programme en pdf - Orchestre Philharmonique Royal de Liège
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mOZaRT<br />
THAMOS,<br />
ROI D’ÉGYPTE,<br />
INTERLUDES<br />
(1776-1777)<br />
drame ori<strong>en</strong>taliste. Thamos, roi<br />
d’Égypte est un « drame héroïque » du baron<br />
thomas philipp von gebler (1726-1786),<br />
écrivain et homme d’état autrichi<strong>en</strong>, paru<br />
<strong>en</strong> 1773 et représ<strong>en</strong>té pour la première fois<br />
à presbourg (actuel bratislava, capitale <strong>de</strong><br />
la slovaquie), le 11 décembre 1773. gebler<br />
s’était d’abord adressé à gluck pour écrire<br />
la musique puis, celui-ci ayant refusé, à un<br />
certain Johann tobias sattler. le travail <strong>de</strong><br />
ce <strong>de</strong>rnier ne l’ayant pas satisfait, gebler se<br />
tourna vers mozart, qui composa sa seule et<br />
unique musique <strong>de</strong> scène (soli et chœurs)<br />
pour la fin <strong>de</strong> l’année 1773. par la suite, la<br />
pièce fut reprise à salzbourg le 3 janvier<br />
1776, puis à nouveau <strong>en</strong> 1779-1780. on p<strong>en</strong>se<br />
que c’est pour la représ<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> 1776 (ou<br />
<strong>en</strong> 1777), et non <strong>en</strong> 1773, que mozart écrivit<br />
ses <strong>en</strong>tractes. leurs autographes sont <strong>en</strong><br />
effet sur du papier du même type que celui<br />
utilisé pour <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> l’année 1776.<br />
l’histoire n’est pas sans prés<strong>en</strong>ter plusieurs<br />
similitu<strong>de</strong>s avec La Flûte <strong>en</strong>chantée <strong>de</strong> 1791<br />
(lieu <strong>de</strong> l’action, rôle d’une femme passionnée<br />
commandant aux forces du mal, opposition<br />
lumière-nuit, fille <strong>en</strong>levée à ses par<strong>en</strong>ts mais<br />
élevée dans le culte <strong>de</strong> la lumière, mariage<br />
avec un prince <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ant un <strong>de</strong>spote éclairé).<br />
elle n’<strong>en</strong> constitue pas pour autant une œuvre<br />
maçonnique mais plutôt un simple drame<br />
ori<strong>en</strong>taliste, bi<strong>en</strong> dans le goût <strong>de</strong> l’époque.<br />
l’Histoire. gebler s’inspire étroitem<strong>en</strong>t<br />
du roman Séthos <strong>de</strong> l’abbé Jean terrasson<br />
(paris, 1731). ménès, roi d’égypte, a été chassé<br />
du trône par l’usurpateur ramsès. on le<br />
croit mort, mais il vit comme grand prêtre du<br />
soleil sous le nom <strong>de</strong> séthos. seuls son ami<br />
hammon et son vieux général phanès sont au<br />
courant. ménès croit que sa fille tharsis a été<br />
massacrée. <strong>en</strong> réalité, ramsès la fait élever<br />
par mirza, prêtresse <strong>de</strong>s vierges du soleil,<br />
sous le nom <strong>de</strong> saïs. À la mort <strong>de</strong> ramsès, son<br />
fils thamos accè<strong>de</strong> au trône. son conseiller<br />
phéron, amoureux <strong>de</strong> saïs, espère avec l’ai<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> mirza l’épouser et usurper le trône à son<br />
tour. mirza t<strong>en</strong>te donc d’empêcher le mariage<br />
<strong>de</strong> thamos et saïs et les proclame héritiers<br />
légitimes du trône. mirza se suici<strong>de</strong>, et<br />
phéron, alors qu’il maudit les dieux, est frappé<br />
par la foudre.<br />
Quatre interlu<strong>de</strong>s. Interlu<strong>de</strong> I<br />
(Maestoso – Allegro). À trois « doubles<br />
accords » annonçant ceux ouvrant La Flûte<br />
<strong>en</strong>chantée succè<strong>de</strong> un Allegro agité et fébrile.<br />
Interlu<strong>de</strong> II (Andante). thamos est informé <strong>de</strong><br />
la félonie <strong>de</strong> phéron, mais refuse d’y croire.<br />
d’où cet Andante plutôt serein, quelques<br />
acc<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>s bassons se charg<strong>en</strong>t néanmoins<br />
<strong>de</strong> rappeler la fourberie <strong>de</strong> phéron.<br />
Interlu<strong>de</strong> III (Allegro). mirza et phéron mett<strong>en</strong>t<br />
au point leur complot. saïs hésite à épouser<br />
phéron.<br />
Interlu<strong>de</strong> IV (Allegro vivace assai). confusion<br />
