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BAUDELAIRE ILLUSTRÉ PAR MATISSE - Moodle 2

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<strong>BAUDELAIRE</strong> <strong>ILLUSTRÉ</strong> <strong>PAR</strong> <strong>MATISSE</strong><br />

Baudelaire: 1821-1867<br />

1841: voyage forcé vers Calcutta, escale à l’Île Maurice<br />

où Charles Baudelaire quitte le navire – son seul<br />

voyage<br />

(Au printemps 1841, Baudelaire (…) est confié « au capitaine Saliz qui doit se<br />

rendre à Calcutta en Inde, à la barre du ’’Paquebot-des-Mers-du-Sud’’. (…) Dans ce<br />

monde, ce nouveau monde, Baudelaire a des allures de prince. (…) Ses<br />

extravagances séduisent toutefois une belle Noire qui vient d’accompagner une<br />

famille créole ‘ en France et qui rentre au pays. Leur liaison choque l’équipage. (…)<br />

Tout, ou presque, se passe en somme comme s’il était un passager privilégié<br />

[contrairement aux désirs de son beau-père], pour ne pas dire une bête curieuse. (…)<br />

Le 1 er septembre 1841 (…) le ‘’Paquebot-des-Mers-du-Sud’’ jette l’ancre dans la<br />

rade de Port-Louis, la capitale de l’île Maurice. (…) Mais il [Baudelaire]ne s’y<br />

abandonne pas [aux parfums exotiques] , il les enregistre plutôt, sans trop s’en<br />

rendre compte (…) Du reste, la suavité de l’île ne correspond pas tout à fait à ses<br />

attentes et il en est rapidement saturé. (…) Après un séjour de trois semaines (…)<br />

[il] gagne Saint-Denis, le port de l’île Bourbon. De nouveau, une femme le subjugue<br />

mais, cette fois il s’agit d’une servante, une Malabaraise vêtue de « mousselines<br />

frêles ». (…) le 19 octobre 1841 le ‘’Paquebot-des-Mers-du-Sud’’ appareille pour<br />

Calcutta, sans que Baudelaire soit du voyage. Lui, il brûle de retourner à Paris » -<br />

Baronian)<br />

1857: publication des Fleurs du Mal, censurés<br />

1861: republication des Fleurs du Mal, beaucoup<br />

remaniés<br />

Mésaventures financières<br />

Nombreuses maîtresses de différentes ethnies<br />

PAS CONTEMPORAINS<br />

Matisse: 1869-1954<br />

début 1900: quelques voyages au nord de<br />

l’Afrique<br />

1930: voyage à Tahiti à la recherche de<br />

nouvelles inspirations<br />

1947: publication des Fleurs du Mal illustrés<br />

par Matisse: uniquement 33 poèmes (peutêtre<br />

les plus rêveurs et optimistes), aucune<br />

subdivision, illustrés seulement par des<br />

visages de femmes<br />

Adhère à différents courants artistiques<br />

(impressionnisme à la fin du XIX siècle,<br />

pointillisme au début du XX siècle, ensuite<br />

fauvisme -dont il est l’un des chefs de file-),<br />

et dès les années 1914 il se concentre de plus<br />

en plus sur le corps féminin qu’il peint<br />

d’une façon de plus en plus abstraite


(« Son inhibition sexuelle devant Jeanne Duval, (…) Baudelaire par vient petit à<br />

petit à la surmonter, et lorsqu’il y arrive finalement, c’est pour découvrir avec<br />

cette femme des plaisirs charnels qu’il n’a encore jamais éprouvés. (…) peut-être<br />

précisément à cause de sa froideur, à travers ses attitudes presque glaciales et<br />

dédaigneuses, Jeanne lui procure une volupté complète et écrasante. » [Mais elle<br />

n’hésite pas à voir d’autres hommes] – Baronian, début du chapitre qu’il intitule<br />

« Le serpent qui danse »)


