Journaux - Société des Sciences de la Creuse

Le Numéro avec /e< Supplément i= SEINE

LE 

FIGARO SAMEDI 27 AVRIL 1907 

Turpin, Dëlpech, Mouchebeuf, Aulâgïiier 

et Lelong ont éfô arrêtés par MM. Ha- 

mard, chef de la Sûreté; Blot, sous-chef, 

et Guiclïârd, chef de la brigade mobile. 

Ils ont été immédiatement amenés au 

cabinet du juge d'instruction. 

;Louis Goriol, âgé de cinquante-cinq 

ans, peintre en bâtiments, demeurant 

19, rue du Pauboûrg-du-Temple, a com- 

mencé par dire qu'il choisissait pour 

défenseur M0 Hervé, et qu'il ne parlerait 

qu'en présence de son avocat. 

Cependant, a-t-il ajouté, je recon- 

nais avoir signé l'affiche antimilitariste. 

Mais c'est tout. Je suis malade, j'ai une 

maladie de cœur, et je devais justement 

entrer à l'hôpital aujourd'hui. Je de- 

mande donc, d'abord qu'on me fasse exa- 

miner par un médecin qui décidera si je 

suis en état de supporter la détention, 

ensuite qu'on me fasse, conduire à la 

Santé dans un fiacre, car j'ai des étouffe- 

mentset je mourrais certainement dans 

la voiture cellulaire. 

François GJrauvog'el, âgé de vingt-huit 

ans, imprimeur, 15, route d'Asnières, à 

Clichy, a lui aussi refusé de parler. 

J'ai signé parfaitement. Mainte- 

nant je m'expliquerai plus tard si je le 

juge à propos. Un avocat? Je vous écri- 

rai pour vous dire si je me décidé à en 

choisir un. 

Henri Turpin, trente-deux ans, forge- 

ron en. voitures, 10, rue de Wattignies. 

Son arrestation a beaucoup surpris ses 

voisins, qui le considèrent comme un 

bon père de famille, sérieux et range. 

Choisi par ses camarades -ouvriers en 

.voitures comme secrétaire de leur Syndi- 

cat, il allait chaque jour à la Bourse du 

travail pour y faire son service. Il a été 

arrêté à quatre heures et demie du ma- 

tin et est parti en disant à sa femme 

qu'il comptait être promptement relâ- 

ché. 

J'ai signé l'affiche, a-t-il dit au juge. 

J'expliquerai pourquoi lorsque je serai 

interrogé en présence de Me Chesné, 

mon défenseur. 

Gaston Delpech, vingt-six ans, bijou- 

tier, 12, rue Bichat, secrétaire du Syn- 

dicat de la bijouterie, arrêté à sept 

heures du matin, n'a fait aucune obser- 

vation et a simplement demandé la per- 

mission de se raser, ce qui lui a été ac- 

cordé. 

J'ai signé. Pourquoi? Je le dirai en 

présence de M0 Hervé. 

.Maurice Mouchebeuf, vingt-sept ans; 

plombier, 70, rue Vieille-du-Tem'plé. 

J'ai signé l'affiche, mais je veux dé- 

signer mon avocat avant de rien dire au- 

tre chose. 

Alexandre. Aulagnier, quarante-deux 

ans, menuisier ébéniste, 8, rue de Mé- 

nilmontant, à Bagnolet, secrétaire dé l'U- 

nion des syndicats de la Seine. 

Je ne parlerai qu'en présence de 

M0 Willm, dit-il; cependant je dois vous 

dire, dès maintenant, que je n'appartiens 

à aucun groupe antimilitariste. J'ai signé 

un brouillon de l'affiche, mais non pas 

l'épreuve imprimée. Je m'expliquerai sur 

ce point plus longuement quand le mo- 

ment sera venu.. 

Enfin Raoul-César Lelong, né à Lille; 

le 8 octobre 18S0, graveur-dessinateur; 

liO, avenue de Saint-Ouen, a dit tout 

d'abord- au juge qu'il devait y avoir dans 

son cas une grave erreur. 

Jé n'ai, dit-il, nullement apposé ma,. 

signature sur l'affiche dont il est ques- 

tion. Je ne l'avais 

même^pas lue. 

Si donc 

mon nom, par extraordinaire, se trouve 

au bas de' cette affiche, c'est un abus 

contre lequel je proteste énergique- 

ment. 

» Je ne connais aucun des signataires, 

et si quelqu'un était venu me demander 

de signer ce qu'il y a là-dessus, j'aurais 

nettement répondu non. De plus, je suis 

malade depuis quinze mois, je ne peux 

marcher qu'avec des béquilles, je vis 

avec ma mère et mon frère qui-n'est pas 

plus antimilitariste que moi; je ne sors 

qu'une heure par jour, et encore quand 

il ne fait pas trop mauvais, Je vous jure 

que j'ai bien autre chose à faire que de 

1 m'occuper de politique.» 

Lelong a présenté à M. Plory des cer- 

tificats de l'hôpital Bichat, établissant 

qu'il est arthritique et pendant de très 

longues périodes dans l'impossibilité de 

marcher sans béquilles. D'autre part, 

les renseignements recueillis sur lui et 

sa. famille sont très bons. 

Il y a donc certainement eu confusion 

de nom. Le graveur a été remis en li- 

berté et on va chercher l'autre Lelong. 

Il a été recommandé aux inspecteurs 

de la Sûreté, chargés de rechercher les 

quatorze autres inculpés contre lesquels 

sont décernés des mandats, de bien se 

renseigner afin de ne plus commettre 

d'erreur semblable. 

Georges 

Grison. 

îxeJWas^faWfé 

SALONS 

Lé Président de la' République et Mme 

Faliiéres donneront mardi prochain, à l'Ely- 

sèe, un déjeuner en l'honneur du roi des Bel- 

ges, qui doit arriver aujourd'hui à Paris. 

Le -ministre des affaires étrangères et 

Mme Pichon donneront aujourd'hui un déjeu- 

ner en l'honneur de S. A. t. le prince Fushimi. 

Très élégant diner, avant-hier, chez la 

marquise de Brou. Les convives étaient 

Duc et, duchesse de Luynes, comte et com- 

tesse Gérard de Rohan-Chabot, prince et prin- 

cesse Rbg-atien de Faucig-ny-Lucing-e, marquise 

de Saint-Paul, comte de Castellane, marquis de 

Tanlay, MM. de Vatimesnil et de Saint-André. 

Ce dîner a été suivi d'une réception très 

restreinte, au cours de laquelle Mlle Renée 

du Minil, de la Comédie-Française, a dit avec 

beaucoup de charme diverses poésies de Vic- 

tor Hugo*, de Mine Edmond Rostand et d'Ha- 

railcourt. 

La dernière mâtinée musicale donnée 

par la vicomtesse de Trédern a été réussie en 

tous points. 

Les beaux et vastes salons de la place Ven- 

dôme suffisaient à.peine à contenir la foiile élé- 

gante qui s'y trouvait Véunie. Au programme 

Pastorale de Saint-Saëns comtesse AHard 1 

du Chollet et vicomtesse de Trédern; A toi, de 

Bemberg: comtesse Allard du Chollet; Gavotte 

de Rameau M. L. Diémer, qui a ensuite joué 

une de ses exquises compositions; Arioso, de 

Bach, et Scherzo pour violon Mlle de Chava- 

gnac, accompagnée au piano par sa sœur; la 

Fauvette, de L. Diémer, et 1 air de Loge de 

l'Or du Rhin M. Le Lubez qui a chanté ensuite 

le'duo de Sigurd avec la vicomtesse 

lé clergé, le corbillard et les religieuses. 

Le deuil était conduit par MM: Lucien 

Marcheix et Victor Boy, gendres du défunt 

Georges Lafenestre, Wilmoth, Archambault 

de Beaune, Georges Bèhëditê, Lucien Béné- 

dite, 

etc. 

Venaient derrière eux les membres de 

l'Institut, le maire 'de Bourg-la-Reine, les 

membres du Conseil municipal, de la déléga- 

tion cantonale, de la caisse des écoles, du bu- 

reau dé bienfaisance, le répartiteur,, les di- 

recteurs et les directrices des écoles, les ins- 

tituteurs et les institutrices de l'Association 

meusienne. 

M. l'abbé Lapeyrade, curé de Bourg-la- 

Reine, qui avait fait la levée du corps, a donné 

l'absoute. 

Reconnu au hasard parmi les personnes 

présentes 

Gaston BoisSiër, 'François Goppée, Tîrnest h&- 

visse, Jules Troubat, Edmond Haraucourt, A. 

Guillin, Victor Margueritte, 

Joseph 

Bertrand, 

Gebhart. Bislêre, Gabriel iïonod, Georges Ber- 

g-er, Paul Guaslalla, André Foulon de Vaulx, 

Georços Picot, marquis de Vôgiié, C. 5io3'au, 

Fréderic Masson, Paul Horvieu, Henry Hous- 

saye, l'aul Dubois, Paul Ollendorlï, Edgar De- 

mande, Jean lliche.pin, E. Fasqùelle, P. Maèny, 

Poincaré, Curel, Fayard, Jean" Aioard, Albert 

Cim, Etienne Lamy, G. Messager, colonel Candé- 

los, A. de Bertha, Jules Comte, Delano, Au- 

guste Dorchain, Adolphe Brisson, Lucien Pâté, 

Paul Déroulède, Léon Lhermitte,. Henri de Ré- 

nier, Henry Mordillât, Henri de Biéville, Désiré 

Lemerre, 

etc. 

L'inhumation a eu lieu au cimetière de 

Bourg-la-Reine, dans le caveau où repose 

Mme Theuriet. 

Aucun discours n'a été prononcé. 

On nous annonce le décès de M. Robert 

Louis-Dreyfus, enlevé rapidement à ses pa- 

rents à l'àge de vingt-neuf ans, par une scar- 

latine infectieuse. 

Les obsèques auront lieu dimanche, à dix 

heures du matin. On se réunira au domicile, 

77, avenue des Champs-Elysées. L'inhumation 

aura lieu au cimetière du Père-Lachaise. 

La famille, n'envoyantpas de lettres de faire 

part, prie de considérer le présent avis comme 

invitation aux obsèques. On est prié de n'en- 

voyer ni fleurs ni couronnes. 

No&s apprenons la mort De M. 

Tanerède dt Scitibaux de Greische, décédé 

avant-hier à Paris, 11 bis, rue Montaigne, à 

l'âge de quarante-neuf ans Du comte 

de La Tour dit Pin-La Charce, capitaine de 

vaisseauen retraite, décédé à. Versailles; 

De M. Charles Mey\onnier, décédé à la suite 

d'un accident de cheval survenu à la caserne 

du 11e hussards, à Tarascon,- sa garnison. Il 

était le seul survivant des fils de M. Eugène 

Meyzonnier, le grand industriel président de' 

la Chambre de commerce d'Anùonay et mem- 

bre du Conseil supérieur du travail De 

M. des C/iesnes, décédé à Langres à l'âge de 

quatre-vingt-six ans. De son mariage avec 

Mlle Guyot de Saint-Michel, il laisse une fille, 

Mme Lambrecht. Le défunt avait fait partie 

de la maison de f empereur Napoléon III 

De M. Gaston Elide, décédé subitement à Pa- 

ris. Les obsèques religieuses seront célébrées 

demain matin. L'inhumation aura lieu au ci- 

metière de Neuilly-sur-Seine. Le défunt était 

le père de M. Robert Eude,, notre distingué 

confrère De M. l'abbé Sidot, ancien 

aumônier du lycée de Grenoble, dernier au- 

mônier français du lycée de Metz, où il 

avait organisé des ambulances pendant la 

guerre', décédé à l'âge de quatre-vingt-qua- 

tre ans De don Scipione Salviati, fils 

du duc et de la duchesse Salviati, décédé au 

château de Migliarino Pisano, à l'âge de qua- 

torze ans; De M. Ensile Har^ê, directeur 

général honoraire de"s minés belges, décédé à 

Bruxelles à l'âge dé soixante-treize ans. 

A Bordeaux, en l'église Saint-Seurin, ont 

été célébrées les obsèques du général de 

Prévost de Sânsâc, comté de Traversay, 

ancien directeur de l'infanterie au ministère 

de la guerre, commandeur dé la Légion 

d'honneur. 

Les cordons du poêle étaient tenus par les 

généraux Maréchal et Maux, les intendants 

de La Grandière et Schuster, le colonel Lau- 

rent Chirlonchon et le docteur Madamet. 

Le deuil était conduit par le marquis de 

Traversay, officier supérieur en retraite, offi- 

cier de la Légion d'honneur, frère du défunt 

le comte F. dé Traversay, son gendre le 

comte de Pitray et le baron de Parceveaux, 

ses neveux. "» 

Les honneurs militaires furent rendus pat 

un bataillon d'infanterie avec drapeau et mu- 

sique, un escadron de hussards et une bat- 

terie d'artillerie. 

Au cimetière de la Chartreuse, avant l'inhu- 

mation, des discours furent prononcés par les 

généraux Maux, Larchey et Maréchal. 

Ferrari. 

TOURNOID'ÉPÉEDENICE 

a»eau 

(Par dépêche de notre envoyé spécial) 

Nice, 26 avril. 

Le tournoi international d'épée de 

Nice s'est terminé hier par l'éclatante 

victoire de M. J. Joseph-Renaud, se clas- 

sant premier sans touche dans la finale. 

Je n'ai rien à dire, qui ne soit déjà connu 

sur ce grand escrimeur. 

11 a épuisé tous les éloges, mais je n'ai 

pas souvenir qu'il les ait jamais mieux 

mérités qu'en cette occasion. Gagner, 

sans une défaite, par des coups tellement 

nets que 

ses adversaires les ont sponta- 

nément annoncés, une poule de douze 

tireurs de douze tireurs de cette force 

c'est mieux qu'un .succès, c'est un 

triomphe. La victoire semble élire domi- 

cile au cercle Hoche. 

Le second a été le sergent Gatineau du 

22° d'infanterie, escrimeur entraîné, sa- 

vant. plein de décision et d'à-propos le 

troisième, l'adjudant Lézard du 0e batail- 

lon de chasseurs alpins, gaucher, d'une 

remarquable valeur au double point de 

vue de la science des armes et de la tac- 

tique particulière au jeu de terrain. 

Venaient ensuite MM. Al'ibert (salle 

Baudry) "quatrième Bonioli, maître mi- 

litaire italien, cinquième; Olivier, ama- 

teur italien, sixième Félix Ayat, maître 

français, septième lieutenant de Suf- 

fren, huitième Millet, maître français, 

neuvième; Furst, maître militaire ita- 

lien, dixième; Duquet, onzième. 

M. Leleu avait dû abandonner la poule 

à la suite d'une foulure. 

Aux prix annoncés, dont la valeur at- 

teignait, comme je l'ai dit, 12,000 francs, 

s'ajoutaient deux fort. belles plaquettes 

offertes par.le comte Albert Gautier, pré- 

sident du Tournoi, aux tireurs ayant fait 

les plus belles Ce furent, dans la 

circonstance, M. Félix Ayat que la maie- 

chance a visiblement desservi car il 

pouvait prétendre aux huit premières 

places et M. Bonioli. 

Le prix du tireur le moins touché est 

revenu à M. J. Joseph-Renaud. 

L'admission simultanée des amateurs 

et des maîtres avait favorisé dans cette 

épreuve la réunion d'un nombre parti- 

culièrement important de tireurs de 

classe, et le tournoi de Nice a emprunté, 

notamment à ce fait, un éclat sportif qui 

sera malaisément dépassé. C'est le cham- 

pionnat le plus fort auquel j'aie assiste 

jusqu'à présent. 

C'est à M.Willy Sulzbachèr qu'avaient 

été confiées, pour les deùxderniers jours, 

lès délicates fonctions du président du 

jury. Il s'en est acquitté avec une coin- 

pétence, Un tact et une autorité appréciés 

de tous. MM. Masâniello Parise, com- 

mandant Desmarets, Dominique Du- 

•ràridy, directeur du Petit Niçois, L, Ga'fi- 

baldi, directeur de VEclaïreur de Nice, et 

l'adjudant Courtial, l'assistaient eh qua- 

lité de juges. 

Ces messieurs ont résolu le difficile pro- 

blème de satisfaire tous les concurrents 

et de ne soulever aucune réclamation au 

cours des trois demi-finales et d'une 

finale disputées. avec passion. Ce résultat 

mérite qu'on le signale. 

Une organisation véritablement par- 

faite a achevé d'assurer le succès de 

cette grande épreuve, qu'une foule consi- 

dérable suivait avec le plus vif intérêt. 

J'ai noté hier dans la tribune d'hon- 

•heur 

M. de Joly, préfet dés Alpês-Màritimes, et 

Mme de Joly; M Roger, gouverneur général 

de Monaco général de Çastex, M. Raiberti, 

général Gœischi, duc de Montebello, comtesse 

et Mlle Albert Gautier, .M. et Mme Gàssin, 

baron et baronne de Heéckeren, Mme de 

Perett.i della Rocca, M. et Mme de Ponthus, 

comtesse Marquiset, M. -et Mme de Milo, 

Mme de Ruille, Mme Fithian, M. et Mme de 

Saint-Quentin, M. et Mme Chéret, comte et 

comtesse de Ripert, Mme Noël DesjoyeauxJ 

M. et Mme de Loiigcàmp,MM.G.Larosé,C. de 

Tour, comte Vissecq, MM. de Lafretê, Pado- 

yani, Bounin, comte Celebrini, comte de S. Al- 

bino, MM. Nicot, de Villemain, comte Avët 

de Saint-Cyr, comte de Foras, colonel Cons- 

tantinowitch, M. dé Cosniac, capitaine de 

Sugny, MM. Dubois de Villiers, de Belfortes, 

marquis de Constantin, baron de Comtes, M. ` 

de Bucamps, etc., etc. 

Plus de 3,000 personnes se pressaient 

dans l'enceinte. 

Le Comité technique se composait du 

comte Albert Gautier, président, de M. 

Bruneau de Labcrie, vice-président, et 

de MM. Paul Bounin, G. Maurevert, D. 

Durandy, L. Garibaldi, L. Gassin, P. Pa- 

dovani. 

M. le comte Albert Gautier a ainsi 

constitué une œuvre parfaite, et, s'il est 

vrai que certains succès soient la meil- 

leure des récompenses, le très distingué 

fondateur de la grande semaine d'épée 

de'la Côte d'Azur doit éprouver, -r~ à 

considérer le résultat de son effort, 

une pleine et légitime satisfaction.. 

Les .escrimeurs y applaudissent, avec 

M. Higgins, dans leur très sympathique 

gratitude. 

Nous reversons, en 1908, après le Tour- 

noi de Monte-Carlo, le Tournoi de Nice. 

C'est un honneur pour la fédération des 

Sociétés d'escrime et celle des Armes de 

France d'avoir attaché le souvenir de 

leur premier patronage, à une manifes- 

tation aussi brillante et d'un aussi re- 

marquable 

îriteréï 

Jehan Septime. 

A l'Etranger 

Maroc, France, Allemagne 

J'ai peine à comprendre lès personnes 

qui prétendent que l'occupation d'Oudjda 

est à la fois « inutile et dangereuse ». 

Commerit accorde-t-on ces deux adjec- 

tifs ? Si l'occupation d'Oudjda ne peut 

pas servir la politique française, c'est 

qu'elle est indifférente au Maghzen dès 

lors, elle ne risque guère de devenir 

dangereuse. Si l'on persiste cependant à 

soutenir que par cet acte nous avons ac- 

cru l'hostilité du Màghzèn, c'est donc que 

l'occupation d'Oudjda avait une valeur 

de pression. 

Il est vrai que le gouvernement et les 

orateurs parlementaires ont insisté sur 

le caractère -provisoire de notre inter- 

vention. Mais nous avons dit dans là 

même occasion ce que là France réclame 

à cause de tant d'offenses non réparées 

et de tant de crimes restés impunis. A 

l'attitude que va prendre le gouverne- 

ment chér'ifien, on pourra juger si notre 

action fut « inutile ». Or; un télégramme 

de Tanger nous informe que la réponse 

de Ben Sliman à nos revendications mon- 

trerait quelque bonne volonté. Evidem- 

nient, jj n'y auraiirplus de diplomatie 

orientale si le Maroc ne cherchai ta gagner 

du temps ét à biaiser. Nous ne serons pas 

surpris par un essai de marchandages 

mais une chicane inévitable sur la por- 

tée, l'étendue et l'heure des répara- 

tions nécessaires ne change rien au pri'n- 

"c'ipé reconnu. On discutera. Notre rôle 

consiste à tenir bon. Et l'impression à 

Tanger est que, si nous voulons, nous 

aurons gain de cause. Oe sera la preuve 

que l'occupation d'Oudjdâ n'était pas si 

indifférente. 

Cet incident réglé, il n'y aura plus 

d'affaire marocaine (à l'état aigu) lors- 

qu'il plaira à Berlin qu'elle cesse. Mais 

quand cela plaira-t-il ? Et à quel prix? 

Jusqu'à ce jôiir les conversations de 

journaux allemands et français ne nous 

ont guère renseignés. Je serais même 

tenté de croire que la question est moins 

claire qu'auparavant et la solution plus 

éloignée. Quelques-uns ont dit à l'Alle- 

magne 

« Désintéressez-vous du Maroc, 

nous serons gentils dans l'affaire de 

Bagdad. 

» Les officieux allemands ont 

répondu, non sans un certain aplomb 

« Nous ne pouvons rien pour vous au 

Maroc, et vous n'êtes pas nécessaires au 

Bagdadbahn. » Alors, on insiste du côté 

français 

« Si nous prenions vos valeurs, 

si nous inscrivions, les fonds allemands 

à la cote officielle .? » Aussitôt paraît une 

réplique de Berlin dans le Néues Wienëfi 

Tagblalt « En achetant des fonds alle- 

mands à 4.0/0, c'est à leur propre bourse 

que les Français rendraient service. » 

Que voilà des façons subtiles de discu-1 

ter, subtiles ma-is pas très sérieuses 

Elles ont du moins ce résultat de riîon- 

trer que nous ne prenons pas lé bon 

chemin par cette série d'offres jetées 

à la face des Allemands. On n'obtient 

que l'humiliation des refus successifs, et 

pas moindre éclaircissement.. Cela 

rappelle les fameuses négociations de 

M. Revpil et dé M. de Radowitz en fé- 

vrier i908. M. Revoil -lui-même y per- 

dait son latin! Le correspondant du 

Nert'es Wiener Tàgblatt a résumé de 

la sorte ses conclusions « L' Allema- 

gne n'a rîéti à donner au Maroc. La 

France n'a rien à accorder en Asie. » La 

première proposition est inexacte car 

l'Allemagne aurait à observer l'acte 

d'Algôsiras. dans sa lettre et dans son 

esprit. La seconde proposition est un 

bluff 

on n'a pas encore trouvé. et 

'on ne trouvera pas facilement à Cons- 

tantinople un revenu disponible pour 

fournir une garantie à un nouveau trôn- 

çon du chemin de fer de Bagdad. Il fau- 

d'rait à cela la complaisance de l'Angle- 

terre. Autant vaut demander franche- 

ment le concours des capitaux français-, 

et le payer. 

Eugène 

Lautier. 

DERNIÈRES 

NOUVELLES 

Service spécial du Figaro Y~j 

Les affaires marocaines 

Londres, 26 avril. 

Le correspondant du Times à Tanger se dit 

informé que les contrats relatifs aux travaux 

publics passés entre le Maghzen et des mai- 

sons allemandes ont été conclus, il y a six 

mois, et non la semaine dernière, totnme on 

lé croit généralement. 

Depuis la signature de 'tes contrats, la 

question à été 'discutée plusieurs fpis par le 

corps diplomatique, sans que ni les Maro- 

cains ni lès Allemands eussent une seule fois 

indiqué que l'affaire fût déjà réglée. 

La question sera portée de nouveau pro^ 

chainement devant le corps diplomatique. 


On mande de Saint-Pétersbourg au Times 

que le gouvernement russe a transféré ses 

droits dans la Banque d'Etat du Maroc à une 

banque française de Saiht-Péteï sbourg. 

Tanger, 26 avril. 

Lé côtttrè-amiral Philibert est allé voir 

aujourd'hui Mohammed el Torrès qui lui à 

rendu sa visite à bord de la Gloire. 

Le LalaftCle est arrivé. 

Un négociant juif, protégé portugais, a été 

lapidé à Casablanca par un nègre â la solde 

d'un indigène. Le meurtrier a reçu six 

réaux, environ un franc, pour commettre son 

«rime. 

Un discours du président Roosevelt 

New- York, 26 avril. 

Le président Roosevelt a inauguré aujour- 

d'hui l'exposition qui a été organisée à Nor- 

folk, dans l'Etat de Virginie, pour célébrer le 

troisième centenaire de la fondation de Ja- 

mestown, petite ville qui fut le berceau des 

établissements anglais dans l'Amérique du 

Nord et qui se trouve à quelques kilomètres 

de York Town dont la capitulation mai- 

qua la fin de leur domination. M. Roo- 

sevelt ne pouvait manquer d'évoquer cas 

souvenirs et avec eux celui 4a grand citoyen 

qui fut le fondateur de la liberté américaiae,. 

1 Washington, qui était originaire de la Vir- 

ginie. 

Mais cette partie nistdri(|ue 

et rétrospec- 

tive du discours d'inauguration du président 

n'a qu'un intérêt relatif, encore qu'il en ait 

tout naturellement tiré quelques déductions 

toutes modernes; pour l'orateur lui-même elle 

ne constituait évidemment qu'un hors-d'œu- 

vre. Le plat de résistance, nous le trouvons 

dans la conclusion que M. Roosevelt a consa- 

crée à son sujet favori les abus résultant 

4'urie concentration e-xagéféà des capitaux et 

des moyens de production 

Notre énorme 

prospérité industrielle, dit M. 

Roosevelt, a entraine certains graves inconvé- 

nients et notre dessein est d'essayer d'y remé- 

dier sans détruire en même temps notre bien- 

être. Les combinaisons, celles du capital comme 

celles du travail, peuvent être bienfaisantes, 

mais il faut s'opposer à toute combinaison, même 

puissante, si elle fait du mal. 

On sait déjà que ce sont surtout les. combi- 

naisons du capital que vise M. Roosevelt. 

Actuellement, dit-il, le jjluj- grand problème 

que nous ayons à envisager est de voir com- 

ment nous exercerons un contrôle de ce genre 

sur l'emploi dans les affaires d'une vaste i,ri- 

chesse soit individuelle, soit encore et plus spé- 

cialemént collective, de façon à ce qu'elle ne 

soit pas employée contre l'intérêt du public, mais 

qu'elle permette de grands et légitimes profits, 

capables d'encourager l'initiative individuelle. 

Nous avons à mettre un teraie aux abus et à 

prévenir leur retour, sans faire preuve d'un sim- 

ple esprit de vengeance à l'égard de ce qui a 

été fait dans le passe. 

Rappelant un mot de Burke, il dit qu'il est 

préférable de ne faire aucune réforme si l'on 

veut réformer équitablement, car il faut en 

même temps préserver.. C'est dans cet esprit 

qu'il poursuivra la réforme des abus de la 

richesse collective; il n'épargnera pas plus le 

malhonnête homme, « qu'il opère sur une 

grande ou une petite échelle », que le vulgaire 

criminel il veut surtout prévenir, et estime 

qu'il se montrera le meilleur ami de la pro- 

priété en faisant voir qu'il ne veut pas tolé- 

rer les abus de la propriété. 

Et*pour qu'il n'y ait pas d'erreur Sur sêà 

intentions, il a ajouté 

1 Nous sommes disposés à 

préserver 

constam- 

ment"la propriété privée, mais nous combattrons 

toute tendance à réduire le peuple à' là servitude 

économique, et il nous importe peu que 

cette 

tendance provienne d'une agitation nélaste diri- 

gée contre toute propriété ou des actions des 

membres appartenant à ces classes d'accapa- 

reurs dont le pouvoir antisocial s'accroit rm- 

mensément du fait riiènié qu'ils possèdent la ri- 

chesse. 

La grande République américaine ne doit de- 

venir ni le gouvernement d'une ploutocratie, ni 

celui de la plèbe. 

Nous devons, dit le Président en terminant, 

constamment nous efforcer d'assurer à chacun 

des moyens égaux de montrer dans la vie l'e- 

toffe qu'il a en lui. Nous sommes fiers dé nos 

écoles et de là direction intellectuelle que nos 

enfants ont l'occasion d'y trouver. Mais ce dont 

nous nous soucions le plus, c'est du niveau du 

caractère de l'homme en général.' Si ce niveau 

est assez élevé, il n'y a pas dé victoires que ne 

puisse obtenir un peuple qui se gouverné libre- 

ment. 

M. Roosevelt n'avait jamais si clairement 

exposé ses intentions et il à évidemment 

tenu à prouver que les accusations et les me- 

naces dé Harriman né l'atteignaient pâss 

La Douma 

Saint-Pétersboûrji 26 avril. 

Là Douma a adopté aujourd'hui, à l'unani- 

mité, l'ordre du jour déposé par les interpel- 

lateurs sur les événements de Riga et, à 

l'unanimité moins quatre voix, une motion 

des socialistes populistes au sujet de la révo- 

cation de quelques fonctionnaires., 

Le journal officieux Rossia publie aujour- 

d'hui un article violent contre les membres 

de l'extrême droite, et l'organe de l'Union du 

peuple russe, ZtKimia, a été saisL 

La crise belge 

Bruxelles, 26 avril. 

M. de Tropz a été reçu par le Roi cet après- 

midi au palais de Bruxelles. L'entretien à 

duré plus d'une heure. Rentré son hôtel) le 

futur chef de cabinet a, refusé de dire aux 

journalistes ce qui s'était passé, mais il est 

probable qu'il.s'agiasait de soumettre au Roi 

la composition du nouveau hiinistérô le dé- 

nouement de la crise est désormais très pro- 

che. VAN Geldër. 

4.as langue magyare 

Budapest, 

26 avril. 1. 

Le Parlement hongrois a déflnitivernènt 

voté la réformé de l'en se igné nient primaire 

proposée par le comte Albert Appônyi, iiii- 

nistre de l'instruction publique-. 

Dorénavant le magyar sera enseigné dans 

toutes les écoles primaires gouvernementa- 

lés, communales et confessionnelles. C'est 

un acheminement vers la réforme de la 

langue du commandement dans l'armée, qui 

reste le principal article du programme du 

parti de i'ihdépendaàce. 

Exigence buîgaro-macèdonienne 

Athènes 26 avriL 

Une dépêche de Bourgas (Roumèliè) an- 

nonce que le vice-consul de France aurait 

reçu une lettre du Comité macédonien lui 

enjoignant, ainsi qu'à ses collègues d'Autri- 

che, d'Italie, d'Angleterre, de Grèce et de 

Turquie, d'imposer à leurs nationaux le paye- 

ment au Comité d'un impôt pour sûbvèhi? 

aux besoins des comitadjis pendant les fêtés 

de Pâques; faute de quoi, le Comité ferait 

sauïer, les consulats le jour de Pâques. 

La dépêche, que; jusqu'à nouvel ordre, je 

ne vous transmets que sous réserves, ajoute 

qu'à là suite d'une réunion au consulat de 

France, le corps consulaire aurait décidé de 

prévenir lé .préfet et d'en, référer à Sofia. 

COURTES DÉPêOHE3 

La reine d'Espagne est allés hier prendre 

le thé chez l'infante Isabelle. 

Une grève de charbonniers a dégénéré én 

émeute dans l'ile anglaisé de ÊSàintê-Luciè, 

aux Antilles. Dès troupes dé renfort y ont été 

expédiées 

dé la Barbade. 

Deux élèves du gymnase de Genève, 

nommés Laxin et Bordier, qui étaient en 

excursion sur le mont Salève, ont fait une 

chute terrible leurs corps ont été retrouvés 

hier matin. 

Un chirurgien bien connu de Vienne, 

dans un accès de vertige, est tombé dans le 

Danube et s'est noyé». 

Figaro à Londres 

(SmrîJHpfclalje notre tuMaade Londres,(.litMittr) Str., a.) 

AU FORE1GN OFFICE 


Le départ de de sir Eldon Gorst pour l'E- 

gypte a nécessité un mouvement dans le haut 

personnel du Foreign Office. 

M. Louis du Pan Mallet, secrétaire parti- 

culier de sir Edward Grey, est nommé sous- 

secrétaire d'Etat adjoint, en remplacement 

de sir Eldon Gorst; M. William Tyrrell de- 

vient secrétaire particulier du ministre, et il 

est remplacé dans le poste de «précis writer », 

qu'il occupait depuis 1905, par M. C. Mont- 

gomery. Enfin le vicomte Errington, fils 

ainé de lord Cromer, est désigné par sir Char- 

les Hardinge, sous-secrétairc d'Btat perma- 

nent, pour remplir auprès de lui les fonc- 

tions de secrétaire. 

M. Louis du Pan Mallet, descendant du cé- 

Jèbre Mallet du Pan, né en 1864, entra dans 

la carrière diplomatique en 1888 et passa par. 

les ambassades, légations et consulats géné- 

raux du Brésil, de Rome et du Caire « précis 

wfiter » de lord Lansdowne de 1903 à 1905, 

secrétaire particulier de sir Edward Grey 

depuis 1905, c'est l'un des diplomates les plus 

sympathiques, 

les mieux informés et. les 

plus avises du service diplomatique de la 

Grande-Bretagne. 

M. W. Tyrrell entra au Foreign Office en 

1889, fut secrétaire particulier de sir Thomas 

Sanderson, ëx-soùs-secrétairé d'État pèrma- 

qïent. J. Cquduiuer. 

LA MAIN-D'ŒUVRE AU TBANSVAAfc. 

Londres, 86. avril;- 

Des négociations s'ont engagées âii sujet de 

la itaain-d'œuvre entre le gouvernement du 

Transvaal, lé président de la Chambre de% 

mines de Johannesburg et le président dé 

l'Association de la .main-d'œuvre indigène. 

M. Rôbinson y serait intervenu. 

Il s'agirait, pour le gouvernement du TrànsV 

vaal, de désigner des représentants chargés 

de s'assurer de la réalité des efforts faits par 

l'Association de la main-d'œuvre pour em- 

baucher lès Càfres. 

Le gouvernement étudie cette 

proposition. 

LA COUR ET LA VII. LE 

Le Foreign Office dénient la nouvelle 

d'âpres laquelle l'escadre de la Manche irait 

prochainement visiter Cronstadt. 

A Les partisans du tunnel sous la Manche 

ne désarment pas. Ils vont constituer un co- 

mité dans le but d'organiser en Angleterre un 

mouvement en faveur de ce projet. 

Le Daily Telegraph annonce qu'un cer- 

tain nombre de mécaniciens des Woolwich 

qui viennent d'être licenciés ont quitté l'An- 

gleterre pour se rendre eh Allemagne. Ils au- 

raient été engagés à de très belles conditions 

à l'arsenal d'Ems. 

MmeFoucault, qui était poursuivie pour 

avoir vitriolé un de nos jeunes compatriotes 

qu'elle était venue rejoindre à Londres; a été 

acquittée par le jury. 

Amérique 

latine 

DANS L'ARGENTINE 

• 

Buenos-Aires, 26 avril. 

Au Congrès. Le candidat ayant le plus 

de chances d'être élu président de la Cham- 

bre des députés qst. M. Ortiz Rozas, et prési- 

' 

dent du Sénat, M. Bonito Villanuéva. 

Départ. Aujourd'hui est parti le paque- 

bot allemand Kœhing Friedrich Augûst, ayant- 

à son bord, entré autres, MM. Enriqu,e Mac 

Kinlay, Tibitrcio Bonegas, Adriano Penàrd, 

Mme Eùcira Diaz de Paz, M. Abëlla. 

Fêtes olympiennes à Londres. Là Com- 

mission des fêtes 

olympiennes argentines 

prendra part aux fêtes olympiennes qui au- 

ront lieu l'année prochaine à Londres-. M. 

Manuel Quintana, qui partira avec sa famille 

le 18 mai à destination d'Europe, sera le pré- 

sident de cette Commission. 

Banquei. Le « Club français », de Bùe- 

nos-Aires. a offert un banquet en l'honneur 

de M. Thiébaut, ministre de France. 

Monument Mitre. L'exposition des ma- 

quettes pour le monument Mitre a été inau- 

gurée aujourd'hui. 

A la dernière heure, nous recevons de' 

Biienos-Airës l'impoi tante dépêche que voici: 

On mandé de Londres que lundi seront intro- 

duits à la cote de la Bourse de Paris les em- 

prunts 6 0/û de la province de -Buenos-Aires, 

DANS -L'URUGUAY' -• -n 

Montêvideoi 26' avril, i.; 

•Nomination. M.. José Batlle y Ordoïiez, 

ancien président 'de la République; M-. Juan 

Pedro Castro, ministre de l'Uruguay à Paris, 

et M. Daniel Mùïïoz, ministre de l'Uruguay à 

Londres, ont été désignés par le gouvernc- 

•ihent comme délégués à là conférence de la 

Haye. 

Chemins de fer. Le gouVôrnémèht de 

l'Uruguay a pris en Considération un projet" 

dé construction 'de chemin de fer allant de 

Paysandu à Rivera. Le projet a été mis en 

soumission, et il parait que la concession de 

la nouvelle ligne sera adjugée à un fort syn- 

dicat belge, qui s'occupe en ce moment de la 

construction d'un chemin de fer à voie étroites. 

dans l'Etat brôsilieh de Rio-Grânde. 

Le gouvernement uruguayen se propose, 

dit-on, de « nationaliser » /les services d>

LE FIGARO SAMEDI 27 AVR'l 1907 

Autour 

de la 

politique 

Le prochain Conseil des ministres 

Nous avons déjà dit que le Conseil des mi- 

ini.stres se réunirait lundi prochain, à l'Ely- 

sée, sous la présidence de M. Fallières. C'est 

au cours de cette réunion que le Conseil aura 

à statuer sur le cas de M. Nègre et des sous- 

agents des postes et télégraphes déférés à 

leurs Conseils de discipline respectifs. 

*Tousles ministres seront présents M. Bar- 

thôu, ministre des travaux publics qui était 

en Suisse, rentre tout exprès à Paris aujour- 

d'hui M. Guyot-Dessaigne, ministre de la 

justice, obligé de partir pour son départe- 

ment,sera rentré dimanche soir et M. Viviani, 

ministre du travail, revient du Midi pour 

prendre part à cette réunion à laquelle assis- 

tera également le général Picquart, revenu 

hier du voyage d'inspection qu'il vient de 

faire dans l'Est. 

Une Interpellation 

M. Ferdinand Buisson, député de la Seine, 

conformément à l'intention dont il avait au 

surplus fait part au président du Conseil à 

l'issue de l'entrevue qu'il eut hier avec lui au 

sujet de l'ordre 

duôur 

du Comité exécutif 

du parti radical, déposera sur le bureau de 

la Chambre, dès la rentrée, une demande 

d'interpellation. 

M. Buisson veut interroger le gouverne- 

ment sur le caractère et la portée qu'il entend 

attribuer à l'un des griefs relevés contre les 

agents et sous-agents. Le grief en question 

est celui d'avoir revendiqué pour leur asso- 

ciation professionnelle le droit syndical, y 

compris l'admissionaux Bourses, Fédérations 

et Confédération générale du travail. 

Auguste Avril. 

LaGrèvedel'alimentation 

Les patrons limonadiers et restaura- 

teurs se sont réunis hier, à quatre heu- 

res, dans la grande salle du Bal Tabarin 

pour décider si oui ou non on entrerait 

en relation avec le syndicat ouvrier. 

ka réponse a, été négative. 

L'assemblée était présidée par M. Mar- 

guery, ayant à ses côtés MM. Milon et 

Catelain père. 

Dès le début de la séance, M. Catelain 

a donné connaissance du résultat des 

élections de la Société de secours mu- 

tqels et de retraite l'Etoile. Nous avons 

raconté les déplorables incidents de la 

salled'Athènes,incidentsqui avaient forcé 

le vénérable président à quitter la salle. 

Malgré les efforts des meneurs* les 

membres' de l'association n'ont pu ou- 

blier les services que depuis trente ans 

leur a rendus leur président, M. Cate- 

lain. Ils l'ont réélu par 460 voix sur 685 

votants. Deux employés, MM. Moulis et 

Schram, membres sortants, ont été éga- 

lement réélus, le premier par 350 voix, 

le second par 281. 

M. Marguery est ensuite entré dans le 

vif de la question. Il,a rendu compte de 

la réception bienveillante qu'avait faite 

au bureau de la chambre syndicale M. 

Clemenceau. Le président du Conseil 

ayant offert l'arbitrage du juge de paix 

du premier arrondissement, on a fait une 

visite à ce magistrat qui a conseillé de 

reconnaître le syndicat ouvrier, ce syn- 

dicat ayant existence légale. 

Et maintenant, a ajouté le prési- 

sident, je consulte l'assemblée sur la dé- 

cision, à prendre et la conduite à tenir. 

M. Bourlaire, restaurateur, rue du 

Bouloy, s'élève avec' force-contre toute 

idée de, concession nouvelle. Il dit qu'il 

serait lâche de traiter ayec.les Protat et 

les Bousquet. Au nom de l'Union fédé- 

rative, dont il est le président, il de- 

mande que l'assemblée se prononceéner- 

giquement contre des négociations avec 

les grévistes. 

Feullleton du FIGARO du 27 avril 

(76) 

ENALLEMAGNE 

LES KARTELS 

FIN-i- 

izi 

>– Voulez-vous, demandai^ à M. 

W. me résumer les avantages des kar- 

tels ? Je vous prierai de m'en dire en- 

suite les inconvénients, s'il y en a. 

^Les avantages sautent aux yeux. 

Les kartels ont sauvé l'industrie du char- 

bon et assuré pour un temps la pros- 

périté de la métallurgie allemande voilà, 

les deux faits tes plus visibles et les plus 

frappants de-lleur action. En 1900, la 

grande crise que nous traversâmes fut 

abrégée et enrayée par la réunion des 

grands kartels qui réglèrent aussitôt la 

production. 

v 

» Les kartels donnent aux patrons plus 

de sécurité puisque, produisant moins, 

ils gagnent davantage, et ne sont plus 

obligés de surproduire pour tirer un bé- 

néfice de leur travail. Leurs frais géné- 

raux déminuent, l'agitation contre la 

concurrence, qui coûte si cher et qui est, 

au total, improductive, est presque sup- 

primée. Exemple il y a. une caserne 

a bâtira Berlin et il faut 2,000 mètres de 

parquet. Six entrepreneurs viennent de 

Breslau, de Kœnigsberg, d'Altona, de 

Passau. (Car généralement les fabricants 

dé parquets s'installent près des fron- 

tières, le bois et la main-d'œuvre y 

étant meilleur marché.) Voilà donc six 

hommes qui se déplacent, font un long 

et coûteux voyage, dépensent de l'ar- 

gent et' du temps, pourquoi? pour se 

faire concurrence, pour offrir leur travail 

moins cher que leurs rivaux ? N'est-ce 

pas absurde Au lieu de cela, un kartel 

se fonde, dont le siège est Berlin. Il 

soumissionne sans concurrent à des prix 

rémunérateurs les 2,000 mètres de par- 

quet et les répartit entre ses membres. 

« Mais- si les patrons n'ont qu'à gagner 

aux kartels, l'ouvrier n'y perd pas. Je 

vous ai dit le résultat atteint par la cor- 

poration des typographes dont les patrons 

etles ouvriers se sont entendus; plusieurs 

autres syndicats çnt fait comme les typo- 

graphes, et de jour en jour le système 

progresse..dans l'industrie. Ils évitent les 

grèves et les chômages, et les risques de 

diminution de salaires. Autrefois, une 

(1) Voir le ffigaro des 27, 30 'juillet, 2, 4, 8, li, 

15, 18, 23, 25, 30 août, i«, 5, 8, 12, 15, 19, 22, 26, 

29 septembre, 3, 6, 10, 16, 20, 23, 27, 30 octobre, 

â, 6, 10, 13, 17, 20, 24, 27 novembre, i«, 4, 9, 11, 

16, 18, 23, 25, 30 décembre 1906 des 1"\ 5, 8, 12, 

15, 20, 2,3, 27, 30 janvier, 2, 5, 10, 13, 16, 19, 

27 février. t, 5, 9,-18,- 17, 20; 26, 30 mars, 3, 9, 14, 

17, 20 et 23 avril i«Q7, 

M. Spiess, qui est "au contraire par- 

tisan d'une entente, déclare que si, pour' 

son compte, il a eu des entretiens avec 

des ouvriers du syndicat, ces entre- 

tiens ont eu lieu sur un terrain neutre. 

Après tout, puisque le juge de paix 

dnclare que le syndicat est légalement 

reconnu. 

L'assemblée ne veut pas en écouter 

davantage et, après l'audition de quel- 

ques autres orateurs, tous partisans de 

la résistance patronale, on met aux voix 

la question de savoir si une seconde vi- 

site du bureau au juge de paix est néces- 

saire. 

Par 199 non contre, 14 oui, sur 223 vo- 

tants, l'urgence de cette démarche est 

repoussée. On décide cependant que, 

par déférence, M. Marguery, seul, ira 

rendre visite à M. Martin. 

L'ordre du jour suivant est ensuite 

proposé: 

Considérant que depuis le commencement 

de la grève, les patrons limonadiers et res- 

taurateurs ont fait toutes les concessions 

qu'il était possible de faire pour donner sa- 

tisfaction à leur personnel, par le port de la 

moustache-et la réduction des frais; que, 

malgré ces concessions, la grève n'a abouti à 

aucune solution 

pratique, 

les limonadiers et 

restaurateurs décident de ne plus s'occuper 

des grévistes qui font de la politique, enga- 

gent les hommes sérieux à reprendre le tra- 

vail au plus tôt et, dans le cas contraire, les 

patrons continueront à assurer le service de 

leurs établissements comme ils l'ont fait jus- 

qu'à "ce jour, bien décidés à fermer plutôt que 

d'entrer en relation avec un syndicat qui 

n'est pas qualifié pour discuter les droits et 

les besoins de chaque établissement. 

Cet ordre du jour est adopté à l'una- 

nimité moins une voix, celle de M. Spiess. 

A la même heure avait lieu à iata- 

verne du Nègre, boulevard Saint-Denis, 

une réunion des « restaurateurs-bouil- 

lonneurs et prix-fixes à la petite carte », 

c'est-à-dire des établissements de second, 

ordre. 

Deux cents patrons s'y étaient ren- 

dus. 

Bien qu'il ait été établi que les petites 

maisons qu'ils dirigent sont placées dans 

de tout autres conditions et n'ont jus- 

qu'à présent pas même été effleurées par 

la grève, ils ont tenu à se solidariser 

avec leurs collègues, et ont voté un ordre 

du jour déclarant qu'ils ne veulent au- 

cun contact avec « les révolutionnaires 

de la Bourse du travail », Ils entendent 

traiter directement avec leurs collabora- 

teurs et non avec des meneurs. 

Cet ordre du jour a été. voté à l'unani- 

mité moins 14 voix. 

La scission est donc complètement 

faite entre les patrons et les grévistes. 

De leur côté, les grévistes se disent 

très décidés à la résistance. Hier matin; à, 

leur réunion à la Bourse du Travail, 

quelqu'un ayant demandé que M. Protat 

ne fasse pas partie de la délégation afin 

que les patrons ne puissent pas arguer 

qu'on leur envoyait un délégué qui 

n'était plus du métier, le promoteur de 

cette motion a été fort vivement mis à la 

porte et le citoyen Protat, maintenant sa 

personnalité, a été couvert d'applaudis- 

sements. 

En apprenant la décision patronale, le' 

citoyen Protat a déclaré que « la conduite 

des patrons était ignoble » et que la jour- 

née d'aujourd'hui réserverait à certains 

d'entre eux quelques surprises. 

Il a adressé immédiatement au prési- 

dent du Conseil, sous enveloppe pneu- 

matique, la lettre- .-suivante 

Monsieur le ministre, 

La chambre syndicale ouvrière des limo- 

nadiers-restaurateurs et assimilés du dépar- 

tement de la Seine, en grève depuis le 17 

avril dernier, a l'honneur de solliciter de 1 

usine ayant surproduit s'arrêtait, ou 

bien, yaincue par un concurrent, fermait 

pour toujours. Des mines de houille'rui- 

nées par l'avilissement des prix étaient 

abandonnées. Les mineurs se voyaient 

forcés d'aller offrir leurs bras plus loin, 

au rabais, ils chômaient souvent. Au- 

jourd'hui, les mines prospères paient 

l'ouvrier des prix raisonnables et per- 

manents, les bras manquent, les sa- 

laires monteront encore. 

Alors, puisque, grâce au kartel,vaus 

avez relevé le prix des choses, c'est, le 

public qui a à se plaindre des kartels; 

le public qui, lui, a intérêt à payer le 

moins cher possible ce qu'il achète? 

Vous devez comprendre, pourtant, 

fit-il, qu'il est indispensable à la fortune 

publique elle-même, que les prix ne 

tombent pas trop bas. Votre idéal me 

paraît être que toutes les choses soient 

vendues pour rien. Mais que devien- 

draient alors ceux qui les produisent ? 

Déjà, avec notre organisation actuelle, le 

fléchissement des cours amène des cata- 

clysmes, et pour des raisons inatten- 

dues. Exemple quand le fer devenait 

trop bon marché, des gens se disaient 

volontiers: bâtissons, Et Ton. voyait s'éle- 

ver des fabriques inutiles qui augmen- 

taient la surproduction cause da la crise. 

Il en va ainsi pour la plupart des indus- 

tries et des négoces. Ce qu'il faut pour la 

prospérité, c'est le maintien de prix nor- 

maux, raisonnables, avec des variations 

peu importantes en plus ou en moins 

pour assurer le libre jeu des forces éco- 

nomiques. 

Oui. Mais où est la garantie qu'il 

n'y aura pas d'abus ? 

L'intérêt même des kartels. L'opi- 

nion publique qui est aujourd'hui ren- 

seignée sur tout,les gouvernements char- 

gés de veiller à la moralité, auraient vite 

rappelé à la raison un kartel qui sor- 

tirait des bornes permises. Ce qui se 

passe aujourd'hui est une garantie de ce 

qui se passera demain. S'il n'y avait pas 

-de kartel de la laine et du coton, les pro- 

duits ne coûteraient pas meilleur mar- 

ché, au contraire. Vous verriez des hauts 

et des bas terribles dont les spéculateurs 

seuls profiteraient. Les industriels et le 

public payeraient. C'est ainsi que les 

choses se passaient dans l'état anarchi- 

que d'autrefois, les prix des objets les 

plus nécessaires à la vie étaient livrés à 

l'arbitraire et à l'inconnu. La spéculation 

faisait bondir les cours,, ou suivant les 

intérêts des spéculateurs les laissait som- 

brer. Aujourd'hui, le prix moyen des 

choses est connu et ne peut guère beau- 

coup varier. 

C'est égal, insistai-je, les acheteurs 

ne peuvent consentir à perdre tout es- 

poir de voir diminuer un jour le prix 

des matières de consommation. 

Mais, répondit M. W. il s'agit 

bien moins de diminuer la valeur des 

choses que d'augmenter le pouvoir d'a- 

chat des salariés, c'est-à-dire, d'augmen- 

ter les salaires 

Je fus un instant étonné, de cette affir- 

mation, mais je répondis bientôt 

votre bienveillance une audience le plus tôt 

possible, afin de vous démontrer la mauvaise 

foi des patrons, qui ne veulent en aucun point 

reconnaître le bien fondé de nos justes reven- 

dications 

et qui, systématiquement, ont refusé 

la continuation de l'arbitrage, proposé, sur 

vos conseils, à M. le juge de paix dul?' arron- 

dissement et accepté iinmidiatement par 

notre syndicat. 

Dans l'espoir, monsieur le ministre, que 

cette demande sera prise en considération^ 

veuillez agréer, etc. 

Pour occuper leurs loisirs en atten-. 

dant la fin de la grève, les ouvriers bou- 

langers avaient organisé hier matin une 

manifestation,non plus tapageuse,comme 

celles des jours précédents, mais au con- 

traire tout à fait joyeuse une prome- 

nade au Bois avec déjeuner sûr l'herbe. 

Le rendez-vous avait été fixé à dix 

heures sur l'avenue du Bois-ae-Boulo- 

gne. Arrivés par groupes, les manifes- 

tants, comprenant un millier de person- 

nes, parmi lesquelles des femmes et des 

enfants, se sont réunis, et,,à dix heures 

et demie,'se sont mis en marche sous la 

direction des citoyens Bousquet, prési- 

dent du syndicat de l'alimentation, et 

Savoie, secrétaire du syndicat des bou- 

langers. 

Le cortège s'est dirigé vers les lacs et 

eh a fait paisiblement et très gaiement 

le tour. Puis, les manifestants se sont 

rendus sur la pelouse qui est en face dé 

la porte de la Muette, et où les attendait 

une voiture de la Boulangerie commu- 

niste, la Fraternelle, chargée de six cents 

kilos de pain, de gigots froids, de sau- 

cissons, de boîtes de sardines, de vic- 

tuailles de toute sorte. La distribution a 

commencé, et aussitôt servis les groupes 

sont allés s'installer sur l'herbe pour 

déjeuner. 

Les repas ont duré jusqu'à une heure 

et demie. Puis on a chanté, causé, on a 

tenu une sorte de petit meeting en plein 

air et, après avoir soigneusement em- 

ballé et placé dans des paniers ou des 

filets le reste des vivres, on a acclamé 

une dernière fois la grève et l'on s'est 

séparé. 

Les instructions des organisateurs 

étaient de s'en aller, comme on était 

venu, par petits groupes et sans tapage. 

Elles ont été ponctuellement suivies. La 

sortie même a été divisée, les uns s'en 

allant par la porte Dauphine, les autres 

par la porte, de la Muette. A peine quel- 

quesrefrainsdel'Internationale, 

«mezzo 

voce », et cessant dès qu'apparaissait le 

képi d'un agent. 

Car on pense bien que la police était 

là. Gardiens de la paix et gardes répu- 

blicains ont assisté à l'arrivée, à la for- 

mation du cortège, à la promenade, aux 

agapes et à la dissolution. Mais eux 

aussi ont été aussi discrets que possible, 

se dissimulant au Bois derrière les mas- 

sifs. C'est au moment du départ seule- 

ment que la garde à cheval et les gardes 

républicains cyclistes se sont rangés 

entre la pelouse et'la Muette. En pré- 

sence du calme des grévistes, ils n'ont 

pas une seule fois eu à intervenir. 

Malheureusement les grévistes ne sont 

pas toujours aussi sages. Ils ont encore 

profité de la nuit pour jeter du pétrole 

dans le fournil de la boulangerie Le- 

gall, avenue du Maine. Ils ont lancé des 

pierres dans la devanture de la boulan- 

gerie Robert, faubourg du Temple. Ils 

ont à moitié assommé, avenue de Clichy, 

un ouvrier qui quittait le travail et qui, 

jeté à terre, s'est fracturé le crâne. survie 

trottoir.. 

On a arrêté un plongeur, Vincent Zédé, 

âgé de vingt-sept .ans, qui sabotait la 

vaisselle du restaurant Bressnal, rue de 

Rambuteau, où il était employé comme 

extra. 

Paradoxe 

Il n'y a là aucun paradoxe, affirma 

M. W. Et en voici la preuve en ce 

moment, il y a en Allemagne une forte 

émigration de l'Est vers l'Ouest. On 

émigré de la Prusse occidentale et de la 

Prusse orientale, et de Silésie, et de 

Posen, vers la Westphalie et la pro- 

vince rhénane. Pourquoi? La vie, le 

pain, la viande, sont pourtant meilleur 

marché dans l'Est. Mais les salaires y 

sont, en effet, inférieurs. Un paysan de 

l'Est gagne au plus 2 marks par jour 

dans l'Ouest, le mineur ou l'ouvrier du 

fer ne gagne pas moins de 3 marks 50. 

Et puis, voyez ce qui se passe en'Amé- 

rique, où la vie coûte plus cher q,ue 

dans n'importe quel pays nulle part les 

ouvriers ne sont si heureux. 

Sophisme quand même, pensai-je, 

l'idéal étant, en définitive, pour l'homme, 

de pouvoir se procurer, avec le moins 

d'effort possible, la plus grande somme 

possible de satisfactions. 

Mais M. W. continuait: 

Un autre avantage sérieux des kar- 

tels, disait-il; c'est la possibilité pour 

les fabricants unis d'acheter leurs ma- 

tières premières à meilleur compte que 

dans l'état de concurrence anarchiqué. 

Lorsque se fonda le kartel deslames de 

parquets, un délégué se rendit chez les 

Slavons, les Hongrois, les Transylvains, 

etc., etc., qui jusqu'alors, réunis en car- 

tels eux-mêmes, vendaient le bois au 

prix qu'ils voulaient, et il leurdit: «Vous 

nous avez fait la loi jusqu'à présent, 

désormais c'est nous qui vous la ferons, 

Je suis venu vous dire que si, à partir 

d'aujourd'hui, vous ne diminuez pas vos 

prix, vos bois pourriront dans vos chan- 

tiers. » Il fallut bien que les Slavons et 

les Transylvains missent les pouces. 

Mais où allons-nous avec ce-syndi- 

calisme exagéré ? demandai-je. Que les 

forestiers galiciens, slovaques, hongrois, 

russes, aient l'idée de se mettre en kar- 

tels internationaux avec les forestiers 

suédois et norvégiens, par exemple, et 

ils imposeront quand même leurs prix à 

votre karlel delà menuiserie allemande 

Oui, mais que les entrepreneurs 

allemands, autrichiens et russes s'en- 

tendent pour tenir tête au kartel fores- 

tier, et celui-ci serait bien malade 1 ri- 

posta mon interlocuteur. 

Croyez-vous donc, demandai-je à 

M. W. a l'extension indéfinie des kar- 

telS, ou du moins à la progression de 

leur puissance, jusqu'à devenir tyran- 

nique ? 

Non, dit-il; malgré toute leur sève, 

les arbres ne montent pas jusqu'au ciel. 

Et l'obstacle qui empêchera les kartels 

de croître sans fin, c'est la concurrence 

des équivalents: car le bois" peut rem- 

placer le fer, et le fer le bois, le lino- 

léum concurrence le parquet quand les 

prix du bois deviennent trop élevés si 

l'électricité coûte trop cher, on invente 

les becs incandescents le pétrole, l'al- 

Enfin les bouchers se sont mis de la 

partie. Ils ont parcouru pendant la nuit 

le quartier Vivienne et ont, au moyen de 

seringues, lancé du pétrole à travers les 

grilles sur les viandes de plusieurs bou- 

cheries, causant des dégâts de mille à 

douze cents francs dans chacune. 

De tels faits mériteraient une punition 

exemplaire et ne sont pas de nature à 

attirer sur les grévistes les sympathies 

de la population. 

Les délégués des ouvriers boulangers 

en grève avaient demandé au président 

du Conseil d'être reçus par lui pour lui 

expliquer leurs revendications. 

M. Clemenceau leur avait répondu 

qu'il les recevrait hier soir à six heures. 

Ils ne se sont pas présentés. 

Jean de Paris. 

-1 

LE DIABÈTE ET L'OBÉSITÉ 

LEUR TRAITEMENT 

Ce qui semble le plus pénible au dia- 

bétique comme à l'obèse, ce sont, avec 

la sévérité du régime qu'on leur impose, 

les sacrifices héroïques qu'ils doivent 

consentir dans leur alimentation et cela 

se conçoit; chez l'un c'est le sucre, chez 

l'autre c'est la graisse qui ne sont pas 

utilisés par l'organisme; il paraît donc 

rationnel d'éviter d'introduire dans l'éco- 

nomie du sucre ou de la graisse avec les 

aliments mais on comprend de reste 

que, si l'on trouvait un traitement qui 

permît d'utiliser le sucre dès qu'il serait 

en excès, il n'y aurait pas lieu de s'in- 

quiéter de la quantité de glycose intro- 

duite on pourrait supprimer tout ré- 

gime il en va de même pour la graisse. 

C'est à résoudre ce problème que se 

sont appliqués depuis plusieurs années 

les distingués médecins du Laboratoire 

de Recherches Biologiques; ils se sont 

d'abord demandé quelle était la véritable 

cause du diabète, et, après de nombreu- 

ses expériences, ils ont adopté la théorie 

proposée par M. le docteur' Thiroloix, 

professeur agrégé, dans la Gazette des 

hôpitaux. 

« La maladie (diabète) est au 

pancréas, la souffrance est dans l'orga- 

nisme entier, dans toute la substance 

qui n'a plus à sa disposition qu'une gly- 

cose en partie inutilisable. La défense 

est dans le foie. » C'est aussi, sans doute, 

l'opinion du professeur Gilbert et de ses 

élèves, puisqu'ils ont cru pouvoir deman- 

der à l'opothérapie la guérison du dia- 

bète en faisant absorber aux malades les 

uns du foie, les autres du pancréas. Or, 

au Laboratoire de Recherches Biologi- 

ques, on a démontré que les acides biliai- 

res et les sucs pancréatiques réagissaient 

les .uns sur les autres pour former un 

ferment glycolytique, c'est-à-dire ayant 

la propriété de détruire le sucre dans 

l'économie; on a extrait ce ferment d'a- 

nimaux sains d'après les principes scien- 

tifiques les plus récents, et on lui a 

donné le nom de Glycolysine. La Glycoly- 

sine est donc un médicament biologique, 

qui brûle le sucre du diabétique et amène 

rapidement sa guérison. La Glycolysine 

s'applique également à l'obésité; il suffit 

d'étudier sa composition pour compren- 

dre qu'elle agit avec un égal succès sur 

la graisse inutile. En suivant le traite- 

ment 'par la Glycolysine, le diabétique 

comme l'obèse peuvent s'affranchir de 

tôlït1 îéginie, reprendre leur nourriture 

substantielle, leur existence normale et 

retrouver cette joie de vivre qu'ils crai- 

gnaient de ne plus jamais connaître. 

C'est là une découverte d'un intérêt ca- 

pital. 

Les remarquables résultats obtenus au 

Laboratoire de Recherches Biologiques 

cool peuvent trouver des applications 

nouvelles. Dès qu'un produit devient 

trop cher, les inventeurs paraissent et 

s'ingénient, c'est une vieille observation. 

Ainsi, c'est il [y a quelques mois, juste- 

ment, que les entrepreneurs de parquets 

se sont mis en kartcls aussitôt le prix 

des parquets monta. Alors, les fabri- 

cants de linoléum imitèrent l'exemple 

des menuisiers, se mirent en kartel et 

'direntaux architectes « Voici nos prix; 

ils sont bien meilleur marché. » II fallut 

lutter. 

» Un deuxième obstacle se dressera 

devant le despotisme des kartels la 

concurrence étrangère. Si les prix mon- 

tent trop, les douanes ne protègent plus 

les produits nationaux. Exempte en 

1900, les prix de la houille en Allemagne 

montèrent tellement que les Anglais pu- 

rent introduire leur houille très avant 

dans l'intérieur, alors qu'elle ne péné- 

trait jusqu'alors que dans les ports bu 

dans, les régions les avoisinant immé- 

diatement. De même, quand, en .1902, 

sous l'influence du trust américain de 

l'acier le prix des fers augmenta, il fut 

possible d'introduire aux Etats-Unis des 

centaines de milliers de tonnes de fer 

allemand, alors qu'en période ordinaire, 

l'exportation est presque impossible. 

Tenez, voyez la progression des impor- 

tations de fér allemand en Amérique 

Fer commercial, 1900. 940 tonnes 

1902. 84.000 

Fonte en lingot, 1900. Rien 

-1.901. 1.500 -r. 

1902. 100,000 

Fer brut, 1900. Rien 

1901. 5.000 

1902 

50.000 

1903. 189,000 

» Puis, les Américains ayant baissé 

leurs prix, l'exportation allemande di- 

minua de nouveau. Le phénomène d'é- 

quilibre s'était produit. 

» Enfin, troisième obstacle à la tyran- 

nie des kartels les kartels eux-mêmes 

Si, en effet, une branche de l'industrie 

ou du commerce s'enrichit trop, 'un 

kartel concurrent se dressera devant 

l'autre et vendra à des prix moindres la 

même marchandise, ou bien les clients 

et *les consommateurs fonderont des. 

industries à leur usage et créeront un 

kartel pour eux. C'est ce qui se passa il 

n'y a pas si longtemps lorsque le sucre 

était monté si haut en Allemagne (pour 

compenser les bas prix faits à l'exporta- 

tion) les fabricants de chocolat qui souf- 

fraient de cette hausse exagérée s'uni- 

rent et créèrent à leur usage particulier 

une fabrique de sucre qui réussit et 

marche admirablement. • 

Croyez-vous à l'extension des kar- 

tels internationaux? 

-Oui, me répond M.W. Je crois 

même à leur nécessité économique. Après 

avoir compris la folie de se ruiner entre 

Allemands, les industriels se demande- 

depuis quelques années, le mode d'em- 

ploi de la Glycolysine sont au reste très 

longuement exposés dans le Bulletin des 

Sciences médicales, dont un extrait est 

envoyé contre 50 centimes en timbres- 

poste adressés à M. le docteur Vaillant, 

licencié ès sciences, directeur du Labo- 

ratoire de Recherches Biologiques, 15, 

rue du Temple, Paris, et des consulta- 

tions spéciales pour le diabète et l'obé- 

sité sont données en leurs cabinets res- 

pectifs, sur demande de rendez-vous, 

par mes excellents confrères de ce labo- 

ratoire. 

Docteur E. Gaillard. 

AFFAIRESJMILITAIRES 

L'escadre de la Méditerranée. Vive 

animation hier dans tout le port de Toulon 

l'amiral Touchard, appareillant avec son es- 

cadre, et l'amiral Marquis, préfet maritime, 

ont lancé un ordre de branle-bas de combat 

de toutes les forces militaires et maritimes 

du port. Toute la journée, ce n'a été qu'appa- 

reillage de cuirassés, de croiseurs, de torpil- 

leurs, canonnades entre batteries des côtes. 

D'autre. part, les autres exercices ordonnés 

par l'amiral Fournier prenaient fin et l'ins- 

pecteur général en témoignait grandement 

sa satisfaction à nos sous-marins et à nos 

torpilleurs par l'ordre du jour dont voici le 

texte 

Le vice-amiral Fonrnier' félicite M. le capitaine 

de'frégate Allemand, commandant la lre flottille 

de torpilleurs de la Méditerranée, l'officier ad- 

joint, M. le lieutenant de vaisseau Senès, et 

tout le personnel de cette flottille sur la bonne 

tenue des bâtiments, des équipages et des lo- 

.caux du service central. If a été heureux de 

constater les bons résultats de l'eiltrainement 

méthodique et soutenu auquel la flottille a été 

soumise et l'excellent esprit dont tout le person- 

nel fait preuve à tous les degrés de la hiérar- 

chie. Dans l'exercice d'embuscade avec les sous- 

marins, les bâtiments de la flottille qui remplis- 

saient le rôle de .convoyeurs et d'éclaireurs se 

sont très bien acquittés de leur tâche. Signé 

FOURNIER. 

Le soir, les manœuvres de branle-bas se 

sont continuées par des exercices d'attaque 

de Toulon dont l'amiral Marquis dirigeait la 

défense en se portant au promontoire de la 

Croix des Signaux. 

Un officier supérieur blessé. Le 31e e 

régiment de dragons, en garnison à Epernay, 

manœuvrait du côté du village de Germaine, 

avec une batterie d'artillerie qui venait de 

quitter Epernay où elle avait séjourné la 

veille. 

Au cours de cette manœuvre, le cheval de 

M. le chef d'escadrons Durand de Monestrol 

d'Esquille, ayant fait un écart, tomba en se 

brisant une jambe de devant. 

L'officier supérieur désarçonné s'est fracturé 

l'épaule et a dû être ramené dans une voiture 

d'ambulance à Epernay. 

° AUX CHAMPS-ELYSÉES 

Les meilleures de nos marques d'auto- 

mobiles ont pris possession des Champs- 

Elysées on\y trouve donc VUnic que ses 

agents, MM. Mathieu, et Leenhardt, expo- 

sent chezleur carrossier, aunuméro40 de 

l'avenue des Champs-Elysées. Ils y expo- 

sent des voitures toutes prêtes- à prendre 

la route. 

JOURNAUXET REVUES 

• L'état d'âme de l'armée » 

#*# Sous ce titre, M. Charles Hum- 

bert, député, membre de la commission 

de l'armée, commence de publier, dans 

la Grande Revue, une série d'importan- 

tes études. 

Il analyse, en effet, l'état d'âme de 

l'armée et, par exemple, il constate le 

mal que lui a fait le système des fiches, 

œuvre du général André M. Charles 

ront s'il est bien utile de se ruiner entre 

voisins ? Et sans aller jusqu'à l'union 

étroite des producteurs de tous les pays, 

j'admets fort bien des kartels internatio- 

naux à conventions limitées qui servi- 

ront à diminuer les difficultés des crises 

et aussi à maintenir des prix de vente 

raisonnables. 

» Que dis-je! Ils existent déjà. Il y en a 

un pour les rails entre les pays'd'Europe 

et même l'Amérique, un autre entre l'Al- 

lemagne et l'Autriche pour les lampes à 

incandescence on en prépare entre ces 

deux pays pour le papier bitumé; je 

connais une entente entre l'Allemagne et 

la France pour la soie, qui vise surtout 

les conditions de prix de vente et de cré- 

dit et dont le but est de lutter contre les 

soldeurs. D'autres kartels internationaux 

fonctionnent pour les pneus de bicy- 

clettes, les manchons de lampes incan- 

descentes, les glaces de trumeaux, l'alu- 

minium. Le Standard Oil (Rockefel- 

ler), le syndicat Rothschild et la Gali- 

cie ont sûrement signé un kartel il fut 

conclu dernièrement entre l'Allemagne 

et la France une convention pour l'achat 

des peaux de chèvre; certaines mai- 

sons organisaient des rafles de temps à 

autre, et Haussaient les prix; il y a un 

an (en février ou mars 1906), les mar- 

chands allemands et français s'entendi- 

rent pour organiser l'achat des peaux; 

et il est probable qu'un, kartel de vente 

suivra. Les importateurs français et alle- 

mands de bois de teintures se sont éga- 

lement réunis à l'instigation des Fran- 

çais. D'autres unions franco-allemandes 

vivent dans le mystère. 

» Mais il faut être prudent dans votre 

pays, et si vous ne voulez pas nuire à 

vos compatriotes, ne donnez pas trop de 

détails sur les kartels internationaux 

auxquels les industries françaises se 

trouvent mêlées, car la loi française les 

défend et surveille « l'accaparement 

» 

qui est, chez vous, un grand crime. En 

Allemagne, il n'est un crime que lors- 

qu'il fait vraiment du mal. Aussi long- 

temps qu'il fait du bien, qu'il sert à la 

fois les intérêts de l'industrie et du pu- 

blic, on l'encourage même. En France, 

c'est le mot qui fait 

ipeur. 

» 

i 

Je' partage complètement cet avis. 

Ce n'est pas celui d'une partie des so- 

cialistes allemands qui ont sur le kar- 

tels, deux avis. 

Les uns saluent les kartels comme 

une étape nécessaire, et comme l'aurore 

de la transformation so.ciale prédite par 

Karl Marx et je crois que, pour les 

temps à venir, ils ont raison. Les autres 

combattent les kartels comme ils com- 

battent tous les patrons et tous les re- 

présentants 

du capitalisme et ils prê- 

éhent en même temps le libre échange; 

ceux-ci n'ont pas tort non plus au point 

'de vue socialiste, puisque le kartel aug- 

mente la force du patron vis-à-vis de 

l'ouvrier 

Abolissez toutes les douanes, disent- 

Humbert, qui connaît bien cet ancien 

ministre de la guerre, le peint de cou- 

leurs excellentes. Cet ancien ministre 

avait toujours appartenu à l'armée illui 

appartenait encore quand il acquit le 

portefeuille. Toutefois, «c'est en mili- 

taire civil plutôt qu'en soldat qu'il se 

conduisit ». Il portal'uniforme toute sa 

vie, et il n'eut jamais «rien d'un mili* 

taire ». Donc, il inventa l'usage des 

fiches: 

On sait du reste 

quels 

furent les tésultats 

du système L'esprit de jalousie et de ran- 

cune anima soudain la course au galon. Avec 

une promptitude étrange et effrayante, l'ha- 

bitude gagna de proche en proche, dans tou, 

tes les garnisons et dans presque toutes les 

armes, de déblayer le terrain devant soi, 

quand on était officier subalterne, pour deve- 

nir officier supérieur; quand on était officier 

supérieur, pour devenir officier général. Le 

moyen? C'était la note confidentielle, la 

lettre qui ne se donnait pas toujours la peine 

d'être anonyme et qui frappait utilement de 

suspicion le possesseur du grade convoité ou 

le coneurrent ayant chance de l'obtenir. 

Cembien de méchantes "actions furent com- 

mises, à ce triste moment de notre histoire 

militaire, par des hommes qui peut-être ne 

comprenaient pas à quelles vilenies il s'abais- 

saient 1 

Un jour, le général André recevait un 

de ses vieux camarades, général de di- 

vision lui aussi. Il lui demanda 

Pourquoi, diable as-tu mis ton fils aux 

Jésuites?. 

Question charmante de la part d'un 

penseur libre! Mais le vieux camarade 

répondit 

Je suis d'autant plus inexcusable, en 

effet, que je n'ai malheureusement pas d'en-? 

fant! 

Le général-ministre s'était-il trompé 

de fiche? ou bien le délateur s'était-il 

trompé de général? ou bien le délateur 

avait-il, tout simplement, trouvé ingé- 

nieux ce moyen de nuire à un général 

qui lui déplaisait?. Cela -reste un mys- 

tère, admirable! 

Autre anecdote. Celle-ci est 

contempo- 

raine du ministère Berteaux. 

Un colonel vient au ministère; et il se 

plaint à l'un des officiers du cabinet il 

n'a pas été compris dans la promotion 

des généraux de brigade. 

C'est qu'il est connu, lui répond l'offi- 

cier, pour ses opinions « nettement anti< 

républicaines ». Quoi n'a-t-il pas se9 

fils chez les Jésuites?. 

N'est-ce que cela?. réplique le colonel 

Je vais les retirer. • 

Il les retire il devient général. 

Etc. L'aventure, pour la troisième 

étoile, se complique. Le général nommé, 

a remis ses fils chez les Jésuites. Il faut 

qu'intervienne, pour le tirer d'affaire, 

« un personnage officiel ». 

Voilà comment fut traitée l'armée, par 

de récents ministres célèbres pour la re- 

marquable liberté de leur esprit 

André Beaunier. 

MADAMF 

Quelle est la femme qui ne craint pas 

de se trouver prise au dépourvu dans un 

moment de défaillance causé par une 

santé délicate, une émotion? Les sels, 

l'éther auxquels on a recours ont l'in- 

convénient d'être souvent trop forts et 

de répandre une odeur désagréable. 

Combien on doit leur préférer le 

Ricqlès au parfum si agréable et si ré- 

confortant. Dans les cas de vertige, d'éva- 

nouissement, il faut avoir soin de faire 

respirera la malade le flacon de Ricqlès 

et de lui frictionner les tempes avec cet 

élixir. 

• 

ils, et vous aurez retiré leur base aux 

kartels. 

