PATRIM. BATI/Part.1 - Parc naturel régional des Caps et Marais d ...

Patrimoine I Conseils I
Terre I Briques I Craie I Pierre I
Guide technique
Le patrimoine rural bâti
des Caps et Marais d’Opale

Sommaire
• Le Parc naturel régional
• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sècheries de chicorée
GLOSSAIRE
2 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Editorial
Ce guide technique paraît
dans un contexte où l'architecture
rurale est menacée, du
fait du manque d'entretien,
des vicissitudes du temps, de
l'oubli et de l'inadaptation aux
notions actuelles de confort et
d'habitabilité.
Parfois aussi des transformations hâtives provoquent des
dommages irrémédiables.
Face aux dangers de la disparition de ce riche patrimoine
bâti rural, il était urgent de porter un regard avisé sur ce
patrimoine dont les éléments gardent notre identité
commune.
Dans ce cadre, la mobilisation des acteurs locaux de la
construction était nécessaire ainsi que celle des
habitants du Parc naturel régional des Caps et Marais
d'Opale.
C'est à cette action de mobilisation que contribue ce
guide, synthèse d'une longue étude réalisée par des
passionnés et des professionnels.
Vous y découvrirez les richesses du patrimoine bâti local,
ainsi qu'une étude des modèles les plus représentatifs.
Ce travail de référence est complété par de nombreuses
actions de sensibilisation et de formation initiées par le
Parc avec des partenaires professionnels, institutionnels
ou associatifs : journées de formation, stages techniques,
documents de référence, aide aux porteurs de projets.
D’autres inventaires, du patrimoine religieux, industriel,
militaire ou public, pourront compléter ce premier travail.
Et désormais, le Conseil régional Nord-Pas de Calais,
collectivité tutélaire du Parc naturel régional, finance une
campagne de sauvegarde et de restauration du
patrimoine bâti rural et culturel, animée par la Fondation
du patrimoine.
Puisse ce guide contribuer à faire revivre ce riche
héritage, et à mettre ainsi en valeur un territoire
d'exception, au cadre de vie de qualité.
Dominique DUPILET
Président du Parc naturel régional
des Caps et Marais d'Opale
Rédaction : Philippe GODEAU / PNR des Caps
et Marais d'Opale d'après Ellen CAZIN et
Pierre-Marie CARBON et ALFA
Suivi d'édition : François MULET / PNR des
Caps et Marais d'Opale
Photos : Ellen CAZIN, Pierre-Marie CARBON,
François MULET, Frédéric EVARD, Samuel
DHOTE, Michel MARCHYLLIE
Dessins, croquis : Ellen CAZIN, Pierre-Marie
CARBON
Mise en page : Stéphane DESCAMPS
Remerciements aux responsables de "Maisons
Paysannes de France", "Campagnes Vivantes"
et Willy Flour pour leur apport.
Imprimé sur papier recyclé
© PNR des Caps et Marais d'Opale – Juin 2003

Le Parc naturel régional des Caps et Marais d’Opale
Le Parc naturel régional des Caps et Marais d'Opale est né en mars
2000 du regroupement des Parcs du Boulonnais et de l'Audomarois.
Ni réserve naturelle, ni espace aménagé pour les loisirs, le Parc est un
vaste territoire (152 communes) habité, vivant, à dominante rurale,
mais aussi fragile, à la recherche d'un équilibre entre son développement
et la protection de ses richesses patrimoniales.
Parc naturel régional
des Caps et Marais d'Opale
B.P. 55 – 62510 ARQUES
tél. 03 21 87 90 90
fax 03 21 87 90 87
info@parc-opale.fr
• il protège le patrimoine sans interdictions
arbitraires mais dans la concertation
avec l'ensemble des propriétaires et gestionnaires
;
• il accompagne les mouvements du
paysage et de l'urbanisation pour préserver
l'identité culturelle ;
• il favorise le développement de l'agriculture,
de l'artisanat, du commerce et de
l'industrie, tout en respectant la qualité de
l'environnement ;
• il s’ouvre à l'accueil sans pour autant
vendre le pays au tourisme et bouleverser
la vie des habitants ;
• il fait comprendre, respecter, découvrir
les richesses naturelles et culturelles
que ses habitants ont su préserver.
Cette ambition est partagée par les 152
communes, les 6 intercommunalités, les 5
chambres consulaires, le Conseil Général
du Pas-de-Calais et le Conseil Régional
Nord-Pas de Calais, qui se sont unis pour
créer le Parc naturel régional des Caps et
Marais d'Opale, label attribué par le
Ministère chargé de l'environnement. De
nombreux représentants des organismes
socioprofessionnels et associatifs participent
à ce projet.
Expérimentation, partenariat, sensibilisation,
éco-citoyenneté, développement durable,
sont les maîtres mots de l'action du Parc. Le
Parc naturel régional ne peut ni obliger ni
interdire. Son travail passe par la sensibilisation,
la persuasion, la concertation avec un
maximum de partenaires.
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 3

• Le Parc naturel régional
• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
4 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
L'organisation des villages
L'implantation des maisons, des
hameaux et des villages, présente une
extrême variété de formes : de la dissémination
complète des habitations à
leur regroupement en grosse bourgade,
en passant par de nombreuses situations
intermédiaires… La grande diversité des
établissements humains peut être perçue
comme la résultante de l'histoire, des
traditions maintenues par l'éducation et
la législation, et de l'influence des pratiques
agraires.
LES ORGANISATIONS VILLAGEOISES
La notion de village associe diversement les
acteurs de la vie communautaire rurale : agriculteurs,
commerçants, artisans, enseignants…
à la population des paysans sur un mode d'implantation
concentrée ou, à l'inverse, dispersée.
Une majorité d'implantations dispersées
des foyers villageois émerge dans la partie
boulonnaise et la partie flamande du Parc
alors que la partie artésienne tend à les voir se
concentrer.
L’implantation dispersée fixe la population
sur l'ensemble du territoire communal. Elle
correspondrait aux coutumes de partage
égal de la propriété. Ce système, s'il comporte
une appropriation individuelle du
foyer, laisse subsister
le caractère communautaire
par l'agglomération
des familles
et l'usage commun
d'une partie du territoire
(le communal).
L'implantation dispersée
est caractérisée
par des «écarts» ou
des hameaux périphériques reliés entre-eux
par un réseau complexe de chemins.
Le degré de dissémination est très variable.
L'origine historique du morcellement tient
aussi dans les conditions physiques qui orientent
la production agricole vers l'élevage. Dans
cette disposition, typique du pays bocager
boulonnais, chaque exploitation possède sa
pâture ou trône au milieu des terres qu'elle
exploite. Leur implantation obéit, à la fois, à
une orientation géographique et à une orientation
climatique sans mesure coercitive d'alignement.
La présence d'un point d'eau, puits
ou source justifie leur établissement
(Alincthun, Audinghen, Bazinghen, Samer,
Brunembert, Crémarest, Quesques, Réty,
Selles…).
L'importance des "écarts" peut égaler ou
même dépasser le chef-lieu communal
(Séquières à Lacres, Menty à Verlincthun,
Course à Doudeauville…).
L'implantation concentrée s'articule autour
d'un «noyau» (cœur du village), généralement
composé d'une place, d'une église et son
cimetière, d'une école ou d'un café, plus simplement
d'une propriété communale, pré ou
puits. Elle peut identifier certaines communes
dont l'occupation humaine est absente sur
une très large surface du territoire.
L'établissement en domaines isolés, à l'origine
des implantations concentrées, correspondrait
au maintien de la propriété par transmission
intégrale à l'un des héritiers ou à la communauté
de la famille. Dans ce système, le
domaine fait vivre et maintient l'unité de la
famille par le travail commun.
Sur le territoire du Parc, l'implantation concentrée
revêt aujourd'hui plusieurs formes :
-> le village-noyau
Il n'offre qu'un seul
foyer d'habitat sur le
territoire communal,
sur une forme
ramassée.
Le plus souvent résultat
d'une implantation
sur un site géographiquement
étroit, il ne
se rencontre que dans
certaines zones :
- frange côtière,
Equihen-Plage,
Audresselles,
Dannes, Wimereux,
Wissant…
- vallée encaissée,
Desvres, Affringues,
Nielles-les-Bléquin…
- versant, Bainghen…
- bois et forêts, Bonningues-les-Ardres…
-> le village à double noyau
Deux foyers d'habitations concentrés sont distincts
sur le territoire formant la commune
(Leulinghem avec Etrehem, Halinghen avec
Haut-Pichot, Helfaut avec Bilques, Campagneles-Wardrecques
avec Baudrethun, Leulinghen-
Bernes, Manninghen-Henne…).
Dans cette catégorie, il faut encore distinguer
les communes formées par le regroupement de
deux paroisses, chacune identifiées notoirement
par une église ou une chapelle (Mentque-
Nortbécourt, Ouve-Wirquin, Remilly-Wirquin,
Acquin-Westbécourt, Belle-et-Houllefort,
Sangatte Blériot-Plage, Clerques Audenfort…).

Enfin, la création des stations balnéaires, en
bord de mer, a dédoublé certains villages à la
fin du XIX ème siècle (Neufchatel et la station
d'Hardelot, Ambleteuse avec la ruralité de
Raventhun, tandis que Wimereux est née de la
scission d'une partie du territoire côtier de
Wimille…).
-> le village en long ou village-rue
Celui-ci s'organise le
long d'une voie unique,
généralement un
axe de circulation privilégié,
qui lui-même
peut suivre le cours
d'une vallée, un cours
d'eau, une topographie
accidentée
(Bouvelinghem, Elnes, Tatinghem, Beuvrequen,
Colembert, Hervelinghen, Hesdigneul-les-
Boulogne, Isques, Bayenghem-les- Seninghem…).
-> le village en étoile
De loin, la forme la plus représentée sur le territoire
du Parc. Les rues convergentes mènent
jusqu'au noyau encore fort distinct. Les fermes
se disposent le long
des routes jusqu'à fonder
quelques hameaux
à l'écart. Ces écarts
peuvent se raccorder
plus naturellement à
une commune voisine
(Escalles, Senlecques,
Tingry, Wacquinghen,
Wierre-Effroy, Alquines,
Bouquehault, Campagne-les-Guînes,
Escoeuilles…).
Ces implantations villageoises concentrées
peuvent elles-même se combiner entre-elles
pour fonder l'identité territoriale d'un village.
Les bourgades
Il faut distinguer du milieu rural la bourgade,
chef-lieu de canton, place de marché ou centre
industrieux. Le plus souvent, elle résulte d'évolutions
successives d'un premier foyer de
type rural. La prospérité agricole, commerciale
ou artisanale, puis l'industrialisation progressive
en fond de vallée, en correspondance
avec le développement des lignes ferroviaires,
ont pu concentrer progressivement une population
plus nombreuse. Le patrimoine rural
bâti y devient plus diffus, disparu, relégué dans
la périphérie, parfois mêlé aux maisons de
bourg, maisons d'ouvriers, ateliers industriels,
commerces...
Parmi les bourgades, il faut considérer la périphérie
de Saint-Omer, Longuenesse, Saint-
Martin-au-Laert, Arques, Saint-Etienne-au-Mont
en périphérie de Boulogne-sur-Mer, Guînes,
Licques, Marquise, Lumbres…
Aujourd’hui
Cette classification des organisations villageoises
est aujourd'hui profondément bouleversée
: les transformations récentes, engendrées
par le développement rapide d'un habitat
pavillonnaire individuel, tendent à effacer
les notions d'implantations dispersées et
concentrées, pourtant à l'origine de l'identité
propre de chaque village. Il est donc utile de
mener une analyse de la forme historique du
foyer villageois avant d'intervenir sur son
développement futur.
En expliquant les raisons de son établissement
(facteurs naturels et agraires...), en mettant en
évidence une implantation caractéristique du
bâti sur la parcelle ou son rapport à la rue ou au
paysage, il devient possible d'intégrer harmonieusement
les nouvelles constructions, de leur
assurer un meilleur confort et, pour la collectivité,
de lutter contre la banalisation de son
cadre de vie…
LA TOPONYMIE
ET L'ORIGINE DES
VILLAGES
La toponymie ou étude des noms de
lieux nous renseigne souvent sur
l’histoire des villages et sur les usages
agraires de ces territoires façonnés
par les hommes au fil des siècles.
C’est ainsi que le suffixe « tun » ou
« thun » marque l’influence des
peuples saxons dans le Boulonnais.
Ce terme signifiait « enclos » ou
« clôture ».
Le suffixe « hem » ou « hen » très
courant notamment à l’est du Parc
signifie la « maison de » et est
d’origine franque.
Mais, la toponymie s’applique aussi
aux noms de lieux non habités et est
riche d’informations sur les terroirs.
Voici quelques termes relevés à
Longfossé et repris sur une table de
lecture toponymique conçue par le
Parc naturel régional.
Le Quesnel : lieu planté de chênes
Le Repêchoir : lieu ou chacun vient
le soir venu reprendre ses bêtes que
les bergers menaient paître sur les
terroirs communaux.
Le Croc : lieu élevé et caillouteux
La vastine : terre déserte
Les loups pendus : on pendait les
loups chassés pour effrayer leurs
congénères.
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 5

• Le Parc naturel régional
• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
6 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
L'organisation des villages (suite)
LE VILLAGE ET SON RAPPORT
AU PAYSAGE
Le paysage rural, par opposition au paysage
urbain, est un produit de l'agriculture. Dans
cet horizon paysager, la correspondance
entre facteurs naturels, structures agraires et
régimes fonciers caractérise la construction
rurale qu'achève d'identifier l'usage des matériaux
locaux.
Les facteurs naturels
L'eau, le relief, l'orientation, la végétation… peuvent
déterminer naturellement le lieu de l'implantation
villageoise.
Il est clair que l'eau joue un rôle primordial : son
omniprésence peut expliquer la dispersion de
l'habitat, chaque foyer pouvant la puiser librement.
Dans certains fonds humides où il s'agit
d'échapper aux inondations passagères, elle
peut conduire à la concentration de l'habitat. A
contrario, sa rareté conduit à la concentration
de l'habitat autour d'un point d'eau exploité à
de grandes profondeurs et collectivement.
Le relief intervient également pour canaliser
l'habitat dans les vallées, le fractionner dans les
terroirs disséqués, le localiser de manière privilégiée
sur les versants bien orientés ou à l'abri
des vents.
Enfin, les grandes étendues boisées ne laissent
parfois que leur lisière, seul espace dégagé
favorable à l'implantation des foyers humains
qui trouvent leur activité dans l'exploitation du
bois.
Mais le milieu physique n'explique pas à lui seul
les formes d'organisation qu'adoptent les groupements
villageois : les pratiques agraires ou les
formes de régimes fonciers viennent se combiner
aux facteurs naturels.
Cadastre dit "Napoléonien" de 1835 montrant l'organisation du parcellaire autour d'un communal central.
Les pratiques agraires
Les organisations villageoises, qui intègrent en
leur sein les constructions rurales, correspondent
dans leurs propres diversifications aux rapports
qu'entretiennent les hommes avec la terre
qu'ils travaillent.
Les implantations isolées sont une caractéristique
du pays bocager.
A l'inverse, de vastes étendues peu tourmentées,
sans clôtures, ni haies, forment l'essentiel
du paysage dans les parties du Parc proches du
Haut Pays d'Artois (Haut-Boulonnais/Val
d'Acquin). Les organisations villageoises ten-
dent vers la concentration selon que l'eau est
plus ou moins accessible ou qu'il faille se protéger
des vents.
Les régimes fonciers
Dans le nord de la France, au moment de la
Révolution, la propriété paysanne est déjà
répartie dans une multitude de mains divisée
entre la noblesse, le clergé, la bourgeoisie, et les
paysans. Le morcellement de la propriété a
ainsi une conséquence directe sur l'occupation
humaine du territoire avec des implantations de
foyers d'habitat très dense, fréquemment
dispersées et divisées sur le territoire.

LE SITE ET LA RUE
L'orientation du logis
L’orientation du logis ordonne la construction
du paysage de la rue en fixant, premièrement et
le plus favorablement possible, la position de
l'habitation. "Une règle incontournable commande
l'exposition de chaque façade principale
d'habitation, au sud-est ou sud" pour recevoir un
maximum d'ensoleillement, tandis qu'au nord
et à l'ouest, des murs massifs protègent du vent,
du froid et des intempéries. Le positionnement
de l'habitation conditionne ensuite l'organisation
des bâtiments annexes.
La rue
En milieu rural, l’image de la rue dépend donc
de la façon dont s'organisent les constructions
sur leur parcelle créant autant d’ambiances
particulières. L'alignement est également
varié, beaucoup moins réglementé
qu’aujourd’hui.
Les variations de bâti avec l’alternance des
pignons et des façades, les décrochements et
les discontinuités volumétriques ménagent un
espace de transition où l'espace privé rejoint
l'espace collectif par la perception visuelle.
DOHEM COULOMBY
PERNES
L'orientation géographique
des rues, combinée à des formes
d'exploitations organisées
autour de cours, peut offrir des
dispositions particulières :
- établie sur une direction
est/ouest, la rue distribue, de
part et d'autre, des habitations
qui cherchent à s'établir sur une
ligne parallèle de sorte à orienter
leur façade principale au sud et
à la fois préserver l'intimité du
foyer
- établie sur une direction nord-sud, la rue peut
distribuer, de part et d'autre, des habitations
établies perpendiculairement, avec toujours
cette même préoccupation d'orienter des façades
principales au sud.
L'implantation sur un terrain accidenté offre
d'autres perspectives :
- en s'implantant parallèlement au sens de la
déclivité, il devient nécessaire de s'accommoder
de la pente naturelle ou d'entailler le flanc
de coteau pour s'établir à mi-pente. Les constructions
s'organisent ensuite au mieux pour
tourner la façade principale des habitations au
sud.
ETUDIER LE PAYSAGE
POUR MIEUX GÉRER
LE DÉVELOPPEMENT
Pour aider les communes à faire face
à de fortes demandes d'urbanisation,
pour mieux sensibiliser les habitants
et les élus à l'intérêt et à la fragilité des
paysages qui composent son
territoire, le Parc naturel régional des
Caps et Marais d'Opale aide à la
réalisation d'études paysagères et
environnementales.
Menées dans le cadre des
procédures d'urbanisme, ces études
précisent les enjeux et richesses
paysagères, intègrent ces enjeux dans
les documents de planification (plans
locaux d'urbanisme) et permettent la
mise en œuvre d'actions concrètes
d'amélioration du paysage.
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 7

• Le Parc naturel régional
• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
8 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Les caractères de l'habitation
«Pendant des siècles, le paysan a construit
sa maison un peu comme l'escargot
fait sa coquille en spirale… C'était
en quelque sorte un travail d'instinct…
parfaitement adapté aux besoins de
l'occupant avec juste ce qu'il fallait de
matière…» (source inconnue).
UN PEU D'HISTOIRE
L'exploitation agricole forme, en majorité, le
corps de la construction rurale. La complexité
et surtout la lenteur de diffusion des formes
architecturales représente un des aspects les
plus significatifs de son évolution. Dans le
domaine des matériaux, comme dans celui des
formes architecturales rurales, dans leurs particularismes
régionaux, dans les formes de l'exploitation
agricole, le Moyen-âge a défini les
bases d'une évolution qui se développe continuellement
jusqu'au XIX ème siècle. En France,
comme dans l’ensemble de l’Occident, sous la
double influence de la croissance démographique
et de l'évolution des pratiques agraires,
phénomènes indissociables du X ème jusqu'au
XII ème siècle, l'habitat rural se fixe, se regroupe et
se stabilise. Ces conditions socio-économiques
continuent d'influer profondément sur l'architecture
rurale du XII ème au XV ème siècle. A cette
époque, la maison solide et permanente se
généralise et s'hérite de générations en générations.
Cependant, l'usage des matériaux régionaux
spécifiques s'établit et les formes particulières
de charpente apparaissent. Les techniques
constructives s'affinent, fréquemment produites
par une corporation d'artisans spécialisés.
Elles fixent des caractères architecturaux
qui persistent longtemps.
Durant la très large période du XV ème au XIX ème
siècle, l'habitat rural continue de se transformer
avec, notamment, la découverte des applications
de la houille et l'industrialisation (par
exemple, le passage de la structure à pans de
bois, encore dit «bâti végétal», vers la construction
de «maçon»)… C'est alors dans la maison
d'habitation que s'exerce le plus l'influence des
meilleurs matériaux et des nouvelles techniques,
tandis que les dépendances agricoles
peuvent garder des formes «archaïques» jusqu’à
la seconde moitié du XIX ème siècle.
Faite pour être modifiée, reconstruite, améliorée
ou agrandie, la construction rurale est aussi
fermement ancrée dans des organisations spatiales
diversifiées dont les principales formes
sont la «maison-étable» qui abrite, sous un
même toit, bêtes et hommes, fourrages et récoltes,
et la maison à bâtiments multiples disposés
autour d'une cour progressivement fermée au
cours d'une évolution finale.
La construction rurale, telle qu'elle nous parvient
aujourd'hui, représente donc l'achèvement
d'une évolution complexe qui date, en réalité et
le plus souvent, du XVIII ème ou XIX ème siècle.
Rarement, elle est plus ancienne…
LES COMPOSANTES DE
L’HABITATION-EXPLOITATION
AGRICOLE
A l'origine, la construction rurale abrite les fonctions
essentielles d'une unité de production
agricole :
- le logement de l'exploitant, l'habitation. La
salle commune représente la centralité d'où
s'exerce la surveillance du maître des lieux. Elle
est toujours la première pièce par laquelle on
accède. Lieu de passage obligé, elle concentre
autour du foyer toute la vie familiale et sociale.
La chambre (ou les chambres) contigüe est un
lieu privé consacré au repos.
- les annexes proches (basse-cour, soue à
cochons, laiterie, saloir, poulailler, pigeonnier
et clapier, buanderie ou relavoir)…
- le logement des animaux (écurie, érable, bergerie…)
- le logement des récoltes (grange ou combles)
- le logement du matériel («charretil» ou porche
charretier, auvents…).
Il peut parfois s'y adjoindre une production artisanale
(forge, atelier de bourrelerie…) ou une
activité commerciale (estaminet…).
Quelques notions architecturales
Les constructions qui forment une exploitation,
distinguent le rang social de son propriétaire,
simple journalier, laboureur ou riche fermier,
par la taille des bâtiments plutôt que par les
matériaux. Ainsi, la maison à étage souligne surtout
un rang social élevé également lié à l'exploitation
agricole.
La hauteur des bâtiments est directement liée à
leur destination : la grange demande une élévation
bien supérieure à celle d'une étable ou
d'une bergerie… Il est donc rare de constater

une même hauteur des lignes des faîtages : tout
effet de monotonie est écarté.
Pour affronter le climat pluvieux, la toiture
peut atteindre 2/3 de la hauteur totale de
la construction. Son impact devient prédominant.
Frontalité
Tous les bâtiments d'une exploitation,
dépendances agricoles ou habitation, ont
une face antérieure et une face postérieure.
C'est par l'opposition de ces faces que s'exprime
la frontalité. Les bâtiments d'une exploitation
sont exclusivement tournés sur l'intérieur
de la cour avec, pour conséquence, des murs
massifs fermés sur l'extérieur.
Pour les bâtiments annexes, des murs gouttereaux
aveugles, parfois percés par de petites
baies pour la ventilation, ou par l'ouverture
d'un grand passage charretier, tournés
sur l'extérieur, traduit la face postérieure.
L'habitation se ferme au contact de la rue
ou s'ouvre sur le potager, enclos par une
haie.
La frontalité est donc chaque fois très
affirmée.
Assise au plus proche du terrain
naturel
Chaque bâtiment composant l'exploitation
s'implante toujours au plus près du terrain
naturel sans gros travaux d'affouillement ou
d'exhaussement :
Les organisations spatiales
L'habitation-exploitation dispose d'une à
plusieurs constructions, produites par des
évolutions successives. Dans ce cadre, il
n'existe pas un modèle de plan unique.
L’habitat élémentaire
II correspond à l'habitat des journaliers qui n'ont
à mettre à disposition des patrons que leur unique
force de labeur pendant que les individus
célibataires trouvent un logement chez leurs
employeurs ou vivent de place en place.
Ce type d'habitat peut prendre plusieurs formes :
- un bâtiment unique indépendant, composition
qui rassemble en deux pièces, disposées
de part et d'autre d'une cheminée, un cadre de
vie minimal pour la cellule familiale. En façade,
elle se traduit par une porte et deux fenêtres,
rarement plus.
- un bâtiment unique à foyers jumelés jusqu'à
trois. Les foyers sont ici distingués par le nombre
de souches de cheminées, de portes et les
variations dans les teintes de menuiseries. C'est
une disposition souvent reprise en périphérie
des bourgs et villages ou pour le logement des
pécheurs.
COMMENT RETROUVER
L'HISTOIRE D'UNE
MAISON
Sauvegarder un patrimoine architectural,
c'est aussi savoir recueillir les
témoignages de son évolution, et ses
rapports avec ceux qui y ont vécu.
Pour retrouver l'histoire d'un bâti
ancien,
- consultez d'abord les archives familiales,
les cartes postales locales et
anciennes, les journaux d'époque,
voire les facturiers. Vous pouvez également
consulter les archives de la
presse locale. Elles sont souvent
riches de petites histoires sur le patrimoine
architectural.
- consultez ensuite le cadastre pour
rechercher notamment l'origine de
propriété. Consultez en mairie ou à
la section P des archives départementales
(état de section puis matrice
cadastrale). Vous y trouverez la référence
des transferts de propriété, un
état descriptif du bâti au fil des époques
(depuis la Révolution).
- Pour des périodes plus anciennes,
vous pouvez trouver des documents
d'imposition des terriers, estimes…
(section C des Archives
Départementales).
Les archives fiscales plus récentes
(séries L et P des Archives
Départementales), les archives notariales
(dont les actes de ventes parfois
versés à la section Q des
Archives Départementales) sont également
des sources riches d'enseignements.
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 9

