Télécharger la fiche - Le Grand Bleu
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FICHE SPECTACLE<br />
Nanouk l’Esquimau<br />
VOIX, SAMPLER, MELODICA,<br />
METALLOPHONES<br />
C<strong>la</strong>ire Weidmann<br />
GUITARE ELECTRIQUE, FENDER RHODES<br />
BASSE, HARMONICA<br />
Timothée Demoury<br />
Ciné-concert – tout public dès 5 ans<br />
DURÉE : 50 minutes<br />
Du 23 au 25 mai 2013<br />
SUR UN FILM DE<br />
Robert F<strong>la</strong>herty<br />
PRODUCTION ET COPRODUCTION<br />
bocage<br />
<strong>Le</strong> <strong>Grand</strong> <strong>Bleu</strong> – Etablissement National de Production et de Diffusion Artistique<br />
36 avenue Marx Dormoy – 59000 LILLE<br />
03.20.09.88.44 – www.legrandbleu.com – re<strong>la</strong>tionspubliques@legrandbleu.com
<strong>Le</strong> spectacle<br />
Un ciné-concert qui nous fait revivre le célèbre documentaire Nanouk l’esquimau.<br />
En 1922, Robert F<strong>la</strong>herty filme Nanouk, un esquimau vivant dans le <strong>Grand</strong> Nord canadien<br />
avec sa femme Ny<strong>la</strong> et ses enfants. Ce film documentaire muet, plein d’humanité, n’a perdu<br />
ni de son exotisme, ni de son actualité. On y découvre <strong>la</strong> vie quotidienne d’une famille sous <strong>la</strong><br />
neige, de <strong>la</strong> construction d’un igloo, à <strong>la</strong> chasse au phoque, en passant par les chiens de<br />
traîneau, les repas, ou <strong>la</strong> toilette. Il nous présente les paysages du <strong>Grand</strong> Nord où <strong>la</strong> résistance<br />
au froid est aussi une préoccupation de <strong>la</strong> vie quotidienne, illustrant <strong>la</strong> lutte mythique de<br />
l’Homme et <strong>la</strong> Nature. Comment résister dans un milieu naturel si hostile ?<br />
Sur scène, bocage, le duo nanto-berlinois recrée une musique<br />
originale, véritable relecture du film. <strong>Le</strong> groupe joue en direct<br />
des compositions se rapprochant de <strong>la</strong> musique instrumentale<br />
contemporaine et du post-rock acoustique. Guitare, chants,<br />
sons électroniques et acoustiques, bruitages, agrémentent et<br />
colorisent ce voyage. bocage suit les pérégrinations de<br />
Nanouk et de sa famille en adaptant une musique douce et<br />
mélodique aux images pleine d’humanité et de nature à l’état<br />
brut.<br />
<strong>Le</strong> film : Nanouk l’esquimau de Robert Joseph F<strong>la</strong>herty (USA, 1922, 50 min, muet)<br />
<strong>Le</strong> film présente <strong>la</strong> vie de Nanouk, un esquimau qui vit dans le <strong>Grand</strong> Nord canadien avec sa<br />
femme Ny<strong>la</strong> et leurs enfants. Ils nous font découvrir leurs coutumes, <strong>la</strong> construction d'un igloo,<br />
<strong>la</strong> chasse au phoque, les chiens de traîneau et les<br />
longues tempêtes de neige : <strong>la</strong> vie quotidienne d’une<br />
famille d’Esquimaux avec, au fil des saisons, <strong>la</strong> lutte<br />
contre le froid et <strong>la</strong> perpétuelle recherche de<br />
nourriture. Dans ce paysage de neige et de g<strong>la</strong>ce,<br />
cette vie quotidienne devient épopée...<br />
<strong>Le</strong> film est inscrit au dispositif national « Ecole et<br />
Cinéma » depuis 2003-2004.<br />
Ce qu’en dit <strong>la</strong> presse aujourd’hui :<br />
« Un chef-d’oeuvre où <strong>la</strong> mise en scène n’est nullement absente puisque les cadrages comme le<br />
montage sont sciemment organisés par le cinéaste, mais où elle demeure constamment au service de<br />
<strong>la</strong> réalité quotidienne des Esquimaux et de <strong>la</strong> lutte mythique entre l’homme et <strong>la</strong> nature qu’elle dévoile.<br />
Ancien tableau figé ici, mais une beauté tout entière issue de l’attachement aux hommes et aux<br />
choses. Chasse au morse ou au phoque, construction d’un igloo, gosse qui rigole, tempête de neige…<br />
tout est miraculeusement intact. 72 ans après sa réalisation, ce film n’a pas pris une ride. »<br />
Olivier de Bruyn, Libération<br />
« Lorsque Robert F<strong>la</strong>herty tourne ces images à Inukjuak en 1920, il vient de passer 10 ans auprès des<br />
Esquimaux, "peuple intrépide", avec lequel il a tout partagé, des tartines de graisse de phoque aux<br />
parties de chasse éreintante. Ivre de souvenirs, l'aventurier du Michigan a su faire un film exaltant de<br />
vie. (...) Décidé à montrer à Hollywood que l'on peut divertir avec <strong>la</strong> réalité, F<strong>la</strong>herty offre autant de<br />
scènes burlèsques (...) que de séquences haletantes de suspens. (...) Il ne se contente pas<br />
d'immortaliser <strong>la</strong> fantaisie indomptable de son ami l'Esquimau, mais capte aussi <strong>la</strong> fougue dangereuse<br />
de son environnement. »<br />
Marine Landrot, Télérama
<strong>Le</strong> réalisateur du film : Robert F<strong>la</strong>herty<br />
Robert Joseph F<strong>la</strong>herty est né le 16 février 1884 à Iron Mountain, dans le Michigan. Son père,<br />
d'origine ir<strong>la</strong>ndaise, s'occupe d'une exploitation minière. Après quelques études scientifiques, il<br />
s'oriente vers l'ethnologie et le reportage, en compagnie de celle qui al<strong>la</strong>it devenir sa femme<br />
et fidèle col<strong>la</strong>boratrice, Frances Hubbard, fille d'un explorateur de Boston.<br />
Très vite, il s'arme d'une caméra pour aller étudier sur le terrain <strong>la</strong> vie<br />
quotidienne des peup<strong>la</strong>des primitives, pour vivre en marge de <strong>la</strong><br />
"civilisation". Un premier essai sur les Esquimaux, tourné vers 1914, sera<br />
malheureusement détruit. Une grande firme de fourrure, <strong>la</strong> maison<br />
Revillon Frères, lui en commande un autre, à des fins publicitaires : ce<br />
sera Nanouk, dont le succès fut considérable. Suivront notamment, dans<br />
le même esprit de "réalisme lyrique", Moana (le monde enchanté des<br />
Mers du Sud), L'homme d'Aran (<strong>la</strong> dure vie dans l'île d'Aran, au <strong>la</strong>rge des<br />
côtes d'Ir<strong>la</strong>nde), The <strong>la</strong>nd (<strong>la</strong> mécanisation de <strong>la</strong> culture en<br />
Pennsylvanie) et Louisiana Story (les progrès de l'industrie pétrolière en<br />
Louisiane), une commande de <strong>la</strong> "Standard Oil Company".<br />
F<strong>la</strong>herty s'associa également avec des cinéastes traditionnels, qui intégrèrent à ses reportages<br />
une part de fiction, W. S. Van Dyke pour Ombres b<strong>la</strong>nches, F. W. Murnau pour Tabou (deux<br />
grandes réussites) et Zoltan Korda pour Elephant boy(tourné aux Indes).<br />
Cet explorateur-né était aussi un poète et, à sa manière, un "politique", champion de<br />
