteilles à M. <strong>de</strong> Sommery, grand<br />
« maître <strong>de</strong>s eaux et forêts logé aux trois pots d'estain. » —<br />
1684, 21 avril. « Le commandant <strong>de</strong> <strong>la</strong> cornette <strong>de</strong>s gen-<br />
« darmes 4<br />
. »<br />
1<br />
Afforty, XVIII, 329; XXII 481 : Extrait d'un compte <strong>de</strong> l'office <strong>de</strong> Prévot<br />
(1486) <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, 477-482; XXV, 5.<br />
2<br />
H. Casterman, 1861.<br />
3<br />
Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 120. — Afforty, VI, 2954 , 2989, 2990, 3074,<br />
3083, 3125 : Comptes <strong>de</strong> vins <strong>de</strong> présents; VIII, 4356; XII, 7671 ; XXV, 5.<br />
— Monuments <strong>de</strong> l'Histoire <strong>de</strong> France, par M. Hennin, t. X, p. 151.<br />
Arch. <strong>Senlis</strong>, BB, II, f° 77.
L'hôtel <strong>de</strong>s Trois-Pots a conservé, pour attirer les yeux, sa<br />
puissante faça<strong>de</strong> en ligne brisée avec <strong>de</strong>s chaînes <strong>de</strong> pierre<br />
et <strong>de</strong>s bossages qui rehaussent <strong>la</strong> brique (XVI e<br />
siècle); sa vieille<br />
enseigne sculptée en pierre ; son entrée avec auge, bornes,<br />
puits; ses caves profon<strong>de</strong>s dont certaines <strong>partie</strong>s ont <strong>de</strong>s chapitaux<br />
et <strong>de</strong>s moulures du XIII e<br />
et du XIV e<br />
siècles; un cellier au<br />
fond du jardin (XVII e<br />
siècle), dont <strong>la</strong> voûte porte trois cartouches,<br />
<strong>de</strong>ux aux armes <strong>de</strong>s bouteilliers <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, l'autre<br />
représentant une grena<strong>de</strong> avec les lettres composées BT,<br />
MLC (Bouteville-Thoré, Montmorency-Lusse-Chantilly) et <strong>la</strong><br />
date : « le 26 mars 1636. »<br />
Après l'hôtel <strong>de</strong>s Trois-Pots, c'étaient 1<br />
autant que j'ai pu<br />
le préciser, <strong>la</strong> rue, aujourd'hui impasse, <strong>de</strong>s prisons, qui<br />
conduisait jusqu'à <strong>la</strong> rue Saint-Péravy ; — l'hôtel du Chat<br />
(1417, 1522) ou <strong>de</strong>s Trois morts, dont « <strong>la</strong> grant sale » réunissait,<br />
le 10 mars 1417, l'Assemblée <strong>de</strong> ville « en <strong>la</strong> présence<br />
« et du comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> noble homme Pierre <strong>de</strong> Maucroix,<br />
« dit Broul<strong>la</strong>rt, bailli et capitaine <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, etc.; » —<br />
l'hôtel Sainte-Catherine, où <strong>de</strong>meurait, en 1741, succédant à<br />
Jacques Méthelet, messire Jean-François Martine, procureur ;<br />
— <strong>la</strong> rue Sainte-Catherine; — « les maisons du lion d'or et<br />
du chastellet <strong>de</strong>vant l'hostel Dieu » où logeait, le 2 décembre<br />
1633, M. <strong>de</strong> Boucqueval et <strong>de</strong>meuraient en 1725, Michel Billon<br />
et Margry, maîtres maçons et sculpteurs;—du Croissant (1455,<br />
1508) « tenant à <strong>la</strong> rue du Pélican (1486) et adossée à <strong>la</strong><br />
maison <strong>de</strong> <strong>la</strong> treille » d'où aussi le nom <strong>de</strong> rue du Croissant (1439) ;<br />
— <strong>la</strong> cloche au « coin d'une ruelle qui mène <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite rue du<br />
1<br />
Afforty, III, 1165; VI, 2990, 3012. : « Fief Bouqueval, faisant <strong>partie</strong> <strong>de</strong><br />
« <strong>la</strong> seigneurie d'Oissery, appartenant à madame <strong>la</strong> comtesse <strong>de</strong> Pontchartrain.<br />
1754. » : Terrier <strong>de</strong> S. Jean; XI, 7347; XXI, 153: Extrait d'un<br />
compte <strong>de</strong> l'office du cellerier <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>.., en 1439... où topographie;<br />
XXII,482.
« Châtel à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Treille (1450, 1527, 1553) ; — « <strong>la</strong> rue<br />
qui mène au grenier aux pois ou rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Treille ; — « les<br />
« escuelles d'argent (1427, 1439, 1522) : « Guérard Darboy a<br />
« vendu à Jean Cauvin (est-ce un ancêtre <strong>de</strong> l'hérésiarque<br />
« Jean Chauvin ou Calvin ?) l'hostel <strong>de</strong>s trois escuelles d'ar<br />
« gent <strong>de</strong>vant l'hotel Saint-Jacques, tenant d'un côté à <strong>la</strong><br />
« rue <strong>de</strong> Gal<strong>la</strong>n<strong>de</strong> en al<strong>la</strong>nt à sainte Bateul (Bathil<strong>de</strong>), à <strong>la</strong><br />
« rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Juiverie (1408) 1<br />
» (Chancellerie).<br />
A gauche vous saluez par l'imagination l'hôtel du Grand<br />
Dauphin (1401, 1455, 1508, 1522) qu'habitait en 1522<br />
« Loys Boyn «au lieu <strong>de</strong> maistre Hugues Boilleau, <strong>de</strong>vant<br />
« lostel du Petit Pot d'Estain.... aboutant par <strong>de</strong>rrière au<br />
« jardin <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle Saint-Lorens (1359, 1455) et à l'ostel<br />
« du Perier ; à coté du Grand Dauphin était le Petit Dau-<br />
« phin; puis c'étaient le carrefour <strong>de</strong>s Quatre Vents (1725) ;<br />
l'ancien Hôtel-Dieu que l'on distingue aisément à quelques<br />
beaux, détails <strong>de</strong> sculpture qui ornent encore sa porte; les<br />
hostels <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cigogne, « tenant à l'Hôtel-Dieu » (1508) et<br />
« <strong>de</strong> l'Image Saint-Jacques, faisant le coing <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tonnel-<br />
« lerie » (1446, 1508), tenant au tripot du Courtillet, auquel<br />
pend pour enseigne <strong>la</strong> Mule 2<br />
(1782).<br />
Hugues Boileau, dont je viens <strong>de</strong> citer le nom, lieutenant<br />
général du bailliage provincial <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, fut anobli par<br />
1<br />
Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 75. — Afforty, VII 3842. XXIV, 670: « Sentence<br />
« au proffit du chapitre saint Rieul contre frère Raoul <strong>de</strong> Bréville,<br />
« maître <strong>de</strong> l'hôtel Dieu <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et les frères et sœurs <strong>de</strong> l'hotel Dieu au<br />
« sujet <strong>de</strong> 5 solz parisis <strong>de</strong> cens sur une maison scise rue du Chatel entre<br />
« <strong>la</strong> Cloche et le Pélican vendu par Jean le Charon, lieutenant général le<br />
« vendredi 4 mars 1450. »<br />
2<br />
Compte <strong>de</strong> 1508, p. 34. — Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 73. — Afforty, VI,<br />
3342; XVIII, 647, en 1359 : Fondation <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle Sainte-Anne; XXI,<br />
550 en 1455 ; XXIV, 245 : Extrait d'un compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> recette du chapitre<br />
S. Rieul... où détails dignes d'intérêt. .
Louis XI à <strong>la</strong> clôture <strong>de</strong>s Etats <strong>de</strong> 1468, où il s'était fait<br />
remarquer par son intelligence et sa belle tenue. Un Boileau<br />
était prieur <strong>de</strong> Saint Paterne 1<br />
, à Pontpoint.<br />
Nous pourrions encore signaler dans cette rue <strong>la</strong> Tête Noire<br />
(1518); — le Cœur Enf<strong>la</strong>mmé (1682) ; — le Mouton d'Or ;<br />
— <strong>la</strong> maison numéro 6 « à trois ordres avec pi<strong>la</strong>stres ioniques<br />
« et corinthiens. »<br />
La déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522 p<strong>la</strong>ce dans <strong>la</strong> rue du Châtel, « à l'op-<br />
« posite <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison du Croissant, » le domicile <strong>de</strong> « Jean<br />
Souldoier, verrier (victrinarius) dont les comptes <strong>de</strong> <strong>la</strong> fabrique<br />
<strong>de</strong> Notre-Dame nous diront : « 1514, Jean Souldoier,<br />
« verrier, a fait traité avec messieurs (du chapître) <strong>de</strong> faire les<br />
« verrières <strong>de</strong> l'Eglise. Jean recevra <strong>de</strong>ux sols et quatre<br />
« <strong>de</strong>niers parisis par pied (carré) et mille livres <strong>de</strong> plomb au<br />
« prix <strong>de</strong> 35 livres tournois à <strong>la</strong> charge <strong>de</strong> fournir du<br />
« verre <strong>de</strong> bleu <strong>de</strong> Lorraine et <strong>de</strong> faire à chaque verrière<br />
« un encadrement... 2<br />
»<br />
XLVII. — CHAT HÉRET (Rue du).<br />
Cette rue part <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Ba<strong>la</strong>nces, Neuve <strong>de</strong>s Ba<strong>la</strong>nces,<br />
Saint-Rieul ou aujourd'hui <strong>de</strong> Villevert pour aboutir à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce<br />
La Varan<strong>de</strong>.<br />
« Rue qui mène du petit charriot à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce Mauconseil<br />
« (1499) ; — rue qui conduit <strong>de</strong>s Ba<strong>la</strong>nces à <strong>la</strong> porte Esguil-<br />
« 1ère; — rue qui maine <strong>de</strong>s Ba<strong>la</strong>nces à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce aux Cherons<br />
1<br />
Afforty, III ; IX, 5212.<br />
2<br />
Archives <strong>de</strong> <strong>la</strong> préfecture. — Afforty, VI, 3015; IX, 5153. — Afforty<br />
parle à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> 1559 d'un Philippe Souldoier, XII, 7498.
« (1565) (charrons) ; — rue conduisant du Chat Héret à l'église<br />
« Saint-Rieul 1<br />
, etc., etc. »<br />
Quelle est l'étymologie <strong>de</strong> ce nom, Chat Héret? « Nous supposons,<br />
» disaient les auteurs d'articles sur les rues <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />
qui ont paru dans le Journal <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> les 4, 11 et 18 janvier<br />
1868, « nous supposons ce nom déformé... » En cette rue,<br />
que le château <strong>de</strong> saint Louis et le prieuré <strong>de</strong> Saint-Maurice<br />
ren<strong>de</strong>nt particulièrement noble et fréquentée, <strong>de</strong>s chats<br />
errants!<br />
Je crois naïvement que les explications obvies sont en<br />
archéologie, comme en toutes choses, les explications les meilleures<br />
et que cette rue doit son appel<strong>la</strong>tion à l'un <strong>de</strong> ses hôtels,<br />
l'hôtel <strong>de</strong>s Chats Errets (1565) ou du Chat Erret (1580),<br />
lequel éta<strong>la</strong>it son enseigne piquante « vis-à-vis l'ancien grenier<br />
à sel 2<br />
» était adossé aux murs <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité et a été partagé<br />
<strong>de</strong>puis en cinq maisons.<br />
L'on y remarquait 3<br />
, outre cette enseigne, le prieuré <strong>de</strong> Saint-<br />
Maurice à l'abri du château ; un ancien orme, dont les<br />
branches ombrageaient le carrefour S. Maurice : défense <strong>de</strong><br />
l'abattre (1720), à peine <strong>de</strong> 500 livres d'amen<strong>de</strong> ; l'ostel <strong>de</strong> l'Ymage<br />
<strong>de</strong>vant Saint-Maurice ; les maisons du Canard Sauvage ;<br />
le Grenier à Sel (1408) « estant en l'hostel du Grand Chariot<br />
« (1591) en <strong>la</strong> rue qui maine du marché aux samedis (p<strong>la</strong>ce<br />
« <strong>de</strong> Creil) au puits <strong>de</strong> Feigne (1453); Sainte-Barbe, où<br />
« logeait M. <strong>de</strong> Cornoüaille (1652); Saint-Christophe 4<br />
, qui,<br />
après avoir été successivement <strong>la</strong> propriété du chapître (avant<br />
1<br />
2<br />
Afforty, III, 1376, 5863; X, 5269; XXV 24à 26.<br />
Afforty, VI, 3331; X, 3339, 7801.<br />
3<br />
Compte <strong>de</strong> 1508, p. 27. — Afforty, V, 2356, 2359, 2361 et suivantes,<br />
2382 ; VI, 2932, X, 5262, 5275.<br />
4<br />
Voir Chap. S. Rieul où épitaphes. — Arch. départ., G.,645. — Afforty,<br />
VI, 3347; X, 5260; XXI, 400, en 1447, où « rue <strong>de</strong>s Ba<strong>la</strong>nces ou du Chat<br />
Héret; » XXV, 330
le 6 juin 1565), du prieuré <strong>de</strong> Saint-Christophe (avant 1577)<br />
<strong>de</strong> Poullet, seigneur du Port, prévost général <strong>de</strong>s maréchaussées,<br />
etc., fut donné par Jean Deslyons, le 29 avril<br />
1692, « à <strong>la</strong> communauté <strong>de</strong>s filles <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix, fondée sur <strong>la</strong><br />
« paroisse <strong>de</strong> Saint-Germain, qui y ont renoncé. Elle touchait<br />
« à <strong>la</strong> petite rue qui mène au rempart (Aiguillière), à Louis <strong>de</strong><br />
« <strong>la</strong> Fosse, chanoine, etc. » Cette maison s'appe<strong>la</strong>it Saint-<br />
Christophe parce qu'elle appartenait à l'abbaye <strong>de</strong> Saint-Christophe-en-Ha<strong>la</strong>tte,<br />
avant qu'elle eût été vendue par le prieur,<br />
Louis le Clerc, le 3 juin 1577 1<br />
. Il nous serait trop long <strong>de</strong><br />
donner <strong>la</strong> biographie <strong>de</strong>s Parent, Zacharie Parent, prieur <strong>de</strong><br />
Saint-Christophe (1500), Antoine Parent, prieur <strong>de</strong> S. Christophe<br />
et <strong>de</strong> Saint-Maurice (1521), lequel fut lié d'amitié avec le<br />
célèbre cardinal, Jules <strong>de</strong> Médicis, etc. La maison du chanoine<br />
De<strong>la</strong>fosse, qui était voisine, fut tristement célèbre par l'assassinat<br />
du vieux chanoine et <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ux domestiques, Ma<strong>de</strong>leine<br />
Lemire et Ma<strong>de</strong>leine Viel (23 décembre 1779). A côté<br />
<strong>de</strong>s Ba<strong>la</strong>nces était le Petit Chaalis (1534) 2<br />
.<br />
L'étranger aime à traverser le silence <strong>de</strong> cette rue : les<br />
ruines du château, qui <strong>la</strong> bor<strong>de</strong>nt, répan<strong>de</strong>nt sur elle une<br />
ombre grave et religieuse <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle semblent se dresser les<br />
plus nobles figures <strong>de</strong> notre histoire.<br />
1<br />
Afforty, X, 4248, 5257 et suivants. — Voir là, sentences <strong>de</strong> Regnauld<br />
Bonviller, prévôt <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, <strong>de</strong> Christophe d'Al<strong>la</strong>igre, seigneur <strong>de</strong> Saint-<br />
Just, Oissery, et bailly <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. — Voir sur <strong>la</strong> noble famille <strong>de</strong>s Parent,<br />
Zacharie, C<strong>la</strong>u<strong>de</strong>. son frère, Denis-Antoine-Louis (1454, 1463, 1490, 1502),<br />
Afforty, XXI, 531, 588, 734; XXIII, 80, 81, 97, 601, XXIV, 286, en 1539 :<br />
Bulle <strong>de</strong> Paul III, en faveur <strong>de</strong> Louis Parent, clerc, pour dispense <strong>de</strong> censures<br />
et d'irrégu<strong>la</strong>rité par lui encourues pour avoir porté les armes dans les<br />
guerres <strong>de</strong> François I er<br />
et Charles-Quint. — Voir le Cartu<strong>la</strong>ire du Prieuré<br />
<strong>de</strong> Saint-Christophe, par l'abbé A. Vattier, p. XXVII et suiv.<br />
2<br />
Afforty, XXIV, 154. — Voir là, 245, à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> 1537 : Extrait d'un<br />
compte <strong>de</strong> recettes du Chapitre <strong>de</strong> S. Rieul, etc.
