Collection Pierre et Franca Belfond - Bibliorare
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49<br />
GRASS, Günter<br />
(né en 1927)<br />
Selbstporträt mit Schnecken<br />
[autoportrait aux escargots]<br />
Eau-forte originale, signée <strong>et</strong> datée « Günter Grass 72 », en bas à<br />
droite, avec justification en bas à gauche, toutes inscriptions à la mine<br />
de plomb. 29 × 39 cm, encadrement sous verre.<br />
belle épreuve de c<strong>et</strong>te estampe tirée à 60 exemplaires (le n° xxviii).<br />
Le Journal d’un escargot ou l’éloge de la patience politique.<br />
engagé à partir des années 1960 aux côtés de Willy brandt, qu’il<br />
contribua à faire élire chancelier en 1969, Günter Grass défendait les<br />
positions du parti social démocrate allemand contre les extrémismes<br />
de gauche ou de droite, notamment sur une réunification raisonnable<br />
de l’allemagne. pour rendre compte de c<strong>et</strong>te expérience militante, il<br />
mit en forme ses notes prises pendant la campagne électorale de 1969,<br />
<strong>et</strong> publia en 1972 Le Journal d’un escargot (Aus dem Tagebuch einer<br />
Schnecke) : il y vante les mérites de la lenteur <strong>et</strong> de la patience dans<br />
l’action démocratique, contre toutes les tentations révolutionnaires ou<br />
réactionnaires violentes.<br />
la même année, il exécuta à l’eau-forte plusieurs autoportraits dont<br />
celui-ci pour illustrer la même métaphore de l’escargot.<br />
Les « animaux héraldiques » de Günter Grass. l’écrivain eut plusieurs<br />
fois recours à la métaphore animale, se constituant un véritable<br />
bestiaire au fil des œuvres : Le Chat <strong>et</strong> la souris (Katz und Maus, 1961),<br />
Les Années de chien (Hundejahre, 1963), Journal d’un escargot (Aus<br />
dem Tagebuch einer Schnecke, 1972), Le Turbot (Der Butt, 1977), La<br />
Ratte (Die Rättin, 1986), L’Appel du crapaud (Unkenrufe, 1992), En<br />
Crabe (Im Krebsgang, 2002).<br />
Günter Grass, peintre, graveur, sculpteur. il apprit à tailler la pierre<br />
à Düsseldorf après la guerre, puis il étudia le dessin <strong>et</strong> la sculpture à<br />
l’académie des beaux-arts de c<strong>et</strong>te ville, avant de suivre des cours à<br />
berlin auprès de Karl Hartung – il donna sa première exposition en 1956.<br />
si ses premières œuvres relevaient plutôt de l’art abstrait, il évolua<br />
ensuite définitivement vers un style figuratif fantastique. l’écriture, à<br />
laquelle il s’essaya dès la fin des années 1950, prit bientôt le pas sur la<br />
pratique artistique sans pour autant la remplacer entièrement.<br />
Provenance<br />
collection christian bernadac.<br />
Bibliographie<br />
– GrAss (Günter), angelika hille-sAnDvoss, G. fritze MArGull <strong>et</strong> Gerhard steiDl. In Kupfer, auf<br />
Stein : das grafische Werk. Göttingen, steidl verlag, 1986. reproduction p. 44.<br />
300 – 400 €<br />
70 Dessins D’écrivains, collection pierre <strong>et</strong> franca belfonD — 14 février 2012. paris<br />
50<br />
GUITRY, Sacha<br />
(1885-1957)<br />
Portrait de l’acteur Emil Jannings<br />
Dessin original, signé de ses initiales en bas à gauche. encre de chine,<br />
40 × 25 cm, encadrement sous verre.<br />
Emil Jannings dans Le Dernier des hommes de Friedrich-Wilhelm<br />
Murnau : dans ce film de 1924 dénonçant le cynisme de la société, il<br />
joue le rôle d’un vieux portier d’hôtel subissant toutes les humiliations<br />
avant de trouver sa revanche grâce à un legs inespéré.<br />
Un des plus grands acteurs de l’entre-deux-guerres, Emil Jannings<br />
(1884-1950), d’origine allemande, suisse <strong>et</strong> américaine, débuta au<br />
théâtre en allemagne avant de mener une brillante carrière au cinéma,<br />
en allemagne avec une parenthèse à Hollywood : il tourna avec des<br />
réalisateurs tels que lubitsch (La Du Barry, 1919), Murnau (Le Dernier<br />
des hommes, 1924) ou sternberg (L’Ange bleu, avec Marlene Di<strong>et</strong>rich,<br />
1930).<br />
Le dessin, violon d’Ingres de Sacha Guitry : il exposa ses œuvres<br />
dès 1911 chez bernheim jeune, <strong>et</strong> publia des compositions dans la<br />
