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Rein et lupus : données réc... - Société Française de Rhumatologie

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<strong>Société</strong> <strong>Française</strong> <strong>de</strong> <strong>Rhumatologie</strong><br />

Les Publications sélectionnées<br />

Revue du Rhumatisme 72 (2005) 162 - 167<br />

Alexandre Karras *, Frank Martinez<br />

Services <strong>de</strong> néphrologie <strong>et</strong> <strong>de</strong> transplantation rénale, hôpital Necker, 149, rue <strong>de</strong> Sèvres, 75015 Paris, France<br />

Reçu le 10 juin 2004 ; accepté le 29 novembre 2004<br />

Disponible sur intern<strong>et</strong> le 06 janvier 2005<br />

Mots clés : Lupus ; Glomérulonéphrite ; Traitement immunosuppresseur<br />

Keywords: Lupus; Glomerulonephritis; Immunosuppressive treatment<br />

1. Introduction<br />

L’atteinte rénale du <strong>lupus</strong> est à la fois une <strong>de</strong>s manifestions les plus communes <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te maladie systémique, mais aussi l’une <strong>de</strong>s<br />

plus sévères, pesant <strong>de</strong> façon significative sur le pronostic fonctionnel <strong>et</strong> vital <strong>de</strong>s patients [1,2].<br />

2. Physiopathologie<br />

Les mécanismes impliqués dans la genèse <strong>de</strong>s lésions histologiques rénales restent aujourd’hui encore l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> controverses [3].<br />

Ceci rési<strong>de</strong> en gran<strong>de</strong> partie dans le fait que les lésions élémentaires <strong>de</strong> la néphropathie lupique sont extrêmement polymorphes.<br />

Néanmoins, on reconnaît aujourd’hui trois types <strong>de</strong> mécanismes possibles : les dépôts intrarénaux (essentiellement glomérulaires),<br />

<strong>de</strong> complexes-immuns circulants ; l’attaque rénale par <strong>de</strong>s autoanticorps reconnaissant <strong>de</strong>s antigènes rénaux ou <strong>de</strong>s antigènes<br />

circulants qui se sont fixés sur les parois glomérulaires ou vasculaires ; les microthromboses vasculaires résultant <strong>de</strong> la présence<br />

d’anticorps antiphospholipi<strong>de</strong>s.<br />

Dans les <strong>de</strong>ux premiers cas, l’inflammation intrarénale est provoquée par le recrutement <strong>de</strong>s protéines du complément ainsi que <strong>de</strong><br />

cellules inflammatoires, reconnaissant la partie Fc <strong>de</strong>s immunoglobulines déposées dans le parenchyme rénal.<br />

La caractérisation <strong>de</strong>s cibles antigéniques <strong>de</strong>s autoanticorps impliqués dans la néphropathie lupique a permis <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en évi<strong>de</strong>nce<br />

<strong>de</strong>s autoanticorps pathogènes ayant une réactivité croisée avec <strong>de</strong>s constituants glomérulaires tels la laminine ou les héparanes<br />

sulfates [4] ou reconnaissant <strong>de</strong>s nucléosomes fixés sur la membrane glomérulaire [5]. Pour finir, <strong>de</strong> véritables vascularites<br />

intrarénales sont parfois observées, secondaires à <strong>de</strong>s autoanticorps encore mal caractérisés, proches <strong>de</strong>s anticorps anticellules<br />

endothéliales ou <strong>de</strong>s ANCA.<br />

3. Épidémiologie<br />

La néphropathie survient chez 30 à 75%<strong>de</strong>s patients lupiques selon les critères utilisés pour définir l’atteinte rénale <strong>et</strong> le type <strong>de</strong><br />

population étudiée [2,6]. Dans une analyse rétrospective <strong>réc</strong>ente [7], il apparaît que la néphropathie est bien plus fréquente dans<br />

les populations asiatiques (70 %) que hispaniques <strong>et</strong> noires (40–50 %) ou caucasiennes (20 %). Ces mêmes auteurs rapportent que<br />