Le gouvernement allemand commence 

pourtant à se préoccuper sinon à s'é- 

mouvoir du développement colossal 

des kartels. A la fin de 1905 il se trou- 

vait, en effet devant 380 cartels indus- 

triels qui se répartissaient ainsi: 

Industrie du charbon. 10 

Verres 10 

Tuiles. 132 

Pierres. 27 

Argile.4 

Fer. 64 

Autres métaux. il 

Electricité. 2 

46 

Textiles. 33 

Cuir. 6 

Bois. 5, 

Papier. 

7 

Denrées alimentaires. 6 

Divers. 17 

Ces 380 kartels sont constitués en vue: 

la De la fixation du prix minimum, des 

produits; 

2° De la fondation de bureaux de vent$ 

des produits 

3° De l'achat en gros des matières pre- 

mières et de la vente des marchandises j 

4° De la réglementation de la produc- 

tion et des conditions de la vente, de 

l'établissement de zones d.e prix suivant 

la concurrence. 

Une vaste enquête fut instituée à Ber- 

lin, dont le but était d'éclairer le gouver- 

nement et de préparer les matériaux 

pour une législature future. Mais les, 

kartels, appelés à fournir des armes con- 

tre eux, y mirent une sage circonspec- 

tion, ils répondirent des choses vagues à 

des questions précises, et l'enquête nna- 

lement n'a pas beaucoup avancé l'admi- 

nistration. 

En vous expliquant le mécanisme 

des kartels et en vous en montrant les 

avantages, me dit M.W. vous avez pu 

en percevoir vous-même les inconvé- 

nients possibles.. Je vous les résumerai 

en deux mots l'abus de leur puissance, 

l'exhaussement trop grand des prix, qui 

n'est pas fatal, mais qu'on peut craindre, 

(car rien n'est parfait dans les créations de 

l'homme) mais bien moins dangereux 

finalement que dans l'état de concur- 

rence libre; et enfin l'écrasement des 

petits par les gros qui savent toujours 

leur imposer, au sein même de kartels 

égalitaires, des conditions de faveur. » 

Ainsi me parla M. W. l'initiateur de 

tant de kartels, le rédacteur de leurs 

conventions et le négociateur victorieux 

de leurs difficultés. Je le remercie bien 

vivement ici de sa laborieuse consul- 

tation qui remplacera pour mes lecteurs 

la dépouillement de plusieurs gros vo- 

lumes écrits sur la matière. 

Jules Huïet. 

(A suivre.)

LE FIGARO SAMEDI 27 AVRIL 1907 

Pams au joup le joup 

LA JOURNÉE 

Mariages Comte Henri d'Evry avec Mlle 

Louise Foy (Madeleine). Comte Etienne 

Bonnin de,La Bonninière de Beaumont avec 

Mlle EcJith de Taisne (Saint-François-Xavier). 

Obsèdes *M.Henri Muret (dix heures, 

Saint-Rach). 

A Sâint-h'icotes-des-Ghamps Fêtes dé l'Ado- 

ration (hui£ heures un quart du soir, M. l'abbé 

Noise).. 

Tournées de confirmation Mgr. de Cour- 

mont Notre-Dame des Champs (huit heures 

et demie). Sain^-F«rdinand des Ternes (dix 

heur.es) pMgr Avêtte Saint-Jean-Baptiste 

de Grenelle (neuf heures 

et demie). 

Au; quai d'Orsay Dîner offert au prince 

Fus- 

himi par M. le ministre des affaires étran- 

gères. 

A l'Institut Discussion, par l'Académie des 

'sciences morales et politiques, des candida- 

tures au fauteuil de' M. Glasson, décédé, sec- 

tion de législation. 

La o Chanson française » Grande matinée, 

organisée par 1'Assô.ciation 

des artistes dra- 

matiques (une heure fit demie, Trocadéro). 

Conférences .• Professeur Julien Vinson 

« Religions de l'Inde moderne (huit heures 

et demie du soir, 157, faubourg Saint-An- 

toine). 

; 

' 

Divers : Assemblée générale de la Protec- 

tion légale des travailleurs, sous la p.rési- 

der.ç8de.M.,Millerand (quatre 

heures, 

Musée 

social, 'rue Ças'-Cases).' .• 

r^_J ïbibi- 

INFORMATIONS 

Légion d'honneur: Sont nommés che- 

valiers de la Légion 

d"honneur 

M. le docteur Darroze, maire de Pontoux-sur- 

l'Adour (Landes) 

M, Mielvaqae, agronome en Roumanie, 

Sont nemméschevaliers do laLégion d'hon- 

neur à t're' étranger 

• 

M. -Korda,' sujet h'cmgroisy ingénieur, directeur 

général de la. Compagnie .çtes 

mines dAin- 

Barbar 

M Ablett, sujet britannique, président de la 

Caamlir? de commerce britannique, de Pans.. 

L'élection sénatoriaie du 26 mai. Les 

socialistes- unifiés ont décidé de présenter un 

candidat à l'élection sénatoriale du 26 mai. 

Ils ont désigné M- Thomas, conseiller géné- 

ral, qui fut candidat en 1905 lors de la der- 

nière élection sénatoriale. Le Conseil fédéral 

a en outre décidé que* le candidat, socialiste- 

ne se désisterait pas au second et au troi- 

sième tour de scrutin en faveur de lun quel- 

connue des 

candidats -même1 radicaux-socia- 

listes, qui se sont prononcés. contre 

le repos 

hebdomadaire, tel -qu'il était réclamé par 

l'élément 

socialiste. 

Cette désignation d'un socialiste porte a 

ne'if le nombre des candidats actuellement 

connus ce sont MM. Ransôn, président du 

Conseil général, radical-socialiste Chérioux, 

radical-socialiste Barbier, républicain radi- 

cal A. Berthelot, radical; Villemain, candi- 

dat des industries du bâtiment Armengaud,- 

républicain; H. -Coulon~ républicain; 

Tho- ~l 

mas, socialiste unifié.; Navarre, socialiste in- 

dépendant.. 

Ouelques socialistes unifies protestent con- 

tre la décision prise .par le Conseil général 

qui, si elle -était appliquée, leur interdirait 

depprter.au second. tous leurs voix surtout 

autre can>lite£ré dé la six-cylindres 

Hotchkiss. .un banquet réunira, lundi à 

midi, au siège, .de. l'A. Q. d'Angleterre, à 

Londres, les notabilités di}. monde automo- 

bile anglais qui, assisteront, à deux heures, 

au 

départ pour le tour de l'Angleterre de 

l'infatigable s}x -cylindres Hotchkiss, qui 

vient d'accomplir les 10,000 kilomètres du 

Tour de JJrance, 

A cinq heures de Paris. Martigny 

offre, dès le 25 mai, ouverture de la saison, 

quatre grands hôtels dans le parc. Casino, 

théâtre, orchestre de vingt musiciens, le golf 

le plus vaste et le plus accidenté 

de la région, 

tennis, automobiles, etc. 

Exposition. 

H s'ouvrira à Copenhague, 

pendant 

les mois de mai et juin, une Expo- 

sition dont le caractère original ne manquera 

pas 

d'intéresser tous ceux qui s'intéressent 

aux choses de la Presse. Cette exposition qui 

sera présidée; par M. Sigurd Berg, ministre 

de l'intérieur du Danemark, est organisée, 

par l'Association des Revues et Journaux 

professionnels 

danois. Elle comprendra deux 

sections principales 

consacrées aux journaux 

spéciaux 

offrant un intérêt général et aux 

arts et métiers 

graphiques 

et une annexe ou 

il sera traité de lart dé la Réclame, de la 

Publicité et de la technique du métier. 

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Pour nettoyer vos appartements, tapis, ten- 

tures même les plus délicates, adressez-vous 

à la Société Française du Nettoyage Sani- 

taire par le Vide « Soterkenos », 80, rue 

Taitbout. Téléphoné 318.12. 

Catalogues et devis gratuits sur demande. 

Concours de danses. «LaTabarinette», 

Ja. nouvelle danse du maestro A. Bosc, vient 

d'obtenir un premier prix d'honneur au grand 

concours de danses qui a eu lieu samedi der- 

nier au théâtre Sarah-Bernhardt. 

GazettedesTribunaux 

GouR D'ASSISES DE l'Ain En wagon. 

(Par dépêche de notre envoyé spécial) 

Bourg, 26 avril. 

On avait raconté des histoires, on avait 

fait courir des bruits Georges et Marzo, 

les assassins de M. Durel, avaient été 

les exécuteurs de vengeances que l'au- 

dience révélerait. La chose était fort 

invraisemblable, mais il était, après tout, 

possible que les bandits, en désespoir de 

défense, eussent recours à ce vieux pro- 

cédé pour créer un doute, mettre dans 

leur affaire un peu de mystérieux, et 

comme, après avoir assassiné le mari, ils 

étaient fort capables encore de le ca- 

lomnier, lui ou les siens, M" Pierre Gou- 

jon, avocat du barreau de Paris. était 

venu suivre l'audience pour Mme Durel. 

Tout de même, Georges et Marzo n'ont 

rien osé, et la fin de l'audience d'hier et 

la journée d'aujourd'hui se sont passées à 

entendre les témoignages les plus vains, 

les plus ridicules ou les plus doulou- 

reux. 

Une douzaine de témoins avaient pré- 

cisé le récit des faits. Ils ont vu passer, 

avant ou après le crime, les deux ac- 

cusés. Mais ce fils d'entrepreneur de 

peinture, ce petit commerçant de cam- 

pagne, bien mis l'un et l'autre, n'avaient 

rien de suspect dans l'allure. Seules 

leurs allées et venues anormales sur les 

quais des gares les avaient fait remar- 

quer des employés du chemin de fer. 

Restaient un cent de témoins cités par 

la défense. Le président avait par avance 

résumé tout ce qu'il pouvait y avoir 

d'utile dans leurs témoignages (jusqu'au 

jour du crime ils ont vécu comme tout 

le monde), mais là ne se sont pas bornées 

ces dépositions. Les avocats de la dé- 

fense ont, en effet, choisi la pire des tac- 

tiques chacun s'est efforcé de « tom- 

ber » le voisin. C'est la guerre civile au 

camp criminel et les témoins de Geor- 

ges, bien questionnés, assurent que ce- 

lui-ci était un garçon faible, facile a en- 

traîner, tandis que les témoins de Marzo, 

non moins habilement interrogés, attes- 

tent que ce dernier était une nature in- 

décise et docile à qui voulait prendre de 

l'autorité sur lui. Les complices se bat- 

tent entre eux et c'est d'un duel que les 

témoins sont les seconds. 1< 

Tout cela ne va pas sans incidents co- 

miques ou douloureux. Chaque partie 

s'efforce de dénigrer les pauvres témoins 

de l'autre. Il faut rendre suspect qui- 

conque dit du bien du voisin, et les ques- 

tions comiques se multiplient. Le défen- 

seur de Georges demande aux gens qui 

ont connu Marzo « N'êtes-vous pas en 

relation avec la famille Marzo ? N'avez- 

vous pas dîné à sa table ?. C'est le père 

de Marzo qui vous a demandé de -venir 

ici ? » et les réponses, nécessairement af- 

firmatives, sont soulignées de hoche- 

ments de tête triomphants. 

Le concierge du Palais de justice de 

Lyon vient donner sur Marzo enfant des 

renseignements 

favorables. 

Il est bon que vous sachiez, messieurs 

les jurés, dit l'avocat de Georges, que le père 

de Marzo a l'entreprise des peintures du Pa- 

lais de justice. 

Un agent de la Sûreté de Lyon dépose 

en faveur de Marzo. 

Dans quel local se trouve la Sùretè de 

Lyon ? demande « l'adversaire ». 

Au Palais de justice, réplique l'agent. 

Très bien, répond l'avocat, satisfait. 

Comment ne pas, en effet, suspecter 

le témoignage d'un agent de la Sûreté 

dont les bureaux sont dans un palais que 

badigeonne le père de .l'accusé ? L'accu- 

sation n'a qu'à laisser faire les défen- 

seurs qu| ne parlent plus l'un de l'autre 

qu'en se nommant « l'adversaire ». 

L'avocat de Georges a cité contre Marzo 

un de ses compagnons de cellule,un brave 

reclusionnaire, faussaire, condamné l'an 

dernier et qui vient répéter des propos 

entendus en prison. « Quoi, dira-t"-on, des 

avocats citent contre des coaccusés de 

leur client le « mouton », l'infâme « mou- 

ton » ? Eh oui Et ce mouton dit des cho- 

sainXl&cisives #t qui montrent la mora- 

lité « N'est-iï pas témoin de moralité » 

de Marzo? 

Dans la cellule, un jour, dit le «mou- 

ton », Marzo a pris un codétenu et l'a fait 

coucher sur son lit. Il l'a pris par une jambe 

et par le cou, il l'a promené autour de la cel- 

lule et l'a enfin rejeté sur son lit en disant 

« Allez, Durel » et il a ajouté u C'est comme 

ça que je lui ai fait. » 

Admirable témoin à décharge! Il en 

est d'autres dont la bonne volonté n'est 

peut-être pas plus profitable à Marzo 

ce sont ceux qui assurent qu'il était 

,« doux comme une fille » et bon comme 

du pain. 

Un charmant enfant, dit une dame qui 

l'a connu naguère. 

C'est une nature molle, faible, craintive, 

peureuse, dit un peintre décorateur qui l'a 

connu. Sur mon honneur et ma conscience, 

continue le témoin, j'affirme qu'il est incapa- 

ble d'avoir commis, sans y être forcé, le crime 

qu'on lui impute. Je l'ai vu se trouver mal à 

la vue d'une égratignure. 

Aussi bien Marzo n'a-t-il pas égratigné 

M. Durel Il lui à enfoncé son alène dans 

la poitrine par trois fois. 

A côté de ces scènes risibles, il y en a 

eu deux qui furent odieuses. Marzo, 

pour tenter d'émouvoir le jury, a eu l'a- 

bominable lâcheté de citer son père et 

sa mère. Les malheureux sont venus. 

Avaient-ils donc des choses indispensa- 

bles à dire, telles que nul ne pût dissua- 

der l'accusé de commettre cette 

espèce 

de crime amener aux Assises, où il va 

être condamné pour un assassinat sans 

excuse, tous les siens Car ses sœurs 

sont venues pour accompagner leurs 

père et mère soumis à cette affreuse 

épreuve. 

Ni l'un, ni l'autre, n'avait rien à dire. 

Bien mieux, on n'avait rien à leur de- 

mander. 

Le père Marzo, au milieu du malaise 

du public, d'un pas un peu incertain, 

s'est avancé à la barre; son mouchoir 

sur la bouche, il a décliné ses noms, 

écouté les formules réglementaires, et 

puis le président s'est tourné vers le dé- 

fenseur 

Quelle question, maître? a demandé le 

magistrat. 

Monsieur le président, je respecte trop 

la douleur de M. Marzo pour l'interroger, a 

répliqué l'avocat. Que le père laisse éclater 

son cœur ici, je n'ai rien à lui demander. 

(Mouvement.) 

Vous pouvez vous retirer, monsieur, a 

dit aussitôt le président au pauvre homme. 

Le témoin, pleurant, a quitté le pré- 

toire sa fille s'était avancee vers lui et, 

comme il trébuchait, lui avait pris le 

bras. L'accftsé dans son banc cachait sa 

tête dans ses mains, mais ne sanglotait 

pas. La mère, à l'appel de son nom, le ma- 

tin, dans la salle des témoins, s'était éva- 

nouie. La défense l'a fait revenir à l'au- 

dience du soir. On ne pouvait, paraît-il, 

éviter cette scène. Elle fut pénible à sou- 

hait. Mme Maraû s'était vêtue de deuil. A 

la barre, comme il était facile de s'y at- 

tendre, avant d'avoir dit un seul mot, 

elle s'est mise à sangloter, fléchissant 

sur les jambes. On s'est précipité, on a 

dû l'emporter au milieu de l'émotion du 

public. Cela suffisait! A,u reste, la d.épo-. 

sitiou avait, comme on dit au Palais, 

sorti son plein et entier effet. 

La journée s'est terminée par le réqui- 

sitoire de M. le procureur de la Républi- 

que Vagnair, qui a fait du crime un ex- 

posé simple, complet. Il a énergique- 

ment repoussé l'admission des circons- 

tances atténuantes et réclamé une dou- 

ble condamnation à mort, les deux accu- 

sés étant également coupables. 

Demain, plaidoiries et verdict. 

Henri Varennes. 

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Nouvelles Diverses 

1 A PARIS 

L OURAGAN D HIER 

Le ciel s'est obscurci hier à quatre heures 

de l'après-midi, et un violent orage, précédé 

d'une bourrasque de vent, éclata soudain. Ce 

fut un eauve-qui-peut général sous les mar- 

quise des boutiques etdans.les cafés dubou- 

levard tandis que les fiacres étaient pris d'as- 

saut. 

Sur certains points de Paris, le vent a été 

si violent au'on a redouté un instant un 

cyclone. Dé nombreuses ardoises ont été arra- 

chées des toits, et plusieurs cheminées sont 

tombées sur le trottoir. 

Place de la Bourse, une trombe d'eau est 

tombée, mais n'a causé aucun accident. Des 

fiacres ont failli être renversés par le vent. 

Avenue Parmentier, 17, une banne a été 

violemment arrachée et a entraîné avec elle 

une partie de la devanture. 

A l'angle du boulevard de La Tour-Mau- 

bourg et de l'avenue de La MotterPicquet, 

une palissade d'une hauteur de sept métres 

qui entoure un immeuble en démolition a été 

renversée en partie et des mesures de conso- 

lidation ont dû être prises. Un service d'ordre 

a été organisé autour de l'immeuble, qui 

appartient à M. le prince de La Tour-d'Au- 

vergne. 

Enfin, l'orage a cause une véritable pani- 

que à la foire au pain d'épice. 

Rue Dorian, J'école foraine de Mlle Bonne- 

foy a été complètement démolie, Une dizaine 

de baraques ont été renversées. Au musée 

Grosset, au musée Talneh, un certain nom- 

bre de sujets de cire ont été cassés. Aucun 

accident de personnes. 

La pluie a continué pendant plusieurs heu- 

res et dans la soirée, il a plu et neigé à di- 

verses reprises. 

LE MYSTÈRE DE SAINT-CLOUD 

On sait que M. Mangin-Bocquet, juge d'ins- 

truction à Versailles, qui poursuit l'enquête 

relative à la découverte dans la Seine du 

cadavre mutilé de la jeune Berthe Foix, ne 

s'arrête pas à la version du suicide. Se ba- 

sant sur les conclusions des médecins légis- 

tes, qui ont déclaré que la mort avait pré- 

cédé l'immersion, M. Mangin-Bocquet croit à 

un assassinat. 

Berthe Foix aurait, selon lui, été entraînée 

dans quelque mystérieuse retraite d'où ses 

cris n'auraient pas été entendus. Comme elle 

se débattait, les misérables l'auraient tuée, 

et pour se débarrasser de son cadavre encom- 

brant, ils l'auraient, jeté dans la Seine, après 

avoir tenté de le dépecer. 

Cette hypothèse est aussi celle de la famille 

Foix. L'oncle de la victime, M. Foix, em- 

ployé au jeu de paume des Tuileries, et qui, 

après avoir l'an dernier amené sa nièce à 

Paris pour chercher un emploi, l'a placée 

chez une amie de sa femme, Mme Petitez, 

rue de Miromesnil, déclare que « l'enfant, qu'il 

considérait comme sa fille, venait le voir sou- 

vent, et qu'elle paraissait gaie et heureuse de 

vivre ». 

Comment, ajoute-t-il, eût-elle songé au 

suicide 1 Elle était placée à l'orphelinat du 

Bon-Pasteur à Pau, et quand on dispersa les 

congrégations son père l'envoya comme do- 

mestique chez un commerçant de Saint- 

Sever (Landes). Elle y resta un an, et c'est 

l'année dernière que, sur sa demande, je la 

fis venir à Paris. 

Il y a trois mois, elle me raconta qu'elle 

avait rencontré, au hasard de ses courses, 

une de ses camarades de Pau, qui était deve- 

nue une cocotte parisienne. 

> Je lui fis comprendre combien étaient 

dangereuses les mauvaises fréquentations 

pour les jeunes filles. C'est peut-être du côté 

des relations de cette cocotte que l'on pourra 

retrouver les assassins de. Berthe. » 

Mais M. Hamard, q.ui, on le sait, a été 

chargé de diriger l'enquête à Paris ne croit 

pas à un crime. Les.blessures terribles cons- 

tatées sur le corps de Berthe Eoix auraient 

été faites par l'hélice d'un bateau à vapeur., 

Cette hélice aurait arraché les vêtements de 

la jeune fille. 

Le chef de la Sûreté croit au suicide et 

il base sa conviction sur diverses déposi- 

tions recueillies. 

Le 12 avril, Berthe Foix est allée livrer 

54,rue des Mathurins, un chapeau chez Mme 

Durand-Berger. De là, elle s'est rendue chez 

deux fournisseurs pour modes, 9, rue de 

Chabannais et 2, rue du 4-Septembre, puis 

elle est revenue chez Mme Durand-Berger 

qui, n'étant pas satisfaite du chapeau, lui 

avait dit de venir le reprendre. 

Berthe déposa le chapeau chez la concierge 

en disant qu'elle avait d'autres courses à faire 

et qu'elle reviendrait le chercher dans une 

heure. Elle ne revint pas. 

Mais la déposition la plus intéressante et 

de nature à expliquer le drame est celle de 

Jeanne Dupin, âgée de quinze ans, qui ha- 

bite chez ses parents, concierges, 31, rue 

de l'Université. -Cette jeune fille, modiste 

chez Mme Petitezya -affirmé qu'à midi, avant 

de déjeuner, elle était allée se laver les mains 

dans la cuisine. Là elle avait trouvé Berthe 

qui pleurait. 

Je l'interrogeai, a continué le témoin, et 

Berthe, qui paraissait en proie à une crise 

de désespoir, 

me dit qu'elle voulait aller sa 

jeter à leau. 

Berthe Foix lisait beaucoup de romans. 

Elle avait .laissé à Pau un amoureux, un 

certain Ferdinand Louis, menuisier, qui lui 

avait promis le mariage, et qui, depuis quel- 

ques mois ne répondait plus, parait-il, à ses 

lettres. 

Selon la Sûreté, le crime paraît donc im- 

probable maintenant. On va opérer des son- 

dages dans la Seine pour essayer de retrou-' 

ver les deux jambes de Berthe Foix. Aujour- 

d'hui, M. Hamard opérera une perquisition 

dans la chambre de la jeune fille. 

.« i i« 

LE DRAME DE LA RUE DE LA NEVA 

Un nommé Eugène Arnold, âgé de trente- 

deux ans, ouvrier tourneur, qui occupait une 

chambre au sixième étage 4, rue de la Néva, 

a tué hier, dans un accès de jalousie sa maî- 

tresse Marie Galpin, âgée de vingt-huit ans, 

domestique dans la même maison. 

Après avoir frappé la jeune fille de deux 

balles de revolver au cœur, Arnold s'est brûlé 

la cervelle. 

SUICIDE 

Nous avons annoncé la disparition à No- 

gent-sur-Marne de Mme Matte, femme du 

directeur de l'hôtel des Ventes à Paris. 

Son cadavre a été repêché hier dans la 

Marne, 

à Saint-Maur. 

L'enquête du commissaire de police de Joih- 

ville-le-Pont conclut à un suicide. 

ACCIDENT DE VOITURE 

Un tramway de la ligne Muette-Taibout, a 

culbuté, hier matin à huit heures, avenue 

Friedland, une voiture de place où se trou- 

vait Mme Eugénie Marion, demeurant rue 

Saint-Augustin. 

Le cocher, Eugène Garnier, a été transporté 

à l'hôpital Beaujon, Mme Marion légèrement 

blessée a été ramenée à son domicile. 


Mémento. Place Pigalle, une femme de 

quatre-vingt-onze ans, Mme Catherine Fleury, 

a été renversée hier, à'quatre heures, par un 

tramway de la ligne Villette-Trocadéro. Elle a 

été ramenée grièvement blessée à son domicile; 

2, impasse Guelma. 

Un 

représentant 

de commerce, M. Auguste 

Louis, âge de soixante ans, ancien officier de 

cavalerie, a été trouvé mort hier dans sa chambre, 

27, rue de Cléry. Le décès remontait à plusieurs 

jours. C'est' M Beaurain, commissaire de police 

du quartier du Mail, qui a fait ouvrir la porte du 

logement et découvert le cadavre. 

Racahout des Arabes Delangrenier, le meilleur 

aliment des enfants, des malades et des vieillards. 

Boulevard Diderot, le gardien de la paix 

Joachim a été légèrement blessé hier par un rô- 

deur qu'il a arrêté. 

Un petit garçon de sept ans, Paul Goury, est 

tombé hier dans le fossé des fortifications, bou- 

levard Gouvion-Saint-Cyr et s'est tué sur le coup. 

J. de P. 

.|. , 

DANS LES DEPARTEMENTS 

FERMETURE D'UNE BOURSE DU TRAVAIL 

«~>~» Nancy. A' la suite de nombreux 

sabotages exécutés par les grévistes en chaus- 

sures et les ouvriers peintres, le maire a 

pris un arrêté ordonnant la fermeture de la 

Bourse du travail installée depuis douze ans 

dans un local municipal. Cet arrêté, contre- 

signé par le préfet de Meurthe-et-Moselle, a 

été rendu exécutoire ce matin. 

Là police s'est rendue à la Bourse du Tra- 

vail et a fait opérer le déménagement des 

archives des syndicats dont les secrétaires 

avaient été avisés. On a également expulsé 

de l'immeuble des femmes qui préparaient 

dans, la cour des soupes communistes. 

Trois cents 

grévistes 

ont parcouru les rues 

et ont pousse des cris hostiles devant la 

mairie et devant la préfecture. La gendar- 

merie les a dispersés. 

Deux réunions tumultueuses ont eu lieu 

dans la soirée, à la Maison du peuple. 'Trois 

arrestations ont été opérées. 

La gendarmerie et le 5e hussards assurent 

l'crdre. 

A TOULON 

-«~« Toulon. Le feu a failli encore 

faire des siennes cet après-midi dans l'arse- 

nal. Le mistral s'étant mis à souffler avait 

relevé les dernières fumées des décombres 

des bâtiments sinistrés. Bientôt d'épaisses 

colonnes de fumée noirâtre s'élevaient et l'on 

put craindre que les flammes rougissent de. 

nouveau la perspective de nos grands ate- 

liers. L'alarme fut vite donnée et les pompes 

recommencèrent noyer les locaux incen- 

diés 

La sous-commission d'enquête de la cham- 

bre des députés a pris quelques renseigne- 

ments sur le sinistre de lundi dernier, de 

même qu'elle a 

complété 

ses investigations 

sur les derniers incidents et accidents de 

notre flotte de guerre. Elle a terminé ce soir 

les travaux dont elle s'était imposé le pro- 

gramme à Toulon et la plupart de ses mem- 

bres, MM. Delcassé et Henri Michel en tête, 

sont repartis pour Paris. 

L'AGITATION gréviste 

«4*wv» Besançon. Les grévistes de No- 

villars renoncent à revendiquer la reconnais- 

sance de leur syndicat; ils discuteront sa- 

medi la question des salaires. 

Le conseil municipal de Besançon a voté 

un secours de 2,000 francs aux familles des 

grévistes des papeteries bisontines. Il a en- 

tendu le directeur des papeteries et les délé- 

gués des ouvriers. Une nouvelle entrevue 

aura lieu lundi dans les mêmes conditions; 

on discutera les tarifs offerts aux grévistes. 

•r»«~ Roubaix. Une délégation des em- 

ployés grévistes des tramways a été reçue 

par le directeur. La délégation a protesté 

contre la tentative criminelle commise au 

dépôt contre le chef d'équipe. Une bouteille 

contenant de l'acide chlorhydrique avait été 

lancée dans la loge du concierge où se trou- 

vait le chef d'équipe, mais s'était brisée sans 

atteindre personne. 

~~«~«v Saint-Elienne. Tous les syndicats 

adhérents à la Bourse du Travail ont signé 

une adresse à M. Briand, ministre de l'ins- 

truction publique et député de la Loire, ré- 

clamant pour les fonctionnaires le droit de se 

syndiquer et d'entrer à la Confédération gé- 

nérale du travail. 

»~~ Hyères. Les grévistes boulangers 

essayent de fabriquer du pain et de le vendre 

pour leur compte. Ils demandent au maire la 

suppression des ouvriers militaires. 

~^w*« Saint-Nazaire-sur-Loire. Le per- 

sonnel civil du paquebot Versailles, devant 

partir le 9 mai prochain pour Colon, pose 

Iésitoêmes revendications que celui de la 

Champagne. 

LE DRAPEAU ROUGE 

•>~ ~» Clermont-Ferrand. Aux obsèques 

de M. Chantagrel, sénateur socialiste, les co- 

mités révolutionnaires et la Libre-Pensée ont 

déployé des drapeaux rouges. 

M. Joly, préfet du Puy-de-Dôme, a déclaré 

que, dans ces conditions il ne pouvait pas 

prendre part ou cortège et s'est retiré, suivi 

du maire de Clermont ei de ses adjoints, 

EMPOISONNÉE 

*»' Nantes. H y a quatre mois envi- 

ron, une jeune femme des environs de Nantes 

mourait subitement, et deux médecins refu- 

sèrent le permis d'inhumer. L'autopsie révéla 

dans les viscères une quantité d'arsenic telle 

qu'elle devait fatalement déterminer la mort. 

La jeune femme, dont la famille est très 

connue ici, vivait avec son mari et une tierce 

personne qui passait pour une amie du mé- 

nage. Un juge d'instruction vient d'être com- 

mis par le procureur de la République pour 

éclaircir cette affaire qui cause une émotion 

considérable. 

LES FARINES AU TALC 

v~~> Toulouse. Des 

prélèvements 

de 

farinés ont été opérés inopinément chez les 

fournisseurs de pain aux garnisons du 17e 

corps d'armée. Les échantillons recueillis ont 

été adressés au laboratoire du Comité techni- 

que de l'intendance à Paris. 

Les 

perquisitions 

chez les boulangers et les 

minotiers continuent dans toute la région du 

Sud-Ouest, des Charentes aux Pyrénées, 

1 LE MAUVAIS TEMPS •. 

»»»»»»»» Amiens. La température a fléchi 

brusquement de douze degrés et la neige 

tombe depuis quatre heures de l'après-midi. 

*w~» La Rochelle. -A Lamothe-Achard, 

la foudre a tué un cultivateur, M. Penaud, et 

les trois bœufs qu'il conduisait. 

*v Remiremont. Après deux journées 

d'une température extrêmement lourde, un 

violent orage a éclaté à huit heures du soir 

sur la région. Là foudre est tombée non loin 

de la ville. La neige est tombée également. 

Le mémoire d'homme, on n'avait vu. pareil 

fait se produire. 

«w«~w Reims. Le froid est glacial. La 

neige tombe depuis plusieurs heures en abon- 

dance. 

ACCIDENT D'AUTOMOBILE 

• Cambrai. Le sous-préfet, le capi- 

taine de gendarmerie et M. Bastard, ingé- 

nieur des chemins de fer du Cambrésis, se ren- 

daient en auto au Cateau pour assister aux 

opérations du conseil de révision. Près de 

cette ville, le moteur s'est dérangé et l'auto- 

mobile a heurté des arbres bordant la route. 

M. Bastard est grièvement blessé ses cômpa- 

gnons sont légèrement contusionnés. 

PHARMACIEN CONDAMNÉ 

Saint-Mato. Le pharmacien dont le 

Figaro a annoncé hier la condamnation 

pour 

livraison de médicaments falsifiés aux equi- 

pages terre-neuviens est M. Gousse, contre 

lequel M. Le Dontec, procureur de la Répu- 

blique, a prononcé un réquisitoire sévère. 

UNE AFFAIRE DÉLICATE 

Cherbourg. Le 11 avril dernier 

décédait une institutrice, Mlle L. âgée de 

vingt-six ans, d'une famille des plus honora- 

bles. Cette mort parut suspecte, et d'ailleurs 

une dénonciation anonyme motivait peu 

après 

une enquête. L'autopsie a établi que le 

décès est dû à des manœuvres criminelles. 

Ce scandale cause la plus pénible impres- 

sion. 

Argus. 

LES THEATRES 

Capucines Le nouveau spectacle Son 

Petit Frère, opôreti» en deux actes, de 

M. André Barde, musique de M. Charles 

Cuvillier; Marcheuse, comédie en un acte, 

de MM. Auguste Germain et R. Trébor 

le Porte-Cartes, comédie en un acte, de 

M. Henri Falk. 

Ce gentil petit théâtre des Capucines, 

après avoir été jadis, comme on disait, 

un théâtre « à côté », est, aujourd'hui, si 

bien « arrivé », il a pris une si jolie place 

parmi les scènes parisiennes que, le plus 

cavalièrement du inonde^ et même avec 

une sorte d'espièglerie, il brave la concur- 

rence, et se faufile, sans crier gare, au 

milieu des plus terribles encombrements, 

en des semaines surchargées de répéti- 

tions générales et de premières. C'est 

ainsi que, bien malgré moi, je me trouve 

en retard avec lui, mais je n'en ai pas 

beaucoup de remords, sachant qu'il est 

de ceux qui peuvent attendre, et trou- 

vant, d'ailleurs, beaucoup plus agréable 

et commode cette forme de la critique 

qui consiste à enregistrer un succès déjà 

consacré largement par le public. 

Le nouveau programme comprend, 

comme'niorceau de résistance, une char- 

mante opérette, Son Petit Frère, dont les 

paroles sont de M. André Barde et la 

musique de M. Charles Cuvillier. Le su- 

jet, très amusant, est tiré de l'antiquité 

grecque qui a déjà fourni à la scène 

tant de joyeuses et amusantes parodies. 

Il s'agit, cette fois, d'un riche et naïf 

Athénien, Agathos, que l'on voudrait 

intéresser au sort d'une adorable petite 

courtisane, Laïs, qui vient, hélas d'être 

abandonnée par son amant.MaisAgathos 

est un homme vertueux qu i ne consentira 

pas à se laisser prendre aux charmes d'une 

hétaïre. Aussi lui fait-on croire que Laïs 

n'est autre que sa propre sœur, une 

sœur naturelle bien entendu, que son 

père, qui était un vieux coureur, a né- 

gligé de légitimer. A ce récit, l'excellent 

Agathos slémeut il veut réparer la faute 

paternelle, il comble la jeune fille de 

cadeaux, et s'institue « son petit frère », 

jusqu'au moment où. il s'aperçoit qu'il en 

est éperdument amoureux. On lui fait 

connaître alors le subterfuge il apprend 

la vérité et il est ravi de pouvoir aimer 

Laïs d'un amour qui n'a plus rien de 

fraternel. 

L'idée, vous le voyez, est ingénieuse, 

et elle a été très spirituellement traitée 

par M. André Barde. Il a écrit là-dessus 

un agréable livret qui a délicieusement 

inspiré 

M. Charles Cuvillier. J'ai eu 

déjà l'occasion de louer la gracieuse ai- 

sance, la verve souriante et fine de ce 

jeune et brillant compositeur. Il n'a ja- 

mais mieux fait valoir ces dons si appré- 

ciables et le, succès très vif qu'il vient 

d'obtenir nous permet d'attendre de lui 

avec pleine confiance des œuvres plus 

importantes et tout aussi réussies. 

Son Petit Frère est joué avec un ex- 

traordinaire brio par Mlle Marguerite 

Deval, divette accomplie comme chan- 

teuse et comme comédienne, qui a trouvé 

dans cette joyeuse opérette un admira- 

ble emploi de ses qualités savoureuses 

et variées. Polin, le gai tourlourou, 

très à l'aise sous le péplum, nous a 

prouvé, après bien d'autres, qu'on peut, 

en venant du café-concert, se faire très 

gaillardement applaudir dans l'opérette 

et même dans la comédie. L'ensemble 

est très bien complété par M. Henry 

Defreyn et M. Georges Flandre, Mlles 

Andrée Barlette et Cécile Ferrel. 

Notons encore sur l'affiche, pour l'agré- 

ment de la soirée, la Marcheuse, un acte 

très spirituel et très applaudi de MM. 

Auguste Germain et R. Trébor, enlevé 

dans un excellent mouvement par MM. 

Georges Coquet et Armand Berthez, Mlles 

Marthe Ladini et Lucie Branghetti, et 

le Porte-Cartes, une amusante comédiette 

de M. Henri Falk, vivement menée par 

Mlle Mérindol, MM. Lucien Prad et Pé- 

ricaud. 

Les « Escliolicrs » Le Hasard du coin 

du feu, de Crébillon fils, présenté en trois 

tableaux par M. Fernand Nozière. Le 

Jouet, pièce en trois actes, de M. J. J. 

Frappa et Mme R. Maquet. 

Les «,Escholiers » nous conviaient, 

hier, dans la ravissante salle du théâtre 

Femina, aux Champs-Elysées, à un spec- 

tacle dont une partie, tout au moins, 

avait été curieusement annoncée. Le 

programme nous parlait, en effet, du' 

Hasard du coin du feu, de Crébillon fils, 

«arrangé en trois tableaux par M.Fernand 

Nozière ». Et nous nous demandions si, 

toute proportion gardée, bien entendu, 

les spirituels organisateurs de la soirée ne 

nous ménageaient pas quelque joyeuse 

facétie, comme celle de l'amusante tour- 

née de Miquette, où il est question d'un 

Cid « dû à la collaboration de Pierre Cor-, 

neille et de M.Monchablon ». Mais non. 

L'intention du programme était meil- 

leure que sa rédaction, et les admira- 

teurs. du reste assez rares, aujourd'hui, 

de Crébillon fils, ont vu se dissiper bien 

vite leurs inquiétudes. Le charmant 

conteur du dix-huitième siècle n'avait 

nullement été arrangé, et c'est bien son 

Hasard du coin du feu, sa meilleure œu- 

vre de beaucoup, qui nous a été fidèle- 

ment représentée. Très intelligemment, 

M. Nozière n'y a rien ajouté. A peine, 

par-ci par-là,' quelques petits raccords 

fort aisément reconnaissables et qui ont 

contribué au succès de la soirée en fai- 

1 

sant ressortir encore davantage le styîô" 

clair, élégant, léger de Crébillon fils, 

dont la grande, qualité, précisément, 

était de se bien garder de tout pédan- 

tisme. 

M. Jules Claretie avait exceptionnelle- 

ment permis à l'une des plus exquises 

sociétaires de la Comédie-Française de 

prêter son concours à cette représenta- 

tion. La faveur était rare, mais tout le 

monde y a vu un délicat hommage à 

l'ombre de Crébillon fils. Et Mlle Marie 

Leconte a été, il n'est 

pas 

besoin de le 

dire, une délicieuse Célie, pleine de 

grâce, d'esprit et de malicieux enjoue- 

ment. Impossible d'apporter plus d'in- 

génue conviction dans les variations de 

l'amour, et de pudique réserve dans le 

libertinage. Le succès de l'exquise comé- 

dienne a été des plus vifs, et, à côté 

d'elle M. Capellanièt Mlle Burkell, 

deux bons artistes, cependant, ont paru 

manquer de légèreté. 

Le spectacle se complétait par une' 

pièce en trois actes de M. J. J. Frappa 

et Mme R. Maquet, le Jouet, d'une fac- 

ture assez inexpérimentée, mais dont 

l'idée ne manque cependant pas de har- 

diesse une jeune fille, Catherine Bré- 

mont, est la maîtresse d'un jeune homme, 

Maurice de Villiers, qui ne peut l'épou- 

ser par suite de préjugés de caste,, 

venant d'ailleurs de sa famille plutôt 

que de lui-même. Il l'engage, en dé-_ 

sespoir de cause, à épouser un autre 

homme, Bressanes, qui l'aimé, et lui 

rendra la vie heureuse. Au fond, Mau- 

rice espère bien que Catherine, une fois 

mariée, continuera d'être sa maîtresse: 

Bressanes, qui est un excellent homme, 

n'y verra rien. Mais ce détestable calcul 

est déjoué. En effet, lorsque Catherine et 

Bressanes reviennent de leur voyage de 

noces, et au moment où Maurice que 

Catherine, malgré son intention de rester 

une honnête femme, n'a pu se résoudre à 

oublier-se retrouve de nouveau devant 

elle, et va encore une fois la reprendre, 

la malheureuse femme, affolée, ne voyant 

d'autre refuge que dans les bras de son 

mari, s'y précipite, lui avoue tout, et 

finit par obtenir son pardon. Dénoue- 

ment très acceptable, en somme, mais 

trop rapidement amené, manquant de 

préparation suffisante, ou en donnant 

peut-être seulement l'impression, car il 

faut faire ce reproche à nos sympathi- 

ques amis les Escholiers que les actes 

paraissent chez eux plus courts que les 

entr'actes. 

Mlle Gladys Maxhence a supérieure- 

ment joué le rôle de Catherine Brémont, 

où elle a déployé dés qualités de vi- 

gueur, d'emportement et d'émotion qui 

ont, à la fin du deuxième acte, provoqué 

les acclamations de la salle.Voilà assuré- 

ment une de nos comédiennes les mieux 

douées, dont il est surprenant qu'on n'u- 

tilise pas, sur une grande scène, le 

talent si personnel et si original. Mme 

Marguerite Ugalde s'est montrée char- 

mante dans un rôle de mère évaporée et 

invraisemblablement jeune que ses filles 

ne parviennent pas à prendre au sérieux. 

M. André Calmettes a prêté au person- 

nage de Maurice de Villiers sa tenue 

toujours froide et sa nonchalante morio- 

tonie. MM. Damorès et Courteille sont 

corrects, et Mlles Dorzil et Macnyll gra- 

cieuses. 

Emmanuel Arène. 

LA SOIRÉE 

1-1-1.. 

LES ESCHOLIERS 

Avant-hier soir ce fut, vers neuf heures, un 

mouvement extraordinaire de. chevaux ron- 

ronnant et d'automobiles piaffant dans l'ave- 

nue des Champs-Elysées, et les locataires de 

cette voie triomphale, écartant leurs rideaux, 

pensèrent incontinent qu'il s'agissait au moins 

de l'inauguration de l'hôtel de M. Dufayel. 

Ils se trompaient de numéro. Ce que Paris 

inaugurait si brillamment, c'était le charmant 

théâtre Femina que les Escholiers avaient 

choisi avec infiniment d'à-propos pour y don- 

ner leur représentation théâtrale. 

Ces heureux hasards de circonstances, cette 

accumulation d événements bien parisiens, 

assuraient à la solennité le grade de double 

gala, et, de fait, il y avait longtemps que nous 

n'avions vu dans une salle de spectacle pareil 

déchaînement d'épaules, semblable étalage 

de toilettes claire:, de parures et de bijoux. 

Bref, ce fut à la fois très « Escholiers > et 

très « Femina >, c'est-à-dire ultra-chic. 

Pourtant,c'étaient les Escholiers qui étaient 

chez eux et qui recevaient. M. Pierre Lafitte 

n'était en la circonstance que leur proprié- 

taire et quelque chose comme leur c Belloir >. 

Il reçut pour sa délicieuse salle, si claire, si' 

élégante, d'unanimes compliments' qu'il ac- 

cueillit avec joie, mais avec la modestie d'un 

homme qui sait quelle part en revient à 

à l'architecte, à rentrepreneur,au décorateur, 

au tapissier et à l'électricien. 

Quantaux Escholiers, ils firent les honneurs 

de leur chez eux avec la bonne grâce; l'ama- 

bilité et la galanterie qui sont de tradition 

dans cette association plus vivante et plus ac- 

tive que jamais. On vit M. Froyez, son dévoué 

président, se multiplier, ainsi que les escholicrs 

les moins gradés on lesvit endurer sans bron- 

cher le supplice du,« spectacle debout >, se re- 

tirant, si j'ose le dire, le strapontin de la bou- 

che pour l'offrir à telle ou telle invitée en re- 

tard ou sans place. 

Quand on se fut bien extasié sur la beauté 

de la salle, le spectacle commença. M. F. 

Nozière débutait dans le genre théâtral par 

un arrangement du Hasard du, coin du feu, de, 

Crébillon fils, qui-Mlle Leconte fut exquise! 

déchaîna l'enthousiasme des délicats, et des 

lettrés, toujours non pas en majorité mais en 

unanimité aux représentations des Escholiers. 

Connaissez-vous Crébillon fils?. Allonsl ça 

n'est pas la peine de détourner la conversa- 

tion Avouez donc tout simplement que vous 

l'ignoriez ça vous sera une occasion de dé- 

clarer à M. Nozière que, vous regrettez depuis 

avant-hier votre ignorance, ce dont il sera 

enchanté.. .•[ 

Les dialogues de Crébillon fils ne se peu- 

vent raconter, ils ne peuvent que se lire ou 

s'écouter, ou alors s'analyser succinctement 

comme ceci 

Je te passe mon Crébillon, qu'y met-on"? 

Des tisons, des tendrons, des 

polissons,' 

des lurons, des trahisons, des liaisons, des 

ronrons, des frissons et des pâmoisons! 

Quoi qu'il en soit, voici Crébillon fils décou- 

vert il va être à la mode; puisse-t-il avoir 

une salutaire influence sur le vocabulaire et 

la syntaxe de nos parlotes mondaines! 

Après ces délices extra-dix-huitième, on 

nous a donné du vingtième siècle dernier 

sous-marin le Jouet, de MM. J.-J. Frappa et 

R. Maquet, fort agréablement mis en scène.. 

Si l'on n'avait pas été dans un milieu aussi 

sélect, je crois bien que Maurice de Villiers 

André Calmettes aurait été attendu à la 

sortie, tant ce personnage trusta pendant 

ces trois actes l'antipathie, la goujaterie et la 

muflerie On applaudit Mne Marguerite 

Ugalde et tous les interprètes quant à Mlle 

Gladys Maxhence, elle connut la joie du 

triomphe dans un rôle aussi ingrat qu'un dé- 

puté un lendemain d'élection, et il parait im- 

possible que les courriers théâtraux n'annon- 

cent pas ces jours-ci l'engagement de cette 

gentille artiste dans un théâtre ayant pignon 

que dis-je pognon sur grands bou- 

levards -. 

Un Monsieur de l'Orchestra.

Safi ïîàâRO SAIVIEDï 

27 AVRIL1907 

COURRIER DES THEATRES 

Aujourd'hui, à une heure et demie, aiirâ 

lieu au Trocadéro la belle représentation ari- 

nuelle de l'Association des artistes dramatû 

ques. Par le magnifique programme que 

voici, on jugera de son intérêt exceptionnel 

Mme Ameî, Fanfan la Tulipe (E. Debraux). 

Mme Alice Bonheur, les Oranges-de mon êia- 

gire. Mine Brozia, Fleur des Alpes (We.kerlin). 

Mme Marguerite Carre, chanson. 

Mmes Carlix et Cassive, duo de Monsieur et 

Madame Dénis (Désauçiei-s).. 

• 

M die Germaine Gallois, la Bonne Satèsse (Fra- 

gèriflle). 

Mme "Mary Garden, Vous êtes si jolie (Paul 

Deln1et). 

Mme judic, les Deux Sœurs de Charité {Bé- 

i'anoer). 

Urnes Marie Leconte et Lara, Auprès de ma 

monde (dnof. : 

Mme Raeliel Làunày, Violette double (Ch. de 

'Mme Lise d'Ajac, la Glu (J. Richepiri). 

Mme LIse AJac, da Gtu (J. le tepm 

Mïne Mathieù-Lutz, Un Amoureux (Paul Hen- 

rion). 

le Poulailler (Urgel). 1) 

Mme Mèaly, le Poulailler (Urgel).. 

Mme Piérat, le Vieux Farceur (Laurent Léon). 

Mme Polaire, l'Ecolier (FLorian). 

Mme Aus-usta Pouget les Houéàrds de la 

gardé 

(Nadaud). 

Mme Marthe Régnier, la Chanson de Fortunio 

(J..Qffenbaçh). -i- • 

Mme Réjane, C'est Jules (Gaston Berardi). 

Mme Jeanne Saulier, Auto et Berline (Redelé* 

perg'er). 

Mme Simon-Girard, Colinette (duo). 

Mme Tariol-Baugé; la Belle Bourbonnaise. 

Mme Thévenet,. Madame Grégoire (Béranger). 

Mme Anna Thibaud, la Gïisetlè du quartier 

Latin (Nadot). 

Mme Tiphaine, les Papas, les Mamans, les 

Mme Tiphaine, ~es Pa~a~, ~aMBM~, ~es 

Chandelle (Robillard).. 

Mme Yallandri, Ça fait peur aux oiseaux (P. 

Bernard!. 

Mme Vàuthrin, Mon petit coeur soupire (Mar- 

tini).. 

Mme Alice Yerlet, Ah! vous dirai-je, maman 

(avec variations) (Adolphè Adam). 

Mm& Adèle Isaao (de l'Opéra-Comiqùe) chantera 

Plaisir' d'amour (Martini). 

Mme Guiraudon Cain (de l'Opéra-Comique) 

charïtera Quand mon bien-aimè reviendra (Da- 

layrac) 

M. "Georges Berr, Lettre 3è l'Etudiant à l'Etu- 

diante (Nadand). 

M. L. Beyje, Aï Chiquita (Yradier). 

M Albert .Brasseur, le Vieux Buveur (Robil– 

lard): 

M. Brêmoht, Vous rappelez-vous ? (Paul Hen- 

rion); 

de gouttières 

M. "Bruet-Rivière, Eniïe chats de gouttières 

(duo) (Bruet). 

M. Cazeneuve, X' l'aime comme ça (G. Ba- 

nêux). 

M. Chambon, les Sapins (Pierre Dupont). 

M. Clément, Oiseaux légers (Gumbert). 

M', Cooper, Ma Normandie (Bérat). 

MvCoquelin aîné. Mon Habit (Béranger), 

M. Delmas, les Bœufs (Pierre Dupont), 

M.Delyoye, Verse-moi du vin bleu (Darciér). 

M:; Dùfranne, le Rèyiment de- Sambre^t- 

Meuse (R. Plànguette). 

M.Lucien Fugere, le Refrain du Tonnelier (P. 

Hénrion)^ 

M. Paul Fugèrê, l'Invalide à la tête de bois 

(Robillard).. • 

M, Fursy, Ar-propos sur la Chanson française- 

M~ Fnrsy, ~p)'0jpos sMr !a CAaM~ott yt-a~ dans les scènes I et II du 3° acte'dé-, 

tyèriher et dans les/Ckarbonnièrs. M. Marcel 

Chaiïley. M. Royeri le. baron P. Despatys,*lê 

comte M-, de Germiny préteront leur concôu.rà, 

à cette très intéressante soirée. 

'11 

.Ô'est ce soir, à neuf heures précises, qu'aura 

lieu le concert donné salle Pleyel par Mme. 

Jane Mortier, avec le concours de Mme Pef-. 

rin Deville, la cantatrice bien connue. Au, 

programme 

'"• 

Fantaisie (op. 17) (Scliumann) I, Fantasticà' 

.menti II, Moderato III, .Lento. Air de Serse 

(Haendel). Pur Dicesti, composée vers 1700 (A.. 

Loti). Saint François de Paule marchant 

sur 

les e.àux, légende (Liszt), –.Récit et air des No- 

ces de Figaro (Mozart). Comme la nuit, an^- 

cienne chanson d'amour (C. Bôhrn). Mepliisltà 

Wàlzer (Liszt). 

y-' 

Au piano d'accompagnement, M. Masson. 

Un.cQncer_t sera, dopné le 10 mai prochain, 

à la salle des Agriculteurs, rue d" Athènes, 

par Mme Reiiée Chemet-Decreus et M. Câ- 

,mille Dècreus,ayec le concours de M. Charles 

W> Clark, le célèbre baryton américain. 

mi 

AinsîqUe nous l'avons annoncé, cinq grands 

concerts de musique russe, dirigés par M. 

Arthur Nikisch les 16, 19, 23 et 30 mai et par 

M. Camille Chévillàrd le 26 mai, vont avoir 

lieu à l'Opéra sous le patronage de la Société 

des Grandes Auditions musicales de France, 

dont là présidente est Mme la comtesse 

Greffulhe. 

•••' 

Les artistes les plus célèbres de Russie,' et 

p'arinï eux la basse Ghaliapine, sont chargée 

de la partie vocale de ces séances dans les* 

quelles on entendra les principaux chefs- 

d'œuvre de Môussbrgsky Glinka, César 

Cui, Borodiiie, Rimsiy-Korsakoff, Balaki* 

rew, etc. ' 

Oft 

peut 

s'inscrire dès maintenant à la, 

Société Musicale G. Astruc et Gie, 32, ,rue" 

Loùis-le-Grànd. 

4 MmeClouetrWàrot, directrice des cours ar- 

tistiques, situés rue Ballu, a donné avant- 

hier, en son hôtel, Une matinée musicale et 

littéraire des 

plus 

brillantes. On a vivement 

applaudi plusieurs élèves des différents cours, 

dirigés par Mmes 'Dupont- Vernon, Lamy; 

MM. Ch. Lefebvre, Engel, Brémond, Ch. Mo- 

rel, L. Rigâux, Georges de Lausn'ay, Trecol».1 

etc., été, 

Cette charmante réunion .«'est terminée par; 

une tombola dont les divers objets avaient 

été exécutés par les cours, de Mlle Beau, MM. 

Vavasseur et Tournon. • 

Ce soir, dans la grande salle des Fêtes du 

Trocadéro, à huit heures et demie, grande 

audition, populaire et gratuite offerte par la 

Société l'Orchestre, sous la direction de Vic- 

tor Charpentier; 

.Première partie (musique ancienne) .; 

Ouverture du Fretschuts (Weber) Fuguô 

(Bach) grand orgue, M. Alex. Guilmant. 

Concerto, pour flûte et orchestre (Mozart) flûte, 

M. Chabrier. Atteste, scène III (Gluck) Mme' 

Jeanne Raunay. 

• Deuxième partie (musique moderne) 

Ouverture de Phèdre, (J. Massenet). Vénus 

Anàdyoifiènè, lrc andition (Pierre Hermant). 

Bapsodi'e Hongroise (F. Liszt) piano, Mme Ro-. 

gèr-Miclos. Prélude de Lohengrin (R. Wag- 

ner). a) La Procession, (G. Franck). b) Ab- 

sence{U. Berlioz) Mme Jeanne Raunay. Sym- 

phonie, pour orgue et orchestre (Alex.Guilmant) 

au grand orguo, l'auteur. 

.Mi .#«- 

Ce soir, chez Medrano, débuteront les jeunes 

acrobates Elisâ et Ernest dans leurs élégantes 

évolutions sur le fil. de fer. Lesainges dresses 

par M. de Marcé sont des écuyers bien comi- 

.ques les Sloan, impeccables voltigeurs éques- 

tres, et les clowns fantaisistes si amusants, 

sont toujours fêtés par le public fidèle de 

Boum-Boum. 

Demain dimanche, matinée à deux heures 

et demie au cirque Medrano. (Téléph. 240-65). 

Le Bal Tabarin donne ce soir la Grande 

fête à Gythère. Cette soirée de gala sera un 

régal des yeux. A minuit et demi, le Temple 

d'Aphrodite, aprothéose de la Beauté. Danses 

lascives grecques. Cortège et défilé des prê- 

tresses de l'Amour. Le départ pour Cythère. 

Alfred Deliha. 

–s~ 

LES GRANDES VENTES 

Hier, à 1* salle 6, une bonne vente dé ta- 

bleaux anciens et modernes. 

Une suite de cinq panneaux représentant 

ies Cinq Sens, les allégaries peintes par Hen- 

drick van Balen et les décors par Jean Breu- 

ghel; a monté à 40,000 francs; un Delacroix, 

Cléopâtrc et 'le Paysan, â 15,600 une toile 

attribuée à Rembrandt, la Tentation, à 10,000 

un Ruisdael, le Torrent, a 18,600. 

Il y a eu d'autres prix notables, moindres»* 

que voici. 

k 

Portrait de Luther, par Cranach, 7,500; la. 

Vierge, l'Enfant Jésus, Saint Jean-Baptiste et 

un ange, attribué à Lorenzo di Credi, 4,500 la 

Halte dans le désert, par Fromentin/ 5.O00; Por- 

trait de jeune femme, par Heinsius. 3,000; Par- 

trait de ladxj Pilkington, par Iloffncr, 5,500 

Cour de ferme, par Charles Jacque, 3,400 Por- 

trait d'une dame de qualité, par Mferevêlt, 4,000; 

l'Adoration de l'Enfant Jésus, triptyque attribué à 

Van Orley, 3,400; Portrailde CFlorct, pastel, par 

Perronneau, 4.G00 l'Estaminet, par Teniers,7,000; 

le Menuet et le Repos dans le parct école de 

.Watteâu, 5,000. 

La vacation a produit 172,375 francs. 

A côté, un timbre roumain de 81 paras, 

bleu sur bleu pâle (r858), n'était adjugé qu'à 

4,075 francs. 

C'est que, voyez-vous, il était un peu en- 

dommagé il présentait, à la loupe, deux tout- 

petits trous d'épihçle. Cet accident. lui ôtait, 

parait-il, une grande partie de sa valeur, qui 

sans cela eût été, je pense, inestimable. 

On peut s'amuser sans inconvénient à don- 

ner des coups de marteau sur des pièces de 

deux sous mais on ne doit jamais percer un 

timbré, même avec une épingle. 

Vàlemont. 

ii»>s/n^ 

lia Vie Sportive: 

LES COURSES 

GQtïRSESA 'MAISONS-LAFFITTE 

Nous avions chanté victoire, printemps et 

soleil un peu trop tôt il a fait froid, et pen- 

dant 

presque 

tout l'après-midi il a plu. On 

parlait déjà d'arrosage. Longchamp avait 

même essayé cette semaine sa nouvelle cana- 

lisation mais le ciel veillait, lui aussi, à la 

sécurité des tendons de nos chevaux. 

Le programme comprenait deux épreuves 

intéressantes le prix Little Duck et le -prix 

.S tu art; dans le premier, Ganelôh ÏI a battu 

Moulins la, Marche. La situation se compli- 

que Querido bat Maintenon, Moulins la 

Marche bat Querido, et Ganelon II a raison 

dé Moulins la Marche. Il est vrai que Ga- 

nelon II avait été réglé nettement par Main- 

tenon, et c'est encore cette performance la 

plus régulière. Le Maintenon battu par Que- 

rido n'était plus lé grand Maintenon. On doit, 

déplus, faire remarquer entre O'Cbnnor et 

Parfrement il y a une lègère différence. 

Dans le prix Stuart, Mon Général s'est 

réhabilité de ses défaites. Très à l'aise sur 

cette piste tendre, il a prouvé sa qualité. Au 

contraire, Couvrefeu n'a pas paru avantagé. 

Ce qui fait le bonheur des une fait. le mal- 

heur des autres. 

Prix des Triànons (3,000 fr., 1,300 m.). 

1, Souveraine, au baron Ed. de Rothschild 

(M. Henry)-; 2, Maazoùz, à M. L. d'Astier 

)0'Connor) Floradora, à M. A. E. Dodge. 

(Barat) (3 longueurs, 2 longueurs). 

Non placés Grand Garçon, Edouard, Laïs, 

Grillon, Nourrice, Cocagne, Pierrette IV, 

Qui Quoi Qu'Est-ce, Scheherazade. 

Pari mutuel à 10 fr. Gagnant, 89 fr. 50. 

Placés Souveraine, 36 ff. 50; Maazouz, 

39 fr. 50 Floradora, 110 fr. 50. 

'Pria LUUe Dutk (10,000, fr., 2,200 m.),– 

1, Ganelou II, au comte de Moltke(O'Connor); 

2, Moulins la Marche, à M. J. Lieux (Paff re- 

nient); 3, Kàzbek, à M. M. Caillault (J. Reiff) 

(1/2 longueur) 2 longueurs). 

Non placés Punta Garda, Glouglou II, 

Procope* Campo Formio. 

Pan mutuel à 10 fr. Gagnant, 38 fr. 50. 

Placés Ganelou II, 15 fr.; Moulins la Mar- 

che, 14 "fr 50 Kâzbek 20 fr. 

Prix de Vernon (4,000 fr., 2,200 met.) 

1, Pimlico, à M. W.K. Vanderbilt (Bellhouse); 

2, Toast, à .M. J. de Brémond (G. Stern); 

3, Aprbd, à M. Marghiloman (Cormack) (6 

longueurs; 

8 longueurs). 

Non placés Neptune, Uranie, Belmar, 

Pomerol, Barnabite, Hysperion, Marsouin. 

Pari mutuel à 10 fr. Gagnant, 39 fr. Pla- 

cé9j>Pinilioo,'16 frwj Toasts 42 fr. 50 Aprod, 

s».».. •• 

Prix Stuart (10,000 fr., 2,900 m.y-r- l/Moïi 

Général, â M. Jean Prat {Ransch) 2, Clau- 

dia, à M. N, G. Kousnetzolï (F.Gill); 3, Mus- 

cadet, à M. Jean Joubert (F. Hardy) (3/4 de 

longueur, 2 longueurs 1/2). 

Non placés Cheikh, Couvrefeu, Bel Astre, 

Sosthèiie, Catalpa, Pachico, Eviàn, Corj^ 

lopse. 


cés Mon Général, 21 fr.; Claudia, 32 fr.50 î 

Muscadet, 27.fr. 

Prix de Monbel (5,000 fr., 1,600 m.). 

1, Versaillais, à M. H. Rigaud (Hobbs) 2, 

Momentanée* à M. J. Arnaud (G. Barth'Olo- 

mew) 3, Ascalon, à M. Ephrussi. (G. Stèrn) 

(1 longueur 1/2, 1 tête). 

Non placés .• Si Si, Popote, Flamette,. En 

Avant Marche, Léopàrd,Minaret, Wagonnette, 

Friquette, Sphinx, Joséphine. ». 

Pari mutuel à 10 fr. Gagnant, 126 fr. 5Q. 

Placés Versaillais, 42 fr. 50; Momentanée, 

90, fr. AsGalon, 26 fr. 

Prix Mondaine (5,000 fr., 2,100 m.). 1, 

Ecolière, à M. L. Olry (W. Kellet) 2, Mylita> 

au baron Foy (Ch. Childs) B, Makhila, au 

baron M. de Waldner (Peborde) (5 longueurs, 

4 longueurs).- 

Non placés Foudroyante, Aude.^Habara, 

Poterne, Sprig, Mélusine, Fleur de Jeunesse, 

Rossinante, Dahabeah, Etoile Filante, Toute 

Bonne, Bolehà, Roche. 

Pari mutuel à 10 fr. Gagnant, 329 fr. 5Q. 

Placés: Ecolière, 51 fr. Mylita, 22 fr. Ma- 

khila, 229 fr. 50. 

Ajax. 

• 

ÂUTOMOBlLIStVIE 

La Coorse de côte du Lyon-Spwts. 

Ce meeting de côte a été l'occasion, pour 

les voitures Pilain, d'affirmer leurs incompa* 

rables qualités dé souplesse et de robustesse. 

Elles y ont fait une ample moisson de lau- 

riers, enlevant les premières places dés pre- 

mière et troisième catégories, et se classant 

en outre en tête du concours de rendement. 

Le même jour d'ailleurs, en Sicile, â la 

Targa Florio, les voitures Pilain accomplis- 

saient une brillante performance, en termi- 

nant, seules de toutes les voitures lyonnaises 

engagées, le parcours si difficultueux de la 

Targa. 

Le concessionnaire général pour Pajis, 

l'ouest et le nord de la France,'est M. G. 

Amand, 25, avenue Wagram. 

»*, En troisième vitesse, prise directe, la 

1.4 chevaux Charron de ville marche aussi 

bien à l'allure d'un homme au pas qu'à 50- 

kilomètres à l'heure; la voiture Charron est 

souple par excellence.. 

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de -la Grande-Armée.. 

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Outhenin-Chalandre (Gaétan de Knyff, direc-" 

teur), 4, rue de Chartres, à Neuilly»sur Seine 

(porte Maillot). 

Demander la notice illustrée de la 

«Banque Automobile », 47, boulevard Hauss- 

mann, Paris, pour l'achat de toutes les mar- 

ques d'automobiles, « payables au gré du 

client », sans aucune majoration sur les 

prix des catalogues des constructeurs. 

[ Le comte de Saint-Fariol vient de passer 

commande d'une ravissante limousine 16 HP 

Rochet-Schneider, de chez Passerat et Radi- 

guet, au comte Jacques d'Aubigny et à 

MM. Marcel Arrault et Jacques Sorel, les 

actifs directeurs de l'Auto-Office, la puissante' 

agence parisienne de toutes les grandes mar- 

ques françaises et étrangères. 

Bureaux et Hall ] d'exposition, 65, avenue 

d'An tin (Champs-Elysées). Téléph. "553.75 

et 553.97. 

.*» Le seul butde l'Hôtel des Ventes Auto- 

mobiles, 6, rue Vîgnon, est la vente aux 

enchères des voitures d'occasion. Pourtant, 

il pourra 

s'entremettre pour faire la venta 

à 1 amiable pendant l'exposition des voitures 

durera du 21 au 27 mai, ail garaga de 

Messine (0 bis, rue Treilhard), loué pour cette 

circonstance. 

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Prenez garde aux contrefaçons des brevets 

Samson et n'achetez plus que des antidéra- 

pants Samson ou marqués « LicenceSamson». 

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sine Rothschild, que la comtesse Tyszkiewicz 

a choisie chez MM. E. Sterh et Cic, 24, avenue 

des Champs-Elysées. 

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usines Panhard-Levassor et Mors permettent 

à la Société Parisienne, 10, avenue de la, 

Grande-Armée, de livrer immédiatement et- 

aux meilleures conditions les ^modèles 1907 

de nos deux -célèbres marques françaises. 

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avoir de suite uti des merveilleux 

châssis Charron, Girardot et Voigt 1907, il faut 

s'adresser à M. Bondis, 46, avenue Montaigne, 

qui à toujours en stock, livrable de suite, un 

type de chaque forcé de cette célèbre marque. 

,*» Partir à l'heure n'est rien pour un auto- 

mobiliste. Arriver à l'heure est mieux, sur- 

tout, après quelques crevaisons ou éclate- 

ments. C'est pourtant 'ce que font chaque 

jour les chauffeurs avisés qui ont des Jantes 

Yinet Amovibles.. 

informez-vous 2, avenue dé Messine. 

Intérim. 

BULLETIN 

mMMËÊCi 

AL 

Paris, 26 avril. 

VINS. Nous trouvons dans le Moniteur vini- 

cole les renseignements suivants sur la situation 

générale des vignobles 

« Nous sommes entrés depuis quelques jours, 

avec le premier quartier de la lune rousse, dans 

une période de temps beaucoup plus doux et' 

plus printanier. jusqu'à ce jour il n'y a eu que 

quelques bourgeons gèlés çà et là dans le Midi, 

lé Languedoc, le Bordelais, les Charentes et la 

Touraine. Etant donné l'état peu avancé des vi- 

gnobles, les dommazes ont été insignifiants. 

Espérons qu'ils ne s'aggraveront pas. Depuis, la 

vigne a repris son mouvement de végétation et, 

pour peu que cela continue, tous lès cépages 

auront bientôt des bourgeons épanouis. C'est la 

.période critique qui va se manifester dans son 

.plein; pendant un bon mois encore les gelées 

.pourront exercer leur influence néfaste sur les 

jeunes sarments. Il faut faire ses préparatifs 

pour les conjurer autant que possible. >> 

Les affaires sont toujours plus nombreuses 

qu'importantes. 

Dans lé Midi, il n'est guère possible de trouver 

de bons vins convenables de consommation cou- 

rante à moins de 0 fr. !)0 à 1 franc. Au prix de 

0 fr. 80, l'on ne trouve guère quo des qualités 

plus ou moins défectueuses. Les cours sont fer- 

mes en Touraine. ••• 

Bien 

peu 

de variations à signaler sur le mar- 

ché parisien, comme partout d'ailleurs. C'est que 

les froids, survenus avec la lune rousse, provo- 

quent des craintes, et que les détenteurs se mon- 

trent peu disposés à vendre actuellement. Les 

prix sont donc fermes, avec tendance plutôt à la 

hausse. Mais il y a si peu d'acheteurs qu'on 

éprouverait quelque difficulté à vouloir établir 

des cotes véritablement plus. élevées. 

On îail les vins routes du Midi de 14 M8 francs 

l'hectolitre nu en entrepôt, les blancs se payent 

de 16 à 20 francs. Les algérie rouges valent de 

12 à 16 francs et lès blancs de 14 à 18 francs 

l'hectolitre.. 

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'Déplacements et Villégiatures 

des Abonnés du «Figaro» 

1 

EN FRANCE 

fi 

Mme R.Angrulo, au château de Rouvres.àVigneux. 

Mme Rébecca Félix, à Salies-de-Béarn. 

M. Eugène Gandoin, au Raincy. 

Mme Joseph Gillet, à la Baticolière, 

M. le docteur F. Guinard, à Vichy. 

M. G. Normand, à Caen. 

Mme L. Raminger, à Tours. 

Mme la générale Schebeko, à Pau. 

M. B. Trouette, à Montgeron. 

AL'ÉTRANGER 

Mme la comtesse d'Azevedo da Silva, à Genève. 

M. le comte Léopold Berchtold, à Saint-Péters- 

bourg. 

Mme la duchesse del Balzo, à Rome. 

S. A. le prince Ibrahim-pacha Halim, à Dresde. 

S. A. le duc de Leuchtenberg, à Baden-Baden. 

S. M. l'impératrice Marie Feodorovna, à Kibarty. 

M. Paul Schiff, à Florence. 

ARRIVÉES A PARIS 

M. le marquis d'Albufera, M. Abd-el-Messih, 

Mme Bariquand, M. le comte de Chantemerle, 

M.'Demonts, M. le professeur Grancher, Mme 

A.-L. de Gallardo, Mme Ad. Leloup, Mme 

Fanny Mavrogordato, M. le comte Albert de 

Nioac, M. P. Rouyer, M. Silvain, M. E. Tou- 

chard, M. Eug. Thome. 

AVIS FIHâMCiÊrT" 

Tirage d'obligations 

` 

COMPAGNIE DES 

f*nPHfTTïïC! 

DE T?T7PDE L'OUEST 

lilliiJïLlJNoDE rM. DE L'OUEST 

TIRAGE D'OBLIGATIONS 

1% Conleil d'administration a l'honneur de pré- 

1 venir MM. les porteurs 

des obligations de la 

Compagnie qu'il sera procédé, en séance pu- 

blique, le mercredi 1" mai 1907, à deux heures 

de l'après-midi, au siège de la Compagnie, à 

Paris, gare Saint-Lazare (salle des Titres), 

au tirage au sort des numéros des obliga- 

tions remboursables les 1er et 6 juillet, pro- 

chains, sur les emprunts ci-après 

INIpBou 

UII|tUoM 

1» 3 0/0 Ouest (1" série, titres roses). 33.605 

2» 4 0/0 Obligations" délivrées en échange 

des actions de l'ancienne Compagnie 

du chemin de fer de Dieppe. 42 

8. 5 0/0 Obligations délivrées en échange 

des actions de l'ancienne Compagnie 

du chemin de fer de Saint-Germain. 2 

d» 4 0/0 Ancienne Compagnie du chemin 

de fer de Paris à Rouen (emprunt 1845) 145 

MMCHÉSJWAmiEltS 

Hémento. A Paris, le marché continue à 

faire preuve de bonnes dispositions. A 

l'étranger, la tendance varie suivant les places. 


Le marché a débuté sous la bonne impres- 

sion laissée par la physionomie très satisfai- 

sante de la séance d'hier et, dès' l'ouverture, 

la cote s'est inscrite, dans nombre de com- 

partiments, 

en nouveau progrès sur les cours 

de la veille. 

Le Rio, 

en particulier, 

a manifesté de très 

fermes dispositions, par suite de la hausse 

persistante 

du cuivre-métal, et ce fait a 

pontribué raffermir encore la tendance gé- 

nérale. 

Toutefois, la bonne orientation du marché 

lie suffit pas encore à déterminer les ache- 

teurs à se départir de leur réserve, et le 

calme à peu près complet des affaires reste 

le caractère dominant de la physionomie de 

l Bourse. Les perturbations apportées 

sur 

notre marché par la récente baisse ont été 

trop violentes, et l'impression qu'elles ont 

laissée dans l'esprit de la spéculation a été 

trop profonde pour que celle-ci ait oublié 

«léja la 

leçon 

de prudence qu'elle n'a pas 

manqué 

d en tirer. 

Et c'est ainsi que la moindre amélioration 

rovoque des allégements de positions. 

Ce fait, que nous avons eu à maintes re- 

rises l'occasion de signaler, s'est encore pro- 

uit aujourd'hui. Encouragé par l'avance du 

(êbut, un certain courant de réalisation s'est 

îaanifesté qui, 

étant donnée la difficulté de la 

contre-partie, est venu peser quelque peu sur 

les cours. 

Constatons néanmoins qu'il n'y a pas lieu 

de s'émouvoir de cette politique de la spécu- 

lation, qui contribue à donner parfois à no- 

tre-Bourse une attitude irrègulière; elle ne 

peut en effet qu'aider au dégagement de la 

place, qui se poursuit depuis le commence- 

ment du mois. Et c'est pourquoi il y a lieu 

d'espérer que le jour est proche où l'amélio- 

ration de la situation sera suffisamment ac- 

cusée pour ramener une pleine confiance dans 

l'esprit du public; alors peut-être les ache- 

teurs mettront à s'employer autant d'empres- 

sement qu'ils ont mis jusqu'ici d'obstination 

à s'abstenir. 

Notre 3 0/0 termine à 94 55 après 94 65. 

L'Extérieure se traite à 94 32 après 94 30. 

Le Turc unifié clôture à 94 55 après 94 60 

contre 94 70. 

Le Serbe A 0/0 s'inscrit à 88 65 après 88 80. 

Les fonds russes font preuve de résistance 

le Consolidé i 0/0 se retrouve à 75 15; le 

S 0/0 or 1891, à 61 fr. le 3 0/0 or 1896, à 

60 55. Le 5 0/0 1906 finit à 88 90 le Bon du 

Trésor S 0/0 -1904 est à 494. 

Les établissements de crédit montrent de 

bonnes dispositions la Banque de Paris bé- 

ficie de 8 points 

à 1,517 le Crédit lyonnais 

s'inscrit à 1,165; la Banque française s'é- 

change à 273; la Banque de l'Union pari- 

sienne, à 790. Le Crédit mobilier français 

reste demandé entre 127 et 128. Cet établis- 

sement, dont l'activité ne se, dément pas, 

vient de prendre part à l'augmentation de 

capital de la Société métallurgique de Mont- 

bard. 

Dans le compartiment des valeurs indus- 

trielles, la Thomson s'avance à 722. 

Les chemins français sont calmes le. Nord, 

à 1,739 le Lyon-Afêditerranée, à 1,345 l'Or- 

léans, à 1,334 ÏOuest, à 820. 

Le Métropolitain manifeste de fermes ten- 

dances à 522 contre 515; le Aord-Sud arrive 

à 229. 

,Les valeurs d'électricité continuent atti- 

rer l'attention les Ateliers de constructions 

électriques 

du Nord et de l'Est (Jeumont) se 

maintiennent autour de 280; V Eclairage élec- 

trique se retrouve à 275 la Société d'élec- 

tricité de Paris termine à 405. 

