lettre A - Méditerranées
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A cette époque, le changement de nationalité révo-<br />
Lutionnait le Roussillon. Parmi les mesures rigoureuses<br />
prises par te gouverneur, François de Sagarre,<br />
se trouvait la condamnation à l'exil de vingt religieuses<br />
Clarisses de Perpignan. Le '!O novembre 1652,<br />
sœur Antigo, avec dix-neuf de ses compagnes, fut<br />
frappée de proscription. Ellè se rendit à Barcelone,<br />
au couvent de sainte ELisabeth, où elle demeura huit<br />
ans, édifiant la communauté hospitalière.<br />
Là, elle fut encore l'objet de faveurs extraordinaires.<br />
Son confesseur, le P. Figuères, étant malade<br />
dans son couvent, la Mère Ant~go lui apparut pendant<br />
son agonie, de sorte que le mourant s'écria:<br />
Mare Anna-Maria! Mare Anna-Maria! cam es entrada<br />
assi ? .. « Mère Anne-Marie! Mère Anne-Marie! comment<br />
êtes-vous entrée ici il... » Et après avoir prononcé<br />
ces mots, il rendit le dernier soupir. Les religieux<br />
qui étaient présents ne tardèrent pas à divulguer<br />
dans la ville et au couvent de Sainte-ELisabeth ce fait<br />
étonnant. Une des compagnes de la Mère Antigo<br />
l'ayant suppliée avec d'instantes prières de lui dire<br />
Lavérité à cet égard, elle avoua « qu'elle s'était, en<br />
effet, trouvée auprès de son directeur au dernier<br />
moment de son agonie; mais elle supplia sa confidente<br />
de ne le révéler à personne avant sa mort...<br />
Ceci, dit le Rév. Castells, son confesseur, m'a été<br />
confié par une religieuse digne de foi. » La sainte<br />
Clarisse aurait été favorisée en cette circonstance du<br />
don de bilocation, car on pense bien qu'elle n'avait<br />
pas alors quitté son couvent.<br />
Dans le même monastère de Sainte-Elisabeth, une<br />
religieuse nommée Sœur Paule, plus ancienne en<br />
religion que la Mère Antigo, voulant un jour éprouver<br />
la haute vertu qu'on lui attribuait, lui dit intérieurement<br />
et en son absence; « Mère Anne-Marie,<br />
si vous êtes vraiment te !Je que l'e disent les autres<br />
religieuses, je vous commande par obéissance de<br />
venir ici sans retard ... » A peine Sœur Paule avaitelle<br />
fait cet appel en son cœur, que la Mère Anne-<br />
Marie entra dans sa cellule, disant: « Que voulez-vous,<br />
Sœur Paule, ne m'avez-vous pas appelée il» Sœur<br />
Paule le nia, car elle n'avait proféré aucune parole;<br />
mais la Mère Anne-Marie persistant à di.re : Jo he<br />
ohyt que me cridaveu ... « J'ai pourtant entendu que<br />
vous m'appeliez ... )), Sœur Paule le nia une seconde<br />
et une troisième fois et, à la vue d'une telle merveille,<br />
demeura confuse- et convaincue. Elle révéla<br />
maintes fois ce fait à d'autres sœurs qui le transmirent<br />
plus tard au Rév. Castells.<br />
A l'occasion d'une visite faite, le '!O avril 1660, par<br />
la reine Anne d'Autriche au couvent de Sainte-Claire<br />
de Perpignan, l'abbesse sollicita et obtint l'amnistie<br />
pour les religieuses exilées. Le 25 mai 1660, la Mère<br />
Antigo et ses compagnes proscrites reprirent leur<br />
place au couvent de leur villenatale.<br />
Ce Monastère, soumis jusqu'alors à la juridiction<br />
des religieux de l'Observance, passa sous celle de<br />
l'Ordinaire, le 2 mai 1664, à la suite d'un décret<br />
d'Alexandre VII. Ce changement fut la cause d'un<br />
dissentiment parmi les religieuses, et l'exécution<br />
des actes pontificaux fut entravée de diverses manières<br />
pendant trois ans. Ce ne fut qu'en avril 1667 qu'ils<br />
obtinrent leur effet et que l'évêque d'Elne, secondé<br />
par l'autorité royale, entra en possession de ses droits<br />
sur le couvent de Sainte-Claire.<br />
Le premier acte de l'Ordinaire fut de procéder à<br />
l'élection d'une nouvelle abbesse: la R. M. Anne-<br />
Marie Antigo fut choisie; son dévouement absolu à<br />
l'autorité du Saint-Père, la possession de soi et le<br />
calme surnaturel qu'elle avait montrés dans tles<br />
moments difficiles la désignaient comme la personne<br />
la plus capable de ramener les esprits à l'unité et<br />
d'assurer en même temps, par sa fermeté, le fonctionnement<br />
du régime récemment inauguré et définitivement<br />
établi par la volonté souveraine du Vicaire<br />
de Jésus-Christ. Elle y employa ces dons surnaturels<br />
dont elle était comblée et qui faisaient d'elle une<br />
âme étrangère à toutes les passions humaines et<br />
uniquement passionnée pour la vérité et le droit.<br />
Peu de temps après le début de ce triennat, le<br />
Pape Alexandre VII rendait son âme à Dieu, le<br />
18 mai 1667.<br />
En présence de cette vacance du Saint-Siège, les<br />
oppositions à peine déconcertées et assoupies se<br />
réveillèrent et se prirent à espérer que le nouveau<br />
Pape reviendrait sur les actes de son prédécesseur.<br />
Cette disposition indiquait une soumission imparfaite,<br />
tendait à entretenir le malaise dans la Communauté<br />
et annonçait une nouvelle tentative pour<br />
rouvrir, au détriment de la paix, le débat à peine<br />
terminé. La T. R. Mère Antigo, voyant combien serait<br />
préjudiciable pour le Monastère cette' téméraire et<br />
d'ailleurs inutile entreprise, n'hésita pas à recourir<br />
au nouveau Pape, Clément IX, et à solliciter de lui<br />
aide et protection. Elle obtint entière satisfaction.<br />
Clément IX, par un Bref qui mit un terme à cc trop<br />
long dissentiment, confirma et renouvela toutes les<br />
décisions antérieures.<br />
La suite du second triennat de Mère Antigo se<br />
passa sans incident notable. Elle travailla à élever<br />
les esprits de ses compagnes en les appliquant à<br />
l'observance régulière, à la parfaite célébration de<br />
l'office choral et à la contemplation des choses<br />
divines.<br />
Quatre ans avant sa mort, libre de toute charge et<br />
accablée par l'âge et les austérités, elle concentra<br />
ses aspirations vers sa fin dernjère. Le 8 septembre<br />
1676, la Sainte-Vierge et sainte Anne, ses patronnes,<br />
lui apparurent et lui annoncèrent sa mort<br />
prochaine. Trois ou quatrejours après, elle tombait 3