TEXTE:<br />

IMAGE:<br />

Visage affiné<br />

Regard durement<br />

fier<br />

Expression altière<br />

Cheveux peut-être<br />

blonds<br />

Visage et cheveux<br />

esquissés, yeux<br />

mis en évidence<br />

Femme froide, presque inhumaine Impassibilité inquiétante<br />

« comme un rêve de pierre »<br />

« [j’ai] un cœur de neige »,<br />

« et jamais je ne pleure et jamais je ne ris »<br />

« mes grandes attitudes que j’ai l’air<br />

d’emprunter au plus fiers<br />

monuments »<br />

« je trône dans l’azur comme un sphinx<br />

incompris »<br />

« [j’ai] la blancheur des cygnes »<br />

« [j’inspire] d’austères études »<br />

« j’ai, pour fasciner (…) mes yeux (…) aux<br />

clartés éternelles »<br />

Beauté fatale Charme létal spécialement dû aux yeux<br />

Attitude solennelle Pâleur


(«À rapprocher d’Un hémisphère dans la chevelure (…). Sans doute ce<br />

poème est-il, comme les deux suivants [La Chevelure et Tu mettrais<br />

l’univers…], inspiré par Jeanne [Duval] » - Pichois)<br />

(Synesthésie: du grec « perception simultanée » (Larousse, cit.)


« ton sein chaleureux »<br />

« je vois se dérouler des rivages heureux »<br />

« [je vois] une île paresseuse où la nature<br />

donne des arbres singuliers et des fruits<br />

savoureux »<br />

« guidé par ton odeur vers de charmants<br />

climats je vois un port rempli de voiles et de<br />

mâts (…) pendant que le parfum des verts<br />

tamariniers (…) se mêle dans mon âme au<br />

chant des mariniers »<br />

IMAGE:<br />

« je vois une île paresseuse où la nature donne<br />

(…) des femmes dont l’œil par sa franchise<br />

étonne »<br />

Femme à la tête ronde<br />

Regard et sourire chaleureux<br />

Regard direct mais cordial<br />

Cheveux bouclés<br />

Regard rêveur<br />

Femme à l’aspect (physionomie mais aussi choix<br />

vestimentaire) relativement exotique<br />

TEXTE:<br />

Femme chaleureuse et accueillante<br />

Femme dont la vue (ou l’existence) invite l’esprit à<br />

voyager vers de terres exotiques – voyage heureux<br />

Femme loyale et simple


(très probablement inspiré par<br />

Jeanne Duval)


« o toison, moutonnant (…) ! »<br />

« o boucles ! »<br />

« des souvenirs dormant dans cette<br />

chevelure »<br />

« la langoureuse Asie et la brûlante Afrique,<br />

tout un monde lointain (…) vit dans tes<br />

profondeurs »<br />

« comme d’autres esprits voguent sur la<br />

musique, le mien (…) nage sur ton parfum »<br />

IMAGE:<br />

Chevelure bouclée et très présente<br />

Visage peut-être inexpressif: met en évidence la chevelure<br />

Regard perdu<br />

Femme à l’apparence forte MAIS pas vraiment exotique<br />

TEXTE:<br />

Chevelure pleine et bouclée<br />

Chevelure envoûtante<br />

Chevelure qui invite l’esprit au voyage vers des<br />

terres exotiques


DONC…<br />

Trois textes présentant trois femmes-type très différentes (beauté froide ≠ beauté<br />

accueillante ≠ juste la chevelure)<br />

Ces femmes ne sont jamais décrites dans les détails par Baudelaire MAIS la critique<br />

(s’appuyant sur la biographie du poète) pense qu’elles s’inspirent toutes de Jeanne Duval,<br />

amante à l’aspect exotique mais à l’attitude froide dont Charles Baudelaire n’arrive pas<br />

vraiment à se détacher…<br />

… MAIS Matisse semble avoir saisi certains aspects spécifiques de leur caractères pour leur<br />

donner vie DONC elles apparaissent toutes différentes<br />

Pourtant d’autres textes du livre sont illustrés par des femmes singulièrement similaires à<br />

celles que l’on vient de voir – on va notamment voir le cas des femmes à l’apparence<br />

exotique.<br />

Pourquoi? Présentent-elles les mêmes traits de caractère?


