Systmatisation des nerfs crniens - UFR des Sciences de la Vie

M1 Neuroanatomie fonctionnelle 2007-2008 1
SYSTEMATISATION DES NERFS CRANIENS
I- PRINCIPES D’ORGANISATION Figures 1 et 2
Les nerfs crâniens sont des homologues des nerfs rachidiens qui assurent l’innervation
motrice et sensorielle de l’extrémité céphalique. Ils sont au nombre de 12 paires numérotées
en chiffres romains en fonction de leur position rostro-caudale.
Schématiquement dans la moelle épinière les fibres nerveuses de la racine dorsale qui
proviennent de la surface cutanée et se rendent dans les cornes dorsales constituent le
contingent des afférences somatiques générales (ASG) et permettent l’extéroception. Les
fibres nerveuses de la racine dorsale qui proviennent des viscères et se rendent dans l’aire
intermédiaire des cornes dorsales constituent le contingent des afférences viscérales générales
(AVG) et permettent l’intéroception ou viscéroception. Les fibres nerveuses de la racine
ventrale qui conduisent les commandes vers les effecteurs proviennent de l’aire intermédiaire
ventrale. Elles constituent le contingent des efférences viscérales générales (EVG) et
permettent la motricité viscérale. Les fibres nerveuses de la racine ventrale à destination des
muscles squelettiques striés, proviennent de la corne ventrale (motoneurones). Elles
constituent le contingent des efférences somatiques générales (ESG) et permettent la motricité
de la vie de relation. Par conséquent, outre l’organisation métamérique transversale, il existe
dans la moelle épinière une organisation fonctionnelle longitudinale.
Au niveau de l’extrémité céphalique, la métamérie se complexifie et se modifie du fait du
développement de l’encéphale et de structures propres à la tête comme les capsules
sensorielles (optique, nasale, otique) ou les fentes et les arcs branchiaux. Cela implique la
disparition de certains somites et la mise en place de deux colonnes supplémentaires
correspondant à l’innervation des dérivés branchiaux : les afférences viscérales spéciales
(AVS) destinées à la chémoception gustative, c'est-à-dire la perception des substances
dissoutes dans la salive et les efférences viscérales spéciales (EVS) qui innervent des muscles
striés dérivant des arcs branchiaux.
De ce fait, il existe trois types de nerfs crâniens :
- des nerfs sensoriels : I (olfactif), II (optique), VIII (cochléo-vestibulaire) innervant
les dérivés des placodes olfactive, optique et otique ; ils ne seront pas abordés ici ;
- des nerfs somatomoteurs : III (oculomoteur), IV (trochléaire), VI (abducens), XII
(hypoglosse) ; ils contiennent les ESG ;
- des nerfs branchiaux : V (trijumeau), VII (facial), IX (glossopharyngien), X (vague),
XI (accessoire) ; ils peuvent inclure 5 contingents : EVG, EVS, ASG, AVG, AVS.