Parmi les valeurs étrangères, les banques 

mexicaines continuent à faire preuve de bon- 

nes dispositions la Banque centrale mexi- 

.caine à 485 •; la Banque de Londres et de 

Mexico, à 665 contre 661, 

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Le Rio s'inscrit à 2,387, avec une nouvelle 

p.yance de 32 points sur la clôture 

précédente. 

Les chemins espagnols n'enregistrent pas 

de changement appréciable le Saragosse se 

négocie à 413; le Nord de l'Espagne, à 269; 

les Andalous, à 231. 

Dans le groupe des valeurs industrielles 

russes, la Sbsnowice termine à 1,355 la 

Briansk est fermement tenue à 290. 

Les obligations nouvelles 5 0/0 du chemin 

de fer de Victoria à Minas restent demandées 

autour de 442 francs. 

Bourses étrangères 

Londres, .26 avril, 5 h. 20. La physionomie 

du Stock Exchange ne se modifie pas. A part 

les valeurs cuprifères, surtoutle Rio qui don- 

nent lieù à d'importants échanges, le calme 

règne sur l'ensemble du marché. 

Berlin, a6 avril, 3 h. 15. La tendance 

générale reste orientée vers la fermeté, mais 

les affaires sont restreintes. L'indécision du 

marché de New-York préoccupe de nouveau 

beaucoup de spéculateurs. 

Bruxelles, 26 avril, 4 h. 16. Marché ferme. 

Hausse des chemins espagnols et du Rio. 

Bonne allure des valeurs sidérurgiques. Lour- 

deur des charbonnages. 

Vienne, 26 avril, 3 h. 20. L'amélioration 

de la veille s'est maintenue sans s:accentuer. 

L'augmentation du volume des transactions 

que l'on escomptait ne s'est pas produite; En 

clôture la tendance reste soutenue. 

Rome, 26 avril, 3 h. 45. Notre marché ne 

sait de quel côté s'orienter. Les affaires sont 

absolument nulles. 

Madrid, 26 avril, 4 h. 15. Les valeurs 

d'Etat sont sans changements à terme. Les 

autres valeurs sont fermes. Change 10 35. 

m«*< 

IflFOtUgflTIOflS 

FlMGIËftES 

FINANCES ARGENTINES. Le gouvernement argen- 

tin a décidé de retirer du registre de la circula- 

tion et d'annuler les 12.600,000 piastres de bons 

or tranférés par la liquidation de la Banque na- 

tionale comme produit du règlement des dettes 

de diverses banques provinciales résultant d'a- 

I, 

vances faites par la Banque nationale pour per- 

mettre leur constitution sous le régime de la loi 

de 1887 sur les banques. 

Les recettes du Trésor national pendant le 

premier trimestre de l'année courante sont en 

augmentation sur celles de la période corres- 

pondante de l'année dernière. 11 

Le docteur Lobos, ministre des finances, a.prié 

ses collègues de lui adresser leurs prévisions 

de dépenses afin de préparer le budget de 1908; 

il a fait remarquer qu'il serait désirable d'éviter 

toute dépense qui ne serait pas absolument né- 

cessaire. 

L'EMPRUNT TUNISIEN.– Un décret rendu en exécu- 

tion de la loi du 10 janvier 1907 autorise le gouver- 

nement tunisien à réaliser, par voie d'emprunt, à 

valoir sur la somme de 75 millions prévue par 

celle-ci, une somme de 20 millions,.4 affecter, 

savoir 

Travaux de chemins de fer, 13,500,000 francs; 

Travaux de routes, 1,500,000 francs; 

Constitution de la, dotation initiale du fonds 

d'achats de terres pour la colonisation, 500,000 

francs. 

LA BANQUE DE SICILE EN 1906. La situation de 

trésorerie de la Banque de Sicile s'est peu mo- 

difiée' au cours de l'exercice au 31' décembre, 

70 millions de circulation étaient couverts,par 

43 millions d'or et 2 millions d'argent. Les mou- 

vements de caisse se sont élevés à 2 milliards 

146 millions, 

La situation générale des comptes courants et 

autres dettes à vue et à terme était de 40 mil- 

lions en fin d'année. 

Il a été escompté, pendant l'exercice, 223,080 

effets sur l'Italie pour 251 millions, avec un por- 

tefeuille final de 49 millions; les escomptes 

d'effets sur l'étranger se sont élevés à 62 mil- 

lions et'le portefeuille, au 3i décembre, à 8 

millions. 

Le montant des opérations d'avances n'a été 

que 

de 26 millions, laissant un soldé de 4,900,000 

lire.. • 

.-• 

Les bénéfices nets de l'exercice ont été de 

823,000 lire ils ont été entièrement portés à la 

réserve, en augmentation du patrimoine social. 

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94 DO M 50, ,5 Sud do la France C Ht~ .TT" 

3 al 

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96 2 M 20 W « » Andalous 3 %.l Séria. 

321.. 324 +.8.. 

15 »ObUgaHonTunls3%G T 451 -450 50 50 

«. » Afturies 

1" hypothèque.» 355.. 35G ••! + •}•; 

3. T 9530 ,~6~7-03 

15; n Asturies '3°02' 3oa ~18.t.. ·. 

15 

.ObUgaHonTunis3%C 451.. 45050- 50 

15," 

Asturles 1" ~Pothèque.> 

355.. 356. -r.l 

· 2 50 Annam-Tonkin 2 y %a 77 50 

77 50 

Ip ~Autr,-Hongr,3%1"hYP'> 483 75 43~50-,12a 

•Uî âgïïsaaSs'ASr:: 87£ ^° B S8 & 

« 

ggf S^1: 7? | 

» i: t 

3 5°IMadag,(scar 3/° o 9903-03.a 80,. 7975 -25 la 3,) Da~as-HaI?J.ah. 1*6 ld2 –.4 

15 

Afriq.OcoideutiSa: 446 50 447 » +V- 

75 « 

» Lomb. 3 »/o (Sud.Autr.) 333 32g 25 75 

i5 a AlE~ri~ tQ~~H~ ,.a A'~ 434 +'2 

15 n ttOUV. 'Hu Jlo oU OU 

M 50 toIo-Cu]âe.k9-3-vf% MO H ±A 

f- » Madrid-Sarag. W-hyp., 

392 391 75 25 

15» a 1902 3 4'0~0. 4iO:: 4o8 25 -:1 75 

i5 3%2'hyp.> 38à 384 25 75 

| :vmedeparifi8365V:: fit:: îzii \r:%?xi^râ?-lh 

II- 

m +1 •• 

» ffliffl-: «i50 io'50 -•• à ."• B£a*3$£i9: mn 36!+:! 25 

f2 l8T13% 402 40w 

15,>' 

3%2'hyp, 

36d 75 364..+..25 

20 » 

lS75io/° 525"' 527 A-'i 15 

» Pampeluna Spécial. 5% • 355.. 356 +.1 

20 » 

mîtv' îÈik w» ik i 15 

» Portugais 3% prlv.1« rang- • 360 50 365 50 -.1 

10 l Z it$zéiil \n S?25"-1-" 20 » Busses 4% 19&3 372.. 370 -.2 

10 » linï^v. w' 'm 4-'i 15 i Saloniq.-Constantinop.» 

339 75 338 

10 a 

1SlJ4:9G2Y.' 372:: 373 +:1 i 

15 ¡, S,aloniq..Constantinop.> 

339"/5 338. 

0 » 

.«08.2%^ 420" «î sô il 50 » Smyrne-Cassaba 1S94.I 473 

480 +.7 

10 

y 

l899 Métr.· 40S 408 75 '3 75 

20 _a 

1890. 4.0 50 

11 » 

19052%%» 379 75 378 t.i 75 f 

» Victoria à Minas 5 %) «5 449 50 +.4 50 

1| » VUle de Marseille 1S77.» 403 75 403 75 Kn-rmino mini iotoici i ce o nn/CDCro 

de Lyon .«su 3%» io3.. 103. ACTIONS INDUSTRIELLES & DIVERSES 

SOfilfiTFR F)F CRÉDIT 15 » Aciéries do France. C520..530.. +10.. 

^« 

40» 

a 

deLongwy..» Ui5 1U0 50-.4 50 

ET OBLIGATIONS DU CRÉDIT FONCIER 60 » de MicnevlUe» I32t 1:12 1 ..j 

15624 Banque de France .C,39»0 4U00 +10 65 » At.et Chant.de la Loire» 1410.. 1408 .2 

44 56 d'Algérie » «35 .1358 50+23 50 

40 »!AgenoeHavas-» 748 (59 +13 

45 » del'tndo-Cnine» 1330 1330 « »! Bateaux Parisiens. 312.. 3W +.1 

lldf. d'Athènes T 124 124 • Briansk. 

T 2M 2ttO • i .3 

46 68 W du Mexique» 1018 1016 -.2 J5089 Canal de Suez. 4612 4608 -.4 

10 p. Centr1" MexiC.» 485 485 92 Part de .tondat'C 2108 20»5 •• -13 

20 » Ottomane. » 703.. 703.. *S8> Société civile. 33S0 3380 ..}-10 

13p75 Esp1' de Crédite 239.. 239 50 +..50 25 17 5" 

677 678 •• +.1 

17 p. HviJ-d'Espaene» 690 

1^89 Actions jouiss.» 3849 

60 » 

Paris-Pays-EasT 1509 1517 +.8 25 » Compi'Franç.d.MétaUX» 680 679 •• -.1 

35 » Union Paris-. Cl 7«0 7j0 45 » Société de Penarroya.» 1230 1215 -15 

12 50 FrançComlndî 272 «73 + 1 

80 » Comp-Génér .des Eaux > 1890 •• 18.9 •• +.9 

kl desWys auto t 473 f +.. 7 50 Génér'«Transat.. 2»2 223 +.1 

9 42 LandB-nkof égypt.» 215- 215. 20 » Havraise » 450- 480 -.5 

40 » Comp" Algérienne .C 039.. 930 –.9 25 » Charg" réunis..» 010.. 620 •• +10 

» » Frana-Mln.d'OrT 80 78 .2., 

!15 » Wag.-Lits ord.. r .1.5.. 3 

50 » Crédit Lyonnais » 1166 •• ilU5 -.1 61 Par'duGaziouisG 17 50 1, o0 

13 75 Indust' et Com'.C 655.. 657. +.2' *g » fT^S'?8011"* ^? 9W +'4 

6 25 Mobilier Franc.T 128.. 127 1 18 » ïn11" Téléphones» ill • •• 

17 » Fonc.EfCYPtieri.C 725.. 72t i 18 Docks de Marseille.» 374 50 370 50 -.4 

» » Associ-tionmln^re".T 195 197 + 2 

»!Eaux therm. de Vichy.» 11)10 «00 • -10 

» » cintrai MiSinir .» 363 361 –il 42 50 EtabUss» Cusenier,» 641.. 6*0 30 50 

15 62 Société générale » 6>i2 7 » DecauviUe.» 120.. 120 

28 » Crédit foncier actions.» 070.. 674- +.4 

m 

• 

Duval. » 1480 1*80 

13 » ObUg.com'» 2.60% 1TO.C 473 472 50 -50 22 50 Flgaro,ej;-c.lO,13 5Oj«av.O7 3b5 m +.4.. 

15 » 3% 1880.» 49J.. 490 

» «ves-Lille • 3;0 318 .2 

13 3% 1891.» 394.. 394. 50 

..Forg.etAc.de laMaride» i:>10 1310 

13 » .2.60% 1892.» 448.. 446 -.2 »0 » dttW.etdel'Est» lioi l35 • 1940 +.5 

14 » 2.80%tpl895» «6 75 488 + 1 25 

25 »| Soc. met. de Montbard » 529 50 f28 .150 

15 » -,Z% 1903.»; 493 50 404 ..+..50 

«« » Gaz central 1D15 1512 -.3 

• » Bons à lots iOO fr. 1887.» 

73 

73 28 50 Magasins gén.do Paris» 640.. 643 +.3 

15 

» Obl.B.hypota»l,000fr.» 551 

75 551 75' .Y. 200 » Boleo. r,440 5485 +55 

15 » 

3^ ,1 «3 snl il» 50 _l 40 » Mokta-el-Hadid500p. j685 i6U5 +10 

>0 -4-asu «"D •* • 

12 50 Messageries maritiin"» 260.. 252 .8 

ACTIONS CHEMINS DE FER 41 5S om^buTdëpàrïs–T 021- fês-" +11 

30 a B6nC ~L fT-ï~~n r' Mn 660. 

.»,Ommqu~Lde r.ans.i 931.. 925.. –.u 

?^ësérrtementaux3% 

fi- s? -+-1" S-.ttS5^S?ïliid.v.v.v.v. fol:: 2- 

-.2 

3a 50 Est. !lo6.~ 886. 10 

Tramways-Sud 

164.. 

l550 Actfondc nissance. 

5ab oou 

9Q D TpRtitJnui'ïla.i 39' ag' _1~ 

S^SiSâtf^ Sv Stt-:é» i8-"MSSSSa&riïfiv5^ 

!?:: 

30 E5tAlgérien. 683 t)8j 58 50 Printemps. part ben. 5G 50 E. 5'(') 570 2 

s0 Socibté 

o dC dynan:ute. 6ha 

:Si{^^n"T 1 ;i:1:: S 

»!is$îâr«&SffSSSSr. II. 284 +:i 

1 

oSr kjw^ 

•• -* 

5 UiS&gsï^Sî3S^ 1! « *:i 

59 » Orléans » 13;0 ..1320 "m rhoT-Vi rtp So-snn-oirif S Tiie; < _?-L;b » 5°iï|fJ?rISsesfId!u1&-» l%" «i +'5 

cl OU Ouest-Algerjen (PîwjUî.)» r\&£ 50 

637 50 4'.5 » 

TTnirm ries ffar ita^cifl » 654. 

::6&2 

::1_:2' '1 Em pr, Unfiée li!J.19!451 9! ~5.,+" rJ: 

15 » 3%. » 4Jb iii +.1 3 en °_ Privilégiée • 1)9 75 Stu 90'+ 15 

g Jt 1» no^te- » 429 

I EspaSne Srt3rilure4%T U fêl U § t" 07 

12 50 z%% » 400 ..I 400 05 » EsBirito-S Jato C kï> 50 471 i no 

15 

» Est Algérien 3o/à » ip ». 

m 50 -.1 75 H iluït IÎJ0 >\m. «o: +•“ 

15 «..Midi i% 42o 25 427 50 +.2 25 s 50 HeUènique 1^81 » h>iiO 

15 •1-3% nouvelles 

4ffl 75 

«Ï.+ 85 4 » Malien 4%: T 102 50 102 25 25 

io »iHord 3% • 

» 44a 444 .1 

4 » japonais 4% lïOô » up U5 Sa 95 

15 »! 3% nouvelles 440.. «0.-i •. 25 » Maroc5% lik » 517. 

18»! 2J4%(r.à50Of.). 400 25 402 50 +.2 25 4 

» Meiicaiiî -i% l'JOi.» 9, 95 1 

125~! 4,» .Mexicain 4M190~ 9,) ,90 

15 .Orléans 8% • 4S0 431 75. + 7ô 5 Minas Geraes 5% 18U7-.C 495 497 + ,2 

15 

¡ 

3%nouvelles » 427.. 427 ..1 a 50 .Norvégien 3 K, 1901-05.» d 65 93 :5 +. 10 

12 50) 2ya%(reraB.à500).» m.. 3U0 .J-f.2 3 » pSrtti#ais3%T| «905.> 

15 » Ouest !%•••••• ••••• 424 

m 50_ 50 2 50 Obi. Tabac Portug.4J« %-C| 507 50: 507 50; 

15 • 3% nouvelles. » 422 .421 ..i-.i 4 » Hongrois 4% or. »| 9530 

.0' 

95 70'+.. 40 

12 50 2% » 386.. 

S88..+.2.: 

4 

» Boum»in4% i»98 » 

JÎ go 91 75 +. 25 

15 • Ouest-A{|érien 3% 421. 5 »jHusse5%l& « 55 • ol 50 05 

15 

» .P-L-M. Fus. anc.8%» 

435.. 434.. -.1' 

4 

> 4%18S0 :» 77.. 76 65' .35 

15 » gi Fus. nouv. 3%» 430-. 430 ..| ..•. 4 » 4% lis&S • » 

7-1 85 73 90Î+. 05' 

25 

» T)Médltet.5%(p.625f.)..» 

629 501 631 + .1 50 4 » ConsoU% i«&2'Sèr.T 75 °o 75 15 05 

15 

»iJ) 3% » 429.. 428. -.1. 4 » 4% 1901 » 63 

15 » 'Paris-Lyon Z% 1855..» 430 431 +.1 

I 3 • 3%18U1-18>J4 or.» a 

61 05 "61' 05 

a 

i&50|e 428.. 428 

» Wagons-Lits 4 .» 50i 506 +.2 

MARCHÉ EN BANQUE (26 avril) 

1 Hier |Aujourd.!| 1 Hier | Aujourd. 

Argentin 4%T 86 45 Tharsis nouvT 208 209 50 

Brésil 5%1895 9555 95 50 Synd. minier C 200.. 200 50 

5%i903 98 05 

05 Eleotr. Lilfa.» 281 281 

4%R8S0i 83 90 83 60 Union Tramw» 64.. 64 50 

Intér. Espagn. 74 70 74 87 Cercle Vichy.» 170 

Kexlcain5%. 52 05 52 10 Chal.Nèoss».» 1135 1145 

3%. 31-60 CeTClo Bonao» 5515 5495 

3%. lOl GO 10l ï5~ 1II01ae»5515 5495.. 

Roum.5%030 101 60 101 75 Sfoii. » 1105 1100 

lots Turcs. 150 75 150 75 Obl.4'%» 306.. 306 50 

De Beors oi-d» 668 662 50 He!lén.d.Min3» 67 

Harpenor » 1590 15U8 Plaq.Lumhra» 779 780 

Hartmann.» 671 673.. Tav.Pousset.» 108 115 

Huanphaca.» 115 115 Zimmer.» 80 

Laurium grec» ??.. 85 50 Sole artlf.act» 315.. 315.. 

CapeOopper.» 279 50. 283 50 parts» 73 73 

Parmi les fonds d'Etat, le Chilien 4 1/2 0/0 a 

fait l'objet de quelques bonnes demandes à 

93 20. Le Brésilien 5 0/0 1895 s'est négocié à 

95 50 et le Mexicain 5 0/0 à 52 10. L'Intérieure 

espagnole s'est raffermie à 74 87. 

Nouvelle avance du Platine à 600.La Cape Copper 

a progressé de 279 5Oà 283 50 et la Tkarsis da 208 

à 209 50. La Harpener a repris 8 francs à 1,598. 

La De Beërs a été discutée entre 661 50 et '669 

pour clôturer à 662 50, en moins-value de 5 fr. 50. 

Au comptant, les actions de la Société 

fran- 

çaise de machines-outils sont recherchées .a 120 

.francs. On prévoit, un très'grand avenir à cette 

affaire qui, fondée, comme on le sait, avec lé 

concours d'un groupe des principaux .représen- 

tants de l'industrie automobile, trouve ainsi réu- 

nies dans son administration toutes les compé- 

tences techniques en même temps qu'une clien- 

tèle assurée. La Société procède avec la plus 

grando activité à l'installation de ses ateliers 

sur lés vastes terrains dont elle est propriétaire 

à Saint-Ouen. 

1 MINES D'OR A PARIS (26 avril) 

Buffelsdoora.. 4 75 LsnglaagteEst 62 75 62 

Cassinga. ': H . Kzh Consol 57 50 54 25 

Chartered. 38 38 NewGoch. 2950 28 50 

Cur.sol. GoliJS. 109 107 NewSteynEst 34 75 34 75 

Crown Daep.. 302 303. Randfo. Est.G. 42 75 4t 75 

EastRand. 109 50 107 RandHInss.j. 165.. 163.. 

Fertwa Gold. 47150 "469 50 Robinson Oeen 128 50 127.. 

FrenohRand.. 25 50 25 Gold 218. 21650 

GeduldProp.. 49.. 50-. Roodeport C.O. 14 

GeldemVDeep. 146 Rosé Deep 107 10450 

Estate 72 50 Simmerand J. 32 31 75 

«en. Kin, Fin. 34 2534 25 S. Hfr.Gold Tr 

Tr 6î 2560 

Goerzft. 3050 30 Transv. Land. 6125 59 

Golden Horso S 163 .158.. Goldf) 25 50 23 75 

Johannesb. inï 30 Van Dyk Pr.. 38 50 39 

Johannesb.lnv 30. Van Oyk Pr. 3850 3[¡ 

Lancaster. • 10 75 10 50 Village MR.. 96 75 96 75 

Les mines d'or sud-africaines sont au calme. 

On commence à s'entretenir des acomptes de 

dividendes que les Compagnies sud-africaine 

seront à môme de déclarer d'ici le 30 juin. C est 

ainsi que, d'après les indications fournies jus- 

qu'à ce jour, il semble que la 'Village Main'Reef j 

pourra, 

distribuer un acompte de 5 shillings pour 

le premier semestre de son exercice. Comme en 

décembre elle' sera vraisemblablement à même 

de répartir un solde de 6 shillings.il s'ensuit que 

son dividende total s'établira à 11 shillings, au 

lieu de 8 shillings pour les deux années précé- 

dentes. 

D'un autre côté, on semble à peu près certain 

que l'Angeîo et la Cason déclareront un divi- 

dende d ici le 30 juin, mais on est moins sûr 

pour la Driefontein et pour la New Comet. En- 

fin, on laisse entendre que sur la base do ses 

¡ 

bénéfices, actuels, la New Modderfontein pour- 

rait aisément distribuer, cette année, 6 sîilliogs 

Is 

par action. 

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Il, Rue J.-B. Dumas, II, Paris. 1 

REMISE aux MARCHANDS 

Bourses étrangères 

'LONDRES, 26 avril 

I Jiier | Auiourd.t]Il mer UulautJ. 

Consolidés.. 85 11/16 85 5.8 TurcUniflè. 93 1/4 93 1/4 

Franç.3%. 94 94 Japon5%02 101 101 1/. 

«roen. 1883 • 102 102. Banq.Ottom. 17 7/8 17 7/8 

Brésil 4%. 8;! 7/8 83 1/8 Anaconda.. 12 7/8 12 15/16 

Egypt3K% 96 1/2 96 3/4 Rio 93 3/4 94 5/8 

Extèr. Esp. 92 7/8 93. Tharsis 81/16 8 1/8 

Italien 5%. 102. 102./ Chang. s.P'" 2542 I '2 25421/2 

Portugais. 69 1/4 69 1/4 Esc.h.Baitq.. 3 1/8 3 1/4 

Russb4%75 1/4 75. Argentmèt. 30 5/16 30 5 16 

BERLIN, 26 avril 

Armand 3%. 84 60 84 40 Orssdnsr Bank H5 70 144 20 

Prussien 3%. 84 60 84 30 Disconto Com..172 70 172 00 

Extérieure. 95 25 94 50 Deutsche Ba.ik 220 20 227 70 

RusseConsi% 77 40 77 20 j Berlin Hand.. 157 70 150.. 

Hongrois 94 60 94 50 Bochunw. 225 20 225 30 

Italien 5% 102 80 102 80 Laupa. 227 40 227,20 

Jure unifié. as 94 50 Golsankirchen. 199 49 19912O 

Cli. Autrichiens 145 50 147 20 Harpener 210 40 210-70 

Ch. Lombards. 24 10 23 00 Change s- Paris 81 25 .81 1)0 

BRUXELLES, 26 avril, 

¡ 

Brésil 4% 8275 

82 S7| Rio Tinto. ]2360 |2387 '• 

Extérieure 4% 93 37 

93 i Saragosse a'ot. 413.. i 415* 

Turc unifié. 94 25 94 43 Nord Esp. act. 269 50 2/0.. 

Banque Ottorn. ,702 L.BMrop. Paris. 515-50 522-50 

Lots Turcs. 150 25 

151 50 iRaiiways èleot 152 75 154 50 

lots Congo.. 80 50J 80 25 Iparisien.éloct. 283 50, 285 50 

VIENNE, 26 avril 

Autrichien 0r. 117 116 90Lœndertok.. l 446 ..l 446 "i' 

Couron. 98 50 98 50 Alpines | 005 20' 607 50 

Hongrois Or.. 112.60 112 50 Tabacs Ottom. i 417 420*». 

Couron. i 91 35 94 30 Chein. Autrich. i 632 50 683 20 

B" Autr.-Hong. 1770- 1770 Lombards. 134 20 134 50 

Crédit ftutrion. C63 70 665 Lots Turcs. I 191 20 

193 

Crèd.fonc.Autr|1066 1070 Change s' Paris 95 57 95 60 

ROME, 26 avril 

MADRID, 26 avril 

Rentô ital.5% 102 85 102 60 (Intérieure 4% 82 70 82 75 

:.3%' 70.. 70.. 'Amortiss. 5% 10140 10140 

BanrîHatiqnaie. 1270, 1260 Banq.d'Espagn 443 50 445 

Cb. «éridion.. 74150 740 Baira liypothec 22 1 50 223.. 

Gh.Moditorr-. 434 432 Explosifs. I 311 i 312' 

Chanaes'Paris 100 16 100 Change s' Paris | 10401,1035 

NEW-YORK, 26 avril 

Atchison Top. 95 1/ii 

94 1/2 Norf. W. priv. 80. 80 '.7. 

Canada Pacific 175 1/2 175 1/4 Pensjlvanie 126 1/8 126 lit 

CbieagoS'-Paul 135 '.7/8 134 3/4 Union Pacific. 142 7/8 142 J/4 

Denv.-Rio-Sr. 

2a -3/4 29 1/2 West. Un. Tel. 83. 82 3/4 

Eriorailr.act. Si: 23 192 Argent-Métal.. 65 3/4 65 3/4 

Eriè gèn. ool. 82 82 Amaigam.Cop. 94 1/8 93 

Illinois'Cent: 145 3/4 146 'Anaconda. 62 W4 62 

Louisv. Nash. 120 119 3/4 Calumet Héc^. 855 • 850. 

Hew-Y-Huds. 118 1/4 US 3/8 Cuivre 

2i .75 ( 21- 87 

Kew-r-Onar.. 38.; 37 7/8 | 

MINES D'OR A LONDRES (26 avril) 

Afr.Eur. Inv i ly 10 11/16 Jumpers. 113/16 113/16 

Angelo 3 1/16 3 1/16 Jump.oeep. l 1/2 1 1/2 

«ngl.French 19/32 1 9/32 liangl. EsL. 2 7/16 2 3/8 

AuroraW.1/4 1/4 |«!ey.& Char. 4.3/16 4 3/16 

Chartered 17/16 1 13/32 iModderfont. 6 7/16 6 5/16 

Cinderel.O.; 2 3/8 2 3,8 rNewGoch.. 11/4 14/4 

City and Sub 

3 1,2 

3 1/2 |New Steyn. 17/16 17/16 

Crown Deep 12. 12. |Nourse M.. 2 5/10 2 5/t6 

Crown Reef 8 3/4 8 3/4 jRaiid Collier 1.3/8 13/81 

tteBecrs. 26 7/16 26 1/4 RandMines. 6 19/32 6 3/8 

Driefontein. 1 5/8 1 9/16 Rob.ïict.Dia 8 7/8 8 7/8 

Durb. Rood. Z 2. Robinson 0. 5 1/16 5 1/16 

East Rand.. 4 11/32 4 3/16 Rood. U MR 1-3/8 1 3/8 

East R.Min. i 7/16 1 3/8 Rose Deep. 4. 1/4 4 1/4 

Ferreira. 18 3/4 18 1/2 jSwaz.Corp..3/8 .3/8 

Geduld 115/16 115/16 Trans.C.Lil 2 378 2 1/4 

Geldenh. Dp. 5 5 7/8 5 7/8 Tr. Belagoa. 2 2 ): 

fieldenh.Est. 2 7/8 2 7/8 Trans.G.M. 131/32 131/32 

fiej. Min. F- 17/16 17/16 Treasury.13/16 .13/16 

Goerz 13/16 1 3/16 Van Dyk 19/16 19/18 

Gold.Hors.S. 6 5/8 6 5.8 VanRyn. 3 3/16 3 3/16 

Goldfields.. 4 11/32 4 7/32 Vereeniging.7/8 • .7/8 

Gr.EastColi..1/8 .1/8 Village*. R. 3 13/16 3 13/16 

Japersfont- 9 13/16 9 11/16 West Rand- .9/16 .9/16 

Jubilee i 9/16 1 1/21 Wolhuter. 2 2 

Prochains réponse des primes, 9 mai. Reporté, lO.m.ai. 

Londres, 26 avril, 6 heures soir. 

Les dispositions à l'égard du marché sud-afri- 

cain ne se sont pas modifiées. On. s'y intéresss 

toujours fort peu. 

Baisse de 1/4 sur la Ferreira, de 7/32 sur la 

Rand Mines, de 5/32 sur l'Bast.Rand, de 1/8 sur 

là ModUèrfqntein, la Robinson Gold, la Tra'ns- 

vaal Consolidated Land. de 3/32 gurlaGoldflelds, 

de 1/16 sur la Cornet, la Knig-hts, la Knight Cen- 

tral, la Lan£la.agte Estate, la Rhodesia Explo- 

ration, de 1/32 sur.la Chartered, la Randfontein,/ 

la Simmer and Jack, la Simnier East. 1 

Dans le groupe diamantifère, baisse de 3/16 

sur la De Beers, de 1/8 sur la Jagersfontein. La 

Premier Diamond est sans changement à 12 7i8. 

La South Africàn Breweries" cote 111/16. 

Dans la rue, à 5 h. 45, tendance lourde. 

DERNIERS 

COURS ÉTRANGERS 

j Hier Aujourd.. 

Barcelone .Change sur Paris. 10 C5i 10 75 

Gênes.. 100 15 100 18 

Valpr.ralso Change sur Londres. 12 1/4 12 7/31 

Rio-de-Janelro. 150/32j 

MétauxsurLondres 

Cuivre comptant. 103 10/. contra.. 1015/. 

àtrois mois. 10110/. 100 15/. 

Plomb anglais 20 5/. -espagnol 20

Dimanche 28 Avril 1907 

538Année 3e Sérïe N?118 Le Numéro quotidien = SEINE & SEINE-ET-OISEj 15 centimes = DEPARTEMENTS 20 centimes 

H. DE VILLEMESSANT 

Fondateur 

Gaston CALMETTE 

Directeur-Gérant 

RÉDACTION ADMINISTRATION 

26, rue Dro#ot, Paris 

(9e .An*) 

TfllWIOIIE, Trois lignes N

£.B FmMM.O – WJ1A«€«E 2S ftVfilL W37 

Clemenceau, les juges devant qui com- 

paraissaient les signataires de la « Lettre 

ouverte » ne songèrent à leur faire grief 

d'être des syndiqués et le président du 

Conseil ne permet point (on ne saurait 

l'en blâmer) que cette « équivoque 

» 

s'établisse. Jamais le conseil de disci- 

pline des postes n'a songé à prendre 

texte, pour poursuivre les prévenus, de 

leur adhésion à un syndicat ni de l'adhé- 

sion de ce syndicat à une union quel- 

conque. Le rapporteur lui-même, dans 

les conclusions présentées au conseil, 

s'exprimait 

ainsi: 

La protestation du comité central, par son 

ton comminatoire et ses termes violents, par 

l'esprit d'insubordination, qu'elle manifeste, 

par les excitations qu'elfe renferme et par la 

grande publicité qui lui a été donnée, est un 

acte d'indiscipline des plus graves. i 

En s'y associant, l'inculpé s'est rendu pas- < 

Bibie de la peine disciplinaire la plus sévère, f 

En conséquence, je propose la révocation. 

Ce n'est donc ici que de la « Lettre ou- < 

verte qu'il s'agit, et la note du Temps 1 

nous apprend qu'au surplus, dès le dé- 1 

'but des poursuites, il fut décidé en Con- 

seil des ministres que la « question syn- 

< 

dicaliste » serait écartée. 

M. Clemenceau a tenu d'ailleurs à 

I 

poser lui-même, de nouveau, la question 

sur son véritable terrain. Le journal so- 

£ 

cialiste l'Action, ayant publié -hier cer £ 

taines « déclarations qu'aurait faites à ] 

l'un de ses rédacteurs le président-du c 

Conseil, -celui-ci adresse la lettre sui- 

vante à notre confrère, qui la publie ce 

1 

matin ' c 

Paris, le 27 avril 1907. 

( 

Je me vois dans 

l'obligation 

de rectifier le 

f 

langage que vous m'attnbuez dans votre nu- 

méro d'hier. 

r 

Je n'ai pas affirmé que les agents des pqs- 1 

tes mis en cause avaient été poursuivis pour 

adhésion au comité central des fonctionnai- 1 

res et employés de l'Etat. Cette affirmation 

étant celle de ces messieurs, je l'ai tenue 

pour acquise et je me suis borné à dire que 

s'ils avaient été poursuivis, etc.. je savais 

de source sûre que ce grief n'avait pas été F 

retenu contre eux. 

Or, j'apprends aujourd'hui que si, anté- T 

rieurement à leur comparution devant le 

conseil .de discipline, .ils ont pu être inter- s 

rogés sur la question de savoir s'ils étaient

ÏM FIGARO DIMANCHE 28 AVR'L 1907 

du travail. Avant l'ouverture delà séance, 

le citoyen Protat a fait expulser un as-, 

sista'nt -qu'il a prétendu être « un mou- 

chard ». Puis il a exposé le sens des dé- 

clarations qu'il comptait faire au prési- 

dent du Conseil 

-Nous dirons à M. Clemênceau que nous 

"sortîmes décidés à ne plus nous laisser ex- 

ploiter, que nous ne continuerons pas plus 

longtemps à payer pour avoir le droit de 

travailler. Nous lui demanderons d'imposer 

à tous les établissements la stricte obser- 

vation des règlements de police, notam- 

ijiênt en ce qui concerne l'heure de la fer- > 

meture. Nous réclamerons le retrait des 

permissions de nuit et de toutes les libertés 

accordées si généreusement jusqu'ici aux pa- 

tronslimonadièrs. Nous parlerons également 

des terrasses. Il ne faut plus que la Ville de- 

Paris accorde ces empiétements sur lè.dô- 

maine du public. 

Le citoyen Prôtat Blâme ensuite les 

grévistes d'éprouver une certaineinquié- 

tude sur l'issue de la lutte. Il faut conti- 

nuer le débauchage, amener au syndicat 

riion seulement les hommes mais les 

femmes, et rendre « impossible » le sort 

des patrons. Si quelques grévistes sont 

sans ressources, ils n'ont qu'à s'adresser 

à lui. 

Quant'à la menace des patrons de fer- 

mer, c'est une vantardise. Ils n'oseraient 

jamais. 

A cinq heures, la délégation composée 

de cinqmembres, parmi lesquels les ci- 

toyens Protat, secrétaire, et Labbé, tréso- 

ner du Syndicat, a été- reçue par le prési- 

dent du Conseil. 

Voici la note officieuse communiquée à 

,ee sujet et que nous insérons sans eom- 

jâentaires 

• 

M. Clemenceau, président du Conseil, a 

reçu ce soir une délégation du comité de la 

grève des limonadiers-restaurateurs qu'àc- 

compagnait M. Protat, secrétaire général du j 

Syndicat. 

Les délégués ont donné lecture à M. Clé- 

monceau S'un exposé de leurs- revehdica- 

tions. 

• 

'De .ces revendications, le président du 

Conseil n'en a retenu qu'une, celle qui a trait 

à la reconnaissance du Syndicat ouvrier par 

les patrons. 

Les patrons, 

a-t-il dit, qui trouvent bon 

à se syndiquer ne sauraient refuser aux ou- 

vrigrs le môme-droit.. 

NM. Clemenceau a donc promis d'intervenir 

de nouveau auprès des patrons en vue de les 

amener à reconnaître le Syndicat; il insis- 

téra également auprès d'eux pour les décider 

à accepter un arbitrage. 

A six heures et demie, la délégation 

est revenue à la Bourse du travail rendre 

compte du résultat. Le citoyen Protat a 

recommandé, la victoire étant prochaine 

et sûre, de continuer le débauchage « en 

douce pour ne pas donner prise aux 

.Brutalités de la police. 

Aujourd'hui, réunion à la maison des 

Fédérations, rue Grange-aux-Belles. 

Reste à-savoir si, même sur l'insis- 

tance de- M. Clemenceau, les patrons 

consentiront à la concession suprême 

.qu'on leur demande et qu'ils ont unani- 

Jtnement repoussée avant-hier. 

Le citoyen Protat avait annoncé à la 

Bourse du travail que le gouvernement 

avait fait fermer les deux bureaux de 

placement des sociétés « la Fraternelle » 

et « l'Union ». 

Au siège 

de «la Fraternelle >s, 1, rue 

du Boiiloi, comme à «l'Union», 8, rue 

Bâchàumont, on déclare qu'aucune me-, 

jure, 4e ce genre n'a été prise, 1 r 

La Chambre syndicale des '.ouvriers' 

cuisiniers a organisé hier à trois heures 

un .meeting à la Bourse du travail. La 

question posée était celle-ci « La grève 

est-elle nécessaire? » On y a déclaré que 

les résultats du referendum sur la ques- 

tion de la -grève «donnent des résultats 

magnifiques 

». 

(Test donc pour cette corporation 

aussi, la grève déclarée à. bref, délai. 

Enfin, les garçons de cuisine et les 

employés d'hôtel, réunis à l'annexe de la 

Bourse du travail, ont décidé d'obtenir 

le repos hebdomadaire, la suppression 

du, travail de nuit, de la nourriture et du 

couchage, l'abolition des troncs et le 

droit de porter moustache. 

Si on ne leur accorde pas tout cela, ce 

sera. encore une grève de plus 

' Jean de Paris. 

POURSUITES 

Contre les antimilitaristes 

Une nouvelle arrestation 

Une nouvelle arrestation relative à 

l'affiche antimilitariste a été opérée hier. 

C'est celle d'André Vallette, ouvrier ty- 

pographe, âgé de vingt-huit ans. 

Vallette a été arrêté à neuf heures du 

tnatin, à l'Hôtel du Jura, 6, cité Jarry, où 

il était inscrit comme ouvrier fleuriste. 

Il n'a manifesté aucune surprise et a 

suivi les agents en disant qu'il s'atten- 

dait, à être arrêté; que c'était toujours 

comme cela à l'approche du 1er mai, mais 

qu'ensuite on le relâcherait avec les au- 

tres. 

Vallette, travaillait autrefois à l'im- 

primerié Lahure, avait quitté cette mai- 

son au moment de la grève des impri- 

meurs II était venu demeurer il y a six 

m'ois à l'hôtel du Jura, en compagnie 

d'une jeune ouvrière. Il vivait très ren- 

fermé, ne causant jamais aux autres lo- 

cataires et recevait peu de visites. Mais 

il lui arrivait par la poste beaucoup de 

journaux et de brochures. Il était connu 

dans les milieux révolutionnaires pour 

un antimilitariste violent. 

Conduit au Palais de justice, il a été 

interrogé par M. Flory< juge d'instruc- 

tion. Il a reconnu non seulement avoir 

signé l'affiche, mais avoir participé à sa 

rédaction et à sa confection. 

A part cela, il a dit qu'il ne répondrait 

que lorsqu'il serait assisté de son avocat, 

Me Périssou. 

L'inculpé. Louis Cofiol, qui, comme il 

l'avait déclaré au juge, est atteint d'une 

affection cardiaque, a été transféré à 

l'infirmerie de la prison de Fresnes, où 

il sera examiné par M. le docteur Vi- 

bert, chargé de juger s'il est en état de 

supporter les fatigues de l'instruction. 

Le bruit court que deux des signatai- 

res, Marie et le véritable Lelong à la 

place duquel le graveur de l'avenue de 

aintrOuen avait été arrêté auraient jt 

passé la frontière, chargeant de leurs 

intérêts Me Jacques Bonzon. 

^ On dit aussi que certains des noms op- 

posés au bas de l'affiche seraient fictifs 

et n'auraient été mis que pour faire nom- 

bre d'abord et ensuite pour;» faire-cou* 

rir » la police. 

Les opérations qui vont continuer nous 

apprendront ce qu'il peut y avoir de 

vrai dans ces bruits. 

~eorgaa (~risau;, 

Georges ~>~ Toulon. L'incendie de l'arsenal, 

que l'on croyait définitivement éteint, couvé 

toujours sous les ruines, et de nouvelles pré- 

cautions ont dû être prises aujourd'hui en- 

core 

pour prévenir toute éventualité. Les 

pompiers veillent constamment sur les lieux 

et les citernes à vapeur continuent à lancer 

de l'eau qui, malheureusement, n'atteint pas 

les foyers qui sont sous les décombres. 

On a renvoyé à lundi le commencement 

des travaux de déblaiement qui devaient 

commencer aujourd'hui. 

Le branlebas de combat qui durait depuis 

hier matin,a pris fin ce soir. Les troupes qui 

avaient été envoyées sur le littoral ont re- 

gagné leurs casernements et le vice-amiral 

Marquis, préfet maritime, a exprimé sa sa- 

tisfaction pour la rapidité avec laquelle la 

mobilisation a été conduite. 

LE SCANDALE DE CHERBOURG 

«•w~v~/ Cherbourg. Le Parquet cherche à 

éclaircir les circonstances encore mystérieu- 

ses qui ont précédé immédiatement la mort, 

causée par des manœuvres criminelles, de 

Mlle Leblond, institutrice libre 

à Montebourg 

fille d'un ancien avoué, juge suppléant au 

Tribunal de Cherbourg. 

Mlle Leblond est arrivée chez ses parents, 

le 11 avril, à cinq heures du soir, et elle y 

mourait dans la nuit. Or, elle venait de pas- 

ser deux jours et deux nuits au presbytère 

de Blosville. 

Le procureur de la République s'est d'abord 

rendu à Tourlaville où avaient été donnés à 

blanchir des linges suspects.- Ditail navrant 

• 

le juge d'instruction étant malade, c'était le 

propre père de Mlle Leblond qui remplissait 

ses fonctions par intérim et qui aurait .dû 

accompagner le procureur à Tourlaville. Le 

magistrat a reçu la déposition des femmes 

Pillet et Gàllis. Puis l'abbé Larguemin, curé 

de Blosville. a été mandé au Parquet çtjqn-, 

guemçnt. interrogé hier soir. Ce matin,' une 

minutieuse perquisition a été faite au pres- 

bytère en sa présence. L'abbé Larguemin 

a reconnu que la jeune institutrice était 

demeurée chez lui pendant les deux jours 

qui précédèrent sa mort et qu'il la conduisit 

lui-même au train qui devait la ramener 

presque mourante à Cherbourg. 

Dans la soirée, un mandat d'arrêt a été dé- 

cerné contre l'abbé qui est inculpé de compli- 

cité et qui proteste de son innocence. 

UN MEETING LIBÉRAL 

Saint- Orner Un important meeting aura 

lieu demain dimanche à.Saint-Omer, sous la 

présidence de M. du Hays. Dans cette réu- 

nion à laquelle sont conviés tous les libé- 

raux et tous les monarchistes du Nord, il y 

aura une partie politique et une partie musi- 

cale. 

Mme la marquise de Mac-Mahon et M. Louis 

de Joantho prononceront des discours, et les 

Soc iétés musicales de la région termineront la 

fête. 

UNE AVEXTURIÈRE 

Cannes. Une Anglaise, Margue- 

rite Russel, qui se faisait appeler lady Ches- 

ter, a été arrêtée sous l'inculpation de vol et 

d'escroquerie. Elle a commis d'innombrables 

filouteries dans toutes les villes du littoral. 

On estime à dix mille francs les sommes 

qu'elle a escroquées à Cannes seulement. < 

TEMPÊTE DE NÊiGE 

•"»*«*»» Chambéry. La foudre est tombée 

sur le village des Déserts et a mis lé feu à 

une, maison occupée par M. Droup, vieillard 

de soixante-quinze ans, qui est mort dans 

les bras de son fils venu pour le sauver. 

-»~» Gex. Un ouragan a sévi cette 

nuit. De nombreuses toitures ont été soule- 

vées des arbres ont été arrachés. Dégâts 

considérables. Là neige est tombée sur tout 

le Jura. 

Monlmêdy. La. neige couvre tous 

les coteaux. Le froid est très vif. 

LE. SYNDICAT DES MENDIANTS 

-«* Marseille.- Le syndicat des chan* 

tëurs ambulants et estropiés français qui 

vient de se former à Marseille à" envoyé au- 

jourd'hui une délégation à là préfecture pour 

y déposer ses statuts. 

• VILLAGES INCENDIÉS 

~»» Guéfêt. Les deux villages de Mont» 

fumat et dé Letrade, commune dé Rougnat, 

ont été complètement détruits par un incen- 

die. Soixante, immeubles sont brûlés. 

SUIClftÉ D'ÛNÈ 'PILLE Ï>E SEIZE ANS 

~«~v~»« Niort. Un épouvantable drame 

vient d'émouvoir le village d'Azay-le-Brûlés 

A la suite d'une querelle avec sa mère, 

Mlle Valetttine Monnet, âgée de seize ans, 

s'est tiré un coup de fusil dans la tête. La 

cervelle et d'.horribles lambeaux ont été pro-> 

jetés au loin, .par la violence de l'explosion. 

Là mère est au désespoir. 

RÉUNIONS SÔCÎÀI.ÏSTÉê 

*< 

Lyon. Huit cents socialistes utii- 

fléSj après avoir entendu les citoyens de 

Pressensé, Emrnànuèl Lévy et Lassalle, Ont* 

voté une protestation contre les mesures 

prises à l'égard des fonctionnaires syndiqués 

et mettent eh garde le 

prolétariat 

lyonnais 

contre les socialistes indépendants. 

iv. Brest. Grand meeting à la Bourse 

du travail et discours violents contre la bour^ 

geoisie. Le citoyen Le Gall, ouvrier de l'ar- 

senal, a réclamé impérieusement la réinté- 

gration des fonctionnaires révoqués ou sus- 

pendus de leurs fonctions. Plusieurs orateurs 

ont injurié le gouvernement et particuliè- 

rement M. Clemenceau qualifié de « roi 

des flics et d'« homme le plus fourbe de la 

terre ». 

• • Argus.

LE FIGARO DIMANCHE 28 AVRIL 1907 

COURRIER 

DESTHÉÂTRES 

Ce soir 

A la Comédie-Française, à 8 heures, 

H ne faut jurer de rien, la Maison d'argile. 

A l'Opéra-Comique, à 8 heures, Manon 

(Mme Marguerite Carré). 

A l'Odéon, à 8 h. 1/2, les Goujons, la 

Française (Mmes Jeanne Rolly, Lély,=MM. 

Duquesne, Decori, Desjardins, Vargas). 

Aux Variétés, à 8 h. 40,r ta Revue du 

Centenaire, 10 tableaux (MM. Brasseur, Guy, 

Max Dearly, Prince, Moricey Mmes Ger- 

maine Gallois, Polaire, Jeanne Saulier, Lyse 

Berty, miss Lawler, Suzanne Derval, etc.). 

A 9 heures, « la Ville de Paris »; à 10 heures, 

« le Palais de la Danse » à 11 heures, 

« Napoléon Ior,la Cour impériale et la Grande 

Armee ». 

A-la Renaissance, à 8 h. 3/4, le Trouba-, 

doûr (Mlle Alice Norv) à 9 h. 1/4, 164» re- 

présentation du; Voleur (Mmes Simone Le- 

Bargy, Verneuil, • MM. Lucien Guitry, Hu- 

gulëriet, Arquillière, Vincent). 

Au théâtre, Réjane, à 8 h. 1/4, la Fille 

deJephté; à 9 h. 1/4, Paris-New-York (Mmes 

Réjane, DaynesrGrassot, Blanche Toutain, 

Lantelme, Suzanne Avril,; Marguerite Lavi- 

gne, MM. Tarride', Baron, André Brûlé, Si- 

gnôret, Pierre Magnier, Noizeux, etc., etc.). 

A Cluny, à- 9 h. 1/4, Bouffe-la-Route 

(Mmes Brelly, Favelli, Barré, Franck-Mel, 

Hardy-Dorland,-MM. Poncet, Draquin, etc.). 

Aux Capuciries, à 9 heures, pour les re- 

présentations de Mlle Marguerite Deval et de 

M.-Polin Son Petit Frère (Mlle Marguerite 

Deval, MM. Polin et Defreyn); Marcheuse 

(Mlles Marthe 'Ladini et Branghettî, MM. 

Cojfjnet et Berthëz), et Le Porte-Cartes, (Mlle 

Mé'f indol, M. Lucien Prà'd}. 

^-Au Grand-Guignol, à9 9 heures, la Petite 

Maison d'AuleuU, l'Attaché, la Femme aux 

deux profils, Perroquets perdus, Eng lis h Maid. 

-rr A la Comédie-Royale, à 8 1/2, Flossie 

(Mlle Suzanne Demay, M. Tréville), Octave 

(MïFélix Galipaux), VEpingle (Mlle Léonie 

Yabne, M- X), la Maison n'est pas au coin du 

Thé, revue (Mlle Arlette Dorgère, M. Gali- 

paux, Mlle Valentine Petit, M. Tauffenberger 

La semaine dans les théâtres subventionnés 

A l'Opéra lundi, Tristan et Isolde (Mme 

Féiîa Litvinne, M. Van Dyck) mercredi, 

Ariane vendredi, la Valkyrie (Mme Félia 

Litvinne, M.Van Dyck); samedi, Lohengrin 

(M. Alvarez). 

A la Comédie-Française lundi, mardi, 

jeudi et samedi, Marion Belorme; mercredi, 

V Etincelle, le Voyage de M. Perrichon; jeudi 

{matinée), Fleurs d'avril, la Nuit d'octobre, 

la Maison d'argile; vendredi, le Monde où 

l'on s'ennuie, l'Anglais tel qu'on. le parle. 

A TOpéra-Comique lundi, à 8 h. 1/4, 

représentation populaire 

à prix réduits avec 

location Mignon (Mlles B. Lamare, A. Por- 

not, MM. Francell, Jean Périer, Guillamat) 

mardi, à 8 heures, Aphrodite (Mlle Mary 

Garden, M. Léon Beyle, Mlle A. Friché) 

mercredi, à 8 heures, Carmen (Mme Sylva, 

M. Audoin, M. Dufranne, Mme Vallandri) 

jeudi et samedi, à 8 heures, 1* représenta- 

tion'de l'abonnement (série B), Circé, la Lé- 

gende du Point d'Argentan; vendredi, à 

8 h. "3/4, la Traviata (Mile Mary Garden, M. 

Ed. Clément, M. Ghasne). 

A l'Odéon aujourd'hui en matinée (à 

2 heures) et en soirée ÇS h. 3/4), les Goujons 

et la Française. Toute 

la semaine, même 

spectacle. 

M. Alvarez à subi; hier,, à son domicile, 

une assez sérieuse opération qui a admira- 

blement réussi. Le célèbre ténor sera très 

vite remisât; l'on 

pense qu'il pourra reparat- 

tra devant le public dans quelques jours. 

GggfefflyiÂft'rè- -qui ehantera FoKrt-cefr' 

aprè.s-midi, à la matinée donnée par l'Opéra. 

'' 

q, 

Toutes les places sans exception sont mises 

à la disposition du public,;pour la matinée 

de Faust. 

» 

Profitant du grand succès de Marion De- 

l'irmç, M. ;r.Iaret"ië prépare à loisir la saison 

d'été' .et tignt à donner à cette saison l'éclat 

d'une saisoq d'hiver. 

Monsieur Alphonse, attendu par les abon- 

nés, sera joué avec une pièce de M. Vandé- 

rero, les Fresnay, qu'on a lue hier et que 

M.de Férandy mettra en scène. 

L'assemblùé générale a exprimé 

le vœu que 

les représentations populaires d'Orange fus- 

ant 4 Papillon. • 

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\i petit frère Marcheuse; le Porte-cartes. 

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Le Coup de Jarnac. 

C*ÔMEDIE^RÔYTLE, 25,r.Caumartin. Tél. 307-.36. 

8 h. 1/2. Demoiselle riche; Flossie; Oc- 

tave; l'Epingle; la Maison n'est pas au 

coin du thé, revue. 

LE GRAND-GÛlGNÔL (Tél. 228.34). 9 h 

L La Petite Maison d'Auteuil l'Attaché-; la 

Femme aux deux profils; Perroquets per- 

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DEJAZET (Tél. 274.91). 8 h. 3/4. -Madame 

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l 9 h. Faits d'hiver (Mmes Thérèse Ceraay, 

Jeanne Petit); Mme Charlotte Wiehe, MM. Mor- 

ton, Frey, Wagué, G. Silvestre, Elie Febvre. 

LUNY (807.76). 8 h. 3/4. L'Inventaire; ` 

t' à 9 h. 1/4, Bouffe la route. 

LYRIQÙ^TRIANON (Tél. 433.62). 8 h. 1/3. 

Les Cloches do Corneville. 

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,15089 Canal de Suez .» «08 4610 .+»2 

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12585 

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Chinois 4% lin.» 94 55 94 25 30 

t «Egypte Unflée »] 105 ;5 105 ..|– 25 

^50 Privilégiée »! w U0 100 1 + tO 

4 » Espagne 

Extérieucei'j'oT 94 22 94 ;0 +.. 08 

25 • Espirito-S nto Cj 47 i 470 -.1 

? 30 »HatiU%l!Wi> • » 4M.. 448.. j 2.. 

> » 50 Hellemque 1;81 •216.. 

4 .Italien 4% »" 102. 5 102 43 +..20 0 

3 1 4 » Japonais 4 l'Jûâ » sj'J 95 dO ..|+.. 05 

2a » Maroc 5% 1904 » 517 1 

> 4 » Mexicain 4% l!J04.« 

= 9ô 95 

gr~ 

j 5 » Ininas Geraes 5.); .10 

-4 » G0M0l.4%l"&2'Ser.T 7515 7525 +.. 10 

) 

4 ». -4%li)01.«.» 73 65G~ 

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20 

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20 » Oblig. Douanes 4 » 492 

5 M Uruguay3ft 1891 70 85 

OBLIGATIONS D1VERSES 

» »!ranamaBoaj aiots 0 m 111 

25 »,Suez5% » 502 592 50 +.. 50 

15 «j 3% » 477 25 477 25 

25 » Port du Rosarlo • 407.. 4'Jli 50 50 

25 

20 »,C"desMétaux » 4.;6 49G 

2b », C" dès Métaux. 4,)6.. 4DG 

15 «C" Transatlantique » 305 l 

10 .0" Gêner" des Eaux3%' 425 4S250~2M) 

25 » 4%» 505 50 

27 » Fives-Lille 6% » 459.. 4 4 +.5 

20 »Gaz et Eaux 43250 492.O 

20 » 1 Gaz Français etEtrang» 41)0 4/0 

25 »[GazCeatral4%.w. .4;;6 .,i 500 • +-4 

24 »! Lits militaires » 608.. 

17 50'Messageri' Maritimes.» 425 4'5 

20 »!Omnibus4% .» 497 495 50 -.1 50 

17 50 Voitures 3 » 401 402 ..+!•. 

20 

» LdBankof Egypt3«%» 4 8 42S 

1 

» «I Wagons-Lits 4% » 506 506 

l' 

MARCHÉ EN BANQUE (27 avril) 

| Hier |Aujoara. || | hw lAujouro. 

ftrgentin 4%T 86 45 | Tharsis nouvT -209 50) 209 

Bresi!5%1895 95 50 

5U ISynd. minière 200 50 201 

51,1903 98 05 Electr. Lille.» 281 280.. 

4%Resci 83 60 i Union Tramw» 64 50 66-. 

Intèr. Espagn. 

74 87 74 82 -Cercle Vichy.» 170 ·· 

6.exicain5%. 52 10 

40 52 07 !Cha!. Nècosî.» 1145 1135 

3%. 31-60 Cercle «ionac» 5495 5495 

I Roum.5%030 101 75 101 75 Cinq.» 1100 1104 

Lots Turcs-. 1' 150 75 151 0bU%» 3(ifi 50 306 50 

1 De Beers Ord» 662 50 659 He'lèn.d.Mine» 67.. 66 50 

Harpener.» 

15i.'8 .1592 Plaq.Lumi.rs» 780 780 

Hartmann.» 673.. 

675.. 

Tav.Pousset.. 115 

Huanchaca.» 115 11550 Zimmer.» 80 

Laurium grec» 85 50 88 Soie artif.act» 315 315 

Cape Capper.» 283 50 285 parts», 73 73 

Inactivité des fonds d'Etat. Seul le Mexv 

cain S 0/0 et V Intérieure espagnole ont eu quel- 

ques échanges, le premier à 52 07 et la seconde 

S -74 82. 

Au comptant, les obligations hypothécaires 

5 O/O du Chemin de fer de Goyaz (Brésil) enre- 

gistrent toujours des demandes suivies. Elles 

clôturent à 4-SG francs. Il n'est pas sans intérêt 

dé rappeler que Je contrôle du chemin de fer et 

du service sera confié à un ingénieur fiscal et à 

i ses nuxiliaires, nommés par le gouvernement. 

L'examen, ainsi que l'arrêté des comptes de re- 

cettes et de dépenses pour le payement des in- 

térêts garantis, sera fait par le personnel fiscal 

du gouvernement. 

C'est le 30 avril que seront introduites sur le 

marché les actions de la Société des mines d'é- 

tain de VArnoya. 

MINES D'OR A PARIS (27 avril) 

pj..4'AI~H" lnnnhnnYeCnfI ~C9 ~.I Oi 

DOïICla'JUUi h- 

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Chartered. 38.. 38.. NewGoch. 28 50 -28.. 

Consol. Goldf). 107.. 107 50 New Steyn Est 34 75 34 25 

Crown Deep.. 303 306 Randfo. Est-8. 41 75 42 

EastRand. 107 107.. RandKines. 163.. 163 50 

Ferreira Gold. 469 50 472 Robinson Oeep 127 127 

FrenchRand.. 25 25 Gold 216 50 216 

Gedjld Prop.. 50.. 48 75 Roodeport CD. 14.. • .• 

GeWenh. Oeep. 146 Rosé Deep. 104 50 !05 

Estaie 72 50 72 25 Siramer and J 317;. 32 25 

Gon. Estate 72 50 7225 ¡Simmer and Tr G0 32 25 

Gen. Win. Fin. 34 25 34.. iS.Afr.Gold Tr 60.. 59.. 

Goerz A 30 30 Tra.is». Land. 59 59 50, 

Golcen Horse 158.. 152 50 1 Goldf). 23 75 23 75 

JohannssD.Il» 

Inv 30 Van DjkPr. 39 39 

Lancaster. 

10 50 il I Village «R • 96 7p 97 50 

Il semble que rapproché de la liquidation de 

fin avril ait exercé une certaine influence sur 

| les mines d'or transvaaliennes, qui se sont mon- 

I trées lourdes pendant la première partie de la- 

séance. Toutefois, vers la clôture, elles se sont 

I reprises. 

C'est' ainsi que la Rand Mines est revenue un 

moment de 163, son cours de clôture d'hier, à 

160 50 pour revenir à 164 et finir à 163; i'East 

1 Rand, de son côté, a fléchi de 107 à 105. mai'; elle 

1 reprend à 107 après même. 10S;.GoldneUls, 107 50 

contre 107, après 106 et !0^ 50, cours extrêmes 

Robinson, 210, contre 216 50: elle a coté 215 au 

plu; bas et 216 50 au plus haut. 

` 

On dit à Londres que le général Botha se 

serait mis d'accord avec de. grandes maisons 

sud-africaines et qu'il se serait engagé, au nom 

du gouvernement transvaalien, à ne gêner en 

rien l'industrie minière. Par contre, les Compa- 

gnies 

minières se seraient, ajoute-t-on, engagées 

a assurer le succès d'un, emprunt iiue 

lé gouver- 

nement transvaalien a l'intention d émettre pour 

venir surtout en aide à l'agriculture. 

SIROPde RAIFORT 

IODÉ 

de GRÏMAULT 

& C" 

Ordonné par le» méde- 

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cins à la place du sirop 

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chez les enfants pâles, 

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51 

faire fondre les glandes 

M ducou et ramener l'appétit, 

aU - Mp6lW YIMTl, nu Boorlam» 

Diirér. 

constat Bourses étrangères 

• 

-.LONDRES. «/: avril 

Hier i Auiouro.||. i nier t.-mnm* 

Consolidés.. 85 5.8 55 7/8 TurcUniflë. 93 1M 93 t/4 

Franc. 3%. 94. 9i. Japon 5%02 .101 1/. 101 1/4 

'Argsn. 1883 .102. i 102. Banq.OUom. 17 7/8 17 7/8 

-Brésil 4 83 1/8 83 8/4 Jnaconda.. 12 15/16 12 13/16 

-EJypt3!4% fb 96 3/4 96 1/2 Rio. '9*5/8 94 3/4 

Extèr. Esp. 93- 9.1.7. Tharsis. 8 1/8 a 1/8 

Italien 5 102./ 102. Cliang. s.P«' 25421/2 25421/3 

Portugais. 69 1/4 69 l'4 Esc.h.Banij. 3 1/i 3 1/4 

Russe 4%. 75 75 Argent raèi 30 5 16 80 3/8 

BERLIN, 27 avril 

Allemand 3%. 84 40 S4 30 iDrssdner Banlr 144 20 144 

Prussien 3%. 84 30 84 30 JDisconto Cora. 172 60 172 20 

Extérieure. 94 50 95 -20 | Deutsche Bank 227 70 227 70 

RusseConsl% 77 20 77 40 .Berlin Hand., 156.. 154 60 

Hongrois 94 50 94 40 Bochuraer. 225 30.225 40 

Italien 5% 102 80 102 70\ taura. 227 20 -227*0, 

Turc unifié. 9150 94 25 i Gelsenklrchen. 199 20 198.. 

Ch. Autrichiens 147 20 147 10 Harpener 210 70 208 90 

Ch. Umaards..23 60 23 30 > Changes' Paris 8130 8135 

BRUXELLES, 27 avril 

Brésil m 8/ »2 87 HIO TintO 2387 Z38Z .• 

UreSII4% /:5~ 93 25 1110 Tinto. 495 .123, ~18 

Extérieure 4% 93 93 25 Saragoase act. 415 416 •• 

Turc unifié. 94 43 

43 84 37 Nord Esp. act. i 270 2ï2 50 

Banque Ottom. 703 Mètrop. Pariî. I 522 50 528 

Lots Turcs. 151 50 151 iRailwaysélect 

154 50 

159 

lots Congo. • 80 25 80 75 Parisien.élecU 283 501 288 50 

VIENNE. 27 avril 

Autrichien Or..116 90 116 90 Lœndetak.. i 446 416 

Couron. 98 50 

50 98 50 Alpines 1-607 50 610.. 

Hongrois Or., 112 50 112 50 Taoac3 Ottoai. 4E0 • 421.. 

' 

Hon!)ro)s0f.. K250 iiSM Ta08csOttO!ll. 4!!0.. ?1 

Couron. 94 30 Oi 33 Chem. Autrloh. 683 âO 688..• 

B« Autr.-Hong. 1770 1770 UmUards. 184 50 i:U 

CrédK AutricR. i 605 ..i.uSG 50 Lots Turcs. 190 190 .« 

Crèd.foncAutr 1070 •• 10Ï0 Changes'Paris 95 60 85 62 

ROME, 27 avril MADRID, 27 avril 

Rente llal.5% i 102 60 103 02 Intérieure 4% 82 75 82 65- 

3%: 70 70 30 Amortis*. 5% 10140 101.40 

BangNationala 1260 1271 Banq.d'Espagn 445 

Ch. h.èridion.. 740 71150 Banq h/pothec 223 223 

Ch.Mèditerr.. 432 433 

Explosifs. i 312 313 

Changes' Paris 100 100 181 Changes'Paris1 10 35 «, 

NEW-YORK, 27 avril 

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Chicagoj'-Paul 134 3/4434 7/8 

Union Pacific. 142 J/t 1437/8 

Denv-Rio-Sr. 29 1/2 29. West. Un.Tel. 82 3/4 83. 

Eriè raiir.act. 23 .192 24 1/8 Argent-Métal.. 65 3/4 65 7/8 

Eriè gèn. ool. 82. 82. Amalgam.Oop. 93. 93 5/8 

Illinois Cent.. 146 ./• 14^ Anaconda. 62 62 1/2 --•- 

Louisv. Nash. 119 3/4 120 Calumet Hec- 850 850 

New-Y-Huds.. 118 3/8 118 1/1 Cuivre -24 87 2t SIÂ: 

New-ï-Ontar- 37 7/8 37 7:8 

MINES D'OR A LONDRES (27 avril) y 

Afr.Eur.ln» 1 1/lij 11/16 Jumpsrs. 113/16 113/16- 

tnqelo. 3 1/16 3 1/16 Jurap-Oee?. 1 1/2 1 1/2 

4ngl. French 11/4 11/4 Langl. Est.. 2 3/8 2 3/8 

Aurora W. 1/4 -)/4 tf.6y.&Char. 4 3116 4 3/16 

Chartered 1 13/a2 1 13/32 tëodderfbnt. 6 5/16 6 11/32, 

Cinderel. D. 2 3,p 2 3.8 New Goch.. 11/4 11/4 

City and Su» 3 1/2 3 1/2. New Steyn. 1.7/16 17/16 

Cro*n Omb 12. 12 .i Nourse M.. 2 5/16 2 5/16 

Crown Beef. 8 3/4 8 3/41. Rand Collier 13/8 13/8 

Oe Beers. 26 1/4 26. Rand Mines. 6 :8 6 13/32 

Driefonbin. 1 9/16 i 9/16r 'Roû.Vict.Dia 8 7/8 9. 

Duro.Rood. 2. 2 .i RobinsonD. 5 1/16 5 1/16 

Esst Rand.. 4 3/16 4 7/32 Rood. UBIR 13/8 .13/8 

EastR.,»in. 13/8 13/8 RoseDeep.. 4 1/4 4 1/8 

Ferreira. 18 172 18 1/2 iSwai.Corp..3/8 .'3/8 

Gedald. 115-16 115/16 Trans.CLd 21/4 2 1/4 

Geldenn. Dp. 5 7;8 5 7/8 

.Tr. Oelagoa. 2. 2 

Geldenh.Est. 2 7/8 2 7/8 iTrans.G.M. 1 31 '32 131/32, 

Gan. Min. F- 1-7/16 1 7/16 Treasury.13/16 .13/16 

Goerz 13/16 1 3/16 Van Dyk 19/16 i 1/3 

Gold.Hors.3. 6 5 10 6 5/16 VanRyn. 3 3/16 33/16 

Goldftelds.. 4 7.'32 4 9/32 Vereeniging.. 7/8 7f8 

Gr.EastOoll..1/8 .1/8 Village M-R. 3 13/16 3 43x16 

Janersfont- 9 11 '16 9 11/Id West Rani..9/16 9H6: 

jûlilee 11/2 1 1/2 Wolhuter. 2. 2. 

Procnains réponse des primes, 9 mai. Report3, 10, mai- 

Londres, 27 avril, 2 heures soir. 

Marché sans animation et, une fois de. pli», 

quelque peu irréfrulier. 

Hausse de 1/16 

sur la Goldfi>!ds, de 1/33 sur 

la Modderfontein ordinaire, la Rand Mines.'la 

Rhodesia Exploration. I'East Rand. Par contre,; 

baisse de 1;8 ruria Rose Deep, la South Aft'ican 

Gold Mines, l'Apex, de 1/10 sur la Glen Deep, la 

New Steyn Estafe. la Simmer West. Pas de chan- 

g-oment sur l" Anpelo. TAnêio Deep, ta Chartered, 

la Crown Deep. la Crown Reef, la Cornet, la Fer- 

reira, la Gedulil. etc. 

Dans le groupe diamantifère, hausse de 1/8 sur' 

la Roberrs' Victor' Diamonds baisse de 1/4 sur 

la De Beers. La Premier Diamond reste à son 

cour? d hier de 12 7/8. 

La -South Al'rican Breweries est à i 11/16.. 

Au dernier moment,àlh.45, tendance calme. 

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desserte, la table et 10 chaises fort belles; noyer 

sculpté, recouvertes cuir marocain, à ressorts. 

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ainsi que nombre d'autres dont la nomenclature 

serait trop longue, sont visibles aux 

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c Loué par ce ux-ci, bîkmé par ceux-là, me moquant des sots, bravant les méchants, je me hâte 

de rire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. > (Beaumarceais.) 

Demain le FIGARO 

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S 0:l!M:.A.I:RE 

Le laurier-sauce: LUCIEN DESCAVES. 

Une enquête sur le rapprochement franco-alle- 

mand Une lettre de Saint-Saëns. 

Les fêtes d'Orléans Juli.en DE Naefon. 

A Longchamp 

REGINA. 

L'assemblée générale de l'Union du commerce 

'M. L. 

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Notes parlementaires de Bistouille, député. 

Lu grève de l'alimentation JEAN DE PARIS. 

Un bon placement CH. Dauzats. 

Journaux et Revues André BEAUNIER. 

Edouard Sonzogno SERGE Basset. 

Trente Ans de théâtre: ADRIEN BERNHEIM. 

La Vie aux champs Louis Ternie». 

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Le Laurier-Sauce 

Comme il est loin, le temps des voca- 

tions littéraires ou artistiques contra- 

riées, et comme les pères d'aujourd'hui 

ressemblent peu aux pères contempo- 

rains de la Bohème galante de Gérard de 

Nerval et des Scènes de la vie de bohème 

de Murger! 

C'est la réflexion qui me venait à l'es- 

prit, l'autre jour, en lisant deux lettres 

inédites qu'un marchand d'autographes 

proposait à ma convoitise. 

Ces lettrés, datées l'une de i836 et l'au- 

tre de Vienne (Autriche) 1841, étaient 

signées G. Labrunie et adressées par 

l'auteur des Filles du feu à son père. 

On sait que Labrunie, Gérard Labru- 

riie, était le véritable nom du gracieux 

écrivain plutôt une âme qu'un homme, 

a'dit de lui Henri Heine qui adopta le 

pseudonyme de Gérard de Nerval, par 

respect filial et pour ne point indisposer 

davantage contre lui un chef de famille 

imbu des préjugés de sa condition et de 

son temps.' 

Etienne Labrunie, en effet, ancien chi- 

rurgien de la Grande Armée, réduit à 

rinaction autant par les suites d'une 

blessure reçue à Vilna que par la chute 

de l'Empire, avait entrepris de former 

un fils qui lui fit honneur, dans une car- 

rière: estim-able comme -la -méd eeiney- la 

diplomatie ou la haute administration. 

II méprisait les songe-creux, les artistes, 

les paresseux et les inutiles, et Gérard 

l'avait-amèrement déçu en recherchant 

la société de ces gens-là d'abord, et puis 

en rêvant avec eux. A compter de ce 

jour, le père Labrunie, déjà solitaire et 

taciturne, se désintéressa de son unique 

-enfant et vécut loin de lui. 

Il était presque octogénaire en 1855, 

quand Auguste de Chatillon, un matin 

de janvier, vint lui apprendre qu'on avait 

trouvé Gérard de Nerval pendu au bar- 

reau d'un soupirail rue de la Vieille- 

Lanterne. 

Et que dit le vieillard ? 

Ah le jeune homme est mort. 

(Gérard avait quarante-sept ans.) Le 

pauvre garçon je le regrette fort. C'était 

un bon sujet, qui venait me voir par in- 

tervalles.Je n'aurai pas, dites-vous, à me 

préoccuper de ses obsèques. C'est pour 

le mieux, car à mon âge et dans l'état de 

santé où je suis, il me serait difficile de 

remplir ce devoir. 

Et ce fut tout. Le docteur Labrunie se 

détourna de cette tombe superflue, car 

celui qu'il continuait d'appeler le jeune 

homme, par habitude, était mort à son 

cœur depuis longtemps déjà. 

Le père insensible avait lu, cependant, 

les lettres que l'on me commirniquait. 

Elles répondent j'ai toutes raisons de 

le présumer à un refus, refus d'argent 

sans doute; que Gérard avait essuyé de 

la part de son père. Il est même infini- 

ment probable que celui-ci en profitait 

pour reprocher à son fils une conduite 

et des fréquentations indignes d'un 

homme de trente-deux ans qui a dévoré 

deux héritages et se montre incapable 

de gagner sa vie, car le doux Gérard 

croit devoir. se justifier et justifier ses 

amis. 

Non, ils ne sont pas responsables de 

ses embarras passagers. Gautier lui a 

procuré le feuilleton de la Presse, soit 

250 francs par mois. Sa collaboration 

avec Alexandre Dumas lui a rapporté 

6,000 francs pour Piquillo et 2,000 francs 

pour V Alchimiste. Il a d'autres obliga- 

tions à Hugo, à Balzac, à Houssaye, à 

Janin, qui le retireraient de' la bohème 

plutôt que de l'y jeter. Enfin, il n'est 

plus le premier venu. Son nom est célè- 

bre à Vienne même, où Gérard passe 

l'hiver. Il est reçu à l'ambassade, où il 

rencontre souvent le prince de Metter- 

nich. Les salons que ne lui a pas ou- 

verts la diplomatie, la littérature les lui 

rend favorables. 

La lettre, dont je ne donne de mé- 

moire que la substance, est d'un tour 

charmant et d'une sincérité ingénue. On 

souhaiterait qu'elle se terminât par un 

emprunt de vingt-cinq louis, si l'on ne 

savait que la correspondance a com- 

mencé par là. 

Le fait nous est certifié par M. Gau- 

thier Ferrières, dans le beau livre de 

piété littéraire qu'il a consacré à la vie et 

à l'œuvre de Gérard de Nerval, 

On y voit que le poète, fou par inter- 

mittence, par intermittence aussi avait 

de la sagesse à revendre, notamment' 

dans les considérations générales sui- 

vantes 

• « Les jeunes gens qu'une malheureuse 

ou heureuse vocation pousse dans les arts 

ont, en vérité, beaucoup plus de peine 

que les autres par l'éternelle méfiance 

que l'on a d'eux. Qu'un jeune homme 

adopte le commerce ou l'industrie, on 

fait pour lui tous les sacrifices possibles^ 

on lui donne tous les moyens de réussir 

et, s'il ne réussit pas, on le plaint et on 

l'aide encore. L'avocat, le médecin peu- 

vent être fort longtemps médecin sans 

malades ou avocat sans causes, qu'im- 

porte Leurs parents s'ôtent le pain de 

la bouche pour le leur donner. Mais 

l'homme de lettres, lui, quoi qu'il fasse, 

si haut qu'il aille, si patient que soit son 

labeur, on ne songe même pas qu'il a 

besoin d'être soutenu aussi dans le sens 

de sa vocation, et que son état, peut-être 

aussi bon matériellement que les autres 

du moins de notre 

temps, doit 

avoir 

des commencements aussi rudes. » 

La jolie page Et au coin de quelle dé- 

férence sont marquées ces observations 

que le bon Gérard rend impersonnelles 

uniquement, semble-t-il, pour que son 

père ne s'en offusque pas « La méfiance 

que l'on a. On fait pour lui tous les 

sacrifices. on le plaint, on l'aide. On 

ne songe pas que l'écrivain a besoin 

d'être soutenu. » Le docteur Labrunie, 

à qui la leçon s'adresse, peut en profiter 

sans paraître s'apercevoir qu'elle lui est 

infligée.• 

La suite n'est pas moins mesurée, 

affectueuse et réfléchie 

« II faudrait donc, après une épreuve 

suffisante, après la conviction acquise 

d'une aptitude vraie, en prendre son 

parti des deux parts et rentrer dans les 

relations habituelles, dans la confiante et 

sympathique amitié qui règne d'ordi- 

naire entre pères et enfants déjà avancés 

dans'la vie. Si, depuis quatre ans, je 

n'avais su que tu ne pouvais.faire aucune 

dépense excessive, certainement il y au- 

rait eu des instants où une aide très lé- 

gère m'aurait fait gagner beaucoup de 

temps. Le travail littéraire se compose 

de deux choses cette besogne des jour- 

naux qui fait vivre, mais qui ne con- 

duit ni plus haut ni plus loin; puis, le 

livre, le théâtre, les études artistiques. 

qui ont besoin toujours de travaux préli- 

minaires fort longs et de certaines épo- 

ques de recueillement et de labeur sans 

fruit. Mais aussi là est l'avenir, l'agran- 

dissement, la vieillesse heureuse et ho- 

norée. 

