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30 ANS DE RG - Guide Gai du Québec

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2 3


Sommaire<br />

Édito 6<br />

Actualités / <strong>Québec</strong> et Canada 8<br />

Actualités / Monde 10<br />

Village<br />

Ouimetoscope 12<br />

<strong>30</strong> anS de Rg<br />

Séances « Les Trois Grâces » 14<br />

Rencontre Alain Bouchard / Alain Gagnon 20<br />

Vers nos <strong>30</strong> ans : André Gagnon 24<br />

Chronologie : politique et société 26<br />

Vers nos <strong>30</strong> ans : Réal Ménard 28<br />

Rencontres gaies : ce qui a changé <strong>30</strong><br />

Petites annonces : Yvon Charette 32<br />

Vers nos <strong>30</strong> ans : Bruce Horlin 34<br />

Chronologie : nightlife 36<br />

Gars de <strong>RG</strong> : Sylvain 40<br />

Gars de <strong>RG</strong> : l’évolution des photos 42<br />

Vers nos <strong>30</strong> ans : Réjean Thomas 56<br />

Chronologie : livres 60<br />

Littérature gaie : Denis-Martin Chabot 64<br />

Vers nos <strong>30</strong> ans : Zilon 66<br />

Chronologie : musique 68<br />

Chronologie : cinéma 72<br />

Publicité : Luc Lachance 76<br />

Citations 78<br />

Vers nos 40 ans… 82<br />

SoRtieS<br />

Calendrier 86<br />

Photos 88<br />

Ouverture des bars jusqu’à 6 h 90<br />

Rumeurs 91<br />

idéeS cadeaux<br />

Coffrets Prestige 92<br />

14 Les Trois Grâces<br />

42 L’évolution<br />

des photos<br />

72<br />

Cinéma<br />

24<br />

Vers nos <strong>30</strong> ans<br />

André Gagnon<br />

66 Zïlon<br />

88<br />

Photos<br />

4 5


Groupe HMX présente<br />

le Magazine <strong>RG</strong><br />

Éditeur<br />

André Gagnon<br />

andregagnon@rgmag.com<br />

Conseillers publiCitaires<br />

Joanne Ansell<br />

(514) 903.1782<br />

Grace Arnaudo<br />

(514) 903.5537<br />

Luc Barrette<br />

(514) 439.4737<br />

Pierre Druelle<br />

(514) 903.9463<br />

Anthony Quertier<br />

(514) 449.4447<br />

Jerimi Scott<br />

(514) 903.7001<br />

direCteur de la pro<strong>du</strong>Ction<br />

Pierre Druelle<br />

adm@rgmag.com<br />

rÉdaCteur en Chef<br />

Antoine Aubert<br />

antoine@rgmag.com<br />

Journalistes<br />

François Bernier<br />

francois@rgmag.com<br />

Matthieu Lévesque<br />

matthieu@rgmag.com<br />

Shawn Thompson<br />

shawn@etre.net<br />

Thibaut Temmerman<br />

thibaut@etre.net<br />

direCteur artistique<br />

César Ochoa<br />

Graphistes<br />

Alain Martel<br />

Carolina Ramírez<br />

photoGraphes<br />

Edson Emilio Álvarez<br />

Robert Gilbert<br />

César Ochoa<br />

Bérenger Zyla<br />

Webmestre<br />

Arnaud Baty<br />

arnaud@rgmag.com<br />

adJoint administratif<br />

Arturo Abreu<br />

arturo@rgmag.com<br />

Pascal Duchesne<br />

pascal@communicationsetre.com<br />

rÉviseure<br />

Monique Désy Proulx<br />

1-866-521-3873<br />

Adresse postale : C.P. 222, Succursale C,<br />

Montréal, <strong>Québec</strong>, H2L 4K1,<br />

téléphone : (514) 523-9463<br />

Adresse civique : 1613, rue Amherst,<br />

Montréal, <strong>Québec</strong>, H2L 3L4<br />

Éditorial<br />

trente ans…<br />

aveC GrÂCes !<br />

© Robert Gilbert<br />

Le magazine <strong>RG</strong> est publié 12 fois l´an par Groupe HMX. <strong>RG</strong> est distribué gratuitement. Le fait d´être mentionné, cité, photographié, d´annoncer ou de collaborer à <strong>RG</strong>, de quelque<br />

manière que ce soit, n´indique ni n´implique une orientation sexuelle particulière. Chaque annonceur et chaque auteur assument, en acceptant de publier dans <strong>RG</strong>, la totale responsabilité<br />

<strong>du</strong> contenu et de la forme de sa publicité/texte, et <strong>RG</strong> décline toute forme de responsabilité s´il advenait un ou des litiges entre des lecteurs/collaborateurs/annonceurs et d´autres<br />

personnes ou organismes. Le fait d´accepter d´être publié dans <strong>RG</strong> constitue une acceptation des conditions précédentes ou convenues entre <strong>RG</strong> et les personnes concernées. Toute<br />

personne peut soumettre <strong>du</strong> matériel pour publication (qui devient automatiquement la propriété <strong>du</strong> Groupe Ser à moins d´entente autre avec l´éditeur).<br />

Toute repro<strong>du</strong>ction en tout ou en partie de cette publication est strictement interdite sans l’autorisation de l’auteur de l’article ou de la photographie. Les articles ne reflètent que l’opinion<br />

de leur auteur et n’engagent en rien le magazine <strong>RG</strong>. Tous droits réservés. ISSN 0831-2761<br />

Quand <strong>RG</strong> est né en 1981,<br />

je ne savais pas encore que<br />

j’étais gai. J’avais une vague<br />

attirance pour les hommes,<br />

mais je ne pouvais encore la<br />

définir. L’homosexualité n’avait<br />

guère le droit de citer même au<br />

cœur de Montréal et je venais à<br />

peine, jeune a<strong>du</strong>lte, de réaliser<br />

que la rue Stanley ou le Parc<br />

Lafontaine étaient des lieux de<br />

rencontre et de drague.<br />

C’est à travers <strong>RG</strong> que j’ai découvert la communauté<br />

gaie, un monde qui m’attirait, m’intriguait,<br />

mais qui, je le savais, bouleverserait ma vie si j’y mettais<br />

le pied. Comme pour des milliers d’entre nous,<br />

les magazines gais furent mon premier outil de découverte<br />

d’une vie encore largement underground<br />

dans la ville. Il suffisait de trouver un lieu de diffusion et<br />

de ramasser le magazine pour se garder en contact<br />

avec une communauté largement virtuelle.<br />

C’était avant Internet, avant le Village, quand les<br />

rencontres se faisaient encore par petites annonces<br />

interposées. Le refus des grands médias comme La<br />

Presse de les publier, a incité Alain Bouchard à lancer<br />

cette publication. Car avant d’être <strong>RG</strong>, celle-ci était<br />

dédiée aux Rencontres <strong>Gai</strong>es… d’où son nom.<br />

Une boUgie dans la nUit<br />

Quand on tourne les pages des 348 numéros de<br />

la revue depuis sa fondation, on revoit l’émergence<br />

de tous les débats qui ont mené aux avancées dont<br />

nous jouissons aujourd’hui. On découvre le Sida, on<br />

entreprend de contrer la stigmatisation et de combattre<br />

la maladie. Le nouveau Village de l’Est dame<br />

peu à peu le pion au « Village de l’Ouest » pour devenir<br />

tout simplement le Village.<br />

L’idée fait tranquillement son chemin non seulement<br />

de demander la reconnaissance de nos couples, mais<br />

même le droit au mariage, même si on craint d’être<br />

récupéré par cette institution patriarcale. On se rend<br />

alors compte comment ce modeste magazine imprimé<br />

a été comme une bougie dans la nuit, quand<br />

l’homosexualité était un tabou presque partout.<br />

Alors, au moment de célébrer le <strong>30</strong> e anniversaire<br />

d’un magazine qui partage avec le magazine Tels<br />

Quels à Bruxelles le titre de doyen de la presse gaie<br />

francophone dans le monde, je veux lever mon chapeau<br />

à son fondateur Alain Bouchard et à tous les<br />

collaborateurs qui ont ren<strong>du</strong> possible son existence. Si,<br />

aujourd’hui, le <strong>Québec</strong> se trouve à l’avant-garde dans<br />

le monde en matière de droits GLBT, c’est grandement<br />

à cause de magazines comme <strong>RG</strong> qui ont refusé de<br />

tomber dans la facilité <strong>du</strong> consumérisme et de la fuite<br />

devant les difficultés de la vie gaie dans une société<br />

encore largement homophobe. De magazines qui ont<br />

pourfen<strong>du</strong> sans relâche les préjugés et démystifier nos<br />

réalités tout en permettant de nous mettre en contact.<br />

Tout au long de son existence, comme le rappelle<br />

Alain Bouchard dans l’entrevue publiée dans ce nu-<br />

méro, la publication d’une revue gratuite financée<br />

par la publicité mais refusant de lui accorder la priorité,<br />

est restée un défi important. C’est encore vrai<br />

en 2011…<br />

Un nUméro historiqUe<br />

Depuis que je suis à la barre de <strong>RG</strong>, toutes nos énergies<br />

ont été mobilisées pour que le magazine arrive à<br />

ses <strong>30</strong> ans fidèle à ses origines, mais renouvelé et sans<br />

aucune ride apparente. On est gai ou on ne l’est pas,<br />

après tout !<br />

Pour célébrer cet anniversaire historique, nous<br />

vous présentons le numéro le plus important jamais<br />

publié dans notre histoire, un numéro de 100 pages<br />

avec un tirage exceptionnel de <strong>30</strong>.000 exemplaires<br />

et des cahiers thématiques rappelant tout le chemin<br />

parcouru dans ces <strong>30</strong> dernières années. Pour la majeure<br />

partie de notre équipe, cela a été l’occasion<br />

de plonger dans une histoire qui s’est largement déroulée<br />

alors que nous avions la couche aux fesses ou<br />

que nous usions les bancs d’école. Tout cela a permis<br />

un voyage des plus instructifs dans ce passé pas si<br />

lointain, mais combien étranger aux réalités d’aujourd’hui.<br />

Pour ces <strong>30</strong> ans, nous nous sommes laissé inspirer<br />

par les Trois Grâces avec, en couverture, trois modèles<br />

représentant les trois générations de lecteurs de<br />

<strong>RG</strong>. Évidemment nous avons réinterprété de façon<br />

très gaie ce thème de la mythologie romaine cher<br />

aux peintres classiques. En souhaitant que ce magazine<br />

continue pour longtemps encore à inspirer notre<br />

communauté, comme les mythiques Trois Grâces, en<br />

beauté, en sensualité et en créativité.<br />

En terminant, je tiens à féliciter toute notre équipe<br />

pour le travail accompli depuis trois ans de nécessaire<br />

mise à jour <strong>du</strong> magazine et pour ce nouveau<br />

développement que représente le site web partagé<br />

avec le magazine Être, mis à jour quotidiennement<br />

depuis un an.<br />

Les temps changent, <strong>RG</strong> aussi. Pour ma part, je renouvelle<br />

mon engagement à continuer de pro<strong>du</strong>ire<br />

ce magazine avec le même souci de servir notre<br />

émancipation qui l’a animé depuis ses premiers jours.<br />

Puisse ce magazine continuer à s’épanouir en grâces<br />

pour de nombreuses années.<br />

André Gagnon, éditeur<br />

6 7


© StephenLovekin<br />

actualités / <strong>Québec</strong> et canada<br />

politique / É<strong>du</strong>cation<br />

Lancement de la<br />

chaire de recherche sur<br />

l’homophobie<br />

L’annonce avait été faite en mai dernier,<br />

mais le premier ministre Jean Charest s’est déplacé<br />

en personne, le 21 novembre, à l’Écomusée<br />

<strong>du</strong> Fier Monde, pour confirmer la création<br />

d’une chaire de recherche universitaire<br />

sur l’homophobie.<br />

Doté d’un montant de 475.000 $ sur cinq ans,<br />

cette chaire sera dirigée par la chercheuse et<br />

professeure au département de sexologie de<br />

l’UQAM, Line Chamberland. Cette dernière<br />

abordera la question de l’homophobie via<br />

deux grandes thématiques : les conséquences<br />

de l’homophobie sur la santé physique,<br />

mentale et sexuelle, ainsi que le phénomène<br />

d’exclusion sociale des minorités sexuelles, afin<br />

de dégager des solutions pour l’enrayer.<br />

« Le <strong>Québec</strong> se démarque une fois de plus<br />

par son leadership et sa vision en matière<br />

d’ouverture aux minorités sexuelles. Nous pouvons<br />

être fiers de notre progrès. Notre situation<br />

est enviable dans le monde en termes d’inclusion<br />

», a soutenu Jean Charest. (T.T.)<br />

spectacle musical<br />

Et maintenant Sainte Carmen de la Main !<br />

Le succès des Belles-Sœurs en comédie<br />

musicale a visiblement donné des idées<br />

au trio formé par Michel Tremblay, René<br />

Richard Cyr et Daniel Bélanger. Le Théâtre<br />

<strong>du</strong> Nouveau monde de Montréal a ainsi<br />

annoncé, le 25 novembre, qu’une autre<br />

célèbre pièce de l’auteur québécois serait<br />

à son tour bientôt « transformée ».<br />

La première de la version musicale de<br />

Sainte Carmen de la Main est prévue au<br />

printemps 2013. Prenant place dans le Red<br />

Light <strong>du</strong> boulevard Saint-Laurent, où l’on<br />

croise tant de travestis et autres personnages<br />

de la nuit, à la fin des années 70, ce texte<br />

très engagé dépeint le quotidien de ces<br />

gens pauvres socialement, qui refusent<br />

toutefois de renoncer et se rebellent contre<br />

l’ordre établi.<br />

« Maude Guérin y interprétera le mythique<br />

personnage de Carmen. Autour d’elle<br />

seront réunis une vingtaine d’interprètes<br />

et musiciens dont les noms seront dévoilés<br />

lors <strong>du</strong> lancement de la saison 2012-2013<br />

<strong>du</strong> TNM », précise la direction <strong>du</strong> théâtre.<br />

(A.A.)<br />

HomopHobie scolaire<br />

Lady Gaga s’adresse à un jeune gai torontois<br />

En écrivant une lettre à Lady Gaga, le Torontois<br />

Jacques St-Pierre était sûrement loin<br />

d’imaginer que son idole lui ferait une réponse<br />

publique via une vidéo mise en ligne sur Internet.<br />

Dans sa missive, le garçon expliquait les<br />

difficultés qu’il rencontrait dans sa lutte quotidienne<br />

pour l’acceptation des jeunes homosexuels<br />

de son école.<br />

Dans sa réponse, la chanteuse rappelle<br />

l’importance de ce combat: « Je suis fière de<br />

toi qui es un défenseur si fervent de la communauté<br />

gaie et lesbienne de ton école... C’est<br />

important que nous repoussions les limites de<br />

l’amour et de la tolérance. Il est important de<br />

prêcher l’égalité pour tous les étudiants. »<br />

Le garçon aurait simplement reçu un courriel<br />

de la chanteuse lui indiquant un lien vers<br />

une vidéo sur le web. Jacques St-Pierre admet<br />

avoir été tellement surpris qu’il en a longuement<br />

pleuré. (F.B.)<br />

8 9


actualités / Monde<br />

cameroun<br />

Trois hommes<br />

condamnés pour<br />

homosexualité<br />

Ces dernières semaines, l’attention s’est portée<br />

notamment sur le traitement des gais, lesbiennes,<br />

et trans par les États africains anglophones.<br />

Pour autant, les voisins francophones<br />

ne constituent pas un exemple, notamment le<br />

Cameroun.<br />

La condamnation de Jonas et Francky<br />

(âgés de 20 et 19 ans) vient rappeler cette<br />

réalité. Interpellés en juillet dernier pour des<br />

attouchements sexuels selon la police (parce<br />

qu’ils portaient une perruque selon la défense),<br />

ils ont écopé de cinq ans de prison sans<br />

compter une très lourde amende de 200.000<br />

francs CFA (environ 420 dollars canadiens).<br />

Un troisième homme, Hilaire, a été condamné<br />

par contumace. Apparemment plus fortuné<br />

que sur les deux jeunes, il avait été relâché<br />

par les autorités suite à son arrestation. L’article<br />

347 bis <strong>du</strong> Code pénal camerounais interdit les<br />

actes sexuels entre indivi<strong>du</strong>s de même sexe. Il<br />

prévoit jusqu’à cinq ans de prison. (A.A.)<br />

© Guillaume & Pauline<br />

Pérou<br />

L’eau rendra-t-elle les hommes gais ?<br />

espagne<br />

Menace sur les droits des gais ?<br />

36 millions d’Espagnols étaient appelés aux<br />

urnes pour des élections anticipées, le 20 novembre.<br />

Les socialistes, au pouvoir depuis 2004,<br />

ont enregistré une large défaite, sur fond de<br />

crise économique et de chômage de masse.<br />

L’arrivée au pouvoir des conservateurs, dirigés<br />

par Mariano Rajoy, suscite des craintes dans la<br />

communauté LGBT, qui a bénéficié des avancées<br />

sociales accordées par le gouvernement<br />

socialiste de Zapatero.<br />

Âgé de 56 ans, le futur premier ministre<br />

Mariano Rajoy, est reconnu pour sa patience.<br />

Mais ses adversaires le voient aussi comme un<br />

homme ambigu, avançant masqué. Il a ainsi<br />

déclaré qu’une fois au pouvoir, il maintiendrait<br />

le recours de son parti devant le tribunal<br />

constitutionnel espagnol contre le mariage gai<br />

et l’homoparentalité.<br />

Néanmoins, il a indiqué que sa « différence »<br />

de point de vue à l’égard <strong>du</strong> mariage gai résidait<br />

« fondamentalement dans le nom », arguant qu’il<br />

était en faveur d’une union civile comme celles<br />

existantes en Allemagne ou en France. (T.T.)<br />

© Populares de Cantabria<br />

© Joost J. Bakker IJmuiden<br />

Et la palme de la stupidité est attribuée à… José Benítez. Le maire de la petite ville de<br />