l’âge < 33 ans, le sexe masculin <strong>et</strong> l’origine <strong>et</strong>hnique non-Caucasienne sont <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> l’atteinte rénale p<strong>réc</strong>oce. La<br />

prédisposition à développer une glomérulonéphrite lupique au cours d’un <strong>lupus</strong> semble influencée par <strong>de</strong> multiples facteurs<br />

génétiques<br />

(polymorphismes du MCP-1, <strong>de</strong>s <strong>réc</strong>epteurs Fcgamma-RIIa <strong>et</strong> RIII [8], impliquées dans l’élimination <strong>de</strong>s complexes immuns<br />

solubles) ou immunologiques (présence d’anticorps anti-ADN, anti-C1q [9]), mais il est très difficile, sur le plan individuel <strong>de</strong> prévoir<br />

l’atteinte rénale.<br />

4. Tableau clinique<br />

La protéinurie est la manifestation la plus fréquente <strong>de</strong> la néphropathie lupique [1], notée dans 100 % <strong>de</strong>s cas, atteignant le<br />

syndrome néphrotique (> 3 g/24 heures) dans 45–65 % <strong>de</strong>s cas. Une hématurie microscopique est notée dans près <strong>de</strong> 80 % <strong>de</strong>s<br />

néphropathies lupiques à un sta<strong>de</strong> ou un autre <strong>de</strong> l’évolution. La présence <strong>de</strong> cylindres urinaires signe l’origine rénale <strong>de</strong> l’hématurie<br />

microscopique, ce qui parfois peut perm<strong>et</strong>tre d’éliminer une cause urologique telle une tumeur urothéliale.<br />

L’atteinte rénale est souvent p<strong>réc</strong>oce, survenant dans les trois premières années d’évolution du <strong>lupus</strong> systémique. L’insuffisance<br />

rénale est néanmoins rarement présente lors <strong>de</strong>s phases initiales <strong>de</strong> la maladie mais peut survenir dans les années qui suivent <strong>et</strong><br />

même parfois conduire à l’épuration extrarénale.<br />

Le syndrome <strong>de</strong>s antiphospholipi<strong>de</strong>s quant à lui peut être responsable d’hypertension artérielle, parfois maligne, d’occlusion <strong>de</strong><br />

l’artère ou <strong>de</strong> la veine rénale, ainsi que <strong>de</strong> véritables crises <strong>de</strong>microangiopathie thrombotique [10]. C<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière se manifeste sur<br />

le plan rénal par une insuffisance rénale aiguë dans un contexte d’anémie hémolytique mécanique <strong>et</strong> <strong>de</strong> thrombopénie, associées à<br />

<strong>de</strong>s troubles neurologiques (syndrome hémolytique <strong>et</strong> urémique, purpura thrombopénique thrombocytopénique).<br />

5. Arbres décisionnels<br />

La ponction biopsie rénale (PBR) doit être réalisée <strong>de</strong>vant toute suspicion d’atteinte rénale dans la maladie lupique. Celle-ci est<br />

évoquée <strong>de</strong>vant une protéinurie à la ban<strong>de</strong>l<strong>et</strong>te urinaire, confirmée par un dosage pondéral sur les urines <strong>de</strong>s 24 heures (protéinurie<br />

> 0,3 g/24 heures), en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> menstruelle ou d’un contexte d’infection urinaire. La présence d’une hématurie<br />

microscopique confirmée, non liée à une infection urinaire, est également évocatrice d’une atteinte rénale, signant souvent son<br />

caractère prolifératif. Pour finir, l’insuffisance rénale suggérée par l’augmentation <strong>de</strong> la créatinine plasmatique <strong>et</strong> confirmée par la<br />

diminution <strong>de</strong> la clairance <strong>de</strong> la créatinine (< 80 ml/min) justifie une consultation spécialisée en milieu néphrologique pour éliminer<br />

une autre cause <strong>de</strong> néphropathie <strong>et</strong> discuter l’exploration histologique rénale.<br />