XLVIII. — CHAUFFERETTE (Impasse <strong>de</strong> <strong>la</strong>).<br />
« Ruelle qui maine <strong>de</strong> lostel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chaufferette à <strong>la</strong> porte <strong>de</strong><br />
« <strong>de</strong>rrière lostel <strong>de</strong>s Deux Angles (1508) 1<br />
(anges). » Voir<br />
Apport-au-Pain. — Derrière les magasins <strong>de</strong> MM. Lefèvre-<br />
Lemaire, marchand <strong>de</strong> fer, Colombier, etc.<br />
XLIX. — CHEVAUX (Rue aux).<br />
La rue aux Chevaux 2<br />
est un tronçon d'une gran<strong>de</strong> et très<br />
antique voie qui tournait autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville ou au moins d'une<br />
gran<strong>de</strong> <strong>partie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville pour mettre en communication le chemin<br />
<strong>de</strong> Meaux, <strong>la</strong> chaussée Brunehaut qui conduit <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> à<br />
Ba<strong>la</strong>gny, <strong>la</strong> chaussée <strong>de</strong> Pontpoint et <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Creil.<br />
Cette voie extérieure commence, avec son ancien nom <strong>de</strong><br />
rue aux Chevaux, à <strong>la</strong> Porte <strong>de</strong> Paris : « Maison en <strong>la</strong> rue<br />
« qui maine <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite porte au Molin du Roy, tenant d'une<br />
« part au long <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue aux Chevaux, » forme <strong>la</strong> rue où<br />
était l'auberge du Sauvage, suit un instant <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Jardiniers<br />
ou Bretonnerie, fait un angle vers <strong>la</strong> ville, longe sous le<br />
nom <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> <strong>la</strong> Muette le fossé <strong>de</strong> décharge qui c<strong>la</strong>pote<br />
au pied <strong>de</strong> l'éperon rompu <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Meaux, passe <strong>la</strong><br />
Nonette entre le moulin <strong>de</strong> Saint-Etienne et le presbytère<br />
<strong>de</strong> cette église, longe en fléchissant vers <strong>la</strong> droite<br />
1<br />
Comptes <strong>de</strong> 1508, p. 23.<br />
2<br />
Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 101. — Afforty, XXIV, 310, à l'année 1541;<br />
XXV, 669 en 1592.
Statue <strong>de</strong> Saint Louis, à <strong>la</strong> Cathédrale (Page 163).
les murs du parc <strong>de</strong> M me<br />
<strong>de</strong> Parseval 1<br />
où elle s'appelle<br />
encore rue aux Chevaux, gagne ainsi, en croisant le chemin<br />
<strong>de</strong> Mont-l'Evêque , <strong>la</strong> chaussée Brunehaut, atteint le<br />
lieu dit <strong>la</strong> Croix Sauttemont ou plutôt Sottemont, <strong>de</strong> Stultomonte,<br />
court parallèlement à <strong>la</strong> ligne <strong>de</strong> nos anciens remparts<br />
Saint-Pierre et Saint-Sanctin, paraît s'éloigner <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville en<br />
face <strong>la</strong> rue Saint-Pierre, traverse <strong>la</strong> chaussée <strong>de</strong> Pontpoint,<br />
<strong>de</strong>ssine un angle pour trouver au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> « l'hostel du Roy<br />
« hors <strong>Senlis</strong> » le pont <strong>de</strong> pierre, le gué <strong>de</strong> pont, où elle se<br />
confond à <strong>de</strong>mi avec <strong>la</strong> rue aux Ang<strong>la</strong>is, reprend <strong>de</strong> nouveau<br />
son appel<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> rue aux Chevaux et aboutit à <strong>la</strong> porte<br />
<strong>de</strong> Creil...<br />
Rue aux Chevaux est synonyme <strong>de</strong> rue <strong>de</strong>s Voituriers ou<br />
<strong>de</strong>s Rouliers. Un arrêt <strong>de</strong> 1321, que l'on trouvera plus bas, dit<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> mézière Brunehaut qu'elle est voisine « du chemin <strong>de</strong>s<br />
« voitures, prope cheminum cadrigarum. 2<br />
»<br />
L'on comprend aisément <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> ces voies <strong>de</strong> ceinture<br />
à <strong>de</strong>s époques où les cités et leurs forsbourgs étaient souvent<br />
fermés, soit pour gar<strong>de</strong>r les habitants contre <strong>de</strong>s épidémies<br />
aussi redoutables que fréquentes, soit surtout pour parer aux<br />
surprises <strong>de</strong> guerre. « L'on commença,» (1598) 3<br />
dit joyeusement<br />
Vaultier, qui s'était assez battu pour avoir le droit<br />
<strong>de</strong> célébrer les charmes <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix, « l'on commença aussi à<br />
« faire ouverture <strong>de</strong>s portes <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Bellon, <strong>de</strong> Creil et<br />
« autres qui avaient, durant le siéges et troubles, été murées,<br />
« terrassées et condamnées, il y avait neuf ou dix ans... Et<br />
« lors les espadassins, penauds comme fon<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> cloches, à<br />
« grand regret, reprenaient leurs métiers, saint Crépin,<br />
« ciseaux, serpes et cognées... »<br />
1<br />
Concession en 1765 à l'abbé <strong>de</strong> Malézieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> « ruelle aux chevaux,<br />
« conduisant du pavé <strong>de</strong> Montlévêque à l'église Saint-Etienne. » — Arch.<br />
<strong>Senlis</strong>.<br />
2<br />
3<br />
Voir Dîmage, <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, en 1541. Afforty, XXIV, 310 à 324.<br />
P. 390.<br />
IV 11
L. — CIMETIÈRE (Le).<br />
Les principaux cimetières du <strong>Senlis</strong> d'autrefois étaient :<br />
1. Le cimetière d'En-Bas ou <strong>de</strong>s pestiférés, qui dépendait<br />
<strong>de</strong> l'église Saint-Aignan, d'en bas parce qu'il était situé au bas<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> montagne Saint-Aignan. « Ruel<strong>la</strong> prope cimiterium<br />
« Ecclesiae S. Aniani [1274] 1<br />
. » Les réformés obtinrent sous<br />
Henri III (1577) du lieutenant général <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, <strong>de</strong> l'employer<br />
à leurs usages.<br />
2. Le cimetière <strong>de</strong>s Ladres qui occupait l'emp<strong>la</strong>cement du<br />
carrefour Saint-Rieul. L'on rencontre en 1531, 1576, 1601 <strong>de</strong>s<br />
indications <strong>de</strong> ce genre : « Maison du Cygne <strong>de</strong>vant le cime-<br />
« tière <strong>de</strong>s Ladres près <strong>de</strong> l'église Saint-Rieul 2<br />
. »<br />
3. Le cimetière Saint-Hi<strong>la</strong>ire où l'on saluait une « croix<br />
« <strong>de</strong> pierre » dit Vaultier « en <strong>la</strong>quelle est expressément<br />
« fait d'un côté <strong>la</strong> figure <strong>de</strong> l'image <strong>de</strong> Saint-Hi<strong>la</strong>ire. »<br />
4. Le cimetière Saint-Pierre.<br />
5. Le cimetière <strong>de</strong> <strong>la</strong> Charité, etc.<br />
Le cimetière unique qui a remp<strong>la</strong>cé tous ces champs <strong>de</strong>s<br />
morts,a été acheté vers 1780 3<br />
et agrandi en 1831. La principale<br />
entrée portait cette inscription <strong>de</strong> l'Ecclésiaste : « Hic arguun-<br />
« tur vanitatis praeterita. Ici le passé est convaincu <strong>de</strong><br />
« vanité » ; et <strong>la</strong> loge du surveil<strong>la</strong>nt : « Respectons <strong>la</strong> cendre<br />
« <strong>de</strong>s morts. » Une pierre apportée d'ailleurs, que le maçon<br />
a enchassée dans le mur, offre cette légen<strong>de</strong> en caractères<br />
gothiques 4<br />
du XVI e<br />
siècle :<br />
2<br />
3<br />
1<br />
Afforty, XVI, 154 ; XXV, 333.<br />
Afforty, III, 1156, 1167.<br />
Graves, 182 ; en 1783, Broisse.<br />
4<br />
Broisse s'est grossièrement trompé en attribuant cette pierre au XIII e<br />
siècle et lisant : « 1200 juin X e<br />
jour. »
— invitation naïve et pieuse qui rappelle le crieur <strong>de</strong> nuit<br />
lorsque vêtu d'une longue robe <strong>de</strong> camelot noir sur lequel<br />
se détachaient en b<strong>la</strong>nc <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins d'os <strong>de</strong> morts et les<br />
armes <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, il jetait à travers les ténébres son<br />
« Reveillez-vous, gens qui dormez;<br />
« Priez Dieu pour les trépassez. »<br />
Oserais-je dire que <strong>la</strong> disparition <strong>de</strong> certains emblèmes<br />
désapprouvés par l'Eglise, une surveil<strong>la</strong>nce plus rigoureuse <strong>de</strong>s<br />
formules et <strong>de</strong> l'orthographe contribueraient sans gran<strong>de</strong><br />
dépense à l'amélioration vraie du cimetière ? La mesure du<br />
culte <strong>de</strong>s morts est celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> foi et <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitalité nationale !<br />
LI. — CIMETIÈRE SAINT-RIEUL (Rue du).<br />
Près du Carrefour <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pierre Mauconseil.<br />
L'on sait qu'il fut d'usage, du IX e<br />
siècle à <strong>la</strong> Révolution, d'enterrer<br />
dans l'intérieur ou autour <strong>de</strong>s églises, en sorte que le<br />
culte <strong>de</strong> Dieu et le souvenir <strong>de</strong>s morts se prêtaient un salutaire<br />
secours.<br />
« Au n° 3, » dit Graves, « maison en pierre à porte à plein-<br />
« cintre, garnie <strong>de</strong> filets, ayant <strong>de</strong>s meneaux croisés aux fenê-<br />
« tres, une corniche à rentrans et <strong>de</strong> petits jours <strong>la</strong>téraux à<br />
« filets. » Cette maison a fait p<strong>la</strong>ce à une construction plus<br />
mo<strong>de</strong>rne.<br />
Le 20 octobre 1846, <strong>la</strong> pioche <strong>de</strong>s terrassiers mit au jour<br />
chez M. Du<strong>la</strong>c, près du Cours (c'était l'emp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong> l'ancien<br />
cimetière Saint-Rieul), quatre statues, dont <strong>de</strong>ux, saint<br />
Louis et saint Livain, exposées à <strong>la</strong> cathédrale, piquent à bon
droit <strong>la</strong> curiosité <strong>de</strong>s archéologues chrétiens. Celle <strong>de</strong> saint<br />
Louis, quoique discutable au point <strong>de</strong> vue du beau p<strong>la</strong>stique,<br />
me paraît spécialement intéressante, parce que <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />
où il fonda le prieuré <strong>de</strong> Saint-Maurice et enrichit l'Hôtel-Dieu,<br />
jouit plus fréquemment du privilége <strong>de</strong> le contempler et <strong>de</strong><br />
l'ouïr, et parce que cette représentation est presque contemporaine<br />
<strong>de</strong> ce grand prince qui mourut le 25 août 1270, comme<br />
Pierre <strong>de</strong> Con<strong>de</strong>t, chanoine au monastère <strong>de</strong> Sainte-Marie-<strong>de</strong><strong>la</strong><br />
Chaage (dioc. <strong>de</strong> Meaux) en 1250, archidiacre <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong><br />
Soissons et clerc du roi <strong>de</strong> France en 1294 et 1298, l'écrivait<br />
du camp <strong>de</strong> Carthage au trésorier <strong>de</strong> Saint-Frambourg l<br />
.<br />
Saint Louis est <strong>de</strong>bout, <strong>la</strong> tête couronnée, le visage sans<br />
barbe, couvert d'une aube dorée et d'un manteau bleu avec<br />
fleurs <strong>de</strong> lys d'or, les pieds nus, bref associant aux attributs<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> dignité royale l'appareil <strong>de</strong> l'humilité et portant <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
main gauche <strong>la</strong> couronne d'épines (<strong>la</strong> droite tenait un sceptre).<br />
L'on verra au chapître Saint-Rieul, <strong>la</strong> chapelle S. Sanctin<br />
dans le cimetière <strong>de</strong> Saint-Rieul, les danses superstitieuses qui<br />
troub<strong>la</strong>ient le recueillement <strong>de</strong> ce lieu, <strong>la</strong> découverte que l'on<br />
fit en cet endroit <strong>de</strong> sarcophages et <strong>de</strong> poteries très-anciennes.<br />
1<br />
Afforty, XIV ; 449.<br />
2<br />
Spicil.. t. III, p. 666.<br />
LII. — CITE.<br />
Avant les ouvrages extérieurs <strong>de</strong> défense qui séparaient <strong>la</strong><br />
ville <strong>de</strong>s faubourgs actuels, il existait ce qu'une charte <strong>de</strong><br />
er 2<br />
Philippe I appe<strong>la</strong>it en 1068 « munitiones civitatis », les<br />
protections <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité, l'enceinte intérieure, le castellum primitif<br />
agrandi.<br />
La cité ou bourg clos (1182) 3<br />
, présentait <strong>la</strong> forme d'une<br />
3<br />
Charte <strong>de</strong> Philippe I er<br />
, du 15 juin 1068; Gall. chr. t. X, Instrum,<br />
col, 205.