Huarmey, ville côtière <strong>du</strong> Pérou, au nord de la capitale Lima, n’a rien trouvé de mieux<br />

que d’affirmer que l’eau arrivant dans les robinets des habitants de sa municipalité pourrait<br />

les rendre homosexuels.<br />

Cette idée pour le moins farfelue est venue à l’édile à cause d’un projet de raccordement<br />

d’eau potable. Celui-ci fera que Huarmey sera reliée à la zone où se situe la ville<br />

de Tabalosos. Cette dernière a été décrite, dans un récent reportage télévisé, comme<br />

un endroit où il n’y a que des gais.<br />

Pour José Benítez, <strong>du</strong> coup, pas de doute : l’eau, dont certains disent qu’elle contient<br />

un fort taux d’éléments chimiques comme le strontium et le manganèse, représente une<br />

menace pour les habitants. « Le strontium ré<strong>du</strong>it les hormones mâles et si ça continue on<br />

risque de connaître le même sort qu’à Tabalosos », a-t-il conclu. Cette eau représente<br />

néanmoins un vrai problème. Des scientifiques estiment en effet que le strontium est à<br />

l’origine de certains cancers. (A.A.)<br />

10 11


On parle souvent des nouveautés<br />

à propos de ses commerces<br />

ou de ses établissements (dernièrement<br />

l’Apollon). Le Village<br />

se renouvèle également pour<br />

ce qui est de l’habitat. La future<br />

copropriété Ouimetoscope<br />

(nommée ainsi pour rendre<br />

hommage au premier cinéma<br />

de Montréal et <strong>du</strong> Canada), au<br />

croisement des rues Montcalm<br />

et Sainte-Catherine, s’inscrit<br />

dans cette optique.<br />

villaGe<br />

Logement<br />

ouimetosCope :<br />

un autre visaGe<br />

pour le quartier <strong>Gai</strong><br />

Antoine Aubert<br />

Il y a eu peut-être une première impression mitigée<br />

lorsque le projet Ouimetoscope a pris ses quartiers<br />

voilà quelques semaines dans le Village. Après tout,<br />

la nouvelle façade <strong>du</strong> 1200 rue Sainte-Catherine (ou<br />

se tenait auparavant le Wok et Soupe qui a déménagé<br />

un peu plus loin à l’est) a fait disparaître les<br />

oeuvres masculines de Zïlon, illustration culturelle <strong>du</strong><br />

quartier gai.<br />

Visiblement préparé à cette question, Louis-Robert<br />

Lemire, responsable <strong>du</strong> projet, affirme pour sa part « se<br />

voir plutôt comme un sauveur [de l’édifice] ». La plus<br />

grande partie, avant le rachat en 2010, était « abandonnée<br />

depuis longtemps », précise l’entrepreneur.<br />

Question symbole, les promoteurs se trouvent<br />

d’ailleurs parés à toute attaque : le Ouimetoscope remet<br />

en valeur le cinéma <strong>du</strong> même nom, un élément<br />

<strong>du</strong> patrimoine québécois et canadien, puisqu’il s’agit<br />

de le toute première salle permanente construite à<br />

Montréal et dans tout le pays, en 1906. À en croire<br />

Louis-Robert Lemire, des restes des décorations subsistaient<br />

même dans certaines parties de l’édifice.<br />

Pour accentuer l’hommage, les nouveaux locaux<br />

se trouveront connotés « Septième art ». Les 18 appartements<br />

porteront chacun un nom de star <strong>du</strong> cinéma<br />

(de Bette Davis à Grace Kelly, en passant par Steven<br />

Spielberg et Charlie Chaplin). Les espaces communs<br />

ressembleront à des allées de cinéma. Enfin, à l’extérieur,<br />

la corniche marquant le croisement des deux<br />

rues se veut une repro<strong>du</strong>ction moderne de l’originale.<br />

Projet « livré » en sePtembre 2012<br />

La date de « livraison » <strong>du</strong> projet est prévue pour<br />

septembre 2012. Les travaux doivent débuter avant<br />

Noël. La surface des appartements (avec une ou deux<br />

chambres) variera entre 750 et 1.<strong>30</strong>0 pieds carrés, pour<br />

des prix allant de 285.000 à 520.000 dollars (taxes incluses).<br />

Quelques unités ont déjà été ven<strong>du</strong>es et Louis-<br />

Robert Lemire ne semble pas se faire de soucis pour<br />

les suivants.<br />

Le promoteur table beaucoup sur l’aspect « unique » de<br />

son offre. « Il n’y a pas de nouveaux édifices de condos<br />

intégrés et sécuritaires dans le Village », affirme-t-il, hormis<br />

ce qui s’est fait au-dessus de l’Olympia. « On a recensé<br />

environ 13.800 adresses dans le Village. Nous offrons seulement<br />

18 copropriétés », ajoute-t-il, précisant qu’à ses yeux,<br />

« ce qui se fait sur le boulevard René-Lévesque ne compte<br />

pas car ça ne fait pas partie intégrante <strong>du</strong> quartier gai ».<br />

Par ailleurs, Louis-Robert Lemire ne cache pas son<br />

envie de faire <strong>du</strong> Ouimetoscope un lieu « communautaire<br />

». « La plupart des personnes intéressées sont des<br />

gais, qui ont un certain niveau de vie et qui ont envie<br />

de vivre dans le Village et nulle part ailleurs », précise-t-il.<br />

séCUrité et ProPreté<br />

Parmi les arguments martelés par l’entreprise, se<br />

trouve notamment l’objectif de créer un quartier<br />

plus « sécurisé et propre ». « Avant d’acheter ces locaux,<br />

j’ai pris ma voiture pour me balader dans le<br />

coin, rues Beaudry, Wolfe, Montcalm, etc., raconte<br />

notre interlocuteur. Il y a des demeures fascinantes<br />

». Résultat : Robert-Louis Lemire et ses associés<br />

ont déjà d’autres projets en préparation dans cette<br />

zone.<br />

« Le Plateau s’est transformé ces 20 dernières années,<br />

rappelle l’entrepreneur. En ce moment, c’est<br />

le cas d’Hochelaga-Maisonneuve. Le Village va suivre<br />

la même tendance, sans doute plus rapidement,<br />

puisqu’il se trouve beaucoup plus proche <strong>du</strong> centre ».<br />

Outre les appartements, un nouveau commerce<br />

(dans la restauration) prendra place bientôt au 1200<br />

rue Sainte-Catherine. Les locaux <strong>du</strong> Wok et Soupe,<br />

totalement redessinés, accueilleront quelque chose «<br />

dans le même genre que le Java U situé près de la station<br />

Beaudry, ou un autre type de restaurant qui s’intègrera<br />

à la rue », promet Louis-Robert Lemire. On devrait<br />

en savoir davantage au début de l’année 2012.<br />

12 13<br />

Documents remis


les <strong>30</strong> ans de rG<br />

<strong>30</strong> ème anniversaire<br />

sous le siGne<br />

des trois<br />

GrâCes !<br />

{<br />

3<br />

0<br />

TroIS hommES, TroIS GénérATIonS, Pour ChAquE déCEnnIE quE noTrE<br />

mAGAzInE A TrAvErSéE. C’EST En nouS InSPIrAnT, dE mAnIèrE forCémEnT TrèS<br />

« GAIE », <strong>du</strong> ThèmE ChEr Aux PEInTrES dE LA rEnAISSAnCE quE nouS AvonS<br />

déCIdé dE fêTEr LES <strong>30</strong> AnS dE rG. SouvEnIrS, PorTrAITS, ChronoLoGIES<br />

formEnT LE rESTE dE CE numéro TrèS SPéCIAL. BonnE LECTurE !<br />

photos : robert Gilbert<br />

15


les <strong>30</strong> ans de rG<br />

{<br />

holy sCar<br />

la beautÉ<br />

IL EST JEunE, BEAu ET SAIT CommEnT SE<br />

SErvIr dE Son CorPS. LA PrEuvE : En<br />

PLuS d’êTrE TATouEur, hoLy SCAr EST<br />

dAnSEur Au SToCk dEPuIS quELquES moIS.<br />

modèLE Pour dIfférEnTS PhoToGrAPhES,<br />

IL PArTICIPE éGALEmEnT à PLuSIEurS<br />

événEmEnTS féTIChISTES, défILAnT<br />

noTAmmEnT Au dErnIEr TorTure Garden<br />

MonTréal, fIn novEmBrE, Au BELmonT.<br />

la crÉativitÉ<br />

{simon says<br />

CommE LES dEux AuTrES modèLES, IL AImE<br />

L’unIvErS <strong>du</strong> féTIChE, mAIS SImon SAyS<br />

A SurTouT unE PASSIon : LA muSIquE ET<br />

PLuS PArTICuLIèrEmEnT LE deaTh MeTal.<br />

GuITArISTE Pour LE GrouPE mAGnum<br />

STALLIon, vouS PourrEz rETrouvEr<br />

quELquES TITrES <strong>du</strong> GrouPE Sur LEur<br />

PAGE MySpace, noTAmmEnT My Blood of<br />

life, huManiTy’S deaTh ET deaTh afTer life.<br />

16 17


les <strong>30</strong> ans de rG<br />

la sensualitÉ<br />

riChard<br />

{<br />

BIEn Connu dAnS LA CommunAuTé<br />

féTIChISTE, IL A éTé Tour A Tour CoIffEur,<br />

dAnSEur, modèLE ET ACTEur. BrEf, dE Son<br />

ProPrE AvEu, C’EST « un ShowmAn » !<br />

IL rEPréSEnTE ICI unE mISE En AvAnT <strong>du</strong><br />

CorPS déSInhIBéE dE TouT TABou. Pour<br />

LA PETITE hISToIrE, LorS dE LA SéAnCE<br />

PhoToS, IL n’éTAIT PAS InSEnSIBLE Au<br />

PhySIquE dE hoLy SCAr…<br />

18 19


<strong>30</strong> ans de rG<br />

Alain Bouchard © César Ochoa<br />

Militant et déjà actif dans le<br />

milieu des médias GLBT,<br />

Alain Bouchard décide à la<br />

fin de l’année 1981 de fonder<br />

le journal Rencontres <strong>Gai</strong>es.<br />

Aujourd’hui, cette revue, que<br />

vous tenez dans les mains, fête<br />

son <strong>30</strong>ème anniversaire. Avec<br />

le magazine belge Tels Quels,<br />

<strong>RG</strong> est la plus ancienne publication<br />

gaie francophone encore<br />

diffusée. Alain Bouchard<br />

évoque ici l’histoire <strong>du</strong> magazine<br />

et discute de la presse<br />

gaie au <strong>Québec</strong> avec celui qui<br />

est, depuis 2008, l’éditeur <strong>du</strong><br />

magazine, André Gagnon.<br />

André gAgnon<br />

et ALAin BouchArd<br />

fondateur et Éditeur de rG :<br />

la renContre André<br />

Thibaut Temmerman<br />

rg. dans qUel contexte avez-voUs créé <strong>RG</strong> ?<br />

alain boUchard. La création de Rencontres<br />

<strong>Gai</strong>es est venue <strong>du</strong> fait <strong>du</strong> vide créé par la fin de Sortie.<br />

J’étais également tanné de la censure de certains<br />

éditeurs, alors je souhaitais dire ce que je voulais. <strong>RG</strong><br />

a d’abord été un tabloïd de petites annonces de<br />

rencontres. Quand Le Berdache, l’organe officiel de<br />

l’Association pour les droits des gai(e)s <strong>du</strong> <strong>Québec</strong><br />

(ADGQ), a cessé de paraître en 1982, j’ai décidé de<br />

donner un contenu plus revendicateur, plus vindicatif.<br />

En 1984, Rencontres <strong>Gai</strong>es paraît sous forme de revue<br />

et devient <strong>RG</strong>. Certains me demandaient alors si cela<br />

avait rapport avec Tintin !<br />

rg. de qUelle manière le magazine a-t-il<br />

accompagné la commUnaUté gaie dans ses<br />

combats ?<br />

a.b. Il y eut deux types de combats : ceux qui ont<br />

coûté cher (les procès) et ceux qui n’ont rien coûté :<br />

les éditoriaux et les reportages sur les problématiques<br />

de l’époque. La décriminalisation grâce à Trudeau,<br />

en 1969, c’était de la tolérance. Nous n’étions plus des<br />

criminels, mais nous n’avions toujours pas de droits !<br />

La Charte de 1977 n’a pas empêché les discriminations,<br />

même aujourd’hui. Les sidéens étaient trai-<br />

tés comme des parias. Le Village n’était pas toujours<br />

sûr et la police homophobe faisait des descentes<br />

arbitraires dans les saunas, les parcs… On a dû se<br />

battre bec et ongles contre les gouvernements fédéraux,<br />

même avec Jean Chrétien, par exemple<br />

pour les pensions octroyées au conjoint survivant. Et<br />

il y a eu le mariage. J’y suis personnellement opposé,<br />

mais j’ai embarqué car il s’agissait <strong>du</strong> dernier droit à<br />

obtenir.<br />

rg. il y a eU de nombreUses revUes gaies<br />

parUes dUrant ces années, mais beaUcoUp<br />

ont disparU depUis. comment expliqUer la<br />

longévité de rg ?<br />

a.b. L’argent et les publicités ! Mais je ne voulais<br />

pas faire de l’argent, je voulais émettre des idées.<br />

andré gagnon. C’est ton altruisme de vierge (rire) !<br />

a.b. Non, vraiment ! Mes revenus de psy me permettaient<br />

de financer le magazine. Les photos de nu<br />

étaient en noir et blanc, on espérait appâter les gens<br />

qui n’avaient pas accès à ce genre de choses. Les<br />

brèves ont toujours été très populaires dans le magazine.<br />

Avec les annonces, les lecteurs avaient la<br />

possibilité de contacter d’autres personnes, pour de<br />

l’amitié ou <strong>du</strong> sexe. Cela avait un effet solidarisant.<br />

Des gens viennent encore me voir aujourd’hui pour<br />

Gagnon © César Ochoa<br />

me dire « J’ai rencontré tous mes chums grâce à ça<br />

<strong>du</strong>rant 20, 25 ans ! » On n’imagine pas l’impact des<br />

petites annonces à cette époque.<br />

rg. il a dû poUrtant y avoir des périodes<br />

plUs difficiles…<br />

a.b. Ah non, pas des périodes difficiles. Une longue<br />

période difficile ! Pour le premier numéro, j’ai fait un<br />

profit de dix dollars ! Mais au moins, c’était un bénéfice.<br />

rg. très tôt à la création de rg, le sida a<br />

fait son apparition. comment avez-voUs<br />

coUvert cela ?<br />

a.b. On avait un chroniqueur attitré, anarchiste,<br />

dont l’opinion allait à l’encontre des théories<br />

ambiantes : il disait que le Sida était le résultat de<br />

syphilis mal soignées. Certains nous ont boycottés à<br />

cause de ça. Mais personne ne savait vraiment ce<br />

que c’était. On nous a parfois reproché de parler<br />

beaucoup trop <strong>du</strong> Sida ou encore <strong>du</strong> mariage.<br />

C’était la réalité, il fallait donc bien l’évoquer !<br />

rg. comment s’est déroUlée la passation de<br />

poUvoir ?<br />

a.b. Ça a débuté en 2001. Il courait après moi, il ne<br />

me lâchait plus (rire) ! Mais je n’étais pas intéressé à<br />

vendre le magazine.<br />

a.g. On en a rediscuté en mai 2008 et cela s’est<br />

fait très vite.<br />

a.b. Il a fait une excellente affaire !<br />

a.g. La meilleure affaire que j’ai faite, c’est de<br />

pouvoir continuer la tradition de ce magazine qui a<br />

accompagné l’histoire de la communauté gaie. Je<br />

suis historien de formation et l’historicité a beaucoup<br />

d’importance pour moi.<br />

a.b. Je n’ai pas pris ma retraite, mais je n’étais plus<br />

inspiré, je n’avais plus de cause à défendre…<br />

a.g. Il y a la lutte contre l’homophobie !<br />

a.b. Oui, mais c’est ce qu’on faisait depuis 1981 ! Même<br />

si l’homophobie est reconnue comme acception. On a<br />

renversé la vapeur, le problème n’est plus avec nous autres.<br />

a.g. Mais il y a encore beaucoup d’avancées à<br />

faire quand on parle des enjeux LGBT dans le monde.<br />

On ne questionne pas la criminalisation de l’homosexualité,<br />

on parle de démocratie en Afghanistan,<br />

mais pas des droits des gais !<br />

a.b. C’est très important de ne pas tout tenir pour<br />

20 21


acquis. Cela risque de changer si Stephen Harper reste<br />

encore là longtemps. Les subventions sont retirées aux<br />

associations, le maire de Toronto Rob Ford refuse de<br />

prendre part à la Fierté…<br />

rg. l’existence d’Un magazine commUnaUtaire<br />

est donc toUjoUrs jUstifiée ?<br />

a.g. Aujourd’hui encore la communauté est virtuelle.<br />

Le Village, lui, est visible. <strong>RG</strong> existe et, avec les<br />

organismes, les associations, les établissements, il s’agit<br />

des premiers liens pour qu’on s’intègre. Ils sont utiles<br />

pour comprendre qu’on appartient à une communauté.<br />

rg. qUel regard portez-voUs sUr la presse<br />

gaie actUelle ?<br />

a.b. Il y a cette tendance commerciale qui fait que<br />

l’on reste dans une sphère superficielle : les loisirs, la<br />

mode, la beauté. Je suis de la vieille école, mais il y<br />

a des dossiers sur lesquels on ne dit rien : les drogues,<br />

la violence conjugale. On a peur les aborder car ça<br />

tranchera avec notre popularité. Les gais sont devenus<br />

des fétiches sociaux.<br />

a.g. Je suis d’accord. Mais je milite depuis l’âge de<br />

16 ans : j’ai eu une phase totale de militantisme. Puis,<br />

j’ai enlevé les affiches militantes pour des paysages car<br />

je ne souhaitais pas que vivre en tant que militant. L’information,<br />

c’est une autre forme de militantisme et <strong>RG</strong><br />

se démarque aussi avec des textes qui traitent <strong>du</strong> fond.<br />

rg. qUel est votre plUs grand regret ? et<br />

votre plUs grande fierté ?<br />

a.b. Je regrette de ne pas avoir pu plus faire d’argent<br />

avec <strong>RG</strong>. Je ne sais pas si l’on peut parler de fierté, mais<br />

je ressens un vrai sentiment d’utilité quand quelqu’un<br />

vient me voir pour me dire « J’aimais donc ça <strong>RG</strong>, ça<br />

m’a été utile quand j’ai fait mon coming out ! ».<br />

22 23


La rédaction, tout<br />

comme les lecteurs<br />

de ses magazines, le<br />

connaissent autant pour<br />

son rôle d’éditeur dans<br />

la presse gaie que pour<br />

ses fortes convictions.<br />

mais si l’on a souhaité<br />

qu’André Gagnon fasse<br />

partie de la galerie des<br />

portraits que nous avons<br />

dressés tout au long de<br />

ces derniers mois, c’est<br />

avant tout pour évoquer<br />

le parcours de ce<br />

défenseur des droits de<br />

la communauté gaie.<br />

vers nos <strong>30</strong> ans<br />

andrÉ gagnon<br />

derrière<br />

l’Éditeur :<br />

le militant<br />

Thibaut Temmerman<br />

Si l’on remonte le temps, l’actuel éditeur de <strong>RG</strong> et de Entre Elles (revues qu’il a respectivement rachetées en 2008<br />

et 2011) a également créé la revue anglophone 2B en 2002 et, auparavant, Être en 1998. Cette année-là, André<br />

Gagnon a uni son magazine Vox <strong>Québec</strong> avec Le Magaizine de <strong>Québec</strong> pour faire de Être « le deuxième média<br />

gai québécois », affirme-t-il. « Je voulais proposer autre chose dans le marché de la presse : une revue plus culturelle,<br />

plus informative, plus moderne, qui ne soit pas seulement montréalaise en prétendant être québécoise ».<br />

Avant cela, il y a eu la création en 1993 d’Homo Sapiens, le journal de l’Association des lesbiennes et gais<br />

de l’UQAM (ALGUQAM), qu’il a présidée. Sa passion pour les médias date de ses années de secondaire et de<br />

Cégep, où il collaborait déjà à des journaux étudiants. Mais si éditer des revues a quelque chose de « moins<br />

frustrant », qui lui permet d’exprimer pleinement ses opinions, ce n’est pas pour autant « un acte militant en soi ».<br />

« C’est un travail, mais qui entre dans le cadre de mon militantisme en faveur de l’égalité. Je n’aurais pas pu être<br />

un éditeur de magazine de décoration, par exemple », précise-t-il encore.<br />

se battre pour L’égaLité<br />

De l’égalité, il en sera longuement question lors de notre entretien, André Gagnon ne manquant pas d’évoquer<br />

« les Indignés » dont la mobilisation met en lumière les fortes inégalités sociales : « Il faut se battre pour l’égalité.<br />

Notre société considère la liberté comme la valeur fondamentale, alors que les deux interagissent en démocratie.<br />

La liberté sans l’égalité, c’est la liberté d’opprimer les autres, la loi de la jungle », explique-t-il.<br />