Les anomalies urinaires évocatrices <strong>de</strong> néphropathie lupique doivent être recherchées au cours <strong>de</strong> toute poussée <strong>de</strong> la maladie, tout<br />

comme la dégradation <strong>de</strong> la fonction rénale.Au cours du suivi systématique d’un <strong>lupus</strong> systémique en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> rémission, nous<br />

estimons que la réalisation d’une ban<strong>de</strong>l<strong>et</strong>te urinaire réactive à la recherche d’une protéinurie <strong>et</strong> d’une hématurie, ainsi qu’un<br />

dosage <strong>de</strong> la créatinine plasmatique doivent être réalisés <strong>de</strong> façon semestrielle au minimum. La présence d’anomalies histologiques<br />

rénales sans anomalie <strong>de</strong> la protéinurie ou du sédiment urinaire (« silent nephropathy») est rare <strong>et</strong> <strong>de</strong> signification incertaine.<br />

La ponction biopsie rénale est un geste simple, dont les risques sont très faibles. Sa réalisation nécessite l’arrêt <strong>de</strong>s antiagrégants<br />

plaqu<strong>et</strong>taires <strong>et</strong> <strong>de</strong>s AINS, interférant avec l’hémostase primaire, le contrôle <strong>de</strong>s tests <strong>de</strong> coagulation <strong>et</strong> <strong>de</strong> la tension artérielle,<br />

l’élimination d’anomalies morphologiques sur l’échographie rénale. Elle implique une courte hospitalisation (36 heures) en service <strong>de</strong><br />

néphrologie <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> d’avoir un résultat histologique en quelques jours.<br />

En résumé, une 1ère PBR doit être réalisée <strong>de</strong>vant la constatation <strong>de</strong> toute anomalie rénale au cours d’un <strong>lupus</strong> (protéinurie,


hématurie, insuffisance rénale). Une biopsie <strong>de</strong> contrôle après traitement n’est pas utile dans la majorité <strong>de</strong>s cas, mais un contrôle<br />

histologique est souhaitable en cas d’aggravation sous traitement ou <strong>de</strong> non-réponse au-<strong>de</strong>là du 3e mois d’immunosuppression.<br />

6. Classification <strong>de</strong>s néphropathies lupiques<br />

La <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s différentes variétés histologiques <strong>de</strong> néphropathie lupique a été entreprise dès les années 1970, avec une<br />

première classification OMS en 1974. Depuis c<strong>et</strong>te date plusieurs modifications ont été apportées à c<strong>et</strong>te classification, tout en<br />

gardant ses gran<strong>de</strong>s lignes. C<strong>et</strong>te classification a permis <strong>de</strong> définir cinq classes <strong>de</strong> glomérulonéphrite, présentant <strong>de</strong>s<br />

caractéristiques histologiques distinctes, <strong>de</strong>s mécanismes physiopathologiques vraisemblablement spécifiques <strong>et</strong> une gravité<br />

différente sur le plan du pronostic rénal.<br />

Elle a permis surtout d’établir un vocabulaire commun pour la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s patients <strong>et</strong> <strong>de</strong> leur atteinte rénale, <strong>et</strong> d’homogénéiser<br />

les étu<strong>de</strong>s cliniques <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières années. Une modification <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te classification a été proposée très <strong>réc</strong>emment par<br />

l’Association Internationale <strong>de</strong> Néphrologie [11], toujours calquée sur la classique classification <strong>de</strong> l’OMS. Elle propose le maintien <strong>de</strong><br />

six classes <strong>de</strong> glomérulonéphrite lupique (GNL), définies selon les anomalies visibles en microscopie optique (MO) ou en<br />

immunofluorescence (IF), résumées dans le Tableau 1.<br />

En résumé, les classes I <strong>et</strong> II sont en rapport avec une atteinte mésangiale pure (hypercellularité, dépôts immuns), les classes III <strong>et</strong><br />