l'écologie. " Tout art, disait-il, est une sorte d'exploration. Découvrir et révéler est <strong>la</strong> manière de<br />
travailler de tout artiste. <strong>Le</strong>s explorateurs sont les transformateurs du monde. Ils découvrent<br />
pour nous une nouvelle image. “(Propos rapportés par sa femme, Frances F<strong>la</strong>herty.)<br />
Son influence est sensible sur les adeptes du " cinéma vérité " (Georges Rouquier, Jean Rouch,<br />
Pierre Perrault et Michel Brault, etc.), du cinéma direct, mais aussi sur les Russes, les Italiens et<br />
certaines tendances du film social américain (Paul Strand, Herbert Kline).<br />
Robert Joseph F<strong>la</strong>herty est mort à Dummerston (Vermont) le 23 septembre 1951.<br />
Texte issu du site http://www.cineclubdecaen.com/realisat/f<strong>la</strong>herty/f<strong>la</strong>herty.htm
<strong>Le</strong>s musiciens : bocage<br />
<strong>Le</strong> duo bocage, originaire de Nantes et basé à Berlin,<br />
joue une musique pop singulière. Sur des textes chantés<br />
principalement en français, bocage nous propose un<br />
voyage musical coloré, une pop foutraque revisitée et<br />
ouverte sur les musiques d'aujourd'hui. bocage aime<br />
mêler les genres, les sons et promène ceux qui l'écoutent<br />
dans son univers composé de chansons pop, bal<strong>la</strong>des<br />
folk, envolées indie, où les rythmiques samplées ou jouées<br />
se frottent au hip-hop comme à l’électro. Sans amarres,<br />
bocage se veut actuel et sans compromis.<br />
Auteur d’un EP (album court de 8 titres) intitulé « 0.2 », et d’un 1er double album « Bon chemin<br />
& Remixed », le duo a tourné dans toute <strong>la</strong> France, en Belgique et en Allemagne, entre<br />
douceur, émotion et puissance.<br />
<strong>Le</strong> spectacle Nanouk l’Esquimau a vu le jour suite à une commande de l'association nantaise<br />
BulCiné en avril 2008. Ce ciné-concert se joue régulièrement en France et en Europe. Pour ce<br />
ciné-concert, bocage, tout en restant fidèle à son univers, va plus loin dans sa proposition<br />
artistique. Il crée une musique originale non loin de <strong>la</strong> musique instrumentale contemporaine<br />
et du post-rock acoustique. Il y insuffle une formule pop avec des légères touches<br />
d'électroniques, une ouverture à tous les publics. <strong>Le</strong> format chanson n'est pas en reste avec 2<br />
morceaux chantés en français. De plus, <strong>la</strong> voix de C<strong>la</strong>ire Weidmann est présente aussi par des<br />
chœurs aventureux et certaines parties vocales en <strong>la</strong>ngage inventé qui rappelle le côté<br />
ethnographique du film de Robert F<strong>la</strong>herty. Enfin, des sons d'ambiances et sons concrets<br />
viennent encore enrichir le propos du groupe.<br />
bocage a sorti fin 2012 un nouvel album révé<strong>la</strong>teur de leur<br />
musique toujours en mouvement. Sans titre, ce dernier opus<br />
produit totalement par le duo, pousse plus loin les limites d’une<br />
pop globale. Plus énergique et mature, bocage assume encore<br />
plus sa diversité musicale et propose 11 nouveaux titres singuliers<br />
d’une étonnante homogénéité. À l’image de sa musique ouverte<br />
à tous les styles, bocage s’est entouré d’invités d’horizons divers :<br />
hip-hop, électro-garage, reggae, steel drum, percussions, électroambiant<br />
etc.<br />
Comme toujours bocage attache une grande importance à ses visuels et col<strong>la</strong>bore avec<br />
d’autres artistes pour réaliser ses pochettes d’album. Après le p<strong>la</strong>sticien Jean-Marc Savic (0.2),<br />
les photographes Philippe Bernard et Jérôme Blin (Bon chemin & Remixed), <strong>la</strong> p<strong>la</strong>sticienne<br />
Adeline Melliez (Musique pour Nanouk), le groupe fait appel à l’artiste Marie B<strong>la</strong>nchard, pour<br />
une création colorée et onirique où les formes tribales et enfantines collent parfaitement à<br />
l’esprit insolite de ce dernier opus.<br />
- Découvrir toute <strong>la</strong> discographie de Bocage (y compris <strong>la</strong> BO du ciné-concert Nanouk<br />
l’Esquimau) sur : http://www.ilovebocage.com/disco.php<br />
- <strong>Télécharger</strong> le dernier album de Bocage sur : http://bocage.bandcamp.com/<br />
- Plus d’infos sur http://www.ilovebocage.com
Autour de Nanouk l’Esquimau<br />
Loin d’être exhaustif, le travail que nous vous proposons vous permettra néanmoins<br />
d’accompagner vos groupes dans une approche sensible.<br />
Ce travail portera sur les thématiques suivantes : le film documentaire, l’ouverture à un autre<br />
mode de vie et enfin le rôle de <strong>la</strong> musique.<br />
NB : le spectacle est proposé à partir de 5 ans, mais peut également être vu et apprécié par des élèves<br />
de collège. <strong>Le</strong>s pistes que nous développons dans ce dossier sont donc pensées tour à tour pour des<br />
enfants de maternelle, de cycle élémentaire et de secondaire.<br />
1- <strong>Le</strong> film documentaire<br />
a) L’histoire du film<br />
<strong>Le</strong> film Nanouk l’Esquimau a été réalisé suite à une commande des Frères Révillon, fourreurs<br />
parisiens, à des fins publicitaires. Il a été tourné en 15 mois, de début août 1919 à l’hiver 1920<br />
dans <strong>la</strong> toundra, à Port Harrison, au Québec. <strong>Le</strong>s conditions de tournage sont très difficiles.<br />
Robert F<strong>la</strong>herty commence le montage du film pendant <strong>la</strong> période de présence sur p<strong>la</strong>ce,<br />
notamment en consultant les Inuits sur le choix des rushs.<br />
<strong>Le</strong> film a d’abord un problème de distribution. Finalement, Pathé Pictures accepte de prendre<br />
le risque : <strong>la</strong> première a lieu à New York City fin 1922. A ce moment, <strong>la</strong> critique est mitigée :<br />
certains crient à <strong>la</strong> « manipu<strong>la</strong>tion ethnographique ». <strong>Le</strong> film sera distribué en double<br />
programme avec le Talisman de grand-mère d’Harold Lloyd. C’est un très gros succès public<br />
en Europe. Pour l’anecdote, depuis ce film, les g<strong>la</strong>ces que l’on mange à l’entracte portent le<br />
nom d’« esquimaux » (en Allemagne et en Russie, on parle de « Nanouk » et aux Etats-Unis,<br />
d’« eskimo pie »).<br />
Aujourd’hui, ce film nous parait toujours actuel, dans <strong>la</strong> mesure où il évoque <strong>la</strong> vie d’une<br />
famille dans son combat quotidien contre des difficultés.<br />
Piste pédagogique :<br />
- Enclencher une discussion avec <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse à partir d’une des af<strong>fiche</strong>s du film. Qu’est-ce que<br />
l’on voit ? Décrire le dessin, ce qui nous indique le sujet du film, les protagonistes, le lieu,<br />
l’époque, le titre etc. Imaginer ensemble l’histoire qui peut être racontée.
