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Pèlerinage de Saint-Germain Pèlerinage de Saint Germain - Accueil

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Le pèlerinage <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Germain</strong><br />

LA TRADITION DE LA SAINT GERMAIN<br />

En ce temps, à la <strong>Saint</strong> <strong>Germain</strong>, la <strong>de</strong>rnière semaine <strong>de</strong> juillet, les moissons étaient terminées, le blé et l’avoine<br />

ensachés, et les meules <strong>de</strong> paille dressées autour <strong>de</strong>s aires <strong>de</strong> battage finissaient <strong>de</strong> sécher sous le soleil dans<br />

l’attente d’être engrangées pour l’hiver.<br />

Les travaux <strong>de</strong>s champs marquaient alors une petite pause avant l’époque <strong>de</strong>s vendanges, et c’est à ce moment que<br />

Monsieur le Comte (Adrien <strong>de</strong> Tressemanes Brunet-Simiane, résidant à la Basti<strong>de</strong> - dite château, actuelle mairie- fils<br />

du marquis Jean-Paul <strong>de</strong> Tressemanes-Simiane, propriétaire jusqu’en 1973 <strong>de</strong> la totalité <strong>de</strong>s terres et collines <strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Germain</strong>) <strong>de</strong>mandait à son « ménager » <strong>de</strong> la ferme haute <strong>de</strong> préparer la chapelle, enclavée au milieu <strong>de</strong> ses<br />

terres pour la <strong>Saint</strong> <strong>Germain</strong>. Cette fête s’est toujours célébrée, hormis pendant la pério<strong>de</strong> révolutionnaire, le premier<br />

dimanche d’août.<br />

Le jour choisi, un jeudi <strong>de</strong> préférence pour que les enfants puissent ai<strong>de</strong>r à la besogne, tôt le matin, l’ânesse était attelée à la petite charrette pour le transport du matériel. Outre les<br />

balais, les frottoirs, les seaux, l’échelle et les cor<strong>de</strong>s, sans oublier le panier contenant le casse-croûte <strong>de</strong> midi et la gargoulette (poterie provençale en terre légèrement poreuse qui<br />

maintenait l’eau fraîche par évaporation) bien calée, remplie <strong>de</strong> l’eau fraîche du puits, l’objet essentiel était la « campane » (cloche provençale) qui avait dormi toute l’année sur son lit<br />

<strong>de</strong> paille, enfermée au fond d’une <strong>de</strong>s granges.<br />

Aux alentours <strong>de</strong> 1810, la cloche, qui restait alors en place, avait été volée et Monsieur le Marquis avait fait don <strong>de</strong> la campagne actuelle ; jusqu’à ces <strong>de</strong>rnières années (jusqu’à<br />

l’implantation du monastère et l’utilisation <strong>de</strong> la chapelle par la communauté bénédictine <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>e Lioba), celle-ci était chaque fois accrochée au clocheton pour la fête, décrochée le<br />

soir-même et ramenée à la ferme d’où elle ne bougeait plus jusqu’à l’année suivante.<br />

La grosse clé <strong>de</strong> la chapelle était dépendue <strong>de</strong> son clou, <strong>de</strong>rrière la porte et, au pas tranquille <strong>de</strong> la Nine, la petite troupe se mettait en route sous le soleil déjà chaud ; bien que la<br />

distance soir courte, les ombrages <strong>de</strong>s marronniers centenaires entourant le lieu saint étaient les bienvenus.<br />

La tradition voulait que la fenêtre située à gauche <strong>de</strong> la porte restât ouverte toute l’année afin que les passants, rares à l’époque, et les chasseurs, plus nombreux, puissent apercevoir<br />

le buste en bois sculpté et peint <strong>de</strong> saint <strong>Germain</strong> posé sur un pié<strong>de</strong>stal en pierre dans l’encoignure formée par le mur et le refend <strong>de</strong> la première voûte, protégé par un dais doré<br />

soutenu par quatre fines colonnettes. Il était <strong>de</strong> coutume, après s’être recueilli, <strong>de</strong> lancer sur le sol à travers les barreaux une obole au saint homme pour solliciter sa protection,<br />

étendue disaient les « anciens », aux animaux accompagnant le croyant.<br />

La porte gran<strong>de</strong> ouverte, les quelques sous trouvés à terre mis <strong>de</strong> côté pour Monsieur le Curé, il fallait s’attaquer à l’épaisse couche <strong>de</strong> poussière que, par cette fenêtre ouverte, le<br />

mistral tout au long <strong>de</strong> l’année avait partout généreusement répandue.<br />

La Nine dételée était conduite à la noria toute proche d’où, tournant au rythme <strong>de</strong> ses petits pas, les yeux bandés pour éviter le « tournis », ses longues oreilles pointant à travers<br />

l’épais chapeau <strong>de</strong> toile la protégeant du soleil, elle faisait remonter l’eau qui coulait dans les seaux que les garçons portaient en s’amusant à la chapelle.<br />

Le ménager et son commis s’occupaient, eux, <strong>de</strong> l’échelle, <strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> la campane qu’il fallait, dans un premier temps, hisser sur le toit ; ce n’était pas une mince affaire ensuite<br />

<strong>de</strong> la hisser sur les tuiles afin <strong>de</strong> pouvoir l’accrocher au clocheton.<br />

Les femmes <strong>de</strong> ménage, le dépoussiérage terminé, lavaient à gran<strong>de</strong> eau le vieux carrelage et les bancs ; <strong>de</strong> gros bouquets <strong>de</strong> fleurs sauvages, cueillies autour <strong>de</strong> la ferme, étaient<br />

mis au frais dans <strong>de</strong>s seaux pour la décoration <strong>de</strong> la chapelle, le dimanche matin. Une nappe blanche garnie <strong>de</strong> <strong>de</strong>ntelle était glissée sous le buste <strong>de</strong> saint <strong>Germain</strong>, sur laquelle on<br />

disposait quelques vases et <strong>de</strong>ux chan<strong>de</strong>liers.<br />

Notre brave saint, qui avait repris <strong>de</strong>s couleurs, semblait sourire dans sa barbe en entendant sonner la campane, dont on vérifiait en tirant sur la cor<strong>de</strong> l’accrochage et le bon<br />

fonctionnement.<br />

Cette sonnerie <strong>de</strong> cloche qui se répandait à l’Oasis à Venel, aux Frères jusqu’aux Marres et aux Putis, si le vent était porteur, rappelait aux quelques familles <strong>de</strong>s Hauts Quartiers la<br />

fête prochaine. Tandis qu’en bas, au village, ce n’était plus le son <strong>de</strong> la coche mais les roulements <strong>de</strong> tambour du gar<strong>de</strong>-champêtre qui annonçaient l’évènement.<br />

Après la sieste, en fin d’après-midi, le matériel ramassé, la Nine réattelée, la porte <strong>de</strong> la chapelle verrouillée, satisfaite et joyeuse, la petite troupe regagnait la ferme après cette<br />

escapa<strong>de</strong> du jour, parenthèse dans le labeur habituel <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> la terre.<br />

Extrait <strong>de</strong> la revue « Lou Gaiar<strong>de</strong>t »

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