IV résultent <strong>de</strong> l’atteinte endothéliale (lésions <strong>de</strong> la cellule endothéliale, <strong>de</strong>struction <strong>de</strong> la barrière capillaire, infiltration par <strong>de</strong><br />

cellules inflammatoires), la classe V est secondaire à l’atteinte épithéliale ou podocytaire. La classification <strong>réc</strong>ente distingue les<br />

lésions actives(cotées A), chroniques (C) ou reconnaît l’association <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux (A/C) dans les classes III <strong>et</strong> IV.<br />

À ces gran<strong>de</strong>s catégories <strong>de</strong> glomérulonéphrite s’ajoutent <strong>de</strong>s lésions élémentaires surajoutées, séquellaires (fibrose interstitielle,<br />

sclérose glomérulaire) ou évocatrices <strong>de</strong> pathologies associées (microangiopathie thrombotique, vascularite, infiltrats interstitiels).<br />

Une mention particulière doit être donnée à la <strong>de</strong>scription <strong>réc</strong>ente <strong>de</strong>s lésions histologiques rénales qui caractérisent le syndrome<br />

<strong>de</strong>s antiphospholipi<strong>de</strong>s, souvent associé au <strong>lupus</strong> systémique [12]. En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la survenue <strong>de</strong> lésions <strong>de</strong>s gros vaisseaux rénaux<br />

(sténose artérielle rénale, infarctus rénaux, thrombose veineuse avec infarcissement rénal), <strong>de</strong>s anomalies caractéristiques <strong>de</strong>s p<strong>et</strong>its<br />

vaisseaux<br />

intrarénaux peuvent être rencontrées. On décrit ainsi <strong>de</strong>s lésions <strong>de</strong> microangiopathie thrombotique, une hyperplasie fibreuse <strong>de</strong><br />

l’intima, <strong>de</strong>s thrombi intravasculaires avec pa-fois reperméabilisation secondaire, une atrophie corticale sous-capsulaire d’origine<br />

ischémique.<br />

Tableau 1<br />

Classification 2004 <strong>de</strong>s néphropathies lupiques [11]<br />

Classe Nom Description<br />

I<br />

GNL mésangiale<br />

minime<br />

II<br />

GNL<br />

mésangioproliférative<br />

III GNL focale<br />

IV GNL diffuse<br />

V<br />

GNL<br />

extramembraneuse<br />

Glomérules optiquement normaux, mais dépôts immuns en IF<br />

Hypercellularité mésangiale avec présence <strong>de</strong> dépôts immuns mésangiaux en IF<br />

Glomérulonéphrite avec prolifération endoou extracapillaire intéressant


taux <strong>de</strong> rémission similaires à ceux obtenus par le schéma du NIH, tout en limitant la toxicité liée aux fortes doses <strong>de</strong> CYC <strong>et</strong> en<br />

cherchant à améliorer les pourcentages <strong>de</strong> rechute à distance <strong>de</strong> la rémission.<br />

Une première option thérapeutique a été <strong>réc</strong>emment proposée par l’Euro-Lupus Nephritis Trial [20].Dans c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> randomisée, le<br />

CYC est utilisé en bolus bimensuels <strong>de</strong> 500 mg pendant trois mois, relayé par l’azathioprine <strong>et</strong> associé à une corticothérapie. Ce<br />

schéma a été comparé à un protocole <strong>de</strong> bolus mensuels puis trimestriels <strong>de</strong> CYC pendant un an au total <strong>et</strong> a démontré une<br />

efficacité comparable à court terme, avec moins d’eff<strong>et</strong>s secondaires infectieux <strong>et</strong> moins <strong>de</strong> toxicité gonadique.<br />

