Téléchargez le e-book (pdf) - Bruno Massé

« Néanmoins. »
« Néanmoins? »
« Le problème est encore là. Il faut que ça change. »
Un silence poursuit. Il reste quelques neiges dans des
couverts de sapin, entre les érables. Le jour est si gris, si lourd et
humide, qu’on croirait l’avril éthéré des visions du Cardinal –
son mois préféré, surréel. Freyr a pourtant dit qu’il ne pleuvrait
pas.
Mais l’autre n’a pas fini.
« On le savait, ça. Tu sais, à force de vouloir – d’espérer –
quelque chose d’autre, on a fait deux choses. On s’est mis à haïr
le présent et idéaliser l’avenir. Et quand on a échoué à changer
le futur il nous est resté notre quotidien, un quotidien qui ne
valait plus rien. Je sais pas ce qu’on aurait pu faire d’autre.
C’était toujours symbolique. On sentait la fin approcher. Et
pour autant qu’on cherchait la vérité, on avait compris qu’il n’y
aurait nulle part où se cacher. C’est un peu comme mourir avant
son temps. Et Malik est allé jusqu’au bout. »
Freyr écoute attentivement et réplique :
« Et l’autre? »
« Je sais pas. On dirait qu’elle était plus forte que lui. Et que
nous. On l’a laissé derrière. »
« Rhea la ramènera vers toi. »
Ou moi vers elle, pense Henrik.
Mais il n’ose pas en parler.
Le printemps est reflété dans les yeux noirs de Laertes.
III.
Aujourd’hui les sept sont réunis.
C’est une bien triste assemblée qui est là, sept du Conseil
Régional d’Amaranth à quereller de la venue du Plan
Persephone. L’habitude veut qu’ils mangent ensemble à ce
temps. Mais pas maintenant, et Elendae ne dort pas.
Ariell a la tête entre les mains. Près d’elle un vieux rideau
vert valse dans la brise. La fleur tombe de ses cheveux.
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