• Le Parc naturel régional
• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
10 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Les caractères de l'habitation (suite)
L’habitation-exploitation en ligne
simple
-> bâtiment unique, habitat conjoint
à l’exploitation
Version la plus «archaïque» de petite exploitation,
une seule construction abrite sous un
même toit et sur un seul côté d'une cour, l'ensemble
des fonctions. Il
peut s'agir d'une évolution
sociale du journalier
qui, en acquérant
une vache ou un cheval,
devient ménager.
Son organisation générale commande que l'écurie,
la grange et/ou l'étable soient disposées à
l'ouest, le matériel ou la réserve, à l'est.
Toutefois, cette exploitation ne rassemble qu'un
petit nombre fort restreint de gros bétail. Cette
construction peut s'adjoindre de bâtiments
annexes mineurs (poulailler, soue à cochons,
clapiers, buanderie ) sous une forme d'appentis.
Selon la forme de la parcelle, l'orientation et la
position de la construction, la cour est plus ou
moins «flottante» dans l'espace jusqu'à inexister.
La présence d'une haie permet, évidemment,
de la préciser.
-> somme de bâtiments apignonnés (petites et
moyennes exploitations)
Cette construction diffère
du modèle précédent
avec la distinction
des différentes
fonctions par le gabarit
des bâtiments. Ici, il
n'y a pas de toiture
continue. Ainsi le volume de la dépendance
peut s'élever, par exemple, plus haut que l'habitation.
Cette forme peut résulter d'agrandissements
successifs.
L’habitation-exploitation à plusieurs
bâtiments
Le bâtiment unique peut parfois ne plus suffire
aux fonctions de l'exploitation ( besoins de l'élevage
ou de stockage). Les bâtiments se multiplient.
Selon les époques et les conjonctures
économiques, les matériaux de construction
peuvent alors varier d'un bâtiment à l'autre.
Mais l'ensemble peut aussi, dès sa construction,
s'articuler autour de plusieurs bâtiments et, dans
ce cas, un même matériau de construction est
employé, ce qui maintient un cadre homogène.
-> bâtiments sur deux lignes parallèles (petites,
moyennes et grandes exploitations)
Par leur implantation, les bâtiments commencent
à cadrer l'espace central de la cour, le
plus souvent suivant une forme allongée et
irrégulière. Les bâtiments sont peu éloignés les
uns des autres.
Le foyer d'habitation
profite de la meilleure
orientation. Il trouve
en face de lui le bâtiment
où l'on regroupe
le bétail, la grange et la
remise de matériel.
Certaines fonctions,
comme l'écurie ou des autres dépendances,
restent accolées à l'habitation.
-> bâtiments en équerre simple (petites et
moyennes exploitations)
A la construction principale, orientée sur une
direction est/ouest, est ajouté un retour d’équerre
abritant les fonctions
annexes. La cour commence,
ici, à se composer
et à se cadrer.
-> bâtiments en équerre double, continue ou
discontinue (petites, moyennes et grandes
exploitations)
Cette disposition offre de multiples variations
d'échelles selon l'importance de l'exploitation.
L'équerre double désigne une forme de U où
l'habitation s'établit
au centre.
Les retours d'équerre
abritent
alors les fonctions
annexes.
De même que
pour la disposi-

tion précédente, la volumétrie générale varie
selon le rang social ou économique de l'exploitation.
L'organisation de l’habitation-exploitation
sur un plan quadrilatère
L'évolution d'un ensemble sur cour ouverte,
établi sur deux lignes parallèles, ou en équerre
sur une parcelle limitée, donne une nouvelle
typologie: : «la ferme à cour quadrangulaire».
Toute la vie s'organise autour d'une cour «carrée»,
c'est à dire refermée sur quatre côtés, et
irrégulière. Tantôt la grange, tantôt l'habitation
s'alignent sur la rue. Les dépendances, qui abritent
bétails et matériel, s'établissent sur les
côtés.
La forme en quadrilatère distingue deux types
d'assemblages :
-> bâtiments dissociés avec cour ouverte sur
les angles (grandes exploitations)
Cette disposition
caractéristique des
régions d'élevage, libérée
des contraintes de
groupements villageois,
se traduit par
des exploitations qui
prennent plus d'aise,
se dispersent sur le ter-
ritoire, étalent leurs bâtiments autour de cour
de vastes dimensions, elle-même jouxtant
immédiatement les herbages. Elle peut comprendre
des angles fermés et des angles
ouverts. Les longs bâtiments non jointifs aux
angles de la cour ménagent des passages vers
les pâtures parfois plantées de fruitiers. On les
ferme de barrières. Dans cette disposition, très
fréquente dans le Boulonnais, l'entrée principale
de la cour s'effectue naturellement face à l'habitation,
par un angle ouvert, entre deux bâtiments,
parfois dans la perspective de l’échappée
vers les pâtures. Au sud du Parc, cette
disposition semble emprunter quelques caractéristiques
du type picard et en propose des
variations dictées par des principes d'orientation
et de distribution par rapport à la rue : grange
fermée sur rue avec un angle ouvert ou habitation
sur rue avec porche indépendant.
-> bâtiments contigüs sur cour fermée
(grandes exploitations)
Cette disposition ne
laisse échapper
aucun passage sur les
angles, hormis l'entrée
principale. Si elle
est courante en
Picardie où l'exploitation
répond à une
préoccupation de défense, elle se rencontre
très rarement dans le Parc.
L’évolution
A la fin du XIX ème siècle (1850-1900), les théories
architecturales sont progres-sivement orientées
par la préoccupation de l'hygiène pour les hommes
et les animaux, et par le rendement économique.
Cependant, elles restent confinées et ne
sont pas appliquées dans les campagnes, sauf
exception, comme dans le Canton de Samer où
l'influence de la Société d'Agriculture se fait ressentir
avec la constructions de «fermes nouvelles».
Il faut attendre les années 60 pour voir de
profonds bouleversements dans l'organisation
de l'exploitation agricole.
Aujourd’hui, les ensembles sur cour fermée s'adaptent
difficilement aux exigences techniques
actuelles de l'exploitation agricole. C'est pourquoi
ils sont menacés.
OBSERVER
L'EXISTANT POUR
CONSTRUIRE
DU NEUF
Pour bien intégrer sa demeure neuve
dans un paysage, la meilleure façon
de procéder est d'observer le
patrimoine bâti existant et la
végétation.
Voici quelques éléments à prendre en
compte :
- l'implantation : placez la maison au
plus près du sol naturel
- l'orientation : placez les façades au
sud-ouest et nord-ouest et orientez
votre demeure comme les
bâtiments existants
- les volumes : conservez les
proportions et les pentes
traditionnelles de toiture
- les ouvertures : gardez des fenêtres
plus hautes que larges (au moins 3
pour 2)
- les enduits : les couleurs, les détails.
Les murs enduits sont souvent de
couleurs simples et claires. Les
menuiseries sont toujours peintes.
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 11

• Le Parc naturel régional
• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
12 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Histoire et géographie des matériaux
La relation au sol et à ses ressources
géologiques conditionne profondément
la typologie des constructions
rurales. Cependant, l'emploi des
matériaux de construction sur un
territoire donné dépend non
seulement de ses ressources naturelles
locales, mais aussi du niveau de
développement de ses voies de
transports et du pouvoir d’achat des
individus qui y résident. En effet,
jusqu’au début du XXème siècle, l’état
médiocre des voies de communication
rendait fort onéreuse l’utilisation des
matériaux de construction de bonne
qualité mais de provenances
lointaines.
Alembon «les deux principaux chemins
d'Alembon à Licques et d'Hardinghen à
Licques sont en très mauvais état et impraticables.
On ne peut les améliorer qu'en les
cailloutant»
Licques «les chemins sont très défectueux
par le grand nombre de monde et de bestiaux
qui viennent au marché de Licques qui
est très considérable. Pour les améliorer il
faudrait au moins 1000 charées "de cailloux
et 400" charées de moellons, en commençant
le travail par les entrées de Licques»
Hardinghen «le chemin... pour relier
Guines à Desvres en débouchant (à)
Hardinghen, Boursin, le Wast et Alincthun
[est] inabordable 9 mois de l'année» (5)
Ainsi, le bâtisseur était contraint d’employer
les matériaux dont il disposait à portée de
main.
LES PRODUITS VÉGÉTAUX
Le bois
Les forêts de Flandre et de l'Artois constituent
autant de réserves naturelles où chaque
bâtisseur peut tirer aisément tout le bois
nécessaire à chaque construction. Les essences
tirées des grandes forêts du Boulonnais
sont, elles, réservées pour l'essentiel à la
construction des charpentes des nobles
bâtisses, des édifices religieux ou à la construction
des charpentes de marine.
Le paysan-constructeur n'a souvent d'autres
ressources que celles que lui procurent ses
terres. Il n’achète du bois qu’après avoir
épuisé celui de ces haies, des bois durs, tirés
des près et forêts des alentours : le chêne, le
frêne, le hêtre et surtout l’orme, alors très
abondants.
Dans la construction des maisons en pans
de bois et terre, l'orme est utilisé pour la
structure des pans de murs, le chêne pour
les sablières basses. Les bois blancs sont utilisés
pour les menuiseries (portes, fenêtres,
bâti) et les planchers. Des bois secondaires
fendus (noisetier…) étaient employés
comme matériaux de remplissage (lattage…).
Souvent, les murs des dépendances agricoles
et l'un des pignons de l'habitation sont
protégés par un
bardage fait de
planches de bois
posées «à clins». Il
s'agit généralement
de dosses de
bois ou des planches
brutes qui
proviennent de la
scierie la plus pro-
che, disposées horizontalement. Chaque clin
recouvre le bord du clin inférieur, pour faciliter
le ruissellement de l’eau.
Applications
Orme structure des colombages, poutres,
planches à clin
Chêne pièces horizontales (linteaux poutres),
pièces exposées aux intempéries (appuis de
fenêtres, sole)
Aulne, Peuplier bâtis de portes et fenêtres
Noisetier, Aulne clayonnage (fendu)
La paille et les paillettes
Elles entrent dans la composition des torchis
pour hourdir les murs à pans de bois. La paille
de blé et les paillettes de seigle sont les résidus
végétaux de la moisson les plus couramment
utilisés. Les paillettes de seigle possèdent, diton,
la vertu d’écarter les rongeurs.
Le chaume
Il désigne, généralement,
la partie de la
tige d'une graminée
qui reste dans les
champs une fois la
récolte du grain
effectuée. A l'origine,
le chaume entre
dans la composition
des couvertures des
constructions rurales. L'étanchéité du toit de
chaume tient à sa nature, à sa pente, à sa bonne
mise en oeuvre, au tassement. Le chaume de
roseau ou de paille sont utilisés. La couverture
de roseau est plus résistante que celle en paille,
mais elle exige plus de temps, plus d’adresse et
plus de bois pour le clayonnage. Un toit de

chaume de roseaux peut durer une quarantaine
d'années, une trentaine pour le toit de paille.
Peu résistant au feu, ce type de couverture a été
remplacé, dès le XIV ème siècle, par des pannes
de pays en terre cuite. A sa disparition, vers le
milieu du XIX ème siècle, l'inclinaison des pentes
de toit ont parfois été modifiées (pignons et
charpente), notamment pour réaliser un comble
de surcroît ou rehausser les plafonds des
pièces d’habitation souvent très bas à l’origine.
LES PIERRES
Les calcaires et les grès
Trois qualités de pierre sont donc distinguées :
- le calcaire dur à grains fins, dit «pierre marbrière»
- le calcaire tendre et coquiller dit «pierre de
Marquise»
- le grès jurassique dit «pierre de Baincthun»
ou «pierre de Boulogne»
Chacun forme un matériau constructif de grande
résistance utilisé d’abord à proximité du bassin
carrier. Le transport des moellons taillés est
néanmoins extrêmement coûteux. Le transport
s'effectue principalement à partir des cours
d'eau, notamment par le canal de Guînes pour
les destinations lointaines.
Utilisations
Calcaire dur dit «pierre marbrière» organes
sensibles de la construction : chaînage d'angle,
linteaux, soubassements, pied-droits des
porte, pierre de seuil, dallage de grands format,
bordure de voie, jambages de cheminées,
corps de maçonnerie, remplissage sous
forme de moellons à proximité immédiate du
bassin carrier de Marquise, pavage, bornes,
tombes…
Calcaire dit «pierre de Marquise» encadrements
de fenêtres et portes, maçonneries de
moellons près de Marquise…
Grès corps de maçonnerie, remplissage, murs
de clôture, pavage, soubassements d’édifices
particuliers
La craie ou «pierre à bâtir»
La qualité de la craie
est fort diverse :
certains gisements
contiennent du silex
ou "pigeons", des
fossiles de coquillages
et même d'oursins de
mer qui peuvent
gêner la taille.
Certains présentent
une craie plus ou moins résistante à l'humidité
et au gel. Dans la construction rurale
traditionnelle, la craie s'appuie toujours sur un
soubassement en pierres dures (calcaires durs,
silex, brique) et n'est jamais directement en
contact avec les remontées capillaires. Ce
matériau présente néanmoins l'intérêt de ne
pas brûler : il est donc très précieux pour la
construction des fours et des fourneaux, des
âtres et des jambages de cheminées.
Cette roche est exploitée en moellons de petit
appareil, en bloc parallélépipédique, court, d'assises
réglées. A l'exception des pierres destinées
au renforcement des angles des constructions
(chaînage d'angle), leurs dimensions dépassent
rarement les 30cm, notamment pour éviter les
éventuelles cassures dues au tassement des
murs. Aussitôt son extraction des carrières souterraines,
la craie blanche passe un an ou deux
(à l'épreuve de deux hivers au moins) à l'air
libre, période pendant laquelle un léger calcin
se forme à leur surface. C'est encore en carrière
que la taille des blocs est exécutée pour
réduire le volume et le poids au transport. En
moellons bruts, dits «cassons», la craie est hourdée
au mortier de chaux et de sable pour bloquer
le cœur des maçonneries à double parement
et les fondations. L'exploitation des carrières
de craie a depuis bien longtemps cessé.
Utilisations
Craie blanche âtres et jambages de cheminées,
four, fourneaux, fertilisation des terres
agricoles
Craie blanche à silex pierre à chaux (voir
liants)
Craie grise pierre de taille, pignons, corps et
remplissage de maçonnerie, maçonneries
voutées des caves, fertilisation…
Le silex
Le silex est un matériau immédiatement
disponible, économique, mais il présente des
calibres très modestes et des formes totalement
irrégulières. A la différence de la région
voisine de la Somme, le silex n'est jamais par-
DES SITES
GÉOLOGIQUES
REMARQUABLES
Dans le Parc naturel régional des
Caps et Marais d'Opale, les roches
racontent une histoire vieille de 400
millions d'années.
Pour découvrir cette histoire, deux
manières :
- la première au travers des roches
mises en œuvre dans le patrimoine
bâti,
- la deuxième grâce aux affleurements
principalement dus aux falaises et aux
carrières.
Un inventaire des sites géologiques
remarquables de la Région a été réalisé
par le Conservatoire des Sites
Naturels du Nord - Pas de Calais.
Parmi les sites sélectionnés représentatifs
de la géologie locale, certains ont
été aménagés et ouverts au public,
comme celui des carrières de Cléty.
Panneaux et visites guidées vous présentent
la craie sous tous ses aspects.
Pour plus de renseignements, voir le
document "La roche dans tous ses
états" – livret guide des sites géologiques
du Nord - Pas de Calais.
Conservatoire des Sites Naturels du
Nord - Pas de Calais :
Tél 03 28 04 53 45
Fax. 03 20 71 79 20
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 13

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• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
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• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
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• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
14 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Histoire et géographie des matériaux (suite)
faitement équarri,
ni taillé en petit
moellons carrés,
dans les constructions
rurales du
Parc naturel régional
des Caps et
Marais d’Opale.
Mêlé à d’autre
pierres, il permet
de réaliser des fondations. Grossièrement
aggloméré, assisé dans une quantité importante
de mortier de chaux, il permet de réaliser
des maçonneries de soubassements, ce
qui permet d’isoler du sol humide de fragiles
assises de constructions en craie ou en pans
de bois et terre. Avec une face éclatée, il
devient un matériau capable de former un
parement tout à fait acceptable, allant même
jusqu'à former un élégant motif dans la
maçonnerie. Associé à d'autres matériaux,
briques ou grès, il peut être monté en remplissage
de mur gouttereaux, murs de clôture
ou, le plus souvent, en pignons.
Dans certains villages côtiers, les galets de
mer, glanés sur la grève trouvent la même utilisation
que le silex (Escalles, Sangatte)
L’ardoise
L'ardoise est une pierre tirée d'une roche
appelée «schiste ardoisier». Plus communément,
elle désigne ces petites dalles de schiste
plates, rectangulaires ou carrées, utilisées
en matériau de couverture. Sa teinte varie
du gris-bleu quand elle provient du Bassin
d'Angers, au vert, au violet-rosé depuis les
régions de Fumay et Rimogne (Ardennes) et
le pays de Galles (Penrhine-Royaume-Uni).
Matériau onéreux, son utilisation se limite
aux constructions nobles et bourgeoises. A
la fin du XIX ème siècle et au XX ème siècle, elle se
répand en coïncidant avec le développe-
ment des transports et l'ère industrielle.
L'ardoise devient alors un signe extérieur de
prospérité.
LA TERRE
La terre crue
Ces limons argileux, mêlés à des fibres végétales
(pailles) et à une quantité suffisante d’eau,
entrent naturellement dans la composition des
constructions rurales du Parc naturel régional
des Caps et Marais d’Opale, employés pour
hourdir les murs à ossatures de bois. L'argile
provient généralement des fouilles exécutées
sur place pour les besoins de la construction
(fondations, cave, creusement de puits…).
La terre cuite
D'un usage très répandu, l’argile est utilisée
pour la fabrication des briques, des matériaux
de couverture comme la tuile plate, la panne
flamande, la tuile mécanique et les divers accessoires
de toitures, les carreaux de dallage ou de
décoration....
-> la brique
Elle s'est généralisée
en Flandre
Maritime du XIIIème au XVème siècle mais
les romains l'utilisaient
déjà en la
combinant avec la
pierre par assises
alternées.
Introduite dans le
Calaisis dans la seconde moitié du XIVème siècle,
elle se propage dans le Haut-Artois et le
Bas-Boulonnais au XVIème siècle. Au XIXème siècle,
son emploi se généralise à l'architecture
rurale et remplace progressivement le torchis
et la pierre.
Avant le développement des briqueteries, les
briques sont cuites sur les chantiers dans des
«fours à meules» à flamme directe. Toutes les
opérations de leur fabrication se déroulent sur
les lieux-mêmes du chantier par économie de
transport. La brique offre alors des coloris
variés, du jaune clair au rouge , suivant la nature
géologique de l'argile dont elle est composée
et la température de cuisson. En premier
lieu, les briques sont traditionnellement moulées
à la main, dans des cadres en bois. Leur format
varie selon l'emploi de deux formes de
moules : le grand moule a une taille de
31x15x6cm, tandis que le petit moule a une
taille de 26x13x6cm. L'aplatissement des briques
favorise le séchage de l'argile à l'air libre,
à l'ombre de grands hangars. Puis, elles sont
empilées par couche en intercalant du bois et
du charbon. L'ensemble est couvert. Il forme
ainsi une meule rectangulaire orientée Est-
Ouest pour activer le feu. Après une longue
période de refroidissement, les briques sont triées.
Les plus cuites sont conservées pour la
construction. Les moins cuites, poreuse ou pulvérulentes,
sont recuites ou vendues à bas prix
pour construire des édifices de moindre qualité.
C'est avec l'extraction du charbon à la fin du
XVIII ème et au XIX ème siècle et le développement
des petites briqueteries, que l'usage de la brique
cuite se répand dans les campagnes.. A ce
début d'industrialisation, ce matériau reste d'un
coût élevé. C'est pourquoi, le paysan qui désormais
peut y prétendre, ne l'utilise que pour
les parties constructives les plus sensibles, celles
qui demandent résistance et durée : le solin,
les assises obliques finissant les rampants des
pignons de calcaires, les cheminées et fours à
pains... Les murs gouttereaux restent élevés en
pans de bois et torchis.

L'argile est ici cuite à une température proche
des 1100°C, dans des «fours à chambres», à feu
continu, cloisonnés en maçonnerie. Les briques,
plus dures, deviennent aussi plus cassantes
; d'une couleur sombre, elles sont moins flatteuses
au regard. Une fois cuites, elles passent
un hiver au dehors pour en éprouver la qualité:
au delà de cette période, elle doivent sonner
clair sous le coup de truelle du maçon. Leur format
se réduit à 22x11x6cm et devient parfaitement
calibré. Certains éléments peuvent être
aussi vernissées avec des glaçures vives. A cette
époque et avec la maîtrise du processus de
fabrication, les briques deviennent un véritable
produit de série.
Économique, rapide au montage, et support de
motifs décoratifs, la brique possède encore des
qualités thermiques et hygiéniques. Les matériaux
traditionnels anciens sont alors délaissés.
Un certain nombre de briqueteries et tuileries
artisanales ou familiales ont été dénombrées
dans le territoire du Parc naturel régional des
Caps et Marais d’Opale, à Houlle, Arques,
Ruminghem, Nieurlet, Lacres, Réty…
-> la panne
La panne est l'appellation courante de la tuile
dans le Nord de la France. Elle a remplacé progressivement
dès le XIV ème siècle le chaume,
avec l'intérêt de
réduire considérablement
les risques
d'incendie. Son
usage ne s'étend
réellement aux
constructions rurales
qu'au XVIII-
XIX ème siècles avec
l'apparition du charbon
et le dévelop-
pement des briqueteries et des tuileries. C'est
ainsi que le centre important pour la fabrique
de pannes de Samer peut expliquer en partie le
développement de l'usage des pannes flamandes
dans le Boulonnais. La forme variée des
pannes et les différentes teintes données par les
argiles et la cuisson procurent aux toitures une
qualité architecturale forte.
Les diverses types de tuiles employées suivent
l'évolution des techniques de production. Il faut
retenir :
- la tuile plate ou tuileau. Employée dès le
Moyen-Age, elle a pratiquement disparu du
Parc naturel régional des Caps et Marais
d’Opale. Quelques rares exemples peuvent
être observés en matériau de couverture de
lucarnes à Saint-Omer, de quelques maisons du
boulonnais, ou de quelques maisons de
pécheurs. Elle est aussi employée en bardage
pour recouvrir notamment la surface de
pignons ou les jouées de lucarnes.
- la panne flamande. De profil très cintré, en
forme en «S» prononcé, moulée à la main, elle
est très répandue dans la Flandre. Son utilisation
devient plus diffuse auprès du Bas-Artois.
Elle est dotée d'un crochet qui est moulé dans
la masse sur la face interne. Un bourrelet de
recouvrement permet de chevaucher la panne
voisine. Ses dimensions sont proches de 22cm x
30cm de longueur. Deux types de tuiles étaient
fabriquées par les tuileries, répondant ainsi aux
exigences des vents dominants : des tuiles droites
(à recouvrement droit) étaient posées sur le
versant sud de la toiture et les tuiles gauches
posées sur le versant nord. Le vent glissait alors
sur les tuiles sans les soulever. Un des angles
inférieurs est coupé en biais, facilitant l’emboîtement.
Le premier rang de panne est scellé et
cloué.
- la panne artésienne ou picarde. Variante de la
panne flamande, elle apparaît au XIX ème siècle et
se développe sur les toits du Boulonnais. Elle
s'apparente à une panne flamande aplatie, à
bourrelet de recouvrement, toujours saillant
mais moins prononcé. Sa forme régulière est
obtenue par un moule en bois.
- la tuile à emboîtement ou mécanique. Par
opposition aux anciennes pannes qui se fabriquent
à la main, cette tuile est produite avec
des procédés mécaniques.
Les pannes peuvent être vernissées avec l'application
d'une glaçure d'une jolie teinte
brun-violet. D'un coût élevé, leur emploi sur
la totalité de la toiture distingue une prospérité
ou le rang social élevé du propriétaire.
-> les pannes accessoires
La fabrication de pannes spécifiques a
remplacé et amélioré les méthodes de
construction anciennes. Des pannes de rive
présentent l'intérêt de prolonger la surface
de couverture en formant le dosseret oblique
du pignon et protégeant les murs pignons.
Des pannes chatières ou pannes d'aération
disposées ponctuellement permettent la
ventilation des combles aveugles. Des
pannes faîtières terminent et protègent les
derniers lits de tuiles de la couverture, selon
différentes techniques :
- la panne faîtière angulaire. Crêtée et vernissée
d'une glaçure, elle est, dit-on, moulée à la main
sur la cuisse de l'ouvrier-tuilier., tandis que la
crête denticulée est formée au doigt. En voie
complète de disparition, elle reste surtout
visible en association avec les couvertures en
ardoises.
- la panne faîtière demi-ronde. Elle est posée
côte à côte, à plein bain de mortier, parfois, les-
FAÏENCE
DE DESVRES
ET HABITAT
La rencontre en 1764 de Jean-
François Sta, notaire et entrepreneur
faïencier et de François-Joseph
Fourmaintraux, marque le début
d'une activité créatrice qui a influencé
la décoration mais également
l'habitat. En effet, si les manufactures
Masse, Martel, Fourmaintraux se sont
imposées dans la copie des grands
styles français et étrangers comme
Rouen, Strasbourg, Delft, Nevers…
c'est au travers des carreaux que
Desvres a le mieux exprimé ses
créations.
De la salle d'estaminet au manoir, ils
furent adoptés en masse dans le
Boulonnais au XIX ème siècle et jusque
dans les années 1930.
Aujourd'hui de nombreuses
boutiques de Desvres, l'auberge de
Mémère Harle à Wirwignes, ou le
café Verlingue à Hesdigneul, voient
leurs façades et leurs intérieurs
illuminés par ces fresques, frises ou
plaques fleuries…
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 15