) Images et cinéma<br />
• Un film muet en noir et b<strong>la</strong>nc<br />
<strong>Le</strong> film de Robert F<strong>la</strong>herty a été réalisé en 1922. Il est donc important de contextualiser le film<br />
dans l’histoire du cinéma, en présentant certains des aspects importants de Nanouk,<br />
notamment le fait qu’il s’agisse d’un film muet et qui utilise des « cartons » ou « intertitres »,<br />
c'est-à-dire des textes filmés.<br />
Par ailleurs, le film est en noir et b<strong>la</strong>nc, car <strong>la</strong> technologie couleur est apparue<br />
progressivement dans les années 1930 à 1950 (elle était très chère au départ, et le<br />
changement s’est opéré progressivement).<br />
• <strong>Le</strong> principe de l’image animée<br />
Piste pédagogique :<br />
Proposer aux élèves de construire leur histoire et une illusion du mouvement en fabriquant un<br />
folioscope, un thaumatrope ou un zootope, des objets très simples à réaliser en coloriant,<br />
dessinant et assemb<strong>la</strong>nt des images.<br />
Des tutoriels très simples sont disponibles sur :<br />
http://www.ac-lille.fr/dsden59/bulletin_departemental/pdf/101_dossier.pdf<br />
• La construction narrative<br />
Il est possible d’aborder des notions comme <strong>la</strong> polysémie de l’image, <strong>la</strong> construction d’un film<br />
(composé de plusieurs images : le montage), <strong>la</strong> construction narrative (le récit : le scénario).<br />
On peut également présenter ce en quoi consiste le travail d’un auteur : faire des choix,<br />
adopter un point de vue et un parti pris.<br />
<strong>Le</strong> principe du storyboard ou « scénarimage » en version francisée : ce document est <strong>la</strong><br />
représentation illustrée d’un film avant sa réalisation. Il s’agit d’un document technique<br />
servant à p<strong>la</strong>nifier l’ensemble des p<strong>la</strong>ns qui constitueront le film. Il décrit les cadrages, les<br />
mouvements de caméra et des personnages, ainsi que les raccords, de <strong>la</strong> façon <strong>la</strong> plus<br />
détaillée possible, afin d’organiser le tournage.<br />
Image 1 Image 2<br />
Image 1 : Storyboard du dessin animé Alice au Pays des Merveilles<br />
Image 2 : Storyboard du dessin animé A<strong>la</strong>ddin
<strong>Le</strong> montage joue un rôle déterminant dans <strong>la</strong> perception que le spectateur aura du film. <strong>Le</strong>s<br />
images prises séparément ne suffisent pas à dessiner une trame narrative, c’est le montage<br />
qui donne au film son déroulement et son rythme. Il existe d’ailleurs ce que l’on appelle des<br />
« recut trailers », littéralement des « bandes annonces redécoupées » qui à partir des images<br />
d’un film donné, recrée une bande annonce racontant une histoire complètement différente.<br />
Pistes pédagogiques :<br />
- Avant votre venue au spectacle, imaginer l’histoire de Nanouk à partir de photos (c.f. les<br />
images photographiques extraites du film en annexe de <strong>la</strong> <strong>fiche</strong> spectacle. Par groupes,<br />
mettre les images dans un certain ordre, en racontant l’histoire de Nanouk. Que se passe-t-il si<br />
les images changent d’ordre ? Comment l’histoire évolue-t-elle ? Après le spectacle,<br />
confronter les histoires qu’ils auront imaginées avec le film.<br />
Variante : Proposer aux élèves, à partir d’images extraites d’un film dont ils connaissent<br />
l’histoire, de créer un nouveau montage afin de proposer un nouveau récit, complètement<br />
différent de l’histoire originale.<br />
- Questionner <strong>la</strong> temporalité de l’image, c'est-à-dire les différences entre le temps réel, le<br />
temps de tournage et le temps du film. Evoquer <strong>la</strong> notion d’ellipse, par exemple.<br />
Exemple de <strong>la</strong> pêche au requin qui a demandé 2 mois de tournage, qui ne dure que 2 jours<br />
dans le film et que quelques minutes à l’écran.<br />
Pour les plus petits : Comment dans le film Nanouk l’esquimau passe-t-on de l’été à l’hiver ?<br />
c) La représentation du réel<br />
• Du document au documentaire, l’émergence d’un genre :<br />
<strong>Le</strong> genre documentaire naît progressivement. <strong>Le</strong>s frères Lumière, mais aussi Thomas Edison aux<br />
Etats-Unis, envoyèrent dans les années 1890, des opérateurs dans le monde, le reportage était<br />
né. <strong>Le</strong>s documents rapportés couvrent les sujets les plus divers : les courses à Melbourne, le<br />
couronnement de Nico<strong>la</strong>s II, l'arrivée des toréadors, <strong>la</strong> promenade des éléphants à Phnom<br />
Penh. En France, les plus connus de ces chasseurs d'images sont Félix Mesguich et Francis<br />
Doublier. <strong>Le</strong>s actualités deviennent par <strong>la</strong> suite à <strong>la</strong> mode et le public en redemande.<br />
Face à cette demande, on n'hésite pas à reconstituer les événements, lorsqu'on n'a pas pu le<br />
tourner sur p<strong>la</strong>ce : Georges Méliès filme ainsi, dans un aquarium l'explosion du cuirassé<br />
« Maine » en rade de <strong>la</strong> Havane en 1898. Souvent réalisés de façon hâtive, sans véritable<br />
projet artistique, reportages et actualités constituent à proprement parler des documents. Par<br />
<strong>la</strong> suite, le « documentaire » prend une forme plus é<strong>la</strong>borée et donne à voir le réel à travers le<br />
regard original de son auteur. <strong>Le</strong> film Nanouk l’Esquimau est considéré comme le premier<br />
documentaire de l’histoire du cinéma. En 1922, le terme « documentaire » n’existe pas, mais<br />
c’est avec Moana (un film de 1926 de R. F<strong>la</strong>herty dont John Grierson, dans un article du New<br />
York Sun, soulignera <strong>la</strong> valeur documentaire) que cette qualification sera attribuée à un film.<br />
<strong>Le</strong> mot "documentaire" a subi des glissements de sens, au point qu'un spectateur<br />
d'aujourd'hui face à un documentaire où les personnages sont dirigés sera plutôt c<strong>la</strong>ssé du<br />
côté de <strong>la</strong> fiction. Il faut donc admettre que des films c<strong>la</strong>ssés comme documentaires peuvent<br />
maintenant ne plus être perçus selon les mêmes catégories, et que ce changement fait partie<br />
de l'histoire du genre.<br />
Notes extraites du documentaire Robert F<strong>la</strong>herty et l'invention de <strong>la</strong> mise en scène, dont le propos se base sur un<br />
article de Pierre Baudry : Quelques notions de base pour réfléchir sur le documentaire, in La mise en scène<br />
documentaire, textes réunis par Gilles De<strong>la</strong>vaud, TOTEM Productions, 1994, consulté sur le site http://www.canalu.tv/video/
Rappel du vocabu<strong>la</strong>ire :<br />
- REPORTAGE : Action de recueillir à leur source des informations d'actualité ou d'intérêt<br />
documentaire et de les re<strong>la</strong>ter directement, aussi objectivement que possible, pour le compte<br />
de <strong>la</strong> presse, de <strong>la</strong> radio ou de <strong>la</strong> télévision. (CNRTL, Centre National de Ressources Textuelles<br />
