Le 1er congrès international sur le pré-diabète et le syndrome ...

Le 1 er congrès international
sur le pré-diabète et
le syndrome métabolique
y Pesach Segal et Paul Zimmet
L’immense impact du syndrome métabolique sur la santé
publique et les progrès prometteurs réalisés récemment dans
la recherche dans ce domaine, ont conduit à l’organisation du
1er congrès international sur le pré-diabète et le syndrome
métabolique à Berlin, Allemagne en avril 2005. Celui-ci a été
consacré aux progrès récents et a servi de plate-forme très
attendue pour la présentation et l’évaluation des concepts
dans l’étiologie du syndrome métabolique et des efforts actuels
en matière de dépistage et d’intervention. Pesach Segal et
Paul Zimmet nous font le compte-rendu de ce congrès, qui a
rassemblé près de 2 500 représentants (scientifiques, cliniciens
et industrie) de 85 pays.
>>
Le terme ‘pré-diabète’ a été utilisé
initialement par l’Organisation Mondiale
de la Santé (OMS) pour décrire,
rétrospectivement, l’état d’une personne
avant un diagnostic de diabète. Plus
récemment, ce terme a été utilisé aux
Etats-Unis pour décrire les personnes
exposées à un risque élevé de développer le
diabète à l’avenir, notamment les personnes
atteintes de tolérance abaissée au
glucose (IGT) ou de troubles de la
glycémie à jeun. Bien qu’il transmette
un message clair, le terme peut être
trompeur puisqu’il n’inclut pas certaines
personnes à risque : celles qui ont des
antécédents familiaux de la condition,
par exemple. En outre, seule la moitié
des personnes atteintes de ‘pré-diabète’
développeront véritablement le diabète.
A la fin des années 1980, le terme
‘syndrome X’ était utilisé pour décrire un
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ensemble de conditions (n’incluant pas
l’obésité) qui, lorsqu’elles se manifestent
ensemble, peuvent indiquer une prédisposition
au diabète, à l’hypertension et aux maladies
cardiaques. Puisque ce terme était déjà utilisé
par les cardiologues, l’expression ‘syndrome
métabolique’ s’est imposée comme le terme
le plus adapté pour désigner cette condition.
Le syndrome métabolique est défini
comme un ensemble de facteurs tels
que l’obésité centrale (abdominale),
l’hypertension, l’insensibilité à l’insuline, la
dyslipidémie et l’IGT. Un consensus sur
une définition du syndrome métabolique
à l’échelle mondiale, établi par le groupe
de travail sur l’épidémiologie de la
Fédération Internationale du Diabète
(FID), a été présenté pour la première
fois lors du congrès de Berlin.
De nouvelles définitions du tour de taille
(mesurant l’obésité abdominale centrale)
pour les hommes et femmes europoïdes
et des valeurs propres à l’ethnicité pour
d’autres groupes (comme les Asiatiques)
ont été établies. Le consensus de la FID
inclut également des recommandations
pour des recherches futures sur des
éléments qui ne sont actuellement pas inclus
dans la définition de base du syndrome
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M é d i a e t é v é n e m e n t s
métabolique. Il met également en évidence
les objectifs des traitements du syndrome
métabolique ainsi que ses composants.
Epidémiologie
Lors du congrès, plusieurs interventions
ont décrit la prévalence du syndrome
métabolique. A l’échelle mondiale, près
de 314 millions de personnes sont
atteintes d’IGT et, d’après les prévisions,
ce chiffre devrait atteindre 500 millions
d’ici 2025. La baisse de l’activité physique,
la hausse de l’apport énergétique et par
conséquent l’augmentation du taux d’obésité
entraînent une hausse du nombre de
personnes atteintes d’IGT dans la plupart
des groupes ethniques et culturels.
Les pays du Moyen-Orient, en particulier les
états du Golfe persique, ont une prévalence
élevée d’IGT, tout comme l’Inde et la Chine.
Le congrès a révélé que, si les tendances
actuelles se maintiennent, au cours de la
prochaine décennie, près de 50 % à 60 %
des personnes atteintes de diabète
seront originaires d’Asie. Dans les pays
développés, la principale hausse concernera
les jeunes ou les personnes d’âge moyen.
En outre, les personnes ayant un statut
socio-économique bas et des niveaux
d’éducation inférieurs sont deux à trois fois
plus exposées au risque de développer le
syndrome métabolique ; les personnes qui
ont un niveau d’éducation plus élevé sont
moins susceptibles de fumer, de devenir
obèses ou de mener une vie sédentaire.
Syndrome métabolique et MCV
Le lien entre le diabète et les maladies
cardiovasculaires (MCV) a déjà été signalé.
Lors du congrès de Berlin, de nouvelles
preuves scientifiques ont été présentées.
Un des intervenants a décrit une étude
démontrant que, chez les personnes
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atteintes de diabète, chaque augmentation
de 1 % de l’HbA 1c (une mesure des taux
de glycémie à long terme) s’accompagnait
d’une hausse de 18 % du risque d’accident
cardiovasculaire, comme une crise
cardiaque ou une attaque cérébrale.
( )
Les personnes atteintes
du syndrome métabolique
sont confrontées à
un risque deux fois
plus élevé de MCV.
De la même façon, chaque augmentation
de 1 % de l’HbA 1c s’accompagne d’une
hausse de 28 % de la maladie artérielle
périphérique chez les personnes atteintes
de diabète. En outre, les personnes qui
ont subi un accident cardiovasculaire
ont souvent des troubles des taux de
glycémie. Le syndrome métabolique
implique au moins un risque deux fois
plus élevé de MCV et les personnes
présentant un syndrome métabolique
ayant eu un accident cardiaque coronaire
recevront un pronostic très réservé.
