séisme - Catalogue

Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie
séisme
du 12 mai 1682
à Remiremont
dans les Vosges
Les tremblemens de terre ont toujours passé pour des prodiges des plus surprenans
qui arrivent dans la nature. (…). Il y a d’autres endroits où ils arrivent si rarement
que pour peu qu’ils y soient sensibles, ils peuvent passer pour quelque chose
d’extraordinaire. Celuy qui est arrivé à Paris la nuit du Lundy au Mardy 12 de ce
mois à deux heures après minuit est de cette nature : car quoy qu’il n’y ait pas esté considérable
par les suites et qu’il ait mesme esté si peu violent que peu de personnes s’en sont apperceues ;
cependant, comme c’est une chose extrêmement rare et presque inoüye qu’on ressente à Paris
ces sortes d’accidens, il doit asseurement passer pour prodigieux. »
C’est par ces considérations générales que le Journal des Sçavans du 1 er juin 1682 évoque
le séisme survenu quelques jours plus tôt, le 12 mai.
»
Oui, Paris a tremblé ce 12 mai 1682, mais bien
faiblement en comparaison des Vosges. Ainsi
apprend-on que, dans Remiremont, le séisme
fut si violent « qu’il a fait tomber douze maisons, et
ce qui reste est demeuré fendu par la moitié, en sorte que
l’on attend plus que le moment de voir tout écrouler ;
que les voûtes de l’église des Dames sont tombées ; que
dans ce ravage, il y a eu deux filles de tuées ; que le
dégast n’a pas esté moindre dans le pays d’alentour, et
(qu’) il y a eu bien des gens de tuez à Plombières et au
Valdage (Val d’Ajol). »
Secousse non seulement destructrice mais
meurtrière. C’est dans le secteur de ces trois
localités que l’épicentre est admis. À Remiremont,
ce fut la panique générale nous dit
une lettre d’époque, les habitants ayant été
dans l’obligation de fuir leurs habitations et
de se retirer en lieu sûr, sur la place publique
d’abord, dans les champs des alentours
ensuite. En effet, pendant un mois et demi,
la terre ne s’arrêtera pas de trembler : « Le
désordre continuant, et personne n’osant rentrer dans
les maisons qu’à la hâte pour emporter tout ce qui était
nécessaire pour camper dehors, la place de la ville n’étant
pas assez grande, on campa dans les champs pendant
plus de six semaines que le tremblement dura dans sa
grande force, n’ayant presque point de nuit qu’il ne
recommençât. »
Remiremont est sens dessus dessous ce 12 mai
1682. À l’église des Dames, non seulement les
voûtes se sont effondrées, mais la violence
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Gravure représentant la cité vosgienne de Remiremont (collection
archives départementales de la Somme)
du séisme est encore constatée à l’intérieur :
« La secousse fut si grande qu’une statue de pierre, haute
de 8 pieds (2,40m) qui était élevée contre un pilier à 8
ou 10 pieds de terre fut jetée à quatre toises (7,80 m)
loin de sa place par-dessus la cloison d’une chapelle qui
était plus haute de beaucoup que ne l’était l’endroit sur
lequel la statue était posée ».
Dix jours après cette catastrophe, l’ingénieur
et architecte Nicolas Thévenin est dépêché de
Nancy pour dresser un « procez verbal de la visitte
des ruynes arrivées en la ville de Remiremont ». Il y
restera cinq jours à la suite desquels, arpentant
la petite cité et consignant les réparations
à entreprendre, il évaluera à 51 728 livres la
somme des travaux aux principaux bâtiments
religieux et civils.
Un an plus tard, la communauté des habitants,
démunie devant tant de ruines,
s’adressa à Sa Majesté, la suppliant de bien
vouloir alléger les impôts : « Veu au conseil d’Etat
du Roy le placet, présenté à Sa Majesté par les habittans
de la ville de Remiremont en Lorraine. Contenant que
ladite ville ayant esté agitée d’un tramblement de terre le
xiii e de may 1683 [sic =1682] :plusieurs maisons tombèrent
et celles qui restèrent sont demeurées entrouvertes
en sorte qu’elles ne sont soutenues jusqu’à présent qu’à
force d’étais ; ce qui les obligent de suplier sa Majesté de
les desgager de toute imposition pendant six ans pour
leurs donner moyen de restablir ladite ville ».
Aux alentours, Corravillers, Fougerolles, Faucogney,
accusent sérieusement le coup. À
Luxeuil-les-Bains, il en est de même comme
l’atteste cette délibération du Conseil de ville :
« Et comme par permission de Dieu, il est arrivé pendant
la nuict du lundy à mardy des douziesme et treiziesme
jours des présents mois et an, il est arrivé un estrange et
épouvantable tremblement de terre en ceste ville et qui a
causé beaucoup de ruines aux édifices ; l’on a faict faire
des processions et prières. »
À Faverney (Haute-Saône), nous apprenons
aussi que les bâtiments de l’abbaye bénédictine
sont fortement endommagés. Plus loin,
vers l’est, Colmar, mais aussi Strasbourg et
Ebersmünster voient quelques-unes de leurs
cheminées s’effondrer.
En Champagne, des désordres sont signalés
notamment à Reims, Chaumont, Saint-
Ciergues, Langres, Troyes, en Lorraine à Metz,
en Bourgogne à Cry, Tonnerre, Pommard,
Gémeaux.
À Dijon, on témoigne que « La terre a tremblé à
deux secousses différentes. Il y a peu de personnes qui
n’en ayent esté éveillées. Un soldat qui estoit en sentinelle
au-dessus d’une tour, n’eust pu éviter de tomber
dans le fossé, s’il ne se fust promptement jetté à terre
à la renverse. »
Placet des habitants de Remiremont adressé à Sa Majesté (collection archives communales de Remiremont, Vosges)

