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Myosite focale d'Heffner Focal myositis

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Mots clés : <strong>Myosite</strong> <strong>focale</strong> ; Tumeur musculaire<br />

Keywords: <strong>Focal</strong> <strong>myositis</strong>; Muscular tumor<br />

Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com<br />

Revue du Rhumatisme 75 (2008) 178–180<br />

La myosite <strong>focale</strong> est une lésion inflammatoire douloureuse et<br />

nodulaire d’un muscle squelettique ou d’un groupe de muscles.<br />

Depuis sa description en 1977 par Heffner et al. [1], unpeu<br />

plus d’une centaine de cas ont été publiés [2]. Cette affection<br />

concerne autant l’adulte que l’enfant, sans prédominance d’âge<br />

ou d’un sexe contrairement aux dermatomyosites (DM) et aux<br />

polymyosites (PM). Son étiologie reste inconnue. La notion d’un<br />

traumatisme antérieur est exceptionnelle. Aucun agent infectieux<br />

n’a été identifié. Les données génétiques restent éparses<br />

[3]. Un lien familial paraît peu vraisemblable pour Heffner et<br />

al. [1]. Deux jumeaux homozygotes ne vivant pas dans le même<br />

lieu ont toutefois développé chacun une myosite <strong>focale</strong> [4].<br />

1. Séméiologie [1,2]<br />

La myosite <strong>focale</strong> se manifeste cliniquement par une augmentation<br />

de volume d’un segment de membre, des myalgies<br />

localisées, ou un aspect sclérosant ou pseudotumoral du ou<br />

des muscles squelettiques concernés. Les localisations préférentielles<br />

de la myosite <strong>focale</strong> sont les membres inférieurs. D’autres<br />

zones topographiques peuvent être intéressées : l’abdomen, la<br />

musculature fessière, le muscle psoasiliaque [5], l’avant-bras,<br />

la main (un doigt) [6], la musculature cervicale (le muscle sternocléïdomastoidien)<br />

[7], la langue, la musculature périorale, le<br />

muscle temporal [8]. La tuméfaction est spontanément douloureuse.<br />

Son augmentation rapide de volume peut simuler une<br />

tumeur sarcomateuse ou une thrombophlébite. Les symptômes<br />

∗ Auteur correspondant.<br />

Adresse e-mail : chmasson@chu-angers.fr (C. Masson).<br />

<strong>Myosite</strong> <strong>focale</strong> d’Heffner<br />

<strong>Focal</strong> <strong>myositis</strong><br />

Charles Masson ∗ , Emmanuel Hoppé,<br />

Ronan Houitte, Béatrice Bouvard<br />

Pôle ostéoarticulaire, service de rhumatologie, CHU d’Angers,<br />

4, rue Larrey, 49933 Angers cedex 9, France<br />

Reçu le 27 juillet 2007 ; accepté le 10 octobre 2007<br />

Disponible sur Internet le 8 novembre 2007<br />

1169-8330/$ – see front matter © 2007 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.<br />

doi:10.1016/j.rhum.2007.10.616<br />

systémiques sont typiquement absents. Mais exceptionnellement<br />

des manifestations générales sont présentes à type de<br />

fièvre, asthénie intense, ou perte pondérale.<br />

Les examens de laboratoire de dépistage, la vitesse de sédimentation<br />

globulaire, le taux de protéine C-réactive, ainsi que<br />

le dosage plasmatique des enzymes musculaires sont en règle<br />

générale normaux.<br />

L’électromyogramme montre le plus souvent un tracé normal<br />

et si des anomalies de type myogène sont mises en évidence, une<br />

évolution vers une polymyosite doit être évoquée.<br />

L’examen échographique objective une tuméfaction bien<br />

circonscrite ou à l’inverse à limites floues, hypo- ou hyperéchogènes.<br />

L’imagerie par résonance magnétique de la zone<br />

pathologique, examen de choix, identifie la lésion musculaire<br />

en hypersignal sur les séquences pondérées en T2 et en isosignal<br />

par rapport au signal musculaire normal en T1, avec un<br />

rehaussement sur les coupes faisant suite à l’injection de gadolinium<br />

ou en séquence Stir [9,10]. La scintigraphie au citrate de<br />

gallium 67 ou au Tc 99 (rarement nécessaire) localise la myosite<br />

<strong>focale</strong> [11].<br />

La biopsie musculaire confirme la myosite en mettant en<br />

évidence :<br />

• un infiltrat inflammatoire musculaire focal pléomorphe<br />

intense à composant notamment lymphocytaire péri- et endomysial<br />

;<br />

• des fibres musculaires nécrotiques et d’autres en voie de régénération<br />

;<br />

• parfois une fibrose interstielle et des zones d’infarctus musculaires.


