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- Avant-Propos p 3
Présentation du Parc
- PARTIE 1
p 4
Le marais audomarois p 6
Des habitats naturels diversifiés p 8
Des espèces protégées
Entretien et gestion des végétations
p 10
herbacées p 12
Etangs et mares p 14
Saules têtards p 16
Les boisements p 17
Les fossés
- PARTIE 2
p 18
Entretenir des formations ligneuses p 20
Réaliser des écrans végétaux p 24
Entretenir les saules têtards p 28
Préserver les berges et les digues p 32
Stabiliser des berges p 36
Aménager des digues p 40
Entretenir des fossés p 44
Roselières et mégaphorbiaies p 48
Faucher et débroussailler p 54
Gérer des prairies humides par pâturage p 58
Creuser une mare p 61
Aménager un étang p 64
Gérer l’hydraulique des casiers p 68
Glossaire p 70
Adresses utiles p 71
16 I Entretien des milieux naturels dans les zones humides
■ Les saules têtards
Les saules (blanc, fragile, etc.) se prêtent
aisément au mode de taille en têtard qui
constitue un élément végétal caractéristique
du paysage audomarois. La dénomination de
« têtard » est prise en analogie à la larve de
la grenouille ou du crapaud qui ont une grosse
tête et un petit corps. Cette forme en têtard est
provoquée par la coupe de la partie sommitale
du saule. Le printemps suivant, l’arbre
développe ses bourgeons latéraux tout en
provoquant l’élargissement du sommet du
tronc. Se forme ainsi progressivement un
plateau globuleux (d’où le terme de têtard),
parfois large de plus d’un mètre, surmonté des
rameaux de repousse.
RÔLE BIOLOGIQUE
Outre son intérêt esthétique, voire économique,
l’arbre têtard joue en vieillissant un rôle
écologique de premier ordre. Ainsi, les cavités
qui se forment avec l’âge de l’arbre assurent
abri et lieux de reproduction à une faune
cavernicole, notamment certains oiseaux
comme les mésanges ou la chouette chevêche,
mais aussi de nombreux petits mammifères.
Les branches issues de la taille peuvent être
utilisées en bois de chauffage (le diamètre
“bûche” atteint pouvant par exemple
déterminer la mise en œuvre de la taille
d’entretien) ou comme piquets pour la
réalisation de clôtures, manches d’outils… ou
encore de perches pour la propulsion des
bateaux.
Idéalement, une taille d’entretien doit être
pratiquée tous les 5 à 10 ans afin de préserver
l’arbre ou suivant l’usage souhaité des
branches. Sur le marais audomarois on trouve
également des chênes et des peupliers qui sont
traités en têtards.
LA PLANTATION
Les saules peuvent être bouturés (plançonnage)
pour accélérer la formation de têtards. Une
branche d’un diamètre conséquent (10 cm par
ex.) et de 2 à 3 mètres de long, coupée en biseau,
peut ainsi être enfoncée dans le sol (80 cm à 1
mètre de profondeur) où elle rejettera rapidement.
Les boutures doivent être faites lorsque les saules
ont perdu toutes leurs feuilles et plantées entre
décembre et mars afin de garantir de bonnes
conditions de reprise.
Principe de taille
de la couronne du
saule têtard
LA TAILLE
Elle est la clef du succès du mode de traitement
en têtard mais sa seule singularité par rapport à
une taille classique est sa fréquence et le fait
qu’elle intéresse la totalité du houppier. Elle se
fait au ras de la tête, sans toutefois entamer la
couronne (schéma ci-dessous).
Les saules têtards présentent souvent des branches
très longues et de diamètre assez faible. Il est alors
souhaitable de procéder à une coupe en 2 temps
(de l’extrémité vers le tronc) pour éviter
l’éclatement de la jonction entre le tronc et la
branche trop lourde.
Privilégier la taille hivernale.
Utilisation des branches comme pieux
(avec possibilité de reprise : principe du plançonnage).
enfonce-pieux
nappe d’eau
enracinement

■ Les boisements
Les boisements dans le marais sont de deux
types :
Des boisements naturels (spontanés), tels
les bois tourbeux qui se développent sur
un sol gorgé d’eau riche en tourbe ;
Des boisements plus « artificiels », issus
de plantations effectuées par l’homme au
cours du temps. Les peupleraies et les
alignements de tuyas en sont des
illustrations caractéristiques. Ce type de
plantations est fortement déconseillé car
il participe à la dénaturation du marais.
La gestion des ces différents boisements peut
prendre différentes orientations :
L’ABSENCE D’INTERVENTION
De part l’inaccessibilité de certaines
parcelles ;
Intégration paysagère de certains éléments
inesthétiques dans le paysage (bâtiment,
etc.) ;
Choix conservatoire vis-à-vis de formations
naturelles comme les bois tourbeux, très rares
au niveau régional, voire français, entretien
des saules tétards.
UNE INTERVENTION
CIBLÉE DE CONTRÔLE
DANS LES ROSELIÈRES ET
MÉGAPHORBIAIES
Les saules, les aulnes, les
aubépines ou encore les sureaux,
envahissent rapidement
les formations herbacées peu
entretenues (voir succession
caractéristique ci-dessous),
notamment celles moins
influencées par une nappe
d’eau élevée. La coupe de ces
arbustes s’avère souvent
nécessaire en corollaire avec
une gestion par fauche.
UNE INTERVENTION
IMPORTANTE DANS CERTAINS CAS
Par exemple, boisements introduits (ex :
peupliers), souvent inexploitables à des fins
commerciales, sources de nuisances
présentes ou futures (faible dégradation des
feuilles dans l’eau, ombrage de parcelles,
risques de chute…).
A l’inverse, des plantations peuvent être
préconisées dans certains cas de figure :
Création de brise-vents ;
Création d’écrans visuels
(ex : dissimulation de sentiers) ;
Intégration paysagère.
Ces plantations doivent être menées en
tenant compte :
Du type de sol et des essences les plus
adaptées à ce dernier ;
Evolution de la végétation autour d’un plan d’eau : atterrissement progressif et
développement des boisements humides
De contraintes écologiques et paysagères :
- de privilégier les essences locales aux
essences non spontanées dans la région
(interdites dans le site inscrit) ;
- penser au devenir du boisement et au
risque de fermeture visuelle des milieux.
Eviter dans ce cadre de boiser la totalité
des bordures d’étang (chute de feuilles,
forte sédimentation, ombrage néfaste aux
plantes aquatiques et amphibies).
Des réglementations en vigueur
localement (Site Inscrit, Plan Local
d’Urbanisme…).
La dynamique ultime d’une
zone humide est un boisement
naturel. Ce boisement est
provoqué par un comblement
progressif de la zone humide suite
aux dépôts et apports successifs
de matière organique. Dans notre
cas, l’abaissement des niveaux
d’eau provoque le même type de
phénomène en favorisant des
végétations de type arbustives ou
arborées.
Entretien des milieux naturels dans les zones humides I 17 ■

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Le marais audomarois p 6
Des habitats naturels diversifiés p 8
Des espèces protégées
Entretien et gestion des végétations
p 10
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Etangs et mares p 14
Saules têtards p 16
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Les fossés
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Entretenir des formations ligneuses p 20
Réaliser des écrans végétaux p 24
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Stabiliser des berges p 36
Aménager des digues p 40
Entretenir des fossés p 44
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Gérer des prairies humides par pâturage p 58
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18 I Entretien des milieux naturels dans les zones humides
■ Les fossés
Véritable « système circulatoire » du Marais
Audomarois, les fossés abritent de par leur
position privilégiée entre terre et eau, une flore
et une faune remarquable.
Ces milieux plus ou moins stagnants se
comblent cependant rapidement et nécessitent
un entretien régulier sous la forme de curages
tous les 5 à 10 ans. Le faucardage, coupe de la
végétation aquatique, ou encore la fauche des
plantes des rives sont également des opérations
fréquentes. Quelques principes d’intervention
seront favorables à la conservation des habitats.
LE CURAGE
Evaluer préalablement la présence éventuelle
de plantes ou d’animaux rares et protégés
(ex : Stratiotes, Blongios nain…) ;
Reprendre, dans la mesure du possible, le
profil des berges en pente douce (schéma cidessous)
afin d’éviter un comblement rapide
ultérieur et favoriser le développement des
plantes amphibies (avant toute intervention,
tenir compte des réglementations en vigueur
et des contextes locaux).
Etat avant curage
Curage
Etat après curage
Conserver des ilots de végétation régulièrement
le long du fossé ;
Réaliser le curage sans agrandir et surtout
approfondir le fossé ;
Régaler (étaler) les boues de curage sur la
plus grande partie de la parcelle (moins
d’effondrements ultérieurs, moins de
chardons) ;
Travailler en rotation sur un linéaire de fossé,
c’est-à-dire n’intervenir que sur des petits
tronçons afin de préserver un maximum
d’habitats dans un même secteur, par
exemple :
- fossé ouvert riche en herbiers (intérêt pour
le frai des poissons, les plantes rares, les
libellules...) ;
- fossé semi-ouvert, riche en végétation de
bordure (roseaux, massettes) favorable aux
poissons (frai) et à la nidation de nombreux
oiseaux ;
- fossé totalement envahi par la végétation,
favorable à la faune mais risquant
néanmoins de se combler totalement
(entretien à prévoir). Eu égard à certaines
espèces végétales ou aux pratiques agricoles
traditionnelles, un curage complet des
fossés, conforme à la tradition reste
pertinent.
Deux outils traditionnels du marais permettaient
l’entretien des canaux et étangs :
La baguernette qui
permet de sortir la
matière organique
des fossés, sa
contenance est de 20 à
25kg.
La grèpe qui permet de sortir
des matières solides du fond
des rivières et canaux. Le
curage à la grèpe peut se
pratiquer à partir des
berges ou du bâcove.
LA FAUCHE
La fauche de la végétation des rives doit retenir
les principes énoncés précédemment (pages
12 et 13).
LE FAUCARDAGE
Il doit être mené :
Le plus tardivement possible (août et mieux
septembre) pour préserver les nichées.
En ramassant les produits de coupe (moins
de décomposition, donc réduction de
l’envahissement, moins de consommation
de l’oxygène de l’eau).