» 

Le père Labrunie céda, envoya la 

somme demandée, et il faut lui tenir 

compte de ce bon mouvement. Peut-être, 

après tout, son écorce rugueuse cachait- 

elle une sensibilité blessée, et le vieillard 

eût-il pu dire, comme Chamfort « Tout t 

homme qui, à quarante ans, n'est pas 

misanthrope n'a jamais aimé les hom- 

mes. » • 

Il n'est pas moins vrai que les préven- 

tions des pères de cette espèce ont en- 

gagé dans la bohème d'alors 

plus 


jeunes gens qu'ils n'en ont détourné.- 

Une vocation sérieuse ne se laisse pas 

réduire pas la famine, Mais la famine 

engendre les entreprises 'éphémères, les 

expédients. et le talent se déchire à ces 

ronces du chemin. Toute une génération 

au moins a été victime du mot de 

Balzac à Daumier « Si vous voulez 

avoir du génie, faites des dettes » Pa- 

radoxe fâcheux que les parents surtout 

ont pris au pied de la lettre et dont ils se 

sont autorisés pour mettre obstacle à 

des vocations déclarées. C'est encore 

sous l'impression de cette imprudente 

parole que le père d'un excellent roman- 

cier de mes amis disait à son fils, il y a 

une quinzaines d'années, lorsque celui-ci 

manifestait l'intention d'embrasser la 

carrière littéraire 

Soit. mais surtout, pas de génie, 

hein? 

Les temps sont bien changés et les 

pères d'à présent sont de meilleure com- 

position que ceux d'autrefois. Les pre- 

miers admettent, avec Gérard de Nerval, 

ce fou, que l'état d'homme de lettres 

«peut être aussi bon matériellement que 

les autres », et la difficulté même des 

commencements ne refroidit pas leurs 

indulgentes dispositions.. 

La disparition de la bohème, de ses 

us et coutumes, a facilité ce revirement. 

II n'y a pas que'les parents, d'ailleurs, 

qui considèrent aujourd'hui les lettres et 

les arts comme des métiers lucratifs; 

c'est aussi l'opinion des écrivains et des 

artistes en général, à leurs débuts. Il ne 

s'est point reformé de cénacles comme 

ceux de la rue du Doyenné ou des Bu- 

veurs d'eau, parce que la jeunesse n'a 

plus maintenant de temps à perdre. Elle 

bûche, au sortir du lycée, pour mériter 

de nouveaux prix ceux que l'on a insti- 

tués à dessein, dirait-on, de relever 

la 

littérature dans l'estime des familles, par 

les avantages pécuniaires qui accompa- 

gnent l'inscription au tableau d'honneur. 

Un lauréat du prix Goncourt me 

ra- 

contait que sa mère l'avait toujours dis- 

suadé de chercher dans les lettres 

des 

moyens d'existence, mais qu'elle avait 

reconnu son erreur en apprenant que le 

montant du prix par son fils obtenu 

] 

était de cinq mille francs. 

Plus encore que le roman, un peu dé- ( 

laissé, le théâtre rallie les parents à des 

projets d'avenir qu'ils eussent autrefois 

condamnés. Les jeunes auteurs dramati- 

ques sont légion mais la gloire qui les 

payera de leur peine enflamme moins, 

j'en ai peur, leur entourage que les droits 

d'auteur attachés à une industrie pros- 

père. Le théâtre est devenu sinon un 

placement, du moins une espérance de 

père de famille. 

Les professions naguère encore en < 

odeur d'hérésie sont réhabilitées et il a 

déjà bien vieilli le mot de Mme Vigne- ] 

ron s'excusant, dans les Corbeaux, d'avoir 

invité le professeur de musique de sa 

fille à un dîner intime 

Je sais bien que c'est un artiste, ] 

mais justement nous n'avons pas voulu i 

le lui faire sentir! ( 

Les familles rachètent même leur lon- i 

gue hostilité par un empressement dé- < 

passant les bornes qu'il semblait raison- ( 

nable de lui assigner. Ce n'est plus seu- i 

lement aux travaux littéraires d'un fils < 

que le père et la mère font confiance; 1 

la jeune fille bénéficie de la même com- < 

plaisance et l'on se penche avec intérêt 1 

sur les vers et sur la prose qu'elle sème 

à profusion et non sans grâce, parfois. 

II n'y a qu'un mot à changer dans cette 

légende de Gavarni, où s'épanouit la pré- 

dilection d'une mère 

«Celle-là écrit l.» » 

Je me trouvais, l'autre jour, chez un 

éditeur. Un monsieur, grisonnant et dis- 

tingué vint réclamer un manuscrit qu'il 

avait déposé au nom de sa fille, un petit 

prodige âgé de quinze ans. 

Vous avez lu cela? demandai-je à 

l'éditeur quand le m'onsieur fut parti. 

Oui, me répondit-il c'est une his- 

toire d'amour pour vos fils, quand ils 

auront vingt ans 

J'ai indiqué les raisons de cet esprit 

nouveau. L'appât des concours, des prix, 

des gros tirages, des centièmes a fini 

par triompher des préventions que nour- 

rissaient à l'endroit de la production lit- 

téraire les parents de la vieille école. Le 

laurier menaçant le front de leur enfant 

inquiétait ces bonnes 

geps; le laurier- 

sauce les rassure et décide les parents 

d'aujourd'hui. 

Ne ramène-t-il pas l'ambition du fils 

aux principes qui ont guidé'le père dans 

sa poursuite de la fortune et dans l'ad- 

ministration des affaires? Et comme on 

comprend alors le sens de cette recom- 

mandation « Surtout. pas de génie » 

Lucien. Descaves. 

Echos 

La Tempirature 

La pression reste basse du nord au sud du 

continent, et des minima persistent vers la 

Baltique (745mm) et sur le golfe de Gènes 

(748mm). Une hausse assez importante s'est 

produite dans l'ouest de la France. 

Hier, à Paris, la hauteur 

barométrique 

était 

à midi ys^ma7- 

La mer est très houleuse' sur, la Méditer- 

ranée. 

Des pluies sont tombées sur le' nord et 

l'ouest de l'Europe. En France, il a plu à 

Clermont, à Rochefort, à Nancy,au Havre et 

à Paris, où la journée d'hier n'a été qu'une 

suite d'averses. En outre, la tempépature s'est 

encore abaissée sur nos régions. Le thermo- 

mètre marquait hier matin, à Paris, 30 au- 

dessus de zéro et ii° seulement l'après-midi. 

On notait 40 à Clermont, 7° à Bordeaux et 

à Toulouse, ii° à Perpignan, et à. Cette-, 17° à 

Oran et à Alger. Dans nos stations élevées 

7° au-dessous de zéro au puy de Dôme et 

140 au pic du Midi. 

¡ 

En France,' le temps va rester frais; des 

averses sont probables dans le nord et l'est. 

(La température du 28 avril igo6 était, à 

Paris 5' au-dessus le matin et ,11e l'après- 

midi; baromètre, 7S^mm; temps très irais.) 

Les Courses 

Aujourd'hui, à deux heures, Courses à 

Saint-Cloud. ? Gagnants du Figaro 

Prix de la Passerelle Toïa Ambigu. 

Prix de la Bataille King James; Kââ. 

Prix Le-Roi-Soleil Ganelon II; Luzerne. 

Prix des Glaïeuls Topola Loucrup. 

Prix des Buttes Pain d'Epice Fidéle. 

Prix des Peupliers Tqïa Madge. = 

LA DESCENTE 

^*y 

L'audience accordée hier aux délé- 

-o-- 

D'Ostende 

« La saison de i907 à Ostende va en- 

core dépasser, s'il est possible, en 

splen- 

deurs artistiques celle de i906 qui fut 

pourtant si brillante. Parmi les engage- 

ments d'artistes célèbres citons au ha- 

sard les noms les ténors Caruso, Bonci, 

Slezak; les barytons Noté, Demuth, Du- 

franne les cantatrices Frieda Hempel, 

Lefler-Burkhardt, Elisabeth Sandor, Aline 

Vallandri, Marie-Louise Humbers, canta- 

trice de la Cour de Russie, ainsi que les 

vedettes de l'Opéra, de l'Opéra-Comique, 

Covent Garden, des Opéras de Berlin, 

Vienne, etc., le tout au nombre de 

quatre cents L'orchestre sera comme 

toujours sous la haute direction du maës- 

tro Léon Rinskopf dont la réputation est 

universelle. 

» 

Nouvelles à la Main 

Deux garçons de café se sont battus et 

passent en police correctionnelle. L'un 

d'eux explique son cas 

Voilà, mon président nous étions 

en train de nous disputer quand, tout à 

coup, il m'a pris par la moustache. 

Et le président, ironique 

Ah! mon ami, voilà ce qui arrive! 

Un jeune rhétoricien dit fièrement à 

son père, après s'être regardé dans la 

glace Eh mais, je commence à avoir de 

la moustache! 

A quoi le père, avec bonhomie 

Alors, mon enfant, me voilà bien 

tranquille tu pourras être garçon de 

café 

'• 

••*• ;• 

Au meeting des limonadiers 

Oui, citoyens, il faut arriver à sup- 

primer 

le pourboire. 

Il faudrait surtout supprimer le 

« boire », interrompt un antialcoolique 

qui s'est faufilé dans l'assistance. 

Au meeting des garçons coiffeurs, on 

discute le plan de campagne de la pro- 

chaine grève 

Il s'agit, camarades, dit un des ora- 

teurs, d'adopter le meilleur système. 

Eh bien, mais le système pileux! 

Le chef dé cabinet de M. Chéron trouve 

'lé sous-secrétaire d'Etat à la guerre ab- 

sorbé dans la contemplation de la carte 

de France. Il l'interroge timidement: 

C'est inouï, répond M. Chéron, me 

voilà obligé maintenant de piocher ma 

géographie! 

Et qu'y a-t-il donc?. 

Je vais présider un bamquet à La 

Ferté-sous-Jouarré 

Le Masque de Far. 

UNEENQUÊTE 

sur Je rapprochement 

Franco-Allemand 

Une lettre de Saint-Saëns 

La question d'un rapprochement entre la 

Franco et l'Allemagne, qui est en ca moment 

l'objet des préoccupations allemandes, a 

donné à notre confrère de Munich', la Mûn- 

chner AUgemeine Zeiiung l'idée da demander 

à un certain nombre de personnalités fran- 

çaises dans le monde de la 

politique, 

du 

commerce et des arts leur opinion sur ce 

point délicat: «Un rapprochement serait-il 

désirable, et par quel moyen pourrait-il être 

obtenu » 

Parmi les premières lettres qui lui sont 

parvenues, il faut 

citer cette Ibolle^kdigne 

réponse de M. Camille Saint-Sâëns^sftlÈPiK- 

Paris, 25 avril 1907. 

Le rapprochement entre deux 

peuples 

est toujours désirable. 

Il ne s'agit donc pas de savoir si un 

rapprochement entre la France et l'Alle- 

magne est désirable, mais s'il est pos- 

sible. 

Vous me demandez par quel moyen je 

crois qu'il pourrait être obtenu. 

Je n'en vois que trois 

1° La France oublierait ses provinces 

perdues; 

2° L'Allemagne rendrait à la France 

ses provinces 

3° La France ayant repris ses pro- 

vinces, les deux nations se tendraient la 

main. 

Quo la France oublie, il n'y faut point 

compter. Los reproches que je reçois en 

ce moment au sujet de mon récent 

voyage en Allemagne n'ont pas le sens 

commun, mais ils sont 

inspirés par un 

sentiment que j'approuve et que je par- 

tage, celui d'une douleur inguérissable, 

d'une blessure qui ne se fermera jamais. 

L'Allemagne songerait-elle à nous ren- 

dre nos provinces? je n'ose l'espérer; et 

si nous les reprenions par la force, 

,£roit-on qu'elle nous le pardonnerait? `? 

Ah l'oeuvre de Bism.arc.k, tant glori- 

fiée en Allemagne, a été néfaste Avant 

lui, toute l'Europe aimait la patrie de 

Beethoven, de Gœthe et de tant de grands 

esprits; elle jouait dans le monde mo- 

derne un rôle analogue à celui de la 

Grèce dans le monde antique, avec cette 

différence qu'elle n'excitait aucune con- 

voitise et pouvait vivre en paix. Mainte- 

nant, c'est une guerrière casquée, le 

glaive au poing on la craint, on l'ad- 

mire mais, sauf en Autriche et en. 

Autriche proprement dite, elle n'est 

plus aimée nulle part. 

Elle peut chanter comme la Méduse 

de Quinault et Lulli 

Si je perds la douceur d'être l'amour da monde, 

J'ai le plaisir nouveau d'en devenir l'effroi. 

Est-ce à dire que. la France et l'Alle- 

magne doivent vivre comme chien et 

chat, toujours prêts à griffer et à mor- 

dre ? Deux grands pays voisins ne peu- 

vent se passer l'un de l'autre la science, 

les arts, le commerce, l'industrie les 

rapprochent sans cesse. La France, en 

accueillant de son mieux les musiciens 

allemands, en acclamant. l$s couvres de 

Richard Wagner qui l'avait grossière- 

ment insultée, a donné 

l'exemple de la 

courtoisie. Que cette courtoisie soit réci- 

proque, qu'elle subsiste et augmente de 

jour en jour, c'est ce qu'on.doit souhai- 

ter et espérer. Je ne crois pas que l'on 

puisse 

demander 

davantage. 

C. Saint-Saëns. 

Les Fêtes d'Orléans 

La dernière intervention de M. Cle^ 

monceau vient de produire l'effet qu'on 

en pouvait attendre. 

On se rappelle que le président du 

Conseil, quand l'accord était virtuelle- 

ment fait entre l'évèque et la municipa- 

lité d'Orléans, déclara qu'il interdirait 

aux fonctionnaires de 

prendre* part au 

cortège du 8 mai si la 

franc-maçonnerie 

s'en trouvait exclue. Et l'on sait que le 

maire n'en persista pas moins dans son 

refus d'y accorder à la loge Etienne- 

Dolet la place officielle qu'elfe avait sol- 

licitée.1 

La 

population 

était à peu près una- 

nime a désirer que les francs-maçons 

comprissent le devoir que leur propre 

dignité autant que les circonstances leur 

imposaient. Ils ne l'ont pas compris, ainsi 

qu'on en jugera par l'ordre du jour 

suivant, voté hier par la loge Etienne- 

Dolet, que notre correspondant nous té- 

légraphie 

La loge « Etienne-Dolet »j réunie éft as- 

semblée générale dans ses locaux de la r'ue 

Etienne-Dolet, 

à Orléans, 

Attendu que, le 12 avril 1907, M. Clemen- 

ceau, président du Conseil des ministres, dé- 

cidait se conformant ainsi à la loi de sé- 

paration de l'Eglise et de l'Etat que le 

concours des troupes et dos fonctionnaires ne 

pourrait être accordé au maire d'Orléans que 

dans le seul cas où. le cortège du 8 mai se- 

rait, sinon laïque, du moins absolument 

neutre au point de vue politique et confes- 

sionnel 

Considérant que l'art. 1" de la constitution 

de la franc-maçonnerie est ainsi conçu 

« La franc-maçonnerie, institution essentiel- 

lement philanthropique, philosophique et 

progressive, a pour objet la recherche de la 

vérité, l'étude de la morale et la pratique de 

la solidarité. Elle travaille à l'amélioration 

.matérielle et morale, au perfectionnement 

intellectuel et social' de~ l'humanité. Elle a 

pour jurisprudence cultuelle le respect des

LE FIGARO– LUN;D! 29 AVfllL 1907 

autres et de soi-même, la liberté absolue de 

conscience » 

Attendu que la neutralisation du cortège 

commémoratif de Jeanne d'Arc constituait, 

« de l'avis de tous les membres de la Loge 

Etienne-Dolet» « un progrès philosophi- 

que », un hommage à la « vérité » historique, 

laquelle représente Jeanne d'Are comme une 

patriote et u.ae Française et non comme l'ad- 

versaire de telle ou telle opinion philoso- 

phique, de Selle- ou telle conviction reli- 

gieuse 

Attendu que, dans ces conditions, il sem- 

blait à la loge Etienne-Dolet que, n'ayant 

point coutume de participer aux cérémonies 

publiques, 

elle pouvait et devait s'associer 

par sa 

présence 

à cette « amélioration mo- 

rale », a cette consécration officielle, publi- 

que et indéniable de la « tolérance.mutuelle », 

du « respect des autres et de soi-même », de 

la liberté absolue de conscience 

Considérant que c'est bien dans cet esprit 

que, le 14 avril 1907, le vénérable de la loge 

Etienne-Dolet sollicita une place dans le cor- 

tège du 8 mai 

Attendu que M. Courtin-Rossignol, maire 

d'Orléans, laissa pendant douze jours cette 

demande sans réponse, mais que, après diffé- 

rentes entrevues entre lui et l'ovêque d'Or- 

léans, Mgr Totxhet faisait savoir que l'ex- 

clusion de la franc-maçonnerie serait la con- 

dition, sine qw, non, de l'acceptation du 

clergé 

Attendu au demeurant 

que la 

franc-ma- 

çonnerie fidèle à ses principes de liberté 

de conscience ne demande pas que le 

clergé soit exclu d'un cortège commémoratif 

dont la neutralité serait d'ailleurs assurée, 

mais qu'elle a pour devoir impérieux de 

combattre partout 

et toujours l'injustice et 

l'intolérance, cette intolérance dont fut 

victime l'héroïque Jeanne d'Arc; 

Pour ces motifs,: 

La loge Etienne-Dolet, insistant pour'qu'une 

place lui soit réservée dans tout cortège com- 

mémoratif d'un caractère absolument neutre 

ou laïque, proteste énergiquement contre 

l'exclusion dont elle est l'objet de la part de 

M. le maire d'Orléans, sous l'injonction d'un 

évoque et du Pape 

Maintient formellement sa demande et dé- 

cide de porter sa protestation devant les pou- 

voirs publics. 

« Cet ordre du jour, ajoute notre cor- 

respondant, a été adopté à l'unanimité. 

L'assemblée a décidé en outre de le com- 

muniquer au président du Conseil, au 

préfet 

du Loiret et au maire d'Orléans. 

'émotion en ville est considérable, à tel 

point que si la municipalité démission- 

nait demain, il n'y aurait pas lieu d'en 

être surpris. » 

Le conflit, comme on voit, est loin 

d'être résolu. Il entre au contraire dans 

une phase plus aiguë, et il faudrait un 

bien grand optimisme pour espérer en- 

core que le bon sens finira par avoir 

gain de cause. 

La loge Etienne-Dolet s'abuse d'ail- 

leurs si elle se flatte de donner le change 

à l'opinion par 

le luxe d'attendus et de 

considérants dont elle essaye de justifier 

un entêtement qui manque à tout le 

moins de fierté. 

Quand la loge Etienne-Dolet invoque 

l'article premier de la Constitution ma- 

çonnique, où il est dit que la franc-ma- 

çonnerie est 

une « institution essentiel- 

lement philanthropique, philosophique 

et progressive 

et qu'elle a pour objet 

« la recherche de la vérité, l'étude de 

la morale et la pratique de la soli- 

darité », s'imagine-t-elle nous faire 

croire que la franc-maçonnerie n'est que 

cela et qu'elle n'a pas d'autre objet? Il 

suffit de lire les comptes rendus officiels 

de ses eonvents pour s'apercevoir qu'elle 

est pardessus 

tout une institution de 

guerre contre l'Eglise. C'est pour cela, et 

non pas 

sans doute pour sa philanthro- 

pie, que l'Eglise l'a condamnée et qu'elle 

refuse de mêler ses bannières et ses 

croix aux triangles et aux tabliers ma- 

çonniques. 

.Quant à la « vérité historique », il est 

certain qu'elle nous présente Jeanne d'Arc 

«.comme une patriote et une Française». 

Mais la vérité historique nous la pré- 

sente aussi comme une catholique, voire 

.comme une sainte. Et les francs-maçons 

d'Orléans ne peuvent faire que Jeanne 

d'Arc, après avoir enlevé le fort des 

Tourelles, ne se soit rendue directement 

àla cathédrale pour y déposer son éten- 

dard. 

Or, c'est précisément cet événement 

« historique » que l'on a coutume de 

commémorer par le cortège du 8 mai, 

où il est donc manifeste que le clergé 

doit avoir sa place, si par contre l'on 

conçoit fort bien que l'on puisse aisé- 

ment se passer, dans cette circonstance, 

du concours officiel de la franc-maçon- 

nerie. 

Et enfin, lorsque les francs-maçons 

d'Orléans invoquent la « tolérance mu- 

tuelle », et « le respect des autres et de 

soi-même », et encore « la liberté de 

conscience », pour établir leur droit et 

leur devoir d'assister officiellement et 

en corps à une solennité où ils ne sau- 

raient être que des trouble-fête,comment 

ne se rendent-ils pas compte que ni la 

tolérance mutuelle, ni le respect des au- 

tres et de soi-même, ni la liberté de cons- 

cience, ne consistentàs'imposer, contrai- 

remen.t à l'intérêt général, à des gens 

qui ne veulent pas de vous? 

Julien de Narfon. 

ELECTION LÉGISLATIVE 

.eoer 

CHOLET 

lr« CIRCONSCRIPTION 

Inscrits 18,662 Votants 12,894 

M, Delahaye, cons. 9.596 voix ELU 

II s'agissait de remplacer M. de Maillé, député 

monarchiste, 

décédé. 

IxeJWae^raWfe 

SALONS 

Les convives du grand-duc Paul Alexan- 

drovitch et de la comtesse de Hohenfelsen 

étaient jeudi soir 

Marquis et marquise de Breteuil, prince et 

princesse Bariatinsky, comtesse Edmond de 

Pourtalès, marquise Montagliari, M. et Mme Jean 

de Reszké, M. et Mme Craig-Biddle, Mme Le- 

grand née Fournès, miss Emily Isnaga, comte 

Kltevenhuller-Metsch, l'Hon. Reginald Lister, 

marquis du Lau, comte de Turenne, vicomte de 

La Salle, le colonel Eflmovitcb, le lieutenant 

de Pàstolkors. 

Très 

élégantaprès-naidi, avant-hier, corsé 

d'intermède littéraire, chez la princesse de 

Faucigny-Lucinge. Dans l'assistance 

M. et Mme Gavini de Campile, comte et com- 

tesse de Grancey, comtesses Soltyk, de La Prade, 

de Sommyèvre, duchesse Féry d'Esclands, vicom- 

tesse de Trédern, baronne de L'Espée, prin- 

cesse Zurlo, Mme Michel Ephrussi, E. Fourton 

de Beton, comtesse et Mile Récopé, marquis de 

Tilière, 

etc. 

1- Hier, brillante matinée chez Mme Fer- 

rari, dans ses salons de l'avenue Kléber. Le 

programme fut un vrai régal artistique 

Le célèbre violoniste Johannès Wolff, avec la 

-maîtresse de la maison, joua merveilleusement 

la Sonatc à Kreutzer, de Beethoven, la Ber- 

ceuse de Joseph Szule, accompagnée par l'au, 

teur, et la Sorénacle espagnole, de Mme Ferrari; 

qui, bissée, était accompagnée par l'auteur 

M. Blanquart, l'exquis flûtiste, exécuta à ravir 

Nocturne et Valse de Chopin; le quatuor vocal 

Battaille, composé de Mmes Astruc-Doria, Oli- 

vier, MM. Drouville et Battaille, accompagné par 

M. J. Jemain, l'éminent pianiste et compositeur, 

chanta a capella ses délicieux airs d'auteurs in- 

connus du dix-septième siècle; Lucien Fugère fut 

comme toujours incomparable de voix, de style et 

de maestria dans l'air des Pèlerins de La Mecque, 

de Gluck, la légende de la Sauge du Jongleur 

deNotre-Dame, de Massenèt, qui fut bissée, et 

le duo de Cendrillon, de Massenet, chanté ex- 

quisement avec Mlle Graziella Ferrari Mme 

Kutschcrra interpréta magistralement Je veux, 

scène lyrique de Mlle Hélène Vacaresco, mu- 

sique do Mme Ferrari, et deux mélodies de 

Schubert et de Schumann enfin le quatuor Bat- 

taille exécuta le Tartare, tableau musical de Mme 

Ferrari, poème de Mlle Hélène Vacaresco. Cette 

oeuvre si originale et impressionnante fut accom- 

pagnée à deux pianos par M. J. Jemain et par 

l'auteur. 

Coquelin cadet termina le programme avec ses 

monologues spirituels et désopilants. 

Tous ces admirables artistes furent accla- 

més, avec les auteurs, par de longues ova- 

tions. 

Reconnu dans la nombreuse et élégante 

assistance 

Comtesse Tornielli, ambassadrice d'Italie; 

LL. AA. SS. l'ambassadeur d'Allemagne et la 

princesse do Radolin, marquise del Muni, am- 

bassadrice d'Espagne Mme Delyanni, le minis- 

tre de la République Argentine et Mme Ernesto 

Bosch le ministre de l'Uruguay et Mme Juan 

Pedro Castro, comte de Souza-Roza, ministre de 

Portugal général Samad-Khan, ministre de 

Perse; baron et baronne d'Asbeck, prince de 

Wied, M..Frank, marquis de Torre-Alflna, Mme 

Standish, née des Cars. et sa nièce Mlle de Mon- 

tesquiou, Mme Rutherfurd Stuyvesant, comte et 

comtesse de Montsaulnin, Mme et Mlle Vaca- 

resco, baronne Faverot de Kerbreck, comtesse 

de Pimodan, comte et comtesse de Geoffre de 

Chabrignac, vicomte G. de Geoffre de Chabri- 

gnac, vicomtesse de Trédern, marquis et mar- 

quise de Frenoys, marquise et Mlle de Mo- 

vellan, Mme de Lacrareane, comte Albert de 

Sonis, comtesses du Cheyron du Pavillon, Lydie 

Rostoptchine, Martinet, de Failly, de Riancey,de 

Sesmaisons, d'Azincourt, René de Coëtlogon, 

Ghenu-LafHte avec sa sœur Mlle Adrienno Péan, 

la grande cantatrice Mme Isaac Lelong, MM. et 

et Mmes de Teffé von Hoonholtz, Gustave Lacan, 

Charles Fère, de Bouchaud, Gabriel Ferrier, Al- 

fred Poisson; Mmes Santos-Suarez, de Bar, de 

Pomairols, George Ochs, Ernest Caron, Charles 

Max, Harris Phelps, Portier, Maurice Gallet, 

Roger lficlos-Battaille, comte et comtesse et 

Mlle Récopé, Mme et Mlle Taillandier, comte de 

Chevilly, Mme Lagneau avec sa fllle, Mlles de 

Lardner, de Jancigny et Kiréevsky, comtes de 

Gissac, d'Espierre, de Job, baronne de Ziégesar, 

vicomte de Massougnes, docteur Bazy. M. Bour- 

gault-Ducoudray, Arthur Coquard, A. Blondel, de 

Cheverrier, Eugenio Garzon, L. de Mola,- Bal- 

delli, Léon Oulmont, G. de Lagarenne, d'Aplet- 

scheïeff, Mme Ramon Fernandez, M. J. Muri- 

nelli, vicomtesse des Touches, etc. 

Réussie en tous points la soirée musi- 

cale donnée hier par le duc de Massa pour 

l'audition de ses œuvres. Au programme 

La Chasse, pourcor: M. Reine; Aubade, Mimi 

Pinson et J'ai dit à mon cœur M. Francell 

3e Concertino, pour hautbois et cor anglais 

(1" audition) MM. F. Gillot et Gaudard; ta 

Chute des feuiltes et Lucie Mme Rose Caron 

5» Concerto, pour violon (lre audition) M. F. 

Touche le Papillon, pour flûte et harpe MM. 

Gaubert et Franck 6« Valse l'orchestre, sous 

la conduite de M. Ed. Mangin, l'éminent chef 

d'orchestre da l'Opéra. 

Un très élégant dîner a été donné, avant- 

hier, chez Ritz par Tueny Bey. Ses convives 

ét aient 

Prince et princesse V. Duleep-Singh, prince et 

princesse Radziwill, duc dt duchesse d'Uzès, 

comte Schœnborn, S. A. le prince Djemil Tous- 

soun, M. et Mme Negroponte, baron Aliotti, 

M. Massa.. 

La comtesse Chenu-Lafitte née Péan 

sera chez elle le samedi 4 mai, à l'occasion de 

la première communion de son fils René. 

Tasse de thé de quatre à sept heures. 

Matinée musicale le mardi 14 mai, à qua- 

tre heures, chez Mme Emile Fourton. 

RENSEIGNEMENTS MONDAINS 

S. A. I. le prince Fushimi, cousin du 

Mikado et chef de la mission japonaise qui 

vient de passer un mois à Paris avant de se 

rendre à Londres, partira cette semaine pour 

l'Angleterre. 

Avant de quitter Paris, il offrira, jeudi, 

à l'hôtel Continental, un grand diner en l'hon- 

neur de M. Pichon, ministre des affaires 

étrangères, et des membres du corps diplo- 

matique. 

D'autre part, S. Exc. le général Nishi, qui 

vient d'assister aux manœuvres de garnison 

de Louviers, donnera un déjeuner demain aux 

officiers généraux et supérieurs du 3" corps 

d'armée, dont dépend cette garnison et dans 

lequel S. A. I. le prince Nashimoto fait ac- 

tuellement un stage. 

Arrivés à Paris 

M. J. Pierpont Morgan, venant d'Aix-les-Bains 

et attendu à l'hôtel Bristol; 

Mme John Jacob Astor, venant de New-York 

et descendue à l'hôtel Ritz 

Mme Fabbricotti et sa fille Mme H. S. Kings- 

ley, qui passeront le printemps Paris dans leur 

appartement de l'avenue Montaigne. 

MARIAGES 

On célébrera aujourd'hui, à Lisbonne, le 

mariage de M. Marcelo de Alvear, l'un des 

membres les plus brillants et les plus sym- 

pathiques de la colonie argentine de Paris, 

frère du maire de Buenos-Aires, avec Mlle 

Pacini, la" célèbre cantatrice que la reine 

Amélie de Portugal honore de son amitié. 

Cette merveilleuse artiste, qui a triomphé 

sur tous les grands théâtres de l'ancien et du 

nouveau monde, quitte toute jeune, hélas la 

carrière artistique. 

Toutefois, comme M. et Mme Marcelo de 

Alvear habiteront Paris, il y aura des privi- 

légiés qui pourront être admis à l'entendre 

chanter dans son salon qui sera un des rendez- 

vous artistiques les plus recherchés. 

Jeudi dernier, a été célébré à Mayenne 

le mariage de M. Avril, lieutenant au 1300 ré- 

giment d'infanterie, avec Mlle Renée Michel, 

fille du colonel Michel, officier de la Légion 

d'honneur, commandant le 130' régiment d'in- 

fanterie. 

La bénédiction nuptiale a été donnée par 

Mgr Patri, chevalier de la Légion d'honneur. 

Un lunch après la cérémonie religieuse a 

réuni l'élite de la société de la région. 

DEUIL 

Nous apprenons la mort Du baron 

Arthur dt Moracin de Ramou\ens, décédé à 

Paris, 14 bis, avenue Bosquet, à l'âge de qua- 

tre-vingt-un ans. Les obsèques seront célé- 

brées mercredi prochain à Saint-Pierre du 

Gros-Caillou De M. Paul de Laprade, fils 

de M. Victor de Laprade et gendre de la 

comtesse de Saint-Laurent, décédé à l'âge de 

vingt-quatre ans; De Mme de Pompiry, 

décédée à Aulnay-sous-Bois, à l'âge de qua- 

rante-deux ans. Les obsèques seront célébrées 

aujourd'hui en l'église d'Aulnay; De la du- 

chesse de Sueca, décédée à Madrid. Elle était 

la sœur de la duchesse de Medîna-Sidonia et 

de la comtesse d'Ayamaus Du général 

de division espagnol Lope\ Pirto. 

PETIT CARNET 1 

Le rapport présenté à l'Assemblée géné- 

rale annuelle de la Compagnie d'Assurances 

Générales sur la Vie expose que le montant 

des Assurances souscrites en 1906 s'est élevé 

à 78,512,961 francs et qu'il a été constitué 

3,841,217 francs de Rentes Viagères. 

Les Assurances en cours s'élèvent à 877 mil- 

lions 591,749 fr. 66 et les Rentes Viagères à 

47,001,405 fr. 58 de rentes. 

Envoi gratuit des notices et tarifs sur de- 

mande adressée soit au Siège Social, à. Paris, 

87, rue de Richelieu, soit à l'un des représen- 

tants de la Cie dans les départements. P. G. 

A LONGCHAMP 

La journée d'hier, à Longchamp, avait bien 

plus l'air d'une réunion d'automne que d'une 

réunion de printemps. Les fourrures régnaient 

en souveraines et les longs manteaux dra- 

paient les charmantes silhouettes de nos élé- 

gantes. Les plumes les plus diverses pri- 

maient les fleurs sur les chapeaux. 

Reconnu au pesage et dans la tribune ré- 

servée 

S. A. la princesse Murat, en gris verdàtre, 

chapeau de grosse paille verte orné de guir- 

lande de blé vert; duchesse de Noailles, en 

crêpe de Chine noir et grand chapeau de tulle 

noir à longue amazone comtesse de Tanlay, en 

noir et blanc marquise de Clermont-Tonnerre, 

en vert, manteau gris, grand chapeau noir àplu- 

mes comtesse de La Riboisière, en gris bleuâ- 

tre à broderies soutachées, même manteau et 

grand chapeau de crin gris à plumes grises et 

roses bleues et roses; comtesse d'Hautpoul, en 

noir; princesse Ferdinand de Faucigny-Lucinge, 

en bleu, chapeau de paille blanche doublé noir 

garni de ruban noir et de bouquet de boules de 

neige en plumes blanches défrisées baronne 

Henri de Rothschild, en noir brodé, même man- 

teau, chapeau de paille à panache de plumes 

kaki d'où sortait une grande aigrette comtesse 

René de Samt-Perrier, en gris, même chapeau à 

plumes comtesse Carl,Costa de Beauregard, en 

noir et blanc, chapeau noir à plumes comtesse 

Gérard de Rohan-Chabot, en noir; comtesse de 

Massa, en noir, manteau et chapeau blancs 

princesse Gérard de Faucigny-Lucinge, en gris, 

chapeau de paille mauve et plumes; 

Marquise de Loys-Chanlieu, en drap aubergine, 

même manteau et. chapeau à plumes Mme Paul 

Hottinguer, en bleu, veste bordée noir sur cor- 

sage de dentelle blanche à petits nœuds de ve- 

lours mauve, chapeau de paille blanche garni de 

noir et de plumes noires et blanches; Mrs Kep- 

pel, on bleu, chapeau violet avec bouquet de 

violettes Mme Legrand née Fournès, en gris, 

chapeau violet; comtesse Xavier de La Roche- 

foucauld, en noir et chapeau noir à plumes blan- 

ches baronneE. de Barante, en rouge, chapeau 

noir; baronne de Beauvorger née Clary, en gris, 

chapeau noir; Mme Henri Hottinguer, en gris, 

chapeau à plumes; princesse Guy de Faucigny- 

Lucinge, en mousseline de soie noire sur trans- 

parent bleu, grand chapeau à plumes panachées 

bleues; comtesse Marc de Rostang, en gris-fer, 

chapeau kaki à plumes; marquise de Vaucou- 

leurs de Lanjamet, en noir et chapeau à guir- 

lande de roses; Mme Jacques Mirabaud, grand 

manteau de loutre et chapeau de paille à plume 

panachée grise; Mme Ephrussi-Rothschild, en 

noir, chapeau gris à plumes bleues et grises; 

baronne Edouard de Rothschild, en gris, grand 

manteau et chapeau violet à panache-aigrette- 

confetti violet; baronne Pierre de Langlade, en 

gris, chapeau vert; comtesse Guillaume de Dur- 

fort, en bleu, chapeau pervenche à gros nœud; 

comtesse de Lastours, en noir et blanc, chapeau 

vert; comtesse de La Forest-Divonne, en bleu- 

vert et chapeau vert; comtesse A. de Chevigné, 

eii noir; vicomtesse Foy. en taffetas changeant 

bleu, chapeau de paille bleu à bouquet de lilas 

lilas; comtesse de Bérulle, en gris, chapeau noi- 

sette à plumes; comtesse Jean TyskiewiCz, en 

noir et blanc; Mme de Errazuris, en bleu et cha- 

peau bleu à couronne de clochettes 

Mme Marcelin Singer, en bleu et toque avec 

aigrette Mrs Marshall, en gris et toque à plu- 

mes miss Marshall, en havane et toque à ai- 

grette comtesse Armand de Saint-Sauveur, en 

gris, chapeau noisette à plumes; comtesse de 

Gontaut-Biron, en noir Mme Henri Letellier, en 

bleu, chapeau bleu à bouquet de roses; com- 

tesse Jeanne de Noé, en zébré bleu-vert et cha- 

peau bleu à plumes vertes comtesse Suzanne 

de Tanlay, en gris, veste rouge, chapeau noir à 

plume défrisée grise et bleue; baronne Raoul de 

Précourt, en gris baronne Maurice de Croze, 

en gris et chapeau à plumes; marquise de Ga- 

nay, en noir, chapeau à plumes Mme E. Mar- 

tell, en gris comtesse Czaykowska, en auber- 

gine et chapeau à plumes Mme de Goncourt, 

en gris; Mlle de La Boutetière, en bleu et cha- 

peau bleu à aigrette verte Mme Stuyvesant, 

en vieux rose, manteau gris, chapeau gris à 

plumes; comtesse de Rocquigny, en noir; com- 

tesse de Ranchicourt, en gris et chapeau à plu- 

mes Mme Jansien, en noir, chapeau noir à nœud 

blanc; Mme André Fould, en gris; comtesse ae 

de Saint-Phalle, en noir; comtesse de Guébriant, 

en gris, chapeau à plumes Mrs Brooks, en noir 

et blanc; miss Inghram, en, gris-fer et chapeau 

gris à motif aigrette; baronne de L'Bspêe, en 

noir, chapeau bleu h plumés 

••.•; 

Kegina. 

MARIGNYVAROUVRIR 

Ne trouvez-vous pas que certains mots 

évoquent, rien qu'à les prononcer, tout 

un monde d'idées et de sensations char- 

mantes ? Il est sûr, en tout cas, que ces 

trois syllabes claires, vives et gaies, 

Marigny, suscitent devant nous la vision 

d'un Eden parisien, qu'elles veulent dire 

joie, élégance, plaisirs artistiques et raf- 

finés. Marigny on n'entend que cela 

depuis quelques jours. La réouverture 

de l'adorable théâtre que dirigent avec 

tant de bonheur et de maîtrise MM. Bor- 

ney et Desprez est, en effet, toute proche, 

et l'annonce de cet événement mondain 

tient en haleine toutes les curiosités et 

toutes les impatiences. 

Les noms, comme les livres, ont leur 

destinées. Celui de Marignyatoujours 

été lié à des images heureuses et sédui- 

santes. Il rappelle la plus exquise pé- 

riode du dix-huitième siècle, celle de la 

Pompadour. Le marquis de Marigny, 

frère de l'illustre dame,surintendant des 

bâtiments du Roi, présida aux destinées 

des jardins et bocages royaux et de la 

Manufacture de Sèvres, d'où sont sorties 

de si mignardes merveilles. C'est lui qui 

fut le précurseur des Haussmann et des 

Alphand en préparant, par le fameux 

guichet de Marigny, les futures splen- 

deurs des Champs-Elysées. 

Et, plus tard, sur la coquette petite 

scène des Folies-Marigny, triomphèrent, 

au siècle dernier, le glorieux Deburau et 

Céleste Mogador. 

Tel est le passé charmant que fait re- 

vivre ce nom de Marigny. Les directeurs 

de ce beau théâtre ont compris que no- 

blesse oblige. MM. Borney et Desprez, 

depuis qu'ils ont créé parmi les feuilla- 

ges et les fleurs des Champs-Elysées ce 

lieu d'enchantements unique à Paris, ont 

toujours cherché à faire oublier, d'année 

en année, leurs succès précédents par 

leurs triomphes nouveaux. Si le marquis 

de Marigny pouvait revenir au monde, 

il devrait confesser que les magnificences 

de son temps, ballets d'opéra et fêtes ga- 

lantes, sont éclipsées par les somptuosi- 

tés que déploient, pour l'émerveillement 

des Parisiens, les maîtres de céans. Ceux- 

ci se demandent par quelles prodigalités 

de décors et de costumes, quelles trou- 

vailles de mise en scène, quels groupe- 

ments de talents prestigieux, dans l'in- 

terprétation de leur nouveau programme, 

MM. Borney et Desprez arriveront cette 

fois encore à se surpasser. 

La saison qui va commencer à Mari- 

gny fait l'objet de toutes les conversa- 

tions sur le Boulevard égayé de prin- 

temps. 

MM. Borney et Desprez gardent en- 

core pour quelques jours leur secret. 

Mais, grâce à quelques bavardages, on a 

pu surprendre, de-ci de-là, des demi-ré- 

vélations. 

C'est ainsi que les admirateurs du ta- 

lent etde la grâce si personnelle qui triom- 

phent en Mme Tariol-Baugé se font dès 

maintenant une fête de la revoir cette 

année sur la scène où elle fut acclamée 

déjà. On dit que dans la. revue de MM, 

Jules Oudot, Briollet et Lebardu, Mlle 

Mornac sera une commère fine, délurée, 

exquise; que M. Sergius ajoutera à de, 

tels éléments de succès l'appoint de son 

Ferrari. 

comique irrésistible, et que ces deux ar- 

tistes feront tinter vif et clair dans le 

temple de la gaieté parisienue les gre- 

lots de la folie. 

Marignyî Une fois de plus ce motma- 

gique est synonyme de parisianisme, 

d'élégance et de modernité. Dans quel- 

ques jours, les girandoles électriques 

s'allumeront sous les ramures reverdies 

des Champs-Elysées; les équipages et 

les autos latest fashion, stopperont'de- 

vant le seuil fleuri du coquet théâtre 

pour laisser descendre les mondaines 

ennuagées de dentelles. On parle tou- 

jours de la poussée vers l'Ouest ce ne 

sera pas seulement une véritable ruée 

de nos plus jolies Parisiennes à l'assaut 

de ce charmant Marigny, dont MM. Bor- 

ney et Desprez ont su faire le Temple du 

Goût; moderne, comme on eût dit au dix- 

huitième siècle. 

Edmond Le Roy. 

L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 

DE 

L'UNION DU COMMERCE 

Hier, après midi, a eu lieu au Troca- 

déro l'assemblée générale de la « So- 

ciété philanthropique l'Union du com- 

merce 

». 

Voilà plus de quarante ans que l'Union 

du commerce existe. Elle est .devenue 

une des œuvres de mutualité les plus 

puissantes elle compte 25,000 sociétai- 

res et possède un capital de près de 4 mil- 

lions. 

Ces chiffres sont éloquents par eux- 

mêmes, et le président, M. Lambret, en 

les faisant connaître, montrait une légi- 

time fierté. Il 

Aux applaudissements de trois mille 

auditeurs la grande salle du Troca- 

déro était comble, -M. Lambret a rendu 

un magnifique hommage et bien mé- 

rité au Mécène de la mutualité, à M. 

Chauchard, dont la générosité ne se lasse 

point. Il « donne sans compter », sui- 

vant l'heureuse expression du président. 

C'est ainsi qu'il a déjà versé à la caisse 

de l'Union du commerce une véritable 

fortune 305,000 francs. Lorsque ce chif- 

fre fut prononcé, des bravos répétés 

éclatèrent de toutes parts. On cria 

« Vive Chauchard » Ce fut une véri- 

table ovation en l'honneur de ce grand 

bienfaiteur de l'humanité, toujours prêt 

à venir en aide aux œuvres de solidarité 

et de mutualité. 

A côté de M. Chauchard, il convient 

de citer les noms de M. Dufayel, qui a 

versé 24,000 francs; de M. Verbrugghe; 

.de M. Fillot, directeur du Bon Marché; 

de M. Weill, de MM. Lazard frères, de 

M. Labbey et de Mme veuve Halcwèle. 

Enfin, il faut mentionner un legs de 

'100,000 francs fait par M. Ducoureau, 

un ancien sociétaire de l'Union du com- 

merce. 

M. Viviani, ministre du travail, devait 

assister, comme président d'honneur, à 

l'assemblée générale de cette Société. Il 

s'est fait remplacer au dernier moment 

par M. Mascle, directeur de la mutualité. 

M.. Lambret .avait tenu à protester 

.contre «les utopies sociales et socialis- 

.,(es ». et « les discussions tumultueuses » 

auxquelles se livrent certains cénacles. 

M. Mascle s'est contenté de résumer 

l'œuvre des sociétés mutuelles et de faire 

réloge de la mutualité aux destinées de 

laquelle il préside en ce moment. La mu- 

tualité compte aujourd'hui quatre mil- 

lions de membres, et chaque jour en 

amène de nouveaux. C'est dans son dé- 

veloppement pacifique que s'édifiera le 

vaste programme de la prévoyance so- 

ciale. 

En passant, l'orateur a parlé de Wal- 

deck-Rousseau, du « grand homme d'Etat 

que la République a eu le malheur de 

perdre», et il -a terminé en remettant 

quelques récompenses de la part de M. 

le ministre de l'instruction publique. 

C'est ainsi que MM. Delmasse et Mu- 

nier, vice-présidents de l'œuvre, ont reçu 

les insignes d'officier de l'instruction pu- 

blique. 

Au nom du ministre du travail, une 

médaille d'argent a été décernée à M. 

Plin, membre du comité, et des men- 

tions honorables ont été accordées à MM. 

Guérin, Geoffroy, Benoît, Vautey, della 

Vedova et Nicolas. 

Un très beau concert a suivi l'assem- 

blée générale. Parmi les artistes qui 

.avaient prêté leur concours, citons Mlle 

Delvair, Mme Blanche Margerie et M. 

Nivette, de l'Opéra. 

Les mutualistes de l'Union du com- 

merce les ont applaudis avec enthou- 

siasme. 

LE 

CUIVRE 

ELECTROLYTIQUE 

POST-SCRIPTUWI 

Les deux articles que j'ai publiés ici 

même, le 6 mars et le 7 avril derniers, 

au sujet du traitement électrolytique des 

minerais de cuivre et des déchets de mé- 

taux par les procédés Lafontaine m'ont 

valu un grand nombre de demandes de 

renseignements auxquelles, à mon grand 

regret, il m'est impossible de répondre, 

et cela pour deux raisons la première, 

c'est qu'il me faudrait, on le conçoit, pour 

donner satisfaction à chacun de mes cor- 

respondants individuellement, des loi- 

sirs que je n'ai pas la seconde, c'est que 

les explications que sollicitent mes lec- 

teurs ne sont pas de ma compétence. Ils 

désirent en effet, pour la plupart, sa- 

voir l'avenir financier de cetteaffaire, les 

bénéfices que pourra donner la Société, 

etc., etc., toutes questions d'un ordre 

particulier qu'il ne m'appartient pas de 

traiter.. 

J'ai été très heureux de m'intéresser 

au côté scientifique et industriel de cette 

remarquable découverte, et je suis plus 

heureux encore d'avoir pu appeler sur 

elle l'attention de tous ceux qui me font 

l'honneur de me lire, car elle en vaut la 

peine; mais là se borne mon rôle et c'est 

dans la Presse financière seule qu'ils trou- 

veront les renseignements désirés. Tout 

ce qu'il m'est permis de faire, c'est de les 

renvoyer à une revue spéciale, le Patri- 

moine, dont les bureaux sont situés à 

Paris, 97, rue Montmartre, et qui vient 

de publier sur le sujet qui les occupe 

plusieurs articles des plus complets, des 

mieux documentés; elle doit, paraît-il, 

en publier d'autres les personnes qui 

s'intéressent aux procédés «Lafontaine» 

n'ont donc qu'à demander la collection 

de ces articles à la direction du Patri- 

moine; elle se fera,' j'en suis persuadé, 

un plaisir de la leur envoyer à titre pu- 

rement gracieux. Je prie mes aimables 

correspondants de ne pas m'en vouloir 

d'une discrétion toute naturelle; la revue 

que je leur signale les renseignera assu- 

rément beaucoup mieux que je ne sau- 

rais le faire moi-mème. G. L. 

A l'Etranger 

Service spécial du (Figaro" 

La Russie parlementaire 

Saint-Pétersbourg, 

28 avril. 

Le Tsar a répondu dans les termes sui- 

vants à la députation des paysans membres 

de la Donma qu'il a reçue hier 

a Transmettez à ceux qui vous ont en- 

voyés mes cordiaux remerciements et ceux 

de l'Impératrice pour vos expressions de 

loyauté et de fidélité qui sont les bases sur 

lesquelles reposent la stabilité et la force de 

notre Russie orthodoxe. 

« Soyez sans crainte et soyez assurés que 

je ferai tout mon possible et tout ce que je 

jugerai nécessaire pour améliorer votre, sort. 

J'espère y réussir avec votre coopération et la 

coopération de tous les députés fidèles à la 

patrie et à moi-même, qui sont actuellement 

membres de la Douma et qui y siégeront à 

l'avenir. 

» Je suis heureux de vous voir et de vous 

remercier pour 

votre désir de me voir et de 

voir l'impératrice. 

» Je suis heureux d'avoir eu l'occasion de 

vous montrer le Tsarevitch. 

» Transmettez à tous ceux qui vous onten- 

voyés mes remerciements pour les sentiments 

sincèrement russes que vous m'avez expri- 

més. » 


28 avril. 

Le Retch déclare qu'il est inexact que plu- 

sieurs ministres doivent donner leur démis- 

sion et être remplacés par des leaders des 

partis politiques. 

Après l'apparition, dans le journal officiel 

Rossia, d'un article flétrissant les agissements 

des adeptes de l'Union du peuple russe, et la 

confiscation, hier, du journal Roussko Zna- 

mia, organe de l'Union, celle-ci a reçu au- 

jourd'hui un nouveau coup la police a opéré, 

en effet, une perquisition dans une maison 

de consommation de thé, située place des 

Halles-Centrales et qui servait de principal 

foyer de propagande 

à l'Union et à son agi- 

tation parmi les gens du peuple. 

Les relations franco-allemandes 

Berlin, 28 avril. 

La Gazette de l'Allemagne du Nord se féli- 

cite de l'initiative prise par certains journaux 

français de se renseigner par des enquêtes di- 

rectes sur l'état de l'opinion en Allemagne et 

espère que l'on arrivera ainsi à dissiDer les 

préjugés qui existent de l'autre côté des Vos- 

ges à l'égard de l'Allemagne, car on constatera 

« combien est simple la formule à laquelle 

se ramène l'équation politique des relations 

franco-allemandes. 

» 

Le Berliner raj7e6JaM,discutant l'idée d'une 

convention arbitrale entre la France et l'Alle- 

magne 

écrit 

Si une semblable convention doit voir le jour,il 

faut que de part et d'autre on ait la ferme volonté 

de lui donner une signification également dans 

le domaine de la pratique. Dans ce but, il faut 

ouvrir une discussion approfondie qui ne se rap- 

portera pas qu'au Maroc, mais aussi à d'autres 

points sur lesquels il y a divergence 

de vues. 

Pour cette raison, seul un traité d'arbitrage ne 

p'eut précéder une action en vue d'une entente, 

mais doit la suivre. Mais ce serait" déjà un gain 

considérable, si, chez nous, comme en France, 

l'idée s'implantait que les deux peuples doivent 

nécessairement compter l'un sur 1 autre' et que 

la paix du monde dépend en grande partie de 

leur attitude réglée par voie de traité. Mais Pa- 

ris n'a pas été bâti en un jour et ce proverbe 

s'applique également aux relations franco-alle- 

mandes. 

La conférence de La Haye 

Rome, 28 avril. 

te Conseil des ministres a désigné comme 

délégués de l'Italie à la conférence de La Haye 

M. Fusinato, ancien ministre, le comte Tor- 

nielli, ambassadeur à Paris, et M. Pompili, 

sous-secrétaire d'Etat aux affaires étrangères. 

La crise belge 


M. de Trooz a encore reçu, hier soir, le gé- 

néral Cousebant d'Alkemade, ministre delà 

guerre 

dans le défunt cabinet. Le successeur 

du général, dans la nouvelle combinaison, 

sera désigné lundi. 

Rien ne se fera aujourd'hui pour le dénoue- 

ment de la crise M. de Trooz est à Louvain 

et les autres parlementaires observent, comme 

lui, le repos dominical. 

Les affaires marocaines 

Tanger, 28 avril. 

Si-Torrès a invité la douane de Tanger à 

laisser passer le matériel de télégraphie sans 

fil dont l'entrée était interdite depuis plu- 

sieurs semaines. 

Le 

représentant 

du Sultan a envoyé des 

instructions analogues aux douanes de Casa- 

blanca et Mogador. 

Finances macédoniennes 

Salonique, 

28 avril. 

La situation financière devient extrême- 

ment aiguë. Les fournisseurs des troupes, qui 

ne sont pas payés depuis plusieurs mois, ont 

notifié qu'ils suspendaient les livraisons. On 

craint que cette décision n'amène des dé- 

sordres militaires. 

Trois mois de traitement des fonctionnai- 

res sont également impayés. Heureusement, 

on a reçu la nouvelle que les grandes puis- 

sances ont signé l'augmentation de 3 0/0 des 

droits de douane pour combler le déficit des 

trois vilayets macédoniens, et dont la per- 

ception commencera dans deux mois. Cette 

acceptation permettra, croit-on, l'obtention 

d'un crédit pour les besoins urgents. 

M. L, 

Un ultimatum 

Mexico, 28 avril. 

Le gouvernement mexicain a demandé au 

Guatemala de lui livrer le général guatema- 

lien Lima pour qu'il rende compte devant les 

tribunaux mexicains du meurtre du général 

Barillas, ex-président du Guatemala, tué le 

7 courant sur le territoire du Mexique. 

Le Mexique menace le Guatemala, s'il ne 

fait pas droit à cette demande, de rompre les 

relations diplomatiques et concentre même 

des troupes sur la frontière, mais on ne croit 

pas à des complications sérieuses. 

Eruption du Stromboli 

Messine, 28 avril. 

Hier soir, vers dix heures, au Stromboli, 

une forte éruption s'est produite, accompa- 

gnée d'une sensible secousse qui a brisé des 

vitres et causé des dégâts dans la campagne. 

Le câble entre Lipari et Stromboli est in- 

terrompu partout les communications ne 

sont possibles que pendant la nuit au moyen 

de la télégraphie optique. 

Précoces désespérées 


28 avril. 

Deux élèves de l'Institut des demoiselles 

nobles de Smolna, à Saint-Pétersbourg, se 

sont jetées hier d'une fenêtre du troisième 

étage. Ces deux jeunes désespérées sont Mlle 

Nadège Kondaourow, âgée de douze ans, 

fille du général, et Mlle Olga Savinkow, âgée 

de quatorze 

ans. 

i> 

Avant de se suicider, Mlle Nadège Kon- 

daourow 

s'enveloppa la tête d'un drap, puis 

elle s'élança dans le vide elle tomba sur la 

balcon ,de l'étage inférieur et mourut 

peu 

après. Mlle Olga Savinkow se blessa legè- 

rement. 

Les journaux ayant simplement parlé 

d'une chute, le public crut tout d'abord qu'il 

s'agissait d'un accident, mais on apprit hier 

soir que cette chute, survenue à quatre heu- 

res du matin par 

la fenêtre du dortoir, était, 

ainsi qu'en faisait foi une lettre laissée par 

les désespérées et dans laquelle celles-ci an. 

nonçaient leur détermination, un suicide 

concerté. Les jeunes filles étaient, en effet, 

surexcitées par le régime sévère de l'Institut 

qui contrariait leurs caractères'indépendants 

et leurs idées libérales elles avaient rrrême 

été punies pour la lecture de broohures révo- 

lutionnaires. 

L'affaire Waddington 


Le réquisitoire de l'avocat général Servais, 

dansranaireWaddington-Balmaceda, conclut 

à l'homicide volontaire et prémédité, mais 

avec l'excuse légale de la provocation, ce qui 

tendrait à faire correctionnaliser le procés. 

On assure toutefois que la Chambre des mi- 

ses en accusation ne partage pas cette ma- 

nière de voir du Parquet, qu'on attribue à la 

crainte exagérée d'un acquittement par la 

jury. 

La Chambre statuera mercredi prochain. 

Il est probable qu'elle ordonnera le renvoi 

devant les Assises du Brabant, en session 

extraordinaire. Vah GELDER. 

COURTES DÉPÊCHES 

Le roi de Siam est arrivé à San-Remo, 

venant de Gênes. Il est accompagné de trois 

de ses fils et d'une nombreuse suite. Il a 

retrouvé à San-Remo cinq autres de ses 

enfants. 

Lecture a été donnée hier, dans la salle 

du Trône du Vatican, du décret de canonisa- 

tion du bienheureux Joseph Oriol, prêtre du 

diocèse de Barcelone. 

La cérémonie de l'imposition de la bar- 

rette cardinalice à l'archevêque de Burgos 

a eu lieu hier à la chapelle du palais royal 

de Madrid, en présence du Roi et de la fa- 

mille royale. 

M. d'Estournelles de Constant a invité 

cent membres du congrès de la Paix, qui 

vient de se réunir aux Etats-Unis, à se rendre 

en France en novembre prochain pour faire 

une manifestation en faveur de la concilia- 

tion internationale. 

On a fait, au large de Carthagène, aveo 

succès, des expériences d'explosions de tor- 

pilles fixes au moyen des ondes hertziennes. 

L'inventeur va étudier l'application de son 

système à la direction des sous-marins. 

La grève des boulangers de Saint-Pé- 

tersbourg est en voie d'apaisement. 

Le village de Henning, dans le Texas, 

a été détruit par une trombe de pluie et de 

grêle. Huit habitants ont été tués et on 

signale d'autres victimes dans les villages 

environnants. 

0 

Figaro à Londres 

(fcnlMspeclaldonotrebureaudaLondres,8,Newtoienlr»Str. t) 

LA RÉFORME DES LORDS 

Londres, 28 avril, 

L'Observer indique ce matin les grandes 

lignes d'un projet relatif aux mesures que 

veut prendre le gouvernement -«ontre- la 

Chambre des lordé, projet dont s'occuperait 

en ce moment le cabinet :un nombre suffi-* 

sant de membres libéraux du Conseil 

privé 

serait envoyé il la Chambre haute, de façon 

à assurer une majorité au gouvernement 

libéral; lors de la dissolution du Parlement, 

ces conseillers privés cesseraient de faire 

partie 

de la haute assemblée et, après les 

élections générales, le gouvernement libéral, 

s'il revenait au pouvoir, renverrait à la 

Chambre des lords, pour la durée du nouveau 

Parlement, lesdits conseillers privés; le gou- 

vernement conservateur, en cas de succès, 

n'aurait qu'à laisser les choses telles quelles, 

le maintien du système héréditaire lui assu- 

rant la majorité aux Lords. 

Ce projet sera-t-il soumis aux Communes ? 

Hier soir, parlant à Halifax, M. Birrell a a de 

nouveau déclaré que le 

projet de loi sur ce 

sujet brûlant serait d'ici peu présenté au 

Parlement. Mais qu'arrivera-t-il si, comme 

il est certain, les lords rejettent ce bill dirigé 

contre leurs prérogatives les plus sacrées ?2 

Le gouvernement se risquera-t-il à faire 

appel au pays? Aurons-nous avant longtemps 

des élections générales? Cela parait douteux. 

J. COUDURIER. 

LES PREMIERS MINISTRES COLONIAUX 

Londres, 28 avril, 

Les Premiers coloniaux sont des person- 

nages officiels infiniment discrets aussi 

sont-ils désolés de tout ce que la presse veut 

leur faire dire. Depuis deux jours, les dé- 

mentis se succèdent et se ressemblent. Hier, 

M. Deakin démentait une interview publiée 

par un journal parisien et les propos qu'on 

lui prêtait sur les fonctionnaires du Co- 

lonial Office..Aujourd'hui, dit VObserver, 

le général Botha donne un démenti formel 

aux déclarations d'un journal de Liverpool, 

reproduites par toute la presse anglaise, au 

sujet d'un accord avec les financiers du.Rand 

concernant les conditions d'un emprunt tra.Qé- 

vaalien. 

Les Premiers coloniaux font presque leurs 

préparatifs de départ. Le 11 mai, le général 

Botha s'embarquera pour l'Afrique du Sud 

le 18 mai, peut-être avant, partiront MM. Ja,- 

meson et Moor. 

Samedi prochain, les Premiers iront lun- 

cher à Manchester et recevront la bourgeoisie 

honoraire de la grande cité marchande.. 

Amérique latinçj 

DANS L'ARGENTINE 

Buenos-Aires, 2{5avril, 

La présidence de la Chambre des députés.– 

Les fractions politiques do la Chambre des 

députés se trouvent en désaccord au sujet de 

l'élection du président. 

Par suite, il est diffi- 

cile de prévoir lequel sera élu des candidats 

M. Emilio Mitre, qui représente lo parti do 

la coalition M. Ortiz Rozas, qui milite dans 

celui d'Ugarte, et M. Carbo, qui figure dans 

celui du général Roca. Toutefois, on peut 

dire que les probabilités penchent en faveur 

de M. Carbo. 

Banquet. Un grand^banquet vient d'être 

offert à l'ingénieur, M. Emilio Roseti, qui se 

trouve en ce moment de passage à Buenos- 

Aires. M. Emilio Roseti est l'un dos premiers 

professeurs qui se rendirent en Argentine il 

y a quarante ans. Le 4 mai il retournera en 

Europe. 

La grève des dockers. La grève des doc- 

kers du port de Buenos-Aires est dénués 

d'importance. ;j 

LETTRE DE L'URUGUAY 

Montevideo,' 3 avril. v 

Les progrès de V Uruguay. L'activité com- 

merciale, inaugurée dans la première quiq- 

zaine de février, s'est accentuee d'une façon 

progressive. Une certaine franchise préside 

maintenant à ce mouvement, laquelle se tra- 

duit, dans les affaires, par 

une véritable 

ampleur. La cause 

principale 

du resserre- 

ment des quatre mois derniers n'agit plus. 

La situation du marché monétaire s est no-»

tablement améliorée, en favorisant les transactions 

commerciales, dans des conditions 

qui font espérer la 

pseait à la réaction. 

fin de l'obstacle qui s'op- 

Les ventes de laines 

pour 

l'Allemagne 

et la 

France ont témoigné dune grande activité. 

On a placé quelque 4,000 ballots, grâce à quoi 

s'est allégé le stock qui alourdissait le marché, 

stock se chiffrant par 20,000 ballots évalués 

environ 30 millions de francs. 

Ai Le; délai dans l'expédi.tion de^textiles s'exi 

clique en ce sens que lés âccapareurs les 

avaient payés, au commencement "de la récolte, 

à des prix très élevés. Maintenant, 

pour l'écoulement, ils attendent de meilleures 

offres, ce qui arrivera conjointement avec la 

baisse des changes internationaux. Ils pourront 

alors rattraper les prix et les intérêts, 

en équilibrant de la sorte leurs opérations. 

Cela commence déjà à arriver. 

La place de 

vité des grands 

Montevideo a repris 

jours prospères. 

son acti- 

Les clients 

de la campagne affluent à la capitale 

en vue 

-desachats pour la prochaine saison d'hiver. 

La circulation monétaire est maintenant 

.plus abondante. L'importation de marchandises 

se poursuit activement, tellement que 

les droits d'entrée dépassent ceux perçus durant 

la même période de l'année passée. 

Eugenio Gardon. 

VIENT DE PARAITRE 

Les Eblouissements, c'est le titre du sensationnel 

volume de vers que la comtesse 

Mathieu de Noaiiles vient de publier et 

qui est le grand succès du jour en librai* 

rie. (Caïmann-Lévy, éditeurs.) 

Dotes paHementaîpes 

DE BI5T0UIUE, député 

' . Bézuehe, 26 avril. 

Concours apicole, fête patronale, Conseil 

général ÎToutes ces petites 

fêtes m'ont pris mon 

temps, mon argent et ravi mon éloquence. Le 

concours agricole me coûte cher. Pour ne pas 

voir diminuer ma popularité, je médaille sur 

tna cassette 

veaux au? 

particulière 

un 

charmes desquels 

tas de jeunes 

mon collègue 

Ruau reste insensible. La fête patronale 

une impasse délicate 4 Bézuçhe. On adore 

16 avril saint Fructueux, Je dois y 

est 

le 

aller de 

mon discours. je fus laïque et bienveillant à 



fois. J'ai, 

Bézuche 

obtenu 

m'a 

un 

fait 

grand succès. 

dire par 

Le doyen 

mon ami Lampeigne, 

le fabricant de cierges, qu'il me serait 

beaucoup -pardonné 

en raison de mon attitude. 

Je m'en réjouis. Il y a eu ce jour-là, 

après la cérémonie religieuse, une manifestation 

révolutionnaire. J'y ait fait une courte 

apparition avant que l'on déployât le drapeau 

rouge. J'ai crié: « Vive la République sociale 

> et puis j'ai dit que le soleil m'avait 

donné la migraine. Enfin, tout s'est bien passé 

et je suis content Au 


Conseil général, 

moi. 

nous avons eu quelque 

bruit. Nous avons un préfet aimable. Il s'appelle 

M. Mon 

Coignassier. C'est un violent 

collègue réactionnaire, M. 

tempéré. 

Dutilleul- 

Anthasse, a présenté un vœu 

le gouvernement reprenne les 

matiques avec le Saint-Siège. 

tendant 

relations 

M. le 

à ce que 

diplo- 

préfet a 

déclaré qu'il opposait la question préalable, 

parce que ce vœu était 

politique. J'ai proposé 

mon tour un vœu tendant à ce que le 

gouvernement ne reprenne jamais 

les relations 

diplomatiques avec le Saint-Siège. M. le 

préfet très courtoisement s'est incliné et sait 

sira M. Clemenceau de çe vœu. M. Dutilleul- 

•Anthasse 

imposé 

homme, 

homme 

nuances. 

a protesté. 

Mais la majorité lui a 

pilence. Mon collègue est un brave 

mais il n'est pas, comme moi, un 

politique. II n'a pas 

le sentiment des 

Il n'a pas le gens de l'opportunité. 

Nous ayons néanmoins tous dîné à la préfecture. 

Ce fut charmant. M, Dutilleul porta un 

toast, à la préfète qui remercia galamment en 

disant c On n'était pas plus 

courtois sous 

l'Empire! > 

Bistouille, 

député.. 


M. Clemenceau avait promis aux délégués 

du Syndicat des ouvriers limonadiers 

en grève d'insister auprès des patrons 

pour qu'ils reconnussent officielle- 

ment ce syndicat. Il avait en conséquence 

cpnyoqué, 

Cateîain, 

hjex., 

délégués 

matin 


iJVIjVL Murguëry et 

la Cliàrbore syndicale 

patronale. II les a reçus à onze 

heures et leur a demandé cette reconnaissance 

qui seule peut permettre l'arbitragetuelle. 

et, par suite, la fin de la crise ac- 

MM. Marguery et Catelain ont fait 

observer, comme ils l'avaient déjà fait 

une première fois; que les ouvriers 

avaient obtenu toutes les satisfactions 

matérielles et morales qu'ils réclamaient 

suppression 

daire, port 

des 


frais, repos 

la moustache, 

hebdoma- 

etc. Ils 

n'ont donc plus à se plaindre. Quant à 

la reconnaissance du Syndicat, c'est 

autre chose. La question a été jugée 

dans une réunion à laquelle assistaient 

deux cents patrons, et tous, sauf un qui 

est étranger, ont voté pour la négative. 

Quelque désir qu'ils aient d'une entente, 

MM- Marguery et Catelain ne peuvent 

donc aller à rencontre de la volonté formelle 

de leurs collègues. 

M. Clemenceau, tout en rendant hommage 

aux sentiments de conciliation 

dont sont animés MM. Marguery et Catelain,ments 

a exprimé 

ne fussent 

le regret que 

pas partagés 

ces senti- 

par les 

autres restaurateurs. Il a exprimé devant 

eux, comme il lavait fait devant les ouvriers, 

son étonnement que les patrons 

étant constitués en syndicat, refusassent 

le même droit à leur personnel. 

Nous nous permettrons de faire re- 

marquer ici que l'étonnement du président 

du Conseil vient de ce que laquestion 

a été déplacée depuis le commencement 

de la grève. La prétention des patrons, 

en effet, n'a jamais été d'opposer 

leur Chambre syndicale aux ouvriers pris 

isolément. Elle a toujours été de faire 

des contrats particuliers à chaque maison 

et conformes aux coutumes, à la gestion 

et aux exigences deGette maison. 

Les besoins. et le travail d'un établissement 

ressemblent 

du boulevard, 

en rien à 

par 

ceux 

exemple, 

d'un café 

ne 


Montmartre ou du quartier Latin. Les 

patrons veulent traiter directement avec 

leurs employés 

sauf les concessions 

générales accordées, comme un directeur 

d'administration ou d'usine quelconque 

avec le personnel qu'il recrute, et 

n'entendent pas plus mêler à ces traités 

leur Chambre syndicale que le Syndicat 

ouvrier. 

C'est uniquement la Confédération gé- 

nérale du travail qui, en autocrate, a 

inventé et veut imposer 

syndicat à syndicat, que 

ment les patrons au nom 

dividuelle. 

ces 

refusent 

de la 

traités de 

absolu- 

liberté in- 

Pendant que les délégués patronaux 

étaient reçus par M. Clemenceau, les gré- 

vistes tenaient, rue Grange-aux-Belles, à 

la Confédération générale 

du travail, un 

grand meeting en plein air, dans lequel, 

comme d'habitude, on a acclamé la grève 

à outrance. 

Mais on n'en attendait pas 

moins avec 

impatience le résultat de l'entrevue des 

patrons 

assuraient 

avec M. Clemenceau 

les orateurs, les 

qui devait, 

« matera. 

Quand, à trois heures, au restaurant de 

l'Hippodrome où avait lieu la seconde 

réunion de 

qui s'était 

consternée. 

la journée, 

passé, c'a 

on 

été 

a appris ce 

une fureur 

M. Marguery 

paradis, 

s'est écrié 

D'ici peu la grève 

lui! 

ne 

va 

le portera 

le citoyen 

se produire 

pas 

Prr 

LE FIGARO LUNDI 29 AVRIL 1907 

conversation. Ils ont là-bas de hautes tâches 

à remplir et qui ne peuvent manquer d'in- 

fluer sur leurs relations générales. 

Voyons maintenant les Nationaux-li- 

béraux. L'un d'eux, récemment, à Mag- 

debourg, qualifiait la France de «pro- 

vince britannique ». 

Le leader national-libéral, M. Semler, 

député de l'Ost-Frise et rapporteur du 

budget des colonies, déclare qu'à son 

avis la France « payera les frais » de 

toute alliance ou entente qu'elle contrac- 

terait sur le continent européen, tant que 

l'alliance ou l'entente ne se ferait pas 

avec l'Allemagne. 

Cette entente servirait les intérêts respec- 

tifs des deux pays, spécialement aux colonies; 

mais un accord limité aux questions colo- 

niales serait sans valeur pour nous. A un 

accord général, l'Allemagne n'a jamais été 

contraire, et vous vous rappelez, à cet égard, 

les efforts tentés par son Empereur. 

Tous les Allemands désirent que la paix 

soit garantie. Notre développement pacifique 

réclame des marchés d'exportation, des colo- 

nies'd'exploitation et de peuplement. 

A mon 

avis, la France n'est pas intéressée à contra- 

rier cette expansion pacifique, qui ne com- 

porte 

aucun déplacement des frontières. 

Toutefois, la paix est mise en péril par les 

tentatives qu'on a faitos pour isoler l'Alle- 

magne, pour l'envetopper d'alliances. Par là 

on accumule les matières explosives. C'est la 

politique anglaise d'aujourd'hui. 

De cette politique, ce n'est pas l'Angleterre 

qui affronterait, les risques, ou du moms elle 

se croit défendue par la mer. Mais elle n'en 

est pas moins l'élément grave de la situation, 

parce qu'on peut se demander si l'Allemagne 

ne sera pas. forcée1 de réagir sans attendre 

une attaque. 

Que l'Angleterre déclare la guerre à mon 

pays ou que la déclaration de guerre vienne 

de notre côté, la France devra se décider 

dans les vingt-quatre* heures et opter pour 

l'un ou l'autre des belligérants. La neutralité 

serait inconcevable. 

M. Semler n'a rien à dire contre l'al- 

liance franco-russe elle est, à ses yeux, 

« une garantie de paix » tandis que 

l'entente franco-anglaise 

« risque à cha- 

que instant de provoquer une guerre 

franco-allemande ». M. Semler conclut 

A mon grand regret, je considère les 

rapports de la France et de l'Allemagne 

comme en danger. 

Mais enfin, les Nationaux-libéraux 

ne sont qu'un groupe 

des opinions d'ou- 

tre-FUiin un pessimiste ne fait pas la 

tempête! 

Andtré Beaunier. 

LA SEULE CHOSE 

dont on ne doute plus 

La foi s'en va et' le doute règne en 

maître, voilà ce qui n'est que trop cer- 

tain. Mais il y a une chose, une vérité 

dont on ne doute plus, c'est que le plus 

avantageux des tailleurs parisiens, c'est 

Crémieux, 9, boulevard des Italiens. Il a 

fait ses preuves d'évidente supériorité 

en établissant, pour 55 francs, de mer- 

veilléux complets ou pardessus sur me- 

sure, qui valent certainement le triple 

chez les concurrents. Tout élégant qui 

veut-briller, tout en ménageant sa bour- 

se, sait désormais ce qui lui reste à faire. 

Pém&mJ ocxi* le jop*> 

- ' '-LA JOURNÉE 

••' 

Conseil des ministres A l'Elysée, sons la 

présidence de M. Falliàres. 

Obsèques M. Tancrède de Scitiyaux de 

Greische (dis heures, Saint -Philippe du 

Roule, où l'on se réunira). Service pour 

AI. le chanoine de Beuvron (neuf heures, 

Notre-Dame de Paris). 

Le Salon des Artistes français Inauguration 

à deux heures par M. le Président de la Ré- 

publique. Demain, vernissage. Après- 

demain, ouverture publique (Grand Palais). 