vaste ellipse dont les diamètres mesuraient 312 mètres (<strong>de</strong><br />
l'est à l'ouest) et 242 mètres, et le circuit, 840 mètres. « Ce<br />
« fort, » écrivait avec raison en 1620 un observateur attentif,<br />
l'official Nico<strong>la</strong>s Puleu 1<br />
, « nous avons reconnu qu'il est<br />
« entouré <strong>de</strong> murs qui sont merveilleux en épaisseur, hauteur<br />
« et matériaux, d'une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> tours qui sont distantes<br />
« les unes <strong>de</strong>s autres <strong>de</strong> vingt-quatre pas seulement. » Les<br />
murs ont en effet trois ou quatre mètres d'épaisseur et sept<br />
à huit <strong>de</strong> hauteur. Vingt-huit tours 2<br />
, carrées en <strong>de</strong>dans,<br />
ron<strong>de</strong>s à leur saillie extérieure, pleines jusqu'au niveau du mur,<br />
sont assez rapprochées pour se prêter mutuellement secours.<br />
Le système <strong>de</strong> maçonnerie, qui a reçu dans <strong>de</strong>s vieux<br />
titres (1237) le nom <strong>de</strong> sarrazine, « murus saracenorum »,<br />
consiste dans un enrochement <strong>de</strong> moellons noyé dans un abondant<br />
mortier <strong>de</strong> chaux, divisé tous les mètres et un quart par<br />
<strong>de</strong>s lits <strong>de</strong> tuiles <strong>de</strong> six centimètres d'épaisseur, revêtu d'un<br />
parement <strong>de</strong> petites pierres (pastoureaux) cubiques et reposant<br />
sur <strong>de</strong>s libages à sec.<br />
Ce mur sévère et vigoureux n'était percé très anciennement<br />
que <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux portes, dont l'une, regardant l'orient, s'appe<strong>la</strong>it<br />
porte Bel<strong>la</strong>ntum, Bi<strong>de</strong>ntum, <strong>de</strong> Mello, ou <strong>de</strong> Rheims (voir<br />
Bellon), et l'autre, porte <strong>de</strong> Paris ou aux Pains. Une poterne,<br />
auprès du beffroy, fut murée en 1257 : « Potel<strong>la</strong> [postel<strong>la</strong>,<br />
« portel<strong>la</strong>, portu<strong>la</strong>, petite porte, poterne] sita in muro castelli<br />
« prope Banclocam 3<br />
(fuit) obstructa. »<br />
Cet ensemble <strong>de</strong> fortifications rares doit prendre date entre<br />
le II e<br />
et le IV e<br />
siècle. Grâce à lui, <strong>Senlis</strong> était une p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong><br />
guerre <strong>de</strong> premier ordre : au IX e<br />
siècle, les reliques <strong>de</strong> saint<br />
Corneille et <strong>de</strong> saint Cyprien y trouvaient un asile contre les<br />
1<br />
Afforty, III, 1500.<br />
2<br />
D. Grenier, t. V, p. 77, a conservé une note sur <strong>la</strong> position d'une <strong>partie</strong><br />
<strong>de</strong> ces tours. Il reste encore seize tours, dont un regard sur le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong><br />
<strong>Senlis</strong> suffira à déterminer <strong>la</strong> situation.<br />
3<br />
Dom Grenier, t. V. p. 77.
fureurs <strong>de</strong> l'invasion norman<strong>de</strong> 1<br />
; en 879, les restes sacrés <strong>de</strong><br />
sainte Opportune lui <strong>de</strong>mandèrent un abri semb<strong>la</strong>ble lorsqu'un<br />
<strong>de</strong>s capitaines <strong>de</strong> Boson pil<strong>la</strong> l'église <strong>de</strong> Moussy 2<br />
; en 946, <strong>la</strong><br />
bravoure fameuse <strong>de</strong> Bernard, fils <strong>de</strong> Pépin III, comte <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong><br />
et <strong>de</strong> Valois, seigneur <strong>de</strong> Coucy, etc., y arrêta, disent Flodoard 3<br />
et G<strong>la</strong>ber, l'empereur Othon, Louis d'Outremer, Conrad, roi <strong>de</strong><br />
Bourgogne et leurs cent mille soldats; en 949, malgré <strong>de</strong> nouveaux<br />
efforts, <strong>la</strong> cité <strong>de</strong>meure imprenable, au milieu <strong>de</strong> l'incendie<br />
<strong>de</strong>s faubourgs; sous Philippe-Auguste (1214), <strong>la</strong> ville, dotée<br />
peut-être déjà d'une nouvelle ligne <strong>de</strong> fortifications, échappeaux<br />
fureurs <strong>de</strong>s F<strong>la</strong>mands qui, ayant passé <strong>la</strong> Somme et l'Oise, surprennent<br />
Albéric, comte <strong>de</strong> Dammartin, pendant qu'il prend<br />
son repas, dévastent tout le pays p<strong>la</strong>t, assiégent Béthisy 4<br />
A l'époque où Vaultier écrivait ses mémoires, <strong>la</strong> cité<br />
s'ouvre par cinq portes : « La première sous l'arca<strong>de</strong> par<br />
« <strong>la</strong>quelle on passe (sort) <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> rue (du Châtel) ; même<br />
« le jour <strong>de</strong> Paques fleuries (<strong>de</strong>s Rameaux), <strong>la</strong> procession <strong>de</strong><br />
1<br />
Ut vi<strong>de</strong>runt munitissimam nec eam valentes expugnare, caesis quibusdam<br />
suorum. dimiserunt.<br />
2<br />
Une <strong>partie</strong> <strong>de</strong> ces reliques <strong>de</strong>meura à <strong>Senlis</strong> jusqu'à <strong>la</strong> tourmente révolutionnaire<br />
Vie <strong>de</strong> sainte Opportune, par l'abbé Durand, p. 98.<br />
3<br />
Dom Grenier, t. CLXV, p. 164. L'auteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chronique <strong>de</strong> l'abbaye<br />
<strong>de</strong> Saint-Maxent, dans le Poitou (Chronicon Malleacense), après avoir dit<br />
le système militaire <strong>de</strong>s Normands et <strong>la</strong> ruine <strong>de</strong> Nantes, d'Angers, <strong>de</strong> tout<br />
le Poitou, <strong>de</strong> Tours, d'Orléans, où l'église Sainte-Croix reste seule <strong>de</strong>bout<br />
au milieu <strong>de</strong>s incendies en 830, ajoute : « Que <strong>de</strong>vinrent Lutèce <strong>de</strong> Paris<br />
« étendant sa noble tête...., — Beauvais, — Noyon (Noviomacum) et les<br />
« plus nobles villes <strong>de</strong>s Gaules, qu'une proie à ces envahisseurs? » Silence<br />
sur <strong>Senlis</strong>.... Rerum Aquitanicarum collectio novae bibliothecae manuscriptorum<br />
librorum... operâ Labbe..., t. II, p. 196.<br />
4<br />
Devastans igitur a <strong>de</strong>xtris atque sinistris<br />
Omnia, trans Isaram pernicibus advo<strong>la</strong>t alis.<br />
Non cessat populos popu<strong>la</strong>ri, ducere praedas,<br />
Incinerare domos, in vincu<strong>la</strong> tru<strong>de</strong>re captos,<br />
Sylvanectensem donec pervenit ad urbem.<br />
Quanquam non potuit subito penetrare sub ictu<br />
Defensam muris et gentibus, omne quod extra<br />
Muros inventum est, perimit, capit, extrahit, urit,<br />
Ut pars non maneat il<strong>la</strong>eoi diœcesis ul<strong>la</strong>. PHILIPHÉÏDE, lib. II.
« <strong>la</strong> ville y fait stance. La <strong>de</strong>uxième est encore en son entier<br />
« près <strong>de</strong> l'église Monsieur Saint-Hi<strong>la</strong>ire (Bellon). La troi-<br />
« sième est encore en son entier, proche et tenant l'une <strong>de</strong>s<br />
« maisons dudit cloître Notre-Dame (vers Saint-Rieul). La<br />
« quatrième est en entrant à Saint-Maurice (rue du Chat-<br />
« Héret). La <strong>de</strong>rnière est contre <strong>la</strong>dite église <strong>de</strong> Sainte-Ban-<br />
« dour (Bathil<strong>de</strong>), à présent abbaye <strong>de</strong> Saint-Remy (fausse<br />
« porte) sur lesquels murs <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite cité on souloit (avait<br />
« coutume, solebat) anciennement aller en procession. Dans<br />
« aucunes (quelques) <strong>de</strong>sdites tours il y a encore certaines<br />
« chapelles et autels, etc. » Le testament <strong>de</strong> Jeanne Lechat-<br />
Laisné parle <strong>de</strong> Notre-Dame du Chalet 1<br />
. Ce <strong>de</strong>vait être un<br />
spectacle grandiose et charmant à <strong>la</strong> fois que ces théories<br />
chrétiennes remplissant <strong>de</strong> leurs longues files les murs antiques<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> cité, <strong>de</strong>ssinant sur le fond du ciel leurs couleurs<br />
variées : les robes vertes <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> chœur, le manteau<br />
écar<strong>la</strong>te <strong>de</strong>s religieux <strong>de</strong> Saint-Maurice, <strong>la</strong> bure sombre <strong>de</strong>s<br />
cor<strong>de</strong>liers, jetant comme une réponse aux volées <strong>de</strong> quinze<br />
clochers les supplications <strong>de</strong>s églises : Te rogamus, audi nos.<br />
Louis XI ordonna par lettres pressantes qu'on travaillât, par<br />
corvée, à <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s murs <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité : les progrès <strong>de</strong><br />
l'art <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre exigeaient un système nouveau <strong>de</strong> fortifications!<br />
Néanmoins, telle est <strong>la</strong> force <strong>de</strong> ces travaux <strong>de</strong> nos<br />
ancêtres, que leurs ruines continuent <strong>de</strong> <strong>de</strong>meurer comme <strong>de</strong>s<br />
témoins impassibles au milieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>de</strong> nos projets et<br />
<strong>de</strong> l'étour<strong>de</strong>rie <strong>de</strong> nos conceptions 2<br />
.<br />
1<br />
LIII. — * CLAYE (Ruelle <strong>de</strong> <strong>la</strong>).<br />
Cette ruelle était « scise, en al<strong>la</strong>nt à <strong>la</strong> poterne, « tenant<br />
Afforty, XVIII, 109, 563, où « porta tonnel<strong>la</strong>riae, » en 1356.<br />
2<br />
Si l'on veut étudier davantage <strong>la</strong> cité, le mur gallo-romain, <strong>la</strong> situation<br />
<strong>de</strong>s tours, les portes primitives, etc., voir Graves, p. 151 à 157, et Com.<br />
arch. I, XVIII, V, XLIII, XI, 249, XII, 11.
« <strong>de</strong> toute <strong>la</strong> longueur au jardin <strong>de</strong>s pères Cor<strong>de</strong>liers, vul-<br />
« gairement appelé <strong>la</strong> C<strong>la</strong>ye » Ce passage étroit, « rempli<br />
« souvent d'ordures et immondices dangereuses à <strong>la</strong> santé<br />
« publique (1540, 1548, 1626), » insupportable aux Cor<strong>de</strong>liers,<br />
dont il avoisinait le grand autel et <strong>la</strong> sacristie (1626),<br />
fut enfin fermée d'un mur avec porte et concierge, vis-à-vis<br />
l'hôtel du prieur <strong>de</strong> Bray.<br />
« Jardin <strong>de</strong> <strong>la</strong> C<strong>la</strong>ye auquel y a <strong>de</strong> présent <strong>de</strong>ux tanneries<br />
« (1508). »<br />
Les spécialistes qui s'occupent <strong>de</strong> <strong>la</strong> police <strong>de</strong>s rues liront<br />
avec p<strong>la</strong>isir cette vieille ordonnance : « Défense d'icelles<br />
« (immondices) <strong>la</strong>isser es rues et porter es autres ruelles ca-<br />
« chées comme F<strong>la</strong>geart, Sainte-Baulteur, <strong>la</strong> C<strong>la</strong>ye, etc., a<br />
« peine <strong>de</strong> 5 sols parisis par hottée et <strong>de</strong> 10 sols parisis<br />
« par chariot. » (22 oct. 1542) 1<br />
.<br />
LIV. — * CLOITRE (Le).<br />
Il n'est point <strong>de</strong> mon sujet <strong>de</strong> rapporter ici les règles <strong>de</strong> vie<br />
monastique que Chro<strong>de</strong>gand (vers 760), Charlemagne, Louisle-Pieux,<br />
Ama<strong>la</strong>ire, diacre <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> Metz, tracèrent autrefois<br />
aux chanoines : clôture, indivision <strong>de</strong> <strong>la</strong> mense épiscopale<br />
et <strong>de</strong> <strong>la</strong> mense capitu<strong>la</strong>ire, offices divers <strong>de</strong> doyen, d'archidiacre,<br />
<strong>de</strong> trésorier (chefvecier), d'écolâtre, etc.<br />
Il est certain que les chanoines <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong><br />
« vivaient dans un refectoire commun, au moins durant tout<br />
« le carême,» sous les évêques Amauri et Henri (1154 à<br />
1185), en 1197 et en 1205 Ce règlement paraît encore en<br />
1<br />
Compte <strong>de</strong> 1508 et Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 511. — Afforty, v, 2619,<br />
2810; VIII, 4030; XII, 7351, 7414, 7459, 7556, 7651, 7702.