(in Peyré)<br />

COM<strong>PAR</strong>AISON: Jeanne Duval par Baudelaire lui-même<br />

(in Decaunes & in Album Baudelaire) (in Decaunes)<br />

(in Album Baudelaire)<br />

Femme à la peu peut-être brune, les cheveux noirs, la<br />

posture envoûtante et le regard relativement menaçant


Tu mettrais l’univers…:<br />

« Femme impure ! L’ennui<br />

rend ton âme cruelle (…)<br />

buveur du sang du<br />

monde »<br />

Texte: Femme à l’attitude<br />

sauvage que Baudelaire ne<br />

décrit pas vraiment<br />

Image: Son regard a<br />

quelque chose de menaçant<br />

(Tu mettrais l’univers…: « Une<br />

des plus anciennes pièces (…). Elle a<br />

été inspirée par Louchette, c’est-àdire<br />

Sara, une petite prostituée du<br />

Quartier Latin » - Pichois)<br />

Illustration d’autres textes: Les femmes exotiques (1)<br />

Sed non satiata:<br />

« Bizarre déité, brune comme<br />

les nuits, au parfum mélangé<br />

de musc et de havane (…),<br />

sorcière au flanc d’ébène »<br />

« l’elixir de ta bouche où<br />

l’amour se pavane »<br />

Texte: Femme de couleur au<br />

charme exotique, sauvage et<br />

dangereux<br />

Image: Sa tête tournée et son<br />

regard détourné montrent son<br />

inaccessibilité<br />

Le serpent qui danse:<br />

« Chère indolente »<br />

« ton corps si beau »<br />

« ta chevelure profonde »<br />

« tes yeux (…) sont deux bijoux<br />

froids »<br />

« à te voir marcher en<br />

cadence (…) on dirait un<br />

serpent qui danse »<br />

Texte: Femme à la beauté<br />

envoûtante et relativement<br />

sauvage<br />

Image: Femme à la posture<br />

sinueuse et le regard gentil<br />

Parfum exotique:<br />

comparaison<br />

(« Son inhibition sexuelle<br />

devant Jeanne Duval, (…)<br />

Baudelaire par vient petit à<br />

petit à la surmonter, et<br />

lorsqu’il y arrive finalement,<br />

c’est pour découvrir avec cette<br />

femme des plaisirs charnels<br />

qu’il n’a encore jamais<br />

éprouvés. (…) peut-être<br />

précisément à cause de sa<br />

froideur, à travers ses<br />

attitudes presque glaciales et<br />

dédaigneuses, Jeanne lui<br />

procure une volupté complète<br />

et écrasante. » [Mais elle<br />

n’hésite pas à voir d’autres<br />

hommes] – Baronian, début du<br />

chapitre qu’il intitule « Le<br />

serpent qui danse »)


Chanson d’après-midi:<br />

« Sorcière aux yeux<br />

alléchants »<br />

« ma terrible passion »<br />

« le désert et la forêt<br />

embaument<br />

tes tresses rudes »<br />

« tu me déchires, ma brune,<br />

avec un rire moqueur, et puis<br />

tu mets sur mon cœur ton œil<br />

doux comme la lune »<br />

Texte: Femme de couleur au<br />

charme sauvage mais pas<br />

destructeur<br />

Image: Son regard est<br />

doucement envoûtant<br />

Illustration d’autres textes: Les femmes exotiques (2)<br />

À une malabaraise: [dans Les<br />

nouvelles Fleurs du Mal]<br />

« Tes pieds sont aussi fins que<br />

tes mains, et ta hanche est large<br />

à faire envie à la plus belle<br />

blanche ; à l’artiste pensif ton<br />

corps est (…) cher »<br />

« pays chauds et bleus où ton<br />

Dieu t’a fait naître »<br />

« tout le jour, où tu veux, tu<br />

mènes tes pieds nus, et<br />

fredonnes (…) de vieux airs<br />

inconnus »<br />

Texte: Femme indienne qui<br />

paraît une muse (et songe à<br />

quitter son pays)<br />

Image: Son regard est<br />

nostalgique<br />

Femmes à la beauté<br />

exotique, peut-être un peu<br />

sauvage, chaleureusement<br />

envoûtantes<br />

La posture et le regard<br />

jouent un rôle primordial<br />

dans leur connotation<br />

(À une malabaraise: « pièce<br />

vraisemblablement écrite durant le séjour (…)<br />

à l’Île Maurice » par la sœur de son hôtesse –<br />

Pichois ≠ « [à l’île Bourbon] De nouveau, une<br />

femme le subjugue mais, cette fois il s’agit<br />

d’une servante, une Malabaraise vêtue de<br />

‘’mousselines frêles’’» - Baronian)<br />

Parfum exotique:<br />

comparaison


CONCLUSION: Baudelaire<br />

Baudelaire est un poète, non un peintre (ni un romancier): il ne décrit jamais entièrement<br />

les femmes dont il parle (du point de vue de leur aspect physique)…<br />

… il les décrit à travers quelques détails très significatifs de leur apparence (comme le<br />