et <strong>Le</strong>xicales)<br />
- DOCU-FICTION : Expression qui désigne un ensemble de procédés qui cherchent à mé<strong>la</strong>nger<br />
les propriétés de <strong>la</strong> fiction et du documentaire : le documentaire fictif, <strong>la</strong> fiction<br />
documentarisée, etc.<br />
- FILM DE FICTION : Film dont le contenu, les personnages et les situations relèvent de<br />
l'imaginaire. La fiction apparaît au cinéma très tôt, lorsque les Frères Lumière se mettent à faire<br />
des " mises en scène " (L'arroseur arrosé, par exemple). Étant donné que tout film est une<br />
création et implique <strong>la</strong> subjectivité du cinéaste, les théoriciens du cinéma avancent souvent<br />
que tout film, d'une certaine façon, est un film de fiction, incluant le documentaire.<br />
- DOCUMENTAIRE :<br />
« Film didactique montrant des faits réels et non imaginaires » (<strong>Le</strong> Petit Robert)<br />
« Film, généralement de court ou moyen métrage, à caractère informatif ou didactique,<br />
présentant des documents authentiques sur un secteur de <strong>la</strong> vie ou de l'activité humaine, ou<br />
sur le monde naturel. » (CNRTL)<br />
<strong>Le</strong> caractère didactique du documentaire est inscrit dans son nom, étymologiquement dérivé<br />
du <strong>la</strong>tin docere : enseigner, instruire, montrer, faire voir. Un documentum est un exemple, un<br />
modèle, une leçon, un enseignement, une démonstration.<br />
Pistes de réflexion :<br />
Est-ce que Nanouk est un acteur ou une personne « vraie, réelle » ? Qu’est-ce qu’un acteur ?<br />
S’il s’agit de « vraies » personnes, alors de quel type de cinéma s’agit-il ?<br />
• Questionner le statut, l’objectivité de l’image documentaire<br />
Cette thématique peut être mise en re<strong>la</strong>tion avec le programme d’Histoire des Arts de collège (XXème<br />
siècle, Arts visuels), et notamment les thématiques « Arts, espace, temps », « Arts, techniques et<br />
expressions » ou « Arts, rupture et continuité » en engageant un autre regard sur des documentaires<br />
ethnographiques ou non plus récents. Elle peut également être reliée au programme d’arts p<strong>la</strong>stiques<br />
de quatrième, sur <strong>la</strong> réception des images et le rapport qu’elles entretiennent avec <strong>la</strong> réalité.<br />
<strong>Le</strong> statut du film documentaire est délicat à définir, et il peut être intéressant de questionner<br />
les notions d’objectivité, de subjectivité, de réalité des images.<br />
Robert F<strong>la</strong>herty était persuadé que le monde civilisé se mettait en danger car il avait perdu <strong>la</strong><br />
dignité innée qu’il percevait chez les indiens. F<strong>la</strong>herty a réalisé son film en vou<strong>la</strong>nt donner une<br />
certaine image de <strong>la</strong> vie des Inuits, traditionnelle, luttant contre les éléments naturels.<br />
Selon Frances, son épouse, il vou<strong>la</strong>it « fictionner le réel » pour célébrer le mode de vie Inuit. Il a<br />
ainsi mis en scène un certain nombre d’éléments, afin de fabriquer des images correspondant<br />
au message qu’il souhaitait faire passer.<br />
Exemples :<br />
- <strong>Le</strong> nom de l’Esquimau n’était pas réellement Nanouk (il s’appe<strong>la</strong>it Al<strong>la</strong>karialuk, mais le nom<br />
de Nanouk a été privilégié, puisqu’il signifie « ours »), et un véritable casting a été réalisé pour
le tournage du film. Nanouk est ici comme un acteur de sa propre existence, il corrige certains<br />
gestes après avoir visualisé les scènes. « Ce n’est pas un film sur Nanouk mais avec Nanouk qui<br />
joue son propre rôle » (cf. doc. de canal TV).<br />
- La scène de <strong>la</strong> chasse au phoque met en scène Nanouk qui <strong>la</strong>nce un harpon dans un trou.<br />
Or, cette scène est en fait reconstituée. Pour changer les angles de prise de vue et bénéficier<br />
de conditions plus favorables, c’est en réalité un assistant qui tire sur <strong>la</strong> corde. La capture d’un<br />
phoque pouvant durer de plusieurs heures à quelques jours, <strong>la</strong> réalité a donc été remise en<br />
scène. Par ailleurs, <strong>la</strong> chasse au harpon est un procédé qui n’était plus utilisé à l’époque où le<br />
film a été tourné.<br />
- Pour des besoins de cadrage et de lumière, un igloo surdimensionné de 8 mètres de<br />
diamètre a été construit, demandant plusieurs jours de travail de <strong>la</strong> part des Inuits, alors qu’un<br />
igloo « ordinaire », de 4 mètres de diamètre, était habituellement construit en deux heures.<br />
- Par ailleurs, certains aspects de <strong>la</strong> vie des Inuits en 1920 sont occultés. A l’époque les Inuits<br />
connaissent les armes à feux, écoutent les cours de <strong>la</strong> fourrure à <strong>la</strong> radio et n’achètent pas<br />
que des couteaux ou des bonbons multicolores au point de commerce comme le <strong>la</strong>issent<br />
entendre les cartons. Robert F<strong>la</strong>herty passe également sous silence <strong>la</strong> polygamie des Inuits et<br />
de « Nanouk ».<br />
- Pour tourner <strong>la</strong> scène de <strong>la</strong> tempête, les contraintes météorologiques ont été amplifiées,<br />
puisque les images ont été tournées pendant vingt tempêtes différentes.<br />
Un parallèle peut être établi avec le « cinéma-vérité », une expression faisant référence à un<br />
style de documentaire, inventé par Jean Rouch avec le film Chronique d'un été (1961),<br />
influencé par les films de Robert F<strong>la</strong>herty. <strong>Le</strong>s principes du cinéma-vérité sont de reproduire le<br />
plus fidèlement possible une réalité. <strong>Le</strong> cinéaste doit être le témoin impartial de <strong>la</strong> réalité. La<br />
spontanéité et le naturel de l’interprétation des personnages réels vivant des évènements ou<br />
des drames réels forment les éléments de base du cinéma-vérité. Ce mouvement a été sujet<br />
à de grands débats, puisque <strong>la</strong> définition de ce qu’est <strong>la</strong> représentation de <strong>la</strong> vérité<br />
« impartiale » ne fait pas consensus.<br />
Citons Edgar Morin : « Il y a deux façons de concevoir le cinéma du réel : <strong>la</strong> première est de<br />
prétendre donner à voir le réel ; <strong>la</strong> seconde est de se poser le problème du réel. De même, il y<br />
avait deux façons de concevoir le cinéma-vérité. La première était de prétendre apporter <strong>la</strong><br />
vérité. La seconde était de se poser le problème de <strong>la</strong> vérité. »<br />
Pistes de réflexion :<br />
- La problématique de <strong>la</strong> représentation du réel est très complexe. Est-ce qu’une image, une<br />
vidéo, un film peut être objectif ? Il est possible, avec les plus grands, d’ouvrir <strong>la</strong> discussion sur<br />
les émissions de télévision et notamment le phénomène de « télé réalité ». Dans quelle mesure<br />
ce que l’on voit est-il réel ?