Une étu<strong>de</strong> américaine <strong>réc</strong>ente [21] a testé le même type <strong>de</strong> traitement séquentiel, en utilisant le CYC IV en traitement d’attaque<br />

pendant trois à six mois, suivi d’une traitement d’entr<strong>et</strong>ien par azathioprine (AZA) ou mycophénolate mofétil (MMF). Ce nouvel<br />

immunosuppresseur a remplacé l’AZA <strong>de</strong>puis quelques années en transplantation d’organes après avoir prouvé une efficacité<br />

supérieure dans la prévention du rej<strong>et</strong> <strong>et</strong> commence à peine à être utilisé dans les maladies auto-immunes. Dans c<strong>et</strong>te série, les<br />

<strong>de</strong>ux traitements d’entr<strong>et</strong>ienétaient comparés à un traitement prolongé par CYC IV. Or, il apparaît que le traitement séquentiel<br />

donne <strong>de</strong>s résultats supérieurs au traitement classique, tant en ce qui concerne la survie <strong>de</strong>s patients <strong>et</strong> l’évolution <strong>de</strong> la<br />

néphropathie (taux<br />

<strong>de</strong> rémission <strong>et</strong> <strong>de</strong> rechute) qu’en ce qui concerne les eff<strong>et</strong>s secondaires du traitement. Ces résultats sont préliminairesétant donné<br />

une durée du suivi assez limitée, mais confortent la tendance actuelle à limiter l’utilisation du CYC au profit d’autres<br />

immunosuppresseurs, moins toxiques au long cours.<br />

Le MMF a également été utilisé comme traitement d’attaque <strong>de</strong> la néphropathie lupique, dans une autre étu<strong>de</strong> <strong>réc</strong>ente, randomisée<br />

<strong>et</strong> prospective [22]. Ce traitement a été comparé à un traitement séquentiel par CYC oral suivi d’AZA pour une durée totale d’un an<br />

pour les <strong>de</strong>ux bras. L’efficacité <strong>de</strong> ce traitement semble comparable à celle du traitement immunosuppresseur par CYC puisAZA, du<br />

moins à court terme, mais expose à un risque accru <strong>de</strong> rechutes à distance <strong>de</strong> l’arrêt du MMF. C<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> reste d’interprétation<br />

difficile étant donné les particularités <strong>de</strong> la population étudiée, la courte durée d’utilisation du MMF <strong>et</strong> l’utilisation <strong>de</strong> la voie orale<br />

pour le CYC dans le bras contrôle. Elle ouvre néanmoins la porte à <strong>de</strong> nouveaux protocoles utilisant <strong>de</strong>s traitements d’attaque sans<br />

CYC, notamment pour <strong>de</strong>s rechutes <strong>de</strong> la maladie survenant chez <strong>de</strong>s patient ayant déjà atteint une dose cumulée importante <strong>de</strong><br />

CYC par le passé.<br />

De nouveaux agents thérapeutiques ont été testés ces <strong>de</strong>rnières années, essentiellement dans les formes réfractaires <strong>de</strong><br />

néphropathie lupiques : agents cytostatiques tels que la fludarabine, anticorps monoclonaux tel que le rituximab (anti- CD20),<br />

intensification par CYC à fortes doses, suivi d’autogreffe <strong>de</strong> moelle. Par ailleurs, les échanges plasmatiques, les immunoglobulines<br />

intraveineuses polyvalentes, la cyclosporine ont été proposés par certaines équipes sans avoir encore fait la preuve <strong>de</strong> leur efficacité.<br />

Pour finir, <strong>de</strong> nouveaux agents biologiques sont actuellement testés dont les molécules CTLA4-Ig (Abatacept) <strong>et</strong> anti-CD40 l,<br />

bloquant la costimulation lymphocytaire ou le LJP394 (Ab<strong>et</strong>imus) qui tolérise les lymphocytes B en se fixant sur les Ig <strong>de</strong> surface <strong>de</strong><br />

spécificité anti-ADN natif. Ce <strong>de</strong>rnier traitement a été testé en tant que traitement d’entr<strong>et</strong>ien dans la néphropathie lupique lors<br />

d’une phase II/III <strong>et</strong> diminue le nombre <strong>de</strong> rechutes [23].<br />