Les fiches techniques
I PARTIE 2 I
Entretien des milieux naturels dans les zones humides I 19 ■

Fiche 1
- Avant-Propos p 3
Présentation du Parc
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p 4
Le marais audomarois p 6
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Des espèces protégées
Entretien et gestion des végétations
p 10
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Les boisements p 17
Les fossés
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p 18
Entretenir des formations ligneuses p 20
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Stabiliser des berges p 36
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20 I Entretien des milieux naturels dans les zones humides
■ La conduite et l’entretien des formations ligneuses
Les formations ligneuses* font l’objet de différents modes de conduite
dans le Marais Audomarois en fonction des objectifs de gestion mais
aussi selon le type de structure végétale concernée. Ces opérations
vont de l’absence d’intervention à des travaux beaucoup plus
sensibles sur le milieu dont l’un des intérêts dérivés est la fourniture
de matériaux utilisés dans d’autres cadres.
Quatre modalités de gestion des formations ligneuses sont pratiquées
sur les sites naturels du Marais Audomarois :
La non-intervention,
La coupe rase (abattage et recépage),
L’entretien des haies,
L’étêtage.
Elles correspondent à des objectifs de gestion précis qui permettent
de répondre soit à des obligations de préservation de milieux naturels
riches (bois tourbeux par exemple) ou à des travaux d’entretien
traditionnels (saule têtard).
LA NON-INTERVENTION
Ce choix de gestion peut être adopté pour trois raisons :
L’impossibilité “physique” d’accéder aux arbres
C’est le cas des secteurs restés marécageux sur lesquels il est
impossible d’intervenir sauf en période de gel prolongé. A l’entrée
de la réserve du Romelaëre se trouvent les bois tourbeux*. Ils sont
certainement, au moins en partie, les reliques de ce qu’était le
marais quand les moines sont arrivés au VIIe siècle. Implantés sur
des marécages impénétrables, où l’eau se partage l’espace avec
les arbres et les touradons* de carex, ils sont très dangereux pour
l’homme. Comment imaginer en voyant ces bois qu’ils flottent sur
une masse d’eau parfois profonde de plusieurs mètres ?
La contrainte paysagère : certains boisements peu intéressants,
voire composés d’espèces introduites (peupliers, arbres pourpres),
peuvent cependant être des éléments déterminants dans le paysage
par le fait qu’ils masquent des infrastructures inesthétiques (ligne
électrique, usine…)
La très grande qualité biologique de certaines formations : Les
bois tourbeux* notamment sont des milieux très rares dans le
Nord-Pas de Calais ou même en France. Ils sont souvent
caractérisés par une grande diversité d’arbres et d’arbustes au sein
desquels vit une multitude d’autres plantes, de champignons
(fonge) et d’animaux. La rareté et la richesse de ce type de bois
justifient l’absence d’intervention. Un suivi régulier doit toutefois
être mis en place afin d’évaluer la conservation dans le temps
du caractère humide de ces boisements

LA COUPE RASE
Cette opération “radicale” a trois justifications :
L’élimination d’espèces d’arbres ou d’arbustes introduites Pour
préserver un milieu naturel, on s’efforce de lui permettre de
conserver toutes les espèces qui le composent. Toutefois, l’homme
a introduit des espèces d’arbres et d’arbustes originaires de régions
ou pays étrangers. Certaines de ces plantes se sont si bien
acclimatées qu’elles peuvent empêcher les espèces autochtones*
de pousser normalement, ou encore elles peuvent dégrader le
milieu où elles ont été plantées.
Exemple : le peuplier du Canada ou le peuplier d’Italie. Dans le
Marais Audomarois, quand les maraîchers ont abandonné certaines
parcelles cultivées, des peupliers du Canada ou d’autres variétés
non autochtones ont été plantés. A noter qu’il existe deux espèces
locales de peupliers (le peuplier tremble et le peuplier grisard) qui
sont adaptées au marais.
Les peupliers non indigènes* présentent fréquemment plusieurs
types d’inconvénients :
- ils poussent très haut jusqu’à 20-25 mètres, ce qui les rend très
sensibles aux forts coups de vent ;
- un arbre adulte consomme, en période de végétation 250 litres
d’eau par jour, soit 45m3 d’eau par an ;
- quand leurs feuilles tombent dans l’eau, elles libèrent des substances
chimiques (ex : acide phénolique) qui peuvent perturber
sensiblement la qualité des milieux aquatiques ;
- la grande quantité de feuilles et de branches qui tombent à
l’automne comble progressivement les fossés ;
- l’isolement des parcelles du marais rend difficile, voire impossible
l’exploitation des arbres devenus matures qui sont parfois laissés
à l’abandon et menacent de tomber ;
- à partir de 30 ans, l’arbre se creuse et devient donc dangereux s’il
n’est pas exploité ;
- la création de rideaux d’arbres élevés empêche le stationnement
et la pose de certains oiseaux d’eau ….
Quelques plantations matures de faible étendue peuvent
momentanément être maintenues dans les secteurs où n’existent
pas d’autres grands arbres à proximité. Ces grands arbres peuvent
accueillir certaines espèces d’oiseaux intéressantes comme le Pic
vert ou le Loriot d’Europe.
Elimination d’arbres dangereux ou mal placés :
- Certains grands arbres plantés sur des digues ou en bordure d’une
berge sont menaçants car ils risquent de tomber, emportant avec
eux une partie de la digue ou de la berge ; c’est notamment le
cas de certains peupliers ou de saules blancs qui n’ont jamais été
entretenus en têtards.
- D’autres arbres plantés en bordure d’une rivière menacent de
couper la circulation de l’eau lors de leur chute ;
- Certains arbres sont trop serrés et donc fragilisés les uns par rapport
aux autres. Il convient donc d’en retirer quelques-uns pour n’avoir
que des arbres sains et bien équilibrés (déséquilibre et fragilisation
du fait d’une croissance en hauteur très rapide et disproportionnée
par rapport au diamètre).
Depuis l’hiver 2005 a débuté
à Salperwick une opération
expérimentale d’abattage de peupliers
matures sur des îles du marais. En
association avec la commune et un
propriétaire privé, plusieurs bûcherons
professionnels ont été invités à venir
identifier des solutions d’abattage et
d’évacuation des bois. Ainsi, il a été
évoqué le flottage des troncs (comme
dans le marais poitevin), le transport
par câble d’une île à l’autre ou encore
l’héliportage. Le coût financier de ces
alternatives ou l’impossibilité pratique
se sont rapidement révélées. Il a donc
été décidé de recourir aux services
d’un bûcheron et de proposer à des
particuliers de débiter les troncs et les
branches. Le transport des stères ainsi
confectionnés étant réalisé par
barge… Le coût de l’exploitation a
confirmé l’ineptie de ces plantations
dans le marais.
Entretien des milieux naturels dans les zones humides I 21 ■

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22 I Entretien des milieux naturels dans les zones humides
L’ENTRETIEN DES HAIES
L’entretien des haies peut se concevoir de trois manières différentes
:
La haie de “limite” ou de clôture :
Ferme l’accès (physique et visuel) d’un secteur au public ou à des
animaux. Ce type de haie est taillé environ 2 à 3 fois par an, de
mai à octobre, et ne dépasse pas 1,20m. Elle est composée de
nombreuses espèces (saules, aubépine, prunellier, viorne,
cornouiller sanguin…)
La haie “brise-vent” ou “brise-regard” :
Plus élevée que la précédente, elle peut atteindre 2m à 2,50m ;
son intérêt réside dans le fait de masquer un secteur ou de limiter
l’impact du vent. Sa composition est identique à la précédente.
Elle est entretenue une à trois fois par an en fonction de son
emplacement.
La haie à fagots :
C’est une haie composée uniquement de saules dont le tronc atteint
1,20m au maximum. Elle est taillée tous les deux ans. L’intérêt de
ce type de haie peut être double :
- masque en limite de parcelle ;
- fourniture de fagots de saule.
Cette haie est généralement créée sur des boisements de saules,
autres que les saules blancs, âgés d’une dizaine d’années.
L’ÉTÊTAGE OU ÉCIMAGE
C’est la technique traditionnelle d’entretien des saules blancs dans
le Marais Audomarois. L’étêtage commence par la suppression de
la cime de l’arbre ; cette première coupe doit intervenir relativement
tôt dans la vie de l’arbre (4-5 ans) et doit être faite légèrement en
biseau, à 2,5 ou 3 mètres au-dessus du sol. Avec la pousse de
nouvelles branches, le sommet du tronc s’élargit en un plateau
couronné de rameaux ; il devient têtard (voir fiche N°3).

Coupe d’élagage correcte Coupe d’une grosse branche en plusieurs étapes
la coupe de recépage
Couper le tronc, ou la cépée déjà formée, suffisamment près du
sol, avec un léger biseau permettant l’évacuation de l’eau de pluie.
ALFA
PRÉCAUTIONS À PRENDRE LORS DES TRAVAUX SUR LES
BOISEMENTS
la coupe d’élagage
dans toute intervention de coupe ou d’élagage, il est essentiel
de veiller à faire une coupe franche, c’est-à-dire, à ne pas laisser
de troncs fendus ou légèrement écorcés par la chute des branches
(schémas ci contre).
Les produits dévitalisateurs de souche : une utilisation exceptionnelle
L’utilisation de dévitalisateurs de souche, même avec un produit dit peu nocif pour l’environnement (ex : sulfamate d’ammonium) a
des effets peu connus mais potentiellement néfastes sur certaines composantes naturelles des milieux (microfaune du sol). La dispersion
et la transformation ultérieure de ces substances chimiques sont également peu connues. Leur emploi ne peut donc se justifier
qu’exceptionnellement, par exemple sur une parcelle d’accès très difficile en toutes saisons. Dans ce cas, l’utilisation du produit doit
être menée avec un maximum de précautions, notamment l’application au pinceau sur une souche fraîche ou rafraîchie. Il est possible
d’amplifier l’effet du produit en réalisant des trous ou des entailles dans la souche à l’aide de la tronçonneuse ou d’une perceuse.
L’utilisation d’un colorant permet d’éviter de traiter plusieurs fois la même souche. Quand cela est possible, la mise en place d’un
pâturage extensif (particulièrement avec des moutons), pendant plusieurs années, permet d’éviter le rejet des arbres et arbustes sans
apport de produits chimiques et limite le développement de la « banque de semences » contenue dans le sol. Ce mode de gestion
n’est possible que sur des secteurs qui ont pour vocation de devenir des pairies, sur des digues ou encore des friches de faible intérêt
biologique.
N’oubliez pas la
sécurité !
Les différents outils de taille sont
tranchants et présentent des
risques qui peuvent être
importants pour les personnes qui
les utilisent et les personnes
situées à proximité. Il est donc
vivement conseillé de s’équiper :
un casque de protection avec
visière (ou des lunettes spéciales),
des protège-oreilles pour le bruit,
des chaussures de protection et
des gants. Il existe également des
vêtements protecteurs spécifiques.
Il est aussi préférable d’interdire
la présence de toute personne à
proximité, les projections pouvant
aller très loin.
Entretien des milieux naturels dans les zones humides I 23 ■