vigueur en 1245 et <strong>la</strong> division <strong>de</strong>s prében<strong>de</strong>s semble dater<br />
<strong>de</strong> 1265 seulement 1<br />
.<br />
L'Eglise avait pareillement déterminé l'habitation <strong>de</strong>s<br />
chanoines : leur domicile réservé était le cloître. C'était une<br />
ville monastique dans une ville <strong>de</strong> guerre et <strong>de</strong> commerce :<br />
qu'on lise plutôt le privilége du cloître accordé par Saint-<br />
Louis malgré le maire Dreux et les échevins (1257) 2<br />
; une<br />
sorte <strong>de</strong> couvent qui <strong>de</strong>vait ignorer le bruit et les querelles du<br />
marché : « <strong>la</strong> charte <strong>de</strong> l'encloître 3<br />
» donnée par Guérin<br />
interdisait tout trafic dans son enceinte. Il était fermé au soir<br />
par les portes Bellon, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tonnellerie « juxta Tonne<strong>la</strong>riam »<br />
(1276, 1359), (?) Cordouen (1446) et... près du clocher<br />
(1446) : « conclusum est quod portae <strong>de</strong> c<strong>la</strong>usura c<strong>la</strong>ustri<br />
« reficientur et <strong>de</strong> cœtero singulis noctibus c<strong>la</strong>u<strong>de</strong>ntur<br />
1<br />
Afforty, III, 1586. Avant 1164, « Confirmation par Amaury, évêque <strong>de</strong><br />
« <strong>Senlis</strong>, <strong>de</strong>s revenus du réfectoire <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bienheureuse Marie <strong>de</strong><br />
« <strong>Senlis</strong>; » XIV, 312 et 921. — Voir <strong>la</strong> donation <strong>de</strong> Guy le Bouteillier en<br />
Jaulnay, 453 et 462.<br />
2<br />
Afforty, I, où partage <strong>de</strong> juridiction entre <strong>la</strong> commune et Notre-Dame<br />
(1204) dans le bourg clos; I, 45, où franchise du cloître, sa police, conciliation<br />
<strong>de</strong>s droits du chapitre avec ceux <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune, topographie<br />
curieuse...; III, 5777; XIII, 403 en 1068; XVII, 369, où achat par le roi(28<br />
avril 1522) <strong>de</strong> <strong>la</strong> haute justice du cloître. — En 1480, <strong>la</strong> ville fait ca<strong>de</strong>au à<br />
Monseigneur le bâtard <strong>de</strong> Lorraine d'un muids <strong>de</strong> vin pour obtenir <strong>de</strong> lui<br />
qu'il « lève l'ordre que les gens d'église avaient obtenu <strong>de</strong> faire évacuer le<br />
« cloître Notre-Dame où les gens <strong>de</strong> guerre étaient logés. » Arch. <strong>Senlis</strong>,<br />
CC 78, f° 169.<br />
3<br />
Arch. <strong>Senlis</strong>. Cartul. enchaîné, où Charto <strong>de</strong> l'encloître. — Afforty,<br />
VI, 3336, 3337; XVI, 217; XVII, 28, où Extraits <strong>de</strong>s registres capitu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong><br />
1300 à 1396, 349. « En l'an <strong>de</strong> grâce 1311 « ou tems sire Oudart le Drap-<br />
« pier, à ce temps maire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, fit une amen<strong>de</strong> Jehannet Boileau<br />
« <strong>de</strong> ce qu'il cria vin ou cloître sans congié du maire et <strong>de</strong> ses compai-<br />
« gnons;» XX, 337; XXI, 37, en 1446, où Portes du cloître; XXII, 72,<br />
Extraits <strong>de</strong>s registres capitu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> Notre-Dame, en 1471; XXIII, 119;<br />
XXV, 200, 201. — Ordonnance (à Reims) pour reboucher toutes les portes<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>rrière les maisons du cloitre <strong>de</strong> Reims (1407). — P. Cocquault, Table<br />
chronologique extraite <strong>de</strong> l'Histoire... <strong>de</strong> Reims, MDCL.
« (1471). » Le chapitre y possédait sa justice réservée avec<br />
<strong>de</strong>s prisons sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce Saint-Frambourg (1068). Les <strong>la</strong>ïcs<br />
n'avaient point le droit d'y faire un séjour habituel (1316) : le<br />
13 octobre 1504, le chapitre « refuse à Pierre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fon-<br />
« taine, seigneur d'Ognon, <strong>de</strong> <strong>de</strong>meurer dans une maison<br />
« canoniale. »<br />
La déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522 renferme 1<br />
tout un chapitre intitulé :<br />
« Ou cloistre <strong>de</strong> <strong>la</strong> dicte église <strong>de</strong> ceans » et fournissant <strong>de</strong>s<br />
indications <strong>de</strong> ce genre : « Messire Jehan Daunoy, chappel-<br />
« <strong>la</strong>in <strong>de</strong>s obiits <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> ceans, pour <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> <strong>la</strong>dicte<br />
« chapelle qui fut M e<br />
Jehan Bouterone (curé <strong>de</strong> Trumilly),<br />
« séant près lune <strong>de</strong>s portes dudit cloistre par ou len va au<br />
« carreffour Sainct Hi<strong>la</strong>ire, appelé <strong>la</strong> porte Melon... Maistre<br />
« Pierre Gobert doyan <strong>de</strong> ceans.... Maistre Jehan eu<strong>de</strong>....<br />
« pour sa maison ou il est <strong>de</strong>mourant assis en <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce Sainct<br />
« Framboust tenant d'une part aux prisons et greniers <strong>de</strong><br />
« chappitre <strong>de</strong> ceans : d'autre a <strong>la</strong> maison du chappel<strong>la</strong>in<br />
« Sainct estienne fondé en leglise <strong>de</strong> ceans... Item pour <strong>la</strong><br />
« procession faicte par le collégie (chapître) <strong>de</strong> leglise <strong>de</strong> ceans<br />
« en <strong>la</strong>dite eglise Saint Framboust chacun an le jour <strong>de</strong>s corps<br />
« sainctz dicelle eglise, dix sols parisis... Le chapel<strong>la</strong>in <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
« chapelle sainct Pierre et sainct pol fondée en leglise <strong>de</strong><br />
« ceans pour lobit boudouyn le chantre... Maistre Jehan<br />
« Al<strong>la</strong>rd aussi chanoine <strong>de</strong> ceans pour ung autre jardin nommé<br />
« <strong>la</strong> follie » (altération <strong>de</strong> feuillie ou feuillée, jardin ombreux,<br />
courtillet) « séant en <strong>la</strong> Rue du puis Sainct Nico<strong>la</strong>s... Le prieur<br />
« <strong>de</strong> Sainct Nico<strong>la</strong>s dacy lez <strong>Senlis</strong>, pour sa maison court jardin<br />
« et lieu... seant audit cloistre joignant <strong>la</strong> porte qui maine par<br />
« <strong>la</strong> Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tonnellerie a <strong>la</strong> porte au pain... dautre par<br />
« <strong>de</strong>rriere à <strong>la</strong>dite rue du puis Sainct Nico<strong>la</strong>s. »<br />
« Les religieux abbé et couvent <strong>de</strong> Chaalitz pour leur<br />
« maison et jardin dudit cloistre ou <strong>de</strong>meure a present<br />
1<br />
P. 63 et suiv
« M e<br />
Philippe du Ruissel doyan <strong>de</strong> Sainct Rieule tenant dune<br />
« part a <strong>la</strong> maison canonial que tient M e<br />
André Aron<strong>de</strong>l,<br />
« chanoine <strong>de</strong> ceans : et d'autre a une autre maison canonial<br />
« que tient M e<br />
Pierre Desprez, aboutant par <strong>de</strong>vant à une<br />
« ruelle (du Petit-Chaalis) qui maine dudit cloistre à <strong>la</strong> porte<br />
« au pain... — Maistre Pierre Desprez chanoine <strong>de</strong> ceans pour<br />
« sa maison canonial ou il est <strong>de</strong>meurant qu'il a fait édifier<br />
« tout <strong>de</strong> neuf assis... à l'opposite du petit portail dans <strong>la</strong><br />
« chapelle sainte Marie Ma<strong>de</strong>leine.., tenant d'autre part...<br />
« aux enfans <strong>de</strong> cueurs. » Cette maison du chanoine Desprez est<br />
« une maison, » aujourd'hui à M. d'Aldin, « en briques et<br />
« pierre avec une haute porte, <strong>de</strong>s fenêtres qui sont ornées <strong>de</strong><br />
« filets et <strong>de</strong> cannelures sur bases polygones, <strong>de</strong> clochetons à<br />
« crochets et <strong>de</strong> frontons » (Graves) et un escalier à vis remarquable.<br />
Le petit portail dans <strong>la</strong> chapelle Sainte-Marie-<br />
Ma<strong>de</strong>leine (aujourd'hui Saint-Joseph) est <strong>la</strong> petite porte<br />
romane avec double archivolte et chapiteaux à palmettes...<br />
que Jean Dizieult a enfermée au XVI e<br />
siècle dans le p<strong>la</strong>n nouveau<br />
et agrandi <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale.<br />
« Maistre Michel Peau chanoine pour sa maison ou il est<br />
« <strong>de</strong>mourant appellée lhostel Saint-Laurens », c'est le presbytère<br />
actuel, « tenant d'une part à <strong>la</strong> maison Thibault<br />
« Varnau et d'autre à <strong>la</strong> porte du dit cloitre <strong>de</strong>ssoulz le grand<br />
« clocher <strong>de</strong> lEglise ».., entre l'angle du clocher et le coin du<br />
presbytère.<br />
« La maison <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> cueur » <strong>de</strong>vant <strong>la</strong>quelle nous<br />
avons passé tout à l'heure, était, il importe <strong>de</strong> le remarquer,<br />
comme une école capitu<strong>la</strong>ire. Elle avait son maistre, écolâtre,<br />
capiscol .. — Elle comptait avec <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> recrutement<br />
et <strong>de</strong>s nécessités <strong>de</strong> diplomatie qui entrent dans <strong>la</strong> prose <strong>de</strong><br />
toute maison d'éducation : « Pour avoir esté querir le petit<br />
« Vasquin à Creilg pour estre enfant <strong>de</strong> cueur, accom-<br />
« paigné du maistre <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> cueur... et autres, pour<br />
« avoir fait grand chére audit clerc et soupper toute <strong>la</strong> com-<br />
« pagnie avecque le Père en mon hostel et le len<strong>de</strong>main disner,
« XVI sols parisis. » Nul bien sans peine. — Elle avait ses<br />
fêtes et, avouons-le, ses espiègleries : quand arrivaient ces<br />
solennités <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l'année, qui ont longtemps conservé,<br />
malgré le travail <strong>de</strong>s siècles et les efforts <strong>de</strong> l'Eglise, un certain<br />
souvenir du paganisme, les enfants <strong>de</strong> chœur se livraient à<br />
mille joyeusetés où le grotesque chassait volontiers <strong>la</strong> décence.<br />
Alors « ils courent, » dit une ordonnance du chapitre, <strong>de</strong> 1507,<br />
1508, « les maisons <strong>de</strong>s chanoines et même hors du cloître<br />
« les maisons <strong>la</strong>ïques pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r du vin, ainsi qu'au<br />
« temps passé, ce qui est déraisonnable et inconvenant,<br />
« quod absurdum et inhonestum est. » A <strong>la</strong> Saint-Crépin<br />
ils sonnent les cloches avec fougue, nonobstant « les <strong>de</strong>ux pots<br />
« <strong>de</strong> vin dont leur maistre espère acheter leur tranquillité<br />
« (1512) 1<br />
. Par ordonnance <strong>de</strong> Messieurs,» dit le trésorier<br />
<strong>de</strong> Notre-Dame, « ay baillé au maistre <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> cueur<br />
« (1522) XVI sols parisis pour faire <strong>la</strong> faiste <strong>de</strong> Saint-<br />
« Crespin et Saint-Crespinian » — Le sospitati ou vigile<br />
<strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s, — sospitati est le premier mot d'une <strong>de</strong>s<br />
antiennes du saint, — amène un ga<strong>la</strong> : « XVIII sols parisis<br />
« au maistre <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> cueur pour faire le sospitati<br />
« (diner) <strong>la</strong> veille S. Nico<strong>la</strong>s (1522). — Pour le sospi-<br />
« tati <strong>de</strong> S. Nico<strong>la</strong>s où furent tous messieurs tant diner<br />
« que souper. » Arrivent les saints Innocents, avec leur pape,<br />
Saint-Etienne et Saint-Jean, les enfants perdus du bas clergé,<br />
comptant pour rien mille défenses — cet âge est sans pitié ! —<br />
prennent p<strong>la</strong>ce bruyamment dans les stalles hautes, empruntent<br />
au vestiaire les chappes et les ornements sacerdotaux les plus<br />
disparates et commettent mille moqueries et insolences qui<br />
troublent dans leurs prières les chanoines et les fidèles<br />
(1523) 2<br />
.<br />
' Dom Gronier. t. xvi, p. 201.<br />
• Afforty, ix, 5102; xxm, 314. Extrait <strong>de</strong>s registres capitu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong><br />
Notre-Dame eu 1511 : « Cum immutationo sodium in choro, habituum sive<br />
« capparum ac aliorum indumentorum et ornamentorum diversitate plures
Les représentations dramatiques ajoutaient à cette vie leurs<br />
émotions : on jouait le Mystère <strong>de</strong> l'Annonciation, <strong>la</strong> Passion,<br />
Joseph vendu par ses frères, <strong>la</strong> <strong>la</strong>pidation <strong>de</strong> saint Etienne, <strong>la</strong><br />
vie <strong>de</strong> saint Roch : « Messieurs du chapître, à <strong>la</strong> requête<br />
« <strong>de</strong> Jean Hénault, maître <strong>de</strong>s écoles lui permettent (1511)<br />
« <strong>de</strong> faire jouer sur les tréteaux <strong>de</strong>s moralités; lu<strong>de</strong>ndi super<br />
« scamellos moralitates. » Messieurs (1527) autorisent « Jean<br />
« <strong>de</strong> <strong>la</strong> Motte, Pierre <strong>de</strong> Bray et leurs compagnons à jouer<br />
« <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> saint Roch, à <strong>la</strong> condition qu'ils éviteront toute in-<br />
« solence. »<br />
LV. — * CLOSEAUX (Les).<br />
« Maison dite <strong>de</strong>s Closeaux, en 1600-1657, près Saint-<br />
« Lazare, » petit clos, habitation <strong>de</strong> campagnard 1<br />
.<br />
LVI. — CLOS L'ÉVÊQUE (Le).<br />
« ... Maison située dans <strong>la</strong> rue qui est dite le Clos l'Evêque,<br />
« in vico qui dicitur c<strong>la</strong>usus Episcopi (1308, 1321) ». —<br />
« ... Oultre <strong>la</strong> porte Saint-Rieul, emprès <strong>la</strong> rue du Clos<br />
« l'Evêque (1362) 2<br />
. »<br />
LVII. — * COCHONNERIE (Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong>).<br />
« Maison rue Cochonnerie, près <strong>la</strong>dite rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce aux<br />
» irrisiones et insolentias clerum et populum ab oratione divertentes com-<br />
« mittendo, etc. » 316, 350. 786. — Dom Grenier, t. XVI, 201, 204. —<br />
« Fut représenté, » dit P. Cocquault, « <strong>la</strong> Passion par l'espace <strong>de</strong> huit<br />
« jours à Reims qui était chose extraordinaire (1490): l'on y venoit <strong>de</strong><br />
« trente lieues loing... Elle fut aussi représentée à Soissons (1530). »<br />
— Dans certaines paroisses patriarchales du Noyonnais et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Picardie,<br />
l'on trouve encore un reste <strong>de</strong> l'usage du sospitati. Aux premières vêpres<br />
<strong>de</strong> Noël, le clerc ou assistant, qui, après avoir reçu l'imposition <strong>de</strong> l'antienne<br />
« <strong>de</strong> fructu, » répète ces mots, s'engage par là même à traiter ses confrères<br />
du lutrin.<br />
1<br />
Afforty, VI, 3340; VII, 3937.<br />
2<br />
Afforty, VII, 3573; XVIII, 730.