Pour expliquer sa propre indignation, André Gagnon évoque son contexte familial. « Mon père avait une vision assez<br />

patriarcale. J’ai toujours vu comme quelque chose de très courageux l’émancipation de ma mère et des femmes<br />

de sa génération, dans les années 1960-1970 », parlant <strong>du</strong> long processus qui a con<strong>du</strong>it celle-ci à se réapproprier son<br />

nom de jeune fille. Ancien élève de l’école privée, il explique que venant « d’une famille nombreuse, où les enfants<br />

avaient moins que ceux des familles avec deux enfants, [il a] vécu le rejet sur la base de l’origine, <strong>du</strong> statut social. »<br />

Pas étonnant donc que la liste des associations, des tables de concertation et des comités dont il a fait<br />

partie <strong>du</strong>rant sa vie de militant soit assez impressionnante. D’abord engagé au sein des mouvements étudiants,<br />

il intervient dans la communauté gaie à partir de l’âge de 32 ans, quand il a dû « faire un choix ».<br />

« La première fois que je me suis senti attiré par un homme – je dis bien attiré - j’avais 21 ans, précise-t-il.<br />

J’ai aussi eu des blondes ; je fais probablement partie de ceux qui, sur l’échelle de Kinsey, ne sont pas à<br />

100 % gais. »<br />

une personnaLité qui ne Laisse pas indifférent<br />

Parmi ses engagements, se trouve la présidence de Fierté <strong>Québec</strong>, de 2002 à 2004. « Après la faillite de la Fête<br />

Arc-en ciel, je me disais que <strong>Québec</strong>, comme capitale, méritait mieux, qu’il fallait organiser un événement pour<br />

y attirer des gens de partout au <strong>Québec</strong>, tout en animant la communauté GLBT locale », raconte-t-il. C’est au<br />

cours de l’une de ces fiertés que se sont tenus les troisèmes États Généraux de la communauté gaie et lesbienne,<br />

point de départ de la Politique de lutte contre l’homophobie présentée en 2007, dont il dit avoir suivi ensuite les<br />

évolutions en tant qu’éditeur.<br />

Malgré ce succès, certains lui reprochent que la Fierté n’ait pas pu avoir lieu en 2005. Lui regrette des querelles<br />

de clocher qui n’auraient rien à envier aux Belles-Sœurs de Michel Tremblay. « Les problèmes de financement ont<br />

été cumulatifs. Ce qui a fait en sorte qu’on n’a pas été capable de surmonter les difficultés – et c’était surmontable<br />

- c’est quand le gouvernement libéral est arrivé au pouvoir et qu’il a coupé les quelques programmes de<br />

subventions ».<br />

André Gagnon a conscience d’être une personnalité qui ne laisse pas indifférent. Il s’en amuse : « J’espère<br />

bien que cela en gêne, sinon je n’aurais pas de convictions ! », celles qu’il compte bien encore<br />

défendre dans ses revues, heureux que la diversité (sexuelle comme géographique) de son équipe s’y<br />

reflète.<br />

24 25


L’histoire de la<br />

communauté gaie et de<br />

la défense de ses droits<br />

a débuté avant même<br />

la création de votre<br />

magazine en 1981, mais<br />

elle s’est accélérée à<br />

partir des années 1990.<br />

Les hommes peuvent<br />

danser ensemble à<br />

partir de 1957 grâce<br />

aux encouragements de<br />

l’artiste travesti Armand<br />

Monroe. En 1969, les<br />

relations sexuelles<br />

entre personnes sont<br />

décriminalisées par le<br />

bill omnibus <strong>du</strong> premier<br />

Ministre Pierre Eliott<br />

Trudeau. Du combat<br />

pour la reconnaissance<br />

à l’égalité des droits,<br />

chronologie d’une lutte<br />

qui nous permet de nous<br />

rappeler d’où l’on vient.<br />

meC <strong>30</strong> ans <strong>du</strong> mois de rG rG<br />

chronoLogie : poLitique et société<br />

la marChe vers<br />

l’ÉGalitÉ<br />

Thibaut Temmerman<br />

1990 - Le 15 juillet, un groupe de policiers effectue<br />

une descente au Sex Garage Party <strong>du</strong> Vieux-Montréal.<br />

Des affrontements ont lieu : plus de 400 indivi<strong>du</strong>s sont<br />

brutalisés et/ou arrêtés. Des manifestations éclatent<br />

<strong>du</strong>rant deux jours. Ces incidents mettent en lumière<br />

les abus dont les LGBT font encore l’objet, malgré l’inclusion<br />

de l’orientation sexuelle comme motif interdit<br />

de discrimination dans la Charte des droits et libertés<br />

en 1977 (seul le Danemark en avait alors fait autant).<br />

Cette année-là, 2.000 personnes avaient manifesté,<br />

rue Sainte-Catherine, suite à une descente policière au<br />

Truxx.<br />

1994 - Publication <strong>du</strong> rapport De l’illégalité à l’égalité<br />

de la Commission des droits de la personne et des<br />

droits de la jeunesse. Il concerne trois domaines précis<br />

: l’accès aux services sociaux et de santé, les relations<br />

avec la police et la conformité des lois québécoises<br />

avec la Charte des droits et libertés de la personne <strong>du</strong><br />

<strong>Québec</strong>. Le rapport fait suite à la demande de la Table<br />

de concertation des gais et lesbiennes <strong>du</strong> Grand<br />

Montréal.<br />

1999 - Le Centre communautaire des gais et lesbiennes<br />

de Montréal reprend le projet <strong>du</strong> carrefour arc-enciel<br />

et crée la Fondation Mario-Racine afin d’appuyer<br />

la réalisation de ce projet. En dépit des annonces et des<br />

pistes lancées, la première pelletée de terre <strong>du</strong> nouveau<br />

centre n’a aujourd’hui toujours pas eu lieu.<br />

2002 - L’Assemblée nationale <strong>du</strong> <strong>Québec</strong> adopte<br />

en juin la Loi instituant l’union civile, ouverte aux couples<br />

de sexe différent ou de même sexe. On reconnaît également<br />

à ces derniers le droit à l’adoption. Un couple<br />

de Pointe-Claire, Roger Thibault et Theo Wouters, est le<br />

premier à pouvoir bénéficier de cette loi et se rendre<br />

au Palais de justice pour célébrer leur union. L’année<br />

précédente, des milliers de personnes étaient venus<br />

soutenir les deux hommes contre le harcèlement homophobe<br />

dont ils faisaient l’objet de la part de certains<br />

de leurs voisins.<br />

2004 - Après trois ans de débat judiciaire, la Cour Supérieure<br />

<strong>du</strong> <strong>Québec</strong> confirme que la limitation <strong>du</strong> mariage<br />

aux couples hétérosexuels constitue une violation<br />

de la Charte canadienne des Droits et Libertés. Elle décide<br />

en outre que les mariages des couples de même<br />

sexe doivent être immédiatement autorisés. Les deux<br />

hommes à l’origine de la plainte, Michael Hendricks et<br />

René Leboeuf, se rendent le 1 er avril au Palais de Justice<br />

de Montréal pour entériner leur union, après plus de <strong>30</strong><br />

ans de vie commune.<br />

2005 - Le 20 juillet, le gouvernement libéral de Paul<br />

Martin fait adopter par le Parlement la loi C-38 sur le mariage<br />

civil, reconnaissant aux couples de même sexe<br />

la capacité juridique de contracter le mariage civil. Le<br />

Canada devient le quatrième pays au Monde, quelques<br />

jours après l’Espagne. La même année, la première journée<br />

mondiale de lutte contre l’homophobie a lieum le 17<br />

mai. Cet événement se fondra en 2006 avec la Journée<br />

nationale de lutte contre l’homophobie, que la Fondation<br />

Émergence organisait depuis 2003 au mois de juin.<br />

2006 - Du 29 juillet au 5 août sont organisés à Montréal<br />

les premiers World Outgames, suite à des désaccords<br />

avec l’organisation responsable des Gay Games.<br />

C’est dans ce contexte qu’est adoptée la Déclaration<br />

de Montréal par les participants de la Conférence internationale<br />

à propos des droits humains des LGBT. Lue par<br />

la joueuse de tennis américaine Martina Navrátilová et<br />

le nageur olympique canadien Mark Tewksbury, elle sera<br />

adoptée par le conseil de la Ville de Montréal. La fête<br />

sera ternie par le déficit de 5.3 millions de l’événement.<br />

2007 - Le Groupe de travail mixte contre l’homophobie,<br />

émanation de la Commission des droits de la<br />

personne et des droits de la jeunesse créée en 2004,<br />

dévoile ses conclusions dans le rapport De l’égalité juridique<br />

à l’égalité sociale. L’adoption d’une politique<br />

nationale de lutte contre l’homophobie est la recommandation<br />

principale de ce rapport. Un tel plan sera<br />

annoncé par le Gouvernement <strong>du</strong> <strong>Québec</strong> en 2009.<br />

La Cour Suprême <strong>du</strong> Canada décide que le gouvernement<br />

fédéral doit payer les pensions de réversion<br />

des conjoints survivants. Dans les faits, cela peut être<br />

rétroactif jusqu’en 2000.<br />

2011 - Le ministre québécois de la justice Jean-Marc<br />

Fournier dévoile un plan de sept millions d’euros pour<br />

lutter contre l’homophobie. Les personnes âgées font<br />

également l’objet d’attention avec la Charte de bientraitance<br />

en faveur des personnes aînées homosexuelles<br />

et transsexuelles, initiée par la Fondation Émergence et<br />

soutenue par la ministre responsable des Aînés.<br />

26 27


Il a été le deuxième<br />

député fédéral à sortir<br />

<strong>du</strong> placard, en 1995 – le<br />

premier élu au <strong>Québec</strong>.<br />

Réal Ménard, maire<br />

de l’arrondissement<br />

Mercier-Hochelaga-<br />

Maisonneuve depuis<br />

2009, témoigne de<br />

ces années qui ont vu<br />

l’accomplissement des<br />

droits sociaux pour<br />

la communauté gaie,<br />

mais aussi l’évolution<br />

de celle-ci, marquée par<br />

l’émergence d’Internet<br />

puis des nouvelles<br />

technologies.<br />

vers nos <strong>30</strong> ans<br />

réAL ménArd<br />

la politique<br />

militante<br />

Thibaut Temmerman<br />

En replongeant dans les archives de <strong>RG</strong>, le nom de<br />

Réal Ménard y apparaît d’abord comme député bloquiste<br />

de Hochelaga-Maisonneuve. Quand on le lui rappelle,<br />

il nous gratifie au passage d’un petit compliment.<br />

« <strong>RG</strong> a peut-être été l’un des premiers magazines à ne<br />

pas être qu’un magazine de divertissement. Il a porté<br />

des débats, à une époque où l’histoire s’accélérait ».<br />

Il contribue à faire connaître la sienne en 1993<br />

lorsque, à 31 ans, il est élu pour son premier mandat de<br />

député fédéral sous la bannière <strong>du</strong> Bloc. « Je suis arrivé<br />

dans la vie publique au moment où les militants étaient<br />

très engagés dans la modification des dispositions sur les<br />

crimes haineux, afin que molester un gai soit un facteur<br />

aggravant », explique-t-il.<br />

« DéfenDre ma CommUnaUté »<br />

Son homosexualité est alors connue de son entourage,<br />

mais son équipe de campagne lui déconseille<br />

d’en parler. « Non pas que je risquais de ne pas être<br />

élu, mais cela aurait créé un enjeu artificiel », rappellet-il<br />

aujourd’hui, alors que la campagne électorale de<br />

l’époque, qui fait finalement <strong>du</strong> Bloc Québécois l’opposition<br />

officielle, est centrée sur les questions nationales.<br />

Sa sortie <strong>du</strong> placard est finalement le résultat d’un<br />

choix personnel et d’une fenêtre d’opportunité offerte<br />

malgré elle par la députée libérale de Nouvelle-Écosse,<br />

la « très croyante » Roseann Skoke. « Elle avait tenu des<br />

propos assez offensants. Je suis intervenu pour les dénoncer,<br />

indique-t-il. À la sortie de la Chambre, j’ai dit<br />

devant les journalistes : “ Je défends une communauté<br />

à laquelle j’appartiens ”. Ces paroles m’ont fait sortir <strong>du</strong><br />

placard. »<br />

À l’époque, c’est un « événement » : Réal Ménard<br />

n’est que le deuxième, après le néo-démocrate<br />

Svend Robinson (Colombie-Britannique), à se dire ouvertement<br />

gai. À l’entendre, il n’y aura jamais de prix<br />

à payer pour cela : « La preuve en est, j’ai été réélu<br />

six fois », même s’il admet lors de l’entrevue avoir été<br />

traité de « maudite tapette » dans la rue. Mais il bénéficie<br />

alors <strong>du</strong> soutien de sa communauté à Hochelaga-<br />

Maisonneuve, ainsi que des principaux ténors <strong>du</strong> Bloc,<br />

dont Gilles Duceppe, qui, en tant que représentant <strong>du</strong><br />

Village, est « évidemment très sensible et solidaire sur<br />

ces questions-là ».<br />

De la fin Des DisCriminations à l’égalité Des Droits<br />

Après la bataille pour modifier la loi canadienne des<br />

droits de la personne et y inclure l’orientation sexuelle<br />

comme motif ne pouvant faire l’objet d’une discrimination,<br />

s’ouvre le long cycle de la conjugalité. Le monde<br />

politique a eu un rôle décisif, mais pas précurseur. « S’il n’y<br />

avait pas eu de contestation judiciaire, est-ce que les gouvernements<br />

auraient bougé ? », se demande Réal Ménard.<br />

Porte-parole <strong>du</strong> Bloc sur ces questions, ce dernier<br />

n’est pas seul dans ce combat. En plus des cours de<br />

justice, les « meilleurs alliés objectifs », se forme un « caucus<br />

rose non institutionnalisé », composé de députés hétérosympas,<br />

gais ou lesbiennes, bloquistes, libéraux et<br />

néo-démocrates.<br />

La conclusion de ce combat légitime sera l’égalité<br />

des couples gais devant le mariage, donné en 1995 par<br />

le gouvernement libéral de Paul Martin. « Mais il faut voir<br />

d’où l’on est parti ! », commente Réal Ménard. Car dix ans<br />

plus tôt, seule la ministre libérale Sheila Copps et 50 autres<br />

parlementaires – dont Lucien Bouchard - votent en faveur<br />

de la motion <strong>du</strong> député bloquiste visant à reconnaître les<br />

conjoints de fait. « Exceptionnellement, le gouvernement<br />

libéral a appelé à un vote le lundi matin : on voulait le cacher,<br />

ne pas trop le médiatiser », se souvient-il.<br />

DU village à internet<br />

L’autre enjeu <strong>du</strong>rant cette période est la lutte contre<br />

le Sida, à laquelle il est l’un des quelques parlementaires<br />

à s’intéresser. C’est l’époque où le virus, toujours mortel<br />

malgré les trithérapies, se trouve très présent dans l’actualité.<br />

Résultat : « On a obtenu <strong>du</strong> Parlement canadien<br />

une politique intégrée avec des fonds dédiés de plusieurs<br />

millions de dollars sur cinq ans. ».<br />

La vie publique le tient à distance <strong>du</strong> Village, même<br />

s’il dit avoir « le goût d’y retourner ». Il cite, parmi ses lieux<br />

fétiches (aujourd’hui disparus) le Kalifornia, le Garage<br />

ou la Traque « pour la musique disco ».<br />

Réal Ménard demeure convaincu que le quartier gai<br />

de Montréal « a sa raison d’être », pour des raisons qui<br />

étaient encore plus valables auparavant. « Quand on<br />

voulait rencontrer des gens, cruiser, il fallait aller dans<br />

le Village, relate-t-il. Il me semble que les jeunes que je<br />

côtoie aujourd’hui ont moins ce sentiment d’appartenance<br />

à un lieu précis. Ils se créent plutôt des lieux de<br />

rencontre à travers l’Internet et les réseaux sociaux. »<br />

Ce « filtre technologique » n’a pas simplifié les rencontres<br />

pour autant, selon lui. « Même si on a eu des<br />

bons moments de solidarité, si la communauté a bataillé<br />

pour faire reculer les préjugés, je suis convaincu<br />

qu’indivi<strong>du</strong>ellement, il y a encore beaucoup de gens<br />

qui vivent la solitude. La communauté gaie a aussi<br />

cédé à la dictature de l’image qui exclut ceux qui ne<br />

correspondent pas aux canons de beauté ».<br />

Si les élus ouvertement gais sont désormais plus nombreux<br />

au Parlement fédéral et au <strong>Québec</strong>, certains préfèrent<br />

ne pas le dire. Mais grâce à l’égalité des droits « on<br />

comprend qu’un élu homosexuel peut avoir des valeurs<br />

fortes sur la famille ». Il constate cette évolution également<br />

dans la société. Habilité à célébrer des mariages, il<br />

en a célébré huit depuis son élection à la mairie d’arrondissement.<br />

La moitié concernait des couples gais.<br />

28 29<br />

© Bérenger Zyla


Lors de sa création, fin<br />

1981, <strong>RG</strong> avait comme<br />

principale vocation<br />

de publier des petites<br />

annonces, d’où le choix<br />

final des initiales de<br />

Rencontres <strong>Gai</strong>es. Ce<br />

genre de publications<br />

représentait à l’époque<br />

une évolution marquante<br />

concernant les<br />

possibilités de rendezvous<br />

entre hommes. La<br />

rédaction retrace ici les<br />

différents moyens de<br />

rencontres au cours de<br />

ces <strong>30</strong> dernières années.<br />

<strong>30</strong> ans de rG<br />

L’évoLution des rencontres gAies<br />

des parCs<br />

à l’internet<br />

Matthieu Lévesque<br />

Plusieurs d’entre vous seront peut-être surpris<br />

d’apprendre qu’il y a plus de 60 ans, les gais utilisaient<br />

déjà plusieurs moyens efficaces et subtils pour se<br />

rencontrer, même si les actes homosexuels étaient<br />

clairement illégaux au Canada.<br />

« Il est très difficile de fixer une date précise où les hommes<br />

ont commencé à se créer des façons de se rencontrer »,<br />

affirme Ross Higgins, anthropologue et co-fondateur des<br />

Archives gaies <strong>du</strong> <strong>Québec</strong>. « Il y a toujours eu des gais et<br />

