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habitat<br />
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<strong>Le</strong> bambou<br />
Matériau écologique<br />
Omniprésent en Asie où il est<br />
depuis toujours utilisé dans<br />
la construction des maisons,<br />
des ponts, des jonques, des<br />
échafaudages et d’innombrables<br />
objets de la vie quotidienne, le<br />
bambou est apprécié pour son<br />
aspect esthétique autant que pour<br />
ses qualités durables...<br />
Matériau de construction ?<br />
Il pousse très rapidement, sans<br />
attentions particulières, sur terrain<br />
ensoleillé et humide, et constitue<br />
une ressource naturelle porteuse,<br />
d’autant que son exploitation ne<br />
nécessite ni engrais, ni produits<br />
phytosanitaires et impacte très peu<br />
l’environnement.<br />
A la fois, dur et solide, ultra-léger<br />
et flexible, le bambou, que l’on<br />
surnomme « acier végétal » ou<br />
« herbe d’acier », commence à<br />
attirer l’attention des constructeurs<br />
occidentaux, même si les<br />
réalisations restent encore confidentielles.<br />
<strong>Le</strong> bambou « mêle<br />
résistance et performances<br />
parasismiques et anticycloniques »,<br />
estime Laurent Gilet, de l’entreprise<br />
Bambou Habitat, à l’origine<br />
d’une des premières réalisations<br />
françaises en Martinique.<br />
La résistance du bambou face aux<br />
intempéries, largement reconnue<br />
en Asie, assure une longévité<br />
comparable à celle d’une maison<br />
en bois, pourvu qu’elle soit<br />
correctement entretenue.<br />
Des maisons construites en<br />
bambou et chanvre ont d’ailleurs<br />
commencé à fleurir en Normandie<br />
et en Bretagne.<br />
Côté environnement extérieur,<br />
le bambou tient une place<br />
remarquée au jardin, avec le<br />
mobilier d’extérieur, les clôtures et<br />
palissades, lattes de terrasse, ainsi<br />
que les objets déco.<br />
Dans l’environnement intérieur<br />
<strong>Le</strong>s déclinaisons sont multiples dans<br />
l’espace intérieur, et l’intégration de<br />
bambou avec d’autres matériaux<br />
crée une atmosphère zen, à la fois<br />
élégante et exotique qui ne laisse<br />
pas indifférent.<br />
Son utilisation contribue à donner<br />
un aspect « nature », car il est<br />
souvent travaillé brut.<br />
Tendance et design à la fois, le<br />
parquet en bambou s’invite aux<br />
intérieurs; la structure cellulaire très<br />
dense de ce matériau lui confère<br />
une résistance à toute épreuve, et<br />
il est considéré 27% plus dur que le<br />
chêne! Il est résistant naturellement<br />
aux insectes et moisissures.<br />
Autant d’atouts qui renforcent<br />
l’intérêt croissant pour cette<br />
herbe appartenant à la familles<br />
des graminées et dont l’utilisation<br />
n’engage aucun processus de<br />
déforestation.<br />
<strong>Le</strong> bambou assainissement<br />
Quelles que soient leur origine, les<br />
eaux usées polluent le milieu naturel<br />
et bousculent les écosystèmes si<br />
précieux à la planète. <strong>Le</strong>s boues<br />
épuratoires produites par les<br />
systèmes classiques sont parfois<br />
difficiles à éliminer de façon<br />
satisfaisante, d’où l’intérêt des<br />
stations d’assainissement végétales<br />
qui fonctionnent selon le concept<br />
antique de « phytoremédiation »,<br />
autrement dit, rétablissement de<br />
l’équilibre naturel par la plante.<br />
Si l’utilisation des plantes pour le<br />
traitement de l’eau n’est pas une<br />
nouveauté, c’est à partir des années<br />
70 que des études scientifiques<br />
ont été menées avec les peupliers,<br />
l’eucalyptus et les saules, entrainant<br />
un intérêt mondial pour ces<br />
techniques écologiques.<br />
C’est en 2002 que Véronique<br />
ARFI, ingénieur agricole, et Bernard<br />
Benayoun, designer de mobilier en<br />
bambou, ont déposé le brevet du<br />
bambou assainissement et fondé<br />
la société Phytorem, pionnière en<br />
matière d’assainissement par le<br />
bambou à l’échelon mondial.<br />
La bambouseraie est à elle-seule un<br />
écosystème naturel aux propriétés<br />
bien spécifiques. La croissance<br />
rapide des chaumes, ou tiges,<br />
s’accompagne d’une forte « évapotranspiration<br />
» des plantes, du sol<br />
vers l’atmosphère, et l’enchevêtrement<br />
des systèmes racinaires et<br />
des rhizomes permet une épuration<br />
naturelle maximaleen développant<br />
une microfaune qui « minéralise<br />
par des bactéries la pollution des<br />
eux usées, qui est ensuite ôtée par<br />
la tige ».<br />
Arrivée au terme de sa croissance,<br />
la plante est moins performante<br />
pour l’assainissement; elle est<br />
alors coupée et réutilisée en lattes,<br />
pellets, fibres, pour la fabrication de<br />
meubles...<br />
Ce procédé écologique ne génère<br />
pas de boues épuratoires et la<br />
plantation d’une bambouseraie<br />
bien adaptée fonctionne en parfaite<br />
autonomie, alimentée par les eaux<br />
résiduelles. Un système d’épuration<br />
à la fois efficace et esthétique.<br />
A noter cependant: l’utilisation<br />
d’une bambouseraie ne permet pas<br />
de traiter toutes les pollutions, en<br />
particulier les hydrocarbures; pour<br />
lesquels la plante ne survivrait pas.<br />
D’autre part, il est nécessaire de<br />
prévoir un terrain particulièrement<br />
vaste et les accords d’aménagement<br />
sont encore difficiles à obtenir<br />
auprès des municipalités, cette<br />
technologie d’assainissement<br />
n’étant pas encore parfaitement<br />
reconnue.<br />
Gageons que l’utilisation du bambou<br />
en assainissement se développera<br />
dans les années à venir et que les<br />
professionnels du secteur sauront<br />
trouver des solutions appropriées à<br />
tous les résidus. F.H.<br />
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