2- L’ouverture à un autre mode de vie<br />
Pour produire Nanouk l’Esquimau, Robert F<strong>la</strong>herty a réalisé un<br />
travail se rapprochant de l’ethnographie. Alors qu’il est envoyé<br />
par le gouvernement américain pour explorer <strong>la</strong> baie d’Hudson,<br />
dans le <strong>Grand</strong> Nord canadien, il filme les Inuits en amateur et<br />
réalise un premier documentaire, dont les pellicules sont détruites<br />
dans un incendie. Il décide donc de retourner à <strong>la</strong> rencontre des<br />
esquimaux, dans le but de réaliser un nouveau film, plus abouti.<br />
F<strong>la</strong>herty souhaite décrire le peuple Inuit et son mode de vie.<br />
Pour ce<strong>la</strong>, il s’immerge de façon totale dans <strong>la</strong> culture qu’il observe, en vivant auprès des<br />
esquimaux pendant près de quinze mois et noue une véritable amitié avec les personnes qu’il<br />
filme. Même si Nanouk l’Esquimau n’est pas toujours complètement fidèle à <strong>la</strong> réalité, son but<br />
est quand même de faire découvrir au public occidental un mode de vie différent du sien.<br />
Dans un contexte d’après-guerre, ce<strong>la</strong> peut être perçu comme une volonté d’ouverture à<br />
l’autre.<br />
a) <strong>Le</strong> mode de vie des Inuits<br />
Au nom d’Esquimaux qui veut dire « mangeurs de viande crue », les habitants qui vivent dans<br />
les régions arctiques (Pôle Nord) préfèrent le nom d’Inuits qui veut dire « êtres humains ».<br />
« Inuit » est un mot du dialecte « Inuktitut », qui avec le « Yubik » constitue les deux <strong>la</strong>ngues<br />
principales parlées dans ces régions. Mais il en existe de nombreuses autres, si bien que les<br />
esquimaux ne se comprennent pas forcement entre eux d’une région à une autre.<br />
On peut rencontrer les Inuits dans le nord de l’A<strong>la</strong>ska et du Canada, en Sibérie et au<br />
Groen<strong>la</strong>nd. Ils sont environ 150 000 en tout.<br />
Cette thématique peut être mise en re<strong>la</strong>tion avec le programme d’enseignement maternelle<br />
« connaissance du monde » : <strong>la</strong> vie et les animaux d’arctique – prise de conscience de l’existence de<br />
différents milieux.<br />
Propositions d’images :<br />
Images issues du<br />
film Nanouk<br />
l’esquimau
Evoquer les différences de modes de vie des Inuits avec les modes de vie que connaissent les<br />
élèves (en termes d’habillement, de nourriture, d’habitation, de vie familiale, de re<strong>la</strong>tion à<br />
l’environnement etc.).<br />
Piste pédagogique :<br />
- Proposer aux élèves de lister les représentations qu’ils ont en tête sur des pays ou régions du<br />
monde (par exemple : Arctique, Pérou, Chine, Afrique noire, Russie, Maghreb etc.). Comment<br />
les habitants de ces pays ou régions vivent-ils, mangent-ils, se dép<strong>la</strong>cent-ils, etc. ? Avec les<br />
plus grands, entreprendre ensuite des recherches sur les modes de vie actuels de ces<br />
popu<strong>la</strong>tions pour valider ou non ces représentations.<br />
- Proposer un exercice sur l’écriture Inuit :<br />
Exercice issu de :<br />
http://pages.usherbrooke.ca/resscout/images/inuita.jpg<br />
b) Une démarche ethnographique<br />
<strong>Le</strong> film Nanouk l’Esquimau peut permettre d’ouvrir une réflexion sur <strong>la</strong> découverte de l’altérité<br />
et sur l’ouverture au monde, et peut constituer une première approche de l’ethnographie.<br />
Comment comprendre l’autre ? Comment comprendre un fonctionnement totalement<br />
différent du nôtre ? La volonté de F<strong>la</strong>herty était d’ailleurs de montrer <strong>la</strong> vie de personnes au<br />
mode de vie complètement différent, sans jugement, et de façon humaine.<br />
Il peut également être intéressant d’engager une réflexion sur l’impact de notre civilisation sur<br />
d’autres. En effet, le mode de vie occidental n’est pas étranger à <strong>la</strong> disparition progressive de<br />
<strong>la</strong> culture inuit. On peut par exemple s’appuyer sur <strong>la</strong> scène pendant <strong>la</strong>quelle les Inuits<br />
« découvrent » le gramophone. S’agit-il d’un progrès ou d’une dénaturation ?
