REPPAL I - Institut National du Patrimoine

BEN YOUNES A. 19
demeure, néanmoins, inconnue. L'hypothèse selon laquelle il y aurait
à Bulla Regia un tophet, comparable à celui de Carthage, d'Hadrumète
ou de Cirta, est en partie confirmée par ces deux inscriptions
néopuniques. Les deux dédicaces s'adressent à une divinité non
mentionnée (51) , mais le premier texte spécifie qu'il est question
d'un sacrifice offert au Seigneur. La formule votive "L'DN ZBH"
porte à croire que nous sommes bien dans une ambiance de tophet,
où le dédicant sans doute après l'exhaussement de son voeu a ac-
compli un sacrifice, peut-être de substitution (52) . Les fouilles
actuelles de Bulla Regia, de plus en plus fructueuses en monuments
pré-romains, apporteront un jour la preuve irréfutable de l'existen-
ce de ce sanctuaire et nous aideront peut-être à identifier le ou
les divinités qui y étaient adorées. D'ailleurs la concentration
des stèles soumises à l'étude dans une même aire, englobant l'édi-
fice dit de Diane en passant par les grands Thermes dits de Iulia
Memmia pour aboutir dans les deux temples jumelés (53) , pourrait bien
constituer le point de départ d'une hypothèse de travail pour les
futures recherches de ce sanctuaire pré-romain (54) .
Si l'on compare notre série aux six autres stèles anépigra-
phes déjà publiées (55) , nous remarquerons que seules les deux
stèles portant les numéros Cb. 947 et 948 de la classification de
C.Picard se rapprochent par leur facture, leur technique de taille
et leurs thèmes iconographiques des stèles faisant l'objet de cet
article (56) .Ces deux stèles sont datables de la fin du IIè début du
Ier siècles av. J.C. (57) , date à laquelle nous attribuons volontiers
notre série de stèles, d'ailleurs la graphie des deux épigraphes
publiées par J.G. Février s'insère bien dans cette fourchette
chronologique. Pouvons-nous ajouter, d'autre part, qu'on ne
décèle aucun indice de romanisation sur les stèles soumises à
l'étude. Mais compte tenu de l'absence d'éléments chronologiques
précis, force nous est de reconnaître que les différentes data-
tions proposées pour les stèles néopuniques en général et de
Bulla Regia en particulier gagneraient à être infirmées ou confir-
mées par la découverte de stèles in situ accompagnées de récipients
en céramique, contenant l'offrande, et qui sont les seuls éléments
pouvant nous permettre de proposer une chronologie certaine et
définitive.