« Cherons... tenant par <strong>de</strong>rrière à... Muldrac, curé <strong>de</strong> Ra-<br />
« ray. » Ce Muldrac est-il Jacques Muldrac lequel habitait,<br />
lors <strong>de</strong> son testament du 10 août 1542, « <strong>de</strong>vant le Faisan,<br />
« près <strong>de</strong> S. Hi<strong>la</strong>ire ? » Quelle est sa parenté avec l'Antoine<br />
Muldrac, théologal, dont Mallet 1<br />
rapporte que, faisant l'oraison<br />
funèbre <strong>de</strong>s Guises, le 2 mars 1589, il « par<strong>la</strong> fort<br />
« légèrement, » selon son habitu<strong>de</strong>, contre l'honneur du roi? »<br />
— avec l'auteur du Valois Royal ?<br />
La Halle aux pourceaux était proche du Marché aux Samedis<br />
ou p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> Creil 2<br />
.<br />
1<br />
Mallet, p. 851. — Vautier, 152. — Le testament <strong>de</strong> Jacques Muldrac<br />
mentionne monseigneur <strong>de</strong> F<strong>la</strong>chert, grand oncle <strong>de</strong> Jacques<br />
Muldrac; Jean Muldrac, son père; Noël Muldrac, prêtre, <strong>de</strong>meurant à<br />
« Grandville; » Jacques, Pierre et Colette, ses neveux et nièce; « Cécile<br />
« Muldrac, fille à marier. » Afforty, XXIV, 351. — « Lettres <strong>de</strong> provision<br />
« données à Jean Muldrac, « courtier et auneur <strong>de</strong> drap. » (1528-1537).<br />
Arch. <strong>Senlis</strong>, HH, 13.<br />
2<br />
3<br />
4<br />
Afforty, XXIV, 269.<br />
Afforty,I, 123,135; III, 1570; VI, 3397; XVI, 832; XVIII, 252, 364.<br />
Afforty, VII, 3966.<br />
LVIII. — COGNÉE (Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong>).<br />
« In vico qui dicitur vicus securis. 3<br />
» (1234, 1299, 1338).<br />
« Maison rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Quongnée (1342, 1347), contiguë à <strong>la</strong><br />
« rivière qui coule <strong>de</strong>vant les murs <strong>de</strong> l'Eglise Saint-Vin-<br />
« cent. Maison à l'angle <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cognée et <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue<br />
« Pied-<strong>de</strong>-Bœuf. »<br />
Louis Thierry, en 1656, lequel a acheté « une masure<br />
« proche <strong>la</strong> Poterne, tenant à Nico<strong>la</strong>s Féron, d'autre au rem-<br />
« part et à <strong>la</strong> rue Cognière, » <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>la</strong> suppression <strong>de</strong><br />
cette rue « comme chose inutile au public, » ce qui lui fut<br />
accordé le 16 may .<br />
Pourtant <strong>la</strong> rue qui débouche en face <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> <strong>la</strong> prison<br />
porte le nom <strong>de</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cognée.
Quelle est l'étymologie <strong>de</strong> cette dénomination : rue <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Cognée? Peut-être ce quartier était le domicile préféré <strong>de</strong> ces<br />
ouvriers qui façonnaient <strong>de</strong>s chars, chariots, etc., avec <strong>la</strong><br />
gran<strong>de</strong> cognée à <strong>la</strong>me droite (carpenta, carpentarius, charpentier),<br />
ou maniaient <strong>la</strong> petite cognée (menuisiers); ou sa<br />
forme rappe<strong>la</strong>it celle d'une cognée ; ou quelqu'une <strong>de</strong> ses<br />
maisons portait une cognée pour enseigne.<br />
LIX. — * COLLÈGE.<br />
Il faut chercher l'origine première du Collége à <strong>Senlis</strong> dans<br />
les écoles (voir Ecoles) et honorer pour ses fondateurs nos<br />
évêques : Guy <strong>de</strong> P<strong>la</strong>illy, Vast <strong>de</strong> Villers, Arthus Fillon, etc.<br />
Mais son établissement officiel ne date que <strong>de</strong> 1523, alors<br />
que le très savant et original Artus Fillon « a donné l'ancien<br />
« collége qui estoit proche l'église Sainct-Pierre et sur <strong>la</strong><br />
« paroisse Sainct-Rieul 1<br />
.»<br />
L'histoire du Collége et <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s à <strong>Senlis</strong> exigerait une<br />
vaste monographie. L'on me permettra d'indiquer ici seulement<br />
quelques dates :<br />
1562-1585. — Pierre Chevalier 2<br />
, vou<strong>la</strong>nt prémunir par une<br />
science forte <strong>la</strong> jeunesse catholique contre les dangers <strong>de</strong><br />
l'hérésie, montre une sollicitu<strong>de</strong> spéciale pour les intérêts du<br />
Collége ou gran<strong>de</strong> école : l'enseignement sera donné par un<br />
principal et <strong>de</strong>ux régents; une prében<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale<br />
sera affectée à son entretien; chaque élève donnera 20 sols<br />
parisis par mois ; l'évêque choisira le principal d'après « <strong>la</strong><br />
« proposition du chapitre et du corps <strong>de</strong> ville. » Quand les<br />
autorités diverses vivent en bonne harmonie, <strong>la</strong> chose publique<br />
profite. — 1564 et 1565. Le chapître est condamné à<br />
1<br />
Jaulnay, p. 550. — Afforty, XI, 5941.<br />
2<br />
Afforty, XXV, 11, 12, 229.
fournir <strong>la</strong> prében<strong>de</strong> d'un régent 1<br />
. — 1572-1573. Agrandissement<br />
du Collége, moyennant une taille <strong>de</strong> 400 livres prélevée<br />
sur <strong>la</strong> ville 2<br />
.<br />
1581. Guil<strong>la</strong>ume Durand, né à <strong>Senlis</strong>, conseiller au présidial<br />
<strong>de</strong> cette ville, dédie à Pierre Chevalier une traduction <strong>de</strong>s<br />
satires <strong>de</strong> Perse. Il meurt en 1585. Il ne faut pas le confondre<br />
avec Gilles Deschamps, né à <strong>Senlis</strong>, chanoine <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale,<br />
grand maître du Collége <strong>de</strong> Navarre et aumônier <strong>de</strong> Charles VI<br />
(1404), qui avait composé une traduction <strong>de</strong>s comédies <strong>de</strong><br />
Térence avec <strong>de</strong>s notes grecques et <strong>la</strong>tines 3<br />
.<br />
Je ne citerai pas ici le <strong>Senlis</strong>ien Nico<strong>la</strong>s le Sueur, poëte à <strong>la</strong><br />
façon <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume Durand, parce qu'il <strong>de</strong>meurait habituellement<br />
au Collége <strong>de</strong>s Cholets (1603), fondé en 1289 par Jean<br />
<strong>de</strong> Nointel, cardinal <strong>de</strong> Sainte-Cécile.<br />
1623. Réforme du Collége : Daniel Vizet est nommé principal<br />
au lieu <strong>de</strong> P<strong>la</strong>yette, après un concordat intéressant passé<br />
entre celui-ci et les Echevins.<br />
1623. La ville achète à Robert Advenat, moyennant 3150<br />
livres, l'hôtel Sainte-Anne, « maison où l'on fait noces et<br />
« gran<strong>de</strong>s assemblées, fort commo<strong>de</strong> pour establir le Col-<br />
« lége. » Cet hôtel,habité <strong>de</strong>puis par M <strong>de</strong> Bournonville... et<br />
M. Benoit, était situé à l'angle <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Rougemaille et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
rue Bellon, à coté <strong>de</strong>s Trois-Écuelles 4<br />
. Les trois c<strong>la</strong>sses du<br />
Collége y seront installées à <strong>la</strong> Saint-Remy prochain. Offran<strong>de</strong>s<br />
2<br />
1<br />
Mallet, p. 59. — Afforty, XXV, 11, en 1564; 12, 30, en 1565.<br />
Afforty, XII, 7538.<br />
3<br />
Afforty, IV, 2031 ; XXV, 47 : Epître dédicatoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> traduction <strong>de</strong>s<br />
Satyres <strong>de</strong> Perse, par Guil<strong>la</strong>ume Durand, conseiller à <strong>Senlis</strong>, à Mgr Pierre<br />
Chevalier, évêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, en 1567. — D. Grenier, t. CLXV, p. 250. —<br />
Com. arch., II, p. 59 et 62.<br />
4<br />
L'on trouvera aux Arch. <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, GG, 180 : Contrat d'acquisition <strong>de</strong><br />
l'hôtel Sainte-Anne (1623), délibération du conseil d'administration du Collége<br />
(1723), sa fortune (1764), lettre <strong>de</strong> M. Joly <strong>de</strong> Fleury fournissant <strong>de</strong>s<br />
renseignements sur les colléges (1783), lettre <strong>de</strong>s administrateurs du district<br />
sollicitant <strong>de</strong>s renseignements sur le Collége (1791), etc.<br />
IV 12
volontaires. Réparations 1<br />
. — 1624. Le 6 décembre, « jour <strong>de</strong><br />
« Saint-Nico<strong>la</strong>s, le Révérend Père en Dieu Messire Nico<strong>la</strong>s<br />
« Sanguin, » évêque d'une haute vertu et d'une charité incomparable,<br />
« célèbre <strong>la</strong> messe dans <strong>la</strong> chapelle du collége Sainte-<br />
« Anne... Messieurs les Echevins y ont assistez comme<br />
invitez 2<br />
. Et ainsi, » dit Jaulnay, « toutes choses étant muables<br />
« en ce mon<strong>de</strong>, les étu<strong>de</strong>s sont transportées dans le bruit,<br />
« assez proche <strong>de</strong> l'estape au vin. »<br />
1638. Le prési<strong>de</strong>nt Amelot, en vertu <strong>de</strong> lettres-patentes,<br />
unit le Prieuré <strong>de</strong> Saint-Maurice au Collége 3<br />
.<br />
1658. Sous le principal François Testu, établissement d'une<br />
quatrième c<strong>la</strong>sse. Représentation dramatique où foule excessive<br />
et mécontentements 4<br />
. — 1672. Boileau, principal du<br />
Collége, veut réduire les c<strong>la</strong>sses à <strong>de</strong>ux. Opposition du conseil<br />
<strong>de</strong> ville. M. Testu, curé <strong>de</strong> Versigny, est nommé à sa p<strong>la</strong>ce 5<br />
.<br />
1687. Afforty fait mention d'un « écrivain et arithméticien<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> ville 6<br />
. »<br />
1703. Nomination au poste <strong>de</strong> principal <strong>de</strong> Pierre-Augustin<br />
Vavin...; — 1710,<strong>de</strong> Robert Liégeard...; — 1729, <strong>de</strong> Rouyer;<br />
— 1745, <strong>de</strong> Roger Col<strong>la</strong>ie... L'on instruira les pauvres gratuitement...;<br />
— « Permission à François-Nico<strong>la</strong>s-Louis David,<br />
« maître ès-arts.... d'enseigner dans <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>...; »<br />
1749,1756, nomination <strong>de</strong> Pierre Collet, diacre, chantre et<br />
chanoine <strong>de</strong> Saint-Frambourg 7<br />
.<br />
1759 (Vers). Louis-Pierre Anquetil du Perron fut envoyé au<br />
collége <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> que dirigeait alors <strong>la</strong> congrégation <strong>de</strong> Sainte-<br />
Geneviève, pour y réveiller le goût <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s. C'est dans les<br />
1<br />
2<br />
3<br />
4<br />
5<br />
6<br />
7<br />
Afforty, V, 2860; VI, 2985; VIII, 4210 et suiv.<br />
Afforty, XII, 7655 à 7674.<br />
Hist. <strong>de</strong> l'Eglise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, p. 604.<br />
Afforty, V, 2822, 2825; IX, 4872.<br />
Afforty, VII, 3941, 3959, 3969, 3975 et 3977.<br />
Afforty, VIII, 4029; XI, 7187.<br />
Arch. <strong>de</strong> <strong>la</strong> préfect., G. 623, (1747-1759) et 630, (1756-1759).
quelques loisirs <strong>de</strong>s six années qu'il y passa, qu'il composa<br />
son bel ouvrage : De l'Esprit <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ligue — et l'Intrigue<br />
du Cabinet. Anquetil se retira à Paris en 1770, et y<br />
mourut <strong>de</strong>ux ans après. Il serait aisé <strong>de</strong> démontrer<br />
qu'Anquetil eut <strong>la</strong> bonne fortune <strong>de</strong> rencontrer plus d'une<br />
fois, à <strong>Senlis</strong>, le chanoine Rouyer; certains passages <strong>de</strong><br />
l'Esprit <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ligue sont <strong>de</strong>s emprunts faits à l'Essai sur les<br />
antiquités, l'histoire ecclésiastique civile et naturelle du diocèse<br />
<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong><br />
1760. Un tableau indicatif <strong>de</strong>s principales autorités.... qui<br />
fut lors dressé par ordre du gouverneur <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, témoigne que<br />
le Collége était dirigé à cette époque par un principal et trois<br />
professeurs 2<br />
.<br />
1761. Viole, principal. — 1786. David, principal, avec <strong>de</strong>ux<br />
professeurs.<br />
1763. Lorsque l'édit <strong>de</strong> février 1763, ordonna à chaque collége<br />
un bureau d'administration, le collége <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> avait 1400<br />
livres <strong>de</strong> revenus.<br />
1765, 12 juin. « On a remarqué » dit Broisse « que M. Bos-<br />
« quillon, maire, ayant prononcé son discours en <strong>la</strong>tin » à<br />
l'arrivée du général <strong>de</strong>s révérends pères capuçins, « le père<br />
« général lui répondit dans <strong>la</strong> même <strong>la</strong>ngue. » Bosquillon<br />
(Pierre-Joseph), qui fut maire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong> 1765 à 1768,<br />
avait, ajoute Tremb<strong>la</strong>y, « <strong>la</strong> réputation d'un homme <strong>de</strong> grand<br />
« mérite et il avait contracté l'habitu<strong>de</strong>, lorsqu'il al<strong>la</strong>it au-<strong>de</strong>-<br />
« vant <strong>de</strong>s princes qui venaient en notre ville, <strong>de</strong> les haranguer<br />
« par <strong>de</strong>s discours en <strong>la</strong>tin. » Il sera plus aisé <strong>de</strong> rire <strong>de</strong> ce<br />
que l'on appellera <strong>la</strong> manie pédantesque <strong>de</strong> Bosquillon que <strong>de</strong><br />
l'imiter. L'on sait peu le <strong>la</strong>tin aujourd'hui : est-ce au profit du<br />
français ?<br />
1789, 22 février. La signature, sur les cahiers <strong>de</strong>s corpora-<br />
1<br />
Afforty. — Arch. départ., G. 630. — Mémoires <strong>de</strong> <strong>la</strong> Soc. acad. <strong>de</strong><br />
l'Oise, 1847, p. 42.<br />
2<br />
Tremb<strong>la</strong>y, p. 145.