• Le Parc naturel régional
• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
16 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Histoire et géographie des matériaux (suite)
tée d'un cordon de briques maçonné chaulé.
Deux ou quatre pannes faîtières demi-rondes
posées sur un socle de briques au sommet de
la cheminée peuvent former une mitre et améliorer
le tirage du foyer
- la panne faîtière à bourrelet d'emboîtement. Le
bourrelet d'emboîtement propose un progrès
notable pour le recouvrement de la ligne de faîtage.
Il existe une forme longue et une forme
courte.
- la panne faîtière ouvragée. Elle est décorée de
motifs festonnés de formes variées, souvent à
petits fleurons trèfles, alternativement hauts et
courts, parfois vernissée d'une glaçure sombre.
Le complexe de toiture associe d'autres accessoires
en terre cuite. Parmi ceux-ci, les mitrespots
de cheminée disposés selon l'orientation
des vents dominants, offrent un meilleur tirage
des feux au charbon. Les épis de faîtage, en
terre cuite vernissée ou en zinc sont très rares
dans le périmètre du Parc naturel régional des
Caps et Marais d’Opale.
-> les carreaux en terre cuite et faïences
Ils sont surtout destinés aux dallages intérieurs
mais peuvent aussi tapisser les murs. Le décor
est estampillé dans la terre crue, avec engobe
de terre blanche, virant au jaune pendant la
cuisson. Parallèlement à la production industrielle
de briques, des carreaux de terre cuite
sont réalisés de la même façon, moulés avec un
cadre en bois. A l'origine sur un format de
20x20x4cm d'épaisseur, leurs dimensions se
réduisent ensuite à un format carré de l4cm de
côté pour 1,5cm d'épaisseur.
La tomette polygonale devient plus fréquente à
partir du XIX ème siècle.
Les carreaux de faïence sont de la même famille
que les produits de terre cuite mais datent plu-
tôt du XVII ème siècle.
Ils servent à tapisser
certaines parties
des murs intérieurs
comme les fonds
de cheminée, de
part et d'autre du
cœur, et les dosserets
d'évier, pour
protéger les murs.
Leur coût élevé les
rend plutôt rares en
campagne. On les retrouve donc surtout aux
abords des centres de production traditionnellement
réputés : Boulogne, Desvres, Saint-
Omer... Au début XIX ème , les manufactures faïencières
de Desvres, spécialisées dans la copie
des grands styles français et étrangers
(Moustiers, Rouen, Strasbourg, Nevers, Delft..)
développent la production de petites séries de
carreaux qui trouvent une place privilégiée,
plus ou moins discrètement dans les constructions
rurales ou les maisons de bourg. Des
cabochons et rinceaux (frise) ponctuent certaines
façades tandis que des fresques illustrent la
campagne boulonnaise dans l'intérieur des
petits commerces. Il est encore possible de
trouver des enseignes réalistes en céramique
(voir la Maison de la Faïence à Desvres).
LES LIANTS
L’argile
L’argile est également le liant le plus économique.
Additionnée d'une quantité relativement
faible de chaux, elle entre parfois dans la composition
du mur extérieur en pierres. Ce mortier
de terre, appelé par les maçons «mortier d'hirondelle»,
apporte une excellente isolation thermique.
Ce mortier est aussi employé pour la
maçonnerie des fours et foyers.
La chaux
La chaux naturelle était produite en fonction
des besoins et suivant les disponibilités en bois
et en calcaire. Une fosse de 2 à 3 mètres de
profondeur constitue le four à chaux. Remplie
de bois (foyer), la fosse est couverte, dans un
premier temps, de pierres à chaux, puis d'autres
pierres disposées en voûte, enfin de terre.
La cuisson se fait à une température de 900°
environ et dure une dizaine de jours. Les blocs
désagrégés par calcination en chaux vive sont
transportés sur les chantiers et transformés en
chaux éteinte par immersion dans des fosses
d'eau. L’apparition de fours combinés avec
des cheminées de briques améliore la cuisson
et la qualité des chaux obtenues (Alquines).
Des fours à chaux artisanaux furent longtemps
exploités, jusqu'à une période récente, dans
un certain nombre de petites carrières, notamment
dans le pays de Licques, à Autingues,
Landrethun-les-Ardres, Nort-Leulinghem…
Mélangée avec du sable, la chaux éteinte
donne un mortier très collant qui présente l'avantage
de bien adhérer à la maçonnerie
pour la protéger contre la pluie et le gel et de
lui permettre de respirer en facilitant les
échanges gazeux.
Les particules les plus fines, la «fleur de
chaux», sont réservées à la confection des
badigeons (additionnées parfois de pigments
naturels).
Les chaux naturelles sont plus ou moins
hydrauliques suivant la présence ou non de
silice dans le calcaire (argile). Les chaux les
plus pures sont dites «aériennes» car elles ne
réagissent qu’à l'air ; leur teneur en silice soluble
est inférieure à 2%.

Le ciment
Découvert en Angleterre en 1824, son utilisation
se développe très rapidement Outre-
Manche. Ce ciment dît «de Portland», est obtenu
par cuisson à haute température (l400°C) de
calcaire mêlé à 25% d'argile très silicieuse. Les
cimentiers du Boulonnais en ont été pendant
très longtemps les premiers producteurs de
France. Le coteau sud du Boulonnais était alors
exploité à Lottinghen, Desvres, Nesles,
Neufchatel-Hardelot et Dannes du fait de la présence
continue de craie marneuse, de craie
pure et d'une argile adéquate sous-jacente.
C'est pourquoi, il est possible de remarquer la
présence marquée du parpaing et de l'enduit
au ciment dans l'habitat rural de ses localités
depuis le début du XX ème siècle. Seule, la carrière
de Dannes fonctionne encore.
Depuis la fin du XIX ème siècle, le ciment et les
chaux hydrauliques artificielles ont été utilisés
de manière excessive sur le patrimoine ancien.
Certains murs en maçonnerie ou en torchis,
certains soubassements, en ont été recouverts
à tort avec, en conséquence du durcissement
très rapide des fissurations (aucune souplesse
au durcissement) et une condensation intérieure
(empêchement de tout échange gazeux et
emprisonnement de l'humidité circulant dans
les maçonneries). Il faut donc retenir que les
ciments et chaux hydrauliques artificielles sont
peu adaptés à la réhabilitation du patrimoine
ancien.
LES AGREGATS
Le terme «agrégats» désigne les matériaux de
construction telles que les sables, les graviers, la
brique pilée qui entrent dans la composition
des mortiers.
La brique pilée
La brique pilée, appelée également
«chamotte», peut parfois avoir été ajoutée
aux mortiers de chaux pour en augmenter la
plasticité et la dureté. Quelques rares
exemples aux jolies teintes rosées peuvent
être observés sur les soubassements de grès
de certaines églises.
Utilisations
Brique pilée Agrégats pour mortie
La Maison du Marbre et de la Géologie à Rinxent, une
découverte des matériaux du sous-sol du boulonnais, de la
geéologie, et des techniques d'extraction.
Les sables et graviers
Les sables proviennent de la désagrégation
ou du concassage de roches naturelles. Il en
existe trois groupes :
- les sables siliceux, résultats de la
décomposition de roches granitiques ou
gréseuses
- les sables calcaires, issus de la
décomposition de roches calcaires
- les sables de carrière, formés en général par
un mélange silico-calcaire.
Des carrières ont existé à Audresselles
(sables du Chatillon) et Tardinghen (sables du
Chatillon et du Fart), à Wissant (sables du
Fart), à Samer, Verlincthun et Boursin.
D'autres petits gisements dits «trous à sable»
ont été exploités de manière artisanale, au
Ventu d'Alembon,, à la ferme du bois de
l'Abbaye de Landrethun-les-Ardres pour
entrer dans la composition des mortiers ou
plus simplement pour sabler les carrelages
(sable blanc). Leur qualité inégale et
médiocre, leur faible extension horizontale
expliquent le caractère éphémère de leur
exploitation. Il existe encore quelques
exploitations sur les territoires de Tingry,
Verlincthun et dans le massif dunaire
d'Ecault, Helfaut, zouafques, Blendecques...
Utilisations
Sables et graviers Agrégats pour mortiers
CHAUX OU CIMENT ?
Les chaux naturelles utilisées comme
liant dans le rejointement, ou en
enduit, se sont beaucoup développées
durant le XIXème siècle, avant d'être
concurrencées par le ciment.
On redécouvre depuis peu leurs qualités
(souplesse, respiration naturelle des
patine…). Les chaux naturelles aériennes
sont recommandées pour la réalisation
d'enduits à la fois souples et
résistants laissant bien respirer les
matériaux supports.
Les chaux de construction naturelles se
répartissent en deux catégories principales.
Les CHAUX AERIENNES
Qui font leur prise à l'air. Elles sont
obtenues par calcination de calcaire
pur ou associé à du carbonate de
magnésium. On trouve facilement de
la chaux aérienne éteinte en poudre ou
en pâte :
CL 90 – CL 80 – C 70 : chaux calciques
DL 85 – DL 80 : chaux dolomitiques
Les CHAUX HYDRAULIQUES
Les chaux hydrauliques naturelles font
leur prise à l'eau. Elles sont obtenues à
partir de roches calcaires argileuses.
NHL : chaux hydraulique naturelle pure
obtenue par cuisson
Par ailleurs, les chaux sont classées en
fonction de leur résistance à la composition
(de 2 pour les plus faibles à 5
pour les plus résistantes).
Les chaux hydrauliques
artificielles
XHA, mélanges de clinker et de calcaire,
font partie des ciments à maçonner et
sont à éviter absolument comme liant
(mortier à maçonner) que comme enduit
(elles ne laissent pas respirer le mur).
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 17

18 I Patrimoine bâti en Caps et Marais d'Opale
Les types de construction
I PARTIE 1 I

Les constructions à pan de bois et torchis
Localisation des constructions rurales
en pans de bois et torchis
Traditionnellement construites à l'usage
d'habitation ou d'exploitation, elles sont
éparpillées dans la campagne et les
petits bourgs.
Utilisant une technique de construction
simple et peu onéreuse à base de matériaux
trouvés sur place (bois, terre,
paille), elles sont encore assez nombreuses
dans les Caps et marais d'Opale.
Cependant, la fragilité de ces matériaux,
le manque d'entretien et la perte du
savoir-faire du torchis raréfient ce patrimoine.
UNE MAISON TYPIQUE
EN PANS DE BOIS ET TORCHIS
Le pignon orienté vers l'ouest, maçonné
et aveugle (sans ouverture), dépassant du
toit et de la façade.
La toiture à deux versants identiques
d'une inclinaison de 50°, recouverte de
tuiles de pays de teinte rouge orangée.
L'ossature bois, posée sur le soubassement,
disparaît dans le torchis. Elle détermine
l'emplacement des fenêtres et des portes,
irrégulières dans leur forme et leur position.
Le pignon orienté est, est protégé par
un bardage (un assemblage) de lames de
bois horizontales “planches à clin”.
Le torchis, mélange de terre et de paille
qui remplit et enrobe l'ossature bois, est
protégé par un enduit à la chaux, peint
d'un badigeon de lait de chaux le plus
souvent de couleur blanche.
Le soubassement de briques ou de
pierres est souvent goudronné au coaltar.
LE TORCHIS,
UN SAVOIR-FAIRE
ET UN PATRIMOINE
A SAUVER
Depuis 2001, le Parc naturel régional,
la Chambre de Métiers, la CAPEB,
des associations comme Maisons
Paysannes de France et Campagnes
Vivantes, le Conseil d'Architecture,
d'Urbanisme et d'Environnement et
les services de l'Etat (DRAC et SDAP)
se sont associés pour faire revivre ce
patrimoine et les savoir-faire attenants.
Une exposition itinérante présente le
patrimoine torchis, sa technique de
mise en œuvre, ses pathologies, ses
qualités, les principaux fournisseurs
de matériaux et artisans. Elle est
disponible pour les communes et
associations, sur demande auprès du
Parc naturel régional.
Une maquette au 1/10 ème d'une maison
à pan de bois et torchis réalisée avec le
concours de Maisons Paysannes de
France constitue un outil d'animation
pédagogique attractif pour déchiffrer
les mystères du montage de la
structure bois.
suite page 21
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 19

• Le Parc naturel régional
• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
20 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Les constructions à pan de bois et torchis (suite)
LA CONSTRUCTION :
La construction se définit par un plan allongé,
d'une largeur de 4 à 5 mètres environ.
Elle comprend souvent deux pièces principales
séparées par une cheminée centrale,
parfois à 2 conduits et 2 âtres. La porte d'entrée
s'ouvre sur la pièce commune. Les autres
pièces "cabinets" ou chambres sont commandées
par ces deux pièces.
La silhouette est allongée, trapue, souvent
sans étage. Les façades basses sont écrasées
par la toiture. La façade principale est
orientée au Sud-Sud Est, avec pignon protecteur
(souvent en maçonnerie à l'ouest).
Les combles étaient destinés au stockage de
produits agricoles avec accès par un esca-
LE FOUR À PAIN
Souvent présent sous
forme d'appentis
accolé en façade
arrière au droit de la
cheminée.
lier ou une échelle de
meunier. Il existe parfois
une cave enterrée.
Des appentis bas
(four à pain, étable...) s'accolent au bâtiment
principal souvent en façade arrière,
parfois au pignon avec un simple versant ou
toiture.
LES PIGNONS
Le pignon le plus exposé aux intempéries
(orienté Ouest Sud Ouest) est souvent maçonné
et aveugle, et déborde les rampants au dessus
de la couverte ("winbergues") et le nu des
murs de façade ("murs gouttereaux", la maçonnerie
est variée (grés en mœllons, craie avec
arase en épis de briques, briques,...).
Le pignon abrité (orienté Est-Sud Est) est souvent
en remplissage de torchis avec un bardage
(assemblage) de planches posées à clins.
L'OSSATURE BOIS ET LA CHARPENTE
L'ossature de bois
est porteuse et
posée sur le soubassement.
Elle est composée
de poteaux
verticaux encastrés
dans des sablières
hautes et basses.
Le torchis avant
badigeon

La charpente de combles est fixée sur de plus
gros poteaux d'appui et poteaux conniers (de
coin).
Suivant les époques, le plancher des combles
est porté par des solives passantes fixées sur les
poteaux ou par des solives courtes posées sur
les poutres de ferme.
Le torchis, mélange de terre (limon argileux) et
de fibres végétales (paille, foin) est posé sur un
lattage d'aulne, ou de noisetier, cloué sur l'ossature
en bois. Le torchis enrobe l'ossature et est
complété par un enduit lissé à base de terre,
sable, chaux, courte-paille... Un badigeon de lait
de chaux protège l'ensemble.
LA TOITURE
La toiture est à deux versants identiques en
bâtière d'une inclinaison d’environ 50° (permettant
autrefois la pose du chaume).
Recouverte aujourd'hui de tuiles de pays orangées
(dites pannes), elle se termine par une rupture
de pente de la charpente appellée "coyau"
qui adoucit le versant de toiture et éloigne le
ruissellement des eaux de pluie. De rares ouvertures
sous forme de lucarne rampante ou à
deux versants sont présentes.
LE SOUBASSEMENT
Le soubassement appelé "solin" est marqué,
réalisé en briques ou pierre (grès, mœllons tout
venant, rognons de silex). La maçonnerie, d'une
hauteur moyenne de 60 cm, est en saillie par
rapport au mur et couverte d'un goudron.
LES OUVERTURES
Les portes sont sobres, parfois surmontées
d'une imposte vitrée.
Les baies plus hautes que larges sont encadrées
par les poteaux d'huisseries avec des linteaux et
appuis de bois peu profonds arrivant au nu de
la façade.
Les fenêtres les plus anciennes sont à "petits carreaux"
(2x4 vitrages par battant) dites à "petits
bois".
Aujourd'hui, les carreaux
sont plus
grands (2x3 carreaux
par battant),
les contrevents en
bois sont à deux battants
en planches
verticales et traverses
(sans "barre d'écharpe").
Un tasseau pivotant fixé sur une traverse permet
de clore les battants. Il existe aussi une traverse
amovible ou barre d'accoupellement
pour maintenir le volent en position ouverte.
LES COULEURS
• Soubassements noir ou peints en contraste
de la façade (gris foncé, gris bleuté, rouge
sang de bœuf, brun)
• Façade badigeonnée en blanc, coloré de
bleu ou de jaune
• Éléments menuisés colorés de teintes franches
• Bardages bois traités au goudron, grésyl ou
badigeonnés au blanc
LE TORCHIS,
UN SAVOIR-FAIRE
ET UN PATRIMOINE
A SAUVER (suite)
Des journées de stages, des chantiers
de démonstration sont organisés
pour les particuliers.
Les artisans ne sont pas oubliés avec
l'organisation d'un Certificat d'Identité
Professionnel Patrimoine spécialisé
dans la formation à la mise en œuvre
du torchis.
Enfin, un cahier technique du torchis
(parution novembre 2003) permettra
aux artisans et aux auto-constructeurs
de disposer d'informations précises.
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 21

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• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
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et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
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• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
22 I Patrimoine bâti en Caps et Marais d'Opale
Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
Localisation des constructions rurales
en pierres du Boulonnais
Ce type d'habitation est limité à la partie
boulonnaise du territoire de parc. La
maison, de plan allongé, se décline en
trois types de construction (voir croquis
ci-contre) :
• Des maisons élémentaires, basses,
allongées, sans lucarne (TYPE 1)
CONSTRUCTION DE TYPE 1
• Des maisons simples, avec un soubassement
plus haut, des lucarnes à fronton
de pierre en toiture. Ce type est
très répandu dans le pays de
Marquise. (TYPE 2)
CONSTRUCTION DE TYPE 2
• Des maisons élaborées au volume
plus important avec un soubassement
imposant sur une cave, et avec un
comble "de surcroît". La maison possède
ainsi trois niveaux. (TYPE 3)
Une toiture à 2 pentes identiques,
comprises entre 45° et 50°, recouverte en
tuiles de pays. Les ardoises et les tuiles
vernissées noires sont réservées aux
demeures plus cossues
Un pignon ouest maçonné (grès ou
silex), aveugle, débordant de la toiture
les lucarnes toujours axées sur les baies
du rez-de-chaussée. Elles prolongent le mur
de façade et comportent deux pans de
toiture masqués par un fronton de pierre
Les encadrements de baies larges en
pierre de taille moulurée ou non, en saillie
de la façade. Les baies sont plus hautes que
larges, identiques et alignées.
Le soubassement marqué, réalisé en
matériaux durs
CONSTRUCTION DE TYPE 3

LA TOITURE
Elle est à deux pentes identiques comprises entre
45° et 50° recouverte de tuiles de pays (panne
en S). Les ardoises et tuiles vernissées noires sont
réservées aux demeures plus cossues.
LES PIGNONS
Les encadrements en pierre de Marquise,
nécessairement peints, le sont dans un ton
contrastant avec le clair du mur. Les éléments
menuisés apparents sont soulignés en vert ou
bleu. Les bâtis de fenêtre sont couramment
blanc. Les pignons ont un traitement
différencié. Les pignons sont maçonnés
comme les murs gouttereaux. L'arase des
rampants est en pierre dure taillée ou en
briques disposées en épi.
Le pignon est souvent percé d'une petite baie
fermée d'un volet.
LE SOUBASSEMENT
Le soubassement est important, réalisé en
pierres dures, moëllons de grès, pierre marbrière,
plus ou moins équarris, rarement
enduits de goudron.
Une pierre de seuil "gradinée" marque
l'entrée.
Pierre
LE SENTIER
à Bazinghen
DE LA PIERRE
À BAINCTHUN
xoxox xoxox xoxox xoxox xoxox xoxxox
xox xox xox xoxo xox xoxox xox
xox oxx oxxoxoxox
La Communauté
xoxoxox x.
d'Agglomération du
Xoxox Boulonnais, oxxoxoxox la xox
xoxxoxox commune xox de xoxo
xox Baincthun xox xox et xox le Parc .
Xoxox naturel xoxox régional xox des xox
xox Caps xoxoxox et Marais xox xox
xoxo d'Opale, xox ont xox ouvert xox . Xoxox au public xoxoxox le
xoxoxoxoxo sentier de la pierre xoxoxox de xoxox Baincthun. xoxoxoxox
Cette pierre xoxoxoxoxoxo a été très xoxox utilisée xoxo dans xox
xoxoxo l'habitat xoxox du bas-boulonnais xo. Xoox xoxoxox mais xoxo- aussi
xoxoxoxxxoxox comme pavement. xoxx Au xox fil xoxox des xoxxox
kilomètres xox xoxox du parcours xoxoxoxoxoxoxox pédestrexox
xoxoxox balisé, plusieurs xoxoxoxo bornes xoxoxox xoxo
d'interprétation permettent la
découverte des techniques
d'extraction et de taille de ce
matériau. Tout doit se faire à la main,
de la casse de la roche à l'angle droit
du pavé ; la pierre n'accepte pas la
scie et blanchit sous ses dents.
Les deux dernières carrières ont
fermé mais les bornes font revivre
tout un patrimoine local bâti dans ce
grès dur : l'église Saint-Adrien, des
fermes, des maisons d'ouvriers
agricoles, le moulin du Boudoir…
Patrimoine bâti en Caps et Marais d'Opale I 23

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• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
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LES TYPES DE CONSTRUCTION
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et calcaires durs du Boulonnais
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• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
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GLOSSAIRE
24 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Les constructions en maçonnerie de grès et calcaires durs
du Boulonnais (suite)
LES MURS
Les murs sont réalisés
en pierres, tirées des
carrières les plus proches.
On distingue
deux types de parements,
avec des moëllons
équarris liés avec
joints assistés, ou à partir
de moëllons toutvenant
noyés dans un
bain de mortier à la
chaux.
Trois qualités de pierre
entrent dans la construction
:
- le calcaire primaire dur, à grains fins, tiré du
bassin carrier de Marquise ou "pierre marbrière"
- le calcaire secondaire jurassique dit "pierre
de Marquise", tendre mais gélif. Il est souvent
protégé d'un épais badigeon de chaux.
- le grès jurassique dit "pierre de Baincthun"
ou "pierre de Boulogne" ; dans ce cas, la
maçonnerie (comme pour la pierre marbrière)
reste apparente.
LES OUVERTURES
Les lucarnes à frontons
Réalisées en pierre de Marquise, elles sont
caractéristiques de cet habitat. La forme des
frontons est très variée : lucarne triangulaire, à
Exemple
de fronton cintré
Exemple
de fronton triangulaire
fronton cintré, à chapeau
de gendarme...
Les lucarnes sont
toujours positionnées
à l'aplomb du
mur de façade et
situées dans l'axe des
baies du rez-dechaussée.
Les encadrements
Les encadrements de
baies sont en pierre
de Marquise, moulurée
ou non, en saillie
de la façade. Les baies
sont plus hautes que
larges, identiques et
alignées avec rigueur.
Quand la maçonnerie
est apparente, on

peut parfois observer au-dessus de chaque
baie un arc de décharge en petites pierres ou
briques qui permet d'alléger le poids des
maçonneries sur les linteaux...
LES COULEURS
Les façades badigeonnées au lait de chaux
sont parfois pigmentées de jaune ou d'un
bleu très léger.
LES BÂTIMENTS D’EXPLOITATION
AGRICOLE
Imposants et massifs, ils sont souvent construits
en grès avec des baies à encadrement monolithe
et de grandes lucarnes rampantes.
Moulin d'Echinghen
TAILLER LE GRÈS
La pierre de Boulogne, ou encore
pierre de Baincthun, est à la base de
la majeure partie de l'habitat du
Boulonnais. Mais ce grès vieux de
135 millions d'années n'était pas facile
à tailler ! "Cette pierre est vive et vire
sur le bleu ; elle est si dure et si fière
qu'on ne peut la tailler ni la piquer, on
ne l'équarrit que par éclats… elle se
trouve en bancs ou en blocs à
différentes profondeurs… comme elle
ne se délite que rarement, on emploie
pour fendre ses bancs et blocs en
quartiers des masses de fer, les pintes
et les coins ; et le plus souvent
maintenant la poudre à canon. Les
rompeurs cassent ensuite les quartiers
pour les réduire en pierre brute que
l'on appelle la pierre à parquets. C'est
aux maçons et aux paveurs à les
équarrir avec un marteau, qui leur est
propre pour les mettre en état d'être
employées à la maçonnerie ou au
pavé, ce qu'on appelle épincer…"
Anonyme - 1753
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 25