En synthétisant les <strong>données</strong> actuelles sur le traitement immunosuppresseur <strong>de</strong>s néphropathies lupiques prolifératives (III/IV) nous<br />

pouvons proposer une stratégie thérapeutique résumée dans le Tableau 2.<br />

La glomérulonéphrite extra-membraneuse (GEM) lupique (également appelée néphropathie lupique <strong>de</strong> classe V) représente environ<br />

10 % <strong>de</strong>s néphropathies lupiques histologiquement définies. Son pronostic est meilleur que celui <strong>de</strong>s formes prolifératives <strong>et</strong> on note<br />

souvent <strong>de</strong>s rémissions prolongées voire définitives. Classiquement, c<strong>et</strong>te forme <strong>de</strong> néphropathie lupique n’est pas une indication à<br />

un traitement immunosuppresseur [24] <strong>et</strong> nécessite juste un traitement symptomatique par <strong>de</strong>s agents antiprotéinuriques <strong>de</strong> type<br />

IEC. Néanmoins, l’intérêt du traitement immunosuppresseur dans c<strong>et</strong>te indication n’a jamais été réellement étudié <strong>et</strong> quelques<br />

<strong>données</strong> <strong>réc</strong>entes suggèrent que l’utilisation <strong>de</strong> l’association CYC/stéroï<strong>de</strong>s ou ciclosporine/stéroï<strong>de</strong>s pourrait conférer un avantage à<br />

long terme sur le pronostic rénal. Il faut par ailleurs noter qu’une surveillance rapprochée est indispensable car la GEM peut se<br />

transformer en classe IV, ce qui change le pronostic <strong>et</strong> l’attitu<strong>de</strong> thérapeutique conseillée.<br />

Pour finir, la présence d’une néphropathie au cours d’un <strong>lupus</strong>, accroît encore plus un certain nombre <strong>de</strong> risques inhérentsà la<br />

maladie elle-même ou au traitement immunosuppresseur. Par exemple, les risques infectieux sont majorés en cas <strong>de</strong> syndrome<br />

néphrotique, le risque cardiovasculaire est plus important en cas d’insuffisance rénale ou <strong>de</strong> dyslipidémie secondaire à une<br />

protéinurie néphrotique, l’ostéopénie plus marquée lorsque à l’ostéoporose cortisonique se surajoute l’ostéodystrophie rénale.<br />

L’hypertension artérielle doit bénéficier d’un traitement p<strong>réc</strong>oce, visant à la fois à protéger le parenchyme rénal (en privilégiant les<br />

médicaments antiprotéinuriques<br />

tels que les inhibiteurs <strong>de</strong> l’enzyme <strong>de</strong> conversion ou les antagonistes <strong>de</strong>s <strong>réc</strong>epteurs <strong>de</strong> l’angiotensine II), mais aussi à réduire le<br />

risque cardiovasculaire, particulièrementélevé chez ces patients. Il convient aussi <strong>de</strong> rechercher <strong>et</strong> <strong>de</strong> traiter la surcharge pondérale<br />

<strong>et</strong> le diabète (déclenchés ou aggravés par la corticothérapie), la dyslipidémie chronique (souvent favorisée par un syndrome<br />

néphrotique persistant), proposer un antiagrégant plaqu<strong>et</strong>taire chez les patients aux multiples facteurs <strong>de</strong> risque cardiovasculaires<br />

ou un anticoagulant chez ceux qui présentent un syndrome <strong>de</strong>s antiphospholipi<strong>de</strong>s ou un syndrome néphrotique sévère<br />

(albuminémie< 15 g/l), essentiellement dans le cadre <strong>de</strong>s GEM lupiques. Il faut souvent prévenir l’ostéopénie par une<br />

supplémentation vitaminocalcique <strong>et</strong> traiter l’ostéoporose par <strong>de</strong>s bisphosphonates. La prise en charge thérapeutique du <strong>lupus</strong> doit<br />