regard, les cheveux ou la posture)…<br />

… et surtout il les décrit en nous montrant l’effet qu’elles ont sur son imaginaire DONC<br />

même s’il s’agit de la même femme elle peut, selon l’occasion, assumer différentes<br />

apparences.<br />

Yves Peyré: « Cet attrait de deux arts (…) continue de s’affirmer, il se revivifie sans cesse. Très tôt, dans l’histoire des civilisations,<br />

des échanges ont été exemplaires. Toutefois ce n’est qu’au XIXe siècle que la conscience s’en est faite vive (…) en poésie, Baudelaire a<br />

fait jaillir la première étincelle (…). La réflexion absolue (…) on la doit à Baudelaire et Mallarmé. (…) Déjà, l’un et l’autre courent<br />

de la réflexion au récit, du poème aux fragments de pensée sur l’art (même si la pensée est à son comble), il n’y a plus qu’une chose<br />

qui importe au regard de l’acte d’intense sympathie : la parole en écho, libre (rien ne la lie) et stimulée tout à la fois, sans objet mais<br />

non sans souvenir. Et surtout pas sans désir. (…) Le livre est alors le triomphe du sensible, (…) et la poésie, dans la sphère de la<br />

parole, c’est ce qu’il y a de plus farouchement respirant, elle doit respirer à tout instant faute de quoi elle meurt, elle n’a pas la durée<br />

pour elle, elle ne dépasse pas l’instant, la poésie vole sur la page, la transgresse en l’épousant, la poésie offre à une page (au livre en<br />

conséquence) sa plus grande chance de vie. (…) Le peintre et le poète face à face : il semble que depuis Baudelaire au moins ils aient<br />

besoin l’un de l’autre sans possibilité de s’ignorer, sauf à se restreindre et considérablement.<br />

Arnaud Buchs (à propos des Salons): « le beau est littéralement une création de l’artiste, exprimée ‘’par le sentiment, la passion et<br />

la rêverie’’. Dès lors, l’art n’a plus pour fonction de copier ou d’imiter la nature, mais de l’exprimer au travers de la subjectivité de<br />

l’artiste (…) Baudelaire en arrive presque fatalement à remettre au goût du jour la formule de l’ut pictura poesis »<br />

& « Cette ‘’réalité extérieure’’ est maintenant la ‘’Nature’’, chez Baudelaire, et la majuscule est le signe clair d’une abstraction,<br />

d’un absolu qui trouve son origine moins dans le monde extérieur que dans l’acte même de percevoir – ou d’écrire (…). [Pour<br />

Baudelaire c’est] comme si le monde ‘’extérieur’’ ne pouvait plus être l’unique matière de la réalité. La Nature n’a du coup plus sens<br />

et valeur en elle-même, mais pour sa capacité à ‘’exciter’’ l’imagination (…). La réalité demeure le point de jonction du monde et du<br />

sujet connaissant (…), mais elle est à présent moins une donnée de la perception sensible que le produit d’un sujet qui peut espérer y<br />

retrouver l’unité perdue du monde. (…) L’art doit être l’expression d’une vision intérieure traversée de passions, non la simple<br />

restitution des données de la perception rétinienne. [Donc le réalisme est selon lui une mauvaise solution] »


CONCLUSION: Matisse<br />

Matisse est fidèle au choix de Baudelaire: bien qu’il soit un peintre, il ne fait pas de<br />

portrait de ces femmes…<br />

… il en saisit le caractère au travers de ce que Baudelaire dit éprouver en leur<br />

présence…<br />

… et essaie de nous faire ressentir la même chose uniquement à travers<br />

l’expressivité de ses visages.<br />

« Lorsque je peins un portrait, je prends et je reprends mon étude, et c'est chaque fois un nouveau portrait que je fais (…) ; et c'est<br />

chaque fois un être différent que je tire d'une même personnalité. Il m'est arrivé, souvent (…) de m'inspirer des photographies d'une<br />

même personne à des âges différents : le portrait définitif pourra la représenter plus jeune, ou sous un aspect autre que celui qu'elle<br />

offre au moment où elle pose, parce que c'est cet aspect qui m'aura paru le plus vrai, le plus révélateur de sa personnalité réelle. (…)<br />