Rappel du vocabu<strong>la</strong>ire :<br />
ETHNOCENTRISME : Tendance à privilégier les normes et valeurs de sa propre société pour<br />
analyser les autres sociétés.<br />
ETHNOGRAPHIE : Étude descriptive des activités d'un groupe humain déterminé (techniques<br />
matérielles, organisation sociale, croyances religieuses, mode de transmission des instruments<br />
de travail, d'exploitation du sol, structures de <strong>la</strong> parenté).<br />
Il est possible d’aborder <strong>la</strong> question de l’ethnographie<br />
avec les enfants à partir de 5 ans par l’intermédiaire de<br />
l’album Apoutsiak, le petit flocon de neige de Paul<br />
Emile Victor, publié en 1948 aux Albums du Père Castor<br />
(F<strong>la</strong>mmarion). <strong>Le</strong> livre raconte <strong>la</strong> vie d’un esquimau, de<br />
son enfance jusqu’à l’âge où il devient grand père.<br />
L’évocation de <strong>la</strong> vie d’Apoutsiak est prétexte à <strong>la</strong><br />
description du mode de vie des Inuits.<br />
Paul Emile Victor (1907-1995) était un explorateur<br />
po<strong>la</strong>ire, scientifique, ethnologue, écrivain, et fondateur<br />
des expéditions po<strong>la</strong>ires françaises. En1968, il devient<br />
délégué général de <strong>la</strong> Fondation pour <strong>la</strong> Sauvegarde de <strong>la</strong> Nature. En 1974, il crée le<br />
« Groupe Paul Emile Victor pour <strong>la</strong> défense de l’homme et de son environnement ».<br />
A consulter :<br />
<strong>Le</strong> site « Patrimoines en mouvement », un musée virtuel en évolution permanente et à<br />
destination des enfants. Des musées d’ethnologie dans différents pays et régions y exposent<br />
leurs collections autour de thématiques communes à toutes les cultures : mariage, mort,<br />
<strong>la</strong>ngue et écriture…<br />
http://www.patrimoines-en-mouvement.org/-Patrimoines-en-Mouvement,264-<br />
<strong>Le</strong> site « <strong>Le</strong>s Robinsons des g<strong>la</strong>ces » rapporte les actions de cette organisation qui s’est donnée<br />
pour mission de sensibiliser le public à <strong>la</strong> disparition de <strong>la</strong> banquise, rapporter des informations<br />
scientifiques sur le milieu méconnu de <strong>la</strong> banquise et témoigner de l’existence et de <strong>la</strong> beauté<br />
de <strong>la</strong> banquise po<strong>la</strong>ire « pendant qu’il en est encore temps ».<br />
http://www.lesrobinsonsdesg<strong>la</strong>ces.org/index.html<br />
c) La re<strong>la</strong>tion de l’Homme à <strong>la</strong> Nature dans ses représentations artistiques<br />
<strong>Le</strong>s notions abordées dans cette section peuvent être mises en lien avec le programme d’histoire des<br />
arts du collège, dans <strong>la</strong> thématique « Arts, créations, cultures ».<br />
<strong>Le</strong> film de Robert F<strong>la</strong>herty montre une popu<strong>la</strong>tion qui vit en re<strong>la</strong>tion avec <strong>la</strong> Nature. C’est une<br />
thématique qui a été très riche dans l’Histoire des arts.<br />
• L’évocation de <strong>la</strong> nature dans <strong>la</strong> littérature :<br />
L’évocation de <strong>la</strong> nature dans <strong>la</strong> littérature est un thème très fréquent, avec notamment<br />
Robinson Crusoé de Daniel Defoe, L’appel de <strong>la</strong> forêt de Jack London, L’Odyssée d’Homère,<br />
<strong>Le</strong>s Travailleurs de <strong>la</strong> mer de Victor Hugo, Moby Dick d’Herman Melville, Un barrage contre le<br />
pacifique de Marguerite Duras etc.
De nombreux romans font le portrait d’une nature sauvage, d’un environnement a priori<br />
hostile à l’Homme. Souvent, dans ces récits écrits à une autre époque que <strong>la</strong> nôtre, le milieu<br />
naturel est présenté comme sauvage, dangereux, devant être maîtrisé. Depuis, notre rapport<br />
à l’environnement a énormément évolué. La Terre est devenue, dans notre pensée collective,<br />
une richesse à protéger. Ce<strong>la</strong> est c<strong>la</strong>irement visible dans les couvertures de récits<br />
d’explorateurs contemporains.<br />
Image 1 Image 2 Image 3 Image 4 Image 5<br />
Image 1 : Couverture de Moby Dick, Herman Melville, 1851<br />
Image 2 : Couverture de Robinson Crusoé, Daniel Defoe, 1719<br />
Image 3 : Couverture des travailleurs de <strong>la</strong> mer, Victor Hugo, 1866<br />
Image 4 : Couverture de La terre vue du ciel, Yann Arthus Bertrand, 1999<br />
Image 5 : Couverture de Loup, Nico<strong>la</strong>s Vanier, 2008<br />
Pistes pédagogiques :<br />
- Confronter les représentations de <strong>la</strong> nature dans <strong>la</strong> littérature et dans le documentaire. Par<br />
exemple, proposer aux élèves de comparer <strong>la</strong> représentation du mode de vie des Inuits dans<br />
les contes (références en fin de dossier) et dans Nanouk l’esquimau. Ce<strong>la</strong> peut passer par <strong>la</strong><br />
confrontation d’images de Nanouk avec des couvertures de livres traitant des esquimaux.<br />
- On peut imaginer ce même exercice avec <strong>la</strong> représentation d’une île déserte, figure<br />
fréquente dans <strong>la</strong> littérature, avec sa représentation au travers d’un film documentaire.<br />
• <strong>Le</strong> Land Art<br />
Il peut être intéressant, en guise d’ouverture, d’aborder avec les élèves <strong>la</strong> question du Land<br />
Art. Ce courant des arts p<strong>la</strong>stiques est apparu dans les paysages de l’Ouest américain au<br />
cours des années 60. Sa particu<strong>la</strong>rité est que les artistes ne se contentent plus uniquement de<br />
représenter <strong>la</strong> nature en l’enfermant dans un musée, mais ils <strong>la</strong> magnifient en travail<strong>la</strong>nt en<br />
son cœur : ils créent des œuvres au sein même d’espaces naturels souvent sauvages, et ne<br />
gardent de traces de leur travail que par des photos ou des vidéos.<br />
Ces œuvres s’inscrivent dans une démarche de refus culturel des musées et privilégient une<br />
communication intime entre l’Homme et <strong>la</strong> Nature. Pouvant être détruites à tout instant, ou<br />
simplement sujettes au temps qui passe et aux intempéries, ces œuvres font souvent l’éloge<br />
de <strong>la</strong> fragilité et de l’éphémère. Un nouveau sens est donné à des espaces vierges où parfois<br />
l’humain s’inscrit de manière à se <strong>la</strong>isser habiter par <strong>la</strong> nature.