le sexe a toujours existé. Il y avait déjà plusieurs différents<br />

moyens connus de rendez-vous avant l’arrivée des<br />

publications de petites annonces comme <strong>RG</strong> ».<br />

Chambres « à loUer »<br />

Ross Higgins a interrogé plusieurs hommes<br />

homosexuels dans le cadre des recherches qu’il<br />

effectuait pour son livre Sortir de l’ombre, Histoire des<br />

communautés lesbiennes et gaies de Montréal. Plusieurs<br />

d’entre eux ont confirmé qu’il y avait déjà une véritable<br />

communauté homosexuelle implantée à Montréal<br />

dans les années <strong>30</strong>.<br />

Ces hommes se rencontraient entre autres dans les<br />

rues <strong>du</strong> centre-ville ou dans les parcs. Un simple regard<br />

suffisait. Des hommes gais publiaient aussi des annonces<br />

de chambres à louer dans des grands journaux, qui<br />

étaient en fait des offres de rencontres déguisées.<br />

Il n’était aussi pas rare de voir des annonces à la fois<br />

subtiles et très claires (y compris dans les journaux<br />

populaires), comme « homme cultivé aimant les arts<br />

recherche semblable pour amitié ».<br />

Des bars exclusivement gais ont aussi commencé à faire<br />

leur apparition dès le début des années 50. Le premier, le<br />

Tropical Room, a ouvert en 1952 sur la rue Peel, et plusieurs<br />

autres ont suivi. C’est d’ailleurs vers la fin des années 50<br />

que les gais ont commencé à moins se cacher.<br />

Plusieurs affirment même que des saunas clandestins<br />

existaient déjà à la même époque. Les propriétaires<br />

<strong>du</strong> Bain Colonial, toujours en activité aujourd’hui, ont<br />

d’ailleurs créé, au début des années 60, des petites<br />

chambrettes pour la clientèle homosexuelle. Après<br />

plus de 60 ans, ces mêmes méthodes de rencontres<br />

restent utilisées aujourd’hui, mais à un degré différent<br />

d’accessibilité et de popularité.<br />

la naissanCe DU village<br />

C’est suite à quelques années de répression policière<br />

et à une manifestation monstre en 1977, qui a mené<br />

d’ailleurs à la création de la Charte des droits de la<br />

personne, que l’on a commencé à développer le<br />

Village au cours de l’hiver 1982. Le début des années<br />

80 a marqué aussi l’apparition de magazines gais où<br />

sont publiées des petites annonces. Outre le <strong>RG</strong>, Le<br />

Berdache et l’Omnibus ont aussi connu <strong>du</strong> succès.<br />

Plusieurs établissements gais ouvrent donc leur porte<br />

dans ce qu’est devenu le Village. Le Max et le club<br />

K.O.X sont les premiers bars <strong>du</strong> Village à attirer une<br />

grande clientèle gaie. Le Cinéma <strong>du</strong> Village, un endroit<br />

très ouvert où presque tout était permis, a aussi marqué<br />

les esprits.<br />

Le développement <strong>du</strong> Village, avec ses tavernes,<br />

ses saunas, ses bars de danseurs nus et ses<br />

discothèques, a grandement facilité les rencontres<br />

gaies. Évidemment, un certain nombre d’homosexuels<br />

ont décidé de s’installer dans le Village. Résultat :<br />

une simple promenade dans le coin pouvait (et<br />

peut toujours) permettre de croiser des personnes<br />

« intéressantes ».<br />

Un oUtil qUi Change toUt<br />

Les moyens de faire des rencontres sont restés les<br />

mêmes au fil des années, tout en variant dans l’intérêt<br />

suscité (les petites annonces ont ainsi peu à peu per<strong>du</strong><br />

en popularité), jusqu’à l’apparition d’une création qui a<br />

changé le monde : l’Internet. Les relations humaines s’en<br />

sont trouvées bouleversées. Avec le courrier électronique<br />

et les sites de clavardage, l’apparition <strong>du</strong> web en 1993 a<br />

fait qu’il est beaucoup plus simple pour les gais de faire<br />

connaissance et de se donner rendez-vous.<br />

Cet outil s’est transformé à une vitesse fulgurante,<br />

devenant de plus en plus accessible à la population<br />

québécoise. L’apparition de sites de rencontre comme<br />

Gay411 où l’on peut nommer ses préférences et<br />

trouver quelqu’un en moins de cinq minutes a facilité<br />

grandement la vie des homosexuels. Malgré tout, si<br />

aujourd’hui Grindr fait qu’on peut retrouver à l’aide d’un<br />

GPS, le gai le plus proche, il existe toujours des hommes<br />

qui préfèrent utiliser les méthodes dites à l’ancienne.<br />

<strong>30</strong> 31


spÉCiale <strong>30</strong> ans<br />

rencontre gaies<br />

trouver<br />

l’amour GrâCe<br />

aux annonCes<br />

Ils sont la preuve que ça<br />

marche ! fidèles lecteurs de rG<br />

depuis des années yvon et son<br />

compagnon se sont rencontrés<br />

grâce aux petites annonces qui<br />

ont été à l’origine même de la<br />

création <strong>du</strong> magazine. Les deux<br />

octogénaires coulent aujourd’hui<br />

des jours paisibles à magog.<br />

yvon nous raconte cette histoire<br />

qui a commencé voilà deux<br />

décennies.<br />

Antoine Aubert<br />

« Au mois de mai 1989, je me suis retrouvé veuf.<br />

Mon compagnon, dont je partageais la vie depuis<br />

22 ans, venait de mourir à cause d’une insuffisance<br />

cardiaque. Je suis resté seul pendant un an et<br />

demi. Puis je me suis dit que, au vu de mon héritage<br />

génétique, j’avais des chances de vivre très<br />

vieux (ce que le futur a confirmé). À 59 ans, il fallait<br />

donc agir. Je ne voulais pas passer les <strong>30</strong> prochaines<br />

années de ma vie seul.<br />

Néanmoins je savais bien que je n’allais pas<br />

trouver ce que je cherchais dans les bars gais,<br />

surtout à mon âge. En revanche, je connaissais<br />

le magazine <strong>RG</strong> depuis longtemps. J’ai donc regardé<br />

les annonces. Les hommes qui écrivaient<br />

venaient de partout, de Montréal, de France ou<br />

encore d’Allemagne. Il y était surtout question<br />

de rencontres occasionnelles « et peut-être plus<br />

». Mais l’une d’elles a attiré mon attention. Elle<br />

disait : « Qui trouve un ami trouve un trésor ». J’ai<br />

trouvé ça joli.<br />

J’ai envoyé à son auteur une note laconique,<br />

presque télégraphique. C’était la première fois<br />

que je répondais à une annonce et c’est la seule<br />

personne à qui j’ai écrit. Il a répon<strong>du</strong> et je lui ai<br />

ren<strong>du</strong> visite à Magog. On s’est plu.<br />

Après quelques allers-retours, j’ai finalement déménagé<br />

chez lui, en 1991. Moi le Montréalais pure<br />

souche, qui avait passé ma vie sur le Plateau lorsque<br />

je travaillais dans le doublage de films, je suis<br />

donc parti dans cette petite ville. On a d’abord<br />

loué un appartement puis on a acheté notre propre<br />

logement.<br />

Si je témoigne aujourd’hui, c’est pour montrer<br />

qu’il faut toujours garder espoir. Ce que je vis, ça<br />

arrive à tout âge, il n’est jamais trop tard. Je suis<br />

vraiment surpris quand je vois des jeunes qui n’y<br />

croient plus, après une peine d’amour. Moi, j’y suis<br />

arrivé… grâce à <strong>RG</strong>.<br />

Je terminerai en vous disant que j’ai toujours<br />

aimé ce magazine. Il est intéressant pour les nouvelles<br />

qu’il donne sur le plan international. <strong>RG</strong> a<br />

beaucoup changé ces dernières années, avec<br />

plus de couleurs, <strong>du</strong> papier glacé. Il a encore un<br />

rôle très utile, notamment pour les personnes vivant<br />

dans des régions éloignées. Celles-ci se croient<br />

seules. La presse gaie et notamment <strong>RG</strong> leur permettent<br />

de comprendre qu’elles ne le sont pas. »<br />

32 33


vers nos <strong>30</strong> ans<br />

Bruce horLin<br />

une autre idÉe<br />

<strong>du</strong> niGhtlife<br />

Quand Bruce Horlin ouvre le club<br />

K.O.X. en décembre 1984, c’est<br />

avant l’Internet, avant les pires<br />

années de l’épidémie <strong>du</strong> Sida et<br />

même avant le Village tel qu’on<br />

le connaît aujourd’hui. Revenu<br />

l’année dernière à Montréal après<br />

avoir exercé pendant 16 ans<br />

des fonctions politiques dans<br />

une région rurale de l’Ontario, le<br />

créateur de la Station C distille<br />

ses conseils aux promoteurs de<br />

clubs, à la Ville de Montréal et à<br />

nous autres, créatures de la nuit.<br />

À bon entendeur…<br />

Jordan Arseneault<br />

rg. on raconte qUe voUs êtes le premier<br />

à avoir donné aU village gai de montréal<br />

son nom original…<br />

Bruce Horlin. J’ai vécu à New York en 1978-1979,<br />

et c’était absolument phénoménal d’être dans<br />

Greenwich Village ! J’ai été très impressionné par<br />

l’existence d’une zone pour les queer et la contreculture.<br />

À Montréal, le quartier n’avait pas de nom<br />

original : nous l’appelions le nouveau Village de<br />

l’est, d’après l’East Village de New York. Certaines<br />

personnes ont objecté que l’on créait un ghetto,<br />

mais j’y étais favorable. Ça a renforcé la communauté<br />

gaie, ça avait son but.<br />

rg. qU’est-ce qUi voUs avait incité à<br />

oUvrir Un bar comme le K.o.x. à montréal<br />

?<br />

B.H. Les New-Yorkais avaient des bars tendance,<br />

mais quand j’ai emménagé à Montréal, tout ce<br />

qu’il y avait, c’était le Limelight et le Bud. Montréal<br />

avait besoin d’autre chose. J’ai mis <strong>du</strong> temps<br />

avant de trouver l’emplacement, à l’origine sur la<br />

rue Montcalm. J’avais une vision de ce que devait<br />

être un bar tendance : underground, pas de néon<br />

flashy à l’extérieur, avec une équipe chaleureuse<br />

et des bons prix, un bar qui puisse contribuer à la<br />

communauté.<br />

rg. voUs et le K.o.x. avez symbolisé ce<br />

bascUlement de la commUnaUté gaie vers<br />

l’est après les jeUx olympiqUes de 1976 ?<br />

B.H. Le bar MAX était déjà là, au coin de Sainte-Catherine<br />

et de Montcalm. Il y avait le Cinéma<br />

<strong>du</strong> Village, aujourd’hui le Théâtre National, qui<br />

diffusait de la porno. Le quartier était situé sur une<br />

ligne de métro, pleurant pour qu’il s’y passe quelque<br />

chose. Les loyers étaient bon marché, ce qui<br />

signifiait que les gais pouvaient également se permettre<br />

d’y vivre.<br />

rg. le K.o.x. est parvenU à sUrvoler les<br />

pires années de la pandémie dU sida.<br />

qUels ont été vos meilleUrs moments ?<br />

B.H. Même avec le Sida, nous étions toujours<br />

dans un âge d’or. Les gens continuaient de sortir.<br />

Nous avons fait un spectacle avec l’équipe,<br />

une des nuits les plus mémorables. Pour cette<br />

poignée de cuirs qui passaient pour des <strong>du</strong>rs,<br />

vous pouviez entendre une mouche voler quand<br />

ils ont entamé That’s What Friends are for [de<br />

Deanne Warwick et Stevie Wonder]. Nous<br />

avions engagé un orchestre complet de jazz,<br />

pour un coût de 14.000$, juste pour une nuit,<br />

et les gens étaient fous !<br />

rg. le K.o.x. est aUssi célèbre poUr la<br />

descente de la spvm en 1994, qUand<br />

voUs n’en étiez plUs le copropriétaire.<br />

y avait-il tant de sexe en pUblic ?<br />

B.H. Probablement. Nous nous assurions toujours<br />

de garder l’endroit propre et je ne pense<br />

pas que le portier était très actif dans les salles<br />

de bains, mais ce n’était pas une nuit particulière.<br />

Si j’avais été là, j’aurais été emmené également.<br />

rg. de qUelle manière a changé le<br />

monde des clUbs depUis les années 80 ?<br />

B.H. Durant cet âge d’or, nous n’avions pas<br />

toutes ces lotos machines pour payer le loyer !<br />

Vous deviez vous amuser et si vous aviez cette<br />

énergie, les gens allaient dépenser leur argent.<br />

Aujourd’hui, beaucoup de propriétaires prennent<br />

le problème à l’envers, en pensant à l’argent<br />

avant la fête. Néanmoins, les mémoires<br />

sont plus enthousiastes que ce qui s’est réellement<br />

passé. Si j’ouvrais le K.O.X. aujourd’hui,<br />

les gens s’ennuieraient. On avait de la musique<br />

classique les dimanches après-midis !<br />

rg. qUe pensez-voUs dU village tel<br />

qU’il est actUellement ?<br />

B.H. La Ville de Montréal doit décider si elle<br />

veut que ce quartier soit commercial ou qu’il<br />

ait des condominiums. Les bars devraient être<br />

autorisés à rester ouverts plus tard. Quand vous<br />

installez un condominium et que vous ne pouvez<br />

dormir la nuit à cause de la musique, à qui<br />

la faute ? Qui accorde les permis ? Quel est leur<br />

plan de développement urbain ? Le lieu devrait<br />

été modelé pour la vie nocturne.<br />

rg. qU’est-ce qUe les propriétaires de<br />

bars poUrraient apprendre de votre<br />

expérience ?<br />

B.H. Le K.O.X a décliné quand il n’était plus<br />

question que de l’argent roi, quand la bonne<br />

énergie s’était échappée. Les propriétaires de<br />

bars ne font plus de grandes fêtes parce qu’ils<br />

n’y croient plus. J’ai dépensé mon argent et fait<br />

de la publicité dans de nombreuses publications<br />

gaies (y compris <strong>RG</strong>), jusqu’aux États-Unis.<br />

Pour investir ainsi, vous devez y croire.<br />

34 35


© Tourisme montréal, Stéphan Poulin<br />

<strong>30</strong> ans de rG<br />

cHronologie : vie nocturne<br />

touJours en<br />

mouvement<br />

Le nightlife montréalais a grandement évolué au cours des <strong>30</strong> dernières années.<br />

descentes de police, ouvertures et fermetures d’établissements très populaires, la<br />

scène gaie a été constamment en changement. rG retrace ici les événements les plus<br />

marquants.<br />

Matthieu Lévesque<br />

1982 - L’ouverture <strong>du</strong> bar de danseurs nus Au 2<br />

R en février enclenche un développement<br />

économique dans le quartier Centre-Sud.<br />

L’activité commerciale dans le secteur explose<br />

avec l’ouverture de la discothèque<br />

Max et <strong>du</strong> club K.O.X., l’un des établissements<br />

les plus populaires de l’histoire <strong>du</strong> Village.<br />

Le quartier gai se développe ensuite<br />

à une vitesse fulgurante alors que un certain<br />

nombre d’homosexuels viennent s’installer<br />

dans le secteur et que d’autres commerces<br />

ouvrent leurs portes.<br />

1984 - Le co-fondateur <strong>du</strong> magasin Priape,<br />

Bernard Rousseau, ouvre les portes <strong>du</strong><br />

Cinéma <strong>du</strong> Village. Au départ créé pour<br />

présenter des films à thématique homosexuelle,<br />

l’endroit change rapidement<br />

de vocation en devenant un cinéma gai<br />

porno. Le premier grand succès <strong>du</strong> cinéma,<br />

le film The Diary, est à l’affiche pendant<br />

plus de neuf semaines. Extrêmement<br />

populaire alors, cet endroit très ouvert, où<br />

presque tout est permis, peut accueillir<br />

plus de 200 personnes par jour. Évidemment,<br />

il représentait peut beaucoup l’endroit<br />

idéal pour faire des rencontres intéressantes.<br />

La popularité croissante <strong>du</strong> DVD<br />

constitue la principale cause de la fermeture<br />

de ce lieu mythique, en 1993.<br />

2000 - Une nouvelle ère commence au début<br />

des années 2000 avec l’ouverture de nouveaux<br />

établissements gais qui marquent<br />

alors l’histoire <strong>du</strong> Village. Le Complexe<br />

Sky, ouvert depuis 1994, devient ce qu’il<br />

est aujourd’hui lorsque Peter Sergakis en<br />

prend les commandes en 2000. Il y effectue<br />

des rénovations majeures, notamment<br />

la construction de la terrasse sur le toit qui<br />

devient rapidement très populaire grâce<br />

à la piscine. Le Parking Nightclub, lui aussi,<br />

ouvre ses portes en 2000. Très populaire<br />

auprès d’une clientèle plus underground,<br />

l’endroit change souvent d’apparence<br />

pendant ses onze années d’existence. Le<br />

Club Unity, le plus grand club gai de Montréal,<br />

fait quant à lui son apparition en<br />

2002.<br />

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© Emilio A.k.A. El negro<br />

<strong>30</strong> ans de rG<br />

2003 - Plusieurs descentes policières ont été<br />

effectuées au courant des années 80 et<br />

90 dans différents établissements gais.<br />

Le Bud (1984), le Sex Garage (1990) ou<br />

le K.O.X. (1994) ont tous subi ce type<br />

d’intervention musclée. À chaque fois,<br />

plus de 150 personnes sont arrêtées. La<br />

dernière descente se déroule en 2003 au<br />

bar de danseurs nus Le Taboo. Au total,<br />

23 danseurs, sept employés et quatre<br />

clients sont interpellés par l’escouade de<br />

la moralité qui les accuse d’avoir tenu ou<br />

de s’être trouvés dans une « maison de<br />

prostitution et de débauche ». La principale<br />

raison évoquée par les policiers<br />

est que des danseurs d’âge mineur se<br />

donnent en spectacle. La plupart des<br />

personnes arrêtées seront finalement<br />

blanchies.<br />

2007 - Alors que le Village connaît une certaine<br />

fatigue, un besoin de nouveauté<br />

pousse des jeunes organisateurs d’événements<br />

à créer des soirées gaies hors-<br />

Village. Parmi les plus connues, la soirée<br />

Drama Queen <strong>du</strong> Tribe <strong>du</strong> Vieux-Montréal,<br />

est créée en 2007. Toujours très<br />

populaire, cette soirée mensuelle où l’excentricité<br />

est à l’honneur se tient maintenant<br />

au Club U.N.. La même année se<br />

déroule le premier Fagitty Ass Friday, un<br />

autre événement mensuel qui existe toujours<br />

aujourd’hui. Enfin, on ne peut passer<br />

sous silence la soirée Mec Plus Ultra <strong>du</strong><br />

Belmont, une bi-mensuelle très appréciée<br />

des jeunes gais branchés. Créé en<br />

2008, l’événement tire sa révérence le 3<br />

décembre 2011.<br />

2011 - Le nightlife gai montréalais connaît<br />

un vent de nouveauté à la fin de l’année<br />

2011, avec la fermeture subite et<br />

surprenante <strong>du</strong> très populaire Parking<br />

NightClub. Les propriétaires <strong>du</strong> club de<br />

la rue Amherst ouvrent simultanément la<br />

boîte de nuit L’Apollon. Réagissant à ce<br />

vent de changement, le propriétaire <strong>du</strong><br />

Complexe Sky annonce une fermeture<br />

temporaire de la section club <strong>du</strong> troisième<br />

étage pour des rénovations.<br />

38 39


<strong>30</strong> ans de <strong>RG</strong><br />

Sylvain Beauchamp Caro<br />

PoseR PouR s’affiRmeR<br />

Il a été l’un des premiers<br />

modèles de Rencontres <strong>Gai</strong>es,<br />

qui était alors un tabloïd bimestriel.<br />

Nous avons retrouvé<br />

Sylvain, l’homme en couverture<br />

de l’édition de septembre<br />

1982, pour lui demander ce<br />

qu’a représenté le fait de poser<br />

à cette époque.<br />

Thibaut Temmerman<br />

<strong>RG</strong>. Comment s’est pRésentée l’oCCasion de poseR dans RenContRes <strong>Gai</strong>es ?<br />

Sylvain. Je connaissais déjà Alain Bouchard [le fondateur de <strong>RG</strong>] depuis un an ou deux. Il commençait le<br />

magazine <strong>RG</strong> et il recherchait des modèles. Il m’avait demandé si ça m’intéressait de poser pour le magazine.<br />

J’avais 22 ans et je n’avais pas de problèmes avec ça, car j’avais déjà participé à des défilés de mode dans<br />

les discothèques ou pour la coiffure. Ça m’intéressait déjà et c’est pourquoi j’ai accepté tout de suite.<br />

<strong>RG</strong>. Vous dites que Vous n’aViez pas de pRoblème aVeC Cela. pouRtant en 1982, ça n’aVait Rien<br />

d’anodin !<br />

S. Dans ces années-là, on parlait beaucoup de la défense des droits des gais à cause des descentes dans<br />

les bars. Pour moi c’était comme une façon de revendiquer des droits, alors que j’avais subi beaucoup d’homophobie<br />