tions, <strong>de</strong> toutes sortes <strong>de</strong> petites gens est « une preuve entre<br />
« mille, » remarque judicieusement M. F<strong>la</strong>mmermont, que le<br />
clergé, chargé, <strong>de</strong>puis le XII e<br />
siècle <strong>de</strong> l'enseignement popu<strong>la</strong>ire<br />
à <strong>Senlis</strong>, n'avait pas failli à sa mission. —Vœux <strong>de</strong>s cahiers<br />
<strong>de</strong>s doléances sur le collége 1<br />
.<br />
LX. — * COMPIÈGNE (Porte <strong>de</strong>).<br />
La première pierre <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte (aujourd'hui disparue) <strong>de</strong><br />
Compiègne avait été posée, le 7 septembre 1753, sur les<br />
<strong>de</strong>ssins <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Peyronnet, en même temps que <strong>la</strong> ville traçait<br />
ou é<strong>la</strong>rgissait à grands frais <strong>la</strong> route qui porta les noms<br />
divers <strong>de</strong> rue Royale, rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, rue Impériale et<br />
Rue Neuve-<strong>de</strong>-Paris.<br />
L'endroit, dit Champ <strong>de</strong> Mars, où se dressait jadis cette porte,<br />
est pré<strong>de</strong>stinée aux fêtes magistrales : c'est là que le Conseil<br />
municipal, présidé par M. Leb<strong>la</strong>nc, lors <strong>de</strong> l'accouchement <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> Reine, le 19 décembre 1778, après neuf années <strong>de</strong> mariage<br />
et <strong>de</strong> <strong>la</strong> naissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> duchesse d'Angoulême, fit élever un<br />
obélisque qui portait en lettres d'or :<br />
« Prima <strong>de</strong>di Henrico sceptrum thronumque <strong>la</strong>banti.<br />
« Hanc, Ludoïx, servo, quae fuit ante, fi<strong>de</strong>m. »<br />
— « La première, j'ai donné à Henri, dont <strong>la</strong> fortune<br />
« avait été jusque-là douteuse, le sceptre et le trône. Mon<br />
« antique fidélité, ô Louis, je te <strong>la</strong> gar<strong>de</strong>. » C'est là que, le<br />
14 juillet 1790, les esprits, dupes <strong>de</strong>s mots, célébraient <strong>la</strong> fédération<br />
générale <strong>de</strong>s Français. M. Desmarest, géomètre — fils<br />
<strong>de</strong> François-Antoine Desmarest, maire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong> 1771 à<br />
1773 2<br />
, — ayant commis le crime <strong>de</strong> paraître à cette fête <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
concor<strong>de</strong> en robe <strong>de</strong> chambre, fut plus tard arrêté et conduit à<br />
1<br />
Com. arch. I, p. 45. — Ibid., 11 e<br />
série. Tome I, page 242 Voir ibid, VI,<br />
p. 33 Ibid, p. 249.—Voir encore sur Collége Afforty, XI, 7147, 7156, 7176.<br />
2<br />
François-Antoine Desmarest avait épousé, le 14 juillet 1760, Jeanne-<br />
Marguerite <strong>de</strong> Saint-Gobert. (Registres <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroisse Saint-Rieul).
Porte <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cite, auprès <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chancellerie (Page 168).
Chantilly dans <strong>la</strong> charrette <strong>de</strong>s victimes. C'est là que, le 20 prairial<br />
an II <strong>de</strong> <strong>la</strong> république (8 juin 1794), les purs d'alors célébraient<br />
sur l'invitation du hi<strong>de</strong>ux Robespierre <strong>la</strong> fête <strong>de</strong> l'Etre<br />
suprême : « Les sociétaires du Comité <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce prome-<br />
« naient pompeusement les bustes <strong>de</strong> Marat et <strong>de</strong> Le Pelle-<br />
« tier..., martyrs <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté! » C'est là que MM. Vatin,<br />
maire, O<strong>de</strong>nt et Pinçon, adjoints, <strong>la</strong> gar<strong>de</strong> nationale, etc.,<br />
élevèrent à Louis Philippe et à sa famille qui se rendaient à<br />
Compiègne pour le mariage <strong>de</strong> <strong>la</strong> princesse Louise avec le roi<br />
<strong>de</strong>s Belges (5 août 1832), un portique avec cette inscription :<br />
« Louise, ton hymen, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux nations fières<br />
« Va resserrer encor les intimes liens ;<br />
« Oui, <strong>la</strong> France app<strong>la</strong>udit à tes riants <strong>de</strong>stins :<br />
« Ce n'est pas nous quitter que d'aller chez nos frères. 1<br />
»<br />
La monographie <strong>de</strong> cette porte n'est-elle point comme une<br />
histoire <strong>de</strong>s révolutions humaines et du néant <strong>de</strong>s enthousiasmes<br />
popu<strong>la</strong>ires?...<br />
« Ils ont dit heureux qui possè<strong>de</strong> ces choses : heureux plutôt<br />
« le peuple qui a pris Dieu pour Seigneur. » Ps. CXLIII, 15.<br />
LXI. — CONTRESCARPE (Cours <strong>de</strong> <strong>la</strong>).<br />
Entre <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Creil et <strong>la</strong> rue Saint-Rieul (Voir Aiguillière).<br />
Il existait en cet endroit une <strong>de</strong>mi-lune (1719), 2<br />
qui<br />
défendait <strong>la</strong> ville du côté du jardin du Roy. De ce cours <strong>la</strong><br />
vue s'étend agréablement sur Villevert (vil<strong>la</strong> viridis), le Tomberet<br />
où les réformés eurent un temple (1645), <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong><br />
Ha<strong>la</strong>tte et <strong>la</strong> butte b<strong>la</strong>nche d'Aumont.<br />
LXII. — COQUILLES (Rue aux).<br />
« Rue coquilles (1331, 1448, 1508, 1518) ou rue aux<br />
1 Broisse, 138, 147, 172.<br />
2 Afforty, XVI, 3010.
« coquilles; maison faisant le coin <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue aux coquilles et<br />
« <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pou<strong>la</strong>illerie 1<br />
. »<br />
Elle forme un angle droit avec <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pou<strong>la</strong>illerie et<br />
réunit <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce La Varan<strong>de</strong> à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Beauvais ou Saint-<br />
Aignan.<br />
Ce nom <strong>de</strong> : aux coquilles lui vient du voisinage <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> Pou<strong>la</strong>illerie ou <strong>de</strong>s poulets, — ou d'un hôtel <strong>de</strong>s<br />
coquilles.<br />
1<br />
Afforty, III, 12; XXI, 411; XXIII, 523, etc. — Un Jean Muldrac, mari<br />
<strong>de</strong> Marguerite Conin, habitait, rue <strong>de</strong> Paris, un hôtel <strong>de</strong>s coquilles. Remarquer<br />
que <strong>de</strong>s Muldrac <strong>de</strong>meuraient près <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce La Varan<strong>de</strong>, rue <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Cochonnerie ; XXIV, 670.<br />
2<br />
Afforty, IX, 4870 : Origine et antiquité <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> ; XV, 570,<br />
573, 756, XVII. — Graves a commis ici une confusion, p. 140.<br />
3<br />
LXIII. — CORDELIERS.<br />
1. En 1228, les Franciscains ou frères mineurs que le chancelier<br />
Guérin avait appelés à <strong>Senlis</strong>, — ce grand homme éprouvait<br />
le besoin <strong>de</strong> multiplier autour <strong>de</strong> lui <strong>la</strong> prière, — commencent<br />
à élever en <strong>la</strong> paroisse Saint-Pierre une chapelle sous<br />
l'invocation <strong>de</strong> saint Etienne, le premier martyr. Afforty nous<br />
a conservé <strong>la</strong> copie <strong>de</strong> <strong>la</strong> permission que le chapitre <strong>de</strong> Notre-<br />
Dame leur accorda pour ce et pour un cimetière 2<br />
. Vaultier<br />
croit que l'église Saint-Etienne, dont le promeneur aperçoit<br />
encore les restes défigurés sur les bords artificiels <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle<br />
rivière, était une continuation <strong>de</strong> ce monastère primitif.<br />
Voir en Afforty le texte d'une donation que Marie, veuve <strong>de</strong><br />
Lambert <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte, maire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, fit, au mois <strong>de</strong> mai 1244,<br />
à l'église Saint-Etienne et au curé du vieux dortoir <strong>de</strong>s frères<br />
mineurs 3<br />
.<br />
2. Vingt ans s'étaient à peine écoulés <strong>de</strong>puis l'arrivée <strong>de</strong>s<br />
cor<strong>de</strong>liers à <strong>Senlis</strong> qu'une charte d'Adam <strong>de</strong> Chambli<br />
Afforty, XII, 7731, n° 72, renvoie à III, 1125 et v, 2103.
(sept. 1243) approuve le consentement qu'Herbert, curé <strong>de</strong><br />
Sainte-Geneviève, leur a donné <strong>de</strong> se transporter sur sa<br />
paroisse 1<br />
. 1248, Le cloître du couvent était achevé, puisque<br />
nous lisons dans le nécrologe <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers que « Jean-le-<br />
« Chat 2<br />
fut lors enseveli <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> porte du cloître. » — 1267,<br />
Saint Louis les autorise à percer <strong>la</strong> muraille <strong>de</strong> leur jardin pour<br />
y faire entrer l'eau <strong>de</strong> <strong>la</strong> rivière. Dans les titres <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison<br />
appelée Bellevue, que le citoyen Chaillou, maître perruquier<br />
et cabaretier, possédait en 1794, rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, « vis-à-<br />
« vis le rempart <strong>de</strong> Saint-Vincent et formant le coin du rem-<br />
« part opposé, » il est fait mention d'un « caveau ou galerie <strong>de</strong><br />
« 50 pieds <strong>de</strong> long sur 4 pieds 3 pouces <strong>de</strong> <strong>la</strong>rge et 5 pieds et<br />
« <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> haut, qui al<strong>la</strong>it <strong>de</strong> l'extrémité du jardin <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>-<br />
« liers à <strong>la</strong> rivière 3<br />
. »<br />
Le portefeuille <strong>de</strong> Gaignières contient les <strong>de</strong>ssins d'un<br />
certain nombre <strong>de</strong> tombes qui existaient autrefois dans l'église<br />
<strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>liers, — 1285, <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong> Bleame ; — 1288, d'Isabeau<br />
<strong>de</strong> Ma<strong>la</strong>ssise; — 1341, <strong>de</strong> Renaud <strong>de</strong> Creil; — 1513, <strong>de</strong><br />
Gratien <strong>de</strong> Saint-Per; — 1514, <strong>de</strong> Janico du Hal<strong>de</strong>.<br />
1306. Nous lisons dans les titres <strong>de</strong>s frères mineurs :<br />
« Monitions que fit frère Gilles, ministre <strong>de</strong>s frères <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
« maison <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>... pour retrancher <strong>de</strong> <strong>la</strong> superfluité <strong>de</strong>s<br />
« vêtements et pouvoir ainsi subvenir plus abondamment aux<br />
« nécessités <strong>de</strong>s pauvres, etc. » Suivent <strong>de</strong>s règlements très<br />
curieux sur <strong>la</strong> réserve, le silence, les pénitences, etc 4<br />
.<br />
1311. « Damoiselle Jeanne, fille du seigneur Jean <strong>de</strong> Chan-<br />
« tilly, ensevelie dans <strong>la</strong> chapelle Notre-Dame en notre vête-<br />
1<br />
Afforty, I, 478; X, 5610, 5612. Titres <strong>de</strong>s frères mineurs,<br />
2<br />
Afforty, XVII, 31 et suiv. : Extrait du Nécrologe <strong>de</strong>s frères mineurs <strong>de</strong><br />
<strong>Senlis</strong>, écrit par frère Pierre Pymont.<br />
3<br />
Communiqué par M. Frémy.<br />
4<br />
Afforty, X, 5610 et XVII, 263.
