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ESSAI D'UNE MONOGRAPHIE<br />

D E S<br />

RUES,PLACES ET MONUMENTS<br />

DE SENLIS


Extrait <strong>de</strong>s Mémoires du Comité archéologique <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>


MONOGRAPHIE<br />

DE S<br />

RUES, PLACES<br />

ET<br />

MONUMENTS<br />

DE SENLIS<br />

PAR<br />

M. L'ABBÉ EUG. MÜLLER<br />

PREMIÈRE PARTIE: DE ABATTOIR A CORDELIERS<br />

SENLIS<br />

I M P R I M E R I E & L I T H O G R A P H I E E R N E S T P A Y E N<br />

PLACE DE L'HÔTEL-DE-VILLE<br />

1 8 8 0


ESSAI D'UNE MONOGRAPHIE<br />

DES<br />

RUES, PLACES ET MONUMENTS<br />

DE SENLIS<br />

Voici les sources principales dans lesquelles l'auteur <strong>de</strong> ce<br />

mo<strong>de</strong>ste essai a puisé :<br />

I. Un censier <strong>de</strong> 1508, appartenant aux Archives <strong>municipale</strong>s<br />

<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et commençant ainsi : « C'est le compte <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« recepte 1<br />

... <strong>de</strong>s cens et surcens, voir Rentes, chappons,<br />

« pa[tur]ages, Rouages, forages, vin[ages et autre]s dr[oi]ts<br />

« seignouriaux appartenant a l'église <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, com-<br />

« mençant <strong>la</strong> vigile sainct Jehan Baptiste l'an mil [cinq]<br />

« cens et sept inclusivement et finissant audit jour mil cinq<br />

« cens et huit exclusivement, Rendu par moy Pierre<br />

« Cottard, chanoine <strong>de</strong>my prébendé <strong>de</strong> <strong>la</strong> dite église, officier<br />

« et prévost d'icelle ». J'appellerai ce document : Compte<br />

<strong>de</strong> 1508.<br />

II. Un registre sur parchemin, <strong>de</strong> 1522, faisant <strong>partie</strong><br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Bibliothèque</strong> du Chapître <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et portant<br />

: « Cest <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong>s fiefz, justices, seigneuries,<br />

« cens, etc., tenues en temporalité par les déan, chanoines<br />

1<br />

Le feuillet a <strong>de</strong>s déchirures.<br />

IV 4


« et chappitre <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, etc., etc. » L'on me<br />

permettra <strong>de</strong> l'indiquer brièvement ainsi : Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong><br />

1522.<br />

III. Deux terriers <strong>de</strong> l'hôpital Saint-Jean <strong>de</strong> Jérusalem <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong> <strong>de</strong> 1667 à 1777. — Archives nationales, S. 5858, 5860<br />

et 5862.<br />

IV. Une « histoire » manuscrite « <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>... »,<br />

in-folio énorme que Du Ruel, curé <strong>de</strong> Sarcelles, a composé,<br />

comme le démontrera mon excellent confrère, M. l'abbé Gallet,<br />

et enrichi en <strong>partie</strong> d'une table très détaillée. Les érudits<br />

trouveront, à <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong>s évêques, <strong>de</strong>s notices sur<br />

le prieuré <strong>de</strong> Bray, les Bouteilliers <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, etc. — <strong>Bibliothèque</strong><br />

<strong>municipale</strong> <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>.<br />

V. La vaste compi<strong>la</strong>tion d'Afforty (1706-1786), vingt-cinq<br />

volumes in-quarto. — Même bibliothèque. — Un certain<br />

nombre <strong>de</strong>s pièces, que le savant doyen <strong>de</strong> Saint-Rieul a transcrites,<br />

existent encore dans leur original ou en copies officielles :<br />

Cartu<strong>la</strong>ire enchaîné, Comptes <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, etc. Mes lecteurs me<br />

pardonneront néanmoins <strong>de</strong> renvoyer plus volontiers à Afforty,<br />

qui est d'une rencontre plus facile. Il est superflu <strong>de</strong> dire que<br />

ses textes ont été col<strong>la</strong>tionnés minutieusement.<br />

VI. La collection <strong>de</strong> Dom Grenier, dont les tomes V, XIV,<br />

CLXIII, CLXV, CCCVI à CCCX, CCCXIII à CCCLI contiennent <strong>de</strong>s<br />

documents intéressant spécialement l'histoire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. —<br />

<strong>Bibliothèque</strong> nationale.<br />

VII. Jehan Mallet, Jehan Vaultier et autres auteurs<br />

contemporains, dont l'infortuné Adhelm Bernier nous a donné<br />

le texte naïf et sincère sous ce titre : « Monuments inédits <strong>de</strong><br />

l'Histoire <strong>de</strong> France, » 1400-1600. <strong>Senlis</strong>, Regnier, 1835.<br />

VIII. Jean-François Broisse : Recherches historiques sur<br />

<strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, etc., <strong>Senlis</strong>, imprimerie <strong>de</strong> Desmarest, 1835.<br />

Opuscule exact en genéral, agréable et rare, mais composé en<br />

très gran<strong>de</strong> <strong>partie</strong> d'extraits d'Afforty.


IX. Graves : Précis statistique sur le canton <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />

en l'annuaire <strong>de</strong> 1841.<br />

X. Les Bulletins du Comité archéologique <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>.<br />

Treize volumes in-octavo que je désignerai ainsi : Com. arch.<br />

J'ai cru bon <strong>de</strong> préférer l'ordre alphabétique, à cause <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> commodité <strong>de</strong>s recherches, au rangement par paroisses.<br />

Le chapitre Paroisses corrigera ce que cette manière a<br />

<strong>de</strong> moins normal.<br />

Puissent ces quelques retours sur un passé plein <strong>de</strong> gloire<br />

nous faire aimer davantage encore, malgré plus d'une déchéance<br />

<strong>de</strong>s choses et <strong>de</strong>s caractères, notre vieille cité.<br />

Et nunc, liber, ibis in urbem.<br />

I. — ABATTOIR 1<br />

.<br />

L'Abattoir <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> ou Malemaison (male, méchante<br />

maison) était anciennement au bas <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Paris.<br />

1359. « ... Molendino quod esse solebat in vico parisiensi<br />

« ab opposito malœ domus, » ... moulin (Sainte-Marie) qui<br />

étoit accoustumé exister en <strong>la</strong> rue Parisis a l'opposite <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Malemaison. — En 1468, les maîtres bouchers rappellent qu'ils<br />

« avoient un hotel appelé <strong>la</strong> Malmaison, scitué au <strong>de</strong>hors <strong>de</strong><br />

« <strong>la</strong>ditte ville et cité <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, <strong>de</strong>hors <strong>la</strong> Porte Parisis, sur<br />

« eaue qui avoit lors son cours, pour mener en icelle, tuer et<br />

« escorcher leurs bestes, que cet édifice ars (brûlé) au temps<br />

« <strong>de</strong>s guerres » avec les Ang<strong>la</strong>is « dût être rebasti <strong>de</strong> neuf... »<br />

— Un procès-verbal d'assemblée <strong>de</strong> ville <strong>de</strong> 1482 2<br />

p<strong>la</strong>ce cette<br />

1« Ce qu'on voit aux abords d'une gran<strong>de</strong> cité,<br />

« Ce sont <strong>de</strong>s abattoirs, <strong>de</strong>s murs, <strong>de</strong>s cimetières. »<br />

A. DE MUSSET.<br />

2 Afforty, IV, 2199 en 1422; VIII, 4510; XVIII, 628; XXI, 815 en 1468;<br />

XXIII, 284 en 1510. — Voir Registres municipaux, année 1402, où p<strong>la</strong>intes<br />

sur <strong>la</strong> mauvaise tenue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Malmaison, etc.


maison nouvelle « <strong>de</strong>vant l'hotel <strong>de</strong>s bons hommes au coing <strong>de</strong><br />

« <strong>la</strong> rue au Lion ». — Vaultier dit : « Pour refaire <strong>la</strong> dite<br />

« brêche, » ouverte aux remparts <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> les 15 et 16 mai<br />

1589 par d'Aumale, « fut <strong>la</strong> Malmaison démolie et après refaite<br />

« plus haut. »<br />

Aujourd'hui l'Abattoir a été rejeté <strong>de</strong> l'autre côté <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

rivière. Cet établissement nouveau date <strong>de</strong> 1827, et son réglement,<br />

du 25 janvier 1832.<br />

Voir les articles Boucherie et Bouchers. L'on sait les ordonnances<br />

sévères <strong>de</strong> police qui, dès 1567 et 1577, protégeaient<br />

les villes contre les inconvénients <strong>de</strong>s tueries 1<br />

.<br />

II. — AFFORTY (Rue).<br />

Le Conseil municipal <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, dans sa séance du 7 février<br />

1879, a décidé que <strong>la</strong> rue du Carrefour ou plutôt du Cloître-<br />

Saint-Rieul, où <strong>de</strong>meurait Afforty, n os<br />

8 et 10, porterait<br />

désormais son nom 2<br />

.<br />

Afforty naquit à Montagny-Sainte-Félicité, le 5 février 1706,<br />

<strong>de</strong> Charles Afforty et <strong>de</strong> Marie Le Normand. Voici une note<br />

biographique qu'il nous a lui-même <strong>la</strong>issée : « François Charles<br />

« Afforty baptisé à Montagny le dimanche 7 février 1706.<br />

« Parein François Afforty d'Othis, Mareine Michelle le Court<br />

« <strong>de</strong> Compans. J'ai été tonsuré estant en rhétorique au collége<br />

1<br />

« Les bouchers tueront et escorcheront leurs bestes grosses en <strong>la</strong> rue<br />

« <strong>de</strong>ssoubs <strong>la</strong> boucherie et au marché a porceaux et ès lieux accoustumés<br />

« et ne les poueront tuer ni escorcher ès lieux qui sont sur le marché ni ès<br />

« autres rues notables <strong>de</strong> <strong>la</strong> dicte ville, sur et a peine <strong>de</strong> dix sols parisis pour<br />

« chacune fois qu'ils feront le contraire. » Manuscrit <strong>de</strong> Beaucousin, concernant<br />

les métiers <strong>de</strong> Noyon en 1398. <strong>Bibliothèque</strong> nationale.<br />

2 « Sur <strong>la</strong> proposition aussi impartiale qu'intelligente <strong>de</strong> M. le docteur<br />

« Decaisne, <strong>la</strong> rue du Carrefour-Saint-Rieul, où se voit <strong>la</strong> maison du<br />

« chanoine Afforty, va recevoir le nom <strong>de</strong> notre savant historien. C'est là<br />

« un acte vraiment libéral et qui honore le Conseil municipal à l'égal du<br />

« conseiller qui en a fait <strong>la</strong> motion. Dans un temps où tant <strong>de</strong> municipalités<br />

« s'acharnent à débaptiser les choses les plus illustres, il est bon <strong>de</strong> leur<br />

« opposer <strong>de</strong>s exemples plus patriotiques. » Nouvelliste du 12 février 1879.


« <strong>de</strong> Montaigu le 10 juin 1724. Maistre es arts le 4 septembre<br />

« 1726. Reçu les quatre ordres mineurs à <strong>Senlis</strong> le 18 dé-<br />

« cembre 1728; le sous-diaconat à Soissons le 3 juin 1730 ;<br />

« le diaconat à Paris le 23 décembre 1730 et <strong>la</strong> prêtrise à<br />

« Paris le 19 mai 1731. J'ai soutenu ma tentative en <strong>la</strong> salle<br />

« <strong>de</strong>s Jacobins à Paris le 17 février 1730, ma mineure en<br />

« Sorbone le 30 juin 1732, ma majeure aux Carmes <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce<br />

« Maubert le 4 mai 1733 et ma Sorbonique le 16 octobre sui-<br />

« vant. J'ai reçu <strong>la</strong> bénédiction apostolique et le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />

« licencié le 8 mars 1734. J'ay soutenu ma vespérie le 26 mars<br />

« 1734, et j'ai reçu le bonnet <strong>de</strong> docteur le len<strong>de</strong>main 27 <strong>de</strong>s<br />

« mêmes mois et an. J'ai été présenté à M r<br />

<strong>de</strong> Vintimille,<br />

« archevêque <strong>de</strong> Paris, pour le vicariat <strong>de</strong> Saint-Landry en <strong>la</strong><br />

« cité le 13 mai 1732, nommé chanoine <strong>de</strong> Saint-Rieul <strong>de</strong><br />

« <strong>Senlis</strong> le 9 janvier 1734..., chantre en dignité du dit cha-<br />

« pitre le 3 aoust 1739..., doyen le 8 avril 1747. »<br />

L'on sait qu'Afforty fut l'un <strong>de</strong>s commissaires nommés sous<br />

Louis XV pour <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong>s chartes.<br />

La science archéologique lui doit d'avoir recueilli sur<br />

l'histoire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong>s documents considérables, dont il <strong>de</strong>meure<br />

à <strong>la</strong> <strong>Bibliothèque</strong> <strong>municipale</strong> 25 volumes in-4° portant<br />

les titres : Collectanea Sylvanectensia et Tabu<strong>la</strong>rium Silvanectense,<br />

et comprenant plus <strong>de</strong> 18,000 pages d'une écriture<br />

serrée.<br />

Afforty a reçu <strong>la</strong> sépulture dans l'église Saint-Rieul (1786).<br />

L'on trouvera son épitaphe dans Graves, et au chapître <strong>de</strong><br />

Saint-Rieul 1<br />

.<br />

Inutile <strong>de</strong> faire remarquer dans cette inscription le jeu<br />

d'esprit : docte et docteur, qui semble répondre au reproche :<br />

« Melius est esse doctum quam doctorem », — le trait philosophique<br />

qui suit : Il eut le sort, etc., — et les belles vertus<br />

d'Afforty : le contentement dans <strong>la</strong> médiocrité <strong>de</strong> <strong>la</strong> fortune,<br />

l'hospitalité, <strong>la</strong> passion du travail, <strong>la</strong> douceur et <strong>la</strong> piété.<br />

1<br />

Précis statistique sur le canton <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, p. 147.


Les amateurs <strong>de</strong> généalogies trouveront <strong>de</strong>s notes sur <strong>la</strong><br />

famille d'Afforty en Afforty lui-même 1<br />

. MM. Fossé d'Arcosse,<br />

<strong>de</strong> Soissons, sont ses arrière-petits-neveux 2<br />

.<br />

Afforty portait d'azur à trois besans d'argent à un trèfle d'or<br />

en abyme.<br />

III. — * AIGUILLIÈRE (Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte) 3<br />

.<br />

La ruelle Aiguillière, « in vico Aculeario (1280), » où<br />

<strong>de</strong>meurait lors un Pierre dit Murarius », Aguillière, Eguillière,<br />

Esguillère (1537 et 1538) 4<br />

, ou plus logiquement <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte<br />

Aiguillière, conduisait du carrefour Saint-Maurice au boulevard<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Contrescarpe 5<br />

. Elle <strong>de</strong>vait son nom mo<strong>de</strong>ste à <strong>la</strong><br />

porte Aiguillière « porta Aculearia » qui lui servait d'horizon.<br />

Si l'archéologue rebâtit par l'imagination le vieux <strong>Senlis</strong><br />

<strong>de</strong> 1480, il trouvera, en faisant <strong>la</strong> visite <strong>de</strong>s remparts extérieurs<br />

6<br />

avec le lieutenant-général Nico<strong>la</strong>s Mannessier, cette<br />

cité « vierge et jamais prise <strong>de</strong> force » ainsi gardée <strong>de</strong> « ter-<br />

« rasses, <strong>de</strong> fossez, <strong>de</strong> portes et <strong>de</strong> poternes : Portes Aguil-<br />

« lière, — Saint Rieule avec une montée par où l'on va sur<br />

« les murs par le cymetière Saint-Rieule, — Saint-Sanctin,<br />

« — et Bellon et Tour Engelée (ang<strong>la</strong>ise ?) ; — porte <strong>de</strong><br />

« Meaux, avec tour Jehan Cauche; — poterne (Saint-<br />

« Vincent) ; — porte <strong>de</strong> Paris avec tour Pierre Billebaut ; —<br />

1<br />

T. I, 5647 ; x, 410, 414,419 ; XI, 6003, 6067,7006, où arbre généalogique<br />

d'Afforty, 7033, 7042, 7045, 7060 à 7083 et 7274.<br />

2<br />

Françoise Afforty, sœur d'Afforty, mariée à Louis-Charlemagne Fossé,<br />

marchand <strong>de</strong> <strong>de</strong>ntelles à Ecouen, le 23 septembre 1727, a eu, entre autres<br />

neuf enfants, Louis-Emmanuel Fossé, 1745.<br />

3<br />

L'astérisque indiquera une appel<strong>la</strong>tion disparue.<br />

4<br />

Afforty, I, 381; III, 1376; XVI. 321; XIX, 138.<br />

5<br />

Contrescarpe : bord extérieur du fossé.<br />

6<br />

Vaultier. — Afforty, v. 2527 à 2532. — Voir sur les fortifications <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong> en 1465, 1476, 1520, 1528, 1545, 1547, Broisse, Vatin : <strong>Senlis</strong> et<br />

Chantilly, p. 70, et infra.


« portes aux Anes et <strong>de</strong> Creilg. » Lors <strong>de</strong>s longs et coûteux<br />

travaux <strong>de</strong> défense qui furent continués aux fortifications, <strong>de</strong><br />

1588 à 1598, <strong>la</strong> porte Aiguillière, comme <strong>la</strong> porte Saint-Sanctin,<br />

était déjà condamnée « longtemps y a 1<br />

» dans un intérêt <strong>de</strong><br />

pru<strong>de</strong>nce. Néanmoins, en 1756, quelques vestiges indiquaient<br />

encore sa p<strong>la</strong>ce. Aujourd'hui elle n'est plus qu'un souvenir.<br />

Pourquoi cette ruelle, ou plutôt cette porte, s'appe<strong>la</strong>-t-elle<br />

dès le XIII e<br />

siècle, Aiguillière, <strong>de</strong> l'Aiguille?<br />

Serait-il trop hypothétique <strong>de</strong> supposer que cette dénomination<br />

lui a été donnée à cause <strong>de</strong> son étroitesse : « Il est plus<br />

« facile à un cable, » dit l'Evangile, « <strong>de</strong> passer par le trou<br />

« d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume <strong>de</strong>s<br />

« cieux »; — ou bien à cause <strong>de</strong> pièces <strong>de</strong> bois aiguisées<br />

(aculeus, agulha, etc.) qui <strong>la</strong> défendaient, etc.? « Pour affermer<br />

« ne pour noier n'est muée <strong>la</strong> chose. »<br />

La ruelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte Aiguillière reçut quelquefois le nom<br />

<strong>de</strong> « rue du Grand Charriot 2<br />

conduisant à <strong>la</strong> porte Aiguil-<br />

« lière (1600, 1610). »<br />

L'on y remarquait les maisons <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haulte Maison (1458)<br />

ou du Grand Pignon (1600-1715), qui faisait face « à <strong>la</strong><br />

« porte <strong>de</strong> <strong>de</strong>rrière du cloître Saint-Morisse et était adossée<br />

« aux remparts », — <strong>de</strong> Sainte-Catherine, qui tenait à <strong>la</strong><br />

<strong>précé<strong>de</strong>nte</strong> et fut donnée en 1589 aux religieuses exilées <strong>de</strong><br />

Saint-Remy (voir Saint-Remy), — et du Canard sauvage<br />

(1500). — Voir Chat-Hêret.<br />

Les agrandissements du couvent <strong>de</strong> Saint-Joseph ont fait<br />

subir au vieux tracé <strong>de</strong> cette rue <strong>de</strong>s modifications.<br />

« A l'endroit <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte Esguillière ainsi condamnée et où<br />

« était le champ du marché, l'on a fait, » dit Vaultier, « durant<br />

« les troubles un éperon... lequel défend les portes <strong>de</strong> Saint-<br />

« Rieul et <strong>de</strong> Creil. Au milieu, l'on y a <strong>la</strong>issé un gros orme où<br />

« l'on sou<strong>la</strong>it tirer le geai, et y étaient aussi les buttes <strong>de</strong>s<br />

1<br />

2<br />

Jean Vaultier, p. 400.<br />

Afforty, XVII, 818.


« arbalêtriers, archers et autres jeux, ou étaient <strong>de</strong> belles<br />

« allées d'arbres, d'ormeaux, tilleuls et autres, pour se reposer<br />

« et récréer à l'ombrage d'iceux ; et où était assis une croix<br />

« <strong>de</strong> pierre <strong>de</strong> taille, qu'on a remise un peu plus haut, proche<br />

« du chemin qui conduit à Villevert, à <strong>la</strong> fontaine <strong>de</strong>s<br />

« Marais. »<br />

L'éperon dont parle Jehan Vaultier a fait p<strong>la</strong>ce au boulevard<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Contrescarpe ; l'orme du geai à <strong>de</strong>s arbres nouveaux :<br />

« une feuille, » dit Homère, « pousse une feuille » ; le bruit du<br />

marché aux chants <strong>de</strong>s morts; <strong>la</strong> croix seule a subsisté, espérance<br />

<strong>de</strong>s nations ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s comme <strong>de</strong>s âmes !<br />

IV. — * ANES (Rue et Carrefour <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte aux),<br />

aujourd'hui unie à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Montagne-Saint-Aignan.<br />

La rue aux Anes ou mieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte aux Anes est une<br />

<strong>partie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue plus pittoresque que facile qui mène <strong>de</strong> l'église<br />

Saint-Aignan, aujourd'hui théâtre, vers le Montauban.<br />

Descen<strong>de</strong>z : vous <strong>la</strong>issez à votre gauche les rues <strong>de</strong> Murat,<br />

du Heaume, <strong>de</strong>s Bouchers ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine Saint-Gilles, les<br />

Etuves, et le jardin <strong>de</strong> l'Arquebuse pour aboutir près <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Porte aux Anes, entre le Jeu <strong>de</strong> Fusil et l'éperon encore<br />

puissant du Montauban. C'est <strong>la</strong> route que suivaient les Gallo-<br />

Romains <strong>de</strong> leurs Bains (Etuves) à leurs Arènes.<br />

Pourquoi cette dénomination aux Anes? En 1779, une<br />

pierre que l'on trouva dans <strong>de</strong>s fouilles entre Belleville et<br />

Montmartre, portant cette inscription :<br />

I C<br />

I<br />

L<br />

E<br />

C H<br />

E M<br />

I N<br />

D E<br />

S A N E S<br />

mit en grand embarras les archéologues du canton, jusqu'à ce


que le be<strong>de</strong>au <strong>de</strong> Montmartre rassemblât les caractères selon<br />

cet ordre : ICI LE CHEMIN DES ANES. « Cette pierre<br />

« servait, » dit le conteur, « aux plâtriers qui al<strong>la</strong>ient aux<br />

« carrières chercher du plâtre avec <strong>de</strong>s ânes, animaux dont ils<br />

« se servent ordinairement pour cette expédition. » L'explication<br />

du nom <strong>de</strong> rue aux Asnes est probablement aussi naïve :<br />

« Rue du moulin du roy, clos aux asnes (1527). — Clos aux<br />

« Asnes », près <strong>la</strong> Gastellière (1651) 1<br />

.<br />

Je livre aux amateurs les pièces qui suivent :<br />

1441. « Vallée <strong>de</strong> Saint-Agnan. »<br />

1480. « Ordonnance 2<br />

du lieutenant-général <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> pour<br />

<strong>la</strong> visite et l'estimation <strong>de</strong>s remparts, terrasses et fossez...<br />

Fosse aux Asnes ou <strong>la</strong>c d'eau pour fortification. » Les travaux<br />

<strong>de</strong> défense faits <strong>de</strong>puis neuf ans ont couté plus <strong>de</strong> 2,000<br />

livres parisis. — L'estimation sera faite par M. Giles Hazart,<br />

maistre <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> maçonnerie du Roy notre sire audit<br />

bailliage, Henriet Martin et Jean le Barbier, pionniers. —<br />

L'on a élevé <strong>de</strong>s « terrasses <strong>de</strong> terre par <strong>de</strong>dans <strong>la</strong> ville,<br />

« autour et au long <strong>de</strong>s murs <strong>de</strong> <strong>la</strong> forteresse es lieux qui s'en-<br />

« suivent Premièrement <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> porte Saint-Sanctin<br />

« jusqu'au coing du corps d'hotel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chantrerie <strong>de</strong> Saint-<br />

« Rieul Item entre <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Meaux et <strong>la</strong> Tour<br />

« Engelée...., » etc.<br />

1509. « Item 3<br />

sera fait un mur en <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte aux<br />

« Asnes, affin qu'on ne puisse aller sur les murs et forteresse<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. »<br />

1526. « Oultre a esté délibéré que les fossés <strong>de</strong> <strong>la</strong>ditte ville<br />

« et surtout <strong>la</strong> Porte aux Asnes seront vuidés et toutes les<br />

« terres et bourbes, qui en seront tirés, portés sur les ter-<br />

« rasses, tellement que l'eau <strong>de</strong>sdits fossés soit joignant et<br />

1<br />

Afforty, III, 1153; XXI, 633.<br />

2<br />

3<br />

Afforty, v, 2527 : Ordonnance du lieutenant général, etc.<br />

Afforty, VIII, 4561, 4563.


« battant contre les murailles, d'autant qu'à présent il estoit<br />

« bruit qu'on espéroit plus <strong>la</strong> guerre en après entre le Roy<br />

« notre dit Seigneur (François I er<br />

) et l'Esleu Empereur duquel<br />

« ledit Seigneur avoit esté captif (à Pavie) et prisonnier <strong>de</strong><br />

« guerre que <strong>la</strong> paix. » (1 er<br />

juillet) l<br />

.<br />

1544. « La porte aux Asnes est une <strong>de</strong>s cinq <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. En<br />

« juillet 1544, à cause <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s guerres que le roi avoit<br />

« contre l'empereur et le roi d'Angleterrre, il envoya à <strong>Senlis</strong><br />

« M e<br />

Jehan François <strong>de</strong> <strong>la</strong> Rocque, écuyer, seigneur <strong>de</strong><br />

« Roberval, avec lettres <strong>de</strong> commisssion, pour fortifier <strong>la</strong><br />

« ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>... 2<br />

»<br />

1589. « Autour <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle brêche, proche <strong>de</strong> <strong>la</strong> fosse aux<br />

« asnes, il y avait une grosse tour si endommagée que les dits<br />

« assiégés furent contraints l'abandonner, etc. 3<br />

»<br />

1592. « ... Tour près <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fosse aux Asnes appelée <strong>la</strong> Tour<br />

« Vennyer, qui avoit esté semb<strong>la</strong>blement ruynée par l'armée<br />

« <strong>de</strong>s ennemis. 4<br />

. » Quelle est l'étymologie du mot Vennyer?<br />

Est-ce vene, marais, — ou venna, vennes, cloture?<br />

1601. « De Saint Anian tirant vers le carrefour <strong>de</strong>s Asnes...<br />

« <strong>de</strong>puis le carrefour aux Asnes » à <strong>la</strong> rencontre <strong>de</strong>s rues<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Montagne Saint-Agnian et aux Asnes « jusqu'à <strong>la</strong> rue<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tour aux Bœufs 5<br />

. » — Voir Tournebus.<br />

Il existe dans le jardin <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison qu'habite M. François<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye, n° 10, une fontaine couverte d'une voûte et ornée<br />

<strong>de</strong> niches qui sont d'un beau et sérieux travail.<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4<br />

5<br />

V. — ANGLAIS (Chemin <strong>de</strong>s. — Rue aux).<br />

Le chemin dit <strong>de</strong>s Ang<strong>la</strong>is, lequel, dit l'abbé Cau<strong>de</strong>l, « n'est<br />

Afforty, XII, 7312.<br />

Mallet, p. 46, où détails sur travaux, etc.<br />

Vaultier, p. 160, où récit très-vivant du siège.<br />

Afforty, VI, 2930.<br />

Afforty, VII, 3541.


« qu'une voie romaine <strong>de</strong> second ordre, ou plutôt un chemin<br />

« gaulois romanisé à l'époque <strong>de</strong> <strong>la</strong> conquête, » vient <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

porte <strong>de</strong> Creil et passe <strong>de</strong>rrière le cimetière sous le nom <strong>de</strong><br />

rue aux Ang<strong>la</strong>is ou aux Chevaux, rencontre vers le gué <strong>de</strong><br />

Pont le chemin dit <strong>de</strong>s Vaches qui <strong>de</strong>scend du Tomberay :<br />

« petite ruelle ou chemin conduisant du champ du marché (qui<br />

« est) à <strong>la</strong> porte Saint-Rieul, au gué <strong>de</strong> Pont, — autrement<br />

le chemin <strong>de</strong>s Ang<strong>la</strong>is (1745) 1<br />

», — passe entre Villevert et Saint-<br />

Rieul pour gagner en tournant <strong>la</strong> ville <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> <strong>la</strong> route<br />

<strong>de</strong> Reims, paraît au faubourg <strong>de</strong> Villemétrie en face du parc<br />

<strong>de</strong> M. Queste, se jette à gauche entre Montlévêque et les<br />

ruines pittoresques <strong>de</strong> Montépilloy 2<br />

, montre tous ses caractères<br />

à <strong>la</strong> ferme admirable <strong>de</strong> Fourcheret, surgit <strong>de</strong> nouveau<br />

<strong>de</strong>ux kilomètres avant Baron, « où <strong>la</strong> route mo<strong>de</strong>rne s'est<br />

« établie sur ses débris » et gagne ainsi Nanteuil-le-<br />

Haudouin.<br />

Cette appel<strong>la</strong>tion, chemin <strong>de</strong>s Ang<strong>la</strong>is, est beaucoup plus<br />

ancienne que je ne l'avais supposé d'abord avec M. Cau<strong>de</strong>l, et<br />

plus d'un titre m'interdit <strong>de</strong> l'attribuer aux souvenirs <strong>de</strong> l'invasion<br />

ang<strong>la</strong>ise.<br />

Exemples : 1294. Vente au faubourg dans <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s<br />

Ang<strong>la</strong>is « in suburbio in vico Anglicorum ». — 1297.<br />

Maison située « in vico Anglicorum ». — 1328. — 1339.<br />

Maison rue <strong>de</strong>s Ang<strong>la</strong>is léguée à <strong>la</strong> communauté <strong>de</strong>s huit curés<br />

par Marie <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte « ... au lieu que l'en dit à <strong>la</strong> Rue aux<br />

Sengles » (aux Senglès, aux Englès, aux Ang<strong>la</strong>is 3<br />

.)<br />

Quelle est <strong>la</strong> raison <strong>de</strong> l'attribution : aux Ang<strong>la</strong>is? La voie<br />

aux Ang<strong>la</strong>is fait-elle <strong>partie</strong> d'un système <strong>de</strong> routes tendant<br />

vers Boulogne et <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong>-Bretagne? Le mot Ang<strong>la</strong>is a-t-il<br />

1<br />

Terrier <strong>de</strong> Saint-Jean.<br />

2<br />

En 1076, « in monte expilierico. » — En 1166, « p<strong>la</strong>team in qua fuit<br />

« antiqua vil<strong>la</strong> <strong>de</strong> monte specu<strong>la</strong>toris. » — Vers 1220, « <strong>de</strong> monte specu<strong>la</strong>torio.<br />

» Montespillour, Montespillouer. Afforty, I, 65; III, 1556, 1563.<br />

3<br />

Afforty, XVI, 696, 789;<br />

année 1385.<br />

XVII, 619; XVIII, 71. — Voir encore XIX, 364,


eu quelquefois, comme Barbarie, Sarrazin, le sens général<br />

d'ennemis ?...<br />

Ce texte : « Un petit jardin séant <strong>de</strong>vant l'hotel du<br />

« Roy hors <strong>Senlis</strong> dont les murs ont etez abbattus pour <strong>la</strong><br />

« trahison que on y a cuidé faire... » (1447) 1<br />

, indique-t-il un<br />

épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> cette époque néfaste (août 1429) où les Ang<strong>la</strong>is, sous<br />

<strong>la</strong> conduite du duc <strong>de</strong> Bedford, battirent dans les p<strong>la</strong>ines <strong>de</strong><br />

Montépilloy une <strong>partie</strong> <strong>de</strong> l'armée <strong>de</strong> Charles VII ?<br />

Le compte <strong>de</strong> 1508, qui mentionne : « Hors <strong>la</strong> porte Saint<br />

« Rieul ...un jardin assis <strong>de</strong>vant lostel du roy en <strong>la</strong> rue au<br />

« Anglois » sera facilement éc<strong>la</strong>iré par cette indication<br />

<strong>de</strong> 1693 : «... au <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> Villevert, prés <strong>la</strong> rivière joignant<br />

« les jardins du Roy hors <strong>Senlis</strong> 2<br />

» et par cette autre <strong>de</strong><br />

« Dom Grenier 3<br />

: Nos rois avaient un autre château hors <strong>de</strong><br />

« <strong>la</strong> ville près le pont : il se nommait l'hospice du Gué, in<br />

« hospitio <strong>de</strong> vado pontis ; c'est en cet endroit que Charles V<br />

« fit expédier, en juillet 1365, <strong>de</strong>s lettres pour le commerce<br />

« que les Italiens, principalement les Gênois, exerçaient en<br />

« France, etc. 4<br />

»<br />

N'existe-t-il pas quelque re<strong>la</strong>tion d'origine entre ces appel<strong>la</strong>tions<br />

: Chemin <strong>de</strong>s Ang<strong>la</strong>is et Tour Engelée (à côté <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

porte Bellon)? — Voir Marmouseaux.<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4<br />

5<br />

Afforty, XXI, 396.<br />

Afforty, VI, 3004.<br />

T. CLXV, p. 126.<br />

Ordonnances <strong>de</strong>s Rois <strong>de</strong> France.<br />

Afforty, I, 106.<br />

VI. — APPORT-AU-PAIN (Rue <strong>de</strong> l'),<br />

ou exactement <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte-au-Pain.<br />

Le vrai nom <strong>de</strong> cet endroit central <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville est <strong>la</strong> Porteau-Pain.<br />

Ne lit-on pas dans les actes les plus anciens :<br />

1241. « Ad portam ubi panes venduntur; 5<br />

» — 1264. « juxta


« portam <strong>de</strong> castro ubi venditur panis et quamdam turricu<strong>la</strong>m<br />

« sitam super muros praedictae urbis ; à côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte du<br />

« Châtel où l'on vend le pain et d'une certaine tour située sur<br />

« les murs <strong>de</strong> <strong>la</strong> susdite ville ; 1<br />

» — 1280. « ad portam ubi<br />

« panis venditur, porte où le pain se vend, » expression que<br />

l'on rencontre <strong>de</strong> nouveau en 1519; — 1359. « porte au pain<br />

« Saint-Nico<strong>la</strong>s; » — 1553. «... les maîtres et administrateurs<br />

« <strong>de</strong> Saint-Ladre pour un estal séant à <strong>la</strong> Porte au Pain sur<br />

« lequel on souloit vendre pain; » — 1590. « porta panis 2<br />

»,<br />

au milieu <strong>de</strong>s locutions altérées : <strong>la</strong> port au pain, en 1469;<br />

l'apport au pain, en 1598 3<br />

, etc.?<br />

Pourquoi ce nom <strong>de</strong> porte? Très-certainement à cause d'une<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux portes primitives <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité (porte <strong>de</strong> Paris), qui<br />

existait en cet endroit, rue du Chatel : « poterne à porte au<br />

pain. »<br />

Mais pourquoi porte au pain « porta ubi panis venditur ? »<br />

Parce qu'il y avait auprès <strong>de</strong> cette porte un étal aux pains où,<br />

en concurrence avec les maîtres bou<strong>la</strong>ngers, talmeliers 4<br />

ou<br />

tameliers, <strong>de</strong>s galmicheurs 5<br />

venaient, le mercredi surtout et<br />

le samedi, vendre librement leur pain (1562) « pur et nourrissant<br />

» 6<br />

.<br />

Cette porte s'appe<strong>la</strong>it aussi porte du Gloria, <strong>la</strong>us 7<br />

, parce<br />

1 Charte <strong>de</strong> fondation <strong>de</strong> l'abbaye <strong>de</strong> Saint-Maurice. — Spicil., t. XII,<br />

p. 185.<br />

2 Afforty, IV, 2285; VI, 3355; XVIII, 649; procès-verbal, infra.<br />

3 Afforty, VI, 3355.<br />

4 Tameliers, <strong>de</strong> tamisium, tamis.<br />

5 Galmicheurs, <strong>de</strong> miche, pain rond, épais.<br />

6 Les bou<strong>la</strong>ngers jaloux veulent que les galmicheurs soient reçus maistres.<br />

« Galmicheurs, dont le pain est pur et <strong>de</strong> <strong>la</strong> farine qui provient du bled sans<br />

« que d'icelle ils tirent fleur pour faire pain b<strong>la</strong>nc comme les bou<strong>la</strong>ngers et<br />

« du reste appelé gruyau en font leur pain ordinaire qui n'est pas aussi bon<br />

« et aussy nourrissant que celui <strong>de</strong>s galmicheurs. » Afforty, XII, 7484, 7503 :<br />

Procès-verbaux <strong>de</strong>s assemblées communes.<br />

7 Dom Grenier, t. CLXV, p. 196. Sic à Beauvais autrefois, au lieu dit<br />

encore Gloria <strong>la</strong>us, <strong>de</strong>vant les ruines <strong>de</strong> l'église du Chatel.


que c'était à cet endroit que le clergé chantait le jour <strong>de</strong>s<br />

Rameaux ou <strong>de</strong> Pâques fleuries, le ravissant et dramatique<br />

dialogue que composa au IX e<br />

siècle Théodulphe, évêque d'Orléans<br />

: « Israel, tu es Rex... Gloria, <strong>la</strong>us et honor... »<br />

L'on distinguait au carrefour <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte au Pain :<br />

1. « La maison commune dite l'hotel <strong>de</strong> ville » (Vaultier),<br />

dont il convient <strong>de</strong> faire infra une mention spéciale.<br />

2. Les Changes (1309). — Charte <strong>de</strong> Louis VII (1146) confirmant<br />

à Saint-Vincent une rente <strong>de</strong> 40 sols sur le change <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong>, « <strong>de</strong> cambio silvanectensi 1<br />

. » — « L'an 1604, quant à<br />

« <strong>la</strong> maison <strong>de</strong>s changes, a été résolu qu'elle sera abbatue et<br />

« achettée par <strong>la</strong> ville qui se chargera <strong>de</strong> l'Escu <strong>de</strong> rente dub<br />

« au roy, etc., — « maison « <strong>la</strong>quelle, » dit Jaulnay,<br />

« estoit <strong>de</strong>vant l'hostel <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite ville et offusquoit toutes les<br />

« veües..., estant toute seule au milieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue..., ce qui<br />

« fut exécuté huit jours après, le 23 février. »<br />

C'était un châtiment bien mérité par cet ancien repaire<br />

d'usuriers, qui logeaient peut-être <strong>de</strong> préférence rue <strong>de</strong>s<br />

Lombards ou <strong>de</strong> Saint-Hi<strong>la</strong>ire.<br />

3. Au-<strong>de</strong>ssous (<strong>de</strong> l'hotel <strong>de</strong> ville) <strong>la</strong> Boucherie « gran<strong>de</strong><br />

« et spacieuse » 2<br />

. La commune a donné <strong>la</strong> maison où sont les<br />

stalles <strong>de</strong>s bouchers.<br />

L'on pourra voir dans le cartu<strong>la</strong>ire enchaîné et dans Afforty 3<br />

<strong>la</strong> charte <strong>de</strong> <strong>la</strong> « viez boucherie »; le différend qui survint, en<br />

1225-1226, au sujet <strong>de</strong> <strong>la</strong> boucherie entre <strong>la</strong> commune et le<br />

chapitre; un arrêt <strong>de</strong>s maistres <strong>de</strong>s requestes qui condamne les<br />

bouchers à payer à l'Hôtel-Dieu <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> 12 livres 12 sols <strong>de</strong><br />

rente (1365); <strong>la</strong> seigneurie foncière que le chapitre <strong>de</strong> Saint-<br />

Rieul possédait alors sur <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> boucherie 4<br />

; les cens que <strong>la</strong><br />

1 Afforty, XIV, 29.<br />

2 Vaultier, p. 399. — Afforty, XVII, 716 en 1495.<br />

3Afforty, x, 111; XII, 7331.<br />

4 Afforty, XVIII, 794.


communauté <strong>de</strong>s bouchers est obligée <strong>de</strong> payer à Noël et à <strong>la</strong><br />

Saint-Jean ; <strong>la</strong> défense que fait le bailly d'étaler <strong>de</strong> <strong>la</strong> vian<strong>de</strong><br />

autrement qu'à <strong>de</strong>s fenêtres (1422) 1<br />

; le cens que l'Hôtel-Dieu<br />

perçoit à <strong>la</strong> boucherie (1456) ; <strong>la</strong> transaction qui survint en<br />

1468, entre les échevins et manans <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et les bouchers<br />

« au sujet <strong>de</strong> vendre seuls <strong>la</strong> vian<strong>de</strong> »; <strong>la</strong> torche <strong>de</strong> cire <strong>de</strong><br />

quatre livres que <strong>la</strong> communauté <strong>de</strong>s bouchers avait coutume<br />

<strong>de</strong> porter à <strong>la</strong> procession <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fête-Dieu (1466); les amen<strong>de</strong>s<br />

contre les bouchers (1636) « pour bestail trouvé dans les fossés<br />

« et sur remparts <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville 2<br />

»; une vente d'estaulx dont un<br />

appartenant au Roy, etc.<br />

Outre <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> boucherie, il y avait, <strong>de</strong>puis l'acquisition<br />

qui en fut faite en avril 1271, <strong>la</strong> « petite boucherie, sise rue<br />

« Parisis, presque <strong>de</strong>vant l'hôtel <strong>de</strong> Cullerettes (1415), tenant<br />

« à <strong>la</strong> ruelle qui va au marché (par <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Beauvais) »,<br />

d'où le nom <strong>de</strong> ruelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Boucherie (1610), donné à <strong>la</strong><br />

ruelle autrefois ouverte, aujourd'hui impasse, qui conduit à<br />

<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce aux Veaux : « Devant l'hotel <strong>de</strong>s Cullerettes...<br />

« enseigne <strong>de</strong> l'image saint Martin tenant d'un coing à <strong>la</strong><br />

« petite ruelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Boucherie et par <strong>de</strong>rrière à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce aux<br />

Veaux 3<br />

. »<br />

4. Devant les Changes, en suivant <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> l'hôtel <strong>de</strong><br />

ville et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Boucherie, l'on apercevait l'enseigne 4<br />

« l'Ecu <strong>de</strong><br />

« France à trois fleurs <strong>de</strong> lys qui mène <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte au pain à<br />

« l'église Saint-Anian, tenant d'un costé à l'hostel commun<br />

1<br />

Afforty, IV, 2193.<br />

2<br />

Afforty, III, 1150; VI, 3121; XII, 7731; XVI, 74; XXI, 773, 815.<br />

3<br />

Afforty, VI, 3354, 3356; VIII, 4250; XVII, 820; XXI, 155, 633, 636 et<br />

comptes <strong>de</strong> 1508.<br />

4<br />

Il m'arrivera nécessairement <strong>de</strong> commettre plus d'une erreur dans<br />

l'indication <strong>de</strong>s hôtels anciens : leur situation est souvent marquée dans les<br />

titres par <strong>de</strong>s aboutissants qui, aujourd'hui, sont vagues ; <strong>de</strong>s noms divers<br />

leur ont été donnés, etc. Le lecteur sera bienveil<strong>la</strong>nt. Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>la</strong> même<br />

indulgence pour mes citations d'Afforty.


« <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville; » — le Renard ou <strong>la</strong> Queue du Renard<br />

(1522, 1636, 1651); — à côté le Chapeau rouge (1439);<br />

— <strong>la</strong> roue « <strong>de</strong>vant les Changes faisant le coin en al<strong>la</strong>nt au<br />

« marché aux Samedis et <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> maison commune ; » — et<br />

les Trois Pucelles ou le Mortier d'Or (1469, 1494, 1540) 1<br />

.<br />

Le Barillet qui était voisin du Chapeau Rouge (1479, 1486),<br />

rappelle ces comptes <strong>de</strong> dépense : « 1619, 1 juillet, 13 livres 4<br />

« sols au maître du Barillet pour pain et vin par luy fourni pour<br />

« le banquet fait à M. le comte <strong>de</strong> Lusse et à M s<br />

du conseil<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, le jour que M s<br />

Mallet et Guérin furent eslus<br />

« eschevins 2<br />

». — « 13 juillet (1619), au sieur Martin Havernat<br />

« paticier. Déjeuné pour M. le Comte [<strong>de</strong> Lusse] porté au<br />

« Chastellet :<br />

Quatre grand paté <strong>de</strong> veau 20 sols.<br />

Un morceau <strong>de</strong> mouton 6<br />

Un paté <strong>de</strong> pigeons 20<br />

Quatre poulets farcis 36<br />

Une sal<strong>la</strong><strong>de</strong> 3<br />

Quatre pièces <strong>de</strong> four 20<br />

Un p<strong>la</strong>t <strong>de</strong> fruit 5<br />

5. Le gros tournois, « au coin <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Parisis et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« porte au pain (1439, 1472). Maison Rieul Germain, rue du<br />

« Port-au-Pain tenant d'un côté à l'hotel <strong>de</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />

« d'autre à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Paris, par <strong>de</strong>rrière au gros tournois<br />

« (1584). »<br />

6. En face <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte au pain c'était le fief <strong>de</strong> l'Ecrevisse<br />

(1472, 1474) « ou souloit pendre pour enseigne l'Ecrevisse<br />

1<br />

Afforty, III, 1165; VII, 3927; XXII, 810; XXV, 476.<br />

2<br />

Afforty, VI, 2971 et suivant. — Les Bril<strong>la</strong>t-Savarin qui étudient les progrès<br />

que l'art <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuisine a parcourus et les économistes qui comparent les<br />

prix divers que les vivres ont traversés, liront là, p. 2972, 2974 et 2984,<br />

avec intérêt les mémoires <strong>de</strong> disner, déjeûner, etc. que <strong>la</strong> ville paye « au<br />

« sieur Havernat paticier », à Foulon Sauvaige et autres Vatels, en<br />

1619, 1622,1623, etc.


« (1472) scis à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Paris, faisant l'un <strong>de</strong>s quatre coins<br />

« du port à paint, tenant d'un costé vers <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Paris<br />

« à l'ostel ou anciennement souloit pendre pour enseigne <strong>de</strong><br />

« Culliers et se présent y pend pour enseigne le Cerf 1<br />

, » legs<br />

fait par Jehan <strong>de</strong> Mauny « potier d'estain » à Saint-Christopheen-Ha<strong>la</strong>tte.<br />

7. La Croix-B<strong>la</strong>nche : « Maison... près le port-au-pain en<br />

« <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Harengerie en <strong>la</strong>quelle pend pour enseigne <strong>la</strong><br />

« croix b<strong>la</strong>nche... aboutant par <strong>de</strong>rrière à <strong>la</strong> rue aux Tripes<br />

« (du Long-Filet) 2<br />

. »<br />

8. « Rue du Port au pain, maison ou anciennement pendoit<br />

« pour enseigne Saint-Fiacre, tenant d'un côté à M e<br />

Pierre<br />

« Germain, notaire..., par <strong>de</strong>vant sur <strong>la</strong> rue qui conduit <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« porte au pain à <strong>la</strong> halle et d'autre bout, par <strong>de</strong>rrière, à une<br />

« petite ruelle qui conduit <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite halle à l'hostel <strong>de</strong>s Deux-<br />

« Anges (1598). »<br />

9. Les Deux Anges dont Jaulnay affirme « qu'il existait<br />

« une prison autrefois où est l'hostel <strong>de</strong>s Deux-Anges, au-<br />

« <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> Port au pain, près <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité du côté<br />

« <strong>de</strong> Paris 3<br />

» que cette prison fut consacrée par <strong>la</strong> captivité <strong>de</strong><br />

saint Rieul, etc.<br />

L'on pourra lire dans Afforty 4<br />

, l'échafaud ou tribune <strong>de</strong><br />

musiciens qui fut dressée en cet endroit, c'était le 15 mai 1625,<br />

« pour esjouyr » l'entrée d'Henriette-Marie <strong>de</strong> Bourbon, sœur<br />

<strong>de</strong> Louis XIII, <strong>la</strong>quelle al<strong>la</strong>it épouser l'infortuné Charles I er<br />

.<br />

Un extrait <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> cette Entrée ne sera point<br />

dép<strong>la</strong>cé. M. Loisel, lieutenant-général <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, ayant transmis<br />

aux eschevins l'avis qu'il a reçu <strong>de</strong> cette entrée, les canons<br />

1<br />

Afforty, X, 5263, 5436 à 5438; XXII, 82, 134. — Voir Com. arch., t. VI,<br />

p. 96.<br />

2<br />

Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 513.<br />

3<br />

4<br />

p. 41.<br />

Afforty, XII, 7684.<br />

IV 5


sont tirés <strong>de</strong> l'arsenal sur le rempart ; « <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du Port-au-<br />

« Pain est tendue <strong>de</strong>s plus belles tapisseries <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville comme<br />

« aussy <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> Rue <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> Porte <strong>de</strong> Paris jusqu'au grand<br />

« portail <strong>de</strong> Notre-Dame ; <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Paris est sablonnée, crainte<br />

« d'acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> chevaux, » etc., etc. Dès que les courriers<br />

eurent signalé l'approche <strong>de</strong> <strong>la</strong> reine, que conduisait M. <strong>de</strong><br />

Gor<strong>de</strong>s, capitaine <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s écossaises, <strong>la</strong> milice urbaine et les<br />

échevins se dirigent en bon ordre au-<strong>de</strong>là du faubourg.<br />

« Un jeune homme armé d'une pique » ouvre <strong>la</strong> marche;<br />

<strong>de</strong>rrière suivaient <strong>de</strong>ux adolescents qui conduisaient « un beau<br />

« petit bi<strong>de</strong>t bien enharnaché et bardé, ayant une selle <strong>de</strong><br />

veloux; le sieur Crochet colonnel bien couvert d'habit<br />

« <strong>de</strong> satin noir passementé d'or, botté et esperonné » lequel<br />

marchait à pied « un baton en sa main » ; quatre capitaines<br />

portant <strong>la</strong> pique et un hausse col doré ; <strong>de</strong>ux cents mousquetaires;<br />

les lieutenants; <strong>de</strong>ux cents piqueurs; huit enseignes;<br />

seize notables ayant chacun leur pertuisane ; <strong>de</strong>ux à trois cents<br />

piqueurs; et enfin <strong>de</strong>s bourgeois, lieutenants, cinquantiniers,<br />

etc., au milieu <strong>de</strong>squels les tambours et les fifres jetaient leurs<br />

éc<strong>la</strong>ts...<br />

« Au-<strong>de</strong>ssus du premier pont <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte <strong>de</strong> Paris, proche le<br />

« tapecul, estoit une gran<strong>de</strong> tapisserie et sur icelle un tableau<br />

« ou estoit empreinte une fille représentant <strong>la</strong> ville qui semait<br />

« <strong>de</strong>s lis et <strong>de</strong>s fleurs et au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>s vers en lettres d'or<br />

« qui ensuivent :<br />

Lilia quae semper coluit, tibi lilia plenis<br />

Et flores spargit ca<strong>la</strong>this ; en prima triumphum<br />

Laeta feret, properas orbis dum sceptra Britanni<br />

Ducere, fata vocant quo te felicia : magni<br />

Hoc <strong>de</strong>cet Henrici sobolem justique sororem<br />

Regis et Anglorum generoso principe dignam.<br />

« Et à côté dudit tableau estoient les armes <strong>de</strong> France,<br />

« d'Angleterre et <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville dans <strong>de</strong>s chapeaux <strong>de</strong> triomphe...<br />

« Le quartier <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte au Pain était orné <strong>de</strong> portiques <strong>de</strong>


« charpenterie, l'un posé au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> l'hotel <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville du côté<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Saint-Agnan, auquel il y avoit <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s<br />

« arca<strong>de</strong>s, l'une pour entrer en <strong>la</strong>dite rue Saint-Agnan, l'autre<br />

« pour entrer en <strong>la</strong> rue aux Fromages, et l'autre portique posé<br />

« vis à vis <strong>la</strong> maison du cigne tirant pour aller à <strong>la</strong> halle. Un<br />

« théâtre <strong>de</strong> charpenterie (était) posé vis à vis l'hotel <strong>de</strong>s<br />

« <strong>de</strong>ux anges proche du port au pain pour mettre les violons<br />

« et musiciens... Lesdits portiques et eschafaux avoient etez<br />

« ornez <strong>de</strong> liares (lierres), <strong>de</strong> clinquants, avec les armes du Roy<br />

« et <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville et sur lesdits portiques posées jusqu'à quarante<br />

« harquebuses à crocs.<br />

« A <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité (rue du Châtel), proche dudit théâtre<br />

« et au-<strong>de</strong>ssus d'icelle, estoit une gran<strong>de</strong> tapisserie, un tableau<br />

« sur icelle où etoit représentée <strong>la</strong> France et l'Angleterre et<br />

« <strong>la</strong>ditte Dame Royne, embarquée sur mer dans un char<br />

« conduit par <strong>de</strong>s Dauphins et un amour Cupidon, et au mesme<br />

« tableau, au<strong>de</strong>ssus d'icelluy, sortait d'une nuée du ciel une<br />

« main liant <strong>la</strong> France et l'Angleterre ensemble avec ce vers :<br />

Una duos reges aeterno fœ<strong>de</strong>re jungit<br />

Dextera et optatum te prospicit Anglia sidus.<br />

« et plus bas :<br />

Augustam tetris Thetis eruit omnibus undis.<br />

« Et au-<strong>de</strong>ssus dudit tableau et aux <strong>de</strong>ux côtés dicelluy<br />

« etoient trois petits tableaux en carte enchassez et enrichiz,<br />

« et au premier etoient ecrits ces vers en lettres d'or :<br />

Que les feux du septentrion<br />

Ne luisent plus sur Albion.<br />

Une princesse <strong>de</strong> <strong>la</strong> France,<br />

Fille, sœur et femme <strong>de</strong> Rois,<br />

Epanchera sur les Anglois<br />

Une plus heureuse influence.<br />

« Au second tableau :


1<br />

Afforty, VIII, 4247.<br />

2<br />

Deux grands Roys, les plus courageux<br />

Qui soient sous <strong>la</strong> voute <strong>de</strong>s cieux,<br />

Assemblent par cette alliance<br />

Deux redoutables nations<br />

Et joignent par ces unions<br />

L'amour, <strong>la</strong> force et <strong>la</strong> puissance.<br />

« Au troisième tableau :<br />

Les nochers n'auront désormais<br />

Pour cinosure que ses rets<br />

Parmy leurs courses vagabon<strong>de</strong>s,<br />

Et Thétis, Reine <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer,<br />

Ne veut plus ainsi se nommer,<br />

Luy cédant l'Empire <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s.<br />

Suit le récit détaillé du reste <strong>de</strong> cette entrée : La reine se<br />

rend à Notre-Dame; quatre valets s'emparent du dais; elle<br />

loge à l'Evêché « au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte » ; un feu <strong>de</strong> joye est<br />

allumé <strong>de</strong>vant l'hôtel-<strong>de</strong>-ville ; départ le len<strong>de</strong>main et escorte<br />

jusqu'à « l'Orquibée ». Hé<strong>la</strong>s! à ces fêtes <strong>de</strong>vaient succé<strong>de</strong>r les<br />

<strong>de</strong>uils que le grand Bossuet a si merveilleusement racontés.<br />

10. L'on saluait encore à <strong>la</strong> Porte au Pain « <strong>la</strong> petite<br />

« chauffrette tenant d'un côté à Pérel, » qui tenait lui à Saint-<br />

Fiacre, « d'un bout aux murailles (1729) <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité, et d'autre<br />

« sur <strong>la</strong>dite rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chauffrette conduisant aux Deux-<br />

« Anges 1<br />

».<br />

11. La maison <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tournelle « domus turrium, alias <strong>de</strong>s<br />

« Tournelles (1519) faisait le coin du carrefour <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte<br />

« au pain, et une autre nommée <strong>la</strong> Chauve-Souris, joignait<br />

« à <strong>la</strong> Tournelle près l'ancienne porte <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité (1742) (et <strong>de</strong><br />

« l'impasse <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chauffrette), acquise par Rieul-Charles-<br />

« Laurent Pérel, marchand épicier 2<br />

. » — C'est en cet endroit<br />

Afforty, X, 7801 ; XXI, 746 : hotel du Beau Pignon, 1464. XXIII, 535.


que <strong>de</strong>ux grosses tours ron<strong>de</strong>s défendaient <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité,<br />

dite <strong>de</strong> Paris.<br />

NOTA. Les mots cité, portes <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité, etc., m'invitent à<br />

leur consacrer un article spécial infra.<br />

La Porte au pain était l'un <strong>de</strong>s centres importants <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville.<br />

Là se vendaient, comme à <strong>la</strong> halle, les poissons : « Commission<br />

« du bailly <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> (1672) qui permet aux officiers subal-<br />

« ternes <strong>de</strong> l'hotel <strong>de</strong> ville <strong>de</strong> visitter le poisson frais et <strong>de</strong><br />

« mer..., tant au port au pain qu'à <strong>la</strong> halle..., les autorise à<br />

« prendre sur le poisson d'eau douce <strong>de</strong>ux moyens gardons et<br />

« sur le poisson <strong>de</strong> mer <strong>de</strong>ux harangs, mer<strong>la</strong>ns ou liman<strong>de</strong>s, »<br />

et leur enjoint <strong>de</strong> jeter les « poissons indignes d'entrer au<br />

« corps humain. » Là aussi se vendaient les droits <strong>de</strong>s officiers<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. C'était avec l'hostel <strong>de</strong> ville, le chastel et <strong>la</strong><br />

rue <strong>de</strong> Paris le lieu réglementaire où l'on p<strong>la</strong>cardait les<br />

affiches (1674) l<br />

. Notre siècle est plus prodigue à couvrir les<br />

murs <strong>de</strong> piperies : panacées, professions <strong>de</strong> foi et programmes<br />

<strong>de</strong> fêtes...<br />

Des spectacles terribles affligeaient parfois ce carrefour.<br />

Sous l'épiscopat <strong>de</strong> Pierre le Chevallier (élu en 1561 — 1583),<br />

que ses vertus et sa charité extrême pour les pauvres ont<br />

rendu célèbre, <strong>Senlis</strong>, comme Metz, Orléans, Meaux, etc.,<br />

était infecté <strong>de</strong> disciples <strong>de</strong> Luther et <strong>de</strong> Zwingle. Leur ambition<br />

politique leur inspira <strong>de</strong>s coups d'audace. N'avaient-ils<br />

point <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s en ceux-là même que leur situation <strong>de</strong>vait<br />

protéger davantage contre l'esprit <strong>de</strong> révolution ? C'étaient Jean<br />

Greffin, écuyer, seigneur <strong>de</strong> Duvy, lieutenant particulier du<br />

bailliage 2<br />

, Antoine Parent, conseiller au siége présidial,<br />

Nico<strong>la</strong>s <strong>de</strong> Cornouaille, nom très connu, Nico<strong>la</strong>s <strong>de</strong> Chaumont,<br />

prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, etc.<br />

Or, racontent froi<strong>de</strong>ment les procès-verbaux <strong>de</strong>s assemblées<br />

communes, « le samedy quinzieme jour d'aoust 1562, a six<br />

1<br />

Afforty, IV, 2186 ; VII, 4021.<br />

2<br />

Afforty, année 1545, XII, 7730, 7731, n° 64, année 1553; XXIX, 702.