A ï&cadèmie des sciences Discussion, en 

comité secret, des titres des candidats au 

poste de secrétaire perpétuel, en remplace- 

ment de- M. Berthelot, décédé. Election 

d'un membre au fauteuil laissé vacant par la 

mort de M. Marcel Bertrand, section de mi- 

néralogie, 

En Sorbonne: Séance du Conseil de l'Uni- 

versité, sous la présidence 

de M. Liard (dix 

heures). 

Les rconcours Demi-bourses municipales 

et dépari«mentales d'internat etbourses d'ex- 

ti«-uai au collège Chaptal. 

Anniversaires Jour férié eu Portugal (fête 

«le la Constitution) et dans la 

république 


Silvadpr (anniversaire de la révolution de 

Gulieïrez, 1894). 

Conîimnces .:• M. J. de La Laurencie « Jac- 

ques II. une sépulture royale au quartier La- 

tin itrois heures, rue. du Luxembourg, 18). 

M. 'l'abbé Guibert «les Croyances religieu- 

ses et les Sciences de la nature» (cinq heures 

un quart, Institut catholique).-M. Henri de 

Noussanne « la Poésie patriotique fran-. 

«lise », avec auditions (deux heures et de- 

mie. 8't,. rue de Grenelle). Mlle Paule 

Bayle « l'Art de' parer sa demeure à travers 

les Ages » (dix heures du matin, musée du 

Louvre). M. Henry Ha ypm « les Femmes 

cl V Esprit d'association 

» (huit heures et de- 

mie du'soir, mairie du quinzième). 

Divers Dîner'de «'Faveur » (chez Julien). 

Dîner du « Terroir », sous la présidence 

de MM. Vincent d'Indy et François Fabié, en 

l'honneur de l'Auvergne et du massif Central 

(7;5, boulevard Montparnasse un concert de 

la « Schôla Cantorum » suivra). Séance 

de clôture des conférences de l'Union des 

femmes de France, avec concert (huit heures 

et demie du soir, 100, rue de Richelieu). 

INFORMATIONS 

L'Enfance abandonnée on coupable. 

La Société générale de protection pour l'en- 

fance abandonnée ou coupable a tenu hier sa 

réunion annuelle à l'hôtel des Sociétés sa- 

vantes, sous la présidence de M. Georges 

Bonjean, assisté de MM. l'amiral baron Du- 

perré, vice-président Louis Bonjean, secré- 

taire Marcel Cocteau, secrétaire-trésorier; 

Albinet, Arboux, A. Cocteau, Gamard, Flory, 

î^limmas et I. Roche, membres du Conseil 

d'administration. 

H ressort 

du rapport 

financier que les re- 

cigttes pour 

l'exercice 1906 se sont élevées à 

plus 

d un demi-million d& francs. 

Dans une improvisation pleine de bonne 

grâce et d'aimable simplicité, M. Louis Bon- 

juan a exposé les méthodes d'éducation qui 

permettent 

d'obtenir des cures morales mer- 

veilleuses avec les natures les plus réfrac- 

ta ires. D'intéressantes projections lumineuses 

ont été comme l'illustration de cette confé- 

rence et ont permis à l'assistance de se ren- 

dre compte de visu du fonctionnement des 

établissements où la Société fait élever ses 

pupilles 

et dont la plupart sont des fonda- 

tions personnelles 

de son président. 

L'œuvre des Conférenciers populaires. 

m- Demain mardi, aux galeries de la Cha- 

rité, rue Pierre-Charron, une vènte sera faite 

au profit de l'œuvre des Conférenciers popu- 

laires, créée en 1905 et qui déjà, à travers la 

France, a fait sentir l'efficacité de son action. 

Un orchestre de tsiganes et une séance de 

prestidigitation 

donneront un «attrait de plus 

a la vente. 

Omnibus. Camions. Dans le concours 

des véhicules industriels disputé dernière- 

ment en côte à Chères-Limonest, la première 

et la deuxième place dans la catégorie des 

poids lourds, sont revenues à la grande mar- 

que lyonnaise 

« Berliet qui a triomphé avec 

un omnibus de 18 places et un camion de 

9 tonnes. 

Avis intéressant. On apprendra avec 

intérêt que la Maison 

Gompers,T)ien 

connue 

de tout le public élégant, décidée à cesser les 

affaires, a résolu de vendre son stock de bi- 

joux avec des différences sensibles sur les 

prix marqués en chiffres connus. Les mai- 

sons de Paris (28, place Vendôme), de Monte- 

Carlo (square Beaumarchais), d'Aix-les-Bains 

(19, rue du Casino), sont à reprendre avec le 

stock. 

Le renouveau. En cette saison, il faut 

procéder 

au nettoyage intestinal un verre à 

bordeaux d'eau de Rubinat, source Llorach, et 

tout est dit. Exiger écusson rouge sur éti- 

quette jaune. 

Infaillibilité. Un volume suffirait à 

peine à énumérer les conséquences terribles 

de la chlorose que tout le monde connaît 

sous le nom de pâles 

couleurs. Le seul moyen 

radical et « infaillible » de combattre ce fléau 

est l'emploi de l'Elixir de Saint-Vincent-de- 

Paul, qui a donné des résultats inespérés 

dans les circonstances les plus critiques. 

Guinet, pharmacien, 1, rue Saulnier, Paris, et 

toutes pharmacies. 

d~ouvel%~~iarerses 

A PARIS 

L'ASSASSINAT DE BERTHE FOIX 

C'est bien un crime et, dès maintenant, 

comme nous le faisions pressentir hier après 

les dépositions que nous avions recueillies, 

l'hypothèse d'un suicide doit être écartée. 

Le rapport du docteur de Grissac est for- 

mel. En voici les conclusions 

i" La mort est due à un coup violent porté 

sur le derrière de la tête à l'aide d'un instru- 

ment contondant. La plaie est contuse le cuir 

chevelu a été décollé; le périoste est intéressé. 

Il n'y a point cependant de fracture de la boite 

cramenne. Ce coup a entraîné un évanouisse- 

ment prolongé et une hémorragie violente. La 

mort est survenue par syncope cardiaque. 

2» La plaie à section oblique se trouvant à 

l'avant-bras gaucho semble avoir été faite à 

l'aide d'un couteau, comme le prouvent les sec- 

tions également nettes de la peau, des tissus 

cellulaires et musculaires et des tendons. Pour 

cette blessure, il a été impossible à l'autopsie 

do pouvoir déterminer si elle a été faite ante ou 

post morlem. 

3° La région lombaire gauche porte une section 

de 28 centimètres de longueur, à hauteur de la 

crète iliaque, intéressant toutes les parties 

molles, dont les bords sont très nets et moins 

prononcés au contact de la colonne vertébralc, 

sur les cartilages de laquelle on remarque plu- 

sieurs incisions qu'on dirait faites à l'aide d une 

scie. Cette blessure, faite après la mort, n'a pas 

été occasionnée par une hélice. Une hélice eut 

broyé la colonne vertébrale. 

4° Les deux jambes sont sectionnées à la 

même distance, a 8 centimètres du rebord infé- 

rieur de la rotule.. La section est obliquo do haut 

en bas et de gaucho à droite. La section des 

muscles répond à la section de la peau. L'os de 

la jambe droite présente, outre un commence- 

ment d'incision, une fracture qui a déterminé le 

décollement du bas de la jambe. En outre, sur 

le tibia srauche, à la partie postérieure, sur la 

surface d'un centimètre carre, le périoste enlevé 

laisse voir, la substance osseuse entamée par des 

stries transversales, au nombre de trois, comme 

si, à trois reprises, 

on avait cherché à scier l'os 

en cet endroit. En tout cas, ces tentatives n'ont 

pu être faites qu'avec une scie ordinaire de 

petite dimension et non avec une scie de bou- 

cher. 

>• 

5° On ne retrouve aucune trace d'eau dans les 

poumons. ,j 

6" Les mains portent à leur partie externe des 

traces d'ecchymoses. 

7° La victime n'a pas été violentée. 

M. Mangin-Bocquet, juge d'instruction à 

Versailles, s'est rendu hier matin quai des 

Orfèvres où il a eu un assez long entretien 

avec M. Hamard. Les deux magistrats sont 

complètement 

d'accord et concluent à un 

crime. 

Les poumons 

ne renfermaient pas, en effet, 

la moindre trace d'eau. Aucun médecin ne 

peut se tromper dans une pareille constata- 

tion, qui établit que la mort de Berthe Foix 

est survenue avant l'immersion de la jeune 

fille dans la Seine. 

Autre détail caractéristique. La disparition 

de Berthe Foix remonte au 12 avril et le corps 

fut repêché le 25, après un intervalle de treize 

jours. Or, d'après l'expertise médicale, le 

cadavre n'a séjourné que sept à huit jours 

dans l'eau. 

Enfin, d'après l'examen qui a été fait de 

l'estomac de la victime, la digestion de son 

dernier repas était complètement achevée 

quand la mort est survenue. Or, Berthe Foix 

avait déjeuné.à à midi. ,On retrouve sa trace, 

rue des Mathurins, vers quatre heures et de- 

mie. Elle a donc, dû être assassinée peu de 

temps après. 

M. Mangin-Bocquet a donné pleins pou- 

voirs à M. Hamard pour diriger, les recher- 

ches. 

Etant donné que la victime ne portait, sur, 

elle ni argent, ni valeurs, le vol ne peut être 

le mobile du crime; étant donné que Berthe 

Foix n'a pas été violentée,. M. Hamard sup- 

pose que son agresseur a perdu la tête de- 

vant sa résistance et qu'inconsciemment il 

l'a tuée. En face du cadavre, l'assassin a 

voulu le faire disparaître il aura essayé pen- 

dant trois ou quatre jours de s'en débarras- 

ser, l'aura découpé malhabilement, négli- 

geant de le défigurer, et finalement l'aura 

jeté à la Ssine. 

UN VOLEUR DE BIJOUX 

Depuis quelque temps, de nombreux vols 

de bijoux étaient commis dans un établisse- 

ment de nuit de Montmartre. 

Une surveillance ayant été organisée, le 

voleur a été arrêté hier au moment où il en- 

levait une épingle de cravate à un éommer- 

çant. C'est un nommé Raoul Legrand, âgé de 

vingt-sept ans, originaire de Belgique et de- 

meurant dans un hôtel meublé du boulevard 

Rochèchouart. 

Legrand, qui se dit voyageur de commerce, 

a été envoyé au Dépôt. iii 

LES COIFFEURS AUGMENTENT LEURS PRIX 

L'Union intersyndicale des patrons coif- 

feurs de Paris vient de décider une augmen- 

tation générale des tarifs de coiffure. 

Cette augmentation est de 10 centimes par 

barbe et de 20 centimes par taille. Tout ser- 

vice supplémentaire, tel que coup de fer aux 

moustaches, taille de pointe, tour d'oreilles, 

sera payé désormais. 

Un «avis au public» qui va être affiché 

dans tous les salons de coiffure explique cette 

augmentation par « les revendications ou- 

vrières qui demandent la suppression du 

pourboire, et par des charges de plus en plus 

lourdes ». 


~ooo-- 

Mémento. A la suite de chagrins de fa- 

mille, un journalier, Emile Sesse, âgé de 

soixante ans, 49, rue de la Montagne-Sainte- 

Geneviève, s'est pendu hier dans sa chambre. 



UN DISCOURS DE M. PELLETAN 

«««%» Nice. Au banquet qui a terminé 

les travaux du congrès radical et radical- 

socialiste du Sud-Est, M. Camille Pelletan a 

prononcé un long discours sur la situation 

politique. 

L'ancien ministre reproche, d'abord à M. 

Clemenceau, « sur lequel on comptait pour 

réaliser l'idéal d'avoir « dévié dela route ». 

S'il n'est pas-collectiviste, M. Pelletan espère 

malgré tout que radicaux et collectivistes 

marcheront ensemble aux prochaines élec- 

tions, car il estime qu'il faut revenir à tout 

prix à la politique de M. Combes. Il apprécie 

ensuite brièvement la politique religieuse du 

gouvernement et résume sa pensée dans cette 

phrase lapidaire « On peut dire 

que 

le parti 

radical fut exposé dans tous les périls par M. 

Briand et sauvé de tous les périls par le 

Pape, 

par le cardinal Merry del Val. » 

En arrivant ensuite à la question brûlante 

des syndicats, l'orateur s'exprime ainsi 

Je n'approuve pas l'alliance des fonctionnaires 

avec la Confédération du travail aux doctrines 

abominables et follement inutiles qui abouti- 

raient à une folie avec la grève générale punir 

toute la société par une grève, c'est se placer 

sur un mauvais terrain. Il n'en est pas de même 

entre ouvriers et patrons; quand les ouvriers de 

marine flrent des menaces, je leur répondis que 

je les chasserais. 

M. Pelletan blâme ensuite la campagne ou- 

verte il le prétend, du moins, par le 

gouvernement contre les fonctionnaires. 

Il faut reconstituer les services publics, dit-il, 

renvoyer le moins possible de fonctionnaires, ne 

pas espionner les fonctionnaires qui sont libres 

après qu'ils ont fait leur devoir. Nous ne pou- 

vons pas être plus réactionnaires que l'Empire 

qui avait des fonctionnaires opposants comme 

Rochefort nous ne devons pas oublier que cette 

minorité de fonctionnaires est formée de pion- 

niers de la République. 

En résumé, on marche à droite; nous voulons 

qu'on marche à gauche. 

M. Pelletan a terminé sa harangue par un 

vibrant appel aux républicains en faveur de 

la politique du Bloc, de l'ancien bloc com- 

biste. 

EN L'HONNEUR DE Mérimée 

- A l'Opéra-Comique, à 8 h. 1/4, repré- 

sentation populaire à prix réduits, avec 

location Mignon (Mmes B. Lamare, A. Por- 

not, MM. Francell, Jean Périer, Guillamat). 

A l'Odéon, à 8 h, 1/2, les Goujons, la 

Française (Mmes Jeanne Rolly, Lély, MM. 


Aux Variétés, à 8 h. 40, la Revue dU( 


Max Dearly, Prince, Moricey; Mmes Ger- 


Berty, miss Lawler, Suzanne Derval, etc.), 

A 9 heures, « la Ville de Paris » à 10 heures, 

« le Palais de là Danse » à 11 heures, 

« Napoléon I", la Cour impériale et la Grande 

Armée ». 

A la Renaissance, à 8 h. 3/4, le Troaba- 

dour (Mlle Alice Nory); à 9 h. 1/4, 165e re- 

présentation du Voleur (Mmes Simone Le 

Bargy, Verneuil, MM. Lucien Guitry, Bu- 

guenet, Arquillière, Vincent). 

Au théâtre Réjane, à 8 h. 1/4, la Fille 

deJephté; à 9 h. 1/4, Paris- New -York (Minea 

Réjane, Daynes-Grassot, Blanche Toutain, 

Lantelme, Suzanne Avril, Marguerite Lavi- 

gne, MM. Tarride, Baron, André Brulé, Si- 

gnoret, Pierre Magnier, Noizeux, etc., etc.). 

A Cluny, à 9 h. 1/4, Bouffe-la-Route 

(Mmes Brell Ill'avelli, Barré, Franck-Mel, 

Hardy-Dorland, MM. Poncot, Draquin etc.). 

Aux Capucines, à 9 heures, pour les re- 

présentations de Mlle Marguerite Devàl et da 

M. Polin Son Petit Frère (Mlle Marguerite 

Deval, MM. Polin et Defreyn), Marcheuse 

(Mlles Marthe Ladini et Branghetti, MM. 

Coquet et Berthez), 

et le Porte-Cartes (Mlle 

Mérindol, M. Lucien Prad). 

-Au Grand-Guignol, à 9 heures, la petite 

Maison d'Àuleuïl, V Attaché, la Femme .aux 

deux profils, Perroquets perdus, Eng lis h. Màïd. 

A la Comédie-Royale, à 8 1/2, Flossie 


(M. Félix Galipaux), l'Epingle (Mlle Léonie 

Yahne, M. X), la Maison n'est pas au coin dtt 

Thé, revue (Mlle Arlette Dorgôre, M. Gali- 

paux, Mlle Valentine Petit, M. Tauffenberger. 

Le succès a été très vif de la matinée donnée 

hier de Faust, à l'Opéra, salle comblo et pu- 

blic ravi qui a fait fait fête aux interprètes 

Mlle Lindsay, excellente dans le rôle de Mar- 

guerite MM. Affre etDelmas, parfaits dans 

ceux de Faust et de Méphistophélès, Mlle 

Laute, M. Riddez, etc., etc. 

Ce soir, Mme Félia Litvinne et'M. Van 

Dyck chanteront Tristan et Isolde. 

Nous avons eu hier des nouvelles de Jif 

Alvarez. L'éminent artiste va aussi bien qua 

possible et il se pourrait qu'il pût chanter, 

samedi prochain, Lohengrin. 

Entre samedi et dimanche soir, les. Bouffons, 

lapiècede M. Miguel Zamacoïs, a réalisé une 

recette totale dépassant quinze mille francs,, 

au théâtre Sarah Bernhardt. C'est assez dire 

que le succès de cette belle œuvre, malgré 

cent représentations et plus, se maintient 

aussi éclatant. 

Aux Variétés 

La Revue du Centenaire vient encore de 

faire encaisser, entre les représentations de 

samedi et dimanche, 21,000 francs de recet- 

tes. 

C'est dire assez l'énorme succès de ce ma- 

gnifique spectacle qui attire tous les Pari- 

siens et les étrangers au théâtre des Variétés. 

La Revue du Centenaire restera, dans le sou- 

venir des Parisiens, comme une des plus 

luxueusement montées qu'on ait pu voir, avec 

ses finales merveilleux des « Rue de Paris », 

du « Palais de la Danse » et du « Retour de 

la Grande Armée », son interprétation qui ne 

compte que des étoiles et fait applaudir tour 

à tour MM. Brasseur, Guy,- Max Doariy, 

Prince, Simon, Moricey, Petit, Mmes Ger- 

maine Gallois, Polaire, Jeanne Saulier, Lisa 

Berty, Suzanne Derval, Laporte, Ginette," 

Spinelly, etc., etc. :. 

ii. 

Mme Réjane annonce pour jeudi, sa der- 

nière matinée d'abonnement. Le spectacle se 

composera de la Fille de Jéphté, avec Mlle 

Blanche Toutain en tète de la distribution; 

de l'Ingénue, de Meilhac et Halévy, avec 

MM. Signoret et Noizeux, Mlle Lut'zi; de 

l'Habit vert, la jolie comédie de Mussét et 

Augier, avec Mlle Lantelme, MM. Tarride, 

Brûlé, Michel, et de Lolotte, de Meilhac et 

Halévy, avec Mmes Réjane, Avril et M. Pierre 

Magnier.. 

Rappelons que ce soir et demain Paris- 

New-York sera représenté pour les deux der- 

nières fois. 

Jeudi prochain, 2 mai, aura lieu au théâ- 

tre du Gymnase la troisième matinée Sa- 

mary. Au programme, Zaïre, qui n'a pas 

été représentée depuis 

des années. M. Phi- 

lippe Garnier, de 1 Odéon, a bien voulu ap- 

porter le concours de son talent à cette nia- 

tinée.- Zaïre sera précédée d'une causerie 

anecdotique par M. Charles Esquier', de la 

Comédie-Française. 

. 

A la liste des brillants "interprètes qui se 

feront entendre au 24e «Samedi de Madame », 

le 4 mai (causerie de Mme Catulle Mendès), 

il faut ajouter le nom de l'admirable diseur 

de vers qu'est M. de Max. 

Au théâtre Antoine. 

Ce soir et demain, Timon d'Athènes, la 

belle pièce de M. Emile Fabre, une des plus 

belles créations de M. de Max et qui lui vaut 

sept,ou huit rappels après chaque acte. 

1 Après-demain, et toute la semaine t hh

£E FIG-ARO LUNDI 29 AV-RÎL 1907' 

Jhbouilleuèe, Mme Andrée Mègard, MM. Gé- 

mier et Janvier en tête de la distribution. 

îtflle Tr.ouh$,now3, la célèbre danseuse- 

étoile de l'Opéra de Monte-Carlo, exécutera 

la danse des « Sept voiles », dans la Salomé 

dff M. Richard Strauss. 

L'affluence du public à la Gai té pour en- 

tepdre ta Fille du tambour-major a décidé 

lai;- direction à donner jeudi prochain une 

nouvelle matinée de cette amusante opé- 

rette» -• 

• *.u 

L'Athénée affiche les dernières représenta- 

tions de: 5a Sœur. Il' est probable que la 

pièce nouvelle, le Cœur et te reste, passera 

jeudi soir en première représentation, à 

moins que le public ne réclame encore, pen- 

dant quelques jours, la charmante comédie 

de M. Tristan' Bernard. 

Mlle Suzanne Demay a perdu samedi, entre 

bîx heures et demie et sept heures du soir, au 

croisement des rues Réaumur et de Turbigo, 

un; chien de taille moyenne, plutôt petite, 

poils demi-longs jaunes, pattes blanches, la 

mâchoire inférieure proéminente. L'animal 

répond au nom de Dick; il n'avait pas de col- 

lier. • 

La charmante artiste promet une bonne 

récompense à la personne qui ramènera Dick 

chez- elle, 57, rue de Turbigo. 

Depuis hier, en face du théâtre des Capu- 

cines, a été placé un grand cadre conte- 

nant les photographies des principales scènes 

et des interprètes de Son Petit Frère, l'opé- 

rette de MM. André Barde et Charles Cuvil- 

lier,,qui fait salle comble tous les soirs. Ces 

photographies sent dues à M. Paul Boyer qui 

a obtenu de M. Peter Carin l'autorisation de 

placer également toute une collection des 

portraits de Marguerite Deval, Polin et H. 

Defreyn dans son exposition du boulevard 

des Capucines, presque à côté du théâtre. 

Après labelle. soirée que viennent de don- 

ner les' « Escholiers », de jeunes auteurs dé- 

sireraient faire représenter leurs pièces par 

cette société, mais ils ne savent où s'adres- 

ser. Ils n'ont qu'à faire parvenir leurs manus- 

crits au président, M. Maurice Froyez,25, 

avenue de Wagram.. 

lie sucéës des Cloches de Corneville, au 

Lyrique-Trianon, permet à M. Lagrange de 

préparer d'autres ouvrages demain et 

après-demain, le Barbier de Séville (avec 

MM.'Dutilloy, Gabriel, La Taste et Mlle Van 

Gelder); jeudi, première représentation (au 

Lyrique-Trianon) du Trouvère avec MM. 

Fontaine, îlossel, Lequien, Mlles Lise d'Ajac 

et Jane Morlet. 

Nous avons dit déjà que. Marseille aurait 

bientôtson théâtre de plein air. A l'occasion 

de la pose de la première pierre du théàtre, 

on donnera les 15 et 17 mai, à l'Opéra de 

cette ville, deux représentations d' Uypatie, 

drame antique, en vers, de M.Paul Barlatier. 

C'est Mme Lara, de la Comédie-Française, 

qui jouera le rôle d'Hypatie, M. Léon Se- 

gond, celui d'Apostolos. Les autres rôles se- 

ront tenus par MM. Henry-Perrin, de l'O- 

déon, Jean Froment, Person-Dumaine, 

Amyot, etc. On répète la pièce 

au Trocadéro, 

fort aimablement mis à la disposition des 

artistes par M. Dujardin-Beaumetz. 

'' l 

De Genève 

La soirée d'adieux de Mme Espinasse au 

Grand-Théâtre a été triomphale. La brillante 

cantatrice chantait Louise elle y a été plus 

applaudie et plus acclamée encore qu'en chan- 

tant les Huguenots, Sigurd, Salomé, Wer- 

ther, Paillasse, la Tosca, Zazà, Cavalleria 

rus^çffîia,Aî.cha1que,. acte, ,d,'in|eriBil>,a^les 

rappels et, au baisser du rideau, Une.^ longue 

ovation a été faite à Mme Espinasse, que 

M. Hugùet compte bien ravoir la saison pro- 

chaine, si, d'ici là, l'a nouvelle direction de 

l'Opéra à Paris ne l'a point engagée. 

De Berne r 

Un'tragique événement a attristé la der- 

nière représentation donnée de la Tosca. 

M. Grossmann, chef d'orchestre, était à son 

pupitre.A l'avant-dernier tableau, au moment 

où la Tosca frappe Scarpia de son poignard, 

on vit M. Grossmann se dresser brusquement 

sur son siège en poussant un grand cri et 

tomber à la renverse. Il était mort. 

Oji nous écrit de New-York 

que 

le célèbre 

baryton italien Ancona a terminé sa saison 

à New-York et qu'il s'est embarqué pour 

l'Europe après avoir signé un nouvel engage- 

ment avec le « Manhattan Opéra » pour 

l'année prochaine. 

Ancona a remporté en effet de si gros suc- 

cès à New- York que le public a exigé son 

réengagement. 

Il a chanté 

plus de cinquante 

fois dans quinze opéras differents, sans comp- 

ter les huit concerts classiques où il s'est ré- 

vélé un interprète hors de pair de la musique 

classique. 

Les habitués de nos five o'clock se souvien- 

nent d'ailleurs de cette admirable voix qu'ils 

curent la bonne fortune d'applaudir l'an der- 

nier l'une de nos séances. Nous espérons 

pouvoir bientôt leur offrir de nouveau ce 

régal artistique. 

Le New York Herald nous 

apprenait 

hier 

que le juge Arthur S. Tompkins, de la Cour 

suprême de New-York, vient de prononcer le 

divorce de Mme Story (Mlle Emma Eames), 

la célèbre' cantatrice, et de M. Julian Story. 

Aux termes de l'arrêt de la Cour, Mme 

Story pourra reprendre son nom de jeune 

fille et se remarier, si elle le désire. Quant à 

M. Story, il lui est fait défense de se remà- 

rier du vivant de celle qui fut sa femme. 

Serge Basset. 

SPECTACLES& CONCERTS 

d& soir 

Aux Folies-Bergère, Pretty Madge, fantai- 

sie en 6 tableaux de MM. Léon Gandillot 

et Joseph Leroux. Les Nébuleuses, les 5 Alex, 

les Tenji. Attractions diverses: Dans le 

jardin 

Stone et la « Moto infernale ». 

Â l'Olympia, la Revue merveilleuse, 25 

tableaux de MM. Ch. Quinel et H. Moreau. 

La commère Lina Ruby; le compère 

Leprince. 

Tous les jours, de 2 a. 1/2 à. 5 h. 1/2, ciné- 

matographe (entrée, 1 franc). 

A Parisiana, à 8 h. 1/2, les Colles de la 

femme,' fantaisie-vaudeville en 2 actes et 

5 tableaux de M. Eugène Joullot (MM. Paul 

Fugère, René Raoult; Mines Gabrielle Lange, 

Mary Perret, Elynett, etc.). 

A la Lune Rousse, 36, boulevard de Cli- 

chy, (direction Bonnaud-Blès), à 9 h. 1/2 

Chepfer. Bonnaud, Numa Blés, Lucy Pezet, 

le Calvaire, ombres lyriques, le Sacre de 

Clemenceau ler, ombres humoristiques, Pa- 

piers d'une once (revue). Téléphone 587.48. 

Le public nombreux qui se presse chaque 

soir au Moulin-Rouge ne menage pas ses 

bravos et ses applaudissements aux excel- 

lents interprètes de "la Lime', le mimodrame 

poignant de M. H. Ferrare et A. Fijan. La 

remarquable distribution de cette œuvre 

nouvelle lui assure une longue carrière, d'au- 

tant plus que la partie de concert qui la pré- 

cède comprend les Fleury, Carlos Avril, 

Anita Edis, Mimi Fritz, etc., qui tous assu- 

rent le succès des soirées si intéressantes du 

Moulin. 

C'est toujours $8, rue Pigalle, là revue de 

Fursy et Paul Marinier, qui détient le record- 

du succès à la Boîte à Fursy. L'emballement 

du public est d'une persistance et d'une con- 

tinuité sans précédent. On a refusé du 

monde vendredi, on en a refusé samedi, on 

en a refusé hier dimanche, le jour cependant 

le plus faible de la semaine; on en refuse 

presque tous les soirs Nous avons vu hier 

Fursy. Son visage, respire la joie et il se dé- 

clare enchanté de sa nouvelle pensionnaire, 

Anna Thibaud, et de sa nouvelle commère, 

Jane Bernal; il, y a de quoi, avouons-le! 

Le Cirque d'hiver a fait hier soirsa clôture 

I 

annuelle. Réouverture en septembre. j 

Ce soir, Salle Pleyel, à neuf heures, concert 

A. Z. Mathot audition d'oeuvres d'A. Ca- 

sella, Jean Huré, Inghelbrecht, Florent 

Schmitt, E. Vuillermoz, M. Ravel, E;-N. 

Poirson. 

Fêté, ovationné partout où il fait entendre 

ses œuvres charmeuses, le compositeur Gas- 

ton Lemaire, qui récolte en ce moment une 

ample moisson de succès avec son exquise 

valse lente, Amoureux murmure, vient d'é- 

crire, sur les motifs d'Andalucia, une mélo- 

die, l'Amour' se lamente (Ell amor llora, en 

espagnol), qui, habilement vocale, va hâter 

plus encore la célébrité de cette sérénade. De 

tous les pays, notamment d'Italie, de Belgi- 

que, d'Espagne, on écrit à l'éditeur A. Sporck 

(48, rue Cambon) pour avoir ces petits chefs- 

d'œuvre de grâce, de distinction signés Gas- 

ton Lemaire et qui s'appellent Amoureux 

murmure, Andalucia et l'Amour se lamente, 

Séances Ysaye-Pugno. -'Pour leur dixième 

saison, les .deux maitres Eugène Ysaye et 

Raoul Pugno vont faire entendre, à la salle 

Pleyel, le superbe programme suivant: Au 

premier concert, sonates dé Bach, Mozart et 

César Franck (mardi 7 mai, à quatre heures). 

Aux séances suivantes, vendredi 10 mai, 

neuf heures, lundi 13 mai, quatre heures, 

mercredi 15 mai, neuf heures. Audition in- 

tégrale des dix sonates pour piano et violon 

de Beethoven. Location à la Salle Pleyel, 

chez MM. Durand, Grus, éditeurs, et à l'ad- 

ministration de concerts A. Dandelot, de 

neuf heures à 6 heures. On a décidé d'ouvrir 

le Grand Salon de côté pour les deux concerts 

du soir (10 et 15 mai), au prix de 6 francs 

la place. 

Au moment où les syndicats font tant par- 

ler d'eux, saviez-vous que les « Artistes pres- 

tidigitateurs » possédaient une Association 

syndicale et un organe officiel le Journal de 

la Prestidigitation? 

Le journal en est même à sa troisième an- J 

née d'existence et traite, de façon fort inté- 

ressante, des choses professionnelles. 

Le numéro que j'ai sous les yeux parle des 

Tables tournantes, de la suppression de la 

Baguette, des Doubles fonds, des projections 

lumineuses,' 

etc. 

Mais que l'on y est chatouilleux sur le 

point de la concurrence! Un malheureux ma- 

gnétiseur s'y trouve traité de lugubre, cer- 

veau anquilosé (sic), peu intéressant person- 

nage, tourte, double plagiaire, ridicule, fu- 

miste, grippe-sous, enterrement de sixième 

classe, beau moineau, et autres aménités 

pharmaceutiques 

1 

Sapristi voilà un éreintement qui n'a pas 

été escamoté. 

Alfred Delilia. 

TRENTE 

MDETHEATRE 

ANDRÉ THEURIET AU THÉÂTRE 

M. André Theuriefc, qui, vient de mou- 

î-rir, .appartenait-il à Ja Société- des- Au- 

teurs dramatiques ? Je crois que non. Il 

faut, en effet, pour obtenir cet honneur, 

avoir fait plusieurs pièces de théâtre. Or, 

vous savez qu'André Theuriet, roman- 

cier éminent et successeur de Dumas à 

l'Académie française, n'aborda la scène 

que deux fois la première avec Jean- 

Marie, créé par Mme Sarah Bernhardt et 

M. Porel la seconde, avec Raymonde, 

que la Comédie-Française monta il y a 

exactement vingt ans. Comment André 

Theuriet n'avait-il pas été attiré vers le 

théâtre après le grand et mérité succès 

de Jean-Marie ? En ses jolies Impressions 

d'enfance il s'est chargé de répondre 

lui-même à la question. 

Devant le spectacle qui se montrait 

à sesyeux écarquillés d'enfant, les cho- 

ses surtout l'impressionnaient quant 

aux personnes, elles ne l'intéressaient 

aucunement les figures des gens qui 

l'entouraient lui apparaissent vagues et 

superficielles; il voyait, au contraire, 

très clairement, les châtaigneraies de la 

forêt et gardait dans l'oreille le bruit 

mat des marrons qui tombaient sur la 

mousse. 

Oui, me contait hier M. Victorien 

Sardou, elle est d'une rigoureuse exacti- 

tude, cette scène que mon ami Jules Cla- 

retie a esquissée d'un trait si pimpant et 

sialerte elle dépeint et découvre André 

Theuriet. Nous étions trois, lui, Mme 

Dumas et moi, en train de déjeuner sous 

les ombrages du parc de Marly. Nous 

entassions les anecdotes et nous nous 

appliquions à lui faire connaître Dumas. 

Et lui, le bon Theuriet, tout entier à ses 

rêveries, se souciant peu de nous écou- 

ter, contemplait la petite fleur qui, dis- 

crètement, émergeait au milieu des bran- 

ches. 

M. Sardou reprend alors la scène it 

l'ajuste, il la modernise; il place ses per- 

sonnages, il les déplace, il les replace 

tout y est, jusqu'au décor, et me voilà, 

moi, transporté à Marly, séduit par ces 

récits si pittoresques, si pleins de vie et 

de mouvement. Oui, je ne cesserai de 

vous le redire, ô mes jeunes et trop 

graves confrères, je ne sais rien de plus 

attrayant, de plus irrésistible, qu une 

leçon de théâtre donnée par cet étonnant 

magicien. George Sand, André Theu- 

riet, le roman, le théâtre, la synthèse du 

dramaturge, l'analyse du romancier, tous 

les sujets passent et défilent, supérieu- 

rement traités, puis, tout à coup, M. 

Sardou s'arrête il ouvre une parenthèse, 

il jette un souvenir et reprend sa course. 

On voudrait transcrire tout ce que'conte 

avec tant de sûreté, d'esprit et d'art, cet 

homme admirable, unique, qui s'amuse 

en même temps qu'il instruit les au- 

tres. 

Et puis, poursuit M. Sardou, il y a 

une comédienne qui pourrait vous ren- 

seigner sur Theuriet dramaturge. C'est 

notre amie Blanche Barretta, qui créa 

Raymonde. Une artiste qui a si parfaite- 

ment idéalisé George Sand devait être 

naturellement l'interprète d'André Theu- 

riet. Blanche Barrettal Daniel Rachat. 

Que de souvenirs 

Je suivis le conseil et j'allai inter- 

viewer fâcheux frapper à la porte de 

mes amis Worms. 

La charmante famille était à table. 

Pressé, essoufflé-, j'indiquai le but de 

ma visite. Le maître de la maison, scep- 

tique impénitent, sourit. J'étais, moi, 

plein de mon sujet. La brochure de 

'Raymonde, la dédicace, les répétitions, 

les historiettes, %je voulais tout savoir. 

L'écueiî, fît Mme Barretta-Wormsi 

c'est que Rai/monde n'a pas une longue 

histoire. Febvre monta la pièce et Le 

Bargy et Féraudy, alors nouveaux socié- 

taires, furent, avec lui et moi, chargés des 

principaux rôles. Rai/monde eut beau- 

coup de succès, le soir de la première 

elle en aurait eu plus encore si elle n'avait 

été donnée dans des conditions spéciales, 

au lendemain même de l'incendie de 

l'Opéra-Comique, Je ne connaissais André 

Theuriet que par ce que j'avais lu de lui 

et aussi par le bien qu'en disait Mme 

Sand. Lui, cela était visible, ignorait le 

théâtre et ses coulisses; ce que nous 

nommons, nous, le « plateau ». Vous vous 

souvenez du décor du second acte repré-, 

sentant « la campagne »? Là, André Theu- 

riet était heureux, foncièrement heureux; 

il revivait sa vie, il revoyait ses person- 

nages et le poète reprenait ses droits. 1 

Je ne pus alors m'empêcher de lui faire 

remarquer que Mme Sand comprenait 

le théâtre comme lui et l'aimait surtout 

pour les souvenirs qu'elle y retrouvait. 

Ce nom de « Madame Sand » (je vous 

l'ai expliqué à cette place) revient sans 

cesse sur les lèvres de sa fidèle filleule. 

On devine que Mme Barretta-Worms, 

parfaite et inoubliable interprète clas- 

sique de Rosine, d'Henriette, d'Angé- 

lique, et aussi de Victorine et de Caro- 

line de Saint-Geneix, vénère ce théâtre 

de rêve et de poésie, et qu'elle en 

comprend, mieux qu'une autre, la ten- 

dresse et la mélancolie, tout en sachant 

très bien que les personnages de « Ma- 

dame Sand sont, transportés sur la 

scène, meilleurs qu'ils ne sont dans la 

triste réalité. Worms, lui, écoute, ap- 

prouve ces théories sur le théâtre opti- 

miste, et le plus simplement du monde 

nous dit 

J'ai joué des centaines de rôles 

j'ai vu à l'avant-scène bien des auteurs. 

Ceux-ci veillaient eux-mêmes aux moin- 

dres détails d'exécution, ceux-là se fiaient 

à nous autres comédiens et nous lais-, 

saient faire. Eh bien! savez-vous celui 

qui m'a le plus profondément impres- 

sionné? C'est Renan, quand naïf, indul- 

gent, cordiâl, il assistait aux répétitions. 

de sa pièce. Elle ne comportait, vous 

vous le rappelez, qu'un acte. Je jouais, 

moi, Voltaire, et nos anciens, sur la de- 

mande expresse de l'administrateur gé- 

néral, avaienttenu à honneur de paraître 

et de figurer. Renan semblait, lui, tout 

joyeux de vivre sur une terre inconnue 

et de se promener au milieu d'un monde 

nouveau pour lui. Le spectacle était très 

particulieretvraimentgrand. Un homme 

de cette dimension, un géant tel que ce- 

lui-là, se mêlant à nous autres, pauvres 

amuseurs, ça ne se voyait tout de même 

pas tous les jours! Ilestproblablequ'à 

son tour Theuriet, installé sur le plateau 

de la Comédie, passa par les mêmes 

émotions 

N'est-ce pas que 'ce 

langage est celui 

d'un homme qui met au point là lunette 

théâtrale et ne se méprend ni sur la 

«dualité «du comédien ni sur les illu- 

sions et les mensonges de la scène.?. 

Mme Worms, revenant à Raymonde, 

me confiait que, quelques années après 

les représentations de la pièce à la Co- 

médie-Française, elle avait, à la Bodi- 

nière, accompagnée c'est le mot 

parAuguste Dorchain, conférencier, dé- 

bitéles poésies de Theurieh Lesuceè^ 

fut énorme on acclama le Loriot et 

A nia Payse, et, ce jour-là;' le « 'roman-' 

cier brave homme » connut les joies dtf; 

vrai triomphe. 

Il ne me restait plus qu'à demander à 

mon ami Auguste Dorchain quelques 

renseignements complémentaires. Voici 

la charmante lettre qu'il m'adresse 

Paris, 27 avril 1907. i 

Mon cher ami, 

Oui, j'aimais André Theuriet d'une affec- 

tion profonde; et si vous me demandiez de 

vous parler de celui qui fut, en prose et en 

vers, un si délicieux et si émouvant poète delà 

vie forestière et des intimités provinciales, 

j'en aurais long à vous dire. Mais, sur 

l'homme de théâtre, je ne saurais .vous ap- 

prendre grand'chose. 

Pourtant, il y a peu de semaines, lorsque' 

je me promenai pour la dernière fois avec 

lui dans les allées de son jardin, autour de 

la pelouse où il me faisait remarquer que 

quelques pieds de primevère, laissés dans le 

gazon, ne tarderaient pas à fleurir, c'est de 

théâtre que nous parlâmes, à propos d'un de 

ses romans qui me semblait contenir un 

sujet de drame. C'était son avis, il avait 1 

même un instant songé à en établir le scé- 

nario mais il avouait 

que la construction 

scénique et la mise en dialogue d'un sujet 

quelconque le sortaient 

trop de ses habitudes 

de travail. Et puis, il fallait voir des direc-1 

teurs, styler des comédiens, affronter le pu-; 

blic. On est si tranquillé, assis devant sa 

table, quand on écrit chaque jour, sans s'in- 

quiéter d'aucune réalisation matérielle, quel- 

ques pages d'un conte médité amoureuse- 

ment et auquel des lecteurs inconnus, dont 

on n'aura pas à scruter les visages, se plai- 

ront peut-être à leur tour 

Et nous ébauchâmes un vague projet, sur 

lequel nous devions revenir bientôt. Ce 

« bientôt » est devenu un « jamais ». Quelle 

mélancolie 

Malgré son peu de souci du théâtre, Theu-' 

riet restait très fior du succès inépuisable 

de Jean Marie, qui, depuis trente-huit années, 

était, avec le Passant, l'acte en vers le plus 

grand nombre de fois représenté, bien que, 

jusqu'à l'époque récente où il fut joué à la 

Comédie-Française, il n'eût fait partie du 

répertoire d'aucun théâtre. Les. droits d'au-" 

teur de ce poème, me disait-il, lui fournis- 

saient une rente très régulière et assez nota- 

ble. 

J'assistais à la première de Raymonde, cette 

délicieuse comédie qui ne réussit point au- 

tant qu'elle le méritait. Pourquoi la salle fut- 

elle si froide ou plutôt si distraite? C'est que. 

l'incendie de l'Opéra-Comique datait de la 

semaine précédente; qu'aucune première n'a- 

vait été donnée depuis qu'on n'était point 

entré sans appréhension au Théâtre-Français 

et que, de l'orchestre aux dernières galeries, 

on ne songeait qu'à la catastrophe récente.et 

au danger possible. Tout le long de la pièce, 

on regarda le lustre, on chercha des yeux les 

portes. Ce fut une impression très particu- 

lière et qui m'est restée. 

Mme Barrëtta- Worms aura, certainement,* 

des souvenirs beaucoup plus précieux à vous 

raconter. Dans le rôle de Raymond», elle fut 

exquise. D'ailleurs n'était-elle pas l'incarna- 

tion, non seulement de ce rôle, mais de la 

Muse même d'André Theuriet, toute sincère 

et naturelle,.à la fois honnête et hardie, sé- 

rieuse et souriante, pleine de santé morale 

et pleine de grâce, une Muse .toute fran- 

çaise ? 

Voilà, mon cher ami, ce que je me rap- 

pelle dans la tristesse où je reste à la pensée 

du bon et charmant maître disparu. 

De cœur, votre 

Auguste Dorchain. 

Il n'y,a rien à ajouter à ces lignes tôu- 

tes pleines d'une exquise tendresse et 

d'une filiale admiration. M. Victorien 

Sardou qui fut le parrain de Theuriet, 

Mme Barretta-Worms qui fut son inter- 

prète, M. Auguste Dorchain qui fut son" 

disciple et son ami, ont bien voulu m'of- 

frir leurs précieux témoignages. Un seùl 

manque, celui de Frédéric Febvre, le 

metteur en scène de Raymonde. Mais 

je compte bien que dès son retour de 

Sicile, notre ami rassemblera ses sou- 

venirs sur André Theuriet dramaturge. 

Adrien Bernheim. 

La Oie aa£ Ghaçpps 

..ooa. 

La syndicalisation des chasses 

Un nouveau projet de loi sur la chasse 

vient d'être déposé à la Chambre. Quel- 

ques députés de l'extrême gauche, esti- 

mant sans doute que la chasse se meurt 

en France, proposent dela tuer tout à 

fait. Le remède est radical il consiste- 

rait à permettre à tous de chasser en 

tout temps et en tous lieux. 

Nous sommes loin, on le voit, de l'idée 

de communalisation des chasses mise en 

4vant par M. Mougeot, ancien ministre 

de l'agriculture. 

Le Figaro a fait, il y a quelque temps, 

une enquête fort intéressante sur cette 

question de communalisation. Parmi les 

lecteurs consultés, les uns se montrèrent 

partisans passionnés de ce système, les 

autres s'en révélèrent détracteurs con- 

vaincus. Beaucoup ignoraient vraisem- 

blablement ce que signifie le mot de 

« communalisation ». 

La communalisation, dans son sens 

absolu, c'est la mise en commun, par 

tous les propriétaires, de leur droit de 

chasse, et le versement du produit de la 

location, par adjudication, de ce droit 

dans la caisse communale. 

Cette communalisation peut être ou 

obligatoire ou facultative. En fait, elle 

n'est appliquée, sous cette forme, d'une. 

façon obligatoire dans aucun pays. Mais 

en Allemagne et en Autriche, les terres 

d'une contenance inférieure à un cer- 

tain nombre d'hectares sont communa- 

lisées suivant des règles particulières, 

variant quelquefois avec chaque pro- 

vince. Il serait trop long d'examiner ici 

toutes les modalités de la communali- 

-satiôn germanique. 

c Disons seulement que la communali- 

sation, telle que la conseillaient les pre- 

miers communalistes français, procédait 

du système appliqué dans le Grand- 

duché de Bade et en Alsace-Lorraine, et 

qui consiste à mettre en adjudication, 

au profit d'une collectivité, le droit de 

chasse sur toutes les parcelles de terrain 

dont la superficie n'atteint pas un nom- 

bre d'hectares déterminé. 

Les résultats obtenus par ce moyen à 

l'étranger ont été excellents en Alle- 

magne et en Autriche, l'exploitation ra- 

tionnelle du gibier est maintenant la 

source de revenus considérables. 

M. Mougeot s'était donc proposé de 

créer en France un courant d'opinion 

favorable à une communalisation calquée 

sur le système allemand, mais, estimant 

avec quelque raison que nos mœurs 

« démocratiques» ne s'accommoderaient 

point d'une communalisation obligatoire, 

il s'était borné à recommander l'essai, 

sur nôtre territoire, d'une communalisa- 

tion facultative. 

Il avait peut-être rêvé mieux et en- 

trevu dans l'avenir la possibilité pour 

l'Etat de monopoliser 

le droit de chasse 

ainsi "'pensèrent du moins un certain 

nombre d'opposants .'q ui virent dans'' 

l'essai tenté/ un acheminement vers une 

atteinte directe au droit de propriété et 

menèrent une vigoureuse campagne 

contre la communalisation sous toutes 

ses formes. 

La question resta quelque temps en 

suspens. L'approche du Congrès de la 

chasse ralluma un instant les polémi- 

ques, qu'éteignit aussitôt la première 

réunion de la' section du comité d'orga- 

nisation du Congrès, dont je fais partie, 

et qui est chargée plus spécialement de 

l'étude et de la présentation, aux congres- 

sistes futurs, du système d'association 

de propriétaires le plus pratique à pré- 

coniser pour l'amélioration de la situa- 

tion cynégétique en France. 

La campagne des adversaires de la 

..communalisation avait porté ses fruits; 

le siègedes membres de la commission 

était fait. Leur première déclaration 

consacra ce principe que le droit de 

chasse est inhérent audroit de propriété. 

C'était la condamnation de l'idée de com- 

munalisation. C'est alors que l'éminent 

conseiller d'Etat, président de la section, 

M. Hébrard de Villeneuve, prit possession 

du terrain ainsi déblayé et sut, avec son 

autorité, en tirer un parti merveilleux 

,tant pour l'exposition des moyens de 

groupement offerts aux propriétaires par 

notre législation actueile que pour l'édi- 

"fication d'un système plus rationnel d'as- 

sociation de propriétaires rurauxen vue 

de l'exploitation de leurs terrains de 

chasse. 

A l'heure présente, les propriétaires 

ont simplement le droit de se grouper 

librement en société pour exploiter en 

commun le droit de chasse, soit pour 

exercer eux-mêmes ce droit, soit pour le 

mettre en location, soit pour repeupler 

leur territoire. Les associations civiles 

ainsi constituées conformément aux arti- 

cles 1832 et suivants du Code civil sont 

soumises à des formalités gênantes et à 

des restrictions multiples. Les chasseurs, 

eux, ont le droit de s'associer par appli- 

cation de la loi du lor juillet 1901 et de 

faire agréer des gardes à titre anonyme, 

c'est-à-dire au nom de l'association. 

La commission a pensé qu'il serait bon, 

tout d'abord, de faire connaître aux 

propriétaires l'étendue de leurs droits 

actuels. Elle a donc émis le vœu que ce 

qui vientd'ètre exposé soit porté à la con- 

naissance 

des habitants de toutes les com- 

munes par voie de circulaires ministé- 

.rielles et même d'affiches administra- 

tives. Elle y a joint celui que les syndi- 

cats de chasseurs soient assimilés, dans 

la plus large mesure, aux syndicats de 

pêcheurs et que leur établissement et 

leur existence légale soient favorisés le 

plus possible par l'administration. 

La situation présente ainsi précisée, la 

commission a étudié les améliorations à 

y apporter. Sous la forme de second 

vœu, elle a déclaré repousser comme 

inapplicable au territoire français le 

principe de la communalisation forcée, 

c'est-à-dire l'obligation, telle qu'elle est 

imposée en Allemagne aux propriétaires 

fonciers, dela mise en commun du droit 

de chasse avec versement du produit de 

la location à lacommune. 

Ce 

principe 

de communalisation dû- 

ment écarte, on a discuté les moyens 

d'assurer aux propriétaires la possibilité 

d'exploiter leurs chasses. Les chasses ba- 

nales sont la cause primordiale de la dis- 

parition du gibier. La principale entrave 

apportée aux groupements de proprié- 

taires désirant tirer parti de ce gibier, 

qu'on peut considérer comme un pro-, 

duit du sol, réside dans l'opposition faite 

par quelques petits propriétaires, le plus 

souvent des braconniers, qui refusent 

d'entrer dans les associations projetées 

pour l'exploitation du droit de chasse. 

Or notre législation a prévu un cas ana- 

logue en matière agricole et la loi du 21 

juin 1865, modifiée par celle du 22 dé- 

cembre 1888, édicte que toutes les amé- 

liorations agricoles d'intérêt collectif peu- 

vent faire l'objet d'une association syn- 

dicale entre propriétaires intéressés. Ces 

propriétaires peuvent être réunis obliga- 

toirement en associations syndicales au- 

torisées, par arrêté préfectoral, sur la de- 

mande d'un ou de plusieurs d'entre eux, 

mais seulement en cas d'adhésion des 

trois quarts des intéressés représentant 

plus des deux tiers de la superficie et 

payant plus des deux tiers de l'impôt fon- 

cier afférent aux immeubles, ou des deux 

tiers des intéressés représentant plus 

des trois quarts de la superficie et payant 

plus des trois quarts de l'impôt foncier. 

La mauvaise volonté d'un seul ne peut 

donc entraver la formation de l'associa- 

tion dans laquelle il est forcé d'entrer, 

avec voix délibérative, s'il n'aime mieux 

délaisser sa terre moyennant indemnité. 

L'idée d'assimiler l'exploitation du 

droit de chasse à une amélioration agri- 

cole n'est pas nouvelle. Elle incombe à 

Waldeck-Rousseau qui l'avait déjà émise 

bien antérieurement à l'essai de commu- 

nalisation tenté par M. Mougeot. La 

commission du congrès a repris cette 

thèse et estimé qu'en effet l'exploitation 

du droit de chasse doit être considérée 

comme une amélioration agricole. Elle a 

donc émis le vœu que soient assimilées 

aux associations syndicales organisées 

par les lois de 1865 et de 1888 les asso- 

ciations formées par les propriétaires 

fonciers mettant en commun le droit de 

.chasse sur le territoire d'une commune; 

qu'en conséquence, des associations syn- 

dicales puissent être formées par eux, 

sous la condition de réunir la majorité 

exigée par la loi de 1888. 

Toutefois, a décidé la commission. 

devront être dispensés de faire obli- 

gatoirement partie de ces associations 

syndicales: 1° les propriétaires de ter- 

rains entièrement clos; 2° les proprié- 

taires de terrains réservés à des cultures 

spéciales, telles que cultures maraîchè- 

res, vignes, plantations de tabac, prés 

servant au séjour du bétail, plantations 

d'arbres forestiers et fruitiers de moins 

de dix ans, etc.; 3° les propriétaires d'é- 

tangs ou de prairies inondées renfermant 

une hutte pour la chasse au"gibier d'eau 

4° les propriétaires 

de terres d'un seul 

tenant, d'une contenance minimaà déter- 

miner et qui, à titre d'indication, a été 

fixée par ja commission à 20 hectares, 

chiffre qui pourrait encore être abaissé 

pour les bois. 

Ce qu'il convient bien de faire ressor- 

tir ici, c'est la différence qui existe entre 

le système des associations syndicales et 

celui de la communalisation obligatoire: 

la communalisation c'est la dépossession 

brutale du petit propriétaire, lequel se 

voit enlever sans recours son droit de 

chasse. Il n'a pas voix délibérative pour 

protester 

contre la mesure elle-même ou 

pour donner son avis sur le mode d'ex- 

ploitation du droit de chasse mis en 

commun, 

La syndicalisation 

le mot est du, 

comte Clary, au contraire, donne aux 

petits propriétaires la faculté de décider 

eux-mêmes si leur intérêt exige "la 

mise en association de leur droit de 

chasse; ils peuvent aussi donner leur 

avis sur la façon dont ce droit pourra 

être exploité. 

Et si un récalcitrant, dans un intérêt 

particulier, s'oppose à des mesures 

d'intérêt général, on applique à son droit 

de chasse, simplement immatériel, le 

principe de l'expropriation pour cause 

d'utilité publique, adopté par notre légis- 

lation pour les droits matériels sur les 

immeubles eux-mêmes, moyennant une 

juste 

indemnité. 

Les syndicats sont à la mode en ce 

moment. Ils semblent appelés à présider 

à nos destinées, bonnes ou mauvaises. 

Depuis quelque temps, les propriétaires 

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Nous nous sommes rendus à Longchamp 

par un froid glacial.et par un temps qui s'an- 

nonçait détestable. Fort heureusement, tout 

s'est arrangé au cours de 1 après-midi, le so- 

leil a fait son apparition vers le milieu de la 

réunion et nous avons 

pu suivre sans trop de 

contrariétés les péripéties du sport. 

Celte journée de Longchamp a été marquée 

par un nouvel accès de la fureur policiere. 

Les parieurs ont été traqués comme aux 

plus mauvais jours de leur histoire. Dame 

le procès 

de M. de M. va venir cette se- 

maine, et l'accusation a une telle peur de 

voir sa proie lui échapper qu'elle ne néglige 

rien pour obtenir une condamnation sur le 

bien fondé de laquelle elle ne se fait pas 

d'illusion. Jamais affaire n'aura été accom- 

pagnée d'une pression plus farouche. Ah 1 si 

la Sûreté mettait à poursuivre les bandits le 

zèle qu'elle déploie pour ennuyer les hon- 

nêtes gens, Paris serait bien gardé. 

Du moins la rage des argousins nous a 

valu quelques incidents joyeux et l'inter- 

mède du député-donneur a été très apprécié. 

Le 

sympathique représentant de la Charente 

offrait d'ouvnr un livre. « A combien de 

bouteilles de cognac me donnez-vous Ris 

Orangis?» a demandé un preneur fantai- 

siste. L'avenir est peut-être aux paris en na- 

ture il y aurait là une source précieuse de 

débouchés pour les produits de notre sol. On 

parierait des pommes de terre ou des hari- 

cots. N'avons-nous pas déjà le règlement en 

lapins 

Le programme de ce dimanche de Long- 

champ était très chargé et le sport 

a été inté- 

ressant. Le prix du Cadran a été disputé par 

un lot de médiocrités, mais ces comparses se 

sont évertués de leur mieux à se faire ap- 

plaudir. luder, le seul animal d'un peu de 

classe de la course, eut pu gagner son joc- 

key ayant voulu couper au plus court, sur ce 

plus court a rencontre un poteau, fichue ren- 

contre où la chance du cheval est restée. Ris 

Orangis a remporté la victoire sur Narvaez 

et Saint Léonard dans une lin de course arra- 

chée. Le cheval de M. Veil-Picard est rentré 

sur trois jambes. L'honneur de voir son nom 

aux côtés de ceux d'Omnium, de Chamber- 

tin, du Roi Soleil, de La Camargo, de Gou- 

vernant, est une bonne fortune sur laquelle 

ruraux, les agriculteurs opt reconnu 

leurs avantages. Les syndicats agricoles 

sont en pleine prospérité. Il serait à .dé»' 

sirerque le projet de fonder des syndic 

cats en'vue de l'amélioration- de la chasse, 

source de richesse agricole, rencontrât 

auprès des populations rurales;un accueil: 

favorable. 

II est bon de constater, toutefois, que 

dans ces temps troublés, quelques hom- 

mes d'ordre croient encore, à l'améliora- 

tion possible de la situation cynégétique: 

en France. Malheureusement, le Congrès 

n'émettra que des vœux; la Chambre,: 

saisie de la demande, des députés qui 

veulent que la chasse soit libre entout 

temps, pour tous et partout, devra, elle, 

statuer sur un projet de loi. Souhaitons 

gue les préoccupations électorales, qui 

président trop souvent à l'adoption des 

résolutions soumises à cette assemblée, 

dictent cette fois leur devoir aux repré-J 

sentants du peuple L'intérêt de leurs-' 

électeurs leur, commande, ainsi que le; 

faisait dernièrement remarquer avec tant" 

d'à-propos M. Gaston Calmette,. d'orga- 

niser la résistance des braves gens con- 

tre. les autres. 

Louis Ternier. 

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actifs de la 

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DE LA JAMAÏQUE 

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Ris Orangis ne devait pas compter, Jmôme 

au prix d'une jambe. 

Le prix Noailles nous a donné une nouvelle 

preuve de la médiocrité de la génération. 

Deux pouliches ont fini en tête, battant net- 

tement les mâles. La Serqueuse a gagné dans 

un canter. Voilà la jument du comte de 

Moltke-Hwitfeldt devenue la favorite indiquée 

du prix de Diane. Son caractère incertain et 

son peu d'aptitude à'aller sur le terrain dur 

seront deux facteurs avec lesquels ses parti- 

sans auront cependant à compter. 

Bigoun et Cora ont montré une écrasante 

supériorité sur les lots respectifs qu'ils ont 

battus. 

Le handicap, qui clôturait la journée, a été 

un triomphe pour le handicapeur.A l'exception 

de Chamant, tous les concurrents sont re.stés 

groupés jusqu'au dernier tournant, et les trois' 

premiers, Clyta, Red foie et Rcots, ont, sui- 

vant l'expression consacrée, fini dans un 

mouchoir. 

Prix de Monlretoul (4,000 fr., 1,600 m.). 

1, Primar, à M. Marghiloman (Cormack) 

2, Kimolo, à M. H. Ddlamarre (J. Reiif); 

3, Ro-sy Letty, au comte Le Marois (OConnor) 

(1 longueur 1/2, tâte). 

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Cocktail, Amour Libre, Mosquito, Emperor, 

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cés Primar, 23 fr.; Kimolo, 25 fr. 50 Rosy 

Letty,. 49 fr. 

Prix de Sèvres (5,000 fr., 1,800 m.). 

1, Bigoun, à M. Michel' Ephrussi (O'Cohnorj; 

2, Grenat II, à M..1. Lieux (Ch. CliiUs) 

3, Dihor, à M. Marghiloman (F. Hardy) 

(3/4 de longueur, 2 longueurs). "> 

Non. placés Idaho, Parnes, Interlaken, 

Epi d'Or, L'Inconnu, Reître. 


cés Bigoun,.18 fr.j Grenat II, 25 fr. 50 

Dihor, 15 fr. 

Prix du Cadran (30,000 fr., 4,200 mèt.).- 

1, Ris Orangis, à M. E. Veil-Picard (Cor- 

mack) 2, Narvaez, au comte H. de Pourta- 

lés (O'Connor); 3, Saint Léonard, au prince 

Murât (li. Stern) (Tête, encolure). 

Non placés Eider, Beppo, Premier Pas II, 

Rameau Fleuri, Lucifer. 


cés Ris Orangis, 17 fr. 50; Narvaez, 22 fr. 

Saint Léonard, 16 fr. 

Prix Noailles (30,000 fr., 2,400 m.) 1, La

£S- FIGARO •– LUNDI29 AVRIL 1907 

Serqueuse, 

au comte de Moltke (O'Gonnor) 

2, Ail Mine,- à M. Jean Joubert (F. Hardy); 

3, Brasero, \au duc de Gramont (A. Carter) 

(2 longueurs, 

1 longueur). 

Non placés Ben, Morning Call, Le Con- 

nétable II, Ar&a, Canada, Olive. 

Pari mutuel à 10 fr. Gagnant 92 fr. Pla- 

cés La Serqueuse, 30fr. 50; AllMine, 34fr.; 

Brasero, 

27 fr. 

Prix de Saint-James (5,000 fr" 1,800 m.). 

1, Cora, à M. I. Wysocki (Cormack) 2, 

Djina, au duc de Gramont (C. Childs) 3, 

Slava, à M. Michel Ephrussi (Bellhouse) 

(4 longueurs, encolure). 

Non placés Fiche, La Neuville, Alexan- 

drine. 

Pari mutuel à 10 fr. Gagnant, 17 francs. 

Placés: Cora, 15 fr. 50; Djina, 40 fr. 50. 

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à M. H. Debray (J. Lane) 2, Red Pole, à 

M. F. Charron (F. Taylor) 3, Ecots, à M. 

F. Godard (Bellhouse) (tête, tête). 

Non placés Book, Uzi.n, Bethsaïda, Lava- 

rède, Antinous, Chamant, Chabraque, Hila- 

rion, Kitta, Vercingétorix. 

Pari mutuel à 10 fr. Gagnant, 190 francs. 

Placés Clyta, 40 fr.; Red Pole, 28 fr.; Ecots, 

18fr, 

~i8 fr. 

Ajax. 

LES ARMES 

L'ASSAUT DU cercle DE L'UNION ARTIS- 

TIQUE. L'assaut annuel du cercle de 

l'Union artistique vient n'avoir lieu sous la 

présidence du comte de Lindemann. Il a été 

très intéressant et il a gardé, d'un bout à 

l'autre, ce cachet d'élégance mondaine dont 

ce cercle est justement fier. 

Reconnu parmi les personnalités pré- 

sentes 

MM. Hébrard de Villeneuve, comte Nicolas 

Potocki, Conrad, Audouin, Chevitliard, de Saint- 

Chéron. Willy de Blest-Gana, Thomeguex, com- 

mandant d'Epenoux, Beauvois-Devaux, Henri La- 

v^dan, Martini, docteur de Pradel, Lami, Albert 

Ayat,' René Lacroix, Pierre Périer, Emile André, 

Guillierne, Georges Dubois, etc., etc. 

•A noter que le fleuret n'est plus seul en 

honneur rue Boissy-d'Anglas, où on a sacrifié 

au goût du jour les convictions et les habi- 

tudes du temps passé. L'épée et le sabre ont 

aujourd'hui leur place marquée dans les pro- 

grammes 

Mais est-ce l'effet du milieu? les 

rencontres d'épée paraissent ternes. Les ap- 

plaudissements ne vont qu'au fleuret, et les 

tireurs d'épée. se laissent influencer par la 

froideur qu'on montre à leur égard. Cepen-' 

dant'l'assaut d'épée entre M. Marty, profes- 

seur au cercle, et M. Hugnét, fut animé et 

plaisant. Il nï'a semblé que M. Marty avait 

réussi à prendre le meilleur sur son adver- 

saire, qui cependant fait fort. 

Toujours à l'épée, les professeurs Bouché 

et Jeanvoix se livrèrent un combat pas- 

sionné. M. Jeanvoix, très en armes, réussit à 

prendre par des coups d'allonge les quatre 

premières touches, M. Bouché, pas très bien 

en armes ce soir-là, parvint cependant 

à rat- 

traper, dans la seconde partie de l'assaut, 

J'avance de son adversaire. 

Néanmoins l'avantage resta nettement à 

M- Janvoix. 

Au sabre, j'ai beaucoup aimé le jeu du 

lieutenant Perrodon, lieutenant à l'Ecole de 

Saumur, qui avait pour partenaire le briga- 

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Mercredi Ariane. 

Vendredi LaValkyrie. 

Samedi : Lohengrin: 

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Mercredi: L'Etincelle; le Voyage de M. 

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Jeudi et samedi Marion.de Lorme. 

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Vendredi Le Monde c& l'on s'ennuie; 

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Jeudi et samedi: Circè la Légende du 

Point d'Argentan. 

Vendredi La Traviata. 

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la Française. , 

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Ï/ÂÛDËVILLE (Tél. 102.09). 8 h. 3/4. L'Arai- 

f pnée; le Ruisseau. 

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du Centenaire. 

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i Troubadour à 9 h. 1/4 le Voleur. 

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Paris-New- York. 

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Talion; à 9 h., Mlle Josette, ma femme. 

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Les Cloches de Corneville. 

/THEATRE MOLIERE (Tél. 419.32). 8 _1/2. 

1 La Maison à l'envers: l'Enfant gâtée. 

mHËlTMl)TBlLLEVILÎ32. 

8 h. 1/2. Les 

Bafd'Af 

PAILLARD. Aucune succursale. Soupers, 

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QH AT A (T- 485-S6). Après vous, Marquis 

SCALA(T. 

435.86). Après, vouç, Marquis! 

uljAJjA Paulette Filiaux, Berthez; Volupté; 

la belle. Impéria, Dikson, Resse, Fréjol, Vilder. 

Les Mascotte Girls, 

dier Villetorte, maitre d'armes au 4B hus- 

sards, Meaux. Le lieutenant Perrodon, qui 

fait ses débuts en public, est 

fin et élégant. 

Ses coups sont précis et très nets,etle briga- 

dier Villetorte lui a fort bien donné la réplique. 

La deuxième rencontre au sabre entre le 

comte Ismaël de Lesseps, lieutenant au 4e 

hussards, et l'adjudant Delibes, maître d'ar- 

mes à l'Ecole de Fontainebleau, a été im- 

pressionnante par sa violence. TudieuJ quels, 

coups d'estoc et de taille! 

Les deux adversaires comptent parmi nos 

plus forts champions, et on leur a fait fête. 

A noter que les deux lieutenants Perrodon 

et de Lesseps font partie de la société « le 

Sabre», dont le très sympathique président, 

M. Adrien Guyon, a rendu de si éminents 

services à cette arme de combat. 

Les trois rencontres au fleuret de la pre- 

mière partie ont été inégales comme intérêt. 

Le professeur Kupntz, toujours en progrès, a 

fait fort bien contre le professeur Masselin, 

pas très entraîné en ce moment. M. Dillon- 

Kavanagh, dont la main est excellente, a pris 

un avantage net sur le professeur Janty, qui 

compte un peu trop exclusivement sur ses 

jambes. 

La rencontre des deux professeurs Ramus, 

le second maître du cercle, et Georges Rou- 

leau a été digne de leur réputation à tous 

deux. 

Au point de vue du coup de bouton, Georges 

Rouleau a pris un léger avantage sur son 

adversaire, mais les deux maitres ont fait do 

¡ 

très belles armes beaucoup de 

jolies phrases, 

dont on suivait le développement avec un 

plaisir non dissimulé. 

Dans la deuxième partie, deux assauts de 

fleuret seulement. 

Le premier, celui de M. Trigault, profes- 

seur à Lyon, et du maître Samiac, a semblé 

languissant les deux jeux se mariaient 

mal. 

En revanche, la rencontre de M. Prévost, 

l'éminent professeur du cercle, et du maître 

belge De Bel le si difficile gaucher fut 

un vrai régal. Personne ne fait plus finement 

et plus joliment des armes que M. Prévoit. 

C'est un artiste, dans la plus forte accep- 

tion du terme. Avec lui, point de mouve- 

ments inutiles. Une grande science et un ju- 

gement parfait font de lui un des tireurs les 

plus complets qu'il nous ait été douné d'ap- 

plaudir sur la planche. 

Il a pris nettement l'avantage sur son ad- 

versaire qui tire, lui aussi, avec un grand 

souci de l'art, et réussit quelquefois des coups 

I 

d'allonge fort bien préparés. 

Toutes mes félicitations à M. Arcos quia 

illustré le programme. Il ne. manquait rien 

dans cette soirée pour émerveiller nos yeux. 

Intérim. 

AUTOMOBILISME 

L'industrie automobile française est me- 

nacée d'être ruinée dans sa prospérité par un 

invraisemblable projet de loi qui, élaboré dans 

le mystère par la « Société d'études législati- 

ves »,a toutes les chances, si on n'y met bon 

ordre, de venir devant les Chambres, et qui 

sait on y vit pires folies d'être adopté 

par elles. 

Ce projet établit pour les chauffeurs et pro- 

priétaires d'automobiles une loi d'exception 

scandaleuse sur leur responsabilité dans les 

cas d'accidents. 

Jusqu'ici les automobilistes avaient été 

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Le Numéro quotidien = SEINE &-SEtNE-ET-O(SE i 15centimes = bÈPARTÈt/IÈWtS 20 centimes Mardi 30 Avril 1907 

639 Année 3e Série N" 120 

H. DE VILLEMESSANT 

Fondateur 




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derire de tout. de peur d'être obligé d'en pleurer. > (Beaumarchais.) 

SOT~~EA.IS.E 

PAGES I ET. 2 

Un chef d'œuvre d'historien Ernest? DAUDET. 

Une audition de « Salomé » au "Figaro" René 

LARA. 

,Le Roi,des Belges à l'Elysée Ch. Daxîzats. 

PAGE 3 

Autour de la politique AUGUSTE Avril. 

Mouvement diplomatique, 

La grève de l'alimentation JEAN DE PARIS. 

Défense sociale Em. B. 

NinondeLenclosàMlleBartet. 

PAGES 4, 5 ET 6 

Les Salons de 1907 Société des Artistes fran- 

çais ARSÈNE ALEXANDRE. 

UnGhef-d'Œuvra 

d'historien 

De même qu'il n'est pas d'existence 

humaine, qu'elle ait été obscure ou bril- 

lante,qui ne puisse fournir matière àdeux 

histoires celle des actions et celle des 

sentiments qui en ont été lès mobiles, de 

même, presque toujours, celle-ci pré- 

sente autant d'intérêt que celle-là et sou- 

vent davantage. S'il s'agit d'un homme 

qui a brillé au premier rang et joué un 

grand rôle sur le théâtre humain, on ne 

saurait se flatter de le bien connaître si 

d'abord on n'a pas étudié sa vie publique 

à la lumière de sa vie privée j'entends 

par là sa vie de famille, sa vie intérieure 

qui peut seule expliquer ses actes et 

nous les faire comprendre. 

Plus le héros s'est élevé parmi ses 

contemporains, plus il a, par sa conduite, 

excité leur admiration ou encouru leur 

réprobation, plus enfin son ascendant 

s'est exercé sur eux et a pesé sur leur 

destinée, et plus s'impose à ceux qui 

veulent porter sur lui, louanges ou 

blâme, un jugement équitable l'obliga- 

tion de remonter aux origines de sa for- 

mation intellectuelle, de pénétrer jus- 

qu'aux plus profonds replis de son âme, 

dé rechercher les influences morales ou 

matérielles, héréditaires ou spontanées 

qu'il a -subies et, en dressantle bilan des 

œuvres bonnes ou mauvaises dont la 

responsabilité lin" incombe, d'établir ce 

qui, dans ces œuvres, a été le résultat de 

ce,s influences et ce qui fut le fruit de 

son génie. 

Ce procédé d'investigation historique, 

dont il semble bien que Taine a usé le 

premier, est aussi le premier dont s'est 

servi, en le perfectionnant et en l'em- 

ployant avec une inlassable rigueur, M. 

.Frédéric Masson, dans ses savantes et 

suggestives études sur Napoléon, dont le 

faisceau vientde se grossir, dans la série 

qu'il a intitulée Napoléon etsa famille, 

de deux volumes nouveaux, le huitième 

etle neuvième. 

N'eût été l'abondance des matériaux 

qui ont servi à les composer, ces deux 

volumes auraient pu n'en former qu'un, 

étant consacrés l'un et l'autre non pas à 

nous raconter la tragique histoire des 

catastrophes où s'abîma l'Empire en 

1813 et en 1814, mais à nous décrire, en 

un tableau que le talent de l'auteur, son 

art de metteur en scène, le caractère ré- 

vélateur de ses dires ont su rendre cap- 

tivant et pathétique, les circonstances, en 

grande partie ignorées jusqu'ici, qui 

permettent .d'imputer à la famille de 

l'Empereur une large responsabilité 

dans ces catastrophes. 

Avant M. Frédéric Masson, et en 

même temps que lui, l'épopée napoléon- 

nienne avait tenté d'éminents historiens. 

Les derniers venus, MM. Henry Hous- 

:saye et Albert Vandal, l'ont retracée 

,fragmentairement en de beaux livres que 

le succès a rendus en quelque sorte clas- 

siques. Mais le but de ces éloquents nar- 

rateurs fut d'apporter la contribution de 

leurs récits à l'histoire des événements 

qui forment le règne de Napoléon et non 

'à l'histoire de sa vie familiale, sa vie 

privée autant dire celle de son âme 

et de ses sentiments, si propre à nous 

donner la clef de sa vie publique. Or 

c'est cette vie privée, cette vie intérieure 

que M. Frédéric Masson a étudiée et 

voulu nous faire connaître, au profit 

d'urie thèse historique négligée avant 

lui. C'est ce qui distingue son œuvre de 

celle des écrivains que je viens de nom- 

mer et la rend unique. 

« Je n'écris point l'histoire de Napo- 

léon, dit-il dans une des préfaces où il 

nous expose tour à tour son plan initial 

et les perfectionnements qu'il lui a fait 

subir en l'exécutant, ni celle de l'Espa- 

gne, de la Westphalie, de la Hollande ou 

de l'Italie sous ses frères; j'envisage 

uniquement l'influence qu'a exercée sur 

ses desseins, ses actes et sa destinée l'es- 

prit de famille. Je n'ai rien caché de ce 

que j'ai trouvé à la charge de Napoléon, 

mais rien non plus à la charge de ses 

frères et de ses sœurs. A chacun j'ai es- 

sayé d'attribuer sa part de responsabi- 

lité. Celle qui revient à Joseph, à Jé- 

rôme, à Murât, à Eugène est, selon moi, 

singulièrement lourde, mais ce n'est 

point à dire que la famille ait seule pro- 

voqué la catastrophe celle-ci a d'autres 

causes bien plus lointaines et, histori- 

quement, bien plus graves. Que la fa- 

mille ait contribué à en'fournir l'occa- 

sion, c'est assez.: tel est mon sujet. » 

Voilà donc la thèse historique de M. Fré- 

déric Masson admirablement exposée. 

Elle a pour but de prouver que l'ambi- 

tion de Napoléon ne fut pas, tant s'en 

faut, l'unique artisan de sa chute. 