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II- ORGANISATION DES NOYAUX DES NERFS CRANIENS Figure 3
Au cours du développement les noyaux des nerfs crâniens, situés à proximité du système
ventriculaire, s’organisent selon 3 colonnes motrices et 3 colonnes sensorielles qui s’étendent
tout le long du tronc cérébral. Chaque colonne correspond respectivement aux ESG, EVG,
EVS pour les colonnes motrices et aux AVS, AVG, et ASG pour les colonnes sensorielles,
auxquelles on peut rajouter une colonne des afférences somatiques spéciales correspondant
aux noyaux cochléo-vestibulaires. Le sulcus limitans, dans le plancher du 4 e ventricule,
marque la frontière entre noyaux sensoriels, en dehors, et noyaux moteurs, en dedans.
La colonne des ESG comprend les noyaux des III, IV, VI et XII. Ils sont situés à
proximité de la ligne médiane. Ils innervent les muscles extrinsèques de l’œil et les muscles
propres de la langue, muscles striés qui dérivent embryologiquement des somites occipitaux.
La colonne des EVS comprend les noyaux du V, VII, IX et X (noyau ambigu) et du XI.
Au cours du développement, ces noyaux, à l’origine situés latéralement et proches des noyaux
somatomoteurs, migrent en position ventrolatérale. Les muscles que les noyaux des EVS
innervent sont striés, mais dérivent des arcs branchiaux et non pas des somites : muscles
masticateurs, de l’expression faciale, du pharynx et du larynx, de l’oreille moyenne, muscle
sterno-cléido-mastoidien et faisceau supérieur du trapèze.
La colonne des EVG comprend les noyaux parasympathiques d’Edinger-Westphal
(noyau pupillaire, III), salivaires supérieur (VII) et inférieur (IX) et le noyau moteur dorsal du
vague (X). Ces noyaux fournissent les fibres pré-ganglionnaires pour les glandes, les muscles
lisses et cardiaque, de la tête, des poumons, du cœur, et de la partie supérieure du tractus
digestif.
La colonne des afférences viscérales comprend un seul noyau : le noyau du faisceau
solitaire. Dans sa portion rostrale il constitue le noyau gustatif et reçoit les AVS provenant du
VII, du IX et du X. Dans sa portion caudale il constitue le noyau cardiorespiratoire et reçoit
les AVG (cardiaques, respiratoires, digestives) provenant du IX et du X.
La colonne des ASG comprend le noyau du V ou complexe sensitif du trijumeau qui
reçoit des afférences provenant des 3 branches du V (V1 : nerf ophtalmique ; V2 : nerf
maxillaire ; V3 : nerf mandibulaire ; les corps cellulaires des protoneurones sensoriels sont
situés dans le ganglion de Gasser) et aussi des VII, IX et X. Ce complexe s’étend à travers le
tronc cérébral des premiers segments cervicaux jusqu’à la limite caudale du mésencéphale. Il
est divisé essentiellement en deux noyaux : rostralement, le noyau principal et caudalement, le
noyau spinal. Le noyau principal est considéré comme le relais de la sensibilité tactile
épicritique et proprioceptive consciente La partie caudale du noyau spinal s’étend de l’obex

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aux premiers segments cervicaux où il entre en continuité avec la corne dorsale de la moelle
épinière, dont il possède la structure laminaire. Il a donc été impliqué dans le traitement et le
transfert des informations nociceptives et thermiques. Le noyau mésencéphalique du
trijumeau contient les corps cellulaires des propriocepteurs des muscles masticateurs : c’est le
seul exemple de localisation au sein du système nerveux central de neurones sensoriels
primaires.
La plupart des noyaux des nerfs crâniens projettent ou reçoivent des afférences à travers
un seul nerf crânien, à l’exception du noyau du faisceau solitaire, du noyau ambigu et du
noyau trigéminal.
III- LOCALISATION DES NOYAUX DES NERFS CRANIENS DANS LE TRONC CEREBRAL
Figures 3 et 4
III : dans la calotte des pédoncules cérébraux, au niveau des tubercules quadrijumeaux
antérieurs, en avant et en dehors de l’aqueduc de Sylvius.
IV : dans la calotte des pédoncules cérébraux, au niveau des tubercules quadrijumeaux
antérieurs, au dessous du noyau du III ; ses fibres radiculaires se dirigent en arrière et croisent
la ligne médiane avant d’émerger à la face dorsale du mésencéphale.
V : dans la calotte protubérantielle pour le contingent moteur (noyau masticateur) ; dans le
pont pour le noyau principal et dans le bulbe pour le noyau spinal (contingent sensitif).
VI : dans la partie inférieure de la protubérance, sous le plancher du 4 e ventricule
VII : dans la partie inférieure de la protubérance, en avant et en dehors du noyau du VI, pour
le contingent moteur (EVS) - dans leur trajet initial, les fibres radiculaires entourent le noyau
du VI ; le noyau salivaire supérieur (EVG) est pontique ; le noyau du faisceau solitaire (AVS)
est bulbaire ; le noyau spinal du V (ASG) est bulbaire.
IX : noyau ambigu (EVS), bulbaire ; noyau salivaire inférieur (EVG), pontique ; noyau du
faisceau solitaire (AVS et AVG), bulbaire ; noyau spinal du V (ASG), bulbaire.
X : noyau ambigu (EVS), bulbaire ; noyau moteur dorsal du vague (EVG), bulbaire ; noyau
du faisceau solitaire (AVS et AVG), bulbaire ; noyau spinal du V (ASG), bulbaire.
XI : noyau accessoire, dans les cornes antérieures de la moelle cervicale de C1 à C6.
XII : sur toute la hauteur du bulbe, entre canal de l’épendyme et 4 e ventricule.
IV- SORTIE DES NERFS CRANIENS DU TRONC CEREBRAL Figure 5
III : ventrale, depuis la fossette interpédonculaire, dans le mésencéphale.
IV : dorsale, depuis le mésencéphale ; les racines entourent les pédoncules cérébraux.
V : à la face antérolatérale du pont.
VI : ventrale, de la partie médiane du sillon bulbopontique.