« heures <strong>de</strong> rellevée, jour et feste Notre-Dame, a l'issue du<br />

« salut qui se dit en l'eglise cathedralle fut apportée par<br />

« l'executeur <strong>de</strong> haulte justice <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Paris <strong>la</strong> teste <strong>de</strong><br />

« M e<br />

Jean Greffin Par M e<br />

Jean Bougon lieutenant criminel<br />

« du dit <strong>Senlis</strong> (fut) leu ledit arrest au Port au pain et illecq<br />

« <strong>la</strong>dite teste mise et affixée en une Potence, etc. 1<br />

. Furent<br />

« pendus en effigie a <strong>la</strong> Herce <strong>de</strong> l'apport au pain... M e<br />

An-<br />

« toine Parent..., M e<br />

(nom raturé), advocat, M e<br />

Louis<br />

« Fayolles, aussi advocat, Jacques-François <strong>de</strong> <strong>la</strong> Clef, mar-<br />

« chand à <strong>Senlis</strong>, Jacques Aubert, ouvrier en <strong>la</strong>ines, etc. 2<br />

. »<br />

Terminons par une note plus gaie. L'entrée <strong>de</strong>s rois et<br />

grands personnages était pour <strong>la</strong> Porte-au-Pain une cause <strong>de</strong><br />

manifestations joyeuses. « Au carrefour <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte au pain...<br />

« y avoit un eschaffault où estoyent autres joueurs d'instru-<br />

« ments comme flutes, doulsaines [doucines, trompettes],<br />

« rebets [rebecs] et tabours qu'il faisoit pareillement bon oyr. »<br />

(1531, 15 juin, entrée du Dauphin et <strong>de</strong> ses frères.) — « 1549.<br />

« Item 60 solz pour bois, fagots, fouées bruslées à l'hotel <strong>de</strong><br />

« <strong>la</strong>dite ville et au milieu <strong>de</strong> l'Aport au pain en signe <strong>de</strong> joie<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong>ditte entrée (d'Henri II) 3<br />

. Item 42 solz 6 <strong>de</strong>niers pour<br />

« avoir fait netoyer a <strong>la</strong> porte et rue Bellon et reporter sur les<br />

« terrasses les immondices qui estoient tombés, etc. » — 1593.<br />

Entrée <strong>de</strong> Madame d'Angoulême 4<br />

. — Le 23 juin 1792, c'était<br />

le tour <strong>de</strong> l'arbre <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté !<br />

Aujourd'hui <strong>la</strong> Porte-au-Pain est l'agora préférée où les<br />

esprits curieux, imitant les mœurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> république d'Athènes,<br />

se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt le quid novi, <strong>la</strong> nouvelle du jour...<br />

1<br />

Afforty, XII, 7496. — « Le vendredy, veille <strong>de</strong> <strong>la</strong> Notre Dame d'aoust<br />

fut exécuté le lieutenant <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> pour avoir faict <strong>la</strong> cène à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

Genefve. » Hist. <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> Condé, t. I, p. 94.<br />

2<br />

Afforty, XXIV, 7489, 7497. — Voir sur l'Histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Réforme à <strong>Senlis</strong>,<br />

les Prêches, Raoul Charmolue, ibid., 7489 et suivantes.<br />

3<br />

Afforty, V, 2623, pièce intéressante où dépenses faites pour l'entrée<br />

du Roi.<br />

4<br />

Afforty, XXV, 681.


VII. — ARÈNES (Carrefour <strong>de</strong>s. — Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaines <strong>de</strong>s).<br />

Ce nom Arènes s'est conservé à côté <strong>de</strong>s locutions corrompues<br />

Araines, Airaines, Raines, dans <strong>de</strong>s actes nombreux<br />

: Vers 1181. « In prato Episcopi juxta fontem Are-<br />

« narum 1<br />

. » — 1242. Jardin « ultra fontem Harenarum versus<br />

« Molendinum Regis. » — 1292. « Maison <strong>de</strong>ssous <strong>la</strong> Croix<br />

« Rogier-Morel, tenant d'une part à <strong>la</strong> maison au Prestre <strong>de</strong><br />

« Sainct Agnan et d'autre part à <strong>la</strong> rue par ou on vast à <strong>la</strong><br />

« fontaine d'Araines. » — 1309. « Fons Arenarum. » —<br />

1327. « Fontaine d'Araines ou d'Arènes. » — 1344.<br />

« Araines. » — 1349. « Ultra fontem Darenes. » — 1359.<br />

— 1374. « Croix Roger-Morel tenant au chemin <strong>de</strong> Saint-<br />

« Nico<strong>la</strong>s et au chemin <strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine d'Araines. » — 1435.<br />

« Jardin à <strong>la</strong> fontaine d'Araines, lieu dit le Château-Marigaut,<br />

« etc., » — 1482. « Fiefs, terres et seigneuries <strong>de</strong> <strong>la</strong> tour<br />

« Dairaines qui furent à M e<br />

feu Pierre <strong>de</strong> Hangest (1474),<br />

« vendus à M e<br />

Ferry <strong>de</strong> Mailly en 1482. » — 1522. « Rue<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine d'Araines 2<br />

. »<br />

L'on remarque en cet endroit les Arènes elles-mêmes, à<br />

l'ancien lieu-dit fossé ou trappe, dont M. Vernois fut le sagace<br />

révé<strong>la</strong>teur (16 février 1865). Ce monument gallo-romain, <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

secon<strong>de</strong> moitié du II e<br />

siècle ou du III e<br />

siècle, est bâti au sudouest<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, sur une colline qui <strong>la</strong> comman<strong>de</strong> et dont les<br />

pentes conduisent d'un côté aux Étuves, <strong>de</strong> l'autre à <strong>la</strong><br />

Gatelière. Ses dimensions médiocres (diamétres <strong>de</strong> l'ellipse,<br />

42 et 35 mètres), permettaient à neuf ou dix mille spectateurs<br />

<strong>de</strong> prendre p<strong>la</strong>ce sur ses quatre cuneus. Certaines particu-<br />

1<br />

Afforty, I, 11. Confirmation du pape Luce III <strong>de</strong>s possessions <strong>de</strong> Notre-<br />

Dame : les <strong>de</strong>ux p<strong>la</strong>ces du parvis et du puits Notre-Dame; le moulin Sainte-<br />

Marie, au faubourg <strong>de</strong> Paris, entre les <strong>de</strong>ux rivières; une charretée <strong>de</strong> foin<br />

sur le pré Percebot; le pré l'Evêque, juxta fontem Arenarum.<br />

2<br />

Afforty, III, 1155; XVI, 625, 830; XVII, 607, année 1342; XVIII, 311,<br />

444 et 628.


<strong>la</strong>rités piquent davantage l'attention : le procédé <strong>de</strong> construction,<br />

par lequel les bâtisseurs ont utilisé leurs premiers<br />

déb<strong>la</strong>is; — les moulures du podium;— <strong>de</strong>ux cel<strong>la</strong> éminemment<br />

curieuses dont une était creusée <strong>de</strong> niches ou armoires<br />

qui servaient très probablement à recevoir <strong>de</strong>s huiles et <strong>de</strong>s<br />

onguents plutôt que <strong>de</strong>s images <strong>de</strong> divinités ; — <strong>de</strong>s débris <strong>de</strong><br />

colonnes <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux modules différents (0 m<br />

60 à 0 m<br />

40) qui<br />

servirent peut-être à soutenir <strong>de</strong>s frontons aux <strong>de</strong>ux portes<br />

d'entrée, à orner <strong>la</strong> loge <strong>de</strong>s autorités (M. Bosc) ou à former<br />

une scène ; — une frise en palmettes vigoureusement fouillées<br />

qui est <strong>de</strong>venue une margelle <strong>de</strong> puits; — un puits dont l'usage<br />

est un problème et une discussion pour les archéologues.<br />

Quels évènements se sont accomplis en ce lieu, <strong>de</strong>puis que<br />

les légions romaines y réjouissaient les gaulois par <strong>de</strong>s représentations<br />

théâtrales et <strong>de</strong>s combats sang<strong>la</strong>nts, jusqu'au jour<br />

où les Ligueurs, en 1598, p<strong>la</strong>cent « leurs couleuvrines sur une<br />

« haute butte à l'endroit <strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine <strong>de</strong>s Raines pour battre<br />

« à courtines et en engards <strong>de</strong> rempart et défendre <strong>la</strong> brèche 1<br />

»?<br />

Qui a creusé ces marches, renversé ces colonnes, creusé ce<br />

puits, rempli ce caveau 2<br />

?<br />

Du pied <strong>de</strong> ce monticule sortait une fontaine, aujourd'hui<br />

cachée et <strong>de</strong>sséchée, qu'une bulle du pape Luce III (1182 en<br />

faveur du chapître <strong>de</strong> notre-dame appelle Fons arenarum 3<br />

.<br />

Le marais au bas est le Pré l'Evéque. S'il n'était point<br />

fauché avant <strong>la</strong> Saint-Jean, sa fenaison, à moins d'un sursis<br />

obtenu <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune, appartenait à tout venant 4<br />

.<br />

1<br />

Vaultier.<br />

2<br />

Il ne faut pas oublier que nos Arènes ont peut-être servi jusqu'au<br />

moyen-âge. Les Chroniques <strong>de</strong> Saint-Denis rapportent que Chilpéric fit<br />

établir à Paris et à Soissons « une manière <strong>de</strong> jeux qui sont appelés cirques,<br />

« à <strong>la</strong> manière que les roumains souloient faire anciennement, etc. » —<br />

(Francorum scriptores).<br />

3<br />

Gall. Christ., t. X, col. 222. — Corn. arch., 2 e<br />

série, t. III, p. 248.<br />

4<br />

Afforty, IV, 2111 ; XI.7032; XVI, 830 en 1342,1355 et 1428; XVIII, 548,<br />

etc.; XXI, 144, 172, 229 en 1437,1438 et 1475.


« Un jardin proche <strong>la</strong> fontaine <strong>de</strong>s Reines » est désigné<br />

sous le nom <strong>de</strong> « jardin du Buat 1<br />

», <strong>de</strong> Buata qui signifie<br />

voûte souterraine, dépression du sol. — Voir Buat.<br />

La rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine <strong>de</strong>s Arènes s'appe<strong>la</strong>it rue <strong>de</strong>s Moulins<br />

du Roi (1265) 2<br />

».<br />

Afforty mentionne à <strong>la</strong> date du 27 juillet 1686 « une maison<br />

« <strong>de</strong> Monsieur <strong>de</strong> Tourmont en <strong>la</strong> [rue <strong>de</strong> <strong>la</strong>] fontaine <strong>de</strong>s<br />

« Reines. » En 1732, Firmin Trudaine, évêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />

continue à M. <strong>de</strong> Tourmont, conseiller en <strong>la</strong> grand'chambre,<br />

<strong>la</strong> permission accordée à M. <strong>de</strong> Tourmont, son frère, <strong>de</strong> faire<br />

dire <strong>la</strong> messe dans « sa maison sise à <strong>la</strong> fontaine <strong>de</strong>s<br />

Reines 3<br />

. »<br />

« En 1756 4<br />

, Messire <strong>de</strong> Cornebœuf, seigneur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Noux et<br />

« d'Avezan, <strong>de</strong>meurant faubourg <strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine d'Araines,<br />

« prenait à bail viager <strong>la</strong> pêche <strong>de</strong> <strong>la</strong> rivière qui bordait son<br />

« jardin <strong>de</strong>puis les vannes du moulin du Roy jusqu'à l'angle<br />

« du mur qui sépare le jardin du petit marais commun apparte-<br />

« nant à <strong>la</strong> ville. »<br />

Le lecteur plus curieux lira dans les notices très intéressantes<br />

<strong>de</strong>s abbés Blond et Legoix et <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Caix <strong>de</strong> Saint-<br />

Aymour, <strong>de</strong> MM. Vernois et Vatin 5<br />

, <strong>la</strong> découverte <strong>de</strong>s arènes,<br />

leur <strong>de</strong>scription, les objets, monnaies <strong>de</strong> César à Gratien (383),<br />

tuiles avec marque, cachet d'oculiste y trouvés.<br />

1<br />

Afforty, V, 2821, en 1633.<br />

2<br />

Afforty,XII, 7731, n° 38, à Liste <strong>de</strong>s Maires.<br />

3<br />

« François Firmin, par <strong>la</strong> grâce <strong>de</strong> Dieu et du Saint-Siége apostolique,<br />

évêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, vue <strong>la</strong> requeste à nous présentée par monsieur <strong>de</strong><br />

Tourmont, conseiller en <strong>la</strong> grand Chambre, en <strong>la</strong>quelle il nous a exposé<br />

que sa maison sise à <strong>la</strong> fontaine <strong>de</strong>s Reines est fort éloignée <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

paroisse <strong>de</strong> Saint-Anian <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, pourquoy il auroit été accordée par nos<br />

prédécesseurs Evêques <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et par nous <strong>la</strong> permission <strong>de</strong> faire célébrer<br />

<strong>la</strong> sainte messe dans <strong>la</strong> chapelle construite dans sa maison, nous supplions<br />

vouloir lui continuer <strong>la</strong> même permission que nous avons accordée<br />

à feu Monsieur son frère, etc. » Archives départementales <strong>de</strong> l'Oise, G. 622.<br />

4<br />

Afforty, V, 2506.<br />

5<br />

Com, arch., t. I, XVI, t. III, 148, t. IV, 163, t. V, 157, t. VII, XX-XXIII.<br />

— Congrès arch. <strong>de</strong> France tenu à <strong>Senlis</strong>, 1878, p. 69, 383 et 443.


VIII. — * ARSENAL (L').<br />

La ville avait acheté en 1421 1<br />

« rue Vitel, <strong>de</strong>rrière l'église<br />

« <strong>de</strong>s frères mineurs », à l'endroit où <strong>la</strong> rue neuve <strong>de</strong> Paris<br />

coupe aujourd'hui <strong>la</strong> rue du Temple ou <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers,<br />

l'arsenal <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, magasin, grange commune, pa<strong>la</strong>is, etc.<br />

Les registres municipaux et Afforty 2<br />

pourront fournir à <strong>la</strong><br />

monographie <strong>de</strong> cet arsenal et <strong>de</strong> <strong>la</strong> salpètrière <strong>de</strong>s documents <strong>de</strong><br />

ce genre : En 1383, 1410, 1414, 1481, etc., achats et envois<br />

d'armes : arbalètes, etc. — En 1393, six arbalétriers fournis<br />

pour accompagner le Roi qui <strong>de</strong>vait faire un voyage en Angleterre.<br />

— Gages <strong>de</strong>Jean, bâtard <strong>de</strong> Thian, bailli et capitaine <strong>de</strong><br />

1419 à 1429, du comte <strong>de</strong> Vendôme, <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> <strong>la</strong> Salle,<br />

capitaine <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, etc. — En 1448, création <strong>de</strong>s francs archers.<br />

<strong>Senlis</strong> en fournit six armés <strong>de</strong> dague, épée, trousse, jacque, etc.<br />

— En 1456,1457,1603,1611 inventaires du matériel <strong>de</strong> guerre.<br />

— En 1457,1481, impositions pour gens <strong>de</strong> guerre. — En 1537,<br />

ordonnance du roi portant établissement dans <strong>Senlis</strong> d'un atelier<br />

pour <strong>la</strong> fabrication du salpêtre, sous <strong>la</strong> direction <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux notables<br />

habitants chargés d'expédier les produits à l'arsenal <strong>de</strong> Paris.—<br />

En 1542,17 mai, lettre du roi pour qu'on hâte l'envoi du salpêtre.<br />

<strong>Senlis</strong> en expédie près <strong>de</strong> 4,000 livres. — En 1552, <strong>Senlis</strong> avait<br />

fourni aux arsenaux <strong>de</strong> Paris, six milliers <strong>de</strong> salpêtre. —En 1576,<br />

les 10 et 11 janvier, l'arsenal <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> contenait, d'après un inventaire<br />

dressé sur les ordres <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Biron (Armand <strong>de</strong> Gontaut,<br />

baron <strong>de</strong> Biron, vers 1524-1592) : « Deux moyennes <strong>de</strong> fonte...,<br />

« six fauconneaux <strong>de</strong> fonte (canons longs d'environ 2 mètres)...,<br />

« quarante pièces d'arquebuse à crocs, canons, boulets et affuts<br />

« fabriqués. » — En 1592, Henri IV autorise l'établissement<br />

1<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>. EE. 28. Contrat d'acquisition par <strong>la</strong> ville d'une grange et<br />

jardin rue Vitel... dont on a fait un arsenal, etc. 1421-1743. — Afforty,<br />

VII, 3927.<br />

2<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, II, 26 et 49. — Vaultier, p. 407. — Afforty, V, 2333, 2369;<br />

XI, 7328, 7348; XXI, 586, 638, 739, 773 en 1457, 1458, 1459, 1464 et 1466;<br />

XXII, 65, 3064 en 1471 et 1523; XXIV, 247, 357, 408; XXV, 305, 670, 681.


à <strong>Senlis</strong> d'une fon<strong>de</strong>rie <strong>de</strong> canons. — En 1593, le Clergé paie<br />

une <strong>de</strong>s « machinae bellicae ».<br />

Il y avait à cet arsenal un « moulin à chevaux <strong>de</strong> gran<strong>de</strong><br />

« ancienneté pour moudre par temps <strong>de</strong> guerre, se mestier<br />

« (besoin) est (dans le cas) ou l'on ostoit les eaux qui viennent<br />

« à <strong>la</strong>dite ville 1<br />

. »<br />

C'était là que Jehan Vaultier 2<br />

, — voyageur en Turquie,<br />

royaliste, brave soldat, témoin actif du siége d'Amiens <strong>de</strong> 1597,<br />

canonnier, « perclus <strong>de</strong> ses membres avec perte <strong>de</strong> ses petits<br />

« moyens », historien <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, — était fort occupé durant le<br />

siége <strong>de</strong> 1589, « à faire faire les moulins, monter les canons,<br />

« envoyer iceux sur les remparts et brêche avec les boulets,<br />

« grena<strong>de</strong>s, clous d'attrapes, feux d'artifices et autres choses. »<br />

Puisque le nom <strong>de</strong> Vaultier apparaît <strong>de</strong> nouveau en cet<br />

essai, voici <strong>de</strong>ux notes qui ai<strong>de</strong>ront peut-être à jeter quelque<br />

jour sur son histoire : « 1614. Le samedy 30 e<br />

jour d'aoust l'an<br />

« 1614 du matin, M. Louis Crochet, receveur ordinaire du<br />

« domaine, Jean Bail<strong>la</strong>rt et Jean Le Moyne, marchands, bour-<br />

« geois, gouverneurs et eschevins... sur <strong>la</strong> requete a nous<br />

« faite par Osée Cocatrix commis par Jean d'Orléans, sieur <strong>de</strong><br />

« <strong>la</strong> Tail<strong>la</strong>rdière pour faire <strong>la</strong> gar<strong>de</strong> du feu d'artillerie, poudre,<br />

« boullets et autres munitions <strong>de</strong> guerre qui sont dans le<br />

« magasin <strong>de</strong> cette ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>... ou lieu et p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong><br />

« <strong>de</strong>ffunt M e<br />

Jehan Vaultier... nous nous sommes transportez<br />

« au chasteau du Roy, etc. » — « Au carrefour <strong>de</strong>s Singes,<br />

« les Trois Bourses tenant à <strong>la</strong> rue Rouge-Maille et à <strong>la</strong><br />

« veuve Maistre Jean Vaultier (1604-1616) 3<br />

»<br />

Le contemporain qui a écrit le récit véritable <strong>de</strong> <strong>la</strong> surprise<br />

<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> par <strong>la</strong> Ligue, nomme un Nico<strong>la</strong>s Vaultier,<br />

« ligueur, lequel... au lieu <strong>de</strong> crier : Vive le Roi! donna un<br />

1<br />

2<br />

Afforty, V, 2318; XXII, 47, 1459.<br />

Vaultier, p. 154, 407.<br />

3<br />

Afforty, VI, 3365; XII, 7624. — Tremb<strong>la</strong>y fait erreur lorsqu'il raconte<br />

qu'un François Vaultier, mé<strong>de</strong>cin, aurait été mis en prison à <strong>Senlis</strong>, à cause<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> haine <strong>de</strong> Richelieu (1630-1643), et serait auteur d'écrits sur <strong>la</strong> ligue.


« coup <strong>de</strong> hallebar<strong>de</strong> dans <strong>la</strong> cuirasse du seigneur d'Abbecourt,<br />

« sans le blesser... et fut incontinent tué <strong>de</strong> plusieurs coups<br />

« <strong>de</strong> pistolet. » (1589). Est-ce un frère <strong>de</strong> notre Vaultier?<br />

La diversité <strong>de</strong>s opinions politiques <strong>de</strong>vait élever entre eux<br />

l'un <strong>de</strong> ces murs <strong>de</strong> séparation que notre époque <strong>de</strong> haines<br />

connaît trop.<br />

L'arsenal, <strong>de</strong>venu salpétrière en 1635 1<br />

, était condamné en<br />

1724 à être démoli par autorisation du 22 janvier, lorsque le<br />

conseil <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville décida que l'on « gar<strong>de</strong>ra et réparera<br />

« l'arsenal, d'autant que le bâtiment en est bon et qu'il n'y a<br />

« que <strong>la</strong> couverture à réparer, qu'il y a actuellement 4 canons<br />

« <strong>de</strong> fonte, quelques canons <strong>de</strong> fer, <strong>de</strong>s affuts, boullets, chaînes<br />

« et autres ustenciles et attirails <strong>de</strong> guerre 2<br />

. »<br />

L'on chercherait en vain aujourd'hui quelque ruine <strong>de</strong> cet<br />

arsenal; <strong>la</strong> race <strong>de</strong>s Vaultier tend semb<strong>la</strong>blement à disparaître :<br />

c'est par d'autres moulinets qu'on parvient aujourd'hui à <strong>la</strong><br />

gloire !<br />

1<br />

Afforty, VI, 3004, 3310 et suiv. où Notes sur artillerie à <strong>Senlis</strong>,<br />

« cartiniers, cinquantiniers », guerre, etc.<br />

2<br />

Afforty, VII, 3927 et 3928.<br />

3<br />

IX. — * ARSISIES (Rue <strong>de</strong>s).<br />

Maison « rue <strong>de</strong> Paris située inter ruel<strong>la</strong>m <strong>de</strong> Arsisiis »<br />

(1271). — « Maison... en <strong>la</strong> rue Parisis joignant a <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s<br />

Arsis » (1349). — Ces indications : « les <strong>de</strong>ux Cygnes tenant<br />

« <strong>de</strong>rrière à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Assises vers 1520 3<br />

»; — « les <strong>de</strong>ux<br />

« Cygnes, aboutant par <strong>de</strong>vant à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> l'apport au pain<br />

« et par <strong>de</strong>rrière à <strong>la</strong> rue aux trippes, tenant à Saint-Ni-<br />

« co<strong>la</strong>s, » etc. (1522), démontrent que <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Arsisies ou<br />

<strong>de</strong>s Assises est <strong>la</strong> rue du Long-Filet ou aux Tripes.<br />

Quelle est l'étymologie <strong>de</strong> ce nom « <strong>de</strong> Arsisiis? » Arsisia<br />

est-il ici une altération <strong>de</strong> Assisia, Assisium, Assisa, etc., etc.?<br />

Voir Long-Filet.<br />

Afforty, XVI, 68; XVIII, 424.


L'on sait que les assises étaient <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ids où les rois et<br />

seigneurs rendaient <strong>la</strong> justice, signifiaient leurs ordonnances,<br />

etc., eux-mêmes ou par leurs baillis. Dans une lettre <strong>de</strong><br />

gar<strong>de</strong>-gardienne aux religieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Victoire (1339), Philippe<br />

<strong>de</strong> Valois dit : « ... Dictam gardiam nostram in assisiis et aliis<br />

« locis publicis notificari solemniter faciant 1<br />

. »<br />

X. — AULAS DE LA BRUYÈRE (P<strong>la</strong>ce).<br />

C'est une petite p<strong>la</strong>ce à l'angle formé par les rues du Châtel<br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tonnellerie, que les habitu<strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>ires appellent<br />

trop souvent p<strong>la</strong>ce Billon, parce que le criminel ou fou dangereux<br />

qui portait ce nom, <strong>de</strong> triste souvenir (Louis-Michel-Rieul<br />

Billon), <strong>de</strong>meurait en cet endroit 2<br />

. Nous trouvons <strong>de</strong>meurant<br />

au Carrefour <strong>de</strong>s Quatre-Vents, dans <strong>la</strong> maison du Chastellet,<br />

<strong>de</strong>vant l'Hôtel-Dieu, en 1725, Latare, Michel Billon,<br />

Margry, maîtres sculpteurs 3<br />

, dont les noms apparaissent sur<br />

plus d'une pierre tombale à Noyon; C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Billon, maître<br />

menuisier 4<br />

, etc.<br />

La municipalité a mieux désigné ce lieu en lui donnant le<br />

nom d'Au<strong>la</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bruyére, lequel arrêta Billon, au milieu <strong>de</strong><br />

l'incendie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> poudre, et fut retiré <strong>de</strong>s décombres à<br />

<strong>de</strong>mi-mort (13 décembre 1789).<br />

Les amateurs <strong>de</strong> curiosités historiques pourront lire le<br />

Procès historique d'attentat <strong>de</strong> Billon, horloger <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />

par M. <strong>de</strong> Guillerville, membre du comité permanent et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

cavalerie nationale <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, in-8° <strong>de</strong> 48 pages. <strong>Senlis</strong>, chez<br />

<strong>de</strong>s Rocques, impr. lib. 1790; — le testament <strong>de</strong> Billon et<br />

1<br />

Afforty, XVIII, 102.<br />

2<br />

Graves, p. 120. Qu'est-ce que le carrefour <strong>de</strong>s Bil<strong>la</strong>rds, nommé par<br />

Graves, p. 155.<br />

3<br />

Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1725, VI, 3012, 3015, 3016. — Voir encore XI, 7133 en<br />

1695. — Billon naquit le 7 sept. 1750 <strong>de</strong> Louis-Michel Billon. Actes <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Paroisse Notre-Dame.<br />

4<br />

Afforty, VI, 3015.


l'épitaphe qu'il se composa, imprimée chez Tremb<strong>la</strong>y (1790),<br />

où : « Si jamais il existe une épitaphe pour moi, je vous prie<br />

« d'y faire graver les mots ci-<strong>de</strong>ssous : Ici repose le corps <strong>de</strong><br />

« Louis-Michel-Rieul BILLON, horloger, qui fut fou <strong>de</strong><br />

« son état et non <strong>de</strong> sa femme; il n'aime pas <strong>la</strong> vie, et ce<br />

« n'est pas bien étonnant; il quitte sans regret les hommes,<br />

« ce sont <strong>de</strong>s monstres qui ne peuvent plus entendre <strong>la</strong><br />

« vérité et qui ne connaissent que <strong>la</strong> loi du plus fort. Je<br />

« succombe sous cette loi; mais j'espère me venger et ap-<br />

« prendre aux hommes par ma mort à être plus sages dans<br />

« leurs délibérations »; - un arrêt du conseil provisoire<br />

exécutif au nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> République française, signé par Barat et<br />

Bouchotte, ministre <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre, qui délivrait à M. <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Bruyère une pension <strong>de</strong> 1,800 livres, « comme rémunération<br />

« <strong>de</strong> ses services et surtout en considération <strong>de</strong> plusieurs<br />

« blessures qu'il a reçues dans l'exercice <strong>de</strong> ses fonctions lors<br />

« <strong>de</strong> l'horrible évènement arrivé à <strong>Senlis</strong> le 13 décembre 1789,<br />

« en saisissant Billon au moment où il faisait sauter sa<br />

« maison; » — et les Affiches-Annonces pour les villes <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong>, Compiègne, etc., qui contiennent plus d'une pièce sur<br />

Billon 1<br />

:<br />

1<br />

Com. arch., t. I er<br />

, p. 56. — Voir sur l'attentat Billon, l'in<strong>de</strong>mnité<br />

pécuniaire offerte par sa mère, les pensions faites aux victimes, etc., un<br />

dossier <strong>de</strong> 31 pièces aux Arch. munic, le registre <strong>de</strong>s délibérations <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

commune <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, t. x, folio 15 et suiv., <strong>la</strong> réimpression <strong>de</strong> l'ancien<br />

Moniteur, t. II, 391, 410, 444; III, 150 et IX, 839.<br />

2<br />

Que jamais nul mortel n'éléve <strong>de</strong> maison<br />

Sur le lieu qu'habita le scélérat Billon.<br />

Le 16 avril, le citoyen Jules Juéry, nommé sous-préfet<br />

douze jours auparavant, installe maire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> le citoyen<br />

Michel-Philippe Au<strong>la</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bruyère 2<br />

.<br />

M. Guérard est l'arrière-petit-fils <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bruyère.<br />

Puisque j'ai parlé tout à l'heure du carrefour <strong>de</strong>s Quatre-<br />

Vents, en 1653, avait lieu l'inhumation <strong>de</strong> M. Nico<strong>la</strong>s Sanguin,<br />

Broisse, p. 155.


évêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. Or, « six chanoines capitu<strong>la</strong>nts » raconte sans<br />

apprêt <strong>de</strong> style l'auteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> chronique très intéressante <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Présentation 1<br />

, « le portèrent jusqu'au mur qui sépare le<br />

« cloître d'avec <strong>la</strong> rue (près du grand clocher) ; <strong>de</strong> ce lieu, les<br />

« semy-prébendés le portèrent jusque <strong>de</strong>vant l'Hôtel-Dieu (rue<br />

« du Châtel, où est aujourd'hui <strong>la</strong> fabrique <strong>de</strong> chicorée), d'où<br />

« six chanoines <strong>de</strong> Saint-Rieul le portèrent jusqu'au carrefour<br />

« <strong>de</strong>s Quatre-Vents; <strong>de</strong> là six religieux <strong>de</strong> Saint-Vincent le<br />

« portèrent jusqu'au port au pain, d'où les curez le portèrent<br />

« jusques au carrefour <strong>de</strong>s Trois-Poissons (à <strong>la</strong> rencontre <strong>de</strong>s<br />

« rues du Long-Filet, <strong>de</strong> Saint-Jean et <strong>de</strong> Sainte-Geneviève) ;<br />

« <strong>de</strong> ce lieu les Cor<strong>de</strong>liers le portèrent jusqu'au carrefour <strong>de</strong>s<br />

« Tixerans (<strong>de</strong>vant les <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Charité, rue<br />

« <strong>de</strong> Meaux), etc. »<br />

Souhaitons en quittant ce carrefour, que l'avenir donne<br />

toujours raison au poète <strong>de</strong>s Affiches-Annonces :<br />

Si <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> un jour on raconte l'histoire<br />

Lui seul fut un coquin d'exécrable mémoire !<br />

XI. — AULNOYE (Lieu dit l').<br />

Alneium, Alnetum, lieu p<strong>la</strong>nté d'aulnes. — Les Capucins<br />

avaient été d'abord (1609) établis « sur <strong>la</strong> requeste <strong>de</strong> <strong>de</strong>moi-<br />

« selle Anne Rigollet, veuve <strong>de</strong> Paul <strong>de</strong> Cornouailles, advocat 2<br />

,<br />

« et <strong>de</strong> ses enfants au lieu dit <strong>de</strong> l'Aulnoy, <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> fontaine<br />

« du peuple ou <strong>de</strong>s peupliers, feu M. Paul <strong>de</strong> Cornouailles,<br />

« advocat, ayant par testament donné l'emp<strong>la</strong>cement avec<br />

« 1,000 livres d'argent 3<br />

. » « Mais, » ajoute philosophiquement<br />

1<br />

P. 140. <strong>Bibliothèque</strong> du Chapître.<br />

2<br />

Testament du <strong>de</strong>rnier jour d'octobre 1606.<br />

3<br />

Afforty, XI, 5941. — Louis <strong>de</strong> Cornoailles, chantre en l'église cathédrale<br />

<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, conseiller au présidial et official, portait : <strong>de</strong> sinople à une<br />

licorne naissante d'argent, soutenue d'un croissant <strong>de</strong> même et accostée <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>ux étoiles d'or en chefs. Communiqué par M. Desmarets, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />

l'élection. — Afforty, IX, 4773.


Jaulnay, « comme toutes choses sont muables au mon<strong>de</strong>, on les<br />

« a transportés dans <strong>la</strong> ville contre l'intention du fondateur. »<br />

Par un heureux retour <strong>de</strong>s choses, l'Aulnoye a retrouvé ses<br />

chants religieux et ses processions d'autrefois, grâce au pèlerinage<br />

<strong>de</strong> Bon-Secours et au zèle <strong>de</strong> M. l'abbé Trentelivres,<br />

aujourd'hui curé <strong>de</strong> Saint-Germain <strong>de</strong> Compiègne.<br />

Voir Bon-Secours, Capucins.<br />

XII. — AUMONT.<br />

Si j'introduis Aumont dans le cadre <strong>de</strong> cet essai, c'est parce<br />

que l'histoire <strong>de</strong> ce charmant vil<strong>la</strong>ge est mêlée nécessairement<br />

à celle <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>.<br />

Vers 1144, « Un nommé Roger Charles, chantre <strong>de</strong> Saint-<br />

« Rieul, donne à <strong>la</strong>dite église une maison, un pressoir et <strong>de</strong>s<br />

« vignes sises à Aumont (apud Altum montem). Almaricus<br />

« (Amaury) reçeut <strong>la</strong> fondation 1<br />

. » — En 1270, controverse<br />

entre l'archidiacre Thomas <strong>de</strong> Jouy (<strong>de</strong> Joiaco), et les curés<br />

<strong>de</strong>s églises « <strong>de</strong> Alto Monte, <strong>de</strong> Plesseio, <strong>de</strong> Chamanto, <strong>de</strong><br />

« Fonte sancti Firmini, <strong>de</strong> Valle profunda, etc. » — En 1312,<br />

Renaud, curé, d'Aumont. — 1467, Nico<strong>la</strong>s <strong>de</strong> Sacy, curé. —<br />

1490, Jean Lambert, curé 2<br />

. — Vers 1495, Pierre <strong>de</strong> Fresnes,<br />

écuyer, seigneur <strong>de</strong> Pontarmé, et Jeanne, sa femme, fille <strong>de</strong><br />

Jean-Louis Duruel l'Orfévre, avocat du roi au Parlement, <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> famille <strong>de</strong> ce Raoul l'Orfèvre, qui reçut sous Philippe III<br />

les premières lettres d'anoblissement, ven<strong>de</strong>nt à Simon Bonnet<br />

leurs terre et seigneurie d'Aumont 3<br />

. — Le Compte <strong>de</strong> 1508 et<br />

<strong>la</strong> Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, au chapitre Aulmont, font mention<br />

du fief <strong>de</strong> Tournebus, <strong>de</strong> <strong>la</strong> montagne <strong>de</strong> <strong>la</strong> Triboudaine et <strong>de</strong><br />

1 Jaulnay rapporte l'acte en entier, p 413, 414.<br />

2 Afforty, I, 6 ; XV, 60 ; XXI, 796 ; XXII, 596. Plessis à côté <strong>de</strong> Chamant,<br />

« Valparfon<strong>de</strong> » (profond) et Saint-Léonard (1522).<br />

3 Jaulnay, ibid. — Arch. départ., G. 649..


Ancien Clocher <strong>de</strong> Saint-Aignan (Page 88).


« lostel <strong>de</strong> <strong>la</strong> torbourdaine » (? <strong>de</strong> tordre, avaler gloutonnement,<br />

et boudin), « appartenant à Jehan <strong>de</strong> Michi. »<br />

Aumont (Altus mons) (1258) 1<br />

fut longtemps le lieu <strong>de</strong><br />

divertissements dont l'origine première était peut-être<br />

païenne. Qui ne sait le culte que l'idolâtrie aimait à rendre<br />

aux hauts lieux? Le dimanche <strong>de</strong>s Brandons (feux sur les<br />

p<strong>la</strong>ces), qui était le 1 er<br />

dimanche <strong>de</strong> Carême, <strong>la</strong> foule s'y<br />

pressait pour manger, danser et s'amuser, au point, dit un<br />

naïf écrivain, « <strong>de</strong> s'en réjouir <strong>de</strong>ux mois auparavant. » —<br />

La Sorbonne, en 1444, condamne cet usage scandaleux. —<br />

Guil<strong>la</strong>ume Rose fait dresser une croix sur <strong>la</strong> montagne. —<br />

Nouvel arrêt du Parlement en 1613.<br />

« Mouvement fait par Etienne le B<strong>la</strong>nc, écuyer, sieur <strong>de</strong><br />

« Beaulieu, ministre <strong>de</strong> l'Eglise prétendue réformée recueillie<br />

« à Aulmont, à l'occasion <strong>de</strong> l'abjuration faite par Anne <strong>de</strong><br />

« Cornoaille, veuve <strong>de</strong> Maître Philippe le Grand, prévost <strong>de</strong><br />

« <strong>Senlis</strong>, et mère <strong>de</strong> M r<br />

François le Grand, prévost <strong>de</strong> <strong>la</strong> même<br />

« ville, le 15 octobre 1626 2<br />

. » — Les Calvinistes, « ayant<br />

« commis du désordre le jour <strong>de</strong> Pâques, à Aulmont, sont<br />

« expulsés sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>inte <strong>de</strong> M. Debarre, curé <strong>de</strong> l'endroit, et<br />

« leur temple rasé. »<br />

Parent, curé d'Aumont, lève en 1710 une bonne carte <strong>de</strong><br />

l'ancien diocèse <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> 3<br />

.<br />

Faut-il mentionner <strong>la</strong> tradition qui fait sortir <strong>la</strong> butte<br />

d'Aumont <strong>de</strong> <strong>la</strong> hotte <strong>de</strong> Gargantua?<br />

Ouï, c'est Gargantua qui. gagnant <strong>la</strong> Bretagne<br />

Pour assister Arthus d'un coup <strong>de</strong> main,<br />

Nous bâtit sans façon cette b<strong>la</strong>nche montagne<br />

Dont nous aimons à gravir le chemin.<br />

1<br />

Jaulnay, p. 645.<br />

2<br />

Afforty, XII, 7731 ; XXI, 634. — Voir sur l'histoire <strong>de</strong>s prétendus<br />

réformés à <strong>Senlis</strong>, Arch. <strong>Senlis</strong> : Comptes <strong>de</strong> 1562 et Registre <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroisse<br />

Sainte-Geneviève, 5 e<br />

cahier, f° 36, 37, année 1585 et 7 e<br />

cahier, f° 52, année<br />

1626. — Mallet, en 1562, p. 54, 62, 64. — Jaulnay, p. 642. — Dom Grenier,<br />

t. XVI, p. 218.<br />

3<br />

Com. arch., I, XLVI, II, XXI, 7, 59, 61, 62. — Voir encore sur Aumont<br />

arch. départ., G , 649 à 652, et 676.<br />

IV 6


XIII. — AUNETTE, NONETTE (Rivières <strong>de</strong> l' — <strong>de</strong> <strong>la</strong>).<br />

1. L'Aunette ou Onette a sa source entre Bray et Chamicy,<br />

passe à Ba<strong>la</strong>gny, où Hugues Grotius commença, pour l'achever<br />

à <strong>Senlis</strong>, son livre <strong>de</strong> jure pacis et belli 1<br />

, à Chamant et Villevert,<br />

fait tourner les moulins <strong>de</strong> Saint-Rieul et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gatelière,<br />

et se jette au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s, au Moulin-Neuf,<br />

dans <strong>la</strong> Nonette.<br />

L'on trouve dans un acte <strong>de</strong> donation faite à Saint-Frambourg<br />

en 1275 : « Sancti Nico<strong>la</strong>i super Honetam », et ailleurs,<br />

« Holneta, Oneta 2<br />

. » Quelques-uns, dit un amateur plus ar<strong>de</strong>nt<br />

que sage d'étymologies, disent que cette rivière s'appelle<br />

Aunette « propter aquam nitidam, eau-nette 3<br />

. » Aunette vient<br />

plus probablement <strong>de</strong> Alnus, Aulne, Aune ou Alnetum, lieu<br />

p<strong>la</strong>nté d'aunes, Aulnoye<br />

2. La Nonette, <strong>de</strong> nodu<strong>la</strong>, noette, petit pré marécageux,<br />

diminutif <strong>de</strong> noa, noue, nove 4<br />

, etc., prend son origine près <strong>de</strong><br />

Nanteuil, visite Versigny, <strong>la</strong> belle église <strong>de</strong> Baron, Montlognon,<br />

Fontaine, Borest, Montlêvêque, où nos évêques avaient leur<br />

maison <strong>de</strong> campagne, les ruines <strong>de</strong> <strong>la</strong> Victoire et Villemétrie,<br />

1 Afforty, IX, 5211.<br />

2 Afforty, III, 1559; XVIII, 854.<br />

3 Cité par Afforty, III.<br />

4 « Terre arrosée d'eau », dit Dom Grenier, t. CLXV. — « Petit cours<br />

« d'eau », selon Hippeau. Exemples : Noë-Saint-Martin, — Noë-Saint-<br />

Remy ; — Louis VI, résidant lors au château <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, libère <strong>de</strong> toute<br />

action en servage les frères Odon « <strong>de</strong> Noa » et toute leur famille.<br />

(Afforty, I, 18, année 1110). — « Ad Noam sancti Remigii in loco qui<br />

« dicitur Fosses. » (Afforty, V, 407, année 1124.) — « Apud Roberti<br />

« vil<strong>la</strong>m parochia <strong>de</strong> Noa sancti Remigii. » (Afforty, XVI, 163, année 1274.)<br />

Noencourt, — Fontaine Noë, — « ... moniali <strong>de</strong> Noaforti. » (Afforty,<br />

XVIII, 630, année 1359.) — Noue, Noues, à Précy, à Gouvieux, etc.<br />

Voir <strong>de</strong>s Notes très intéressantes <strong>de</strong> M. Am. Margry sur l'Aunette, <strong>la</strong><br />

Nonette, etc. Com. arch., 2 e<br />

série, t. III, p. 335, 336 et 352. — Je saisis<br />

cotte occasion <strong>de</strong> remercier M. Margry <strong>de</strong> <strong>la</strong> bonne amitié avec <strong>la</strong>quelle il<br />

m'a souvent aidé dans cette étu<strong>de</strong>.


serpente le long <strong>de</strong> Valgencheuse, baigne les murs <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />

où ses eaux b<strong>la</strong>nchissent admirablement les <strong>la</strong>ines, côtoie<br />

Bellefontaine, fait <strong>la</strong> richesse d'Avilly, donne à Chantilly son<br />

plus bel ornement, « ce bruit <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> jets d'eau qui ne<br />

« taisoient ni jour ni nuit, » et se jette dans l'Oise.<br />

Voir, dit Afforty 1<br />

, dans le dictionnaire encyclopédique un<br />

article <strong>de</strong> M. Arnauld, ancien gentilhomme servant du roi, <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> société littéraire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. Voir encore en Afforty 2<br />

un<br />

projet pour rendre cette rivière navigable. L'étymologiste que<br />

j'ai cité plus haut fait dériver Nonette <strong>de</strong> Nonnus, qui veut<br />

dire pur, etc. !<br />

M. Broisse a composé sur <strong>la</strong> Nonette <strong>de</strong>s stances que les<br />

amateurs <strong>de</strong> poésie liront volontiers.<br />

XIV. — * AUTRE-MONDE (Rue <strong>de</strong> 1').<br />

Cette rue porte aujourd'hui le nom prétentieux <strong>de</strong> rue <strong>de</strong>s<br />

Vétérans.<br />

« Permission accordée le 2 septembre 1634 à dame Vizet,<br />

« veuve <strong>de</strong> feu M e<br />

Philippes Mallet, advocat, d'ouvrir une<br />

« porte sur le rempart au jardin <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison qu'elle a rue <strong>de</strong><br />

« l'Autre-Mon<strong>de</strong> aboutissante au rempart. » — En 1697,<br />

maison (rue <strong>de</strong> l'Autre-Mon<strong>de</strong>) tenant par <strong>de</strong>rrière à <strong>la</strong> maison<br />

du Jeu <strong>de</strong> Paume 3<br />

.<br />

D'où vient à cette rue son nom singulier ?<br />

La substitution <strong>de</strong> l'appel<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s Vétérans à l'ancienne<br />

1<br />

Afforty, V, 2800.<br />

2<br />

Afforty, V, 2801. « Le 17 septembre 1664, M. <strong>de</strong> <strong>la</strong> P<strong>la</strong>nche, conseiller,<br />

etc., lit une lettre où Sa Majesté excite les habitants <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong><br />

« à faire commerce et traficquer <strong>de</strong> toutes sortes d'espèce <strong>de</strong> marchandises,<br />

« affîn <strong>de</strong> profiter et rendre <strong>la</strong> ville considérable, même <strong>de</strong> rétablir les<br />

« manufactures qui y estoient... » Projet <strong>de</strong> rendre <strong>la</strong> Nonette portant<br />

bâteaux. »<br />

3<br />

Afforty, VI, 3103, 3342.


dénomination <strong>de</strong> l' « Autre-Mon<strong>de</strong> » m'invite à rapporter ici<br />

une délibération du Conseil municipal <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong>, séance du premier germinal an II (21 mars 1794).<br />

Les amateurs du curieux <strong>la</strong> liront avec quelque intérêt; les<br />

esprits qui s'occupent <strong>de</strong> politique verront <strong>de</strong> quelles extravagances<br />

une démocratie sans lest religieux est capable. Cette<br />

délibération, émanée <strong>de</strong> gens dont le nom a été charitablement<br />

raturé, peut-être par eux-mêmes, exhale bien le parfum <strong>de</strong><br />

l'époque : sentimentalisme <strong>de</strong> mots que Jean-Jacques avait mis<br />

à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>, admiration niaise <strong>de</strong> <strong>la</strong> Grèce et <strong>de</strong> Rome, engouement<br />

abominable pour certains scélérats.<br />

Le Conseil arrête ce qui suit :<br />

NOMS A CHANGER NOMS A SUBSTITUER<br />

1. Rue Saint-Rieul Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fraternité.<br />

3. Rue du Châtel Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Constitution.<br />

10. Rue <strong>de</strong> l'Autre-Mon<strong>de</strong>... Rue <strong>de</strong>s Vétérans.<br />

14. Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pou<strong>la</strong>illerie ... Rue <strong>de</strong> l'Union.<br />

19. Rue <strong>de</strong> Saint-Agnan Rue <strong>de</strong> Beauvais.<br />

23. Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Montagne-St-<br />

Agnan......................... Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Montagne.<br />

28. Rue <strong>de</strong>s Prêtres Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Réforme.<br />

30. Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chancellerie... Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Loy.<br />

31. Rue Sainte-Balti<strong>de</strong> Rue <strong>de</strong> l'Égalité.<br />

34. Rue Saint-Péravi Rue <strong>de</strong> Socrate.<br />

35. Rue Sainte-Catherine ... Rue <strong>de</strong> Pelletier (sic).<br />

36. Rue Neuve-Saint-Rieul.. Rue aux F<strong>la</strong>gares (sic).<br />

38. Rue du Cloître-St-Rieul. Rue <strong>de</strong> Solon.<br />

39. Rue Saint-Pierre Rue Jean-Jacques Rousseau<br />

40. Rue <strong>de</strong> l'Evêché Rue <strong>de</strong>s Droits-<strong>de</strong>-l'Homme<br />

41. Rue Saint-Frambourg... P<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> Raison.<br />

42. Rue Sainte-Protaise Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Liberté.<br />

43. Rue du Petit-Châlis Rue <strong>de</strong> Licurge (sic).<br />

44. Rue du Cloître-St-Frambourg.........................<br />

Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Raison.


NOMS A CHANGER NOMS A SUBSTITUER<br />

45. Rue du Cul-<strong>de</strong>-Sac-Saint- Rue du Cul-<strong>de</strong>-Sac-<strong>de</strong>s-Sans-<br />

Nico<strong>la</strong>s Culottes.<br />

48. Rue Saint-Hi<strong>la</strong>ire Rue <strong>de</strong> Brutus.<br />

53. Rue Sainte-Geneviève. .. Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bienfaisance.<br />

57. Rue <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers Rue <strong>de</strong>s Piques.<br />

58. Rue Royale Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> République.<br />

70. Rue Saint-Jean Rue <strong>de</strong> l'Unité.<br />

Faubourg Saint-Martin.. Faubourg <strong>de</strong> <strong>la</strong> République.<br />

Rue <strong>de</strong>s Capucins Rue <strong>de</strong> Marat.<br />

Il existait dans <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> l'Autre-Mon<strong>de</strong> une pension et école<br />

publique <strong>de</strong> <strong>de</strong>moiselles, dirigée par les Filles <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix.<br />

Cette institution, due à <strong>la</strong> générosité du savant doyen<br />

Deslyons 1<br />

, rencontra beaucoup d'opposition dans le conseil <strong>de</strong><br />

ville en 1693, 1757, etc.<br />

XV. — * BALANCES (Rue <strong>de</strong>s. — Rue Neuve <strong>de</strong>s. —<br />

Rue du Carrefour <strong>de</strong>s).<br />

La rue <strong>de</strong>s Ba<strong>la</strong>nces continuait <strong>la</strong> rue Saint-Antoine, à <strong>la</strong><br />

hauteur du carrefour <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pierre-Mauconseil, et aboutissait à<br />

<strong>la</strong> porte Saint-Rieul. Elle tenait son nom <strong>de</strong> l'Hôtellerie <strong>de</strong>s<br />

Ba<strong>la</strong>nces (1528), qui était « scize [au coin <strong>de</strong> <strong>la</strong>] rue du Chat-<br />

« Héret » (1698) et fut à <strong>de</strong>mi sacrifiée en 1753 2<br />

, aux nécessités<br />

<strong>de</strong> l'alignement.<br />

Voici concernant cette rue un document ancien qui peut<br />

intéresser les archéologues : 1341. « Maison <strong>de</strong>rrière le jardin<br />

« le roi en <strong>la</strong> rue si comme on va [à] Saint-Maurice et à Saint-<br />

« Rieul... tenant d'une part à Gieffroy Biendieu, procureur<br />

« dou Roy et concierge <strong>de</strong> son château », lequel fonda <strong>la</strong><br />

chapelle Sainte-Anne à <strong>la</strong> cathédrale, « et par <strong>de</strong>vant tient<br />

1<br />

2<br />

Afforty, I, 303, etc.<br />

Afforty, VI, 3317.