être pluridisciplinaire, à l’image <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te maladie touchant souvent plusieurs organes.<br />

8. Pronostic<br />

La néphropathie lupique conduit à l’insuffisance rénale terminale dans 10 à 15 % <strong>de</strong>s cas, <strong>et</strong> ceci malgré les progrès thérapeutiques<br />

<strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières décennies [1]. Les facteurs <strong>de</strong> mauvais pronostic rénal sont multiples. Dans une étu<strong>de</strong> rétrospective française [25],<br />

la présence d’une insuffisance rénale ou d’une HTA au diagnostic, la présence d’une GN lupique proliférative (classes III <strong>et</strong> IV), <strong>et</strong><br />

une origine <strong>et</strong>hnique non-caucasienne étaient corrélées à un pronostic plus sombre <strong>de</strong> la néphropathie lupique. C<strong>et</strong>te prédisposition<br />

<strong>et</strong>hnique a également été r<strong>et</strong>rouvée dans d’autres étu<strong>de</strong>s [26,27], corrélée également avec le niveau socioéconomique moyen <strong>de</strong>s<br />

populations étudiées. La gravité <strong>de</strong> la maladie rénale dans la population noire américaine semble en partie expliquée par certains<br />

facteurs génétiques tels que le polymorphisme du <strong>réc</strong>epteur Fc-gamma-RIIa. Un autre facteur <strong>de</strong> mauvais pronostic est la présence<br />

d’anticorps antiphospholipi<strong>de</strong>s, selon une étu<strong>de</strong> italienne <strong>réc</strong>ente [28]. Il n’est pas clair, à ce jour, si la survenue d’une néphropathie<br />

lupique aggrave le pronostic vital <strong>de</strong>s patients. Plusieurs observations montrent bien que la maladie lupique s’éteint lorsque la<br />

néphropathie conduit à l’insuffisance rénale terminale, avec disparition <strong>de</strong>s signes d’atteinte cutanéo-articulaire ou viscérale. Ceci est<br />

d’ailleurs bien reflété dans le fait que les patients lupiques dialysés ont une survie comparable à celle <strong>de</strong>s autres patients dialysés<br />

[29]. De façon parallèle, il a été démontré que la <strong>réc</strong>urrence <strong>de</strong> la néphropathie lupique sur le greffon rénal, après une<br />

transplantation restait rare (< 5 %), ce qui suggère que c<strong>et</strong>te métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> remplacement rénal peut être proposé sans risque à ces<br />

patients. Le risque toutefois est plutôt lié aux traitements immunosuppresseurs accumulés avant <strong>et</strong> après la greffe, avec toutes les<br />

complications que cela implique sur le plan infectieux ou néoplasique.<br />

9. Conclusion<br />

Au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières décennies, le pronostic <strong>de</strong>s néphropathies lupiques s’est n<strong>et</strong>tement amélioré. Depuis plus <strong>de</strong> dix ans,<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s équipes cherche aussi à définir les traitements efficaces exposants à moins d’eff<strong>et</strong>s secondaires. Il est maintenant<br />

clair que le cyclophosphami<strong>de</strong> peut n’être utilisé que quelques mois (3 à 6) dans la majorité <strong>de</strong>s néphropathies lupiques <strong>et</strong> que le<br />

relais par azathioprine ou mycophénolate mofétil apporte un rapport bénéfice/risque plus avantageux à long terme. Des traitements<br />

plus spécifiques <strong>et</strong> vraisemblablement encore mieux tolérés sont en cours d’évaluation. Toutefois, quels que soient les progrès en<br />

matière <strong>de</strong> traitement immunosuppresseur ou immunomodulateur, la prise en charge dite « non spécifique » <strong>de</strong>s problèmes associés<br />

aux néphropathies lupiques <strong>et</strong> à ses traitements est un élément essentiel du pronostic fonctionnel <strong>et</strong> vital à long terme.<br />

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© SFR - A. Karras, F. Martinez / Revue du Rhumatisme 72 (2005) 162–167

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