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VII : ventrolatérale, de la partie latérale du sillon bulbopontique, dans l’angle ponto-
cérébelleux.
IX : du sillon collatéral postérieur du bulbe.
X : du sillon collatéral postérieur du bulbe, sous le IX.
XI : à partir de plusieurs radicelles, depuis la moelle haute.
XII : ventrale, depuis le bulbe, entre les pyramides et l’olive inférieure
V- FONCTIONS DES NERFS CRANIENS Figures 6 et 7
Les structures innervées par les différents nerfs crâniens sont indiquées ci-dessous. Les
fonctions des nerfs crâniens s’en déduisent par l’action qu’ils exercent sur ces structures
(Efférences) ou les informations qu’ils en reçoivent (Afférences).
III : ESG : élévateur de la paupière supérieure et toute la musculature extrinsèque de l’œil
(responsable de l’élévation, de l’extorsion et de l’adduction du globe oculaire) sauf le grand
oblique et le droit externe ; EVG (parasympathique) : constricteur de la pupille et muscle
ciliaire (pour la vision de près).
IV : ESG : grand oblique ; responsable de l’abaissement et de l’intorsion du globe oculaire.
V : ASG : somesthésie de la face, des 2/3 antérieurs de la langue, des cavités buccale et
sinusiennes et des méninges ; EVS : muscles masticateurs et tenseur du tympan.
VI : ESG : droit externe ; responsable de l’abduction du globe oculaire.
VII : EVS : muscles faciaux, stapédien et digastrique ; EVG (parasympathique) : glandes
lacrymales et salivaires, sauf la parotide ; AVS : gustation pour les 2/3 antérieurs de la
langue ; ASG : somesthésie d’une petite région proche du conduit auditif externe.
IX : EVS : muscles stylo-pharyngés ; EVG (parasympathique) : glandes parotides ; ASG :
somesthésie d’une petite région proche du conduit auditif externe, du pharynx, du 1/3
postérieur de la langue ; AVS : gustation pour le 1/3 postérieur de la langue ; AVG :
chémorécepteurs et barorécepteurs carotidiens.
X : EVS : muscles pharyngés (déglutition) et laryngés (voix) ; EVG (parasympathique) :
cœur, poumons et ½ supérieure du tractus digestif ; ASG : somesthésie d’une petite région
proche du conduit auditif externe et du pharynx ; AVS : gustation pour l’épiglotte et le
pharynx ; AVG : chémorécepteurs et barorécepteurs aortiques.
XI : EVS : sterno-cléido-mastoïdien et faisceau supérieur du trapèze.
XII : ESG : muscles intrinsèques de la langue.

Figure 1. Section coronale du myélencéphale humain (45 jours)
illustrant la localisation des colonnes fonctionnelles des noyaux
des nerfs crâniens.
4 e ventricule
sulcus limitans
Noyaux moteurs somatiques
Noyaux moteurs viscéraux
Noyaux sensoriels somatiques
Noyaux sensoriels viscéraux
Figure 2. Localisation des colonnes fonctionnelles des noyaux
des nerfs crâniens dans le bulbe chez l’adulte.
EVS : noyau ambigu
EVG : noyau moteur
dorsal du vague
sulcus limitans
ESG : noyau de
l’hypoglosse ASS : noyau vestibulaire
AVS et AVG : noyau du
faisceau solitaire
ASG : noyau spinal
du trijumeau

Figure 3. Organisation des colonnes fonctionnelles des noyaux
des nerfs crâniens dans le tronc cérébral.
Noyaux moteurs Noyaux sensoriels
Noyau d’Edinger-Westphal
Noyau oculomoteur
Noyau trochléaire
Noyau moteur
du trijumeau
Noyau salivaire supérieur
Noyau du facial
Noyau abducens
Noyau salivaire inférieur
Noyau ambigu
Noyau de l’hypoglosse
Noyau moteur dorsal du vague
Noyau accessoire
Orange : EVS
Jaune : EVG
Rouge : ESG
Vert : AVS et AVG
Bleu : ASG
Violet : ASS
Noyaux trigéminaux
Noyau mésencéphalique
Noyau principal
Noyau spinal
Noyaux vestibulaires
Noyaux cochléaires
Noyau du faisceau solitaire,
partie rostrale
Noyau du faisceau solitaire,
partie caudale