• Le Parc naturel régional
• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
26 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Les constructions en maçonnerie de craie
Localisation des constructions rurales
en craie
A la différence du grès, la craie est un
matériau tendre qui se prête à un travail
de taille plus précis et plus élégant, parfois
proche de la sculpture.
L’usage de la craie fut longtemps réservé
à l’architecture monumentale, maison
seigneuriale, fermes fortifiées, églises…
Mais là où l’extraction était plus facile,
on n’hésita pas à construire de simples
habitations à base de craie, avec cependant
des matériaux de qualité diverse.
La typologie de cet habitat est simple : la
façade principale est toujours orientée
sud/sud est et la profondeur du bâti,
conditionnée par la portée de poutres
est faible. La présence de corniches
moulurées, l’alignement systématique
des baies, aux larges ébrasures, et la présence
plus courante de bâtiment à un
étage sont d’autres caractéristiques marquantes.
LES SOUBASSEMENTS
La craie est gélive et fragile. Les soubassements
sont donc constitués d’une maçonnerie plus
résistante :
- cassons de craie liés au mortier de chaux,
- silex,
- appareillage de brique.
DES MURS DE CRAIE
PARFAITEMENT
APPAREILLÉS
La craie est exploitée sous
forme de moellon ou pierre
de taille.
La pierre de taille est
« dressée » (aplanie) soi-
gneusement sur toutes ses faces. Largement utilisée
dans la partie artésienne du Parc, elle est
maçonnée en blocs disposés en assises régulières
d’une hauteur de 15 à 20 cm.
Le moellon est équarri (taillé grossièrement) et
dressé uniquement sur sa face visible. On le
trouver dans la partie ouest du Parc avec une
finition plus rustique.
La maçonnerie de façade est réalisée en parfaite
continuité avec les angles. Les pierres d’angles,
intégrées aux assises sont lisses, de plus
grande longueur et assurent ainsi le chaînage.
Les maçonneries sont à simple ou double parement
et dans ce cas comportent un parement
extérieur bien fini, un remplissage de moellons

de briques ou silex appelé « blocage » et un
parement intérieur de moellons de craie.
Des pierres plus longues posées en “boutisse”
assurent la liaison entre les deux parois.
LES ÉLÉMENTS MOULURÉS
La perfection de l’appareillage est agrémentée
par la présence de moulures qui composent un
décor, soit entre deux lits de pierres (cordon ou
appui filant qui renforce l’alignement des baies
sur la longueur de la façade) ou en corniche en
haut de façade pour « asseoir » la toiture.
Elles peuvent être profilées en biais, en redents
ou avec une moulure plus travaillée (doucine).
LES MARQUES ET GRAFFITIS
La craie, matériau
tendre, se prête
aux graffitis. Les
ouvriers des carrières
ou les maçonstailleurs
signent
certaines pierres
de formes géométriques.
D’autres
pierres conservent
la mémoire de
graffitis anciens. Un cartouche est parfois
intégré au pignon : il porte la date de construction
parfois accompagnée de motifs
sculptés.
LES PIGNONS
Parfois arasés sous le
couvert de la toiture,
les pignons sont souvent
“saillants” avec
une pierre
- taillée “en sifflet”,
- assemblée en marches
dites « pas de
moineau »,
- associée à la brique
disposée en épis
pour fermer la bordure
oblique du pignon
ou “arase”, qui est
ainsi plus solide.
RESTAURER
LE PATRIMOINE
BÂTI...
UNE BONNE IDÉE
Du puits à la maison en pans de bois
et torchis, de la chapelle au moulin,
le patrimoine bâti traditionnel du
Parc naturel régional des Caps et
Marais d'Opale présente une grande
richesse ; mais il est parfois menacé.
Vous êtes propriétaire de l'un de ces
précieux éléments du patrimoine et
vous désirez le restaurer ou le modifier
?
Voici quelques conseils pour élaborer
votre projet de restauration.
Bien connaître l'édifice et son environnement
Une connaissance approfondie des
bâtiments vous guidera utilement
dans vos réflexions futures.
• Faites un relevé (dimensions, plans,
coupes), même simplifié.
• Observez, prenez des photographies
des abords, de l'ensemble du
bâtiment, des détails architecturaux,
des problèmes (fissures, dégradations,
végétation parasite…).
• Identifiez les matériaux.
suite page 29
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 27

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• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
28 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Les constructions en maçonnerie de craie (suite)
Un épi de faîtage plus ou moins ouvragé est
parfois installé au sommet du pignon.
Des baies petites plus hautes que larges éclairent
le rez-de-chaussée ou les combles.
LES BAIES, FENÊTRES
ET CONTREVENTS
Les ouvertures sont systématiquement plus
hautes que larges, identiques et strictement alignées
sur une même façade. L’encadrement
n’existe que rarement ; une feuillure périphérique
est façonnée pour l’encastrement des
contrevents. L’appui est simple, en pierre taillée
posée en saillie.
Les linteaux à claveau
sont droits, en
blocs taillés avec
une clé centrale, ou
légèrement cintrés.
Les contrevents
(volets) sont pleins, à
deux battants de
planches verticales,
raidies par des traverses
horizontales.
Les battants sont
fixés à la maçonnerie
par des pivots métalliques
encastrés.
On trouve aussi des contrevents panneautés
avec un panneau supérieur équipé de persiennes.
Les portes les plus anciennes sont pleines, surmontées
d’une imposte, souvent décorée de
petits bois ou ferronneries.
LES TOITURES
Les toitures sont traditionnellement
en
bâtière avec des pentes
de 45° à 50°, couvertes
de pannes en
« S » ou panne mécanique.
Un rang de tuiles
scellées couvre le
mur pignon non saillant. Les faîtières sont simples,
demi-rondes.
LES COULEURS
La maçonnerie de craie est soit nue, soit badigeonnée
au lait de chaux plus ou moins coloré.
Le soubassement est souvent enduit de
goudron.
LES ANCRES
Les anciens scellements
en os de
mouton ont été
remplacés par des
renforts métalliques
qui solidarisent
les abouts de
pannes (charpentes) ou poutres avec la
maçonnerie.
Dessinées en X, Y, S, croix fleuronnées ou
assiettes décorées, les ancres peuvent aussi
prendre la forme de chiffres.

LES ROUGES-BARRES
Les murs dits « en rouges-barres » ou en « lardé »
sont composés d’une succession de lits de brique
et de craie, d’une hauteur généralement
équivalente.
Cette technique fort ancienne, héritée des
romains, concerne essentiellement les pignons.
LES BÂTIMENTS D'EXPLOITATION
AGRICOLE
Le plus souvent, les dépendances agricoles
d'une habitation en craie sont construites très
sobrement, en pans de bois et terre, ultérieurement
remplacées ou construites en briques.
Plusieurs dépendances agricoles construites
avec la technique d'appareillage lardé en rougebarres
ont pu être observées, soit que l'habitation
est elle-même construite en craie, en rougebarre
ou en brique.
D'une façon générale, dans les bâtiments d'exploitation,
les encadrements de baies ne sont
pas valorisés mais noyés dans le plan de la façade,
hormis la légère saillie de l'appui. Une pièce
horizontale en bois, plus ou moins équarrie,
peut former un linteau de fortune. Les quelques
porches, en plein cintre ou anse de panier, sont
très soignés, soit qu'ils sont percés dans le corps
d'une grange, soit qu'ils constituent à eux seuls
un pan de mur dans le prolongement des murs
gouttereaux d'autres bâtiments. Certains font
même l'objet d'un travail particulier avec un
encadrement de pilastres à demi-engagés
dans la maçonnerie ou des pierres particulièrement
taillées.
Les rares lucarnes observées peuvent résulter
d'une transformation de la volumétrie d'origine
de la toiture, en réponse au besoin d'engrangement
des récoltes. Cette observation se vérifie
par la manière dont les éléments sont intégrés
(la construction de la lucarne implique
une rupture de la corniche) ou par les matériaux
utilisés. Hors la lucarne rampante, la
lucarne-pignon en maçonnerie de briques,
dans le continuité du mur gouttereau, sous
couvert d'une toiture à deux versants, est particulièrement
associée aux bâtiments d'exploitation
en craie.
RESTAURER
LE PATRIMOINE
BÂTI...
UNE BONNE IDÉE
• Procédez à une recherche documentaire
(cartes postales ou photos
anciennes, cadastre napoléonien,
archives communes ou départementales…).
Il est indispensable d'analyser les
dégradations et les désordres apparus
sur l'édifice et, si possible, d'en
rechercher les causes. Ce travail de
diagnostic doit souvent être réalisé
avec un professionnel (architecte ou
artisan qualifié).
Réfléchir à l'ensemble du projet avant
de démarrer les travaux
Définissez votre programme en vous
fixant des priorités. Avec l'aide du diagnostic
fait précédemment, définissez
les interventions urgentes, puis la
restauration, sans oublier le traitement
des abords (clôtures, plantations).
Avant tout, veillez à conserver
l'authenticité de l'édifice. Ne cherchez
pas forcément à tout restaurer
ni à effacer les marques des différentes
étapes de la construction.
Utiliser les conseils de professionnels
du patrimoine
Les conseils d'un professionnel sont
indispensables pour mettre en œuvre
votre projet. Choisissez avec attention
votre maître d'œuvre et les entreprises
intervenant sur le chantier. Il
existe un certificat professionnel
"patrimoine" décerné par la CAPEB
(Confédération des artisans et petites
entreprises du bâtiment).
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 29

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• Les caractères de l'habitation
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de briques de type flamand
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GLOSSAIRE
30 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Les constructions en maçonnerie de briques
de type flamand
Localisation des constructions rurales
en briques
Avec l’extraction du charbon à la fin du
XVIIème siècle, la brique et la tuile, autrefois
matériaux coûteux, deviennent de
véritables produits de série, économiques
et faciles à mettre en œuvre.
Les briques ne sont plus cuites directement
sur les chantiers, dans les fours à
meules artisanaux à flamme directe qui
fournissaient des produits de couleur
variée.
De nombreuses briqueteries s’installent
alors autour des gisements locaux
d’argile.
LES CARACTÉRISTIQUES
CONSTRUCTIVES
Comme pour d’autres types, le logis reprend le
principe de la juxtaposition de pièces au rez-dechaussée,
éclairées par des ouvertures en façade
principale exposée sud - sud-est. Mais c’est
notamment par l’utilisation des combles
comme volume habitable que se caractérise ce
type d’habitat.
LES MURS
Les murs sont élevés sur un même plan, dans le
même matériau, sans soubassement marqué.
La brique permet de multiples subtilités d’appareillage.
En effet, la longueur de la panneresse
(le plus long côté
de la brique) est
égale à deux boutisses
(le plus petit
côté). La technique
la plus courante
alterne un rang
de boutisses avec
un rang de panneresses.
Les joints
de boutisses s’alignent sur une même verticale
tandis que les joints de panneresses sont décalés
de sorte à ne s’aligner q’un rang sur cinq.
L’effet obtenu est celui de figures losangées
superposées appelées « maçonnerie en losange
» ou kruisverland.

L’appareillage « anglais-flamand » reprend la
même technique mais les joints sont alignés
verticalement d’une assise à l’autre.
La teinte des joints est fonction de la couleur du
sable utilisé. Elle tend sur le jaune, n’est jamais
blanche, et fonce vers la fin du XIX ème siècle.
Le petit module de la brique permet un jeu
dans l’appareillage qui anime la construction.
On peut ainsi obtenir des corniches denticulées
ou en crémaillère, des linteaux plats ou cintrés.
Cette décoration peut être complétée par un
jeu de teintes différentes ou l’intégration de briques
vernissées, des carreaux de céramique à
motifs colorés (Desvres).
LES PIGNONS
Le petit module de la brique permet de monter
la pointe du pignon en continuité avec l’appareillage
des murs gouttereaux.
Les pignons sont généralement re-couverts par
la toiture. L’arase est terminée par des assises de
briques disposées à
chant oblique, en
triangles superposés
ou sans appareillage
particulier.
Les versants de toiture
sont terminés
par des tuiles de
rives scellées ou
sont débordants.
LES ANCRES
C’est souvent à la
pointe des pignons
LA TOITURE
que les pièces de charpente
sont solidarisées
à la maçonnerie par
des ancres métalliques
à fleuron, aux branches
en X, Y, S ou formant
des chiffres qui indiquent
la date de construction.
La toiture en bâtière est la forme la plus courante
avec des pentes de 45° à 50°. Mais pour
augmenter la surface habitable, notamment
sous influence flamande, le versant de la toiture
de l’habitation au-dessus des murs de façade
peut être brisé. Le tiers inférieur appelé « brisis »
est redressé selon une pente proche de 80°. La
partie supérieure conserve une pente de 40° à
50°. Cette évolution de la charpente, dite « toit
LES DEMANDES
D'AUTORISATION
ADMINISTRATIVE
Avant toute restauration ou
aménagement, il convient de se
renseigner sur les servitudes
publiques ou privées existantes, sur
les règles d'urbanisme en vigueur et
enfin de solliciter les autorisations
nécessaires.
Pour ce faire, une visite en mairie est
indispensable.
A CONNAÎTRE !
• Le permis de démolir
Il est nécessaire pour toute
démolition partielle ou totale d'un
bâtiment.
• Le permis de construire
Il est obligatoire pour
- toute construction (à usage
d'habitation ou non)
- les travaux réalisés sur des
constructions existantes, s'il y a
changement de destination, et/ou
modification de l'aspect extérieur,
des volumes, ou création de niveaux
supplémentaires.
Le permis de construire, signé par le
maire, est valable deux ans.
suite page 33
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 31

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• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
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des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
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• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
32 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Les constructions en maçonnerie de briques
de type flamand (suite)
à la Mansart » est adoptée au XIX ème siècle dans
les villes et gagne ensuite progressivement les
bourgs et les campagnes.
La couverture est
réalisée en tuiles :
panne flamande ou
tuile mécanique.
Sur ce type de bâtiment,
les gouttières en zinc,
dites «pendantes» sont
d’origine.
Des ouvertures en toiture éclairent les pièces
habitées : de petites tabatières à châssis
basculant, des lucarnes en bois, plus hautes que
larges placées à
l’aplomb des murs
gouttereaux, sont
terminées par des
frontons triangulaires
ou cintrés.
LES BAIES
Les cheminées sont
placées dans l’axe du
faîtage souvent au
centre de l’habitation.
Les baies sont
homogènes sur une
même façade avec
des encadrements
effacés, ou peu
marqués avec un
linteau et un appui
saillants, en briques à
chant, voire saillants
sous forme de larges
plates-bandes de
quinze centimètres.
Les fenêtres sont plus
hautes que larges. Les
contrevents sont le
plus souvent panneautés
réalisés en
séries (avec un
panneau plein, un
panneau avec motif ciselé, ou des persiennes
dans le tiers supérieur).
Les portes sont souvent panneautées avec des
parties vitrées positionnées parfois en imposte,
ou dans la partie supérieure de la porte.
Certains exemples sont richement décorés
avec notamment la présence d’une grille de
fer forgé devant chaque vitrage.
Les fenêtres sont posées en tableau dans
une feuillure dans la maçonnerie de
briques.

LES COULEURS
Les briques sont parfois peintes en rouge
vineux ou badigeonnées à la chaux colorée.
Les menuiseries des huisseries sont peintes
en teintes contrastées.
LES BÂTIMENTS D'EXPLOITATION
AGRICOLE
Hormis dans les ensembles architecturaux
exceptionnels, la maçonnerie de brique est
souvent associée aux constructions rurales les
plus tardives, à l'occasion de travaux de
reconstruction ou d'agrandissement.
Le module de la brique, en réglant
parfaitement les assises, permet de
rationaliser complètement l'échelle des
constructions et de les optimiser selon leur
fin. Il calibre et aligne très régulièrement
chaque percement et offre un jeu d'ouverture
très diversifié. Si les seuls effets ornementaux
se limitent à l'association des appareillages de
briques, ils sont toutefois réellement présents,
complétés par les branches d'ancres
métalliques.
Les lucarnes présentent aussi une grande
variété de forme, rampantes, à fronton
triangulaire, à pignon sous le couvert d'un
toit en bâtière plus ou moins débordant...
Enfin, il faut remarquer que pour quelques
patits bâtiments, la pointe du pignon Est
peut être simplement fermée d'un bardage
bois (nécessité de ventilation). Les quelques
exemples de linteaux en bois associés à la
construction en briques, sont sans doute un
archaïsme.
LES DEMANDES
D'AUTORISATION
ADMINISTRATIVE
• La déclaration de travaux
Certains travaux sont exemptés du
permis de construire mais soumis au
régime de la déclaration préalable :
- modification limitée à l'aspect
extérieur d'un bâtiment existant
(pose de nouvelles huisseries,
changements de badigeons ou
couleurs…),
- construction d'un édifice d'une
surface de plancher hors œuvre
brute égale ou inférieure à 20 m2 ,
- clôture.
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 33

34 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Les abords, les dépendances
et le petit patrimoine bâti
I PARTIE 2 I

Les dépendances LA FONDATION
LES DÉPENDANCES AGRICOLES
Chaque exploitation agricole, grande ou
petite requiert des annexes spécialisées
autour de la maison d’habitation, pour le
logement des animaux et pour le
stockage des récoltes.
L’ensemble, en correspondance avec les
surfaces exploitées, structure l’espace
bâti de l’exploitation et situe
socialement le statut de l’exploitant.
Les bâtiments d’exploitation ont un
traitement architectural plus sobre que
les maisons d’habitation avec une
économie de construction et des
matériaux plus courants, moins chers…
La grange
La grange est le lieu de remise des récoltes. Sa
taille domine en hauteur tous les autres
bâtiments de l'exploitation, mais elle reste
toujours en rapport avec les surfaces
céréalières exploitées. Par ordre de
hiérarchie, elle trouve sa disposition en face
de l'habitation.
Quelques granges, sont intégralement
charpentées et couvertes d'un bardage bois,
certaines sont aussi vastes que les granges
construites en «matériaux durs» (grès, craie,
brique). Des exemples ont pu être observés
sur le territoire du Parc (Vaudringhem...).
Dans de rares cas, la pointe du pignon le
moins exposé est simplement fermée par un
bardage en bois. La toiture peut former
auvent notamment lorsque le pignon est
implanté à l’alignement de la rue (Esquerdes).
La grange est traditionnellement ouverte en
son milieu d'une grande porte charretière à
laquelle peut correspondre une autre porte
identique sur la face postérieure, pour
permettre d'engager les attelées et de
décharger complètement les gerbes de
paille et de foin à l'abri. La toiture peut être
partiellement relevée pour ouvrir la porte
charretière et mieux gagner en hauteur de
passage, jusqu'à déborder et constituer un
auvent. D'autres portes, à taille humaine,
viennent compléter le jeu des ouvertures.
Des baies situées en hauteur, dans les murs
gouttereaux ou dans la pointe du pignon le
moins exposé, peuvent permettre l'accès
aux combles.
Le sol intérieur est bien damé de sorte qu'on
y fait les battages. Mais, en Boulonnais, l'aire
à battre peut être constituée par une annexe
couverte (manège) qui vient se greffer le
plus souvent sur la face postérieure de la
grange.
Quand elle est disposée à l'alignement de la
rue, la grange contribue à construire l'ambiance
du village. Sur le territoire du Parc, la
disposition de grange fermée sur rue se rencontre
surtout en partie sud-est (rue principale
à Wismes, rue de Lumbres à Ouve-
Wirquin, rue des Grands Bois au hameau de
Watterdal/Seninghem, rue principale au
hameau de Maisnil/Dohem…).
Il arrive que l’exploitation ne trouve pas la
place nécessaire pour l’ensemble des
bâtiments de ferme notamment pour
implanter en front à rue le plus volumineux
d'entre eux : la grange. Celle-ci subit un
glissement et devient isolée, toujours alignée
sur la rue mais non plus face à l'habitation. La
cour de l'exploitation reste alors ouverte sur la
rue (Ouve-Wirquin ou Wismes).
DU PATRIMOINE :
UN ATOUT
POUR SAUVER LE
PATRIMOINE BÂTI
Sauvegarder le patrimoine bâti rural
nécessite de mobiliser toutes les
volontés et d'inciter les particuliers à
restaurer leur patrimoine. Créée en
1996, la Fondation du Patrimoine,
organisme privé indépendant à but
non lucratif, vise à promouvoir la sauvegarde,
la connaissance et la mise en
valeur du patrimoine non protégé. Elle
est reconnue d'utilité publique.
Elle suscite des partenariats et participe
à des opérations concertées de restauration.
Elle octroie dans ce cadre
son label à des bâtiments répondant à
certains critères (communes de moins
de 2 000 habitants, visibles de la voirie
publique…). Ce label entraîne une
défiscalisation des travaux effectués
pour la restauration.
Le Conseil Régional Nord Pas-de-
Calais a signé une convention avec la
Fondation du Patrimoine qui permet
d'octroyer à des particuliers bénéficiaires
du label une aide allant jusqu'à 20 % du
montant des travaux engagés.
Le Conseil Régional Nord Pas-de-Calais
aide également les communes rurales
à restaurer églises et chapelles, suivant
d'autres modalités.
Le Parc naturel régional des Caps et
Marais d'Opale et la Fondation du
Patrimoine travaillent ensemble sur le
territoire du Parc à la sauvegarde du
patrimoine bâti.
Informations : Fondation du
Patrimoine
Délégation du Pas-de-Calais
Maison du Parc – 62142 Le Wast
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 35

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• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
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LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
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• Les clôtures
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LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
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• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
36 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Le chartil
Pittefaux
Les dépendances (suite)
Le chartil, encore dit «charretil», «charretier»
ou «courtil» est un lieu de remisage des
véhicules, chariots et voitures au centre et
des outils aratoires sous les appentis, à
l'écart de l'ensemble de la cour.
Isolé et distinct de la grange, il est donc
caractérisé par sa forme, ses poteaux et ses
deux appentis.
A l’origine, c’est une structure de bois avec
pignons bardés et murs latéraux très bas
garnis ou non de torchis. Plusieurs exemples
ont pu être observés, chacun ayant
conservé le plus souvent sa toiture à deux
versants très abrupts (au moins 50°), sans
doute témoin d'une couverture initiale en
chaume.
Le manège à battre
Les manèges à battre sont concentrés sur le
territoire du Parc, aux environs de Marquise
et de Samer, présents surtout dans les
fermes disposant de grandes surfaces de
culture, notamment celles du XIX ème siècle.
Samer
C'est une aire couverte utilisée pour faire
piétiner les céréales disposées au sol, par les
animaux (lourds rouleaux tires par chevaux).
Les premières machines à battre, à l'origine
actionnées par l'homme, sont apparues vers
1830 mais ne se généralisent que très
lentement.
Le modèle le plus simple est la “bogueuse”,
mise en mouvement par le manège : les
chevaux sont attelés par des traciers aux bras
d'attelage. Ils tournent autour d'un axe central
fixé sur une roue dentée. Une perche lie l'axe
à l'embouchure du cheval pour l'obliger à
marcher. La roue dentée transmet le
mouvement à «l'arbre de couche» (souterrain)
par l'intermédiaire d'un pignon. Un volant
extérieur régularise la rotation de la poulie
montée dans la grange. Une courroie la relie à
la bogueuse au hache-paille, à la scie à ruban.
Les manèges à battre sont greffés en
appendice perpendiculaire sur le mur
gouttereau d'une grange, en général sur le pré.
Ils sont de plan carré, rectangulaire, polygonal
ou semi circulaire. Quelques rares exemples
fixent le manège à battre à l'intérieur même de
la cour de l'exploitation (Alembon). Ils sont
éclairés par des petites baies, souvent en
demi-lunes disposées en partie supérieure sur
chacun des pans de maçonnerie. Une petite
porte peut offrir un accès extérieur.

Il est possible que certains manèges équipés de
mécanismes entraînés par les chevaux aient été
encore en service jusque dans les années 1930.
Au delà, avec les progrès technologiques, la
machine à battre est actionnée par l'énergie de
moteur à vapeur (la locomobile jusqu'en 1960)
avant d'être remplacée par les moissonneusebatteuses.
LES AUTRES DEPENDANCES
L’écurie
Le cheval, pièce maîtresse du système de
production par sa force de traction et de
reproduction, demande beaucoup de soins.
C'est pourquoi, par ordre de hiérarchie, il est
placé dans une écurie généralement à côté
même du logis, pour mieux le surveiller.
En pays bocager, où l'élevage allié à la petite
culture prédomine sous la forme de
nombreuses petites exploitations, la place est
comptée. Dans le Boulonnais, le nombre des
chevaux logés en écurie est relativement faible.
Dans les régions où la culture des céréales est
plus étendue (Haut Artois), l'écurie est
suffisamment grande pour contenir les chevaux
nécessaires au travail des terres. Ils sont alors
placés sur une ligne, séparés les uns des autres
par des bats-flancs mobiles. Les box sont
uniquement réservés pour les juments sur le
point de pouliner.
L’étable
Placée couramment entre la grange et
l'habitation, l’étable compose un côté de la
cour. Son volume est relativement faible
comparé à celui des granges.
La largeur de l’étable équivaut à une auge + une
stalle de la longueur d'un animal couché (un
espace nécessaire au relevé) un passage d'une
brouette ou d’une civière. A la différence de la
bergerie, l'étable est équipée de séparations
fixes. La hauteur au plafond est fonction de la
longueur d'une fourche pour engranger. En
effet, les combles sont utilisés pour le stockage
du foin. A cette fin, on réalise le chénel (encore
dit «chenil» ou «fenil») avec des perches de bois
sur lesquelles une couche de paille de colza ou
de fougères est disposée pour éloigner les
rongeurs. Cette couche, qui absorbe la
transpiration des animaux, est remplacée
chaque saison pour ne pas gâter le foin. De
cette façon, l’étable gagne en chaleur l’hiver en
même temps que la ventilation est assurée par
le chénel qui laisse filtrer l'air par le toit.
La bergerie
Selon l'importance de l'élevage ovin, la bergerie
peut se confondre avec l’étable. En effet, sa
fonction de logement de bestiaux ne se
distingue extérieurement pas de l’étable.
Intérieurement, des parois mobiles et un rez-dechaussée
surbaissé la fait différer La ventilation
est de la même façon assurée par le chénel.
La remise des productions maraîchères
Uniquement dans la région audomaroise, il
s'agit de constructions charpentées, élevées
sur un soubassement en dur, généralement
en briques. Le bardage en planches à clins
bois, parfois ouvert en partie supérieure, offre
la ventilation nécessaire au stockage des
légumes. Le bardage est badigeonné au
goudron.
CHAPELLES
ET CALVAIRES
Dans l'inventaire du petit patrimoine
bâti rural réalisé en 2001 par le Parc
naturel régional, plus de 180 chapelles
ont été recensées.
Toutes les époques sont représentées
sur le territoire du Parc. Le haut
Moyen-Âge est représenté par Ste
Godeleine à Wierre-Effroy-Londefort.
Pour le XV ème siècle, Notre Dame de
Grâce ou chapelle de Guéémy, sur la
commune de Tournehem, domine le
Mont Saint-Louis. Notre Dame des
Ardents à Seninghem a été érigée en
1604.
Avec le XIX ème siècle, de nouvelles
édifications sont enregistrées, comme
Notre Dame de Bonsecours à Journy
en 1802. Enfin, la dévotion à Notre
Dame de Lourdes favorise
l'implantation des chapelles à la fin du
XIXe siècle et après la seconde guerre
mondiale, les bénédictins de Wisques
conçoivent et décorent des oratoires
aux lignes nouvelles, en briques,
béton, ou pierre. On les retrouve en
nombre dans l'Audomarois et sur les
contreforts de l'Artois.
L'association régionale pour l'aide à la
restauration des chapelles et des
oratoires (ARARCO -
Tél 03 20 55 20 28) œuvre pour leur
sauvegarde et leur mise en valeur.
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 37

