actes du Printemps des Citoyens 2012 - Ville de Metz
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L’i<strong>de</strong>ntité d’un quartier peut-elle rester immuable ?<br />
L’i<strong>de</strong>ntité n’est pas une sorte d’entité immuable, mais doit<br />
être considérée comme un projet en construction permanente. À<br />
partir <strong>du</strong> moment où les gens ne passent plus leur vie dans un seul<br />
quartier, l’i<strong>de</strong>ntité est une notion qui doit s’inscrire dans un espacetemps,<br />
celui d’un projet fédérateur tenant compte <strong>de</strong> toutes les personnes<br />
qui s’y trouvent à un instant donné. Si nous maintenons une<br />
sorte <strong>de</strong> nostalgie d’un quartier tel qu’il était, nous n’intégrons pas<br />
les habitants qui s’y installent et apportent nécessairement <strong>de</strong> la<br />
nouveauté. Vouloir continuer à rester dans notre i<strong>de</strong>ntité telle que<br />
nous l’avons vécue est humain et logique, mais elle n’est jamais figée.<br />
Les structures formelles influencent-elles l’esprit <strong>de</strong> quartier ?<br />
L’ i<strong>de</strong>ntité d’un quartier est soutenue par <strong><strong>de</strong>s</strong> structures<br />
formelles telles que les associations, mais les rencontres dans les commerces,<br />
les visages familiers, une rue dans laquelle on se sent bien,<br />
sont <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments qui relèvent <strong>de</strong> l’informel et qui forment l’esprit <strong>de</strong><br />
quartier. L’informel fait parfois davantage sens que le formel, mais<br />
ce sont <strong>de</strong>ux notions qui doivent être conjuguées et non opposées.<br />
Quand nous réfléchissons à cette tension entre informel et formel,<br />
nous pouvons nous poser la question : est-ce qu’une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong><br />
quartier a besoin d’être nommée, explicitée, formalisée, pour<br />
exister ? Pas forcément. Il peut y avoir un côté diffus d’une i<strong>de</strong>ntité<br />
<strong>de</strong> quartier, qui peut être partagée entre quelques habitants, voire<br />
se limiter à une rue ; si c’est cela qui fait sens pour les gens et permet<br />
d’ établir <strong><strong>de</strong>s</strong> relations personnalisées, si c’est la bonne échelle<br />
pour qu’il y ait un projet collectif qui fonctionne, pourquoi pas ?<br />
Les citoyens doivent-ils nécessairement s’engager pour leur<br />
quartier en passant par <strong><strong>de</strong>s</strong> structures formelles ? Faut-il<br />
attendre d’eux un effort indivi<strong>du</strong>el pour se rapprocher <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
structures associatives ?<br />
L’ effort indivi<strong>du</strong>el est une question complexe. Les responsables<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> associations atten<strong>de</strong>nt, à raison, un certain engagement<br />
<strong>de</strong> la part <strong><strong>de</strong>s</strong> citoyens. La structure associative est très adaptée pour<br />
fon<strong>de</strong>r une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier, passer <strong><strong>de</strong>s</strong> actions claires et formelles<br />
et organiser les choses. Cependant, il ne faut pas oublier que <strong>de</strong>r-<br />
Page 32 - Atelier 3<br />
<strong>Printemps</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>Citoyens</strong> 13 - 17 mars <strong>2012</strong><br />
Réactions,<br />
échanges<br />
et débat<br />
Atelier 3<br />
rière une action associative, quelle qu’elle<br />
soit, c’est une certaine manière <strong>de</strong> voir le<br />
quartier qui est véhiculée ; cette manière<br />
<strong>de</strong> voir est éminemment respectable, mais<br />
entraîne quelquefois <strong><strong>de</strong>s</strong> conflits interassociatifs<br />
au sein d’un quartier. Il existe aussi<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> associations qui cherchent à moraliser<br />
la vie ; la morale collective est nécessaire,<br />
mais quelle morale, et comment voulonsnous<br />
vivre ensemble dans un quartier ?<br />
Mais les structures associatives ne sont pas<br />
le seul dispositif permettant aux citoyens <strong>de</strong><br />
s’impliquer dans leur quartier ; il y a d’autres<br />
moyens plus informels. Voici l’exemple d’une<br />
situation où une logique <strong>de</strong> quartier a été<br />
cassée <strong>de</strong> façon involontaire : les habitants<br />
utilisaient un parking pour bricoler autour<br />
<strong>de</strong> leurs voitures. Une ethnologue a très bien<br />
montré qu’effectivement, les activités <strong>de</strong> bricolage<br />
fon<strong>de</strong>nt une i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> quartier car<br />
les gens apprennent à se connaître, mais ce<br />
type d’engagement informel n’est pas reconu ;<br />
il s’agit cependant bien d’un engagement par<br />
le fait que les bricoleurs nettoient le parking,<br />
s’entrai<strong>de</strong>nt les uns les autres, disent à un<br />
groupe <strong>de</strong> jeunes <strong>de</strong> ne pas faire ceci, etc. Par<br />
la suite, le parking a été supprimé par <strong><strong>de</strong>s</strong> urbanistes<br />
qui n’ont pas pris le temps <strong>de</strong> comprendre<br />
la situation. Finalement, on va casser<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> logiques et dire qu’il n’y a pas d’i<strong>de</strong>ntité<br />
dans le quartier ; celle-ci existait bel et bien,<br />
mais elle n’a pas été reconnue et personne<br />
n’a pris le temps <strong>de</strong> la découvrir. Pourtant,<br />
c’est cela qui faisait sens pour les indivi<strong>du</strong>s.<br />
L’i<strong>de</strong>ntité peut-elle entraîner <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
dérives <strong>de</strong> type sectaire ?<br />
Si notre i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong>vient synonyme<br />
<strong>de</strong> catégorisation <strong>de</strong> l’autre parce qu’il ne<br />
partage pas la même i<strong>de</strong>ntité que nous, nous