« au chemin dou Roy [rue <strong>de</strong> Villevert] et par <strong>de</strong>rrière aux<br />

« crenaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité..., donnée à Chalis par feu Jean d'Ully<br />

« comme par Guillebert Scabel Anglois, familier <strong>de</strong>sdits reli­<br />

« gieux (1337, 1359) 1<br />

. »<br />

L'honnête bourgeois, qui gagnait le faubourg <strong>de</strong> Villevert,<br />

rencontrait à sa gauche l'hôtel Saint-François, — « <strong>la</strong> grosse<br />

« armée (1541, 1616, 1697), séant à l'angle <strong>de</strong>s rues <strong>de</strong>s<br />

« Ba<strong>la</strong>nces et du Chat-Héret », — les Ba<strong>la</strong>nces, — le Barillet<br />

« aboutant par <strong>de</strong>rrière à l'hotel du Pressouer <strong>de</strong> l'Hotel-<br />

« Dieu » (1416, 1606), — le Lymesson [Limaçon] (1528),<br />

qui <strong>de</strong>vait son nom à son enseigne ou à un escalier tournant,<br />

— et le Coquelet (1479, 1528) ; à droite étaient le Cerf (1574)<br />

et Notre-Dame « en face les Ba<strong>la</strong>nces 2<br />

» (1524).<br />

Il existait dans l'église Saint-Rieul un mausolée qui, après<br />

avoir traversé <strong>la</strong> cathédrale, est maintenant, avec trop <strong>de</strong><br />

dédain, relégué à l'entrée <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong> l'Evêché. Il fut érigé<br />

en l'honneur d'une jeune femme, Anne-Nicole Go<strong>de</strong>froy, qui,<br />

voyageant avec son époux Pierre <strong>de</strong> Puget, seigneur <strong>de</strong> Montoron<br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Marche , mourut à l'hôtellerie du Petit-Barillet<br />

à <strong>Senlis</strong>, <strong>de</strong> l'opération césarienne, le 1 er<br />

septembre 1673.<br />

Un bas relief en marbre noir et b<strong>la</strong>nc, représente <strong>la</strong> jeune<br />

femme ; l'enfant porte une palme <strong>de</strong> <strong>la</strong> main droite et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

gauche une ban<strong>de</strong>rolle, où est écrit : Meruisti. L'on trouvera<br />

dans Graves 3<br />

le texte <strong>de</strong> l'inscription. Inutile <strong>de</strong> faire remarquer<br />

le beau sentiment <strong>de</strong> cet ouvrage, <strong>la</strong> délicatesse avec <strong>la</strong>quelle<br />

l'artiste a traduit sa pensée, le faire habile <strong>de</strong> <strong>la</strong> sculpture.<br />

Ce mausolée est l'œuvre <strong>de</strong> L. Malouvre.<br />

La rue <strong>de</strong>s Ba<strong>la</strong>nces a reçu les noms divers <strong>de</strong> rue du Cerf,<br />

<strong>de</strong> Paris (quelquefois) et <strong>de</strong> Saint-Rieul. Elle est aujourd'hui<br />

un <strong>de</strong>s tronçons <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Villevert.<br />

1<br />

2<br />

3<br />

Afforty, XVIII, 173 et 646.<br />

Afforty, VI, 3325, 3327, 3328, 3330, 3331 ; XVII, 856.<br />

Annuaire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, p. 167.


XVI — BEAUVAIS (Rue <strong>de</strong>) ou <strong>de</strong> Saint-Aignan.<br />

1. Cette rue <strong>de</strong>vait son nom <strong>de</strong> Saint-Aignan à l'église<br />

paroissiale <strong>de</strong> Saint-Aignan.<br />

L'on sait que <strong>Senlis</strong> comptait jadis trois chapitres : Notre-<br />

Dame, Saint-Rieul et Saint-Frambourg; huit paroisses :<br />

Notre-Dame, Saint-Rieul, Saint-Aignan, Saint-Pierre, Saint-<br />

Hi<strong>la</strong>ire réuni à Saint-Pierre en 1706, Sainte-Geneviève, et,<br />

aux fauxbourgs, Saint-Etienne et Saint-Martin ; six monastères<br />

: l'abbaye <strong>de</strong> Saint-Vincent, le prieuré <strong>de</strong> Saint-Maurice,<br />

les Capucins, les Carmes, les Cor<strong>de</strong>liers et <strong>la</strong> Présentation;<br />

un Hôpital; une église <strong>de</strong> Comman<strong>de</strong>rie, appelée<br />

Saint-Jean ; et une chapelle <strong>de</strong> Sainte-Bathil<strong>de</strong>. L'exemp<strong>la</strong>ire<br />

<strong>de</strong> Jaulnay (1648), que <strong>la</strong> <strong>Bibliothèque</strong> <strong>de</strong> notre Hôtel-<strong>de</strong>-Ville<br />

m'a gracieusement fourni, porte en marge cette addition<br />

manuscrite : « Saint-Laurent près <strong>la</strong> Cathédrale, <strong>la</strong> Charité,<br />

« Notre-Dame <strong>de</strong> <strong>la</strong> Paix. »<br />

L'église Saint-Aignan date peut-être du roi Robert et <strong>de</strong><br />

l'évêque Raoul II, selon le moine Helgaud, ou plutôt <strong>de</strong> Guile-Bon.<br />

Ce qui me pousse à reculer sa construction première<br />

jusqu'à cette époque, c'est que Gui, étant un <strong>de</strong>s évêques présents<br />

à <strong>la</strong> dédicace (1029) 1<br />

<strong>de</strong> l'église que Robert avait édifiée<br />

à Orléans sous le vocable <strong>de</strong> Saint-Aignan, put être inspiré par<br />

<strong>la</strong> vue <strong>de</strong> cette imposante cérémonie et <strong>la</strong> concession <strong>de</strong> quelque<br />

relique, à honorer ainsi cet illustre saint. Le pape Luce III,<br />

dans <strong>la</strong> bulle précieuse qui consacre les privilèges, droits, biens<br />

et possessions du chapitre <strong>de</strong> Notre-Dame (31 juillet 1182, <strong>de</strong><br />

Velletri) 2<br />

, mentionne Saint-Pierre, Saint-Hi<strong>la</strong>ire, « ante<br />

« portam Remensem », Sainte-Geneviève, Saint-Aignan et<br />

Saint-Martin.<br />

Saint-Aignan montre encore dans ses restes déshonorés<br />

1<br />

Afforty, XIII, 275, citant le texte manuscrit <strong>de</strong> <strong>la</strong> trans<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s<br />

reliques <strong>de</strong> saint Euspice, premier abbé du monastère <strong>de</strong> Micy.<br />

2<br />

Afforty, XIV, 662-666.


quelques débris très curieux <strong>de</strong> l'art roman du XI e<br />

siècle<br />

ou <strong>de</strong>s débuts du XII e<br />

: c'est un clocher carré, coupé dans sa<br />

hauteur par un cordon simu<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s <strong>de</strong>mi-ronds et par une<br />

rangée <strong>de</strong> modillons en boudins, éc<strong>la</strong>iré à chacune <strong>de</strong> ses faces<br />

par <strong>de</strong>ux cintres à billettes, orné <strong>de</strong> colonnettes, dont les<br />

tailloirs sont partagés en triangles à facettes 1<br />

. M. Graves<br />

ajoute : « Le tout reposant sur une ogive, ce qui indique le<br />

« temps <strong>de</strong> <strong>la</strong> transition » ; cet arc ogive me paraît un remaniement<br />

postérieur. Un pignon au nord est percé d'une<br />

baie dont les colonnettes supportent <strong>de</strong>s chapiteaux du XIV e<br />

siècle. Le portail nord et tout le mur <strong>de</strong> l'édifice, qui longe <strong>la</strong><br />

rue, avec ses clochetons à crochets, ses gargouilles, sa porte en<br />

arc-tudor, etc., ont été refaits entre 1542 et 1544 « ainsy qu'il<br />

« est marqué » dit Afforty « sur les pieds <strong>de</strong> <strong>la</strong> statue <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« Vierge et sur le premier pilier près du clocher 2<br />

. »<br />

Il existait en cette église « fort riche », dit Vaultier, les<br />

chapelles <strong>de</strong> Notre-Dame, fondée par Hermesen<strong>de</strong> du Murat,<br />

vers 1265, — <strong>de</strong> saint Jean-Baptiste, fondée en 1318 par dame<br />

« Hersent <strong>de</strong> Ballengny » veuve <strong>de</strong> Rogier <strong>de</strong> Ba<strong>la</strong>gny, —<br />

<strong>de</strong> saint Nico<strong>la</strong>s, dite quœsumus, établie en 1436 et 1444, par<br />

« Guillemette Roussel, sœur <strong>de</strong> Jean Roussel et femme <strong>de</strong><br />

« Pierre Enjorran <strong>la</strong>quelle y fut enterrée » (1446), — <strong>de</strong><br />

saint Charles Borromée , dédiée par le zélé cardinal <strong>de</strong> La<br />

Rochefoucauld, — une confrérie du Saint-Sacrement, <strong>la</strong>quelle,<br />

instituée par le même évêque et confirmée par Paul V, reçut<br />

un règlement nouveau <strong>de</strong> Denis Sanguin en 1654 3<br />

.<br />

1366. Les père et mère <strong>de</strong> Jeanne l'Orfèvre, femme <strong>de</strong><br />

Robert le Chat, avaient reçu <strong>la</strong> sépulture « en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong><br />

« l'église <strong>de</strong> Saint-Agnan <strong>de</strong>vant le maistre huis. » L'on<br />

1<br />

Sic à Catenoy, Pontpoint (clocher), Villers-Saint-Paul, etc.<br />

2 Afforty, III, 1691.<br />

3 Afforty, I, 291 à 299, 305 à 316, 326 à 329; XVII, 468; XVIII, 80, 293,<br />

296; XXI, 149,236, 325 à 337; XXIII, 99-107, 886, 889. — En 1333, un<br />

Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Ba<strong>la</strong>gny archidiacre. — Compte <strong>de</strong> 1522, p. 128. — Hist. <strong>de</strong><br />

l'église <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, p. 404, 440, 543 et 588. — Arch. départ. Evêché <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong>, G, 620, 622.


trouvera dans l'histoire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> les noms <strong>de</strong> Raoul l'Orfèvre<br />

(1234), <strong>de</strong> Jacques l'Orfèvre (1309-1312), <strong>de</strong> Jean le Dru<br />

dit l'Orfèvre, <strong>de</strong> Galeran l'Orfèvre, chanoine semi-prébendé<br />

(1347), <strong>de</strong> Pierre l'Orfèvre, doyen <strong>de</strong> Notre-Dame, <strong>de</strong> Denysot<br />

l'Orfèvre (1364), <strong>de</strong> Jeanne l'Orfèvre, mariée à le Chat L'aisné<br />

(1366), <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux fils <strong>de</strong> Jean le Dru, Raoul l'Orfèvre, chanoine<br />

<strong>de</strong> Saint-Rieul (1374), et Jean l'Orfèvre, qui se maria à<br />

Chambly (1385,1392,1399, 1416), <strong>de</strong> Jean II l'Orfèvre, fils <strong>de</strong><br />

Jean I, <strong>de</strong> Jeanne l'Orfèvre, veuve <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong> Chalons et<br />

femme <strong>de</strong> Thomas <strong>de</strong> <strong>la</strong> Lan<strong>de</strong> dit Boutry, écuyer, <strong>de</strong> Geoffroy<br />

l'Orfèvre (1430), <strong>de</strong> Bertrand l'Orfèvre, seigneur d'Ermenonville<br />

et <strong>de</strong> Ponthermer, <strong>de</strong> Valentine Leullier, sa veuve (1532),<br />

d'Anne l'Orfèvre, femme <strong>de</strong> François Juvénal <strong>de</strong>s Ursins, <strong>de</strong><br />

Valentine l'Orfèvre, femme <strong>de</strong> Jean Girard, sieur <strong>de</strong> Bazoches,<br />

etc. J'ai déjà fait remarquer que c'est un Raoul l'Orfèvre qui a<br />

reçu les premières lettres <strong>de</strong> noblesse. Raoul l'Orfèvre portait<br />

<strong>de</strong> sable à <strong>la</strong> bordure d'or, une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> gueule chargée <strong>de</strong><br />

trois enclumes d'argent brochant sur le tout 1<br />

.<br />

Une déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong>s maisons, etc., <strong>de</strong> 1725,<br />

qui n'est pas sans intérêt, nous dit que <strong>la</strong> paroisse Saint-Aignan<br />

comprenait les rues « du Four, aux Coquilles, aux Fromages,<br />

« Port-au-Pain, aux Veaux, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vallée Saint-Agnian, <strong>de</strong><br />

« l'Arquebuze et du Lyon, aux Asnes, Saint-Gilles ou <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« Fontaine <strong>de</strong>s Etuves ou du Heaume, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong> rue <strong>de</strong><br />

« Paris, Saint-Agnian, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> Creil et le faubourg <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« Fontaine-d'Areines. »<br />

Parmi les curés <strong>de</strong> Saint-Aignan, citons seulement : Jean-le-<br />

1<br />

Arch. départ., G, 676. — Afforty, VII, 3583, où Denis l'Orfèvre en<br />

1399; XVIII, 106, où testament <strong>de</strong> Jeanne l'Orfèvre(1366), 109,110,111, 199,<br />

297, 374, 618, 715, 793; XXIV, 120. — Les actes du Parlement <strong>de</strong> Paris<br />

citent à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> 1311 à <strong>Senlis</strong> un Jean l'Orfèvre, n° 3780. — Le registre<br />

criminel du Chatelet <strong>de</strong> Paris <strong>de</strong> 1389 à 1392 mentionne un « Pierre<br />

« l'Orfèvre, advocat du Roy. » — « Figure d'Anne l'Orfèvre, dame d'Arme-<br />

« nonville, femme <strong>de</strong> François <strong>de</strong>s Ursins, baron <strong>de</strong> Trainel, etc., » sur<br />

« leur tombe, 1561... Les Monuments <strong>de</strong> l'Hist. <strong>de</strong> Fr. par M. Hennin,<br />

t. IX, p. 29.


Queux (1276, 1302, 1307); — Jean <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte (1347); —<br />

Philippe Bouart (1405); — Jean Go<strong>de</strong>froy (1435, 1440), dont<br />

Afforty nous a conservé le testament très curieux; — Simon<br />

Bonnet, dont le nom sympathique intéresse à bon droit les biographes;—Jean<br />

du Bec (1448);—Jean Quentin ou Cantin (1477)<br />

dont le neveu Jean Pariset me paraît le « Joannes Lutecelus »<br />

d'une pierre tumu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong> Noyon ; — Jean Al<strong>la</strong>rt<br />

(1505, 1508); — Pierre Foucquet, archidiacre <strong>de</strong> Notre-Dame<br />

(1543, 1571) ; — Joseph <strong>de</strong> Choisy qui <strong>la</strong>issa cent écus d'or au<br />

bureau <strong>de</strong>s pauvres (1587); — Jean <strong>de</strong> Monchy (1597, 1627) :<br />

est-il <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille <strong>de</strong> l'inquisiteur Antoine Democharès ou <strong>de</strong><br />

Monchy, qui naquit en 1494 à Ressons-sur-le-Matz? — Nico<strong>la</strong>s<br />

Leclerc (1627, 1632); — Antoine <strong>de</strong> Pied (1630, 1677); —<br />

C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Jullien (1675, 1693); — Pierrot (1707); — Philippe<br />

Dauré (1708) ; — François Germain (1725) ; — Devincheguerre<br />

(1733); — Louis-François Desprez (1774), et Bombard (1774,<br />

1792) 1<br />

.<br />

Les esprits plus désireux <strong>de</strong>s détails pourront lire dans<br />

Afforty <strong>de</strong>s notes <strong>de</strong> ce genre : 1562. « A esté remontré par<br />

« C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Stocq que ce jourd'huy a été trouvez en l'église<br />

« Saint-Agnan <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> une lettre en papier estant <strong>de</strong>ssus le<br />

« maître autel... » contenant <strong>de</strong>s injures et <strong>de</strong>s menaces contre<br />

les catholiques 2<br />

. C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Stocq était, avec Guil<strong>la</strong>ume Rose<br />

et Séguin, un <strong>de</strong>s plus ar<strong>de</strong>nts ligueurs <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. — 1566.<br />

Messieurs <strong>de</strong> Saint-Rieul préten<strong>de</strong>nt à tort que « le mer-<br />

« credi <strong>de</strong>s rogations le curé <strong>de</strong> Saint-Agnan leur doit un<br />

« déjeuner composé <strong>de</strong> : una quarta vini rubei cum ovis<br />

« et vino albo cum duobus panibus » un quarteau <strong>de</strong> vin<br />

1 Compte <strong>de</strong> 1508. — Afforty, VI, 2968, 3124; IX, 5209; XVII, 157, 207;<br />

XVIII, 374; XX, 152; XXI, 169, où testament <strong>de</strong> Jean Go<strong>de</strong>froy, 221,315; XXIII,<br />

129,889; XXIV, 382,701. — Inscriptions tumu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale <strong>de</strong> Noyon.<br />

— Un Jean Quentin ou Quintin, docteur en droit, fut choisi par Ramus, <strong>de</strong><br />

Cuts, près Noyon, pour être juge entre lui et Govea (1543) au sujet <strong>de</strong>s<br />

attaques que ce philosophe avait dirigées contre <strong>la</strong> dialectique d'Aristote.<br />

2<br />

Mallet. - Afforty, XII, 7499.


ouge avec <strong>de</strong>s œufs, du vin b<strong>la</strong>nc et <strong>de</strong>ux pains. —1607. « Fut<br />

« aussy résolu que Jacques le Rat, lors marguillier <strong>de</strong> Saint-<br />

« Agnan fera oter et effacer les armoiries <strong>de</strong> M e<br />

Antoine Rose<br />

« évêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> qu'il avoit fait peindre a <strong>la</strong> monstre <strong>de</strong> l'or-<br />

« loge <strong>de</strong> l'église Saint-Agnan et y seroient seullement <strong>la</strong>is-<br />

« sées celles du Roy et <strong>de</strong> Monsieur le Daulphin. » Notre<br />

époque n'a point le droit <strong>de</strong> rire <strong>de</strong> cette manie <strong>de</strong> grattage !<br />

Un Antoine Le Rat, né à <strong>Senlis</strong> en 1701, mé<strong>de</strong>cin, fut professeur<br />

d'arabe au collége royal <strong>de</strong> Paris, où il mourut en 1763 1<br />

.<br />

— 1629. Vent impétueux qui fait <strong>de</strong> grands dégats à Saint-<br />

Aignan. — 1643. « Cérémonies qui furent faites à Saint-Aignan<br />

« à l'inhumation <strong>de</strong> Philippe Germain, premier échevin <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

ville 2<br />

. » — Jugement rendu contre Leroux, organiste à Saint-<br />

Aignan, lequel avait joué <strong>de</strong>s airs trop libres à un baptême.<br />

L'on sait le sort que <strong>la</strong> Révolution infligea à cette église :<br />

<strong>de</strong>s ballets insultent aux cendres <strong>de</strong>s morts qui reposent sous<br />

ses dalles. En 1814 Pierre-Jacques Fricault obtenait <strong>de</strong> <strong>la</strong> municipalité<br />

l'autorisation <strong>de</strong> tranformer Saint-Aignan en théâtre,<br />

et le 8 juin 1822 le nouveau propriétaire, M. Moulin, le vendait<br />

à <strong>la</strong> ville 24,000 francs.<br />

2. L'on rencontrait dans cette rue, du côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison<br />

commune, <strong>de</strong> l'Ecu <strong>de</strong> France, du Renard et du Chapeau<br />

Rouge, les hôtels « du Chef Sainct Jehan » qui appartint jadis<br />

à Messire Raoul l'Orfèvre, puis à Jean <strong>de</strong> Chambly (1522), — du<br />

Moulinet, — <strong>de</strong> <strong>la</strong> Croix d'Or, « tenant d'un côté à l'hôtel du<br />

« Moulinet, d'autre à Jehanne <strong>de</strong> Normandie, aboutissant par<br />

« <strong>de</strong>vant au cimetière Saint-Agnan, <strong>de</strong> l'autre côté à <strong>la</strong> rue<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> Montagne Saint-Agnan (1437, 1486, 1522, 1543) 3<br />

».<br />

Les maisons n os<br />

9 et 11 sont encore remarquables à leurs<br />

fenêtres ornées <strong>de</strong> moulures délicates et à <strong>de</strong>ux gargouilles d'un<br />

1<br />

Dom Grenier, t. CLXV, p. 251.<br />

2 Afforty, V, 2833; XI, 5935, 7580; XXV, 37.<br />

3 Compte <strong>de</strong> 1508, 39 à 41. — Afforty, IV, 1975; XX, 481; XXI. 1543;<br />

XXIV, 379.


style fier. Les belles caves du XIV e<br />

siècle, sur lesquelles sont<br />

bâties les maisons n os<br />

17 et 19, conduisaient, dit-on, par <strong>de</strong>s<br />

corridors étroits, le long du massif <strong>de</strong> terre et <strong>de</strong> murailles qui<br />

domine, parallèlement à <strong>la</strong> rue Saint-Aignan, les rues du<br />

Heaume, du Lion, etc.<br />

En revenant sur ses pas, le voyageur saluait les hotels <strong>de</strong><br />

« <strong>la</strong> Bouteillerie grand et spacieux... qui avait une issue par<br />

« <strong>de</strong>rrière sur <strong>la</strong> rue du Point-du-Jour où <strong>de</strong>meuraient les<br />

« bouteilliers.., lorsque les rois séjournoient à <strong>Senlis</strong>. » Il<br />

n'est point <strong>de</strong> mon sujet <strong>de</strong> déterminer ici les offices du<br />

bouteiller <strong>de</strong> France, l'un <strong>de</strong>s cinq grands officiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> couronne,<br />

ni <strong>de</strong> faire l'histoire <strong>de</strong> l'illustre famille <strong>de</strong>s Bouteilliers<br />

<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong>puis Rothold, sous Hugues Capet, jusqu'au XV e<br />

siècle.<br />

Ces bouteillers possédaient, outre <strong>Senlis</strong>, Chantilly, Ermenonville,<br />

Drancy, Villepinte, Bray-sur-Aunette, Montépilloy,<br />

Brasseuse, etc. Chantilly passa aux d'Orgemont, Ermenonville<br />

aux <strong>de</strong> Vic. L'on pourra voir au cartu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l'hôtel <strong>de</strong> ville<br />

(f° 52, verso) leurs privilèges.<br />

Dès 1120, Gui <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tour était gran<strong>de</strong>ment puissant, puisqu'il<br />

abandonne à l'évêque Clérembaut ses droits sur les serfs<br />

<strong>de</strong> l'évêché, à l'exemple <strong>de</strong> Louis-le-Gros. En 1173, il faut le<br />

consentement du Bouteillier pour l'établissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune<br />

qui lui réserve ses droits « <strong>de</strong> garnison, <strong>de</strong> forteresse,<br />

« <strong>de</strong> marée, <strong>de</strong> tannerie, <strong>de</strong> taille, <strong>de</strong> ban, etc. »<br />

Près <strong>de</strong> l'hôtel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bouteillerie, c'étaient 1<br />

« <strong>la</strong> maison où<br />

« sont trois pilliers <strong>de</strong> pierre jectans sur <strong>la</strong> rue... faisant le<br />

« coing <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du marché aux sabmedis du côté du pillory<br />

« (1522) ». M. Bertrand <strong>de</strong> Maison-Rouge l'habitait dès 1780<br />

(aujourd'hui M me<br />

Capelle), — l'hôtel <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s, au coin<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce aux Gâteaux, — « <strong>la</strong> coupe » ou « <strong>la</strong> coupe d'or,<br />

<strong>de</strong>vant l'Eglise Saint-Aignan, au coin <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Coquille (1426,<br />

1<br />

Compte <strong>de</strong> 1522, p. 89. — Afforty. VI, 3353 et suiv.; VIII, 4102; XXI,<br />

772; XXII, 299; XXV, 310.


1508) », — « le Cigne, <strong>de</strong>vant le cimetière <strong>de</strong>s Ladres (1576) »,<br />

— « les Mailles ou Maillets, <strong>de</strong>vant le Chef-Saint-Jean ».<br />

3. La rue Saint-Aignan a reçu en 1790 le nom <strong>de</strong> rue <strong>de</strong><br />

Beauvais. Pourquoi? Sans doute parce qu'elle conduit à Beauvais,<br />

par Creil... Les indications suivantes, que le nom <strong>de</strong><br />

Beauvais me rappelle, auront peut-être quelque intérêt. En<br />

1328, « rue par où on va au champ <strong>de</strong> Beauvais. » — En<br />

1434-1437, messire Jean <strong>de</strong> Beauvais... chapel<strong>la</strong>in possédait<br />

une pièce <strong>de</strong> terre « vers <strong>la</strong> fontaine <strong>de</strong>s Arènes. » — En<br />

1438, Jean <strong>de</strong> Beauvais, — le même probablement — prêtre,<br />

religieux <strong>de</strong> Saint-Maurice. — En 1522 « <strong>la</strong> vefve et héritiers<br />

« Jehan <strong>de</strong> Beauvais, au lieu <strong>de</strong> Anthoine Faulconnet et para-<br />

« vant Jehan Faulconnet pour leur maison séant audit marché<br />

« aux Sabmedis (p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> Creil) tenant d'une part aux héritiers<br />

« Fleuriot <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye et d'autre à l'hostel du Soufflet, aboutant<br />

« par <strong>de</strong>vant a <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du Marché et d'autre par <strong>de</strong>rrière aux<br />

« murs <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville » Le nom <strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye apparait plus<br />

d'une fois dans l'histoire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>.<br />

4. « En <strong>la</strong> rue qui conduit <strong>de</strong> Saint-Aignan au Pilori (p<strong>la</strong>ce<br />

« <strong>de</strong> Creil) » <strong>de</strong>meurait en 1631 et 1667, Jean Chicot, mé<strong>de</strong>cin<br />

ordinaire du Louis XIII qui mérita <strong>de</strong>s lettres d'anoblissement,<br />

logea le 29 mars 1667 le duc <strong>de</strong> Saint-Simon et <strong>la</strong>issa<br />

aux hippocrates futurs plus d'une pièce intéressante et aux<br />

hagiographes <strong>de</strong>s notes sur Saint-Rieul. Voir en Afforty <strong>la</strong><br />

généalogie et les lettres <strong>de</strong> noblesse <strong>de</strong> Jean Chicot 2<br />

« lequel »<br />

dit Louis XIV « a longuement servi le <strong>de</strong>ffunct Roy pendant<br />

« vingt-quatre années <strong>de</strong> suite... sans s'être jamais éloigné <strong>de</strong>s<br />

« <strong>de</strong>voirs <strong>de</strong> sa charge durant les grands et pénibles voyages<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> Rochelle, Suze et Mets et particulièrement au siége <strong>de</strong><br />

« Perpignan, où il donna <strong>de</strong>s preuves <strong>de</strong> son expérience en son<br />

1<br />

Afforty, XVII, 619; XXI, 143, 144, 165. — Compte <strong>de</strong> 1522, p. 91. —<br />

Sur <strong>la</strong> famille <strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye, Afforty, VII, 3547.<br />

2<br />

Afforty, IV, 2652; VII, 3798; VII, 4587; X, 5631, 5641, 5648, 5672,<br />

5720; XI, 6003.


« art telles, qu'étant convenu avec le sieur Bonnard notre pre-<br />

« mier me<strong>de</strong>cin <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon <strong>de</strong> traitter notre dit seigneur et<br />

« père, il a reçu sa garison <strong>de</strong> Dieu, en 1645. »<br />

Y a-t-il quelque parenté entre le mé<strong>de</strong>cin Jean Chicot et le<br />

gascon Chicot, buveur puissant, fou d'Henri IV, dont Vaultier<br />

dit 1<br />

: « M. le comte <strong>de</strong> Chaligny [Henri <strong>de</strong> Lorraine], vou<strong>la</strong>nt<br />

« secourir <strong>la</strong> dite ville <strong>de</strong> Rouen (1592), fut fort blessé [il en<br />

« mourut] et arrêté prisonnier par Chicot, bouffon et p<strong>la</strong>isant<br />

« du roi, qu'il tua alors », et l'Etoile 2<br />

: « Il disoit au Roy<br />

« tout ce qu'il vouloit, sans ce que Sa Majesté le trouvast<br />

« mauvais, etc. ? »<br />

<strong>Senlis</strong> a possédé ou produit plus d'une illustration médicale.<br />

Ce sont : Robert <strong>de</strong> Douai, chanoine <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> (1245), mé<strong>de</strong>cin<br />

<strong>de</strong> Marguerite <strong>de</strong> Provence, lequel légua 1500 livres aux<br />

pauvres écoliers en théologie et eut pour exécuteur testamentaire<br />

Robert <strong>de</strong> Sorbon 3<br />

; — <strong>de</strong>ux « physiciens » (1359) savoir<br />

maître Yves <strong>de</strong> <strong>la</strong> Roche, doyen <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, et Jean <strong>de</strong> (?) Poilly<br />

« ... <strong>de</strong> Poillyaco ou <strong>de</strong> Poissyaco », dont les registres <strong>de</strong> Notre-<br />

Dame rapportent que le vieux chanoine Jean Boucart leur légua<br />

« à chacun <strong>de</strong>ux moutons d'or pour avoir pris soin <strong>de</strong> lui dans<br />

« son infirmité 4<br />

; » — Toussaint <strong>de</strong> Benard, mathématicien<br />

et mé<strong>de</strong>cin, qui composa avec Jean Souldoier, peintre verrier,<br />

une <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> l'Ile <strong>de</strong> France et particulièrement <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong>, et reçut <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville 200 écus en remboursement <strong>de</strong><br />

ses frais (1578); — les <strong>de</strong>ux C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Bour<strong>de</strong>lin (-1711) :<br />

« C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Bour<strong>de</strong>lin eut à <strong>Senlis</strong>, le 15 juillet 1668, François,<br />

le second <strong>de</strong> ses enfants, quitta peu après un pays où<br />

<strong>la</strong> sécheresse du cœur <strong>de</strong> ses concitoyens lui faisait peu <strong>de</strong><br />

liens, et al<strong>la</strong> à Paris qui lui réservait une p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> pension-<br />

1<br />

p. 236.<br />

2<br />

Année 1592, avril. — Alexandre Dumas a utilisé le personnage <strong>de</strong><br />

Chicot dans plusieurs <strong>de</strong> ses romans : Les Quarante-Cinq, etc.<br />

3<br />

4<br />

Afforty, III, 1587, 1690; X, 5801, 5083.<br />

Afforty, XVIII, 630. Testament très-intéressant.


naire <strong>de</strong> l'Académie <strong>de</strong>s sciences 1<br />

» ; — Antoine Baumé,<br />

pharmacien et chimiste (1728-1804) 2<br />

, qui naquit rue Saint-<br />

Antoine (<strong>de</strong> Villevert) ; — Jean-Gaston-Marie B<strong>la</strong>che, mé<strong>de</strong>cin<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> famille d'Orléans, <strong>de</strong> l'hôpital Cochin (1799-), et grandoncle<br />

<strong>de</strong> M me<br />

Grézy.<br />

Il existe encore, en face Saint-Aignan, une enseigne intéressante.<br />

C'est dans une cadre circu<strong>la</strong>ire, un homme <strong>de</strong>mi-nu et<br />

bien mo<strong>de</strong>lé, qui semble puiser <strong>de</strong> l'eau à une rivière.<br />

XVII. — * BECQUETELLE (Rue),<br />

ou Becquetelle, Bequestele (vers 1164), Bequestelle (1522) 3<br />

,<br />

Bequetelle, Bectelle (1580), Becquetreille (1567), <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Treille Becquetelle, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Treille Bectelle, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Treille<br />

Buquerel 4<br />

, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Treille, etc. — Voir Treille.<br />

Je serais porté à croire que Becque-Treille, une <strong>de</strong>s<br />

variantes les plus autorisées <strong>de</strong> ces appel<strong>la</strong>tions, vient <strong>de</strong><br />

« Béquer » ou « béchier », attaquer à coup <strong>de</strong> bec, et <strong>de</strong><br />

« treille », vigne. « Cil bel oiseau, » dit Froissart, au XIV e<br />

siècle, « les becquoit et poignoit et contrarioit ». — « Ami <strong>de</strong>s<br />

« petits oiseaux qui vont becquer le raisin ». Yver au XVI e<br />

siècle 5<br />

.<br />

Le compte <strong>de</strong> 1508 semble distinguer entre « <strong>la</strong> rue Becquetelle,<br />

— <strong>la</strong> Treille, » où hotel <strong>de</strong> Saint-Pèravi — « et le<br />

grenier aux pois 6<br />

»<br />

Les chanoines, après s'être astreints aux exigences <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie<br />

commune, au moins durant les jours plus austères du carême,<br />

1<br />

Afforty, XI, 7023, 7557.<br />

2<br />

Un terrier <strong>de</strong> Saint-Jean <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, <strong>de</strong> 1741, mentionne : « Beaumez<br />

« près <strong>de</strong> <strong>la</strong> carrière à <strong>la</strong> roue » ... — « François Beaunez (Beaumez)<br />

« orpheuvre » témoin.<br />

3<br />

Compte <strong>de</strong> 1522, p. 83.<br />

4<br />

5<br />

6<br />

Afforty, VII, 3842.<br />

Dictionn. <strong>de</strong> Littré.<br />

Compte <strong>de</strong> 1508, p. 37.


s'étaient re<strong>la</strong>chés, vers 1149, <strong>de</strong> cette observance. Gui III le<br />

Bouteillier, ayant pris <strong>de</strong> là prétexte pour refuser une re<strong>de</strong>vance<br />

dont son grand-père, Gui I, avait chargé son héritage<br />

au profit du chapitre, fut contraint <strong>de</strong> promettre entr'autres<br />

« dix muids <strong>de</strong> vin à prendre sur une vigne nommée Beques-<br />

« telle, in vinea quœ dicitur Bequestel<strong>la</strong>. » Quiconque, c'était<br />

au plus tard en 1164 1<br />

ajoute le traité que nous analysons,<br />

quiconque « possé<strong>de</strong>ra <strong>la</strong> tour du susdit Gui <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et les<br />

« biens qui sont attachés à cette tour, quisquis turrim prae-<br />

« dicti Guidonis <strong>de</strong> Silvanecti et hsereditatem ad ipsam perti-<br />

« nentem possi<strong>de</strong>rit » acceptera <strong>la</strong> même charge.<br />

Cette rue Bectreille ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> Treille — vicus <strong>de</strong> <strong>la</strong> Treille —<br />

(1292) renfermait « l'hotel <strong>de</strong> Saint-Peravy appellé l'hostel <strong>de</strong><br />

« <strong>la</strong> Treille : Aux hoirs monseigneur <strong>de</strong> saint Peravi pour<br />

« leur hostel joignant... d'aultre part à Saint-Maurice », — et<br />

« le presbytère : « Presbitère <strong>de</strong> Notre-Dame vis-à-vis <strong>de</strong><br />

« l'hotel saint Pèravi rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Treille 2<br />

. » — Voir rue<br />

Saint-Péravi.<br />

1<br />

2<br />

Afforty, XIV, 312.<br />

Afforty, XVI, 91, 631, 1272.<br />

XVIII. — * BEFFROI.<br />

Voyez-vous par l'imagination cet édifice carré, robuste<br />

comme une cita<strong>de</strong>lle, couronné d'un clocher octogonal en<br />

pierre et <strong>de</strong> quatre clochetons, servi par un escalier qui<br />

serpente à l'un <strong>de</strong> ses angles, haut <strong>de</strong> 80 pieds? De son sommet<br />

un guette ou guetteur surveille, et les cloches annoncent <strong>la</strong><br />

fermeture <strong>de</strong>s portes, <strong>la</strong> levée <strong>de</strong>s ponts, <strong>la</strong> tenue <strong>de</strong>s assemblées<br />

publiques, les marchés, les incendies, les émeutes ou<br />

mêlées (melléié), l'apparition <strong>de</strong> l'ennemi... C'est le beffroi,<br />

beffragium, berfredus, betfredus, etc., l'un <strong>de</strong>s privilèges <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> vieille commune.


Niche, P<strong>la</strong>ce du Beffroi (Page 101).


Cratibus et lignis rudibus Belfragia surgunt,<br />

Turribus alta magis et mœnibus, un<strong>de</strong> valerent<br />

Agmina missilibus telisque quibuslibet uti, etc.<br />

dit Guil<strong>la</strong>ume le Breton, un <strong>de</strong>s chanoines <strong>de</strong> notre cathédrale,<br />

dans sa Philippeï<strong>de</strong>.<br />

1. Il est question très-anciennement du beffroi <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>:<br />

En 1170, les religieux <strong>de</strong> Saint-Jean <strong>de</strong> Jérusalem s'établissent<br />

<strong>de</strong>vant le beffroi. — En 1238, Aimard d'Oiri vend à Gaultier<br />

<strong>de</strong> Pontpoint, bourgeois <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, une maison sise auprès<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> bancloche ou bancloque « apud banclocham. » — En<br />

1257 « potel<strong>la</strong> (postel<strong>la</strong>, portel<strong>la</strong>, portu<strong>la</strong>, petite porte, poterne)<br />

« sita in muro castelli prope Banclocam (fuit) obstructa. —<br />

Voir encore en 1281. — En 1291, l'hôpital Saint-Jean <strong>de</strong><br />

Jérusalem « ante befredum ». — En mars 1322, Charles-le-<br />

Bel accor<strong>de</strong>, entr'autres priviléges, aux habitants <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />

ceux-ci : La petite cloche du beffroi sonnera à l'aurore et aux<br />

heures accoutumées; <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>, aux cas <strong>de</strong> nécessité, savoir:<br />

d'incendie ou <strong>de</strong> mêlée, <strong>de</strong> l'autorité du prévôt 1<br />

— En 1392,<br />

« réparations <strong>de</strong> plomberie au beffroi 2<br />

. — En 1524, dit<br />

Mallet, « <strong>la</strong> couverture du beffroi qui était couvert <strong>de</strong> plomb,<br />

« fut découvert étant en ruines et au lieu, fut recouvert<br />

« d'ardoise, excepté le petit clocher, qui <strong>de</strong>meura couvert <strong>de</strong><br />

« plomb... 3<br />

»<br />

Au milieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, dit Vaultier 4<br />

il y a... « le beffroi,<br />

« lieu <strong>de</strong> forteresse où l'on souloit (avait coutume) mettre les<br />

« prisonniers et malfaiteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite ville, assis entre l'étape<br />

« au vin, marché au blé et halle à vendre le poisson <strong>de</strong> mer,<br />

« autrement appelée <strong>la</strong> Harengerie, qui a été démolie <strong>de</strong> notre<br />

« temps. »<br />

1<br />

Afforty, I, 516, IV, 2241 ; XII, 76; XVI, 351 ; XVII, 526. — Dom Grenier,<br />

t. V, p. 77.<br />

2<br />

3<br />

4<br />

Com. arch., t. I, XCI,où note <strong>de</strong> M. F<strong>la</strong>mmermont.<br />

P. 41, et Afforty,<br />

P. 399, voir 172.<br />

XXIII, 684.<br />

IV 7


2. Le beffroi <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> — et c'est ce qui lui va<strong>la</strong>it le nom <strong>de</strong><br />

bancloche, banclochia, bannorum clocha, cloche <strong>de</strong>s bans, <strong>de</strong>s<br />

citations, <strong>de</strong>s convocations, — supportait <strong>de</strong>s cloches dont <strong>la</strong><br />

principale était un <strong>de</strong>s orgueils <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité. Elle portait inscrit,<br />

au rapport d'Afforty et du « citoyen Desmaretz ayant <strong>de</strong>s<br />

« connaissances en médailles et autres antiquités. » (Registres<br />

municipaux) :<br />

ANJEMERES<br />

En l'en <strong>de</strong> l'incarnation notre Seingneur<br />

MCCIIII XX<br />

et I : ou mois <strong>de</strong> novembre me fit<br />

metre Guiliaume <strong>de</strong> Biauwes : ce fu fet ou<br />

tans sire Etiene Douc 1<br />

.<br />

Que signifie cet assemb<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> lettres : ANJEMERES?... L'on<br />

pourrait traduire : « Adjuvantibus Nobis Jesu, Et Maria, Et<br />

« Regulo, Et Sanctis, » avec l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> Jésus, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vierge<br />

Marie, du bienheureux Rieul et <strong>de</strong> tous les saints.<br />

Quel est ce Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Beauvais?... Un Guil<strong>la</strong>ume, chate<strong>la</strong>in<br />

<strong>de</strong> Beauvais, vivait en 1225. — Plus tard, en 1418, un<br />

Jean <strong>de</strong> Beauves, le jeune, est cité parmi les 52 bourgeois<br />

présents à une assemblée commune du 26 janvier. Serait-ce<br />

un <strong>de</strong>scendant <strong>de</strong> Guiliaume <strong>de</strong> Biauwes? 2<br />

— Etienne Douc<br />

— <strong>la</strong> légen<strong>de</strong> est composée tout entière en onciales juxtaposées<br />

et ayant <strong>la</strong> même hauteur, — me paraît mis ici pour Etienne<br />

dou Change (<strong>de</strong> Cambio) qui fut échevin <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> en 1283-<br />

1309 3<br />

, En 1283 en effet, le 21 avril, Robert <strong>de</strong> <strong>la</strong> Consigne,<br />

maire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, et Estienne du Change et Guyot Gouyers,<br />

jurés, sont nommés dans une lettre qu'Adam Halos ou Halot,<br />

bailly <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, écrit « au sujet du renvoy par luy fait à »<br />

l'Evêque « Robert <strong>de</strong> Cressonsart » ou Cressonsac « du procès <strong>de</strong><br />

« <strong>de</strong>ux femmes Eu<strong>de</strong>line dite <strong>de</strong> Noyon et sa fille accusées<br />

d'être sorcières » : les maire et jurés <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, y est-il dit,<br />

1<br />

Afforty, XVII, 303.<br />

2<br />

Afforty, VIII, 4360, où copie <strong>de</strong>s Procès-verbaux <strong>de</strong>s assemblées <strong>de</strong><br />

ville, et Registre <strong>de</strong> l'Hôtel-<strong>de</strong>-Ville, B., fol. 91.<br />

3<br />

Afforty, XII, 7731, n os<br />

9, 80, 85, 86, 87 et 99 où Liste <strong>de</strong>s Maires.


ont pris à tort connaissance <strong>de</strong> cette affaire; elle n'est point <strong>de</strong><br />

leur compétence, mais <strong>de</strong> celle dudit Evêque, « comme il fut<br />

« jugé par les mestre <strong>de</strong> court c'est à dire du parlement. »<br />

Le poids <strong>de</strong> cette cloche était <strong>de</strong> 3552 kilogrammes et son<br />

diamètre <strong>de</strong> 5 pieds 4 pouces. L'on trouvera dans les registres<br />

municipaux du temps, l'autoritarisme avec lequel elle fut<br />

vendue à Griset, maître fon<strong>de</strong>ur à Paris, 2 fr. 30 le kilogramme,<br />

sa <strong>de</strong>scente, sa <strong>de</strong>struction... Omnia morti <strong>de</strong>bemur...<br />

3. « En 1445 1<br />

l'on fit une horloge publique sur <strong>la</strong> grosse<br />

« cloche du beffroi.., Jean Charon, J. Camus, J. Métayer et<br />

« Jacques Roussel estans atournez et échevins <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. —<br />

« En Décembre 1532 2<br />

, Jean <strong>de</strong> Fécamp fut nommé pour con-<br />

« duire l'horloge du beffroi et sonner <strong>la</strong> cloche, <strong>de</strong>puis Paques<br />

« jusqu'à <strong>la</strong> saint Remi, ainsi qu'il était accoutumé, à 5 heures<br />

« du matin et à 9 heures du soir, et <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> saint Remi jusqu'à<br />

« Paques à 4 heures du matin et à 8 heures du soir, et pour<br />

« les jours <strong>de</strong> mardi, jeudi et samedi <strong>de</strong> chaque semaine, à 12<br />

« heures du matin pour le marché au bled. » L'on me pardonnera,<br />

je l'espère, d'entrer dans ces menus détails; ils nous<br />

ai<strong>de</strong>nt, je l'ai déjà fait observer, à ressusciter <strong>la</strong> physionomie<br />

qu'avait jadis notre cité. — « Réception le 25 janvier 1695 <strong>de</strong><br />

« Charles Vallée 3<br />

maître serrurier à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> Pierre Vallée<br />

« décédé <strong>de</strong>puis quatre ou cinq jours, qui <strong>de</strong>puis 40 ans avait<br />

« fait fonction <strong>de</strong> concierge du beffroi, conduit l'horloge et<br />

« servi <strong>de</strong> serrurier à <strong>la</strong> ville, à <strong>la</strong> charge <strong>de</strong> loger sa mère<br />

« audit beffroi, si mieux n'aime luy donner 12 francs par an<br />

« pour son logement. » L'on voit que le prix <strong>de</strong>s loyers n'a<br />

point diminué <strong>de</strong>puis.<br />

1<br />

« Le 5 juillet 1530 4<br />

Jaulnay, p. 518.<br />

les enfants <strong>de</strong> France qui avoient été<br />

2<br />

Afforty, XII, 7333.<br />

3<br />

Afforty, V, 2620. « 1420, à Jehan, l'horlogeur, maistre gouverneur <strong>de</strong><br />

« l'orloge du beffroy (à Noyon) pour ses gaiges VI livres. » Comptes <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

ville <strong>de</strong> Noyon.<br />

4<br />

Jaulnay, p. 555-556.


« livrés en otages aux ang<strong>la</strong>is furent ramenés en France à<br />

« raison <strong>de</strong> quoi l'on chanta Te Deum en l'église Saint-Rieul.<br />

« — Le 10 ensuivant, procession. « Jeunes et vieux » je traduis<br />

mot à mot le <strong>la</strong>tin mo<strong>de</strong>ste d'une délibération du chapitre,<br />

« jeunes et vieux, boîteux et malingres, tous rendirent grâce<br />

« au très-haut, se livrant à l'envi à <strong>de</strong>s démonstrations<br />

« joyeuses <strong>de</strong> belle affection, comme l'on n'en vit jamais <strong>de</strong><br />

« mémoire d'homme, surtout en allumant au haut du clocher<br />

« <strong>de</strong>s falots que l'on pouvait découvrir <strong>de</strong> loin et en frappant<br />

« <strong>la</strong> cloche du beffroi, ce qu'il n'est pas d'usage <strong>de</strong> faire dans<br />

« les joies et allégresses 1<br />

» — L'année suivante, à l'entrée <strong>de</strong><br />

Monseigneur le Dauphin « l'horloge et les appeaulx d'icelle<br />

« estans au dit Beffroy faisoient un tel et si grand bruit<br />

« que l'on ne pouvoit se faire oyr par aucune personne, dont<br />

« mon dit seigneur le Dauphin et Messieurs ses frères furent<br />

« fort joyeux. » — En 1766-1769, nouvelle horloge.<br />

4. Le beffroy avait son puits. « Sur ce qui a été remonstré<br />

« que pour l'utilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville et <strong>de</strong>s habitants <strong>de</strong> l'étappe<br />

« au vin et <strong>de</strong> <strong>la</strong> halle il estoit besoing <strong>de</strong> faire faire un puits<br />

« près du beffroy parce qu'il n'y en avoit aucun en <strong>la</strong>ditte<br />

« rue, etc. » Ce puits fut bouché en 1832. De <strong>la</strong> cave très<br />

curieuse <strong>de</strong> M. Bontemps, qui a eu l'amabilité d'encourager ma<br />

curiosité, l'on arrive par un escalier voûté en arètes et un<br />

couloir creusé dans <strong>la</strong> pierre vive jusqu'à cet ancien puits.<br />

« En 1724 », dit Broisse, « on éleva — à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du beffroi<br />

« primitif, dont les registres <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville nous disent que l'on<br />

« vendit plomb, ardoises, etc. — une pyrami<strong>de</strong> octogone<br />

« en pierre dont <strong>la</strong> clef portait le nom <strong>de</strong>s frères Man­<br />

« sion. Il fut démoli en 1802 par Poyet, architecte <strong>de</strong> Lucien<br />

1<br />

Tara juvenes quam senes, c<strong>la</strong>udi et <strong>de</strong>biles, omnes <strong>la</strong>u<strong>de</strong>m altissimo<br />

<strong>de</strong><strong>de</strong>runt, festivum inter se charitative facientes, quod in simili modo nusquam<br />

a memoria hominum fuit visum fieri, habendo maxime fallotos ar<strong>de</strong>ntes<br />

in campanile in alto situatos a longe prospiciendos necnon palpatione campanae<br />

betfredi, quod non est in usu palpando prae gaudio et lœtitia pulsare,<br />

caetera quam plurima specificando, etc. Dom Grenier, t. CLXIII, p. 225.


« Bonaparte, propriétaire du château du Plessis-Chamant, »<br />

lequel acheta les pierres 1,000 francs, comme on pourra le<br />

lire dans le registre <strong>de</strong>s délibérations du Conseil municipal <strong>de</strong><br />

l'époque.<br />

5. La halle près du beffroi s'appe<strong>la</strong> quelquefois rue <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

bancloche (1344), halle du beffroi en 1468. — « Deux étaux<br />

« à bouchers, » établis en cet endroit à <strong>la</strong> fin du XV e<br />

siècle,<br />

fournirent occasion <strong>de</strong> querelles.<br />

L'on trouvait, en 1508 et 1522, dans le voisinage, les hôtels<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> rose rouge et <strong>de</strong> <strong>la</strong> rose b<strong>la</strong>nche, adossés aux murs <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

cité (1699) ; — du Griffon; — du Faucon; — <strong>de</strong> <strong>la</strong> Truye ou<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Truye-qui-File, enseigne fréquente et grotesque qui<br />

dégénéra à <strong>Senlis</strong> en Truite-qui-File ; — du Coq, à côté <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Truye et du Gournault ; — du Cheval-B<strong>la</strong>nc : « cheval b<strong>la</strong>nc<br />

« <strong>de</strong>vant le beffroy joignant à l'hôpital Saint-Jean (1439); »<br />

le Cheval-B<strong>la</strong>nc, tenant d'une part à l'hôtel du Cheval-<br />

Rouge, et d'autre au pellican 1<br />

, auberge que tenait en 1589<br />

« Nico<strong>la</strong>s Desprez dit Biblo, zélé ligueur » et partisan <strong>de</strong><br />

l'évêque Rose 1<br />

; — « <strong>de</strong> l'Imayge noustre Dame assise <strong>de</strong>vant<br />

« Saint-Jean et <strong>de</strong>vant le beuffroy faisant le coing <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue<br />

« qui maine <strong>de</strong> <strong>la</strong> Halle à Saincte Geneviefve et d'autre aux<br />

« hoirs Raoulin Germain dung bout <strong>de</strong>vant ledit beuffroy et<br />

« d'autre par <strong>de</strong>rrière à Jehan Germain » Il reste <strong>de</strong> cette<br />

image Notre-Dame, une niche charmante, dont nous avons cru<br />

<strong>de</strong>voir donner une idée par le <strong>de</strong>ssin.<br />

Ce beffroi, qui fut associé à tous les évènements heureux ou<br />

tristes <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité, n'est plus qu'un souvenir. De <strong>la</strong> liberté vraie,<br />

dont il était le symbole, n'avons-nous pas le vêtement extérieur<br />

plutôt que <strong>la</strong> noble et religieuse réalité?<br />

1<br />

Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522. p. 49. — Arch. <strong>Senlis</strong>, cc, 130, f° 8 et suiv.<br />

(1689-1691) : « Dépense <strong>de</strong> 218 livres 17 sols, pour vins <strong>de</strong> présent pris<br />

« dans l'hotel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Truie qui file..., trois pots pris à l'hotel <strong>de</strong> Saint-An-<br />

« toine. » — Afforty, X, 7319; XVIII. 310 : rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bancloche.<br />

2<br />

Récit véritable <strong>de</strong> <strong>la</strong> Surprise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> par <strong>la</strong> Ligue, par un contemporain,<br />

p. 456.


XIX. * BEGUINES.<br />

Voir rue Sainte-Geneviève, où l'on trouvera (1450, 1522,<br />

1553) : « Rue Saincte Geneviefve, le maistre <strong>de</strong> Saint Ladre<br />

« pour sa maison séant <strong>de</strong>vant l'ostel <strong>de</strong>s béguingnes. »<br />

L'on sait que les béguines sont <strong>de</strong>s femmes qui, sans s'obliger<br />

par <strong>de</strong>s vœux, mènent une vie régulière et commune dans<br />

une sorte <strong>de</strong> clôture, appellée béguignage. 1286. L'on rencontrera<br />

dans <strong>la</strong> rue du puits Saint-Sanctin « <strong>de</strong> puteo sancti<br />

« Sanctini » une maison qui appartint jadis aux béguines<br />

« quae quondam fuit beguinarum ». — Les comptes <strong>de</strong> l'église<br />

Saint-Pierre re<strong>la</strong>tent : 1342. ... « <strong>de</strong> Ermelend <strong>de</strong> Riu [Rieux]<br />

« beguine 12<strong>de</strong>niers. » 1343. « ... <strong>de</strong> Isabelle <strong>de</strong> Villersbeguine<br />

« 4 sols. » — « Maison au bourg Saint-Vincent... tenant <strong>de</strong>r-<br />

« rière aux béguines (1357) ». — Jeanne l'Orfèvre, femme <strong>de</strong><br />

Robert le Chat Laisné, lègue « aux béguines <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> pour<br />

« refection [reconstruction] <strong>de</strong> leur maison 10 francs d'or<br />

« (1366) ». — Le nécrologe <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers 1<br />

nomme en 1398 :<br />

« Belete <strong>la</strong> Poline Béguine, enterrée auprès du <strong>la</strong>vabo ]juxta<br />

« lotorium]. » — 1553. « ... Maison rue Sainte Genneviève<br />

« nommée l'hotel <strong>de</strong>s Béguines, tenant à Jacques Viret. » —<br />

Saint-Simon fait cette peinture <strong>de</strong> l'un <strong>de</strong> nos évêques : « L'un<br />

« [<strong>de</strong>s frères <strong>de</strong> Chamil<strong>la</strong>rt] était évêque <strong>de</strong> Dole, qu'il fit<br />

« évêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et à qui il ne manquait qu'un béguin [coiffe<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> béguine] et <strong>de</strong>s manches pendantes. »<br />

XX. — BELLE-FONTAINE.<br />

Château dans un site agréable entre le vieux chemin <strong>de</strong>s<br />

1 Afforty, VII; XIV, 96; XVI,500; XVIII, 106, testament <strong>de</strong> Jeanne l'Orfèvre,<br />

femme <strong>de</strong> Robert le Chat l'Aisné, 252, Comptes <strong>de</strong> Saint-Pierre en 1342,<br />

595 ; XXIV, 675, où Déc<strong>la</strong>ration fournie au Roy par le chapitre <strong>de</strong> Saint-<br />

Frambourg <strong>de</strong>s biens qui lui ap<strong>partie</strong>nnent, etc., le 5 août 1553. — Le 30<br />

mai 1474, les enfants <strong>de</strong> chœur <strong>de</strong> Noyon obtiennent <strong>la</strong> permission <strong>de</strong><br />

représenter dans <strong>la</strong> cour <strong>de</strong> l'Evêché le Mystère <strong>de</strong> l'Annonciation. » On<br />

« leur prête les joyaux <strong>de</strong>s béguines. » Dom Grenier, t. XIV, p. 504.