à l’école secondaire. Je me suis ren<strong>du</strong> compte qu’on avait les lois de notre côté. C’était un acte<br />

militant et en même temps je rendais service car je savais que [Alain] est un grand militant pour la cause gaie.<br />

<strong>RG</strong>. quelle a été la RéaCtion de Vos amis, de Vos paRents à la soRtie <strong>du</strong> jouRnal ?<br />

S. Je pense que c’est à ce moment-là que j’ai dit à mes parents que j’étais gai. J’ai amené le journal à la<br />

maison et ma mère, quand elle a vu cela, elle m’a dit « Ah ! Pourquoi tu m’amènes ce journal-là ? » et j’ai<br />

répon<strong>du</strong> « probablement parce que j’avais à vous faire une confidence et vous dire que j’étais gai ». Je pense<br />

que ça m’a aidé à m’affirmer, même si je m’étais accepté depuis l’âge de 13 ans.<br />

<strong>RG</strong>. depuis <strong>30</strong> ans, Vous aVez Vu la Communauté ChanGeR. quel ReGaRd poRtez-Vous suR Ces<br />

éVolutions ?<br />

S. Aujourd’hui je trouve qu’on a fait un grand pas pour l’acception. Je sors avec quelqu’un qui fait justement<br />

des interventions dans les écoles pour informer les jeunes au sujet de l’homophobie. Quelque part, on a<br />

été des précurseurs, on a ouvert beaucoup de portes aux jeunes d’aujourd’hui.<br />

<strong>RG</strong>. Vous-même, qu’est-Ce qui a ChanGé dans VotRe Vie depuis 29 ans ?<br />

S. Oh ! Beaucoup de choses ont changé. J’ai été en relation pendant 25 ans avec quelqu’un. Je suis maintenant<br />

avec un homme de Sherbrooke, c’est pour ça que je fais la navette entre Montréal et l’Estrie.<br />

40 41


<strong>30</strong> ans de rG<br />

Photos<br />

<strong>30</strong> ans de<br />

modèles<br />

C’est peut-être avec eux que l’on comprend le mieux que<br />

les années ont passé et que le format et la qualité papier<br />

de notre magazine se sont nettement améliorés. moustachus,<br />

jeunes minets, adeptes <strong>du</strong> cuir, monsieur muscles…<br />

Il y en a pour tous les goûts. rG vous propose de<br />

retracer ces trois dernières décennies avec <strong>30</strong> modèles<br />

qui ont posé dans nos pages. Page centrale <strong>du</strong> magazine rG, décembre 1982 © Jason Cohen<br />

richard, magazine rG, mai 1983<br />

dominic, magazine rG, février 1984 © Alain Bouchard<br />

42 43<br />

magazine rG, août 1985<br />

richard, magazine rG , août 1987 © mario Lemire<br />

Stéphane, magazine rG, juillet 1986 © valmont Brousseau


<strong>30</strong> ans de rG<br />

Photos<br />

<strong>30</strong> ans de<br />

modèles<br />

Jean, magazine rG, octobre 1989 © mario Lemire<br />

Stéphane, magazine rG, septembre 1988 © mario Lemire<br />

dan, magazine rG, novembre 1990 © mario Lemire<br />

44 45


<strong>30</strong> ans de rG<br />

Photos<br />

<strong>30</strong> ans de<br />

modèles<br />

Steeve, magazine rG, avril 1991 © maxime<br />

roger, magazine rG, novembre 1993 © John Brosseau<br />

Patrick, magazine rG, octobre 1992 © John Brosseau<br />

Sébastien, magazine rG, mars 1994 © mario Lemire<br />

Pao, magazine rG, janvier 1996 © John Brosseau<br />

Bobby, magazine rG, juillet 1995 © vincent de marco<br />

46 47


<strong>30</strong> ans de rG<br />

Photos<br />

<strong>30</strong> ans de<br />

modèles<br />

maxime, magazine rG, août 1997 © Laurent<br />

Thierry, magazine rG, novembre 1999 © Laurent konyalian<br />

marc, magazine rG, juin 1998 © mario Lemire<br />

48 49


<strong>30</strong> ans de rG<br />

Photos<br />

<strong>30</strong> ans de<br />

modèles<br />

keith, magazine rG, août 2000 © mario Lemire<br />

roger, magazine rG novembre 1993 © John Brosseau<br />

éric, magazine rG, janvier 2001 © Lavoie de la photo<br />

Tony, magazine rG, octobre 2002 © robert Laliberté<br />

Troy, magazine rG décembre 2003 © robert Laliberté<br />

michael Lucas, magazine rG juillet 2004 © Priape<br />

Scott, magazine rG mai 2005 © Loran k.<br />

50 51


<strong>30</strong> ans de rG<br />

Photos<br />

<strong>30</strong> ans de<br />

modèles<br />

magazine rG, octobre 2007<br />

Gerry, magazine rG, novembre 2006 © dale Bolivar magazine rG, mars 2008<br />

52 53


<strong>30</strong> ans de rG<br />

Photos<br />

<strong>30</strong> ans de<br />

modèles<br />

Simon Lemire, magazine rG, juin 2010 © César ochoa<br />

danny Lapierre, magazine rG, juillet 2009 © César ochoa<br />

Jean-françois, magazine rG, juillet 2011 © César ochoa<br />

54 55


vers nos <strong>30</strong> ans<br />

rÉjean tHomas<br />

le sida,<br />

<strong>30</strong> ans après<br />

Jordan Arseneault<br />

rg. seriez-vous d’accord pour dire que notre<br />

société vit une transformation concernant Les<br />

enjeux <strong>du</strong> viH/sida?<br />

Réjean Thomas. On voit aujourd’hui les chiffres de<br />

l’ONUSIDA qui indiquent que la pandémie est relativement<br />

stable. C’est le cas au Canada depuis 2004<br />

(même si le taux reste élevé). Tous ces messages-là forment<br />

une espèce de confusion qui rend très difficiles les<br />

messages de prévention. On parle même d’éradiquer<br />

le Sida dans 10, 20, <strong>30</strong>, 40 ans, ce qui est une bonne<br />

nouvelle, mais est-ce que ça sera vraiment fait ? Estce<br />

qu’on va y mettre l’investissement ? L’autre transformation<br />

très importante concerne le dépistage et<br />

© damián Siqueiros<br />

La clinique L’Actuel, située depuis sa création, en 1987, par réjean Thomas, au cœur <strong>du</strong> village, fait un travail d’étude et de conscientisation énorme<br />

au québec et dans le monde pour combattre la transmission <strong>du</strong> vIh. Bien que le taux d’infection se stabilise sur le plan international, selon un<br />

rapport de l’onu, il faut mettre des bémols: les gens hésitent à se faire dépister, le taux de transmission chez les hommes gais ne diminue pas,<br />

alors que le gouvernement néglige son rôle dans la prévention. à ce sujet, réjean Thomas se veut porteur des bonnes nouvelles pour l’année<br />

prochaine… Plutôt que de le faire parler de son parcours, nous avons choisi d’interroger le médecin sur les problématiques actuelles autour <strong>du</strong><br />

vIh/Sida<br />

le traitement. L’Onu montre que les pays augmentant<br />

l’accessibilité à la trithérapie voient les taux d’infection<br />

diminuer. Ce n’est pas nécessairement à cause des<br />

changements de comportements sexuels : ça montre<br />

plutôt que les traitements sont efficaces à ré<strong>du</strong>ire la<br />

transmission.<br />

rg. L’actueL a toujours pubLié des études et des<br />

décLarations montrant que Le traitement diminue<br />

Le taux d’infection en diminuant La cHarge<br />

viraLe des personnes séropositives pour rendre<br />

Le virus moins contagieux…<br />

R.T. Effectivement, on est un des rares organismes à<br />

se prononcer sur ce sujet, encore très sensible, c’està-dire<br />

encourager les gens à se faire dépister et traiter<br />

56 57


vers nos <strong>30</strong> ans<br />

plus tôt. Ceux qui veulent vivre une vie normale n’ont<br />

pas à attendre que leur système immunitaire soit à terre<br />

pour commencer un traitement. Mais le plus important<br />

reste qu’au <strong>Québec</strong>, entre 20 et <strong>30</strong>% des personnes séropositives<br />

ne le savent pas. Il s’agit d’un gros problème<br />

engendré par la stigmatisation sociale et la criminalisation.<br />

Or, ces 25% de personnes infectées sont responsables<br />

de 50% des nouvelles infections.<br />

rg. À propos des campagnes de prévention, que<br />

pensez-vous de La vidéo très <strong>du</strong>re de une vie,<br />

montrée Lors <strong>du</strong> festivaL image + nation et pro<strong>du</strong>ite<br />

par bristoL meyers squibb (un baiLLeur de<br />

fonds de La fondation L’actueL)? Les initiatives<br />

basées sur La peur fonctionnent-eLLes?<br />

R.T. Cette campagne de 2008 visait peut-être les personnes<br />

qui se sentent moins à risque. Le projet « Je me<br />

fais tester » est en collaboration avec Une Vie (Bristol<br />

Meyers Squibb) dont le but est l’accès au test de VIH<br />

rapide. On n’a pas de données précises pour savoir<br />

quel genre de campagne marche ou pas. Ce qui est<br />

efficace, ce sont l’é<strong>du</strong>cation et des campagnes organisées<br />

régulièrement, ce qu’on n’a pas. Ce n’est pas<br />

parce qu’on parle <strong>du</strong> Sida lors de la Journée mondiale<br />

que ça va diminuer…<br />

Quand on voit les pays pauvres où il y a le plus de cas<br />

de Sida mais où le taux d’infection baisse, on sait que<br />

ce n’est pas lié à des campagnes mais à l’accessibilité<br />

aux soins et à l’information. Ce qui marche le plus,<br />

c’est de dépister et de traiter, ce n’est pas de faire des<br />

campagnes. La prévention a une efficacité peut-être<br />

de 25%, la circoncision de 55% (dans certains pays en<br />

Afrique, ça protège les hommes), traiter les gens contre<br />

le VIH ré<strong>du</strong>it les risques d’au moins 96%. Moi, je crois plus<br />

à une é<strong>du</strong>cation sexuelle à long terme qu’à une campagne,<br />

et, encore une fois, c’est ce qui manque ! Il n’y<br />

en a plus depuis 2003, on voit que les jeunes aujourd’hui<br />

ont très peu de connaissances.<br />

rg. est-ce que vous appuyez La pression mise sur<br />

Le gouvernement cHarest pour rétabLir un programme<br />

d’é<strong>du</strong>cation sexueLLe dans Les écoLes ?<br />

R.T. J’ai collaboré avec des groupes syndicaux et<br />

des organismes de femmes pour appuyer ça. La réintro<strong>du</strong>ction<br />

<strong>du</strong> programme est supposée être effective<br />

l’an prochain. Ce n’est pas un cours, une fois par an,<br />

qui va avoir des effets sur la prévention... Ce que j’ai<br />

enten<strong>du</strong> en tout cas, c’est que la nouvelle ministre de<br />

l’É<strong>du</strong>cation Line Beauchamp était ouverte à un changement.<br />

rg. Le viH/sida est toujours un grand enjeu<br />

pour La communauté gaie ?<br />

R.T. Le Sida a été mis dans une bulle, on n’en parle<br />

plus, même dans le milieu homosexuel. On évoque souvent<br />

l’homophobie, le suicide chez les jeunes, l’homoparentalité,<br />

etc. Toute cette lutte qui a été pendant<br />

des années la principale cause <strong>du</strong> milieu gaie a quelque<br />

peu disparu. Aujourd’hui, on pense que le VIH touche<br />

tout le monde de façon égale, mais c’est faux. 60<br />

et 65% des nouveaux cas d’infection sont des hommes<br />

gais ou bisexuels, jeunes et moins jeunes, ça c’est une<br />

peu triste. Au <strong>Québec</strong>, on estime que 15% des hommes<br />

gais et bisexuels sont séropositifs. Nous ici, à la clinique,<br />

c’est même plus que ça. Le principal problème<br />

de santé pour les homosexuels demeure le VIH/Sida. Le<br />

problème c’est qu’il n’y a pas assez de ressources psychosociales<br />

pour les gens séronégatifs qui se situent à<br />

un niveau de risque élevé.<br />

Clavardage<br />

indivi<strong>du</strong>el<br />

58 59


<strong>30</strong> ans de rG<br />

cHronologie : littÉrature<br />

blais,<br />

Chaurette,<br />

bouChard,<br />

tremblay…<br />

François Bernier<br />

1980 – Les années 80 voient se poursuivre la tendance instaurée lors de la décennie précédente. Avec l’arrivée <strong>du</strong> féminisme,<br />

les minorités s’emparent de la parole écrite. C’est à cette époque que le <strong>Québec</strong> voit naître une véritable «<br />

littérature gaie », même si l’expression fait encore bondir certains auteurs aujourd’hui. En 1980, Nicole Brossard publie<br />

Amantes, une œuvre poétique sensuelle explorant l’amour au féminin de façon explicite et érotique. Elle obtiendra<br />

plus tard deux fois le prix <strong>du</strong> Gouverneur Général en plus <strong>du</strong> prix Athanase-David pour l’ensemble de son œuvre.<br />

1981 - Provincetown playhouse, juillet 1919, j’avais 19 ans est le titre de la deuxième pièce de théâtre <strong>du</strong> dramaturge<br />

Normand Chaurette. Dans ce texte, il met en scène le personnage de Charles Charles 38, enfermé dans une prison<br />

de Chicago pour avoir, avec 2 amis, tué de 19 coups de couteau un bambin <strong>du</strong>rant l’unique représentation théâtrale<br />

de Théâtre de l’immolation de la beauté. Dès sa création en 1982, la pièce, qui ouvre la porte à un courant<br />

romantique gai dans la dramaturgie québécoise, obtient un succès critique inespéré. Elle a ensuite été tra<strong>du</strong>ite et<br />

jouée partout dans le monde.<br />

1986 - Publication <strong>du</strong> roman Le cœur découvert, premier tome de la série Le gay savoir de Michel Tremblay. Suivront Le<br />

cœur éclaté, La nuit des princes charmants, Quarante-quatre minutes et quarante-quatre secondes et finalement<br />

L’Hôtel Bristol. Avec Le cœur découvert, qui a plus tard été adapté à l’écran dans un téléroman, Michel Tremblay<br />

aborde le thème de l’homoparentalité, fait rare à cette époque. Il dépeint le quotidien de Jean-Marc, 39 ans, qui fait<br />

la rencontre de Mathieu, un jeune acteur de 24 ans avec qui il développe une relation sérieuse. Mathieu est le papa<br />

d’un petit garçon de quatre ans auquel Jean-Marc devra s’habituer.<br />

60 61


<strong>30</strong> ans de rG<br />

1987 - Avec Les Feluettes de Michel Marc Bouchard, la dramaturgie gaie québécoise s’impose ici comme ailleurs. La<br />

pièce sera portée sur scène en 1987 dans une mise en scène d’André Brassard, recevant un accueil élogieux: « ...<br />

Non seulement s’y confirme le talent exceptionnel d’un auteur dont la langue est d’une beauté rare […] Une pièce<br />

sur l’homosexualité ? Certes et la plus vive qui soit, la plus vraie. Une pièce sur le théâtre ? Surtout ! Et l’une des plus<br />

justes qu’il m’ait été donné de voir! », dit Robert Lévesque, critique au Devoir.<br />

1995 - Serge Boucher vient bouleverser le public de Montréal avec son deuxième texte théâtral, Motel Hélène. La pièce<br />

dépeint la vie de Johanne qui, prise entre un conjoint brutal et François le commis de dépanneur homosexuel, cherche<br />

à trouver un sens à son existence. Elle tente vainement de dissimuler la douleur d’une tragédie passée qui finit<br />

par émerger sous l’insistance de François. Avec des personnages d’une criante vérité, Serge Boucher visite un milieu<br />

modeste et intègre pour la première fois le personnage de François, qui revient dans plusieurs de ses œuvres, comme<br />

une sorte d’alter ego de l’auteur.<br />

2003 - Manigances est le premier roman de Denis-Martin Chabot, journaliste ayant travaillé un peu partout au Canada<br />

pour le compte de la société d’État. Il est aujourd’hui l’un des auteurs d’ « œuvres gaies » les plus connus au <strong>Québec</strong>.<br />

Manigances lui a valu une récompense belge, le prix Gros sel. Avec Pénitence (2003), Innocence (2007) et Acccointances<br />

(2010), ce roman s’inscrit dans une tétralogie intitulée Histoire <strong>du</strong> Village.<br />

2003 - Avec un nom qui semblait prédestiné à l’écriture et à la culture gaie, Roland Michel Tremblay a offert la même<br />

année que Manigances un récit marquant. Un québécois à Paris est l’histoire autobiographique sous forme de journal<br />

où l’auteur raconte ses pérégrinations amoureuses entre le <strong>Québec</strong> et la ville lumière. Cette œuvre sera suivie<br />

d’Un québécois à New York. Roland Michel Tremblay poursuit ce voyage initiatique amoureux et sexuel sans issue.<br />

2010 – Marie-Claire Blais est certainement l’une des auteures les plus importantes au <strong>Québec</strong>. Le milieu littéraire la considère<br />

avec autant de déférence que les Michel Tremblay, Hubert Aquin et Réjean Ducharme. Elle sort, en 2010, son<br />

dernier opus, Mai au bal des prédateurs qui prend place dans un club de drag queens, le Saloon. Les livres de Marie-<br />