Figure 4. Section coronale du pont illustrant la localisation du noyau
du facial et l’organisation de ses fibres radiculaires.
Nerf abducens
Colliculi faciaux
Noyau abducens
Noyau facial
Nerf facial
Figure 5. Sorties des nerfs crâniens du tronc cérébral.
Mésencéphale
Pont
Nerf facial (VII)
Nerf glosso-pharyngien (IX)
Bulbe
Moelle épinière
Nerf oculomoteur (III)
Nerf trochléaire (IV)
Nerf trijumeau (V)
Nerf abducens (VI)
Nerf cochléo-vestibulaire (VIII)
Nerf vague (X)
Nerf accessoire (XI)

Figure 6. Les muscles extrinsèques de l’œil : disposition et fonctions
Muscle droit
interne
Gauche Droit
Muscles droits
supérieurs
Muscle droit
supérieur
Muscle droit
inférieur
V1
V2
V3
Muscle droit
externe
Muscle petit
oblique
Muscles grands
obliques
Muscle grand
oblique
Gauche Droit
Figure 7. Schéma illustrant chez l’homme les territoires cutanés
innervés par les 3 branches sensitives du nerf trijumeau .

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QCM ET QROC SYSTEMATISATION DES NERFS CRANIENS
1. Organisation fonctionnelle des noyaux des nerfs crâniens dans le tronc cérébral :
donner la légende appropriée en face de chaque flèche sur ce schéma d’une vue
postérieure du tronc cérébral chez l’homme.
2. Localisation des colonnes fonctionnelles des noyaux des nerfs crâniens : donner la
légende appropriée en face de chaque flèche sur ce schéma d’une coupe coronale du
myélencéphale humain à 45 jours.
3. Localisation des colonnes fonctionnelles des noyaux des nerfs crâniens dans le
bulbe chez l’adulte : donner la légende appropriée en face de chaque flèche sur ce
schéma.
4. Sortie des nerfs crâniens du tronc cérébral : donner la légende appropriée en face
de chaque flèche sur ce schéma.
5. Indiquer les affirmations exactes :
a. le I, le II et le VIII sont des nerfs sensoriels
b. les nerfs somatomoteurs sont le V, le VII, le IX, le X et le XI
c. le XI est un nerf branchial
d. le XII est un des nerfs de la gustation
e. le trijumeau est le nerf de la motricité faciale
6. La plupart des noyaux de nerfs crâniens projettent ou reçoivent des afférences à
travers un seul nerf crânien, à l’exception de (indiquer les assertions exactes) :
a. Le noyau du faisceau solitaire
b. Le noyau du facial
c. Le noyau moteur dorsal du vague
d. Le noyau ambigu
e. Le noyau trigéminal

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7. Les nerfs crâniens suivants contiennent des efférences viscérales générales
(indiquer les assertions exactes) :
a. le I, le VII et le IX
b. le IV, le VII, et le VIII
c. le III, le VII, le IX et le X
d. le IX et le X
e. le VII, le IX et le X
8. Les 3 branches sensitives du trijumeau sont (indiquer le(s) assertion(s)
exacte(s)) :
a. ophtalmique, auditive, maxillaire
b. V1, maxillaire, mandibulaire
c. mandibulaire, maxillaire, V3
d. olfactive, gustative, auditive
e. ophtalmique, olfactive, mandibulaire
9. La motilité extrinsèque de l’œil dépend de (indiquer les assertions exactes) :
a. noyaux pupillaire, moteur dorsal du vague et du III
b. noyaux abducens, trochléaire et du III
c. noyaux oculomoteur, du IV et du VI
d. noyaux du faisceau solitaire, pupillaire et ambigu
e. noyaux vestibulaire et pupillaire
10. Indiquer les affirmations exactes concernant le nerf glosso-pharyngien:
a. son noyau est mésencéphalique
b. c’est un nerf somatomoteur
c. il comporte des afférences viscérales spéciales et générales
d. il comporte des afférences somatiques générales
e. sa racine émerge à la face antérolatérale du pont