L'artiste puise autour de lui tout ce qui est capable d'alimenter sa vision intérieure (…). Il lui faudra (…) tendre au dépouillement<br />

plutôt qu'à l'accumulation des détails, choisir, par exemple, dans le dessin, entre toutes les combinaisons possibles, la ligne qui se<br />

révèlera pleinement expressive, et comme porteuse de vie. (…) C'est en ce sens, il me semble, que l'on peut dire que l'art imite la<br />

nature: par le caractère de vie que confère à l'œuvre d'art un travail créateur. Alors l'œuvre apparaîtra aussi féconde, et douée de ce<br />

même frémissement intérieur, de cette même beauté resplendissante, que possèdent aussi les œuvres de la nature » (Henri Matisse, propos<br />

recueillis par Pernoud Régine, Le Courrier de l'U.N.E.S.C.O., vol. VI, n°10, octobre 1953, in Centre Pompidou en ligne)


CONCLUSION<br />

Baudelaire (Mon cœur mis à nu, cit. par<br />

Buchs): « Glorifier le culte des images (ma<br />

grande, mon unique, ma primitive passion) »<br />

Baudelaire était attiré par la peinture & selon lui la réalité n’a<br />

d’importance qu’à travers ce que le sujet qui l’observe ressent<br />

Matisse a illustré les poèmes de Baudelaire restant fidèle à ce que le<br />

poète disait explicitement – il a donc illustré ce que le poète voyait à<br />

travers ses sens


(L’AVIS DE QUELQUES CRITIQUES: concilier des opinions différentes?)<br />

Umberto Eco: « L’autore offre insomma al fruitore un’opera da finire. Non sa esattamente in qual modo l’opera potrà essere portata a<br />

termine, ma sa che l’opera portata a termine sara pur sempre la sua opera, (…) anche se organizzata da un altro in un modo che egli non<br />

poteva completamente prevedere : poiché egli in sostanza aveva proposto delle possibilità già razionalmente, organizzate, orientate e dotate di<br />

esigenze organiche di sviluppo. » : « L’auteur offre en somme au bénéficiaire une œuvre à terminer. Il ne sait pas exactement de quelle façon<br />

l’œuvre pourra être terminée, mais il sait que l’œuvre terminée sera tout de même toujours son œuvre, (…) bien qu’organisée d’une autre<br />

façon qu’il ne pouvait pas entièrement prévoir: car toute somme faite il avait proposé des possibilités déjà rationnellement, organisées,<br />

orientées et douées d’exigences organiques de développement ».<br />

Leon Battista Alberti : « Pertanto consiglio ciascuno pittore molto si faccia famigliare ad i poeti, retorici e agli altri simili dotti di lettere, già<br />

che costoro doneranno nuove invenzioni, o certo aiuteranno a bello componere sua storia, per quali certo acquisteranno in sua pittura molte<br />

lode e nome. Fidias, più che gli altri pittori famoso, confessava avere imparato da Omero poeta dipignere Iove con molta divina maestà. Così<br />

noi, studiosi d'imparare più che di guadagno, dai nostri poeti impareremo più e più cose utili alla pittura » : « Ainsi je conseille que chacun des<br />

peintres se familiarise avec les poètes, les rhétoriciens et les autres savants des lettres, car ces derniers donneront de nouvelles inventions, ou<br />

sans doute aideront à composer l’histoire de beauté, à travers lesquelles dans sa peinture ils acquerront beaucoup de louanges et de renommée.<br />

Fidias, connu plus que les autres peintres, avouait avoir appris de Homère poète à peindre Jupiter avec une certaine maîtrise divine. Ainsi<br />

nous, assoiffés d’apprentissage plus que de gain, de nos poètes apprendrons plus et plus de choses utiles à la peinture ».<br />

Gottham Ephraim Lessing : « La beauté matérielle naît de l’effet concordant de diverses parties que le regard embrasse ensemble. Elle exige<br />

donc que ces parties soient placées les unes à côté des autres et, puisque les choses dont les parties sont placées les unes à côté des autres sont<br />

l’objet propre de la peinture, celle-ci peut, et peut seule imiter la beauté matérielle. Le poète, qui ne pourrait montrer que les uns après les<br />

autres les éléments de là beauté, s’abstient donc complètement de la peinture de la beauté matérielle, en tant que beauté. »<br />

Michel Butor: « Toute notre expérience de la peinture comporte en fait une considérable partie verbale. Nous ne voyons jamais les tableaux<br />

seuls, notre vision n’est jamais pure vision. »