• Le Parc naturel régional
• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
38 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Les pigeonniers
Le pigeonnier est une construction intégrée au
sein même de l’exploitation, qui abrite dans son
intérieur les pigeons logés par couples et par
nids. La colombiculture est l’élevage des
pigeons de chair et d’agrément. Cet élevage
présente un double intérêt pour les
exploitations agricoles : d’une part, il constitue
une réserve alimentaire pour la consommation
domestique, d’autre part, il produit des fientes
utiles pour la fertilisation des terres.
Nombreux à l’ouest du Parc Naturel Régional
des Caps et Marais d’Opale, surtout en pays
Boulonnais, dans les exploitations moyennes et
grandes, les pigeonniers tendent à se raréfier
dans la partie sud de la région artésienne du
Parc, où ils ne font plus l'objet d'une
construction spécifique. Les pigeons sont alors
accueillis dans des aménagements sommaires
(loges de bois, greniers).
L’ORGANISATION DU PIGEONNIER
Les couples de pigeons sont logés dans des
cases, soit qu'elles soient simplement en bois
pour les caisses les plus sommaires, soit qu'elles
tapissent entièrement les murs intérieurs du
pigeonnier, constituant alors des «boulins».
Montés sur une structure en bois, les boulins
sont le plus souvent réalisés en torchis ou en
bois. Il peut encore s'agir de paniers d'osier fixés
à la maçonnerie ou très rarement de poteries
(un exemple à Samer).
Pour la visite des nids, l'emploi d'une échelle
est nécessaire. Celle-ci peut être portative,
fixée sur le mur extérieur d'une dépendance,
ou montée sur pivot pour les constructions
plus prestigieuses.
L'élégance d'un pigeonnier tient d'abord dans sa
forme et sa qualité constructive. Cependant, il
est possible de distinguer quelques éléments,
objets d'un soin particulier : corniche à redents,
association de matériaux, date de construction
gravée sur la clef de la porte du rez-de-chaussée
ou inscrite dans les formes des ancres de
ferronnerie, encadrements de porte ou de grilles
d'envol ouvragés…
LES PIGEONNIERS-CAISSES
Les formes les plus sommaires ou « caisses » se
rencontrent dans les exploitations modestes, ou
celles construites en pan de bois et terre .
Pigeonnier sur perche
Une grosse caisse de
bois couverte à deux
ou quatre pans, voire
même un tonneau
goudronné compose
un abri rudimentaire…
L'ouvrage est généralement
placé au milieu
de la cour, à côté ou
au centre du tas de fumier, son pied baignant
dans la mare. Il reste très peu d'exemples de
ce type dans le Parc (Nielles-les-Bléquin,
Polincove, Hocquinghen, Longfossé,
Bainghen…).
Plus sommairement encore, des loges de bois, à
plusieurs casiers juxtaposés ou superposés, sont
accrochées en façade, sous un débord de
toiture ou sur un pignon.
LES PIGEONNIERS SOUS TOIT
DITS «ATTENANTS»
OU «SUR DÉPENDANCES»
Lié à d'autres constructions , il est dit soit «sur
dépendances», soit «attenant» à un corps de
l'habitation ou de l'exploitation. Il prend
couramment la forme d'une petite tour.
Son implantation répond toutefois à certaines
règles :
- le pigeonnier «sur dépendances» s'établit au
centre d'une dépendance agricole qu'il
surmonte pour composer couramment un axe
de symétrie.
- le pigeonnier «attenant» est placé à l'extrémité
d'une construction, qu'il finit élégamment. Dans

ce cas, il cadre l'entrée de la cour, un angle
ouvert entre deux bâtiments, une échappée
vers les pâtures.
La partie en rez-de-chaussée peut abriter un
cellier, une cave, une remise ou un poulailler.
Parfois voûtée, elle compose une pièce peu
ouverte sur l'extérieur (une porte). L'accès à
l'étage s'effectue avec une échelle extérieure ,
une échelle ou un escalier de bois intérieurs.
Les plus récents, édifiés à la fin du XIX ème siècle,
en briques, s'intègrent dans une typologie de
construction en briques et traduisent la
banalisation des styles et des techniques de
cette époque.
PARTICULARITÉS
Le pigeonnier-porche
L'accès à la cour de
l'exploitation s'effectue
sous un grand
porche avec arc cintré.
Le pigeonnier
vient prolonger l'ouvrage.
A Audembert,
le pigeonnier
lui-même est coiffé
par un petit toit en
bâtière. Il existe une
petite porte latérale.
Il vient donner de l'épaisseur
au porche.
A Guînes, le pigeonnier
surmontant le porche tend à former une
tour carrée.
Le pigeonnier-tourelle de manoir
Une tourelle accolée au manoir peut abriter,
en dernier lieu, au dessus des pièces de
services ou d'un escalier à vis, le pigeonnier.
La construction est plus ou moins engagée
dans la maçonnerie principale avec laquelle
elle fait corps.
LES PIGEONNIERS DITS AUSSI
«À FUIE» OU «À VOLÉE»
Établi sur palier ou sur solives, audessus
d'une étable ou d'un
cellier, œ type de pigeonnier
peut accueillir jusqu'à 200
boulins (400 pigeons).
Les trous de boulins sont
pratiqués dans la partie
supérieure des murs
goutte-reaux des
bâtiments d'ex-ploitation.
Quelques rares exemples
montrent une série de
trous de boulins,
régulièrement espacés,
alignés et soulignés.
Un cordon larmier, sur
toute la longueur d'une
façade, introduit un
rythme tout à fait
particulier dans une
construction dont le
seul but est d’être fonctionnel (Ouve-
Wirquin).
LES PIGEONNIERS ISOLÉS DITS
ENCORE «PIGEONNIERS DE PIED»
Ils sont très nombreux dans les fermes du
Boulonnais où ils semblent constituer un
typologie particulière. Les pigeonniers les
plus exceptionnels sont liés aux
dépendances de châteaux, de maisons
seigneuriales ou d'abbayes. Leur
implantation dans la cour des fermes
moyennes et grandes, répond à une
composition d'ensemble ou est déterminée
par les besoins de circulations usuelles au
sein de l'exploitation.
Le pigeonnier isolé est très souvent une
solide construction en briques ou pierres
couverte d'un toit à deux ou quatre versants.
Couramment établi sur un plan
quadrangulaire, circulaire ou
polygonal, il forme une tour dont
la qualité architecturale peut
faire l'objet d'une recherche
d'esthétique très affirmée
ou, au contraire, s'intégrer
totalement au caractère
frustre des autres bâtiments
de l'exploitation.
Il comporte au moins deux
niveaux. Le rez-dechaussée
peut être affecté
à une autre fonction
(remise d'outillage, remise
de grain, puits...) pour
mieux s'élever en hauteur
et s'écarter des attaques
des prédateurs.
LES COLOMBIERS :
UNE VIEILLE
HISTOIRE
Le droit du colombier date de
l’époque carolingienne. Privilège
inscrit dans le seul droit coutumier
des seigneurs et des abbayes, il est
proportionnel à la surface des terres
possédée. De celle-ci découle le
nombre de pigeons autorisés à être
élevé. Plus le pigeonnier est
imposant, plus grand est le nombre
de pigeons qu’il accueille, plus
grande est la puissance du
propriétaire. C’est ainsi qu’il joue le
rôle symbolique en consacrant, aux
yeux de la population, la richesse et
la respectabilité du propriétaire.
La Révolution Française a aboli le
droit des colombiers mais leur
construction a perduré jusqu’à la fin
du XIX ème siècle pour symboliser la
richesse patrimoniale. Usuellement,
le terme de «pigeonnier» est préféré
à celui de «colombier».
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 39

• Le Parc naturel régional
• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
40 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Les puits et flots
LOCALISATION DANS LE PARC
La présence de l'eau conditionne
l’implantation de foyers humains. L’eau est le
plus souvent puisée dans le sous-sol. Sur les
plateaux, à sous-sol crayeux, les puits sont
rares, profonds, puisqu’il faut creuser pour
atteindre la nappe d'eau. Dans les vallées
intérieures de l’Artois et en façade littorale, là
où les petites nappes d’eau ne manquent pas,
là où l’eau est facilement atteinte, chaque
habitation-exploitation possède son puits.
Certains points d'eau peuvent être partagés
collectivement : un puits collectif, un flot
communal… La citerne peut représenter un
substitut fort utile qui évite les déplacements
des porteurs d’eau.
Le puits est une infrastructure simple,
composé :
- d’un conduit creusé, puis maçonné en soussol
pour contenir les éboulements, qui
atteint le niveau de l’eau
- d’une margelle dépassant légèrement le
niveau du sol
- d’une superstructure qui supporte le
mécanisme de levage (treuil, chaîne…)
La forme du fût peut être circulaire ou ovoïde.
Le fut peut être en maçonnerie de pierre, de
briques, souvent en silex ou directement taillé
dans le banc de craie ou de pierre du sous-sol
(au moins à partir d’une certaine profondeur).
La forme construite du puits varie selon sa
localisation géographique et on peut, à ce
titre, distinguer deux grandes typologies de
superstructure dans le territoire du Parc
Naturel Régional des Caps et Marais d’Opale :
- une simple bâtière dans l’Artois
- un puits voûté en forme d’ovoïde, de cône
ou de pyramide, généralement à l’ouest du
territoire et plus particulièrement au nordouest
- un puits construit comme un appentis ou un
petit édifice isolé.
A côté de ces typologies, il existe des puits
plus ouvragés.
LE PUITS INDIVIDUEL
Le puits est situé dans la cour de l'exploitation,
proche de l'habitation. Il est construit à distance
des étables, des dépôts de fumier, des latrines
et fosses d’aisance pour que l’eau ne soit pas
altérée par des infiltrations.
Le puits en bâtière
La superstructure est composée de deux
versants (forme en bâtière), dont l'un est ouvert
par une petite trappe (portillon en bois). Il peut
être structuré de diverses manières :
- deux pignons maçonnés avec deux versants
fermés par des planches goudronnées
- être maçonné totalement (briques, moellons
tout-venant…)
- être charpenté totalement avec une petite
charpente en chevalet couverte de planches de
bois brutes.
Le puits voûté
Son plan est de
forme circulaire
principalement. La
superstructure est
maçonnée, en
grès ou moellons
tout-venant et silex
grossièrement assisés,
ou en briques.
Une ouverture
d’accès est réservée
dans le mur,
éventuellement
fermée par un portillon
en bois.
Le puits est terminé par une voûte intérieure en
encorbellement ou «tas de charge», plus ou
moins régulière.
Les couvertures varient, ce qui permet de distinguer
différentes formes, allant de la forme
d’obus à celle d’un cylindre avec une couverture
conique ou bombée. Le sommet peut être
terminée par un épi sculpté en pierre (boule).
Cette forme peut être isolée ou intégrée à un
mur de clôture, ou accolée à un bâtiment.

Le puits construit
comme un
appentis ou un
petit édifice isolé
Son plan est de
forme carré ou rectangulaire.
L’édifice
est maçonné, en grès
ou moellons toutvenant
ou en briques,
percé d’une
baie fermée par une
porte ou un portillon en bois. La couverture
est similaire aux autres dépendances qui forment
l’exploitation, avec un seul versant pour
un appentis accolé à une façade, à deux ou
quatre pentes pour un puits isolé.
Les puits ouvragés
Ils sont l’objet d’une
recherche particulière
d’intégration (construction
similaire au
reste des bâtiments
d’exploitation) ou de
valorisation (construction
de grande échelle
ou d’un style particulier).
Ils sont, en général,
isolés ou peuvent être
attenants à d’autres
bâtiments.
LES ACCESSOIRES
Le mécanisme de levage est souvent une
simple manivelle coudée, qui sort de l’édifice.
Les maçonneries peuvent être badigeonnées
au lait de chaux comme le reste des bâtiments
formant l’exploitation.
Le portillon est peint d’une teinte qui reste, en
général, coordonnée avec celle de l’ensemble
des menuiseries.
Aujourd'hui
Après l’alimentation courante en eau
potable, le puits a perdu de son
importance.
Devenu inutile, jugé parfois encombrant
dans l’espace de circulation de
l’exploitation, il est souvent arasé au niveau
du sol, clos par une dalle de béton. Au
mieux, une pompe à bras permet toujours
de puiser l’eau.
LE PUITS COLLECTIF
Dans des contextes difficiles (village sur un
plateau, nappe d’eau située à grande
profondeur), le puits collectif ou communal
se substitue aux puits individuels en
répondant à l’ensemble des besoins en eau
du village. Il est donc implanté de sorte à
être rapidement accessible de tous : soit à la
croisée des chemins, ou à proximité d'une
Quesques
voie, soit en position centrale sur la place
du village. Il est quelques fois associé à un
réservoir.
Le puits collectif est souvent établi sur un plan
proche du carré, de dimensions conséquentes.
Un soubassement maçonné supporte
généralement une charpente en bois.
La construction peut être totalement fermée sur
ses quatre faces par un bardage fait de planches
de bois, avec un accès par un portillon, ou
laissée à l’air libre (structure apparente).
La toiture est à quatre pentes ou en bâtière,
symétrique ou asymétrique. Elle est couverte en
chaume de paille ou de planches goudronnées.
ACCESSOIRES/ELEMENTS DE
DECOR/FINITIONS
Le mécanisme (treuil en bois ou en fer) est
souvent actionné par une double manivelle ou
par une roue à bras. Dans certains cas, les
lourdes charges d’eau (jusqu’à 50 litres) peuvent
être remontées à la surface à la force d'un cheval,
tirant sa charge au collier (témoignage oral -
ferme de l’Eperche à Samer).
Aujourd'hui
A la base, d’architecture similaire à celle
des puits individuels, les puits collectifs
bénéficient parfois d’une reconstruction
plus ambitieuse avec une structure de
pierre de taille, parfois travaillée, ou d’une
structure de brique, souvent de plan carré
(cf. Quercamps)
LES FLOTS
En pays boulonnais, l’affleurement
de certaines sources permet, en plus
du puits, le creusement d’un flot à
usage privé à l’intérieur même des
murs d’une exploitation, pour
l’abreuvement des bêtes.
A une échelle collective, quelques
villages possèdent un flot qui
constitue l'abreuvoir communal.
Souvent creusé au point le plus bas
de l'agglomération, pour capter au
maximum le ruissellement des eaux
de pluie, le flot constitue un précieux
réservoir d'eau en cas d’incendie, là
où ne passe pas de cours d'eau.
Ces flots existaient également
nombreux sur le plateau pour
remédier à l’absence de puits ou
cours d’eau, servant à abreuver le
bétail (Quercamps, Leulinghen…).
Le lieu est sommairement aménagé,
le sol terrassé en deux pentes
douces opposées.
Les flots particuliers sont abondants
dans le Boulonnais. Si le flot
communal ne sert plus de point
d'abreuvoir, il peut encore procurer
une aide secourable lors d'incendie.
Le flot communal est un objet
patrimonial perdu (comblé le plus
souvent). Il reste parfois encore
perceptible par la présence d’un
muret maçonné qui accompagne
une dépression colonisée par une
végétation spontanée.
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 41

• Le Parc naturel régional
• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
42 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Les éléments de clôture
Les bâtiments d'exploitation, murs, haies
se combinent pour former des clôtures
qui assurent la fermeture de la cour de
l'exploitation agricole.
Dans le Boulonnais, la clôture n'est pas
continue autour de la propriété : les
angles entre bâtiments d'exploitation
restent largement ouverts sur les pâtures.
Dans le Haut-Artois, l'effet de clôture est
plus construit. Cependant, sur l'ensemble
du territoire du Parc,
l'exploitation est rarement complètement
fermée.
LES MURS DE CLOTURE
Les murs de clôture sont construits dans les
matériaux exploités localement (moellons de
grès, silex ou briques), en harmonie avec les
bâtiments de l'exploitation. Le faîte du mur est
la partie la plus sensible par où les eaux de pluie
peuvent s'infiltrer et faire éclater les
maçonneries. Le mur est donc chaperonné par
une forme en bâtière réalisée dans le même
matériau qui précipite l'écoulement de l'eau.
Tantôt, il est constitué de tuiles faîtière demirondes
ou de pannes, juxtaposées et scellées à
bain de mortier de chaux. Tantôt, deux rangs de
briques scellées à chant forment le
couronnement en bâtière. Lorsque les murs sont
hauts, des chaînages droits, en pierre de taille sont
intercalés.
Dans les villages, une grille de ferronnerie scellée
sur un muret bas peut clore une petite propriété
sans la masquer depuis l'espace de la rue.
Un dispositif astucieux peut permettre de
franchir un muret de pierre : quelques pierres
plates ou, à l'inverse, des creux laissés dans le
corps de la maçonnerie, aident au
franchissement (cimetière d'Audresselles).
LES ENTREES
L'entrée dans la cour est généralement soumise
dans sa disposition pour que la surveillance
puisse s'exercer depuis la salle commune de
l'habitation. Elle s'effectue souvent par un angle
ouvert entre deux bâtiments ou fait face à
l'habitation. L'entrée de la cour est contrôlée
soit par un porche charretier, soit par une
barrière.
LES PORCHES
L'accès à la cour est parfois contrôlé par un
porche charretier. S'il est assez rare dans le pays
boulonnais, il devient plus courant dans le
Haut-Artois.
Le porche est construit à la mesure du passage
des animaux et du matériel requis par la
production agricole.
Plusieurs types sont observés :
- le porche charretier est un passage percé au
travers le volume d'une grange, protégé par sa
toiture et fermé par une barrière traditionnelle
à claire voie ou un grand portail en bois. Cette
disposition permet d'engager les chariots
agricoles sous le comble de la grange, d'y
stationner à l'abri pour engranger la récolte sur
les côtés et d'y remiser les véhicules. Le grand
portail de bois, plein et opaque, peut intégrer
une porte piétonnière découpée dans l'un des
deux vantaux et/ou un lattis à claire-voie en
partie supérieure pour faciliter son ouverture
par grand vent. A la fin du XIXème et début XXème siècle, le portail de bois à deux battants cède

Seninghem
le pas aux portes montées sur un rail qui
présentent les avantages d’offrir une
moindre prise au vent et de n'empiéter ni sur
l'espace de la rue, ni sur le passage
charretier.
- le porche est accolé au pignon d'une
dépendance agricole ou de l'habitation.
(Seninghem, Remilly-Wirquin…). Ce type de
porche relie souvent des constructions
présentant pignons et murs arrières sur la
rue. Certains, très rares, sont construits en
torchis, nécessairement abrités par une
toiture en bâtière et associés à un grand
portail de bois massif. D’autres, vus dans la
partie artésienne du Parc, sont taillés dans
un pan de maçonnerie associant briques et
craie, dans le prolongement des murs
gouttereaux des dépendances. Ceux-ci
comportent deux ouvertures : l’une très
large en anse de panier pour le passage des
véhicules, l’autre plus réduit pour le passage
des piétons.
LA BARRIERE DOMESTIQUE
La barrière domestique contrôle l'accès à la
cour. Son dispositif à claire-voie et à hauteur
d'homme laisse transparaître les activités de la
cour de ferme depuis l'espace de la rue. Elle est
surtout placée :
- sur un angle ouvert, formé entre deux bâtiments
disposés perpendiculairement
- entre deux bâtiments disposés en prolongement
l'un de l'autre
- sous un porche charretier, taillé dans le volume
d'une grange ou accolé à un pignon
- dans le Boulonnais, il n'est pas rare de l'observer
à l'entrée d'un long chemin bordé d'arbres,
qui mène à la ferme située au milieu de
ses terres.
La barrière est traditionnellement composée de
deux battants, associés à des poteaux de bois ou
des pilastres maçonnés, placés sur l'angle pour
optimiser l'ouverture. Elle est construite en bois
avec des assemblages à tenons et mortaises.
Chaque battant porte trois traverses associées à
LES ABORDS DES
ENSEMBLES BÂTIS :
LA VÉGÉTATION
Utilisé dans les clôtures, comme
source de matériaux pour le
chauffage, la construction, la
fabrication d'outils, les essences
végétales locales participent à la
construction du paysage et à
l'intégration du patrimoine bâti dans
ce paysage.
Cultivée dans le verger ou le
potager, elle est étroitement
associée à l'habitation-exploitation.
Les fruitiers en espaliers habillent les
murs du jardin, les arbres en tige ou
demi-tige structurent les allées.
LES HAIES ET CLÔTURES
DES CHAMPS
Les haies végétales, libres ou taillées
contribuent à clore les vergers,
potagers et plus souvent les pâtures
de l'exploitation.
On peut notamment citer :
- les haies vives épaisses avec arbres
de haut-jet, frênes et ormes, étaient
régulièrement exploités en rotation
de 3 à 6 ans
- les haies plessées ou tressées et
ployées (charme, aubépine,
prunellier...)
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 43

• Le Parc naturel régional
• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
44 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Les éléments de clôture (suite)
un remplissage de lattis à claire-voie, plus dense
dans la partie inférieure. La traverse haute suit
des formes variées, droite, légèrement à franchement
cintrée.
Mais l'ouvrage peut aussi combiner le bois,
pour le cadre des battants, et le fer pour le
remplissage. Dans ce cas, le rideau de tiges en
fer rond perce la traverse intermédiaire.
L'ouvrage est complètement réalisé en
ferronnerie sur le même schéma. Le système de
rotation est simple, à base de ferrures : un
collier plat supporte la partie haute du battant
tandis qu'un sabot en fer plat pivote dans la
crapaudine, au sol. Enfin, la barrière suit la
couleur dominante des portes de l'exploitation.
Plus ordinairement, elle est peinte en blanc.
LES PILASTRES
Les pilastres sont construits en pierre ou en briques
et coiffés d'un traditionnel chaperon. En
Artois, les pilastres de craie sont généralement
des ouvrages de belle facture, avec des épis
ouvragés et des pierres taillées (Landrethun-les-
Ardres, Alquines...) alors que dans le
Boulonnais, les pilastres de grès sont bruts.
QUELQUES PARTICULARITÉS
De manière particulière, les pilastres ou porches
des manoirs boulonnais affichent ostensiblement,
pour certains, leur vocation défensive
avec la présence de boulets de canons posés
en ornements de maçonnerie ou des fûts de
canons fichés dans le sol en guise de bornes
chasse-roues (Manoir d'Houlouve/Wimille).
Des petits tourniquets de cimetière sont encore
visibles dans quelques communes (Pernes-les-
Boulogne).
Aujourd'hui
Les barrières standardisés, en PVC ou en
acier laqué, tendent à supplanter la barrière
domestique traditionnelle qui demande au
même titre que les menuiseries un minimum
d'entretien (peinture). Cependant, il existe
des artisans-menuisiers locaux tout à fait
capables de réaliser des barrières à. partir
des modèles anciens, encore très courants.
LES CLOTURES DE CHAMPS
Les barrières de champs
Ce type de barrière est de facture rustique à base
des pièces de bois brutes récoltées aux alentours.
A l'inverse de la barrière domestique, elle
est constituée d'un seul battant. Le fut d'un arbre
adulte pivote sur un poteau principal, lui-même
un tronc d'arbre coupé. La partie de la souche en
boule, lestée souvent d'une pierre , est placée en
contrepoids pour équilibrer l'ensemble.