Fiche 2
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■ La réalisation d’ écrans végétaux
Les écrans végétaux rendent de précieux services dans les secteurs
sensibles au dérangement dans les espaces protégés, notamment
dans les zones ouvertes où tout observateur est facilement détectable
par la faune. Ils offrent l’intérêt de la souplesse d’utilisation et de
la facilité de renouvellement à l’inverse des postes d’observation en
bois, structures plus lourdes et dont les objectifs sont plus liés à
l’accueil du public.
QU’EST-CE QU’UN ÉCRAN VÉGÉTAL ?
Un écran végétal peut être décrit comme un “masque”, composé
de végétaux morts et/ou vivants, qui permet de réaliser une coupure
entre deux unités à vocations différentes :
séparer un sentier d’une roselière ;
séparer un champ d’une prairie ;
limiter l’impact visuel d’un sentier en bordure d’étang …
Deux types d’écrans végétaux peuvent être définis :
L’écran végétal “vivant”
Il s’agit d’une haie ou d’une bande boisée. Taillée régulièrement
et conçue avec des espèces adaptées, elle peut remplir des rôles
divers (voir fiche N° 1) :
obstacle au vent ou à la vue ;
barrière contre les animaux ou les humains ;
intégration paysagère d’équipements inesthétiques ;
isolement de parcelles….
Dans certains cas, il est possible de tresser ou d’intégrer (après
coupe) certaines branches dans les arbustes qui l’entourent. Cette
technique, courante dans certaines campagnes, permet de combler
les “trous” de la haie de manière temporaire en prenant appui sur
les troncs d’arbres et d’arbustes.
Cette formule offre l’avantage d’être pérenne, renouvelable, et
efficace comme obstacle.
On peut la réaliser à partir d’arbres et d’arbustes relativement jeunes
(environ 10 ans) qui n’ont jamais été entretenus et dirigés.
Ne pas confondre cette technique avec celle de la haie palissée ou
plessée (technique du plessage) qui repose sur une coupe partielle
et un couchage (à environ 45°) des arbustes de façon à créer un
obstacle végétal au passage (schéma ci-dessous).
Open University

L’écran végétal “mort”
Dans ce groupe, ne seront pas décrites toutes les formules trop
artificielles (lattis de châtaigniers, fascines tressées, cadre en
roseaux,…) et dont la biodégradabilité n’est pas totale (fils de fer,
agrafes).
Ces méthodes peuvent néanmoins être utilisées en conjonction avec
un équipement d’accueil (ex : accès intégré à un observatoire).
Sur les sites gérés ou co-gérés par le Parc naturel régional, cette
technique est utilisée comme clôture contre les intrusions humaines
et canines et éventuellement pour limiter les passages d’animaux
en pâturage.
Utilisation comme clôture : quand les boisements s’y prêtent
(longues branches supérieures à 3 m, possibilité de confectionner
des pieux de 2 m).
C’est principalement le cas sur la réserve du Romelaëre où cette
technique permet de limiter l’accès du public à des secteurs
sensibles de la réserve en ne provoquant pas l’impact visuel négatif
d’une clôture traditionnelle.
Intérêt écologique : il découle indirectement de l’utilisation des
écrans comme clôtures par le rôle d’abri joué par les écrans
végétaux pour les petits mammifères, les amphibiens…. (contre
les prédateurs ou les intempéries). Ces écrans sont aussi utilisés
par les insectes xylophages (consommateurs de bois) ou par
d’autres invertébrés qui y trouvent des conditions de vie
particulières.
Tous les écrans végétaux mis en place par le Parc le sont uniquement
avec des végétaux prélevés sur les sites. Cela permet d’utiliser au
mieux la matière produite et de la valoriser écologiquement. Cette
opération peut être conduite lord de déboisements ou de recépages
réguliers en utilisant les “mauvaises branches” pour conforter les
ouvrages existants.
La disponibilité en” matériaux” végétaux peut cependant constituer
un handicap sur certains sites.
LES MATÉRIAUX NÉCESSAIRES À LA RÉALISATION D’UN
ÉCRAN VÉGÉTAL
Les pieux
Ce sont généralement des pieux de saules ou d’aulnes prélevés sur
place. Le saule offre l’avantage de bouturer dès sa mise en terre.
L’aulne glutineux, assez long à se décomposer, ne bouture pas
lorsqu’il est utilisé sous forme de pieu.
Caractéristiques
des pieux :
Diamètre : 6 à 12 cm
Longueur : 2 m
Profondeur d’enfoncement:
50 à 60 cm
Epointage indispensable
En vous promenant sur le
sentier tout public de la
réserve du Romelaëre, vous
pourrez à loisir découvrir les
différents types d’écrans végétaux
réalisés par l’équipe des gardes.
Au départ, l’ensemble des
matériaux était issu de la réserve
(pieux et branches). Récemment
il a été décidé d’utiliser des pieux
de châtaignier pour obtenir une
durée de vie plus longue des
écrans et éviter la reprise des
pieux de saules. La réserve a en
effet l’objectif global de limiter la
“fermeture du milieu” par le
boisement spontanée.
Entretien des milieux naturels dans les zones humides I 25 ■

- Avant-Propos p 3
Présentation du Parc
- PARTIE 1
p 4
Le marais audomarois p 6
Des habitats naturels diversifiés p 8
Des espèces protégées
Entretien et gestion des végétations
p 10
herbacées p 12
Etangs et mares p 14
Saules têtards p 16
Les boisements p 17
Les fossés
- PARTIE 2
p 18
Entretenir des formations ligneuses p 20
Réaliser des écrans végétaux p 24
Entretenir les saules têtards p 28
Préserver les berges et les digues p 32
Stabiliser des berges p 36
Aménager des digues p 40
Entretenir des fossés p 44
Roselières et mégaphorbiaies p 48
Faucher et débroussailler p 54
Gérer des prairies humides par pâturage p 58
Creuser une mare p 61
Aménager un étang p 64
Gérer l’hydraulique des casiers p 68
Glossaire p 70
Adresses utiles p 71
26 I Entretien des milieux naturels dans les zones humides
Les branchages
Ils sont généralement issus de saules (toutes espèces) pour leur
élasticité et la facilité de leur tressage, mais d’autres essences peuvent
s’envisager suivant les potentialités du milieu.
Caractéristiques :
Diamètre : 3 à 6 cm
Longueur : 3 m au moins pour le tressage.
- Branches longilignes pour éviter les ébranchages,
- branches souples pour la mise en place,
- branches vertes (juste après recépage) pour se tresser facilement
et se “durcir” après mise en place.
INTÉRÊT DE LA TECHNIQUE
Utilisation d’une matière première difficilement utilisable
autrement ;
aménagement très “nature” et n’amenant pas de matériaux
étrangers ;
aménagement très apprécié du public et très bien intégré dans
le paysage ;
permet de conserver sur place la matière produite par le milieu ;
coût très faible (uniquement main d’œuvre) ;
technique adaptée à tous types de linéaires, courbes angles… ;
l’ensemble est entièrement biodégradable ;
végétalisation de l’ensemble de l’écran par des plantes locales
(ronces, gaillets…) et intégration de l’ensemble dans la végétation ;
les parties de branches et de troncs non utilisées lors des travaux
peuvent être laissées sur place le long de l’écran ; elles
participeront à conforter ce dernier et procureront un couvert
ou un gîte apprécié.

MISE EN ŒUVRE DE LA TECHNIQUE
Précautions à prendre
Faire attention, lors du battage des pieux, à ne pas les fendre, ce
qui les fragiliserait et limiterait leur repousse éventuelle
(l’enracinement conforte l’ouvrage) ; chanfreiner l’extrémité du
pieu et la cercler d’un fil de fer permet de limiter les risques
d’éclatement (ne pas oublier de retirer le fil de fer une fois le pieu
planté) ;
couper le haut des pieux en diagonale pour permettre à la pluie
de ruisseler et éviter sa pénétration dans le pieu, source de
pourrissement ;
pour le fascinage, n’utiliser que du bois vert, beaucoup plus
“élastique” ;
bien tasser les branches pour obtenir une fascine très dense, gage
de meilleure étanchéité et plus grande efficacité visuelle (rôle
d’écran proprement dit) ;
couper à ras toutes les petites branches qui sortent de l’écran (une
fois celui-ci réalisé complètement), pour éviter que les promeneurs
ne les accrochent ou les arrachent ;
ne pas hésiter à lier la dernière branche de la fascine aux pieux
pour éviter son affaissement trop rapide ;
réaliser ces ouvrages en repos de végétation, du 15 novembre à
fin février.
Technique de réalisation
Les gestionnaires de la
réserve appliquent depuis une
quinzaine d’années une
philosophie des gestionnaires
hollandais. Ceux-ci considèrent
en effet que tout ce qui est produit
sur l’espace naturel doit y rester
car il appartient au site. De cette
façon, tous les branchages divers,
les produits de fauche… trouvent
une place logique dans les
aménagements (restauration des
digues, écrans végétaux, chablis
artificiels…). Rien n’est brûlé ou
évacué de la réserve.
Entretien des milieux naturels dans les zones humides I 27 ■

Fiche 3
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■ L’entretien du saule têtard
Le saule têtard est l’une des images typiques du marais où il borde et souligne les chenaux et les watergangs. Ce mode cultural, traditionnel
de nombreux secteurs de la région, avait un rôle essentiellement pratique de maintien des berges, assurant par ailleurs une production de
bois aux usages multiples. Son rôle écologique est également majeur et un entretien bien conduit peut contribuer à maintenir cette forme
végétale si particulière.
QU’EST-CE QU’UN SAULE TÊTARD ?
La forme têtard est issue de la coupe de la partie supérieure d’un arbre
; cette action s’appelle aussi étêtage ou écimage.
Cette première coupe provoque la croissance des bourgeons situés à la
périphérie basse de la partie étêtée. La cicatrisation des plaies (coupe)
et la croissance de nouvelles branches provoquent l’élargissement de
la partie haute du tronc en un plateau couronné de rameaux ; le saule
devient têtard. L’entretien régulier du têtard (tous les 3 à 10 ans) permet
à la tête de s’étoffer et de s’élargir créant ainsi un large plateau.
Le nom de têtard est donné par analogie à la tête de la larve des
grenouilles et crapauds.
La taille en têtard est une technique ancienne qui se pratiquait également
(et se pratique encore) sur le frêne en Boulonnais et le charme en Avesnois,
parfois le chêne. Il existe de nombreuses espèces de saules, mais ce sont
essentiellement le saule blanc et le saule fragile qui sont cultivés en têtard.
Nos ancêtres les plantaient en bordure des rivières et des fossés d’irrigation
parce qu’ils avaient compris que leurs racines enchevêtrées et traçantes
maintiennent la berge.
INTÉRÊT DU SAULE TÊTARD
Le saule est un régulateur naturel et “gratuit” du régime des eaux.
Il joue un rôle de pompe par son réseau de racines qui aspirent l’eau,
rejetée ensuite dans l’atmosphère par transpiration des feuilles.
Un alignement de saules mêlés d’aubépines et autres buissons préserve
la fraîcheur, favorise la dispersion des vents et modère les variations
de température .
En vieillissant, les saules deviennent creux, la partie centrale se
décompose. La décomposition du cœur de la couronne, l’accumulation
de feuilles, branches,… forment peu à peu un terreau, qui permet aux
graines, apportées par le vent et les oiseaux, de prendre racines.
Ces plantes qui poussent sur d’autres plantes sont dites épiphytiques.
Dans nos régions, l’églantier, la morelle douce amère, la ronce mais
aussi les lichens, des mousses et des fougères sont des hôtes fréquents
du têtard. Le saule têtard
peut ainsi devenir un véritable
jardin suspendu.