« tement l<br />
. » L'on voit apparaître cet usage fréquent <strong>de</strong> se<br />
couvrir, dans l'agonie et <strong>la</strong> tombe, du saint habit <strong>de</strong>s religieux,<br />
comme d'une protection. Ainsi « Isabelle Avice, maîtresse <strong>de</strong>s<br />
« béguines, ensevelie... dans notre habit, <strong>la</strong>quelle fut très<br />
« particulièrement une fille spirituelle <strong>de</strong>s frères et une mère<br />
« <strong>de</strong> l'ordre (1381); Agnès <strong>de</strong> Montigni ou <strong>de</strong> Fontaines<br />
« (1383) ; le chanoine Etienne <strong>de</strong> Chambli, etc. »<br />
1341. Mort <strong>de</strong> dame Gillette <strong>de</strong>s Barres, qui aida gran<strong>de</strong>ment<br />
à <strong>la</strong> construction du cloître «à <strong>la</strong> recommandation <strong>de</strong> dame Isa-<br />
« belle <strong>de</strong> Sery (<strong>de</strong> Sarriaco), abbesse <strong>de</strong>s dames <strong>de</strong> Pont, etc. »<br />
1347. Jean Mail<strong>la</strong>rd, chevalier, et Jeanne, dite Levante, sa<br />
femme, domiciliés à <strong>Senlis</strong>, se présentent <strong>de</strong>vant l'évêque<br />
<strong>de</strong> Paris, J. Foulques, pour lui déc<strong>la</strong>rer leur intention <strong>de</strong> se<br />
désunir. Mail<strong>la</strong>rd entre chez les Cor<strong>de</strong>liers. — 1365, 28 avril,<br />
« Adam <strong>de</strong> Nemours, » au rapport <strong>de</strong> Jaulnay, « élit sa sépul-<br />
« ture en l'église <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers, nouvellement bâtie 2<br />
. »<br />
Adam mourut en 1377.<br />
1390. « Le II <strong>de</strong>s calen<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mai, » dit le Nécrologe<br />
déjà cité, « noble et puissant homme messire Amaury<br />
« d'Orgemont, chevalier, seigneur <strong>de</strong> Montjay et Chantilly, »<br />
maître <strong>de</strong>s requêtes, « lequel a réparé le clocher <strong>de</strong> notre<br />
« église La messe sera dite [pour son âme] ici et,<br />
« tant que sa race durera, au châtel <strong>de</strong> Chantilly, tous les<br />
« dimanches et fêtes solennelles. » Le château <strong>de</strong> Chantilly,<br />
que les Jacques et les Gran<strong>de</strong>s compagnies avaient en <strong>partie</strong><br />
ruiné, était, à cette époque <strong>de</strong> 1390, en reconstruction. Ce sera<br />
une sainte tradition chez les nobles seigneurs <strong>de</strong> Chantilly <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r aux pauvres frères <strong>de</strong> Saint-François le repos <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
tombe. Le bruit <strong>de</strong>s armes et les cris du siècle s'endormiront<br />
au murmure <strong>de</strong> <strong>la</strong> prière... Là, se retrouveront les restes <strong>de</strong><br />
1<br />
Afforty, XVII où Extrait du nécrologe <strong>de</strong>s frères mineurs ; XVIII, 354 •<br />
Dissolution du mariage <strong>de</strong> J. Mail<strong>la</strong>rd, etc.<br />
2<br />
Jaulnay, p. 494. — Afforty, I, 565; x, 569; xv, 756; XXIII. 338
Dreux <strong>de</strong> Mello ; <strong>de</strong> A<strong>de</strong> et Jean <strong>de</strong> Chantilly, son fils (1343);<br />
<strong>de</strong> Pierre d'Orgemont, qui donna aux frères, entr'autres générosités,<br />
« <strong>de</strong> beaux ornements <strong>de</strong>s morts. » (8, Kal. <strong>de</strong> nov.,<br />
1415) ; <strong>de</strong> Louis <strong>de</strong> Bourbon, fils aîné <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong> Bourbon,<br />
mort à Louvres en 1463; <strong>de</strong> Marie <strong>de</strong> Roye (10 septembre<br />
1470) ; <strong>de</strong> Pierre III d'Orgemont (10 mai 1492), son mari, conseiller<br />
et chambel<strong>la</strong>n du roi; <strong>de</strong> Marguerite d'Orgemont,<br />
dame <strong>de</strong> Montmorency, (13 octobre 1488), <strong>la</strong>quelle, après avoir<br />
été très généreuse envers le couvent, <strong>de</strong>manda d'être ensépulturée<br />
à côté <strong>de</strong> sa mère, en <strong>la</strong> chapelle Notre-Dame, comme<br />
il fut rappelé par Perceval <strong>de</strong> Billy, l'un <strong>de</strong> ses exécuteurs.<br />
Marguerite d'Orgemont avait épousé Guil<strong>la</strong>ume Broul<strong>la</strong>rd,<br />
puis Jean II <strong>de</strong> Montmorency. Ce funèbre ren<strong>de</strong>z-vous recevra,<br />
en 1510, le cœur d'Anne Pot, femme <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Montmorency,<br />
dont le corps est dans l'Eglise <strong>de</strong>s chanoines ou <strong>de</strong><br />
S. Martin <strong>de</strong> Montmorency. « Sexto calendas Martii, » dit le<br />
nécrologe, « obiit Domicel<strong>la</strong> <strong>de</strong>... cujus cor sepultum est in<br />
« tomba Domini <strong>de</strong> Monjay et <strong>de</strong> Chantilliaco prope ostium<br />
« capelle passionis... suo enim tempore multum dilexit con-<br />
« ventum. » Epitaphe, dit Afforty, sur une pierre carrée, au<br />
bas <strong>de</strong> <strong>la</strong> sépulture <strong>de</strong> Pierre d'Orgemont et <strong>de</strong> Marie <strong>de</strong><br />
Roye : « Cy gist le cœur <strong>de</strong> noble damoiselle Anne Pot, en<br />
« son vivant femme <strong>de</strong> feu noble homme M. Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong><br />
« Montmorency, <strong>la</strong>quelle trespassa à Chantilly. » Puis<br />
viendront Françoise Auré ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tour, femme <strong>de</strong> noble<br />
homme Yvon Pierre , chevalier, seigneur <strong>de</strong> Bellefontaine<br />
en Anjou, morte à Chantilly (1538); Anne <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tour (1539) ;<br />
Ma<strong>de</strong>leine Dioces, femme <strong>de</strong> Charles d'Aleth, seigneur <strong>de</strong><br />
Corbie et Mernou, gouverneur <strong>de</strong>s enfants d'Anne <strong>de</strong> Montmorency<br />
(17 juin 1550); Eléonore <strong>de</strong> Montmorency, fille<br />
aînée d'Anne, duc <strong>de</strong> Montmorency, connétable <strong>de</strong> France, et<br />
<strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>leine <strong>de</strong> Savoie, mariée le 15 février 1595 à François<br />
III <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tour, vicomte <strong>de</strong> Turenne 1<br />
.<br />
1<br />
Jaulnay. ,519,535.— Histoire <strong>de</strong> l'Eglise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, 417, 421, 440. —
1401, 5 juin. Mort <strong>de</strong> Rieul l'Homme, Regulus hominis,gardien<br />
<strong>de</strong> ce couvent,« grand prédicateur et extirpateur <strong>de</strong>s vices.»<br />
— 1414. XIII Kal. maii. « Obiit venerabilis vir Dominus<br />
« Garssias Asturianus cappitaneus yspanorum. » — 1424. Le<br />
général <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers, qui <strong>de</strong>meurait lors à <strong>Senlis</strong> avec quatre<br />
théologiens, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> pourvoir le couvent <strong>de</strong> blé,<br />
vin, bois à brûler, etc., ce qui est accordé. C'était à l'époque<br />
où <strong>la</strong> France, relevée miraculeusement par Jeanne d'Arc,<br />
secouait le joug <strong>de</strong> l'étranger. Alors <strong>la</strong> Pucelle honorait <strong>de</strong> son<br />
passage <strong>Senlis</strong> qui convenait <strong>de</strong> traiter dignement l'élue <strong>de</strong><br />
Dieu et « trente ou quarante <strong>de</strong> sa compagnie. » L'évêque<br />
Simon Bonnet lui fournissait une haquenée...<br />
1431. Ensépulture <strong>de</strong> Jeanne <strong>de</strong> Fosseuse.<br />
1414, 26 septembre. « Mort <strong>de</strong> noble, très-puissant et brave<br />
« chevalier Berard <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bret, qui donne pour <strong>la</strong> réparation <strong>de</strong><br />
« l'église 100 écus d'or, etc. »<br />
1448. L'on admirait chez les Cor<strong>de</strong>liers, <strong>de</strong>vant le maître<br />
autel, <strong>la</strong> tombe <strong>de</strong> Jean Raphaël, confesseur <strong>de</strong> <strong>la</strong> reine tristement<br />
célèbre Isabeau <strong>de</strong> Bavière, prisonnier <strong>de</strong>s Ang<strong>la</strong>is....<br />
« Hic jacet bonae memoriae Reverendus in Christo Pater<br />
« Joannes Raphael, ordinis fratrum minorum, theologiae pro-<br />
« fessor et episcopus silvanectensis, ambaciator Regis Franciae<br />
« ad curiam Romanam ac Reginae confessor, qui, vita comite,<br />
« consecravit in successorem nobilem virum magistrum Simo-<br />
Duchesne : Histoire généalogique <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> Montmorency, p. 364, où<br />
figure d'Anne Pot, etc. — Afforty, IX, 602, 4769, 4792, 4793; XXII, 354;<br />
XXIII, 308 : Epitaphe <strong>de</strong> Pierre d'Orgemont, en 1511. — Portefeuille,<br />
Gaignières, t. VI, f os<br />
8, 13; VII, 73, 74; VIII, 41, où portraits et tombeau<br />
<strong>de</strong> Pierre II d'Orgemont et <strong>de</strong> Marie <strong>de</strong> Roye, figure <strong>de</strong> Françoise<br />
Auré. — Montfaucon, t, III, pl. n° 1 ; IV, pl. 7, n° 4, et <strong>Bibliothèque</strong><br />
nationale, mss. boites <strong>de</strong> l'ordre du S. Esprit: D'Orgemont, où mêmes<br />
portraits. — Charles-Antoine <strong>de</strong> Billy, seigneur d'Antilly, épouse Anne <strong>de</strong><br />
Garges (1739-1749).
« nem Bonnet hujus conventus benefactorem et amicum prae-<br />
« cipuum, qui obiit anno domini MCCCCXLVIII vigesimo quarto<br />
« septembris 1<br />
.» Les Cor<strong>de</strong>liers avaient reçu <strong>de</strong> Jean Raphael<br />
sa mître <strong>de</strong> satin et sa crosse <strong>de</strong> cuivre. — Voir sa tombe<br />
au Musée du Comité.<br />
1496 (Vers). Grâce à Simon Bonnet « doctrina magnus po-<br />
« pulo, sed corpore parvus, » <strong>la</strong> nef <strong>de</strong> l'Eglise <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers<br />
fut réparée ou plutôt reconstruite 2<br />
. Son oncle Simon Bonnet,<br />
curé <strong>de</strong> Saint-Aignan, y reçut <strong>la</strong> sépulture.<br />
1499 et 1501. Le corps <strong>de</strong> ville octroye aux Cor<strong>de</strong>liers cent<br />
livres tournois « pour les ai<strong>de</strong>r à parachever le bâtiment <strong>de</strong> leur<br />
« église. » L'histoire <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers contient plus d'un trait <strong>de</strong><br />
semb<strong>la</strong>ble générosité. — En 1461, douze écus d'or, don <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
commune, avaient allégé pour les frères les frais <strong>de</strong> leur<br />
syno<strong>de</strong> ou assemblée générale. « Et sur <strong>la</strong> requeste présentée<br />
« par <strong>de</strong>ux religieux du couvent <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, a été<br />
« délibéré qu'il leur sera baillé et aulmoné, en faveur <strong>de</strong>s<br />
« prières et services qu'ils font généralement, chacun jour, en<br />
« leur église et monastère, tant pour le Roy notre seigneur,<br />
« son sang royal, pour <strong>la</strong> paix <strong>de</strong> présent encommencée avec<br />
« l'Esleu Empereur, que pour <strong>la</strong> prospérité et santé <strong>de</strong> notre<br />
« ville, <strong>la</strong> somme <strong>de</strong> 6 livres parisis pour leur vivre, nourriture<br />
« et entretenement, etc. » — 1508. La commune fait un nouveau<br />
don <strong>de</strong> cinquante livres à l'église <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers et à <strong>la</strong> Chapelle<br />
S. Eloi. — 24 mars 1526. Au lieu du baril <strong>de</strong> harengs qu'on<br />
leur distribuait tous les ans « en temps <strong>de</strong> caresme, leur<br />
« sera donné cent sols tournois. » — En 1665, chapitre provincial<br />
<strong>de</strong> Cor<strong>de</strong>liers à <strong>Senlis</strong>. Quête. — Lors du syno<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />
1781, 28 mai au 3 juin, <strong>la</strong> municipalité fidèle à ses tradi-<br />
1<br />
Afforty, XXI, 416. Epitaphe <strong>de</strong> Raphaël. — Jaulnay, 509. — Voir<br />
Com. arch. VI, p. XV et XVI où autres indications sur tombes trouvées<br />
aux Cor<strong>de</strong>liers, VII, p. IV.<br />
2<br />
Afforty, XXII, 655, 671.
tions <strong>de</strong> reconnaissance chrétienne, octroiera au couvent <strong>de</strong>s<br />
Cor<strong>de</strong>liers un secours <strong>de</strong> cent-vingt livres 1<br />
.<br />
1502. Le chapitre, 1 er<br />
février 1502, donne <strong>la</strong> permission d'user<br />
<strong>de</strong> beurre et <strong>de</strong> <strong>la</strong>itage pendant le carême, sous <strong>la</strong> condition<br />
d'une aumône <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ou quatre <strong>de</strong>niers parisis qui seront appliqués<br />
à <strong>la</strong> réparation <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers. — L'église <strong>de</strong>s<br />
Cor<strong>de</strong>liers, outre le grand autel dont le prieur Pierre Mercier,<br />
Petrus Mercerii, a donné <strong>la</strong> « table » avec un reliquaire d'argent<br />
carré 2<br />
..., avec un « past » (pastus, repas funèbre) et un<br />
reliquaire pour p<strong>la</strong>cer le corps du seigneur dans le paradis<br />
(chapelle improvisée pour le jeudi Saint, reposoir), renfermait<br />
les chapelles <strong>de</strong> <strong>la</strong> Passion, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vierge, où les seigneurs<br />
<strong>de</strong> Chantilly avaient leur sépulture, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Conception où dormaient<br />
dans <strong>la</strong> mort Christophe <strong>de</strong> Garges, capitaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fère<br />
(6 mars 1551), seigneur d'Ormoy et Villers, et le jeune<br />
Règne <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine (<strong>de</strong> Fonte), fils du seigneur d'Ognon<br />
(1551), <strong>de</strong> saint François, <strong>de</strong> saint Louis, où repose le corps du<br />
gardien Lebrun, <strong>de</strong> saint Martin, « le long du mur <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue, »<br />
<strong>de</strong> saint Marcoul « où était inhumée Liénor <strong>de</strong> Trie, épouse <strong>de</strong><br />
« Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Chantilly, » <strong>de</strong>s confréries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Passion,<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> Conception <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vierge, <strong>de</strong>s saints François et Antoine<br />
<strong>de</strong> Padoue et <strong>de</strong>s saints Fiacre et C<strong>la</strong>u<strong>de</strong>, « un beau<br />
« cloître » que bénit en 1581 Pierre le Chevallier, et <strong>de</strong>s<br />
écoles <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> porte <strong>de</strong>squelles « ont reçu <strong>la</strong> sépulture les<br />
« saintes religieuses du Lys <strong>de</strong> <strong>la</strong> bienheureuse Vierge. 3<br />
»<br />
1569. Les prieurs <strong>de</strong> Bray, dont l'hôtel était voisin, choi-<br />
1<br />
Arch. dép., G. 620. — Arch. <strong>Senlis</strong>, CC, 215. — Afforty, VIII,<br />
4546, 4548, en 1500; 4553, en 1507, pour achèvement d'une verrière. —<br />
Dom Grenier, t. CL.XV, p. 194.<br />
2<br />
« Tabu<strong>la</strong>m majoris altaris reliquiare argenteum quadratum , unum<br />
« ferculum et reliquiare ad reponendum corpus Domini in paradiso.<br />
3<br />
Vaultier, p. 398. — Jaulnay, p. 590. — Afforty, XVII, Nécrologe,<br />
XXIII, 119. Lettre du général Gilles Delphin (1504), — et Portefeuille Gaignieres,<br />
T. VI, f° 12. — Pierres tombales à Ormoy, <strong>de</strong> Pierre <strong>de</strong> Garges<br />
(1639) .. et <strong>de</strong> Charles et François <strong>de</strong> Garges, fils <strong>de</strong> Pierre <strong>de</strong> Garges et<br />
<strong>de</strong> dame Philippe <strong>de</strong> Pellevé (16.9).