Propositions d’images :<br />
Image 1 Image 2 Image 3<br />
Image 1: Betty Beaumont, Ocean Landmark Project, 1979-1980, à 64 km du port de New York<br />
L’œuvre a été enregistrée sur archives sonores, vidéos, photos et textes. Ici, une vue aérienne.<br />
Instal<strong>la</strong>tion sous-marine expérimentale située au fond de l’At<strong>la</strong>ntique, constituée de 510 tonnes de<br />
déchets de charbon, un polluant potentiel, qui, grâce à un processus de transformation p<strong>la</strong>nifiée, est<br />
devenu le centre d’un écosystème prospère.<br />
Image 2: Mario Merz, Igloo Di Giap (Igloo de Pierre),1968<br />
Cet habitat nomade, symbolisant <strong>la</strong> survie, est chez Merz une matrice aux connotations primitives.<br />
Cette forme déclinée montre <strong>la</strong> volonté de l’artiste de s’inscrire dans un profond désir de retour aux<br />
origines et aux grands mythes de l’humanité. L’artiste dit à ce sujet qu’ « on a besoin de construire de<br />
manière antithétique aux modèles actuels ».<br />
Image 3: Richard Long, Ligne d’ardoises, 1985, Musée d’art contemporain de Bordeaux.<br />
Une bonne partie de l’œuvre de Richard Long repose sur son activité de marcheur. Il part pendant<br />
plusieurs jours dans des contrées lointaines où l’homme a <strong>la</strong>issé peu de traces. C’est en 1967 qu’il<br />
effectue, comme il le dit lui-même « son premier chemin vers nulle part ». Dans ses premières œuvres, il<br />
traçait des marques éphémères dans le paysage, réalisait des sculptures avec des matériaux naturels<br />
trouvés sur p<strong>la</strong>ce; il a ensuite imaginé des sculptures de paysage, évoquant ses marches, p<strong>la</strong>çant des<br />
pierres dans une configuration géométrique simple (ligne droite, spirale, cercle), ces pierres étant les<br />
marques du temps ou de <strong>la</strong> distance parcouru. Ses marches sont aussi décrites dans l’œuvre par des<br />
cartes, des photos, des textes. Vers les années 70, il commence à transposer son travail « à l’intérieur »,<br />
dans les galeries et les musées.<br />
Piste pédagogique :<br />
- Initier les élèves au Land Art. Lors d’une sortie, proposer aux élèves de tracer leur chemin à<br />
partir d’éléments trouvés sur leur route : pierres, feuilles, fleurs, branches, etc.
3- <strong>Le</strong> rôle de <strong>la</strong> musique<br />
a) La musique comme iso<strong>la</strong>nt sonore<br />
<strong>Le</strong>s premières projections de films des frères Lumière eurent lieu sans aucune musique<br />
d’accompagnement. Mais très rapidement, un accompagnement musical est ajouté,<br />
notamment parce que les projections avaient lieu dans des baraques de foire, et que <strong>la</strong><br />
musique permettait de couvrir les bruits de <strong>la</strong> salle.<br />
Plus tard, lorsque le cinéma se démocratise, et que les salles deviennent plus nombreuses et<br />
mieux équipées, <strong>la</strong> musique est jouée pendant les films par un groupe de musiciens parfois<br />
très nombreux. <strong>Le</strong>s musiciens jouent alors des thèmes très connus, comme ceux de Beethoven<br />
par exemple. <strong>Le</strong>s cinémas ont à leur disposition des partitions de différents styles selon les<br />
situations : scènes de meurtre, d’adieux… En 1909, les films Edison éditent Suggestion for Music,<br />
un catalogue dans lequel chaque type d’action ou d’émotion est associé à une ou plusieurs<br />
mélodies extraites du répertoire c<strong>la</strong>ssique. Pour des projections exceptionnelles, des musiques<br />
sont écrites par des compositeurs spécialement pour le film.<br />
b) La musique comme outil de mise en scène<br />
Très souvent, <strong>la</strong> musique vient appuyer <strong>la</strong> narration avec emphase. Sa grande puissance<br />
d’évocation est à <strong>la</strong> fois une force et une faiblesse : si l’on n’y prend pas garde, elle risque de<br />
prendre le pas sur <strong>la</strong> mise en scène. Il arrive en effet que les musiciens et les metteurs en scène<br />
soient tentés de faire raconter l’histoire par <strong>la</strong> musique.<br />
À <strong>la</strong> projection du film muet, <strong>la</strong> musique va dépasser <strong>la</strong> simple fonction d’illustration pour<br />
apporter une dimension supplémentaire, chargée de sens. Elle est un outil de mise en scène.<br />
Elle peut apporter un contraste par rapport à l’action montrée par les images : une mélodie<br />
légère et entraînante viendra renforcer le ma<strong>la</strong>ise suscité par une scène de meurtre, comme<br />
une musique lente et pesante apportera de <strong>la</strong> profondeur à une scène de baiser. D’une<br />
certaine façon, les images montrent des faits plutôt objectifs, quand <strong>la</strong> musique apporte une<br />
appréciation plus subjective, émotive, de ces faits.<br />
Ainsi, <strong>la</strong> musique peut revêtir de nombreuses fonctions, parmi lesquelles :<br />
- Marquer le mouvement : accompagner un acte visible ou audible n’étant pas<br />
naturellement en rapport avec de <strong>la</strong> musique, comme le vol d’un oiseau qui p<strong>la</strong>ne, le galop<br />
d’un cheval, etc.<br />
- Evoquer le lieu dans lequel se situe l’action, plonger l’auditoire dans des environnements<br />
culturels, géographiques ou historiques : par exemple, une musique au c<strong>la</strong>vecin pour évoquer<br />
l’Ancien Régime.<br />
- Apporter un contrepoint aux images (voir plus haut)<br />
Dans ce ciné-concert proposé par bocage, <strong>la</strong> musique, douce et mélodique, vient souligner<br />
<strong>la</strong> poésie des images tournées par Robert F<strong>la</strong>herty tout en contrastant avec <strong>la</strong> rudesse des<br />
paysages du <strong>Grand</strong> Nord.<br />
Pistes pédagogiques :<br />
- Présenter aux élèves différentes images extraites de films, et leur demander d’imaginer quel<br />
type de son, de mélodie pourrait y correspondre. Ensuite, imaginer une musique<br />
complètement différente pour cette même image, et voir <strong>la</strong> nouvelle analyse qui en est faite.
Pour approfondir, à partir d’un même sujet filmé ou photographié, travailler autour de<br />
l’ambiance sonore afin de susciter des impressions de surgissement / attente / solitude /<br />
enfermement / danger…<br />
- A l’inverse, essayer de faire deviner une émotion, un sentiment, par le biais de <strong>la</strong> musique.<br />
Faire écouter des extraits aux élèves et leur demander à quoi ils les font penser.<br />
- Travailler sur les voix au cinéma. Selon les traits de caractère des personnages, imaginer les<br />
voix, les intonations, les rythmes dans <strong>la</strong> parole.<br />
- Choix des musiques par les élèves par étapes : Choix des instruments (famille : vent,<br />
cordes…) / Son grave ou aigu / Choix de l’instrument en lui-même / Enfin choix d’une<br />
mélodie.<br />
Ce peut être l’occasion pour les élèves de créer leurs propres instruments à partir de<br />
matériaux de récupération : des tambours avec des boîtes de conserve ou de farine pour<br />
bébés, des instruments à cordes avec des ficelles tendues (exemple : é<strong>la</strong>stiques autour d’une<br />
boîte de mouchoirs, des maracasses avec <strong>la</strong> coque p<strong>la</strong>stique des œufs Kinder, ou encore des<br />
crécelles avec des bouchons en p<strong>la</strong>stique ou des capsules.<br />
Création d’une crécelle :<br />
Matériel nécessaire :<br />
· Des bouchons de bouteilles en p<strong>la</strong>stiques ou en aluminium<br />
· Des perles en bois ou en p<strong>la</strong>stiques<br />
· De <strong>la</strong> corde fine<br />
· Une baguette en bois<br />
Percer les bouchons à l’aide d’une paire de ciseaux ou d’un clou. Demander à l’enfant<br />
de couper une corde de 15 à 20 cm, puis d’enfiler les bouchons sur <strong>la</strong> corde en alternant<br />
avec les perles. Nouer les deux extrémités à <strong>la</strong> baguette de bois comme sur <strong>la</strong> photo.<br />
Découvrez les bruits de <strong>la</strong> crécelle. Faites constater à l’enfant les différences de sons en<br />
fonction des bouchons utilisés.