Les cicatrices laissées par la coupe ou la chute d’une branche,
le cœur de l’arbre qui se creuse, sont autant de cavités qui peuvent
être occupées par les mésanges, le troglodyte ou encore la chouette
chevêche. Des mammifères comme le lérot, la fouine, des chauvessouris
ou même le lapin et le hérisson, au pied de l’arbre peuvent
y trouver refuge. Les plaies de coupe sont en effet de plus en plus
lentes à cicatriser avec l’âge de l’arbre, ce qui induit des nécroses
et la formation de cavités qui peuvent gagner le cœur de l’arbre.
Le grand nombre de “chatons” (fleurs) du saule fournit le premier
pollen de la saison, aux abeilles.
Les vieux saules constituent par leur majestueuse silhouette, un
atout paysager du marais et des prairies humides.
LA TAILLE DU SAULE TÊTARD
Principes généraux :
Il ne faut tailler les saules têtards qu’en période de repos de la
végétation (de novembre à février). Une coupe trop précoce à
l’automne risque de provoquer la sortie de bourgeons qui ne
résisteront pas aux premières gelées. Une coupe trop tardive au
printemps, risque de perturber l’installation des hôtes du têtard
(mésanges, chouette chevêche).
“Nettoyer” la tête du saule avant de couper les branches (retirer
les églantiers, ronces... qui pourraient gêner le bûcheron et lui
faire prendre des risques inutiles).
Vérifier que le saule n’est pas complètement creux pour éviter les
accidents.
Ne pas tailler les branches trop près du tronc pour faciliter la
repousse des nouvelles branches (voir schéma).
Tailler les branches avec un léger biseau pour faciliter l’écoulement
de la pluie.
Toutes les branches sont à couper en même temps pour ne pas
déséquilibrer l’arbre.
Toutefois, quand cela est possible, laisser un “tire-sève” qui évitera
à l’arbre des difficultés de démarrage au printemps (le tire-sève
est une petite branche qu’on laisse sur l’arbre pour que la sève
puisse monter au printemps) (voir photo ➙).
Emonder le tronc, c’est-à-dire couper toutes les branches qui
poussent du pied de l’arbre jusqu’à sa couronne et ne laisser croître
que les branches qui sont sur le plateau.
Couper la branche en deux temps : cela
permet d’éviter les arrachements
d’écorce si la coupe n’est pas franche.
- 1. coupe à 1 m au-dessus du plateau
- 2. coupe à 5-10 cm au-dessus
du plateau.
Si on laisse un saule têtard sans entretien
pendant plus de 10 ans, le poids des
branches peut provoquer l’éclatement
du tronc et la mort de l’arbre (ceci est
surtout vrai pour de très vieux saules).
Toutefois, une fréquence peu élevée est
intéressante (>10 ans) vis-à-vis d’objectifs
conservatoires. Il est préférable de ne pas
tailler tous les saules têtards d’un secteur
la même année, afin de respecter les
paysages et garder des lieux de repli pour
la faune.
Avant la taille
Après la taille
Niveau des coupes sur la couronne
d’un têtard. Selon les
réalisateurs, cette coupe peut
être menée du ras de la couronne
jusqu’à quelques centimètres
(parfois 20/30 cm sans dommage
apparent pour l’arbre) au-dessus
de cette dernière.
Un dénombrement effectué
sur la réserve du Romelaëre en
1996 a permis d’identifier et de
localiser quelques 1 400 saules
têtards. Les gardes doivent ainsi
en étêter près de 200 par an !
Cette charge trop lourde a conduit
le gestionnaire à envisager la
coupe pure et simple de certains
saules (une parcelle de 2 500 m²
en possédait 170 !) pour favoriser
les arbres remarquables et les plus
anciens. De plus, certains
alignements denses âgés de 25 ans
nécessitaient que des éclaircies
soient réalisées en conservant les
plus beaux sujets.
Entretien des milieux naturels dans les zones humides I 29 ■

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30 I Entretien des Milieux naturels dans les zones humides
VALORISATION DES PRODUITS DE TAILLE
Les bûches et les pieux
Si l’objectif est de produire du bois de chauffage (de faible qualité)
ou des pieux de gros diamètre, il faudra couper les branches à l’âge
de 5 ou 10 ans.
Les pieux
Hauteur : 2,00 à 2,50 m
Diamètre : de 6 à 15 cm
Biseautés sur le bas, et plats sur le haut
Toujours les utiliser avec la partie à gros diamètre sur le haut (la
partie du pieu qui reste dans l’eau ne pourrit pas).
Utilisation possible également pour le” bouturage” de perches (plançonnage*)
permettant une reconstitution plus rapide de nouveaux têtards.
Les bûches
Leur laisser une longueur d’au moins 1 mètre, pour faciliter le
transport.
Les perches “à bateau”
Coupe des branches entre 3 et 5 ans, alors qu’elles ont atteint un
diamètre suffisant et une longueur assez importante pour ces
utilisations.
Hauteur : 3,00 à 6,00m
Diamètre : de 6 à 8 cm.
Les fagots
Longueur : 1,50 à 2,00 m
Diamètre : 50 cm
Coupe droite des deux extrémités.
Pour réaliser un bon fagot, il faut :
- des branches de 2 ou 3 ans de 3 m de longueur ;
- d’un faible diamètre (le fagot sera ainsi de forte densité et facile
à travailler) ;
- peu de déchets dans les branchages.
Pour faciliter le” serrage” du fagot et sa stabilité, il est intéressant
de placer une branche de plus fort diamètre au centre du fagot
lors de sa conception.

LA PLANTATION OU LE REMPLACEMENT
DES SAULES TÊTARDS
Pour planter, rien de plus simple. Il suffit de couper dans un saule
blanc une branche de trois mètres en choisissant de préférence des
bois à l’écorce encore lisse et régulière.
L’étêtage initial doit se faire à au moins 2 mètres de haut, voire à 3
mètres, pour éviter que les repousses ne soient broutées par le bétail
(les chevaux en particulier).
Une simple branche taillée et mise en terre en novembre ou en
mars donnera en quatre ans, si on ne la taille pas, un arbre de 4 à
8 mètres, qui pourra être étêté et former un nouveau têtard.
La confection de fagots
Cette plantation, dite par plançonnage*, peut s’opérer en utilisant
un enfonce-pieux (ce qui peut endommager le haut de la branche)
ou en préparant un trou profond (0,8 à 1 mètre en moyenne), à la
barre à mine par exemple (voir schémas). Des branches de saule
ayant un diamètre allant jusqu’à 12-15cm, peuvent ainsi être
bouturées avec un bon taux de reprise en sol suffisamment humide.
Lors de la conception d’une
haie de saules têtards, ne pas
hésiter à les planter très rapprochés
(2 m de distance les uns des autres).
Ainsi, lors de la croissance de la
haie vous pourrez progressivement
éliminer les arbres présentant des
défauts de croissance. Une bonne
vingtaine d’années plus tard, vous
ne laisserez qu’un saule tout les 5 à
10 mètres. Ceux-là pourront ainsi
s’étaler et croître à leur aise.
Entretien des milieux naturels dans les zones humides I 31 ■

Fiche 4
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■ La préservation des berges et des digues
Le Marais Audomarois doit son origine au travail
de l’homme depuis le VII e siècle. C’est en effet
l’homme qui a creusé le réseau de rivières et
de watergangs pour assécher le marais et le
rendre cultivable, qui a creusé les étangs pour
en exploiter la tourbe. Il en résulte un espace
composé de terre et d’eau dont l’une des
caractéristiques est l’existence de ruptures
souvent marquées entre les deux éléments. La
protection et la restauration de ces espaces
frontières peuvent contribuer à en préserver ou
en améliorer l’intérêt écologique.
DÉFINITIONS PRÉALABLES
La berge : bord relevé d’un cours d’eau, d’un canal, d’un chemin
ou d’un fossé (synonyme : rive).
La digue : longue construction destinée à contenir les eaux ou
séparant deux masses d’eau.
Dans le cas du Marais Audomarois, on peut définir :
- les digues comme étant des pièces de terre séparant un étang en
deux, ou deux étangs ou encore une construction destinée à
contenir les eaux ;
- les berges comme étant des zones de contact entre la terre et l’eau,
mais n’ayant pas vocation à séparer deux masses d’eau.
Toutefois, dans le Marais Audomarois, un point est commun aux
digues et aux berges : leur origine artificielle qui a laissé une
structure abrupte partant rapidement vers les fonds importants des
étangs (de 2,50 m à 4 m) ou des rivières (1,50 m à 2 m).
Berge abrupte