Ancienne Porte Bellon (Page 104).


Poissonniers [Paissonniers, gens conduisant les porcs à <strong>la</strong><br />

g<strong>la</strong>ndée] et <strong>la</strong> route qui conduit <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> à Chantilly.<br />

Petite chapelle bâtie d'emprunts faits à Saint-Frambourg.<br />

C'était le séjour, à <strong>la</strong> fin du XVII e<br />

siècle, <strong>de</strong> monsieur <strong>de</strong><br />

Tourmont, premier commis <strong>de</strong> Louvois : « Le 25 may 1684,<br />

« huit bouteilles [<strong>de</strong> présents <strong>de</strong> ville] à M. <strong>de</strong> Tourmont en<br />

« sa maison <strong>de</strong> <strong>la</strong> Belle-Fontaine. — I<strong>de</strong>m le 27 juillet<br />

« 1687. » — L'on trouvera aux Archives départementales :<br />

« Permission <strong>de</strong> baptiser l'enfant <strong>de</strong> Jacques Drouyn <strong>de</strong><br />

« Van<strong>de</strong>uil, premier prési<strong>de</strong>nt du Parlement <strong>de</strong> Toulouse, en<br />

« <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong> Bellefontaine 1<br />

, » etc. — Voir Arènes.<br />

XXI. — BELLEVUE (Rempart <strong>de</strong>, ou <strong>de</strong> Saint-Vincent).<br />

Entre <strong>la</strong> rue Neuve-<strong>de</strong>-Paris et <strong>la</strong> Porte <strong>de</strong> Meaux. La<br />

maison faisant angle entre le passage du Moulin <strong>de</strong>s<br />

Carmes, le jardin <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers et <strong>la</strong> rue successivement<br />

appelée Royale, <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, Impériale, Neuve-<strong>de</strong>-<br />

Paris, est désignée dans <strong>de</strong>s actes <strong>de</strong> 1785 <strong>de</strong> « maison belle<br />

« vüe scise rue Royale, vis à vis le rempart <strong>de</strong> Saint-Vin-<br />

« cent..., paroisse <strong>de</strong> Sainte-Genevieve. »<br />

De ce rempart, adossé à Saint-Vincent, l'on aperçoit <strong>la</strong> Porte<br />

<strong>de</strong> Meaux avec son moulin jadis aux religieux <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s<br />

d'Acy; à ses pieds, l'éperon <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte <strong>de</strong> Meaux qui a remp<strong>la</strong>cé<br />

par le bruit sourd <strong>de</strong>s quilles les mots <strong>de</strong> passe que se<br />

bail<strong>la</strong>ient « avec méreaux 2<br />

» les quartiniers ; les jardins humi<strong>de</strong>s<br />

que les anciens fossés continuent <strong>de</strong> tremper; les « dos<br />

« d'ânes » où <strong>de</strong>puis longtemps déjà les mégissiers étalent<br />

leurs <strong>la</strong>ines; — <strong>de</strong>rrière, Villemétrie, <strong>la</strong> Bigu<strong>de</strong>, <strong>la</strong> route <strong>de</strong><br />

Meaux, <strong>la</strong> très ancienne chaussée <strong>de</strong>s Jardiniers ou Bretonnerie,<br />

le faubourg Saint-Martin avec ses casernes neuves;<br />

1<br />

Afforty, VI, 2956, où Mémoires <strong>de</strong> vins <strong>de</strong> présent <strong>de</strong>s années 1683 et<br />

suivantes. — Com. arch., II e<br />

série, t. III. p. 353. — Arch. départ., G, 624,<br />

2<br />

Vaultier, p. 170.


— et à l'horizon le cercle profond <strong>de</strong>s forêts <strong>de</strong> Ha<strong>la</strong>tte que<br />

« votre Pierre-le-Grand » écrivait 1<br />

le cardinal <strong>de</strong> Bernis<br />

à Voltaire, du château du Plessis, « appe<strong>la</strong>it le jardin <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« France. »<br />

Afforty fournira cent indications <strong>de</strong> cette sorte : « 1518, ca-<br />

« semates ayant servi <strong>de</strong> magasins à poudre et <strong>de</strong>venues<br />

« <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s <strong>la</strong>voirs à <strong>la</strong>ine. » Heureuse transformation ! —<br />

« 1634, lieu dit <strong>de</strong>s Poullies » à cause <strong>de</strong>s poullies, poulies,<br />

polies, séchoirs que les gens <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville ont dressées en cet endroit<br />

pour « y estendre draps et serges. — 1657. « Bail d'une<br />

« pièce au marais entre <strong>la</strong> Dodanne (dos d'âne) et <strong>la</strong> vieille<br />

« rivière <strong>de</strong> <strong>la</strong> poterne à prendre <strong>de</strong>puis l'éperon <strong>de</strong> <strong>la</strong> dite<br />

« poterne jusqu'aux poulyes qui sont p<strong>la</strong>ntées au bord <strong>de</strong><br />

« <strong>la</strong>dite Dodanne vers <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Meaux — 1681. « Sept<br />

« p<strong>la</strong>ces pour sécher les <strong>la</strong>ines, tirées au sort, au bout <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« Dodanne du côté <strong>de</strong>s voutes <strong>de</strong> <strong>la</strong> poterne, etc. 2<br />

. »<br />

XXII. — BELLON (Rue et Porte).<br />

1. La rue Bellon doit son nom à <strong>la</strong> porte Ba<strong>la</strong>ntum (1166,<br />

1194, 1233, 1238), Bellonis (1225, 1339), Bi<strong>de</strong>ntum, <strong>de</strong> Mello<br />

« <strong>de</strong> Melloto » (1245, 1257, 1377, 1476, 1520), Mello (1522),<br />

Melon (1522), Melle (1439), Merlo, Merlou, Merle (1417,<br />

1569) 3<br />

, qui mettait en communication, dans <strong>la</strong> rue du<br />

Chancelier Guérin, <strong>la</strong> cité avec le vicus extérieur Bal<strong>la</strong>ntum,<br />

Bi<strong>de</strong>ntum, Bellongus ou Bellonis. — «... Vineam in vico<br />

Ba<strong>la</strong>ntum (1166). — « Renaud et par avant Jehan Le Choisel,<br />

chanoine, donne à l'Eglise une maison « in vico Ba<strong>la</strong>ntum<br />

1 24 avril 1763.<br />

2 Afforty, V, 2531; VI, 3104; VII, 3967; VIII, 4027.<br />

3 Afforty, I, 21, 118, 119, 123, 131; III, 1569; XIV, 374, année 1166,<br />

charte d'Amaury, confirmative <strong>de</strong>s donations faites à Saint-Nico<strong>la</strong>s-d'Acy<br />

« in vico sancti Martini..., in <strong>de</strong>cima <strong>de</strong> Ponte Hermeri..., apud Curteo-<br />

« lum..., in vico Ba<strong>la</strong>ntum, etc., etc. », 868 ; XV, 743; XVI, 189; XVIII, 88,<br />

testament <strong>de</strong> Raoul <strong>de</strong> Borest, chanoine. — Gall. chr. t. X, col. 1481, t. XI,<br />

col. 587. — Dom Grenier, t. CLXV.


« (1197, 1238). » — Renaud <strong>de</strong> Villeteigneuse vend au chapître<br />

<strong>de</strong> Notre-Dame une vigne « in vico Bellonis » au lieu dit<br />

Sarpere (1225). — « In vico Bi<strong>de</strong>ntum (1297). — « Raoul <strong>de</strong><br />

Grosparmi, trésorier <strong>de</strong> Saint-Frambourg, chancelier du roi en<br />

1254-1259, évêque d'Evreux, qui mourut <strong>de</strong> <strong>la</strong> peste en terre<br />

sainte, <strong>la</strong>isse pour fon<strong>de</strong>r son obit 17 sols <strong>de</strong> revenu annuel à<br />

prendre sur <strong>la</strong> maison d'Osebert l'Ang<strong>la</strong>is, auprès <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte<br />

<strong>de</strong> Mello « super domum Oseberti Anglici juxta portam<br />

« Meloti. » — « Vicus Bellonis (1339). »<br />

Quelle est parmi ces appel<strong>la</strong>tions <strong>la</strong> véritable? Est-ce porta<br />

ba<strong>la</strong>ntum ou bi<strong>de</strong>ntum, porte <strong>de</strong>s animaux bê<strong>la</strong>nts, <strong>de</strong>s brebis,<br />

comme le pense notre consciencieux collègue, M. Am.<br />

Margry, cette porte conduisant dans les prairies les troupeaux<br />

que les nécessités <strong>de</strong>s siéges entassaient parfois dans l'intérieur<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce ? — Est-ce porta ba<strong>la</strong>ntum, bal<strong>la</strong>ntum, porte <strong>de</strong>s<br />

bal<strong>la</strong>nts, <strong>de</strong>s danseurs? L'on sait que le jeu <strong>de</strong> balle était très<br />

anciennement situé entre <strong>la</strong> porte Bellon et le moulin <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue<br />

<strong>de</strong> Meaux et était accompagné au moyen-âge, comme chez les<br />

Grecs, <strong>de</strong> danse (bal<strong>la</strong>re) et <strong>de</strong> chants.— Est-ce porta balli,<br />

porte défendue par un balleium, ballium, ballum, baille, baile,<br />

ouvrage avancé d'un Chatel, palissa<strong>de</strong>, abri formé <strong>de</strong> pieux? —<br />

Est-ce porta <strong>de</strong> Merlo, <strong>de</strong> Mer<strong>la</strong>, <strong>de</strong> Merlon, porte à créneaux<br />

(merlus, mer<strong>la</strong>, merlon signifie créneaux) d'où Mello,<br />

Melo, Melon, Bellon, etc., par altérations successives <strong>de</strong><br />

mots? J'avoue ne hasar<strong>de</strong>r ces étymologies qu'avec maintes<br />

hésitations : Le sol <strong>de</strong> l'hypothèse est si fuyant! — Est-ce<br />

plutôt, j'inclinerais <strong>de</strong> préférence vers cette solution, porta<br />

domini <strong>de</strong> Mello, <strong>la</strong> porte du seigneur <strong>de</strong> Mello? En 1167,<br />

un Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Mello, <strong>de</strong> Merloto, Merlon, Merlou, chate<strong>la</strong>in,<br />

fils aîné <strong>de</strong> Dreux <strong>de</strong> Mello, connétable <strong>de</strong> France, confirme<br />

à l'abbaye <strong>de</strong> Chalis les biens que lui avait accordés son<br />

1<br />

Merletare pinnas seu merletos construere, pinnis munire. « Fiat murus<br />

fortis ut merletetur <strong>de</strong>super, 1257, 1381. » — Merlette, verge d'appariteur<br />

parce que cette verge « in pinnam <strong>de</strong>sinit. » Merlis, querelleur, etc.<br />

Ducange.


oncle Manassier <strong>de</strong> Bulles, « Manasserius <strong>de</strong> Bulis », ou <strong>de</strong><br />

Mello. — Parmi les chevaliers <strong>de</strong> <strong>la</strong> chatellenie <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> qui<br />

servent Philippe-Auguste, nous trouvons, à côté du Boutellier<br />

et <strong>de</strong> Gui son fils, « Manasserus <strong>de</strong> Melloto. » — Plus tard,<br />

aux débuts du XIV e<br />

siècle (février et mars 1331), un Dreux <strong>de</strong><br />

Mello « Droco <strong>de</strong> Mellone » et sa femme Jeanne « Johanna<br />

« quondam uxor Domini <strong>de</strong> Mellon » sont ensépulturés, selon<br />

une coutume pieuse d'alors, chez les Cor<strong>de</strong>liers <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. —<br />

En 1347 il est fait mention « <strong>de</strong>functi Hugonis quondam dicti<br />

« <strong>de</strong> Melloto » chape<strong>la</strong>in perpétuel <strong>de</strong> Saint-Sanctin 1<br />

.<br />

Cette porte s'appe<strong>la</strong>it aussi porte <strong>de</strong> Rheims, comme il est<br />

aisé <strong>de</strong> le voir dans <strong>la</strong> bulle <strong>de</strong> Luce III (1182), confirmative<br />

<strong>de</strong>s priviléges <strong>de</strong> Notre-Dame : « ... Ecclesia sancti Hi<strong>la</strong>rii<br />

« ante portam Remensem 2<br />

.<br />

« Elle était protégée, » dit dom Grenier, « comme on le voit<br />

« encore, aussi bien que <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Paris par <strong>de</strong>ux grosses<br />

« tours ron<strong>de</strong>s. » « Lorsqu'on les démolit », ajoute M. Tremb<strong>la</strong>y,<br />

« on les trouva soli<strong>de</strong>ment fondées sur <strong>de</strong>s blocs équarris,<br />

« lesquels étaient chargés <strong>de</strong> sculptures, entremêlés <strong>de</strong> statues<br />

« brisées dont quelques-unes conservaient <strong>de</strong>s traces <strong>de</strong> do-<br />

« rures , débris dont l'origine romaine prouve l'importance<br />

« <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> avant l'établissement même du mur <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité. »<br />

2. La rue Bellon commençait jadis (1742) à cet endroit. Le<br />

mur gallo-romain y apparaît encore avec ses assises in<strong>de</strong>structibles,<br />

« merveil<strong>la</strong>bles » pour employer l'expression <strong>de</strong><br />

Louvet, traversait les carrefour Saint-Hi<strong>la</strong>ire et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Licorne<br />

ou <strong>de</strong>s Singes « où souloit pendre l'enseigne Saint-C<strong>la</strong>u<strong>de</strong><br />

« (1503) » et aboutissait à l'éperon et au pont <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte<br />

Bellon.<br />

1<br />

Layelles <strong>de</strong>s trésors <strong>de</strong>s Chartes, 377, 593, aux dates <strong>de</strong> 1193, 1211,<br />

1212, 1223, 1246. — Voir Seigneurs <strong>de</strong> Merlo, Afforty, XI, 6046; XIV, 43,<br />

où « Isti sunt milites <strong>de</strong> Castel<strong>la</strong>nia Silvanectensi sub Philippo Francorum<br />

« rege... »; XIV, 390, charte <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Merloto, 1167; XVII, 31, où<br />

Nécrologe <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers; XVIII, 363.<br />

2<br />

Afforty, XIII, XIV, 658 et suiv.


A l'ancien Hôtel <strong>de</strong>s Rasse <strong>de</strong> Saint-Simon, rue Bellon (Page 108).


Son parcours offrait à gauche « au-<strong>de</strong>là du presbitaire <strong>de</strong><br />

« Saint-Pierre, l'asne royé 1<br />

» (tacheté) qui appartenait,<br />

en 1522, « à <strong>la</strong> chapelle Notre-Dame, fondée en l'église <strong>de</strong><br />

« Borretz », et entra plus tard dans les dépendances du Séminaire,<br />

— <strong>la</strong> licorne (1522, 1530, 1654, etc.), que nous trouvons<br />

plus tard escortée du baton b<strong>la</strong>nc et du bon <strong>la</strong>boureur,<br />

— les trois roys, ou trois roys <strong>de</strong> Cologne (1783), qui furent<br />

absorbés il y a plus <strong>de</strong> cent ans par l'hôtel <strong>de</strong>s Turquet, —<br />

et l'escu <strong>de</strong> France qui étaient adossés au cimetière Saint-<br />

Pierre, — le faulcon, — <strong>la</strong> lézar<strong>de</strong>, — l'hôtel seigneurial <strong>de</strong>s<br />

Rasse <strong>de</strong> Saint-Simon qui mérite une attention spéciale, —<br />

une ruelle aujourd'hui fermée qui menait aux murs <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville,<br />

— Sainte-Catherine (1788), — <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> <strong>la</strong> Victoire ou <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Petite Victoire (1522), ainsi nommée parce que les religieux<br />

<strong>de</strong> l'abbaye célèbre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Victoire y trouvaient un refuge, —<br />

et le moulinet 2<br />

.<br />

A droite, au-<strong>de</strong>là du « barillet couronné tenant à M e<br />

Jean<br />

« Vaultier (voir Arsenal), et par <strong>de</strong>rrière à Saint-Hi<strong>la</strong>ire »,<br />

et <strong>de</strong>s trois bourses, formant le coin <strong>de</strong>s rues Bellon et Rougemaille<br />

(1590), c'étaient l'ostel <strong>de</strong>s Singes (1359) ou Cinges<br />

(1522) ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> Couronne (1547) 3<br />

dont l'enseigne très curieuse<br />

représente, à mon avis, <strong>la</strong> dispute vieille et persistante, comme<br />

le mon<strong>de</strong>, du sensualisme et du spiritualisme et pique à bon<br />

droit <strong>la</strong> curiosité <strong>de</strong>s érudits : un singe assis en maître et levant<br />

<strong>la</strong> coupe; trois moines raisonnant; <strong>de</strong>ux écoliers recueil<strong>la</strong>nt<br />

ces enseignements contraires. Suivent « les maisons <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« coquine (1359, 1522) 4<br />

<strong>de</strong>vant <strong>la</strong> petite Victoire (coquine,<br />

1<br />

Compte <strong>de</strong> 1508, p 17.<br />

2<br />

Afforty, III, 1376; IV, 1838 à 1844 : Titres <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle Sainte-Anne,<br />

où détails nombreux sur quartier Bellon; V, 2445; VI, 2955, 3365; XVI, 583;<br />

XVII, 619, 1338, où comptes <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté <strong>de</strong>s chapel<strong>la</strong>ins... <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>;<br />

XVIII, 647 et suiv. où comptes <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle Sainte-Anne en 1359; XXIV,<br />

509 en 1547.<br />

3<br />

4<br />

Vaultier, p. 27, 457.<br />

Afforty, XXI, 579.


<strong>de</strong> coquus, marmiton, signifiait gueuse), tenant d'une part a<br />

« l'ostel du griffon et d'aultre à l'ostel <strong>de</strong> l'Ymage Sainte Anne,<br />

« sur lesquelles Geoffroy Biendieu, en son vivant procureur<br />

« du Roy au bailliage <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, fondateur <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle<br />

« Sainte-Anne, a donné à l'église <strong>de</strong> céans douze sols <strong>de</strong> rente;<br />

« — le Griffon, tenant d'un costé à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Vignes (1583) »<br />

— <strong>la</strong> rue Neuve-<strong>de</strong>-Paris n'existait point alors — « aboutissant<br />

« au collége, vis-à-vis <strong>la</strong> Licorne »; — <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Vignes; —<br />

« le porc épic (1601) en faisant le « coing »; — Saint-<br />

« Florent, — « <strong>la</strong> maison ditte <strong>de</strong> Saint-François faisant<br />

« le coing <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Bellon et <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Saintisme a Largent<br />

« (1457) et y tenant » — et <strong>la</strong> Grange <strong>de</strong> <strong>la</strong> Victoire.<br />

3. La porte Bellon (porte, non <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité, mais du vicus<br />

extérieur), date seulement du XV e<br />

siècle, et était ornée, dit<br />

Afforty 1<br />

, d'un croissant qui était un souvenir <strong>de</strong> <strong>la</strong> joyeuse<br />

entrée <strong>de</strong> Henri II. « Devant cette porte, » raconte avec<br />

enthousiasme Vaultier (1598), « on a fait le grand éperon...;<br />

« au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> <strong>la</strong> voute <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite porte il y a un secret, dit<br />

« moigniau (moineau, bastion p<strong>la</strong>t), pour, en cas <strong>de</strong> besoin,<br />

« faire sortir à couvert... sur lequel il y a une p<strong>la</strong>te forte<br />

« (forme) qui <strong>de</strong>fend ledit éperon et autres avenues <strong>de</strong>puis <strong>la</strong><br />

« Fosse-au-Anes jusques a <strong>la</strong> porte Bellon, dont les fossés<br />

« sont pleins d'eau et les prés aussi, dans lesquels il se nourrit<br />

« <strong>de</strong> beaux poissons. »<br />

Un Jean « Loysel » <strong>de</strong>meurait en 1476 près <strong>la</strong> porte<br />

Bellon 2<br />

.<br />

4. L'hôtel <strong>de</strong>s Saint-Simon (1522), « paravant Jean Sé-<br />

« journé, » que nous retrouverons plus tard (1572) entre les<br />

1<br />

Afforty, V, 2622; XXIV, 559, 560 : « Ordonnances <strong>de</strong>s 27 et 29 février<br />

« 1549 <strong>de</strong>s gouverneurs et echevins » ... concernant l'entrée du Roi. Voir<br />

Apport-au-Pain.<br />

2<br />

Afforty, XXII, 211; XXIV, 280. Philippe, fils <strong>de</strong> Jean Loysel et <strong>de</strong><br />

Catherine d'Auvergne, fut anobli par les rois Henri III et Henri IV.


mains <strong>de</strong> Pierre Gosset 1<br />

, <strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fosse, etc., est encore<br />

remarquable à son mur orné <strong>de</strong> pi<strong>la</strong>stres, <strong>de</strong> médaillons et <strong>de</strong><br />

consoles renversées dans le style <strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance. Il n'est<br />

point <strong>de</strong> mon sujet <strong>de</strong> raconter ici <strong>la</strong> généalogie et l'histoire<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> très-noble famille <strong>de</strong>s Rouvroy, dits <strong>de</strong> Saint-Simon,<br />

seigneurs <strong>de</strong> Rasse : Gauthier, Gilles (1522), Guil<strong>la</strong>ume, Louis,<br />

François, Louis II, Charles et C<strong>la</strong>u<strong>de</strong>. L'on sait le testament<br />

très intéressant que Gilles <strong>de</strong> Saint-Simon écrivit en 1477, —<br />

<strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong> Saint-Jacques ou du bailly qu'il fit appliquer<br />

(1490-1524) à l'absi<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale, — cette mention que<br />

<strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522 nous a conservée 2<br />

: « Noble homme<br />

« Jehan <strong>de</strong> Sains chevalier bailly et cappitaine <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> ou<br />

« lieu <strong>de</strong> messire Waleran <strong>de</strong> Sains son père [mari <strong>de</strong> Jacque-<br />

« line <strong>de</strong> Saint-Simon et seigneur <strong>de</strong> Marigny] et messire<br />

« Giles <strong>de</strong> Saint-Simon son père grand... pour sa ferme [à<br />

« Barbery] appelée <strong>la</strong> haulte maison », — le caveau que<br />

Louis <strong>de</strong> Saint-Simon creusa dans <strong>la</strong> chapelle du bailly pour sa<br />

sépulture et celle <strong>de</strong> sa race, — le mariage, le 7 mars 1558,<br />

d'Anne <strong>de</strong> Rouvroy <strong>de</strong> Saint-Simon, fille <strong>de</strong> Louis <strong>de</strong> Saint-<br />

Simon et d'Antoinette <strong>de</strong> Mailly, avec Jacques d'Abon, seigneur<br />

<strong>de</strong> Saint-André, maréchal <strong>de</strong> France, lequel fut tué par Jean<br />

Perdriel, — une « requeste <strong>de</strong> messire François <strong>de</strong> Saint-<br />

« Simon fils <strong>de</strong> M. Louis <strong>de</strong> Saint-Simon, chevalier <strong>de</strong> l'ordre<br />

« du Roy au sujet <strong>de</strong> son épée attachée en <strong>la</strong> chapelle du<br />

« Bailly qui en avoit été enlevée 3<br />

», — le rôle actif que Louis<br />

<strong>de</strong> Saint-Simon joua pendant <strong>la</strong> ligue (1589), — <strong>la</strong> charge <strong>de</strong><br />

bailli occupée par C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> <strong>de</strong> Saint-Simon (1690), — le comte<br />

<strong>de</strong> Saint-Simon Sandricourt nommé bailli le 31 mai 1755, etc.<br />

1 Afforty, IX, 5185 ; XXI, 753 à 755 : Approbation <strong>de</strong> Simon Bonnet pour<br />

<strong>la</strong> construction <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle du bailly; XXII 237 à 242 : Testament <strong>de</strong><br />

Gilles <strong>de</strong> Rouvroy <strong>de</strong> Saint-Simon du 20 sept. 1477 ; XIII, 695à704 : Approbation<br />

<strong>de</strong> Gilles <strong>de</strong> Saint-Simon 1524. Acheté, en 1572, à François <strong>de</strong><br />

Saint-Simon, fils aîné. Afforty, XXV, 178.<br />

2 P. 465.<br />

3 Afforty, XXIV, 309, Jehan <strong>de</strong> Sains, seigneur <strong>de</strong> Marigny en 1541, 834.<br />

— Voir notice <strong>de</strong> M. E. Gallien, dans le Com. arch., t. X, p. 20 à 26.


5. Me serait-il permis <strong>de</strong> rappeler ici d'autres baillis <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong> 1<br />

? C'est le chevalier Philippe <strong>de</strong> Remi, <strong>de</strong> Remin ou<br />

<strong>de</strong> Beaumanoir (1246-1296), lequel fut bailli <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> en<br />

1292, et 1293 à 1296, fit rédiger <strong>la</strong> coutume très ancienne<br />

jusque-là traditionnelle <strong>de</strong> nos pays, céda à Philippe-le-Bel<br />

son manoir et sa chapelle du Moncel, avait épousé en secon<strong>de</strong>s<br />

noces <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière héritière <strong>de</strong> <strong>la</strong> très noble famille <strong>de</strong>s Boves,<br />

fut inhumé dans <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong>s Jacobins ou plutôt <strong>de</strong>s Dominicains<br />

<strong>de</strong> Compiègne et a <strong>la</strong>issé une gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong><br />

poésies curieuses 2<br />

.<br />

6. C'est après Beaumanoir, Eustache Deschamps, dit Morel,<br />

à cause <strong>de</strong> son teint basané ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> captivité qu'il subît en<br />

Afrique, né à Vertus, en Champagne, écuyer, huissier<br />

d'armes <strong>de</strong> Charles V et <strong>de</strong> Charles VI, châte<strong>la</strong>in <strong>de</strong> Fimes<br />

(1393) et auteur d'un recueil <strong>de</strong> chansons, ron<strong>de</strong>aux, vire<strong>la</strong>is,<br />

etc., qui eurent <strong>de</strong> <strong>la</strong> vogue en son vivant et sont souvent<br />

pleins <strong>de</strong> grâce et <strong>de</strong> finesse. Comme un arrêté malencontreux<br />

supprimait certaines épices qu'il était d'usage jusqu'alors<br />

d'offrir aux baillis, Deschamps s'en vengea en poëte, mais en<br />

poëte plus gai qu'irritable.<br />

L'en souloit (avait coutume) présenter jadis<br />

Aux juges et baillis royaux,<br />

Dont li [ce dont l'] usaiges est faillis [tombé],<br />

Des meilleurs vins, viez et nouveaulx<br />

Qu'on peut finer en <strong>de</strong>ux vaisseaulx,<br />

Cours, gros, ventrus et à <strong>de</strong>ux mains, etc.<br />

Dans une autre <strong>de</strong> ses bal<strong>la</strong><strong>de</strong>s, il joue sur le mot <strong>Senlis</strong> :<br />

Chacuns me dit : Dieu vous doint joie<br />

De votre nouveau bailliaige<br />

1<br />

Liste <strong>de</strong>s Bailly, Afforty, XII. 5958.<br />

2<br />

Voir une étu<strong>de</strong> très savante <strong>de</strong> M. H.-L. Bordier, dans Mémoires <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Société académique <strong>de</strong> l'Oise, t. VII, 1 re<br />

<strong>partie</strong>. — Afforty, III, 1532;<br />

XVI, 143, 648, 651, 662; XVII, 143; « 1292, donations au Moncel. ».


1<br />

La Bibl. nation, possè<strong>de</strong> en manuscrit toutes les œuvres d'Eustache<br />

Deschamps. Crapelet en a publié un choix intéressant en 1832. —<br />

« En ces présentes rubriches sont les refrains <strong>de</strong> toutes les [bal<strong>la</strong><strong>de</strong>s] et<br />

« chansons royaux et les premiers vers <strong>de</strong> tous les ron<strong>de</strong>aux et vire<strong>la</strong>ys<br />

« estans en ce présent livre selon l'ordre <strong>de</strong> l'A, B, C, avec plusieurs <strong>la</strong>yz<br />

« traittes lettres missives et autres choses estants en ce présent volume<br />

« fait par feu Eustache Deschamps dit Morel, escuyer, huissier d'armes du<br />

« Roy, notre sire, chatel<strong>la</strong>in <strong>de</strong> Fismes et son bailly <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. Et entre<br />

« les autres choses il y a <strong>de</strong>ux traittés celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> fiction <strong>de</strong> Lyon et l'autre<br />

« du miroir du mariage non complets pour <strong>la</strong> mort qui trop tost luy survint.<br />

« Dieu, ayez pitié et mercy <strong>de</strong> l'ame <strong>de</strong> lui. Amen. Anno 1393. »<br />

Afforty, III, 1691.<br />

2<br />

3<br />

4<br />

De cent lis! mais coissin [coussin] ni toie [taie]<br />

De lit n'ay encor en mesnaige,<br />

Pour ce ne vault rien ce <strong>la</strong>ngaige, etc.<br />

Et ailleurs, il se p<strong>la</strong>int <strong>de</strong> <strong>la</strong> sorte à Charles VI :<br />

<strong>Senlis</strong>, Compiègne et Pontoise<br />

Ce sont trois mègres bailliaiges<br />

De grant nom 1<br />

Afforty nous a conservé quelques actes où le nom <strong>de</strong><br />

« Deschamps, dit Morel, » rappelle quelque survivant <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

race <strong>de</strong> notre bailli-poëte : 1568, 22 octobre 2<br />

, « vente faite à<br />

« Saint-Nico<strong>la</strong>s-d'Acy par noble homme Louis Deschamps,<br />

« dit Morel, sieur <strong>de</strong> Crecy, y <strong>de</strong>meurant. » — 1569. « Esmery<br />

« <strong>de</strong>s Champs, dit Morel, escuyer, frère <strong>de</strong> Nico<strong>la</strong>s Deschamps. »<br />

— 1573. « Catherine Deschamps, dite Morel, sœur d'Esmery.»<br />

7. Revenons à notre rue Bellon. Où faut-il p<strong>la</strong>cer les maisons<br />

du Cœur navré 3<br />

, — <strong>de</strong> <strong>la</strong> Lézar<strong>de</strong>, — l'hôtel que possédait<br />

rue Bellon, en 1474, Jehan le Charon, « gruier [gar<strong>de</strong>général]<br />

<strong>de</strong> Hal<strong>la</strong>tte, » — et cette grange dont Vaultier 4<br />

raconte p<strong>la</strong>isamment cette histoire, qui est toujours nouvelle :<br />

« Audit temps [1593] fut fait un grand fourneau dans <strong>la</strong> grange<br />

Afforty, XXV, 76, 88, 211.<br />

Afforty, V, 2445, Pavez... à faire dans les rues etc. en 1598, 2818 et VII.<br />

P. 267.


« <strong>de</strong> Marin Rigaut, proche <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte Bellon, par un nommé<br />

« Jean Chartier, maître fon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Paris, réfugié<br />

« en cette ville, où il fondit et fabriqua six pièces <strong>de</strong> campagne,<br />

« éprouvées et trouvées bonnes, et avait, sa majesté, donné<br />

« lettres <strong>de</strong> chacun métier, et, les habitants, argent, chan<strong>de</strong>-<br />

« liers et autres choses, en intention d'en faire douze et <strong>de</strong> plus<br />

« grosses ; <strong>de</strong> quoi longtemps après, comme le roi se prome-<br />

« nait sur les remparts, voyant lesdites six pièces, <strong>de</strong>manda<br />

« où étaient les six autres : mais ceux qui avaient pêché en<br />

« eau trouble firent <strong>de</strong> <strong>la</strong> sour<strong>de</strong> oreille. »<br />

En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte Bellon il y avait, en 1617 1<br />

, « le vieil<br />

« jardin <strong>de</strong>s Arquebuziers », <strong>de</strong>s corps <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, etc. (Voir<br />

Jeux). — En 1779, <strong>la</strong> municipalité fait élever sur le rempart<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> porte Bellon un obélisque en souvenir <strong>de</strong> l'heureuse<br />

naissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> duchesse d'Angoulême 2<br />

. — Le goût <strong>de</strong> l'époque<br />

pour <strong>la</strong> guerre et les souvenirs mythologiques a changé, vers<br />

1800, le nom <strong>de</strong> Bellon en Bellone.<br />

Autrefois un pont-levis (1560-1604) 3<br />

ou dormant, en bois<br />

(1619-1696) rattachait <strong>la</strong> rue à <strong>la</strong> campagne.<br />

Tout près c'étaient le manoir <strong>de</strong> Sottemont (<strong>de</strong> Stultomonte)<br />

ou folie du bouteillier, qui appartint jadis à Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong><br />

Chantilly (1340), — le clos du chapître, dit <strong>de</strong> Sottemont, —<br />

<strong>la</strong> ruelle <strong>de</strong> coupe gueule, etc. 4<br />

.<br />

Mes lecteurs seront heureux <strong>de</strong> trouver ici une note que<br />

M. Gérin, — dont ils connaissent l'érudition et le goût, — a<br />

bien voulu me fournir sur l'enseigne du Carrefour <strong>de</strong>s Singes.<br />

« M. l'abbé Eug. Müller ayant bien voulu me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r mon<br />

sentiment sur cette énigme gravée dont j'avais relevé le trait,<br />

bien que <strong>la</strong> sagacité éc<strong>la</strong>irée <strong>de</strong> son esprit n'eût pas besoin<br />

d'une exégèse étrangère, je n'ai pas cru <strong>de</strong>voir lui refuser un<br />

2<br />

1<br />

3<br />

4<br />

Afforty, V, 2622.<br />

Broisse, p. 129.<br />

Afforty, VI, 2998; X, 7578.<br />

Afforty, I, 108,131 ; XIII, 854; XVIII, 146.


Enseigne <strong>de</strong>s Singes (Page 112).


concours, auquel il n'attachera comme moi qu'une valeur conjecturale.<br />

« A mes yeux, cette enseigne n'est qu'une allégorie naïve<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance païenne et protestante.<br />

« Cherchons donc « <strong>la</strong> chouse absconse. »<br />

« Que signifient ces trois écolâtres, dont l'un désigne du doigt<br />

un jeune étudiant absorbé dans ses annotations, tandis que les<br />

<strong>de</strong>ux autres <strong>de</strong>meurent ahuris <strong>de</strong>vant les provocations bachiques<br />

d'un étrange ludi magister, maître Bertrand, enseignant<br />

ex cathedra <strong>la</strong> théorie fascinatrice <strong>de</strong> <strong>la</strong> dive bouteille?<br />

Ne sont-ce pas là les représailles <strong>de</strong> <strong>la</strong> chair sur l'esprit, du<br />

paganisme renaissant sur le caractère sacré <strong>de</strong> l'enseignement<br />

traditionnel? Les docteurs du Collége voisin n'étaient sans<br />

doute pour le Ménippe <strong>Senlis</strong>ien, comme pour Clément Marot,<br />

que<br />

<strong>de</strong> grans bestes,<br />

... les regens du temps iadiz :<br />

Jamais ie n'entre en paradiz,<br />

S'ils ne m'ont per<strong>de</strong>u ma ieunesse !<br />

« Or, « perdre sa jeunesse », c'était ne pas hanter le tripot<br />

du Carrefour, à <strong>la</strong> Couronne, dont l'emblême se ba<strong>la</strong>nce <strong>de</strong>vant<br />

<strong>la</strong> chaire du pontife du Simianisme ; c'était « ne pas transfréter<br />

<strong>la</strong> Séquane, ne pas perpoter », etc. , à l'instar <strong>de</strong><br />

l'escholier <strong>de</strong> Rabe<strong>la</strong>is ; c'était ne pas éteindre à longs traits<br />

ce sitio <strong>de</strong> maître François, si bien commenté par Sainte-<br />

Beuve ; c'était ne pas passer les années du bel âge « à boire,<br />

« manger et dormir, à manger, dormir et boire, à dormir,<br />

« boire et manger ! »<br />

« Ce n'est pas ici le lieu, à propos d'une humble enseigne <strong>de</strong><br />

cabaretier, <strong>de</strong> rappeler les longues doléances du Moyen-Age<br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance sur <strong>la</strong> misérable condition <strong>de</strong>s écoliers :<br />

qui ne connaît <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong> Lamentation <strong>de</strong> Jean d'Antville,<br />

où sont si p<strong>la</strong>isamment caricaturés et le déguenillement, et <strong>la</strong><br />

maigre cuisine et les <strong>la</strong>beurs opiniâtres du futur maître ès-<br />

IV 8


arts ? En regard du disciple malingre <strong>de</strong> nos trois Janotus,<br />

p<strong>la</strong>çons seulement les vers suivants :<br />

D'un feu sombre et brû<strong>la</strong>nt son œil creux s'illumine ;<br />

Son menton incliné pèse sur sa poitrine<br />

Quand l'esprit s'enivre aux sources d'Hippocrène,<br />

La bouche ne connaît que les eaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Seine !<br />

« Toujours <strong>la</strong> soif, l'éternelle soif <strong>de</strong>s bons vins! Et l'on n'a<br />

pas oublié, qu'au témoignage <strong>de</strong> Jehan <strong>de</strong> Jandun, les caves <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong> avaient à cet égard, une réputation méritée.<br />

« Ainsi — d'une part, un collége à proximité <strong>de</strong> l'auberge du<br />

Carrefour <strong>de</strong>s Singes, avec <strong>de</strong>s étudiants passant et repassant<br />

sans cesse <strong>de</strong>vant l'avi<strong>de</strong> cabaretier; — <strong>de</strong> l'autre, les huguenots<br />

avec leur prêche au faubourg <strong>de</strong> Villevert, et — dominant<br />

ces circonstances acci<strong>de</strong>ntelles — l'esprit <strong>de</strong> <strong>la</strong> Renaissance qui<br />

agitait toutes les têtes, faisait bouillonner toutes les convoitises,<br />

et lâchait les rênes à toutes les indépendances à l'endroit<br />

du joug austère <strong>de</strong> l'ancienne discipline monastique : voilà<br />

pour nous où il faut chercher le sens peu mystique <strong>de</strong> cet<br />

échanson simiesque, qui symbolise le nouvel enseignement.<br />

« Nous savons qu'un homme aussi habile que son frère à<br />

déchiffrer les intentions satiriques <strong>de</strong> <strong>la</strong> caricature au Moyen-<br />

Age, à qui nous avons communiqué le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong> notre enseigne,<br />

M. Edouard Fleury, ne partage pas notre manière <strong>de</strong> voir. En<br />

attendant qu'il développe son opinion, nous livrons notre hypothèse<br />

pour ce qu'elle vaut, très heureux d'être redressé par<br />

les savants autorisés qui se livrent à ces sortes <strong>de</strong> recherches.<br />

« J. GÉRIN.»<br />

XXIII. — * BETHFAGE (Rue).<br />

Bethphagé — maison <strong>de</strong>s figues — est le bourg entre<br />

Béthanie et Jérusalem d'où le Christ envoya <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses disciples,<br />

leur disant : «... Vous trouverez une ânesse attachée,<br />

etc. », et commença son triomphe du jour <strong>de</strong>s Rameaux. —


— 115 —<br />

L'on donna ce nom scriptural à l'impasse du Courtillet qui était<br />

l'un <strong>de</strong>s quartiers réservés <strong>de</strong>s Juifs.<br />

Voir Chancellerie, Courtillet, Juiverie et Puits-Saint-<br />

Nico<strong>la</strong>s.<br />

XXIV. — BIGUDE (La).<br />

« Ferme nommée <strong>la</strong> Bigu<strong>de</strong> (1505 et 1678)... A <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« Bretonnerie (<strong>de</strong>s Jardiniers) rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bigu<strong>de</strong> (1508) 1<br />

. »<br />

Bégu<strong>de</strong>, <strong>de</strong> begudo, beguta, etc., était au XV e<br />

siècle une<br />

halte pour les voyageurs, une hotellerie. « Le portier », dit le<br />

chevalier délibéré,<br />

« Le portier me fust un peu ru<strong>de</strong><br />

« Et me dist : Aiez pacience :<br />

« Ce n'est pas cy une Bégu<strong>de</strong> ;<br />

« C'est le lieu qui s'appelle Estu<strong>de</strong>, etc.<br />

M. Amédée Margry 2<br />

fait dériver bigu<strong>de</strong> <strong>de</strong> biguer, changer,<br />

ou <strong>de</strong> bis aqua, bis agua et s'efforce d'asseoir cette étymologie<br />

sur <strong>de</strong>s détails <strong>de</strong> topographie locale qu'on lira avec grand<br />

intérêt.<br />

La bigu<strong>de</strong> était un endroit très fréquenté, surtout à ces<br />

époques où <strong>la</strong> ville, fermée au passage habituel <strong>de</strong>s rouliers,<br />

les forçait à tourner les faubourgs.<br />

XXV. — BLANCS SABLONS (Les) ou les Sablons.<br />

P<strong>la</strong>ine sèche et sablonneuse entre <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Jardiniers, le<br />

faubourg Saint-Martin et les bois.<br />

XXVI. — BON-SECOURS (Notre-Dame <strong>de</strong>).<br />

La chapelle du pélerinage <strong>de</strong> Bon-Secours, qui est <strong>de</strong>sservie<br />

1 Compte <strong>de</strong> 1508, V. 259. — Afforty, XXIII, 149.<br />

2 Com. arch., II e<br />

série, t. III, p. 334.


par <strong>la</strong> cure <strong>de</strong> Chamant, est en très-légitime vénération et<br />

réunit, à <strong>la</strong> Visitation, <strong>de</strong> nombreux fidèles <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong><br />

et <strong>de</strong>s environs. Site agréable entre <strong>Senlis</strong> et Chamant, sur le<br />

f<strong>la</strong>nc d'une colline, côte Henri, dont <strong>la</strong> base est arrosée par<br />

une fontaine vénérée, fontaine du peuple ou du peuplier<br />

(1428).<br />

Voir Aulnoy, Capucins, Afforty, où l'on rencontrera <strong>de</strong>s<br />

indications <strong>de</strong> ce genre : « ... près les petits capucins <strong>de</strong> Notre-<br />

« Dame <strong>de</strong> Bon-Secours, tenant d'un bout au chemin <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« chapelle <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong>s Vertus et d'autre à <strong>la</strong> chaussée<br />

« Brunehaut, » — « Hermites nouvellement établis à Notre-<br />

« Dame <strong>de</strong> Bon-Secours en 1656 », — et Notice <strong>de</strong> M. Charles<br />

Leguay 1<br />

.<br />

Les vastes carrières <strong>de</strong> Bon-Secours ont fourni les matériaux<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale.<br />

A Chamant, dolmen ou allée couverte très-intéressante,<br />

déb<strong>la</strong>yée par les soins <strong>de</strong> M. le comte <strong>de</strong> La Vaulx : Les débris<br />

humains trouvés là remontent, dit M. Peigné-De<strong>la</strong>court 2<br />

« à<br />

« une époque antérieure (?) même à l'âge <strong>de</strong> pierre. »<br />

1<br />

XXVII. — BORDEAUX (Rue <strong>de</strong>s).<br />

Cette rue s'appe<strong>la</strong>it autrefois or<strong>de</strong> ruelle, d'or<strong>de</strong>, ordure :<br />

« Jehan le Quien (chien), gantier, ou lieu <strong>de</strong>.., pour sa maison<br />

« rue <strong>de</strong>s Vignes faisant le coing <strong>de</strong> l'or<strong>de</strong> Ruelle (1522) ; » —<br />

« Ruelle aux filles communes (1522) »; — « ... aux filles<br />

« joyeuses (1525) 3<br />

» ; — « aux filles sœurdittes (sordi<strong>de</strong>s)<br />

Afforty, III, 1481 ;VII, 3854 et suiv.<br />

2 Com, arch., t.II, V, XIV, XVI, XVIII, XL, XLVII, LXXIV, 102, t. V, 140.—<br />

Je cite cette expression, âge <strong>de</strong> pierre, sans accepter certaines c<strong>la</strong>ssifications<br />

qui reposent plus sur <strong>de</strong>s théories préconçues que sur <strong>de</strong>s additions <strong>de</strong><br />

faits.<br />

3 Compte <strong>de</strong> 1508, p. 41. — Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 35, 510. — Afforty,<br />

XI, 7310, 7341 ; XXV, 29 (1525). — Broisse, p. 60.


« (1538) », toutes expressions que <strong>la</strong> haute sagesse <strong>de</strong>s<br />

<strong>la</strong>ngues confond dans <strong>la</strong> même flétrissure.<br />

Le 22 décembre 1555, dit Mallet, « il fut décidé que <strong>la</strong><br />

« maison <strong>de</strong>s filles publiques, appelée le bor<strong>de</strong>au ou les bor-<br />

« <strong>de</strong>aux, serait démolie..., à cause que plusieurs mauvais<br />

« garçons dérobaient <strong>de</strong> nuit, jusques dans les églises, » —<br />

ajoutent les Registres <strong>de</strong> ville, — « et se retiraient en ce lieu<br />

« et s'y commettaient plusieurs maux. »<br />

Bor<strong>de</strong>, bor<strong>de</strong>l, etc., dérivent <strong>de</strong> bor<strong>de</strong>, maison en p<strong>la</strong>nches,<br />

petite métairie, cabane, <strong>la</strong>voir public... : « Grange, bor<strong>de</strong>s et<br />

« clotures (1344) »; — « Vigne du chapître au carrefour <strong>de</strong>s<br />

« Bor<strong>de</strong>s, hors <strong>la</strong> porte neuve (1349) »; — « Clos <strong>de</strong> vigne,<br />

« hors <strong>la</strong> porte Saint-Rieul, au lieu dit les Bor<strong>de</strong>aulx (1428 et<br />

1464), » peut-être ici les bords d'iëau...; — « Rue <strong>de</strong>s<br />

« Bor<strong>de</strong>s, » peut-être <strong>de</strong>s bords (<strong>de</strong> l'eau), paroisse Saint-<br />

Etienne (1486) 1<br />

; — « Vigne <strong>de</strong>s Bor<strong>de</strong>s », probablement au<br />

jeu <strong>de</strong> paume (entre les portes Bellon et le pont <strong>de</strong> Meaux. —<br />

« Rue <strong>de</strong>s Bor<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s eauz (1508) ».<br />

Pourquoi n'avoir pas substitué un autre nom à cette appel<strong>la</strong>tion<br />

« dont, » dit Littré, « on ne se sert pas en bonne compagnie?<br />

»<br />

XXVIII. — * BOUCHERIE (Ruelle <strong>de</strong> <strong>la</strong>).<br />

La ruelle, aujourd'hui impasse, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Boucherie est « <strong>la</strong><br />

« ruelle par où l'on va à <strong>la</strong> boucherie, » rue <strong>de</strong> Paris, et à <strong>la</strong><br />

p<strong>la</strong>ce aux Veaux.<br />

« Des hoirs Jacques du Fresnoy, alias Thierry, pour leur<br />

« hostel... en <strong>la</strong>dicte Rue Parisye (<strong>de</strong> Paris), ou pend l'en-<br />

« seigne <strong>de</strong> l'image Saint-Martin tenant d'une part a <strong>la</strong> petite<br />

« Ruelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> boucherie et d'autre part a une Ruelle 2<br />

. »<br />

1<br />

Afforty, XVIII, 286, 411; XXI, 739; XXIII, 855; XXIV, 316, 323. —<br />

Registre criminel du Châtelet <strong>de</strong> Paris <strong>de</strong> 1389 à 1392, t. II, p. 208.<br />

2<br />

Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 95.


Cette ruelle, comme je l'ai déjà indiqué, avait une issue à<br />

l'extrémité <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> l'hôtel-<strong>de</strong>-ville, à <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

maison qu'occupent MM. Vernois et <strong>de</strong> Pontalba ou non loin,<br />

puisqu'un titre <strong>de</strong> 1271 nous dit : « La commune achète l'em-<br />

« p<strong>la</strong>cement <strong>de</strong> <strong>la</strong> petite boucherie scise rue <strong>de</strong> Paris, tenante<br />

« à <strong>la</strong> ruelle qui va au marché 1<br />

. »<br />

XXIX. — * BOUCHERS (Ruelle <strong>de</strong>s).<br />

Cette rue est <strong>la</strong> rue « du Murat autrement dicte <strong>de</strong>s bou-<br />

« chers (1522) ». « Maison rue Parisie tenant à <strong>la</strong> rue dou<br />

« Murat (1302) ». En <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Bouchers « tenant d'une<br />

« part au logis <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grez <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine Saint-Gilles, d'autre<br />

« part à <strong>la</strong> rue qui mène <strong>de</strong> <strong>la</strong> ditte fontaine à <strong>la</strong> porte aux<br />

« asnes (1506). » — « Pierre Guil<strong>la</strong>ume pour une maison<br />

« et lieu assis <strong>de</strong>ssous Saint-Agnan, avec portion d'une cour<br />

« et jardin entretenant ensemble et fermé <strong>de</strong> murs, faisant le<br />

« coing <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue du fief du Murat par <strong>la</strong>quelle l'on va <strong>de</strong><br />

« l'église Saint-Agnan à <strong>la</strong> fontaine <strong>de</strong>s Etuves, tenant d'une<br />

« part par bas à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Bouchers et d'autre part tenant et<br />

« aboutant d'un bout à Jehan Cayen boucher, doit quatorze<br />

« sols parisis <strong>de</strong> rente <strong>la</strong>issés et donnés pour <strong>la</strong> fondation d'un<br />

« obit, qui se dit chacun an en Jcelle pour <strong>de</strong>ffunt M r<br />

Pierre<br />

« Brunel. » (1553, janvier 2<br />

.) Les Murat étaient une noble<br />

famille senlisienne. — Voir Murat.<br />

J'avoue que <strong>la</strong> reconstruction complète <strong>de</strong> cette rue me présente<br />

certain embarras. Elle apparaît <strong>de</strong>scendant <strong>de</strong> Saint-<br />

Aignan vers les Etuves : c'est <strong>la</strong> très courte rue appelée aujourd'hui<br />

<strong>de</strong>s Prêtres; — elle est voisine <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Paris,<br />

1<br />

Afforty, XII, 1200. — Voir Supra Apport au pain. 3, et Arch. <strong>Senlis</strong>,<br />

H. H., 12.<br />

2<br />

Afforty, XVII, 140. Bail <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> Châlis, scise rue <strong>de</strong> Paris;<br />

XXIII, 165; XXIV, p. 670 : Extrait <strong>de</strong> <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration fournie au Roy par<br />

le Chapître <strong>de</strong> Saint-Frambourg <strong>de</strong>s biens qui luy ap<strong>partie</strong>nnent dans<br />

l'étendue du domaine <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>.


probablement à l'endroit où une impasse porte encore sur les<br />

p<strong>la</strong>ns officiels <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> le nom <strong>de</strong> cul <strong>de</strong> sac du Murat. Je<br />

crois qu'il faut tenir pour même rue <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Bouchers, du<br />

Heaume et du Murat.<br />

Pourquoi cette dénomination? Les bouchers logeaient-ils <strong>de</strong><br />

préférence, comme Jean Cayn, en cet endroit, qui est proche<br />

à <strong>la</strong> fois <strong>de</strong>s boucheries et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Malmaison ?<br />

1<br />

Afforty, XII, 7325; XVIII, 548.<br />

XXX. — * BOUETTES.<br />

« Simon Moullet en son testament <strong>de</strong> 1343 environ <strong>la</strong>isse<br />

« cuilibet leproso Bouetarum. » — « Item », dit Jeanne<br />

Lorfèvre ou Jeanne Lechat Laisné (1366), dans un testament<br />

rempli <strong>de</strong> détails piquants (voir supra Béguines) « aux her-<br />

« mitesses <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> un franc d'or. Item aux poures appellés<br />

« hermites un franc d'or. Item aux ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s <strong>de</strong>s bouettes <strong>de</strong><br />

« <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong>my franc d'or. » — Jean Ruelle, lépreux, sera<br />

conduit à <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>drerie <strong>de</strong> Saint-Ladre (Saint-Lazare) ou aux<br />

bouettes 1<br />

(1529).<br />

Où étaient ces bouettes?... Je suis porté à croire que les<br />

bouettes étaient <strong>de</strong>s logettes où les lépreux tenus pour inguérissables<br />

vivaient isolés à l'endroit appelé encore <strong>la</strong> Santé,<br />

entre les gués <strong>de</strong> Creil et <strong>de</strong> Pont-Sainte-Maxence. — Voir<br />

Santé, où d'autres détails.<br />

Pourquoi ce lieu a-t-il reçu le nom <strong>de</strong> bouettes? Peut-être<br />

à cause <strong>de</strong>s bouettes, boëttes ou boîtes (boesta, boeta, etc.),<br />

ou logettes que l'on y avait bâties, — ou à cause du droit <strong>de</strong><br />

boiste ou boisseau qui est le droit <strong>de</strong> percevoir <strong>la</strong> dîme <strong>de</strong><br />

certains grains, — ou à cause d'une bouette « boüeste ou<br />

« billot <strong>de</strong> bois pendu là en signe <strong>de</strong> certain droit nommé...<br />

« conduit ou péage » (1510), — ou à cause d'une bouette ou


tronc <strong>de</strong>stiné à recueillir les générosités <strong>de</strong>s passants en faveur<br />

<strong>de</strong>s lépreux 1<br />

.<br />

L'on pourra lire dans le livre du P. Martenne, « Des Rites<br />

« antiques, etc., » les cérémonies terribles avec lesquelles<br />

le lépreux était séparé du reste <strong>de</strong> l'humanité. Le malheurenx<br />

que cette contagion mystérieuse avait touché, était conduit,<br />

vers l'heure <strong>de</strong> none, à l'église; un drap mortuaire, chargé <strong>de</strong><br />

symboles <strong>de</strong> mort, était jeté sur ses épaules; l'office <strong>de</strong>s trépassés<br />

était récité <strong>de</strong>vant une chapelle ar<strong>de</strong>nte avec les aspersions<br />

et encensements accoutumés ; le lépreux recevait le<br />

vêtement <strong>de</strong> tartarelle et une cliquette pour avertir les passants.<br />

« Je te défends, » lui disait le prêtre, en le <strong>la</strong>issant à<br />

sa logette, « <strong>de</strong> converser avec le siècle. » « Leprosi » c'était<br />

une formule <strong>de</strong> jurispru<strong>de</strong>nce à Péronne, à Tours, à Ca<strong>la</strong>is, etc.<br />

« leprosi ab hominibus excluduntur quasi mortui. » L'on<br />

trouvera plus tard, dans le chapitre Saint-Lazare, <strong>de</strong>s indications<br />

<strong>de</strong> ce genre : « Pour avoir fait visiter une femme <strong>la</strong>dre<br />

« nommée Pote <strong>la</strong>quelle fut mise hors du sciécle aux dépens<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> dite Eglise [Saint-Pierre] 32 solz parisis 1432. —<br />

« Pour une lettre <strong>de</strong> Messire l'Evêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> comment<br />

« Jean Léc<strong>la</strong>t chaudronnier a été trouvé entéchié <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma-<br />

« <strong>la</strong>die <strong>de</strong> lèpre et pour ce avoit été con<strong>de</strong>mné par <strong>la</strong> cour<br />

«épiscopale à vui<strong>de</strong>r hors <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville cinq <strong>de</strong>niers 2<br />

» (1453).<br />

XXXI. — BOUTEVILLE-MONTMORENCY (Cours).<br />

Ce cours bor<strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> porte Bellon jusqu'à <strong>la</strong><br />

porte <strong>de</strong> Compiègne. Un autre commence là, qui porte cette<br />

p<strong>la</strong>que : « Thoré-Montmorency. »<br />

1<br />

Afforty, XXI, 511, en 1453; XXIII, 287. — Afforty, ibid. 856, à <strong>la</strong><br />

date <strong>de</strong> 1528, Comptes <strong>de</strong> l'église S. Pierre, fait mention d'une « bouette<br />

<strong>de</strong>s trespassés, » d'une « bouette du luminaire <strong>de</strong> Notre-Dame. »<br />

2<br />

Afforty, VII, 3591 : Comptes <strong>de</strong> l'église Saint-Pierre en 1432; XXI, 511 :<br />

Comptes <strong>de</strong> l'église Saint-Pierre en 1453.


