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lire le rapport - Institut des Hautes Etudes pour la Science et la ...

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Quel<strong>le</strong> éthique <strong>pour</strong> <strong>le</strong>s<br />

nanotechnologies ?<br />

La dernière série de questions concerne <strong>le</strong>s problèmes éthiques nouveaux ou renouvelés par<br />

<strong>le</strong> développement <strong>des</strong> nanotechnologies, <strong>et</strong> tout particulièrement par <strong>la</strong> convergence avec <strong>le</strong>s<br />

biotechnologies, l’informatique <strong>et</strong> <strong>le</strong>s sciences cognitives. Doit-on se limiter à soigner ou<br />

peut-on « augmenter » l’homme ? La génétique associée aux biotechnologies a déjà ouvert<br />

<strong>la</strong> brèche. Dépistage génétique, tri préimp<strong>la</strong>ntatoire <strong>des</strong> embryons, médecine préventive <strong>et</strong><br />

demain prédictive… Que deviennent alors ceux qui ne bénéficient pas de ces possibilités ou<br />

traitements <strong>pour</strong> diverses raisons (économiques, religieuses, socia<strong>le</strong>s,…) ? Dans <strong>la</strong> controverse<br />

homme soigné/homme augmenté, <strong>la</strong> référence reste cel<strong>le</strong> du clonage, de <strong>la</strong> manipu<strong>la</strong>tion de<br />

l’homme par l’homme.<br />

La transgression <strong>des</strong> frontières<br />

Pour <strong>le</strong>s philosophes, <strong>le</strong>s nanotechnologies peuvent se ranger dans <strong>la</strong> catégorie <strong>des</strong><br />

« anthropotechnies », c’est-à-dire <strong>des</strong> techniques qui s’appliquent à l’humain (comme <strong>la</strong><br />

chirurgie esthétique ou <strong>la</strong> médecine régénérative). Le problème n’est pas tant d’utiliser du<br />

vivant que d’utiliser <strong>la</strong> technique <strong>pour</strong> modifier l’humain, <strong>et</strong> non <strong>pour</strong> l’adapter à l’environnement.<br />

Pour <strong>la</strong> philosophe Bernad<strong>et</strong>te Bensaude-Vincent 7 , il faut faire <strong>le</strong> distinguo entre « nature<br />

humaine » <strong>et</strong> « condition humaine ». La condition humaine, c’est ce qui fait <strong>la</strong> solidarité<br />

entre tous <strong>le</strong>s hommes. C’est un concept éthique qui nous donne <strong>des</strong> droits <strong>et</strong> <strong>des</strong> devoirs,<br />

notamment celui d’assurer <strong>le</strong> développement durab<strong>le</strong> sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète. Jusqu’ici, <strong>la</strong> condition<br />

humaine se définissait selon <strong>le</strong>s normes de nos sociétés occidenta<strong>le</strong>s, normes qui remontent<br />

à Aristote. Pour lui, il y a une n<strong>et</strong>te différence entre Nature <strong>et</strong> Artifice (dont l’objectif,<br />

pensait Aristote, était de ressemb<strong>le</strong>r à <strong>la</strong> nature, mais sans jamais pouvoir l’éga<strong>le</strong>r) d’une<br />

part, <strong>et</strong> Nature <strong>et</strong> Société d’autre part.<br />

Ce qui change, avec <strong>le</strong>s nanotechnologies, c’est <strong>la</strong> volonté d’utiliser <strong>le</strong>s unités élémentaires<br />

de <strong>la</strong> nature <strong>et</strong> du vivant, <strong>le</strong>s atomes <strong>et</strong> <strong>le</strong>s molécu<strong>le</strong>s, comme <strong>des</strong> dispositifs techniques. Les<br />

nanotechnologies transforment alors notre <strong>rapport</strong> à <strong>la</strong> nature, el<strong>le</strong> n’est plus considérée<br />

comme extérieure à nous, mais comme une « boîte à outils » à notre disposition. Ceci<br />

conduit à <strong>la</strong> « naturalisation » du politique, à l’effacement <strong>des</strong> frontières entre <strong>le</strong>s catégories<br />

« nature », « technique » <strong>et</strong> « société ». C’est ce qui est à l’œuvre dans <strong>le</strong> proj<strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

transhumanistes : l’idée que <strong>le</strong> progrès technologique peut aujourd’hui prendre <strong>la</strong> relève de<br />

l’évolution biologique.<br />

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