Albert Sorel, dans ses récits, avait mis 

en lumière la perfidie avec laquelle les 

grandes puissances s'étaientefforcées de 

la rendre inévitable. M. Frédéric Mas- 

son vient à son tour dévoiler d'autres 

complicités, les unes inconscientes, les 

autres volontaires, mais plus cruelles 

pour l'Empereur vaincu que celles des 

étrangers -lesquels, après tout, n'excé- 

daient pas leur droit en cherchant à ven- 

ger tant d'humiliantes défaites, oui, 

plus cruelles, puisque c'est dans sa pro- 

pre famille, comblée de ses bienfaits, 

qu'elles s'étaient nouées. L'ingratitude 

de Joseph, les légèretés de Jérôme, les 

rancunes de Lduis, la défection de Mu- 

rat, l'attitude louche d'Eugène, la fri- 

volité de Pauline, l'avidité de Caroline 

et d'Elisa, voilà ce que Napoléon trouve 

devant lui au jour de ses revers, 

Ils lui doivent tout, ces ingrats, cou- 

ronnes, apanages, titres, dotations, ils 

l'oublient ils poussent l'ingratitude jus- 

qu'à l'imprévoyance la plus folle,jusqu'à 

ne pas comprendre que si Napoléon suc- 

combe, ils ne seront plus rien. Ils ten- 

tent d'obtenir, au prix de complaisances 

qui touchent au crime, la bienveillance 

de l'Europe ils se flattent que pour ré- 

compenser leur trahison l'Europe leur 

conservera ce qu'ils sont menacés de 

perdre et, en même temps qu'ils man- 

quent ainsi aux devoirs que leur com- 

mandaient la reconnaissance et l'esprit 

de famille, ils s'efforcent d'arracher à 

l'Emp'ereur tout ce qu'il peut leur don- 

ner, plus encore qu'il ne peut. 

Si chargé que semble ce tableau, le 

peintre ne nous prouve que trop qu'il 

est vrai dans toutes ses parties. Il en 

faut conclure que l'esprit de famille et 

ses influences n'ont pas moins contribué 

à la perte de Napoléon que les fautes 

qu'il a commises. Même après les revers 

de 1812 et de 1813, il pouvait encore sau- 

ver sa couronne, sinon pour lui, du moins 

pour son fils. Aux rivalités qui s'agitent 

autour de lui parmi ses parents, aux 

prétentions des uns, au ressentiment des 

autres, à l'abandon douloureux dont il 

est l'objet, substituez une famille forte- 

ment unie, résolue à le défendre comme 

à lui obéir, servant ses projets, suivant 

docilement ses ordres et vous aurez une 

situation toute changée, non certes déli- 

vrée de tous les périls qui la rendent si 

critique,-car ces périls,si c'est en partie 

pour associer sa famille à sa fortune et à 

sa gloire que Napoléon les a attirés sur 

lui, ce n'est pas elle qui les a créés,– 

mais assez améliorée cependant pour 

qu'on puisse admettre que le roi de 

Rome eût régné. 

Je n'ose affirmer que ce soit là ce que 

M.. Frédéric Masson a voulu démontrer. 

Mais cette démonstration ressort de ces 

deux nouveaux volumes, auxquels les 

précédents nous avaient préparés "'en 

nous montrant, dès l'enfance de Napo- 

léon, l'esprit de famille s'emparer de son 

cœur, le dominer, et plus tard survivre 

avec tant de force au mécontentement et 

aux colères que souvent la conduite des 

siens excitait en lui qu'on le voit tou- 

jours leurpardonner, oublier leurs fautes 

et s'efforcer de les dédommager, par de 

nouveaux bienfaits de sa rigueur d'un 

moment et de ses sévérités. 

Ainsi, par ces divulgations nous dé- 

couvrons dans ce grand conducteur 

d'hommes, dans ce conquérant insatia- 

ble qu'on devrait croire cuirassé contre 

toutes les émotions un « sentimental », 

incapable de persévérer dans un ressen- 

timent même juste lorsque c'est sa fa- 

mille qui en est l'objet. Et c'est par là 

surtout que ces études de M. Frédéric 

Masson sont particulièrement curieuses 

et suggestives elles nous ouvrent Fâme 

d'un Napoléon inconnu. Si disposés que 

nous fussions par les livres antérieurs 

de cet historien pénétrant et divinateur 

à ne plus nous étonner de ce qu'il pour- 

rait nous apprendre encore, il faut lui 

rendre hommage pour ce qu'il a dé- 

ployé à nouveau d'art et de science afin 

d'éclairer d'une lumière plus vive, vic- 

torieuse de toutes les ombres, la figure 

du héros, devenue peut-être trop vite 

plus légendaire que réelle, et pour la ra- 

mener à la réalité sans en altérer' l'é- 

clat, sans en amoindrir la beauté. 

Du reste, il nous fournit lui-même un 

témoignage éclatant de la persévérance 

consciencieuse qu'il apporte dans l'ac- 

complissement de la tâche qu'il s'est im- 

posée et de l'incessant souci de vérité 

dont il est littéralement obsédé. Ce témoi- 

gnage est celui-ci: En posant la première 

pierre de son monument, c'est-à-dire. au 

début du tome premier de la série Napo- 

léon et sa fa?nille, il exprimait l'espoir 

de la condenser en trois volumes. Nous 

en avons actuellement neuf sous les 

yeux, et il n'a pas fini. « J'espère, à moins 

de surprises, écrit-il, et l'on en rencontre 

à chaque pas, pouvoir terminer ce récit 

avant trois ans mais dès à présent 

j'aurai dit l'essentiel. Ce qu'il me reste à 

écrire n'est plus que le tressaillement de 

l'agonie. » Et plus loin « Je réserve pour 

mes conclusions d'expliquer par quel 

travail mystérieux, savant et surtout per- 

sévérant on s'est, durant un demi-siècle, 

efforcé de fausser l'histoire au détriment 

de Napoléon, au profit de ses frères. 

Après la conspiration contre son auto- 

rité, j'exposerai la conspiration ourdie 

contre sa mémoire. » 

Ces promesses combleront de joie tous 

ceux qui ont admiré la manière dont les 

précédentes ont été tenues et qui se plai- 

sent à saluer dans M. Frédéric Masson 

un des maîtres de l'histoire contempo- 

raine, un- de ceux qui en ont le mieux 

pénétré les secre'ts en portant la lumière, 

une lumière parfois éblouissante, dans 

ce qui, par la faute des circonstances ou 

par la volonté des intéressés, en demeu- 

rait obscur; un de ceux surtout qui ont 

le plus vivement provoqué chez leurs 

lecteurs les jouissances que procure tou- 

jours à quiconque aime les évocations du 

passé toute œuvre' qui le fait revivre, 

quand elle s'est inspirée d'un ardent be- 

soin de vérité et de justice. 

Et en attendant, qu'elles soient réali- 

sées,, ces promesses attrayantes, ils se 

préparerontauxjoiesintellectuelles qu'ils 

en espèrent en lisant tout ce que nous 

possédons déjà de cette œuvre d'un si 

haut prix, dont les conclusions peuvent 

être discutées, encore qu'on ne puisse 

nier la solidité de leurs assises, mais dans 

laquelle apparaît par éclairs un hom- 

mage à la politique traditionnelle de la 

France sous ses rois dont Bonaparte, au 

lendemain de la Révolution qui les avait 

brisés, se fit gloire d'être le continuateur. 

Ernest Daudet. 

Échos 

La Température 

La situation atmosphérique reste troublée 

sur toute l'Europe une nouvelle dépression 

apparaissait hier matin sur la mer du Nord, 

où le baromètre marquait 75omm une autre, 

qui persiste sur le nord de l'Italie, amène des 

vents très forts du nord-ouest sur nos côtes 

de la Méditerranée. 

A Paris, la hauteur barométrique, en baisse 

lente, acccusait, hier à midi, 7s8mm4. 

La mer est grosse entre la Provence et la 

Corse. 

Des pluies sont tombées sur presque tout 

le continent. A Paris, la journée d'hier a été 

coupée par de fréquentes averses. Des orages 

ont éclaté à Rochefort et à Chassiron. 

La température est restée sensiblement la 

même sur nos régions.* Hier matin, à sept 

heures, le thermomètre marquait 3o au-dessus 

de zéro et 100 l'après-midi.On notait 50 à Cler- 

mont, 70 à Bordeaux et à Toulouse 14° à 

Perpignan et à Biarritz, 130 à Alger. 

En France, des pluies sont probables avec 

temps-frais. 

(La température du 29 avril 1906 était, à 

Paris 40 au-dessus le matin et 8° l'après- 

midi baromètre, 7Ô3mm; ciel très nuageux). 

Les Courses 

Aujourd'hui, à deux heures, Courses à 

Saint-Ouen. Gagnants du Figaro 

Prix du Venddmo is D'Epernon; Favorites 

Prix de la Beauce La Lorie Fer. 

Prix de la Sologne Cagnotte Wertingen. 

Prix Bandmaster Choisy Le Roi; Le ïré- 

buchet. 

Prix de Marchenoir Priola; Caleb. 

Prtx de r Orléanais Morgeot; Arbéost. 

~QC: 

UN PREMIER ACTE 

^>y Voilà enfin un peu d'énergie! et 

.!& Fîâ:lHO' MARDI 30. AVRIL 1907 

M. Léon Delafosse, Mme Fournior,M.E. Fry, 

Mme.Dumas, M. Gaétan Desaché, do.ctàur 

Gaillard, M. E. Richtenberger, M. Arthur 

Coquard, M. Jean Beraud, M. Edouard De- 

taille, M. et Mme de L'Epine, M. et Mme 

Emile Lagrange, Mme Blanche Delilia, M. 

Lazare LéVy, et Mme Astruc Doria, M. et 

Mine Gorlin, M. Adolphe Borcbard, M. et Mme 

Paul.- Maze* Mlle Brozia, Mme Estradère, 

Mme Héglbn 

M. et Emile Bourgepjs, M. Gaston 

Berardi, baronne de Vesque-Puttlingen, M. 

Jules Léy et Mlle Marianne Ley, M. et Mme 

de L'Epine, M. Robert Le Lubez, M; et Mme 

Kœchîin, M* Pierre Lagarde, M. et Mme 

Hàmburg, Mme Bertrand, M. et Mme Th. 

Chartran, M. Ernest Rey, Mme et Mlle 

Goury, M. Bourgault-Ducoudray, M. et Mme 

Asooli, M. de La Gandara, Mlle Romnoy, M. 

et Mme Georges de Lausnay, M. et Mme Jean 

Armand, Mme Auguste Cellérier, M. et Mme 

Jules Strauss, M. et MmeNordheim, M.Jules 

Bois, Mme Jacquemaire,, M. Georges Cal* 

marin-Lévy.Mlle Obercampf, M. Maillard, 

M. et Mnie Raoul Blondel, M. et Mme Gabriel 

Astruc, M. J. Dusautoy, M. et Mme Coutu- 

rier, M. Gourraigène, M. et Mlle Henry Gi- 

rard-Avril, M. A. Guillaume, M. et Mme Ro- 

ger, M. et Mme et Mlles Charton, M. J. Levy, 

M. Lucien Claude-Lafontaine, M. et Mme 

Herîri Cfm, M. et Mme Paul Hillemacher, M. 

et'.ftlme Jean Doria, Mlle Chasles, très félici- 

tée des danses qu'elle a si joliment réglées4 et 

que cette gracieuse étoile aurait si bien inter- 

prétées» elle aussi, etc"etc. 

La salle est déjà archicomble lors- 

qu'à neuf heures et demie précises la 

toile de notre scène se lève sur l'unique 

décor deSalomé. Ce décor représente la' 

terrasse du palais d'Hérode baigné par 

les: pâles lueurs de la lune qui reflète 

dans le lointain son croissant d'argent 

sur les eaux tranquilles d'un lac. Salomé, 

étrange, mystérieuse, tragique, paraît. 

Mais Une m'appartient pas de déflorer 

aujourd'hui, par un compte rendu des- 

criptifdu poème ou par une appréciation 

anticipée et hâtive de la partition, l'ou- 

vrage qui sera soumis d'ici quelques 

jours dans son véritable cadre au juge- 

ment de. la critique et du public. 

Qu'il me suffise de constater que cette 

musique, qui déconcerte d'abord par le 

raffinement de son dessin harmonique, 

par la hardiesse de ses dissonances, vous 

empoigne et vous captive peu à peu par 

sa volupté tendre et ardente. par le 

souffle vigoureux et large qui la traverse, 

par son intensité dramatique, parla sève 

puissante qui en jaillit. Cette musique 

ne ressemble à aucune autre, elle est 

d'un çûrapositeur aux conceptions hau- 

taines et vastes, et qui est un raffiné, 

un poète des couleurs autant que des so- 

norités. 

C'était hier la première et unique fois 

que l'on chantait la version originale et 

française d'Oscar Wilde. 

Lorsque M. Richard Strauss résolut 

dô mettre en musique le, poème de Sa- 

lomé, il le fit traduire en allemand. C'est 

cette version que l'on chante habituelle- 

ment, et,qui accompagnera aux représen- 

tations du Châtelet la musique du com- 

positeur, allemand. Celui-ci ne se décida 

à jnettre en, musique la version origi- 

nale que plus tard et dut, par d'habiles 

modifications, adapter le chant aux pa- 

roles françaises de là, de légères diffé- 

rences entre les deux partitions. 

M&is i revenons, à notre audition., J'ai 

dC£,au$è)?ut,de cet article combien l'in- 

terprétation avait été remarquable et 

combien l'illusion de la réalité avait été 

paffaîté, malgré Fabsence dé l'orchestre 

qui 'est "pourtant indispensable à cette 

musique essentiellement symphonique. 

Mme Jacques Isnardon, comme on-ie 

sait, jouait le rôle si complexe, si difficile 

deSalomé. On ne l'avait guère entendu 

à Paris jusqu'ici. On se souvenait sim- 

plement de l'impression très vive que 

produisit sa belle voix de soprano dans 

la salle du Conservatoire, lorsqu'étant 

encore Mlle Lucy Foreau, elle rempor- 

tait d'emblée son premier prix. Engagée 

aussitôt' à la Monnaie de Bruxelles, elle 

ne' devait pas s'y attarder malgré une 

sérié de triomphes; elle préféra en effet, 

aux succès de théâtre, les joies du foyer: 

elle quitta la Monnaie pour épouser son 

professeur, M. Jacques Isnardon, dont 

elle est devenue la précieuse collabora- 

trice. 

Et pourtant, lui est-il permis de re- 

noncer à la carrière théâtrale? Nul ne 

l'admettra après l'audition d'hier soir. 

Elle nous a donné, dans ce rôle écrasant, 

des joies artistiques dont nous garderons 

le souvenir; elle s'est révélée à la fois 

cantatrice à la voix souple, solide et 

ailée, musicienne éprouvée puisqu'elle 

a su réaliser le tour de force d'in- 

terpréter sans une défaillance une mu- 

sique scabreuse entre toutes; tragé- 

dienne ejifin, si l'on en juge par la façon 

si artistique, si personnelle dont elle 

a composé cette figure de Salomé 

perverse et ingénue, poétique et fé- 

roce. Elle a même 

poussé le souci 

d§: l'exactitude historique jusqu'à dan- 

ser ïellf-même la fameuse danse des 

sept 'voiles à laquelle elle prête la grâce 

de sa ligne. A côté d'elle, Mme Gerville- 

R.éache avait consenti à interpréter, sur 

nos instances, un rôle au-dessous de sa 

valeur -.et indigne de son talent. Cette 

brillante carrtatrice si émouvante dans 

Orphée h l'Opéra-Comique fut, hier, une 

superbe Hérodiade, tandis que Mlle Faye 

faisait applaudir, sous le travesti d'un 

page, une. charmante voix de mezzo-so- 

prano. 

M. Sizes, bien que souffrant, avait tenu 

à remplir quand même son rôle d'Hé- 

rocfce. 

• 

Je me hâte d'ajouter que nul ne se se- 

rait douté de son 

indisposition en cons- 

tatant hier la puissance de sa voix 

mordante et l'intensité de son jeu. M. 

Sizes,,que nous avons connu baryton à 

l'Opéra a pris, depuis peu, l'emploi des 

ténors sa voix a, de telle sorte, con- 

servé un médium très corsé qui le classe 

parmi les ténors, dits wagnériens. 

Quant aux autres interprètes, ils 

avaient été choisis parmi les meilleurs 

élèves de M. Isnardon, au nombre des- 

quels il faut mettre hors de pair M. Vi- 

gneau, un baryton surprenant, qui joint 

à "l'éclat d'un organe solide le charme 

d'une voix dont la sonorité est remar- 

quablement riche en harmoniques. Son 

succès a été considérable. N'oublions pas 

enfin MM. Paulet et Villaret, l'un ténor 

l'autre baryton d'opéra-comique, 

qui complétaient heureusement' ce re- 

marquable ensemble. 

Et maintenant un mot encore pour fé- 

liciter comme il mérite de l'être le pres- 

tigieux artiste qui s'appelle Straram et 

qui avait accepté d'accompagner au 

piano la partition de Salomé. Il a suffi 

d'entendre deux mesures pour compren- 

dre le rôle périlleux qu'il assumait avec 

'tant de:,maîtrise. 

C-Et Isnardon? Remercions-le, lui aussi, 

du précieux concours qu'il nous a ap- 

porté. Les applaudissements, les rappels 

qui saluèrent hier soir les excellents in- 

terprètes de Salomé s'adressaient aussi 

a l'éminent professeur qui a monte avec 

une sûreté et un goût exquis l'ouvrage 

de Strauss. C'est un metteur en scène de 

premier ordre et nous n§ sommes pas 

surpris que son nom ait été mis en avant 

pour la direction de TOpéra-Comique 

lorsqu'il fut question de la nomination 

de M. Albert Carré à l'Opéra. 

Et maintenant nous ne regrettons 

qu'une chose c'est de n'avoir pu donnet" 

à l'œuvre sa véritable portée en la pré- 

sentant dans son plein développement 

symphonique; il faut, en effet, l'en- 

tendre avec l'orchestre pour pouvoir en 

j goûter l'intense saveur et la haute 

originalité. 

René Lara. 

Le Jfonae» îa Wûh 

SALONS 

Très élégant dîner vendredi dernier 

chez l'Hon. Reginald Lister. Au nombre des 

convives 

Lady de Grey, duchesse Consuelo de Man- 

chester, Mlle Yznaga, marquis et marquise de 

Breteuil, M. et Mme Biddle, M. de Kerjégu, 

comte de Lorencez, M. Jean Béraud. 

Soirée dansante d'une grande élégance, 

samedi dernier, au Washington Palace. 

Aperçu dans la 

jeune 

foule bostonnante: 

Mlles Stirbey_, de Grancey, de Pélissier, de 

Goyon, de Labriffe, de Bonneval, de Divonne, de 

Viville, d'Audiffret-Pasquier, d'Harcourt, Glaen- 

zer, du Lau, Delamarre, de Saint-Léon, de Sa- 

porta, de Dreux-Brézé, de Malo, Perquer, de La 

Noue. 

Reconnu encore 

Duchesses d'Albuféra et de Clermont-Tonnerre; 

comtesses de Bonvouloir, de La Rochefoucauld, 

d'Ursel, de Murard, de Canisy, F. de Partz, de 

Montyon, de Grancey, de Pélissier, de Goyon, 

de Divonne, de Charancey, de Bonneval, Costa 

de Beauregard, Gudin, de Liedekerke-Beaufort, 

Ch. de Boisgelin, du Lau, de Saint-Léon, de 

Dreux-Brézé, de Lur-Saluces, de.Bry, de La Pa- 

nouse, de Montaigu, de Brossin de Méré, J. de 

Lauriston, de Gontaut-Biron, de Germiny; mar- 

quises de Moustièr, de Viville, de Labriffe, de 

Galard, de Saporta, d'Audiffret-Pasquier, d'Har- 

oourt; baronnes de Bussierre, Reille, F.-de Sou- 

beyran, de Bony, de Witte vicomtesses de Flo- 

rian, de Mauléon-Mazières, de Noailles, de La 

Nouë, A. de Curel; Mmes Loisel de Douzon, 

Nélaton, Gallard, E. Drake del Castillo, Dela- 

marre, de Malo, Perquer princesse Stirbey, 

comte H. de Monteaquiou, MM. Glaenzer, Léon 

Delorme, 

etc. 

Le cotillon fut brillamment conduit à l'amé- 

ricaine par M. André de Fouquières. 

«*• Ce soir, cotillon intime chez la comtesse 

Jean de Kergolay. 

Jeudi prochain, tour de valse chez Mme 

Francis Waddington. 

Mme Fernand Ratisbonne née Stern don- 

nera uneiréception le vendredi3 mai, de qua- 

tre à sept heures, dans ses salons de l'avenue 

Kléber, à l'occasion du contrat de mariage de 

Mlle de Ratisbonne, sa fille, avec le vicomte 

de Verneaux. 

La bénédiction nuptiale, comme nous l'a- 

vons annoncé, sera donné le mardi 7 mai, à 

Saint-Pierre de Chaillot, 

Matinée musicale vendredi prochain chez 

Mme Hoff, dans ses salons de l'avenue du 

Bois-de-Boulogne. 

Soirée musicale le samedi 11 mai chez 

Mme Georges Godillot. 

Le dimanche 12 mai, à neuf heures et 

demie, réception à l'ambassade de Chine. 

Le comte et la comtesse de Beauchamp 

recevront le mercredi 15 mai, dans leurs sa- 

lons de la ruç de. Tilsitt, à l'occasion du con 

trat de mariage de leur fille, Mlle Christiane 

de Beauchamp.'avec le comte Félix de Vogué, 

fils du vicomte E.-M. de Vogüé, l'éminent 

académicien et écrivain, et de la vicomtesse 

née Annenkoff. 

Le mariage religieux sera béni le samedi 

18 mai à Saint-Ferdinand des Ternes. 

Le gouverneur militaire de Lyon et Mme 

Gallieni donneront leur bal mensuel le sa- 

medi il mai, dans les salons du quartier gé- 

néral. 

1 wm1 

RENSEIGNEMENTS MONDAINS 

Le marquis Paulucci dei Calboli, minis- 

tre d'Italie à Lisbonne, a passé quelques 

jours à Paris et est parti avant-hier pour re- 

joindre son poste. 

On nous annonce l'heureuse délivrance 

de la princesse Jacques de Broglie née Wa- 

gram. Elle a mis au monde, avant-hier, une 

fille qui a reçu le prénom de Diane. La jeune 

mère et l'enfant se portent à souhait. 

La comtesse O'Heguerty a mis au monde 

une fille, qui a reçu le prénom d'Yolande. 

Le vendredi 3 mai, le buffet du Bazar de 

la Charité sera tenu par les dames de l'asso- 

ciation que préside Mme la comtesse Jean 

de Castellane et qui a pour objet le dévelop- 

pement des associations professionnelles des 

femmes, 5, rue de l'Abbaye. 

Le mercredi 22 mai, à neuf heures, dans 

la salle de « Femina », go, avenue des Champs- 

Elysées, sera donnée, au profit de l'Office 

central des œuvres de bienfaisance, dont les 

charges augmentent tous les jours, une soirée 

musicale et dramatique qui comrendra un 

intermède musical, avec Mlle Blanche.Selva 

et M.. G. Enesco; deux actes du Marchand 

de Venise, comédie lyrique de M. H. de Saus. 

sine, et les Charbonniers, opérette de Jules 

Costé.. 

On trouvera des places à l'Office central 

des œuvres de bienfaisance, 175, boulevard 

Saint-Germain. 

L'infante Eulalie a quitté Biarritz pour 

se rendre à Madrid, à l'occasion de la pro- 

chaine délivrance de la reine d'Espagne. 

La nouvelle, parue dans plusieurs' jour- 

naux, que l'arcèiiduc François-Ferdinand avait 

fait bâtir un palais à Vienne, dont la cons- 

truction a duré vingt ans et a coûté 30 mil- 

lions de francs, est absolument controuvée. 

MARIAGES 

M. l'abbé Pagis, curé de Saint-François- 

de-Sales, a béni avant-hier, en son église pa- 

roissiale, le mariage de M. Pierre Corbin, 

fils de M. et de Mme Paul Corbin, avec Mlle 

Hélène Cottreau, fille de l'ingénieur en chef 

des ponts et chaussées et de Mme Maurice 

Cottreau née Surmont. 

Témoins du marié le baron Brincard et 

M. Milcent, ses oncles; de la mariée MM. 

A. Surmont et Gaston Cottreau, ses grand- 

père et oncle. 

Au retour de l'église M. et Mme Maurice 

Cottreau ont donné une réception dans leurs 

salons de la rue Legendre. 

A la mairie du seizième a eu lieu, dans 

l'intimité, le mariage de M. Léon Francq, 

ingénieur, officier de la Légion d'honneur, 

avec Mme Jeanne Lemaitre, 

Témoins MM. Paul Doumer; Alexis Du- 

parchy, Maurice Lemaitre et Paul Noël. 

A Caen, en l'église Saint-Julien, a été 

béni le mariage de M. Davignon, lieutenant 

de chasseurs à pied, fils du général Davignon, 

avec Mlle Bangillot, fille du colonel Bangil- 

lot, commandant par intérim la brigade de 

Caen. 

Mgr Alarcon archevêque de Mexico, 

bénira le mercredi 8 mai, dans cette ville, le 

mariage du comte Emmanuel de Peretti de 

La Rocca, chargé d'affaires au Mexique, 

avec Mlle Concepcion de Suinaga, fille de M. 

et de Mme Francisco de Suinaga. 

DEUIL 

r 

Les obsèques de M. Tancrède Scitivaux 

de Greische ont été célébrées hier, à Saint- 

Philippe du Roule, au milieu d'une foule con- 

sidérable. 

Le deuil était conduit par M. Roger de Sci- 

tivaux de fils du défunt M. de Sciti- 

vaux de Greische, son père le capitaine de 

Cavalerie Léonce de Scitivaux de Greische, son 

frère M. Firino, son beau-frère MM. Louis 

et René de Scitivaux de Greische et Paul Fj

LE FIGARO =- MARDI 30 AVRIL 1907 

attaches dans l'industrie, le commerce et la 

famille argentine. Sous l'influence d'un cli- 

mat tempéré et d'une terre féconde, dans ce 

pays où les institutions sont plus libérales 

qu'aux Etats-Unis-en ce que l'étranger peut 

être possédant sans l'obligation de se faire 

naturaliser les Allemands prospèrent avec 

une exhubérance inconnue ailleurs. Il n'est 

pas de branche de l'industrie, du commerce 

et de la science où les Allemands ne soient 

pas représentés. 

D'autre part, l'Allemagne figure au pre- 

mier rang parmi les pays consommateurs de 

l'Argentine, qui lui a envoyé des produits, 

pendant le premier trimestre de 1906, pour 

90,116,100 marks, n'en ayant reçu, au cours 

du même semestre, que poar 71,130,204 marks, 

d'où un solde favorable à la République sud- 

américaine. L'Allemagne est, en fait, un des 

meilleurs clients de l'Argentine, d'autant 

mieux que l'Angleterre a toujours un solde 

considérable, dans la balance des échanges 

commerciaux, contre la République du Rio 

de la Plata. 

Eugenio 

Garzon. 

Autour de la politique 

Conseil des ministres 

Les ministres se sont réunis en Conseil 

hier matin à l'Elysée, sous la présidence de 

M. Fallières. 

Ils ont définitivement arrêté les mesures 

disciplinaires qui devaient atteindre les fonc- 

tionnaires signataires de la « lettre ouverte » 

au président du Conseil. 

Les ministres se sont en premier lieu occu- 

pés du cas de l'instituteur Nègre et des cinq 

sous-agents 

des postes et télégraphes MM. 

Grangter, Simonnet, Clavier, Amalrie et Qui- 

lici. 

M. Clemenceau a tout d'abord annoncé à 

ses collègues que le préfet de la Seine avait 

prononcé la révocation de l'instituteur Nègre. 

Puis une discussion s'est engagée entre les 

ministres sur le point de savoir si le gouver- 

nement irait jusqu'au bout des sanctions 

indiquées par le Conseil de discipline en ce 

qui concerne les sous-agents des postes. 

Quelques ministres étaient d'avis de s'ar- 

rêter à des demi-mesures, de ne pas prononcer 

pour tous ces fonctionnaires la peine de la 

révocation. Ils trouvaient la peine excessive 

pour les agents Clavier, Amalric et Quilici 

par exemple. En conséquence,- ils proposaient 

de comprendre tout le monde dans une me- 

sure de bienveillance relative qui amènerait 

vite un apaisement dans l'opinion publique. 

Mais ces ministres trouvèrent en M. Cle- 

menceau un adversaire résolu. 

Partisan de sanctions définitives, soutenu, 

au surplus, par la majorité des ministres, le 

président du Conseil déclara qu'il ne saurait 

admettre dans les circonstances présentes 

une atténuation de la peine encourue par les 

fonctionnaires révoltés, et que la révocation 

s'imposait. La discussion se prolongea quel- 

ques instants, très courtoise et très calme, 

entre les ministres, et peu après ils se met- 

taient d'accord et décidaient à l'unanimité 

de révoquer les cinq sous-agents des postes 

et télégraphes. 

Quant à l'arrêt de révocation de l'institu- 

teur Nègre pris par le préfet, il subsiste en 

entier. Toutefois, M. Nègre conserve la fa- 

culté d'en appeler de cette décision devant le 

ministre de 1 instruction publique auquel in- 

combera la 

responsabilité 

d'annuler ou de 

maintenir la décision du préfet de la Seine. 

Le Conseil s'est ensuite occupé du cas des 

fonctionnaires des affaires étrangères visés 

dans les papiers Montagnini. 

Le Conseil a approuvé les décisions prises 

par M. Pichon, qui sont les suivantes 

M. Le Marchand, ministre plénipotentiaire 

du Centre-Amérique, est révoqué; 

M. Dumaine, ministre plénipotentiaire à 

Munichvesi déplacé et envoyé à Mexico. 

Quant: à M. Delavaud, ministre plénipo- 

tentiaire Christiana, et M. de Gréguéil, se- 

crétaire d'ambassade, leurs explications ayant 

été jugées sat^faisantes, 

aucune mesure n'a 

été prise à leur égard. 

M. Pichon a ensuite soumis à la signature 

du Président de la République un mouve- 

ment diplomatique que nous donnons plus 

loin. 

Le ministre des affaires étrangères a enfin 

fait approuver par le Conseil le choix des dé- 

légués de la France à la conférence de la 

paix à La Haye. Sont nommés MM. Léon 

Bourgeois, d'Estournelles de Constant, séna- 

teurs Louis Renault, professeur de droit, 

qui avaient déjà rempli les mêmes fonctions 

à la précédente 

conférence. 

A l'occasion de sa nomination au titre de 

premier délégué de la France à la conférence 

de La Haye, M. Léon Bourgeois recevra, 

dans ses pleins pouvoirs, le titre d'ambassa- 

deur extraordinaire. 

Enfin, les ministres se sont occupés de la 

crise viticole. M. Caillaux, ministre des 

finances, a donné quelques indications sur le 

projet qu'il déposera à la rentrée en vue dé 

remédier à cette crise. 

Nous croyons savoir que ce projet vise 

particulièrement le sucrage des vins et qu'il 

comporte un article relatif à la limitation du 

nombre des débits de boissons. Le prochain 

Conseil aura lieu demain mercredi. M. Cail-- 

laux communiquera à ses collègues le projet 

de budget de 1908 dont la préparation n'est 

pas complètement terminée. 

Auguste 

Avril. 

~OUYE~ENTDIPLOMATIQUE 

Par décrets rendus sur la proposition 

du ministre des affaires étrangères 

M. Le Marchand, ministre plénipotentiaire 

au Centre-Amérique, 

est révoqué. 

M. de Cazôtte, sous-directeur des affaires 

commerciales,est nommé ministre au Centre- 

Amérique. 

M. Gout, consul général, est chargé de la 

sous-direction des affaires commerciales. 

M. Blanchard de Farges, consul général, 

sous-directeur des affaires consulaires, est 

nommé ministre plénipotentiaire de 2° classe 

et chargé de mission. 

M. Steenackers, consul général à Yoko- 

hama, est chargé de la sous-direction des 

affaires consulaires. 

M. Crozier, consul général, chargé du con- 

sulat de France à Liège, est nommé consul 

général 

à Anvers. 

M. Pallu de la Barrière, consul de France, 

chargé du vice-consulat de Charleroi, est 

nommé consul de France à Liège. 

M. de Mouy, consul de 2e classe à Mes- 

sine, est chargé du vice-consulat de Char- 

leroi. 

M. Vizzavona, consul de 2° classe à Ho- 

nolulu, est chargé du vice-consulat de Mes- 

sine. 

M. Guillet, vice-cousul, chargé de la chan- 

cellerie de La Haye, est chargé du vice-con- 

sulat d'Honolulu. 

M. Lagarde, ministre plénipotentiaire de 

2e classe, est placé dans le cadre de la dispo- 

sition. 

M. Gabriel Deville,est nommé rûinistre pléni- 

potentiaire de 2e classe à Addis-Ababa. M. 

Deville ne rejoindra toutefois son poste qu'a- 

près le retour de M. Klobukowski, actuelle- 

ment chargé de mission à Addis-Ababa. 

M. Lemay,consul général,chargé du consulat 

de Florence, est placé dans le cadre de la 

disposition. 

M.Le Bourdais des Touches, chef de cabinet 

duministre des finances, conseiller référen- 

daire à la Cour des comptes, est nommé con- 

sul de lre classe à Florence. 

M. Pierre Richard, consul général, est 

chargé du consulat de Fiume, en remplace- 

ment de M. de Fages de Chaulnes, appelé à 

d'autres fonctions. 

M. de Lobel-Mahy, vice-consul, chargé de 

la chancellerie de Bruxelles, est nommé vice- 

consul à Philadelphie, 

en remplacement de 

M. Bœufvé, appelé a d'autres fonctions. 


Trois arrestations 

Trois des membres de la Confédéra- 

tion générale du travail qui donne, 

comme on le sait, le mot d'ordre aux syn- 

dicats grévistes, les citoyens Bous- 

quet, Lévy et Delalé, ont été arrêtés, 

hier matin. 

Le motif de cette arrestation est d'a- 

bord dans l'affiche du 25 avril dernier, 

convoquant les employés de la Seine à 

un grand meeting, affiche qui se ter- 

minait par cet appel, que nous avons re- 

produit 

à ce moment 

Camarades employés, par l'action directe, 

par le sabotage, par la grève générale, vous 

êtes les plus forts, vous êtes les maîtres. Re- 

joignez la grande armée du prolétariat orga- 

nisé sachez vouloir et vous emporterez les 

bastilles capitalistes. 

Ensuite, dans les discours prononcés à 

ce meeting par les citoyens Bousquet, 

Lévy et Delalé. 

Les discours, comme l'affiche, sont 

une excitation à la révolte et au sabotage, 

c'est-à-dire à l'atteinte à la propriété 

privée, crimes prévus et punis par la 

loi de 1881. 

A quatre heures du matin, M. Ha- 

mard, chef de la Sûreté, se présentait, 

47, rue Bichat, au sixième étage, chez le 

citoyen Jean Bousquet dit « Amédée », 

secrétaire de la Fédération nationale des 

travailleurs de l'alimentation, et lui no- 

tifiait un mandat d'amener décerné par 

M. Plory, juge d'instruction. Le citoyen 

Bousquet, qui samedi matin était offi- 

ciellement reçu par M. Clemenceau et 

qui lui avait même demandé des compli- 

ments pour la sagesse avec laquelle il 

avait dirigé la manifestation des boulan- 

gers au bois de Boulogne, ne devait pas 

s'attendre à être arrêté quarante heures 

après. Il n'a cependant manifesté.aucune 

surprise. Il s'est contenté de protester 

violemment, tout en s'habillant, contre 

la mesure dont il était l'objet, et s'est 

répandu en récriminations contre le pré- 

sident du Conseil qu'il qualifie de « rené- 

gat», et contre MM. Briand et Viviani 

qui, dit-il, autrefois prêchaient les même 

théories que celles que la Confédération 

du travail veut faire aujourd'hui triom- 

pher. 

M. Hamard s'est rendu ensuite, 67, rue 

Rébeval, à. Belleville, chez le citoyen 

André Delalé, ancien secrétaire du Syn- 

dicat des cordonniers de la Seine. Delalé, 

qui habite là avec sa femme et sa fille 

âgée de dix-sept ans, a demandé qu'on 

donnât.à sa fille, qui couche à l'entrée du 

logement, le temps de s'habiller. Puis il 

a ouvert. Il s'est montré très surpris de 

son arrestation, disant qu'il n'avait fait 

de mal à personne 

Et vous, a-t-il dit, vous allez m'en 

faire beaucoup, car j'ai là une paire de 

souliers en train. Je ne pourrai pas les 

livrer et je perdrai le pain de ma femme 

et de mon enfant! 

Il a ensuite docilement suivi les 

agents. 

Le trésorier de la Confédération du 

travail, le citoyen Albert Lévy, demeu- 

rant chez sa maîtresse, Mme Duval, 18, 

rue d'Angoulême, c'est là que le chef de 

la Sûreté est venu l'arrêter. Il n'a pas dû 

être surpris, car la veille il avait dit à la 

concierge 

Pour sûr, l'on ne va pas tarder à 

me coffrer. 

Mais il est entré dans une violente co- 

lère. 

Alors, s'est-il écrié, c'est Clemen- 

ceau, Viviani et Briand qui me font arrê- 

ter Mais qu'ont-ils fait eux-mêmes pour 

arriver où ils sont?. Ils ont prêché la 

révolte tant qu'ils n'étaient rien et, main- 

tenant qu'ils sont arrivés, ils sont pires 

que les réactionnaires. 

Après s'être répandu en injures, le 

citoyen Lévy, qui était couché, a dit qu'il 

était malade, qu'il ne pouvait pas se le- 

ver. M. Hamard a envoyé au poste de 

police quérir un médecin qui, après avoir 

longuement examiné le prétendu malade, 

a déclaré qu'il se portait à merveille. 

Lévy s'est alors levé et a été conduit au 

Dépôt. Tout le long de la route il n'a 

cessé de proférer des injures et des me- 

naces contre MM. Clemenceau, Briand et 

Viviani. 

Les trois inculpés ont été amenés, à 

deux heures et demie, au cabinet de M. 

Flory, juge d'instruction, qui leur a de- 

mandé leurs nom, prénoms, âge, domi- 

cile, etc., et leur a donné connaissance 

de l'inculpation qui pèse sur eux. 

Cette inculpation estcelle d'avoir, « en 

réunion publique, directement provoqué 

soit au vol, soit aux crimes de meurtre, 

de pillage et d'incendie, soit à l'un des 

crimes punis par l'article 435 du Code 

pénal propagande par le fait, soit à 

l'un des crimes ou délits contre la sûreté 

extérieure de l'Etat prévus par les arti- 

cles 75 et suivants du Code pénal 

». 

La pénalité prévue par 1 article 24 de 

la loi du 29 juillet 1881 sur la presse, 

modifié par la loi du 12 décembre 1893, 

est de un an à cinq ans de prison, et de 

100 à 300 francs d'amende, si la provoca- 

tion n'a pas été suivie d'effet. 

Bousquet a déclaré être âgé de qua- 

rante ans, ouvrier boulanger, né à Bor- 

deaux. Il n'a fait aucune protestation, se 

contentant de dire qu'il ne parlerait 

qu'en présence de Mc Wilhm, qu'il choi- 

sissait comme avocat. 

Delalé, âgé de trente-trois ans, cor- 

donnier, né à Bordeaux, a déclaré lui 

aussi qu'il ne parlerait qu'en présence 

de Me Wilhm. 

Néanmoins, je proteste dé la façon 

la plus énergique contre cet acte arbi- 

traire et cet attentat à ma liberté. 

Albert Lévy, âgé de trente-six ans, 

employé de commerce, né à Lyon, a 

choisi pour défenseur Me E. Lafon. II. a 

protesté contre la détention préventive. 

Nous avons donné plus haut l'extrait 

incriminé de l'affiche aux employés de 

la Seine. Voici, à titre de document, 

deux des rapports de police soumis au 

Conseil des ministres et qui relatent l'at- 

titude des trois inculpés à la réunion 

jtx rapport. Lévy a préconisé le sabo- 

tage et l'emploi de la force. Il a cité l'exemple 

des employés des Galeries Lafayette. Il re- 

commande de donner « des coups de ciseaux 

malheureux » dans les étoffes et de donner 

des marchandises en sus aux clients. 

Faites comme les garçons limonadiers 

qui donnent double absinthe, non pas pour 

mieux empoisonner le client, mais pour faire 

du tort aux patrons qui négligent de fermer 

les robinets des fûts de bière, pour, forcer les 

patrons à fermer leurs maisons. 

»Le meilleur moyen à employer pour obtenir 

raison est de descendre dans la rue et d'em- 

ployer la force contre les patrons.. 

» Il faut frapper à la caisse A mauvais sa- 

laire, mauvais travail !»a 

Bousquet a préconise l'action directe, disant 

qu'il faut s'unir pour résister aux patrons. Il 

a terminé en criant «Vive l'action directe et 

vive le sabotage » 

Delalé a critiqué là politique de M. Cle- 

menceau qui a, dit-il, bien changé depuis 

qu'il est ministre. « Le Clemenceau d'hier, 

a-t-il ajouté, ne ressuscitera pas; mais il 

pourrait bien ressusciter quelque Ravachol 

ou quelque Emile Henry. » 

Delalé a fait allusion à la révocation de 

Janvion « Si les employés se faisaient soli- 

daires les uns des autres, dit-il, on ne ver- 

trait pas des révocations comme celle-là. La 

seule issue pour les travailleurs est le .sabo- 

tage et l'action directe. C'est à vous de choi- 

sir l'heure et l'endroit où vous voulez frap- 

per l » 

2e rapport. Léyy a dit qu'il fallait « des- 

cendre les, patrons qui se moquent des ou- 

vriers et des employés, ajoutant qu'il fallait 

créer des associations d'hommes conscients. 

« C'est par la force, la cohésion et l'unité que 

l'on peut faire aboutir les réformes; c'est par 

la grève que les employés de commerce pour- 

ront faire aboutir leurs revendications. Vive 

le sabotage 

» 

Bousquet a dit qu'il venait prêcher la ré- 

volte qu'il fallait agir contre l'incapacité et 

l'inertie de la classe ouvrière qu'on revenait 

aux temps de la féodalité. Il terminait par 

un appel à l'action directe. 

Delalé a dit « Si les ancêtres de la Révo- 

lution et de la Jacquerie revenaient, ils au- 

raient honte de 

l'apathie 

des ouvriers et des 

employés d'aujourdhui.» » 

Il est inutile, pensons-nous, d'insister 

sur l'effet produit dans les milieux gré- 

vistes par cette triple arrestation. 

A la Confédération générale du travail, 

rue Grange-aux-Belles, les citoyens Grif- 

fuelhes et Pouget l'ont naturellement 

déclarée arbitraire, prétendant que les 

réunions corporatives sont strictement 

privées et que, par conséquent, ce qu'on 

y dit échappe à l'application 

de la loi de 

1881, qui ne vise que les réunions pu- 

bliques. 

Ils disent que c'est une mesure prise 

pour éviter l'action du citoyen Bousquet 

sur les événements du 1er mai. 

A la Bourse du travail, où avaient eu 

lieu le matin plusieurs meetings dont 

nous parlerons tout à l'heure, on a la 

même opinion. 

Mais, dit-on, M. Clemenceau peut, s'il le 

veut, nous arrêter en masse il n'empêchera 

pas les travailleurs de manifester le l«r mai. 

Les ouvriers se feront un devoir d'assister 

aux meetings de protestation qui auront lieu 

ce jour-là, et alors nos gouvernants pourront 

se rendre compte de la popularité dont ils 

jouissent dans les classes laborieuses. 

Jetons maintenant un.coup d'œil ra- 

pide sur les grèves en cours. 

Les garçons restaurateurs et limona- 

diers se sont réunis en assemblée géné- 

rale, à dix heures, à la Bourse du travail. 

Ils étaient en moins grand nombre que 

d'habitude. Le citoyen Protat leur a 

donné lecture de la lettre que lui avait 

adressée, le matin même, le juge de paix 

du premier arrondissement 

Le juge de paix du premier arrondissement 

fait savoir à la Chambre syndicale ouvrière 

des limonadiers-restaurateurs et assimilés de 

la Seine qu'il vient de recevoir la réponse de 

l'Union syndicale et mutuelle des restaura- 

teurs et limonadiers du département de la 

Seine, par laquelle ladite Union déclare 

qu'ayant fait déjà toutes les concessions pos- 

sibles, elle refuse d'entrer en négociations. 

Le juge de paix: MARTIN. 

Il a ensuite conseillé de ne pas se dé- 

courager,* « si quelques renégats ont re- 

pris le travail ». La situation est des plus 

favorables 

On vient de m'apprendre à l'ins- 

tant que le gouvernement et la Ville de 

Paris viennent de conseiller aux établis- 

sements de fermer leurs devantures le 

jour du 1er mai, car ils ne peuvent pren- 

dre la responsabilité de ce qui peut ar- 

river. 

Le citoyen Protat a cependant eu une 

désillusion. A la réunion de l'Hippo- 

drome, une déléguée des bonnes des 

bouillons Duval était venue annoncer 

que ses camarades étaient prêtes à cesser 

le travail, à la condition que le Syndicat 

les couvrît de sa puissante protection. 

Le citoyen Protat s'y était engagé. Or 

toutes les tentatives de débauchages faites 

hier ont échoué. 

La déléguée serait-elle une simple fu- 

miste qui se serait payé la tête du ci- 

toyen Protat? '? 

Les cuisiniers, eux aussi, croient à la 

victoire. Le citoyen Franchet a déclaré 

que le plus grand désarroi régnait dans 

la plupart des restaurants de Paris, et 

que, dans un grand nombre de maisons, 

le travail avait complètement cessé. Il a 

cité des noms. Nous croyons inutile de 

les reproduire, éclairé 

par 

les erreurs 

volontaires ou involontaires qu'ont com- 

mises les orateurs de ces jours derniers 

dans les listes qu'ils ont lues. 

A l'issue de la réunion on a distribué 

des bons de vivres aux grévistes néces- 

siteux 75 centimes pour les célibatai- 

res, 1 fr. 50 pour les hommes mariés et 

50 centimes pour les enfants. 

Mais, pendant que les grévistes se 

frottent les mains au tableau qui leur est 

fait du désarroi des patrons, ceux-ci dé- 

clarent que la situation, quoique en- 

nuyeuse, est malgré tout très supporta- 

ble. 

Au café Anglais, au café de Paris, aux 

restaurants Voisin, Henry et Drouant, an- 

noncés parles orateurs de la Bourse du 

travail comme complètement désertés, 

on affirme au contraire qu'aucune défec- 

tion ne s'est produite. 

Au restaurant Champeaux, chez M. 

Marguery la bête noire des grévistes, 

on nous dit que le personnel est au 

complet et n'a aucune raison pour se 

mettre en grève. 

Au restaurant Maire, au restaurant Ju- 

lien, les employés s'étaient déclarés sa- 

tisfaits. Mais ils n'ont pu résister aux 

exhortations des débaucheurs. Ils ont été 

facilement remplacés. 

Et ainsi dans beaucoup de maisons. 

Quoi qu'en disent les meneurs, les pa- 

trons ne sont pas si affolés qu'on veut le 

faire croire. 

Les garçons d'hôtel qui, eux aussi, 

ont déclaré la grève, ont envoyé une 

délégation au président du Conseil, pour 

lui exposer leurs griefs, notamment à 

propos du repos hebdomadaire qui, en 

ce qui les concerne, est, disent-ils, mal 

appliqué. Ils ont de plus appelé son at- 

tention sur les abus que commettraient 

certaines Sociétés de secours mutuels 

transformées en bureaux de placement. 

Sur chacun de ces deux points, M. Cle- 

menceau a demandé un mémoire aux 

délégués. 

En attendant la décision de M. Cle- 

menceau à leur égard, les garçons d'hô- 

tel se montrent un peu bruyants et ta- 

pageurs. A la sortie de leur réunion, à 

l'annexe de la rue Jean-Jacques-Rous- 

seau, hier à cinq heures, ils ont essayé 

de se former en colonne pour manifester. 

La police à'dû intervenir pour les dis- 

perser. 

Une seconde intervention a été néces- 

saire devant l'hôtel Régina, place Ri- 

voli, où 50 garçons d'hôtel criaient 

« Vive la grève » 

AUTRES GRÈVES 

Un grand meeting, organisé par 1.'As-. 

sociation générale des postes, télégraphes 

et téléphones a été tenu hier soir à l'hô- 

tel des Sociétés savantes pour protester 

contre la révocation de MM. Clavier, 

Mairie, Quilici, Grangier et Simonnet. 

Après plusieurs discours critiquant 

tous l'attitude du gouvernement, on a 

voté un ordre du jour dans lequel on 

déclare que la lettre ouverte adressée à 

M. Clemenceau ne contenait ni provoca- 

tions ni injures, mais était simplement 

l'exposé d'une thèse opposée au projet 

gouvernemental que les délégués n'a- 

vaient fait qu'user d'un droit reconnu 

par la Déclaration des Droits de l'homme 

que le Conseil des ministres prétend 

rétablir le délit d'opinion, etc., et deman- 

dant au président du Conseil de calmer 

par une réintégration immédiate l'émo- 

tion causée parmi les employés des 

postes qui sont toujours au premier rang 

du parti républicain. 

Une délégation a été nomméepour al- 

ler aujourd'hui porter ce desideratum 

au ministère de l'intérieur. 

On parle aussi beaucoup d'une menace 

de grève parmi les employés des hôpi- 

taux. Ils ont publié hier un journal sur 

papier rouge, intitulé Y Action, et qui dé- 

clare en- « manchettes » qu'à partir du 

1er mai, ils ne reconnaîtront plus de rè- 

glement. Un dessin montre les infirmières 

« prenant elles-mêmes la liberté qu'on 

leur refuse ». 


Les Fêtes d'Orléans 

..uoo· 

Le conseil municipal d'Orléans, réuni 

hier à cinq heures, a décidé par 14 voix 

contre 14, celle du maire étant prépon- 

dérante, d'inviter la loge Etienne-Dolet 

au cortège du 8 mai. 

Donc, la franc-maçonnerie l'emporte, 

décidément. La capitulation du'conseil 

municipal est d'ailleurs très atténuée par 

le fait que Mgr Touchet, évêque d'Or- 

léans, avait spontanément, en présence 

de l'extraordinaire insistance de la loge, 

décliné pour lui-même et pour le clergé 

l'invitation du maire, dans un sentiment 

que toutle monde comprendra. 

Voilà donc où aboutit l'intervention de 

M. Clemenceau. Les francs -maçon s, 

dont on ne voulait pas, seront du cor- 

tège, et le clergé, auquel une tradition 

plusieurs fois centenaire y- assignait la 

première place, s'abstiendra d'y pa- 

raître. 

Il reste à savoir comment les Orléa- 

nais prendront lachose. On assure quela 

loge Etienne-Dolet, le 8 mai, sera gardée 

par la troupe. Il n'est pas dit que cette 

précaution soit inutile. En tout cas, les 

francs-maçons peuvent se vanter d'avoir 

causé parmi la population un méconten- 

tement dont il faudra bien qu'un jour 

ou l'autre quelqu'un paye les frais. 

En attendant, la loge reçoit de l'évê- 

ché une leçon de dignité que ses mem- 

bres seront peut-être les seuls à ne pas 

comprendre et qui augmentera l'affec- 

tion que Mgr Touchet a su de longue 

date inspirer à ses diocésains. 

On ne sait pas encore si la remise de 

l'étendard de Jeanne d'Arc, le soir du 7 

mai, aura lieu dans les conditions accou- 

tumées. Il se peut que le clergé préfère 

s'abstenir totalement, mais ce n'est pas 

sûr. 

Dans les deux hypothèses, le succès 

des fêtes de Jeanne d'Arc semble bien 

compromis. Admirable politique, qui va 

contre les sentiments les plus respecta- 

bles et contre les intérêts les plus évi- 

dents de toute une ville, pour la satis- 

faction. provisoire d'une poignée de 

sectaires! 1 

Julien de Narfon. 

DÉFENSE SOCIALE 

Une causerie de M. G. Noblemaire 

Sous la présidence de M. Paul Beaure- 

gard, membre de l'Institut, député de 

Paris, 1' « Union du commerce et de l'iri- 

dustrie pour la défense sociale » donnait 

hier son déjeuner mensuel, suivi de cau- 

serie. 

L'orateur était, cette fois, M. G. Noble- 

maire, directeur général honoraire du 

P. L. M. M. Noblemaire n'est pas seule- 

ment l'administrateur très éminent dont 

le nom demeurera, comme celui de Ta- 

labot, inséparable de l'œuvre à laquelle 

il fut, pendant plus de trente ans, si bril- 

lamment attaché; M. Noblemaire est 

aussi un lettré, et un orateur, ou plutôt 

un causeur charmant. 

C'est en effet dans le ton familier de 

la causerie que le directeur honoraire du 

P. L. M. entretint hier ses auditeurs, 

évoqua devant eux les souvenirs de sa 

carrière, de trente ans de direction. 

Sur les conditions générales de l'exploi- 

tation moderne des chemins de fer 

rapports des compagnies avec le public, 

tarifications, etc.; M. Noblemaire sut 

fournir à son auditoire toutes sortes de 

renseignements instructifs, dont l'élé- 

gance et la netteté de ses explications 

augmentaient l'intérêt. Mais l'attrait de 

cette causerie grandi| encore quand 

l'orateur aborda la question, délicate et 

actuelle entre toutes, des rapports' des 

grandes compagnies avec leur personnel 

ouvrier. 

C'est ici le cœur, a dit M. Noblemairo aux 

applaudissements 

de l'auditoire, c'est le cœur 

seul qui est en jeu et dont il faut écouter les 

élans. Il est peut-être encore des patrons qui 

se croient quittes envers leurs ouvriers quand 

ils leur ont versé, en échange de leurs ser- 

vices, les salaires stipulés par le contrat de 

travail. Les bons patrons ont depuis long- 

temps abandonné cette conception. 

Il faut au directeur qui représente la so- 

ciété, avec lé souci de maintenir une stricte 

discipline, l'esprit de justice qui seul la peut 

faire accepter. Il faut qu'il encourage toutes 

les entreprises de ses agents pour améliorer, 

par des associations mutualistes, leur situa- 

tion présente. 

Il faut surtout qu'avec leur 

concours il leur assure une retraite pour le 

moment où l'âge oblige à la cessation du 

travail. 

Toutes les compagnies de chemins de fer 

comprennent et pratiquent à peu prés de la 

même façon ce devoir social la nôtre en par- 

ticulter y a affecté, cette année, sous diffé- 

rentes formes, 26 millions environ, soit plus 

de la moitié (57 0/0) de la somme, qu'elle dis- 

tribue à ses actionnaires à titre de dividende. 

C'est leur manière ce n'est pas la plus 

mauvaise de résoudre la question du par- 

tage des bénéfices. 

Mais l'argent n'est pas tout, « la façon de 

donner vaut mieux que ce qu'on donne »,.et 

pour importants qu'ils soient, ces sacrifices ne 

produiraient pas le bien qu'on doit en atten- 

dre si ceux qui commandent, à tous les de- 

grés, ne savaient pas, par leur manière de 

commander, rendre l'obéissance facile, s'ils 

ne savaient pas faire entrer dans l'esprit de 

tous-leurs collaborateurs, connus et incon- 

nus, cette conviction qu'ils ne veulent et ne 

recherchent que leur bien, qu'ils étudient 

leurs besoins, discernent leurs capacités, pré- 

parent et assurent leur avenir; s'ils n'ont pas 

pour eux, en. un mot, quelque nombreuse que 

soit la famille, les sentiments d'un père pour 

ses enfants. 

Paroles réconfortantes, auxquelles on 

souhaiterait que se montrassent plus 

attentifs les travailleurs à qui elles s'a- 

dressent, et parmi lesquels une propa- 

gande détestable cherche à n'exciter et 

à n'entretenir, à l'égard de l'employeur, 

que des sentiments.de méfiance et de 

haine 

M. Noblemaire eut une tâche difficile 

à remplir. Qui sait si pour ses succes- 

seurs elle ne sera pas plus rude encore? 

Em. B. 

NINON DE LENCLOS 

à M"° BARTET 

Que je vous sais gré, mademoiselle, d'avoir 

prêté à Marion de Lorme tant de pudeur, de 

grâce et de passion ensemble Pour avoir 

fait, ma longue vie durant, le bonheur d'un 

nombre incalculable de personnes de qualité 

n'y a-t-il pas aussi, dans les choses déshon- 

nêtes, une honnêteté à observer? j'ob- 

tiens quelquefois de la faveur divine des bil- 

lets de sortie, et je cours au spectacle, n'ayant 

plus que cette occasion de vérifier les nou- 

velles modes amoureuses. 

Vous dirai-je que de mes dernières expédi- 

tions je revins fort choquée ? Je n'avais pas ac- 

coutumé de rencontrer dans la société un ton 

aussi détestable. Outre une ingénue que le 

ruisseau avait toute décrassée, sauf la lan- 

gue, on m'a montré plusieurs dames que nous 

n'eussions point consenti à recevoir, Marion 

et moi. Il en était une qui faisait les tiroirs 

de ses hôtes afin de solder les costumes qui 

la devaient rendre désirable aux yeux 

d'un 

époux, lequel m'a paru plus soucieux de la 

dévêtir que de la revêtir. Que n'employait-elle 

d'autres armes ? Mon ami, M. de La Roche- 

foucauld, m'assurait que le moindre défaut 

des femmes galantes, c'est la galanterie. 

Celle-ci est-elle donc si aveuglée sur elle- 

même qu'elle ne pense exercer sa galanterie 

qu'avec son seul époux ? 

De mon temps le théâtre était une école 

de bel esprit et de parler courtois. MM. de 

Scudéry et de La Calprenède nous entrete- 

naient d'héroïsme sur un ton de jactance, 

Tristan l'Hermite de poésie, Mairet et Du 

Ryer de noblesse tragique. De M. Corneille 

je ne parle point comme moi, il continue de 

vivre. Nos auteurs savaient alors quels beaux 

couplets tirer de l'amour et du devoir, et 

leurs amants parvenaient à une sublime exal- 

tation dans le trouble où les précipitaient 

le 

souci de leur gloire et celui de leur cœur. Les 

vôtres me paraissent avoir terriblement sim- 

plifié l'art dramatique. Leurs amants ne -font 

plus de façons, et l'on craint toujours, 

à les 

voir si excités et si peu secrets, qu'ils ne 

'poussent un peu loin l'oubli des chandelles. 

Ils prêtent à leurs honnêtes femmes les ma- 

nières des gourgandines, et attachent si peu 

d'importance à leur chute qu'ils suppriment 

du coup tout l'intérêt que nous nous dispo- 

sions à prendre à leurs résistances. 

Vous ne manquerez pas de me faire remar- 

quer que mon autorité, en pareille matière, 

est sujette 

à controverse. Il est vrai, j'ai 

donné à mon siècle ce spectacle affligeant de 

n'avoir ni mœurs ni préjugés. Mais j'ai fait 

mieux que respecter la morale et le de- 

voir j'ai respecté les bienséances. Mme de 

Sévigné, qui m'appelait en jouant sa belle- 

fille, n'était pas fâchée que son mauvais sujet 

de fils achevât son éducation par mes soins. 

Mme de La Fayette m'appelait son amie, Mme 

Scarron me consultait, et la reine Christine 

de Suéde ne dédaigna pas de me venir rendre 

visite. Vos courtisanes d'aujourd'hui reçoi- 

vent-elles des reines ? Je ne commettrai pas 

l'indiscrétion de demander si elles accueillent 

des souverains. 

Voilà donc le grand mot lâché. Oui, nous 

étions, Marion et moi, des courtisanes. J'ai 

vu avec satisfaction, mademoiselle, que, fort 

exactement renseignée sur notre temps, vous 

avez su garder à votre rôle cet air de distinc- 

tion qui n'est plus en honneur aujourd'hui, pro- 

bablement parce que la nature ne le prodigue 

pas et que l'imitation en est malaisée. Je sais 

bien que M. le cardinal de Retz a traité 

Marion d'un peu moins qu'une prostituée 

mais il écrivait à la légère comme votre Mon- 

tagnini, quoique d'un meilleur style à la vé- 

rité. J'avais avec elle un grand commerce 

d'amitié. Je l'aimais presque autant que saint 

Evremond qui m'enseigna la philosophie. Et 

comme nos amis étaient les mêmes, nous 

devînmes inséparables. Le marquis de Créqui, 

le chevalier de Grammont, le voluptueux Des- 

barreaux, et Sarrasin et Boisrobert nous appor- 

taient les nouvelles de la Cour et de la ville. 

Ce dernier nous conduisit à Rueil ce fameux 

cardinal que votre M. Hugo traite avec tant 

de sévérité. Nous nous le renvoyâmes l'une à 

l'autre, et finalement nous n'en fimes rien. 

C'est un sort méchant dont un homme puissant 

s'accommode fort mal. Il nous le fit bien voir 

dans cette pièce où il se venge de nos dédains 

sur votre Didier. Nos pareilles, aujourd'hui, 

résistent-elles à vos ministres, à vos sunn- 

tendants et à vos fermiers généraux? 

Vous m'avez fait songer, mademoiselle, 

quand je vous ai vue si tragique et palpitante 

au dernier acte, au point de me tirer des yeux 

plus de larmes que je n'en ai répandu de mon 

vivant, à cette Mme de Chevreusequise servit 

de tous ses charmes pour. réussir dans ses 

desseins. Elle conspira jusqu'à la mort contre 

le cardinal et préféra sa haine à toutes ses 

amours. Menacée de la colère royale, elle s'en- 

fuit en Espagne, déguisée en cavalier: Le long 

de la route, ce jeune garçon à la taille bien 

prise faisait des conquêtes, et montra, dit-on, 

plus de pudeur et de cruauté que les hommes 

faits comme elle n'ont accoutumé d'en avoir. 

Quand l'honneur et la haine ne la jetaient 

pas dans les aventures, elle recherchait avec 

passion toutes les élégances de la vie, tant 

elle introduisait dans sa virile énergie de 

charme féminin. 

Ce mélange, vous n'êtes pas sans l'avoir 

surpris chez les héroïnes de ce Racine dont 

vous êtes et demeurez l'idéale interprète. Sous 

la grâce et l'harmonieuse douceur des atti 

tudes et des paroles, voici que l'on devine les 

ardeurs brûlantes et toute la force d'une pas- 

sion que la réflexion a développée au lieu de 

calmer, et qui par là même est deveuue plus 

complexe et plus intelligente. Ainsi les fleurs 

qu'un jardinier diligent cultive sont plus belles 

et répandent plus de parfum que leurs sau>> 

vages sœurs. 

Quand je prends connaissance de la bio- 

graphie de ces femmes illustres qui donnent 

à l'histoire de France un éclat nonpareil, je 

les imagine volontiers sous vos traits, et je 

me demande pourquoi quelque auteur drama- 

tique ne. vous a pas composé quelque Louise 

de La Vallière douloureuse et humiliée, quel- 

que Julie de Lespinasse qui vous eût permis 

de montrer comment la fatalité de l'amour 

substitue un Guibert frivole mais vivant à un 

Mora sublime mais mourant, ou bien quelque 

Pauline de .Beaumont à demi brisée et toute 

amoureuse. Et quand vous nous représentez 

quelque femme d'aujourd'hui, j'admire comme 

les modes ont peu d'empire sur nos senti- 

ments lorsqu'ils sont sincères. Ce qu'on prend 

à l'amour ne le saurait amoindrir. Ainsi les 

petites filles puisent de l'eau dans la mer.1 

A Marion de Lorme vous avez, ajouté, d'ex- 

quises nuances sans la dépouiller de ce roma- 

nesque que vous appelez aujourd'hui roman- 

tique et que je me chargeais de ravir en liou- 

ceur à mes trop'jeunes et trop zélés adorateurs. 

Mais cette lettre est déjà bien longue. Elle 

grossira le nombre, déjà inquiétant, de toutes 

celles que l'on m'a fait écrire depuis ma mort. 

Connaissant le danger des correspondances, 

je n'avais, en réalité, jamais écrit qu'un billet. 

Il était d'un laconisme qui devançait celui 

de vos petits bleus Je if aimerai que La 

Châtre. Ce jeune homme se l'était fait signer 

comme une lettre de change. A sa présenta- 

tion je devais payer. Le billet vint à échéance 

et fut protesté. Et c'est pourquoi l'on dit en- 

core aujourd'hui « Ah le bon billet qu'a 

La Châtre » Celui-ci, que je vous adresse, 

je vous supplie, mademoiselle, de ne le point 

protester. -• 

Ninon de Lenclos. t 

LA ROUE E. L, 

« Le pneu, c'est la ruine », disent tous 

les propriétaires d'automobile. La Roue 

E. L. supprime le pneu tout en donnant 

la même souplesse et une économie de 

80 0/0. Plus de crevaisons, plus d'éclate- 

ments, plus de pannes. Seul le bandage 

plein est soumis à l'usure, mais le ban- 

dage Swinehart est garanti 15,000 kms. 

« Société Française de la Roue E. L., 26- 

28, rue de Sablonville, à Neuilly. 

» 

Papis 

aa joap 

le 

joap 

LA JOURNÉE 

A l'Elysée Déjeuner offert par M. le Pré- 

sident de la République à S. M. le roi des 

Belges. 

Mariages Marquis Ranulph-Saladin de 

Montmorillon avec Mlle Amélie de Mareuil 

(Saint-Honoré d'Eylau). M. René d'Orfond 

avec Mlle Jeanne Sarlande (Saint-Augustin). 

M. Maurice Gourdault avec Mlle Auge (Saint- 

Pierre du Gros-Caillou). Vicomte de Mau- 

repas avec Mlle de Grancéy. 

A Sainte-Marie des Batignolles Fêtes de 

l'Adoration (huit heures du soir, M. l'abbé 

Lapierre). 

Au Grand Palais Vernissage du Salon des 

Artistes français (demain, ouverture pu- 

blique). • 

La charité Vente au profit de l'Œuvre des 

conférenciers populaires (Galeries de la Cha- 

rité, rue Pierre-Charron). 

Conférences M. Cheysson « Outillage so- 

cial de la prévoyance et de l'assistance,»; 

(cinq heures et demie,Institut catholique).- 

M. l'abbé Coubé « Honneur et conscience » 

(quatre heures et demie, 84, rue de Grenelle). 

M. Daniel Berthelot « la Science orien- 

tale des Chaldéens aux Phéniciens », avec 

projections (huit heures et demie du soir, 

157, faubourg Saint-Antoine). 

Cours Comte Léon de Montesquiou « les 

Conservations positivistes de la vie humaine 

l'initiation, l'admission » (cinq heures, rue 

Serpente, 28). Doeteur A. Darier :« les 

Sérums et les métaux ferments en thérapeu- 

tique oculaire » (cinq heures et demie, 'Fa- 

culté de médecine, amphithéâtre Cruveilhier). 

Divers: Assemblée générale de la Société 

des Artistes lyriques (deux heures et demie, 

mairie du dixième). Banquet du Rouge et 

du Bleu (Société des Artistes indépendants). 

INFORMATIONS 

Intérieur. M. Roger est nommé adjoint 

au maire du dix-neuvième arrondissement 

municipal de la ville de Paris, en remplace- 

ment de M. Buisson, décédé. 

M. Genty-Magre, sous-préfet-de Villefran- 

che (Haute-Garonne), est nommé, sur sa de- 

mande, secrétaire général du Tarn. 

M. Pelissier, secrétaire général du Tar,n 

est nommé, sur sa demande, sous-préfét de 

Villefranche (Haute-Garonne). 

Académie des sciences. L'Académie 

des sciences, dans sa séance d'hier, a pro- 

cédé à l'élection d'un membre au fauteuil 

laissé vacant par la mort de M. Marcel Ber- 

trand, dans la section de minéralogie. 

M. Douvillé a été élu par 43 voix sur 56 

votants. Les autres candidats étaient MM. 

de Launay, Marcelin Boule, Hang, Terrier, 

Wallerand, Bergeron. 

Conférences. M.Jacques 

Dalcroz e,profes- 

seur au conservatoire de Genève, fera le lundi 

6 mai, à quatre heures et demie de l'après- 

midi, une conférence au Conservatoire (salle 

des examens) sur la méthode de gymnastique 

rythmique dont il est l'inventeur. Un groupe 

de ses élèves de Genève (jeunes filles et en- 

fants) exécuteront une série d'exercices ex- 

traits de cette méthode dont le but est le dé- 

veloppement 

de l'instinct rythmique et métri- 

que musical, du sens de l'harmonie plasti- 

que et de l'équilibre des mouvements ainsi 

que la régularisation des habitudes motrices. 

Une seconde conférence sur le même sujet, 

mais à un point de vue plus spécialement 

éducatif, sera faite le lendemain par M. Jac- 

ques Dalcroze et ses élèves à cinq heures de 

l'après-midi, à la Sorbonne. 

Ces conférences auront lieu sous les aus- 

pices de l'éditeur Heugel. 4 

Fête équestre. Le «Rassembler n a couru, 

hier, dans les bois de Meudon son rallye 

d'entraînement. 

Malgré le mauvais temps, une vingtaine 

de sociétaires avaient répondu à l'appel de 

M. H. Lacroix, leur distingué président. 

Le parcours, tracé par M. Foucault, l'habile 

écuyer pour lequel les bois des environs de 

Paris n ont plus de secret, était très intéres- 

sant et fort accidenté, grâce aux difficultés 

naturelles dont son auteur avait su profiter. 

C'est M. Pujos qui a été le premier à l'arri- 

vée, suivi de près par M. R., un de nos plus 

sympathiques sportsmen. 

La Pièce aux Cents Florins. La belle 

édition du chef-d'œuvre de Rembrandt dont 

nôus parlons à nos Echos de première page, 

est en vente à la Maison d'Art hollandais, 

13, rue Franklin. • 

Five o'clock. Chaque soir, de quatre à 

six, Tout-Paris se retrouve autour des tasses 

de Chocolat de Royat 

« A la Marquise de Sé- 

vigné », 11, boulevard de la Madeleine. 

Exposition d'art. La galerie Cavaroc, 

dont il est question à nos Echos de première 

page, est installée 10, rue de la Paix.

LE FIGARO MARDI 30 AVRIL 19Q7 

SOCIÉTÉ DES ARTISTES FRANÇAIS 

DUSHLON 

EHGÊNÉRHL 

E05 

DedeuxTableauxen particulier 

Ut ptetuTQ poesis dit le classique et 

admirable adage. Comme l'on se prend 

?i regretter ici 'que la réciproque, qui 

serait si belle, ut poesis pictura, ne se 

rencontre presque à aucun degré 1 

Oui, je le sais, vous nous dites, pein- 

tres qui dès les années d'école avez em- 

prisonné votre cerveau 

pour 

jamais 

entre les quatre murs de 1 atelier et qui 

emporteriez cette ambulante prison jus- 

que dans une forêt vierge, vous nous 

dites que la belle peinture n'a point be- 

soin d'être pensée, et qu'elle implique 

pour l'esprit le plaisir des plus hautes 

suggestions. Encore faudrait-il s'entendre 

sur ce que vous appelez la belle peinture, 

et je vous défierais de prouver qu'il n'y 

a pas de pensée dans Vérqaèse, dans 

Watteau, Uans Corot. 

Vous prononcez avec mépris le mot de 

littérature qui répond à des idées que 

vous connaissez mal. Mais le visible dé- 

dain de toute culture intellectuelle et de 

toute préoccupation morale qui règne 

dans la plupart des tableaux exposés ici 

finit par faire de vous d'estimables fabri- 

cants qui n'apportent point dans leurs 

«articles» la nouveauté que le public 

exige des. autres industries. 

Vous n'êtes point les poètes que l'on 

souhaiterait, cest-â-dire des imagiers 

qui pensent avec les yeux. 

Aussi Ton sort de votre grand et riche 

marché à la peinture sur cette impression 

très spéciale, très-anormale, particulière 

seulement je crois à notre temps, car il 

ne semble point que les hommes des âges 

précédents aient eu l'occasion de l'é* 

prouver on s'est intéressé à quantité de 

peintures agréables, amusantes parfois 

quand on a fini, on n'a pas acquis une 

idée neuve, on n'a pas une notion iné- 

dite sur la vie, pas une révélation de 

quelque caractère, de quelque amour, de 

quelque haine vigoureuse. 

• 

Les consciencieux artistes qui ont ex- 

posé ici dès portraits, des paysages, des 

scènes populaires, des anecdotes, se sont 

uniquement préoccupés l'exposition le 

ferie de solliciter, les goûts de la clientèle 

main non de comprendre et d'interpréter 

la vie. ~l~Qus renoncerons donc, comme 

nous noùVl'étions proposé, à dégager la 

pensée des peintres à ce Salon, comme 

nous avïôn% cherché à dégager les ten- 

dances picturales au Salon rival. On ne 

peut extraire d'un tel ensemble, si vaste 

qu'il soit, ce qui n'existe pas. 

Sans doute, les vrais poètes sont et se- 

ront toujours rares. Mais, en développant 

ici plus longuement notre vœu, notre cri 

de regret, ut poesis pictura nous ris- 

querions de prêcher dans le désert. Nous 

nous livrerons donc simplement à l'exa- 

men consciencieux, salle par salle, des 

œuvres exposées. Il est presque impos- 

sible, le voulussions-nous, de faire autre- 

ment, tant l'observation s'éparpille en 

particularités. Peut-être l'avenir fera-t-il 

un jour de tout cela un peu d'histoire, 

mais ce ne sera vraiment pas la faute 

de ceux qui auront produit cet énorme 

et confus amas de documents. 

Cependant, nous ne pouvons pâs dire 

que pas un seul peintre no se doute de 

ce que c'est que la pensée, la création 

ou la poésie en art. « II en est jusqu'à 

deux que nous pourrions nommer », et 

nous les nommerons, parce qu'ils nous 

montrent, avec- leurs défauts et. leurs 

insuffisances, ce que nous souhaiterions 

trouver chez- la plupart une idée géné- 

rale, ou une idée poétique, ou la simple 

conscience des beautés ou des drames 

du temps présent. 

Les deux peintres de qui les œuvres 

ont cette année une valeur artistique et 

une valeur d'exemple sont M. Laparra 

et M. Jonas. On trouvera leurs tableaux,, 

par un hasard heureux, dès la première 

salle. Ce sont les seuls vraiment saisis- 

sants. Il est commode de les trouver 

ainsi dès le début pour n'avoir plus à 

craindre de penser après. 

M. William Laparra, depuis plusieurs 

années, a manifesté une grande volonté, 

quoiqu'il ait oscillé entre une peinture 

colorée et une peinture très assombrie, 

entre un rendu littéral de quelques 

contingences et un mélange de réalité 

et d'allégorie. Mais on peut dire que 

jamais ses tentatives n'ont laissé le spec- 

tateur indifférent. A-t-il trouvé sa voie 

cette fois? Peut-être pas encore. A-t-il 

fait un bel et méritoire effort et produit 

une œuvre remarquable tant par la pen- 

sée qui l'anime que par un grand nom- 

bre de ses éléments ? Oui, sans contredit. 