Les <strong>Senlis</strong>iens ayant mandé 1<br />

à monseigneur Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong><br />

Thoré-Montmorency que d'Aumale « avait hâté son armée<br />

pour les aller « assiéger », <strong>de</strong> Thoré arrive à toutes bri<strong>de</strong>s<br />

(c'était le 26 avril 1589) avec 50 ou 60 cavaliers, parmi lesquels<br />

les seigneurs <strong>de</strong> Bouteville-Montmorency, <strong>de</strong> Warti 2<br />

,<br />

d'Ognon, <strong>de</strong> Ba<strong>la</strong>gny-sur-Aunette, entre <strong>de</strong> ruse par <strong>la</strong> porte<br />

Saint-Rieul « où l'attendaient plusieurs habitants en armes »<br />

et court à travers les rues en criant : « Vive le roi! » Bientôt<br />

l'audace a raison <strong>de</strong> toute résistance; les clefs sont apportées<br />

aux vainqueurs; le seigneur <strong>de</strong> Rasse est arrêté et Thoré, qui<br />

prend domicile à l'évêché, convoque l'assemblée <strong>de</strong> ville,<br />

brûle les ordonnances <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ligue et se prépare à rendre vains<br />

les efforts que d'Aumale, trois jours après, multipliera pour<br />

forcer les remparts entre <strong>la</strong> porte Saint-Rieul et <strong>la</strong> porte<br />

Aiguillière, etc.<br />

De Thoré et Louis <strong>de</strong> Montmorency <strong>de</strong> Bouteville, son<br />

parent, qui l'a aidé dans cette lutte, méritent bien que les<br />

cours, autrefois remparts, témoins <strong>de</strong> leurs héroïsmes, portent<br />

leurs noms. On arrive aujourd'hui à <strong>la</strong> gloire par <strong>de</strong>s sentiers<br />

moins ru<strong>de</strong>s ! 3<br />

.<br />

XXXII. — * BRETONNERIE (La), dont aujourd'hui une<br />

<strong>partie</strong> rue <strong>de</strong>s Jardiniers.<br />

« ... Croix Saint-Gilles faisant le coing à tourner vers <strong>la</strong><br />

« Bretonnerie (1508, 1530); — in Britonaria (1208); —... in<br />

1<br />

Voir Mallet p. 91, et Vaultier, p. 154.— Graves, p. 115.— <strong>Senlis</strong>.<br />

Récits historiques, par M. Vatin, p. 235 et suiv., etc., etc.<br />

2<br />

Château <strong>de</strong>s Warti, <strong>de</strong>puis Fitz-James, au pied <strong>de</strong> Clermont.<br />

3<br />

Voir Jehan Mallet, p. 111, où éloge du caractère <strong>de</strong> Bouteville. —<br />

Afforty, XXIV, 349 (1602). » Louis <strong>de</strong> Montmorency, etc.xxv,680. « (1593).<br />

« Contrat <strong>de</strong> mariage <strong>de</strong> Louis <strong>de</strong> Montmorency bailly <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et baron<br />

« <strong>de</strong> Bouteville, frère <strong>de</strong> Jacques <strong>de</strong> Montmorency avec Charlotte-<br />

« Catherine <strong>de</strong> Lusse. »


« Britonneria (1208); — Bretonnerie (1349); — Fontaine<br />

« Saint-Remy les <strong>la</strong> Bretonnerie » (1360); — « rue qui maine<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Paris à <strong>la</strong> Bretonnerie 1<br />

» (1493).<br />

Un Robert le Breton « Robertus Brito » donne une terre<br />

à Saint-Nico<strong>la</strong>s-d'Acy 2<br />

, vers 1138, date que porte une charte<br />

<strong>de</strong> confirmation <strong>de</strong> l'évêque Pierre. — Guil<strong>la</strong>ume le Breton,<br />

l'auteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Philippéï<strong>de</strong>, que le Gallia Christiana et dom<br />

Grenier 3<br />

p<strong>la</strong>cent au nombre <strong>de</strong> nos chanoines célèbres, reçoit<br />

du chancelier Guérin une prében<strong>de</strong> à Notre-Dame... — Remarquer<br />

<strong>la</strong> similitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> noms : rue aux Ang<strong>la</strong>is-Bretonnerie.<br />

Les vieux titres mentionnent à <strong>la</strong> bretonnerie : <strong>la</strong> bigu<strong>de</strong>;<br />

— chantepie (1486), chant <strong>de</strong> pie ; — « l'Espinette,<br />

« <strong>de</strong>rrière les vignes <strong>de</strong> <strong>la</strong> bretonnerie ; »—« l'Ormeau <strong>de</strong> Chalis,<br />

au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> <strong>la</strong> bigu<strong>de</strong> » (1528); — « les Sablons ou b<strong>la</strong>ns<br />

« sablons, au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bretonnerie » (1349); — <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s<br />

Tavergniers (1522), ou Taverniers (1530) gens vendant à<br />

boire à pot, par opposition aux cabaretiers vendant à assiette ;<br />

cette pluralité <strong>de</strong>s tavernes supposait, comme bigu<strong>de</strong>, une rue<br />

assez fréquentée ; — « <strong>la</strong> rue Tengneuse (teigneuse, <strong>de</strong><br />

« teigne), faisant le coin <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux rues au carrefour <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« Bretonnerie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> bigu<strong>de</strong>. » Renaud <strong>de</strong> Villeteigneuse<br />

vend à Notre-Dame une vigne, lieu dit Sarpere, dans <strong>la</strong> rue<br />

Bellon (1225). Pierre <strong>de</strong> Vil<strong>la</strong> Scabiosa cè<strong>de</strong> à Saint-<br />

Louis, pour Saint-Maurice, huit arpents <strong>de</strong> terre, prés <strong>la</strong><br />

Folie <strong>de</strong>s Bouteilliers (Sottemont) (1264). Vente à Gilles<br />

Normand, curé <strong>de</strong> Sainte-Geneviève, d'une maison rue Taigneuse<br />

ou Teigneuse (1225, 1340,1343, 1344, 1349) 4<br />

. — D'où<br />

vient à cette rue cette épithète peu f<strong>la</strong>tteuse? Probablement<br />

1<br />

Compte <strong>de</strong> 1508, p. 58. — Afforty, xv, 189 : maison <strong>de</strong> Robert <strong>de</strong><br />

Chantepie, in Britonneria ; XVIII, 577; 665; XXII, 656; XXIV, 17.<br />

2<br />

3<br />

Afforty. XIII, 857.<br />

T. CLXV, p. 226.<br />

4<br />

Compte <strong>de</strong> 1508, p. 56. — Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 119. — Afforty,<br />

I, 123, en 1225 : in vico Bellonis, 151 ; XVII, 299 ; XVIII, 114, 263, 413,416 ;<br />

XXIII, 856.


<strong>de</strong> l'abondance <strong>de</strong>s scabieuses ou herbes aux teigneux qui y<br />

poussaient. — Des documents du XVIII e<br />

siècle citent, en <strong>la</strong><br />

rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bretonnerie, l'hôtel <strong>de</strong>s Canonniers, tenant à <strong>la</strong><br />

rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Procession (1781), nommée ainsi probablement<br />

parce que le clergé <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>la</strong> suivait comme il fait encore<br />

aujourd'hui aux Rogations, pour gagner Saint-Lazare.<br />

Bretonnerie désigne ici, comme on le voit, tout un quartier.<br />

La multiplicité <strong>de</strong>s voies très anciennes qui s'y croisent, sa<br />

situation entre <strong>Senlis</strong>, Villemétrie, Châlis, etc., <strong>la</strong> proximité<br />

<strong>de</strong> l'antique chemin <strong>de</strong> Meaux, lui donnaient une importance<br />

considérable.<br />

XXXIII. — BUAT (Le).<br />

« Bail a cens et surcens <strong>de</strong> 4 sols parisis d'une maison<br />

« appartenante à l'hotel Dieu scise au fauxbourg <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />

« lieu dit le Buat (1324). » Voir Arènes. « In pratis <strong>de</strong> fonte<br />

« <strong>de</strong> Buas ou Buartz usque ad ruel<strong>la</strong>m <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fa<strong>la</strong>ise ou <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« Radière (1321). —Buat <strong>de</strong>rrière l'abbaye <strong>de</strong> <strong>la</strong> Victoire. »<br />

— « Chemin du bout du bois <strong>de</strong> Buat, du côté <strong>de</strong> Villemétrie,<br />

« coupant le vieux chemin <strong>de</strong> Meaux 1<br />

(chemin Gallo-Romain<br />

« <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> à Meaux). » (1541).<br />

La dénomination <strong>de</strong> Buat, dit M. Am. Margry, est donnée<br />

« à cause <strong>de</strong>s bêtes fauves, à ce canton forestier et agricole. »<br />

Ce mot Buat, Buast, Buatz, etc., que l'on retrouve à Apremont<br />

: « rue du Buat (1481) 2<br />

, à Noyon : rue du Buhat », etc.,<br />

me paraît plutôt dériver du bas <strong>la</strong>tin buaca, buata, bubata,<br />

que l'on rencontre dès 898, 1173, etc., avec le sens <strong>de</strong> lieu<br />

vouté.<br />

XXXIV. — CAPUCINS (Les).<br />

1. Les capucins « <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong> Bon-Secours » furent<br />

1<br />

Afforty, XII, 7352, 7353 ; XVII, 556.<br />

2<br />

Afforty, XXII, 330. — M. Gérin fait plutôt dériver buat <strong>de</strong> bucare<br />

(ital.), filtrer, lessiver, d'où buée, etc.


d'abord établis au lieu dit l'Aulnoie grâce aux libéralités <strong>de</strong> Paul<br />

<strong>de</strong> Cornouailles et du consentement unanime <strong>de</strong>s notables 1<br />

.<br />

Paul <strong>de</strong> Cornouailles, avocat, leur avait légué, par testament, sa<br />

maison et terre <strong>de</strong> l'Aulnoye, au lieu dit <strong>la</strong> Coste Henri, pour<br />

y bâtir un couvent 2<br />

. Voir Aulnoye. Là fût édifiée une mo<strong>de</strong>ste<br />

église dont <strong>la</strong> reine Marguerite, duchesse <strong>de</strong> Valois, comtesse<br />

<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> 3<br />

, et son aumônier, Jacques <strong>de</strong> Chambon, avaient<br />

posé <strong>la</strong> première pierre, le 28 juillet 1610 4<br />

, et dont le cardinal<br />

François <strong>de</strong> <strong>la</strong> Rochefoucauld fit <strong>la</strong> bénédiction le 17 juillet<br />

1614, sous le vocable <strong>de</strong> Notre-Dame et <strong>de</strong>s huit saints<br />

évêques <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, saint Rieul, saint Létard, saint Levain,<br />

saint Sanctin, saint Malulphe, saint Candi<strong>de</strong>, saint Agmare<br />

et saint Aubert. Les capucins trouvèrent bientôt l'endroit<br />

peu commo<strong>de</strong> pour les utilités du couvent et <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. Les<br />

comptes <strong>de</strong> l'Hôtel-<strong>de</strong>-Ville démontrent que l'on aimait à<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r aux capucins les sermons du Secours et <strong>de</strong> l'Esca<strong>la</strong><strong>de</strong><br />

(1608, 1618, 1621, 1622) 5<br />

2. Après avoir sollicité en vain l'autorisation d'occuper <strong>la</strong><br />

Ma<strong>la</strong>drerie <strong>de</strong> Saint-Lazare (1621 à 1625), ils se logèrent dans<br />

l'intérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville (1642) : c'était après une autorisation royale<br />

qui porte <strong>la</strong> date <strong>de</strong> 1640 6<br />

. Le couvent nouveau était situé rue<br />

Saintisme A<strong>la</strong>rgent, en face <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Bor<strong>de</strong>aux « sur un<br />

« terrain formant aujourd'hui le jardin <strong>de</strong> M. Gosselin. »<br />

L'inauguration en fut faite l'annnée qui suivit avec une gran<strong>de</strong><br />

solennité et l'assistance <strong>de</strong> tous les notables <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité. La<br />

maison <strong>de</strong> l'Aulnoye fut donnée par François <strong>de</strong> Cornouailles,<br />

1<br />

6 sept. 1609. Jean Mallet, historien <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, aimait les capucins.<br />

Afforty, XI, 7586-7587.<br />

2<br />

Archives départ., Evêché <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, G. 660 où ce testament.<br />

3<br />

Le mariage d'Henri IV avec Marguerite avait été déc<strong>la</strong>ré nul en 1599.<br />

4<br />

Jaulnay, 128, 411, 519, 630, qui, par erreur a écrit 27 juillet. —<br />

Afforty, XI, 941.<br />

5<br />

Afforty, VI, 2974; xxv, 679 en 1593 : Cérémonies <strong>de</strong>s fêtes du Siège et<br />

<strong>de</strong> l'Esca<strong>la</strong><strong>de</strong>.<br />

6<br />

Arch. départ., ibid. — Arch. <strong>Senlis</strong>, cc. 244. — Afforty, . VI, 3071 r<br />

VII, 3855 ; Contract d'échange, etc. ; XII, 7648.


fils <strong>de</strong> Paul, à l'abbaye <strong>de</strong> Saint-Vincent, à <strong>la</strong> condition que<br />

l'abbaye conserverait <strong>la</strong> chapelle, y ferait dire <strong>la</strong> messe le<br />

jour <strong>de</strong> Saint-Paul et <strong>la</strong>isserait séjourner à l'Aulnoye « le frère<br />

« Adrien Houzel, ermite 1<br />

»<br />

Les Cornoaille, dont le nom apparait plus d'une fois dans<br />

l'histoire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, <strong>de</strong>scendaient <strong>de</strong> Janinot <strong>de</strong> Cornoaille,<br />

lequel, venu d'Angleterre avec le duc <strong>de</strong> C<strong>la</strong>rence, était capitaine<br />

<strong>de</strong> 100 cuirassiers et gouverneur <strong>de</strong> Bohain en Picardie,<br />

où il fut enterré en 1425. Le petit fils <strong>de</strong> Janinot, Jean, vint<br />

habiter <strong>Senlis</strong> en 1475. Un Nico<strong>la</strong>s <strong>de</strong> Cornoailles était argentier<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> ville en 1574-1577. Cette famille fut alliée aux Loisel,<br />

aux <strong>la</strong> Grange, aux Sailly, aux Belleval, aux Rouffiac et<br />

aux d'Alègre... M. <strong>de</strong> Franclieu, écuyer du prince <strong>de</strong> Condé,<br />

épousa une petite-fille <strong>de</strong> Marie-Thérèse <strong>de</strong> Cornoaille.<br />

Parmi les capucins qui vécurent à <strong>Senlis</strong>, citons le R. P. Sébastien,<br />

surnommé le Père Capucin <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, qui a composé :<br />

« Philosophie <strong>de</strong>s contemp<strong>la</strong>tifs (1618), Histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie<br />

« <strong>de</strong> sainte Colette (1619), Vie <strong>de</strong> <strong>la</strong> bienheureuse Pasitée...<br />

« (1625), etc., etc. »<br />

L'on pourra lire en Afforty comment l'évêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong><br />

désirait établir les minimes dans <strong>la</strong> maison abandonnée <strong>de</strong>s<br />

capucins (1638), comment les « Augustins Reformés ont prié<br />

« M. <strong>de</strong> Hautefort <strong>de</strong> présenter à <strong>la</strong> Reine un p<strong>la</strong>cet pour l'oc-<br />

« cuper et en ont fait solliciter M. l'Evêque par M. <strong>de</strong> Livry<br />

« son frère (1644), etc. »<br />

La bonté et <strong>la</strong> charité du Père Jean-François (1786), gardien,<br />

et <strong>de</strong> ses religieux sont <strong>de</strong>meurées en tradition. Pourquoi<br />

quelque rue du quartier qu'ils ont habité n'a-t-elle point reçu<br />

leur nom?...<br />

L'église <strong>de</strong>s Capucins a servi en 1789-1790 <strong>de</strong> salle d'assemblée<br />

aux députés du bailliage <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> 2<br />

.<br />

' Afforty, VII, 3855 et suiv.,où « Nico<strong>la</strong>s <strong>de</strong> Cornoaille, official <strong>de</strong> l'évêque<br />

« <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, François <strong>de</strong> Cornoaille, avocat au parlement <strong>de</strong> Paris, et Henri <strong>de</strong><br />

« Cornoaille, écuyer, sieur <strong>de</strong> Brumières, » frères on 1655.<br />

2<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, CC, 244.


XXXV. — CARMES (Les).<br />

« Proche <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite Porte <strong>de</strong> Paris, » dit Vaultier 1<br />

, « est<br />

« l'église Notre-Dame <strong>de</strong> <strong>la</strong> Charité, monastère <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong>s<br />

« billettes <strong>de</strong> Paris et sont, les religieux, vêtus <strong>de</strong> noir qui se<br />

« nomment les Bons-Hommes, fondés par le roi saint Louis. »<br />

Voir hôpitaux et rues <strong>de</strong> Paris.<br />

1. L'ordre <strong>de</strong>s Bonshommes fondé en 1258 à Boucher au mont<br />

près Châlons, par Guy <strong>de</strong> Joinville, établis à Paris en 1285,<br />

approuvés par les papes Boniface (1300), Jean (1319), Boniface<br />

(1335), Clément (1343), protégés par saint Louis, arrivèrent à<br />

<strong>Senlis</strong> en 1303, grâce aux legs généreux que fit en leur<br />

faveur un échevin charitable <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, Jean le Gaingneur<br />

ou le Gaigneur (Lucrator) 2<br />

, et donnèrent à leur maison le<br />

nom <strong>de</strong> Charité Notre-Dame ou <strong>de</strong> Saint Louis.<br />

En 1347, les Bonshommes remp<strong>la</strong>cent <strong>la</strong> règle du tiers<br />

ordre par celle <strong>de</strong> Saint Augustin et reçoivent pour habillement<br />

une robe et un scapu<strong>la</strong>ire noirs 3<br />

« Le couvent, dit M. Am. Margry 4<br />

, occupait en 1358, avec<br />

« ses jardins et dépendances l'espace compris entre les rem-<br />

« parts <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte <strong>de</strong> Paris au nord ; <strong>la</strong> rue Parisis à l'ouest;<br />

« <strong>la</strong> rue Saint-Martin au sud; <strong>la</strong> nouvelle rue <strong>de</strong> Paris à<br />

« l'est »; à côté <strong>de</strong>ux moulins, l'un aux religieux, surnommé<br />

Billebaut, qui avait sa roue dans <strong>la</strong> base même d'une <strong>de</strong>s<br />

grosses tours <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville 5<br />

, l'autre à Notre-Dame, étaient sans<br />

cesse exposés aux dévastations <strong>de</strong>s guerres ou à <strong>de</strong>s litiges ;<br />

une tour, dite <strong>de</strong>s Bons hommes (1402) ou Billebaut,<br />

1<br />

P. 398.<br />

2<br />

Afforty, VII, 3880 et suiv. : Carmes déchaussés; XVII, 167, où Lettres<br />

patentes <strong>de</strong> Philippe IV, d'avril 1303, etc. — Hist. <strong>de</strong> l'Eglise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />

609 à 613. — Broisse, 14, 17.<br />

3<br />

4<br />

5<br />

Voir <strong>de</strong>s noms <strong>de</strong> prieurs <strong>de</strong> 1347 à 1515 en Afforty, XI, 7237.<br />

Com. arch., série II, t. III, p. 248 et suiv.<br />

Afforty, v, 467; VIII, 4501 en 1510; XI, 7814; XII, 7388 on 1545.


du nom d'un locataire du moulin avant 1470 1<br />

défendait le<br />

passage...; un fossé près du moulin s'appe<strong>la</strong>it Fosse l'Abbesse,<br />

Remy.<br />

peut-être à cause du voisinage <strong>de</strong> l'abbaye Saint-<br />

2. A <strong>la</strong> suite d'un contrat du 29 juillet 1641 le couvent<br />

<strong>de</strong>s Bonshommes <strong>de</strong>vint <strong>la</strong> propriété <strong>de</strong>s Carmes déchaussés<br />

qui payèrent les vieilles <strong>de</strong>ttes, firent une pension au prieur<br />

Nico<strong>la</strong>s Chapperon et aux cinq religieux qui survivaient et<br />

relevèrent le monastère <strong>de</strong> ses ruines 2<br />

. Il serait trop long <strong>de</strong><br />

faire ici l'histoire détaillée du couvent où nous saluons les<br />

prieurs Jean Lambert, Louis du Mont Carmel (1754), P<strong>la</strong>ci<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s (1765), Bonaventure <strong>de</strong> Saint-Gérard (1774),<br />

Antonin <strong>de</strong> Saint-Pierre (1784), Ange <strong>de</strong> Sainte P<strong>la</strong>ci<strong>de</strong><br />

(1736), etc 3<br />

.<br />

L'on sait « que les procédés employés au <strong>la</strong>vage <strong>de</strong>s toiles<br />

« sont dûs à un religieux carme, le Père Sébastien Truchet,<br />

« lequel, dans les visites qu'il faisait à ses confrères <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />

« eût l'occasion <strong>de</strong> parcourir les b<strong>la</strong>nchisseries justement célè-<br />

« bres d'Avilly 4<br />

, » que le prieuré <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s-d'Acy louait<br />

jadis 1200 livres à Augustin Turquet, négociant, etc.<br />

3. L'église, qui existe encore et sert <strong>de</strong> magasin d'habillements<br />

militaires, fut construite en 1303. C'est une nef rectangu<strong>la</strong>ire,<br />

comprenant quatre travées, ouverte <strong>de</strong> chaque côté en une<br />

chapelle <strong>de</strong> <strong>de</strong>mi-hauteur qui simule <strong>de</strong>s transepts et terminée<br />

par un chœur pentagonal. Des fenêtres, formées d'une double<br />

ogive à redans trilobés et d'un quatre-feuilles, répan<strong>de</strong>nt un<br />

jour abondant. Le nu <strong>de</strong>s murs était décoré <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s statues<br />

au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>squelles <strong>de</strong>s anges soutenaient <strong>de</strong>s nimbes. Les<br />

1<br />

Afforty, I, 276 et suiv., VII, 3881, XI 5941 : titres. — Jaulnay, 643, etc.<br />

Contrat approuvé par l'Evêque et <strong>la</strong> ville le 29 octobre, et par Louis XV<br />

le 15 novembre.<br />

2<br />

Voir Margry, Com. arch.. série II, tome III, page 244 et suivantes.<br />

3<br />

Arch. départ., G. 614. — Voir ibid., G. 623 : Indulgences accordées<br />

pour le jour <strong>de</strong> saint Louis (1744-1759).<br />

4<br />

Arch. départ., G. 636. - Broisse, 106.


arcs <strong>de</strong> <strong>la</strong> voûte reposent sur <strong>de</strong>s culs-<strong>de</strong>-<strong>la</strong>mpe en feuil<strong>la</strong>ge ou<br />

<strong>de</strong>s dais élégants et ornent leur entrecroisement par <strong>de</strong>s écussons<br />

encadrés <strong>de</strong> quatre-feuilles et (ce qui <strong>de</strong>venait rare aux<br />

clefs) <strong>de</strong> personnages, apôtre barbu, David avec sa lyre, ange<br />

tenant un encensoir et une navette, autre ange portant une<br />

corbeille. L'architecture est simple et élégante ; les moulures<br />

ten<strong>de</strong>nt à un abus <strong>de</strong> finesse ; le faire <strong>de</strong> <strong>la</strong> sculpture, anges,<br />

chien saisissant un lièvre, feuil<strong>la</strong>ges, etc., est facile et hardi.<br />

— Au-<strong>de</strong>ssus du « portail 1<br />

» rétabli au XVII e<br />

siècle « est<br />

« pratiquée une fenêtre ogive, géminée à têtes tréflées et à<br />

« moulures cylindriques..; le pignon montre trois roses à<br />

« quatre feuilles et une niche ogive centrale, etc. » Elle était<br />

le centre d'une confrérie <strong>de</strong> Saint-B<strong>la</strong>ise.<br />

L'on trouvera souvent <strong>de</strong>s indications <strong>de</strong> ce genre : moulin<br />

<strong>de</strong>s Bonshommes (1358), « moulin à bled etc., séant prés <strong>la</strong><br />

« porte <strong>de</strong> Paris entre l'église du prioré <strong>de</strong>s Bonshommes et les<br />

« murs <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville. Moulin <strong>de</strong>s Carmes. Corps <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

« <strong>de</strong>ssus <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Paris 2<br />

(1655). »<br />

Les Carmes, vendus en 1791..., achetés <strong>de</strong> nouveau le 11<br />

février 1792 avec les maisons voisines, le Miroir, l'Aigle d'or,<br />

où étaient les coches, le Pelican, après avoir servi <strong>de</strong> magasin<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong>ines, sont <strong>de</strong>venus une caserne et <strong>la</strong> discipline du soldat<br />

a succédé dans l'enceinte du vieux couvent à <strong>la</strong> discipline du<br />

moine.<br />

XXXVI. — * CARREFOUR ou mieux CLOITRE<br />

SAINT-RIEUL (Rue du). — Voyez Afforty.<br />

La rue... du Gril [porte] Saint-Santin, dit l'abbé Lefranc, va<br />

du carrefour Mauconseil au boulevard Bouteville-Montmorency.<br />

1<br />

2<br />

Graves, 170.<br />

Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522. — Afforty, VII, 3737 en 1531 ; VIII, 3964 ;<br />

XVIII, 621.


Cave, rue <strong>de</strong> Beauvais (Page 130).


« N° 2. Maison, » dit Graves, « appuyée contre une tour<br />

« cylindrique é<strong>la</strong>ncée, ayant un boudin pour corniche et un toit<br />

« conique. Les portes et fenêtres ont leurs coins supérieurs<br />

« échancrés tels qu'on les pratiquait au quatorzième siècle.<br />

« Une faça<strong>de</strong>,donnant dans <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Trois Pigeons, a <strong>de</strong>s fe-<br />

« nêtres à filets et <strong>de</strong>ux gargouilles. C'était une maison du<br />

« chapître Saint-Rieul. »<br />

S'il faut en croire <strong>la</strong> tradition, c'est là que fut primitivement<br />

« l'évêché habité par l'apôtre du diocèse. 1<br />

» Est-ce <strong>de</strong> cette<br />

maison qu'il est question dans cet acte <strong>de</strong> 1538 : « Maison<br />

« dite <strong>la</strong> Chantrerie, donnée par Messieurs du chapitre (<strong>de</strong><br />

« Saint-Rieul) au chantre, ad onus refectionum et ad persol-<br />

« vendum eis<strong>de</strong>m dominis per singulos annos 60 solidos<br />

« turonenses, à <strong>la</strong> charge <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s réparations et <strong>de</strong> payer<br />

« chaque année une location <strong>de</strong> 60 sols tournois 2<br />

. »<br />

Voir sur cette maison d'autres renseignements, Com. arch.<br />

« On y voit, » rapporte M. Gérin, « supportée par un beau<br />

« pilier du XIII e<br />

siècle, <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> salle, dite chapitre <strong>de</strong> Saint-<br />

« Rieule, etc. »<br />

XXXVII. — CASERNES.<br />

1. Il existait à <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong>s casernes <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s du corps.<br />

L'hôtellerie <strong>de</strong> l' Epée-Royale fut achetée pour recevoir cette<br />

<strong>de</strong>stination le 20 août 1699. Cette maison <strong>de</strong>vint plus tard, le<br />

4 mai 1766, un dépôt <strong>de</strong> mendicité, et le 28 mars 1799, une<br />

manufacture <strong>de</strong> vers à soie, que surveil<strong>la</strong> le sieur Cancel.<br />

2. En 1743 et 1744, écuries à <strong>la</strong> Santé, pour les chevaux<br />

morveux <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s du corps 3<br />

.<br />

3. La maréchaussée avait sa caserne près <strong>de</strong> <strong>la</strong> fontaine<br />

Roissant, rue <strong>de</strong>s Vignes.<br />

1 Tremb<strong>la</strong>y, 21.<br />

2 Afforty, VIII, 101 ; XIX, 269; XXII, 342, 347.<br />

3 Arch. <strong>Senlis</strong>, cc. 165 à 167.<br />

IV 9


4. En 1719, le gouvernement du temps jugeait utile d'avoir<br />

<strong>de</strong>s casernes <strong>de</strong> passage à <strong>Senlis</strong>, qui était compris dans les 20<br />

généralités où <strong>de</strong>vaient être construites <strong>de</strong>s casernes pour le<br />

sou<strong>la</strong>gement <strong>de</strong>s habitants, puisque M. <strong>de</strong> Puységur expédie<br />

aux échevins M. Bruslé. <strong>de</strong> Saint-Leu, Beaune et Morisset, une<br />

ordonnance royale à ce sujet (18 oct. 1719) et que « M. Mazin,<br />

« ingénieur du Roy » fait suivre bientôt le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> l'édifice<br />

— c'était le 3 février 1720 — et l'ordre <strong>de</strong>s corvées que sa<br />

construction <strong>de</strong>vait réc<strong>la</strong>mer 1<br />

. Ce projet ne reçut guère<br />

d'exécution.<br />

Le cahier <strong>de</strong>s Doléances du tiers état... <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, trouvant<br />

insuffisante cette situation, etc., formule <strong>de</strong>s vœux au<br />

même sujet.<br />

Aujourd'hui <strong>la</strong> ville possè<strong>de</strong> <strong>de</strong> vastes casernes <strong>de</strong> cavalerie<br />

où un régiment d'élite maintient les nobles traditions d'honneur,<br />

<strong>de</strong> vail<strong>la</strong>nce et <strong>de</strong> noble fierté que Dieu a confiées à notre<br />

nation.<br />

« Approche ici, que l'on t'instruise;<br />

« Lis ces <strong>de</strong>ux mots sur cette croix :<br />

« Patrie, Honneur, — c'est <strong>la</strong> <strong>de</strong>vise<br />

« Ce sont tes <strong>de</strong>voirs et tes droits 2<br />

.<br />

XXXVIII. — CAVES.<br />

Les caves <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> mériteraient une étu<strong>de</strong> détaillée.<br />

Jean <strong>de</strong> Jandun (1323), « philosophus acutissimus, » historiographe<br />

par occasion <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, où il s'était retiré,<br />

loue entr'autres charmes <strong>de</strong> notre cité « les caves entourées <strong>de</strong><br />

« soli<strong>de</strong>s constructions en pierre, qui grâce au <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> leur<br />

« fraîcheur, refroidissent tellement les vins pendant <strong>la</strong> saison<br />

1 Afforty, VI, 3010 et suiv. et XI, 7173.<br />

2 Paul Deroulè<strong>de</strong>.


« d'été que <strong>la</strong> gorge et l'estomac <strong>de</strong>s buveurs en ressentent<br />

« une volupté suprême 1<br />

»<br />

Ces caves du XIII e<br />

et XIV e<br />

siècle, remarquables par leur<br />

double étage (souvent l'étage inférieur est une carrière), par<br />

leur beaux chapiteaux à feuilles ou crochets et leurs consoles<br />

à feuil<strong>la</strong>ges, servirent-elles, comme plus d'un l'a pensé, <strong>de</strong> refuge,<br />

d'atelier <strong>de</strong> draps, d'habitation? Je crois que l'on peut,<br />

sans trop hasar<strong>de</strong>r, croire que beaucoup <strong>de</strong> ces caves communiquaient<br />

entre elles, que les caves voisines <strong>de</strong>s remparts fournissaient<br />

à <strong>la</strong> défense <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville une sorte <strong>de</strong> couloir intérieur<br />

<strong>de</strong> ron<strong>de</strong> (voir rue <strong>de</strong> Beauvais).<br />

L'on pourra lire sur ce sujet : Comité arch. T. IV, LV. —<br />

Congrès archéologique <strong>de</strong> France, XXXIII e<br />

session, à <strong>Senlis</strong> :<br />

Lecture <strong>de</strong> M. l'abbé Legoix, p. 86 à 94. — M. Vatin, <strong>Senlis</strong><br />

et les environs, p. 50.<br />

XXXIX. — * CHAMPAGNE (La).<br />

« Campania.. (1252); — in vico seu ruel<strong>la</strong> qua itur ad cam-<br />

« paniam (1339); — terram <strong>de</strong> Campania; — Champaigne<br />

« (1358). Haute et basse Champaigne ; — à <strong>la</strong> basse Champai-<br />

« gne. » Champaigne signifie ici : p<strong>la</strong>ine découverte, par<br />

opposition à bois. « On trouva » dit Froissard « . . . . . aucunes<br />

« Champagnes où il avait blés et prés. »<br />

« Depuis le champ <strong>de</strong> marché [près du Luxembourg] et les<br />

« murs dudit clos Saint-Maurice, suivant le grand chemin et<br />

« chaussée <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte <strong>de</strong> Creil jusqu'au chemin <strong>de</strong> Coupe<br />

1 Afforty, XVIII, 443 en 1350 : Marguerite <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte lègue 5 sols par.<br />

<strong>de</strong> rente à <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong> S. Nico<strong>la</strong>s, fondée en l'église S. Rieul, « chapelle<br />

« qui fut donnée autrefois à défunt maître Jean <strong>de</strong> Jandun (<strong>de</strong> Jardino,<br />

« Jandino). » — Com. arch. v, XVI. — Revue <strong>de</strong>s questions historiques<br />

(1868), p. 585.


« Gueule [vers l'église St-Pierre] 1541 1<br />

. » Inutile <strong>de</strong> dire que<br />

cette locution est <strong>la</strong> traduction en franc picard <strong>de</strong> coupe gorge.<br />

1<br />

Afforty,I, 6, en 1340. L'abbé <strong>de</strong> S.Vincent reconnait avoir cédé au<br />

chapître <strong>de</strong> Notre-Dame.... le pressoir Barbete, au lieu dit « <strong>de</strong> Stulto-<br />

« monte, » auprès du manoir <strong>de</strong> Sottemont qui ap<strong>partie</strong>nt à Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong><br />

Chantilly.... Il est parlé là <strong>de</strong> <strong>la</strong> ruelle ou vicus coupe-gueule... ; v. 2816 et<br />

suiv., où Etat <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>drerie <strong>de</strong> S. Lazare en 1633; XVIII, 90, 607, Testament<br />

<strong>de</strong> maître Jacques du Change, archidiacre, du 22 avril 1358, 617;<br />

XXIV, 313.<br />

XL. — * CHAMP DE MARS.<br />

Devant <strong>la</strong> Porte <strong>de</strong> Compiègne. — Cet endroit s'appe<strong>la</strong> aussi<br />

Champ <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fédération.<br />

« L'an 1790, 14 juillet » raconte le Citoyen, secrétaire <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

municipalité <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, « <strong>la</strong> commune <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> a célébré <strong>la</strong><br />

« fête <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fédération; si elle n'a pas égalé <strong>la</strong> dépense et <strong>la</strong><br />

« magnificence <strong>de</strong> <strong>la</strong> capitale, elle a au moins fait d'honora-<br />

« bles efforts pour suivre au <strong>de</strong>gré qui lui convenait l'exemple<br />

« <strong>de</strong> cette gran<strong>de</strong> ville. La nécessité <strong>de</strong> se rendre compte du<br />

« cérémonial oblige à faire <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription du local.<br />

« Sur le bord <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> route qui va <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> à Com-<br />

« piègne et en F<strong>la</strong>ndre, immédiatement après <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« ville et à gauche est un emp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong> quatre-vingts<br />

« toises <strong>de</strong> longueur sur dix à douze <strong>de</strong> <strong>la</strong>rgeur, connu sous le<br />

« nom <strong>de</strong> longue paume. Cet espace qui formait autrefois un<br />

« <strong>de</strong>s fossés <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville est dominé dans toute sa longueur,<br />

« d'un côté par le rempart <strong>de</strong> Saint-Rieul, <strong>de</strong> l'autre par le<br />

« grand Cours ; les terres successivement éboulées ou rappor-<br />

« tées forment <strong>de</strong> chaque côté un talus <strong>de</strong> vingt-cinq pieds <strong>de</strong><br />

« hauteur, on y a entassé plusieurs rangs <strong>de</strong> gradins bordés<br />

« <strong>de</strong> balustra<strong>de</strong>s en p<strong>la</strong>nches, décorés <strong>de</strong>s plus belles tapisseries<br />

« que les citoyens, les chapitres et les couvents se sont empres-<br />

« sés <strong>de</strong> fournir.<br />

« Le rang d'en bas formait une enceinte <strong>de</strong> mille toises envi-<br />

« ron <strong>de</strong> superficie ; on y entrait par un arc triomphal <strong>de</strong>


« trente pieds d'élévation, soutenu par quatre colonnes d'ordre<br />

« dorique et surmonté par <strong>la</strong> statue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Liberté sous le<br />

« costume d'un <strong>la</strong>boureur tenant son bonnet au bout d'une pique.<br />

« Sur les côtés étaient <strong>de</strong>ux figures colossales, l'une repré-<br />

« sentant <strong>la</strong> Paix, l'autre, l' Abondance; au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong><br />

« celle-ci, dans l'entre-colonnement, on voit les Arts libé-<br />

« raux et les Arts mécaniques représentés par leurs attributs.<br />

« Au travers <strong>de</strong> l'arc triomphal situé en face du grand<br />

« chemin, on distinguait un autel simple, formé par quatre<br />

« lembours <strong>de</strong> figures colossales, accolés ensemble, sur une<br />

« esp<strong>la</strong>na<strong>de</strong> <strong>de</strong> gazon, élevée <strong>de</strong> six marches, décorée aux<br />

« quatre faces <strong>de</strong> rampes et <strong>de</strong> massifs et relevées par <strong>de</strong>s<br />

« compartiments en sable <strong>de</strong> couleur ; quatre arbres verts for­<br />

« maient baldaquin au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> l'autel; une <strong>de</strong>vise voltigeait<br />

« en ces quatre arbres, avec ces paroles du psaume : hœc est<br />

« dies quam fecit dominus; exultemus et lœtemur in ea.<br />

« Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l'autel, à dix toises environ, étaient trois<br />

« statues emblématiques, représentant <strong>la</strong> Nation, <strong>la</strong> Loi, le<br />

« Roi; celle représentant <strong>la</strong> Loi portait une riche guir<strong>la</strong>n<strong>de</strong><br />

« qui al<strong>la</strong>it rejoindre l'autel, pour montrer que <strong>la</strong> loi et <strong>la</strong><br />

« religion se touchent et sont inséparables.<br />

« L'enceinte était terminée par un portique <strong>de</strong> l'ordre pœs-<br />

« tum ; dans les entre-colonnements on avait p<strong>la</strong>cé <strong>de</strong>s bas-<br />

« reliefs représentant les vertus chrétiennes, civiles et<br />

« militaires, comme compatibles, et concourant ensemble au<br />

« bonheur <strong>de</strong>s citoyens.<br />

L'on pourra lire dans les registres <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune, les<br />

détails <strong>de</strong> cette fête, où les naïfs du temps se <strong>la</strong>issaient duper<br />

d'espérances creuses et <strong>de</strong> sentimentalité. Nil novi sub sole.<br />

XLI. — CHANCELIER GUÉRIN (Rue du).<br />

Cette rue, qui s'est appelée quelque temps rue <strong>de</strong>s Tribunaux,<br />

coupe le mur gallo-romain à <strong>la</strong> porte Bal<strong>la</strong>ntum ou <strong>de</strong><br />

Mello pour mettre en rapport <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du puits Notre-Dame<br />

avec le carrefour Saint-Hi<strong>la</strong>ire.


« Guérin, » dit Rigord, « était <strong>de</strong>venu le conseiller intime<br />

« du roi à cause <strong>de</strong> sa pru<strong>de</strong>nce, et <strong>de</strong> son incomparable vertu<br />

« <strong>de</strong> conseil, et <strong>de</strong> ses autres qualités multiformes d'âme...<br />

« Il gouvernait sa vie si louablement que, le premier après le<br />

« roi, il traitait sans reproches les affaires <strong>de</strong> l'Etat 1<br />

. » —<br />

« Ami spécial du roi, » ajoute Guil<strong>la</strong>ume le Breton : « II<br />

« traitait avec le roi les affaires difficiles <strong>de</strong> l'Etat. »<br />

Ce grand homme qui est une <strong>de</strong>s figures les plus originales<br />

<strong>de</strong> son époque, naquit selon les uns à <strong>Senlis</strong>, selon d'autres à<br />

Pont-Sainte-Maxence..., était parent <strong>de</strong> Foulques, prieur <strong>de</strong><br />

Saint-Arnould <strong>de</strong> Crépy et <strong>de</strong> Coincy : « carissimus in Christo<br />

« consanguineus noster Fulco prior Arnulphi Crespiacensis 2<br />

»<br />

1 Gaufrido Silvanectensi Episcopo successit frater Garinus, qui cum frater<br />

professus Hospitalis Ierosolymitani specialiter consiliarius effectus, in au<strong>la</strong><br />

regia propter pru<strong>de</strong>ntiam et incomparabilem consilii virtutem, et alias animi<br />

dotes multiformes, ita <strong>la</strong>udabiliter se habebat, quod quasi secundus a Rege<br />

negotia regni inculpate tractabat, et Ecclesiarum necessitudines tanquam<br />

vir litteratus ad plenum nihilominus omni studio procurabat, etc.<br />

RIGORD.<br />

Galterum juvenem Rex Bartholomaea Garinumque<br />

Alloquitur votumquo suum dolucidat illis.<br />

His etenim solis re confi<strong>de</strong>nter in omni<br />

Enucleare animum secretaque vota solebat.<br />

Rex Sancti Pauli comitem fratremque Garinum<br />

Tornacum misit, pugnatricesque catervas<br />

Associavit eis fortissima corpora bello<br />

Qualia Sequaniis producit Francia ripis, etc. Liv. 9.<br />

Ultimus exierat post omnia signa Garinus<br />

Qui Silvanectensis nondum sacratus ad urbis<br />

Electus cathedram, Regis specialis amicus<br />

Ardua tractabat cum Rege negotia regni, etc. Liv. 10.<br />

PHILIPPEÏDE.<br />

2<br />

Charte <strong>de</strong> 1222. Afforty, XI, 6038. Certains auteurs font Guérin religieux<br />

<strong>de</strong> Froidmont, en 1173, 1176, parce qu'une charte <strong>de</strong> Barthélemy,<br />

évêque <strong>de</strong> Beauvais (1173), en faveur <strong>de</strong> Froidmont, mentionne un frater<br />

Geraldus ou Garinus et qu'une autre charte <strong>de</strong> 1176, parle <strong>de</strong> concessions<br />

faites à Froidmont, par <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> Saint-Lazare <strong>de</strong> Beauvais, « pro<br />

« recompensatione a bonis fratris Guarini bone opinionis. » Dom Grenier,<br />

t. CLXV, p. 207.


se fit remarquer par sa bravoure en Palestine, où l'avait conduit<br />

l'amour du tombeau du Christ, <strong>de</strong>sservit, s'il faut en croire<br />

Héméré, <strong>la</strong> prében<strong>de</strong> <strong>de</strong>s chevaliers du Temple en <strong>la</strong> célèbre<br />

collégiale <strong>de</strong> Saint-Quentin, fut, d'après le même, archidiacre<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale <strong>de</strong> Beauvais, fut gar<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sceaux ou vicechancelier<br />

avant 1201, puisque une charte en faveur <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

commune <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> porte : « Regni Philippi 22 data, vacante<br />

« cancel<strong>la</strong>ria, per manum Guarini, » contribua par <strong>la</strong> sage<br />

ordonnance <strong>de</strong> ses p<strong>la</strong>ns à <strong>la</strong> victoire fameuse <strong>de</strong> Bouvines<br />

« electo sic disponente » (1214), fut le successeur au siège<br />

<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong> l'évêque Henri (1213), signa comme chancelier<br />

(1223) 1<br />

<strong>de</strong> nombreuses chartes, fut exécuteur <strong>de</strong>s testaments<br />

<strong>de</strong> Philippe-Auguste 2<br />

et <strong>de</strong> Louis VIII, posa son arbitrage<br />

dans beaucoup <strong>de</strong> litiges à Noyon et ailleurs, était lié avec<br />

saint Hélinand, moine célèbre <strong>de</strong> Froidmont, annaliste et<br />

poëte, fut avec Gautier <strong>de</strong> Villebéon un <strong>de</strong>s fondateurs du<br />

Trésor <strong>de</strong>s chartes, apparaît encore en 1226, date à <strong>la</strong>quelle il<br />

signe : Guérin, chancelier 3<br />

, mourut en avril 1227-1228 4<br />

au plus tard, comme le suppose une Charte d'Adam <strong>de</strong><br />

Chambli, <strong>de</strong> juillet 1228, <strong>la</strong>quelle contient : « Bonae memoriae<br />

prae<strong>de</strong>cessor noster » — et fut enterré à Châlis, près <strong>de</strong><br />

l'autel, du côté <strong>de</strong> l'Evangile.<br />

L'Eglise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> lui doit entr'autres : le château <strong>de</strong> Mons<br />

« <strong>de</strong> Montibus » ou Montleroy, <strong>de</strong>venu Montlévêque (Mont-<br />

1<br />

Une charte <strong>de</strong> Châlis pour <strong>la</strong> dîme <strong>de</strong> Rully « tertio Calendas Novem-<br />

« bris anno 1223, » portait au scel un évêque <strong>de</strong>bout avec <strong>la</strong> légen<strong>de</strong> :<br />

« Signum Guarini Dei Gratia Silvanectensis Episcopi, » et au contre-scel,<br />

un champ <strong>de</strong> lys dans un ovale.<br />

2<br />

Praecipimus, dit Philippe-Auguste dans le testament qu'il fit en partant<br />

pour <strong>la</strong> Terre sainte, en Rigord, « praecipimus Reginae et Episcopo ut<br />

« omnes honores... quos retinere non poterunt donent secundum Deum et<br />

« assignent consilio fratris Garini.... »<br />

3<br />

Layettes du Trésor <strong>de</strong>s chartes, p. 120.<br />

4<br />

Probablement le 19 avril 1226.


<strong>de</strong>-l'Evêque), avec sa chapelle (1216) 1<br />

, — l'abbaye <strong>de</strong> <strong>la</strong> Victoire<br />

(1214), — l'établissement <strong>de</strong>s Franciscains, — et cette<br />

chapelle <strong>de</strong> l'Evêché aujourd'hui dénaturée qui bor<strong>de</strong> une<br />

<strong>partie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> son nom.<br />

Guérin, d'après l'Histoire <strong>de</strong>s Chanceliers, portait d'azur<br />

au sautoir d'or cantonné <strong>de</strong> quatre têtes <strong>de</strong> femmes d'argent,<br />

coiffées d'or à l'antique, au chef <strong>de</strong> gueule chargé d'une croix<br />

d'argent qui est <strong>de</strong> <strong>la</strong> religion.<br />

L'on pourra lire sur Guérin : Hemèrè : Augusta Viromanduorum,<br />

— Afforty 2<br />

, — Dom Grenier 3<br />

, — Graves, —<br />

Bulletin du Comité archéologique <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> 4<br />

, — et : <strong>Senlis</strong>,<br />

Récits historiques par M. C. Vatin, où sa vie, quelques arbitrages,<br />

son épitaphe à Châlis et ses armoiries.<br />

« Ici » est-il écrit sur <strong>la</strong> tombe <strong>de</strong> Guérin « Ici repose<br />

« Guérin, dont <strong>la</strong> vie a été un travail continuel. » Belle et<br />

pratique leçon !<br />

Il existait dans cette rue « l'Image Notre-Dame, faisant le<br />

« coin <strong>de</strong> l'hôtel épiscopal au carrefour Saint-Hi<strong>la</strong>ire, à côté <strong>de</strong><br />

1<br />

Afforty, VIII, 4216. où Charte <strong>de</strong> Philippe-Auguste <strong>de</strong> l'an 1222, confirmant<br />

les donations faites par Guérin pour <strong>la</strong> fondation <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle <strong>de</strong><br />

Mont-l'Evêque; XVIII, 76, année 1339, où transaction passée le 27 août<br />

1339 entre Robert <strong>de</strong> P<strong>la</strong>illy et Simon Eveil<strong>la</strong>rd, doyen, et le chapitre, au<br />

sujet <strong>de</strong> <strong>la</strong> juridiction du chapitre pour <strong>la</strong> col<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s chapelles et le droit<br />

<strong>de</strong> patronage.<br />

2<br />

Afforty, I, 8 où dîme sur les <strong>la</strong>ine, foin et fruits; III, 1718 à 1720; IV, 1978<br />

et suiv., 2076, où copie d'un mémoire sur Guérin; VII, 3652 et suiv. ; X, 180,<br />

5670; XI, 5819,5840, 6019; XV, 151, 273, 287, 539, 559, 570, 574. Voir surtout<br />

: son pays, sa famille, XI, 6019, 6020; — Mémoires très intéressants<br />

sur Guérin, XV, 607 à 663; — Echange entre Philippe-Auguste et Guérin,<br />

d'une part, et Jean le Bougres, châte<strong>la</strong>in <strong>de</strong> Crépy, <strong>de</strong> l'autre, en 1214, XI,<br />

5835. — Nécrologes <strong>de</strong> S. Victor, <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> Noyon sur Guérin, 539,<br />

559. — Voir Layettes du Trésor <strong>de</strong>s chartes où Guérin approuvant l'établissement<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> commune <strong>de</strong> Beaumont en 1223, n° 14, 120.<br />

3<br />

T. V, Mémoires sur <strong>Senlis</strong> et le chancelier Guérin, entr'autres <strong>de</strong> Dom<br />

Lamy, p. 40. T. CLXVII, p. 207. Echange <strong>de</strong> Guérin (1207) avec le doyen <strong>de</strong><br />

Saint-Rieul.<br />

4<br />

T. II, VII, 37.


« l'hôtel du Faisan ; — le Faisan, près <strong>la</strong> porte du<br />

« Cloître, tenant aux prisons du chapitre, » (1520) et le<br />

« Jason à côté du Faisan, » lesquels furent achetés par les<br />

évêques Guil<strong>la</strong>ume Petit et La Rochefoucault et servirent à<br />

l'agrandissement <strong>de</strong> l'hôtel épiscopal 1<br />

. En face du Faisan, les<br />

Muldrac possédaient une maison (1559).<br />

XLII. — CHANCELLERIE (rue <strong>de</strong> <strong>la</strong>).<br />

« Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Juiverie aujourdhuy <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chancellerie, 1463,<br />

« — .... alias <strong>la</strong> Juifverie. » Simon Moullet, dans un testament<br />

déjà cité (Bouettes) et antérieur à 1355, « lègue à <strong>la</strong> con-<br />

« frérie <strong>de</strong> Notre-Dame, existant dans l'église Saint-Rieul, 10<br />

« sols parisis <strong>de</strong> revenu annuel et perpétuel à prendre sur une<br />

« maison située en <strong>la</strong> Juirie (Juiverie); —... maison rue <strong>de</strong><br />

« Juiverie faisant le coing vis-à-vis Sainte Bathil<strong>de</strong> (1473). »<br />

Voir Juiverie.<br />

« Les hoirs M e<br />

Henry <strong>de</strong> Marle chancellier <strong>de</strong> France, ou<br />

« lieu <strong>de</strong> Sicard le Barbier, pour leur maison séant en <strong>la</strong> Rue<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chancellerie que souloit tenir Pierre le Charon cor-<br />

« donnier, aboutant par <strong>de</strong>vant à <strong>la</strong> rue et par <strong>de</strong>rriere aux<br />

« murs <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité 2<br />

. » Henri <strong>de</strong> Marle, seigneur <strong>de</strong> Versigny<br />

et <strong>de</strong> Lusancy, prési<strong>de</strong>nt du Parlement <strong>de</strong> Paris,<br />

nommé chancelier le 8 août 1413, avait été égorgé avec son<br />

fils Jean <strong>de</strong> Marle, évêque <strong>de</strong> Coutances, et Bernard d'Armagnac,<br />

maître <strong>de</strong> <strong>la</strong> cavalerie, lors du massacre <strong>de</strong>s Armagnacs<br />

en 1418 3<br />

, pour avoir généreusement soutenu le parti <strong>de</strong><br />

Charles VI contre le duc <strong>de</strong> Bourgogne.<br />

1<br />

Archives départem. G. 616, 617 et 646. — Afforty,<br />

88, 670, 673.<br />

XXIII, 567; XXIV,<br />

2<br />

Compte <strong>de</strong> 1522. — Afforty, IX, 1432, 1510; XXI, 100, 154, 736.<br />

3<br />

Histoire <strong>de</strong> Charles VI, par <strong>de</strong>s Ursins. — « Henri <strong>de</strong> Marle, advocat<br />

« au parlement et bailli <strong>de</strong> <strong>la</strong> conciergerie du Pa<strong>la</strong>ys. » Registre criminel<br />

du Châtelet <strong>de</strong> Paris <strong>de</strong> 1389 à 1392, t .<br />

I, p. 14, 16, etc.