Pour aller plus loin…<br />
<strong>Le</strong> cinéma :<br />
Bibliographie :<br />
- L'aventure du cinéma direct revisitée, Gilles Marso<strong>la</strong>is, Éditions les 400 coups, 1997<br />
- Dictionnaire du film, André Roy, Éditions Logiques, 1999<br />
- Enseigner l’image, Jean Marie Husson. CRDP Poitou-Charentes, 2003<br />
- « Des outils pour le cinéma », <strong>Le</strong>s Dossiers de l'ingénierie éducative, n° 38, mars 2002, SCÉRÉN-<br />
CNDP<br />
- Cinéma à l’école, école du cinéma, Hervé Dalmais, A. Colin-Bourrelier, 1998<br />
- Du cinéma à l’école, Raymond Citterio, Bruno Lapeyssonnie, Guy Reynaud, Hachette, 1995<br />
Sitographie :<br />
- Des « ciné-jeux », proposés par le Forum des Images, pour sensibiliser les enfants aux principes<br />
de l’image et du cinéma : http://www.forumdesimages.fr/fdi/Jeune-Public/<strong>Le</strong>s-cine-jeux<br />
- Des séquences explicatives sur les différentes techniques du cinéma :<br />
http://www.site-image.eu/?page=techniques<br />
http://horscadre.eu/enpratique/limage-et-ses-codes<br />
L’univers des Inuits :<br />
Albums :<br />
- Voyage en Laponie de Monsieur Maupertuis, Elisabeth Badinter, Seuil Jeunesse, 2003.<br />
- Esquimau, Olivier Douzou, Editions de Rouergue 2005<br />
- Petit Inuit, Patricia Geis, Mango, 2003<br />
- Solo, une histoire naturelle, Paul Geraghty, Kaleïdoscope, 1995<br />
- Nanouk et moi, Florence Seyvos, L’école des loisirs, 2010<br />
- Apoutsiak, le petit flocon de neige, Paul Emile Victor, 1948, Albums du Père Castor<br />
(F<strong>la</strong>mmarion)<br />
Contes :<br />
- Contes et légendes Inuits, Maurice Coyaud, Flies France, 2006.<br />
- <strong>Le</strong> Courage de <strong>la</strong> jeune Inuit, Jacques Pasquet, Albin Michel Jeunesse, 2005<br />
- Contes Inuits, un ourson chez les hommes, Knud Rasmussen, L’Ecole des loisirs, 2009<br />
- Contes Inuits de <strong>la</strong> banquise, Jacques Pasquet, D’Orbestier, 2000<br />
Documentaire :<br />
- Vivre comme les Inuits, Collectif , La Martinière Jeunesse, 2000<br />
- A <strong>la</strong> découverte des pôles, J-D. Porée, F<strong>la</strong>mmarion, 2003<br />
- <strong>Le</strong>s animaux po<strong>la</strong>ires, Valérie Tracqui, Mi<strong>la</strong>n Jeunesse 1990<br />
Filmographie :<br />
- Kabloonak, C<strong>la</strong>ude Massot, 1995. Un biopic autour de Robert F<strong>la</strong>herty et de Nanouk<br />
l’Esquimau.<br />
- <strong>Le</strong> voyage d’Inuk, Mike Magidson et Jean-Michel Huctin, 2010<br />
Sitographie :<br />
- Un reportage sur les esquimaux, adapté aux enfants :<br />
http://www.jedessine.com/c_12923/lecture/reportages-pour-enfant/culture/les-esquimauxles-hommes-de-g<strong>la</strong>ce<br />
- Inuksite, un site Internet ludo-éducatif pour découvrir l’univers des Inuits, à partir de 3 ans :<br />
http://www.inuksite.com/index_fr.html
Quelques références de littérature sur <strong>la</strong> nature :<br />
- L’Ouest américain comme espace vital, Wal<strong>la</strong>ce Stenger.<br />
- L’Homme dans le paysage, un aperçu historique de l’esthétique de <strong>la</strong> nature, Paul<br />
Shepard.<br />
- L’Appel de <strong>la</strong> forêt, Jack London.<br />
- Walden ou <strong>la</strong> vie dans les bois, Henry David Thoreau.<br />
- Voyage à Chalkyitsik, Edward Hoag<strong>la</strong>nd.<br />
- Point de rupture, Glenn Randall.<br />
- Pays mormon, Wal<strong>la</strong>ce Stegner.<br />
- <strong>Le</strong>s Montagnes de Californie, John Muir.<br />
- La Nature et l’esprit américain, Roberick Nash.<br />
- Ktaadn, Henry David Thoreau<br />
- L’Eté de <strong>la</strong> faim, John M. Campbell<br />
- Esca<strong>la</strong>des dans les Alpes, Edward Whymper.<br />
Sonorisation et musique :<br />
- La musique de film : pour écouter le cinéma, Gilles Mouëllic, Cahiers du cinéma, 2003<br />
- Voir des petites séquences de films muets, sonorisées suite à des ateliers réalisés dans des<br />
écoles maternelles :<br />
http://www.forumdesimages.fr/fdi/Activites-sco<strong>la</strong>ires/Creche-et-ecole-maternelle/Ateliers/<strong>Le</strong>sfilms-resultats-de-l-atelier-Petites-creations-sonores<br />
- Même principe pour des écoles primaires<br />
http://www.forumdesimages.fr/fdi/Activites-sco<strong>la</strong>ires/Ecole-elementaire/<strong>Le</strong>-cinema-unefabrique-d-images-et-de-sons/<strong>Le</strong>s-films-resultats-de-l-atelier-Creation-d-une-bande-sonore<br />
- <strong>Le</strong>s fonctions de <strong>la</strong> musique au cinéma ont été analysées et c<strong>la</strong>ssifiées par <strong>la</strong> musicologue<br />
Zofia Lissa, et sont consultables, en version simplifiée, ici :<br />
http://www.tagg.org/udem/musimgmot/LissaFunxFr.htm<br />
- Pierre et le Loup, conte musical de Sergueï Prokofiev
Annexe : Images issues du documentaire Nanouk l’Esquimau, de Robert F<strong>la</strong>herty