INTÉRÊTS ÉCOLOGIQUES
DU CONTACT TERRE/EAU
Les secteurs les plus riches des marais sont ceux où le contact entre
la terre et l’eau est le plus grand. Les berges sont à ce titre des
éléments importants de la vie du marais ; la végétation aérienne y
est diversifiée et permet à un grand nombre d’espèces végétales
et animales de trouver des conditions de vie intéressantes.
Il est donc nécessaire de maintenir des contacts terre-eau étendus
et de bonne qualité.
Les digues offrent un double contact terre-eau et jouent donc un
rôle très important dans le maintien d’espèces caractéristiques. Elles
créent par ailleurs des conditions de milieux particulières dans leur
environnement :
- zone abritée des vents dominants ;
- protection des bancs de nénuphars ;
- lieu de stationnement des poissons ;
- etc.
La protection, la préservation et la restauration des digues et des
berges sont donc des opérations très importantes pour maintenir
la richesse et la diversité des animaux et des plantes.
La berge idéale dans cette optique est une berge présentant un degré
de pente très faible fournissant ainsi des conditions de vie très
diversifiées au plus grand nombre d’espèces.
Le gros avantage de la berge en pente douce est de s’auto-protéger
de l’action des éléments (les vagues sous l’action du vent rongent
la bordure…) et de posséder la capacité à “conquérir l’étang” : la
matière organique, produite en abondance par les végétaux,
s’accumule au pied de la berge et permet à d’autres végétaux de
s’installer et ainsi de suite…
L’important maillage de
fossés (560 km), de rivières
(170 km), mais également de
berges sur étangs (150 ha) sont à
l’origine de l’exceptionnelle
biodiversité du marais. L’état
général des cours d’eau est très
variable : certains viennent d’être
curés, d’autres sont abandonnés
et les conditions écologiques sont
presque aussi nombreuses que les
fossés et berges. La multiplicité de
ces conditions crée un grand
nombre de lieux de vie propices
à l’épanouissement d’une flore et
d’une faune très nombreuses.
Entretien des milieux naturels dans les zones humides I 33 ■

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Si en d’autres régions (Brenne, Dombes) ce phénomène pose un
problème de gestion, car les étangs sont peu profonds et la végétation
des rives devient vite envahissante, ce n’est pas le cas du Marais
Audomarois dont les berges des étangs sont abruptes.
Ce phénomène dit “d’atterrissement” est très visible néanmoins sur
les petits fossés qui séparent les parcelles maraîchères et qui ne sont
plus entretenus.
L’aménagement des berges est à proscrire sur les fossés et rivières
du marais où l’effet produit serait contraire à l’effet désiré. Rappelons
une fois encore que ces interventions ne peuvent être réalisées qu’en
total respect des prescriptions réglementaires diverses qui
s’appliquent dans le marais.
CRÉATION D’UNE BERGE ATTERRIE
Basculement des berges dans l’étang
Ce basculement est effectué dans le but d’obtenir une pente douce
favorable à l’implantation d’une végétation étagée (aquatique à
terrestre, type roselière) riche et diversifiée.

Mode opératoire du basculement.
Découpe linéaire de la berge au “trouspa” ou à la bêche jusqu’à
atteindre le niveau de la tourbe.
Il est important de veiller au découpage fin de la berge pour ne
pas avoir à forcer trop fort sur le matériel.
Continuer ensuite en jetant les “palées” de terre et de tourbe en
bordure de l’étang, jusqu’à atterrir la berge sur 3 à 5 mètres au moins.
Trouspa
Création de mares linéaires en front de berge
Si cette formule présente l’intérêt d’atterrir les berges, elle offre en
plus l’avantage de créer des secteurs de mares avec une qualité
d’eau différente de celle de l’étang. Ces structures linéaires permettent
donc potentiellement l’accueil d’une flore et d’une faune plus
diversifiées.
Pour préserver cet aménagement dans le temps, il est nécessaire de
concevoir une banquette de séparation d’au moins un mètre de large
entre la mare et l’étang.
Création d’une mare en front de berge
Avant atterrissement Après atterrissement
Remettre la tourbe à nue
est une opération de “génie
écologique” courante dans les
tourbières quelles qu’elles soient.
Appelée également “étrépage”, elle
permet de mettre à jour une banque
de semences endormies là depuis
des décennies. C’est de cette façon
qu’à la fin des années 90 la Baldélie
fausse renoncule a été redécouverte
sur le Romelaëre. Mais parmi les
effets pervers de l’étrépage, il y a la
colonisation très rapide par les
roseaux qui étouffent la Baldélie (par
exemple) ou la colonisation par les
saules ou les aulnes qui, bien
souvent, ne sont pas désirés…
Entretien des milieux naturels dans les zones humides I 35 ■

Fiche 5
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■ La stabilisation des berges
Le Parc naturel régional a toujours préféré mettre en place des
techniques végétales de protection des berges. En effet, s’il est
parfaitement possible de réaliser des défenses de berges de
type palplanches, en planches et pieux de chêne, qui soient
intégrées au milieu “marais”, ces dernières créent une coupure
du lien terre-eau et sont à réserver pour les aménagements de
pontons, d’embarcadères ou de protection des habitations.
Le premier objectif de ces travaux de protection est d’éviter dans
certains secteurs particulièrement sensibles (berges de pêche, sentiers
de promenade, digues…) que la dégradation des berges ne
mette en péril la morphologie des parcelles ou le cloisonnement
des étangs.

LES TECHNIQUES MISES EN PLACE
Le tressage
Cette technique a été testée sur les étangs des Landes de Blendecques
où elle a apporté de très bons résultats. La mise en œuvre du tressage
nécessite des conditions particulières :
- un pied de berge de faible hauteur (maximum 40 cm) ;
- l’ensemble de l’ouvrage doit être réalisé avec des branches de
saule fraîchement coupées (les branches de saules encore vertes
développent des racines et des branches nouvelles qui contribuent
au maintien de la berge) ;
- des branches sont entrelacées autour des pieux de saules battus
(enfoncés) mécaniquement (enfonce-pieux).
Le résultat du tressage est un mur végétal capable de résister à des
fortes contraintes hydrauliques et physiques.
Le clayonnage
C’est un tressage, mais il est monté à des
hauteurs supérieures à 40 cm. Quand on arrive
en tête de berge, il peut être nécessaire
d’apporter de la terre en remblai pour
augmenter le contact de la terre avec les
branches et favoriser leur reprise.
Restaurer les berges avec des
techniques végétales n’est pas
sans contraintes. En dehors de la
réalisation proprement dite, il faut
contenir la repousse des saules pour
éviter d’avoir des berges boisées.
Cette technique est à renouveler
complètement tous les 3 à 5 ans sur
les berges fréquentées assidûment,
ce qui n’est pas sans incidence
(exemple des berges de pêche au
Romelaëre).
Entretien des milieux naturels dans les zones humides I 37 ■

- Avant-Propos p 3
Présentation du Parc
- PARTIE 1
p 4
Le marais audomarois p 6
Des habitats naturels diversifiés p 8
Des espèces protégées
Entretien et gestion des végétations
p 10
herbacées p 12
Etangs et mares p 14
Saules têtards p 16
Les boisements p 17
Les fossés
- PARTIE 2
p 18
Entretenir des formations ligneuses p 20
Réaliser des écrans végétaux p 24
Entretenir les saules têtards p 28
Préserver les berges et les digues p 32
Stabiliser des berges p 36
Aménager des digues p 40
Entretenir des fossés p 44
Roselières et mégaphorbiaies p 48
Faucher et débroussailler p 54
Gérer des prairies humides par pâturage p 58
Creuser une mare p 61
Aménager un étang p 64
Gérer l’hydraulique des casiers p 68
Glossaire p 70
Adresses utiles p 71
38 I Entretien des milieux naturels dans les zones humides
Le fascinage
C’est une protection en pied de berge par la mise en place d’un ou
plusieurs fagots de branches de saule fixés sur des pieux battus
mécaniquement (enfonce-pieux). C’est une technique efficace pour
stabiliser :
- les berges hautes et très dégradées ;
- les berges sur lesquelles les variations de niveaux d’eau sont très
importantes ;
- les berges irrégulières ;
- une berge nouvellement créée.
Pour faciliter le fonctionnement correct et une plus grande rapidité
de la reprise de l’ensemble du fascinage, quelques petits travaux
supplémentaires sont possibles :
- pour “souder” les fagots, mettre une couche de terre entre eux,
cela évitera les creux favorisant la dégradation ;
- mettre un géotextile végétal
derrière les fagots pour éviter
“l’écoulement” de la terre avec
les pluies ou le piétinement (à
noter que le géotextile perturbe
le bouturage des fagots et ne
doit pas être disposé en arrière
du fagot du haut) ;
- poser un “tirant” tous les 2
mètres pour stabiliser l’ouvrage
et éviter sa tendance à redevenir
perpendiculaire au lit de la
rivière ou au fond de l’étang.

GÉNÉRALITÉS ET PRÉCAUTIONS À PRENDRE POUR LA RESTAURATION D’UNE BERGE
- Une berge doit toujours être restaurée en période de repos de la
végétation ce qui améliore la reprise des végétaux utilisés.
- La berge doit être “découpée” avant sa restauration pour faciliter
la mise en place de l’ouvrage.
- La berge doit être réalisée avec une légère inclinaison, ce qui offre
une résistance physique plus importante. Les pieux doivent ainsi
être battus avec un léger angle vers la berge permettant d’augmenter
la résistance à la pression du sol.
- Les pieux et les fagots qui sont utilisés doivent être ceux réalisés
pendant l’hiver qui précède pour augmenter leurs chances de
reprise.
- Les pieux doivent être “battus” mécaniquement, au bélier ou à
l’enfonce-pieux, pour leur assurer une bonne tenue et éviter qu’ils
ne se fendent. L’enfoncement à la masse, souvent moins efficace
en profondeur, dilacère les pieux qui peuvent se fendre sur une
hauteur conséquente, limitant les possibilités de reprise, même
après tronçonnage de la tête.
- On laisse environ 10 cm de pieu au-dessus de la berge pour le
tronçonner après le battage ; la coupe franche permet une meilleure
reprise du pieu (cette coupe doit être faite en diagonale pour faciliter
l’écoulement de l’eau de pluie).
- Les pieux doivent être épointés pour faciliter leur entrée dans le
sol et augmenter les surfaces de contact terre-branches et donc de
faciliter leur reprise. En milieu très tourbeux, où l’enfoncement est
aisé, il peut au contraire être souhaitable de ne pas épointer les
pieux pour leur assurer une certaine portance et éviter un
enfoncement ultérieur.
- Les fagots utilisés pour le fascinage doivent être très denses et
fortement serrés (pour éviter leur délitement).
- Le fil de fer utilisé pour les fagots doit être du fil de fer recuit car
il se dégrade plus rapidement que les autres.
- Pour finir une berge restaurée, on ajoute en surface une couche
de terre que l’on peut ensemencer avec des espèces végétales
locales pour augmenter sa stabilité.
- Enfin, une berge restaurée s’entretient ; il convient donc de lui
remettre régulièrement un fagot, de la terre, des semences…
Il faut éviter les aménagements lourds qui coupent toute relation entre la terre et l’eau.
Le confortement des berges
du marais a donné lieu à
l’utilisation d’une multitude de
matériaux. On identifiera 3
grandes catégories :
les matériaux “durables” et
traditionnels tels le saule et le
chêne qui permettent des
fascinages “verts” ou de
protection pour le chêne ;
les bois traités de récupération
(type traverses SNCF) ou les bois
exotiques. Ces deux types de bois
ne sont pas souhaitables pour le
relarguage constaté des produits
de traitement du bois dans l’eau
ou pour la destruction de la forêt
tropicale ;
les matériaux de récupération de
tous types (tôles métalliques ou
fibrociment, briquaillons…) qui
sont complètement étrangers au
site et risque de provoquer des
pollutions diffuses. Ceci sans
parler de l’esthétique…
Entretien des milieux naturels dans les zones humides I 39 ■