Les <strong>de</strong> Marle, que dom Grenier p<strong>la</strong>ce à bon droit parmi les<br />

illustrations <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, y possédèrent, outre <strong>la</strong> maison qui a<br />

donné son nom à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chancellerie, une maison rue<br />

Saint-Aignan, à côté d'une maison faisant coin à <strong>la</strong> rue Saint-<br />

Aignan et au marché aux fromages (1522), « <strong>de</strong>s masures et<br />

« vignes... à <strong>la</strong> fontaine d'Araines, » <strong>de</strong>s terres à Baron :<br />

« Saint-Vincent pour 12 arpents <strong>de</strong> terre assis à Baron qui<br />

« leur ont été bailliés par M. Henry <strong>de</strong> Marle pour <strong>la</strong> fondation<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> messe <strong>de</strong> sept heures en leur église. »<br />

Nous retrouvons ainsi, dans l'histoire <strong>de</strong> cette rue, les noms<br />

<strong>de</strong> Sicard le Barbier, « procureur du chapitre <strong>de</strong> Saint-Fram-<br />

« bourg (1362), » lequel épousa Jeanne Murat; — Henri I<br />

<strong>de</strong> Marle (1418), qui eut pour femme Mahaut le Barbier,<br />

fille <strong>de</strong> Sicart le Barbier ; — Mahaut, qui fut emprisonnée<br />

par les Bourguignons lors <strong>de</strong> l'assassinat <strong>de</strong> son mari ; —<br />

Arnaud <strong>de</strong> Marle, leur <strong>de</strong>uxième fils, qui mourut en 1456,<br />

prési<strong>de</strong>nt du parlement, <strong>la</strong>issant d'une première femme Henri II<br />

(1432,1437,1476),et <strong>de</strong> sa secon<strong>de</strong> femme Martine Boucher, fille<br />

<strong>de</strong> Bureau Boucher, seigneur <strong>de</strong> Piscot..., Jean <strong>de</strong> Marle ; —<br />

Jean <strong>de</strong> Marle qui, marié avec Anne du Drac, fut père <strong>de</strong><br />

Christophe <strong>de</strong> Marle, chanoine d'Avranches et conseiller<br />

clerc au parlement (1555) — Christophe Hector, seigneur<br />

<strong>de</strong> Péreuse, qui prit <strong>de</strong> sa mère les armes <strong>de</strong>s <strong>de</strong> Marle.., —<br />

« Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Marle, maître d'hôtel ordinaire du Roy, et<br />

« Christophe-Hector <strong>de</strong> Marle, 15 novembre 1581 1<br />

, conseiller<br />

« du dit seigneur au Parlement, seigneurs <strong>de</strong> Versagny »<br />

lesquels obtiennent d'être déc<strong>la</strong>rés quittes et exempts<br />

du droit <strong>de</strong> boisse<strong>la</strong>ge au marché <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> « à cause du pri-<br />

1 Afforty, IX, 1510; XVIII, 736; XXI, 154, Extrait du compte <strong>de</strong> l'office<br />

du cellerier <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> rendu par Jean Go<strong>de</strong>ffroy en 1409,<br />

document plein <strong>de</strong> renseignements sur <strong>la</strong> topographie locale ; XXII, 190 ;<br />

XXIV, 245, 429 ; XXV, 402. — Dom Grenier, t. CXXV, p. 228. — Histoire<br />

généalogique <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> Courtenay, par du Bouchet, p. 287, 396 et<br />

suiv.


« vilége <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle ils sont, <strong>de</strong>scen-<br />

« dant <strong>de</strong> <strong>la</strong> généalogie <strong>de</strong>s Murats et petits enfants <strong>de</strong> Jeanne<br />

« Murat qui avait épousé Sicart le Barbier advocat du Roy<br />

« au dit <strong>Senlis</strong>, <strong>la</strong> fille duquel épousa Messire Jehan <strong>de</strong> Marle<br />

« chancelier <strong>de</strong> France, grand aïeul <strong>de</strong>s dits opposans. » —<br />

Jérôme <strong>de</strong> Marle, qui fut assassiné dans <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, etc.<br />

On voit aisément <strong>la</strong> raison du nom <strong>de</strong> Chancellerie que<br />

porte cette rue.<br />

Le visiteur reconnaîtra sans peine l'ancienne Chancellerie :<br />

« maison 1<br />

en pierre à <strong>de</strong>ux étages avec pi<strong>la</strong>stres ioniques au<br />

« premier, corinthiens au second; fenêtres du haut à meneaux,<br />

f<strong>la</strong>nquée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux tours hexagones » et bâtie sur le<br />

vieux mur <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité.<br />

Cette rue renfermait encore : l'Eglise Sainte-Bathil<strong>de</strong><br />

(infra), vulgairement appelée Sainte-Bateul, — l'hôtel appelé<br />

hôtel d'Hérivault, tenant à <strong>la</strong> Chancellerie (1432).<br />

XLIII. — CHARITÉ (La).<br />

Je ne pourrais mieux raconter <strong>la</strong> fondation et l'histoire <strong>de</strong><br />

ce pieux édifice qu'en empruntant ici le style naïf <strong>de</strong> l'historien<br />

<strong>de</strong> l'Eglise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> 2<br />

.<br />

« La Charité fut établie sous Denis Sanguin, grâce au zèle<br />

« <strong>de</strong> Jacques Jolly <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, digne prêtre, prieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> Reine dans le diocèse <strong>de</strong> Sens. Jolly s'était rendu très-<br />

« habile dans les humanités et les belles-lettres. Il régenta <strong>la</strong><br />

« rhétorique à Paris, dans le collége <strong>de</strong> Navarre, pendant<br />

« 18 ans et y éleva avec app<strong>la</strong>udissement et avec fruit <strong>la</strong> plus<br />

« belle jeunesse <strong>de</strong> <strong>la</strong> capitale; après avoir été longtemps<br />

« procureur <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> France, il fut par trois fois<br />

« honoré <strong>de</strong> <strong>la</strong> charge <strong>de</strong> recteur <strong>de</strong> cette fameuse université.<br />

« Comblé <strong>de</strong> ces honneurs académiques, dont il savait <strong>la</strong><br />

1<br />

2<br />

Graves, p. 175.<br />

Afforty, XXI, 156. — Dom Grenier, t. CLXV, p. 251.


« vanité, il entreprit <strong>de</strong> pieux pélerinages et fit vœu <strong>de</strong> visiter<br />

« les Eglises <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong> Monserrat dans les Pyrénées<br />

« et <strong>de</strong> Lorette et al<strong>la</strong> <strong>de</strong>ux fois à Rome. Il poussa ensuite à<br />

« Jérusalem avec le titre <strong>de</strong> chevalier honoraire, où, le jour<br />

« <strong>de</strong> Pâques, il célébra sa première messe sur le sépulcre <strong>de</strong><br />

« Notre-Seigneur. A son retour, il vécut avec les religieux <strong>de</strong><br />

« Saint-Jean-<strong>de</strong>-Dieu <strong>de</strong> Paris, au service <strong>de</strong>s pauvres ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s<br />

« où il décéda, âgé <strong>de</strong> 76 ans, le 29 octobre 1652, et fut<br />

« inhumé dans leur Eglise à gauche entre les <strong>de</strong>ux chapelles<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> nef... Son épitaphe est <strong>de</strong> M. Campion Jacques, cha-<br />

« noine <strong>de</strong> Saint-Germain-l'Auxerrois. Il avait <strong>la</strong>issé sa<br />

« bibliothèque, qui était considérable, à <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. »<br />

Le doyen <strong>de</strong> Noyon, Jacques Le Vasseur, le docte auteur <strong>de</strong> :<br />

Devises <strong>de</strong>s Roys <strong>de</strong> France, Centuriœ Episto<strong>la</strong>rum, Diva<br />

Virgo Mediopontana, Tombeau dressé à <strong>la</strong> bienheureuse<br />

mémoire <strong>de</strong> C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> <strong>de</strong> Montigny, Cri <strong>de</strong> l'Aigle, Annales <strong>de</strong><br />

Noyon, etc., a, dans un ouvrage d'une rareté extrême : Le<br />

Boccage <strong>de</strong> Jossigny, dédié A M. Jacques Joli, <strong>Senlis</strong>ien,<br />

une pièce <strong>de</strong> poésie dont il me paraît reposant et opportun <strong>de</strong><br />

donner ici un extrait :<br />

Mais bon Dieu ! quel fleuve d'oubli<br />

Me fait taire icy mon Ioli ?<br />

Luy dont <strong>la</strong> douce souvenance<br />

Seule m'est un fort d'allégeance<br />

Contre tant <strong>de</strong> chagrin vainqueur,<br />

Tant d'ennuy qui me ronge au cœur,<br />

Lorsque par l'esprit ie repasse<br />

Ma perte d'une telle grace,<br />

De mon Ioli, <strong>de</strong> son doux vers,<br />

Qui ia bruit par tout l'univers :<br />

Si que , <strong>de</strong> ces douceurs privée,<br />

D'un lourd poix mon ame est grevée,<br />

Et ceste perte m'est autant<br />

Que le mal qui nous va guettant.


N'aura-il donq'icy <strong>la</strong> sienne,<br />

En tant d'O<strong>de</strong> Iossignienne,<br />

Luy qui a <strong>de</strong>ssus ton <strong>de</strong>voir,<br />

Mon petit vers, tant <strong>de</strong> pouvoir ?<br />

Ouy, mais <strong>de</strong> quel costé sa fuitte<br />

L'a fait tourner avec sa suite ?<br />

Après avoir évoqué les souvenirs <strong>de</strong> Bourbon, Sizé, Bonin,<br />

Morel, Grangier, Oudinet, P<strong>la</strong>cet, Tournier, <strong>la</strong> Roque, Liger,<br />

Marchand, Coulon, Crassot (à Merlou), le Vasseur continue :<br />

Rameine donq' bon Dieu, rameine,<br />

Ces doctes frons au bord <strong>de</strong> Seine,<br />

Mais <strong>de</strong>ssus tout mon cher Ioli,<br />

Et son Apollon si poli<br />

Jolli avait souhaité (1646) qu'on érigeât dans <strong>Senlis</strong> un<br />

hôpital. Ses biens étant hypothéqués, il fallut aliéner et<br />

attendre une accumu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s revenus. « Les religieux <strong>de</strong><br />

« Saint-Jean <strong>de</strong> Paris commencèrent à acheter quelques mai-<br />

« sons... », hotel St-Marcel, appartenant jadis aux Cornouailles,<br />

« dans <strong>la</strong> rue Sainte-Geneviève sur le terrain <strong>de</strong>squelles ils<br />

« établirent l'hôpital, les offices et les lieux réguliers, et, après<br />

« avoir obtenu <strong>de</strong>s lettres patentes <strong>de</strong> sa majesté du 28 novembre<br />

« 1668, ils en prirent possession solennelle, le 7 février 1669. »<br />

Le 20 mars 1670, bénédiction <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle, sous l'invocation<br />

<strong>de</strong> saint Denys l'Aréopagite. « Le 27 octobre, ouverture <strong>de</strong><br />

« l'hôpital par l'établissement du lit fondé par Jolly, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

« autres lits, legs <strong>de</strong> 400 livres <strong>de</strong> rente, fondés par maître<br />

« Jean-Philippe <strong>de</strong> Bertier, abbé <strong>de</strong> Saint-Vincent (testa-<br />

« ment du 25 mai 1667 ou 1668), et d'un quatrième fondé<br />

« par Jacques Mallet. Le nombre <strong>de</strong> ces lits est aujourd'hui <strong>de</strong><br />

« 18, grâce aux aumônes <strong>de</strong> M. C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> du Val, abbé commen-<br />

« dataire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Victoire et <strong>de</strong> plusieurs chanoines et bourgeois<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville.<br />

« Après <strong>de</strong> nouvelles acquisitions rue du Périer, l'on


« construisit, » sur les <strong>de</strong>ssins d'Antoine 1<br />

, « une nouvelle<br />

« infirmerie avec une Eglise, dont Monseigneur <strong>de</strong> Chamil<strong>la</strong>rt<br />

« posa <strong>la</strong> première pierre, le samedi 13 mars 1706, avec ses<br />

« armes. Le 26 juillet suivant, nouvelle infirmerie, dont le<br />

« maire, Ch. Truyart, sieur <strong>de</strong> Chantereine, posa <strong>la</strong> première<br />

« pierre avec Pierre Puleu, lieutenant du maire, Charles<br />

« Frion, 1 er<br />

adjoint, Antoine Chéron, 2 e<br />

adjoint, Adrien du<br />

« Fresnoy, docteur en mé<strong>de</strong>cine, etc. » Première messe le 15<br />

janvier 1707. Bénédiction <strong>de</strong> l'Eglise, le 15 avril. 3 avril,<br />

nouveau cimetière et caveaux pour <strong>la</strong> sépulture <strong>de</strong>s religieux<br />

et <strong>de</strong>s personnes qui en auraient <strong>la</strong> dévotion.<br />

L'Eglise, manquant <strong>de</strong> solidité, fut réédifiée, sauf le<br />

portail, aux frais <strong>de</strong> <strong>la</strong> veuve <strong>de</strong> l'entrepreneur. — 1713.<br />

18 mai, l'Eglise et les caveaux sont bénits <strong>de</strong> nouveau par le<br />

sieur <strong>de</strong> Pruynes. — 1715. 5 septembre, Monseigneur Firmin<br />

Trudaine, escorté <strong>de</strong>s trois chapitres <strong>de</strong> Notre-Dame, <strong>de</strong><br />

Saint-Rieul et <strong>de</strong> Saint-Frambourg, dédie solennellement et<br />

consacre <strong>de</strong> rechef l'Eglise sous l'invocation <strong>de</strong>s saints Denys<br />

et Firmin, évêque d'Amiens. La Charité possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s reliques<br />

<strong>de</strong>s bienheureux Firmin, Didace, Priscille, Matthieu et Julitte.<br />

Norbert Gruillyn, prieur, et cinq frères sollicitent <strong>la</strong> faveur<br />

<strong>de</strong> fêter ces saints d'une manière spéciale.<br />

1743-1752. La Charité obtient <strong>la</strong> permission <strong>de</strong> faire un<br />

cimetière à <strong>la</strong> Poterne 2<br />

.<br />

Quand <strong>la</strong> révolution arriva, l'hôpital <strong>de</strong> <strong>la</strong> Charité, contenait<br />

un assez grand nombre <strong>de</strong> religieux qui soignaient les<br />

pauvres <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, recevaient dans <strong>de</strong>s cellules <strong>de</strong>s aliénés.<br />

Aujourd'hui, <strong>de</strong>puis 1838, ce bel édifice, après avoir<br />

1<br />

1707. Massin, vitrier à Paris, ne peut être occupé aux travaux <strong>de</strong> son<br />

état à <strong>la</strong> Charité, parce qu'il est étranger à <strong>la</strong> compagnie <strong>de</strong>s vitriers <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong>. Arch. <strong>Senlis</strong>, FF.<br />

2<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, GG. Sépultures <strong>de</strong> 1684 à 1702. Voir, pour l'histoire <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Charité : Afforty, V, 2871; VII, 3859 et suiv., où Inventaire <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

bibliothèque <strong>de</strong> Jacques Joly contenant, 431 ouvrages, etc.; VIII, 3941,4873;<br />

XI, 7154, 7185 — Com. arch.., t. II, 7, 48, 50; VIII, 9; 2 e<br />

série, t. I, 249.


servi <strong>de</strong> maison <strong>de</strong> fous, etc., a été partagé pour <strong>de</strong>s<br />

usages divers : là, les sous-préfets se succè<strong>de</strong>nt selon les<br />

exigences <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique; ici, <strong>la</strong> justice tâche <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ner,<br />

nonobstant les difficultés <strong>de</strong>s temps, dans les hauteurs sereines ;<br />

à côté, les enfants, <strong>la</strong> meilleure <strong>partie</strong> <strong>de</strong> l'humanité, apprennent<br />

à lire et, ce qui vaut mieux encore, à servir Dieu ; plus<br />

loin, c'est <strong>la</strong> prison...<br />

L'on rencontrait, en 1780, dans le voisinage <strong>de</strong> l'hôpital <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Charité, à l'angle <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Meaux et <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Poterne, l'hôtel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Trinité; à l'angle <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Meaux et<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Vignes, les Trois Pigeons ; à l'autre angle <strong>de</strong>s<br />

mêmes rues, <strong>la</strong> Doloire; vis-à-vis <strong>la</strong> Charité, les Loups, les<br />

Bons Enfants, <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong> et <strong>la</strong> Petite Cage, les Trois Saints<br />

Jacques, etc 1<br />

.<br />

Les agrandissements <strong>de</strong> l'hôpital <strong>de</strong> <strong>la</strong> Charité et le percement<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Neuve-<strong>de</strong>-Paris ont modifié complétement l'air<br />

<strong>de</strong> ce vieux quartier.<br />

XLIV. — * CHARRONS (P<strong>la</strong>ce aux) ou AUX VINS.<br />

Voir La Varan<strong>de</strong>.<br />

XLV. — CHATEAU.<br />

« Castrum, pa<strong>la</strong>tium regium, au<strong>la</strong> regia, Louvres. In pa<strong>la</strong>-<br />

« tio 2<br />

(990). — In au<strong>la</strong> nostra regia (1068). » Diplôme <strong>de</strong> Philippe<br />

I er<br />

confirmant les dons faits à l'église <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> par<br />

Henri I er<br />

, son père, les évêques Frol<strong>la</strong>nd et Eu<strong>de</strong>s, l'archidiacre<br />

Gauthier, etc.<br />

1. Que d'événements <strong>de</strong> toute sorte se sont accomplis dans ce<br />

1<br />

Afforty, XXI, 240; XXIII, 856. Compte rendu parle marguillier <strong>de</strong> Saint-<br />

Pierre en 1528.<br />

2<br />

Afforty, XIII, 183 : Praeceptum Hugonis regis, nov. 990, pro Ecclesia<br />

Aurelianensi, 403.


lieu! Là peut-être séjourna le gouverneur romain, à cet<br />

endroit appelé encore le fort, où <strong>de</strong>s tours plus rapprochées et<br />

<strong>de</strong>s massifs plus puissants semblent indiquer <strong>la</strong> situation du<br />

castellum primitif. Là eut <strong>de</strong>s conséquences plus pratiques<br />

cet intéressant traité <strong>de</strong> partage (28 novembre 587), que<br />

Grégoire <strong>de</strong> Tours nous dit avoir été conclu à Châlons, entre<br />

Chil<strong>de</strong>bert et Gontran : « Le seigneur Chil<strong>de</strong>bert gar<strong>de</strong>ra<br />

« dès aujourd'hui en sa puissance <strong>la</strong> cité (territoire) <strong>de</strong><br />

« Meaux et les <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>... Il est <strong>de</strong> plus<br />

« convenu que le seigneur Chil<strong>de</strong>bert retiendra en son entier<br />

« <strong>la</strong> cité (territoire) <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et que, quant au tiers du sei-<br />

« gneur Gontran qui lui <strong>de</strong>meure ainsi dû, il sera compensé<br />

« par le tiers du seigneur Chil<strong>de</strong>bert, lequel tiers est dans le<br />

« Ressontois, part du seigneur Gontran 1<br />

. » Là était l'épargne<br />

ou trésor royal (854), comme le démontre l'édit <strong>de</strong><br />

Pistes pour le règlement <strong>de</strong> monnaies 2<br />

. Là Judith, fille <strong>de</strong><br />

Charles-le-Chauve et d'Hermingar<strong>de</strong> et veuve d'Etelulphe,<br />

roi d'Ouessex, « était gardée (864) sous <strong>la</strong> protection<br />

« paternelle et royale et <strong>la</strong> gar<strong>de</strong> épiscopale 3<br />

; » là elle<br />

était tombée ma<strong>la</strong><strong>de</strong>, lorsqu'elle obtint par l'intercession <strong>de</strong><br />

saint Rieul une miraculeuse guérison, l'évêque Horpinius<br />

ayant dit <strong>la</strong> messe et communié <strong>la</strong> ma<strong>la</strong><strong>de</strong> <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> chasse du<br />

Saint; là Baudouin, dit Bras-<strong>de</strong>-Fer, <strong>la</strong> vit, et conçut cet<br />

amour coupable qui <strong>de</strong>vait mêler au Mont Saint-Eloi et à<br />

Lisle le sang <strong>de</strong>s Francs à celui <strong>de</strong>s F<strong>la</strong>mands. Là, Charles en-<br />

1<br />

Hist. franç , liv. IX, ch. 30, n. 13 : « Pari conditione civitates Meldis et<br />

« duas portiones <strong>de</strong> Silvanectis.... Dominus Chil<strong>de</strong>bertus Rex cum terminis<br />

« a praesenti die vindicet suae protestati. Convenit ut Silvanectis domnus<br />

« Chil<strong>de</strong>bertus in integritate teneat et quantum tertia domini Guntchrammi<br />

« exin<strong>de</strong> <strong>de</strong>bita competit, <strong>de</strong> tertia domini Chil<strong>de</strong>berti quae est in Rosson-<br />

« tensi domni guntchrammi partibus compensetur. »<br />

2<br />

Baluze, capitu<strong>la</strong>ires, t. II, p. 178 et 179.—Dom Grenier, t. CLXV, p. 201.<br />

— Graves, p. 106.<br />

3<br />

« Judith in Silvanectis civitatem <strong>de</strong>bito Reginae honore sub tuitione<br />

« paterna et Regia atque episcopali custodia servabatur. » Annales <strong>de</strong><br />

Saint-Bertin. Afforty, III, 1590.


Hôtel <strong>de</strong>s Trois Pots, rue du Châtel (Page 455).


ferma son frère, Pépin II d'Aquitaine (852 et 865), et son fils l'évêque<br />

<strong>de</strong> Laon (870). Là, un concile ou p<strong>la</strong>id (872) dégrada du diaconat<br />

Carloman qui avait tramé un complot contre l'autorité <strong>de</strong><br />

l'empereur, son père 1<br />

. Là, Richard, fils <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Normandie,<br />

que son précepteur Osmond avait emporté <strong>de</strong> Laon<br />

dans une voiture d'herbes, fut remis à Bernard-le-Danois,<br />

comte <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, son oncle maternel (949) 2<br />

, d'où ces siéges<br />

célèbres (946 et 949) dans lesquels 3<br />

l'énergie <strong>de</strong> Bernard et <strong>la</strong><br />

force <strong>de</strong>s murs <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> arrêtèrent les attaques <strong>de</strong> cent mille<br />

assiégeants. Là, Louis V étant mort à 18 ans d'une chute, le<br />

22 mai 987, les grands se réunissaient d'abord pour aviser aux<br />

éventualités que ce trépas amenait : « L'assemblée, » dit<br />

Richer 4<br />

, « fut nombreuse et imposante... L'archevêque <strong>de</strong><br />

« Reims, » réhabilité, « ouvrit le débat, etc. »; l'on sait<br />

comment l'assemblée se transporta ensuite à Noyon et consacra<br />

<strong>la</strong> déchéance <strong>de</strong> <strong>la</strong> race carlovingienne. Là, Charles, duc<br />

<strong>de</strong> Lorraine(991) 5<br />

, trahi par l'évêque <strong>de</strong> Laon, fut emprisonné<br />

sur les ordres <strong>de</strong> Hugues Capet, pour aller ensuite mourir à<br />

Orléans.<br />

1<br />

Chronique <strong>de</strong> F<strong>la</strong>ndres : « ln Silvanectensi Castro munitissimo custodiae<br />

« mancipatus. » Annales <strong>de</strong> Saint-Bertin et <strong>de</strong> Metz. — Voir dom Grenier,<br />

t. CLXV.<br />

2<br />

Afforty, XIII, 67, 75. — Voir Flodoard. — «Comment le roy Henry tint<br />

« Richart le filz du bon duc Guil<strong>la</strong>ume en prison et lui voulut tollir sa terre<br />

« par le conseil d'Arnoul, le déloyal comte <strong>de</strong> F<strong>la</strong>ndres, et comment lenfant<br />

« fut porté hors <strong>de</strong> prison <strong>de</strong><strong>de</strong>ns ung faisseau <strong>de</strong>rbe. » Chronique <strong>de</strong><br />

S. Denys. — Voir Généalogie <strong>de</strong>s Roys d'Italie, comtes <strong>de</strong> Vermand et <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong>. Afforty, III, 1588;XIII, 49.<br />

3<br />

Afforty, XIII, 89, 113, 114.<br />

4<br />

Hist. franc. Richer; Afforty, XIII, 159.<br />

5<br />

Hist. francorum. « Decessit vero (Ludovicus V) Incarnationis Domi-<br />

« nicae anno 987 et sepultus est Compendio in monasterio sanctorum<br />

« Cornelii et Cypriani. Patruus autem ipsius Carolus, quem privatum<br />

« senuisse supra praelibavimus, paternum volens obtinere regnum... captus,<br />

« positus in carcere in silvanectensi urbe, ubi genuit Ludovicum et Carolum<br />

« qui mortuo patre pulsi a Francis ad Imperatorem Romanorum confuge-<br />

« runt. » Afforty, XIII, 189.


5<br />

2. L'avènement <strong>de</strong> <strong>la</strong> troisième race ne diminua en rien l'importance<br />

du château <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. Lézelin, <strong>de</strong>uxième abbé <strong>de</strong><br />

Saint-Arnould <strong>de</strong> Crépy, lequel mit en vers <strong>la</strong> légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> son<br />

patron (c'était à cette époque fameuse <strong>de</strong> l'an 1000), y venait<br />

tous les ans, dit le moine Helgaud, s'entretenir <strong>de</strong> Dieu avec<br />

le saint roi Robert et lui inspirer ses prodigieuses libéralités 1<br />

.<br />

— Il existait dans le château une chapelle royale <strong>de</strong> saint Denys<br />

dont Louis VI fut le fondateur en 1141 2<br />

, lui donnant à percevoir<br />

divers cens ou revenus sur les moulins du roi, trois mesures<br />

<strong>de</strong> vin à <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> vil<strong>la</strong> royale <strong>de</strong> Gusvil, sise au faubourg.<br />

«... tres modios frumenti Parisienses..., in molendinis<br />

« nostris Sylvanectensibus accipiendas ; simul etiam tres mo-<br />

« dios vini Guvissenses, id est ad mensuram vil<strong>la</strong>e quae Gusvil<br />

« appel<strong>la</strong>tur, et est in suburbio Silvanectensi,in c<strong>la</strong>usulo nos-<br />

« tro ejus<strong>de</strong>m vil<strong>la</strong>e..., assumendos, etc. » — Traité <strong>de</strong> paix<br />

à <strong>Senlis</strong> (1183) 3<br />

. — Philippe-Auguste célébra, au château <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong>, ses noces avec Isabelle <strong>de</strong> Hainaut, et bientôt cette reine<br />

dé<strong>la</strong>issée y vint chercher <strong>de</strong> saintes conso<strong>la</strong>tions dans <strong>la</strong><br />

prière et les conseils <strong>de</strong> l'évêque Henri et <strong>de</strong> l'abbé <strong>de</strong><br />

Saint-Vincent, Hugues II; l'Eglise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong>vait à cette<br />

reine une chapelle au cloître 4<br />

. — Bernard <strong>de</strong> Saisset, évêque<br />

<strong>de</strong> Pamiers, y menaça, au nom du pape Boniface VIII (1301),<br />

Philippe-le-Bel.<br />

3. L'on trouvera dans Afforty et dans Graves 5<br />

une indication<br />

1<br />

Guiberti opera. Patrologie, t. CLVI, col. 1079. — Mabillon, Annales<br />

bénédictines, année 1000, etc. — Afforty, III, 1714; XI, 6033 : « Quis<br />

« autem ei mos fuerit dandae eleemosynae iu sui regni sedibus non praeter-<br />

« mittimus. Ita Parisius, civitate Silvanectis, Aurelianis, Divione, Antis-<br />

« siodori, Avalone, Miliduno, Stampis in unaquaque harum se<strong>de</strong> trecentis<br />

« vel quod est verius mille pauperibus dabatur panis et vini abundantia. »<br />

HELGAUD.<br />

2<br />

Afforty, I, 156. : Charte <strong>de</strong> Louis VI, pour <strong>la</strong> chapelle royale <strong>de</strong><br />

Saint-Denys <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, 160. — Voir ibid. Confirmation par Louis VII.<br />

3<br />

4<br />

Spicil., t. VIII., p. 485.<br />

Spicilège, t. IX. — Afforty, XIV, 706.<br />

Afforty, I, 569. — Graves, etc., p. 106 à 120.


intéressante d'actes royaux délivrés, d'assemblées 1<br />

et <strong>de</strong><br />

conciles tenus, <strong>de</strong> paix faites, <strong>de</strong> séjours <strong>de</strong> princes au château<br />

<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, <strong>de</strong>puis Charles-le-Chauve jusqu'à Henri IV.<br />

Des documents <strong>de</strong> ce genre pourront <strong>la</strong> compléter : 1173.<br />

La Charte <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> obligeait les bourgeois à<br />

fournir <strong>la</strong> cuisine du roi <strong>de</strong> marmites, d'écuelles, d'ail et <strong>de</strong> sel.<br />

— 1240. La reine B<strong>la</strong>nche à <strong>Senlis</strong>. — 1281. Philippe III<br />

est reçu avec <strong>de</strong>s frais dont Pierre Degeresme a noté le<br />

« compte très piquant. » — 1315. Louis X le Hutin fait battre<br />

monnaie à <strong>Senlis</strong> 2<br />

. — 1340. Lettres du roi Philippe-le-Bel<br />

concernant les monnayes et portant confirmation <strong>de</strong> plusieurs<br />

droits du diocèse <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. — 1355. La ville doit à <strong>la</strong><br />

maison du roi « tables, tresteaux, coustes, coussins, etc. » —<br />

— 1374. Le château, assigné pour rési<strong>de</strong>nce au régent,<br />

occupé quelques années par les enfants <strong>de</strong> France. —<br />

1378. « Le 3 janvier, » dit Mallet, « Charles V, Empe-<br />

« reur <strong>de</strong> Rome, oncle du roi Charles V, vint en France avec<br />

« le roi <strong>de</strong>s Romains son fils..., et... passa à <strong>Senlis</strong><br />

« où il coucha et fut honorablement reçu par les habi-<br />

« tans et par les ducs <strong>de</strong> Berri et <strong>de</strong> Bourgogne, frères du<br />

« roi, l'archevêque <strong>de</strong> Sens, l'évêque <strong>de</strong> Laon et un grand<br />

« nombre <strong>de</strong> seigneurs qui arrivèrent le len<strong>de</strong>main... »<br />

« Pour éviter, » dit un vieux narrateur, « <strong>de</strong> f<strong>la</strong>tter <strong>de</strong>s<br />

« prétentions chimériques, on évita <strong>de</strong> sonner les cloches et<br />

« <strong>de</strong> porter le poësle. A son tour, Charles V vint à <strong>Senlis</strong><br />

« où, ayant découvert <strong>la</strong> trahison du roi <strong>de</strong> Navarre, il fit<br />

« connaître à un <strong>de</strong>s fils <strong>de</strong> ce prince, qui était venu l'y<br />

« trouver, qu'il ne pouvait <strong>la</strong>isser ce crime impuni, et exigea<br />

1<br />

Les rois <strong>de</strong> <strong>la</strong> troisième race tenaient quatre parlements, à Noël, à<br />

l'Epiphanie, à Pâques et à <strong>la</strong> Pentecôte. La Chan<strong>de</strong>leur remp<strong>la</strong>çait quelquefois<br />

l'Epiphanie et <strong>la</strong> Toussaint, Noël. Afforty, III, 1692; x, 5732; XIII, 133,<br />

183, 439.<br />

2<br />

Afforty, XI, 5931 et 5932 ; XII, 7731 ; XVIII, 528 : Ordonnance royale<br />

très-intéressante. — Histoire <strong>de</strong> l'Eglise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, p. 184. — Dom Grenier,<br />

t. CLXV, p. 186. Tremb<strong>la</strong>y, p. 112.


TOUR DU CHATEAU (Vue intérieure).


« le supplice <strong>de</strong> Jacques <strong>de</strong> Rue et <strong>de</strong> Pierre du Tertre. » —<br />

1381. Charles VI ayant pris, dans <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong> Ha<strong>la</strong>tte, un cerf<br />

qui portait au cou un collier <strong>de</strong> cuivre avec cette inscription :<br />

Hoc Cœsar mihi donavit, fit attacher son bois dans <strong>la</strong> gran<strong>de</strong><br />

salle du château et porta désormais, dit Juvenal <strong>de</strong>s Ursins, en<br />

<strong>de</strong>vise un cerf vo<strong>la</strong>nt couronné d'or au col. — 1383. Charles VI<br />

réhabilite un certain Jean, qui avait eu le poing coupé, et lui<br />

permet <strong>de</strong> porter une main artificielle. — 1414. Le roi, <strong>la</strong><br />

reine et leur fille, Catherine <strong>de</strong> France, qui était promise à<br />

Henri V, passent à <strong>Senlis</strong> les fêtes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Semaine Sainte. La<br />

ville leur offre une nef en argent 1<br />

. Le duc <strong>de</strong> Guyenne vient<br />

les rejoindre le lundi <strong>de</strong> Pâques. — 1417. Séjour <strong>de</strong> <strong>la</strong> jeune<br />

reine. — 1422. Le roi d'Angleterre, Henri V, ma<strong>la</strong><strong>de</strong>, vient<br />

se faire traiter à <strong>Senlis</strong>, où il amène à sa suite le roi <strong>de</strong> France<br />

et les <strong>de</strong>ux reines. C'était une <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s les plus tristes <strong>de</strong><br />

notre histoire 2<br />

.—1429. Fin d'août et septembre. Charles VII...<br />

— 1441. Charles VII, «revenant du siége <strong>de</strong> Creil, lequel,<br />

« commencé le 18 may, avait duré 12 jours, » s'arrêta à <strong>Senlis</strong><br />

3<br />

. — 1476, 9 août. Paix <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> 4<br />

. — 1483, 27 avril.<br />

Entrée d'Anne <strong>de</strong> Bretagne. La ville lui fait présent d'un col<br />

<strong>de</strong> taffetas, <strong>de</strong> quatre muids <strong>de</strong> vins, <strong>de</strong> quatre muids d'avoine.<br />

—1486. 23 juillet. Le roi et le duc d'Orléans... On leur apporte<br />

treize cruches <strong>de</strong> vin vermeil et treize pains b<strong>la</strong>ncs. — 1486,<br />

7 août. Charles VIII à <strong>Senlis</strong> 5<br />

. « Au retour <strong>de</strong> Rheims, le roi<br />

« Louis passe à <strong>Senlis</strong>, à <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> mai, où il fit son entrée.<br />

« Fut porté un ciel <strong>de</strong> taffetas rouge et jaune et autres couleurs<br />

« à <strong>la</strong> porte, pour le couvrir passant par les rues. Les quatre<br />

« piliers étaient portés par les gouverneurs. La harangue faite<br />

1<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, BB, 11.<br />

2<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, CC, 79.<br />

3<br />

4<br />

5<br />

Histoire <strong>de</strong> l'Eglise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, p. 184.<br />

Afforty, XXII, 193.<br />

Afforty, XI, 7027.


« par M e<br />

Hugues Boileau, lieutenant général 1<br />

.—1498. 16 juin,<br />

entrée <strong>de</strong> Louis XII. — 1501. 22 novembre, Philippe,<br />

archiduc d'Autriche, traverse <strong>Senlis</strong> avec sa femme, Jeanne <strong>de</strong><br />

Castille, en se rendant à Blois. Le prince loge au château et<br />

l'archiduchesse, au Pot d'Etain. — 1515, 9 janvier. François<br />

I er<br />

salue <strong>Senlis</strong> en revenant <strong>de</strong> son sacre. « On lui<br />

« offre un lys <strong>de</strong>dans lequel était une S... et sur <strong>la</strong>dite S il y<br />

« avait un écusson où étaient les armes <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville émaillées :<br />

« lors <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle entrée le roi octroya aux habitants <strong>de</strong>ux<br />

« foires franches, chacune <strong>de</strong> quatre jours. 2<br />

. »<br />

1521, 12 octobre. « La reine et <strong>la</strong> mère du roi à <strong>Senlis</strong>. » —<br />

1526. 1527. Dépense pour vins <strong>de</strong> présent offerts à plusieurs<br />

personnages <strong>de</strong> <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> François I er<br />

, lorsqu'il revint <strong>de</strong> sa<br />

captivité d'Espagne; le roi séjourna à Ognon, C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> et Louise<br />

<strong>de</strong> Savoie, à <strong>Senlis</strong>. —1531,15 juin. Le dauphin et ses frères.<br />

— 1532, 26 novembre. La reine Eléonore revenant <strong>de</strong> Compiègne.<br />

— 1547, 31 juillet. Henri II; ca<strong>de</strong>aux curieux.<br />

— 1588. Le cardinal <strong>de</strong> Médicis 3<br />

active à <strong>Senlis</strong> le goût <strong>de</strong>s<br />

lettres et <strong>de</strong>s arts.<br />

A partir d'Henri IV, les rois abandonnent le château, qui<br />

est <strong>de</strong>venu mal habitable, pour l'hôtel <strong>de</strong> Saint-Péravy ou<br />

l'Evêché. Le vieux château servira seulement <strong>de</strong> lieu <strong>de</strong><br />

réunion aux membres du Présidial. La salle d'audience<br />

s'écroule en 1780.<br />

Afforty nous a conservé 4<br />

<strong>la</strong> table <strong>de</strong>s fiefs mouvant du chatel<br />

du roy.<br />

1 Mallet, p. 34, 36.<br />

2 Mallet, p. 39. — Afforty, VIII, 4570; XXII, 753 : Extrait <strong>de</strong>s registres<br />

capitu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> Notre-Dame, <strong>de</strong> 1497 et 1498; XXIII, 414. Extrait du cartu<strong>la</strong>ire<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, <strong>de</strong> 1515.<br />

3 Arch. <strong>Senlis</strong>, CC, 83, folios 57 et suiv. — Mallet, p. 41 et 43. —<br />

Jaulnay, 573, 605. — Afforty, V, 2854; 7333; XXIV, 127, 472, 514 à 516,<br />

559,560.<br />

4 Afforty, XI, 5979.


2<br />

Le chateau était gardé en 1321 par C<strong>la</strong>ir Bridoult, « chate<strong>la</strong>in<br />

« <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, » dont <strong>la</strong> femme, Marie <strong>de</strong> Fresnel, se <strong>de</strong>ssaisit<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> terre <strong>de</strong> Nully-Saint-Front qui avait été confisquée à<br />

Raoul <strong>de</strong> Presles et lui fut restituée 1<br />

.<br />

« 4. Ce château, » comme <strong>de</strong>s érudits l'ont fait maintes fois<br />

remarquer déjà, « conserve dans ses ruines <strong>de</strong>s traces <strong>de</strong><br />

toutes les époques : le style gallo-romain montre son petit<br />

appareil, ses assises et ses c<strong>la</strong>veaux <strong>de</strong> <strong>la</strong>rges tuiles, ses<br />

stries en chevrons; <strong>la</strong> majestueuse et forte architecture <strong>de</strong>s<br />

XI e<br />

et XII e<br />

siècles appuie ses voûtes plein cintre sur <strong>de</strong>s<br />

chapiteaux à entre<strong>la</strong>cs, <strong>de</strong>s arcs à têtes <strong>de</strong> clous et <strong>de</strong>s contreforts<br />

appliqués ; le XV e<br />

siècle dresse une cheminée dont le<br />

faîte est du XIII e<br />

, le manteau du XV e<br />

siècle; <strong>la</strong> Renaissance<br />

étale un p<strong>la</strong>fond orné <strong>de</strong> fleurs <strong>de</strong> lys qui date d'Henri II. 2<br />

»<br />

On distingue encore au milieu <strong>de</strong> cette confusion pittoresque<br />

« le fort rectangu<strong>la</strong>ire, 27 mètres sur 18, avec sa<br />

« casemate ou chemin voûté, où un moulin à chevaux<br />

« servait aux utilités <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville 3<br />

; le cachot où gémit<br />

« Pépin ; les salles <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s maréchaux ; <strong>la</strong> chambre<br />

« et le cabinet du roi avec une croisée ouverte sous Fran­<br />

« çois I er<br />

; » cette chapelle à tribune que Louis-le-Gros fit<br />

bâtir et que Pierre <strong>de</strong> Clerembaut dédia en 1142 sous le<br />

vocable <strong>de</strong> Saint-Denys ; ce puits dont le bailly Robert <strong>de</strong> Hucval<br />

dit qu'il a rendu son arrêt « in camera sua, supra puteum<br />

« apud rubra caputia, se<strong>de</strong>ns ibi protribunali,dans sa chambre,<br />

« au-<strong>de</strong>ssus du puits, auprès <strong>de</strong>s capuchons rouges (S. Maurice)<br />

« siégeant là pour tribunal 4<br />

. »<br />

1<br />

Afforty, XI, 7033. — Voir sur les <strong>de</strong> Presles le chap. rue <strong>de</strong> Meaux.<br />

« Tous ces débris, » dit Tremb<strong>la</strong>y, « portent <strong>de</strong>s traces évi<strong>de</strong>ntes <strong>de</strong><br />

« peinture rouge. »<br />

3<br />

Vaultier, p. 186.<br />

4<br />

Afforty, XII, 7731.<br />

... Sunt <strong>la</strong>crymae rerum.


On trouvera au Musée du Comité archéologique <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />

un p<strong>la</strong>n du château que M. Moinet a offert et une vue du<br />

pa<strong>la</strong>is <strong>de</strong>s anciens rois à <strong>Senlis</strong> 1<br />

.<br />

La mort <strong>de</strong> M. Philbert Turquet, qui était le propriétaire<br />

<strong>de</strong> cette très-belle propriété, a été un <strong>de</strong>uil pour tous et une<br />

gran<strong>de</strong> perte pour <strong>la</strong> ville.<br />

XLVI. — CHATEL (Rue du).<br />

La rue du Châtel — vicus <strong>de</strong> Castro (1236, 1292,1339), du<br />

chastellet, gran<strong>de</strong> rue du Chatel (1725), gran<strong>de</strong> rue. in<br />

vico majori (1244), gran<strong>de</strong> rue du Chatel du roy (1741),<br />

Vieille Rue <strong>de</strong> Paris, quelquefois chaussée du Roy (1455) 2<br />

,<br />

— conduit <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité qui menait à Saint-Rieul ou du<br />

carrefour <strong>de</strong>s Ba<strong>la</strong>nces à <strong>la</strong> Porte aux pains. (Voir Coutellerie).<br />

Elle doit son nom au Châtel (castellum) ou chateau du Roi,<br />

qui élève encore ses fortes ruines entre elle et <strong>la</strong> rue du Chat<br />

Héret.<br />

L'archéologue qui <strong>de</strong>scend <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du parvis Notre-<br />

Dame, rencontre à droite les hôtels <strong>de</strong> l' Homme Sauvage 3<br />

et<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Double-Croix « assis <strong>de</strong>vant le portail <strong>de</strong> cette Eglise »<br />

(1413-1522-1553) 4<br />

;—le pot d'estaing, petit pot d'estaing, ou<br />

hotel <strong>de</strong>s trois pots « ancien manoir» dit Graves, « mentionné<br />

« dès 1292, aisé à reconnaître à son enseigne, tenant au<br />

1<br />

Voir Jaulnay, 404, 411.— Com. arch. IV,XXXVI.<br />

2<br />

Afforty, I, 122,131 ; XVI, 631 ; XVIII, 72; XXI, 551.<br />

3<br />

Afforty, XVIII, 650 : « Maison <strong>de</strong>vant Notre-Dame aboutant par <strong>de</strong>r-<br />

« rière à l'hôtel <strong>de</strong> l'Homme-Sauvage et par <strong>de</strong>vant à <strong>la</strong> chambre du roy. »<br />

4<br />

Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522. — Afforty, XXIV, 670: Déc<strong>la</strong>ration fournie au Roy<br />

par le chapitre <strong>de</strong> S. Frambourg en 1553, etc.


« chateau du roy et aux prisons par <strong>de</strong>rrière » (1345, 1486,<br />

1564) 1<br />

.<br />

L'hôtel <strong>de</strong>s trois pots, que M. <strong>de</strong> Maricourt a spirituellement<br />

restitué et mis en scène dans son « coin <strong>de</strong> <strong>la</strong> vieille<br />

Picardie, » 2<br />

était une <strong>de</strong>s auberges en renom <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et les<br />

comptes <strong>de</strong>s dépenses ramènent souvent <strong>de</strong>s indications qui<br />

honorent « maistres Jacques du Ruissel le jeune et Jehan du<br />

« Ruissel, son frère » (1522), Rieul du Ruissel (1564), maitre<br />

Martin Michel (1589), et leurs successeurs : 1623, 20 septembre,<br />

« le connétable d'Esdiguières, retournant <strong>de</strong>s fron­<br />

« tières <strong>de</strong> Picardie en <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Paris, sortant <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville<br />

« <strong>de</strong> Compiègne... loge au pot d'estain et Madame sa femme,<br />

« ausquels a esté présenté du vin et <strong>de</strong>s confitures, etc. » —<br />

1626, 25 novembre. « Le marquis <strong>de</strong> Rosny (Sully) 3<br />

y<br />

« trouve un logement tout voisin <strong>de</strong> l'hôtel seigneurial <strong>de</strong><br />

« saint Père Avy » où <strong>de</strong>meure le joyeux Henri IV.—1631,19<br />

« février. Aux trois pots le comte <strong>de</strong> saint Paoul (Pol).» —<br />

1633, le 30 juin. « Madame <strong>la</strong> comtesse Daluin (d'Halluin)<br />

« logée au pot d'estain. » — 1633, le 25 juillet. «Le maréchal<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> Force. — Le 28. « M. <strong>de</strong> Bugnon advocat général. »<br />

— 1641, 14 août. « La maréchale <strong>de</strong> Schomberg. » — 1658.<br />

« Monsieur le maréchal <strong>de</strong> Sculemberg (Schomberg), gouver-<br />

« neur d'Arras. » Il se rendait peut-être à Nanteuil où Gaspard<br />

<strong>de</strong> Schomberg, maréchal <strong>de</strong> France, avait été enterré (1599).<br />

— 1683,30 juillet. « Huit bouteilles à M. <strong>de</strong> Sommery, grand<br />

« maître <strong>de</strong>s eaux et forêts logé aux trois pots d'estain. » —<br />

1684, 21 avril. « Le commandant <strong>de</strong> <strong>la</strong> cornette <strong>de</strong>s gen-<br />

« darmes 4<br />

. »<br />

1<br />

Afforty, XVIII, 329; XXII 481 : Extrait d'un compte <strong>de</strong> l'office <strong>de</strong> Prévot<br />

(1486) <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, 477-482; XXV, 5.<br />

2<br />

H. Casterman, 1861.<br />

3<br />

Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 120. — Afforty, VI, 2954 , 2989, 2990, 3074,<br />

3083, 3125 : Comptes <strong>de</strong> vins <strong>de</strong> présents; VIII, 4356; XII, 7671 ; XXV, 5.<br />

— Monuments <strong>de</strong> l'Histoire <strong>de</strong> France, par M. Hennin, t. X, p. 151.<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, BB, II, f° 77.


L'hôtel <strong>de</strong>s Trois-Pots a conservé, pour attirer les yeux, sa<br />

puissante faça<strong>de</strong> en ligne brisée avec <strong>de</strong>s chaînes <strong>de</strong> pierre<br />

et <strong>de</strong>s bossages qui rehaussent <strong>la</strong> brique (XVI e<br />

siècle); sa vieille<br />

enseigne sculptée en pierre ; son entrée avec auge, bornes,<br />

puits; ses caves profon<strong>de</strong>s dont certaines <strong>partie</strong>s ont <strong>de</strong>s chapitaux<br />

et <strong>de</strong>s moulures du XIII e<br />

et du XIV e<br />

siècles; un cellier au<br />

fond du jardin (XVII e<br />

siècle), dont <strong>la</strong> voûte porte trois cartouches,<br />

<strong>de</strong>ux aux armes <strong>de</strong>s bouteilliers <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, l'autre<br />

représentant une grena<strong>de</strong> avec les lettres composées BT,<br />

MLC (Bouteville-Thoré, Montmorency-Lusse-Chantilly) et <strong>la</strong><br />

date : « le 26 mars 1636. »<br />

Après l'hôtel <strong>de</strong>s Trois-Pots, c'étaient 1<br />

autant que j'ai pu<br />

le préciser, <strong>la</strong> rue, aujourd'hui impasse, <strong>de</strong>s prisons, qui<br />

conduisait jusqu'à <strong>la</strong> rue Saint-Péravy ; — l'hôtel du Chat<br />

(1417, 1522) ou <strong>de</strong>s Trois morts, dont « <strong>la</strong> grant sale » réunissait,<br />

le 10 mars 1417, l'Assemblée <strong>de</strong> ville « en <strong>la</strong> présence<br />

« et du comman<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> noble homme Pierre <strong>de</strong> Maucroix,<br />

« dit Broul<strong>la</strong>rt, bailli et capitaine <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, etc.; » —<br />

l'hôtel Sainte-Catherine, où <strong>de</strong>meurait, en 1741, succédant à<br />

Jacques Méthelet, messire Jean-François Martine, procureur ;<br />

— <strong>la</strong> rue Sainte-Catherine; — « les maisons du lion d'or et<br />

du chastellet <strong>de</strong>vant l'hostel Dieu » où logeait, le 2 décembre<br />

1633, M. <strong>de</strong> Boucqueval et <strong>de</strong>meuraient en 1725, Michel Billon<br />

et Margry, maîtres maçons et sculpteurs;—du Croissant (1455,<br />

1508) « tenant à <strong>la</strong> rue du Pélican (1486) et adossée à <strong>la</strong><br />

maison <strong>de</strong> <strong>la</strong> treille » d'où aussi le nom <strong>de</strong> rue du Croissant (1439) ;<br />

— <strong>la</strong> cloche au « coin d'une ruelle qui mène <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite rue du<br />

1<br />

Afforty, III, 1165; VI, 2990, 3012. : « Fief Bouqueval, faisant <strong>partie</strong> <strong>de</strong><br />

« <strong>la</strong> seigneurie d'Oissery, appartenant à madame <strong>la</strong> comtesse <strong>de</strong> Pontchartrain.<br />

1754. » : Terrier <strong>de</strong> S. Jean; XI, 7347; XXI, 153: Extrait d'un<br />

compte <strong>de</strong> l'office du cellerier <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>.., en 1439... où topographie;<br />

XXII,482.


« Châtel à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Treille (1450, 1527, 1553) ; — « <strong>la</strong> rue<br />

qui mène au grenier aux pois ou rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Treille ; — « les<br />

« escuelles d'argent (1427, 1439, 1522) : « Guérard Darboy a<br />

« vendu à Jean Cauvin (est-ce un ancêtre <strong>de</strong> l'hérésiarque<br />

« Jean Chauvin ou Calvin ?) l'hostel <strong>de</strong>s trois escuelles d'ar­<br />

« gent <strong>de</strong>vant l'hotel Saint-Jacques, tenant d'un côté à <strong>la</strong><br />

« rue <strong>de</strong> Gal<strong>la</strong>n<strong>de</strong> en al<strong>la</strong>nt à sainte Bateul (Bathil<strong>de</strong>), à <strong>la</strong><br />

« rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Juiverie (1408) 1<br />

» (Chancellerie).<br />

A gauche vous saluez par l'imagination l'hôtel du Grand<br />

Dauphin (1401, 1455, 1508, 1522) qu'habitait en 1522<br />

« Loys Boyn «au lieu <strong>de</strong> maistre Hugues Boilleau, <strong>de</strong>vant<br />

« lostel du Petit Pot d'Estain.... aboutant par <strong>de</strong>rrière au<br />

« jardin <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle Saint-Lorens (1359, 1455) et à l'ostel<br />

« du Perier ; à coté du Grand Dauphin était le Petit Dau-<br />

« phin; puis c'étaient le carrefour <strong>de</strong>s Quatre Vents (1725) ;<br />

l'ancien Hôtel-Dieu que l'on distingue aisément à quelques<br />

beaux, détails <strong>de</strong> sculpture qui ornent encore sa porte; les<br />

hostels <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cigogne, « tenant à l'Hôtel-Dieu » (1508) et<br />

« <strong>de</strong> l'Image Saint-Jacques, faisant le coing <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tonnel-<br />

« lerie » (1446, 1508), tenant au tripot du Courtillet, auquel<br />

pend pour enseigne <strong>la</strong> Mule 2<br />

(1782).<br />

Hugues Boileau, dont je viens <strong>de</strong> citer le nom, lieutenant<br />

général du bailliage provincial <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, fut anobli par<br />

1<br />

Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 75. — Afforty, VII 3842. XXIV, 670: « Sentence<br />

« au proffit du chapitre saint Rieul contre frère Raoul <strong>de</strong> Bréville,<br />

« maître <strong>de</strong> l'hôtel Dieu <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> et les frères et sœurs <strong>de</strong> l'hotel Dieu au<br />

« sujet <strong>de</strong> 5 solz parisis <strong>de</strong> cens sur une maison scise rue du Chatel entre<br />

« <strong>la</strong> Cloche et le Pélican vendu par Jean le Charon, lieutenant général le<br />

« vendredi 4 mars 1450. »<br />

2<br />

Compte <strong>de</strong> 1508, p. 34. — Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 73. — Afforty, VI,<br />

3342; XVIII, 647, en 1359 : Fondation <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle Sainte-Anne; XXI,<br />

550 en 1455 ; XXIV, 245 : Extrait d'un compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> recette du chapitre<br />

S. Rieul... où détails dignes d'intérêt. .


Louis XI à <strong>la</strong> clôture <strong>de</strong>s Etats <strong>de</strong> 1468, où il s'était fait<br />

remarquer par son intelligence et sa belle tenue. Un Boileau<br />

était prieur <strong>de</strong> Saint Paterne 1<br />

, à Pontpoint.<br />

Nous pourrions encore signaler dans cette rue <strong>la</strong> Tête Noire<br />

(1518); — le Cœur Enf<strong>la</strong>mmé (1682) ; — le Mouton d'Or ;<br />

— <strong>la</strong> maison numéro 6 « à trois ordres avec pi<strong>la</strong>stres ioniques<br />

« et corinthiens. »<br />

La déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522 p<strong>la</strong>ce dans <strong>la</strong> rue du Châtel, « à l'op-<br />

« posite <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison du Croissant, » le domicile <strong>de</strong> « Jean<br />

Souldoier, verrier (victrinarius) dont les comptes <strong>de</strong> <strong>la</strong> fabrique<br />

<strong>de</strong> Notre-Dame nous diront : « 1514, Jean Souldoier,<br />

« verrier, a fait traité avec messieurs (du chapître) <strong>de</strong> faire les<br />

« verrières <strong>de</strong> l'Eglise. Jean recevra <strong>de</strong>ux sols et quatre<br />

« <strong>de</strong>niers parisis par pied (carré) et mille livres <strong>de</strong> plomb au<br />

« prix <strong>de</strong> 35 livres tournois à <strong>la</strong> charge <strong>de</strong> fournir du<br />

« verre <strong>de</strong> bleu <strong>de</strong> Lorraine et <strong>de</strong> faire à chaque verrière<br />

« un encadrement... 2<br />

»<br />

XLVII. — CHAT HÉRET (Rue du).<br />

Cette rue part <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Ba<strong>la</strong>nces, Neuve <strong>de</strong>s Ba<strong>la</strong>nces,<br />

Saint-Rieul ou aujourd'hui <strong>de</strong> Villevert pour aboutir à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce<br />

La Varan<strong>de</strong>.<br />

« Rue qui mène du petit charriot à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce Mauconseil<br />

« (1499) ; — rue qui conduit <strong>de</strong>s Ba<strong>la</strong>nces à <strong>la</strong> porte Esguil-<br />

« 1ère; — rue qui maine <strong>de</strong>s Ba<strong>la</strong>nces à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce aux Cherons<br />

1<br />

Afforty, III ; IX, 5212.<br />

2<br />

Archives <strong>de</strong> <strong>la</strong> préfecture. — Afforty, VI, 3015; IX, 5153. — Afforty<br />

parle à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> 1559 d'un Philippe Souldoier, XII, 7498.