générale ; <strong>de</strong>s rumeurs indiqu<strong>en</strong>t que<br />
ménès serait vivant. cet Allegro vivace assai,<br />
un <strong>de</strong>s sommets <strong>de</strong> la partition, s’ouvre<br />
tumultueusem<strong>en</strong>t, avant d’incarner à la fin le<br />
triomphe du droit sur la justice.<br />
d’aprÈs marc VigNal<br />
mOZaRT SYMPHONIE N° 25 (1773)<br />
tom hulce dans le film <strong>de</strong> milos Forman, Ama<strong>de</strong>us (1984).<br />
à dix-sePt ans. la Symphonie n° 25<br />
<strong>en</strong> sol mineur, surnommée « la petite » <strong>en</strong><br />
comparaison avec « la gran<strong>de</strong> » Symphonie<br />
n° 40 K 550, elle aussi <strong>en</strong> sol mineur, aurait<br />
été composée à la fin <strong>de</strong> l’année 1773, alors<br />
que mozart n’avait pas même 18 ans. déçu <strong>de</strong><br />
ne pouvoir être <strong>en</strong>gagé <strong>en</strong> italie — milan et la<br />
cour <strong>de</strong> toscane ont décliné sa candidature<br />
malgré le succès <strong>de</strong> Lucio Silla —, mozart est<br />
forcé <strong>de</strong> rev<strong>en</strong>ir à salzbourg, au service <strong>de</strong><br />
l’archevêque colloredo.<br />
BeaucouP d’<strong>en</strong>cre. mozart a composé<br />
très peu <strong>de</strong> symphonies dans <strong>de</strong>s tonalités<br />
mineures et la Symphonie n° 25 est la première<br />
d’<strong>en</strong>tre elles. cette constatation a fait se<br />
perdre <strong>en</strong> conjectures un grand nombre <strong>de</strong><br />
spécialistes, intrigués par cette soudaine<br />
irruption d’un style symphonique sombre<br />
et tragique. s’il est vrai que l’atmosphère<br />
<strong>de</strong> « la 25 e » tranche avec la gaîté naturelle<br />
du style classique, musique légère, vive et<br />
pétillante, dans d’autres g<strong>en</strong>res musicaux<br />
comme la musique <strong>de</strong> chambre et l’opéra,<br />
mozart avait déjà pratiqué un langage plus<br />
tumultueux.<br />
sturm und drang. <strong>en</strong> réalité, il est plus<br />
vraisemblable que le jeune mozart se soit<br />
simplem<strong>en</strong>t inspiré <strong>de</strong> modèles fournis à la<br />
même époque par haydn, Vanhal, dittersdorf<br />
et ordoñez. mozart n’agit pas isolém<strong>en</strong>t car le<br />
début <strong>de</strong>s années 1770 donne lieu <strong>en</strong> autriche<br />
à l’éclosion d’autres symphonies <strong>en</strong> mo<strong>de</strong><br />
mineur, à caractère dramatique ou tragique,<br />
relevant directem<strong>en</strong>t du courant Sturm und<br />
Drang (« tempête et passion »)… s’il est vrai<br />
que les manifestations littéraires sont plus<br />
tardives — goethe écrit Werther <strong>en</strong> 1774 et<br />
la pièce <strong>de</strong> Klinger, qui donnera son nom au<br />
mouvem<strong>en</strong>t, ne voit le jour qu’<strong>en</strong> 1776 —, la<br />
production <strong>de</strong> haydn relève <strong>de</strong> cette nouvelle<br />
t<strong>en</strong>dance dès 1766.<br />
Quatre mouvem<strong>en</strong>ts. la Symphonie<br />
n° 25 <strong>de</strong> mozart fait appel à quatre cors et<br />
comporte quatre mouvem<strong>en</strong>ts. l’Allegro con<br />
brio initial est immédiatem<strong>en</strong>t reconnaissable<br />
à la ligne tragique et passionnée <strong>de</strong>s violons,<br />
insistant <strong>de</strong> manière forc<strong>en</strong>ée sur la tonalité<br />
<strong>de</strong> sol mineur, avant <strong>de</strong> se livrer à d’off<strong>en</strong>sifs<br />
motifs <strong>en</strong> coups <strong>de</strong> fouet. par opposition,<br />
l’Andante offre un mélange <strong>de</strong> délicatesse<br />
et <strong>de</strong> gravité que bassons et hautbois<br />
concour<strong>en</strong>t à r<strong>en</strong>forcer. le M<strong>en</strong>uetto n’est pas<br />
véritablem<strong>en</strong>t conçu pour la danse. soli<strong>de</strong><br />
et nostalgique, il fait place <strong>en</strong> son c<strong>en</strong>tre au<br />
traditionnel trio d’instrum<strong>en</strong>ts à v<strong>en</strong>t, si cher<br />
aux autrichi<strong>en</strong>s. quant au finale Allegro, il<br />
r<strong>en</strong>oue avec la tonalité sombre et passionnée<br />
du premier mouvem<strong>en</strong>t dont il constitue le<br />
p<strong>en</strong>dant.<br />
4 5<br />
éric mairlot