Dans ce grandiose et puissant effort, 

M. William Laparra a voulu protester 

contre l'instipct qui pousse les hommes 

à s'entre-tuer. L'on rit de ce rêve on le 

déclare naïf, rebattu, irréalisable. De 

combien de rêves réalisés aujourd'hui 

n'en a-t-on pas dit autant2 Il est beau 

toujours de le rêver encore» 

Le Piédestal, tel est le titre de cet im- 

mense tableau. Un templa est étayé d'af- 

freux entassements de ruines fumantes 

où s'entremêlent des amoncellements 

de cadavres, les uns encore revêtus 

d'uniformes belliqueux, les autres déjà 

dénudés et décharnés. Le sol ruisselle de 

sang, et, au pied de cette pyramide 

d'horreur, se pressent de douces créatu- 

res, des femmes, des enfants, de pauvres 

êtres inoffensifs et pensifs qui acceptent 

et se courbent, osant à peine pleurer, 

n'osant point protester. Et tout cela, 

c'est pour que sur le fronton du temple 

puisse se dresser, minuscule, empour- 

Sré, 

féroce et souillé de la rouge liqueur 

umaine,*un cavalier qui brandit, avec 

son glaive, l'orgueil des immenses tue- 

ries. 

Je n'ai pas besoin de vous dire quelle 

énorme dépense d'énergie et de talent a 

LES' SALONS OÊ IQO'T' 

LES SALONS y 

nécessité une telle page. Vous le verrez 1 

de reste, et vous apprécierez tout ce que 

la composition a de fortement tenu et 

suivi, tout ce que cette surface a de plein 

jusqu'aux bords. Mais je veux répondre 

à deux objections. L'une je n'aime 

point la peinture à tendances philosophi- 

ques. Soit mais ce n'est pas un faiseur 

de thèses,v un déclamateur qui a peint 

avec.cette belle affection, cette compas- 

sion vraie et profonde, ces beaux groupes 

féminins et enfantins. Ils sont émou- 

vants ces 

types 

de résignées, de veuves, 

ces êtres de qui les yeux s'ouvrent pour 

la première fois sur les férocités qui pri- 

ment encore la vie, et qui peut-être un 

jour ne l'opprimeront plus. L'autre je 

n'aime pas la peinture sociale, ou socia- 

liste. Si c'était cela, je ne l'aimerais guère 

non plus, le tableau de M. Laparra. Mais 

il n'a rien de tel. Il dépasse de beaucoup 

une opinion politique plus ou moins dis- 

cutable,plus,ou moins dangereuse si l'on 

veut. Je ne vois là que l'œuvre d'un ar- 

tiste qui a eu un bel élan de poésie et 

qui en a tiré de beaux accents. Je salue 

donc en lui un homme dont il est impos- 

sible de ne pas attendre dans l'avenir de 

belles choses, et qui les réalisera plus 

sûrement encore dans des travaux moins 

ambitieux. 

L'autre peinture est une scène de 

Grève à Anzin, par M. Jonas. Certes, si 

tableau peut mécontenter les socialistes, 

c'est bien celui-là, à moins qu'ils ne 

soient fiers du spectacle véridique qu'il 

nous offre. Des ouvriers, des femmes, 

des enfants même, hurlants, bien por- 

tants, les drapeaux rouges éployés, frap- 

pent à qui mieux mieux un misérable 

couple, de qui les vêtements sont en 

loques et les membres ecchymoses. Le 

crime de ces suppliciés est d'avoir voulu 

travailler en temps de grève, et d'avoir 

persisté à gagner une misérable vie. On 

appelle, paraît-il,ces tristes « coupables » 

des roufions. Vilain mot qui sent la haine 

et l'outrage. Vilaine action dont les comp- 

tes rendus des événements récents nous 

apportèrent plus d'une fois le récit, et à 

laquelle l'autorité fut, disait-on, con- 

trainte d'assister impassible, mais non 

l'humanité. M. Jonas, avec quelques res- 

souvenirs d'un célèbre tableau de M. 

Adler, mais en le variant avec un beau 

talent personnel cependant, a bien mis 

en scènè ce drame et accompli sur ses 

œuvres précédentes un sensible progrès. 

L'œuvre sera regardée et discutée elle 

est donc devaleur. 

Ainsi deux tableaux ont été pensés sur 

la quantité. Dans l'un, une protestation 

s'élève contre certaines idées du passé; 

dans l'autre, contre certains abus dou- 

loureux que semble nous promettre l'a- 

venir. Arrêtons-nous. Pour rien au 

monde nous ne voudrions faire de politi- 

que. Il est probable que ces deux ta- 

bleaux, très divers, ne tirent pas à consé- 

quence. 

Après avoir mis hors de pair ces deux 

œuvres remarquables et vous avoir 

laissé le soin d'en tirer la moralité que 

vous voudrez, ou pas de moralité du 

tout, nous entrerons dans l'examen dé- 

taillé des salles. C'est un travail que les 

continuels déplacements d'œuvres ont 

rendu fort difficile et qui, à défaut de 

tout autre mérite, aura celui de n'avoir 

passé sous silence ancun réel et sérieux 

effort. Les quelques inexactitudes de dé- 

tail qui pourraient s'y rencontrer vien- 

nent de ce que certains tableaux sont 

victimes, jusqu'à la dernière minute, 

comme certains humains, de fatalités 

voyageuses. 

ATRAVERS 

LESSALLESDEPEINTURE 

Salle 1'. C'est dans cette salle que 

sont les deux peintures de M. Laparra 

et de M. Jonas dont il vient d'être si lon- 

` 

guement parlé. Les éléments d'intérêt 

ou l 

d'amusement y sont assez nombreux en j 

dehors de ces œuvres importantes, et il t 

nous revient qu'on a fait effort pour que J 

ce vaste hall ne soit pas simplement l'ha- 

1 

bituel « dépotoir ». 

Puisqu'on était en si bon chemin, on • 

aurait pu tout aussi bien donner une 

( 

meilleure place à certaines peintures 

( 

qu'on y accrochait. La scène dans un jar- 1 

din, où M. Carrera s'est montré brillant 

1 

et éclatant luministe; le beau portrait 1 

de femme, si caractéristique, de M. Jas- 

trebzoff, un portrait qui pense, et qui | 

nous dit tout un caractère et toute une 

race le délicieux intérieur d'atelier de 

` 

M. Marcel-Béronneau, peinture exquise 

E 

de délicatesse et d'une belle recherche 

J 

de matière, voilà trois choses qui ne 

devaient point être sacrifiées. Voilà 

pourquoi nous leur donnons le pas sur 

d'autres peut-être plus importantes, mais 

mieux placées. Nous en trouverons ainsi ( 

presque dans toutes les salles. i 

Le Blé, grande composition rurale de ( 

M. P. Dupuy, où le 

paysage 

est bien 

traité, et les personnages sérieusement < 

étudiés, est un peu vaste, un peu vide, et 

une telle scène manque de la verve que < 

Sorolla sait mettre dans ces sujets, et ( 

qui est leur véritable raison d'être. ] 

M. Ribera, de qui la manière élégante i 

ne rappelle en rien celle de son farouche < 

et antique homonyme, nous dépeint, en < 

trois tableaux, formant très artificielle- > 

ment triptyque, X Andalousie. Une jolie 1 

seflora est à l'église avec sa duègne; un 

couple idyllise sur une terrasse fleurie; 

deux jeunes gens engagent, corps à corps, 

un terrible duel au couteau. C'est toute 

l'Andalousie, paraît-il. J'imagine qu'on < 

y peut voir d'autre choses encore, et que i 

si M. Ribera est un peintre habile, il n'est 

pas un historien complet. 

Il est inutile de signaler aux friands 

d'anecdotes les Cambrioleurs de M. Des- i 

celles, peinture à détails amusants, qui 

gagnerait à être un peu moins grande 

et un peu moins sombre, et Les dieux 

v 

s'en vont, scène où M. Girardot décrit 

des sirènes et des tritons fort cour- 

roucés de la présence de sous-marins et 

de cuirassés dans leur domaine. 

On appréciera le beau sentiment dra- 

matique et la bonne tenue picturale qui 

règnent dans la grande toile de M. Jac- 

quier: le Linceul d'un héros; et l'entrain | 

d'une scène dantesque, un peu sombre, 

de M. Benedito. 

De fort énormes « tartines » attireront 

l'attention sans qu'on les signale. Les 

meilleures sont le grand tableau d'his- 

toire de M. Makowski, la scène de 

M. Lhoste Hastings à Luna, le grand 

triptyque pastoral de M. Guétin. Je vous 

ferai remarquer encore dans cette salle 

de bons paysages de MM. Stanton, Ré- 

mond, Voisard-Margerie, Mitchie, une 

agréable décoration de M. Brugairolles, 

des fleurs de MM. Troupeau et Kind, 

des tableaux de genre et de mœurs dé 

Mlle Suzanne Watkins, de MM. Lan- 

deau, Thurner, Loubat, Chartier (une 

scène des guerres de l'Empire), Tito 

Salas et Troncet. 

SALLE 2. M. Dewambez à perpé- 

tuité se condamne,à ne voir la vie %ue du 

sixième étage. De toute façon, ses pe- 

tit tableaux sont toujours excellemment 

composés, bien vus et exécutés avec une 

spirituelle ironie. Sa vue de la Fête de 

Montmartre et son Assaut continuent 

heureusement la série de petites œuvres 

séduisantes de cet artiste de qui l'on at- 

tendait jadis de grandes œuvres terri- 

bles. Curiosité des destinées. 

Comme pages délicates, on remarquera 

un fin paysage de l'Adour, par M. H. Fo- 

reau un portrait de fillette en blanc et 

ceinture orangée de M. Jordic; un joli 

paysage de M. Dameron, pris au cap 

d'Antibes. 

M. Faugeron fréquente les mêmes sa- 

lons que M. Etcheverry et en rapporte 

les mêmes peintures de modes. Mme 

Demont-Breton continue de tremper les 

petits enfants du Pas-de-Calais dans une 

mer grise et sous un ciel triste. 

Un excellent intérieur de M. Joron; 

des tableaux de genre de MM. Debat- 

Ponsan, Detti, Hirschfeld; un bon por- 

trait de M. Fougerat; un Henry Maret 

très embrumé de Mme Dubreuil des 

paysages de M. M. Dougherty; une na- 

ture morte de Mlle David; un très bon 

tableau de M. Doigneau, des Bergers de 

Camargue; une bonne scène de synago- 

gue de M. Deutsch sont encore à noter. 

SALLE 3. Un des jolis portraits du 

salon, celui de la Dame en bleu, par M. 

Emile Fuchs, un Autrichien, élève de 

l'Académie de Berlin, qui vit à Londres 

et peint dans la manière de l'Américain 

Sargent. Un autre portrait, français de 

style, sérieux de travail, un bon portrait 

enfin de M. Maillard par sa fille Jeanne 

Maillard si l'on dit, à l'état de cliché, 

qu'un peintre réussit toujours le portrait 

de sa mère, voici la preuve qu'une femme 

peintre réussit le portrait paternel. Por- 

traits encore, réussis, deMM. Déchenaud, 

Duvocelle, Dawant, Daudin. 

M. Duvent se repose il envoie comme 

carte de visite une petite Venise et un 

menu portrait, M. Adrien Demont conti- 

nue à baptiser des noms les plus variés 

son même paysage -au ciel rouge; cette 

fois c'est Vieille Tour féodale. 

Deux très bons petits intérieurs, l'un 

de M. D. Lucas, l'autre de M. Delobbre; 

un bon paysage avec des chardons, par 

Mme Mathilde Delattre un de M. Féau, 

avec un bel effet de soir; un autre de 

.M. Dubois, très sombre; un de M. Dam- 

beza, avec un soleil couchant; enfin un 

tableau de M. Eschbach, Après la partie, 

qui contient deux types de vieux pay- 

sans bien étudiés. 

SALLE 4. Mais voici un artiste qui 

nous sort du paysage courant, du « bon 

paysage » si louable et si monotone. 

C'est M. Heyerdahl, le magistral artiste 

norvégien, à la vision si poignante, au 

métier si complexe et si raffiné. Deux 

vues de vieilles rues à Montmartre suf- 

fisent pour montrer comment, en restant 

vrai, le paysagiste entre dans le plus 

aigu du rêve. 

M. Jonas, avec un grand tableau sé- 

rieux, mal composé de bons morceaux 

isolés, les Marguilliers, est ici moins 

saisissant qu'avec sa scène de grève. De 

même, le Portrait de M. Messager, un 

peu étriqué et peu serré de dessin fait 

juger moins favorablement M. Fuchs 

comme portraitiste que la Dame en bleu 

de la salle précédente. 

Les deux intérieurs de M. Deçamps 

les Venise de M. F. Lam y le petit intérieur 

de Saint-Marc, de M. D'Estienne; la pe- 

tite neige, sans prétention, de M. Le- 

poivre le tableau ^de canotage de M. 

Gueldry, les paysanneries lêchées de M. 

Julien Dupré, la jolie orientalerie soi- 

gnée de M. Ernst, les nymphes de M. 

Joubert, le portrait de peintre de M. Es- 

chbach, satisferont les goûts les plus di- 

vers. 

SALLE 5. Que dire des deux grands 

portraits féminins de M. Gabriel Ferrier? 

Que c'est de l'ouvrage soigné? Que les 

modèles en ont pour leur argent? Soit. 

C'est dit. 

Seulement si je cherche, même loin 

de la cimaise, « des centres » et des 

« pans coupés », une^ note d'art qui me 

charme, c'est dans la petite Mélancolie 

de M. Jean Danguy que je la trouverai 

plutôt. Le touchant, le fin et le person- 

nel artiste que c'est là Avec quelle mo- 

destie il poursuit sa tâche de. tendresse, 

d'observation apitoyée, de rêve discret! 

Aussi, pour le récompenser, on le place 

toujours hors de vue. 

Je trouve encore une délicatesse char- 

mante, une couleur fleurie, dans deux 

riens de Mme Greene-Blumschein, la 

Chemise. Cette babiole féminine, enlevée 

d'un fin et subtil pinceau, vaut mieux 

que bien des lourds morceaux et des 

vastes machines. 

Un portrait de femme en pied, robe 

rose, de M. Ivanovitch, est gracieux et 

d'une belle exécution un paysage, petit 

mais très lumineux, de M. Foreau; un 

autre de M. James Kay, une belle vue 

neigeuse de l'Ecosse; un autre, ingé- 

nieux la Maison du Proscrit de M. Fath; 

une excellente marine de M. de Hanzen; 

d'autres, de MM. Walter Donne, Hidalgo 

et Garibaldi, valent un regard. 

Une petite tête de gamin de M. Laval- 

ley ne représente pas, espérons-le en- 

core, tout ce qu'on peut attendre encore 

de cet ancien et notable prix de Rome. | 

Un Enfer du Dante, de M. Glaize, repré- 

sente tout ce, que peut donner, et peut- 

être tout ce qu'a jamais donné, la Pein- 

ture d'Histoire, telle qu'on la comprit 

dans les vieux ateliers officiels. 

SALLE 6. Les efforts que l'on fit, il y 

a une vingtaine d'années, pour combiner 

le genre classique avec les aguichements 

de la frivolité mondaine et pour marier 

les divinités de l'Olympe avec l'humanité 

du quartier Bréda, tentent encore cer- 

tains artistes, et comme exemple du ré- 

sultat, le Miroir, de M. Gervàis, est un 

spécimen qui n'a pas tout à fait vieilli, 

mais qui n'a pas rajeuni non plus. 

Le « Miroir » c'est au milieu d'une colon- 

nade, une vasque dans les eaux de la- 

quelle se contemplent deux personnes 

qui n'appartiennent tout à fait ni à la réa- 

lité, ni à l'évocation, ni au théâtre, ni au 

boudoir, et qui, si elles n'ont pas grand 

rapport avec l'art antique, se rattachent 

assez bien à l'art moderne par la dé- 

coration des buffets dans les gran- 

des gares. On ne peut nier le talent 

qui est dépensé là dedans. Mais on 

peut aussi regretter qu'un artiste doué 

comme M. Gervais n'ait jamais su re- 

garder la vie, ni comprendre la tradition. 

Sous le bénéfice de ces observations, le 

tableau plaira aux profanes qui aiment 

le «joli. » 

Il faut faire crédit à M. André Hum- 

bert. Ce jeune artiste est encore élève de 

son père et de Puvis de Chavannes. De 

l'un, il tient des colorations souvent imi- 

tées de l'autre, l'absence de rigueur 

dans le dessin. Mais on peut supposer, 

en voyant son Homère, qu'il donne en- 

core des espérances. 

Si M. Fouqueray ne nous avait pas 

déjà conté quinze fois cette histoire na- 

vale, nous aimerions son Ça-ira. Mais 

voilà, il la sait si bien, qu'il ne résiste 

pas au plaisir de la conter une fois de 

plus. 

Le meilleur tableau de soldats français 

est dû à un Hollandais, M. Hoynck van 

Papendrecht, de qui le nom est malheu- 

reusement trop difficile à prononcer pour 

avoir chance de devenir aussi populaire 

que celui de M. Detaille. Ce léger défaut 

est compensé parles riches qualités de la 

peinture, la justesse d'effet de ces trou- 

pes. se reposant Après la revue, sous les 

arbres de Longchamp. 

M. Gorguet fait à M. Barrés, sous le 

titre du Jardin de Bérénice (une femme 

drapée dans un décor d'automne) un 

hommage assez mol, mais il reprend ses 

qualités de dessinateur et de peintre avec 

un minuscule portrait. 

Quelques portraits de bonne qualité 

du Peintre P. Prins, par Mlle Delas- 

salîe; d'une, dame âgée par M. Dar- 

viot d'une petite demoiselle avec sa 

vieille bonne, bien triste, par M. Girodon 

d'un enfant, d'un agréable modelé par 

M. F. d'Issoncourt; d'une dame en 

rose brodé d'or par M. Darviot; d'un 

enfant, par Mme CI. Fiérard d'une 

fillette en noir par Mme Delacroix-Gar- 

nier d'une dame avec ses enfants, 

par M. P. M. Dupùy. 

Et, pour finir, divers bons paysages 

une Combe du Jura par M. Isenbord, un 

champ en banlieue par M. Liardo, un 

vallon par M. Jourdeùil d'autres de MM. 

Guignery, Gagneau. 

Je disais pour finir. Non, il y a encore 

une dame dans l'allée du Bois, par M. 

Du Gardier, un des nombreux peintres- 

modistes d'ici; d'affreux paysaus espa- 

gnols de M. Vicente Leon, mais non af- 

freusement peints une Ecureuse de 

M. Deligny, venant enaide à MM. Bail, 

qui ne peuvent suffire à peindre tous les 

cuivres qu'on leur demande une scène 

provençale de M. Guillonnet, vive de 

couleur, médiocre de dessin, et des Vo- 

lontaires de 92 par M. Dcsvareux. Le 

« Volontaire donne encore beaucoup 

cette année. 

• Salle 7. L'élégance vraie, non fre- 

latée, du dessin, la distinction dans la 

couleur, le mépris des tapageuses affec- 

tations et des séductions artificielles, la 

richesse de l'harmonie, l'absence de 

fausse désinvolture, la volonté, en ré- 

sumé, de ne pas jeter de la poudre aux 

yeux par des moyens que tout vrai 

artiste réprouve, et que fuit tout homme 

de goût, voila ce que l'on souhaiterait 

trouver dans les deux portraits exposés 

par M. Flameng. On y trouve tout le 

contraire. 

Que cette peinture est pauvre et 

creuse! Que cette pseaclo-maëstria man- 

que de sérieux et d'amour! Je n'y mets 

point de parti pris. J'ai vu de M. Fla- 

meng des portraits d'un joli goût de 

couleur, d'une finesse un peu maladive, 

mais scrupuleuse, dans le dessin; je l'ai 

dit, envers et contre l'opinion de beau- 

coup d'artistes et de critiques. Mais avec 

la même liberté, je prédis à cet artiste 

les plus grands dangers s'ils s'obstine 

à marcher dans cette voie. 

J'opposerai volontiers à ces, .portraits, 

celui d'une femme blonde sur un fond 

sombre, en robe blanche brodée et re-, 

haussée de jolies diaprures, par M. 

Klots. C'est le voisinage de salle qui me 

fournit ce contraste entre une peinture 

sérieuse et une peinture expédiée j'au- 

rais pu en trouver bien d'autres dans les 

salles suivantes mais ici, en dehors des 

virtuosités de M. Flameng, il n'y a que 

des choses simplement honorables les 

portraits de MM. Maurice Grun, Lay- 

raud, Mme Emile Hart. 

Un autre « rien » charmant, de Mme 

Greene-Blumschein, intitulé Rose; des 

scènes de mœurs un Tattersall, de 

M. Girardet des enfantillages de M. 

Jolyct, scrupuleusement rendus des. 

chiens, de M. Léotard un atelier avec 

des. modèles nus, de M. Gaillac, les 

mêmes que les années précédentes un 

intérieur, bien peint, de Mme Leroy 

d'Etiolles d'autres, de MM. Dabadie, 

Cartier-Bresson un Marché aux fleurs, 

de M. Victor Gilbert; des paysages de 

MM. Gosselin, Aston-Knight, Jeanmou- 

gin enfin, une toile sombre de M. 

Gontier, un .jeune qui peint aussi vieux 

que possible. 

SALLE 8. Si l'on se décidait à don- 

ner la médaille d'honneur à un paysa- 

giste, comme il en est question depuis si 

longtemps, nulle meilleure occasion ne 

se présenterait que de la décerner à M. 

Guillemet, avec son beau tableau â'Equi- 

hen, si bien bâti, si plein d'air, et d'une 

aussi savante facture. Comme c'est 

un des meilleurs paysages français du 

Salon, et que M. Guillemet est un des 

artistes les plus sympathiques, des plus 

galants hommes et des, meilleurs cama- 

rades qui soient, j'imagine que cette 

idée, quelle que soit sa destinée, ne ren- 

contrera que des approbations. 

La parfaite technique, les qualités 

françaises de M. Gustave Jacquet s'af- 

firment une fois de plus avec ses deux 

beaux envois, surtout avec sa Vielleuse. 

11 donne, sans le faire exprès,-ou plutôt 

c'est nous qui trouvons, à son propos, le 

prétexte de donner, à M. F. Humbert, 

l'exemple de l'acharnement, de la dé- 

fiance des qualités naturelles, que ce 

dernier laisse trop agir en son lieu et 

place. S'il était dessiné, le portrait de 

femme de M. Humbert serait, en effet, 

charmant. 

Puisque nous parlons portraits, signa- 

lons dans cette salle ceux de MM. Ja- 

met, Gibert, Laszlo, et surtout Laver- 

gne, de qui la jeune femme en noir, sur 

fond vert dans la pénombre est un mor- 

ceau délicat, et d'une grâce réelle, en 

même temps que fort bien peint. 

Comme paysages, 'ceux de MM. Mail- 

laud, Hareux, Linde, Numa Gillet, Mor- 

lot, Matisse. 

1\1. Carolus Lemeunier, dans un style 

archaïque, nous montre une Sctinte Mar- 

the précieusement travaillée; M. Hub- 

bel, dans une demi-teinte whistlérierme, 

un Five o'clock tea, de fort bonne grâce 

M. Desurmont, une dame et un. enfant 

sous des ombrages, un peu trop grande 

toile d'un effet juste; M. Guinier, ses 

rêveuses habituelles qui tombent dans 

une formule; M. Victor Lecomte, une 

scène de genre, le «dernier train », anec- 

dote et lumière artificielle; Mme Jane 

d'Hazon, des chats bien observés dans la 

formule de Lambert, Henriette Ronner 

et autres peintres de chatteries M. Bes- 

son, une bonne nature morte, 

Nous réservons pour une mention toute 

spéciale le riche paysage (mal placé, 

naturellement) de M. Mayor, et avant 

de quitter la salle nous adjurons M. 

Gontier, de qui voici une toile encore 

plus sombre et encore plus vieille, de 

quitter ses lunettes et d'ouvrir enfin son 

jeune regard sur la vie, sur la nature 

SALLE 9. Pour la curiosité, nous no- 

tons que M. Gibson, le célébré illus- 

trateur américain, laisse le dessin à la 

plume pour la peinture, et qu'il expose 

un grand portrait de femme, d'une cons- 

truction douteuse, mais d'une couleur 

assez soutenue. Il convient de faire cré- 

dit à cet éminent nouveau venu 

On regardera le Portrait de AT. Ber- 

teaux avec sa petite-fille, bien peint par 

Gabriel Guay, et l'on trouvera que ce 

riche socialiste ne paraît point terrible. 

On remarquera avec un peu de surprise 

et une pointe de regret que, dans un por- 

trait de femme, Mlle Delassalle sacrifie 

ù son tour à l'influence anglaise, ce dont 

elle n'avait nul besoin. En effet, nous ne 

manquons pas de bons peintres anglais, 

dans ce salon en général, et en particu- 

lier dans cette salle, car voici M. War- 

ren-Eaton avec un paysage harmonieux, 

M. Mayor avec une marine d'un tout 

autre traitement que son remarquable 

paysage de la salle précédente, M. 

Korthright, avec une 

gentille 

peinture 

de genre, le Mur du tossé, M. Garratt 

avec le robuste portrait d'un cocher qui 

est fort respectable, et j'en passe. 

M.Gagliardini oppose à cet anglicisme 

son méridionalisme ensoleillé. M. Hé- 

bert envoie deux petits portraits d'une 

riche couleur. M. Grün éclaire à la 

lampe, pour une fois, ses habiles na- 

tures mortes. MM. Isenbart, Montagné, 

E. Michel, F. Maillaud se font appré- 

cier comme paysagistes; MM. Mengin, 

Lau'th, comme portraitistes Mme Gonyn 

de Lurieux, comme peintre de mœurs 

bretonnes. 

SALLE 10. Cette rotonde rompt la 

monotonie, si j'ose dire, des pein- 

tures, avec des miniatures et des pas- 

tels. Les pastels et dessins de MM. Ca- 

choud, Marché, Maillard, Henri Royer, 

Lard, R. Collin, Gelhay, Pizella, Cas- 

taing, 

les miniatures de Martha Baker, 

Cécile Jay, Jeanne Lévy, Magdeleine de 

Courcy, Jeanne Burdy, valent tout à 

fait la peine que vous ne passiez pas 

trop vite. 

SALLE ii. Une bonne salle, où l'on 

verra les deux paysages de l'immuable 

et vaillant vieux maître Harpignies;la 

superbe vue de la Clyde, de M. James 

Kay le très remarquable portrait de 

femme âgée, de sombre caractère et de 

forte exécution de M. Joron; le Marché 

tunisien richement bariolé et de bon 

mouvement de Mme Lucas Robiquet, 

qui expose aussi un bon portrait; le très 

gracieux portrait de jeune femme rousse 

très simplement peint, de M. Watson; 

une scène de synagogue, très pénétrante, 

de M. Hirszenberg; et encore, le Retour 

aux roulottes, remarquable, grasse, typi- 

que, âpre, saisissante petite peinture d'un 

artiste qui sera vite connu, s'il produit 

souvent de ces morceaux-là, M. Gustave- 

René Pierre. 

Ajoutez encore à ces choses notables 

un portrait de M. Lauth; des enfants 

par Mlle Lavrut; de bonnes peintures 

d'animaux de M. Hermann-Léon (l'une 

est prétexte à une sorte de Jeanne d'Arc); 

une gentille scène enfantine de Mme 

Eva Roos; une peinture de mœurs de 

M. Lobel Riche, qui maintenant qu'il 

s'est affirmé bon peintre, gagnera à se 

condenser, à restreindre ses formats, à 

composer, à voir plus significatif. Enfin, 

deux petits intérieurs de M. V. Marec 

une séduisante Vue de Grenoble par la 

neige, de M. Hareux des toiles de MM. 

Landelle, Carter, d'Erlanger, Richebé, 

Lybaert, Camille Dufour et, de M. Jean 

Delahaye, une scène à la Maison de Nan- 

terre dont le sujet était touchant et eût 

mérité d'être traité dans une manière 

moins courante., 

SALLE 12. M. Etcheverry est le plus 

remarqué de ces peintres que j'ai appelés 

plus haut les peintres-modistes. C'est 

toute une école qui s'est créée là, à l'ins- 

tigation des grands journaux illustrés 

consacrés aux élégances. Ces journaux 

sont fort intéressants et fort agréables, 

mais les peintres, tout en y trouvant une 

profitable collaboration, auraient dû 

comprendre qu'il faut changer de nou- 

veau de vision et de métier lorsqu'ils 

reprennent le pinceau. Une illustration 

de revue et un tableau sont deux choses 

très différentes. Faute d'avoir voulu lé 

comprendre, et cédant à de tentantes fa- 

cilités, les nombreux peintres-modistes 

du Salon nous accablent de grandes vi- 

gnettes fades, qui donnent au Salon un 

aspect fort monotone, et qui vieilliront 

avec une extrême rapidité. Malgré tout. 

le talent qui se montre dans la Plage de 

Biarritz, de M. Etcheverry, nous dirons 

que c'est une brillante et médiocre pein- 

ture, dépourvue de tout véritable inté- 

rêt quelques robes et quelques ombrel- 

les, avec tout juste une tête (encore 

est-ce colle d'une nourrice), ne justifient 

pas un aussi vaste délayage. Une petite 

Raffale à Trouville est amusante au pre- 

mier coup d'oeil, mais c'est tout. 

M. JulesLefebvre n'envoie que des car- 

tes de visite, une petite rieuse et un pro- 

fil de jeune fille, non dépourvu d'agré- 

ment. - 

M. Maxence expose deux de ces têtt?s 

de caractère où il met beaucoup de goût, 

une facture soignée, un sentiment d'art 

un peu froid peut-être, mais toujours de 

la rareté et un style d'une noblesse peu 

commune au temps présent. Sa femme 

aux cygnes et son Mercure sont de ses 

bons morceaux. 

M. Luigi Loir a là deux paysages, dont 

un boulevard extérieur tout mouillé et 

tout clapotant de lumières reflétées. 

Que vous signalerai-je enoore dans 

cette salle? Un portrait de dame en rose 

et vert enlevé avec sa verve habituelle 

par M. Grün; un autre portrait rose par 

Mme Laurence Koë; une belle et claire 

vue de Windsor, par M. Lund; de jolis 

paysages de MM. Massé, de Montholon; 

des portraits de MM. Lavergne, Gour- 

dault, Fournier; une gracieuse Maternité, 

bien peinte, de Mme Flora Lion une 

scène vénitienne de M. L. de Jonçièrçs. 

et une scène boulonnaise de M. Léon 

Jacquet; enfin les tableaux de la vie en- 

fantme qui portent la marque de M. Jeari 

Geffroy. 

> 

Salle 13,– Cartes de visite eucorai. 

et excellentes, de M.Jean-Paul Laùrens 

un fin tableautin, la Chronique et un cet> 

tain Pietro, plantureux de mine et opu- 

lent de costume, qui est, en français et 

en réalité, Jean-Pierre Laurens. 

M. Morot envoie un grand lion féroce 

et deux petites filles souriantes.' M. Er- 

nest Laurent, un double portrait dans. 

cette manière qui semble faite avec de 

la poussière colorée et dont il tire tou- 

jours des effets habiles et délicats. 

Ces constatations faites, il faut attirer 

l'attention sur un paysage de M- Ru- 

dolph Quittner, un village étagé au bord 

d'une rivière, qui. est un des plus at- 

trayants et des plus nouveaux du Salon. 

Voilà un artiste qu'il faudra suivre, et 

dont l'on note pour la première fois le 

nom avec le plus vif intérêt 

Puis, protester contre la place donnée a 

la scène de Ghetto de M. Hirszenberg, 

qui par la coupe, l'exécution, le senti- 

ment, ne méritait point ces hauteurs. 

Hélas! nous verrons bien d'autres re- 

marquables « anticimaises Il; 

Enfin, noter des paysages de MM. Mi- 

chel-Léùn, Lefort-Magniez, P. Lecomte, 

Maurice Lévis, Quinton des portraits de 

MM. Lenoir, Albert Lambert; une robe 

de M. Mac Ewen, et un Après-Midi d'un 

faune, par M. Farre, tableau trop grand, 

trop mou, avec une ombrelle rouge bien 

souvent vue, et malgré cela non exempt 

de qualités. 

r 

SALLE 14.-Dans un parc crépusculaire, 

aux parterres d'une savante géométrie, 

en un de ces lieuxà la fois « corrects, ridi- 

cules et charmants », comme dit Verlaine, 

des femmes dansent en ronde autour 

d'une statue de Cupidon, érigée 

sur une 

haute colonne. Elles tournoient, rasent 

presque le sol, comme de brumeux fan- 

tômes, exquises pourtant à voir. Seul, uii 

chien qui dort, indifférent, semble, mal. 

gré la réputation de sa race, insensible à 

l'influence du dieu. Le charmant ta- 

bleau de M. Lorimer! Quelle jolie poé- 

sie picturale tout imprégnée de l'âme 

britannique, inspiratrice de ballads ot 

de tableaux de genre qui plaident en 

faveur du tableau de genre 

Après ce délice, à noter un autre tableau 

du même artiste, mais moins séduisant, 

une bonne Sortie d'hospice à Lille, par 

M. Jamois; des portraits de MM. Lynch, 

P.-A. Laurens, Maillard des paysages 

de MM. Japy, Théo Mayan (une char 

mante Provence en fleurs qui valait une 

meilleure place), Marché, Massé, Delpy; 

i un charmant Intérieur de serre, de Mlle 

Marcotte; une marine de M. de Pale- 

zieux un joli nu de M. Joy; une in- 

timité enfantine, de M. Guédy, et une 

rougeoyante Cène de M. Moser, où le 

Christ est vu de dos, ce qui est d'une 

originalité 

médiocre. 

SALLE 15. Encore une salle de pas- 

tels et de miniatures, où vous remar- 

querez un magistral et fougueux dessin 

de M. Jean Paul-Laurens, Guelfes et Gi- 

belins de beaux pastels 

de MM. Poin- 

telin, Baschet, Gumier, A. Guéry, Dbi-. 

gneau, Vignal, Mlle Burdy, une char* 

mante aquarelle de Mme Alma-Tad- 

dema deux autres aquarelles, atta- 

chantes et précieuses, de M. Maxence, 

Comme miniatures, celles de Mmes 

Dick- Dumas, Debillemont- Chardon et 

R. de Mirmont. Quelques peintures, 

entre autres une grande Neige réussie* 

de M. Louis Tinayre. 

1 

SALLE 16. -Tout de même, si dans 

une des toiles de M. Henri Martin les

LE EIG4.H0 MARDI 30 AVRIL 1#Ô7 

moutons et le berger n'étaient pas en 

bois et si dans l'autre les peupliers n'évo- 

quaient pas un peu trop la formule" des 

arbres que contiennent les « boites de 

bergeries » suisses, croit-on,- M. Martin 

croit-il lui-même, que le beau sentiment 

poétique, le goût et l'observation des 

pures harmonies de nature qu'on se 

plaît à lui reconnaître en seraient affai- 

blis ? 

Et puis enfin, il n'y a pas à dire, cet 

artiste s'est enfermé dans son procédé. 

C'est le procédé qu'on voit tout de suite, 

qu'on voit toujours. Dans les grands maî- 

tres d'autrefois, le procédé ne se voyait 

jamais. Je ne veux pas faire plus long- 

temps ce procès. Je le perdrais en fait 

sinon en droit, comme dirait mon ami 

Varennes. Et je reconnais qu'il y a un 

charme de fraîcheur dans une des pein- 

tures, une belle harmonie de ciel et d'eau 

dans l'autre. 

L'Espagne se manifeste brillamment 

cette année. M. Zuloaga a fait école, et 

•s'il n'expose plus chez nous depuis quel- 

que temps, il se dédouble ici, en la per- 

sonne de M. Lopez-Mezquita, et comme 

on le verra plus loin, de M. Carlos Vas- 

quez. L'excellent tableau que voici! Une 

réunion d'artistes (Ales amis, ditM. Mez- 

quita), vivante, parlante, surprenante de 

vie, de réalité physionomique. Une de 

ces choses heureuses, où tous les per- 

sonnages sont si réussis que l'on néglige 

de savoir s'ils ne pouvaient être reliés 

par une ambiance un peu plus cherchée 

et plus raffinée. Le prêtre qui fait un 

sourire en coin, l'homme qui regarde 

par-dessus ses lunettes, le. vieux hidalgo 

à barbe blanche, tous, vous dis-je, sont 

la vie même. On se croit à San Fernando. 

Mlle Anna-Morsfadt, en deux excel- 

lentes petites' études, riches et substan- 

tielles, nous présente un Battage du blé 

en Corse et un Chevrier de Cargèse; nous 

avions remarqué l'année dernière, Mlle 

Morstadt comme dessinateur. Le peintre 

tient les promesses que celui avait 

faites. 

Une Verseuse de lait de M. Frank Bail 

qui est un bon morceau de. ce souriant et 

savant artiste un excellent portrait 

d'homme, de M.. Laparra d'autres 

portraits de MM. Melnik, Lopisgisch, 

Darien, Jean-Pierre Laurens,de Mme 

Jenny Fontaine; des paysages de MM. 

Yarz, Grimelund, Olsson; un Potier, bien 

peint, de M. Nils, des caprices de MM. 

Garrido et Matignon complètent cette 

salle et une Cène grimaçante la dépare. 

SALLE 17. Où je ne trouve à noter 

qu'une Pastorale de M. Moulin, artiste 

laborieux, savant,, incertain encore, de 

qui je persiste à attendre de très belles 

choses; -deux bons paysages de M. Pe- 

titjean' une Marine très vive de couleur, 

•de M. Olive; une Kermesse, pleine de 

mouvement, de M. Laurent-Gsell; un 

bon portrait d'homme en costume de 

chasse par M. Mac-Monniès une 

scène familiale de M. Léandre; un 

charmant intérieur de M. Louis Prat et 

un autre de M. Gabriel Nicolet une 

savante nature morte de M. Magne 

enfin, pour le plaisir du regard, un Por- 

trait de Mme Jean Bichepin, par Hippo- 

lyte Lucas et une Mlle Mitsi-Dalti, par 

M. Auguste Leroux. 

SALLE 18. Autre paysage remarqua- 

ble de ce peintre autrichien que j'ai si- 

gnalé -plus haut, M, Quittner, une mélan- 

colie automnale, où les arbres, les eaux 

ont un grand charme, et dont le décor 

est plante de façon vraiment neuve. 

M. Pointelin est toujours ce beau et 

austère maître des solitudes jurassiennes 

que vous connaissez. Ses',deux envois, 

Côte moussue et un Matin, sont de sa 

plus savante et plus robuste palette. 

Je vous signalerai encore une bonne 

peinture de Mlle Marcotte, la Doyenne 

des dentellières de Bruges, attentif et ar- 

tiste document une vieille femme en 

prières de M. Souza-Pinto une Repu– 

aligne en camaïeu rouge, et une Pa- 

risienne., jolie et futée, de M. Emile 

Renard un bon paysage d'orage de M. 

Moteley,– une sage décoration de M~*A. 

Maignan; la Toison d'or, des fleurs de 

de M. Chaplin, qui dépasse en précision 

et en fini les plus minutieux calligraphes 

hollandais, enfin un grand tableau de 

genre de M. B. Lemeunier, où une 

famille qui déjeune observe sans trop de 

tendresse une famille qui n'a pas dé- 

jeuné. Tout le tableau se concentre 

dans l'œil du chien. Regardez cet œil du 

chien; l'artiste a dû être enchanté de le 

« trouver »,.cet œil. 

SALLES 19 à 21.-Ces salles sont occu- 

pées par la gravure, et la dernière par 

les modèles que le soigneux et ingénieux 

décorateur Edouard Toudouze, mort 

cette année, avait exécutés pour la Sor- 

bonne, l'Opéra-Comique, le Parlement 

de Rennes, etc. Travaux consciencieux 

qui ne demandent pas de longues ré- 

flexions. On passe devant les nouvelles 

tapisseries des Gobelins, parmi lesquelles 

une soi-disant copie du Printemps de 

Botticelli est le plus sanglant outrage 

qu'on pouvait infliger au vieux maître. 

Salle 22., Le tempérament le plus 

notable de. cette salle et un des artistes 

que pour des causes diverses on sur- 

veille avec une attention nullement dé- 

nuée de sympathie, est Mlle Rondenay. 

Elle est remarquée parce que ce fut la 

première femme qui concourut pour le 

prix de Rome, puis, ce qui vaut mieux, 

parce,qu'elleestun artiste consciencieux, 

énergique, et désireux de bien faire. 

J'emploie, presque sans m'en aperce- 

voir, le masculin en parlant d'elle. C'est 

qn'à vrai'dire sa nature' picturale est 

bien peu femme. Elle voit triste, âpre, 

,et rend avec une énergie sommaire. Je 

crois, pour moi, qu'elle n'a pas encore 

découvert sa véritable voie. 11 ne suffit 

que d'un moment heureux, une heure 

d'indépendance et de joie. Cela se trouve 

toujours, et quoi qu'on en pense cela ne 

coûte pas cher' .au contraire. MlleRon- 

denay, sous ce titre, les Trois Huit, a 

peint la vie d'un piocheur, sans doute par 

sympathie avec sa propre volonté de 

piocheuse. Le panneau du milieu est un 

peu vide. Celui de ganche a une jolie 

figure de femme,celui de droite un éclai- 

rage intéressant. 

Dans la même salle, je vous recom- 

mande une peinture de M. Czok, les 

Vampires qui, naturellement, étant 

bonne,;et peu banale, est placée au 

second rang. 

Peu de choses d'ailleurs de premier 

ordre dans cette salle, mais des choses' 

de bon aloi des Pêcheuses de M. Tri- 

goulet, peinture sincère et triste, une 

Séance de la Chambre, traitée sommai- 

rement par M. Rousseau-Decelle, et où 

l'on reconnaît, d'une touche juste, M. 

Jaurès prenant à partie M. Clemenceau, 

des Funérailles de Berlhelot, égale1- 

ment un peu escamotées, de M. G. Scott, 

une bonne scène de chapelle par un 

Italien plein de talent, M. Acosta 

un Prince Bibesco en rouge qui a du 

caractère et une jeune femme rtue.qui 

en a peu, par M. Maurice Lard, un 

OEdipe sombre et mouvementé de M. 

Didier-Tourné, un bon portrait de 

savant, M. Grêhant, par M. Péquin, 

un nu de M. Vincent-Anglade, dont la 

partie supérieure est réussie et bien 

éclairée; enfin toute une série de 

paysages satisfaisants de MM. Olsson 

(montagnes avec de la neige, réussies), 

Moisset, P-laee-Ganton,Lepoittevin,Pape, 

Valentine Pèpe, Pierson, Pieters'. 

Je m'en voudrais d'oublier et vous 

m'en voudriez aussi'- la Visite, excel- 

lente peinture familiale de M. E. Miller; 

le Héraut d'armes, brilla 1 de couleur, 

de M. Joy. Peut-être y a-t-il des qualités 

dans les études d'enfants de M. Vignon 

réunies sur une même toile, mais qui 

pourrait l'affirmer, à cette hauteur? 

SALLE 23. Deux anecdotes, contées 

avec un grand luxe de couleur par M. 

Rochegrosse le Bain de Théodora, et 

les Ambassadeurs chez Justinien; de 

brillantes Fleurs de printemps de M. 

Quost; une petite Bretonne à la Da- 

gnan, de M. Henri Royer, et du même 

artiste un portrait de jeune femme très 

jolie, extrêmement mélancolique, qui 

semble une princesse des légendes scan- 

çlinaves exilée, en toilette mondaine, dans 

le temps actuel de bons petits intérieurs 

de MM. Sch&fer et Rieder; enfin, pay- 

sages et paysages, de MM. Paul Saïn, 

Barnet, Richet, Sauzay, Nozal, Quignon, 

Moteley, Joubert (que dire de spécial de 

toutes ces bonnes études?), et un en- 

fant avec un faisan que M. Russel a aussi 

bien peint que son enfant au coq de l'an- 

née, dernière. Spécialité, évidemment. 

Un original et aimable Portrait de Mlle 

Flahaut, de l'Opéra, en vert majeur, par 

M. Pilicho\vski,'eût pu être mieux placé. 

SALLE 24. Mlle Rondenay s'y mon- 

tre déjà plus personnelle, et aussi plus 

femme, avec le portrait d'une « aquarel- 

relliste ». Le fils d'Antonin Mercié y 

débute comme paysagiste avec une 

vue mélancolique de la chapelle bre- 

tonne de Notre-Dame-de-la-Joie. M. 

Hitcock se partage entre une -mytho- 

logiade et une scène biblique. M. Louis- 

Antoine Leclerq y expose une Mater- 

nité plus agréable de couleur que grande 

de dessin. Mlle Abbema y portraiture 

avec talent une Chasseresse. M. Moulin 

peint avec conscience un modèle italien 

dont il fait une Cigale. M. Wiliam Cot 

représente une délicate Naissance de 

Vénus, et M. Béfani présente une Petite 

Fille de Bohême, de bonne couleur. Enfin 

on peut objecter à M. des Essarts que 

jamais La Fontaine, dans sa fable du 

Pot au lait, n'a dit que Perrette était 

nue, et si rosé jusqu'à la ceinture. 

SALLE 25. Je note dans cette salle 

comme portraitistes, MM. Triquet, 

Schommer (le Poète Albert Mérat) 

Watelet comme paysagistes, MM. 

Struetzel (très bonne chose de l'école 

de Munich, dans ce qu'elle a de plus 

sérieux et de plus original, un Orage 

sur llsar), Snell, Selmy, Rigolot, Ri- 

beaucourt comme peintres 

de mœurs, 

MM. Samaran, Suau, Lissac, Van Holle- 

beke (le curé peintre dont on a parlé ré- 

cemment), R. Rose, Bréauté. 

Je note encore que M. H. Rousseau se 

prouve doué comme 

coloriste 

avec ses 

Funérailles d'un patriarche que M. Ri- 

del a peint, bien tranquillement à l'ate- 

lier, un nu bien propre, Epave, à ce 

qu'il nous affirme, au bord d'une mer 

en fureur enfin que M. Frederick 

Bacon, que vous admirerez plus loin 

comme portraitiste, est, avec son tableau 

Une Voix (c'est une femme qui chante 

dans un parc rococo), une sorte de sédui- 

sant Fortuny d'outre-Manche. 

SALLE 20. A quoi bon chercher que- 

relle à M. Patricot ? pourquoi lui dire 

que ses parodies creuses de Boldini et 

d'Helleu n'ont aucun sérieux? que ce 

sont des pochades bonnes à étonner seu- 

lement de candides admiratrices? Oui, à 

quoi bon lui dire tout cela? Il est en- 

chanté de ce qu'il fait ne troublons pas 

sa joie, et cherchons la nôtre ailleurs. 

Il est vrai que plus nous avançons, 

plus nous avons de peine à la trou- 

ver dans cet honnête et peu passion- 

nant Salon. Celle que nous trouvons dans 

les autres envois de cette salle est fort 

modérée. Y contribuent de leur mieux: 

M. Paul Thomas avec un gentil portrait 

de femme en rose, fine, souriante; M. 

Brugairolles avec une petite vue d'Abbe- 

ville M. Bonnefoy avec le portrait, ré- 

vérence parler, d'une'vache, la Fauorite, 

bonne bête abondamment fleurie à la 

suite de quelque concours où elle brilla; 

M. Acosta avec une jolie étude de deux 

enfants; MM. Walhain, Rouiîet, Tanzi, 

de Burggraff, avec des paysages; M. 

Rotig avec des sangliers dans la neige, 

M. Rotig connaît le sanglier comme 

pas un le jeune M. Jean Styka, en- 

core, occupant la cimaise tandis que 

son père, dans la même salle, se dévoue 

et monte au plafond. Mon Dieu, nous ne 

demandons pas mieux que de croire aux 

belles destinées de ce jeune artiste mais 

nous serons mieux fixés dans quelques 

années, quand il aura vingt ans. 

SALLE 27. On ne vous étonnera pas 

en disant que du^moment que M. Anto- 

nin Mercié expose une peinture; c'est un 

morceau exquis. Son Sommeil de Ventes 

a la grâce et le fleurissement de ses pré- 

cédents envois. 

C'est surtout un grand sculpteur, 

expliquait, pendant le placement, un gar- 

çon de salle à un gardien de la paix, il 

n'y a pas longtemps qu'il fait de la pein- 

ture. (Le garçon de salle le croyait, du 

moins.) 

Quand on a la main à la sculpture 

comme il l'a, répondit le brave gardien 

de la paix, ça n'est pas difficile de faire 

de la peinture. 

Méditez, artistes, et profitez de cette* 

leçon que j'ai sténographiée pour vous 

en passant. Jamais, non plus, critique ne 

dira mieux. 

M. Avy, un des mieux doués parmi 

les peintres-modistes, expose un inté- 

rieur de cabinet particulier bien peint et 

sans grand intérêt, et, dans la salle voi- 

sine, un portrait de femme un peu an- 

glais, d'une exécution soignée. 

Comme c'étaient de beaux morceaux 

de peinture, on a naturellement placé 

au second rang une riche nature morte 

de M. Patissou, et. au troisième sinon au 

quatrième un portrait de deux enfants 

par le grand artiste italien Mancini. 

Api'S les ..v-.). '>.:•} au it ni'il nous 

est [jo-1j'o : .•• • -i- m a il iii.ua.-j 

tl'OU, UGU.S ,i)-J>-()-i.-S .i'j: '' i/Otkti Cil'Ali 

de visite de M. Tony-Robert Fleury, les 

intimités de M. M. Selmy, les paysages 

de MM. P. Buffet, Yarz, Cachoud, Geor- 

ges Lefebvre, Beâuvais, Tenré, les bi- 

ches venant boire de l'animalier Rotig, la 

toile intéressante de sujet, quelconque 

d'exécution, où M. de Richement fait 

distribuer par de bonnes religieuses des 

soupes à de méchants Bédouins. 

Enfin et surtout, nous délecter avec un 

charmant, avenant, naturel et souple 

portrait de jeune fille en blanc avec 

écharpe de tulle noir, sur fond de tapis- 

serie fanée, habile morceau de M. Wa- 

telet. 

Un autre portrait blanc de M. H. Siret 

est d'une exécution preste et d'«une pré- 

sentation spirituelle. 

Salle 28. Une des grandes curiosi- 

tés du Salon, qui obtiendra, comme 

toutes les réunions de portraits, son petit 

succès de foule le Comité de l'Associa- 

tion des journalistes républicains, par M. 

Laissement. Tous sont des mieux res- 

semblants et bien saisis dans leur al- 

lure et l'ensemble est fort ingénieuse- 

ment groupé. 

Puis, un des morceaux de peinture les 

plus sérieux qui soient, ingrat, très in- 

grat au premier, coup d'œil, mais qui 

livre à un examen attentif ses .belles 

qualités de peinture et de dessin l'Ef- 

fort, par M. Louis Roger. Rien de plus 

courant que ce sujet des ouvriers du 

Métro qui, sous la surveillance d'un pi- 

queur, hissent une poutre; ce n'est 

qu'une étude, mais celui qui l'a faite 

peut devenir un maître. Nous avons 

suivi ce prix de Rome et constaté, à plu- 

sieurs reprises, qu'il se gardait des in- 

fluences amollissantes. Qu'il nous donne 

maintenant de vrais tableaux, de bons 

tableaux! 

Un excellent portrait, très simple, par 

M. Vagnier la Mère du peintre un por- 

trait d'évêque, d'un bon caractère 

phy- 

sionomique, par M. Tattegrain, qui ex- 

pose aussi une marine bien peinte avec 

une barque mal dessinée. Une char- 

mante Partie de croquet par ce coloriste 

délicat, Mme Marie-Anne Toudouze un 

autre tableau de femme, des tableaux de 

mœurs, rustiques et autres, de MM. 

Vayson, de Pibrac un frais paysage 

avec deux figures pleines d'amabilité, de 

Mlle Louise Saint un portrait, correct, 

de M. Hubert Vos; un petit paysage de 

l'excellent Boggs, une gentille romance 

1830 de M. Thiéry. 

Reprenons la chanson comme le Por- 

trait d'enfant de M. Synave, une fillette 

avec deux 

poupées, 

était une chose char- 

mante, très artiste, très délicatement 

personnelle, on l'a placé très, très haut 

pour les punir. Le jury de la Société, 

par ses distributions de numéros, donne 

à la médiocrité de magnifiques primes. 

SALLE 29. Rotonde; comme.qui di- 

rait salle de débarras, bonne surtout 

dans la pensée des placeurs à faire va- 

loir les somptueuses vitrines d'un des 

grands joailliers de la maison. Cela n'em- 

pêche qu'on n'y trouve quelques bonnes 

choses. 

De loin, ça a l'air d'un Detaille. Appro- 

chez de près, cela n'en a plus l'air du 

tout. Cela paraît peint avec de la cire à 

cacheter. Et c'est très drôle, et c'est très 

savamment peint, en somme, et plein de 

jùstesse et d'esprit, cette Arrivée du roi 

de Saxe sur le champ de bataille de Leip- 

sig, par M. Syrutschock, un peintre né -à 

ielpsLg,,qui demeure àLeipsig, et qui a 

beaucoup d'invention et de malice. 

Divers héritiers de la manière de Bou- 

guereau, entre autres la veuve du pein- 

tre et M. Seignae. 

Un morceau ingrat et consciencieux, 

de M. Fougerat, un Homme de peine; 

une vaste scène de Cour de cassation 

avec des rouges trombonnants de M. 

Géo-Roussel; des portraits de MM. Cho- 

quet, Staiger, Gustave Aubain, et une 

vraie Italienne, peinte avec de la vraie 

couleur par M. Prati; des- paysages 

de MM. Morlot, de Montholon, Carette; 

une légende poétique, le Pendu de Notre- 

Dame de Liesse, peinte sans grande poé- 

sie par M. R. Salles. 

SALLE 30. Voici le second tableau 

dont j'ai parlé, et qui contribue à repré- 

senter si bien, cette année, l'école espa- 

gnole, malgré l'absence de M. Sorolla. 

Ce sont les Gendarmes catalans, de M. 

Carlos Vazquez. Ils viennent de captu- 

rer, ou bien ils conduisent à la geôle, un 

jeune couple de gitans. L'amour est 

prisonnier de la force, là poésie de la 

prose, le romanesque passionné est vie-- 

time du terre -à-terre en armes. Les gen- 

darmes. sont de bons gendarmes, pla- 

cides comme! dans tous les pays, curieux 

pour nous cependant, avec leurs espèces 

de chapeaux haute-forme, leurs espa- 

drilles et leurs faces rasées qui les pour- 

raient faire prendre pour des garçons de 

café avant les revendications. Le cou- 

ple arrêté, lui, est délicieux. Je ne sais si 

nos apaches produisent une pareille im- 

pression d'originalité à des yeux étran- 

gers, mais que ce drôle narquois et som- 

bre,'cette petite bête féminine, sorte de 

petite Polaire sauvage et basanée, sont 

vivants et attrayants! Combien différents 

des Carmen d'opéra-comique ou des bo- 

hémiens de chromos! Cela sent.la vie 

traquée, la nature dévoyée et compri- 

mée, le fauve en laisse. C'est d'une 

couleur vive et soutenue à la fois. Cela 

se déroule dans un 

paysage 

bien ob- 

servé enfin, sans quelques négligences 

de dessin, ce serait un maître tableau, 

et M. Vazquez, de qui je me rappelle 

l'envoi excellent de l'année dernière, sera, 

s'il continue, un maître peintre. 

Puis, un Lavoir, frais de couleur et 

bien peuplé d'avenantes paysannes, de 

M. Frank Bail. Un tableau anecdotique 

et militaire de M. Boutigny, l'Armée de 

Pichegru à Amsterdam, qui est agréable 

et spirituellement mis en scène; une 

jolie scène d'école de fillettes de Mme 

Marion-Saumarez un Amateur d'estam- 

pes, morceau sérieusement peint de M. 

Alizard un délicat portrait de femme de 

M. Blumschein; une jolie étude de 

femme dans l'ombre, de M. G. Aid; un 

bon ruisseau sous bois de M. Eug. Bour- 

geois une Danaésuavé et canaille de M. 

Commerre. 

Je remarque que M. Zo ne s'est pas 

donné beaucoup de mal cette année avec 

sa Partie de pelote, qui manque de tout 

soleil, et, avec regret, que M. Ridel, si dé- 

licatement doué, n'est pas en progrès et 

s'alourdit. 

SALLE 31. L'un des meilleurs ta- 

bleaux de types du Salon, ces Vieux de 

l'hospice, de M. Bellemont.. Ce sont 

des vieux paysans bretons, durs comme 

de vieilles souches, végétatifs, rumi- 

nants, remarquablement observés, vi- 

goureusement peints, groupés un peu au 

iiasai'd, bien groupés pourtant. Une très 

bcll.u peinture eutin. 

M. Adler, avec son Jour de repos, une 

foule populaire, le dimanche, semble 

perdre'un peu de ses belles qualités do 

force. Je crains qu'il ne lâche la proie 

pour l'ombre, et la solidité pour le re- 

flet. Toutefois, il va sans dire que ce ta- 

bleau offre des qualités charmantes. 

Dans la salle encore, portraits de Mme 

Vallet-Brisson, de MM. Wencker, Zier; 

paysages de MM. Bompard. (qui 

est ar- 

rivé à beaucoup de simplicité et d'inten- 

sité), Boggs, Sebilleau, Zuber, Leenhardt. 

Scène lugubre de M. Belle. Bon petit ta- 

bleau de genre, de genre anglais, de 

Mme Aima Taddema. Petite intimité 

bien peinte de Mlle Barbey. Scène spiri- 

tuelle de M. Georges Scott des dragons 

à. l'auberge. Jolie peinture tendre et gaie, 

l'Heureuse Mère, de Mme Vallayer-Mou- 

tet. Enfin, les Curieuses, de M. H. Amé- 

dée-Vetter, d'une couleur un peu arti 

ficielle, mais où des mouvements fémi- 

nins sont finement surpris. 

Salle 32. -Voici le Fallières de M. Bpn- 

nat, qui ne peut manquer d'être un des 

plus regardés. Certes ce n'est pas une 

peinture 

à voir de près car alors elle est 

ou paraît fort pénible. Mais de loin, elle est 

vigoureuse, cordiale et fait bon effet. Au 

reste, beaucoup préféreront peut-être le 

Paderewski du même maître, une simple 

esquisse, mais de beaucoup de caractère. 

L'art de M. Bonnat exclut tout raffine- 

ment, mais il y a chez lui une persis- 

tance de volonté qui est tout à fait sur- 

prenante chez un homme qui a un si 

long passé. Il est certaines verdeurs faites 

pour donner courage à ceux qui vieillis- 

sent. On ne vieillit pas, si on sait vouloir. 

Telle est la leçon que nous donne Bon- 

nat. 

Voici, ensuite, le Roosevelt de Mme de 

Wentworth, une artiste qui a été en cons- 

tant progrès et qui est parvenue aujour- 

d'hui à une réelle maîtrise. Voici encore 

le Cornély de M. Bordes, qui est toutà fait 

remarquable de ressemblance, d'esprit, 

et très bien peint. Voici encore un fort 

curieux portrait de M. Seymour-Tho- 

mas Miss Mildred Lee, arrière-petite- 

fille 

de Washington, et des portraits de 

jeunes filles par M. John da Costa qui a 

beaucoup profité de l'étude de Sargent. 

Enfin, des portraits l'un du Comte La- 

font avec des accessoires de chasse, 

l'autre du Peintre Chabannes la Palice, 

par M. Baca-Flor, qui sont exécutés avec 

une richesse de pâte et un goût de cou- 

leur plein de sobriété, dignes de tout 

éloge. 

Je dois dire ici que des changements 

ayant été opérés au dernier moment 

dans les salles 31 et 32, il se peut que 

certains des portraits que je viens de ci- 

ter soient dans la salle précédente, et ré- 

ciproquement. Mais de toute façon les 

portraits qui y sont donnés comme à re- 

marquer ne sont pas en dehors de ces 

deux salles. 

Et il y a bien encore d'autres portraits, 

estimables, de M.Wiener, Umbricht, etc. 

Mais il y a encore d'autres choses in- 

téressantes les Gitanes de Cordoue, de 

M. Torrès, à peine de la peinture, tant 

.,p'est naïf, mais c'est presque mieux, car 

ça vous .a une vie intense, profonde, 

un de ces tableaux que méprisent les 

connaisseurs, et qui passionnent les 

amateurs de documents vrais et res- 

sentis. 

Et, après avoir mentionné les Cueil- 

lejirs de cresson, de M. Bundy, le Lac de 

Lamartine, de M. Thirion, la petite toile 

intime de M. Cauvy, l'OEillet rouge, les 

paysages de MM. Barrillot, Sauzay et 

Beauvais, je voudrais que vous eussiez 

un regard, un long regard pour deux 

petites intimités exquises de M. Chayl- 

lery, délicat, modeste et excellent ar- 

tiste, choses discrètes, précieuses, hol- 

landaises, qui encadrent le Bonnat. 

SALLE 33. Une assez grande salle à. 

la vérité, mais qui n'est pas trop vide, 

car elle a, comme clou, le portrait somp- 

tueux de Mme P. une célébrité très 

parisienne, par M. Chartran puis 

comme œuvres moins en vue, mais ex- 

cellentes tout de même, un paysage de 

M. Tkatchenko, d'une vive et franche 

saveur; une grande peinture de châles 

crânement exécutée par M. Cauvy; un 

paysage brumeux et robuste pourtant 

de M. Spenlove un élégant portrait en 

blanc de M. Vollon. 

Et ce n'est pas tout encore. Un por- 

trait de Parisienne, très affriolant, de 

M. Csok et un triptyque très triste et 

très austère, et très fortement pensé et 

peint de M. Gambier, Aines mystiques-, 

étaient deux choses qui auraient fait 

honneur à la cimaise. Naturellement, 

vous aurez à les chercher le plus haut 

possible. 

Je.vous signalerai aussi diverses pein- 

tures de MM. Marcel Bain, Paulin Ber- 

trand, Réalier- Dumas, Albert Depré, 

Cauchois paysages Buland, Alexis 

Vollon, Cameron, Crochepierre, Bar- 

thold types et scènes de mœurs 

des .fleurs de Mme Jeanne Amen; un 

assez joli nu de M. Roberty, peint avec 

facilité et de fraîche harmonie; une 

Salammbô diaprée dans l'ombre, que M. 

Bourgonnier nous montre, espérons-le, 

pour la dernière'fois. 

SALLE 34. Chanson; refrain plutôt: 

VEnterrement hollandais, de M. Max 

Silbert, était une toile curieuse, et qui, 

axant d'être accrochée très haut, était 

certifiée bien peinte par ceux qui l'ont 

pu voir. Ici elle ne dit plus rien. 

A noter dans cette petite salle, un pay- 

sage de riche couleur de M. Maurice 

Chabas, un artiste qui parut un instant 

désorienté, mais qui accomplit une évo- 

lution intéressante et qui en donne au- 

jourd'hui le gage; des portraits de 

MM. Aviat, Oswald Birley, de Mme 

Lucas-Robiquet; des paysages de MM. 

Pierre Vauthier, Bisbing, Paulin Ber- 

trand, P. Buffet; une dame dévêtue qui 

se roule dans une omelette aux tomates, 

par M. Many Benner; de bonnes petites 

Bretonnes de M. Boiry des Aïssaouas, 

de M. Bridgmann, et un Grand prix au- 

tomobile de M. de Sehrywer, qui, vu le 

sujet, l'a peint très vite. 

SALLE 35. Avec son portrait de 

M. Tony Roberl-Fleury,M. Marcel Baschet 

nous a donné un morceau savant, sé- 

rieux, tout à fait louable, et le portrait 

du père de l'artiste est plein de vie et de 

bonne grâce. 

C'est ce qu'il y a de plus remarquable 

dans la salle, avec un petit portrait de 

femme de M. F. Boucher, et une étude 

féminine de Mlle Marthe Baker. 

M. Cancaret se spécialise dans l'étude 

du nu, mais il s'achemine vers la froi- 

deur sa peinture de l'an dernier nous 

avait séduit par plus de verve. M. Bus- 

sière cherche toujours", non sans un cer- 

tain charme un peu doucereux, à inter- 

préter les poèmes de Wagner. Il y a en- 

core, dans la salle, une bonne neige, de 

M. Massé, un portrait de M. Boris-Abella, 

une peinture typique 'de M. Ralli les, 

Sept rabbins de Jérusalem. 

,Fâ, pour la curiosité, une image de, 

M. G2ryot-Desscciçhae, par M. Costilhes. 

SALLE 36. Ne vous fatiguera pas. 

Vous y donnerez un coup d'œil à d'a- 

gréables paysages, c'est-à-dire à des pay- 

sages qui vous donnent l'envie de faire 

d'agréables excursions avec M. Maurice 

Chaba à Tolède, avec M. Charpentier à 

Amalfi, avec M. Vollet au Tonkin, avec 

M. Bouchor, dans les champs tout sim- 

plement. Mme Philippar-Quinet vous 

plaira par la souplesse gentille avec la- 

quelle elle retrace une farandole virgi- 

.nale. M. Vasari vous intéressera à une 

partie d'osselets suivant le goût d'AIma- 

Taddema, et M. Choisnard à des jeux 

d'enfants, beaucoup moins ambitieux 

mais bien esquissés. 

Après avoir regardé un bon portrait 

de M. Bourgeois et une petite idylle noc- 

turne de M. Alberti, vous passerez sans 

crainte entre deux terribles peintures 

qui se font vis-à-vis un Bey de Tunis 

par M. Bastet, et une chasse à la pan- 

thère par M. Percival-Rosseau, car tou- 

tes deux sont beaucoup moins effrayan- 

tes qu'elles en ont l'air. 

SALLE 37. Pour la première fois (ou 

tout au moins pour une nouvelle pre- 

mière fois depuis longtemps), M. Joseph 

Bail s'attaque à des figures de grandeur 

nature des religieuses lingères de l'hos- 

pice de Beaune. M. Bail est de ceux dont 

les envois sont toujours attendus et tou- 

jours regardés. Il y a, dans sa manière, 

une certaine autorité, qui, sans persua- 

der, arrête le spectateur. Cette supério- 

rité est certainement faite non moins de 

son propre savoir, qui est indéniable, 

que de l'ignorance actuelle de la plupart 

des autres peintres. Un homme qui sait 

son métier, qui se l'ait fait assez beau, 

est un phénomène maintenant, alors 

qu'autrefois c'était chose fort naturelle. 

Quoi qu'il en soit, M. Bail sait faire un 

tableau, bien composé, bien éclairé, bien 

concentrique (ce que tant de peintres 

ne soupçonnent pas). Il l'a prouvé, le 

prouve une fois de plus. Fort bien. Mais 

est-ce tout? Oui, c'est tout. On ne saurait 

dire la visée de ce travail. Je vois bien 

des grandes figures paisibles qui portent 

du linge, ce linge est du linge comme 

les pains de l'année dernière étaient du 

pain, je vois un effet de soleil réussi: 

Je ne sens aucune vie dans tout cela. Ce 

sont de superbes mannequins. Ah! mon 

Dieu, quand M. Bail donnera-t-il une 

âme à ses personnages ? Quand sera-t-il 

moins bon peintre et observateur plus 

humain ? 

Il y a dix fois plus d'humanité, et avec 

d'excellentes qualités picturales pour- 

tant, dans la toute petite Liseuse de M. 

Troncy. 

J'aime la fantaisie de l'Enlèvement 

d'Europe, fort agréablement peint par 

M. Courselles-Dumont. Le tableau me 

plairait tout à fait si les jambes d'arrière 

le poitrail et la tète du taureau n'étaient 

pas .si mal dessinés. Justement, dans un 

grand paysage voisin, M. Reboussin 

montre comment on dessine et on peint 

un bon taureau. 

Avant de quitter la salle, coup d'œil 

aux paysages de MM. Cachoud et Ca- 

gniard, et aux portraits de Mme de Went- 

worth (très vivant et gracieux portrait 

de S. M. Alexandra), et de MM. Cazaban 

et Avigdor, "ce dernier, toutefois, ap- 

puyant trop sur l'imitation de Lenbach. 

SALLE 38. Il y a des surprises dans 

ces salles que l'on arrange au dernier 

moment, et qui sont parfois un peu 

« brûlées » par les spectateurs fatigués, 

ainsi que par les critiques qui ont déjà 

aligné beaucoup de paroles. 

Attardez-vous-y un peu, je vous en 

prie. Qui vous presse? Vous y verrez la 

nature morte la plus rare, la plus déli- 

cate de couleur, la plus attrayante dans 

sa blanche intimité, de tout le salon le 

Thé, par M. F. W. Bruce. 

Et votre persévérance sera récompen^ 

sée aussi par la vue du Conte de fées, 

une très belle peinture de M. F. Bacon, 

cet Anglais de qui nous citions plus 

haut l'originale anecdote. Ces trois por- 

traits de petites misses, en blanc sur 

fond blanc, 

sont délicieux de vérité, de 

charme physionomique, de mouvements 

souples, justes, naturels. Si le fonds n'é- 

tait pas un peu indifférent et sans pré- 

cieux, ce serait une perfection. Mais vous 

avez une belle compensation avec ces 

ravissantes tètes, ces allures bien prises, 

cette séduction, enfin. Seulement, com- 

ment se fait-il que le peintre -se montre 

skdifférent dans ses portraits et dans ses 

tableaux de genre? On jurerait que ce 

n'est point le même. 

Une originale Marraine des Abruzzes, 

par Mlle Marguerite Delorme; une belle 

Vue de Vérone, un peu dépourvue de 

soleil, de M. R. Santorio; des portraits 

de bon aloi de MM. Max Kahn, Al- 

leaume, Richter et Cabane complètent 

très agréablement cette petite salle assez 

privilégiée, notamment la fillette en 

rouge de M. Cabane, qui a dans le genre 

français le même attrait que celles de 

M. Bacon dans le genre anglais. 

SALLE 39. C'est entendu, M. Hof- 

bauer a de grandes qualités et il est éga- 

lement entendu qu'on ne sait pas encore 

à quoi il les fera servir. Le sait-il très 

bien lui-même? Tour à tour, il nous a 

régalés de tableaux de réalisme, de cos- 

tumeries et de mondanités, et en chacun 

de ces genres il montrait une habileté 

égale et une personnalité différente, ce 

qui reviendrait à dire que, dans l'ensem- 

ble, il n'avait point de personnalité. Du 

moins, cette fois-ci, fe petit tableau qu'il 

intitule A Londres et qui représente une 

fin de dîner dans un restaurant chic, 

semble se rattacher au genre qui lui 

avait valu du succès, il y a un an ou 

deux les toits de New-York. Il y mon- 

tre de la souplesse encore. Mais quoi? se 

bornera-t-il à ces choses de modes ? Su- 

bira-t-il, lui aussi, l'influence des revues 

select ? Ne sera-t-il qu'un Etcheverry qui 

veut se faire naturaliser cockney? En 

vérité, il semble que ses dons doivent 

servir à de plus hautes besognes. 

M. Cormon ne s'est pas donné beau- 

coup de mal, à envoyer, ni même à faire, 

deux tout petits portraits que l'on a iso- 

lés avec tout le respect que l'on doit à sa 

situation. Deux natures mortes de M. 

Bergeret; Une Ve?iise, de M. Allègre 

une vue d'Avignon de' M Clément Brun; 

une gentille bretonnerie de M. Artigue 

une brillante Fantasia ait .Maroc de M. 

Clairin; des paysages de MM.Chigot, Ber- 

thelon, Bouiller, Biva meublent tout de 

même cette salle. 

SALLE 40. Nous n'en avons pas fini 

encore avec notre chanson comme M. 

Emile Aubry avait envoyé une grande 

peinture, très bien observée, d'une* vt-* 

gueur superbe, des Juives de Constantine, 

une chose qui aurait été trop remarquée 

sur la cimaise et qui aurait valu un 

gros succès à son auteur, on s'est ar- 

rangé de façon à la mettre près -du vé- 

lum et il faut vraiment que ce soit une 

chose très grande, très éclatante, très 

bleue et très bariolée, très fortement 

peinte, pour qu'on aille la chercher à cette 

mauvaise place et dans cette médiocre 

salle. Eh bien, nous vous prions tout de 

même de la voir, de l'apprécier et nous 

nous plaisons à prédire à M. Aubry, s'il 

continue dans cette voie-là, unbel avenir. 

Mme Pauline Adour ayant montré du 

talent et de la grâce dans une figure en 

rose, on l'exile aussi bien haut. Et M. 

Buffin est puni,delamême façon, d'avoir 

bien et robustement peint un portrait de 

femme en blanc, avec deux enfants, et 

d'avoir donné à ce portrait de famille une 

coupe originale et neuve. 

Un triptyque de vues d'Avila par *$, 

Charavel un fourmillant Marché à Ma* 

drid en 1868, par M. Clairin; un fort 

agréabie tableau de genre de M. Hun- 

ter un couple qui se fait une belle 

révérence, tandis que Cupidon est au 

clavecin; un Sommeil de Manon, do 

M. Calbet; une charmante toile de M. 

Souza-Pinto, le Baquet de bleu, une 

laveuse près d'une rivière dans un 

fin et juste paysage un tableau de 

chasse de M. P. Tavernier, sont mieux 

placés, mais n'en sont pas plus mauvais 

pour cela. • 

SALLE 41. Quels que soient les char- 

mes du bain, l'on ne peut passer sa vie à se 

baigner- ni à baigner les autres, veuillez 

le remarquer, monsieur Maurice Cha- 

bas. On sait que vous avez l'art de bai- 

gner des jeunes personnes frêlos dans 

des eaux nacrées. On voudrait maintp-- 

nant savoir si vous pouvez faire autre 

chose que ces baigneuses et aussi que ces 

portraits éclairés à la lumière électrique 

dans la même pose avec le même lui- 

sant dans l'œil. C'est très joli sans 

doute, mais nous serons bientôt très pou 

nombreux à voir que vous modifiez par- 

fois vos paysages, et si cela durait trop 

longtemps, il n'y aurait plus que vous a 

le savoir. Vous avez du talent, ne l'im* 

mobilisez pas. 

M. Brispot ne manquera pas d'amusop 

son public avec ses plaisantes anecdotes, 

les Êouquineurs et le lecteur du Figaro 

inquiet d'un douteux voisinage. M. '.Ra- 

phaël Collin plaira aux délicats avec son 

élégant portrait d'enfant. Les amoureux 

d'intimités se féliciteront de regarder les 

tableaux de MM. Cauchois et Barthold 

les amateurs de sites variés, les paysages 

de MM. Cabié, Ballue, Bellanger-Adhé- 

mar, A. Boulard les chercheurs de por- 

traits, ceux de MM. Zwiller, Cluysen'aer, 

Collings et Georges Claude. 

SALLE 42. La « chanson perpétuelle »: 

comme Mme Alice Corson avait imaginé 

une présentation originale pour son 

double portrait, comme elle avait mon- 

tré des qualités de peintre très puissant 

et de physionomiste très en éveil, comme 

sa toile aurait été très appréciée en bonne 

place, on nous impose la tâche de la, 

dénicher dans un coin élevé. Avant 

d'être accrochée à cette place, nous 

l'avons vue et nous avons été frappé du 

talent qu'elle dénotait. Veuillez,. nous 

croire, pour ainsi dire, sur parole. 

M. Bergès amollit son talent, mais oii3- 

richit sa couleur dans une grande toile, 

mal composée et peu pensée, de 

cigà-r 

rières en partie de campagne., Des Da- 

naldes de M. Sabatté, des toiles de MM. ` 

Cabanes, Marché, Simonet, Carrié, H. 

Rousseau, et de Mmes Madeleine Smith, 

et Charlotte Chauchet sont intéressantes 

à des titres divers. 