« (1565) (charrons) ; — rue conduisant du Chat Héret à l'église<br />

« Saint-Rieul 1<br />

, etc., etc. »<br />

Quelle est l'étymologie <strong>de</strong> ce nom, Chat Héret? « Nous supposons,<br />

» disaient les auteurs d'articles sur les rues <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />

qui ont paru dans le Journal <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> les 4, 11 et 18 janvier<br />

1868, « nous supposons ce nom déformé... » En cette rue,<br />

que le château <strong>de</strong> saint Louis et le prieuré <strong>de</strong> Saint-Maurice<br />

ren<strong>de</strong>nt particulièrement noble et fréquentée, <strong>de</strong>s chats<br />

errants!<br />

Je crois naïvement que les explications obvies sont en<br />

archéologie, comme en toutes choses, les explications les meilleures<br />

et que cette rue doit son appel<strong>la</strong>tion à l'un <strong>de</strong> ses hôtels,<br />

l'hôtel <strong>de</strong>s Chats Errets (1565) ou du Chat Erret (1580),<br />

lequel éta<strong>la</strong>it son enseigne piquante « vis-à-vis l'ancien grenier<br />

à sel 2<br />

» était adossé aux murs <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité et a été partagé<br />

<strong>de</strong>puis en cinq maisons.<br />

L'on y remarquait 3<br />

, outre cette enseigne, le prieuré <strong>de</strong> Saint-<br />

Maurice à l'abri du château ; un ancien orme, dont les<br />

branches ombrageaient le carrefour S. Maurice : défense <strong>de</strong><br />

l'abattre (1720), à peine <strong>de</strong> 500 livres d'amen<strong>de</strong> ; l'ostel <strong>de</strong> l'Ymage<br />

<strong>de</strong>vant Saint-Maurice ; les maisons du Canard Sauvage ;<br />

le Grenier à Sel (1408) « estant en l'hostel du Grand Chariot<br />

« (1591) en <strong>la</strong> rue qui maine du marché aux samedis (p<strong>la</strong>ce<br />

« <strong>de</strong> Creil) au puits <strong>de</strong> Feigne (1453); Sainte-Barbe, où<br />

« logeait M. <strong>de</strong> Cornoüaille (1652); Saint-Christophe 4<br />

, qui,<br />

après avoir été successivement <strong>la</strong> propriété du chapître (avant<br />

1<br />

2<br />

Afforty, III, 1376, 5863; X, 5269; XXV 24à 26.<br />

Afforty, VI, 3331; X, 3339, 7801.<br />

3<br />

Compte <strong>de</strong> 1508, p. 27. — Afforty, V, 2356, 2359, 2361 et suivantes,<br />

2382 ; VI, 2932, X, 5262, 5275.<br />

4<br />

Voir Chap. S. Rieul où épitaphes. — Arch. départ., G.,645. — Afforty,<br />

VI, 3347; X, 5260; XXI, 400, en 1447, où « rue <strong>de</strong>s Ba<strong>la</strong>nces ou du Chat<br />

Héret; » XXV, 330


le 6 juin 1565), du prieuré <strong>de</strong> Saint-Christophe (avant 1577)<br />

<strong>de</strong> Poullet, seigneur du Port, prévost général <strong>de</strong>s maréchaussées,<br />

etc., fut donné par Jean Deslyons, le 29 avril<br />

1692, « à <strong>la</strong> communauté <strong>de</strong>s filles <strong>de</strong> <strong>la</strong> croix, fondée sur <strong>la</strong><br />

« paroisse <strong>de</strong> Saint-Germain, qui y ont renoncé. Elle touchait<br />

« à <strong>la</strong> petite rue qui mène au rempart (Aiguillière), à Louis <strong>de</strong><br />

« <strong>la</strong> Fosse, chanoine, etc. » Cette maison s'appe<strong>la</strong>it Saint-<br />

Christophe parce qu'elle appartenait à l'abbaye <strong>de</strong> Saint-Christophe-en-Ha<strong>la</strong>tte,<br />

avant qu'elle eût été vendue par le prieur,<br />

Louis le Clerc, le 3 juin 1577 1<br />

. Il nous serait trop long <strong>de</strong><br />

donner <strong>la</strong> biographie <strong>de</strong>s Parent, Zacharie Parent, prieur <strong>de</strong><br />

Saint-Christophe (1500), Antoine Parent, prieur <strong>de</strong> S. Christophe<br />

et <strong>de</strong> Saint-Maurice (1521), lequel fut lié d'amitié avec le<br />

célèbre cardinal, Jules <strong>de</strong> Médicis, etc. La maison du chanoine<br />

De<strong>la</strong>fosse, qui était voisine, fut tristement célèbre par l'assassinat<br />

du vieux chanoine et <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ux domestiques, Ma<strong>de</strong>leine<br />

Lemire et Ma<strong>de</strong>leine Viel (23 décembre 1779). A côté<br />

<strong>de</strong>s Ba<strong>la</strong>nces était le Petit Chaalis (1534) 2<br />

.<br />

L'étranger aime à traverser le silence <strong>de</strong> cette rue : les<br />

ruines du château, qui <strong>la</strong> bor<strong>de</strong>nt, répan<strong>de</strong>nt sur elle une<br />

ombre grave et religieuse <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle semblent se dresser les<br />

plus nobles figures <strong>de</strong> notre histoire.<br />

1<br />

Afforty, X, 4248, 5257 et suivants. — Voir là, sentences <strong>de</strong> Regnauld<br />

Bonviller, prévôt <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, <strong>de</strong> Christophe d'Al<strong>la</strong>igre, seigneur <strong>de</strong> Saint-<br />

Just, Oissery, et bailly <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>. — Voir sur <strong>la</strong> noble famille <strong>de</strong>s Parent,<br />

Zacharie, C<strong>la</strong>u<strong>de</strong>. son frère, Denis-Antoine-Louis (1454, 1463, 1490, 1502),<br />

Afforty, XXI, 531, 588, 734; XXIII, 80, 81, 97, 601, XXIV, 286, en 1539 :<br />

Bulle <strong>de</strong> Paul III, en faveur <strong>de</strong> Louis Parent, clerc, pour dispense <strong>de</strong> censures<br />

et d'irrégu<strong>la</strong>rité par lui encourues pour avoir porté les armes dans les<br />

guerres <strong>de</strong> François I er<br />

et Charles-Quint. — Voir le Cartu<strong>la</strong>ire du Prieuré<br />

<strong>de</strong> Saint-Christophe, par l'abbé A. Vattier, p. XXVII et suiv.<br />

2<br />

Afforty, XXIV, 154. — Voir là, 245, à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> 1537 : Extrait d'un<br />

compte <strong>de</strong> recettes du Chapitre <strong>de</strong> S. Rieul, etc.


XLVIII. — CHAUFFERETTE (Impasse <strong>de</strong> <strong>la</strong>).<br />

« Ruelle qui maine <strong>de</strong> lostel <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chaufferette à <strong>la</strong> porte <strong>de</strong><br />

« <strong>de</strong>rrière lostel <strong>de</strong>s Deux Angles (1508) 1<br />

(anges). » Voir<br />

Apport-au-Pain. — Derrière les magasins <strong>de</strong> MM. Lefèvre-<br />

Lemaire, marchand <strong>de</strong> fer, Colombier, etc.<br />

XLIX. — CHEVAUX (Rue aux).<br />

La rue aux Chevaux 2<br />

est un tronçon d'une gran<strong>de</strong> et très<br />

antique voie qui tournait autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville ou au moins d'une<br />

gran<strong>de</strong> <strong>partie</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville pour mettre en communication le chemin<br />

<strong>de</strong> Meaux, <strong>la</strong> chaussée Brunehaut qui conduit <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> à<br />

Ba<strong>la</strong>gny, <strong>la</strong> chaussée <strong>de</strong> Pontpoint et <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Creil.<br />

Cette voie extérieure commence, avec son ancien nom <strong>de</strong><br />

rue aux Chevaux, à <strong>la</strong> Porte <strong>de</strong> Paris : « Maison en <strong>la</strong> rue<br />

« qui maine <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite porte au Molin du Roy, tenant d'une<br />

« part au long <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue aux Chevaux, » forme <strong>la</strong> rue où<br />

était l'auberge du Sauvage, suit un instant <strong>la</strong> rue <strong>de</strong>s Jardiniers<br />

ou Bretonnerie, fait un angle vers <strong>la</strong> ville, longe sous le<br />

nom <strong>de</strong> chemin <strong>de</strong> <strong>la</strong> Muette le fossé <strong>de</strong> décharge qui c<strong>la</strong>pote<br />

au pied <strong>de</strong> l'éperon rompu <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Meaux, passe <strong>la</strong><br />

Nonette entre le moulin <strong>de</strong> Saint-Etienne et le presbytère<br />

<strong>de</strong> cette église, longe en fléchissant vers <strong>la</strong> droite<br />

1<br />

Comptes <strong>de</strong> 1508, p. 23.<br />

2<br />

Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 101. — Afforty, XXIV, 310, à l'année 1541;<br />

XXV, 669 en 1592.


Statue <strong>de</strong> Saint Louis, à <strong>la</strong> Cathédrale (Page 163).


les murs du parc <strong>de</strong> M me<br />

<strong>de</strong> Parseval 1<br />

où elle s'appelle<br />

encore rue aux Chevaux, gagne ainsi, en croisant le chemin<br />

<strong>de</strong> Mont-l'Evêque , <strong>la</strong> chaussée Brunehaut, atteint le<br />

lieu dit <strong>la</strong> Croix Sauttemont ou plutôt Sottemont, <strong>de</strong> Stultomonte,<br />

court parallèlement à <strong>la</strong> ligne <strong>de</strong> nos anciens remparts<br />

Saint-Pierre et Saint-Sanctin, paraît s'éloigner <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville en<br />

face <strong>la</strong> rue Saint-Pierre, traverse <strong>la</strong> chaussée <strong>de</strong> Pontpoint,<br />

<strong>de</strong>ssine un angle pour trouver au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> « l'hostel du Roy<br />

« hors <strong>Senlis</strong> » le pont <strong>de</strong> pierre, le gué <strong>de</strong> pont, où elle se<br />

confond à <strong>de</strong>mi avec <strong>la</strong> rue aux Ang<strong>la</strong>is, reprend <strong>de</strong> nouveau<br />

son appel<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> rue aux Chevaux et aboutit à <strong>la</strong> porte<br />

<strong>de</strong> Creil...<br />

Rue aux Chevaux est synonyme <strong>de</strong> rue <strong>de</strong>s Voituriers ou<br />

<strong>de</strong>s Rouliers. Un arrêt <strong>de</strong> 1321, que l'on trouvera plus bas, dit<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> mézière Brunehaut qu'elle est voisine « du chemin <strong>de</strong>s<br />

« voitures, prope cheminum cadrigarum. 2<br />

»<br />

L'on comprend aisément <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> ces voies <strong>de</strong> ceinture<br />

à <strong>de</strong>s époques où les cités et leurs forsbourgs étaient souvent<br />

fermés, soit pour gar<strong>de</strong>r les habitants contre <strong>de</strong>s épidémies<br />

aussi redoutables que fréquentes, soit surtout pour parer aux<br />

surprises <strong>de</strong> guerre. « L'on commença,» (1598) 3<br />

dit joyeusement<br />

Vaultier, qui s'était assez battu pour avoir le droit<br />

<strong>de</strong> célébrer les charmes <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix, « l'on commença aussi à<br />

« faire ouverture <strong>de</strong>s portes <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Bellon, <strong>de</strong> Creil et<br />

« autres qui avaient, durant le siéges et troubles, été murées,<br />

« terrassées et condamnées, il y avait neuf ou dix ans... Et<br />

« lors les espadassins, penauds comme fon<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> cloches, à<br />

« grand regret, reprenaient leurs métiers, saint Crépin,<br />

« ciseaux, serpes et cognées... »<br />

1<br />

Concession en 1765 à l'abbé <strong>de</strong> Malézieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> « ruelle aux chevaux,<br />

« conduisant du pavé <strong>de</strong> Montlévêque à l'église Saint-Etienne. » — Arch.<br />

<strong>Senlis</strong>.<br />

2<br />

3<br />

Voir Dîmage, <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, en 1541. Afforty, XXIV, 310 à 324.<br />

P. 390.<br />

IV 11


L. — CIMETIÈRE (Le).<br />

Les principaux cimetières du <strong>Senlis</strong> d'autrefois étaient :<br />

1. Le cimetière d'En-Bas ou <strong>de</strong>s pestiférés, qui dépendait<br />

<strong>de</strong> l'église Saint-Aignan, d'en bas parce qu'il était situé au bas<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> montagne Saint-Aignan. « Ruel<strong>la</strong> prope cimiterium<br />

« Ecclesiae S. Aniani [1274] 1<br />

. » Les réformés obtinrent sous<br />

Henri III (1577) du lieutenant général <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, <strong>de</strong> l'employer<br />

à leurs usages.<br />

2. Le cimetière <strong>de</strong>s Ladres qui occupait l'emp<strong>la</strong>cement du<br />

carrefour Saint-Rieul. L'on rencontre en 1531, 1576, 1601 <strong>de</strong>s<br />

indications <strong>de</strong> ce genre : « Maison du Cygne <strong>de</strong>vant le cime-<br />

« tière <strong>de</strong>s Ladres près <strong>de</strong> l'église Saint-Rieul 2<br />

. »<br />

3. Le cimetière Saint-Hi<strong>la</strong>ire où l'on saluait une « croix<br />

« <strong>de</strong> pierre » dit Vaultier « en <strong>la</strong>quelle est expressément<br />

« fait d'un côté <strong>la</strong> figure <strong>de</strong> l'image <strong>de</strong> Saint-Hi<strong>la</strong>ire. »<br />

4. Le cimetière Saint-Pierre.<br />

5. Le cimetière <strong>de</strong> <strong>la</strong> Charité, etc.<br />

Le cimetière unique qui a remp<strong>la</strong>cé tous ces champs <strong>de</strong>s<br />

morts,a été acheté vers 1780 3<br />

et agrandi en 1831. La principale<br />

entrée portait cette inscription <strong>de</strong> l'Ecclésiaste : « Hic arguun-<br />

« tur vanitatis praeterita. Ici le passé est convaincu <strong>de</strong><br />

« vanité » ; et <strong>la</strong> loge du surveil<strong>la</strong>nt : « Respectons <strong>la</strong> cendre<br />

« <strong>de</strong>s morts. » Une pierre apportée d'ailleurs, que le maçon<br />

a enchassée dans le mur, offre cette légen<strong>de</strong> en caractères<br />

gothiques 4<br />

du XVI e<br />

siècle :<br />

2<br />

3<br />

1<br />

Afforty, XVI, 154 ; XXV, 333.<br />

Afforty, III, 1156, 1167.<br />

Graves, 182 ; en 1783, Broisse.<br />

4<br />

Broisse s'est grossièrement trompé en attribuant cette pierre au XIII e<br />

siècle et lisant : « 1200 juin X e<br />

jour. »


— invitation naïve et pieuse qui rappelle le crieur <strong>de</strong> nuit<br />

lorsque vêtu d'une longue robe <strong>de</strong> camelot noir sur lequel<br />

se détachaient en b<strong>la</strong>nc <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins d'os <strong>de</strong> morts et les<br />

armes <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville, il jetait à travers les ténébres son<br />

« Reveillez-vous, gens qui dormez;<br />

« Priez Dieu pour les trépassez. »<br />

Oserais-je dire que <strong>la</strong> disparition <strong>de</strong> certains emblèmes<br />

désapprouvés par l'Eglise, une surveil<strong>la</strong>nce plus rigoureuse <strong>de</strong>s<br />

formules et <strong>de</strong> l'orthographe contribueraient sans gran<strong>de</strong><br />

dépense à l'amélioration vraie du cimetière ? La mesure du<br />

culte <strong>de</strong>s morts est celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> foi et <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitalité nationale !<br />

LI. — CIMETIÈRE SAINT-RIEUL (Rue du).<br />

Près du Carrefour <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pierre Mauconseil.<br />

L'on sait qu'il fut d'usage, du IX e<br />

siècle à <strong>la</strong> Révolution, d'enterrer<br />

dans l'intérieur ou autour <strong>de</strong>s églises, en sorte que le<br />

culte <strong>de</strong> Dieu et le souvenir <strong>de</strong>s morts se prêtaient un salutaire<br />

secours.<br />

« Au n° 3, » dit Graves, « maison en pierre à porte à plein-<br />

« cintre, garnie <strong>de</strong> filets, ayant <strong>de</strong>s meneaux croisés aux fenê-<br />

« tres, une corniche à rentrans et <strong>de</strong> petits jours <strong>la</strong>téraux à<br />

« filets. » Cette maison a fait p<strong>la</strong>ce à une construction plus<br />

mo<strong>de</strong>rne.<br />

Le 20 octobre 1846, <strong>la</strong> pioche <strong>de</strong>s terrassiers mit au jour<br />

chez M. Du<strong>la</strong>c, près du Cours (c'était l'emp<strong>la</strong>cement <strong>de</strong> l'ancien<br />

cimetière Saint-Rieul), quatre statues, dont <strong>de</strong>ux, saint<br />

Louis et saint Livain, exposées à <strong>la</strong> cathédrale, piquent à bon


droit <strong>la</strong> curiosité <strong>de</strong>s archéologues chrétiens. Celle <strong>de</strong> saint<br />

Louis, quoique discutable au point <strong>de</strong> vue du beau p<strong>la</strong>stique,<br />

me paraît spécialement intéressante, parce que <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>,<br />

où il fonda le prieuré <strong>de</strong> Saint-Maurice et enrichit l'Hôtel-Dieu,<br />

jouit plus fréquemment du privilége <strong>de</strong> le contempler et <strong>de</strong><br />

l'ouïr, et parce que cette représentation est presque contemporaine<br />

<strong>de</strong> ce grand prince qui mourut le 25 août 1270, comme<br />

Pierre <strong>de</strong> Con<strong>de</strong>t, chanoine au monastère <strong>de</strong> Sainte-Marie-<strong>de</strong><strong>la</strong><br />

Chaage (dioc. <strong>de</strong> Meaux) en 1250, archidiacre <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong><br />

Soissons et clerc du roi <strong>de</strong> France en 1294 et 1298, l'écrivait<br />

du camp <strong>de</strong> Carthage au trésorier <strong>de</strong> Saint-Frambourg l<br />

.<br />

Saint Louis est <strong>de</strong>bout, <strong>la</strong> tête couronnée, le visage sans<br />

barbe, couvert d'une aube dorée et d'un manteau bleu avec<br />

fleurs <strong>de</strong> lys d'or, les pieds nus, bref associant aux attributs<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> dignité royale l'appareil <strong>de</strong> l'humilité et portant <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

main gauche <strong>la</strong> couronne d'épines (<strong>la</strong> droite tenait un sceptre).<br />

L'on verra au chapître Saint-Rieul, <strong>la</strong> chapelle S. Sanctin<br />

dans le cimetière <strong>de</strong> Saint-Rieul, les danses superstitieuses qui<br />

troub<strong>la</strong>ient le recueillement <strong>de</strong> ce lieu, <strong>la</strong> découverte que l'on<br />

fit en cet endroit <strong>de</strong> sarcophages et <strong>de</strong> poteries très-anciennes.<br />

1<br />

Afforty, XIV ; 449.<br />

2<br />

Spicil.. t. III, p. 666.<br />

LII. — CITE.<br />

Avant les ouvrages extérieurs <strong>de</strong> défense qui séparaient <strong>la</strong><br />

ville <strong>de</strong>s faubourgs actuels, il existait ce qu'une charte <strong>de</strong><br />

er 2<br />

Philippe I appe<strong>la</strong>it en 1068 « munitiones civitatis », les<br />

protections <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité, l'enceinte intérieure, le castellum primitif<br />

agrandi.<br />

La cité ou bourg clos (1182) 3<br />

, présentait <strong>la</strong> forme d'une<br />

3<br />

Charte <strong>de</strong> Philippe I er<br />

, du 15 juin 1068; Gall. chr. t. X, Instrum,<br />

col, 205.


vaste ellipse dont les diamètres mesuraient 312 mètres (<strong>de</strong><br />

l'est à l'ouest) et 242 mètres, et le circuit, 840 mètres. « Ce<br />

« fort, » écrivait avec raison en 1620 un observateur attentif,<br />

l'official Nico<strong>la</strong>s Puleu 1<br />

, « nous avons reconnu qu'il est<br />

« entouré <strong>de</strong> murs qui sont merveilleux en épaisseur, hauteur<br />

« et matériaux, d'une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> tours qui sont distantes<br />

« les unes <strong>de</strong>s autres <strong>de</strong> vingt-quatre pas seulement. » Les<br />

murs ont en effet trois ou quatre mètres d'épaisseur et sept<br />

à huit <strong>de</strong> hauteur. Vingt-huit tours 2<br />

, carrées en <strong>de</strong>dans,<br />

ron<strong>de</strong>s à leur saillie extérieure, pleines jusqu'au niveau du mur,<br />

sont assez rapprochées pour se prêter mutuellement secours.<br />

Le système <strong>de</strong> maçonnerie, qui a reçu dans <strong>de</strong>s vieux<br />

titres (1237) le nom <strong>de</strong> sarrazine, « murus saracenorum »,<br />

consiste dans un enrochement <strong>de</strong> moellons noyé dans un abondant<br />

mortier <strong>de</strong> chaux, divisé tous les mètres et un quart par<br />

<strong>de</strong>s lits <strong>de</strong> tuiles <strong>de</strong> six centimètres d'épaisseur, revêtu d'un<br />

parement <strong>de</strong> petites pierres (pastoureaux) cubiques et reposant<br />

sur <strong>de</strong>s libages à sec.<br />

Ce mur sévère et vigoureux n'était percé très anciennement<br />

que <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux portes, dont l'une, regardant l'orient, s'appe<strong>la</strong>it<br />

porte Bel<strong>la</strong>ntum, Bi<strong>de</strong>ntum, <strong>de</strong> Mello, ou <strong>de</strong> Rheims (voir<br />

Bellon), et l'autre, porte <strong>de</strong> Paris ou aux Pains. Une poterne,<br />

auprès du beffroy, fut murée en 1257 : « Potel<strong>la</strong> [postel<strong>la</strong>,<br />

« portel<strong>la</strong>, portu<strong>la</strong>, petite porte, poterne] sita in muro castelli<br />

« prope Banclocam 3<br />

(fuit) obstructa. »<br />

Cet ensemble <strong>de</strong> fortifications rares doit prendre date entre<br />

le II e<br />

et le IV e<br />

siècle. Grâce à lui, <strong>Senlis</strong> était une p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong><br />

guerre <strong>de</strong> premier ordre : au IX e<br />

siècle, les reliques <strong>de</strong> saint<br />

Corneille et <strong>de</strong> saint Cyprien y trouvaient un asile contre les<br />

1<br />

Afforty, III, 1500.<br />

2<br />

D. Grenier, t. V, p. 77, a conservé une note sur <strong>la</strong> position d'une <strong>partie</strong><br />

<strong>de</strong> ces tours. Il reste encore seize tours, dont un regard sur le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong> suffira à déterminer <strong>la</strong> situation.<br />

3<br />

Dom Grenier, t. V. p. 77.


fureurs <strong>de</strong> l'invasion norman<strong>de</strong> 1<br />

; en 879, les restes sacrés <strong>de</strong><br />

sainte Opportune lui <strong>de</strong>mandèrent un abri semb<strong>la</strong>ble lorsqu'un<br />

<strong>de</strong>s capitaines <strong>de</strong> Boson pil<strong>la</strong> l'église <strong>de</strong> Moussy 2<br />

; en 946, <strong>la</strong><br />

bravoure fameuse <strong>de</strong> Bernard, fils <strong>de</strong> Pépin III, comte <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong><br />

et <strong>de</strong> Valois, seigneur <strong>de</strong> Coucy, etc., y arrêta, disent Flodoard 3<br />

et G<strong>la</strong>ber, l'empereur Othon, Louis d'Outremer, Conrad, roi <strong>de</strong><br />

Bourgogne et leurs cent mille soldats; en 949, malgré <strong>de</strong> nouveaux<br />

efforts, <strong>la</strong> cité <strong>de</strong>meure imprenable, au milieu <strong>de</strong> l'incendie<br />

<strong>de</strong>s faubourgs; sous Philippe-Auguste (1214), <strong>la</strong> ville, dotée<br />

peut-être déjà d'une nouvelle ligne <strong>de</strong> fortifications, échappeaux<br />

fureurs <strong>de</strong>s F<strong>la</strong>mands qui, ayant passé <strong>la</strong> Somme et l'Oise, surprennent<br />

Albéric, comte <strong>de</strong> Dammartin, pendant qu'il prend<br />

son repas, dévastent tout le pays p<strong>la</strong>t, assiégent Béthisy 4<br />

A l'époque où Vaultier écrivait ses mémoires, <strong>la</strong> cité<br />

s'ouvre par cinq portes : « La première sous l'arca<strong>de</strong> par<br />

« <strong>la</strong>quelle on passe (sort) <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> rue (du Châtel) ; même<br />

« le jour <strong>de</strong> Paques fleuries (<strong>de</strong>s Rameaux), <strong>la</strong> procession <strong>de</strong><br />

1<br />

Ut vi<strong>de</strong>runt munitissimam nec eam valentes expugnare, caesis quibusdam<br />

suorum. dimiserunt.<br />

2<br />

Une <strong>partie</strong> <strong>de</strong> ces reliques <strong>de</strong>meura à <strong>Senlis</strong> jusqu'à <strong>la</strong> tourmente révolutionnaire<br />

Vie <strong>de</strong> sainte Opportune, par l'abbé Durand, p. 98.<br />

3<br />

Dom Grenier, t. CLXV, p. 164. L'auteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chronique <strong>de</strong> l'abbaye<br />

<strong>de</strong> Saint-Maxent, dans le Poitou (Chronicon Malleacense), après avoir dit<br />

le système militaire <strong>de</strong>s Normands et <strong>la</strong> ruine <strong>de</strong> Nantes, d'Angers, <strong>de</strong> tout<br />

le Poitou, <strong>de</strong> Tours, d'Orléans, où l'église Sainte-Croix reste seule <strong>de</strong>bout<br />

au milieu <strong>de</strong>s incendies en 830, ajoute : « Que <strong>de</strong>vinrent Lutèce <strong>de</strong> Paris<br />

« étendant sa noble tête...., — Beauvais, — Noyon (Noviomacum) et les<br />

« plus nobles villes <strong>de</strong>s Gaules, qu'une proie à ces envahisseurs? » Silence<br />

sur <strong>Senlis</strong>.... Rerum Aquitanicarum collectio novae bibliothecae manuscriptorum<br />

librorum... operâ Labbe..., t. II, p. 196.<br />

4<br />

Devastans igitur a <strong>de</strong>xtris atque sinistris<br />

Omnia, trans Isaram pernicibus advo<strong>la</strong>t alis.<br />

Non cessat populos popu<strong>la</strong>ri, ducere praedas,<br />

Incinerare domos, in vincu<strong>la</strong> tru<strong>de</strong>re captos,<br />

Sylvanectensem donec pervenit ad urbem.<br />

Quanquam non potuit subito penetrare sub ictu<br />

Defensam muris et gentibus, omne quod extra<br />

Muros inventum est, perimit, capit, extrahit, urit,<br />

Ut pars non maneat il<strong>la</strong>eoi diœcesis ul<strong>la</strong>. PHILIPHÉÏDE, lib. II.


« <strong>la</strong> ville y fait stance. La <strong>de</strong>uxième est encore en son entier<br />

« près <strong>de</strong> l'église Monsieur Saint-Hi<strong>la</strong>ire (Bellon). La troi-<br />

« sième est encore en son entier, proche et tenant l'une <strong>de</strong>s<br />

« maisons dudit cloître Notre-Dame (vers Saint-Rieul). La<br />

« quatrième est en entrant à Saint-Maurice (rue du Chat-<br />

« Héret). La <strong>de</strong>rnière est contre <strong>la</strong>dite église <strong>de</strong> Sainte-Ban-<br />

« dour (Bathil<strong>de</strong>), à présent abbaye <strong>de</strong> Saint-Remy (fausse<br />

« porte) sur lesquels murs <strong>de</strong> <strong>la</strong>dite cité on souloit (avait<br />

« coutume, solebat) anciennement aller en procession. Dans<br />

« aucunes (quelques) <strong>de</strong>sdites tours il y a encore certaines<br />

« chapelles et autels, etc. » Le testament <strong>de</strong> Jeanne Lechat-<br />

Laisné parle <strong>de</strong> Notre-Dame du Chalet 1<br />

. Ce <strong>de</strong>vait être un<br />

spectacle grandiose et charmant à <strong>la</strong> fois que ces théories<br />

chrétiennes remplissant <strong>de</strong> leurs longues files les murs antiques<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> cité, <strong>de</strong>ssinant sur le fond du ciel leurs couleurs<br />

variées : les robes vertes <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> chœur, le manteau<br />

écar<strong>la</strong>te <strong>de</strong>s religieux <strong>de</strong> Saint-Maurice, <strong>la</strong> bure sombre <strong>de</strong>s<br />

cor<strong>de</strong>liers, jetant comme une réponse aux volées <strong>de</strong> quinze<br />

clochers les supplications <strong>de</strong>s églises : Te rogamus, audi nos.<br />

Louis XI ordonna par lettres pressantes qu'on travaillât, par<br />

corvée, à <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s murs <strong>de</strong> <strong>la</strong> cité : les progrès <strong>de</strong><br />

l'art <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre exigeaient un système nouveau <strong>de</strong> fortifications!<br />

Néanmoins, telle est <strong>la</strong> force <strong>de</strong> ces travaux <strong>de</strong> nos<br />

ancêtres, que leurs ruines continuent <strong>de</strong> <strong>de</strong>meurer comme <strong>de</strong>s<br />

témoins impassibles au milieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilité <strong>de</strong> nos projets et<br />

<strong>de</strong> l'étour<strong>de</strong>rie <strong>de</strong> nos conceptions 2<br />

.<br />

1<br />

LIII. — * CLAYE (Ruelle <strong>de</strong> <strong>la</strong>).<br />

Cette ruelle était « scise, en al<strong>la</strong>nt à <strong>la</strong> poterne, « tenant<br />

Afforty, XVIII, 109, 563, où « porta tonnel<strong>la</strong>riae, » en 1356.<br />

2<br />

Si l'on veut étudier davantage <strong>la</strong> cité, le mur gallo-romain, <strong>la</strong> situation<br />

<strong>de</strong>s tours, les portes primitives, etc., voir Graves, p. 151 à 157, et Com.<br />

arch. I, XVIII, V, XLIII, XI, 249, XII, 11.


« <strong>de</strong> toute <strong>la</strong> longueur au jardin <strong>de</strong>s pères Cor<strong>de</strong>liers, vul-<br />

« gairement appelé <strong>la</strong> C<strong>la</strong>ye » Ce passage étroit, « rempli<br />

« souvent d'ordures et immondices dangereuses à <strong>la</strong> santé<br />

« publique (1540, 1548, 1626), » insupportable aux Cor<strong>de</strong>liers,<br />

dont il avoisinait le grand autel et <strong>la</strong> sacristie (1626),<br />

fut enfin fermée d'un mur avec porte et concierge, vis-à-vis<br />

l'hôtel du prieur <strong>de</strong> Bray.<br />

« Jardin <strong>de</strong> <strong>la</strong> C<strong>la</strong>ye auquel y a <strong>de</strong> présent <strong>de</strong>ux tanneries<br />

« (1508). »<br />

Les spécialistes qui s'occupent <strong>de</strong> <strong>la</strong> police <strong>de</strong>s rues liront<br />

avec p<strong>la</strong>isir cette vieille ordonnance : « Défense d'icelles<br />

« (immondices) <strong>la</strong>isser es rues et porter es autres ruelles ca-<br />

« chées comme F<strong>la</strong>geart, Sainte-Baulteur, <strong>la</strong> C<strong>la</strong>ye, etc., a<br />

« peine <strong>de</strong> 5 sols parisis par hottée et <strong>de</strong> 10 sols parisis<br />

« par chariot. » (22 oct. 1542) 1<br />

.<br />

LIV. — * CLOITRE (Le).<br />

Il n'est point <strong>de</strong> mon sujet <strong>de</strong> rapporter ici les règles <strong>de</strong> vie<br />

monastique que Chro<strong>de</strong>gand (vers 760), Charlemagne, Louisle-Pieux,<br />

Ama<strong>la</strong>ire, diacre <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> Metz, tracèrent autrefois<br />

aux chanoines : clôture, indivision <strong>de</strong> <strong>la</strong> mense épiscopale<br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> mense capitu<strong>la</strong>ire, offices divers <strong>de</strong> doyen, d'archidiacre,<br />

<strong>de</strong> trésorier (chefvecier), d'écolâtre, etc.<br />

Il est certain que les chanoines <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong><br />

« vivaient dans un refectoire commun, au moins durant tout<br />

« le carême,» sous les évêques Amauri et Henri (1154 à<br />

1185), en 1197 et en 1205 Ce règlement paraît encore en<br />

1<br />

Compte <strong>de</strong> 1508 et Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 511. — Afforty, v, 2619,<br />

2810; VIII, 4030; XII, 7351, 7414, 7459, 7556, 7651, 7702.


vigueur en 1245 et <strong>la</strong> division <strong>de</strong>s prében<strong>de</strong>s semble dater<br />

<strong>de</strong> 1265 seulement 1<br />

.<br />

L'Eglise avait pareillement déterminé l'habitation <strong>de</strong>s<br />

chanoines : leur domicile réservé était le cloître. C'était une<br />

ville monastique dans une ville <strong>de</strong> guerre et <strong>de</strong> commerce :<br />

qu'on lise plutôt le privilége du cloître accordé par Saint-<br />

Louis malgré le maire Dreux et les échevins (1257) 2<br />

; une<br />

sorte <strong>de</strong> couvent qui <strong>de</strong>vait ignorer le bruit et les querelles du<br />

marché : « <strong>la</strong> charte <strong>de</strong> l'encloître 3<br />

» donnée par Guérin<br />

interdisait tout trafic dans son enceinte. Il était fermé au soir<br />

par les portes Bellon, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tonnellerie « juxta Tonne<strong>la</strong>riam »<br />

(1276, 1359), (?) Cordouen (1446) et... près du clocher<br />

(1446) : « conclusum est quod portae <strong>de</strong> c<strong>la</strong>usura c<strong>la</strong>ustri<br />

« reficientur et <strong>de</strong> cœtero singulis noctibus c<strong>la</strong>u<strong>de</strong>ntur<br />

1<br />

Afforty, III, 1586. Avant 1164, « Confirmation par Amaury, évêque <strong>de</strong><br />

« <strong>Senlis</strong>, <strong>de</strong>s revenus du réfectoire <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bienheureuse Marie <strong>de</strong><br />

« <strong>Senlis</strong>; » XIV, 312 et 921. — Voir <strong>la</strong> donation <strong>de</strong> Guy le Bouteillier en<br />

Jaulnay, 453 et 462.<br />

2<br />

Afforty, I, où partage <strong>de</strong> juridiction entre <strong>la</strong> commune et Notre-Dame<br />

(1204) dans le bourg clos; I, 45, où franchise du cloître, sa police, conciliation<br />

<strong>de</strong>s droits du chapitre avec ceux <strong>de</strong> <strong>la</strong> commune, topographie<br />

curieuse...; III, 5777; XIII, 403 en 1068; XVII, 369, où achat par le roi(28<br />

avril 1522) <strong>de</strong> <strong>la</strong> haute justice du cloître. — En 1480, <strong>la</strong> ville fait ca<strong>de</strong>au à<br />

Monseigneur le bâtard <strong>de</strong> Lorraine d'un muids <strong>de</strong> vin pour obtenir <strong>de</strong> lui<br />

qu'il « lève l'ordre que les gens d'église avaient obtenu <strong>de</strong> faire évacuer le<br />

« cloître Notre-Dame où les gens <strong>de</strong> guerre étaient logés. » Arch. <strong>Senlis</strong>,<br />

CC 78, f° 169.<br />

3<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>. Cartul. enchaîné, où Charto <strong>de</strong> l'encloître. — Afforty,<br />

VI, 3336, 3337; XVI, 217; XVII, 28, où Extraits <strong>de</strong>s registres capitu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong><br />

1300 à 1396, 349. « En l'an <strong>de</strong> grâce 1311 « ou tems sire Oudart le Drap-<br />

« pier, à ce temps maire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, fit une amen<strong>de</strong> Jehannet Boileau<br />

« <strong>de</strong> ce qu'il cria vin ou cloître sans congié du maire et <strong>de</strong> ses compai-<br />

« gnons;» XX, 337; XXI, 37, en 1446, où Portes du cloître; XXII, 72,<br />

Extraits <strong>de</strong>s registres capitu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong> Notre-Dame, en 1471; XXIII, 119;<br />

XXV, 200, 201. — Ordonnance (à Reims) pour reboucher toutes les portes<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>rrière les maisons du cloitre <strong>de</strong> Reims (1407). — P. Cocquault, Table<br />

chronologique extraite <strong>de</strong> l'Histoire... <strong>de</strong> Reims, MDCL.


« (1471). » Le chapitre y possédait sa justice réservée avec<br />

<strong>de</strong>s prisons sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce Saint-Frambourg (1068). Les <strong>la</strong>ïcs<br />

n'avaient point le droit d'y faire un séjour habituel (1316) : le<br />

13 octobre 1504, le chapitre « refuse à Pierre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fon-<br />

« taine, seigneur d'Ognon, <strong>de</strong> <strong>de</strong>meurer dans une maison<br />

« canoniale. »<br />

La déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522 renferme 1<br />

tout un chapitre intitulé :<br />

« Ou cloistre <strong>de</strong> <strong>la</strong> dicte église <strong>de</strong> ceans » et fournissant <strong>de</strong>s<br />

indications <strong>de</strong> ce genre : « Messire Jehan Daunoy, chappel-<br />

« <strong>la</strong>in <strong>de</strong>s obiits <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> ceans, pour <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> <strong>la</strong>dicte<br />

« chapelle qui fut M e<br />

Jehan Bouterone (curé <strong>de</strong> Trumilly),<br />

« séant près lune <strong>de</strong>s portes dudit cloistre par ou len va au<br />

« carreffour Sainct Hi<strong>la</strong>ire, appelé <strong>la</strong> porte Melon... Maistre<br />

« Pierre Gobert doyan <strong>de</strong> ceans.... Maistre Jehan eu<strong>de</strong>....<br />

« pour sa maison ou il est <strong>de</strong>mourant assis en <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce Sainct<br />

« Framboust tenant d'une part aux prisons et greniers <strong>de</strong><br />

« chappitre <strong>de</strong> ceans : d'autre a <strong>la</strong> maison du chappel<strong>la</strong>in<br />

« Sainct estienne fondé en leglise <strong>de</strong> ceans... Item pour <strong>la</strong><br />

« procession faicte par le collégie (chapître) <strong>de</strong> leglise <strong>de</strong> ceans<br />

« en <strong>la</strong>dite eglise Saint Framboust chacun an le jour <strong>de</strong>s corps<br />

« sainctz dicelle eglise, dix sols parisis... Le chapel<strong>la</strong>in <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« chapelle sainct Pierre et sainct pol fondée en leglise <strong>de</strong><br />

« ceans pour lobit boudouyn le chantre... Maistre Jehan<br />

« Al<strong>la</strong>rd aussi chanoine <strong>de</strong> ceans pour ung autre jardin nommé<br />

« <strong>la</strong> follie » (altération <strong>de</strong> feuillie ou feuillée, jardin ombreux,<br />

courtillet) « séant en <strong>la</strong> Rue du puis Sainct Nico<strong>la</strong>s... Le prieur<br />

« <strong>de</strong> Sainct Nico<strong>la</strong>s dacy lez <strong>Senlis</strong>, pour sa maison court jardin<br />

« et lieu... seant audit cloistre joignant <strong>la</strong> porte qui maine par<br />

« <strong>la</strong> Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tonnellerie a <strong>la</strong> porte au pain... dautre par<br />

« <strong>de</strong>rriere à <strong>la</strong>dite rue du puis Sainct Nico<strong>la</strong>s. »<br />

« Les religieux abbé et couvent <strong>de</strong> Chaalitz pour leur<br />

« maison et jardin dudit cloistre ou <strong>de</strong>meure a present<br />

1<br />

P. 63 et suiv


« M e<br />

Philippe du Ruissel doyan <strong>de</strong> Sainct Rieule tenant dune<br />

« part a <strong>la</strong> maison canonial que tient M e<br />

André Aron<strong>de</strong>l,<br />

« chanoine <strong>de</strong> ceans : et d'autre a une autre maison canonial<br />

« que tient M e<br />

Pierre Desprez, aboutant par <strong>de</strong>vant à une<br />

« ruelle (du Petit-Chaalis) qui maine dudit cloistre à <strong>la</strong> porte<br />

« au pain... — Maistre Pierre Desprez chanoine <strong>de</strong> ceans pour<br />

« sa maison canonial ou il est <strong>de</strong>meurant qu'il a fait édifier<br />

« tout <strong>de</strong> neuf assis... à l'opposite du petit portail dans <strong>la</strong><br />

« chapelle sainte Marie Ma<strong>de</strong>leine.., tenant d'autre part...<br />

« aux enfans <strong>de</strong> cueurs. » Cette maison du chanoine Desprez est<br />

« une maison, » aujourd'hui à M. d'Aldin, « en briques et<br />

« pierre avec une haute porte, <strong>de</strong>s fenêtres qui sont ornées <strong>de</strong><br />

« filets et <strong>de</strong> cannelures sur bases polygones, <strong>de</strong> clochetons à<br />

« crochets et <strong>de</strong> frontons » (Graves) et un escalier à vis remarquable.<br />

Le petit portail dans <strong>la</strong> chapelle Sainte-Marie-<br />

Ma<strong>de</strong>leine (aujourd'hui Saint-Joseph) est <strong>la</strong> petite porte<br />

romane avec double archivolte et chapiteaux à palmettes...<br />

que Jean Dizieult a enfermée au XVI e<br />

siècle dans le p<strong>la</strong>n nouveau<br />

et agrandi <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale.<br />

« Maistre Michel Peau chanoine pour sa maison ou il est<br />

« <strong>de</strong>mourant appellée lhostel Saint-Laurens », c'est le presbytère<br />

actuel, « tenant d'une part à <strong>la</strong> maison Thibault<br />

« Varnau et d'autre à <strong>la</strong> porte du dit cloitre <strong>de</strong>ssoulz le grand<br />

« clocher <strong>de</strong> lEglise ».., entre l'angle du clocher et le coin du<br />

presbytère.<br />

« La maison <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> cueur » <strong>de</strong>vant <strong>la</strong>quelle nous<br />

avons passé tout à l'heure, était, il importe <strong>de</strong> le remarquer,<br />

comme une école capitu<strong>la</strong>ire. Elle avait son maistre, écolâtre,<br />

capiscol .. — Elle comptait avec <strong>de</strong>s difficultés <strong>de</strong> recrutement<br />

et <strong>de</strong>s nécessités <strong>de</strong> diplomatie qui entrent dans <strong>la</strong> prose <strong>de</strong><br />

toute maison d'éducation : « Pour avoir esté querir le petit<br />

« Vasquin à Creilg pour estre enfant <strong>de</strong> cueur, accom-<br />

« paigné du maistre <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> cueur... et autres, pour<br />

« avoir fait grand chére audit clerc et soupper toute <strong>la</strong> com-<br />

« pagnie avecque le Père en mon hostel et le len<strong>de</strong>main disner,


« XVI sols parisis. » Nul bien sans peine. — Elle avait ses<br />

fêtes et, avouons-le, ses espiègleries : quand arrivaient ces<br />

solennités <strong>de</strong> <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> l'année, qui ont longtemps conservé,<br />

malgré le travail <strong>de</strong>s siècles et les efforts <strong>de</strong> l'Eglise, un certain<br />

souvenir du paganisme, les enfants <strong>de</strong> chœur se livraient à<br />

mille joyeusetés où le grotesque chassait volontiers <strong>la</strong> décence.<br />

Alors « ils courent, » dit une ordonnance du chapitre, <strong>de</strong> 1507,<br />

1508, « les maisons <strong>de</strong>s chanoines et même hors du cloître<br />

« les maisons <strong>la</strong>ïques pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r du vin, ainsi qu'au<br />

« temps passé, ce qui est déraisonnable et inconvenant,<br />

« quod absurdum et inhonestum est. » A <strong>la</strong> Saint-Crépin<br />

ils sonnent les cloches avec fougue, nonobstant « les <strong>de</strong>ux pots<br />

« <strong>de</strong> vin dont leur maistre espère acheter leur tranquillité<br />

« (1512) 1<br />

. Par ordonnance <strong>de</strong> Messieurs,» dit le trésorier<br />

<strong>de</strong> Notre-Dame, « ay baillé au maistre <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> cueur<br />

« (1522) XVI sols parisis pour faire <strong>la</strong> faiste <strong>de</strong> Saint-<br />

« Crespin et Saint-Crespinian » — Le sospitati ou vigile<br />

<strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s, — sospitati est le premier mot d'une <strong>de</strong>s<br />

antiennes du saint, — amène un ga<strong>la</strong> : « XVIII sols parisis<br />

« au maistre <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> cueur pour faire le sospitati<br />

« (diner) <strong>la</strong> veille S. Nico<strong>la</strong>s (1522). — Pour le sospi-<br />

« tati <strong>de</strong> S. Nico<strong>la</strong>s où furent tous messieurs tant diner<br />

« que souper. » Arrivent les saints Innocents, avec leur pape,<br />

Saint-Etienne et Saint-Jean, les enfants perdus du bas clergé,<br />

comptant pour rien mille défenses — cet âge est sans pitié ! —<br />

prennent p<strong>la</strong>ce bruyamment dans les stalles hautes, empruntent<br />

au vestiaire les chappes et les ornements sacerdotaux les plus<br />

disparates et commettent mille moqueries et insolences qui<br />

troublent dans leurs prières les chanoines et les fidèles<br />

(1523) 2<br />

.<br />

' Dom Gronier. t. xvi, p. 201.<br />

• Afforty, ix, 5102; xxm, 314. Extrait <strong>de</strong>s registres capitu<strong>la</strong>ires <strong>de</strong><br />

Notre-Dame eu 1511 : « Cum immutationo sodium in choro, habituum sive<br />

« capparum ac aliorum indumentorum et ornamentorum diversitate plures


Les représentations dramatiques ajoutaient à cette vie leurs<br />

émotions : on jouait le Mystère <strong>de</strong> l'Annonciation, <strong>la</strong> Passion,<br />

Joseph vendu par ses frères, <strong>la</strong> <strong>la</strong>pidation <strong>de</strong> saint Etienne, <strong>la</strong><br />

vie <strong>de</strong> saint Roch : « Messieurs du chapître, à <strong>la</strong> requête<br />

« <strong>de</strong> Jean Hénault, maître <strong>de</strong>s écoles lui permettent (1511)<br />

« <strong>de</strong> faire jouer sur les tréteaux <strong>de</strong>s moralités; lu<strong>de</strong>ndi super<br />

« scamellos moralitates. » Messieurs (1527) autorisent « Jean<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> Motte, Pierre <strong>de</strong> Bray et leurs compagnons à jouer<br />

« <strong>la</strong> vie <strong>de</strong> saint Roch, à <strong>la</strong> condition qu'ils éviteront toute in-<br />

« solence. »<br />

LV. — * CLOSEAUX (Les).<br />

« Maison dite <strong>de</strong>s Closeaux, en 1600-1657, près Saint-<br />

« Lazare, » petit clos, habitation <strong>de</strong> campagnard 1<br />

.<br />

LVI. — CLOS L'ÉVÊQUE (Le).<br />

« ... Maison située dans <strong>la</strong> rue qui est dite le Clos l'Evêque,<br />

« in vico qui dicitur c<strong>la</strong>usus Episcopi (1308, 1321) ». —<br />

« ... Oultre <strong>la</strong> porte Saint-Rieul, emprès <strong>la</strong> rue du Clos<br />

« l'Evêque (1362) 2<br />

. »<br />

LVII. — * COCHONNERIE (Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong>).<br />

« Maison rue Cochonnerie, près <strong>la</strong>dite rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce aux<br />

» irrisiones et insolentias clerum et populum ab oratione divertentes com-<br />

« mittendo, etc. » 316, 350. 786. — Dom Grenier, t. XVI, 201, 204. —<br />

« Fut représenté, » dit P. Cocquault, « <strong>la</strong> Passion par l'espace <strong>de</strong> huit<br />

« jours à Reims qui était chose extraordinaire (1490): l'on y venoit <strong>de</strong><br />

« trente lieues loing... Elle fut aussi représentée à Soissons (1530). »<br />

— Dans certaines paroisses patriarchales du Noyonnais et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Picardie,<br />

l'on trouve encore un reste <strong>de</strong> l'usage du sospitati. Aux premières vêpres<br />

<strong>de</strong> Noël, le clerc ou assistant, qui, après avoir reçu l'imposition <strong>de</strong> l'antienne<br />

« <strong>de</strong> fructu, » répète ces mots, s'engage par là même à traiter ses confrères<br />

du lutrin.<br />

1<br />

Afforty, VI, 3340; VII, 3937.<br />

2<br />

Afforty, VII, 3573; XVIII, 730.


« Cherons... tenant par <strong>de</strong>rrière à... Muldrac, curé <strong>de</strong> Ra-<br />

« ray. » Ce Muldrac est-il Jacques Muldrac lequel habitait,<br />

lors <strong>de</strong> son testament du 10 août 1542, « <strong>de</strong>vant le Faisan,<br />

« près <strong>de</strong> S. Hi<strong>la</strong>ire ? » Quelle est sa parenté avec l'Antoine<br />

Muldrac, théologal, dont Mallet 1<br />

rapporte que, faisant l'oraison<br />

funèbre <strong>de</strong>s Guises, le 2 mars 1589, il « par<strong>la</strong> fort<br />

« légèrement, » selon son habitu<strong>de</strong>, contre l'honneur du roi? »<br />

— avec l'auteur du Valois Royal ?<br />

La Halle aux pourceaux était proche du Marché aux Samedis<br />

ou p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> Creil 2<br />

.<br />

1<br />

Mallet, p. 851. — Vautier, 152. — Le testament <strong>de</strong> Jacques Muldrac<br />

mentionne monseigneur <strong>de</strong> F<strong>la</strong>chert, grand oncle <strong>de</strong> Jacques<br />

Muldrac; Jean Muldrac, son père; Noël Muldrac, prêtre, <strong>de</strong>meurant à<br />

« Grandville; » Jacques, Pierre et Colette, ses neveux et nièce; « Cécile<br />

« Muldrac, fille à marier. » Afforty, XXIV, 351. — « Lettres <strong>de</strong> provision<br />

« données à Jean Muldrac, « courtier et auneur <strong>de</strong> drap. » (1528-1537).<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, HH, 13.<br />

2<br />

3<br />

4<br />

Afforty, XXIV, 269.<br />

Afforty,I, 123,135; III, 1570; VI, 3397; XVI, 832; XVIII, 252, 364.<br />

Afforty, VII, 3966.<br />

LVIII. — COGNÉE (Rue <strong>de</strong> <strong>la</strong>).<br />

« In vico qui dicitur vicus securis. 3<br />

» (1234, 1299, 1338).<br />

« Maison rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Quongnée (1342, 1347), contiguë à <strong>la</strong><br />

« rivière qui coule <strong>de</strong>vant les murs <strong>de</strong> l'Eglise Saint-Vin-<br />

« cent. Maison à l'angle <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cognée et <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue<br />

« Pied-<strong>de</strong>-Bœuf. »<br />

Louis Thierry, en 1656, lequel a acheté « une masure<br />

« proche <strong>la</strong> Poterne, tenant à Nico<strong>la</strong>s Féron, d'autre au rem-<br />

« part et à <strong>la</strong> rue Cognière, » <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>la</strong> suppression <strong>de</strong><br />

cette rue « comme chose inutile au public, » ce qui lui fut<br />

accordé le 16 may .<br />

Pourtant <strong>la</strong> rue qui débouche en face <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> <strong>la</strong> prison<br />

porte le nom <strong>de</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cognée.