Porte à l'ancien Couvent <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers (Page 190).
sissaient souvent chez les Cor<strong>de</strong>liers leur sépulture. C'étaient,<br />
par exemple, Robert Berthe, 19 e<br />
prieur <strong>de</strong> Bray, lequel mourut<br />
le 25 novembre 1569, <strong>la</strong>issant une gran<strong>de</strong> réputation <strong>de</strong> sainteté,<br />
Roger ou Remi Robineau (1595), François Grin ou<br />
Brin, natif <strong>de</strong> saint Quentin (1611) 1<br />
.<br />
1589. Mallet,Vaultier et l'écrivain, leur contemporain, qui a<br />
écrit <strong>la</strong> surprise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> par<strong>la</strong> Ligue, etc.,nous peignent dans<br />
ces Cor<strong>de</strong>liers autant <strong>de</strong> Ligueurs ar<strong>de</strong>nts. Le contraire eût<br />
étonné : ils suivaient en ce<strong>la</strong> Guil<strong>la</strong>ume Rose, le théologal<br />
Muldrac, le bailli <strong>de</strong> Rasse, Nico<strong>la</strong>s Vaultier, probablement le<br />
frère <strong>de</strong> Jean Vaultier, etc.<br />
1594. Chauveau, ancien curé <strong>de</strong> Saint-Gervais et protégé <strong>de</strong>s<br />
Montmorency, lequel mourut plus tard chez les Cor<strong>de</strong>liers<br />
« d'un bouillon trop chaud, » dit le journal d'Henri IV, prêche<br />
à Notre-Dame à <strong>la</strong> fête <strong>de</strong> Noël, 1594, « et y avoit si grand<br />
« nombre <strong>de</strong> personnes que l'on ne pouvoit entrer <strong>de</strong>dans<br />
« l'église ; » s'animant contre les duels, l'orateur s'écria :<br />
« Sire, vous en répondrez <strong>de</strong>vant Dieu, si vous n'y donnez<br />
« ordre. » Sur quoi, le prince ayant appelé Chauveau : « Ventre<br />
« Saint-Gris, » lui dit-il avec une aimable badinage, « vous avez<br />
« très bien parlé; continuez <strong>de</strong> <strong>la</strong> sorte; c'est ce que doivent<br />
« faire les prédicateurs que <strong>de</strong> dire <strong>la</strong> vérité aux grands comme<br />
« aux petits, aux ecclésiastiques comme aux séculiers, toute-<br />
« fois avec pru<strong>de</strong>nce et mo<strong>de</strong>stie. »<br />
1595. M. <strong>de</strong> Marcil<strong>la</strong>c, tué au siége <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fère, est déposé<br />
chez les Cor<strong>de</strong>liers.<br />
Les esprits plus curieux <strong>de</strong>s détails <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers,<br />
pourront étudier avec plus <strong>de</strong> développements <strong>de</strong>s chapîtres <strong>de</strong><br />
ce genre : 1508 2<br />
« Pour une procession qui se fait tous les ans<br />
1<br />
Notice sur le prieuré <strong>de</strong> Bray, à <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> l'Histoire <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong><br />
<strong>Senlis</strong>, et — Afforty, I, 200 à 206; XI, 6028, 6030. — Voir en Afforty, XI,<br />
6029; XVII : Nécrologe Julius, VIII idus; XVIII, 500, 576 : Pierre <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
Barre, prieur <strong>de</strong> Bray en 1354, 1356.<br />
2<br />
Arch. <strong>Senlis</strong>, CC. en 1424, 1481, - 1599, 1605, 1619. — Vaultier,
« le jour <strong>de</strong> saint François aux Cor<strong>de</strong>liers (1508), fondée par<br />
« monseigneur Bonnet. » — 1605. Stations et confréries. Les<br />
comptes <strong>de</strong> l'hôtel <strong>de</strong> ville mentionnent souvent quelque cor<strong>de</strong>lier<br />
prêchant l'Avent, le Carême, le sermon <strong>de</strong> l'Escacale,<br />
etc 1<br />
. — 1625. Le frère Nico<strong>la</strong>s Malice se permet en<br />
chaire contra l'évêque <strong>de</strong>s sorties peu respectueuses. —<br />
1645. Sont inhumés aux Cor<strong>de</strong>liers, Jean Cuisette, ses parents<br />
et son aïeul. — 1652. Item, Philippe <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye et<br />
Pierre le Picart, <strong>de</strong> Crépi, prêtre. — 1667. Deux professeurs<br />
enseignent <strong>la</strong> philosophie chez les Cor<strong>de</strong>liers.<br />
Le couvent où prièrent les gardiens et frères Thyard (1336),<br />
Simon B<strong>la</strong>yne (1414), Robert Crépin (1428), Michel Cavil<strong>la</strong>t<br />
(1444), Mathieu du Plessis (1462), « aimé <strong>de</strong> tous comme il<br />
« le méritait, » Geoffroy <strong>de</strong> Baye et Pierre Pascot (1487),<br />
Simon Sauvage (1489), François Dalousie (1500), Jacques le<br />
Gouverneur (1502), Simon Poitevin (1520), Renaud Sauvage<br />
(1542), François Léger (1548), Jean l'Ange (octobre 1559),<br />
Pierre Petit <strong>de</strong> Saint-Leu (1581), Jean Pelletier (prêtre), Conradin<br />
(1608), Deligne, Louis Bor<strong>de</strong>t, Henri Trézel, François Rochefort,<br />
Martial <strong>de</strong> S. Cyrille, prieur (1673), Dominique<br />
Daillet (1722-1730), Meunier, Antoine Voisin (1730-1743),<br />
Nico<strong>la</strong>s Regnard (1744-1759), François-Elie Decalogne (1786),<br />
n'est plus qu'un souvenir que le nom d'une rue défend à peine<br />
contre un oubli complet; « son beau cloître et grand pourpris<br />
« <strong>de</strong> logis et jardinage tenant aux bons hommes » ont disparu<br />
<strong>de</strong>vant mille exigences <strong>de</strong>s choses et du temps.<br />
« Les restes du couvent <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers » dit Graves, « mon-<br />
« trent [montraient] une porte en arc-tudor à moulures angu-<br />
« leuses, avec cymaise arrêtée sur <strong>de</strong>s médaillons... et une<br />
« statuette à l'angle <strong>de</strong> l'acco<strong>la</strong><strong>de</strong>. »<br />
Les Cor<strong>de</strong>liers ont <strong>la</strong>issé leur nom à <strong>la</strong> rue,—dont une <strong>partie</strong><br />
292. — Jaulnay, 613. — Afforty, VII. 3874, 3879, 3993; XII. 7731 :<br />
Cartu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l'Hôtel-<strong>de</strong>-Ville. — Portef. Gaignières. T. VI, folios 2 et 7.<br />
1<br />
Arch. départ. G. 623, où missions à Eve, P<strong>la</strong>illy, Baron, etc.—Vaultier,<br />
398. — Afforty, VII, 3371, 3376, 3378; XVII, 31, Nécrologe. etc.
longeait leur monastère, — qui va <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Vieille-<strong>de</strong>-Paris<br />
jusqu'à <strong>la</strong> Poterne. Le nom <strong>de</strong> rue du Temple, qu'elle portait<br />
aussi (1522), est réservée aujourd'hui à l'un <strong>de</strong> ses tronçons,<br />
<strong>de</strong> l'autre côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Neuve-<strong>de</strong>-Paris.<br />
Signalons dans son parcours l'Ecu, adossé jadis aux<br />
Carmes, <strong>la</strong> Pomme-Rouge, faisant le coin <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue<br />
<strong>de</strong> Paris et <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers, (avant 1471), l' Hôtel du F<strong>la</strong>mand<br />
1<br />
, du F<strong>la</strong>mant, du F<strong>la</strong>mmeng, ou du F<strong>la</strong>ment, dont<br />
M. Graves dit :<br />
« L'hôtel occupé par <strong>la</strong> sous-préfecture, rue du Temple, a<br />
« un escalier en tourelle dont <strong>la</strong> porte est décorée d'une ogive<br />
« trilobée simulée : le toit est un cône <strong>de</strong> pierre; le reste, qui,<br />
« date certainement du XIII e<br />
siècle, a été remaniée, » et<br />
M. Am. Margry, dans sa très consciencieuse Notice sur <strong>de</strong>ux<br />
anciennes maisons <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> : Cette maison ou « otel du F<strong>la</strong>mant<br />
« appartenait en 1418 2<br />
, à Jacques <strong>de</strong> Villiers, seigneur<br />
<strong>de</strong> Villiers-le-Bel et Regnaul<strong>de</strong> <strong>de</strong> Pacy, sa femme, est vendue<br />
cent trente ans après à Artus <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine et François<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine son fils, seigneur d'Ognon 3<br />
, passe successivement<br />
entre les mains d'Antoine Duquesne, marchand <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
ville, en 1605... <strong>de</strong> Fr. Seroux, seigneur <strong>de</strong> Commo<strong>de</strong>lle<br />
et <strong>de</strong> Bienville, maître <strong>de</strong>s eaux et forêts <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, en 1675 4<br />
,<br />
1<br />
2<br />
Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 29. — Afforty, XXI,685, en 1460.<br />
Com. arch., 2 e<br />
série. T. III, p. 215 à 228.<br />
3<br />
Arthus <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine-So<strong>la</strong>ro, baron d'Ognon, hérita du gouvernement<br />
<strong>de</strong> Crépy, fut grand-maître <strong>de</strong>s cérémonies sous Henri II, François I er<br />
.<br />
Charles IX et Henri III, ambassa<strong>de</strong>ur à Constantinople et à Vienne, puis<br />
lieutenant-général <strong>de</strong> l'Isle-<strong>de</strong>-France, amena, disent certains étymologistes,<br />
sa manie du cérémonial le proverbe : « se mettre en rang d'oignon... »<br />
François <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine fut gouverneur <strong>de</strong> Pont-Sainte-Maxence, se rendit<br />
caution <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ttes <strong>de</strong> <strong>la</strong> reine Marie <strong>de</strong> Médicis, lorsqu'elle sortit du royaume,<br />
fut contraint <strong>de</strong> vendre les terres d'Ognon, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine et <strong>de</strong> Bertinval,<br />
et mourut en 1632.<br />
4<br />
Voir Registres municipaux <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, lettres <strong>de</strong> noblesse accordées à<br />
M. Seroux <strong>de</strong> Commo<strong>de</strong>lle en 1720. — En 1792, François-Louis Seroux,<br />
capitaine <strong>de</strong> dragons, propriétaire à Lamor<strong>la</strong>ye, vend à Charles Daniel
servit <strong>de</strong> sous-préfecture et « se recomman<strong>de</strong> par quelques<br />
« beaux spécimens <strong>de</strong> l'architecture civile du XIV E<br />
siècle. —<br />
M. Am. Margry pense que cette maison, dont il est aujourd'hui<br />
le possesseur très hospitalier, doit son nom à une famille<br />
<strong>de</strong> F<strong>la</strong>menc, notable à <strong>Senlis</strong>; je partage volontiers cette<br />
opinion. Afforty cite à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> vers 1371 1<br />
, un Jean le F<strong>la</strong>ment,<br />
trésorier <strong>de</strong> guerre. La déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522 dit d'une<br />
maison, « séant <strong>de</strong>vant les changes, » qu'elle appartint « par<br />
« avant à Adam le F<strong>la</strong>meng 2<br />
. »<br />
Notons encore les hôtels <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong> Liesse, <strong>de</strong> l'A—<br />
gnus Dei « <strong>de</strong>vant l'église <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers, faisant le coing <strong>de</strong><br />
« <strong>la</strong> rue en venant à Sainte-Geneviève... » (1528-1530), et<br />
du prieur <strong>de</strong> Bray, Le 13 E<br />
prieur <strong>de</strong> Bray, Jean IV dit Petit<br />
(1484 à 1505), avait acheté cette maison à cause <strong>de</strong>s guerres ;<br />
du prieur <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, tenant au four du<br />
Temple (1303) ; du Four du Temple (1486); <strong>de</strong> Saint-Victor<br />
(1696) ; <strong>la</strong> ruelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> C<strong>la</strong>ye s'ouvrait auprès. Un titre <strong>de</strong><br />
1416 fait mention du Clos-Héroart 3<br />
.<br />
Nota. — Le prieuré <strong>de</strong> Bray, qui fut fondé par Gui VI le<br />
Bouteiller, fils <strong>de</strong> Gui V et d'Elisabeth <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong> en 1248,<br />
survit en une chapelle qui est, par son « beau style, et le détail<br />
« sobre <strong>de</strong> ses délicatesses exquises » un <strong>de</strong>s plus gracieux<br />
spécimens <strong>de</strong> l'art, du XIII E siècle. Nous avons déjà dit que<br />
plusieurs <strong>de</strong> ses prieurs furent inhumés aux Cor<strong>de</strong>liers <strong>de</strong><br />
<strong>Senlis</strong> 4<br />
.<br />
Eug. Muller.<br />
Leb<strong>la</strong>nc, négociant, <strong>la</strong> maison <strong>de</strong>s Carmes et fait boucher une issue <strong>de</strong><br />
voûte qui conduisait <strong>de</strong> l'hôtel du F<strong>la</strong>menc sur <strong>la</strong> terrasse du jardin <strong>de</strong>s<br />
Carmes.<br />
1<br />
Afforty, X, 4787. — Voir Actes du Parlement, 3337, Pierre <strong>de</strong> F<strong>la</strong>meng.<br />
2<br />
P. 87, à Etienne François <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye en 1780.<br />
3<br />
Afforty, III, 1154; V, 2843 ; VI, 3318; XVII, 185; XXII, 481 : Extrait d'un<br />
compte <strong>de</strong> l'office <strong>de</strong> Prévôt <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> en 1486; XXIII, 856;<br />
XXIV, 17. — Com. arch. III, 109. x, xx, 163. Voir Notice supra indiquée.<br />
4<br />
Voir Com. arch. T. III, 109 : Notice <strong>de</strong> MM. Puissant et Cau<strong>de</strong>l.<br />
<strong>Lire</strong> <strong>la</strong> suite ... : Partie 2