Claire Blais, fortement teintés d’homosexualité féminine comme masculine, ont été récompensés et honorés près<br />

d’une trentaine de fois <strong>du</strong>rant sa carrière.<br />

62 63


Si ses premiers romans<br />

datent seulement <strong>du</strong> début<br />

des années 2000, le journaliste<br />

de radio-Canada<br />

demeure tout de même<br />

l’une des figures les plus<br />

actives quand on s’intéresse<br />

aux ouvrages à thématique<br />

GLBT québécois. denismartin<br />

Chabot nous parle<br />

d’un genre souvent décrié,<br />

dont l’évolution a suivi celle<br />

de la presse gaie, tout au<br />

long de ces <strong>30</strong> dernières<br />

années.<br />

<strong>30</strong> ans de rG<br />

« littÉrature gaie » : entrevue avec denis-martin cHabot<br />

l’importanCe de<br />

la presse <strong>Gai</strong>e<br />

Antoine Aubert<br />

rg. queLLe image aviez-vous de La « Littérature<br />

gaie » avant de vous Lancer vous-même dans ce<br />

genre de romans ?<br />

Denis-Martin Chabot. Je me souviens avoir cherché<br />

des romans ou des textes qui parlaient de ma réalité.<br />

Si j’en ai trouvé en langue anglaise, c’était beaucoup<br />

plus rare dans la littérature québécoise (un peu chez<br />

Michel Tremblay, Mario Cyr). Lorsque j’étais plus jeune<br />

et qu’on nous faisait lire les œuvres de Marie-Claire Blais<br />

ou d’Yves Theriault, ne percevant rien à caractère gai,<br />

je m’imaginais que les personnages de femmes étaient<br />

des hommes. C’était alors difficile de trouver des romans<br />

gais.<br />

rg. vous n’avez donc pas eu de source d’inspiration<br />

en particuLier dans La Littérature gaie ?<br />

D-M.C. Si, mais en langue anglaise, avec notamment<br />

Les chroniques de San Francisco d’Armistead Maupin.<br />

Je me suis dit qu’il faudrait faire la même chose pour<br />

le Village ou <strong>Québec</strong>. C’est une des choses qui m’a<br />

amené à écrire mes premiers romans, ainsi que des<br />

cours d’écriture que je prenais alors en Alberta dans le<br />

cadre de mon métier de journaliste. Néanmoins, je tiens<br />

à souligner que je n’aime pas le thème de « littérature<br />

gaie ». C’est un peu ré<strong>du</strong>cteur. Un très grand nombre<br />

d’hétérosexuels peuvent se retrouver dans ce que moi<br />

ou d’autres écrivent.<br />

rg. on dit parfois qu’écrire dans La presse gaie<br />

représente un geste miLitant. est-ce La même<br />

cHose pour Les Livres ?<br />

D-M.C. Pour ma part, je dirais que je ne fais pas de<br />

militantisme, mais tous les gestes finissent par avoir une<br />

portée politique, même choisir d’aller magasiner dans<br />

une boutique plutôt qu’une autre. J’ai écrit pour qu’on<br />

parle de nous, des thèmes, des sentiments auxquels je<br />

m’associe. Je pense aux peines d’amour, mais aussi à<br />

l’homophobie intériorisée, sujet sur lequel il reste beaucoup<br />

à faire. Écrire là-dessus m’a en tout cas aidé à<br />

exorciser la mienne. Pour moi, écrire est plutôt un geste<br />

égoïste, un plaisir et un besoin. Peut-être que mon militantisme<br />

se retrouve davantage dans ma sortie <strong>du</strong> placard.<br />

rg. est-ce qu’on est forcément maL perçu par Les<br />

maisons d’édition Lorsqu’on Leur présente des<br />

œuvres À caractère gai ?<br />

D-M.C. De manière générale, les maisons d’édition<br />

sont très frileuses. Si le texte n’est pas exceptionnel,<br />

gai ou pas gai, ce sera très difficile d’être publié. Par<br />

ailleurs, tout ça leur coûte très cher, par conséquent si<br />

les éditeurs pensent que les livres à thématique gaie ne<br />

risquent pas de vendre autant que d’autres ouvrages,<br />

ils seront encore plus réticents. Beaucoup s’imaginent<br />

que ce type d’œuvres ne sera lu que par des homosexuels.<br />

C’est faux, la preuve : la plus grande partie de<br />

mon lectorat est composé de femmes hétérosexuelles.<br />

rg. y a-t-iL Les mêmes difficuLtés pour se<br />

faire connaître dans La presse généra-<br />

Liste Lorsqu’on écrit ce genre de Livres ?<br />

D-M.C. Comme je suis moi-même journaliste,<br />

j’ai réussi à avoir quelques entrées et des entrevues<br />

à Radio-Canada notamment. Le Devoir<br />

a également parlé d’un de mes romans. Mais,<br />

bien enten<strong>du</strong>, la presse gaie reste très importante<br />

pour se faire connaître. Je suis toujours<br />

très heureux quand l’un de ces magazines parle<br />

de moi. C’est extrêmement important. À ce<br />

titre, André Gagnon a été là dès mes débuts. Il<br />

m’a permis de me faire connaître.<br />

rg. dernière question, non pas À<br />

L’écrivain mais au journaListe de Radio-<br />

Canada. en quoi La presse gaie reste<br />

seLon vous nécessaire aujourd’Hui ?<br />

D-M.C. Elle couvre des sujets pas forcément<br />

traités par la presse généraliste, parce<br />

qu’ils sont jugés trop pointus pour intéresser<br />

les éditeurs. Par exemple, je me souviens que<br />

<strong>RG</strong> avait été un des premiers à parler, il y a<br />

quelques mois, <strong>du</strong> problème des violences<br />

dans le Village. En marchant sur Sainte-Catherine,<br />

mon rédacteur en chef a récupéré<br />

le magazine, a lu l’article, puis est venu vers<br />

moi pour me dire qu’il fallait faire un reportage<br />

là-dessus. C’est la preuve que la presse<br />

gaie garde un rôle important.<br />

64 65<br />

© César ochoa


Zïlon laZer<br />

François Bernier<br />

rg. vous faites partie <strong>du</strong> paysage <strong>du</strong> viL-<br />

Lage, d’abord avec vos graffitis et pLus<br />

récemment avec votre œuvre sur L’un<br />

des bâtiments <strong>du</strong> quartier. que pensezvous<br />

<strong>du</strong> quartier aujourd’Hui?<br />

Zïlon. Je trouve qu’il s’affadit de plus en<br />

plus. Il manque d’inspiration et de dynamisme.<br />

Il n’y a plus aucune originalité. En parcourant<br />

les rues, on remarque que Sainte-Catherine<br />

est couverte de restaurants, de clubs,<br />

de gyms. L’aspect culturel <strong>du</strong> Village est en<br />

train de mourir. L’exemple le plus flagrant de<br />

cette tendance est la disparition de la Maison<br />

de la presse qui a fait place à une boutique<br />

de suppléments alimentaires. Ça en dit<br />

long sur les intérêts de la communauté gaie<br />

actuellement.<br />

rg. que devrait-eLLe faire aLors pour<br />

cHanger tout ça ?<br />

Z. Avoir de l’inspiration! J’ai récemment assisté<br />

à l’ouverture d’un nouveau club qui est<br />

tenu par les anciens propriétaires d’un autre<br />

établissement. Ils auraient pu créer un décor<br />

différent, audacieux, afin d’offrir de la nouveauté<br />

au quartier. Ils se sont contentés d’y<br />

aller avec un décor pompeux visiblement peu<br />

coûteux. Ils espèrent sans doute plaire au plus<br />

grand nombre. C’est ça la nouvelle maladie<br />

de la communauté : vouloir faire de l’argent<br />

en ralliant la majorité. En agissant de la sorte,<br />

on tue l’identité et l’originalité. On manque<br />

cruellement d’inspirations et d’aspirations.<br />

meC <strong>du</strong> mois rG<br />

vers nos <strong>30</strong> ans<br />

autre reGard sur le villaGe<br />

depuis quelques années, le regard troublant d’un visage excentrique veillait sur le village, au coin des rues Sainte-Catherine et montcalm.<br />

Cette fresque signée par l’artiste zïlon Lazer a été enlevée il y a peu pour faire place à un projet de copropriété (voir les pages 12 et 13). Pour<br />

cette édition de vers nos <strong>30</strong> ans, rG revient sur la vie d’un peintre qui veille au dynamisme de l’art visuel au sein de sa communauté depuis<br />

plusieurs décennies.<br />

La vie nocturne et culturelle est en train de<br />

s’aseptiser. Il reste bien peu d’établissements<br />

qui m’apparaissent encore vivants.<br />

rg. croyez-vous que cette originaLité a<br />

définitivement disparu ?<br />

Z. Non. Il y a un mouvement chez les jeunes<br />

homosexuels, en marge, vers le Mile End. Avec<br />

la migration de ces marginaux, on va vider le<br />

Village de son intérêt. Ce dynamisme existe<br />

aussi ailleurs dans le monde. Je reviens de Londres<br />

où j’ai récemment travaillé. J’y ai retrouvé<br />

une flamme similaire à celle qui existait il y a<br />

20 ans à Montréal, avec de la vraie musique,<br />

non pas celle formatée pour les clubs, et un<br />

mélange hétéroclite de gens de tout genre.<br />

La vie, quoi !<br />

rg. parLez-nous justement de ce passé<br />

qui vous manque…<br />

Z. Je regrette le dynamisme d’une culture<br />

qui ne cherche pas le consensus. En 1987,<br />

j’étais en charge de la décoration <strong>du</strong> club le<br />

Business. J’avais recouvert les murs de graffitis.<br />

Je me rappelle aussi <strong>du</strong> Poodle où les murs<br />

étaient roses. L’animation était assurée par<br />

des drag queens, la musique y était formidable.<br />

Même le Sky, à ses débuts, offrait au<br />

dernier étage une zone qui représentait un<br />

appartement. C’était comme si on visitait le<br />

logement d’un transformiste. La musique était<br />

seulement projetée par un petit ghetto-blaster.<br />

L’ambiance était véritablement festive.<br />

L’endroit était illégal, il a donc été fermé, mais,<br />

au moins, ces endroits avaient une véritable<br />

personnalité à l’image de la scène culturelle<br />

gaie de l’époque.<br />

rg. vers La fin des années 70, vous avez<br />

décidé de coLorer La viLLe de montréaL<br />

À votre façon avec Les graffitis. vous<br />

avez toujours eu cette âme marginaLe ?<br />

Z. Toujours. C’est la bande dessinée qui m’a<br />

initié à l’art. C’est dans cet univers visuel que<br />

j’ai grandi. Un jour, je suis passé à la peinture en<br />

aérosol. Je me suis mis à couvrir la ville de mes<br />

œuvres. J’améliorais l’aspect esthétique de<br />

Montréal à ma façon. Je m’inspire aussi beaucoup<br />

de la musique. Il y a dans mon travail<br />

une forte influence <strong>du</strong> rock, <strong>du</strong> punk et de la<br />

new wave. J’en suis ensuite venu à collaborer<br />

à d’autres types d’art. J’ai fait le scénarimage<br />

<strong>du</strong> film Le confessionnal de Robert Lepage, j’ai<br />

aussi travaillé en collaboration avec le couturier<br />

Philippe Dubuc pour une de ses collections<br />

au début des années 2000. Je m’intéresse à<br />

toutes les facettes de l’art.<br />

rg. avez-vous encore L’impression de<br />

contribuer À votre façon À La communauté<br />

gaie ?<br />

Z. Oui, à ma façon. Chaque année, j’organise<br />

un événement dont les fonds sont remis<br />

à la Maison <strong>du</strong> Parc, qui vient en aide aux<br />

personnes atteintes <strong>du</strong> Sida en leur offrant de<br />

l’hébergement. Le 3 décembre, j’étais à la<br />

Galerie Dentaire où j’ai exécuté en direct 20<br />

dessins qui ont ensuite été mis aux enchères.<br />

L’entièreté de l’argent amassé doit revenir à<br />

l’organisme.<br />

66 67


<strong>30</strong> ans de rG<br />

cHronologie : musique<br />

Ces artistes ont osÉ…<br />

fait curieux, contrairement<br />

à ce qui s’est passé pour<br />

le petit et le grand écran, le<br />

secteur musical gai relève<br />

nettement plus des femmes<br />

que des hommes. était-il<br />

plus facile d’entendre ces<br />

paroles venant de la bouche<br />

de mylène farmer et de<br />

Céline dion, ou bien y avait-il<br />

une crainte profonde d’aborder<br />

ces thèmes chez leurs<br />

homologues masculins ?<br />

mystère…<br />

Shawn Thompson<br />

1982 - Écrit par Paul Jabara et le Torontois Paul Shaffer,<br />

la chanson disco It’s raining Men se hisse rapidement<br />

au sommet des palmarès américain et<br />

anglais. D’abord offerte à des artistes de renom<br />

telles que Barbra Streisand et Diana Ross – qui<br />

l’ont refusée – la chanson, largement récupérée<br />

par la communauté gaie, est finalement<br />

interprétée par The Weather Girls, anciennement<br />

appelées Two Tons O’ Fun, alors qu’elles étaient<br />

les choristes <strong>du</strong> flamboyant chanteur gai Sylvester,<br />

connu pour son succès You Make Me Feel<br />

(Mighty Real).<br />

1984 – La chanson I Want to Break Free <strong>du</strong> groupe<br />

Queen sort sur les ondes. Le vidéoclip, qui se voulait<br />

un pastiche de la série anglaise Coronation<br />

Street, met en scène les quatre membres <strong>du</strong><br />

groupe en travestis, afin de s’adresser au mouvement<br />

de libération des femmes. Il sera interdit<br />

aux États-Unis. Freddie Mercury, officiellement<br />

bisexuel, s’est attiré la critique d’une partie de la<br />

communauté gaie, qui lui en a voulu de n’avoir<br />

jamais révélé son homosexualité - chose qui<br />

aurait pu, selon eux, apporter une importante<br />

et positive attention sur le mouvement GLBT. Le<br />

chanteur de Queen est décédé à l’âge de 45<br />

ans, en 1991, suite à des complications liées au<br />

Elton John © derek Campbell<br />

Sida. Il niera publiquement être atteint <strong>du</strong> virus<br />

jusqu’au jour précédant sa mort.<br />

1987 – Née Marie-Hélène Jeanne Gauthier à Pierrefonds<br />

au <strong>Québec</strong>, Mylène Farmer, qui deviendra<br />

une véritable icône gaie en France, sort son tube<br />

Sans contrefaçon, une chanson à saveur autobiographique.<br />

Mylène Farmer a avoué avoir été<br />

un garçon manqué pendant sa jeunesse, se plaisant<br />

même à créer la confusion, allant jusqu’à<br />

se mettre « un mouchoir au creux <strong>du</strong> pantalon »,<br />

comme on peut l’entendre dans la chanson.<br />

Quelques années plus tôt, elle avait lancé sa<br />

carrière avec le succès très lesbien Maman a<br />

tort. Elle écrira également des chansons où elle<br />

évoque les plaisirs de la sodomie (Pourvu qu’elles<br />

soient douces).<br />

1988 – Le flamboyant Sir Elton John, qui deviendra<br />

l’une des plus importantes icônes gaies de<br />

l’histoire, avait dit au Rolling Stone Magazine,<br />

en 1976, qu’il était bisexuel. Il faudra attendre<br />

encore douze ans pour que le chanteur sorte<br />

finalement <strong>du</strong> placard, suite à son divorce avec<br />

sa femme. En 2005, Elton John sera un des premiers<br />

à s’unir civilement au Royaume-Uni avec<br />

son partenaire, David Furnish. Leur fils Zachary, né<br />

en 2010 d’une mère porteuse, compte parmi ses<br />

marraines nulle autre que Lady Gaga.<br />

68 69


<strong>30</strong> ans de rG<br />

ricky martin © Infosurhoy.com<br />

rufus wainwright © images.coolspotters.com<br />

1991 – Céline Dion reprend Un garçon pas comme<br />

les autres (Ziggy) sur son album Dion chante Plamondon.<br />

La célèbre chanson de l’auteur québécois,<br />

écrite initialement pour le rock opéra Starmania,<br />

présenté pour la première fois à Montréal<br />

en 1980, raconte l’histoire d’amour impossible<br />

d’une femme pour Ziggy, un jeune disquaire mythomane,<br />

androgyne et homosexuel. La même<br />

année, Luc Plamondon écrira également la<br />

chanson L’amour existe encore pour la diva québécoise,<br />

une chanson portant sur le Sida alors<br />

que l’épidémie fait rage.<br />

1997 – Lara Fabian sort La Différence, une chanson<br />

qui parle explicitement de l’homosexualité,<br />

hommes comme femmes, et qui célèbre cette<br />

« différence ». Tirée de l’album Pure (le disque<br />

qui la fera connaître en France), la chanson, véritable<br />

plaidoyer pour le respect de l’amour homosexuel,<br />

deviendra même l’hymne de la Fierté<br />

gaie à Paris, deux ans plus tard.<br />

Années 2000 - C’est au tournant <strong>du</strong> nouveau siècle<br />

que Clémence Desrochers, écrivaine, actrice,<br />

scénariste, chanteuse, humoriste et fille <strong>du</strong> poète<br />

québécois Alfred Desrochers, sort <strong>du</strong> placard,<br />

alors que sa gérante et compagne, Louise, fait<br />

face à la maladie. Inspirée par sa propre histoire<br />

d’amour qui <strong>du</strong>re depuis plus de 40 ans, Clé-<br />

mence Desrochers a écrit la touchante Deux<br />

vieilles qui aborde le thème de la vieillesse et de<br />

la mort sous l’angle heureux de l’amour fusionnelle<br />

entre deux femmes.<br />

2010 – Ricky Martin sort <strong>du</strong> placard à la grande surprise<br />

et déception de beaucoup de jeunes et<br />

moins jeunes filles pour qui le chanteur portoricain<br />

représentait un fantasme. Les gais, eux, sont heureux.<br />

En 2008, il était devenu le père de jumeaux<br />

d’une mère porteuse. Peu après avoir révélé publiquement<br />

son homosexualité, le chanteur pop<br />

publie son autobiographie intitulée Moi (Yo dans<br />

la version originale) qui aborde notamment les<br />

questions entourant son orientation sexuelle.<br />

2011 – C’est tout récemment que le Montréalais<br />

Rufus Wainwright - probablement le musicien<br />

canadien qui a été le moins secret par rapport<br />

à son homosexualité – est devenu papa d’une<br />

petite fille portée par la fille <strong>du</strong> légendaire Leonard<br />

Cohen et qu’il élèvera avec son partenaire<br />

civil, Jorg Weisbrodt. Rufus Wainwright a suivi<br />

les pas d’Elton John, une figure très importante<br />

pour le jeune chanteur puisque le Britannique<br />

l’aurait aidé à se sortir de la toxicomanie. Rufus<br />

Wainwright qui est lui-même fils de parents musiciens<br />

célèbres, dit savoir depuis l’âge de 14 ans<br />

qu’il est gai.<br />

70 71


<strong>30</strong> ans d’homosexualitÉ<br />

sur nos<br />

ÉCrans,<br />

petits et<br />

Grands<br />

François Bernier<br />

1986 - Contre toute attente, le long métrage de Denis Arcan, Le<br />

déclin de l’empire américain, qui semblait contourner toutes<br />

les règles <strong>du</strong> film commercial, obtient une reconnaissance<br />

internationale. Dans ce film mettant en scène une bande de<br />

baby-boomers enseignant à l’université, le réalisateur aborde<br />

la sexualité sous toutes ses facettes. Le personnage interprété<br />

par Yves Jacques est présenté comme un gai assumé qui parle<br />

ouvertement de drague. Pour la première fois, on représente<br />

une homosexualité décomplexée et aisément intégrée dans le<br />

cinéma québécois.<br />

1987 - Montréal voit l’arrivée d’un événement qui participe certainement<br />

à forger la réputation homosympa de la métropole.<br />

Image + nation est le premier festival de cinéma queer au Canada.<br />

Au fil des années, il programme quelques-uns des plus<br />

grands films à thématique gaie de l’histoire. Vingt-quatre ans<br />

plus tard, l’événement a pris de l’ampleur et s’impose comme<br />

un rendez-vous mondial <strong>du</strong> cinéma LGBT.<br />

1991 - Watatatow a marqué l’imaginaire de toute une génération,<br />

pendant 14 ans. Série é<strong>du</strong>cative destinée aux adolescents, elle<br />

aborde l’homosexualité et le Sida à plusieurs reprises. On assiste<br />

au quotidien d’étudiants d’une polyvalente de Montréal. Serge<br />

Postigo y incarne Michel Cusson, premier personnage gai de la<br />

série. Plus tard le thème de l’homophobie est exploré avec le<br />

personnage de Chicoine.<br />

1992 - Jean Beaudin adapte au cinéma la pièce Being at home<br />

with Claude <strong>du</strong> dramaturge René-Daniel Dubois. On y raconte<br />

l’histoire d’un jeune prostitué ayant tué son amant <strong>du</strong>rant<br />

l’amour au moment de leur jouissance commune. Cette tragédie<br />

est interprétée avec talent par Roy Dupuis dans le rôle de<br />

ce mauvais garçon sensible, dévoré par l’amour.<br />

1993 - Début d’un phénomène télévisuel : Claude Meunier lance<br />

La petite vie, l’histoire d’une famille modeste et excentrique.<br />

Autour d’eux gravitent plusieurs personnages, dont celui de<br />

Jean-Louis Frenette (Jean-Loup), présenté comme l’amoureux<br />

homosexuel de Caro. Bien que caricatural, celui-ci va chercher<br />

la sympathie d’un large public, à une émission à heure de grande<br />

écoute (quatre millions de téléspectateurs, un record pour<br />

la télévision québécoise).<br />

1995 - En 1995, Robert Lepage présente son premier film Le confessionnal,<br />

l’histoire d’un homme en quête de ses origines. Durant<br />

une scène-phare <strong>du</strong> film, Robert Lepage traîne le spectateur<br />

dans un lieu alors méconnu, les saunas gais de la ville de <strong>Québec</strong>.<br />