2. Diagnostic différentiel [1,12]<br />

Selon les sites de la myosite <strong>focale</strong>, des diagnostics sont<br />

trompeurs. Ainsi une phlébite surale (pseudophlébite surale)<br />

ou un kyste poplité éventuellement rompus pour les localisations<br />

soléaires. Mais dans la majorité des cas, le diagnostic<br />

différentiel de la myosite <strong>focale</strong> est celui d’une tuméfaction<br />

musculaire localisée. Ainsi sont évoquées des tumeurs de<br />

la fibre musculaire (rhabdomyosarcome malin, rhadomyome<br />

bénin), des tumeurs développées aux dépens d’éléments associés<br />

à la fibre musculaire (lipome, tumeur d’Abrikossof, tumeur<br />

desmoïde, tumeur ou malformations vasculaires à développement<br />

musculaire), des tumeurs d’origine extramusculaire<br />

(métastases musculaires, ossifications intramusculaires). Des<br />

pseudotumeurs inflammatoires sont parfois aussi envisagées<br />

comme des myosites infectieuses (pyomyosites), des panniculites,<br />

une myosite granulomateuse (sarcoïdose, maladie de<br />

Crohn), la myosite <strong>focale</strong> éosinophilique. L’infarctus musculaire<br />

en particulier du sujet diabétique a une présentation clinique<br />

différente.<br />

3. Les confins de la myosite <strong>focale</strong><br />

Le terme de myosite <strong>focale</strong> n’ayant pas une définition<br />

limitative stricte, on retrouve son utilisation pour des myosites<br />

n’ayant possiblement pas de liens avec la myosite <strong>focale</strong><br />

d’Heffner. Ainsi, différentes observations de myosites localisées<br />

sont décrites : myosite pararachidienne chez des patients ayant<br />

une camptocormie [13], myosite <strong>focale</strong> révélatrice d’une leucémie<br />

lymphoïde chronique, en association avec une fasciite et<br />

une vascularite [14], myosite <strong>focale</strong> paranéoplasique chez trois<br />

patients [15], myosite <strong>focale</strong> à proximité de cellules métastatiques<br />

[15], myosite <strong>focale</strong> congénitale chez un enfant ayant un<br />

syndrome de Protée [16].<br />

Le diagnostic de myosite <strong>focale</strong> implique la notion ipso facto<br />

d’une lésion musculaire qui reste localisée. Toutefois en dehors<br />

de quelques cas de localisation bilatérale dans le même groupe<br />

musculaire, une évolution vers une atteinte systémique (PM)<br />

a été décrite sans que l’on puisse affirmer qu’il s’agisse des<br />

deux mêmes entités [17]. La constitution dans un délai de six<br />

mois à plusieurs années d’une généralisation des zones de myosites<br />

aboutissant à une PM est d’autant plus à craindre qu’il<br />

existe initialement un syndrome inflammatoire biologique et<br />

une élévation du taux des enzymes musculaires. Mais de telles<br />

anomalies sont habituellement absentes au cours de la myosite<br />

<strong>focale</strong>.<br />

En revanche, les observations suivantes de myosites sont<br />

possiblement reliées à la myosite <strong>focale</strong> d’Heffner : myosites<br />

du mollet après cure chirurgicale pour sciatique radiculaire<br />

S1 chez deux patients [18] ; myosite <strong>focale</strong> après<br />

prise de venlafaxine, avec disparition chez ce patient des<br />

signes dix jours après l’arrêt du médicament incriminé, sans<br />

essai de réintroduction [19] ; myosite <strong>focale</strong> des jambes<br />

après une vaccination par le BCG [20] ; myosite <strong>focale</strong><br />

avec atteinte des deux mollets chez un patient hémodialysé<br />

[21]. L’association myosite <strong>focale</strong>/thyroïdite a été signalée<br />

C. Masson et al. / Revue du Rhumatisme 75 (2008) 178–180 179<br />

et invite à étudier les liens éventuels avec des maladies<br />

systémiques.<br />

4. Évolution, traitement<br />

L’évolution naturelle de la myosite <strong>focale</strong> se fait vers une<br />

régression spontanée. Des récidives sont possibles [1,2,23].<br />

En l’absence d’une thérapeutique spécifique, le traitement<br />

de la myosite <strong>focale</strong> reste symptomatique. Il repose sur des<br />

anti-inflammatoires non stéroïdiens et des antalgiques. La corticothérapie,<br />

parfois prescrite, peut apporter dans certains cas un<br />

bénéfice supplémentaire, en particulier dans les formes avec syndrome<br />

inflammatoire, myalgies rebelles ou compression d’un<br />

tronc nerveux [22]. Mais la place de la corticothérapie dans<br />

la myosite <strong>focale</strong> est controversée. Sa rareté rend difficile un<br />

éventuel essai thérapeutique.<br />

Références<br />

[1] Heffner Jr RR, Armbrustmacher VW, Earle KM. <strong>Focal</strong> <strong>myositis</strong>. Cancer<br />

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1318–22.

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