La claire-voie, au dessous, est réalisée de grosses
lattes (bois fendus) à tenons mortaises dans
le tronc, reliées par deux ou trois traverses horizontales.
L'ensemble est raidi par une pièce en
écharpe. Elle est posée sur une fourche ou un
tronc d'arbre coupé.
Ce système archaïque, maintenant rarement visible,
a été adapté sous une forme plus travaillée :
le corps de la barrière est toujours pendu sous
une traverse principale horizontale, est portée
par un montant vertical lui même articulé en tête
et au pied sur un poteau. L'ensemble est toujours
raidi par une pièce en écharpe.
PARTICULARITÉS
Dans les marais, on passe d'une pâture à l'autre
en suivant les watergangs et en escaladant
une sorte de marche-pieds de bois fait
d'une planchette traversière, par un tourniquet
ou par une petite barrière dont l'axe
oblique le fait se refermer automatiquement.
Pour le passage des bateaux chargés des
récoltes à l'endroit où les watergangs coupent
un sentier, des petits pont-levis sont actionnés
depuis la rive par un simple jeu de contrepoids.
PLANTONS
LE DECOR...
Chaque année, le Parc propose aux
particuliers, associations et
communes de bénéficier d'une
commande groupée d'arbres,
arbustes et fruitiers d'essences et
variétés locales.
Cette opération originale permet à
chacun de restaurer ou de créer une
haie traditionnelle, une bande
boisée, un verger… Elle est aussi
l'occasion d'obtenir des conseils
gratuits, de participer à des séances
de formation et d'acquérir des
plants à des prix très compétitifs
avec la garantie qu'ils ont été
produits localement.
Les livraisons ont lieu en décembre
et mars.
Par ailleurs, le Parc a édité un guide
technique du bocage où sont
rassemblées les informations utiles
pour connaître ce paysage
particulier et les essences qui le
composent.
Des conseils pour entretenir et
planter les haies y figurent aussi.
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 45

• Le Parc naturel régional
• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
ABORDS, DEPENDANCES
ET PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
46 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
La faune et la flore liées au patrimoine bâti
Le patrimoine rural bâti constitue un
milieu de grand intérêt pour la faune et
la flore locales. Les charpentes et les
matériaux traditionnels (granges, pigeonniers,
murets…) abrite une partie de ce
patrimoine naturel, totalement soumis
aux conditions de vie humaine. C'est
qu'en effet, certaines espèces y ont trouvé
des conditions particulières, favorables à
leur survie, parfois en substitution à des
milieux disparus ou trop éloignés (zone
rocheuses, montagnes).
LES CHAUVE-SOURIS
Reine de nuit, la chauve-souris est un mammifère
insectivore volant. Ses membres antérieurs,
transformés en ailes,
et sa faculté de repérage
par «sonar» lui permettent
de virevolter
la nuit dans les cours,
entre les massifs boisés,
dans les étables…
à la recherche de sa
proie.
LOCALISATION DANS LA
CONSTRUCTION TRADITIONNELLE
La raréfaction des arbres-creux dans nos
campagnes a poussé les chauve-souris,
notamment les «oreillards», à se réfugier
dans les constructions humaines. Au printemps,
elles établissent leur gîte dans des
endroits chauds comme les greniers tandis
que pendant les périodes estivales, elles
recherchent un abri calme et peu sensible
aux variations thermiques comme une
cave ou un mur fissuré. Elles passeront
l'hiver dans ces mêmes abris, plongées
dans un sommeil léthargique pouvant
durer près de trois mois. Les ouvertures
étroites, très fréquentes dans les bâtiments
anciens, leur permettent l'accès au
gîte :
- les tuiles d'aération et les tuiles faîtières
- les corniches
- les espaces dans des maçonneries de briques
ou de pierres, sous les seuils des
fenêtres, derrière un volet
- les revêtements appliqués sur les murs
(tuileaux, bardage bois…)
- les ouvertures donnants dans les combles
et les charpentes traitées avec des matériaux
inoffensifs (huile de lin, Auro, livos,
Bio-pin, Volvox, Naturemas, sel de bore)
- les fenêtres et les lucarnes condamnées
avec un lattis horizontal de bois non traité,
à claire-voie (5cm).
Les chauves-souris ne causent aucune nuisance
notable. En réalité, leur régime alimentaire
en fait une alliée pour l'homme et
ses activités agricoles : elles débarrassent
des moustiques et des autres insectes indésirables
les alentours des habitations.
POUR MIEUX LES PROTÉGER
L'éclairage des bâtiments (églises, monuments
historiques…) constitue une mise en
valeur du patrimoine culturel mais limite la
fréquentation de ces refuges potentiels par
les nombreuses espèces nocturnes dont
les chauve-souris. Les traitements des bois
de charpente à base de lindane et de toxaphène
sont très nocifs tandis que la
condamnation des petites ouvertures par
du grillage à poules représente une piège
mortel. Une chiroptière peut être facilement
aménagée avec une loge de bois placée
à mi-pente ou dans la moitié inférieure
des pans de toiture.
LES OISEAUX
Localisation dans la construction
traditionnelle
Le Rouge-queue noir, l'Etourneau sansonnet, le
Moineau domestique, l'Hirondelle rustique (ou
hirondelle de chemin) et l'Hirondelle de fenêtre,
le Martinet, le Faucon crécerelle, la Chouette
effraie, le Choucas des Tours, le Pigeon biset
sont des hôtes habitués des milieux bâtis :
- anfractuosités des constructions, au niveau
d'un interstice sombre et étroit, entre le toit et
le mur porteur ( Martinet noir)
- intérieur des bâtiments au niveau des pièces
de charpente des dépendances (Hirondelle
rustique)
- contre les façades, sous les toits ou dans les
encoignures de fenêtres (Hirondelle de fenêtre)
- trous de murs et combles des édifices élevés
(Choucas des Tours)
- clochers, hangars, greniers et pigeonniers
(Faucon crécerelle, Chouette effraie).
Comme les chauve-souris, le régime alimentaire
des oiseaux (insectes et petits rongeurs
pour les rapaces) en fait des alliés pour
l'homme. Leurs allers et venus composent
un ballet aérien et régulier toujours fort
attrayant et apprécié en milieu rural.

POUR MIEUX LES PROTÉGER
Les emplacements favorables à l'installation des
oiseaux manquent souvent dans les nouvelles
constructions. De plus, les déjections liées à
leur présence (salissures sur les façades) font
peu apprécier la présence de ces locataires. Il
existe cependant des nichoirs bien conçus permettant
de minimiser ce désagrément.
L'imperméabilisation totale des surfaces extérieures
(cour macadam…) est aussi un facteur
défavorable à leur installation en rendant difficile
l'approvisionnement en terre pour l'édification
des nids. Surtout, l'utilisation généralisée
des insecticides et le traitement des bois fragilisent
les effectifs.
LA FLORE
Localisation dans la construction traditionnelle
Sur les vieilles constructions, une végétation
parfois luxuriante peut s'installer. Les lichens,
étrange association d'un champignon et d'une
algue, sont parmi les premiers colonisateurs
des pierres et des ardoises. Ces espèces sont
suivies par quelques mousses pionnières. Ces
deux types d'organismes jouent une rôle prépondérant
dans le lent processus de colonisation
végétale. Leur décomposition apporte en
effet la matière organique nécessaire à l'installation
d'espèces plus exigeantes : fougères et
plantes à fleurs.
Les fougères plutôt rares dans la région colonisent
toutefois les vieux murs présentant des
fissures. La Rue des murailles ou la Doradille
fausse capillaire sont parmi les hôtes les plus
fréquents des murs et rochers secs. La
Scolopendre-Langue de cerf se développe
dans les zones ombragées et humides, notamment
sur les bases et fissures de certains
ouvrages hydrauliques en ruine.
Le lierre, espèce à feuillage persistant, forme
des lianes qui s'accrochent aux murs au moyen
de petits crampons.
La valériane rouge se développe sur les rochers
et les murs où ses racines puissantes parviennent
à s'ancrer. Elle est souvent accompagnée
de la Giroflée des murailles, communément
appelée «murailler».
L'Orpin acre ou poivre des murailles est assez
commun sur les replats ensoleillés des vieux
murs.
L'intérêt de la flore des murs
II est bon de retenir que les plantes profitent de
la dégradation d'un mur mais ne provoquent
pas de dégradation supplémentaire. Souvent
même, elles contribuent à stabiliser l'ouvrage.
Le lierre joue un grand rôle esthétique lorsqu'il
masque les vieux murs, mais il a tendance à
accroître les fissures des murs en mauvais état.
Toutes ces plantes colonisant les vieux murs
présentent, certes, un intérêt ornemental.
Surtout, elles offrent un vrai refuge et une
source de nourriture pour une quantité d'animaux
: lézard des murailles, fourmis, araignées,
papillons, petits rongeurs, hérisson,
oiseaux, chauve-souris… Cette végétation particulière
et spontanée participe de l'équilibre
fragile de l'écosystème naturel qu'il est utile de
réserver.
Aujourd'hui, la population voit à tort les méfaits
de cette végétation particulière et tous les
moyens sont parfois mis en oeuvre pour la supprimer
: murs en crépis ou en ciment (toxique
et trop dur pour la végétation). Il vaut pourtant
mieux éviter tout arrachage systématique et
contrôler le développement des plantes les plus
dynamiques. A la construction de murs, un
mortier de chaux à gros sable permet la colonisation
des joints ; pour ceux remontés en pierre
naturelle, des petits trous et interstices sont
utiles pour de nombreux animaux.
UN PETIT COIN DE
NATURE DANS LES
CLOCHERS
Les chauves-souris souffrent de la
disparition de trois éléments vitaux :
les gîtes d'été (en particulier pour la
reproduction), les gîtes d'hiver (pour
l'hibernation) et les terrains de chasse.
La Coordination Mammalogique du
Nord de la France (CMNF) s'intéresse
au sort de ces mammifères volants
qui sont de précieux indicateurs de la
qualité de notre environnement… et
de petits animaux bien inoffensifs !
Sur le territoire du Parc naturel régional,
les prospections ont été lancées
dès 1997 pour mieux connaître les
populations de chauves-souris.
Quand ces colonies sont repérées,
des aménagements sont proposés
pour les protéger. Ainsi, les clochers
sont équipés de sorte à permettre
aux chauves-souris de rentrer, mais
pas aux pigeons ! Parfois, on y ajoute
un nichoir à chouette effraie… Les
grottes sont fermées par des grilles
spéciales pour éviter le dérangement.
C'est maintenant tout un réseau de
gîtes d'hiver et de gîtes d'été qui est
en place sur le territoire du Parc.
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 47

48 I Patrimoine bâti en Caps et Marais d'Opale
Les bâtiments
aux fonctions spécifiques
I PARTIE 3 I

Les manoirs LA VALLÉE
L'histoire agitée du comté d'Artois et de
la province du Boulonnais, dont les
frontières respectives traversaient
jusqu'au XVIIème siècle l'actuel territoire
du Parc, a suscité la création d'un type
d'habitat particulier appelée "manoir".
L'état d'insécurité permanente explique
aussi la construction, jusqu'au XVIIème siècle, de manoirs ou de fermes fortifiées
sous des allures de forteresses
médiévales. Il faut attendre les
perspectives d'une paix durable, avec le
retour de la province d'Artois dans le
Royaume de France et la conclusion du
traité de Nimègue (1678), pour que la
noblesse mi-guerrière, mi-paysanne
retourne à la terre. Manoirs et maisons
fortes peuvent alors délaisser leurs
allures défensives pour concentrer
maintenant toutes les activités d'une
exploitation agricole tandis que le corps
de logis est transformé essentiellement
pour l'apparat ou l'agrément (le confort
intérieur). Les seigneurs les plus aisés, qui
éprouvent le besoin de mener une
existence confortable et mondaine,
distribuent les modestes demeures de
leurs ancêtres entre les fermiers à
l'exception d'une seule sur laquelle ils
concentrent leurs soins et dont ils font
un château(1). Ceux des gentilshommespropriétaires,
qui se distinguent dans
l'armée et côtoient la noblesse ou qui
remplissent une charge administrative et
fréquentent la bourgeoisie urbaine,
deviennent sensibles au style
architectural et à la culture de son
époque qu'ils transposent dans leur
propre maison.
L'USAGE DES MANOIRS
Le manoir est l'habitat d'une personne de rang.
Son titre de propriété seigneuriale est attesté
par des écrits. Le caractère rural ou semi-rural
du manoir est perceptible par l'adjonction
d'une activité agricole ou par la transformation
des bâtiments à cette fin.
LA LOCALISATION
Ils sont répartis diffusément sur l'ensemble du
territoire du Parc. Une concentration des
manoirs est nettement distincte sur le territoire
boulonnais tandis qu'ils sont un genre peu
représenté dans l'Audomarois et le Haut-Artois
où quelques fermes fortifiées et mottes
féodales subsistent aux côtés de demeures
véritablement bourgeoises (Recques-sur-Hem :
Cocove). Quelques éléments expliquent cette
répartition inégale, avec :
- l'absence de grandes villes et de la bourgeoisie
disposée à investir ses capitaux dans la terre et
la construction
- le défaut de forêts giboyeuses, qui attirent la
noblesse
- la colonisation récente de la Plaine Maritime
Flamande avec notamment la conquête des
terres maresques, aux environs même de
Saint-Omer...
- la géographie des matériaux de construction
avec une bonne pierre à bâtir, rare en Artois.
II faut atteindre les bordures du marais et
attendre les premières hauteurs pour constater
l'implantation des quelques châteaux
médiévaux (Tilques : château d'Ecou,
Tournehem-sur-Hem, Eperlecques : Ganspette)
ou manoirs (Nordausque : Ferme de Welle) qui
nous parviennent aujourd'hui..
Le manoir est généralement construit sur un site
géographique défensif, soit qu'il contrôle un
point de vue en surplomb d’une voie de
communication ou de pénétration, soit qu'il
s'abrite et devient difficile à conquérir. Il est
souvent isolé en campagne.
POUR UNE TYPOLOGIE
Un manoir peut qualifier une maison
accompagnée de dépendances et dotée
d'organes protecteurs rudimentaires, clôtures,
fosses... Par opposition, le château est un
organisme complexe et étendu, fortement
armé dont l'enceinte abrite d'assez nombreux
DES CHÂTEAUX
La vallée du Wimereux recèle, audelà
de nombreux manoirs, de
superbes châteaux de plaisance
édifiés à partir de la seconde moitié
du XVII ème siècle.
Ces châteaux sont bien
reconnaissables et gardent des
caractéristiques semblables :
simplicité des volumes, logis
rectangulaire encadré de deux ailes
en avancée, toit à longs pans ou toit à
la Mansard, et grande symétrie des
façades.
Les châteaux de Souverain-Moulin,
Colembert, Fouquehove,
Lozembrune, Valembrune, du Petit
Denacre, se découvrent parfois lors
des journées du patrimoine, ou dans
le guide architectural de la vallée du
Wimereux, publié par le Parc.
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 49

• Le Parc naturel régional
• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
50 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Les manoirs (suite)
bâtiments dont un donjon (Château d'Hardelot
à Condette…).
Enfin, le manoir se distingue de l'habitat
domestique environnant par sa taille élevée;
cependant, ce critère ne suffit pas à le qualifier.
C'est une sobre combinaison de signes
architecturaux distinctifs qui le compose :
- un étage
- présence d'au moins une tour
- un appareillage soigné en pierres de taille, grès
ou craie, ou en briques
- une qualité d'encadrement des baies
- des motifs en bas relief apposés en façade
principale
- fortes pentes de toiture…
Si les manoirs les plus archaïques évoquent très
visiblement l'univers médiéval avec un aspect
austère, d'autres offrent une vision moderne de
la maison de plaisance. Les manoirs du
Boulonnais conservent une typologie bien plus
marquée et unitaire que dans le Haut-Artois et
dans l'Audomarois. Or ce type d'habitat nous
parvient le plus souvent après reconstruction,
restauration, agrandissement…
L'IMPLANTATION ET L'ORIENTATION
DU LOGIS
Le manoir tourne généralement le dos à la
nature de sorte qu'il présente des murs
aveugles et protecteurs sur l'entrée ou sur
l’extérieur.
L'orientation de la façade principale du logis au
sud ou au sud-est, sur la cour d'exploitation,
reste l'expression la plus manifeste d’une
économie rurale. Cette disposition vise à
protéger l'exploitation agricole que le manoir
commande.
ORGANISATION
L'organisation d'un manoir reste à l'image d'une
petite forteresse et d'une habitationexploitation.
Toutefois, l’organisation médiévale
peut rester perceptible dans le plan avec une
cour, une basse cour et une enceinte parfois
défendue par un pont-levis, des courtines, des
fossés, des murailles noyées par la dérivation
d'un bras d'eau ou une source...
Le logis reste lui, à l'image de l'habitationexploitation
traditionnelle. La porte d'entrée du
manoir ouvre directement sur une seule pièce,
la salle commune, réduite et obscure dont le
confort rudimentaire se limite à la présence
d'une vaste cheminée en pierre. Cette pièce est
souvent voûtée en petits berceaux parallèles
dressés sur poutres de chêne posées en biais. A
l'étage, les chambres vastes et spacieuses sont
plus éclairées et aérées qu'au rez-de-chaussée;
elles se commandent l'une l'autre ou donnent
toutes sur une pièce centrale. Une tour abrite
des pièces de service, plus communément, un
escalier à vis qui dessert les chambres d'étage.
Elle est occupée au point le plus haut par une
pièce de service ou un colombier.
LA CONSTRUCTION
• les murs
La composition de la maçonnerie varie selon la
nature géologique du sous-sol environnant : les
grès et calcaires durs dans le Boulonnais offrent

aux constructions une allure rustique tandis
qu'en Artois, la craie est d'un usage courant.
Chacun de ses matériaux est diversement
associé au silex (soubassements) ou à la brique.
Ainsi dans l'Artois, la craie peut alterner avec
des assises de briques.
Sur le territoire du Parc, l'utilisation exclusive
de la brique semble toutefois exceptionnelle
car bien moins courante que la pierre. En
Boulonnais, il existe quelques manoirs
reconstruits en brique à partir d'un
soubassement en grès du XVI-XVII ème siècle, la
brique étant ici considérée comme un
matériau de prestige (Senlecques,
Neufchâtel, Tingry, Doudeauville...). D'usage
plus tardif, elle désigne
souvent une restauration
ou une reconstruction.
En Artois, c'est vers
1850 que l'usage de la
brique tend à se
substituer à celui de la
craie. En grande
majorité, le rapport des
parties maçonnées
pleines dominent les
parties vides et l'élévation en hauteur du
manoir, généralement sur deux niveaux,
constitue l'un des premiers moyens défensifs,
renforcé par d'autres : mâchicoulis,
échauguette, épaisseur des murs, murailles,
courtines… Les dépendances peuvent être
simplement élevées en pans de bois et terre.
• les baies
L'organisation médiévale
peut rester perceptible
avec une
rareté des ouvertures
et la présence de
meurtrières ou d'archères
comme
moyens défensifs. La
qualité d'encadrement
des baies, en
pierre de taille, s'exprime le plus visiblement
dans la porte d'entrée, souvent en plein-cintre
avec piédroits appareillés, à un vantail en
bois plein.. Les quelques fenêtres du rez-dechaussée,
de forme étroite, sont défendues
par une solide grille de fer. Certaines baies
d'étage montrent encore des croisées à
meneaux. Les lucarnes architecturées sont
d'époque plus tardive.
• la toiture
La toiture est en bâtière suivant une inclinaison
comprise entre 50 et jusqu'à 60° environ,
sans coyau prononcé. Les tuiles plates
ont quasiment disparu au profil de la panne
flamande ou de l'ardoise des Ardennes.
• quelques éléments distinctifs
Le signe le plus important tient dans la présence
d'au moins une tour, qui témoigne
souvent de la construction d'origine et porte
encore les traces des dispositifs défensifs
(meurtrières, mâchicoulis, échauguette, couleuvrières,
archères...). La tour est apposée
en façade sur plan polygonal, rond ou carré.
Plus rarement, elle est construite en encorbellement
à partir de l'étage. La présence
d'autres tours, devenues dépendances agricoles
ou remises, témoignent de la présence
d'un éventuel mur d'enceinte.
Le pigeonnier de pied, isolé au centre de la
cour, constitue la dernière tour de prestige.
• les annexes
La manoir associe tout bâtiment relevant
d'une activité agricole et propre au statut
d'une exploitation-habitation: écurie, étables,
granges, puits, fournil, porcherie, buanderie,
jardin-potager, verger clos de murets... La présence
d'une chapelle castrale est exceptionnelle.
Le droit féodal peut encore accorder
en qualité d'annexes un moulin, un pressoir…
associé au manoir ou même éloigné géographiquement.
Evolution
Au XVIII ème siècle, les transformations du
logis portent sur l'agrément et sur
l'apparence. Le manoir, quand il est
transfiguré en une conception moderne
de la gentilhommière, offre alors un tout
autre aspect avec des façades équilibrées
et largement percée de luxueuses baies
régulièrement ordonnées.
Le logis s'agrandit, les constructions
annexes à vocation défensive sont
converties en dépendances et bâtiments
utilitaires... De nos jours, le manoir a
souvent conservé sa vocation rurale
d'exploitation agricole.
LE CHÂTEAU
D'ACQUIN :
UNE RENAISSANCE
L'imposante bâtisse de craie, assise
au cœur du village et appelée ferme
fortifiée, est en réalité un fort édifié
de 1412 à 1416 en pleine guerre de
Cent Ans pour se protéger des
exactions des anglais. Victime des
conflits, délabrée, abandonnée, elle
fut acquise au début de ce siècle par
un particulier qui a mené avec l'aide
du Parc, et l'assistance d'un architecte
du patrimoine, un long travail de
restauration et d'aménagement.
Cette action a été labellisée par la
Fondation du Patrimoine.
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 51

• Le Parc naturel régional
• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
52 I Patrimoine bâti en Caps et Marais d'Opale
L'habitat des marais
Les marais de Guînes et de Saint-Omer
sont des territoires remarquables du Parc
naturel régional. Leurs paysages, d'une
grande richesse écologique, ont
pourtant été façonnés par l'homme
depuis 10 siècles et leur mode de
gestion a engendré un type d'habitat
spécifique.
L'habitat des marais :
la maison du maraîcher-tourbier et de
polyculteur
LA DESTINATION
Les maraîchers viennent se fixer dans le marais
pour y cultiver des terres favorables à la
production légumière. Dans ce même secteur, la
tourbe est exploitée comme combustible de
chauffage.
LA LOCALISATION
Ce patrimoine, encore très présent dans la vaste
étendue du marais audomarois (communes de
Claimarais, Eperlecques, Salperwick, Saint-Omer,
Serques et Tilques), devient plus rare dans les
marais de Guines et Andres.
Les maraîchers ont fixé leur habitat dans le milieu
mouvant et incertain du marais (inondabilité), sur
des petits îlots. Dans cet environnement de
canaux et de fossés, la barque, est le mode de
déplacement privilégié jusqu'à l'aménagement
des ponts et chemins de remembrement. Dans le
marais audomarois, certaines exploitations
continuent d'ailleurs d'être uniquement
accessibles par voie d'eau.
LA TYPOLOGIE DU BÂTI
La silhouette générale de l'habitation est toujours
basse et allongée.
L'implantation commune au marais audomarois et
guînois, fixe la façade principale de l'habitation
tournée vers le sud-est. L'habitation est souvent
séparée de la route par un fossé ou canal qu'on
franchit par un ponton.
Dans le marais audomarois, l’habitation est
généralement située perpendiculairement ou
parallèlement au fossé. Dans le marais guînois,
l’habitation est située perpendiculairement au fossé.
Dans le marais audomarois, l'habitationexploitation
est organisée sur une ligne simple
avec une grange apignonnée à l'habitation. Un
appentis appuyé en pignon de l'habitation du côté
du fossé ou canal. Un autre appentis peut être
ajouté sur l'arrière de l'habitation. Dans le marais
guînois, l'habitation-exploitation est à ce point
modeste qu'elle peut se réduire à une habitation
élémentaire avec appentis.
LA CONSTRUCTION
• Les fondations et murs
Une semelle profonde et large compense la faible
portance du sol fangeux du marais. Dans son
prolongement, la force épaisseur du
soubassement en briques permet d'asseoir
solidement la construction.
Les murs sont élevés en pans de bois et terre, des
matériaux dits «pauvres» et «crus», disponibles en
quantité sur le marais. Plus tardivement, dans le
marais audomarois, ils sont élevés en briques.
Quelques linteaux de bois encore apparents
désignent les constructions les plus modestes.
Maison audomaroise Maison guinoise

Chaque façade est badigeonnée au lait de chaux.
La base des murs (soubassement) est
badigeonnée de goudron. Le traitement des
pignons présente des différences selon la
localisation géographique de la construction :
- dans le marais audomarois, les pignons
maçonnés et couverts supportent chacun un
conduit de cheminée. Le pignon le plus exposé
présente parfois des rampants saillants.
- dans le marais guînois, les exemples les plus
représentatifs montrent deux pignons à pans de
bois et terre sous le couvert des croupes de la
toiture principale.
• Les baies
Les fenêtres sont composées en général de deux
battants à 3 carreaux, avec contrevents faits de
simples planches de bois assemblées soit par 2 a 3
barres transversales, soit en tête par une traverse
haute, à pivot et/ou barre d'acoupellement. Les
portes sont pleines, surmontées d'une imposte, et
peuvent parfois être composées de 2 battants
superposés
• La toiture
Dans le marais audomarois, les toitures sont en
simple bâtière à versants adoucis par un coyau,
recouvertes de pannes de pays de teinte rougeorangée.
Une cheminée est présente sur chaque
pignon, axée sur la ligne de faîtage.
Dans le marais guînois, les toitures sont à croupes,
avec des versants adoucis par un large coyau. La
cheminée occupe une position centrale, axée sur
la ligne de faîtage.
LES DÉPENDANCES AGRICOLES
Sont à ossature bois posée sur un soubassement
en briques. Le parement extérieur est constitué de
planches à clins clouées sur une charpente en bois
et badigeonnées au goudron sous le couvert de la
toiture en bâtière.
Dans le marais audomarois, la dépendance
agricole est apignonnée à l'habitation, son pignon
est fermé par des planches à clins
Dans le marais guînois, quelques exemples
utilisent la technique de construction en pans de
bois et terre sur un soubassement en briques.
LES ÉLÉMENTS DE DÉCOR
- LA COULEUR
L'utilisation de la couleur est le seul support de
décoration possible : les murs sont badigeonnés
de blanc, ocre jaune ou ocre-rouge, les
menuiseries sont peintes en vert ou marron, les
encadrements en bandeaux sont soulignés par un
badigeon de teinte différente des murs.
UNE PARTICULARITÉ : LA MAISON DU
POLYCULTEUR
Les maraîchers-polyculteurs pratiquent sur leurs
terres les associations de cultures légumières en
fonction du niveau saisonnier des eaux.
L'habitation-exploitation est organisée en trois
parties distinctes, disposés en U autour d'une cour
qui fait face au chemin d'eau («watergang») et au
marais. Les constructions ne sont pas contigües.
L'habitation occupe une position centrale, les
deux dépendances agricoles l'entourent.
Les dépendances sont des constructions isolées, à
ossature bois posée sur un soubassement en
briques.
Le parement extérieur est constitué de planches à
clins clouées sur une charpente en bois et
badigeonnées au goudron sous le couvert d'une
toiture en bâtière.
L'exploitation peut comporter un hangar à bateau
attenant aux dépendances agricoles où isolé.
Maison du polyculteur
Aujourd'hui
La disparition des petites exploitations
entraîne la reprise des maisons de maraîchertourbier
et de polyculteur par une population
non agricole. Certaines sont transformées en
résidences secondaires Le milieu du marais
voit donc se diversifier sa population socioprofessionnelle
en même temps, il perd celle
qui, à l'origine était tout entière dévouée à
l'entretien de son cadre de vie.
LE MARAIS
AUDOMAROIS
Cuvette alimentée par l'Aa, le marais
de Saint-Omer était une terre inculte
noyée de marécages, jusqu'au VIIème siècle.
Vers l'an 800, les moines de l'Abbaye
Saint-Bertin firent dériver les eaux de
l'Aa jusque Arques pour y construire
un moulin.
Vers l'an 905, la haute Meldyck, bras
de l'Aa, est canalisée vers l'Abbaye.
A partir du XIIème siècle, les moines
encouragent la création d'une voie
fluviale à travers le marais ; un canal
joint Saint-Omer à Watten et
Gravelines, donne un rôle
commercial important à Saint-Omer.
A partir de cette époque commence
la mise en valeur agricole du marais.
L'exploitation des terres s'est
effectuée…
Le marais audomarois est lié à la ville
de Saint-Omer, pôle commercial
médiéval important, qui assure un
trafic par voie fluviale avec la Mer du
Nord.
La conquête des terres du marais fort
ancienne s'est effectuée par
défrichement et par drainage avec la
création d'un dense réseau de
chemins d'eau, et régulation des eaux
par vannage et parfois par des
moulins de pompage (système des
casiers). Après l'arrivée du chemin de
fer, la production légumière se
renforce et se spécialise dans la
culture du chou-fleur et de l'endive.
Patrimoine bâti en Caps et Marais d'Opale I 53