Avec une distribution de grand talent (Lothaire Bluteau,<br />

Patrick Goyette, Jean-Louis Millette, Kristin Scott Thomas), le réalisateur<br />

attire l’attention sur son film au pays comme à l’étranger.<br />

72 73


<strong>30</strong> ans d’homosexualitÉ<br />

2001 - Début d’une série québécoise qui marque l’imaginaire des<br />

Québécois : La vie, la vie. Située sur le Plateau Mont-Royal, elle<br />

dépeint la vie d’une bande d’amis dans la trentaine. Le personnage<br />

de Jacques, interprété par Vincent Graton, est homosexuel.<br />

Stéphane Bourguignon se fait un point d’honneur de ne<br />

pas dramatiser cet aspect. La communauté gaie a donc un<br />

personnage de fiction auquel s’identifier, évitant tous les clichés<br />

démagogiques ou pathétiques utilisés maintes fois par le passé.<br />

2003 - Radio-Canada décide de faire preuve d’audace en projetant<br />

à heure de grande écoute un nouveau téléroman adapté<br />

de l’œuvre de Michel Tremblay. Le cœur découvert se présente<br />

comme l’histoire de Jean-Marc et Mathieu, dans le quotidien<br />

de leur relation amoureuse. La série en choque quelques-uns et<br />

ne reste programmée qu’une saison faute de cote d’écoute.<br />

2005 - Personne n’aurait pu prévoir le succès qu’allait recevoir le<br />

film de Jean-Marc Vallée, C.R.A.Z.Y., l’histoire de Zach, un jeune<br />

garçon refusant d’accepter son homosexualité. Dépeignant<br />

avec justesse les années 60 et 70 au <strong>Québec</strong>, le film touche<br />

une corde sensible : la nostalgie. Les statistiques ont estimé que<br />

le film a été vu au cinéma par un Québécois sur 8. Le film sera<br />

aussi projeté avec succès en France.<br />

2006 - L’arrivée sur les ondes de la série Cover Girl fait couler beaucoup<br />

d’encre. Non seulement il est rare de voir notre télévision<br />

nationale s’attarder sur le thème de l’homosexualité, mais elle<br />

offre aussi une incursion dans le monde des drag queens ! On y<br />

partage la vie de trois personnificateurs (René Richard Cyr, Vincent<br />

Bol<strong>du</strong>c et Frédéric Pierre) décidés à vivre leur différence<br />

au grand jour. Cover Girl a <strong>du</strong>ré deux saisons et a reçu plusieurs<br />

nominations et récompenses pour son audace.<br />

2006 – Autre série la même année que Cover Girl : avec Tout sur<br />

moi, trois acteurs décident de nous raconter leur quotidien<br />

loufoque en s’amusant de la fine ligne qui sépare la réalité de<br />

la fiction. Macha Limonchick, Valérie Blais et Éric Bernier ont<br />

conquis le cœur de la communauté gaie avec leurs maladresses,<br />

leurs candeurs et les nombreuses aventures masculines <strong>du</strong><br />

beau Éric. Stephane Bourgignon, auteur de La vie la vie, intègre<br />

donc une nouvelle fois un personnage gai attachant, à laquelle<br />

plusieurs homosexuels se sont identifiés.<br />

2009 - Alors qu’il n’a que 21 ans, Xavier Dolan présente J’ai tué ma<br />

mère au Festival de Cannes. Le monde entier tourne ses yeux<br />

vers un réalisateur surdoué qui signe non seulement la réalisation,<br />

mais aussi le scénario, en plus d’y tenir le rôle principal,<br />

dans un film où l’homosexualité <strong>du</strong> personnage principal est<br />

montrée comme quelque chose de « banal ». Même si Xavier<br />

Dolan a <strong>du</strong> mal à sé<strong>du</strong>ire le public québécois, il est certainement<br />

devenu un ambassadeur de la culture nationale partout<br />

dans le monde. En 2010, son film Les amours imaginaires est<br />

aussi présenté à Cannes.<br />

74 75


<strong>30</strong> ans de rG<br />

Luc LAchAnce, psychoLogue et Annonceur historique<br />

« on ne peut pas être <strong>Gai</strong><br />

sans s’enGaGer »<br />

Après une plongée dans<br />

nos archives, il s’est avéré<br />

que l’un de nos plus anciens<br />

annonceurs, Luc<br />

Lachance, psychologue de<br />

son métier, avait également<br />

été l’un des premiers chroniqueurs<br />

de Rencontres<br />

<strong>Gai</strong>es . Il nous parle de sa<br />

collaboration et de l’évolution<br />

de l’homosexualité au<br />

cours de ces <strong>30</strong> dernières<br />

années, à travers son expérience<br />

de psychologue.<br />

Thibaut Temmerman<br />

rg. comment en êtes voUs venU à collaborer<br />

à RencontRes <strong>Gai</strong>es ?<br />

Luc Lachance. On repart loin en arrière ! Je connaissais<br />

déjà Alain [Bouchard], j’étais étudiant en psychologie.<br />

Lui-même pratiquait déjà comme psychologue.<br />

Il organisait une fois par année des symposiums sur l’homosexualité.<br />

Je me souviens y avoir collaboré.<br />

Rencontres <strong>Gai</strong>es a débuté en même temps que je<br />

commençais ma pratique privée. J’ai fait de la publicité<br />

dès le troisième ou quatrième numéro et je n’ai pas<br />

arrêté. Un peu plus tard, j’ai proposé de faire des articles<br />

pour la revue. J’aimais ça prendre le temps d’écrire.<br />

rg. votre présence comme chroniqUeUr oU<br />

annonceUr se retroUve toUt aU long de ces<br />

décennies. poUrqUoi cette fidélité ?<br />

L.L. Je trouve important, comme gai, voulant également<br />

se constituer une clientèle homosexuelle, d’avoir<br />

une publicité dans une telle revue. Par ailleurs, la pratique<br />

est un roulement continuel, ça prend toujours de<br />

nouveaux patients.<br />

L’engagement demeure une démarche nécessaire.<br />

Pour moi, on ne peut pas être gai sans s’engager,<br />

d’une manière ou d’une autre. Il y a trop de luttes,<br />

trop de batailles, trop d’acquis précaires. C’est nécessaire.<br />

J’ai écrit dans <strong>RG</strong>, je me suis impliqué dans les<br />

© T.T<br />

organismes luttant contre le Sida, je soutiens le festival<br />

image+nation… Comme gai, je trouve essentiel de soutenir<br />

ma communauté<br />

rg. dans vos articles, il était beaUcoUp<br />

qUestion d’acceptation et de visibilité dans<br />

l’espace pUblic. écririez-voUs la même chose<br />

de nos joUrs ?<br />

L.L. Il faudrait déjà que je me souvienne de ce que<br />

j’ai écrit à l’époque ! En tout cas, la situation a évolué<br />

à certains égards, mais pas tant que cela non plus.<br />

On demeure une société de tolérance, il y a plus de<br />

visibilité de l’homosexualité qu’à l’époque, mais la<br />

peur <strong>du</strong> rejet existe toujours. Surtout quand on s’assume<br />

jeune : les conséquences peuvent être beaucoup<br />

plus importantes que lorsqu’on vit ça dans une<br />

vie d’a<strong>du</strong>lte. Quand les gens qui me consultent disent<br />

« oui je m’accepte et tout va bien » souvent, il suffit<br />

de gratter un peu pour voir que cette acceptation<br />

demeure limitée.<br />

Combien de gens vont encore dire qu’ils se retiennent<br />

de manifester leur affection à leur conjoint devant<br />

la famille, devant des hétérosexuels… On est loin de<br />

l’acceptation quand on est obligé de se retenir. Enfin,<br />

il y a une problématique qui n’existait quasiment pas, il<br />

y a quelques années et qui est aujourd’hui beaucoup<br />

plus présente : l’homoparentalité. La société projette<br />

beaucoup de doutes à ce sujet et les couples ont surtout<br />

besoin d’être rassurés.<br />

76 77


78<br />

<strong>30</strong> ans de rG<br />

ils/elles ont dit…<br />

<strong>30</strong> ans de<br />

Citations<br />

La Rédaction<br />

« rencontre gaies se veut une tentative pour permettre<br />

aux personnes gaies de se rencontrer facilement,<br />

sûrement, agréablement, sans avoir à dépenser<br />

inutilement. »<br />

(Première phrase de « La direction » de rG, dans le premier numéro, décembre<br />

1981 janvier 1982)<br />

« le mouvement [lesbien québécois] s’est d’abord effondré<br />

à cause de divisions internes, […] il nous manquait<br />

un vrai espace démocratique pour débattre. Ce<br />

problème nous a empêchées de mener une vraie lutte<br />

politique et nous n’avons pas pu, <strong>du</strong> coup, mener une<br />

action efficace »<br />

(Line Chamberland, chercheuse, octobre 2010)<br />

« Je pense qu’on aime plusieurs fois dans sa vie et pas<br />

de la même façon. la passion n’est pas toujours là.<br />

C’est un don exceptionnel que d’aimer. »<br />

(Jean-Louis millette, comédien, octobre 1990)<br />

« J’ai plutôt tendance, en termes d’orientation personnelle,<br />

à dire que de la même façon que l’État a décrété<br />

en 1970 qu’il n’avait rien à faire dans les chambres<br />

à coucher […] les relations sexuelles d’a<strong>du</strong>ltes consentants,<br />

même contre rémunération, ne devraient pas<br />

être l’objet <strong>du</strong> code criminel. »<br />

(Jean doré, alors maire de montréal, octobre 1990)<br />

Alain Bouchard<br />

« ouvertement engagé dans un contexte social de<br />

mouvances de toutes sortes, nous n’avons jamais hésité<br />

à dire tout haut ce que bien des gens cherchaient<br />

à taire ou cachaient délibérément. »<br />

(Alain Bouchard, janvier 1997, pour les 15 ans de rG)<br />

« la discrimination est beaucoup plus subtile que ce<br />

qui peut être inscrit dans un texte de loi. elle sait se<br />

frayer des chemins complexes et tortueux. elle sait<br />

aussi imposer ses règles sans que ses auteurs aient à<br />

dévoiler leur homosexualité. »<br />

(Laurent mcCutcheon, président de <strong>Gai</strong> écoute, novembre 1999)<br />

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80<br />

<strong>30</strong> ans de rG<br />

michel marc Bouchard © damian Siqueiros<br />

« oui, je crois au principe de justice, mais j’ai de sérieuses<br />

questions en ce qui concerne le système en luimême.<br />

»<br />

(noël Saint-Pierre, avocat spécialiste des questions GLBT, juillet 1995)<br />

« pour un ado, découvrir qu’il est gai, c’est déjà une<br />

tragédie au départ. C’est un drame parce que ce n’est<br />

pas un choix. »<br />

(daniel Pinard, alors porte-parole de <strong>Gai</strong> écoute, janvier 2001)<br />

« il n’y a rien de plus politique que d’écrire et de<br />

tenter de changer la société. la recherche peut autant<br />

faire évoluer les mentalités que les lois. »<br />

(michel dorais, sociologue, juin 2010)<br />

« Cette façon de condamner en se basant sur une lecture<br />

littérale et fondamentaliste des textes de la bible,<br />

l’Église elle-même l’a toujours reproché aux sectes. »<br />

(L’abbé raymond Gravel, décembre 2003)<br />

« Ce qui était valable pour moi dans Les Feluettes, c’était<br />

de donner une autre dimension de la « gaieté ». Ce serait<br />

le fun de voir <strong>du</strong> romantisme. de voir autre chose<br />

aussi, que ce que les hétérosexuels nous ont garoché<br />

pendant tant d’années… »<br />

(michel marc Bouchard, auteur, juin 1990)<br />

« quand il m’arrivait des difficultés personnelles, je<br />

me disais que c’était correct parce que, dans le fond,<br />

j’étais puni pour avoir été homosexuel, et que je devais<br />

payer un prix pour cela. »<br />

(Jacques Beausoleil, alors président de la Coalition des organismes des minorités<br />

sexuelles <strong>du</strong> montréal métropolitain, à propos de ses « jeunes » années comme<br />

hétéro, décembre 1990)<br />

« Je juge les gens sur leur honnêteté et leur<br />

valeur, indépendamment de leur orientation<br />

sexuelle. »<br />

(réjean Tremblay, auteur, février 1992)<br />

« quand un père embrasse un autre homme<br />

devant son fils ou sa fille et que c’est naturel,<br />

n’ayez pas peur, l’enfant l’intègrera comme naturel<br />

lui aussi. »<br />

(Luc Lachance, psychologue et alors également chroniqueur dans rG, avril<br />

1983)<br />

« il y a avait un côté « amitié », « camaraderie » qui<br />

n’existe plus. C’était une vraie communauté et non<br />

pas juste un spectacle pour vicieux venant voir des<br />

jeunes. »<br />

(richard Bradley, réalisateur d’un documentaire sur les bars de danseurs montréalais,<br />

octobre 2011)<br />

81


vers nos 40 ans<br />

moments utopistes<br />

Ce qu’on espère fêter dans dix ans<br />

Antoine Aubert<br />

Un PREMIER MInISTRE OUVERTEMEnT GAI<br />

André Boisclair a échoué dans sa tentative de devenir le premier chef de gouvernement sorti <strong>du</strong> placard. Justement<br />

à cause de son homosexualité, disent certains. En attendant, la représentation nationale est… peu représentative<br />

au niveau de la diversité sexuelle, <strong>du</strong> moins officiellement. Certes, au vu de la configuration actuelle, il est peu<br />

probable que le successeur de Jean Charest soit un gai. Mais, après tout, on a bien vu Stephen Harper accompagner<br />

une petite fille sur Born this way de Lady Gaga lors de la dernière campagne électorale…<br />

SIDA : LA GUéRISOn <strong>DE</strong>S PREMIERS PATIEnTS<br />

Si les campagnes de prévention marquent le pas, la recherche fait de<br />

vraies avancées ces dernières années concernant le virus. Des médecins<br />

parlent même de la possibilité de voir leur travail permettre, dans les années<br />

à venir, de guérir certains séropositifs. Pour autant, la prudence reste<br />

de mise, nos espoirs ayant été plusieurs fois déçus. Une chose est sûre : les<br />

pouvoirs publics doivent se mobiliser pour permettre un meilleur financement<br />

de la recherche qui, aujourd’hui, manque toujours d’argent.<br />

CRéATIOn D’Un GRAnD CEnTRE GLBT À MOnTRéAL<br />

Certes, la probabilité de voir enfin émerger un centre communautaire équivaut à celle d’apercevoir le monstre<br />

<strong>du</strong> Loch Ness en Écosse. Le sujet est devenu tabou, les raclements de gorge sont systématiques dès qu’on aborde<br />

le sujet devant certains membres éminents de la communauté. L’idée <strong>du</strong> Carrefour arc-en-ciel, annoncé comme<br />

imminent par la Fondation Mario-Racine au début des années 2000, semble avoir vécu. Tels des éternels optimistes,<br />

on rêve pourtant qu’en 2021, les divisions et égos auront laissé place à un établissement qui servira de quartier<br />

général à toutes les associations GLBT qui en ont bien besoin.<br />

<strong>DE</strong>S SORTIES DU PLACARD À fOISOn !<br />

Dans une vidéo qui a fait beaucoup parler voilà quelques semaines, l’animateur gai Rick Mercer (CTV) demandait aux<br />

personnalités publiques encore dans le placard de révéler au grand jour leur homosexualité. Elles constitueraient alors un<br />

exemple pour des jeunes gais et lesbiennes, souvent violenté(e)s à l’école et en mal de modèles. Jasmin Roy, Dany Turcotte,<br />

le footballeur David Testo dernièrement, ou encore, hors de nos frontières, Ricky Martin et Ellen DeGeneres, ont montré<br />

combien une telle affirmation pouvait être bénéfique. Autre avantage : ça fera des sujets en plus pour notre magazine !<br />

JEUnES GLBT : IT REALLy GETS BETTER<br />

Le monde politique canadien ou québécois tarde à s’offrir une<br />

vraie réflexion et donc à prendre des mesures adéquates pour tenter<br />

d’apporter des solutions réelles au problème <strong>du</strong> harcèlement scolaire<br />

ou à l’homophobie familiale. Si des portes ont été ouvertes par les<br />

G.R.I.S. et la Fondation Jasmin Roy au <strong>Québec</strong>, beaucoup reste encore<br />

à faire. Espérons que dans dix ans, le suicide de Jamie Hubley et la<br />

disparition de David Fortin soient les derniers symboles d’une situation<br />

qui reste honteusement inchangée depuis des décennies.<br />

© famille Hubley<br />

82 83


vers nos 40 ans<br />

AMéLIORATIOnS En AfRIQUE<br />

C’est sans doute le souhait le moins réalisable, tant les dictatures<br />

et les violences homophobes restent solidement ancrées dans le<br />

berceau de l’Humanité. Les révolutions arabes ne semblent pas pouvoir<br />

déboucher sur une amélioration des droits des femmes et des<br />

GLBT. La pression <strong>du</strong> gouvernement britannique sur les pays <strong>du</strong> Commonwealth<br />

(notamment le Ghana et l’Ouganda) pour mettre fin au<br />

harcèlement contre les communautés gaies locales ne paraît avoir<br />

que peu d’effets. Sans parler des ravages <strong>du</strong> Sida. Pour autant, on<br />

veut rester optimistes et croire à des lendemains qui chantent pour<br />

un continent sublime, souvent lâchement abandonné par l’Occident.<br />

LES TRAnSSEXUELS RESPECTéS<br />

Faire en sorte que les gais et lesbiennes acquièrent l’égalité en matière de droits ne doit pas faire pour autant<br />

oublier que les trans québécois et canadiens sont encore une catégorie particulièrement fragile socialement. Les<br />

agressions transphobes restent moins sanctionnées par les lois que celles homophobes. Les changements de sexe et<br />

d’identité sont très difficiles à obtenir. Autant d’évolutions que l’on souhaite voir arriver lors de la prochaine décennie,<br />

même si la situation sociale s’est tout de même améliorée ces dernières années, de l’avis même des associations.<br />

MICHEL TREMBLAy, OCTOGénAIRE fLAMBOyAnT<br />

2021 marquera les 40 ans de <strong>RG</strong> mais aussi les 80 ans de l’un des<br />

plus grands écrivains de l’histoire <strong>du</strong> <strong>Québec</strong>. Les années passent et<br />

Michel Trembay continue à nous offrir des livres touchants et justes,<br />

comme en témoignent, en 2010 et 2011, Le Passage obligé et La grande<br />

mêlée. Gageons que les années à venir ne démentiront pas la<br />

tendance et que per<strong>du</strong>rera cette manière magnifique de parler des<br />

femmes, de la figure maternelle et parfois de l’homosexualité.<br />

<strong>DE</strong>S RéGIOnS DéCOMPLEXéES<br />

Sans pour autant faire de généralités, Montréal et même <strong>Québec</strong> sont parfois l’arbre qui cache la forêt. Comme<br />

le montre l’affaire David Fortin et en se basant sur les témoignages de militants, être gai, lesbienne ou trans dans<br />

les régions <strong>du</strong> <strong>Québec</strong> reste encore une épreuve, pour les jeunes bien sûr, mais aussi parfois pour les anciennes<br />

générations. Espérons donc que l’arrivée de nouveaux établissements et associations, ces dernières années, en<br />