presse ainsi que des recueils de caricatures comme Des Connus <strong>et</strong> des<br />
inconnus (1903) ou Le Taureau, le veau, <strong>et</strong>c. (1910).<br />
1 500 – 2 000 €<br />
50<br />
51 (voir détail p. 7)<br />
51<br />
HUGO, Victor<br />
(1802-1885)<br />
« Souvenir d’Apreville »<br />
Dessin original avec légende autographe « Souvenir d’Apreville ».<br />
encre, plume <strong>et</strong> lavis, 25 × 19,5 cm, encadrement sous verre.<br />
Village médiéval au pied d’un p<strong>et</strong>it burg. il n’existe apparemment pas<br />
d’apreville, mais c’est la forme ancienne d’épreville, nom de plusieurs<br />
villages normands, <strong>et</strong> la forme francisée du lieu-dit br<strong>et</strong>on Kergaro.<br />
Paysages de Victor Hugo : choses vues <strong>et</strong> visions fabuleuses. victor<br />
Hugo a dessiné des paysages lors de ses voyages en france, en espagne,<br />
en belgique <strong>et</strong> Hollande, en allemagne, comme le « souvenir du château<br />
de nemours » conservé à la bnf. il a également dessiné des « souvenirs »<br />
rétrospectifs principalement exécutés en exil à Guernesey <strong>et</strong> Jersey, comme<br />
les « souvenir d’espagne » ou « souvenir de chelles » conservés à la Maison<br />
de victor Hugo. enfin, il a composé de nombreux paysages imaginaires,<br />
souvent inspiré d’un Moyen Âge idéalisé sur le mode de la vision tragique :<br />
villes fortifiées arrogantes ou en ruines, burgs altiers ou effrayants... ces<br />
burgs hantent parallèlement son œuvre littéraire, tel le château de corbus<br />
du poème « eviradnus » dans La Légende des siècles (1859) :<br />
« [...] le pâtre a peur, <strong>et</strong> croit que c<strong>et</strong>te tour le suit;<br />
Les superstitions ont fait Corbus terrible;<br />
On dit que l’Archer Noir a pris ce burg pour cible,<br />
<strong>et</strong> que sa cave est l’antre où dort le Grand Dormant;<br />
Car les gens des hameaux tremblent facilement;<br />
Les légendes toujours mêlent quelque fantôme<br />
À l’obscure vapeur qui sort des toits de chaume,<br />
l’âtre enfante le rêve, <strong>et</strong> l’on voit ondoyer<br />
l’effroi dans la fumée errante du foyer. [...] »<br />
Victor Hugo « eût été aussi aisément grand peintre que grand poète »<br />
(Théophile Gautier, préface au recueil des Dessins de Victor Hugo,<br />
1863) :<br />
« Que de fois, lorsqu’il nous était donné d’être admis presque tous les jours dans<br />
l’intimité de l’illustre écrivain, n’avons-nous pas suivi d’un œil émerveillé la<br />
transformation d’une tache d’encre ou de café sur une enveloppe de l<strong>et</strong>tre, sur le<br />
premier bout de papier venu, en paysage, en château, en marine d’une originalité<br />
étrange, où, du choc des rayons <strong>et</strong> des ombres, naissait un eff<strong>et</strong> inattendu, saisissant,<br />
mystérieux, <strong>et</strong> qui étonnait même les peintres de profession... il n’est pas difficile de<br />
deviner, au prodigieux sentiment plastique de l’écrivain, qu’il eût été aussi aisément<br />
grand peintre que grand poète; la puissance d’objectivité qu’il possède lui eût servi pour<br />
des tableaux comme elle lui sert pour des pages <strong>et</strong> pour des livres... »<br />
Provenance<br />
collection andré schoeller, d’après une mention manuscrite en bas de page : « Este dibujo<br />
original de Victor Hugo perteneció a «A. Schoeller» de Paris de quién lo hube en 1947... »<br />
Expositions<br />
– dessins d’écrivains français du xix e siècle. paris, Maison de balzac, 4 avril-21mai 1984. n° 75<br />
du catalogue, avec reproduction en noir.<br />
– el po<strong>et</strong>a como artista. las palmas, centro atlantico de arte Moderno, 4 avril-21 mai 1999.<br />
reproduction p. 59 du catalogue.<br />
Bibliographie<br />
– dessins d’écrivains. paris, éditions du chêne, 2003. reproduction p. 15.<br />
– FAuchereAu (serge). Peintures <strong>et</strong> dessins d’écrivains. paris, éditions belfond, 1991.<br />
reproduction p. 47.<br />
– lAster (arnaud). Victor Hugo. paris, éditions belfond, 1984. reproduction p. 6.<br />
20 000 – 30 000 €