Extrait des délibérations de l’assemblée du Conseil de ville de Luxeuilles-Bains,
du 14 mai 1682 (collection archives départementales de la
Haute-Saône)
À plus grande distance, le séisme est constaté
dans des directions très variées. Vers l’est, en
Allemagne (Francfort, Stuttgart, Nuremberg et
jusqu’à Gotha en Thuringe), en Suisse (Genève,
Zurich, Appenzell), vers le sud dans le Jura et
jusqu’en Dauphiné, Savoie, Lyonnais et Bresse,
vers le nord jusqu’en Flandre, vers l’ouest à Paris,
Chartres, Evreux.
Le centre de la France n’est pas épargné non
plus. À Orléans, « Ce tremblement de terre a causé une
frayeur extrême à une infinité d’habitans qui sont tous
gens dignes de foy et qui conviennent tous de l’heure, de la
manière de l’émotion des maisons, des lits, des vitres… ».
Gien, Sully, Jargeau, Beaugency, Blois, « petites
villes sur la Coste de Loyre l’ont ressenty », indique ce
témoin orléanais.
Le séisme du 12 mai 1682 est considéré
comme l’événement majeur de l’histoire sismique
des Vosges. Qualifié d’une intensité VIII
(sur l’échelle MSK de xII degrés), l’épicentre
est localisé au voisinage de Remiremont. Les
effets décroissants de la secousse se feront
ressentir sur une distance dépassant parfois
les 400 kilomètres.
À une époque plus récente, d’autres événements
de moindre intensité trouvent aussi
leur épicentre dans les Vosges. Parmi eux,
la crise sismique d’Eloyes-Remiremont qui
débuta le 29 décembre 1984 (intensité VI)
ou plus récemment le séisme dit de Rambervillers
du 22 février 2003 (intensité VI-VII)
sont encore présents dans les mémoires.
Carte des effets sismiques du séisme dit de Remiremont (Vosges) du 12 mai 1682, d’après les données SisFrance

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du Développement durable
et de l’Énergie
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DICOM-DGPR/PLA -13009-1 - Février 2013 - Photos et Illustrations : collection archives départementales de la Somme - Collection archives communales de Remiremont, Vosges -Collection archives départementales de la Haute-Saône / texte : J. Lambert (BRGM) -
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