• Le Parc naturel régional
• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
54 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
L'habitat des marais (suite)
L'habitat des faubourgs :
la maison du propriétaire-exploitant
Ces maisons particulières sont à la fois l'habitat et
le siège d'une exploitation agricole qui emploie les
journaliers vivant dans leur voisinage.
LA LOCALISATION
Les maisons groupées des faubourgs maraîchers
se localisent à l'interface du marais cultivé et de la
ville, en liaison directe avec un canal pour le
transport des marchandises :
- à l'entrée nord de la Commune de Guînes, au
lieu-dit «Le Batelage»
- dans les faubourgs du Haut-Pont et du Lyzel, à
Saint-Omer.
Les maisons font face au canal, en bordure de
route et sont desservies à l'arrière par voie d'eau.
La présence marquée de l'eau souligne
l'importance portuaire et commerciale des lieux :
- dans le faubourg du Haut-Pont à Saint-Omer, les
bélandres(1) viennent accoster le long des quais
pour charger la production maraîchère des
alentours.
- à Guînes, l'activité portuaire est plus marquée,
essentiellement tournée vers la batellerie, avec
une zone cultivée dans le marais réduite.
L'habitat groupé des faubourgs maraîchers
juxtapose les maisons exiguës des journaliers et
celles, plus cossues des propriétaires-exploitants.
LA TYPOLOGIE
Ces habitations sont de type urbain, assimilable à
la maison de bourg.
Le bâti y est dense et mitoyen. Il est situé en
alignement sur la rue, assurant la continuité et
l'homogénéité du front bâti. Toutefois le paysage
de la rue reste varié par la disparité des gabarits.
L'ORGANISATION
L'habitation du propriétaire-exploitant se distingue
de l'habitat des journaliers par un développé de
façade (plusieurs travées) et un gabarit supérieurs
(rez-de-chaussée + 1 étage + combles).
Les plus larges façades sont percées d'une porte
cochère latérale qui s’ouvre sur la cour et les
bâtiments d'exploitation à l'arrière de l'habitation :
- la cuisine à légumes
- la remise pour les outils
- la grange et l'écurie pour le cheval
- les couches et les châssis pour les semis
- l'entrepôt de marchandises
- le jardin potager et le verger
Un fossé borde la limite séparative arrière. Au delà
du fossé, la cour ouvre sur le marais cultivé plus au
loin.
LA CONSTRUCTION
• Les murs
La façade est dessinée. Elle privilégie
l'ordonnancement vertical. Les baies sont
organisées en travées au nombre de 2 à 5, selon
l'importance de la maison. La porte cochère
latérale compose une travée indépendante.
La construction est une maçonnerie en brique
totalement enduite. Le soubassement est marqué
d'une teinte différenciée et une légère saillie par
rapport au nu de la façade. Chaque façade utilise
une modénature d'enduit ou d'éléments moulurés
en pierre d'où une diversité d'aspect.
• Les baies
Les baies, toujours sont plus hautes que larges,
identiques et répétées, et sont strictement
superposées. Elles sont hiérarchisées avec une
diminution progressive des hauteurs de baies
depuis les plus hautes au rez-de-chaussée au plus
basses, à l'étage. Les fenêtres sont à 2 ouvrants, à
grands bois, avec ou sans imposte vitrée selon la
hiérarchie des ouvertures. La grande porte du
passage charretier est à double battant en bois
• La toiture
La toiture fixe la ligne de faîtage parallèle à la rue.
Elle peut être :
- en bâtière selon une inclinaison de 45 à 50°,
couvert de pannes de pays
- avec brisis, couvert d'ardoise ou de pannes et
terrasson couvert de pannes de pays
Pour éclairer des combles habités, la toiture est
toujours percée de lucarnes à fronton, réalisées en
bois ou en maçonnerie enduite. Ces lucarnes font
partie intégrante de la composition générale des
façades: elles sont alignées au rythme des baies des
niveaux inférieurs. Elles sont plus hautes que larges.
• Les couleurs
Les parties planes enduites sont diversement
teintées d'une façade à l'autre. Tous les éléments
moulurés, saillants et décoratifs sont soulignés par
des teintes claires proches de la pierre. Les
menuiseries sont peintes de teintes pastel. Seules
les portes d'entrée sont renforcées par des teintes
sombres (noir, brun foncé, vert anglais...).

L'habitat des faubourgs :
la maison du journalier
Dans le milieu particulier du marais, les journaliers
sont fouisseurs à la livre (la livre est une unité de
surface qui correspond à 35,4m2 ), c'est à dire qu'ils
bêchent les terres destinées aux cultures
maraîchères au printemps, se consacrent à
l'extraction de la tourbe l'été, enfin, ils curent la
vase des fossés l'hiver.
Ce type se distingue de l'habitat du journalier
agricole par son environnement tout-à-fait
particulier. L'habitation est de type urbain à un
étage, accolée l'une à l'autre.. Elle dispose de peu
de terrain et de peu de dépendances.
La largeur de chaque façade, fort restreinte, est
équilibrée par une plus grande profondeur,
perceptible par des versants de toiture importants.
L'IMPLANTATION SUR LA PARCELLE –
L'ORGANISATION
La façade avant se positionne à l'alignement de la
rue, lui même peu régulier. Elle est tournée vers le
sud-est, parallèlement à la direction du canal.
L'ORGANISATION EN PLAN
Une grande salle commune occupe tout le rez-dechaussée.
A Saint-Omer, les combles sont habités
(chambrées), accessibles par l'intérieur.
A Guînes, les combles, utilisés pour le stockage,
sont accessibles par l'intérieur (échelle et trappe) ou
l'extérieur (lucarne).
CONSTRUCTION
• Les murs
Les murs en brique, très épais, s'élèvent sur un
soubassement lui même fort important, en réponse
au terrain mouvant. Cette maçonnerie, épouse les
mouvements naturels du sol et nous parviennent
aujourd'hui avec un fruit parfois très prononcé de la
façade avant, notamment à Guînes. Dans un même
rang, des murs pignons prolongés en wimbergues,
séparent les habitations.
• Les baies
Sur la largeur de la façade avant et de la façade
arrière, les baies se résument à une porte et une
fenêtre. Les linteaux sont droits ou très légèrement
cintrés (brique à chant), les encadrement
simplement soulignés par une surépaisseur
maçonnée. La porte et la fenêtre sont surmontés
d'une imposte vitrée. La fenêtre est protégée par
des contrevents.
• La toiture, charpente et couverture
La couverture est en pannes de pays. La cheminée
axée sur la ligne de faîtage, est adossée au mur de
refend, dos à dos avec celle du voisin
A Saint-Omer, la toiture comporte un brisis adouci
par un coyau. Une lucarne à fronton en bois
éclaire les combles.
A Guînes, la toiture est en simple bâtière suivant
une inclinaison proche des 45°, sous couvert de
pannes de pays. Un petit châssis vitré éclaire les
combles.
• Les couleurs
Certaines façades s'autorisent quelques effets
d'appareillages (cordon, bandeau...). Les photos
d'époque montrent des façades blanchies au
badigeon de chaux duquel ressort la couleur des
menuiseries, tandis que le soubassement est
enduit de goudron noir. L'identité de chaque foyer
est distingué par la variation dans les couleurs de
menuiseries.
Aujourd’hui
La création du canal pour le passage des
convois à grand gabarit, et le développement
du transport routier ont fait perdre aux
faubourgs maraîchers leur vocation portuaire.
A Saint-Omer. l'activité de maraîchage est
cependant tout-à-fait présente mais le
regroupement des marchandises se fait par
voie routière. Certaines petites maisons sont
transformées en remise pour le matériel.
A Guînes, le bassin du Batelage, les chenaux
et les fossés en eau ont disparu, pour la
plupart comblés, tandis que l'activité de
maraîchage ne concerne plus que quelques
rares exploitants. Néanmoins, la trace de cet
habitat, forme un élément caractéristique et
identitaire qui compose toujours l'entrée nord
du bourg.
Les maisons de journaliers sont en grand
danger de disparition, notamment à Guînes.
En effet, leur taille réduite n'est plus adaptée
aux normes d'habitabilité actuelle.
LE MARAIS
GUINOIS
Le rivage des marais littoraux borde la
ville jusqu'au IV ème siècle.
Au XVII ème siècle, l'aménagement du
port fluvial sur la rivière de Guînes, au
lieu-dit "le Batelage" crée un carrefour
d'échanges avec le port de Calais
pour le transport de pierre, de bois,
de produits agricoles, voire de
voyageurs.
Quelques chemins d'eau quadrillent
le territoire. Mais l'année du chemin
de fer signifie la fin de la batellerie, et
l'activité maraîchère reste limitée.
Les pâtures constituent désormais
l'essentiel du paysage.
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 55

• Le Parc naturel régional
• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
56 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Les maisons des pêcheurs
Cet habitat particulier, perché sur les
falaises ou proche des grèves ou s’échouaient
les bateaux de pêche est souvent
regroupé en foyers mitoyens, parfois
en courées (Equihen-Plage,
Audresselles, Le Portel..). Ce type d’habitat
a été en grande partie détruit lors de
la seconde guerre mondiale.
LA MAISON
La maison présente un pignon perpendiculaire
à la côte et/ou aux vents dominants.
Construite de plain-pied, elle se réduit à
deux pièces : salle commune et chambre.
Quelques appentis prolongent la toiture en
façade nord ou pignon.

Les combles sont utilisés pour la remise des
filets.
Le soubassement est enduit au goudron.
Les murs bas sont en moellons de grès tout
venant couvert d’un mortier puis d’un badigeon
au lait de chaux.
Cet habitat exposé aux intempéries est peu
ouvert sur l’extérieur. Les ouvertures sont
en façade principale avec baies à encadrement
en pierre et fenêtres étroites à 2 vantaux
à 3 ou 4 carreaux.
Une lucarne passante à fronton triangulaire
ou cintré en pierre de Marquise est axée
sur la porte d’entrée et permet de hisser le
matériel de pêche dans les combles.
La toiture est en bâtière avec une inclinaison
de 50 l, couverte de pannes.
La cheminée est adossée au pignon et axée
sur la ligne de faîtage.
LES COULEURS
- soubassement peint en noir (goudron)
- façades badigeonnées à la chaux
- menuiseries de couleurs vives
(peintes souvent avec les restes de peinture
des embarcations).
LES "QUILLES EN L'AIR"
Equihen-Plage a longtemps conservé un type
d'habitat particulier "les quilles en l'air".
Les embarcations traditionnelles, bateaux d'échouage
du type "flobart" ou "harenguier" usagées
et désarmées devenaient, jusqu'à la fin
du XIX ème siècle, un habitat sommaire, assimilable
à un campement. La coque du bateau,
en chêne ou en orme, retournée, était posée
sur un soubassement de moëllons liés à la
terre glaise et goudronnés. La coque passée
au goudron ou couverte d'une vieille toile à
voiles clouée formait ainsi un abri rudimentaire
pour les familles de pauvres pêcheurs.
Un flobart coupé en deux pouvait servir de
remise. Une coque posée "quille en bas",
disposant d'un toit, pouvait servir de remise.
Aujourd'hui, la version moderne de ces quilles
en l'air équipe le camping d'Equihen-Plage.
HABITAT BALNEAIRE
LA BELLE EPOQUE
DES VILLAS DE LA
CÔTE D'OPALE
L'implantation du chemin de fer vers
1860-1870 incita une bourgeoisie
locale, parisienne et britannique à
investir dans la construction immobilière
et la réalisation de véritables stations
balnéaires à l'image du Touquet
– Paris Plage. Au début du XXè siècle,
John Whitley créa ainsi la station
d'Hardelot-Plage.
A Wimereux, on passa de 150 villas
en 1892 à plus de 800 villas en 1914.
Les digues-promenades s'ornèrent de
villas. Le front de mer de Wimereux
est aujourd'hui celui qui a gardé le
plus bel ensemble balnéaire.
Hautes et étroites, ces constructions
allient une grande richesse d'inspiration
à des matériaux variés, colombages
copie de maisons normandes,
bow-windows inspirés du style
anglais, balcons ouvragés, rives de
dentelles menuisées, s'associent pour
former un ensemble pittoresque.
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 57

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• L'histoire et la géographie
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de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
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SPÉCIFIQUES
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• Les moulins à vent et à eau
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GLOSSAIRE
58 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Les forges
Le siège d'exercice de l'activité du forgeronmaréchal-ferrant
est lié à une habitation ou
à une exploitation. Cet artisan est utile à
tous : ferrage du cheval et réparation des
outils, des chariots, fabrication de pièces
de construction. Il peut cumuler toutes
ces fonctions et élever quelques bêtes.
Plus rarement, la famille tient aussi le café
(Recques-sur-Hem, Campagne-les-
Wardrecques, Ruminghem).
Ces forges sont présentes dans l’ensemble
du territoire tout en étant inégalement
réparties : certaines communes peuvent
disposer de plusieurs forges tandis que
d’autres n’en possèdent pas ou plus.
Facile d’accès, la forge trouve un
emplacement préférentiel au cœur du
bourg, proches des lieux de
rassemblement du village, notamment le
café. La forge est généralement placée
dans le prolongement de l'habitation ou
en retour d'équerre, avec une façade
principale toujours en front à rue.
L'ORGANISATION EN PLAN
L’atelier est une pièce plus ou moins grande ou,
plus simplement, un abri sous un large débord
de la toiture (auvent), adossé à une dépendance.
LA CONSTRUCTION
• murs
L'atelier est souvent construit en «dur» (briques ou
pierres) pour limiter les risques d'incendie. Il
possède sa propre cheminée qui sert au tirage du
feu entretenu incessamment par un soufflet.
• baies
Habitué à forger et à assembler le fer, le
forgeron-maréchal-ferrant peut lui-même
intégrer dans la construction de son atelier les
pièces métalliques qu'il fabrique. C'est ainsi que
le seul motif des cadres en fer d'une baie ou le
rail coulissant de la grande porte suffisent
souvent à traduire l'expression d'un métier et
des progrès métallurgiques qui
l'accompagnent. L'artisan dispose surtout de
linteaux métalliques suffisants pour ouvrir de
plus grandes baies et supporter le poids de la
maçonnerie. Ces grandes baies permettent une
large luminosité intérieure nécessaire au travail.
Parfois, l’ouverture de l’atelier se limite à la
seule grande porte toujours ouverte en
journée, sur la rue. Plus couramment, il s'agit
d'une large porte en bois, pleine à deux
battants ou montée sur coulisse métallique
avec plusieurs grandes fenêtres.
• toiture, charpente et couverture
La toiture est en simple bâtière (ou d’une seule
pente pour un atelier sous auvent), couverte de
pannes de pays.
LES ELEMENTS D'ACCOMPAGNEMENT
Le «travers» encore appelé «travail à ferrer» est
un appareil fixe charpenté en bois, plus
tardivement en fer, clans lequel le maréchal-
ferrant immobilise la bête qu'il doit soigner. Le
travail peut aussi être installé à l'intérieur ou
sous le débord d'une toiture.
Aujourd'hui
Les activités complémentaires du forgeron
et du maréchal-ferrant ont évolué
distinctement à l'arrivée de la mécanisation
du matériel agricole et de l'industrie
automobile au début du XX ème siècle.
Le forgeron devient mécanicien automobile,
garagiste délivrant le carburant, ou
encore ouvrier en intégrant une petite
usine métallurgique.
Tandis que le maréchal-ferrant devient
itinérant et se déplace à la rencontre d’une
clientèle, elle aussi, devenue plus rare. Pour
les chevaux de selle, le travers n'est plus
nécessaire et il travaille à froid. Pour les
chevaux de trait, il transporte le matériel.
La forge est donc maintenant un bâtiment
déserté, souvent transformé en remise de
matériel, voire abandonné. Dans le même
temps, le traditionnel «travers à ferrer»,
charpenté en bois, a pratiquement disparu.

Les moulins à vent DES PARTENAIRES
Les ailes des moulins, toujours tournées
face au vent, captent l'énergie éolienne
et transmettent un mouvement circulaire
qui actionne par des engrenages de
nouveaux mouvements mécaniques.
LA LOCALISATION
Les moulins à vent sont généralement
positionnés sur les hauteurs des dernières
crêtes de l'Artois, sur les limites du plateau
artésien et de la plaine maritime et sur les
hauteurs littorales. Les meilleurs témoins,
parvenus jusqu’à notre époque sont toutefois
concentrés dans la région audomaroise :
Mentque-Nortbécourt, Nort-Leulinghem, Saint-
Omer, Tournehem, Moringhem, Serques, Saint-
Martin-au-Laert, Louches.
LA SITUATION
Le plus souvent, le moulin s’inscrit dans le
voisinage d'un ensemble de bâtiments qui
évoque une exploitation moyenne avec des
dépendances rarement soudées pour ne pas
couper le vent. II occupe alors le bout de la
parcelle, bien distinct du groupe bâti (un
centaine de mètres). L'important est que le
moulin se situe dans un espace dégagé sans
ligne d’arbres. Le moulin à vent peut aussi être
une construction isolée dans la campagne, à
l'écart des villages pour mieux profiter des
vents. Cependant, il reste facilement accessible
par les chemins. Enfin, certains moulins sont
tout-à-fait isolés : c'est le cas de certains moulins
à céréales et surtout des moulins
d'assèchement des marais ou d'irrigation
localisés dans les zones marécageuses qui ne
nécessitent pas d’intervention humaine
permanente pour veiller au mécanisme.
LA TYPOLOGIE
Selon que le moulin pivote tout ou partie pour
se mettre face au vent, deux typologies sont
distinctes :
- les moulins sur pivot (l'ensemble tourne sur un
pivot central)
- les moulins-tour (l'ensemble formé par la
toiture et les ailes tourne sur le corps fixe de la
tour au moyen d'un chemin de roulement).
Si les moulins sur pivot sont invariablement
charpentés, les moulins-tours, maçonnés,
présentent une diversité de formes.
Selon la forme maçonnée, le moulin-tour est dit
cylindrique, tronconique ou octogonal.
Selon la qualité de son soubassement, le
moulin-tour peut encore être :
- à galerie circulaire en bois
- à galerie maçonnée
- sur tertre.
Moulin sur pivot Moulin Tour
Mécanisme - Villeneuve d'Ascq Mécanisme - Offekerque
POUR CONSEILLER
ET AIDER
À RESTAURER...
De nombreux organismes peuvent
intervenir dans l'élaboration d'un
projet de restauration public ou privé.
Plusieurs d'entre eux sont des
partenaires réguliers du Parc naturel
régional.
L'association Maisons Paysannes de
France, association nationale de
connaissance, sauvegarde et mise en
valeur du patrimoine bâti rural est
reconnue d'utilité publique. Elle
organise notamment des opérations
de sensibilisation, d'informations, ou
des journées de démonstration.
L'association Campagnes Vivantes
promeut l'agriculture raisonnée et
valorise le patrimoine et les paysages.
Elle informe et conseille les
agriculteurs et initie des programmes
spécifiques de conseil ou d'aide.
Le Conseil d'Architecture,
d'Urbanisme et Environnement et
un organisme d'utilité publique,
départemental, d'information, de
conseil et de formation. Il n'intervient
prioritairement auprès des
collectivités mais peut également
conseiller des particuliers.
suite page 61
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 59

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• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
60 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Les moulins à vent (suite)
1 : Pivot
2 : Dé
3 : Sole
4 : Lien
5 : Chaise
6 : Tratte
7 : Maître-sommier
8 : Échelle
9 : Grenier à farine
10 : Grenier à meules
11 : Queue ou guivre
12 : Potence
13 : Dame
14 : Treuil
15 : Arbre moteur
16 : Tête d'essieu
17 : Mortier
18 : Collet
19 : Joug
20 : Grand Rouet
21 : Petit rouet
22 : Lanterne
23 : Gros Fer
24 : Monte-sacs
25 : Archure
26 : Trémie
27 : Anche
28 : Trempure
29 : Palier du gros fer
30 : Ailes
31 : Arbre vertical
32 : Meules
33 : Régulateur à boules
34 : Toiture pivotante
LES MÉCANISMES
Les quatre ailes (dites encore «volants»)
reçoivent l'entoilure (lin huilé ou gros courtil). La
voile est plus ou moins développée suivant la
force du vent au moyen de cordages. Le plan
des ailes est incliné par rapport au sol de 10 à
15° pour optimiser la prise de vent.
La queue ou «guivre» forme le dispositif qui sert
à faire pivoter les «ailes» face au vent : une
longue perche est fixée dans les «trattes» pour
le moulin à pivot ou dans les combles pour le
moulin-tour. A l'origine, le meunier vire le
moulin en appuyant de tout son poids sur
l'extrémité de la queue. Plus tardivement,
l'emploi d'un cabestan, puis d'un treuil à
engrenage fixés à la queue, lui facilite la tâche et
permettent surtout de faire pivoter rapidement
le moulin en cas de tempête soudaine.
Pour les moulins-tours, le chemin de roulement,
au sommet de la maçonnerie, fait tourner
l’ensemble de la toiture et des ailes. Il est très varié
et se compose de roues (dont le nombre est
également variable) en bois ou en fonte au XIX ème
siècle, glissant dans un rail circulaire en bois, fer
ou fonte. Certaines enrayures, à patins ou à galets
en bois, glissent dans une cannelure façonnée à
même la maçonnerie coiffant la tour.
Le rouet sur l'arbre-moteur actionné par les
«ailes» transmet le mouvement à la meule par
l'intermédiaire de la «lanterne».
LA CONSTRUCTION
Le parc concentre sur son territoire des moulins
à vent à tour maçonnée. Le moulin à tour se
répand principalement au XVII ème et surtout au
XIX ème siècle. Sa forme cylindrique à l'origine,
évolue jusqu'à la forme tronconique dès la fin
du XVII ème siècle. Il résulte déjà d'une évolution
technique en remplaçant certains moulins à
pivot(4). Il faut retenir les typologies suivantes :
- (moulin-tour) cylindrique en maçonnerie de
briques ou de pierre. Sa construction peut
remonter au XVII ème siècle (Mentque-
Nortbécourt avec deux exemples, Saint-Omer,
Tournehem, Moringhem, Serques, ruines à
Guînes, à Beuvrequen, à Zouafques, à Escalles,
à Marquise, à Bouquehault…).
- (moulin-tour) octogonal en maçonneries
- (moulin-tour) à galerie circulaire en bois. Il date
du XIX ème siècle, construit pour dominer son
environnement (végétation et bâtiments). La
galerie permet d'entoiler les ailes. Un seul
exemple complet est encore visible en France à
Saint-Martin-au-Laert.
- (moulin-tour) à galerie maçonnée. Sur le
même principe que précédemment, la galerie
est utilisée comme remise (ruines à Marquise).