Fiche 6
- Avant-Propos p 3
Présentation du Parc
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Des habitats naturels diversifiés p 8
Des espèces protégées
Entretien et gestion des végétations
p 10
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Etangs et mares p 14
Saules têtards p 16
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Les fossés
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Préserver les berges et les digues p 32
Stabiliser des berges p 36
Aménager des digues p 40
Entretenir des fossés p 44
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Faucher et débroussailler p 54
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Glossaire p 70
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40 I Entretien des milieux naturels dans les zones humides
■ Aménagement de digues
L’exemple de la réserve naturelle du Romelaëre
Edifiées à base de matériaux durs ou maintenues au cours de
l’exploitation de la tourbe, les digues qui bordent ou séparent certains
plans d’eau du Romelaëre sont menacées de disparition depuis
plusieurs décennies. Outre leur rôle de frontière entre terre et eau,
elles abritent des vents dominants une végétation aquatique originale,
où dominent notamment les nénuphars. Ces plantes sont elles-mêmes
ORIGINE ET INTÉRÊTS DES DIGUES
Les digues des étangs du Romelaëre sont
issues de trois usages :
dans un premier cas, elles ont été réalisées
sur des zones impropres à l’exploitation
de la tourbe. Stabilisées à base de
matériaux solides (briquaillons…), elles
étaient ensuite le support de rails qui
permettaient la circulation des wagonnets
chargés de tourbe (ceci explique pourquoi
l’on trouve des fonds durs sur les anciennes
digues) ;
dans un second cas, les digues étaient
uniquement laissées en place lors de
l’extraction de la tourbe car le substrat était
autre que tourbeux ou parce qu’elles
fournissaient un accès ;
enfin, les digues servaient aussi de limite
de propriété. Dans ce cas, elles étaient
réalisées sur des zones tourbeuses. Ces
digues là sont très sensibles aux
phénomènes érosifs.
le siège d’une vie animale intense et diversifiée.
La protection de ces structures linéaires est peu évidente dans le
contexte des étangs profonds qui caractérisent le site et des solutions
douces sont testées depuis plusieurs années.
Carte toponymique de la Réserve Naturelle
Volontaire du Romelaëre

INTÉRÊTS DES DIGUES
Intérêts morphologiques :
L’existence des digues permet :
- le maintien de zones abritées des vents dominants qui accueillent
le repos et le stationnement des anatidés ;
- d’éviter d’avoir à terme un seul grand plan d’eau, peu favorable
à la diversité de l’avifaune ;
- le maintien d’un paysage d’étangs nés de l’extraction de la tourbe ;
- le maintien, voire l’extension, des bancs de nénuphars et des
espèces qui leurs sont associées.
Populations de nénuphars et de nymphéas notamment.
Intérêts biologiques :
- Préservation de groupements floristiques rares et menacés dans
la Région Nord- Pas de Calais ainsi que des espèces végétales
associées.
- Maintien d’une végétation très favorable au frai du poisson.
- Préservation de populations d’oiseaux caractéristiques de ces
milieux comme par exemple le Butor blongios (nicheur), la
Rousserolle turdoïde (nicheur occasionnel), la Locustelle
luscinïoide (nicheur), le Grand butor (nicheur et hivernant), le
Héron pourpré (de passage).
- Lieux de repos ou de nidification pour les anatidés ou encore
les grèbes.
- Lieux de chasse et de reproduction pour de nombreux insectes
dont les libellules et certains papillons.
Intérêt patrimonial :
- Les digues ont toutes pour origine l’exploitation de la tourbe
au XVIIIème siècle. Elles sont le fruit du travail de l’homme et sont
la marque de ce travail dans le paysage de la réserve.
Intérêt pour l’avenir :
- La préservation des digues sera la seule garantie pour le
gestionnaire de la Réserve de préserver les milieux situés sur les
faces Est et Sud Est de la Réserve qui, si les digues continuent à
se dégrader, seront rabotées d’une manière de plus en plus
alarmante.
La restauration en 2007 de la
digue du Gascupette (la grande
digue qui coupe en 2 l’étang du
Romelaere) a permis de préserver le
banc de nénuphars situé à l’Est. La
destruction volontaire, dans les
années 50, d’une première série de
digues pour augmenter la surface
d’un étang a progressivement
provoqué la dégradation des autres
digues. En effet, dans le sens Nord-
Ouest, il est possible aujourd’hui de
tracer une trait continu de 1 km. La
disparition de la première digue
orientée perpendiculairement aux
vents dominants, a progressivement
entraîné la disparition des suivantes.
Entretien des milieux naturels dans les zones humides I 41 ■

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42 I Entretien des milieux naturels dans les zones humides
CAUSES PROBABLES DE DÉGRADATION
La présence d’arbres et d’arbustes
Les arbres et arbustes qui se développent sur les digues ont, sans
doute, une bonne part de responsabilité dans le phénomène de
dégradation. On remarque en effet, que les digues où les
boisements sont encore présents, se creusent par le dessous. Ce
phénomène peut être attribué au lacis de racines qui se forme
de manière superficielle et qui laisse le batillage dégrader la zone
située au niveau du marnage provoquant, après plusieurs années,
le basculement des digues dans l’étang (exemple de la digue de
Gascupette). Dans le même temps, les grands arbres et arbustes :
de par leur couverture foliaire, ils empêchent l’expression d’une
végétation herbacée ou de la roselière, qui, seule, est capable
de limiter l’érosion des berges.
Par l’observation d’anciennes photos aériennes ou de mission
I.G.N, on s’aperçoit que toutes les digues ont été boisées. On peut
citer, à titre comparatif, la dynamique des bois tourbeux, qui
implantés sur un substrat peu porteur, évoluent vers un chablis*
permanent.
Ce phénomène peut être constaté depuis la dégradation dans
années cinquante de la digue de Vangreveninge.
La dégradation provoquée par la démolition d’autres digues
Il s’agit ici d’un facteur aggravant. Les vents d’Ouest (NO/O/SO)
qui soufflent 205 jours/an ont pu, suite à cette dégradation, prendre
plus de force et, par leur action sur l’eau (naissance de vagues
plusimportantes), ont favorisé la dégradation des digues situées
plus à l’Est. Ce phénomène est progressif car la distance “ d’élan”
(propagation de l’onde de batillage) augmente.
Ce phénomène de vaguelette est nommé batillage (en comparaison
à la naissance de vagues consécutives au passage d’un bateau).
Le non-entretien des digues
Hormis un essai de fascinage réalisé dans les années cinquante,
aucune autre réalisation n’a été tentée pour parvenir à assurer la
pérennité des digues. La seule tentative a été la mise en place
d’une double rangée de ganivelles renforcée par des pieux et
remplie entre les deux rangs de fagots de saule et de produits de
fauche de mégaphorbiaies.
La présence du rat musqué
Si ce rongeur n’est pas étranger au “minage” de certaines digues,
il a fait l’objet de piégeages réguliers depuis de nombreuses années
et ne paraît être qu’un élément supplémentaire localisé d’une
action érosive d’ordre physique.
LES ESSAIS DE RESTAURATION
L’étêtage et l’abattage des arbres et arbustes situés sur les digues
permet de limiter les risques de dégradation de ces milieux
sensibles :
- élimination des arbustes qui, par leurs systèmes racinaires,
favorisent le passage de l’eau sous la digue ;
- élimination des grands arbustes menaçant de tomber à l’eau, et
qui risquent d’emporter avec eux une portion de la digue.
Elimination des ronciers qui poussent au détriment des hélophytes
qui, elles, assurent une bonne tenue de la digue.
Abattage d’arbres laissés dans l’eau à la perpendiculaire des vents
dominants pour casser leur action, permettre de limiter l’érosion
sur les digues (cas du marais d’Hénocque), et ainsi favoriser
l’atterrissement des berges par accumulation des végétaux et de
leurs débris (voir dépôt de foin lors des fauches).
Test de restauration (réalisé sur
la digue de l’Enclos) par
l’implantation de ballots de
paille cimentés et d’un
fascinage de branches de
saule. Cette opération, réalisée
durant les étés 1988 et 1989,
a montré les limites de
réalisations de ce type ; alors
que les bouturages de laîches
(carex sp.) venaient de
reprendre, une tempête au
printemps 1991 a tout balayé.

Restauration en cours sur l’un des principes schématisés ci-dessous :
- battage de pieux de chênede 3 à 4 mètres de longueur
disposés en deux rangées distantes d’environ 0,40m. Les
pieux d’une même rangée sont disposés tous les 50cm ;
- l’intervalle entre les deux rangées de pieux est bourré de
fagots et de produits de fauche ;
- une ganivelle, composée d’échalas refendus de châtaignier
reliés par des fils de fer galvanisés, est disposée de part et
d’autre des rangées de pieux, ou d’un seul côté face aux
vents dominants.
La perméabilité de ce système, estimée à 50%, assure une
importante perte d’énergie des vagues tout en évitant une
détérioration prématurée (généralement rencontrée lorsque
les obstacles sont imperméables).
L’aménagement de 1997 est moins coûteux en matériaux de
“bourrage” par l’adjonction de planches à une hauteur où
la “houle” n’est plus sensible.
Digue de type 1 Digue de type 2
Une autre alternative a été
envisagée dans les années
1995. Elle consistait en l’étrépage
des roselières situées au Nord de
la Réserve. Les produits issus de
ces travaux auraient été ensachés
dans des boudins longs en
géotextile, d’autres boudins en
jute, pré-ensemencés de roseaux,
carex ou laîche avaient complété
le dispositif en surface. Ainsi par
un déplacement de matière sur le
site, il aurait été possible de
régénérer les roselières et de
restructurer les digues. Le coût
très important de cette opération
en a empêché la réalisation.
Entretien des milieux naturels dans les zones humides I 43 ■

Fiche 7
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44 I Entretien des milieux naturels dans les zones humides
■ L’entretien “doux” des fossés
L’usage des canaux a toujours exigé un entretien
constant. L’apport des alluvions par le ruissellement
et l’eutrophisation contribue en effet à envaser une
partie des rivières et des fossés. Autrefois, l’apport
de ces éléments était considéré comme une richesse.
L’hiver, les maraîchers entretenaient soigneusement
le réseau de canaux pour bénéficier de cet engrais
“naturel”.
Cette pratique permettait de conserver tous les fossés
et rivières navigables. Depuis les années 50, cet
entretien n’est plus régulièrement assuré sur
l’ensemble du marais, sauf dans les secteurs encore
cultivés.
Si la grue a remplacé la baguernette, force est de
constater que le marais n’est plus cet ensemble
de parcelles de terre et d’eau impeccablement
jardinées qui faisait la fierté de ses occupants et
l’émerveillement des visiteurs jusqu’aux années 50.
ORIGINES ET INTÉRÊTS DES CHENAUX ET FOSSÉS
Les fossés ou watergangs font partie intégrante du Marais Audomarois.
Ils ont été creusés pour favoriser l’écoulement de l’eau vers les
rivières, puis vers la mer et aussi pour permettre le passage des
embarcations (bâcove ou escutes). Les fossés sont par ailleurs des
milieux très importants pour la faune et la flore :
leurs faibles profondeurs permettent un réchauffement rapide des
eaux au printemps, d’où un intérêt pour les amphibiens, les insectes
et les poissons (frai important à ce niveau) ;
ils multiplient les linéaires de berge (1ml de fossé = 2 ml de
berges) ;
les zones de contact terre-eau sont favorables à l’installation d’une
flore diversifiée ;
certains secteurs “isolés” du reste du marais sont favorables aux
insectes et aux amphibiens (grenouilles et crapauds) qui sont ainsi
préservés de la voracité des poissons.

