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— Je n'aimerais pas les colonies, et je suis complètement <strong>ce</strong>rtain qu'elles ne m'aimeraient<br />
pas !<br />
— Parents riches ?<br />
Nouve<strong>au</strong> signe négatif.<br />
— Quoi, Tommy, pas même une grand-tante ?<br />
— Si, un vieil oncle qui roule sur l'or, mais ça ne sert à rien.<br />
— Pourquoi ?<br />
— Il a voulu m'adopter jadis, et j'ai refusé.<br />
— Je crois que j'en ai entendu parler dit lentement Quat'sous. Vous avez refusé à c<strong>au</strong>se<br />
de votre mère.<br />
Tommy rougit jusqu'à la racine des cheveux.<br />
— Oui, <strong>ce</strong> n'<strong>au</strong>rait pas été chic vis-à-vis de maman. Vous le savez bien, elle n'avait que<br />
moi. Le vieux la détestait, il voulait à tout prix m'en éloigner. Je ne me suis pas laissé faire.<br />
— Votre mère est morte, n'est-<strong>ce</strong> pas ? dit dou<strong>ce</strong>ment Quat'sous.<br />
Tommy acquiesça.<br />
Les grands yeux gris de Quat'sous se voilèrent.<br />
— Vous êtes un brave gosse, Tommy. Je l'ai toujours su.<br />
— Ne dites pas de bêtises ! grommela Tommy. Enfin voilà ma situation. Elle est bien près<br />
d'être désespérée.<br />
— Et la mienne donc ! J'ai tenu <strong>au</strong>ssi longtemps que je pouvais. J'ai épuisé mes relations.<br />
J'ai répondu <strong>au</strong>x annon<strong>ce</strong>s. J'ai tenté n'importe quoi. J'ai tourné et retourné chaque sou. Mais<br />
rien ne m'aidera. Il f<strong>au</strong>dra que je revienne à la maison.<br />
— Vous n'en avez pas envie ?<br />
— Naturellement que je n'en ai pas envie ! À quoi servirait-il d'être sentimentale ? Mon<br />
père est délicieux – je l'adore – mais vous ne savez pas combien je lui fais peur ! Il a de <strong>ce</strong>s<br />
touchants principes d'avant-guerre et il est convaincu par exemple que fumer est un vi<strong>ce</strong>.<br />
Vous me voyez <strong>au</strong> presbytère ! Il a poussé un soupir de soulagement quand je suis partie<br />
pour Londres ! Nous sommes sept à la maison, ne l'oubliez pas. C'est horrible ! Rien que des<br />
trav<strong>au</strong>x de ménage et des séan<strong>ce</strong>s d'œuvres de bienfaisan<strong>ce</strong> féminines ! J'ai toujours été<br />
l'enfant terrible. Je ne veux pas retourner – mais que faire, dites-moi, Tommy, que faire ?<br />
Tommy secoua tristement la tête. Après un silen<strong>ce</strong>, Quat'sous éclata :<br />
— De l'argent ! de l'argent, de l'argent ! Je ne pense qu'à l'argent jour et nuit, matin et<br />
soir ! Tant pis si je suis mesquine et cupide, mais c'est un fait !<br />
— Je vous comprends ! murmura Tommy.<br />
— J'ai pensé à tous les moyens d'avoir de l'argent. Il n'y en a que trois : hériter, se marier<br />
ou en gagner. Le premier est exclu. Je n'ai pas de parents riches. Toutes les vieilles tantes<br />
que j'ai sont dans des asiles pour dames de la noblesse ruinées ! J'aide toujours les<br />
personnes âgées à traverser les rues, et je ramasse les paquets que laissent tomber les<br />
vieux messieurs, pour le cas où ils se trouveraient être des millionnaires ex<strong>ce</strong>ntriques. Mais<br />
<strong>au</strong>cun ne m'a jamais demandé mon nom, et plusieurs ne m'ont même pas dit merci.<br />
Il y eut un silen<strong>ce</strong>.<br />
— Bien entendu, reprit Quat'sous, ma meilleure chan<strong>ce</strong> est le mariage. J'ai décidé<br />
d'épouser un homme riche quand j'étais encore une petite fille. Toute femme de bon sens<br />
doit en venir là. Je ne suis pas sentimentale, moi.<br />
Elle s'arrêta, et, d'une voix menaçante :