Quelques moulins à tour octogonale en bois,
entièrement charpenté ont été construits du
XIX ème siècle. Un exemplaire en ruine est
recensé dans le marais de Saint-Omer sur les
deux seuls qui existent encore dans le Pas-de-
Calais.
• les murs
Le plus souvent, les moulins-tours utilisent la
pierre à bâtir, craie ou grès dans les lieux
proches des points d'extraction ou, à défaut, la
brique cuite sur place. La base de la muraille
peut atteindre une épaisseur comprise entre
1m et 2m10. L'appareillage est plus ou moins
varié :
- en appareil de pierres ou de briques sur
soubassement grès
- en appareil lardé alternant pierre et brique
(pierres disposées en soubassement, au niveau
de chaque plancher, et aux embrasures de
fenêtres associées à la brique)
- en appareil de briques rouges et briques
jaunes.
Pour les formes tronconiques, chaque étage est
établi légèrement en retrait sur le précédent,
chaque ressaut servant de support au plancher.
L'importance de la construction se traduit sur le
nombre de meules pouvant être actionnées : 2
ou 3 étages peuvent supporter jusqu'à 3 paires
de meules.
• les baies
Une porte en bois plein à 2 vantaux en rez-dechaussée,
une porte au second niveau, des
baies de forme carrée, fermées par des
menuiseries en bois à 4 carreaux parfois à
linteau légèrement cintré, ou des baies en
forme d'oculus. Les encadrements sont rares,
simplement soulignés en pierre ou par des
briques posées à chant.
• la toiture
La toiture des moulins est appelée «calotte». Les
moulins sur pivot sont d'ordinaire couvert en
bâtière. Les moulins-tours disposent systématiquement
d'un toit mobile de forme en pavillon
ou conique prolongée à l'avant et à l'arrière par
deux grandes bâtières égales couvrant l'arbre
moteur d'un côté et la queue de l'autre. La couverture
est réalisée en tuiles plates, en bardeaux
ou en ardoises.
• les éléments de décor
La décoration reste limitée à la présence d'une
clef d'encadrement de fenêtre saillante ou
sculptée, de bandeau(x) mouluré(s) en pierre,
d'écusson portant une date de construction ou
des motifs sculptés qui peuvent aussi bien être
à l'intérieur…
PARTICULARITÉS
Un seul moulin à vent pour scier la pierre a
existé sur la commune de Ferques. Construit
par Frédéric Sauvage vers 1822, à proximité
même des lieux d'extraction de la pierre de
Marquise, c'était un moulin-tour en pierre qui
comportait deux châssis de 15 lames au
premier niveau et deux polissoirs situés au
second niveau. Malheureusement, sa
puissance ne permettait pas d'actionner à la fois
les châssis et les polissoirs. La restauration du
moulin «de l'Aile», à Saint-Omer est en cours
d'étude ; Il est le seul témoin d'un effectif plus
vaste, exploité pour l'assèchement et le
drainage des terres du marais audomarois,
construits sur une forme tronconique ou
circulaire, en brique ou en bois. La roue
actionnait l'engrenage intérieur qui entraînait
une roue à palettes ou une vis d'Archimède.
Cette dernière pouvait remonter l'eau à 3m de
hauteur.
L'ÉVOLUTION ACTUELLE
Le moulin à vent est une construction fragile.
Au risque d'effondrement sous l'effet de vents
trop violents (pour les moulins sur pivot)
s'ajoutent les risques d'incendie provoqué par
un échauffement excessif des meules… Au
début du XX ème siècle, les moulins à vent à
moudre les céréales sont vite supplantés par les
moulins industriels. Certains moulins
d'irrigation résistent un temps avec des ailes
remplacées par une roue éolienne, avant d'être
abandonnés pour laisser place aux stations de
pompage…
Certains, trop rares, sont restaurés par leurs
propriétaires ou avec une ré-affectation
domestique. Il reste certains lieux-dits qui
rappellent leur existence, soit en évoquant le
nom ou la qualité du meunier-propriétaire
(«moulin Lartizeux» et «moulin Lartisier» à
Lacres...), soit en mentionnant la présence du
moulin («moulin du petit hasard» à
Ledinghem…), soit en qualifiant un site venteux
(«Plaine des 4 vents» à Guînes…). Cependant,
les moulins qui subsistent, peuvent encore
susciter l'intérêt de la collectivité par leur qualité
architecturale : silhouette spectaculaire,
repérable de loin.
DES PARTENAIRES
POUR CONSEILLER
ET AIDER
À RESTAURER...
La Chambre de Métiers et la
Confédération des Artisans et
Petites Entreprises du Bâtiment,
mandataires des artisans,
interviennent dans leur formation, et
la prise en compte du bâti
traditionnel. La CAPEB assure
notamment la gestion du Certificat
d'Identité Professionnelle "Patrimoine"
qui qualifie des artisans reconnus
dans ce domaine.
Enfin, les services de l'Etat (Direction
Régionale des Affaires Culturelles –
Direction Départementale de
l'Equipement – Service
Départemental de l'Architecture et
du Patrimoine) concourent à
l'encadrement et au contrôle des
réglementations mais apportent aussi
leurs conseils.
Le guide d'orientation pour la
restauration du patrimoine bâti dans
le Nord - Pas de Calais fournit les
coordonnées de tous ces organismes
et de bien d'autres.
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 61

• Le Parc naturel régional
• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
LES TYPES DE CONSTRUCTION
• Les constructions à pan de bois et terre
• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
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• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
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SPÉCIFIQUES
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• Les moulins à vent et à eau
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GLOSSAIRE
62 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Les moulins à eau
Le moulin à eau est un lieu de production qui
utilise un dispositif de meules, actionnées par
une ou des roues qui transforment l'énergie
cinétique de l'eau en mouvement
mécanique.
LA LOCALISATION DANS LE PARC
Le territoire accidenté, boisé et sillonné de nombreux
cours d'eau du Parc Naturel Régional des Caps et
Marais d’Opale a favorisé très tôt l'installation de
moulins hydrauliques qui disposent, ici et facilement,
d'une source d'énergie permanente. Les cours des
rivières la Liane, l’Aa, le Bléquin, le Wimereux, la
Slack, le Crembreux, la Hem et leurs affluents
respectifs concentrent leur effectif.
LA SITUATION
Les moulins à eau se situent sur ou au bord d'un
cours d'eau présentant un débit suffisant. Il sont
donc nichés au creux des vallées, dans le cadre
verdoyant des berges. Le plus souvent, ils font
partie intégrante d'une exploitation agricole
comprenant une habitation. Ils peuvent parfois
s’assembler en groupe :
- disposés par deux, occupants chacun une rive
(moulins de Confesse à Esquerdes)
- occupant l'un une rive et l'autre une dérivation
(moulins Pidoux à Hallines)
- égrenés en chapelet sur un même cours d'eau en
exploitant la dénivellation naturelle et notamment
les chutes d'eau
- assemblés sur la dérivation d'un cours d'eau (poudrerie
Royale d’Esquerdes).
LA TYPOLOGIE
Les multiples transformations, adaptations technologiques
rendent difficilement évidente, l'émergence
d'une réelle typologie. Néanmoins, la description
de quelques éléments équipant le moulin
(localisation et positionnement sur le cours d'eau,
affectation et production, nombre et qualité de ou
des roues, nombre de meules actionnées…) amorcent
l'idée d'une typologie liée au dispositif hydraulique
extérieur et intérieur.
LES MÉCANISMES
T'rois types de roues sont identifiés sur le territoire
du Parc. Leur dimension et leur forme sont déterminées
par le débit du cours d'eau, l'exploitation
de l'arrivée d'eau, le relief naturel du terrain et du
cours d'eau, la nature de la production des installations
et la puissance requise pour cette production.
La roue en dessous,
dite aussi «roue à
palettes» ou «roue à
aubes», tourne par la
seule poussée du
courant.
Roue en dessous
La roue de côté,
dite aussi «roue de
poitrine», est équipée
soit d’aubes planes,
soit d'augets.
Elle est alimentée
Roue de côté
sur le côté. Le remplissage
se fait un peu au-dessus de la hauteur
d'axe. L'eau agit à la fois par choc et par son poids.
Ce dispositif nécessite un grand débit mais peut être
implanté sur une rivière sans grande dénivellation.
Roue en dessus
La roue en dessus,
dite aussi «roue à
augets» ou «à pots»,
tourne par la chute
et le poids de l’eau.

A partir du XIXème siècle, avec l'évolution
des performances
des
engrenages, une
même roue peut
actionner plusieurs
meules. Les
installations du
moulin peuvent
alors être affectées
à un double
Moulin de Wins à Blendecques
usage (moulin à
farine et filature à Setques). Les turbines inventées
par Fourneyron en 1827 supplanteront progressivement
le principe de la roue. Elles permettent d'exploiter
les chutes les plus élevées et de produire,
grâce à des centrales hydrauliques, de l'électricité.
LA CONSTRUCTION
Le moulin est composé d'un dispositif extérieur
hydraulique très complet et d'installations
intérieures associant à la roue, un lieu de
production, plus ou moins important. Cependant,
le moulin à eau peut aussi être attaché à une forme
d'exploitation agricole comprenant une habitation
distincte avec ses dépendances domestiques
(moulin à Wismes). Dans les deux cas, le moulin
s'établit donc le long d'un cours d'eau, en même
temps qu'il s'organise de l'autre côté, autour d'une
cour, cernée de dépendances.
Le moulin peut désigner le rang de fortune de son
propriétaire en employant certains matériaux de
construction. Ainsi un moulin appartenant à une
noblesse locale aisée ou à une abbaye peut se
distinguer par l'emploi de pierre à bâtir (moulin
d'Affringues).
D'autres s'apparentent, par la simplicité de leur
organisation et de leur construction, à l'exploitation
agricole traditionnelle (moulin de Bléquin, en
torchis, brique et bois). Enfin, les moulins
«d'époque moderne» sont des constructions de
taille imposante qui utilisent préférentiellement la
brique.
Quelques grands éléments peuvent encore
qualifier cette construction :
- un soubassement important, en matériaux durs,
moellons de grès ou briques, en réponse au besoin
de fixer et porter la roue, à l'assise en milieu
humide en bordure de berge, à l'importance du
poids intérieur à supporter (machinerie, meules…)
- la présence répandue d'un étage (ou plusieurs),
utile à la production, ou à l'entreposage tandis que
les meules sont disposées au rez-de-chaussée.
Il est possible d'établir deux classifications :
- des moulins à eau proches dans leur
configuration de l'exploitation agricole à
production artisanale (moudre le blé/à céréales…)
- des moulins à eau pré-industriels. Ceux-ci ont subi
des transformations architecturales pour s'adapter
aux progrès de la technologie.
LES ÉLÉMENTS D'ACCOMPAGNEMENT
EXTÉRIEURS
La ventellerie ou «vannage» est un ensemble
composé d'une vanne motrice, dite «vanne
molleresse» qui donne sur la roue et de une ou
plusieurs autres vannes de décharges qui barrent le
cours d'eau. Pour bénéficier d'un maximum de
force motrice, l'exploitant fait monter l’eau le plus
haut possible, en amont.
Le déversoir et le canal de décharge sont utiles
pour corriger l'inconvénient provoqué par une
ventellerie mal maîtrisée (risque de crue). Au XIX ème
siècle, l'Etat obligea la construction de déversoir en
maçonnerie : un seuil maçonné jusqu'à une
certaine hauteur permet au trop plein d'eau de
s’échapper dans un canal de décharge qui évite la
ventellerie pour rejoindre le cours d'eau en aval,
dès que le niveau de celui-ci dépasse la limite
réglementaire.
Situé en amont du moulin, le bief forme une retenue
d'eau qui constitue la réserve d'énergie du moulin
par la fermeture des vannes. Son étendue est
variable. Il est aménagé en élargissant une berge, un
méandre ou en réhaussant le lit de la rivière.
L'ÉVOLUTION
Les moulins à eau, dont la structure intérieure
est facilement adaptable, ont souvent été
réhaussés, agrandis, modifiés pour suivre les
progrès techniques. Au XIX ème siècle, quelques
uns constituent déjà des entreprises importantes
pour la région. A l'aube du XX ème siècle, certains
moulins s'orientent progressivement vers une
production industrielle et désertent leur site
originel. L'activité des autres moulins a
néanmoins pu persister en employant des
énergies alternatives : vapeur, électricité, ajout
d'un moteur à gaz puis diesel… pour compenser
un faible débit des eaux ou améliorer le
rendement du mécanisme mais elle décline
inexorablement . Dans la vallée de l'Aa, les
moulins à eau sont à l'origine de l'industrie
papetière dans le Nord de la France.
Aujourd'hui
Les moulins à eau du Parc Naturel Régional
des Caps et Marais d'Opale ont tous été
réaffectés ou abandonnés. Au meilleur des
cas, l'ensemble des bâtiments a pu être
conservé pour être reconverti a usage
d'habitation, d'exploitation agricole ou
d'hôtellerie, mais les roues et les meules sont
déposées ou disparues. De très rares roues
sont encore en action (maison du papier à
Esquerdes).
LA MAISON
DU PAPIER
La Maison du Papier a été édifiée par
le Parc naturel régional sur le site du
Moulin de Confosse en 1994. Cet
équipement touristique et pédagogique
fait ainsi suite à un moulin à
huile, des moulins à farine, un moulin
à papier qui se sont succédés sur le
site depuis 1793.
Sa grande roue à aubes de 7 mètres
de diamètre entraîne une pile à
maillet qui broie les vieux chiffons et
est le cœur d'un véritable atelier artisanal
qui se visite.
A la Maison du Papier, le visiteur
jeune ou vieux peut s'improviser
papetier, réaliser sa feuille de papier,
découvrir l'histoire millénaire de ce
support d'écriture mais aussi comprendre
l'activité industrielle papetière
actuelle fort présente dans la vallée
de l'Aa, poursuivant ainsi une longue
tradition.
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 63

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• L'organisation des villages
• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
des matériaux
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• Les constructions en maçonnerie de grès
et calcaires durs du Boulonnais
• Les constructions en maçonnerie de craie
• Les constructions en maçonnerie
de briques de type flamand
LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
• Les dépendances
• Les pigeonniers
• Les puits et flots
• Les clôtures
• La faune et la flore
LES BÂTIMENTS AUX FONCTIONS
SPÉCIFIQUES
• Les manoirs
• L'habitat des marais
• Les maisons des pêcheurs
• Les forges
• Les moulins à vent et à eau
• Les cafés, cabarets, auberges
• Les sécheries de chicorée
GLOSSAIRE
64 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
Les cafés, cabarets, auberges
Siège d'exercice de l'activité des cafetiers,
c'est aussi son habitation. Il peut conjuguer
d'autres activités :
• exploitant agricole (Clerques) : le cafetier
peut mettre à disposition son écurie.
• aubergiste (Marquise) : le cafetier offre le
couvert et le lit pour la nuit.
• forgeron (Campagne-les-Wardrecques,
Recques-sur-Hem)
• épicier (Mentque-Nortbécourt)
• ou artisan (Sanghen).
Le café occupe souvent une position stratégique à la
croisée des chemins ou au centre, près de l'église ou
de la mairie. La façade principale est tournée vers la
rue ou la place, positionnée à l'alignement ; les
annexes (atelier, épicerie) se placent souvent en
retour d'équerre). Quand le café occupe un angle de
rue, il adopte un pan coupé (Selles) qui compose
une troisième façade, avec l'entrée.
L'ensemble, aux volumes spacieux s'organise autour
d'une cour, parfois desservie par une large porte
cochère.
La construction est souvent cossue avec des ouvertures
plus nombreuses que sur la façade d'une habitation-exploitation
classique.
Une enseigne est apposée en bandeau en partie
haute de la façade principale et affiche le nom du
propriétaire, un sobriquet, la qualité de la clientèle, le
nom du lieu…
Des anneaux ou une barre d'accroche pour les chevaux
sont souvent disponibles en façade.
Selles
Ecault
Questrecques
LES ESTAMINETS
DE RANDONNÉE
Pour contribuer à la revitalisation des
pays ruraux et au développement
d'une offre de services touristiques
sur son territoire, le Parc naturel
régional des Caps et Marais d'Opale
a créé le label "estaminets de
randonnée". Cafés ou auberges de
village, les estaminets de randonnée
sont situés à proximité des itinéraires
balisés de randonnée équestre,
pédestre ou VTT. Ils offrent une halte
conviviale aux randonneurs, avec une
restauration simple et la possibilité de
se détendre en jouant avec des jeux
anciens traditionnels. Les cavaliers,
cyclistes et marcheurs y trouveront
également un point d'information
avec documents, une trousse de
premier secours et du petit matériel
de réparation pour cycle.
Chaque année, en novembre, ces
établissements sont animés par les
Patoisades, festival culino-musical où
le patois local est roi !

Les sécheries de chicorée
La première usine de chicorée a été
créée à Onnaing (Nord) en 1779. La
consommation s’est beaucoup accrue
au début du 19è siècle du fait du blocus
continental décidé en 1806
Là, les racines sont nettoyées, coupées en tranches
ou « cossettes », déshydratées puis refroidies.
Ces « cossettes vertes » sont stockées une
année puis acheminées vers une raffinerie, torréfiées
pour transformer leur sucre en caramel
et concassées.
La sécherie est donc composée le plus souvent
de deux à trois bâtiments : un atelier de travail,
une dépendance agricole, parfois avec le logement
des ouvriers et un hangar de stockage.
Le tout est situé au milieu des terres agricoles,
en bordure de route ou face à une voie d’eau
navigable.
Sur le territoire du Parc, les rares sécheries
encore bien existantes sont localisées à Guînes,
Balinghen, Polincôve, Recques-sur-Hem,
Ruminghem…
L’atelier de production est massif pour composer
une masse thermique inerte conservant
longtemps la chaleur. Il est ouvert par une série
de baies régulières, de petit format, percées
pour optimiser la ventilation, et obturées par
des volets de tôles mobiles. Les murs sont en
maçonnerie de briques jaunes. Les systèmes
d’extraction d’air sont très repérables de loin.
On remarque quatre systèmes :
- une série de cheminées en briques ou
enduites, qui chapeaute les maçonneries,
- une seule cheminée établie sur la longueur
du faîtage de la toiture à fort versant. Cette
cheminée est coiffée d’une petite toiture en
bâtière inclinée à 40° avec des volets à lames
sur les côtés.
- une toiture en bâtière inclinée à 40° avec un
ventilateur-turbine en pignon,
- Une combinaison de cheminée et ventilateur.
Les dépendances agricoles
Ces bâtiments bas abritaient souvent les logis
des saisonniers agricoles, souvent d’origine
belge (c’est pourquoi on les appellent « chambres
des belges).
Ils servaient aussi à stocker au grenier les
cossettes traitées.
A B C
COUPE LONGITUDINALE
SUR UNE SÉCHERIE DE CHICORÉE
A Atelier de production/séchoir
B Dépendance agricole, stockage des
cossettes et logement des ouvriers
saisonniers
C Hangar de stockage des cossettes
Fours à coke
Plateaux de séchage, grille métalliques
trouées montées sur fer I
Volet intérieur d'aération - tôle d'acier
Système principal d'extraction de l'air /
cheminée
COUPE TRANSVERSALE SUR
L'ATELIER DE PRODUCTION/Séchoir
FAIRE CONNAÎTRE
L'HISTOIRE ET LE
PATRIMOINE
Le Parc naturel régional s'est attaché
à faire découvrir le patrimoine
culturel et l'histoire de ses terroirs,
villes et villages. Il aide ainsi des
collectivités communales ou
intercommunales à mettre en œuvre
des sites ou sentier d'interprétation :
- sentier de la pierre à Baincthun,
- panneau d'information
patrimoniale de Bayenghem-les-
Seninghem,
- site d'interprétation du puits de
Quercamps,
- Croix Pélerine à Saint-Martin-au-
Laërt,
- Motte castrale de Nesles.
Il assure également des animations
et des expositions temporaires, par
exemple avec le cabinet des
curiosités historiques et légendaires,
meuble
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 65

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• Les caractères de l'habitation
• L'histoire et la géographie
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LES ABORDS, DEPENDANCES
ET LE PETIT PATRIMOINE BÂTI
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GLOSSAIRE
66 I Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale
GLOSSAIRE
APPAREIL - APPAREILLAGE
manière de disposer les pierres et les briques
qui composent une maçonnerie
APPUI
partie inférieure d'une baie
ARBALÉTRIER
pièce de bois de charpente oblique assurant
la triangulation d'une ferme
ARÊTIER
arête de l'angle saillant formé par la rencontre
de 2 versants de toiture
BÂTIÈRE
couverture à 2 pans
BOULIN
trou laissé dans un mur pour un support
d'échafaudage ou trous ou cases de bois ou
terre où nichent les pigeons
BEURRÉ
se dit d'un joint plein recouvrant largement les
espaces entre les moellons
BARDAGE
revêtement extérieur d'un mur, réalisé avec
des planches de bois
BADIGEON
peinture de finition extérieure constituée
d'eau, chaux éteinte et parfois un colorant
BOUTISSE
pierre ou brique placée en bout, donc
présentant sa plus petite face en parement
BANDEAU
bande moulurée, saillante en façade qui
protége le mur du ruissellement des eaux
CHAÎNAGE D'ANGLE
rencontre de deux murs – chaîne de pierres
ou brique qui structure et consolide la
maçonnerie horizontalement et verticalement
CONTREVENT
généralement appelé "volet"
CHEVRON
pièce de bois de la longueur du rampant
reposant sur des pannes pour recevoir la
couverture
CORNICHE
moulure en surplomb qui protège la façade
COYAU
pièce de bois en sifflet, rapportée sur le
chevron pour casser la pente de toiture.
Incurvation concave de la toiture avant l'égout
de toiture
CALCIN
croûte dure qui se forme à la surface du
calcaire après extraction
CHAPERON
ou couronnement. Faîte d'un ouvrage,
notamment d'un mur, souvent réalisé en forte
de petit toit
CHANLATTE
latte de section trapézoïdale posée au bas des
chevrons pour recevoir le premier rang de
tuiles
CORDON
bande moulurée étroite et peu saillante, en
façade
DOSSE
planchette de bois utilisée en bardage
DOUCINE
se dit d’un profil de moulure en S
ENCADREMENT
bordure saillante autour d'une baie
ÉGOUT
bas du toit
ENTRAIT
pièce de bois horizontale liant deux
arbalétriers
ÉCHARPE
pièce de bois oblique dans un pan de bois, ou
pièce de bois oblique composant le bâti d'une
porte ou d'un contrevent
FRONTON
couronnement triangulaire ou arc de cercle
d'un avant-corps de bâtiment, d'une lucarne,
d'une porte, d'une fenêtre
FAÎTAGE
partie la plus élevée d'un toit
FAÎTIÈRE
se dit d'une tuile creuse (triangulaire ou
arrondie) qui recouvre le faîtage
FRUIT
un mur a du "fruit" lorsqu'il est plus épais à la
base qu'au sommet
FERME
ouvrage de charpente triangulé disposé à
intervalles réguliers pour soutenir les pannes
FEUILLURE
encoche qui accueille un battant de fenêtre,
de porte ou de contrevent
GOUTTEREAU
se dit d'un mur qui reçoit l'égout du toit
GRADINÉE
se dit d'une pierre dont la surface est taillée de
stries parallèles au fond en forme de U
HUISSERIE
dormant de porte

IMPOSTE
partie de porte ou de fenêtre située au-dessus
de la partie ouvrante principale
JOUÉE
côté d'une lucarne
LATTIS
lattes clouées sur les chevrons pour permettre
l'accroche des tuiles
LINTEAU
traverses formant la partie supérieure d'une
baie
LUCARNE
ouvrage construit sur un toit permettant
d'éclairer le comble par une fenêtre verticale
MODÉNATURE
ensemble des profils et des moulures d'une
façade
MOELLON
petit bloc en pierre peu équarri
MORTIER
mélange de liant, de sable et d'eau qui sert à
maçonner
NOUE
angle rentrant fermé par la rencontre de deux
versants de toiture
NU
se dit de la surface d'un mur prise comme
base par rapport à des éléments saillants
NOQUET
petite noue ou éléments de zinc servant de
raccord
PANNE
se dit de tuiles non mécaniques utilisées en
couverture
PANNE
pièce de bois horizontale reposant sur les
fermes ou sur les murs pignons et support les
chevrons. On parle d'e panne sablière pour la
pièce reposant sur le sommet d'un mur
gouttereau
PANNERESSE
pierre ou brique présentant en parement sa
plus longue face
PAREMENT
face extérieure d'un mur
PARPAING
pierre occupant toute l'épaisseur d'un mur
PERSIENNE
contrevent comportant des lames obliques
pour laisser passer l'air
PIGNON
couronnement triangulaire d'un mur
POINÇON
pièce de bois verticale où s'assemblent les
arbalétriers
PUREAU
partie visible d'une tuile ou d'une ardoise
RAMPANT
pan de toiture, versant
REDENT
découpure en forme de dent dont la
répétition constitue un ornement
REFEND
mur porteur formant séparation dans un
bâtiment
RIVE
bord latéral d'un versant de toiture
SABLIÈRE
se dit d'une panne posant sur le mur
gouttereau ou dans l'architecture à pan de
bois, sur le soubassement
SOLIN
raccord de mortier en bande assurant
l'étanchéité
SOLIVE
pièce de bois allant de mur en mur et
supportant un plancher ou s'appuyant sur des
poutres sommier de forte section
SOUBASSEMENT
partie inférieure d'un mur
SURCROÎT
lorsque le mur gouttereau s'élève au-dessus
du plancher, se dit de cette partie de mur
TABLEAU
dans les ouvertures, surface du mur comprise
entre l’ébrasement et le mur extérieur
TABATIÈRE
petite lucarne intégrée dans le versant de la
toiture
TRAVÉE
superposition de baies sur un même axe, qui
composent une façade
TORCHIS
mélange de terre argileuse et de paille ou de
foin – technique de construction
TUILEAU
tuile plate utilisée pour le revêtement
extérieur en bardage
BIBLIOGRAPHIE
SOMMAIRE
Moulins du Pas-de-Calais -
Bréemersch et Decelle - Editions
Archives du Pas-de-Calais, 1995
Toujours Vivants les Moulins -
Bruggeman - Editions ARAM, 1986
Architecture en Boulonnais -
Richesses du canton de Samer -
Inventaire général - Editions
Commission Départementale des
Monuments Historiques du Pas-de-
Calais, 1981
Promenade dans le marais
audomarois - Editions Espace
naturel régional, 1985
Les vieux manoirs du Boulonnais -
Rodière - Editions Lafitte, 1979
Le guide des châteaux de France -
Pas-de-Calais - Thiébault - Editions
Hermé, 1986
Cahier technique du bocage -
Edition PNR des Caps et Marais
d’Opale, 2001
Patrimoine rural bâti en Boulonnais
- Dumeige - Editions PNR du
Boulonnais
Patrimoine rural bâti de
l’Audomarois - Evard - Editions PNR
des Caps et Marais d’Opale
Guide de l’habitat des Trois Pays -
Editions Communauté de
Communes des Trois Pays, 2001
Patrimoine rural bâti en Caps et Marais d'Opale I 67

Les 152 communes du Parc naturel régional :
Acquin-Westbécourt
Affringues
Alembon
Alincthun
Alquines
Ambleteuse
Andres
Arques
Audembert
Audinghen
Audrehem
Audresselles
Baincthun
Bainghen
Balinghem
Bayenghem-lez-Eperlecques
Bayenghem-les-Seninghem
Bazinghen
Belle-et-Houllefort
Bellebrune
Beuvrequen
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Boursin
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Hermelinghen
Hervelinghen
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Hesdin-l'Abbé
Hocquinghen
Houlle
Isques
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La Capelle-les-Boulogne
Lacres
Landrethun-le-Nord
Landrethun-lez-Ardres
Ledinghem
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Leulinghem-les-Estrehem
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Le Wast
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Longfossé
Longuenesse
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Seninghem
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Wierre-au-Bois
Wierre-Effroy
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Wismes
Wisques
Wissant
Wizernes
Zouafques
Zudausques
LES GUIDES TECHNIQUES DU PARC (juin 2003)
• Bâtiments agricoles et paysages - 2000
• Guide du Bocage - 2001
• Guide des droits et devoirs en zone humide - 2003
• L’affichage publicitaire dans le Parc naturel régional - 2003
Le Parc naturel régional des Caps et Marais d'Opale
est une création du Conseil Régional Nord-Pas de
Calais avec la coopération du Conseil Général du
Pas-de-Calais, et la participation de l'Etat, des organismes
consulaires, des intercommunalités et des
communes adhérentes.
Maison du Parc
B.P. 55 62510 Arques
Tél. 03 21 87 90 90
Fax 03 21 87 90 87
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