SALLE 43. -Un bon paysage nocturne 

avec un troupeau en marche, de M- Cap- 

gras une anecdote bien peinte et 

trop 

grande de M. Pascal Blanchard, la Leçon 

difficile 

une Laitière basque, de M. Pas- 

eau d'excellents portraits de M.VI.- 

Brouillet, Samaran et Jules Cayrôn une 

bonne peinture de Mlle Luce Biot, A 

l'œuvre; des peintures rustiques do M.' 

Bertram, et même un grand et confus 

tableau de M. Gourdault, l'An 1000, 

terminent la promenade. 

SALLES DU rez-de-chaussée. Non 

pourtant, la promenade ne se termine 

pas là. Une innovation assez heureuse, a 

consacni à la peinture décorative deux 

vastes salles flanquant la nef de la sculp- 

ture, et l'on peut mieux apprécier cer- 

taines de ces grandes pages que si elles 

étaient mélangées au tohu-bohu des ta,r 

bleaux. Et même on a, comme nous l'a- 

vons demandé maintes fois, exposé là 

un plafond comme plafond c'est. une. 

page vive de couleur de M. Darrion; 

Les autres peintures décoratives los 

meilleures de ces nouvelles salles sont 

celles de M. Enders, qui a fort joliment 

opposé le Romainville de nos grands- 

pères à notre actuelle et dépoétisée ban- 

lieue de M. Grau, qui s'est tiré avec ta- 

lent de l'aride tâche de représenter une 

inauguration à Tourcoing; de M. Lévè- 

que, le grand et beau maître flamand 

qui, en une plantureuse toile, n incarné,: 

l'Escaut et la Lys; enfin, de MM. Scliu- 

blitz, Omegna, V. Tardieu et Henry Bré- 

mond, ce dernier ayant laissé un peu 

à l'état d'esquisse, mais d'esquisse des 

plus spirituelles et des. plus, chatoyantes, 

sa jolie Crèche de la Maison-Blanche. 

Il faut espérer que cette attribution de 

salles spéciales à la décoration sera con- 

tinuée les années suivantes, et que ltr 

public en apprendra le chemin. C'est 

pour cela que nous avons tenu à le lui 

indiquer avec un peu d'insistance, con- 

vaincu que de très bons résultats seront 

obtenus ainsi. 

SALLES DE GRAVURE ET DE DESSUS. 

Pour tout visiteur, comme pour tout cri- 

tique consciencieux, la « promenade » na 

s'arrête même pas là. Elle doit se pour- 

suivre, attentive, dans les salles de gra- 

vure, et le long de la galerie des dessins 

et pastels. C'est le prolongement,le corn- 

plément même de la peinture, et sou- 

vent complément plus agréable que le r 

principal. 

Nous avons vu que des pastels avaient 

été placés dans certaines rotondes, parmi 

les salles même des tableaux. Ne croyez 

pas que les dessins relégués dans la ga- 

lerie extérieure ne soient que du rebut.. 

Il y a là des choses de premier ordre. 

Par exempte, les portraits si scrupin 

leux, si précis, et d'un si beau sentiment 

d'art pourtant, de ce jeune et méritoire 

maître, vrai phénomène de labour aus- 

tère, de respectdes grandes traditions, qui l- 

se nomme Jean Corabœuf puis, uin 

très belle étude de femme de M. Moulin 

un homme qui dessine ainsi mssure s 

son avenir; encore, des dessins d'uni-

LE FJGARO MARDI 30 AVRIL 1907 

maux de cette artiste que nous avons si- 

gnalée à la peinture, Mme Anna Mors- 

tadt une chose amusante et bien venue, 

des dessins en couleur de M. Doigneau, 

représentant les Grands Saints de la Bre- 

tagne, portés chacun par une petite fille 

dans le costume de chaque région; de 

beaux crayons de paysages de M. Féau, 

d'Habiles dessins à la plume de M. Liardo. 

Puis, je vous signalerai, en regrettant 

de ne les pouvoir commenter, mais en 

vous recommandant de les examiner, les 

dessins et.pastels ou aquarelles de MM. 

J. Triquet, Moteley, Morlot, L. A. Le- 

clerçq, Darieu,E. Bœswillwald-,Chantron, 

J.'Cayron, Boucher, Delaroche, Sabatté, 

Alle.aume, Béronneau, Guillonnet, Vin- 

'centrAnglade, Nils, Machiatti, Checa, 

Fougerat, Jonas, Grau, Larteau, Michel 

Lançon, Hankey, Bourgeois, Marcel Jac- 

quier, Maurice Lalau, Burnside, Gentz, 

1 Selmy, etde MmesEstherHuillard,Lilian 

Monace, Marguerite Delorme, Bourgon- 

nier-Claude, Madeleine Carpentier, Chau- 

met-Sousselice, Chandelier, A. de Manet 

et M. David. 

De même, indépendamment des jni- 

riiatures disposées dans les rotondes, il 

y en a encore ici de fort bonnes et ce 

sont celles de M. Maurice Renders, de 

Mmes Louisa Gallet-Lévadé Georgina 

Pallandre, F. E. Bennet, L. Chrétien, 

Bèrnamont, Henri Bocher et Paquelin- 

Gaiffe. Beaucoup de ces choses modestes 

survivront sans doute à plus d'une grande 

tpile peinte, et si vous avez la patience 

de les étudier, vous y- trouverez du plai- 

sir. 

Pour la gravure, le plaisir serait bien 

plus grand si l'on trouvait enfin le 

moyen de lui attribuer de meilleures 

salles et de ne pas l'assassiner par des 

placements aussi barbares. J'aime à sup- 

poser, pour l'amour du bel art de l'es- 

tampe, que ce ne sont pas les planches 

des membres du jury qui sont accro- 

chées à trois ou quatre mètres de hau-' 

teur, car à cette distance il serait im- 

possible d'apprécier leur talent. Ou 

bien, si on ne peut mieux faire, nous de- 

mandons que l'on mette à la disposition 

du public des échelles à roulettes pour 

voir les gravures sacrifiées. 

Parmi ce que nous avons pu voir, nous 

avons noté comme dignes de remarque, 

en tant que burins, pointes sèches ou 

eaux-fortes, les envois de MM. Corabœuf 

L. Flameng, Sulpis, Edouard Léon, Le- 

queùx, Laguillermie, Dallemagne, Bon- 

lard, Georges Aid, Liardo, Kimball, Cui- 

sinier, Hornby, Lobel-Riche, et comme 

planches en couleurs, celles de MM. 

Trowbridge, Bertrand, Du Gardier, Hu- 

gard, Marchetti. En tant que bois, ceux 

de MM. Joza et Dété. 

Enfin, en tant que lithographies, celles 

de MM. Belleroche, Heller de Pardieu, 

Ismaël Gentz, Léandre, Neumont, Désiré 

Lucas. Mais il nous semble que cette 

section de la lithographie accuse une 

très sensible décadence. C'est fort dom- 

mage après la renaissance des derniè- 

res années, on attendait mieux. 

LA SCULPTURE 

ET LES OBJETS D'ART 

La place est forcément mesurée après 

un aussi long compte rendu, pour parler 

de la section de sculpture et de son co- 

rollaire, celle des objets d'art. Je le re- 

grette d'autant plus que j'aurais eu un 

infini plaisir à développer l'impression 

que ces deux ensembles m'ont produite. 

J'y ai trouvé bien plus largement réalisé 

leyœuque je formais en commençanteet 

article, au sujet de la peinture. Jamais la 

section de sculpture n'a été plus brillante, 

et parmi les statuaires (cette année du 

moins) on trouve une bien plus grande 

proportion de poètes que parmi les pein- 

tres. Nous aurons donc au moins la joie 

de pouvoir inscrire au commencement 

de ces trop brèves notes les consolantes 

et belles paroles ut poesis, sculptura 

C'est que, sans doute, c'est une chose 

plus grave, plus onéreuse et plus lente, 

de s'attaquer à la dure matière, que de 

couvrir une toile grande ou petite de 

quelques enduits. Les sculpteurs sont 

des solitaires et des désintéressés,- il le 

faut bien.! et ils sont contraints à de 

plus intenses méditations avant de se 

mettre à la coûteuse et dure besogne. 

Rude, le grand poète, disait, avec un 

soupir en même temps de tristesse et 

d'orgueil « Notre art est le plus maté- 

riel de tous » Mais de cette matière il 

est possible de tirer tant de durable 

beauté 

Je ne puis que vous signaler sans longs 

commentaires les belles œuvres de cette 

année. Une remarque, cependant, avant 

de commencer. Les sculpteurs devront 

se préserver d'une tendance très visible 

à l'italianisme, j'entends, à la fois, à l'af- 

fectation dans les expressions, et à la 

trop grande recherche du détail. Cet es- 

prit est vite fécond en œuvres faciles, de 

très médiocre aloi, et l'on voit, à ce Sa- 

lon, fait significatif, un très grand nombre 

de tombeaux, d'un joli sentiment sans 

doute, mais qui 'trouveraient leur place 

dans les campi santi de l'Italie moderne, 

ces cimetières où la douleur et la résur- 

rection se symbolisent en scènes d'opé- 

raSTComiques. 

S'il faut vous désigner l'oeuvre la plus 

neuve de cette année, je crois que c'est 

au Laboureur de M. Rouchard que j'irai 

tout droit. C'est un paysan qui se repose 

un instant en s'appuyant sur sa charrue. 

Le mouvement, le sentiment, la cons- 

truction de cette belle figure sont d'une 

grande simplicité et d'un noble savoir. 

M. Alfred Boucher a également deux 

envois fort remarquables et empreints 

de cette belle poésie que nous souhai- 

tons la Pensée, une figure en marbre, 

de la plus rare exécution, et qui se trouve 

répétée, par un singulier tour de force, 

en un autre exemplaire drapé différem- 

ment, ce qui en fait une œuvre sœur, et 

pourtant tout autre d'accent et de cou- 

leur. 

Antonin Mercié se joue, au milieu 

de tous ses grands travaux, avec une 

petite statue à"la Greuze qu'il intitule le 

Départ 

du village. Dire que le sentiment 

en est exquis et que le modelé en est 

raffiné au possible est superflu, puisque 

c'est d'Antonin Mercié qu'il s'qgit. 

Je ne crains pas d'écrire que la Jeune 

Faunesse danseuse et joueuse de flûte, 

inspirée à M. Piron par l'art antique, est 

un chef-d'œuvre d'exécution et d'esprit. 

Voilà un début superbe! 

Une œuvre fort importante et, qui sera 

des plus regardées, c'est la Fontaine pour 

la ville d'Helsingf'ors, de M. Vallgren, un 

des statuaires les plus notables de la 

Société nationale, qui revient au lieu de 

ses débuts. M. Vallgren, avec sa ravis- 

sante figure de femme et le motif si 

curieux des poissons et des otaries, qui 

le classe comme un maître animalier, ne 

nous avait pas encore montré d'œuvres 

aussi grandes. La tentative est assurée 

du succès 

Il y a une recherche d'invention des 

plus intéressantes dans la Femme du lé- 

vite d'Ephra'ùn,, de M. Labatut, et une 

recherche non moins curieuse de l'em- 

ploi des matières, dans la figure que M. 

Alaphilippe intilule Mensonges. Cet ar- 

tiste n'a pas encore complètement réussi 

dans son effort, mais il est visible que 

le succès est proche. 

Quoique nous n'aimions pas beaucoup 

que le marbre serve à imiter la neige, et 

que M. Hippolyte Lefebvre soit tombé 

dans ce travers, sa figure de vieille dame 

intitulée l'Hiver est d'assez jolie trou- 

vaille pour qu'on ne le chicane pas trop. 

A cet hiver opposons la printanière fi- 

gure que M. Tisné intitule Tout en 

fleurs, et qui est une évocation moderne. 

Un peu grande pour l'idée, qui prêterait 

mieux à une statuette, l'œuvre est trop 

vivante et trop délicate pour n'être point 

louée. 

Une tentative d'art « populaire » des 

plus intéressantes par sa simplicité est 

ce groupe d'ouvriers et d'ouvrières chan- 

tant que M. Alliot intitule la Chanson de 

lavie, quelque chose un peu comme du 

Jules Adler sculpté de la réalité fran- 

chement acceptée, et rendue de façon 

non triviale. Certes, il ne faut point sou- 

haiter l'invasion des blouses et des jupes 

dans le domaine sculptural, mais lors- 

que l'on saura regarder les spectacles 

quotidiens et en tirer de la beauté rai- 

sonnée comme l'a fait M. Alliot, il y 

aura là les éléments d'un art nouveau, 

ou plutôt renouvelé des vieux ima- 

giers français. A ce genre de recherches 

se rattachent la Bonne Ménagère de cet 

artiste plein de sève et de trouvailles 

captivantes qu'est M. Derré le beau 

groupe rustique, en bois, que M. Lar- 

roux appelle l'Ex-Voto et qui n'a que 

le remédiable défaut d'être un peu trop 

ciré; le charmant et mélancolique groupe, 

Résignation, de M. Vigoureux; le Ter- 

rassier, de M. Albert Pommier; celui de 

Mme Maria Paulet-Suchet; la Confi- 

dence, de M. Félix Dumas; et,le groupe 

de la Vérité, de M. Pierre Laurent, al- 

légorie moderne de la Justice où, à force 

d'art, le sculpteur a évité les trop for- 

melles allusions et le possible ridicule; 

enfin, les divers groupes ou figures ex- 

posés par MM. Cordonnier,'Gaudissart, 

Camel, Perron, F. Tourte, Mme Berthe 

Girardet. 

Des œuvres de grande importance, 

mais rentrant dans une donnée plus clas- 

sique, sont les suivantes, où de hautes 

préoccupations et un profond savoir se 

constatent la Fontaine des Danaïdes, de 

M. Jean Hugues; le haut relief en mar- 

bre de M. Moncel, le Rêve dit poète; le 

Monument à Bossuet, de M. Ernest Du- 

bois celui des Arts et Métiers, de M. 

Max Blondat (qui envoie aussi à l'état dé- 

finitif sa jolie fontaine aux enfants); ce- 

lui des Industries et dit Commerce de la 

Champagne, de.M. Gasq le Rapt, de M. 

Suchetet; VEve, de M. Sicard; le Prin- 

temps, de M. R. Larche le Monument à 

Fragona?;d, de M. Auguste Maillard; le 

Pèlerin de la vie, de M. Paul Roussel, 

haut, relief dont le fond est d'une jolie, 

couleur et le Soi?' de la vie, de M. Seys-. 

ses,.que l'on peut louer identiquement 

dans les mêmes termes. 

Nous trouvons encore un charme très 

grand dans la Consolatrix de M. Mathet, 

un groupe du plus habile arrangement et 

d'une enveloppe tendre et frémissante; 

dans le groupe de M. Rivoire, le poète 

mourant recevant un baiser de l'amour; 

dans les deux envois de Mme Debienne, 

excellente artiste en constant progrès 

Séphora et l'Eveil à la vie; dans la Jeu- 

nesse de M. P. M. Poisson, très bonne 

statuette en bronze argenté, placée sur 

un socle plein de goût; dans la Chemise 

enlevée de .M. Abbal, petite figure en 

pierre exécutée avec la plus grande 

verve, et d'un mouvement si heureux, 

d'un traitement si plein de tact, que tout 

passant 

aura pour cette excellente baga- 

telle un sourire, tout artiste un compli- 

ment. 

D'autres œuvres remarquables encore 

la plantureuse Baigneuse de M. Jacques 

Loysel; le Pâtre sculpteur, de M. Lo- 

rieux la robuste statue de M. Penda- 

riès la grandiose figure de bronze de M. 

O'Connor les fontaines de MM. Ar- 

douin, Camille Gresland, Virion (de ce 

dernier les Grenouilles qui demandent un 

roi, très spirituellement décorative) les 

Pêcheurs primitifs, de M. Albert Le- 

feuvre les diverses sculptures expo- 

sées par MM. Couteilhas, Raymond Su- 

dre, Saïn, Faure, Rauner, Colton, Mar- 

quet, Loiseau-Bailly et Mme Jeanne 

Itasse. 

Un bon nombre de bustes serait à citer 

et à apprécier. Nous ne pouvons retenir 

ici que les principaux. Un de ceux qu'il 

nous est le plus agréable de rencontrer, 

pour diverses raisons dont la seule qui 

doive compter ici est sa parfaite réus- 

site, est celui de notre excellent ami 

Jules Cardane, secrétaire de la rédac- 

tion du Figaro, exécuté par M. F. Liardo. 

Cet éminênt artiste, qui a l'universalité 

des vieux maîtres de son pays (nous avons 

cité son nom à la peinture, aux dessins, 

à la gravure!), a admirablement rendu 

l'expression de franchise et la cordiale 

autorité qui règnent dans le visage si ca- 

ractéristique de notre camarade. D'au- 

tres très bons bustes sont, particulière- 

ment celui de M. Waldeck-Rousseau, par 

M. Marqueste celui 

de, Mlle LiliRoujon 

et de M. Charles Roux, par M. Puech 

du sculpteur Becquet, par M. Greber; 

ceux enfin qu'ont signés MM. Bony de 

Lavergne, Carlès, Récipon, Pallez, Sé- 

goffin, Grandmaison, Bernstamm, Cha- 

bre-Biny, Mmes Gabrielle Dumontet et 

Gauthier-Massier. 

Il est juste de faire passer, après, les 

animaliers, mais il serait injuste de ne 

point parler d'eux. Ceux qui ont envoyé 

cette année les meilleures œuvres sont 

MM. Valton, Peyrol, Gardet, Navelier et 

Perrault-Harry, de qui le relief, Passage 

de Bédouins 

avec leurs chameaux, a 

beaucoup de simplicité et de couleur en 

même temps. 

La petite sculpture, comme la gravure 

en médailles, compte cette année une 

quantité surprenante de choses joliment 

inventées et réalisées précieusement; je 

ne puis que vous signaler, parmi les 

objets qui. vous réservent de très fins 

moments, une petite merveille, le Faune 

dansant, bronze de M. Lombard un 

groupe très vivant de M. Descatoire, in- 

titulé le Conte dit Vieux faune; des figu- 

rines, dont beaucoup sont en ivoire com- 

biné avec des substances précieuses, de 

MM. Joseph Ascoli, Joë Descomps, Gou- 

veïa da Silva, Geo. Wagner, Bouval, 

Bertrand-Boutée, Caron, Bizard, Du- 

fresne, Allouard et Hector Lemaire. Et 

parmi. les médailles et plaquettes, celles 

de MM.. Gardet, Yencesse, Convers et 

Peter, quatre très beaux maîtres, et de 

MM. Maurice Dclaunay, Loiseau-Bailly, 

Doisy, Dautel, Lechevrel, Legasteloin, 

Lenoir, Mattei, et Mmes Pauline Gran- 

ger et E. Mérignac. 

Quel chagrin de ne pouvoir vous gui- 

der avec détails parmi les objets d'art, 

si multiples, si divers, si réussis, pour la 

plupart, répartis entre la galerie du pre- 

mier étage etles^salles du rez-de-chaus- 

sée De vous dire, par exemple, toute la 

richesse d'exécution, l'ingéniosité ex- 

trême dans la recherche des décors et 

des matières, qui règnent dans les sédui- 

santes figurines de M. Théodore Ri- 

vière la si incessante ingéniosité et la 

plus nqble science technique qui donnent 

tant de prix aux travaux de M. Du Suau 

de La Croix et de Mlle de Montigny, ces 

deux maîtres de l'émail translucide; la 

libérale dépense d'esprit et de délicatesse 

qu'ont faite dans leurs figurines MM. Le- 

vasseur, Laporte-Blairsy, Zeibig, Mlle 

Jeanne Jôzon; MM. Hierholz et Pierre 

Falize, enfin, qui, en collaboration, ont 

réalisé des Fables de La Fontaine. somp- 

tueuses, dont la richesse aurait ébloui 

le divin Bonhomme. 

Du moins je dirai encore que pour les 

belles recherches de céramique, il faut 

étudier avec beaucoup d'attention les vi- 

trines de M. Emile Decœur, de M. et 

de Mme Massoul, de M. Raoul Lachenal, 

de M. Numa Gillet, de M. Marius Four- 

mont; -pour les émaux, bijoux et ob- 

jets de métal, celles de MM. LeCouteux, 

Liénard, Keim, David Andersen, de Mmes 

Annie Histal etGodillot; -pourles objets 

en corne ciselée et teintée, en cuirs, re- 

liures, coffrets, etc., et en nacre ciselée, 

celles de MM. Guétant, Jeanmaire-Le- 

clercq, Georges Bastard, Couraly, et de 

Mmes Anger-Détrie, Baumeister, Jeanne 

Mathey, Gabrielle Dressen, Chincholle- 

Baudouin, Dutar, Guichard, Vion-Graf- 

feuil, Pauline Rivière, Martin-Sabon et 

Boyer de Mauvillain pour les pâtes de 

verre, les très délicats essais de M. Dé- 

corchemont; enfin pour les broderies, 

guipures, étoffes brodées ou peintes, les 

panneaux très amusants de M. Fon- 

freide, les travaux délicats de Mme 

Hélène de Czarnecka, de Mme Foley- 

Risler, de Mlle Marie Bondonneau, de 

Mlle Pauline Rivière, de Mlle Marie 

Philippe. 

Que dé jolis talents que de jolies cho- 

ses ils produisent! 

Ne nous calomnions donc pas trop. 

Il en restera tout de même trace de 

nous. 

Mais alors, pourquoi à ce Salon, 

dont le début était si chagrin, une fin si 

optimiste? 

Mon Dieu, parce qu'il faut être 

difficile sur les principes, et facile à sé- 

duire dans les applications. Parce que 

pour être un peu heureux, ou pas trop 

malheureux, il faut placer très haut son 

idéal, et sa réalité dans les régions 

moyennes. C'est un secret, applicable ail- 

leurs qu'ici, qui fait goûter la vie et per- 

met de trouver du plaisir au Salon. 

Arsène Alexandre. 

–< 

AVIS DIVEES 

RECOLORATION 

A SEC des cheveux blancs 

par la POUDRE CAPILLUS de la 

Parfumerie Ninon, 31, rue du 4-Septembre. 

CONTRE LA GRIPPE, 

LES COURBATURES, 

LES MAUX DE TÊTE 

prenez par jour deux cachets (50 c. le cachet) 

DEMIGRAININEPAQUIGNON 

(Dr Overlack, inventeur) 

Ce produit, chimiquement pur, est plus actif 

et n'a pas les inconvénients de la Quinixe 

et de I'Axtipyrixe. 

PHARMACIE NORMALE, 

19. nue Drouot, Paris. 

w-- 

Emette es S Tribunaux 

NOUVELLES JUDICIAIRES 

La Cour d'assises, après une vigou- 

reuse plaidoirie de Me Albert Crémieux, 

a acquitté hier un instituteur parisien, 

Clotaire Lafolie, accusé de meurtre. Sa 

victime, un nommé Langlois, anarchiste 

militant, avait été un peu, aux dernières 

élections où Lafolie fut candidat, son 

agent électoral. Puis, on s'était brouillé. 

Lafolie était reçu chez une cabaretière 

d'Aubervilliers, familièrement, intime- 

ment il était le subrogé tuteur de ses 

enfants. Langlois un soir était venu dans 

le débit et avait eu une discussion avec 

le cabaretière, avait cassé des verres. 

` 

Lafolie, le lendemain, était allé deman- 

der à Langlois compte de son attitude. 

Une querelle s'en était suivie. Lafolie 

avait tiré sur Langlois et l'avait tué. Le 

jury a admis. la'légïtime défense. 

Hier, a la 8e Chambre, où comparais- 

saient les délinquants mineurs, il y eut 

des pleurs, des crises de nerfs. Le pu- 

blic très houleux s'apitoya bruyamment 

sur les jeunes vagabonds qu'on envoyait 

en correction. 

Le procureur de la République, à la 

suite de cette audience mouvementée, 

vient de décider que désormais les au- 

diences de prévenus mineurs auraient 

lieu à huis clos. 

Nouwelles Diverses 

®e® 

A PARIS 

CARXET DE LA CHARITÉ 

Nous avons recu de M. A. A. la somme 

de 100 francs pour les pauvres du Figaro. 

LES MESURES D'ORDRE POUR LE 1er MAI 

Une importante réunion a été tenue hier' à 

la Préfecture de police, sous la présidence de 

M. Lépine. Dans cette réunion à laquelle 

assistaient MM. Laurent, secrétaire général, 

Touny, directeur de la police municipale, 

Mouquin, directeur des recherches, Yves 

Durand, directeur du cabinet, les commis- 

saires divisionnaires et les colonels des 

vingt-neuf régiments dépendant de l'armée 

de Paris, on a discuté tes mesures d'ordre à 

prendre pour le 1er mai. 

Il a été décidé que ces mesures seraient 

sensiblement les mêmes que celles prises 

l'année dernière à la même époque, avec cette 

seule différence que les troupes de province 

ne seront pas appelées cette année. Ces troupes 

resteront consignées dans leurs casernes et 

prêtes à intervenir, le cas échéant. 

L'ordre à Paris sera donc assuré par les 

troupes des garnisons de Vincennes, Versail- [- 

les et Rambouillet et par toutes les forces 

de police qui avaient été mises en mouve- 

ment l'année dernière. 

On ne prévoit pas, du reste, de troubles 

graves pour la journée du 1er mai. Les ren- 

seignements parvenus à ce sujet sont des 

plus rassurants. 

l'assassinat DE BERTHE fo'ix 

M. le docteur de Grissac, qui a été appelé 

par le Parquet de Versailles à examiner le 

cadavre de Berthe Foix, a pratiqué l'autopsie 

de plus de quatre cents noyés repêchés en 

Seine et a une compétence particulière en 

l'espèce. 

J'ai étudié de très près, a-t-il déclaré à 

M. Mangin-Bocquet, les plaies de la victime, 

les sections des chairs et des os. La double 

section n'a pu être faite que par la lame d'un 

couperet. 

» La chemise dont le cadavre de la vic- 

time était encore revêtu au repêchage aurait 

dû, au cas d'un accident d'hélice, porter des 

déchirures, des déchiquetages, notamment à 

la hauteur des hanches où se trouve une 

plaie béante. Or, la chemise était intacte. 

» Les causes du décès ne peuvent être at- 

tribuées à l'asphyxie par immersion. Il n'y a 

pas d'eau dans les poumons. Le cœur est 

flasque et mou et les organes vitaux se sont 

éteints successivement. 

» D'autres remarques sont aussi significa- 

tives. Le tibia droit a été entamé par une 

scie, puis cassé ensuite. Sur le tibia gauche, 

on remarque que l'assassin s'est pris à trois 

fois pour débiter l'os. » 

On n'a pas retrouvé jusqu'ici dans la Seine 

les vêtements que portait Berthe Foix le 

jour de sa disparition jupe marron, jupon 

de dessous, manteau gris à carreau, chapeau 

de paille noir, corset. 

Une prime est offerte à qui rapportera ces 

vêtements, de même que les deux troncons 

des jambes. 

ï M. Hamard poursuit' maintenant ses re- 

cherches dans le sens des conclusions de M. 

le docteur de Grissac. 

Nous croyons savoir qu'un patron boucher 

de la rue de Miromesnil, chez qui Berthe 

Foix achetait de la viande chaque jour, a 

déclaré que le jour de la mi-carême, ilavait t 

vu la jeune fille rentrer vers six heures du 

soir, accompagnée d'un homme et d'une 

femme avec qui on ne l'avait jamais vue. 

Cette femme serait-elle la « cocotte » que 

recherche la police, et qui connaissait Berthe 

Foix? Cette « cocotte »ne serait autre qu'une 

fille soumise, originaire de Pau, une nom- 

mée L. venue à Paris, il y a quelques 

mois, à la suite d'uu acrobate forain. 

La dernière lettre, écrite par Berthe à Pau, 

a été retrouvée. Elle est datée du mardi de 

Pâques et adressée à une jeune fille du pays, 

Catherine Candan. § 

« Je suis très bien à Paris, écrivait Berthe 

Foix. et je te dis à bientôt. » 

Berthe Foix avait-elle un côté mystérieux 

dans sa vie ? Jusqu'à présent, on n'a rien 

découvert. M. Hamard a procédé hier à de 

minutieuses investigations dans les maisons 

mal famées situées entre la gare Saint-La- 

zare. et la place de la Bourse*. La trace d'un 

individu .qui aurait pu attirer Berthe Foix 

dans un guet-apens n'a pas été trouvée. 

Si toutes les recherches restent infruc- 

tueuses, il se pourrait que l'exhumation du 

corps de la malheureuse jeune fille fût or- 

donnée et qu'on procédât à une contre-au- 

topsie, pour déterminer s'il n'y aurait pas eu 

suicide. 

ACCIDENT DE VOITURE 

Un cheval attelé à une charrette anglaise 

s'est emballé hier à trois heures de l'après- 

midi, boulevard des Italiens. 

Il allait renverser une voiture d'enfant que 

trajnâit une nourrice quand il a été maîtrisé 

par M. Lachavanne, négociant en vins. 

M. Lacbavanne, qui a été traîné sur une 

distance de vingt mètres, a été assez violem- 

ment contusionné. 

SUICIDE 

Par suite de chagrins intimes, un jeune 

homme de vingt-deux ans, François Stadler, 

instituteur à Ablon (Seine-et-Oise), s'est sui- 

cidé hier, dans un hôtel du boulevard Beau- 

marchais, en se tirant un coup de revolver 

dans la tète. 

La mort a été instantanée. La famille du 

'désespéré a été prévenue télégraphiquement. 

Rue Chaudron, 15, Mme Marchand, âgée 

de quarante-cinq ans, désespérée d'avoir été 

séparée de ses enfants, s'est suicidce hier en 

absorbant de la cocaïne. 


--o 

Mémento. Rue de Trévise, un boucher de 

la rue de Lancry. M. Emile Bedaxier, âgé de 

trente-six ans, a été pris hier d'un accès de folie 

furieuse. 

Il a été envoyé n l'infirmerie du Dépôt, 

M. Pelatan, commissaire de police, a fait 

envoyer hier à la Morgue le corps de Mme Ru- 

che trouvée morte chez elle rue Nationale et 

dont le décès parait suspect. 


i M»^ 


i é ii ij 

EXPLOITS DE « SABOTEURS » 

vw Dunkerque. Abel Vuylstèke, dix- 

huit ans, ouvrier de la filature du Chaperon- 

Rouge, pour se venger ide ses patrons qui le 

congédiaient, a jeté des allumettes dans 

l'étoupe de deux machines à carder, qui 

naturellement s'enflamma très vite. Le feu a 

été heureusement éteint.Le saboteur est arrêté, 

L'indignation de ses camarades d'atelier est 

très vive. 

Nancy. A Neuves-Maisons, M. 

Poney, commissaire spécial à la gare de 

Nancy, et quatre gendarmes, ont été mena- 

cés de mort et assaillis à coups de pierres et 

de tessons de bouteilles, à la sortie d'une 

réunion de grévistes mineurs et métallurgis- 

tes. Ils se sont réfugiés précipitamment à la 

gendarmerie. Au cours de la réunion, un agi-; 

tateur nommé Dubois avait exhorté les gré- 

vistes à mettre en pratiques les théories 

d'Yvetot contre les « bourgeois » et à « se 

débarrasser des flics par tous les moyens ». 

Quelques minutes après, ces excitations au 

meurtre portaient leurs fruits. Dubois sera 

poursuivi en conséquence. Les agresseurs 

sont activement recherchés. 

` 

LE MYSTÈRE D'EYGURANDE 

*w Périgueux. Hier, un paysan de 

Mentpont a trouvé dans le bois de Bellat le ( 

cadavre de M. Déau, l'agent d'assurances de 

Bordeaux. disparu depuis le 15 décembre 

dans les circonstances qu'on sait. La tête pen- 

dait par une corde à une branche d'arbre et 

reste du corps gisait au-dessous dans un étal 

avancé de décomposition. A noter que des 

recherches nombreuses avaient été faites an- 

térieurement dans ce bois on ne s'explique 

donc pas que le cadavre ait été inaperçu jus- 

qu'à ce jour. Le parquet de Ribérac incline 

cependant à conclure au suicide. 

ACCIDENTS DANS DEUX USIN'ES 

ww^vv Briey. Aux Aciéries de la marine 

à Homécourt, la rupture d'un arbre de trans 

m ission a fait basculer une poche contenan 

15,000 kilos d'acier en fusion. L'effroyable 

coulée incandescente a dévoré deux ouvriers 

et en a grièvement brûlé trois autres.] 

-w~w^ Chaumont. Un accident s'est pro- 

duit à la fonderie Ulmo, à Rimaucourt. La 

machine du train a fait explosion la toiture 

d'une partie de l'usine a été arrachée des 

débris de toutes sortes ont été projetés au 

loin. Une énorme pièce de fer a traversé le 

toit d'une maison voisine et s'est abattue, 

sans blesser personne, dans une pièce où 

toute une famille était attablée. 

Aucun ouvrier n'a été blessé, l'usine ayant 

été évacuée à temps. Cet accident causera un 

chômage de deux mois environ. 

VILLAGE INCENDIÉ 

~> Gap. Un incendie vient de dé- 

truire une partie du village de Saint-Chaf- 

frey. Un feu de cheminée, activé par un vent 

violent du nord-ouest, s'est communiqué à 

un pâté de maisons. Trente-sept immeubles 

sont brûlés. Une jeune fille est morte au mi- 

lieu des flammes. Plusieurs personnes en ont 

été retirées à demi asphyxiées. Le bureau de 

poste et le pont-levie sont détruits. Les per- 

tes sont au moins de 300,000 francs. Plu- 

sieurs sauveteurs ont été blessés. 

UNE EXCURSION AU PÔLE NORD 

,*v«^ Dunkerque. On vient de lancer 

le dundee Jacques-Cartier, de 200 tonneaux, 

acheté par la Ligue maritime française pour 

effectuer une croisière de quinze mois dans 

les mers arctiques. Ce navire sera commandé 

par le lieutenant de vaisseau Benard, direc- 

teur adjoint de la Ligue. L'équipage compor- 

tera quinze hommes, un médecin et plusieurs 

professeurs. L'expédition étudiera les mœurs 

et migrations de la morue, les courants des 

mers glaciales et cherchera à se rapprocher 

le plus possible du pôle. Elle partira dans un 

mois. 

LE SCANDALE DE CHERBOURG 

-ww~«, Cherbourg, Mme Bonneau, sage- 

femme à La Haye-du-Puits, a été arrêtée et 

écrouée à la prison deCherbourg. Elle serait, 

selon les dires du curé de Blosville, la cause 

de la mort de Mlle Leblond. On prévoit 

d'autres arrestations. Mme Bonneau proteste 

de son innocence, ainsi d'ailleurs que L'abbé 

Larquemin. 

COURRIER 

DESTHÉÂTRES 

Ce soir 

A la Comédie-Française, à 8 heures, Marion 

Delorme. 

-A l'Opéra-Comique, à 8 heures, Aphro- 

dite (Mlle Mary Garden, M. Léon Beyle, Mlle 

Claire Friche). 

A l'Odéon, à 8 h. 1/2, les Goujons, la 

Française (Mmes Jeanne Rolly, Lély, MM. 


Aux Variétés, à 8 h. 40, la Revue du 


Max Dearly, Prince, Moricêy Mmes Ger- 


Berty, miss Lawler, Suzanne Derval, etc.). 

A 9 heures, « la Ville de Paris » à 10 heures, 

« le Palais de la Danse » à 11 heures, 

« Napoléon Ier, la Cour impériale et la Grande 

Armée ». 

A la Renaissance, à 8 h. 3/4, le Trouba- 

dour (Mlle Alice Nory) à 9 h. 1/4, 166e re- 

présentation du Voleur (Mmes Simone Le 

Bargy, Verneuil, MM. Lucien Guitry, Hu- 

guenet, Arquilliôre, Vincent). 

Au théâtre Réjane, à 8 h. 1/4, la Fille 

de Jephté à 9 h. 1/4, Paris- New -York (Mmes 

Réjane, Daynes-Grassot, Blanche Toutain, 

Lantelme, Suzanne Avril, Marguerite Lavi- 

gne, MM. Tarride, Baron, André Brûlé, Si- 

gnoret, Pierre Magnier, Noizeux, etc., etc.). 

-A Cluny, à 9 h. 1/4, Bouffe-la-Routc 

(Mmes Brelly, Favelli, Barré, Franek-Mel, 

Hardy-Dorland, MM. Poncet, Draquin, etc.). 

Aux Capucines, à 9 heures, pour les re- 

présentations de Mlle Marguerite Deval et de 

M. Polin Son Petit Frère (Mlle Marguerite 

Deval, MM. Polin et Defreyn), Marcheuse 

(Mlles Marthe Ladini et Branghetti, MM. 

Coquet et Berthez), et le Porte-Cartes (Mlle 

Mérindol, M. Lucien Prad). 

Au Lyrique-Trianon,à 8 h. 1/2, reprise 

du Barbier de Séville. 

Distribution 

Rosine Mmes M. Van Gclder 

Marceline Jyhom 

Le comte Almayiva MM. Gabiel 

Figaro Dutilloy 

Basile La Taste 

Bartolo Aristide 

Pedrille Bastide 

L'alcade Max 

Un officier Laborde 

La Jeunesse Delostre 

Léveillé Chopin n 

MM. les critiques musicaux, dramatiques, 

courriéristes et soiriste? seront reçus sur pré 

sentation de leur carte. 

Au Grand-Guignol, à 9 heures, la Petite 

Maison d'Auleu'd, l'Attaché, la Femme aux 

deux profils, Perroquets perdus, English Maill. 

A la Comédie-Royale, à 8 1/2, Flossie 


(M. Félix Galipaux), l'Epingle (Mlle Léonic 

Yahne, M- X), la Maison n'est pas au coin du 

Thé, revue (Mlle Arlette Dorgère, M. Gali- 

paux, Mlle Valentine Petit, M. Taulïcnbcrgcr. 

Tristan et Isolde a été chanté, hier encore, 

magnifiquement par Mme Félia Litvinnc et 

M. Van Dyck. A chaque acte, d'enthousiastes 

acclamations se sont fait entendre à l'adresse 

des deux grands artistes que le public ne se 

lassait point de rappeler. A côté d'eux, on a 

fait fête également à Mme Rose Féart, une 

Brangœne de tous points parfaite, dont le 

jeu, la voix et le style ont été fort admirés. 

MM. Bartet, A. Gresse, Cabillot, Donval, 

Triadou, etc., etc. 

A la Comédie-Française. 

On a lu, hier dans l'après-midi, aux inter- 

prètes V Amour veille, la pièce nouvelle en 

quatre actes, de MM. G. A. de Caillavet et 

Robert, de Flers. 

La pièce entrera dès aujourd'hui en répé- 

titions. Elle sera mise en scène par M. Geor- 

ges Berr. Les principaux rôles ont été distri- 

bués à MM. Coquelin Cadet, G. Berr, Grand, 

Ravet et Mmes Pierson, Lara, Marie Le- 

conte, Cécile Sorel, Kolb, Persoons, Clary,' 

Ilobinne, Dussanne, Lherbay. 

ie- 

M. de Féraudy est rentré, hier, à Paris; il 

reparaîtra devant le public la semaine pro- 

chaine et il reprendra d'ici peu sa belle créa- 

tion du Paon. 

Nous avons eu le plaisir de voir hier M. 

Fernand Samuel qui revenait de Rome où. 

profitant du gros succès des Variétés, il avait 

tenu, comme chaque année, à passer quelques 

jours au commencement du printemps. 

Le directeur des Variétés a eu la joie de 

constater que, si belles que fussent ies re- 

cettes de la Revue du Centenaire lors de son 

départ, elles étaient encore plus belles à son 

retour, et que, en soixante jours, la recette 

totale n'atteignait pas moins de cinq cent 

mille francs. 

La Comédie -Française donnera samedi 

prochain, pour la 146e représentation des 

Trente Ans de théâtre qui aura lieu *;ï huit t 

heures et demie, salle Wagram (3 francs, 

2 francs, 1 franc. 0 fr. 50, location sans aug- 

mentation), les Folies amoureuses (MM. De- 

helly, Siblot, André Brunot, Mlles Marie Le- 

conte, Dussane). L'Opéra-Comique donnera 

le Chalet (Mlle Muratet, MM. de Po'umayrac, 

Azéma) et des fragments d'Jphigénie par Mme 

Jeanne Raunay. Des Poésies de Nadaud, par 

M. Galipaux; les Danses javanaises par Mlle 

Meunier, de l'Opéra la Chanson, par Mlle 

Paulette Darty et M. Polin, et une causerie 

de M. de Ponthiéres compléteront ce spec- 

tacle. 

'* 

Le nouveau président du Conseil munici- 

pal, M. André Lefèvre, a reçu le président et 

le comité des Trente Ans de théâtre. Il les a 

assurés de l'unanime sympathie du Conseil 

municipal pour les Trente Ans de théâtre, et 

comme société de bienfaisance et comme 

théâtre 

populaire 

dans les faubourgs de Paris. 

Argus. 

Il iprésidera, avant la fin de la saison, une 

représentation 

de faubourg. 

Ce soir, au Théâtre Réjane, dernière re- 

présentation de Paris-New-York qui reste au 

répertoire de Mme Réjane demain et jeudi, 

relâche; vendredi et samedi, répétition gé- 

nérale dé la Clef, pièce nouvelle de M. Sacha 

Guitry. 

Dimanche, en matinée, les Deux Madame 

Delauze. 

' 

m 

M. Richard Strauss arrivera demain, -à 

Paris, pour, présider à la dernière mise au 

point de sa Salomé. 

**•– 

L'assemblée générale des Auteurs drama- 

tiques aura lieu le 8 mai. 

Les difficultés qui firent si agitées les réu- 

nions de l'an dernier ayant été définitive- 

ment applanies, l'assemblée se passera as- 

surément dans le calme et la cordialité. 

On y procédera ù l'élection de cinq com- 

missaires, quatre auteurs et un musicien. 

Les commissaires sortants l'année dernière 

et rééligibles cette année étaient MM. G. 

Ohnet, P. MilIiet, Richepin etWolff, auteurs, 

et M. Th. Dubois, musicien. 

A la Porte-Saint-Martin, le succès de, la 

Marjolaine s'affirme de plus en plus. Entre 

les représentations de samedi et de diman- 

che, la totalité des recettes a atteint 10,000 

francs. 

Après avoir été applaudie à Paris et fait 

chaleureusement applaudir Mme Cora Lapar- 

cerie et M. Jean Coquelin, à la tête d'une 

distribution d'élite, la Marjolaine fera son 

tour du monde M. Frohman vient de l'ache- 

ter pour l'Angleterre et l'Amérique. Une 

grande tournée se prépare également pour la 

France et l'Europe. Mme Cora Laparcerie a 

signé, à cet effet, pour cent représentations, 

avec un de nos imprésarios les plus connus. 

L'Ambigu affiche pour demain soir les 

deux dernières représentations du P'tit Mi- 

tron. Après-demain jeudi, reprise des Deux 

Orphelines, avec une excellente interprétation, 

en tête de laquelle figurera Mme Tessandiér. 

Notre directeur, M. Gaston Calmette,a a. 

reçu hier, en même temps que le chèque qui 

y est annoncé, la lettre suivante que le Fi- 

garo se fait un plaisir de publier 

Madrid, avril 1907. 

Monsieur le Directeur, 

J'ai l'honneur de vous remettre, au profit des 

victimes de Vlêna, un chèque de 339 fr. 35 (net de 

pesetas 375), produit d'une collecte recueillie par 

notre compatriote Mme Debriège, au cours d'une 

soirée donnée samedi dernier dans notre cercle. 

Non contente de nous apporter son concours 

le plus actif pour l'organisation de cette fête, 

Mme Debriège, qui a interprété supérieurement 1t 

les morceaux les plus choisis de son répertoire, 

a renoncé à son cachet dont le montant est 

compris dans le chèque ci-joint. 

Nous avons eu le plaisir do constater que .la 

presse de Madrid a été unanime à féliciter notre 

sympathique 

artiste. 

Veuillez monsieur le Directeur, l'assu- 

rance de ma considération très distinguée. 

Le président du Cercle 

de l'Union française, 

ïi. DELVAILLE. 

Ce soir, à l'Athénée, 100° et dernière repré- 

sentation de Sa sœur. Demain, relâche. 

Après-demain, jeudi et vendredi, répétition 

générale et première représentation de le Cœur 

et le Reste. 

On peut louer dès à présent pour la pre- 

mière. La direction de l'Athénée nous pré- 

vient que, à la répétition générale, les dames 

ne seront admises aux fauteuils d'orchestre 

et au balcon que sans chapeau. 

C'est le mercredi 15 mai qu'aura lieu en 

matinée, au théâtre Sarah-Bernhardt, sous 

le patronage de M. le sous-secrétaire d,'Etat 

des beaux-arts, la première et unique repré- 

sentation du drame historique en vers, en 

cinq actes, de M.' André Avèze, le Prince, 

au bénéfice de la caisse de secours de la So- 

ciété des poètes: français.' 

Parmi les personnalités parisiennes qui ont 

déjà retenu leurs places pour cette matinée 

de gala, nous relevons les noms de 

La duchesse de Rohan (une avant-scène), 

500 francs: 

La baronne de Baye (une logo), 100 francs: 

La comtesse de La Morinière (deux fauteuils), 

40 francs 

M. Emile Blémont (deux fauteuils de balcon), 

50 francs 

Arme

LE FIGARO MARDI 30 AVRIL 190f 

Xaure .Sureau, Alcime Leblanc, Mlle Renée 

Sauer. La direction artistique a été confiée à 

M. Alcime Leblanc. 

Le ténor Gautier, dont on -n'a pas oublié 

les succès à l'Opéra-Comique et qui, au 

Grand-Théâtre de Bordeaux, se fit chaleu- 

reusement applaudir, pendant une série de 

représentations, a été engagé par MM. Mes- 

sager et Broussan, pour leur première sai- 

son à l'Opéra. En attendant ses débuts à 

l'Académie nationale de musique, le brillant 

ténor va partir pour l'Amérique il vient de 

signer avec M. Charley, l'imprésario bien 

connu, pour la saison de grand opéra à 

BuenosÂyres au théâtre de l'tëlyseo Argen- 

tino, dont M. Seguin est le propriétaire. 

Serge Basset. 

SPECTACLES^CONCERTS 

Aujourd'hui: 

• 

A l'Université des Annales, 51, rue Saint- 

Georges, à 5 heures, « Hygiène », conférence 

par le docteur Sébileau. 

Ce soir 

Aux Folies-Bergère, Pretly Madge, fantai- 

sie en 6 tableaux de MM, Léon Gandillot 

et Joseph Leroux. Les Nébuleuses, les 5 Alex, 

les Tenji. Attractions diverses. Dans le 

jardin Stone et la n Moto infernale ». 

A l'Olympia; la Revue merveilleuse, 25 

tableaux de MM. Ch. Quinel et H. Moreau. 

La commère Lina Ruby; le compère 

Leprince. 

Tous les jours, de 2 h. 1/2 à 5 h.1/2, ciné- 

matographe (entrée, 1 franc). 

A Parisiana, à 8 h. 1/2, les Colles de la 

femme, fantaisie-vaudeville en 2 actes et 

5 tableaux de M. Eugène Joullot (MM. Paul j 

Fugère,- René Raoult; Mmes Gabrielle Lange, 

Mary Perret, Elynett, etc.). 

A la Lune Rousse, 36, boulevard de Cli- 

chy (direction Bonnàud-Blès), à 9 h. 1/2 

Chepfer, Bonnaud, Numa Blés, Lucy Pezet, 

le- Calvaire, ombres lyriques, le Sacre de 

Clemenceau i", ombres humoristiques, Pa- 

piers d'une once (revue). Téléphone 587.48. 

Tel est l'attrait passionnant irrésistible de 

ce spectacle unique d'un homme tournoyant 

dans le sens vertical, sur- une motocyclette 

à l'intérieur d'un vaste: globe, que, depuis les 

débuts du téméraire Wizard Stone aux Fo- 

lies-Bergère, il est des sportsmen qui pas un- 

soir n'ont 'manqué d'assister à cette ef- 

frayanteacrobatie. 

C'est' que Von ne peut s'empêcher, d'éprou- 

ver une émotion profonde et un sentiment 

d'intense admiration devant la prouesse ac- 

complie chaque jour par Stone et qu'apcun 

être au monde ne pourra sans doute égaler. 

La moto infernale est certes le « clou » du 

beau programme que nous donne actuelle- 

ment le célèbre music hàll de la rue Richer. 

Signalons le succès très personnel qu'ob- 

tient, entre Mlle Lina Ruby, la jolie com- 

mère, et le compèfë M. Leprince, Mlle Anna 

Marte.n'sxlans ta Revue Merveilleuse, à l'0- 

lympia." Sa création du 

petit 

bonhomme 

Noël, ''d'une si jolie originalité, est d'une fan- 

taisie pleine d'esprit, et la grâce piquante 

de la charmante artiste lui vaut, 'chaque 

soir, de longs applaudissements. 

Après vous, marquise la spirituelle revuette 

de MM. Montignàc et Moncousin, s'affirme à 

chaque représentation comme un succès de 

plus a l'actif du théâtre-concert de la Scala. 

Il est vrai de dire qu'elle est interprétée de 

façon hors pair par Mlle Paulette Fillaux et 

MARCHESFlMtïÛlÈRS 

Mémento. –À Paris, le marché est calme, 

mais la tendance générale reste soutenue. 

A l'étranger, les dispositions varient suivant. 

les places. • 

' 


Lès jours se suivent. et se ressemblent 

c'est toujours la même inactivité dans les 

transactions, malgré la tendance d'esprit de 

plus en plus confiante, qui règne sur notre 

marché. Il est vrai que la proximité de la li- 

quidation n'est pas de nature à encourager 

la bonne volonté des acheteurs que paralyse, 

en outre, l'appréhension qulà tort ou à rai- 

son continue à susciter l'approche du 1er mai. 

Constatons toutefois qu'en dépit du calme 

persistant des affaires, la Bourse ne cesse de 

manifester des dispositions soutenues. Le 

Rio, en particulier, a été aujourd'hui ferme- 

mement tenu, sur l'annonce d'une hausse 

nouvelle enregistrée par le cuivre-métal, et 

ces bonnes tendances se sont communiquées 

sans peine à l'ensemble de la cote; de sorte 

que la réponse des primes a pu s'effectuer 

dans des conditions généralement favorables 

pour les acheteurs. 

Par la suite, il s'est' produit un certain cou- 

rant de réalisations qui a pesé quelque peu 

sur les cours néanmoins, la cote a pu- se re- 

trouver en fin de séance, dans la plupart des 

compartiments, sans changement bien appré- 

ciable sur le niveau de samedi. 

Signalons d'ailleurs que le monde de la 

Bourse a paru voir ces ventes d'un œil plutôt 

favorable, car elles ne peuvent en effet qu'a- 

vancer le travail de la liquidation, en allé- 

geant la. situation de place. L'accentuation de 

la détente monétaire qui s'est manifestée cette 

semaine sur le marché international a pro- 

duit ici une excellente impression, et l'on est 

persuadé 'que les opérations de règlements de 

fin de mois pourront s'effectuer dans des 

conditions faciles. 

II n'est pas douteux que la spéculation 

trouvera un encouragement dans l'améliora- 

tion des perspectives monétaires,, et il semble 

qu'on puisse espérer un retour à l'activité 

pour' le mom'ent prochain où les capitalistes, 

débarrassés des soucis temporaires qui les 

incitent encore à une prudente réserve, pour- 

ront enfin sans crainte faire usage de leurs 

disponibilités, .qu'ils .ont dû garder inem- 

ployé.es durant toutes ces dernières semaines. 

Notre 3 0/0 termine à 94 55 contre 94 57. 

h' Extérieure se traite à 94 15 contre 94 30. 

Le Turc unifié se retrouve à 94 42. 

Le Serbe A 0/0 se maintient autour de 83 60. 

Dans lé groupe des fonds russes, le Conso- 

lidé 4 0/0 est négocié à 74 95 le A 0/0 4901, 

à 74; le 3 0/0 or 4891 arrive à 6085; le 3 0/0 

or 489'6, â-60 20. Le S 0/0 4906 clôture à 88 75 

le Bon du Trésor 5 0/0 4904 s'avance à 497. 

Parmi les établissements de crédit, la Ban- 

que de Paris s'inscrit à 1,515 le Crédit Lyon- 

nais, à 1,162; la Banque Française est à 271 

la Banque de l'Union Parisienne, à 785. Le 

Crédit Mobilier Français esi l'objet d'un bon 

courant de demandes, aux environs de 127 fr. 

Le Crédit .Foncier de France montre de 

bonnes disposition's, à 670. L'assemblée gé- 

nérâle.des actionnaires de cet établissement 

a eu lieu le 27 courant, sous la présidence 

de M. Morel, gouverneur. Le rapport du 

conseil d'administration fait mention du pro- 

grès notable et très satisfaisant dans le dé- 

veloppement des opérations pendant l'exer- 

cice écoulé, par suite de l'augmentation im- 

portante du solde des prêts hypothécaires et 

communaux. 

Dans le compartiment des valeurs indus- 

1 

trielles, la Thomson termine à 718. 

Les chemins français restent calmes Lyon- 

Méditerranée, 1,846; le Aord, 1,738; Midi, 

1.098. 

Le Métropolitain demeure bien tenu autour 

de 525. 

Les valeurs d'électricité conservent leurs 

bonnes dispo'sitions: les Ateliers de construt- 

tions électriques du Xord et de l'Est (Jeu- 

mont) se traitent à 281 la Société d'électricité 

de Paris, '404. 

Parmi les valeurs étrangères, les banques 

M." Berthez qui détaillent lé couplet à ravir et 

qui jouent en très habiles comédiens.. 

La belle Imperia et Mlle Kerf sont, elles 

aussi, très applaudies dans la suggestive 

pantomime Volupté. 

A partir de demain, la partie concert, où 

triomphe Dikson, offrira un attrait de plus 

la rentrée de la charmante diseuse Lan- 

thenay. 

m P 

La dernière représentation de l'Oncle Cé- 

lestin a été donnée, hier, au milieu d'ap- 

plaudissements unanimes, au théâtre Grévin. 

La gentille opérette d'Audran a valu, comme 

d'habitude, des bravos sans fin à Mlle Su- 

zette Nellspn,' plus jolie, plus en verve et 

plus exquise que jamais. A chaque acte, 

le public lui a fait fétu ainsi qu'à ses excel- 

lents camarades, M. Dayle, Mile Revelia, 

Mlle Millet, MM. Fleutet,' Six, Mocli, de. 

M. Quinson, l'habile directeur qu'Aiuh'an eût 

certainement complimenté pour son habile 

et pittoresque mise en scène, a reçu les féli- 

citations de nombre de ses abonnés. 

A Barrasford's Alhambra. 

Nous pouvons affirmer dès à présent que 

le nouveau programme qui sera inauguré 

le ler mai sera bien au-dessus de tout ce 

que l'on a pu voir à l'Alhambra et le spec 

tacle, paraît-il, entièrement composé d'at- 

tractions appelées étoiles en Angleterre et en 

Amérique, c'est-à-dire qu'il n'y en aura pas 

de,passables, toutes seront réellement sensa- 

tionnelles. 

Nous savons déjà quelle est la supériorité 

du fameux hall anglo-américain, et cette 

nouvelle est bien faite pour exciter la plus 

grande 

curiosité. 

r 

Aujourd'hui, représentation de gala pour 

clôturer la saison à la Gaité-Rochechouart, 

programme tout particulièrement intéressant 

par suite des personnalités artistiques qui 

ont assuré leur concours. 

Notons que la revue d'hiver sera signée 

Michel Carré et 'Maurice de Marsan. 

i« 

Hollmann, le célèbre violoncelliste, que 

ses admirateurs ont été privés d'applaudir 

cet hiver, retenu qu'il était en Angleterre par 

des engagements importants, viendra de Lon- 

dres tout exprès pour prêter son concours au 

grand concert que donne, à la salle des Agri- 

culteurs, le 6 mai prochain, Mme Magdeleine 

Boucherit, la brillante virtuose, qu'on n'a 

pas entendue à Paris depuis deux ans. 

111 

Au ;Grand-Palais, aujourd'hui, 5" audition 

musicale à trois heures 

Suite pour piano, flûte, hautbois, clarinette, 

cor et basson (Ch. Quef) MM. Morpain, Fleury, 

Leclerq, Cahuzac, Mellin et Oubradous. Trois 

mélodies (F. Halphen) a) Le jour succombe, 

b) Pour fue je t'aime, 6 mon poète, c) Eventail 

Mme André Pujet. Fantaisie sur un air popu- 

laire breton (pays de Léon), pour piano, liute, 

hautbois; clarinette, cor et basson (Anselme 

Vinée). Trio pour piano, violon et violoncelle 

(Th. Dubois) MM. G. de Lausnay, Paul Viardot 

et Feuillard. 

Samedi, à la Salle des Agriculteurs, Mme 

Mathilde Polack a remporté le plus beau suc- 

cès en interprétant avec un art exquis des 

mélodies de'nos compositeurs les plus connus. 

Une ovation a été faite à l'admirable can- 

tatrice. 

»i> 

Brillante séance ù « la Trompette », ven- 

dredi dernier, pour l'avant-dernière soirée de 

la saison. Cette résurrection d'une de nos 

sociétés musicales les plus artistiques est 

décidément un gros succès. Parmi les artis- 

tes que l'on a longuement applaudis, la char- 

mante cantatrice Mlle Emma Holmstrand, 

bien connue du public parisien, a fait appré- 

riiexicaines retiennent l'attention la Banque 

centrale mexicaine', à 485 la Banque de Lon- 

dres et de Mexico, à 668. 

Après avoir touché le cours de 2,399 au plus 

haut, le Rio clôture à 2,384 contre 2,378 

Les chemins espagnols n'enregistrent pas 

de changement appréciable le Saragosse, h 

415; le Nord de l'Espagne, à 270; les Andalous, 

à22G. 

Dans le groupe des valeurs industrielles 

russes, la Sosnowice finit à 1,349; la Briansk 

demeure bien tenue autour de 290. 

Bourses étrangères I 

Londres, ap avril, 5 h. 20. Les transac- 

tions ont subi une nouvelle réduction dans 

quelques compartiments cette insuffisance des 

affaires a dégénéré en faiblesse. En clôture 

les dispositions étaient toujours inactives. 

Berlin, 29 avril, 3 h. 40. La tendance a 

été irrégulière. Les offres ont été beaucoup 

moins nombreuses dans le groupe des char- 

bonnages et des valeurs métallurgiques. Les 

établissements de crédit se sont différemment 

comportés. Dans les autres compartiments 

les affaires ont été presque, nulles. 

Bruxelles, 29 avril, 4 h. 15. La séance a 

été marquée par une légère réaction, les or- 

dres étant plutôt rares,- Les valeurs de char- 

bonnages et de sidérurgie ont été bien tenues. 

Vienne, sp avril, 3 h. 30. Notre marché 

n'a pas été très animé; néanmoins quelques 

bons achats ont amélioré la tendance géné- 

rale. 

Rome, 2ç avril, 4 h. 25. Après un début 

assez hésitant, le marché s'est raffermi en 

clôture, à la suite de quelques achats. 

Madrid, 2g avril, 4 h. 10.' La tenue de la 

place a été bien meilleure que ne le faisait 

prévoir la dernière séance. Report, 30 cen- 

times. Le change s'inscrit à 11. 

IïWIBflTIOflS FIOTCIÈftES 

COMPTOIR NATIONAL D'ESCOMPTE. Cette Société 

vient de publier sa sïtuation au 31 mars 1907. 

Nous relevons les différences suivantes avec 

la situation précédente. A l'actif, le porte- j 

feuille s'élève à 680,360,954 fr. contre 638 mil- 

lions 57,721 fr. 'au 31 janvier; les comptes 

courants débiteurs, qui se chiffraient par 121 

millions 901,445 fr., sont descendus à 102,696,879 

francs. Au passif, les comptes de chèques ont 

passé de 512,858,523 fr. à 545,442,344 fr. les 

comptes courants créditeurs s'élèvunt.à 443 mil- 

lions 177,746 fr, au lieu de 410,694,851 fr. 

LA COTE DES CHANGES A PARIS. A partir du ïor 

mai prochain, le cours des changes pour tous 

les effets payables à l'étranger sera coté sur la 

base du change à vue. En conséquence, pour le 

papier à échéance, il y aura lieu de tenir compte, 

en dehors du cours coté, des intérêts calculés 

jusqu'à l'échéance réelle. Ces intérêts seront 

dorénavant calculés d'une façon uniforme au 

taux officiel de la Banque du pays dans lequel 

les valeurs seront payables. Plus particulière- 

ment pour la négociation du papier à. échéance 

sur Londres, le vendeur aura désormais à payer 

à l'acheteur le timbre anglais et les trois jours 

de grâce. 

LES OPÉRATIONS DU CLEARING HOUSE DE LONDRES. 

Le chiffre total des opérations du Clearing-House i 

do Londres s'est élevé à 12,711,334,000 liv, st. en 

1906, contre 12 milliards 287,935,000 liv. st. en 

1905, soit une augmentation de 423,399,000 livres 

sterling. 

I 

BANQUE- D'ESPAGNE. Bilan du 27 avril 1907 

encaisse-or, 386,725,696 pesetas, + 466,250 pesetas; 

encaisse-argent, 634.694,667 pesetas, -t- 2,93i,47O 

pesetas; correspondants à l'étranger, 68,950.351 

pesetas, 1,370,030 pesetas; escomptes et prêts, 

628,542,684 pesetas,– 4.234,982 pesetas; comptes 

et bons du Trésor, dette amortissable, 830,841,342 

pesetas, -+- 1,094,780 pesetas billets en circula- 

tion, 1,523,888,250 pesetas, –1,028,225 pesetas; *1 

comptes du Trésor, crédit sur valeurs, 543,403,187 

pesetas, + 118,879 pesetas; dividendes et inté- 

rèts à payer, 39,115,482 pesetas, 3,231,808 pese- 

tas comptes du Trésor, réserve des contribu- 

tions, 163,446,290 pesetas, 2,419,237 pesetas. 

cier, en chantant dans trois langues différen- 

tes, la netteté de sa diction, l'ampleur de son 

style et le charme de sa voix de cristal, célé- 

brée par Ed. Schuré. 

Vendredi 3 mai, M. Emile Bourgeois, de 

l'Opéra-Comique, donnera son concert annuel 

à' la salle Erard, avec le concours de Mme 

Emile Bourgeois, Mlle Marianne Nicot-Bil- 

baut-Vauchelet, que l'on entend trop rare- 

ment M. Uilly, de l'Opéra M. J. Hollman, 

le célèbre violoncelliste, Mlle Anna Thibaud 

et M. Lucien de Gerlor. 

Il y aura foule pour applaudir ces excel. 

lenU artistes. 

»* 

La Société des Concerts de chant classique 

donnera son concert annuel, au profit 


l'Association îles artistes musiciens, le ven- 

dredi ;i niai, à trois heures précises, au 

tluàlre de l'Ambigu, avec le concours de 

Mlle C. Maestio, Mme Dupont-Vernon 

MM. 

Plîimodon et Fro'lich M. L. Bleuzet, haut- 

boïste l'orchestre de la Société des Concerts 

et la Société chorale l'Euterpe. 

Au programme figurent l'ouverture de Ruy 

Blas, de Mendelssohn; les Scènes écossaises, 

pour hautbois, de B. Godard, et l'Ederi, mys- 

tère en deux parties, de F. David, pour soli, 

chœurs et orchestre. 

Le Concert sera dirigé par M. G. Marty. 

Le Récital donné par le pianiste Alberto 

Villasenor avait attiré un nombreux et très 

élégant public à la salle Erard. Le pro- 

gramme, très important et de grande variété, 

fut exécuté superbement. Nous avons surtout 

admiré un grand style dans Prélude et Fu- 

gue, de Bach, un sentiment parfait dans la 

Sonate op. 27 n° 1 de Beethoven, une large 

maîtrise dans la Sonate op. 1 de Brahms. Le 

num ;ro de Chopin fut tout particulièrement 

applaudi; on put y admirer le brio du Scherzo, 

ses doigts agiles et un trille perlé dans le 

Nocturne op. 17, une large puissance dans la 

Polonaise. Les Pièces de Schubert, Saint- 

Saëns, Rubinstein et Liszt n'obtinrent pas 

moins de succès, aussi, espérons-nous réen- 

tendre de nouveau Alberto Villasenor à Paris. 

Mme Clotilde Kleeberg, qui vient de rem- 

porter 

à Bruxelles un succès retentissant en 

jouant dimanche le Concerto de Schumann à 

l'Alhambra, sous la direction de M. Brahy, 

donnera mercredi 8 mai, à la salle Erard, un 

récital de piano (son seul concert cette sai- 

son), tout entier consacré aux œuvres de 

Schumann, 

INAUBORATION 

OFFICIELLE 

LE2 MAI1907 m.'Zlé^J^^S^M,. 

Bern. désignation- Cotïrs de ciste Différé' Derii. désignation Corn ïe clôture miér. bern. désignation Coure^ciatura_ -Durer. ; Bourses étrangères a,;= 

reven .DES VALEURS 

"diîeTÎTSir c°nstat- reven 

DES VALEURS 

'SeTÎ'a^r 

"yen DES VALEURS ^nier | d'au!- 

constat/ 

LONDRES 29 avril V "X 

FONDS D'ÉTAT 

FRANÇAIS | ÔBLIGATIONS CHEMINS^DEFER FONDS D'ÉTAT ÉTRANGERS 

\amm} ^J « I am I -w I *^j 

|fr. gO/O Perpétue! Ç MU H g +. 10 I 

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Banq,Ottom, 

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C 90 15 

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497 J-.l Br5sil4%. rô. 33 3/4 82 5/8 Anaoonda 12 13/10 13 15/18 

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15 » Saloniq.-Constantinop.» 338.. 340 ..+.«.. 25 » Port du Eosario » 49050 496 25 25 Ch. Autrichiens 14710 14670 Harpentr 208 SU 209 

}2 îlot 9o^' iln-n tw j-'i r,o 20 » Snjyrne-Cassabal89i..»i i80 

20 » C- des Métaux. » 496.. 490 Ch. Lombards. 23 30 22 50 Cliang» v Paris 81 3S 8138. 

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25 .Victoria à Minas 5%»1 4-W 50 44a 50 -.4.. 

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12 » Ville do MarseUle 1877.» 403 

/i^t/â/ç INM ISTRIFI LES & DIVERSES » Fives-Lille G ..• 4(i4 iïi -!è Brés» 4% 

82 87 83.; Rio Tinto. i2382 [2390 

J 

deLyon lst.03% 103 (5J 103 75 MUIlUNb INUUù I tilCLLLà « UIVCHOCO 

20 » Ga2 et Eaux 492.. 493 75 +.1 50 

5U Extérieure4% 

° 93 25 93 25 "1 Saragosj» set. 410 ..| 410 M 

i8 

QnmâTPQ ne r>DÉr\IT 15 «Aciéries deFrance.C: 525 530.. +.5.. 

20 

» Gaz Français etEtrang» 

490.. 493 +.3 Turc unifié 94 37 94 25 

Nord Esp. açt. 27250:272.. 

bOOIcTtb DE {jf\tDn \l v dilongwy..»Î1HO 1111 +.1 25 » Gaz Central* ..» 500.. 50t +.1 Banque Ottom. 703 :«etrop. Paris. 528.. 52* 

ET (1RI mATION'i DU CRfniT FClUrien 50 • de MicSe-ville» j 1220 

1327' +.7 24 » Lits militaires 

»GOS 007 25 

75 Lois Turcs. 151 151 25 Railways élect 

159 ..i 

159 49 

l!î«lu de e C « ÏÏ · C5 » At.et Chant.de la Loie» 1409 1401 -.8 1? 50 Messager!- Maritimes.» 425 437 75 +.2 75 

75 Ut» Congo. -I 80 75 

7a 82 50 IParisien.éleçt 388 50l SU |B 

I5b« Banque rte*r_nco .L..8J.U wou 4 »!AsenceHavas 

» 747.. 740 -.1 20 »Omnibus4% » 495 50 495 .50 

Lots Congo.. ':881>0, a&8~ 

45» de^fndo Chine* '1^0 'i 1330" 1+14. 

15 «iBfteauxPariiiens » 310 312 +.2 17 50 Voitures 3 )£% » 402 

402 VIENNE, 29 avril 

11 dr dïfttos T ::i » J-:i r. » .'Eriansk 

Tt2< 2'M-\ 

20 

•LdBankoffegypt3%V 

m 

• Autrichien Or. 110,90 ilC 80 Lœmtortank.. «6 44i H 

4GC3 &•• du Mexiàuéi 

1014 1015 

l + .l 

15089 Canal de 'Suez 

• «10 •• ••; •• 

•• •• • » Wagons-Hts 4 » 500.. 504 -.2 _Couron. 

° 

98 50 

,00 

9S 50 Alpines C10.. 013 2» 

7t 

10 p Cent"- BlSâc- » 48' 4S5 +.1 

921 

Parldafondat'C 209a •• 20S5 o 

i- ..==5= Hongrois Or.. 112 50 .112 30 Tabacs Ottom. 421.. 420 5» 

20 » Ottomane" ?..» 704 703 -.1 JSS5 

Société civile. 33.6 JJka .11 

MADnUÈ CM DAMnilC (OQ “) n -Couron., 94 35 

3a 94 35 Chera. Autrich. O88..|O8U2e 

20. n Ottomane.» · 704 ··( î03 -.1.. OCle ClVl e..» ~I" au 9135 0435 Chem, Autrich, D88 G8 211 

13p75 Esp" de Crédite 240 240 2? « 5" :•• .••••' M • MARCHE EN BANQUE (29 avril) B»Autr.-Hong. 

1770 1770 Lombards. 134 ..i 1317» 

i 

5S 

= SSSS^SSàÇ 2?{ Sî 

5 ^SSsS: Và "S :-L: >^ïï$i i ë ffifcrUK 1% !i 

roie..» 

avril 

madrid, 29 avm 

50 

f 

'P, aris-Pays-BasT 15,15.1515. 

so »,o~Pté'Fdranpç.d,Metaux,llil'U ..lg70? 

..¡!J07" 

Argentin 4%1 8645 

"11TharSiS nouYT 209.. 

202 

t!rèd.fonc,Autr .1070.. 

Ion 

29 avrfl 

2ic- -des Pays, autr.» *f •• 4'1 -.3 w gavraUp » m '' 480» !+10.. 

·· ·· 

4%Resci 

.83 00 

0" 

83 70 Union Tramw» GG 00.. Rente ital.5% 103 02 103 i ilntari«ura i% 82 65 82 89, 

9 42 LandBrnkof Ëgypt.» 214.. 214. 

5" » char 2" réunis"'» 6°0.. 0'H +.1 IntéP. Espagn. 74 82 74 G5 Cercle Vichy.» 170 

66.. 

-3%l 70 30 70 30 Wtiss. 5% 10140 101 US 

942LandB~nkofËgypt. 2)4 2t4 charE"réunis". ~0 374 ..I-.1 8~e»iceinb/. 7482 

7465 Cercle VIChy.» 170. -3%! 7030 7030~mertiss.5% 10440 101M 

40 

»Comp" Algérienne.. X.Ç 934 •• -g » Was -Lits ord' T 375 374 i-.l Mexicain 5%. 52 07 51 S0 Chai. Nécess.» 1135 1125 BanflNationale 1271 1274 Banq.d'Espagn 445.. 445 

Franc. Min.d'OiT Oblig.fonc" i% lb.9.» 5to50 507 +.1 M Gd- Moulins de Corbeil» 

1G3 101 -.2 Le Platine a eu un marche très agité entre ""• 

' 

• 

g I Un îî, Ici fcï Î:ï 

` 

» 

» ^J^JS^' Hi 

IU7° • +20•• 

Wet 635; il a clôturé à 624, en moins-value de MINES D'OR A LONDRES (29 avril) 

14 n 2,80%tp 18fJ5.t6G.. 4(;8.. +.2.. 

2~ "Soc, met, de Montbard. 52S 13 francs. 

28 50'Magasins gén.deParisa G4S G41 

La Ca7te Copper a été ferme 287; 


Tharsis 

3 1I1G -s-5S" S 1/2 

15 »OW.B.hypotti»l,000fr.. 545 5o2 +.7.. ^Mofetaî-HadidSTOp » ?675 |6OI -14 

D'abord hésitante, la De Beers s'est raffermie AuroraW.1/4 

vl/4 m.y.&Char. 4 3/16 

4 3/16. 

15 »Obl.B,h oth" 1 OOOfr.»1 545 ;.1 

5,2 +.7.. ·· 

209 "iBolco.» 1675 

·. ~520 ·· -30.. D'abord de 20~ à .0/50. raffeT111ie ~ngl,F,ench il4 1. l,. Lang!. Est" ,13/t6 2 31f8 

15 i% .-•• 422 50. 

418 251–4 

25 

g 50 Messageries maritun- >o3 50 248 ,5 0 à 287. 

la De sest raffermie 

Chartered.. 113/32 17/10 

Blodderfont. 0 11/32 6 7/1* 

ACTIONS CHEMINS DE FER ", ^SSS^Pariï.-ÏT 95S +2S Au comptant, roblijration 

S 0/0 du Port de 

|« fn 3;| 327 J» fâ f£ /7| 

30 »|Bône à Guelma G 660 50 065 +.4 50 à » O?oTdi-Bacl£ 201 265 +A »«/»« 

est recherchée a 458. L'Etat de Bahia pos- 

Crown Deep 12. 

12 Nourse l. 2 5/10 2 1/t 

22 50 Départementaux 3% 657.. 650 -.1 }§ » Tramways-Sud » 164.. 105 +.1 

sede un roseau de chemins de fer, en exploita- CrownReef. 8 3/4 8 3/4 Rand Collier 13/8 13/8 

35 50'Est. » 888.. 883 -.5 30 » Petit Journal C 380.. 386 +.6 tion, dont le développement atteint 1,500 kilo- OeBeers. 26./ 26 1/2 j Rand Mines. 6 13/32 6 15/3i 

15 50 Action de jouissance » 40t.. 407 +.3 58 »: Petit Parisien part bén..» 799.. 799 mètres en outre, 600 kilomètres sont en cons- Driefontein. 19/16 1 5/8 Rob.V1c.D1a S. 8. 

30 .Est Algérien. 085 «85 12 50 Printemps. » «5.. 497 +.2 truction ou à l'étude. Comme la plupart de ces 

jjur")°,(i- 

rs.L 

:J:. 2h"Tmr 5< ttî Ti'iir' 

19 » Métropolitain de Paris» 520 a20 » Rente Foncière » 403 lio-neq convere-pnt vers la rnnitqlp Ip nnrt de 

East Rand.. 4 7/32 4 1/4 Rood.UHR. R 13/8..13/8 

30/ 

Nord-Sud. 2-9 75 228 .1 75 ims» Rio-Tinto T 9178 2384.. +.6.. 

"Snps co"*erg-eni vers Ja capitale, le pori 

ae 

£ast RMm_ j 3/g 1 5/10 Rosé Deep.. 4 1/8 4 1/4 

50 .Midi.: .T.» 1OJ6.?1ÔOO ..+: $ s^ciétéc°" dé dynamite. i,05 0*5 +: âlua est en rapports directs et rapides avec tou- cFerreira. 18 1/2 18 3/4 Swaz.Corp..3/8 3/1 

25 »! Action de jouissance.» 570.. 575 +.5 ig 50 S" Paris' d'Ind^ électr.» 28s.. 2S7 .1 tes les provinces environnantes. Ceduld 115/16 1 7

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