BIBLIOGRAPHIE<br />

Œuvres de référence :<br />

<strong>BAUDELAIRE</strong> Charles, illustré par <strong>MATISSE</strong>, Henri, Les Fleurs du Mal, Paris, éditions Hazan éd, 1999.<br />

N.B. : toutes les illustrations de Matisse ainsi que les citations de Baudelaire proviennent de cet ouvrage.<br />

<strong>BAUDELAIRE</strong> Charles, Œuvres complètes, texte établi, annoté et présenté par Pichot Claude, Paris, éditions Gallimard, 2006.<br />

<strong>BAUDELAIRE</strong> Charles, Les Fleurs du Mal, texte établi et annoté par Le Dantec Yves-Gérard, Paris, éditions de Cluny, 1941.<br />

<strong>BAUDELAIRE</strong> Charles, Les Fleurs du Mal, introduction, relevé de variantes et notes par Adam Antoine, Paris, éditions Garnier Frères, 1961.<br />

<strong>BAUDELAIRE</strong> Charles, Les Fleurs du Mal, texte présenté, établi et annoté par Pichois Claude, Paris, éditions Gallimard, 1972 (édition de 1861).<br />

<strong>BAUDELAIRE</strong> Charles, Les Fleurs du Mal, édition critique de Crépet Jacques et Blin Georges refondue par Blin Georges et Pichois Claude,<br />

Paris, librairie José Corti (éd.), 1968.<br />

Œuvres critiques :<br />

Album Baudelaire, iconographie réunie et commentée par Pichois Claude, Paris, éditions Gallimard, 1974.<br />

ALBERTI Leon-Battista, De pictura [redazione volgare], 1435, édition informatique par Biblioteca Italiana (2003) :<br />

http://www.bibliotecaitaliana.it/xtf/view?docId=bibit000005/bibit000005.xml&query=&brand=default, consulté le 3.10.2012.<br />

BARONIAN Jean-Baptiste, Baudelaire, Paris, éditions Gallimard, 2006.<br />

<strong>BAUDELAIRE</strong> Charles, Correspondance (janvier 1832-mars 1866, voll. I et II), texte établi, présenté et annoté par Pichois Claude avec la<br />

collaboration de Ziegler Jean, Paris, éditions Gallimard, 1973.<br />

BUCHS Arnaud, Écrire le regard, Paris, Hermann éditeurs, 2010.<br />

BUTOR Michel, Les mots dans la peinture, Genève, éditions Skira, 1980.<br />

CRARY Jonathan, L’art de l’observateur, Marseille, éditions Chambon, 1994.<br />

DECAUNES Luc, Charles Baudelaire, éditions Pierre Seghers, 1960.<br />

ECO Umberto, Opera aperta, Milano, Bompiani editore, 1976.<br />

LESSING Gotthold Ephraim, Laocoon, ou des limites respectives de la peinture et de la poésie, traduit par Courtin, Paris, Hermann éditeurs, 1990.<br />

PEIRCE Charles, Écrits sur le signe, rassemblés, traduits et commentés par Deledalle Gérard, Paris, Éditions du Seuil, 1978.<br />

PEYRÉ Yves, Peinture et poésie, Paris, éditions Gallimard, 2001.<br />

RICOEUR Paul, La métaphore vive, Paris, éditions du Seuil, 1975.<br />

VOUILLOUX Bernard, La peinture dans le texte, Paris, CNRS éditions, 1994.<br />

Œuvres de consultation :<br />

Dizionario etimologico della lingua italiana (DELI), Manlio Cortelazzo e Paolo Zolli, a cura di Manlio Cortelazzo e Michele A. Cortelazzo,<br />

Zanichelli editore, Milano, 1999.<br />

Dictionnaire illustré Larousse, Larousse (édition informatique), Paris, 2011.<br />

Le Robert-Dixel, Le Robert-Dixel (édition informatique), Paris, 2012.<br />

Dictionnaire de la littérature française et francophone, sous la direction de Mougin Pascal, Larousse in extenso (éd.), Paris, 2012.<br />

Monographies des grandes figures de l’art moderne. Henri Matisse, Centre Pompidou :<br />

http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ens-matisse/ens-matisse.htm#Bio, consulté le 3.10.2012.<br />

Le Garzantine. Letteratura – Enciclopedia della Letteratura, Redazioni Garzanti, Italia, 2002.

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