LE CURAGE TRADITIONNEL
Traditionnellement, le curage des fossés en hiver offrait plusieurs
avantages :
amélioration du drainage des terres ;
circulation facile des bateaux dans les watergangs ;
apport de matières organiques aux terres ;
rehaussement des terres.
Dans le Marais Audomarois, le curage et l’entretien des fossés étaient
effectués à l’aide de deux outils, encore utilisés très localement de
nos jours :
la grèpe qui permet de sortir des matières solides du fond des
rivières et canaux (le curage à la grèpe peut se pratiquer à partir
de la berge ou du bâcove) ;
La baguernette qui permet de sortir de la matière organique des
fossés. Sa contenance est de 20 à 25kg, ce qui donne une idée du
caractère pénible du travail après quelques heures.
Utilisation de la grèpe Utilisation de la baguernette
LES CAUSES DE DÉGRADATION DES FOSSÉS
La diminution de l’exploitation agricole du marais depuis quelques
décennies se traduit par une évolution sensible des canaux et des
fossés par :
envasement ;
accumulation de matériaux qui correspond à un atterrissement
naturel par évolution progressive (ex : feuilles de peuplier ou
roseaux, saules…).
On peut également mettre en évidence une accélération du
comblement par effondrement des berges sous l’effet d’un
surpiétinement des bovins ou le passage des tracteurs ou autres
engins lourds à proximité immédiate des berges. En résumé, seul
un entretien régulier des canaux et des fossés permet d’éviter leur
comblement progressif. Malheureusement, dans l’état actuel, un
grand nombre de fossés sont complètement comblés, ce qui ne leur
permet plus de jouer un rôle biologique et celui de voie de
communication. La restauration, quand elle s’avère possible
techniquement, est indispensable pour redonner aux fossés et canaux
leurs fonctions essentielles, notamment sur le plan conservatoire.
L’histoire
des Wateringues
En matière de gestion des marais,
les Wateringues sont un exemple
de coopération parmi les plus
anciens. C’est en 1184 que
Philippe d’Alsace crée les
Wateringues afin de coordonner
et d’organiser l’ouverture et la
fermeture du système de vannes
dans les marais de Flandre en
fonction des marées.
Ces groupements forcés de
propriétaires (forcés car obligatoires)
ont été supprimés à la
Révolution Française, mais
rétablis dès 1801. Ils existent
toujours aujourd’hui.
La 7ème section de Wateringues
possède son propre matériel et
dispose de personnel pour assurer
l’entretien des 170 km de rivières
classées wateringues.
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46 I Entretien des milieux naturels dans les zones humides
LE CURAGE ET LA GESTION DES FOSSÉS
Selon les situations, et notamment la portance du sol, le curage peut
être réalisé par des moyens mécaniques (grue avec godet, etc.).
Toutefois, il arrive bien souvent dans le marais que l’on ne puisse
pas faire accéder une machine pour procéder à cet entretien (sols
tourbeux, nappe d’eau superficielle, etc.).
La baguernette
Dans tous les cas, que l’on cure à la grue ou à la baguernette, la
restauration des fossés obéit à des règles strictes qu’il faut respecter.
Principe N°1 : évaluer l’intérêt patrimonial des fossés avant curage.
Cette évaluation préalable évite de mettre en péril des stations ou
des populations de plantes aquatiques (flottantes ou enracinées)
qui vivent dans les fossés et qui peuvent être protégées (ex :
Stratiotes aloïdes).
Dans ce cas, le curage est à éviter ou ne doit être mené que
partiellement, avec beaucoup de prudence.
Toutefois, un curage “radical” peut aussi s’avérer bénéfique pour
la flore à moyen terme.
Utilisation de la baguernette
Principe n°2 : réaliser, lors du curage, des berges en pente douce.
Une berge abrupte risque en effet de s’effondrer rapidement, d’où
un comblement prématuré des fossés. La création de pentes douces
ou de paliers permet également de donner des conditions de vie
idéales à la flore et à la faune. Enfin, la végétation des berges joue
un rôle important dans l’épuration des eaux.

Principe n°3 : conserver des îlots de végétation régulièrement le
long du fossé
Ces îlots végétaux permettront la recolonisation des berges et le
maintien de la plupart des espèces végétales et animales.
Attention toutefois à ne pas créer de “bouchons” qui pourraient
avoir des conséquences négatives.
Principe n°4 : ne réaliser qu’un curage et ne pas agrandir ou
approfondir le fossé.
Il faut préserver le “lit” du fossé lors des travaux de curage afin
d’éviter un “rééquilibrage” ultérieur de l’ensemble berge-voie
d’eau et notamment limiter les risques de déchaussement du pied
de la berge.
Principe n°5 : régaler (étaler) les boues de curage
L’accumulation des boues de curage en bordure du fossé n’est pas
souhaitable pour plusieurs raisons :
- l’effondrement et le retour des boues de curage dans le fossé sont
favorisés (bétail, ruissellement) ;
- pas de respect de la végétation des berges qui est la plus
intéressante bien souvent (végétation amphibie ou hygrophile
rare).
L’absence de régalage
favorise le développement
de plantes nitrophiles
(orties, chardons).
En résumé
Les curages doivent donc, dans le respect des règles écologiques
élémentaires :
respecter la végétation ;
veiller à ne retirer que la vase et pas le fond du fossé sous peine
de déstabiliser les berges (règle vieux fonds /vieux bords) ;
ne pas stocker les produits de curage en tas en haut de la berge ;
dans la mesure du possible, être réalisés en plusieurs tranches
étalées dans le temps (plusieurs années) ;
les travaux de curage de fossés doivent être réalisés entre le
15 août et la fin février.
En fait, en dehors de la
règle vieux fonds/vieux bords,
il n’est pas de règle si simple à
établir :
. certains fossés recèlent un
patrimoine de grande qualité
biologique, mais si rien n’y est
fait, celui-ci est menacé à plus
ou moins court terme ;
. le fait de fractionner l’action du
curage entraîne un coût
supérieur ;
. un fossé récemment curé semble
fort attractif pour les rats
musqués…
Divers organismes, Parc naturel
régional, SMAGEA, Conservatoire
Botanique, Conservatoire des
Sites… peuvent vous apporter des
conseils utiles.
Entretien des milieux naturels dans les zones humides I 47 ■

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48 I Entretien des milieux naturels dans les zones humides
■ Les roselières et les mégaphorbiaies
Roselières et mégaphorbiaies constituent des formations végétales
de grand intérêt écologique dans le Marais Audomarois. Elles abritent
en effet d’impressionnantes densités d’organismes, oiseaux et insectes
notamment, et sont parmi les milieux les plus diversifiés du marais
sur les plans floristique et faunistique. Ces milieux, dotés d’une
dynamique évolutive importante, doivent faire l’objet de mesures
de gestion actives pour limiter leur disparition ou leur banalisation.
DÉFINITIONS PRÉALABLES
La roselière : sa hauteur moyenne approche les deux à trois mètres
mais ce milieu est surtout caractérisé par la présence de l’eau, du
moins une bonne partie de l’année. Généralement les principales
plantes qui sont présentes dans ce milieu sont le roseau à balai
(ou roseau commun), encore appelé Phragmite, et les massettes
(Typha sp). Mais, suivant leur situation, roselières denses ou rivulaires,
de nombreuses variations sont possibles.
La roselière est caractérisée par une faible diversité spécifique, le
roseau à balai pouvant pratiquement dominer toute la formation
dans certains cas (monospécificité).
La mégaphorbiaie : sa hauteur moyenne varie entre 1,50 m et 2,00 m ;
ses caractéristiques de végétation varient fortement suivant le substrat.
On la trouve généralement sur des secteurs tourbeux (plantes
caractéristiques : Reine des prés, Eupatoire chanvrine, Consoude officinale,
Lysimaque, quelques roseaux communs…). Sa diversité (richesse)
floristique est beaucoup plus importante que celle de la roselière.
La friche : formation végétale qui succède généralement à l’abandon
d’activités agricoles. Le passé cultural des friches et particulièrement
leur richesse en matières azotées favorisent des espèces dites
nitrophiles (qui aiment l’azote) au premier rang desquelles les
chardons et les orties. Sur le terrain il n’est pas toujours aisé de faire
la distinction entre une friche, une mégaphorbiaie ou une roselière.
Ainsi, des milieux naturels de haute qualité biologique souffrent
injustement d’une mauvaise réputation. La friche se développe
également sur les boues de curage déposées en tas le long des berges
et qui sont un substrat riche.
LES DIFFÉRENTS MODES DE GESTION DES ROSELIÈRES
Le fauchage
C’est la technique la plus simple à mettre en œuvre. Elle est pratiquée
avec une rotation de 3 à 5 ans qui consiste en une fauche complète
de la parcelle au niveau du sol. La première fauche doit
systématiquement être réalisée “manuellement” pour éviter de casser
le matériel sur des obstacles (pierres, souches, pieux ou autres
matériaux affleurants et non visibles).
Toutefois, il est souhaitable d’avoir un intervalle entre deux fauches
le plus long possible (ex : 5 à 10 ans) et de laisser évoluer
suffisamment la roselière. Cette situation est envisageable lorsque
le développement des ligneux* est bien jugulé. Les parcelles
n’évoluent pas au même rythme, ce qui peut faire varier par
conséquence le rythme de fauche.
L’exportation de la matière végétale en botte est nécessaire pour
éviter la minéralisation de la matière organique qui se fait au
détriment des espèces les plus sensibles (voir fiche n° 9). Les bottes
de roseaux peuvent aussi être utilisées pour la confection de
“paillassons” de roseaux ou encore pour renforcer les digues. Sur
le Romelaëre, les zones de roselières sont accessibles par l’eau
uniquement ce qui nécessite de déplacer tracteur, faucheuse,
presse… par barge.