Quelle est l'étymologie <strong>de</strong> cette dénomination : rue <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Cognée? Peut-être ce quartier était le domicile préféré <strong>de</strong> ces<br />

ouvriers qui façonnaient <strong>de</strong>s chars, chariots, etc., avec <strong>la</strong><br />

gran<strong>de</strong> cognée à <strong>la</strong>me droite (carpenta, carpentarius, charpentier),<br />

ou maniaient <strong>la</strong> petite cognée (menuisiers); ou sa<br />

forme rappe<strong>la</strong>it celle d'une cognée ; ou quelqu'une <strong>de</strong> ses<br />

maisons portait une cognée pour enseigne.<br />

LIX. — * COLLÈGE.<br />

Il faut chercher l'origine première du Collége à <strong>Senlis</strong> dans<br />

les écoles (voir Ecoles) et honorer pour ses fondateurs nos<br />

évêques : Guy <strong>de</strong> P<strong>la</strong>illy, Vast <strong>de</strong> Villers, Arthus Fillon, etc.<br />

Mais son établissement officiel ne date que <strong>de</strong> 1523, alors<br />

que le très savant et original Artus Fillon « a donné l'ancien<br />

« collége qui estoit proche l'église Sainct-Pierre et sur <strong>la</strong><br />

« paroisse Sainct-Rieul 1<br />

.»<br />

L'histoire du Collége et <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s à <strong>Senlis</strong> exigerait une<br />

vaste monographie. L'on me permettra d'indiquer ici seulement<br />

quelques dates :<br />

1562-1585. — Pierre Chevalier 2<br />

, vou<strong>la</strong>nt prémunir par une<br />

science forte <strong>la</strong> jeunesse catholique contre les dangers <strong>de</strong><br />

l'hérésie, montre une sollicitu<strong>de</strong> spéciale pour les intérêts du<br />

Collége ou gran<strong>de</strong> école : l'enseignement sera donné par un<br />

principal et <strong>de</strong>ux régents; une prében<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale<br />

sera affectée à son entretien; chaque élève donnera 20 sols<br />

parisis par mois ; l'évêque choisira le principal d'après « <strong>la</strong><br />

« proposition du chapitre et du corps <strong>de</strong> ville. » Quand les<br />

autorités diverses vivent en bonne harmonie, <strong>la</strong> chose publique<br />

profite. — 1564 et 1565. Le chapître est condamné à<br />

1<br />

Jaulnay, p. 550. — Afforty, XI, 5941.<br />

2<br />

Afforty, XXV, 11, 12, 229.


fournir <strong>la</strong> prében<strong>de</strong> d'un régent 1<br />

. — 1572-1573. Agrandissement<br />

du Collége, moyennant une taille <strong>de</strong> 400 livres prélevée<br />

sur <strong>la</strong> ville 2<br />

.<br />

1581. Guil<strong>la</strong>ume Durand, né à <strong>Senlis</strong>, conseiller au présidial<br />

<strong>de</strong> cette ville, dédie à Pierre Chevalier une traduction <strong>de</strong>s<br />

satires <strong>de</strong> Perse. Il meurt en 1585. Il ne faut pas le confondre<br />

avec Gilles Deschamps, né à <strong>Senlis</strong>, chanoine <strong>de</strong> <strong>la</strong> cathédrale,<br />

grand maître du Collége <strong>de</strong> Navarre et aumônier <strong>de</strong> Charles VI<br />

(1404), qui avait composé une traduction <strong>de</strong>s comédies <strong>de</strong><br />

Térence avec <strong>de</strong>s notes grecques et <strong>la</strong>tines 3<br />

.<br />

Je ne citerai pas ici le <strong>Senlis</strong>ien Nico<strong>la</strong>s le Sueur, poëte à <strong>la</strong><br />

façon <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume Durand, parce qu'il <strong>de</strong>meurait habituellement<br />

au Collége <strong>de</strong>s Cholets (1603), fondé en 1289 par Jean<br />

<strong>de</strong> Nointel, cardinal <strong>de</strong> Sainte-Cécile.<br />

1623. Réforme du Collége : Daniel Vizet est nommé principal<br />

au lieu <strong>de</strong> P<strong>la</strong>yette, après un concordat intéressant passé<br />

entre celui-ci et les Echevins.<br />

1623. La ville achète à Robert Advenat, moyennant 3150<br />

livres, l'hôtel Sainte-Anne, « maison où l'on fait noces et<br />

« gran<strong>de</strong>s assemblées, fort commo<strong>de</strong> pour establir le Col-<br />

« lége. » Cet hôtel,habité <strong>de</strong>puis par M <strong>de</strong> Bournonville... et<br />

M. Benoit, était situé à l'angle <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Rougemaille et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

rue Bellon, à coté <strong>de</strong>s Trois-Écuelles 4<br />

. Les trois c<strong>la</strong>sses du<br />

Collége y seront installées à <strong>la</strong> Saint-Remy prochain. Offran<strong>de</strong>s<br />

2<br />

1<br />

Mallet, p. 59. — Afforty, XXV, 11, en 1564; 12, 30, en 1565.<br />

Afforty, XII, 7538.<br />

3<br />

Afforty, IV, 2031 ; XXV, 47 : Epître dédicatoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> traduction <strong>de</strong>s<br />

Satyres <strong>de</strong> Perse, par Guil<strong>la</strong>ume Durand, conseiller à <strong>Senlis</strong>, à Mgr Pierre<br />

Chevalier, évêque <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, en 1567. — D. Grenier, t. CLXV, p. 250. —<br />

Com. arch., II, p. 59 et 62.<br />

4<br />

L'on trouvera aux Arch. <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, GG, 180 : Contrat d'acquisition <strong>de</strong><br />

l'hôtel Sainte-Anne (1623), délibération du conseil d'administration du Collége<br />

(1723), sa fortune (1764), lettre <strong>de</strong> M. Joly <strong>de</strong> Fleury fournissant <strong>de</strong>s<br />

renseignements sur les colléges (1783), lettre <strong>de</strong>s administrateurs du district<br />

sollicitant <strong>de</strong>s renseignements sur le Collége (1791), etc.<br />

IV 12


volontaires. Réparations 1<br />

. — 1624. Le 6 décembre, « jour <strong>de</strong><br />

« Saint-Nico<strong>la</strong>s, le Révérend Père en Dieu Messire Nico<strong>la</strong>s<br />

« Sanguin, » évêque d'une haute vertu et d'une charité incomparable,<br />

« célèbre <strong>la</strong> messe dans <strong>la</strong> chapelle du collége Sainte-<br />

« Anne... Messieurs les Echevins y ont assistez comme<br />

invitez 2<br />

. Et ainsi, » dit Jaulnay, « toutes choses étant muables<br />

« en ce mon<strong>de</strong>, les étu<strong>de</strong>s sont transportées dans le bruit,<br />

« assez proche <strong>de</strong> l'estape au vin. »<br />

1638. Le prési<strong>de</strong>nt Amelot, en vertu <strong>de</strong> lettres-patentes,<br />

unit le Prieuré <strong>de</strong> Saint-Maurice au Collége 3<br />

.<br />

1658. Sous le principal François Testu, établissement d'une<br />

quatrième c<strong>la</strong>sse. Représentation dramatique où foule excessive<br />

et mécontentements 4<br />

. — 1672. Boileau, principal du<br />

Collége, veut réduire les c<strong>la</strong>sses à <strong>de</strong>ux. Opposition du conseil<br />

<strong>de</strong> ville. M. Testu, curé <strong>de</strong> Versigny, est nommé à sa p<strong>la</strong>ce 5<br />

.<br />

1687. Afforty fait mention d'un « écrivain et arithméticien<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> ville 6<br />

. »<br />

1703. Nomination au poste <strong>de</strong> principal <strong>de</strong> Pierre-Augustin<br />

Vavin...; — 1710,<strong>de</strong> Robert Liégeard...; — 1729, <strong>de</strong> Rouyer;<br />

— 1745, <strong>de</strong> Roger Col<strong>la</strong>ie... L'on instruira les pauvres gratuitement...;<br />

— « Permission à François-Nico<strong>la</strong>s-Louis David,<br />

« maître ès-arts.... d'enseigner dans <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>...; »<br />

1749,1756, nomination <strong>de</strong> Pierre Collet, diacre, chantre et<br />

chanoine <strong>de</strong> Saint-Frambourg 7<br />

.<br />

1759 (Vers). Louis-Pierre Anquetil du Perron fut envoyé au<br />

collége <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> que dirigeait alors <strong>la</strong> congrégation <strong>de</strong> Sainte-<br />

Geneviève, pour y réveiller le goût <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s. C'est dans les<br />

1<br />

2<br />

3<br />

4<br />

5<br />

6<br />

7<br />

Afforty, V, 2860; VI, 2985; VIII, 4210 et suiv.<br />

Afforty, XII, 7655 à 7674.<br />

Hist. <strong>de</strong> l'Eglise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, p. 604.<br />

Afforty, V, 2822, 2825; IX, 4872.<br />

Afforty, VII, 3941, 3959, 3969, 3975 et 3977.<br />

Afforty, VIII, 4029; XI, 7187.<br />

Arch. <strong>de</strong> <strong>la</strong> préfect., G. 623, (1747-1759) et 630, (1756-1759).


quelques loisirs <strong>de</strong>s six années qu'il y passa, qu'il composa<br />

son bel ouvrage : De l'Esprit <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ligue — et l'Intrigue<br />

du Cabinet. Anquetil se retira à Paris en 1770, et y<br />

mourut <strong>de</strong>ux ans après. Il serait aisé <strong>de</strong> démontrer<br />

qu'Anquetil eut <strong>la</strong> bonne fortune <strong>de</strong> rencontrer plus d'une<br />

fois, à <strong>Senlis</strong>, le chanoine Rouyer; certains passages <strong>de</strong><br />

l'Esprit <strong>de</strong> <strong>la</strong> Ligue sont <strong>de</strong>s emprunts faits à l'Essai sur les<br />

antiquités, l'histoire ecclésiastique civile et naturelle du diocèse<br />

<strong>de</strong> <strong>Senlis</strong><br />

1760. Un tableau indicatif <strong>de</strong>s principales autorités.... qui<br />

fut lors dressé par ordre du gouverneur <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, témoigne que<br />

le Collége était dirigé à cette époque par un principal et trois<br />

professeurs 2<br />

.<br />

1761. Viole, principal. — 1786. David, principal, avec <strong>de</strong>ux<br />

professeurs.<br />

1763. Lorsque l'édit <strong>de</strong> février 1763, ordonna à chaque collége<br />

un bureau d'administration, le collége <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> avait 1400<br />

livres <strong>de</strong> revenus.<br />

1765, 12 juin. « On a remarqué » dit Broisse « que M. Bos-<br />

« quillon, maire, ayant prononcé son discours en <strong>la</strong>tin » à<br />

l'arrivée du général <strong>de</strong>s révérends pères capuçins, « le père<br />

« général lui répondit dans <strong>la</strong> même <strong>la</strong>ngue. » Bosquillon<br />

(Pierre-Joseph), qui fut maire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong> 1765 à 1768,<br />

avait, ajoute Tremb<strong>la</strong>y, « <strong>la</strong> réputation d'un homme <strong>de</strong> grand<br />

« mérite et il avait contracté l'habitu<strong>de</strong>, lorsqu'il al<strong>la</strong>it au-<strong>de</strong>-<br />

« vant <strong>de</strong>s princes qui venaient en notre ville, <strong>de</strong> les haranguer<br />

« par <strong>de</strong>s discours en <strong>la</strong>tin. » Il sera plus aisé <strong>de</strong> rire <strong>de</strong> ce<br />

que l'on appellera <strong>la</strong> manie pédantesque <strong>de</strong> Bosquillon que <strong>de</strong><br />

l'imiter. L'on sait peu le <strong>la</strong>tin aujourd'hui : est-ce au profit du<br />

français ?<br />

1789, 22 février. La signature, sur les cahiers <strong>de</strong>s corpora-<br />

1<br />

Afforty. — Arch. départ., G. 630. — Mémoires <strong>de</strong> <strong>la</strong> Soc. acad. <strong>de</strong><br />

l'Oise, 1847, p. 42.<br />

2<br />

Tremb<strong>la</strong>y, p. 145.


tions, <strong>de</strong> toutes sortes <strong>de</strong> petites gens est « une preuve entre<br />

« mille, » remarque judicieusement M. F<strong>la</strong>mmermont, que le<br />

clergé, chargé, <strong>de</strong>puis le XII e<br />

siècle <strong>de</strong> l'enseignement popu<strong>la</strong>ire<br />

à <strong>Senlis</strong>, n'avait pas failli à sa mission. —Vœux <strong>de</strong>s cahiers<br />

<strong>de</strong>s doléances sur le collége 1<br />

.<br />

LX. — * COMPIÈGNE (Porte <strong>de</strong>).<br />

La première pierre <strong>de</strong> <strong>la</strong> porte (aujourd'hui disparue) <strong>de</strong><br />

Compiègne avait été posée, le 7 septembre 1753, sur les<br />

<strong>de</strong>ssins <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Peyronnet, en même temps que <strong>la</strong> ville traçait<br />

ou é<strong>la</strong>rgissait à grands frais <strong>la</strong> route qui porta les noms<br />

divers <strong>de</strong> rue Royale, rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, rue Impériale et<br />

Rue Neuve-<strong>de</strong>-Paris.<br />

L'endroit, dit Champ <strong>de</strong> Mars, où se dressait jadis cette porte,<br />

est pré<strong>de</strong>stinée aux fêtes magistrales : c'est là que le Conseil<br />

municipal, présidé par M. Leb<strong>la</strong>nc, lors <strong>de</strong> l'accouchement <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Reine, le 19 décembre 1778, après neuf années <strong>de</strong> mariage<br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> naissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> duchesse d'Angoulême, fit élever un<br />

obélisque qui portait en lettres d'or :<br />

« Prima <strong>de</strong>di Henrico sceptrum thronumque <strong>la</strong>banti.<br />

« Hanc, Ludoïx, servo, quae fuit ante, fi<strong>de</strong>m. »<br />

— « La première, j'ai donné à Henri, dont <strong>la</strong> fortune<br />

« avait été jusque-là douteuse, le sceptre et le trône. Mon<br />

« antique fidélité, ô Louis, je te <strong>la</strong> gar<strong>de</strong>. » C'est là que, le<br />

14 juillet 1790, les esprits, dupes <strong>de</strong>s mots, célébraient <strong>la</strong> fédération<br />

générale <strong>de</strong>s Français. M. Desmarest, géomètre — fils<br />

<strong>de</strong> François-Antoine Desmarest, maire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> <strong>de</strong> 1771 à<br />

1773 2<br />

, — ayant commis le crime <strong>de</strong> paraître à cette fête <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

concor<strong>de</strong> en robe <strong>de</strong> chambre, fut plus tard arrêté et conduit à<br />

1<br />

Com. arch. I, p. 45. — Ibid., 11 e<br />

série. Tome I, page 242 Voir ibid, VI,<br />

p. 33 Ibid, p. 249.—Voir encore sur Collége Afforty, XI, 7147, 7156, 7176.<br />

2<br />

François-Antoine Desmarest avait épousé, le 14 juillet 1760, Jeanne-<br />

Marguerite <strong>de</strong> Saint-Gobert. (Registres <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroisse Saint-Rieul).


Porte <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cite, auprès <strong>de</strong> <strong>la</strong> Chancellerie (Page 168).


Chantilly dans <strong>la</strong> charrette <strong>de</strong>s victimes. C'est là que, le 20 prairial<br />

an II <strong>de</strong> <strong>la</strong> république (8 juin 1794), les purs d'alors célébraient<br />

sur l'invitation du hi<strong>de</strong>ux Robespierre <strong>la</strong> fête <strong>de</strong> l'Etre<br />

suprême : « Les sociétaires du Comité <strong>de</strong> surveil<strong>la</strong>nce prome-<br />

« naient pompeusement les bustes <strong>de</strong> Marat et <strong>de</strong> Le Pelle-<br />

« tier..., martyrs <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté! » C'est là que MM. Vatin,<br />

maire, O<strong>de</strong>nt et Pinçon, adjoints, <strong>la</strong> gar<strong>de</strong> nationale, etc.,<br />

élevèrent à Louis Philippe et à sa famille qui se rendaient à<br />

Compiègne pour le mariage <strong>de</strong> <strong>la</strong> princesse Louise avec le roi<br />

<strong>de</strong>s Belges (5 août 1832), un portique avec cette inscription :<br />

« Louise, ton hymen, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux nations fières<br />

« Va resserrer encor les intimes liens ;<br />

« Oui, <strong>la</strong> France app<strong>la</strong>udit à tes riants <strong>de</strong>stins :<br />

« Ce n'est pas nous quitter que d'aller chez nos frères. 1<br />

»<br />

La monographie <strong>de</strong> cette porte n'est-elle point comme une<br />

histoire <strong>de</strong>s révolutions humaines et du néant <strong>de</strong>s enthousiasmes<br />

popu<strong>la</strong>ires?...<br />

« Ils ont dit heureux qui possè<strong>de</strong> ces choses : heureux plutôt<br />

« le peuple qui a pris Dieu pour Seigneur. » Ps. CXLIII, 15.<br />

LXI. — CONTRESCARPE (Cours <strong>de</strong> <strong>la</strong>).<br />

Entre <strong>la</strong> porte <strong>de</strong> Creil et <strong>la</strong> rue Saint-Rieul (Voir Aiguillière).<br />

Il existait en cet endroit une <strong>de</strong>mi-lune (1719), 2<br />

qui<br />

défendait <strong>la</strong> ville du côté du jardin du Roy. De ce cours <strong>la</strong><br />

vue s'étend agréablement sur Villevert (vil<strong>la</strong> viridis), le Tomberet<br />

où les réformés eurent un temple (1645), <strong>la</strong> forêt <strong>de</strong><br />

Ha<strong>la</strong>tte et <strong>la</strong> butte b<strong>la</strong>nche d'Aumont.<br />

LXII. — COQUILLES (Rue aux).<br />

« Rue coquilles (1331, 1448, 1508, 1518) ou rue aux<br />

1 Broisse, 138, 147, 172.<br />

2 Afforty, XVI, 3010.


« coquilles; maison faisant le coin <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue aux coquilles et<br />

« <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pou<strong>la</strong>illerie 1<br />

. »<br />

Elle forme un angle droit avec <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pou<strong>la</strong>illerie et<br />

réunit <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce La Varan<strong>de</strong> à <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> Beauvais ou Saint-<br />

Aignan.<br />

Ce nom <strong>de</strong> : aux coquilles lui vient du voisinage <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Pou<strong>la</strong>illerie ou <strong>de</strong>s poulets, — ou d'un hôtel <strong>de</strong>s<br />

coquilles.<br />

1<br />

Afforty, III, 12; XXI, 411; XXIII, 523, etc. — Un Jean Muldrac, mari<br />

<strong>de</strong> Marguerite Conin, habitait, rue <strong>de</strong> Paris, un hôtel <strong>de</strong>s coquilles. Remarquer<br />

que <strong>de</strong>s Muldrac <strong>de</strong>meuraient près <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce La Varan<strong>de</strong>, rue <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Cochonnerie ; XXIV, 670.<br />

2<br />

Afforty, IX, 4870 : Origine et antiquité <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> ; XV, 570,<br />

573, 756, XVII. — Graves a commis ici une confusion, p. 140.<br />

3<br />

LXIII. — CORDELIERS.<br />

1. En 1228, les Franciscains ou frères mineurs que le chancelier<br />

Guérin avait appelés à <strong>Senlis</strong>, — ce grand homme éprouvait<br />

le besoin <strong>de</strong> multiplier autour <strong>de</strong> lui <strong>la</strong> prière, — commencent<br />

à élever en <strong>la</strong> paroisse Saint-Pierre une chapelle sous<br />

l'invocation <strong>de</strong> saint Etienne, le premier martyr. Afforty nous<br />

a conservé <strong>la</strong> copie <strong>de</strong> <strong>la</strong> permission que le chapitre <strong>de</strong> Notre-<br />

Dame leur accorda pour ce et pour un cimetière 2<br />

. Vaultier<br />

croit que l'église Saint-Etienne, dont le promeneur aperçoit<br />

encore les restes défigurés sur les bords artificiels <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle<br />

rivière, était une continuation <strong>de</strong> ce monastère primitif.<br />

Voir en Afforty le texte d'une donation que Marie, veuve <strong>de</strong><br />

Lambert <strong>de</strong> <strong>la</strong> Porte, maire <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, fit, au mois <strong>de</strong> mai 1244,<br />

à l'église Saint-Etienne et au curé du vieux dortoir <strong>de</strong>s frères<br />

mineurs 3<br />

.<br />

2. Vingt ans s'étaient à peine écoulés <strong>de</strong>puis l'arrivée <strong>de</strong>s<br />

cor<strong>de</strong>liers à <strong>Senlis</strong> qu'une charte d'Adam <strong>de</strong> Chambli<br />

Afforty, XII, 7731, n° 72, renvoie à III, 1125 et v, 2103.


(sept. 1243) approuve le consentement qu'Herbert, curé <strong>de</strong><br />

Sainte-Geneviève, leur a donné <strong>de</strong> se transporter sur sa<br />

paroisse 1<br />

. 1248, Le cloître du couvent était achevé, puisque<br />

nous lisons dans le nécrologe <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers que « Jean-le-<br />

« Chat 2<br />

fut lors enseveli <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> porte du cloître. » — 1267,<br />

Saint Louis les autorise à percer <strong>la</strong> muraille <strong>de</strong> leur jardin pour<br />

y faire entrer l'eau <strong>de</strong> <strong>la</strong> rivière. Dans les titres <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison<br />

appelée Bellevue, que le citoyen Chaillou, maître perruquier<br />

et cabaretier, possédait en 1794, rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, « vis-à-<br />

« vis le rempart <strong>de</strong> Saint-Vincent et formant le coin du rem-<br />

« part opposé, » il est fait mention d'un « caveau ou galerie <strong>de</strong><br />

« 50 pieds <strong>de</strong> long sur 4 pieds 3 pouces <strong>de</strong> <strong>la</strong>rge et 5 pieds et<br />

« <strong>de</strong>mi <strong>de</strong> haut, qui al<strong>la</strong>it <strong>de</strong> l'extrémité du jardin <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>-<br />

« liers à <strong>la</strong> rivière 3<br />

. »<br />

Le portefeuille <strong>de</strong> Gaignières contient les <strong>de</strong>ssins d'un<br />

certain nombre <strong>de</strong> tombes qui existaient autrefois dans l'église<br />

<strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>liers, — 1285, <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong> Bleame ; — 1288, d'Isabeau<br />

<strong>de</strong> Ma<strong>la</strong>ssise; — 1341, <strong>de</strong> Renaud <strong>de</strong> Creil; — 1513, <strong>de</strong><br />

Gratien <strong>de</strong> Saint-Per; — 1514, <strong>de</strong> Janico du Hal<strong>de</strong>.<br />

1306. Nous lisons dans les titres <strong>de</strong>s frères mineurs :<br />

« Monitions que fit frère Gilles, ministre <strong>de</strong>s frères <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

« maison <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>... pour retrancher <strong>de</strong> <strong>la</strong> superfluité <strong>de</strong>s<br />

« vêtements et pouvoir ainsi subvenir plus abondamment aux<br />

« nécessités <strong>de</strong>s pauvres, etc. » Suivent <strong>de</strong>s règlements très<br />

curieux sur <strong>la</strong> réserve, le silence, les pénitences, etc 4<br />

.<br />

1311. « Damoiselle Jeanne, fille du seigneur Jean <strong>de</strong> Chan-<br />

« tilly, ensevelie dans <strong>la</strong> chapelle Notre-Dame en notre vête-<br />

1<br />

Afforty, I, 478; X, 5610, 5612. Titres <strong>de</strong>s frères mineurs,<br />

2<br />

Afforty, XVII, 31 et suiv. : Extrait du Nécrologe <strong>de</strong>s frères mineurs <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong>, écrit par frère Pierre Pymont.<br />

3<br />

Communiqué par M. Frémy.<br />

4<br />

Afforty, X, 5610 et XVII, 263.


« tement l<br />

. » L'on voit apparaître cet usage fréquent <strong>de</strong> se<br />

couvrir, dans l'agonie et <strong>la</strong> tombe, du saint habit <strong>de</strong>s religieux,<br />

comme d'une protection. Ainsi « Isabelle Avice, maîtresse <strong>de</strong>s<br />

« béguines, ensevelie... dans notre habit, <strong>la</strong>quelle fut très<br />

« particulièrement une fille spirituelle <strong>de</strong>s frères et une mère<br />

« <strong>de</strong> l'ordre (1381); Agnès <strong>de</strong> Montigni ou <strong>de</strong> Fontaines<br />

« (1383) ; le chanoine Etienne <strong>de</strong> Chambli, etc. »<br />

1341. Mort <strong>de</strong> dame Gillette <strong>de</strong>s Barres, qui aida gran<strong>de</strong>ment<br />

à <strong>la</strong> construction du cloître «à <strong>la</strong> recommandation <strong>de</strong> dame Isa-<br />

« belle <strong>de</strong> Sery (<strong>de</strong> Sarriaco), abbesse <strong>de</strong>s dames <strong>de</strong> Pont, etc. »<br />

1347. Jean Mail<strong>la</strong>rd, chevalier, et Jeanne, dite Levante, sa<br />

femme, domiciliés à <strong>Senlis</strong>, se présentent <strong>de</strong>vant l'évêque<br />

<strong>de</strong> Paris, J. Foulques, pour lui déc<strong>la</strong>rer leur intention <strong>de</strong> se<br />

désunir. Mail<strong>la</strong>rd entre chez les Cor<strong>de</strong>liers. — 1365, 28 avril,<br />

« Adam <strong>de</strong> Nemours, » au rapport <strong>de</strong> Jaulnay, « élit sa sépul-<br />

« ture en l'église <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers, nouvellement bâtie 2<br />

. »<br />

Adam mourut en 1377.<br />

1390. « Le II <strong>de</strong>s calen<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mai, » dit le Nécrologe<br />

déjà cité, « noble et puissant homme messire Amaury<br />

« d'Orgemont, chevalier, seigneur <strong>de</strong> Montjay et Chantilly, »<br />

maître <strong>de</strong>s requêtes, « lequel a réparé le clocher <strong>de</strong> notre<br />

« église La messe sera dite [pour son âme] ici et,<br />

« tant que sa race durera, au châtel <strong>de</strong> Chantilly, tous les<br />

« dimanches et fêtes solennelles. » Le château <strong>de</strong> Chantilly,<br />

que les Jacques et les Gran<strong>de</strong>s compagnies avaient en <strong>partie</strong><br />

ruiné, était, à cette époque <strong>de</strong> 1390, en reconstruction. Ce sera<br />

une sainte tradition chez les nobles seigneurs <strong>de</strong> Chantilly <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r aux pauvres frères <strong>de</strong> Saint-François le repos <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

tombe. Le bruit <strong>de</strong>s armes et les cris du siècle s'endormiront<br />

au murmure <strong>de</strong> <strong>la</strong> prière... Là, se retrouveront les restes <strong>de</strong><br />

1<br />

Afforty, XVII où Extrait du nécrologe <strong>de</strong>s frères mineurs ; XVIII, 354 •<br />

Dissolution du mariage <strong>de</strong> J. Mail<strong>la</strong>rd, etc.<br />

2<br />

Jaulnay, p. 494. — Afforty, I, 565; x, 569; xv, 756; XXIII. 338


Dreux <strong>de</strong> Mello ; <strong>de</strong> A<strong>de</strong> et Jean <strong>de</strong> Chantilly, son fils (1343);<br />

<strong>de</strong> Pierre d'Orgemont, qui donna aux frères, entr'autres générosités,<br />

« <strong>de</strong> beaux ornements <strong>de</strong>s morts. » (8, Kal. <strong>de</strong> nov.,<br />

1415) ; <strong>de</strong> Louis <strong>de</strong> Bourbon, fils aîné <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong> Bourbon,<br />

mort à Louvres en 1463; <strong>de</strong> Marie <strong>de</strong> Roye (10 septembre<br />

1470) ; <strong>de</strong> Pierre III d'Orgemont (10 mai 1492), son mari, conseiller<br />

et chambel<strong>la</strong>n du roi; <strong>de</strong> Marguerite d'Orgemont,<br />

dame <strong>de</strong> Montmorency, (13 octobre 1488), <strong>la</strong>quelle, après avoir<br />

été très généreuse envers le couvent, <strong>de</strong>manda d'être ensépulturée<br />

à côté <strong>de</strong> sa mère, en <strong>la</strong> chapelle Notre-Dame, comme<br />

il fut rappelé par Perceval <strong>de</strong> Billy, l'un <strong>de</strong> ses exécuteurs.<br />

Marguerite d'Orgemont avait épousé Guil<strong>la</strong>ume Broul<strong>la</strong>rd,<br />

puis Jean II <strong>de</strong> Montmorency. Ce funèbre ren<strong>de</strong>z-vous recevra,<br />

en 1510, le cœur d'Anne Pot, femme <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Montmorency,<br />

dont le corps est dans l'Eglise <strong>de</strong>s chanoines ou <strong>de</strong><br />

S. Martin <strong>de</strong> Montmorency. « Sexto calendas Martii, » dit le<br />

nécrologe, « obiit Domicel<strong>la</strong> <strong>de</strong>... cujus cor sepultum est in<br />

« tomba Domini <strong>de</strong> Monjay et <strong>de</strong> Chantilliaco prope ostium<br />

« capelle passionis... suo enim tempore multum dilexit con-<br />

« ventum. » Epitaphe, dit Afforty, sur une pierre carrée, au<br />

bas <strong>de</strong> <strong>la</strong> sépulture <strong>de</strong> Pierre d'Orgemont et <strong>de</strong> Marie <strong>de</strong><br />

Roye : « Cy gist le cœur <strong>de</strong> noble damoiselle Anne Pot, en<br />

« son vivant femme <strong>de</strong> feu noble homme M. Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong><br />

« Montmorency, <strong>la</strong>quelle trespassa à Chantilly. » Puis<br />

viendront Françoise Auré ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tour, femme <strong>de</strong> noble<br />

homme Yvon Pierre , chevalier, seigneur <strong>de</strong> Bellefontaine<br />

en Anjou, morte à Chantilly (1538); Anne <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tour (1539) ;<br />

Ma<strong>de</strong>leine Dioces, femme <strong>de</strong> Charles d'Aleth, seigneur <strong>de</strong><br />

Corbie et Mernou, gouverneur <strong>de</strong>s enfants d'Anne <strong>de</strong> Montmorency<br />

(17 juin 1550); Eléonore <strong>de</strong> Montmorency, fille<br />

aînée d'Anne, duc <strong>de</strong> Montmorency, connétable <strong>de</strong> France, et<br />

<strong>de</strong> Ma<strong>de</strong>leine <strong>de</strong> Savoie, mariée le 15 février 1595 à François<br />

III <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tour, vicomte <strong>de</strong> Turenne 1<br />

.<br />

1<br />

Jaulnay. ,519,535.— Histoire <strong>de</strong> l'Eglise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, 417, 421, 440. —


1401, 5 juin. Mort <strong>de</strong> Rieul l'Homme, Regulus hominis,gardien<br />

<strong>de</strong> ce couvent,« grand prédicateur et extirpateur <strong>de</strong>s vices.»<br />

— 1414. XIII Kal. maii. « Obiit venerabilis vir Dominus<br />

« Garssias Asturianus cappitaneus yspanorum. » — 1424. Le<br />

général <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers, qui <strong>de</strong>meurait lors à <strong>Senlis</strong> avec quatre<br />

théologiens, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> pourvoir le couvent <strong>de</strong> blé,<br />

vin, bois à brûler, etc., ce qui est accordé. C'était à l'époque<br />

où <strong>la</strong> France, relevée miraculeusement par Jeanne d'Arc,<br />

secouait le joug <strong>de</strong> l'étranger. Alors <strong>la</strong> Pucelle honorait <strong>de</strong> son<br />

passage <strong>Senlis</strong> qui convenait <strong>de</strong> traiter dignement l'élue <strong>de</strong><br />

Dieu et « trente ou quarante <strong>de</strong> sa compagnie. » L'évêque<br />

Simon Bonnet lui fournissait une haquenée...<br />

1431. Ensépulture <strong>de</strong> Jeanne <strong>de</strong> Fosseuse.<br />

1414, 26 septembre. « Mort <strong>de</strong> noble, très-puissant et brave<br />

« chevalier Berard <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bret, qui donne pour <strong>la</strong> réparation <strong>de</strong><br />

« l'église 100 écus d'or, etc. »<br />

1448. L'on admirait chez les Cor<strong>de</strong>liers, <strong>de</strong>vant le maître<br />

autel, <strong>la</strong> tombe <strong>de</strong> Jean Raphaël, confesseur <strong>de</strong> <strong>la</strong> reine tristement<br />

célèbre Isabeau <strong>de</strong> Bavière, prisonnier <strong>de</strong>s Ang<strong>la</strong>is....<br />

« Hic jacet bonae memoriae Reverendus in Christo Pater<br />

« Joannes Raphael, ordinis fratrum minorum, theologiae pro-<br />

« fessor et episcopus silvanectensis, ambaciator Regis Franciae<br />

« ad curiam Romanam ac Reginae confessor, qui, vita comite,<br />

« consecravit in successorem nobilem virum magistrum Simo-<br />

Duchesne : Histoire généalogique <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison <strong>de</strong> Montmorency, p. 364, où<br />

figure d'Anne Pot, etc. — Afforty, IX, 602, 4769, 4792, 4793; XXII, 354;<br />

XXIII, 308 : Epitaphe <strong>de</strong> Pierre d'Orgemont, en 1511. — Portefeuille,<br />

Gaignières, t. VI, f os<br />

8, 13; VII, 73, 74; VIII, 41, où portraits et tombeau<br />

<strong>de</strong> Pierre II d'Orgemont et <strong>de</strong> Marie <strong>de</strong> Roye, figure <strong>de</strong> Françoise<br />

Auré. — Montfaucon, t, III, pl. n° 1 ; IV, pl. 7, n° 4, et <strong>Bibliothèque</strong><br />

nationale, mss. boites <strong>de</strong> l'ordre du S. Esprit: D'Orgemont, où mêmes<br />

portraits. — Charles-Antoine <strong>de</strong> Billy, seigneur d'Antilly, épouse Anne <strong>de</strong><br />

Garges (1739-1749).


« nem Bonnet hujus conventus benefactorem et amicum prae-<br />

« cipuum, qui obiit anno domini MCCCCXLVIII vigesimo quarto<br />

« septembris 1<br />

.» Les Cor<strong>de</strong>liers avaient reçu <strong>de</strong> Jean Raphael<br />

sa mître <strong>de</strong> satin et sa crosse <strong>de</strong> cuivre. — Voir sa tombe<br />

au Musée du Comité.<br />

1496 (Vers). Grâce à Simon Bonnet « doctrina magnus po-<br />

« pulo, sed corpore parvus, » <strong>la</strong> nef <strong>de</strong> l'Eglise <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers<br />

fut réparée ou plutôt reconstruite 2<br />

. Son oncle Simon Bonnet,<br />

curé <strong>de</strong> Saint-Aignan, y reçut <strong>la</strong> sépulture.<br />

1499 et 1501. Le corps <strong>de</strong> ville octroye aux Cor<strong>de</strong>liers cent<br />

livres tournois « pour les ai<strong>de</strong>r à parachever le bâtiment <strong>de</strong> leur<br />

« église. » L'histoire <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers contient plus d'un trait <strong>de</strong><br />

semb<strong>la</strong>ble générosité. — En 1461, douze écus d'or, don <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

commune, avaient allégé pour les frères les frais <strong>de</strong> leur<br />

syno<strong>de</strong> ou assemblée générale. « Et sur <strong>la</strong> requeste présentée<br />

« par <strong>de</strong>ux religieux du couvent <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, a été<br />

« délibéré qu'il leur sera baillé et aulmoné, en faveur <strong>de</strong>s<br />

« prières et services qu'ils font généralement, chacun jour, en<br />

« leur église et monastère, tant pour le Roy notre seigneur,<br />

« son sang royal, pour <strong>la</strong> paix <strong>de</strong> présent encommencée avec<br />

« l'Esleu Empereur, que pour <strong>la</strong> prospérité et santé <strong>de</strong> notre<br />

« ville, <strong>la</strong> somme <strong>de</strong> 6 livres parisis pour leur vivre, nourriture<br />

« et entretenement, etc. » — 1508. La commune fait un nouveau<br />

don <strong>de</strong> cinquante livres à l'église <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers et à <strong>la</strong> Chapelle<br />

S. Eloi. — 24 mars 1526. Au lieu du baril <strong>de</strong> harengs qu'on<br />

leur distribuait tous les ans « en temps <strong>de</strong> caresme, leur<br />

« sera donné cent sols tournois. » — En 1665, chapitre provincial<br />

<strong>de</strong> Cor<strong>de</strong>liers à <strong>Senlis</strong>. Quête. — Lors du syno<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

1781, 28 mai au 3 juin, <strong>la</strong> municipalité fidèle à ses tradi-<br />

1<br />

Afforty, XXI, 416. Epitaphe <strong>de</strong> Raphaël. — Jaulnay, 509. — Voir<br />

Com. arch. VI, p. XV et XVI où autres indications sur tombes trouvées<br />

aux Cor<strong>de</strong>liers, VII, p. IV.<br />

2<br />

Afforty, XXII, 655, 671.


tions <strong>de</strong> reconnaissance chrétienne, octroiera au couvent <strong>de</strong>s<br />

Cor<strong>de</strong>liers un secours <strong>de</strong> cent-vingt livres 1<br />

.<br />

1502. Le chapitre, 1 er<br />

février 1502, donne <strong>la</strong> permission d'user<br />

<strong>de</strong> beurre et <strong>de</strong> <strong>la</strong>itage pendant le carême, sous <strong>la</strong> condition<br />

d'une aumône <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ou quatre <strong>de</strong>niers parisis qui seront appliqués<br />

à <strong>la</strong> réparation <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers. — L'église <strong>de</strong>s<br />

Cor<strong>de</strong>liers, outre le grand autel dont le prieur Pierre Mercier,<br />

Petrus Mercerii, a donné <strong>la</strong> « table » avec un reliquaire d'argent<br />

carré 2<br />

..., avec un « past » (pastus, repas funèbre) et un<br />

reliquaire pour p<strong>la</strong>cer le corps du seigneur dans le paradis<br />

(chapelle improvisée pour le jeudi Saint, reposoir), renfermait<br />

les chapelles <strong>de</strong> <strong>la</strong> Passion, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vierge, où les seigneurs<br />

<strong>de</strong> Chantilly avaient leur sépulture, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Conception où dormaient<br />

dans <strong>la</strong> mort Christophe <strong>de</strong> Garges, capitaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fère<br />

(6 mars 1551), seigneur d'Ormoy et Villers, et le jeune<br />

Règne <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine (<strong>de</strong> Fonte), fils du seigneur d'Ognon<br />

(1551), <strong>de</strong> saint François, <strong>de</strong> saint Louis, où repose le corps du<br />

gardien Lebrun, <strong>de</strong> saint Martin, « le long du mur <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue, »<br />

<strong>de</strong> saint Marcoul « où était inhumée Liénor <strong>de</strong> Trie, épouse <strong>de</strong><br />

« Guil<strong>la</strong>ume <strong>de</strong> Chantilly, » <strong>de</strong>s confréries <strong>de</strong> <strong>la</strong> Passion,<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Conception <strong>de</strong> <strong>la</strong> Vierge, <strong>de</strong>s saints François et Antoine<br />

<strong>de</strong> Padoue et <strong>de</strong>s saints Fiacre et C<strong>la</strong>u<strong>de</strong>, « un beau<br />

« cloître » que bénit en 1581 Pierre le Chevallier, et <strong>de</strong>s<br />

écoles <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> porte <strong>de</strong>squelles « ont reçu <strong>la</strong> sépulture les<br />

« saintes religieuses du Lys <strong>de</strong> <strong>la</strong> bienheureuse Vierge. 3<br />

»<br />

1569. Les prieurs <strong>de</strong> Bray, dont l'hôtel était voisin, choi-<br />

1<br />

Arch. dép., G. 620. — Arch. <strong>Senlis</strong>, CC, 215. — Afforty, VIII,<br />

4546, 4548, en 1500; 4553, en 1507, pour achèvement d'une verrière. —<br />

Dom Grenier, t. CL.XV, p. 194.<br />

2<br />

« Tabu<strong>la</strong>m majoris altaris reliquiare argenteum quadratum , unum<br />

« ferculum et reliquiare ad reponendum corpus Domini in paradiso.<br />

3<br />

Vaultier, p. 398. — Jaulnay, p. 590. — Afforty, XVII, Nécrologe,<br />

XXIII, 119. Lettre du général Gilles Delphin (1504), — et Portefeuille Gaignieres,<br />

T. VI, f° 12. — Pierres tombales à Ormoy, <strong>de</strong> Pierre <strong>de</strong> Garges<br />

(1639) .. et <strong>de</strong> Charles et François <strong>de</strong> Garges, fils <strong>de</strong> Pierre <strong>de</strong> Garges et<br />

<strong>de</strong> dame Philippe <strong>de</strong> Pellevé (16.9).


Porte à l'ancien Couvent <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers (Page 190).


sissaient souvent chez les Cor<strong>de</strong>liers leur sépulture. C'étaient,<br />

par exemple, Robert Berthe, 19 e<br />

prieur <strong>de</strong> Bray, lequel mourut<br />

le 25 novembre 1569, <strong>la</strong>issant une gran<strong>de</strong> réputation <strong>de</strong> sainteté,<br />

Roger ou Remi Robineau (1595), François Grin ou<br />

Brin, natif <strong>de</strong> saint Quentin (1611) 1<br />

.<br />

1589. Mallet,Vaultier et l'écrivain, leur contemporain, qui a<br />

écrit <strong>la</strong> surprise <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> par<strong>la</strong> Ligue, etc.,nous peignent dans<br />

ces Cor<strong>de</strong>liers autant <strong>de</strong> Ligueurs ar<strong>de</strong>nts. Le contraire eût<br />

étonné : ils suivaient en ce<strong>la</strong> Guil<strong>la</strong>ume Rose, le théologal<br />

Muldrac, le bailli <strong>de</strong> Rasse, Nico<strong>la</strong>s Vaultier, probablement le<br />

frère <strong>de</strong> Jean Vaultier, etc.<br />

1594. Chauveau, ancien curé <strong>de</strong> Saint-Gervais et protégé <strong>de</strong>s<br />

Montmorency, lequel mourut plus tard chez les Cor<strong>de</strong>liers<br />

« d'un bouillon trop chaud, » dit le journal d'Henri IV, prêche<br />

à Notre-Dame à <strong>la</strong> fête <strong>de</strong> Noël, 1594, « et y avoit si grand<br />

« nombre <strong>de</strong> personnes que l'on ne pouvoit entrer <strong>de</strong>dans<br />

« l'église ; » s'animant contre les duels, l'orateur s'écria :<br />

« Sire, vous en répondrez <strong>de</strong>vant Dieu, si vous n'y donnez<br />

« ordre. » Sur quoi, le prince ayant appelé Chauveau : « Ventre<br />

« Saint-Gris, » lui dit-il avec une aimable badinage, « vous avez<br />

« très bien parlé; continuez <strong>de</strong> <strong>la</strong> sorte; c'est ce que doivent<br />

« faire les prédicateurs que <strong>de</strong> dire <strong>la</strong> vérité aux grands comme<br />

« aux petits, aux ecclésiastiques comme aux séculiers, toute-<br />

« fois avec pru<strong>de</strong>nce et mo<strong>de</strong>stie. »<br />

1595. M. <strong>de</strong> Marcil<strong>la</strong>c, tué au siége <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fère, est déposé<br />

chez les Cor<strong>de</strong>liers.<br />

Les esprits plus curieux <strong>de</strong>s détails <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers,<br />

pourront étudier avec plus <strong>de</strong> développements <strong>de</strong>s chapîtres <strong>de</strong><br />

ce genre : 1508 2<br />

« Pour une procession qui se fait tous les ans<br />

1<br />

Notice sur le prieuré <strong>de</strong> Bray, à <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> l'Histoire <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong>, et — Afforty, I, 200 à 206; XI, 6028, 6030. — Voir en Afforty, XI,<br />

6029; XVII : Nécrologe Julius, VIII idus; XVIII, 500, 576 : Pierre <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Barre, prieur <strong>de</strong> Bray en 1354, 1356.<br />

2<br />

Arch. <strong>Senlis</strong>, CC. en 1424, 1481, - 1599, 1605, 1619. — Vaultier,


« le jour <strong>de</strong> saint François aux Cor<strong>de</strong>liers (1508), fondée par<br />

« monseigneur Bonnet. » — 1605. Stations et confréries. Les<br />

comptes <strong>de</strong> l'hôtel <strong>de</strong> ville mentionnent souvent quelque cor<strong>de</strong>lier<br />

prêchant l'Avent, le Carême, le sermon <strong>de</strong> l'Escacale,<br />

etc 1<br />

. — 1625. Le frère Nico<strong>la</strong>s Malice se permet en<br />

chaire contra l'évêque <strong>de</strong>s sorties peu respectueuses. —<br />

1645. Sont inhumés aux Cor<strong>de</strong>liers, Jean Cuisette, ses parents<br />

et son aïeul. — 1652. Item, Philippe <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye et<br />

Pierre le Picart, <strong>de</strong> Crépi, prêtre. — 1667. Deux professeurs<br />

enseignent <strong>la</strong> philosophie chez les Cor<strong>de</strong>liers.<br />

Le couvent où prièrent les gardiens et frères Thyard (1336),<br />

Simon B<strong>la</strong>yne (1414), Robert Crépin (1428), Michel Cavil<strong>la</strong>t<br />

(1444), Mathieu du Plessis (1462), « aimé <strong>de</strong> tous comme il<br />

« le méritait, » Geoffroy <strong>de</strong> Baye et Pierre Pascot (1487),<br />

Simon Sauvage (1489), François Dalousie (1500), Jacques le<br />

Gouverneur (1502), Simon Poitevin (1520), Renaud Sauvage<br />

(1542), François Léger (1548), Jean l'Ange (octobre 1559),<br />

Pierre Petit <strong>de</strong> Saint-Leu (1581), Jean Pelletier (prêtre), Conradin<br />

(1608), Deligne, Louis Bor<strong>de</strong>t, Henri Trézel, François Rochefort,<br />

Martial <strong>de</strong> S. Cyrille, prieur (1673), Dominique<br />

Daillet (1722-1730), Meunier, Antoine Voisin (1730-1743),<br />

Nico<strong>la</strong>s Regnard (1744-1759), François-Elie Decalogne (1786),<br />

n'est plus qu'un souvenir que le nom d'une rue défend à peine<br />

contre un oubli complet; « son beau cloître et grand pourpris<br />

« <strong>de</strong> logis et jardinage tenant aux bons hommes » ont disparu<br />

<strong>de</strong>vant mille exigences <strong>de</strong>s choses et du temps.<br />

« Les restes du couvent <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers » dit Graves, « mon-<br />

« trent [montraient] une porte en arc-tudor à moulures angu-<br />

« leuses, avec cymaise arrêtée sur <strong>de</strong>s médaillons... et une<br />

« statuette à l'angle <strong>de</strong> l'acco<strong>la</strong><strong>de</strong>. »<br />

Les Cor<strong>de</strong>liers ont <strong>la</strong>issé leur nom à <strong>la</strong> rue,—dont une <strong>partie</strong><br />

292. — Jaulnay, 613. — Afforty, VII. 3874, 3879, 3993; XII. 7731 :<br />

Cartu<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l'Hôtel-<strong>de</strong>-Ville. — Portef. Gaignières. T. VI, folios 2 et 7.<br />

1<br />

Arch. départ. G. 623, où missions à Eve, P<strong>la</strong>illy, Baron, etc.—Vaultier,<br />

398. — Afforty, VII, 3371, 3376, 3378; XVII, 31, Nécrologe. etc.


longeait leur monastère, — qui va <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Vieille-<strong>de</strong>-Paris<br />

jusqu'à <strong>la</strong> Poterne. Le nom <strong>de</strong> rue du Temple, qu'elle portait<br />

aussi (1522), est réservée aujourd'hui à l'un <strong>de</strong> ses tronçons,<br />

<strong>de</strong> l'autre côté <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue Neuve-<strong>de</strong>-Paris.<br />

Signalons dans son parcours l'Ecu, adossé jadis aux<br />

Carmes, <strong>la</strong> Pomme-Rouge, faisant le coin <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue<br />

<strong>de</strong> Paris et <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers, (avant 1471), l' Hôtel du F<strong>la</strong>mand<br />

1<br />

, du F<strong>la</strong>mant, du F<strong>la</strong>mmeng, ou du F<strong>la</strong>ment, dont<br />

M. Graves dit :<br />

« L'hôtel occupé par <strong>la</strong> sous-préfecture, rue du Temple, a<br />

« un escalier en tourelle dont <strong>la</strong> porte est décorée d'une ogive<br />

« trilobée simulée : le toit est un cône <strong>de</strong> pierre; le reste, qui,<br />

« date certainement du XIII e<br />

siècle, a été remaniée, » et<br />

M. Am. Margry, dans sa très consciencieuse Notice sur <strong>de</strong>ux<br />

anciennes maisons <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> : Cette maison ou « otel du F<strong>la</strong>mant<br />

« appartenait en 1418 2<br />

, à Jacques <strong>de</strong> Villiers, seigneur<br />

<strong>de</strong> Villiers-le-Bel et Regnaul<strong>de</strong> <strong>de</strong> Pacy, sa femme, est vendue<br />

cent trente ans après à Artus <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine et François<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine son fils, seigneur d'Ognon 3<br />

, passe successivement<br />

entre les mains d'Antoine Duquesne, marchand <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

ville, en 1605... <strong>de</strong> Fr. Seroux, seigneur <strong>de</strong> Commo<strong>de</strong>lle<br />

et <strong>de</strong> Bienville, maître <strong>de</strong>s eaux et forêts <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, en 1675 4<br />

,<br />

1<br />

2<br />

Déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522, p. 29. — Afforty, XXI,685, en 1460.<br />

Com. arch., 2 e<br />

série. T. III, p. 215 à 228.<br />

3<br />

Arthus <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine-So<strong>la</strong>ro, baron d'Ognon, hérita du gouvernement<br />

<strong>de</strong> Crépy, fut grand-maître <strong>de</strong>s cérémonies sous Henri II, François I er<br />

.<br />

Charles IX et Henri III, ambassa<strong>de</strong>ur à Constantinople et à Vienne, puis<br />

lieutenant-général <strong>de</strong> l'Isle-<strong>de</strong>-France, amena, disent certains étymologistes,<br />

sa manie du cérémonial le proverbe : « se mettre en rang d'oignon... »<br />

François <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine fut gouverneur <strong>de</strong> Pont-Sainte-Maxence, se rendit<br />

caution <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ttes <strong>de</strong> <strong>la</strong> reine Marie <strong>de</strong> Médicis, lorsqu'elle sortit du royaume,<br />

fut contraint <strong>de</strong> vendre les terres d'Ognon, <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine et <strong>de</strong> Bertinval,<br />

et mourut en 1632.<br />

4<br />

Voir Registres municipaux <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, lettres <strong>de</strong> noblesse accordées à<br />

M. Seroux <strong>de</strong> Commo<strong>de</strong>lle en 1720. — En 1792, François-Louis Seroux,<br />

capitaine <strong>de</strong> dragons, propriétaire à Lamor<strong>la</strong>ye, vend à Charles Daniel


servit <strong>de</strong> sous-préfecture et « se recomman<strong>de</strong> par quelques<br />

« beaux spécimens <strong>de</strong> l'architecture civile du XIV E<br />

siècle. —<br />

M. Am. Margry pense que cette maison, dont il est aujourd'hui<br />

le possesseur très hospitalier, doit son nom à une famille<br />

<strong>de</strong> F<strong>la</strong>menc, notable à <strong>Senlis</strong>; je partage volontiers cette<br />

opinion. Afforty cite à <strong>la</strong> date <strong>de</strong> vers 1371 1<br />

, un Jean le F<strong>la</strong>ment,<br />

trésorier <strong>de</strong> guerre. La déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> 1522 dit d'une<br />

maison, « séant <strong>de</strong>vant les changes, » qu'elle appartint « par<br />

« avant à Adam le F<strong>la</strong>meng 2<br />

. »<br />

Notons encore les hôtels <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong> Liesse, <strong>de</strong> l'A—<br />

gnus Dei « <strong>de</strong>vant l'église <strong>de</strong>s Cor<strong>de</strong>liers, faisant le coing <strong>de</strong><br />

« <strong>la</strong> rue en venant à Sainte-Geneviève... » (1528-1530), et<br />

du prieur <strong>de</strong> Bray, Le 13 E<br />

prieur <strong>de</strong> Bray, Jean IV dit Petit<br />

(1484 à 1505), avait acheté cette maison à cause <strong>de</strong>s guerres ;<br />

du prieur <strong>de</strong> Saint-Nico<strong>la</strong>s <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong>, tenant au four du<br />

Temple (1303) ; du Four du Temple (1486); <strong>de</strong> Saint-Victor<br />

(1696) ; <strong>la</strong> ruelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> C<strong>la</strong>ye s'ouvrait auprès. Un titre <strong>de</strong><br />

1416 fait mention du Clos-Héroart 3<br />

.<br />

Nota. — Le prieuré <strong>de</strong> Bray, qui fut fondé par Gui VI le<br />

Bouteiller, fils <strong>de</strong> Gui V et d'Elisabeth <strong>de</strong> Gar<strong>la</strong>n<strong>de</strong> en 1248,<br />

survit en une chapelle qui est, par son « beau style, et le détail<br />

« sobre <strong>de</strong> ses délicatesses exquises » un <strong>de</strong>s plus gracieux<br />

spécimens <strong>de</strong> l'art, du XIII E siècle. Nous avons déjà dit que<br />

plusieurs <strong>de</strong> ses prieurs furent inhumés aux Cor<strong>de</strong>liers <strong>de</strong><br />

<strong>Senlis</strong> 4<br />

.<br />

Eug. Muller.<br />

Leb<strong>la</strong>nc, négociant, <strong>la</strong> maison <strong>de</strong>s Carmes et fait boucher une issue <strong>de</strong><br />

voûte qui conduisait <strong>de</strong> l'hôtel du F<strong>la</strong>menc sur <strong>la</strong> terrasse du jardin <strong>de</strong>s<br />

Carmes.<br />

1<br />

Afforty, X, 4787. — Voir Actes du Parlement, 3337, Pierre <strong>de</strong> F<strong>la</strong>meng.<br />

2<br />

P. 87, à Etienne François <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haye en 1780.<br />

3<br />

Afforty, III, 1154; V, 2843 ; VI, 3318; XVII, 185; XXII, 481 : Extrait d'un<br />

compte <strong>de</strong> l'office <strong>de</strong> Prévôt <strong>de</strong> l'église <strong>de</strong> <strong>Senlis</strong> en 1486; XXIII, 856;<br />

XXIV, 17. — Com. arch. III, 109. x, xx, 163. Voir Notice supra indiquée.<br />

4<br />

Voir Com. arch. T. III, 109 : Notice <strong>de</strong> MM. Puissant et Cau<strong>de</strong>l.<br />

<strong>Lire</strong> <strong>la</strong> suite ... : Partie 2

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