Dans le cadre du syndrome métabolique,
les taux de cholestérol LDL (le ‘mauvais’
cholestérol) sont souvent élevés, ce qui peut
être considéré comme l’un des principaux
facteurs de MCV. Les faibles taux sanguins
de cholestérol HDL (le ‘bon’ cholestérol)
et les hauts niveaux de triglycérides sont
également des composants du syndrome
métabolique et des facteurs de risque
de MCV. Le syndrome métabolique est
un indicateur plus fort des insuffisances
cardiaques congestives, des MCV et de la
mortalité que ses composants individuels.
Traitements
Plusieurs présentations ont décrit les options
de traitement du syndrome métabolique. Vu
que les connaissances actuelles n’identifient
pas un mécanisme unique commun pour
ce syndrome, aucun agent de traitement
unique n’est disponible. Les composants
individuels du syndrome métabolique
comme l’obésité centrale, les taux élevés
de lipides sanguins et l’hypertension
doivent être traités séparément. Toutefois,
de nouveaux agents pharmacologiques
De gauche à droite: George Alberti, IDF ; Guy Barnett, Sénateur au Parlement australien ;
et Paul Zimmet, IDI.
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Reportez-vous à la page 11
pour une explication du terme
tolérance abaissée au glucose.
Les troubles de la glycémie
à jeun sont une condition
dans laquelle un test de la
glycémie, réalisé après un jeûne
de 8 à 12 heures, indique un
taux de glucose supérieur à la
normale mais insuffisant pour
un diagnostic de diabète.
Reportez-vous à la page
11 pour une explication du
terme triglycérides.
semblent prometteurs, comme les ‘bloqueurs
des récepteurs endocannabinoïdes’ (pour
en savoir plus sur ces nouvelles thérapies,
reportez-vous au numéro spécial 2005 de
Diabetes Voice sur le tabac et le diabète).
Un des principaux thèmes de plusieurs
présentations était l’impact des changements
de style de vie, notamment l’alimentation
et l’activité physique, sur la prévention
du développement du diabète de type 2.
Les personnes atteintes d’IGT, qui sont
exposées à un risque élevé de développer
le diabète, sont encouragées à réduire
leur poids et leur apport en graisses total
et en graisses saturées, à augmenter leur
consommation de fibres alimentaires et à
faire 30 minutes d’activité physique par jour.
Pendant une période de suivi de plusieurs
années, le développement du diabète peut
être réduit de 58 % chez les personnes qui
ont appliqué ces changements de style de
vie par rapport aux personnes atteintes
d’IGT qui n’ont pas modifié leurs habitudes.
Dans d’autres études présentées lors du
congrès, des médicaments hypoglycémiants
ont été utilisés pour prévenir le diabète
chez des personnes atteintes d’IGT. Ces
médicaments se sont avérés efficaces
pour prévenir le développement du
diabète mais pas dans la même mesure
que les modifications du style de vie.
A l’heure actuelle, plusieurs études sont en
cours, faisant appel à différentes catégories
de médicaments, visant à déterminer si ces
médicaments peuvent prévenir le diabète
et ses complications cardiovasculaires
chez les personnes atteintes du syndrome
métabolique. Un suivi à long terme révèlera
s’il est réellement possible de prévenir le
diabète ou si son apparition est simplement
retardée soit par un changement de style de
vie soit par l’intervention de médicaments.
Résumé
En résumé, le 1 er congrès international sur
le pré-diabète et le syndrome métabolique
a révélé qu’une meilleure définition et une
étude intensive du syndrome métabolique
avaient conduit à quelques découvertes
majeures au cours des dix dernières années :
le syndrome métabolique est
extrêmement prévalent
les personnes atteintes du syndrome
métabolique sont exposées à un
risque élevé de diabète et de MCV
les changements de style de vie
radicaux sont efficaces et des conditions
appropriées doivent être créées
pour encourager les gens à manger
correctement, à pratiquer une activité
physique et éviter ainsi l’obésité
des traitements pharmacologiques
efficaces doivent également être
identifiés.
Suite au succès du congrès, les organisateurs
ont annoncé l’organisation du 2 e congrès
sur le pré-diabète et le syndrome
métabolique, qui se tiendra du 25 au 28
avril 2007 à Barcelone, Espagne. Pour
plus d’informations, consultez le site :
www.kenes.com/prediabetes2007.
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M é d i a e t é v é n e m e n t s
y Pesach Segal et Paul Zimmet
Pesach Segal est retraité (décembre 2003).
Il était responsable du service du diabète
du Chaim Sheba Medical Center, associé à la
Sackler School of Medicine, Université de Tel-
Aviv, Israël. Il est président de l’Association
israélienne pour l’étude du diabète et il a
co-présidé le 1 er congrès international sur le
pré-diabète et le syndrome métabolique, 2005.
Paul Zimmet est actuellement directeur
fondateur du International Diabetes Institute,
Australie, un poste qu’il occupe depuis
1985. Il est professeur en diabète auprès
de la Monash University, Australie, et il est
professeur auprès de la Deakin University et
la Graduate School of Public Health, University
of Pittsburgh, Etats-Unis. Il a co-présidé le 1er
congrès international sur le pré-diabète et le
syndrome métabolique, 2005.
Remerciements
Les auteurs tiennent à remercier Sally Doss pour son
aide dans la rédaction et l’édition de cet article, qui a
bénéficié du soutien de Merck & Co, Inc, Etats-Unis.
Une sélection des présentations orales du 1 er congrès
sur le pré-diabète et le syndrome métabolique a fait
l’objet de résumés, qui sont disponibles sur le site Web
du congrès à l’adresse : www.kenes.com/prediabetes.
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