Date de la fauche
Le choix de la date de la fauche influence le développement ultérieur
des roselières et l’accueil de la faune.
Si la coupe est effectuée avant la fin de la période de végétation,
son impact est défavorable à la roselière :
- Coupe en mai-juin : les rhizomes sont incapables de reconstituer
leurs réserves. Ainsi, une à deux coupes de la végétation, pendant
la période de végétation, suffisent à épuiser progressivement, en
2 ou 3 ans, les réserves du lacis de rhizomes et à éliminer en grande
partie une roselière ;
- Coupe à la mi-août : le fauchage
conduit à une réduction de 50%
du nombre de tiges poussées
l’année suivant et de 30% de leur
diamètre ;
- Coupe à la mi-septembre :
réduction de 30% de la taille et
du diamètre des roseaux ;
- Coupe à la mi-octobre : l’effet
négatif de la fauche est alors à
peu près négligeable.
Une fauche en période printanière a des conséquences catastrophiques
pour la faune. Elle doit donc être évitée.
Le diamètre de la tige du roseau à balai est un bon indicateur de l’état
de santé et de la vitalité de ce dernier.
Si la coupe est effectuée après la fin de la période de végétation
(chute des feuilles), l’impact est positif sur le développement de la
roselière : le dégagement du terrain améliore l’intensité lumineuse,
augmente la température moyenne au sol pour les jeunes pousses
du printemps suivant, favorise conjointement la densité des tiges
au m2 et leurs caractères morphologiques.
Dans le cas de la réserve du Romelaëre, la période de fauche optimale
est septembre. En effet, durant ce mois il est facile de passer un tracteur
sur les zones concernées sans dégrader le sol. Le foin de la roselière
pourra sécher correctement et être pressé avant d’être évacuer vers
les digues. En cas de conditions météorologiques favorables, les
opérations de fauche peuvent être poursuivies en octobre, mais cela
reste alors très aléatoire.
Impact sur la faune
Une fauche à partir de mi-août jusqu’à février (optimal octobre) ne
détruit pas les nids de passereaux et ceux d’espèces patrimoniales
inféodées aux roseaux comme le Butor étoilé ou le Busard des roseaux.
C’est pourquoi, en cas de doute, il vaut mieux attendre mi-octobre
pour faucher. La fauche par rotation (à l’échelle parcellaire ou d’un
ensemble de parcelles) sur 3 à 5 ans permet de préserver des secteurs
refuges pour les passereaux migrateurs mais aussi les autres espèces
animales tout en exportant la matière organique produite par la
roselière sur plusieurs années et les éventuels “bouquets de saules”
qui ont tendance à envahir le milieu.
Par contre, la fauche hivernale diminue considérablement les quantités
d’arthropodes hivernant dans les roselières (araignées, larves d’insectes,
…) qui sont une ressource importante pour les oiseaux.
En résumé sur le fauchage
Fauche conseillée de mi-octobre à février avec une rotation de
3 à 5 ans. Selon la taille de la roselière à faucher, veiller à ne
pas faucher l’ensemble de la végétation la même année pour
obtenir un maximum de diversité dans les classes d’âge des
roselières. Un calendrier de fauchage sur plusieurs années peut
être établi. Si l’objectif est de nettoyer la parcelle tous les ans alors
la fauche devra s’effectuer avant avril de façon à empêcher
l’installation des oiseaux. Ce mode opératoire évite d’intervenir
au printemps ou en été et de détruire les nids construits
principalement entre les tiges sèches de roseaux de l’année
précédente.
Les premiers travaux de
restauration des roselières au
Romelaere ont débuté en 1978.
A cette époque, les travaux de
fauche étaient principalement
manuels ou accompagnés par
des débroussailleuses et un
motoculteur. L’implication de
centaines de bénévoles a permis
progressivement de faire régresser
les aulnes et arbustes à un niveau
convenable. En 1999, le Butor
étoilé, espèce emblématique des
roselières, y chantait de nouveau.
En 2003, le Parc, grâce aux
financements de ses partenaires,
faisait l’acquisition d’un tracteur
avec des pneus basse pression
capable de passer l’étang en
bateau. En 25 ans, on est passé de
la faux à la barre de coupe …
Entretien des milieux naturels dans les zones humides I 49 ■

- Avant-Propos p 3
Présentation du Parc
- PARTIE 1
p 4
Le marais audomarois p 6
Des habitats naturels diversifiés p 8
Des espèces protégées
Entretien et gestion des végétations
p 10
herbacées p 12
Etangs et mares p 14
Saules têtards p 16
Les boisements p 17
Les fossés
- PARTIE 2
p 18
Entretenir des formations ligneuses p 20
Réaliser des écrans végétaux p 24
Entretenir les saules têtards p 28
Préserver les berges et les digues p 32
Stabiliser des berges p 36
Aménager des digues p 40
Entretenir des fossés p 44
Roselières et mégaphorbiaies p 48
Faucher et débroussailler p 54
Gérer des prairies humides par pâturage p 58
Creuser une mare p 61
Aménager un étang p 64
Gérer l’hydraulique des casiers p 68
Glossaire p 70
Adresses utiles p 71
Le brûlis
50 I Entretien des milieux naturels dans les zones humides
Une vieille roselière est caractérisée par la présence de roseaux secs
à faible teneur en eau, elle peut donc être incendiée toute l’année
alors qu’une roselière régulièrement entretenue ne peut être brûlée
qu’à partir de la mi-novembre. La date de l’incendie, par rapport à
la période de végétation est déterminante pour l’avenir de la roselière
et l’impact sur les populations faunistiques.
Rappel : la législation française interdit tout brûlage de roselière
sauf réglementation municipale (articles 134-1 et 134-2 du Code
des Collectivités Territoriales).
Un brûlage hivernal a les mêmes effets positifs qu’une coupe
hivernale sur la pousse des roseaux, l’extension et la vitalité d’une
roselière. Les cendres de roseau, qui constituent d’excellents
engrais, sont, de plus, restituées au milieu. Ces nutriments
supplémentaires peuvent cependant précipiter l’eutrophisation
d’un plan d’eau fermé. Bien préparé et programmé, un brûlage
hivernal, très rapide, et avec un film d’eau sur la roselière, porte
peu atteinte à la faune du sol et favorise la qualité du roseau.
Néanmoins, si le feu est une méthode de gestion généralisée sur
un ensemble de roselière, les populations floristiques et faunistiques
ne pourront trouver toutes les conditions de préservation ; son usage
doit donc rester exceptionnel et localisé, et n’est pas recommandé.
Un brûlage effectué pendant la période de végétation porte toujours
atteinte aux roselières (mortalité des jeunes pousses) et également
à sa faune. Il n’est d’ailleurs pas reproductible dans la saison car
tout le combustible est détruit au premier brûlage. Si cet entretien
est répété plusieurs années de suite, il provoque l’appauvrissement
généralisé du sol. Sur substrat tourbeux sec, le feu peut détruire
le sol lui-même.
Le feu est un outil très difficile à “gérer”, un coup de vent et les
flammes lèchent les roselières sur plus de 15 m. Dans tous les cas,
la prudence est de mise pour ne pas nuire aux propriétés voisines
(mise en place de coupe-feux).
Les feux seront démarrés avec de la paille ou du petit bois sec (pas
de pneus, d’huiles, d’essence ou de matières plastiques…) pour
ne pas laisser de substances de synthèse sur le site.
En résumé sur le brûlis : une technique à éviter si possible
Il convient d’opérer un brûlis sur la roselière en hiver (septembre
à mars) exclusivement, mais en aucun cas il ne doit être
systématique car il affaiblit le sol et provoque l’inverse du résultat
escompté (favorisation et extension du roseau). Son impact
écologique est désastreux et ce mode d’entretien ne doit servir
qu’exceptionnellement pour restaurer des vieilles roselières dont
l’atterrissement prononcé ou la dégradation ne leur confère qu’un
intérêt écologique faible. Le feu est démarré avec du matériel
végétal.

Le traitement chimique
Le traitement chimique est utilisé pour lutter contre l’envahissement
des roseaux sur certains étangs et sur certaines parcelles. Toutefois,
cette méthode se révèle extrêmement destructrice pour la faune et
la flore :
pas de sélection dans les espèces végétales traitées car les
herbicides agissent par dessiccation et destruction de la
chlorophylle ;
destruction des populations d’insectes par contact, par ingestion
et par perte de leur habitat ;
contamination possible du sol avec persistance des effets néfastes
et réduction de la faune du sol (vers, insectes) ;
contamination possible des eaux des étangs et des fossés avec
atteinte à la flore et à la faune aquatique, en particulier ;
sélection d’espèces résistantes : algues filamenteuses et certaines
algues vertes ;
risque d’accumulation de produits toxiques dans les tissus des
poissons et contamination des espèces piscivores (hérons, grèbes,
…) et effets synergiques méconnus.
Les insectes sont un maillon essentiel de la chaîne alimentaire. De plus,
le traitement chimique se révèle cher et doit être complété par une fauche
et un enlèvement des roseaux morts pour éviter l’accumulation de débris
végétaux qui favoriseraient les espèces nitrophiles (chardons et orties).
Les traitements doivent également être reproduits plusieurs années de
suite pour être efficaces, au moins provisoirement.
En résumé sur les traitements chimiques
Jugé trop dangereux et peu efficace, le traitement chimique des
roselières est totalement déconseillé.
Le Butor étoilé
Surnommé « le bœuf des marais »,
le Butor étoilé est devenu depuis
1999 nicheur dans le marais
audomarois. Ses populations sont
en déclin partout dans le monde
et les effectifs nationaux sont
estimés à moins de 300 couples.
très mimétique quand il est dans
la roselière, les indices de sa
présence sont essentiellement ses
« meuglements » (d’où son
surnom !) qui peuvent s’entendre
à 2 kilomètres et qui ressemblent
à s’y méprendre au son provoqué
par le souffle dans le goulot d’une
bouteille.
Entretien des milieux naturels dans les zones humides I 51 ■