Gaspésie, en Mauricie ou dans le Saguenay permettent de changer la donne, et que les GLBT soient libres de vivre<br />

comme ils l’entendent partout au <strong>Québec</strong>.<br />

<strong>DE</strong>S fIERTéS REVEnDICATRICES<br />

La fierté montréalaise de 2011 était financée par Viagra. La fête<br />

arc-en-ciel de <strong>Québec</strong> se présente comme un festival et oublie toute<br />

idée de revendications. Aussi espère-t-on que les principaux événements<br />

québécois se souviennent, dans les années à venir, que si le<br />

mariage et l’adoption ont été acquis, l’égalité n’est pas pour autant<br />

atteinte. La manifestation de Montréal, si appréciée par les personnalités<br />

politiques qui aiment s’y montrer, doit redevenir le fer de lance<br />

des demandes de la communauté pour que ses droits soient totalement<br />

respectés.<br />

© riekhavoc (so behind!)<br />

© Joshua Kessler<br />

© alterheros.com<br />

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Sorties<br />

calendrier<br />

que faire en<br />

dÉCembre ? ©<br />

Matthieu Lévesque<br />

de La variété À La gaLerie La petite mort<br />

Plusieurs expositions originales seront présentées à La Galerie<br />

La Petite Mort au courant <strong>du</strong> mois de décembre. La photographe<br />

Judtih Wambera exposera ses oeuvres le temps<br />

d’une soirée, le 16 décembre. Cette série de photographies<br />

met en vedette des femmes de différentes cultures<br />

séchant des vêtements, l’artiste ayant toujours été fascinée<br />

par l’image de sa mère s’adonnant à cette activité. Le 17<br />

décembre, l’exposition BEERS, BALLS AND BRONCOS de Laurence<br />

Butet-Roch jette un regard intimiste sur des gamblers<br />

français qui misent sur des chevaux. Le 23 décembre, le<br />

peintre Drew Mosley présente une série de tableaux où la<br />

femme est à l’honneur.<br />

mission 004 pour Le gueriLLa queer bar<br />

Les militants queer montréalais <strong>du</strong> GQB semblent avoir trouver<br />

une bonne formule. Après des passages à L’Abreuvoir<br />

en septembre, à la Brasserie Cherrier en octobre et le 17<br />

novembre au Stogies Cigar Lounge, un autre bar « straight »<br />

sera la cible de ces sympathiques guerilleros. L’objectif<br />

demeure le même : se mélanger et mettre fin au cloisonnement<br />

qui veut que les gais, les lesbiennes et les hétérosexuels<br />

sortent chacun de leur côté. Le rendez-vous de décembre,<br />

intitulé « activité hivernale » est prévu le dimanche<br />

11 à 16h. Pour plus d’informations, rendez-vous sur la page<br />

Facebook <strong>du</strong> groupe, seule manière de connaître le lieu où<br />

se déroulera l’événement.<br />

circus : une programmation aLLécHante<br />

Le Circus Afterhours sera ouvert pendant toute la période<br />

des fêtes, incluant la veille et le jour de Noël. Les Américains<br />

Blake Jarrel et Scott James ouvriront une fin de semaine<br />

de festivités au célèbre afterhours de la rue Sainte-Catherine,<br />

le vendredi 23 décembre. Hugo Turenne animera le<br />

réveillon de Noël. Le party <strong>du</strong> dimanche 25 décembre sera<br />

l’occasion de retrouver aux platines Malik Choplin, un habi-<br />

tué des lieux. De toute évidence, Noël n’est pas une raison<br />

pour fermer ses portes au Circus Afterhours.<br />

Les jeudis Jam au cLub u.n.<br />

Le Club U.N. <strong>du</strong> Vieux-Montréal présente depuis le 17 novembre<br />

dernier les Jeudis Jam, une soirée qui sort de l’ordinaire.<br />

Créé par le DJ et pro<strong>du</strong>cteur montréalais Frank<br />

Turgeon, cet événement se distingue des autres par sa<br />

proximité avec les artistes. En effet, les DJs se trouvent directement<br />

sur la piste de danse et d’autres performances<br />

live sont incorporées aux leurs, ce qui permet ainsi des rencontres<br />

musicales très intéressantes. Tout artiste qui croit<br />

pouvoir apporter quelque chose à ces nouvelles soirées est<br />

d’ailleurs invité à contacter Frank Turgeon, directement sur<br />

sa page Facebook.<br />

party de noëL À québec<br />

Le samedi 17 décembre prochain se déroulera la 11e édition<br />

de Chritmas Night, l’un des événements les plus popu-<br />

Edson Emilio A.k.A El negro<br />

laires de la capitale québécoise. Les DJs Steven Ways, Olivrez<br />

Style, et Dave Rich font partie des nombreux artistes qui<br />

se pro<strong>du</strong>iront au Complexe Mé<strong>du</strong>se dès 22h et ce jusqu’au<br />

lendemain, à 8h. Devenu une véritable tradition, l’événement<br />

est présenté en collaboration par Chummyfest Pro<strong>du</strong>ctions<br />

et Underground Pro<strong>du</strong>ction dont fait partie Gervais<br />

Sphinx, DJ et acteur important dans l’organisation de<br />

ce party de fin d’année.<br />

Le Red Lite fête noëL<br />

Le Red Lite ne chômera pas pendant la période des fêtes.<br />

Plusieurs événements auront lieu à l’afterhours de Laval,<br />

à partir <strong>du</strong> 22 décembre, jusqu’au point culminant, le très<br />

populaire party <strong>du</strong> jour de l’An Extravaganza 2012. Tomy<br />

Villacorta et Gervais Sphinx ont été choisis pour entamer les<br />

festivités <strong>du</strong> temps des fêtes, suivis <strong>du</strong> DJ Uppercut, le 23 décembre.<br />

La veille de Noël, l’incontournable Mark Anthony<br />

sera la tête d’affiche alors que Stef Agostino, Steve Aries et<br />

DJ Kingdom se succèderont lors <strong>du</strong> 25 décembre lavallois.<br />

86 87


Sorties<br />

Photos : Edson Emilio<br />

a.k.a El Negro<br />

Sorties<br />

ouverture apollon pompe 17 novembre<br />

88 89<br />

Photos : Guillaume<br />

Bell


sorties<br />

dans la coulisse<br />

rumeurs…<br />

des indiscrétions qui n’en sont pas, des rumeurs confirmées, des bruits de fonds populaires,<br />

des vérités à vérifier… Bref, <strong>du</strong> bonbon ! à prendre au pied de la lettre, ni plus, ni moins!<br />

Expion<br />

L’Apollon soulève la colère des « dieux clubbers » ! À peine le nouveau<br />

et convoité complexe Apollon-Katakombes venait-il d’ouvrir ses portes<br />

dans le Village que ça grattouillait déjà dans le collimateur ! Le problème<br />

? Essentiellement, la gestion de l’accès des clients les soirs de forte<br />

affluence, comme ça a été le cas le premier samedi soir, le 19 novembre<br />

: environ 200 personnes sont restées sur le trottoir à faire le pied de<br />

grue. La raison ? On n’a prévu qu’une seule entrée pour les deux clubs<br />

de nuit. Le 26 septembre, on aurait encore refusé des clients. Une signalisation<br />

adéquate et une information pertinente permettraient de remédier<br />

à la situation. De plus, comme les clients peuvent circuler entre les<br />

deux clubs directement par l’intérieur, il se crée un achalandage volatile<br />

et il peut devenir difficile de gérer l’assistance. La direction va certainement<br />

régler cette question rapidement, si ce n’est déjà fait ! Une<br />

des solutions envisagées: inviter la clientèle<br />

à se présenter plus tôt. Mais disons-le : quel<br />

beau club!<br />

Le Stereo accueillera des « juniors ». L’audace<br />

des propriétaires <strong>du</strong> populaire Stereo Nightclub<br />

fait encore jaser. Cette fois-ci, c’est<br />

une décision qui pourrait certainement<br />

changer à tout jamais l’image et la « couleur<br />

» de l’établissement légendaire qui fête<br />

ses douze ans cet automne. Ainsi, le samedi<br />

7 janvier prochain, la fin de semaine suivant<br />

les célébrations <strong>du</strong> Nouvel An, le plancher<br />

de danse sera animé par un <strong>du</strong>o de DJs<br />

montréalais qui ne font pas partie <strong>du</strong> cercle<br />

des « grands », mais qui ont connu des succès<br />

appréciables depuis quelques années.<br />

On ne parle pas ici d’une opportunité unique,<br />

puisque la direction aurait l’intention<br />

de répéter régulièrement ce genre de soirées<br />

en 2012. Les DJs Steve Stevens (Steven<br />

Séguin) et G-Feex (Jean-François Boucher)<br />

travaillent fort pour que cette nuit de dix<br />

heures qu’on leur a confiée, soit mémorable.<br />

Pas question de manquer l’occasion<br />

d’impressionner la jungle des clubbers<br />

noctambules de Montréal qui en ont vu<br />

d’autres.<br />

Le Circus pratique-t-il le profilage sexuel ? Les<br />

guest lists des clubs et des afterhours sont<br />

souvent des moyens de « privilégier » certaines<br />

clientèles de fêtards. Elles servent à<br />

créer un achalandage autour de la popularité<br />

des DJs ou encore à être reconnaissant<br />

envers des gens importants pour<br />

l’établissement en raison de leur statut professionnel,<br />

de leur portefeuille ou de leur<br />

réseau social. Les guest lists à accès gratuit<br />

sont de plus en plus rares. On exige presque<br />

toujours des frais minimum de 5$-10 $ ou on<br />

propose des listes à tarif ré<strong>du</strong>it selon certaines<br />

conditions. Mais voilà que récemment,<br />

le Circus Afterhours aurait informé ses promoteurs<br />

et son personnel de sa décision de<br />

restreindre l’accès de sa liste d’invités VIP<br />

aux femmes seulement… de façon à favoriser<br />

une plus grande présence de la gente<br />

féminine à ses nuits où la clientèle masculine<br />

est généralement en majorité. Cela<br />

ne fait pas l’affaire de nombreux habitués<br />

masculins et de certains DJs qui ont déjà<br />

manifesté leur mécontentement.<br />

Lors d’une conférence<br />

universitaire en octobre,<br />

le président <strong>du</strong> Comité<br />

performance de<br />

l’in<strong>du</strong>strie touristique,<br />

Gilbert rozon, a fait une<br />

proposition étonnante :<br />

« créer un espace<br />

night Life à montréal<br />

qui irait, sur la rue<br />

Sainte-Catherine, de<br />

la rue Papineau à la<br />

rue Guy, mais aussi<br />

entre le boulevard<br />

rené-Lévesque et la<br />

rue Sherbrooke où les<br />

commerces pourraient<br />

être ouverts jusqu’à 6h<br />

<strong>du</strong> matin ».<br />

sorties<br />

ouverture des bars jusqu’à 6 H<br />

montrÉal :<br />

une ville qui ne dormirait plus ?<br />

Shawn Thompson<br />

Depuis cette déclaration, une page Facebook favorable<br />

à l’idée s’est créée, attirant déjà plus de 1.000<br />

« j’aime ». Les administrateurs <strong>du</strong> groupe virtuel ont cependant<br />

refusé de s’entretenir avec <strong>RG</strong>. Le site web de<br />

La Presse a, lui, ouvert un forum sur la question, suite à la<br />

prise de position <strong>du</strong> président de la direction <strong>du</strong> Cirque<br />

<strong>du</strong> Soleil, Daniel Lamarre, pour qui la ville devrait plutôt<br />

« se donner comme objectif de devenir la capitale mondiale<br />

de la créativité ».<br />

Pour le célèbre DJ MC Mario – de son vrai nom Mario<br />

Tremblay – la question se situerait plutôt à un niveau<br />

préventif. Le copropriétaire <strong>du</strong> Club 1234 sur de La Montagne<br />

a devancé - par pur hasard semble-t-il - la proposition<br />

de Rozon d’une semaine.<br />

fini Le trafic et Les cLowns<br />

Le DJ s’était ainsi exprimé dans les médias pour suggérer<br />

que les clubs puissent fermer à 6 h <strong>du</strong> matin s’ils le<br />

désirent, afin d’éviter le chaos de la fermeture des bars<br />

et ses dérapages.<br />

Mario Tremblay a lancé cette idée après s’être fait<br />

convoquer devant la Régie des alcools, à la demande de<br />

la police. Les autorités auraient dénombré plus de 40 incidents<br />

violents (bagarres, agressions armées, gangs de rue,<br />

etc.) dans la propriété <strong>du</strong> Club 1234, entre 2005 et 2010.<br />

© Edson Emilio A.k.A. el negro<br />

« À 3h <strong>du</strong> matin, quand tous les clubs ferment, il y a<br />

20.000 personnes qui se promènent partout sur St-Denis,<br />

St-Laurent, Crescent... Je suis sûr que c’est la même<br />

chose dans le Village. Le but premier d’avoir des bars<br />

ouverts jusqu’à 6h est vraiment de ré<strong>du</strong>ire le trafic et le<br />

nombre de ceux qui font les clowns », explique Mario<br />

Tremblay.<br />

sdc <strong>du</strong> viLLage : aucun commentaire<br />

Selon lui, les événements <strong>du</strong> Nouvel An ou ceux de<br />

grande envergure (tels que le Bal en Blanc et le Black<br />

& Blue) ferment tous plus tard, amenant les gens à sortir<br />

des clubs à des heures différentes. « C’est beaucoup plus<br />

civilisé », commente encore le DJ.<br />

Celui-ci rappelle également qu’à la fin des années 70,<br />

Montréal était une « plaque tournante » nord-américaine<br />

pour son nightlife, avec notamment le fameux Lime light,<br />

le club vedette <strong>du</strong> film québécois Funkytown. « Le Lime<br />

light fermait plus tard que 3 h. Ça c’est fait, et ça se fait »,<br />

conclut Mario Tremblay.<br />

Le quadrilatère de la zone « Night Life » suggéré<br />

par Gilbert Rozon couvrirait notamment la totalité <strong>du</strong><br />

Village gai. <strong>RG</strong> a contacté la Société de développement<br />

commercial de la zone, mais ses dirigeants ont<br />

refusé de commenter puisque l’organisme n’avait<br />

alors pas encore discuté de la question avec les commerçants.<br />

90 91


En place depuis quelques<br />

années en Europe et arrivés<br />

plus récemment au québec,<br />

les Coffrets Prestige permettent<br />

d’offrir des forfaits<br />

artistiques, culturels ou sportifs,<br />

selon les goûts. Trois<br />

nouveaux coffrets ont été<br />

créés cette année (révélation,<br />

Plaisir pour deux, zen). rG<br />

a choisi de mettre en avant<br />

quelques-unes de ses activités<br />

préférées.<br />

idÉes Cadeaux<br />

coffrets prestige<br />

des Cadeaux<br />

à la Carte<br />

La Rédaction<br />

atelier de sCulpture <strong>du</strong> villaGe<br />

Artiste et professeur connu dans le quartier gai de<br />

Montréal, Joël A. Prévost a su créer une entreprise<br />

efficace, avec des ateliers et des cours variés qui<br />

s’adressent aux débutants comme aux plus expérimentés.<br />

Une autre manière de découvrir le corps<br />

humain, grâce un art injustement délaissé par le<br />

grand public.<br />

forfait présent dans les coffrets découverte, Arts et spectacles.<br />

yoGa- anGelina fortino<br />

« Quoi de mieux que le yoga contre le stress de la<br />

vie, [pour] garder son esprit libre et clair en harmonie<br />

avec son corps ? », souligne l’équipe des Coffrets<br />

Prestige sur son site Internet. Professeure certifiée,<br />

Angelina Fortino propose une heure d’initiation<br />

au Hatha yoga, forme de relaxation officiellement<br />

créée en Inde au XVème siècle, ou encore une<br />

séance d’entraînement privé avec cardio, abdos<br />

et conseils diététiques. Apprenez à vous détendre !<br />

forfait présent dans les coffrets zen, révélation, Plaisir pour deux.<br />

Atélier de sculpture <strong>du</strong> village<br />

Cours de CoCktails<br />

Le Lab est sans aucun doute l’un des bars à recommander<br />

pour déguster de délicieux cocktails.<br />

Mais au 1312 rue Rachel Est, la compagnie Mixoart<br />

permet aussi au public de se familiariser avec les<br />

techniques et l’histoire de la mixologie et <strong>du</strong> Flair<br />

bartending. Il s’agit ainsi de pénétrer dans un<br />

monde à part, au cours d’un atelier de deux heures<br />

où vous apprendrez à votre tour à créer des cocktails.<br />

forfait présent dans les coffrets découverte, révélation, Plaisir pour<br />

deux.<br />

skyspa<br />

Le ciel se veut la limite de cet établissement situé<br />

dans le Quartier Dix<strong>30</strong> de Brossard. Le « plus »<br />

<strong>du</strong> SkySpa : l’expérience thermique, soit une alternance<br />

de chaud et de froid, à la finlandaise mais<br />

vécue en hauteur (sur le toit), avec une vue unique.<br />

Parmi les autres services : massages, soins <strong>du</strong> visage,<br />

lunch… et verre de vin !<br />

forfait présent dans les coffrets détente, Plaisir pour deux, zen<br />

92 93


idÉes Cadeaux<br />

SkySpa<br />

plonGÉe sous-marine<br />

L’embarras <strong>du</strong> choix pour les lieux (<strong>Québec</strong>,<br />

Laval, Montréal, Terrebonne, Mont-Tremblant)<br />

puisque l’entreprise Breizh Plongée Services se met<br />

à la disposition <strong>du</strong> client. Les activités sont elles<br />

aussi multiples : cours de plongée sous-marine<br />

avec bouteilles, baptême de plongée sous glace<br />

en milieu naturel et stage d’une journée d’initiation<br />

à la chasse sous-marine en apnée avec harpon,<br />

en milieu naturel. De quoi contenter les amateurs<br />

de découvertes aquatiques.<br />

forfait présent dans les coffrets découverte, révélation.<br />

spa eastman<br />

Depuis près de 35 ans, ce centre de mieux-être<br />

situé tout près <strong>du</strong> mont Orford (profitez d’ailleurs<br />

d’une vue magnifique) priorise trois thèmes : vacances,<br />

détente et plaisir. Tout est à disposition :<br />

massages, hammams, piscines, bains, cuisines, le<br />

tout dans une demeure absolument magnifique.<br />

Une bonne idée pour faire le plein d’énergie, début<br />

2012.<br />

forfait présent dans les coffrets détente, zen.<br />

Cours de Cuisine<br />

Japon (sushis), Espagne (tapas), ou encore<br />

France, Inde, Chine… Toutes les destinations directement<br />

dans votre assiette, en haut <strong>du</strong> boulevard<br />

Saint-Laurent, grâce à La Guilde culinaire. À vous<br />

de choisir le cours de votre choix. On vous enseignera<br />

à choisir et bien distiller les ingrédients indispensables<br />

pour faire de bons petits plats, tout en<br />

maîtrisant les techniques. En prime : deux verres de<br />

vin pour déguster le résultat.<br />

forfait présent dans le coffret découverte.<br />

studio d’enreGistrement Cme<br />

Envie de vous prendre pour Pierre Lapointe,<br />

Eminem ou (pour certain(e)s) Lady Gaga ? Le<br />

Studio CME, basé rue Notre-Dame Ouest, met à<br />

votre disposition une salle d’enregistrement, où<br />

votre chanson sera enregistrée puis mixée par des<br />

techniciens, comme si vous étiez un artiste professionnel.<br />

Une visite guidée <strong>du</strong> studio est également<br />

prévue dans le forfait.<br />

forfait présent dans les coffrets Arts et spectacles, découverte,<br />

révélation, Plaisir pour deux.<br />

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Rencontres <strong>Gai</strong>es<br />

Présentez-vous en <strong>30</strong> mots et nous vous annoncerons pendant six mois<br />

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